Lettre au disciple - ddata.over-blog.comddata.over-blog.com/4/22/62/75/Suite-1/Lettre-au-disciple.pdf · Al-Hasan al-Basrî -qu’Allah lui fasse Miséricorde- dit: ―Allahu ta‘âlâ

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Lettre au disciple

Ab Hamd Al-Ghazzl



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Introduction :

Louange Allah, le Trs-Haut, Matre des Mondes; Fin heureuse ceux qui Le rvrent;

Bndiction et Paix sur son Prophte Muhammad -salla Allahou alayhi wa salam- ainsi que sur toute sa Famille. Sache, lecteur, quun ancien tudiant qui avait t au service assidu du Cheikh, lImm,

Ornement de la religion, Preuve de lIslm, Ab Hmid Muhammad al-Gazl -quAllah lui

fasse Misricorde- qui avait tudi les sciences religieuses auprs de ce matre, runi les

dtails des sciences et pouss la perfection les vertus de lme, mditant un jour sur son tat,

eut lide suivante: Jai tudi, dit-il, diverses sciences et jai pass la fleur de mon ge les

apprendre et les recueillir; maintenant, il me faut savoir laquelle dentre elles sera utile

demain pour massister dans la tombe; quant celles qui me seront inutiles, je les

abandonnerai comme a dit le Messager dAllah -salla Allahou alayhi wa salam- : Mon Allah, protge-moi contre toute science inutile. Cette ide lobsda et le dtermina crire son excellence le Cheikh, Houjatou al Islam

(Preuve de lIslm), Muhammad al-Gazl; il lui demanda conseil pour se diriger, lui posa

certaines questions et la supplia de lui crire une prire rciter des heures dtermines et il

ajouta: Les ouvrages du Cheikh, lImm, tel Ihy-ul-Ulm-id-dn1 (La Rgnration des

1 On peut aussi traduire par: la vivification des sciences religieuses: cest le principal ouvrage dal-Gazl

parmi ceux qui sadressent au grand public. Ibn Taymiya -quAllah lui fasse Misricorde-a dit : Le Livre de la

"Revivification" [Ihy], suit le Livre des "Nourritures des Curs" dans ce que ce dernier voque concernant les

uvres des curs : la patience et la reconnaissance par exemple, l'amour, la confiance, la ralisation de l'unit

divine, etc. Abou Tlib est plus savant de la tradition [hadth], des rcits [athr] et des propos des Gens qui

possdent les sciences des curs, soufis et autres, que Abou Hmid al-Ghazl. Ses propos sont plus corrects,

meilleurs pour ce qui est de raliser les choses [tahqq] et plus loigns de l'innovation. Dans La "Nourriture des

Curs", il est cependant des hadth faibles et invents ainsi que plusieurs choses rejeter. La plupart de ce que

l'on trouve dans la "Revivification" comme propos concernant ce qui fait prir - les propos concernant l'orgueil

par exemple, l'infatuation et l'ostension, la jalousie, etc. - est tir des propos d'al-Hrith al-Muhsib dans

"L'Observance" [al-Ri'ay]. Certains de ces propos sont acceptables, d'autres sont rejeter et il y a controverse

propos d'autres. La "Revivification" prsente plusieurs intrts mais il s'y trouve galement des matires

blmables. Il s'y trouve en effet des matires corrompues : des propos des philosophes qui se rattachent l'unit

divine, la prophtie et au retour [ma'd]. Quand Abou Hmid voque les connaissances des soufis, il quivaut

quelqu'un qui prendrait un ennemi des Musulmans et l'habillerait des vtements des Musulmans. Les Imms de

la Religion ont dsapprouv cela dans ses livres. "Sa maladie est La Gurison", ont-ils dit, visant par-l Le

"Livre de la Gurison" compos par Avicenne [Ibn Sin] en philosophie. Il y a dans La "Revivification" des

hadth et des rcits faibles ; plusieurs, mme, sont invents. Ils sy trouvent aussi quelques-unes des questions



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sciences religieuses) et autres renferment les rponses mes sollicitations; cependant, je

souhaite vivement que le Cheikh rsume ce dont jai besoin, en quelques feuillets qui

maccompagneront ma vie durant et dont jobserverai les conseils tant que je serai en vie, si

Allahu tal le veut.

Le Cheikh crivit la lettre suivante en guise de rponse : Sache, jeune homme qui maimes et que jaime quAllahu tal prolonge ta vie par la

soumission que tu Lui tmoignes et quIL te conduise dans la voie de ses bien-aims que

les prceptes les meilleurs le tirent de la mission mme du Prophte. Si dj tu en as tir une

leon, quel intrt prendras-tu la mienne ? Mais si, au contraire, tu nen as rien tir, quas -

tu donc appris, dis-le moi, durant tant dannes ?

Mon fils ! Parmi les conseils donns par le Prophte dAllah -salla Allahou alayhi wa salam- ses Compagnons -quAllah les agre- on trouve cette sentence: Lorsquun homme a

lesprit proccup de soucis sans importance pour lui, cest le signe que le Trs Haut

abandonne son serviteur. Celui qui perd une heure de son existence en des recherches

pour lesquelles il na pas t cr mrite quAllahu tal prolonge ses regrets au jour de

la Rsurrection. Celui qui dpasse la quarantaine sans que ses bonnes actions ne

lemportent sur les mauvaises, celui-l doit attendre le feu de lEnfer. A bon entendeur

salut! Mon fils ! Le conseil est ais donner mais difficile suivre: il est amer au got de ceux qui

suivent leurs caprices; car les choses dfendues sont douces leur cur. Je vise, en particulier,

ceux dentre eux qui aspirent ltude de la science formelle et se soucient des mrites de

lme et des voies de ce monde. Ils croient que leur salut dpendra de leur science abstraite, et

quils peuvent se passer dagir. Cest l lopinion des philosophes. Gloire Allahu tal: ces

esprits abuss ignorent que, sils nappliquent pas leur science, elle sera sans aucun doute

invoque contre eux, comme la dit le Prophte -salla Allahou alayhi wa salam- : Le pire supplice, au jour de la rsurrection, sera celui du savant qui Allahu tal naura pas

permis de profiter de sa science. On raconte que Gunayd

2 -quAllah lui fasse Misricorde- aprs sa mort, apparut en songe

quelquun. On lui dit: Quelle nouvelle, Ab al-Qsim? Il rpondit: Les belles phrases ont

t vaines et les formules mystrieuses se sont avres striles; rien ne nous a t utile que les

quelques prires rituelles accomplies au sein mme de la nuit. Mon fils ! Ne sois pas avare dactes vertueux ni dtats mystiques, et sois sr que la science

thorique napporte aucune aide. En voici un exemple: Quun homme au dsert porte dix

sabres hindous et dautres armes encore, quil soit brave et combatif, quun lion redoutable

vienne lattaquer, crois-tu que ces armes carteraient le danger sil ne sen sert pour frapper

le lion? Et, bien sr, elles ne repousseront pas le danger si lhomme ne les saisit et ne les

spcieuses [aghlt] des soufis et de leurs sornettes [turraht]. Ceci tant, il y a dans la "Revivification des

science religieuse" [Ihy 'oulom al-Dn], comme propos des Shuyoukh Soufis qui, concernant les uvres des

curs, s'y connaissent ['rif] et sont sur la voie droite, des choses qui sont en accord avec le Livre et Tradition

[sounnah]. On y trouve galement, concernant les actes d'adoration et les usages, des choses en accord avec le

Livre [Kitb] et la Tradition [Sounnah]. Ces choses sont plus nombreuses que celle qui sont rejeter et c'est

pourquoi les gens divergent d'avis [ijtihd] propos de ce livre et controversent son sujet . (Madjmu' al-

Fatwa 10/312)

2 Ab al-Qsim, le surnom de Junayd al-Baghdd, savant et Wal (Saint), dcd en 910.



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brandit pour frapper. Ainsi lintellectuel qui lit cent mille problmes scientifiques et les

apprend par cur, sans les mettre en pratique! Il nen tire de profit que par lexercice. Autre

exemple: Le malade atteint de fivre et de jaunisse; son traitement doit se faire par loxymel et

par linfusion dorge3. La gurison ne sobtient quen employant ces deux mdicaments.

En effet:

Tu as mille remdes: cest en vain...

Nest utile que celui qui en prend enfin! Etudierais-tu, pendant cent ans, dans mille livres, que seuls tes actes te disposeraient la

misricorde divine. Car Lui le Trs Grand a dit :

Quon ne comptera lhomme que ses propres actes

(Coran, LIII, 40.).

Celui qui espre se rencontrer avec son Seigneur, quil fasse uvre pie

(Coran, XVIII, 110.).

En punition de leurs actes

(Coran, IX, 83, 96).

Les Croyants qui pratiquent le bien auront le paradis pour sjour. Sjour ternel quils

ne voudront changer contre aucun autre


Dautres gnrations les suivirent. Elles dlaissrent la prire pour sabandonner

leurs penchants. Un triste destin leur est rserv. Exception sera faite pour ceux qui se

repentiront, croiront et pratiqueront les bonnes uvres. Pour ceux-l, ils entreront en

paradis et ne seront frustrs daucun de leurs mrites

(Coran, XIX, 60-61.). Que dis-tu de cette tradition

4 : LIslm est bti sur cinq fondements: Attester quil ny a pas

dautre divinit quAllah et que Muhammad -salla Allahou alayhi wa salam- est le prophte dAllah, prier, faire laumne, jener le mois de Ramadn, accomplir le plerinage la

Mecque pour ceux qui en ont la possibilit. La Foi, cest en mme temps le verbe, la sincrit et les uvres. Les preuves de limportance

des uvres sont innombrables. Lhomme atteint, sans doute, le paradis par la grce et la

gnrosit dAllahu tal, mais il latteint aussi aprs stre prpar par son obissance et son

adoration, car :

la misricorde dAllah est proche de ceux qui font le bien

(Coran, VII, 54.).

Si lon dit: Lhomme arrive aussi au paradis par la foi seule, nous rpondons: Oui, mais

quand ? Et que de difficiles obstacles doit-il surmonter avant darriver au but! Le premier de

ces obstacles est celui de la foi elle-mme; arrivera-t-il au paradis avec cette foi ? Ne lui sera-

3 Sikanjabine: mot persan dun remde dsignant un breuvage compos deau, de miel ou de sucre et de vinaigre.

4 Tradition = Le Hadth fait rfrence aux informations relative aux actes, aux paroles ou la description

physique ou moral du Prophte -salla Allahou alayhi wa salam-.



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t-elle pas ravie avant quil ny entre ? Et sil est conduit au paradis, il sera un lu du et

pauvre.

Al-Hasan al-Basr -quAllah lui fasse Misricorde- dit: Allahu tal dit ses serviteurs au

jour de la rsurrection: mes serviteurs, entrez au paradis par la grce de ma misricorde et

partagez-en les degrs entre vous, selon vos actions. Mon fils, tant que tu ne pratiqueras pas le bien, tu ne trouveras pas de rcompense. On raconte

quun Isralite adora Allahu tal durant soixante-dix ans. Allahu tal voulut faire connatre

ce cas aux anges. Il lui en envoya un pour lui dire quil ne mritait pas le paradis malgr cette

longue adoration. Le message transmis, ladorateur rpondit: Nous avons t crs pour

ladoration; il nous faut adorer. Lange, de retour, dit: Mon Allah tu connais mieux que moi

sa rponse. Et Allahu tal alors: Sil ne cesse pas de Nous adorer, Nous ne cesserons non

plus de le combler de Nos grces. Je lui ai dj pardonn ses fautes, vous en tes tmoins,

mes anges!

Le Prophte dAllah -salla Allahou alayhi wa salam- dit: Demandez-vous des comptes vous-mmes avant quon ne vous en demande et pesez vos actions avant quon ne vous

les pse.

Al ibn Ab Tlib -quAllah lagre- dit: Celui qui croit toucher au but sans effort est un

homme de dsir; et celui qui ne compte que sur leffort fait acte de prsomption. Al-Hasan al-Basr -quAllah lui fasse Misricorde- dit: Aspirer au paradis sans accomplir de

bonnes actions est un grand pch.

Il dit aussi: Le signe distinctif de la vrit, cest doublier la rcompense promise aux bonnes

actions, sans en abandonner la pratique.

Le Messager dAllah -salla Allahou alayhi wa salam- dit: Lhomme intelligent se juge svrement et travaille pour lautre vie; le sot suit les caprices de sa fantaisie et compte

sur Allahu tal pour raliser ses espoirs! Mon fils ! Que de nuits tu as passes en tudes, te privant de sommeil; je ne sais quel tait ton

but. Si ctait pour ce bas monde, pour ses biens, pour ses dignits et pour ten vanter devant

tes gaux et tes semblables, alors malheur toi, oui malheur toi! Si, par contre, ton intention

tait de vivifier la loi du Prophte -salla Allahou alayhi wa salam-, de former ton caractre, de soumettre ton me porte au mal, tu es alors bienheureux, oui, tu es bienheureux. Il a dit

vrai celui qui a crit:

Les yeux veillent en vain toute autre que Ta Face; En vain coulent les pleurs pour un autre

que Toi. Choisis, mon fils, la dure de ta vie: tu mourras; lobjet de ton amour: tu le perdras; dagir

comme il te plat; Allah te rtribuera. Mon fils ! A quoi bon tant dtudes, thologie, logique, mdecine, rhtorique, posie,

astronomie, prosodie, syntaxe, morphologie, si cest du temps perd en dsaccord avec Allah ? Jai trouv ceci dans lEvangile de s -aleyhi salam-: Entre linstant o le mort est mis

dans le cercueil et celui o on la dpose sur le bord de la tombe, Allah, par sa Grandeur, lui



6

pose quarante questions dont la premire est celle-ci: Tu tes montr, mon serviteur, trs

pur aux yeux des cratures durant bien des annes. Mais cette puret, tu ne me las pas

montre, non, pas mme une heure; et, pourtant, chaque jour Allah regarde dans ton cur et

dit: Que de soucis tu te donnes pour les autres quand tu es combl de mes bienfaits! Mais toi,

tu es sourd et tu nentend pas!

Mon fils ! Connaissance sans pratique est folie! Pratique sans connaissance, inutilit. Sache

que si la science ne tloigne pas aujourdhui des choses dfendues et ne tinvite pas la

soumission, elle ne te gardera pas davantage demain du feu de lEnfer. Ne mets pas en

pratique tes connaissances aujourdhui et tu diras demain au jour de la Rsurrection, si tu nes

pas parvenu rattraper les jours passs:

Laisse-nous retourner sur terre. Nous y ferons le bien

(Coran, XXXII, 12).

On te dira: Imbcile, mais tu en viens ! Mon fils ! Affermis ton esprit, droute ton me et mortifie ton corps, car la tombe est la

demeure et le peuple des cimetires tattend. Garde-toi bien darriver chez eux sans viatique.

Ab Bakr as- Siddq -quAllah lagre- dit: Les corps sont une cage ou une table: Demande-

toi ce quest le tien. Si tu es du nombre des oiseaux clestes, quand tu entendras battre le

tambour qui te rappellera ton Seigneur, tu tenvoleras tire dailes jusquau plus haut degr

du Paradis; comme le Prophte -salla Allahou alayhi wa salam- a dit: Le trne du Clment a trembl la mort de Sa d bin Muadd

5.

Par contre, malheur toi, si tu es du nombre des bestiaux, suivant la parole du Tout-Puissant:

Ceux-l sont comme des btes.

(Coran, VII, 178)

Que dis-je : ils sont plus gars encore

(Coran, VII, 178) Ne crois donc pas tre en sret lors de ton passage du fond de la maison terrestre au fond de

labme du Feu. On raconte quAl-Hasan al-Basr -quAllah lui fasse Misricorde- a

demand un jour un verre deau frache; lorsquil eut saisi le verre, il perdit connaissance et le

verre tomba. Ranim, on lui dit: Quas-tu Ab Sad? Il rpondit: Je me suis rappel le

dsir des habitants de lEnfer lorsquils crient ceux du Paradis:

Rpandez sur nous un peu deau, ou un peu de vos joies clestes!

(Coran, VII, 50)

Mon fils ! Sil te suffisait davoir la science abstraite, sans les uvres, la voix divine irait crier

en vain: Y a-t-il quelquun qui appelle, qui implore, qui se repent ?6 On raconte quun

groupe de Compagnons du Prophte -salla Allahou alayhi wa salam- cita le nom dAbdallah Bin Omar devant le Prophte, qui dit ? Ce serait un excellent homme sil priait la nuit

7.

5 Rapport par Al-Bukhr

6 Rapport par Muslim

7 Rapport par Al-Bukhr



7

Il dit aussi lun de ses Compagnons: Ami, ne dors pas trop la nuit, car celui qui dort

trop la nuit se retrouve dmuni le jour de la Rsurrection ! Mon fils ! Rcite le Coran, la nuit. Cest l une uvre pie : cest une injonction.

A laurore, ils taient dj en prire, ils demandaient pardon

(Coran, XVII, 81.)

Cest une action de grces.

Et ceux qui implorent le pardon dAllahu tal au lever de laurore

(Coran, LI, 18.)

Cest une invocation.

Le Prophte -salla Allahou alayhi wa salam- a dit: Allahu tal aime trois voix: celle du coq, celle qui rcite le Coran et celle qui implore le pardon du Crateur laurore

8.

Sufyn at-Tawr -quAllah lui fasse Misricorde- a dit: Allahu tal fait souffler laube un

vent que chargent les appels et les demandes adresses Allahu tal.

Il a dit aussi: A la tombe de la nuit, un hraut crie au pied du Trne divin: Debout, serviteurs

dAllah! Ils se lvent et rendent grces; puis un autre hraut appelle au milieu de la nuit: Ames

pieuses, veillez-vous ! Ils se lvent et prient jusquau point du jour. A laube un hraut

appelle de nouveau: Vous qui avez implorer pardon, debout! Ils se lvent et implorent le

pardon dAllah. Au lever du soleil, un dernier hraut appelle: Hommes lgers, debout! Ils se

lvent de leurs lits, tels les morts ressuscits de leurs tombes. Mon fils ! On raconte que le sage Luqmn parmi les conseils quil donna son fils, place ces

paroles:

Mon fils! que le coq ne soit pas plus vigilant que toi lorsquil appelle Allah laurore; alors

que toi, tu dors.

Et voici ces vers:

Une colombe a gmi, dans la nuit, sur une branche:

Je dormais... Mon Allah, mon Allah! Mon amour est un menteur: Sur un vritable amour, elle

net pas pris davance...

Je suis lamant aux yeux secs, mais elle verse des pleurs ! Mon fils, savoir ce que cest quobir et adorer, voil la quintessence de la science. Elle exige,

sache-le bien, que tu suives le Lgislateur dans ses ordres comme dans ses dfenses, quils

sagissent de paroles ou dactions. En dautres termes, tout ce que tu dis, fait et abandonnes,

doit tre inspir par lobservance de la Loi. Si, par exemple, tu choisis pour jener le jour de la

Fte du Sacrifice ou les jours consacrs scher au soleil la chair des victimes, tu enfreindras

8 Rapport par Ad-Daylam



8

la rgle. Ou encore, si tu excutes la prire, vtu dune robe arrache par force autrui, tu

pcheras, bien que ton acte ait les apparences dune adoration. Mon fils ! Il te faut donc conformer tes paroles et les actes la Loi

9; car connatre et agir en

dehors des rgles quelle prescrit sont des erreurs. Ne te laisse pas davantage garer par les

excs extravagants du mysticisme: pour suivre cette voie, il faut effort et lutte, il faut

suspendre les dsirs de nafs, anantir ses caprices par le glaive de lexercice et non par de

folles et vaines chimres. Sache que la langue dbride et le cur combl de dsirs futiles sont

des signes funestes. Si tu nhumilies pas ton nafs par une lutte sincre contre ses dsirs et ses

caprices, tu nillumineras pas ton cur par la connaissance. Sache aussi quil est impossible de

rpondre par crit ni verbalement certaines des questions que tu mas adresses. Si tu

parviens cet tat, tu en connatras la nature; sinon, le connatre est impossible parce quil

appartient au domaine de got: tout ce qui relve de ce domaine, il est impossible de le dcrire

par des paroles, comme lon ne connat la douceur de ce qui est doux et lamertume de ce qui

est amer que par le got. Ainsi, on raconte quun impuissant crivit un ami lui demandant de

lui expliquer le plaisir sexuel. Il reut la rponse suivante: O un tel, je te croyais impuissant

seulement, or je constate maintenant que tu es, la fois, impuissant et sot; car ce plaisir est du

domaine du got: y arrives-tu? tu en connais la nature, sinon sa description est impossible en

paroles ou par crit. Mon fils ! Quelques-unes de tes questions ressemblent cette dernire. Quant celles

auxquelles on peut rpondre, je les ai mentionnes dans ma Rgnration des sciences

religieuses et dans dautres de mes livres. Jen cite ici une partie tout en y renvoyant. Je dis:

Lhomme qui suit la voie de la vrit a quatre obligations observer:

Cest dabord une foi trs vive, sans trace dhrsie.

Cest ensuite un repentir sincre aprs lequel tu ne reviennes plus au pch.

En outre, cest un effort pour contenter tes rivaux afin que personne ne puisse te rclamer une rparation quelconque.

Enfin, cest ltude des sciences religieuses conformment aux ordres dAllah; puis, celle des autres sciences qui aident au salut de lme."

On raconte qua-ibl -quAllah lui fasse Misricorde- dit: Jai suivi quatre cents matres et

jai lu quatre milles hadiths. Puis jen ai choisi une seule que jai mis en pratique lexclusion

de toute autre, parce que je lai mdit, et jy ai trouv ma dlivrance et mon salut. Jy ai

trouv aussi la science entire des Anciens et des Modernes. Je men suis content. Voici ce

hadth: Le Prophte -salla Allahou alayhi wa salam- dit un jour lun de ses Compagnons: travaille pour la vie dici-bas dans la mesure o tu rsideras sur la terre; travaille pour

la vie future dans la mesure o tu dois y demeurer; travaille pour son Seigneur autant

que tu as besoin de Lui et travaille pour le feu de lEnfer autant que tu pourrais en

supporter lardeur10

. Mon fils ! Si tu connais ce hadith, tu nauras pas besoin de beaucoup de science.

9 La Sharia.

10 Rapport par Al-Munw dans At-Taysr selon une autre variante, tome 1, page 176.



9

Mdite aussi cette autre histoire: Htim al-Aamm -quAllah lui fasse Misricorde- tait du

nombre des amis de aqq al- Balh -quAllah lui fasse Misricorde-. Un jour celui-ci lui

demanda: Tu me suis depuis trente annes dj; quels avantages en as-tu retirs ? Htim

rpondit: Jen ai retir huit qui me suffisent, parce que jespre obtenir par l ma dlivrance

et mon salut. Saqq demanda alors quels taient ces avantages ? Htim rpondit: 1) Jai observ les cratures et jai vu que chacune delles avait un tre quelle aimait et

chrissait. Il est de ces tres aims qui accompagnent la personne qui les aime jusqu la

maladie grave; dautres qui laccompagnent jusquau bord du tombeau puis se retirent en la

laissant toute seule; mais aucun nentre avec elle dans la tombe. Cela ma donn rflchir et

je me suis dit: le meilleur ami de lhomme serait celui qui le servirait jusque dans la

tombe pour lui tenir compagnie. Un tel ami, seules les bonnes uvres men ont tenu lieu.

Je les ai alors aimes afin quelles me soient un flambeau dans ma tombe, quelles my

tiennent compagnie et ne my laissent pas seul. 2) Jai constat, en second lieu, que les gens suivent leurs caprices et se htent de satisfaire

aux dsirs de leurs nafs. Jai alors mdit la parole dAllahu tal:

En revanche, ceux qui auront respect leur Seigneur et vaincu leurs passions, auront le

paradis pour sjour

(Coran, LXXIX, 40-41).

Jai t sr alors que le Coran est la pure vrit. Je me suis mis combattre les tendances de

mon nafs et me suis apprt leur faire la guerre et barrer la route ses caprices

jusqu ce quelle devienne docile et shabitue se soumettre Allah. 3) Jai vu tous les tres humains courir aprs les biens du monde, les tenir et les garder

prement; jai alors mdit la parole dAllahu tal:

Vos biens sont prissables, les biens dAllah sont ternels

(Coran, XVI, 98).

Ce que je possdais, je lai alors dpens pour lamour dAllahu tal et lai distribu

aux pauvres afin quil me soit un trsor auprs dAllahu tal. 4) Jai vu certaines personnes croire que lhonneur et la puissance rsidaient dans le nombre

des clientles et des partisans; je les ai vues sen vanter. Dautres prtendaient quils rsidaient

plutt dans les biens et le grand nombre des enfants; elles en taient fires. Dautres ont cru

que la puissance et lhonneur consistaient enlever de force les biens de leurs semblables,

les traiter injustement et verser leur sang. Un groupe, enfin, a cru que cette puissance rsidait

dans la dpense des biens, dans leur dissipation et dans la prodigalit avec laquelle on en usait;

jai alors mdit la parole dAllahu tal:

Le plus mritant auprs dAllahu est celui qui le craint le plus

(Coran, XLIX, 13.).

Jai donc opt pour cette crainte dAllahu tal et jai fermement cru que le Coran est

la pure vrit et que les conjectures de ce groupe et ses considrations sont vaines et

phmres.



10

5) Jai vu les gens se dnigrer ou se calomnier; jen ai trouv la cause dans la jalousie suscite

par les biens, le prestige et la science. Jai donc mdit la parole dAllahu tal:

Cest nous qui leur avons rparti la nourriture en ce monde

(Coran, XLIII, 31.).

Jai alors appris que la distribution, lorigine, a t faite par Allahu tal; je nai plus

jalous personne et je me suis content de la rpartition des biens telle quelle avait t

faite par Allahu tal. 6) Jai vu les gens se dclarer ennemis pour toute sorte de fins et de motifs; jai alors mdit la

parole dAllahu tal:

Satan est votre ennemi. Considre-comme tel

(Coran, XXXV, 6.).

Jai donc appris quil ntait pas permis davoir dautre ennemi que Satan. 7) Jai vu tous les hommes travailler avec tant dardeur et prodiguer tant defforts en vue

dobtenir leur nourriture et leur subsistance quils devenaient souvent lobjet de soupons et

daccusations, quils se dgradaient et se dshonoraient. Jai donc mdit la parole dAllahu

tal:

Il nest point dtre vivant sur terre qui ne sen remette Allahu tal de le nourrir

(Coran, XI, 8.).

Jai alors compris que ma subsistance dpend dAllahu tal et quIL me la garantit. Je

me suis mis ladorer et jai cess de convoiter autre chose. 8) Jai vu tous les tres humains se fier la crature; largent, aux biens et la proprit, au

mtier et lindustrie, enfin un autre tre humain. Jai alors mdit la parole dAllahu tal:

Allah suffit qui sy fie. Il ralise toujours ses desseins. Il les ralise son heure

(Coran, LXV, 3.).

Jai donc pleine confiance en Allahu tal qui me suffit et qui est le meilleur des

protecteurs. Saqq -quAllah lui fasse Misricorde- dit: QuAllah tassiste, Htim, jai examin la

Thora, les Psaumes, lEvangile et le Furkan11

et jai constat que les quatre livres ont pour

objet ces huit avantages. Celui donc qui les met en pratique mettra en pratique, par le fait

mme, les prceptes de ces quatre livres. Mon fils ! Tu as appris par ces deux rcits que tu nas pas besoin de pousser trop loin ta

science; et maintenant voici ce que doit faire celui qui suit la voie de la vrit. Sache qu celui qui suit la voie dAllahu tal, il faut un matre pour guide et ducateur, qui,

par sa bonne ducation, corrigera les mauvais penchants et leur substituera de bonnes

11

Autre nom du Coran; il distingue le vrai du faux.



11

habitudes. Lducation ressemble, en effet, au travail du laboureur qui dracine les pines,

sarcle le bl afin quil pousse mieux et donne une abondante moisson. Tout homme donc qui

dsire suivre la vraie voie ne peut se passer dun matre pour lduquer et le guider dans la

voie dAllahu tal. Allahu tal a, en effet, envoy un Aptre pour guider les cratures Vers

Lui. Cet Aptre laisse aprs sa mort des successeurs pour servir de guides dans la voie

dAllah. Le Matre capable de remplacer le Prophte -salla Allahou alayhi wa salam- doit tre savant. Cela ne veut pas dire que tout savant peut tre un successeur du Prophte -salla Allahou alayhi wa salam- ! Je vais dailleurs tindiquer les principaux signes distinctifs qui le

caractrisent, afin que tout savant ne prtende pas la qualit de guide. Je pense quil y faut

un homme qui sloigne du monde et de ses honneurs; il doit aussi avoir frquent assidment

un homme perspicace qui, par dautres intermdiaires, remonte au Seigneur des prophtes. Il

doit, galement, pouvoir shabituer manger peu, dormir peu et parler peu. Il doit, en

outre, prier beaucoup, jener de mme et faire frquemment laumne. Il doit aussi, grce la

frquentation de son propre Matre perspicace, marcher dans la voie des vertus morales

comme la patience, la prire, la reconnaissance, la certitude, la quitude, la longanimit,

lhumilit, la science, la sincrit, la pudeur, la fidlit ses promesses, le srieux, le calme, la

rflexion et autres vertus semblables.

Il est donc une des lumires qui peuvent tre prises pour modle, lumire du Prophte -salla Allahou alayhi wa salam- ; mais on le rencontre rarement, bien plus rarement quon ne

rencontre le soufre rouge! Et celui qui a le bonheur de trouver un tel Matre et dtre agr par

lui, doit le respecter extrieurement et intrieurement. Le respect extrieur doit se manifester

par la soumission complte au Matre; le disciple ne doit pas non plus protester propos de

telle ou telle question, mme lorsquil connat lerreur du Matre. Il ne doit pas non plus

tendre son tapis de prire devant lui en dehors des heures de prire. La prire termine, le

disciple enlvera le tapis et ne multipliera pas les prires surrogatoires devant lui; et il

excutera les ordres du Matre selon ses forces et sa capacit. Quant au respect intrieur,

voici en quoi il consiste: tout ce que le disciple aura entendu et accept extrieurement de la

part du Matre, il ne doit pas le nier intrieurement; autrement il serait tax dhypocrisie; sil

narrive pas cette sincrit totale, il quittera la prsence de ce Matre jusqu ce que

ladhsion interne soit en harmonie avec ladhsion externe. Il devra aussi se prmunir contre

les mauvaises frquentations afin que le pouvoir des dmons et des hommes pervers nait

point de prise sur son cur: il sera alors exempt de souillure satanique. Dans tous les cas, il

optera pour la pauvret, non pour la richesse. Sache de plus que le mysticisme requiert deux qualits: la droiture avec Allahu tal et la

longanimit avec les hommes. Celui qui est droit avec Allahu tal, et qui se conduit bien avec les gens, les traitant avec

patience, est un mystique. La droiture avec Allahu tal consiste sacrifier les dsirs de son

nafs aux ordres dAllah. Se bien conduire avec les autres cest ne pas les obliger suivre

tes dsirs, mais cest tobliger toi-mme suivre leur volont, condition quils ne drogent

pas aux lois de la religion. Tu mas interrog aussi sur la soumission Allahu tal. Elle repose sur trois principes: 1) Observer les prceptes de la religion (les commandements et les interdits de lIslm) 2) Accepter sans protester la destine telle quAllah la voulue.

3) Chercher satisfaire le vouloir divin plutt que sa volont propre. Tu mas interrog sur la



12

confiance en Allahu tal:

Allahu tal veut que tu renforces ta Foi en ses promesses, cest--dire que tu croies dune

part que ce qui a t crit ton sujet saccomplira sans aucun doute, quand bien mme

lUnivers conjuguerait ses efforts pour te lviter; dautre part, que ce qui na pas t crit

pour toi, ne tarrivera pas, quand bien mme tout le monde taiderait. Tu mas interrog sur la sincrit; elle veut que toutes tes actions soient pour Allah. Que ton

cur donc ne se rjouisse pas de louanges que les gens tadresseront; ne te soucie pas non plus

de leur blme. Sache que lhypocrisie nat de la flatterie adresse aux autres. Tu la guriras en considrant

quils sont domins, comme des objets, incapables de procurer du repos ou de causer de la

fatigue: tu peux donc viter lhypocrisie leur gard. Tandis que si tu leur attribues un

pouvoir et une volont propres, tu seras fatalement pouss lhypocrisie! Mon fils ! Quelques-unes seulement des rponses tes autres questions se trouvent formules

dans mes ouvrages, consulte-les leur sujet. Quant aux autres, elles ne sauraient tre crites.

Mets en pratique ce que tu sais, pour que lon te soit rvl ce que tu ignores. Le Prophte -salla Allahou alayhi wa salam- dit : Quiconque applique ce quil apprend, Allh lui fera

hriter le savoir de ce quil ignore. 12

Mon fils ! Ne me propose donc dsormais les problmes qui tembrassent que par la voie

intrieure. Et rappelle-toi la parole dAllahu tal:

Il vaudrait mieux pour eux attendre...

(Coran, XLIX, 5.).

Accepte le conseil de al Khadir13

-aleyhi salm- :

Ne me demande jamais aucune explication avant que je ne tinforme moi-mme


Ne sois pas press. Tout arrive et te sera dvoil en son temps. As-tu mdit la parole

dAllahu tal:

Un jour viendra o Je vous produirai mes miracles. Ne vous montrez pas impatients

(Coran, XXI, 38.).

Ne minterroge donc pas avant lheure et sois sr et certain que tu narriveras qu force de

marcher...

Nont-ils jamais parcouru le monde? ils auraient connu la fin malheureuse de leurs

devanciers

(Coran, XXX, 8; XXXV,43; XL, 22.).

12

Al-`Irq dit dans Takhrj Ahdth Al-Ihy, Tome 1, page 71 : Rapport par Ab Nu`aym dans la Hilyah

selon Anas, et jug par lui comme tant faible. 13

Al Khadir tait selon lavis correct un prophte qui vivait lpoque du messager Moss. Il recevait une

rvlation de la part dAllah ce pourquoi il est considr prophte.



13

Mon fils ! Je tassure que si tu chemines sur la voie dAllh, tu verras des merveilles chaque

tape. Sacrifie ton me, car lessence est dans le sacrifice, comme la dit D n-Nn al- Misr -

quAllah lui fasse Misricorde- lun de ses disciples: Si tu peux donner ta vie, viens moi;

sinon ne toccupes pas des futilits du Soufisme.

Mon fils ! Je vais te donner huit conseils; reois-les pour que ta science ne soit pas ton

ennemie au jour de la Rsurrection; quatre concernant ce que tu dois pratiquer et quatre, ce

que tu dois viter. Voici dabord ce que tu dois viter: 1) Te garder absolument de discuter avec autrui, car la discussion cause bien des

dommages et recle plus de mal que de bien. Elle est, en effet, la source de tous les vices

comme lhypocrisie, la jalousie, la fiert, la rancune, linimiti, lorgueil et les autres. Certes

tu peux discuter sur une question avec une personne ou un groupe da personnes mais

condition que tu veuilles leur montrer la vrit. Et ce vouloir doit saccompagner de deux

signes: Ntablir aucune diffrence entre la vrit dcouverte par toi et celle qui serait

dcouverte par un autre. Prfrer discuter dans un lieu retir plutt que devant une grande assemble. Ecoute, je

vais te donner une rgle:

Sache que poser des questions au sujet de certaines difficults, cest exposer une maladie de

cur au mdecin; la rponse, cest leffort que le mdecin prodigue pour la gurir. Sache aussi que les ignorants sont des cardiaques et les savants, leurs mdecins. Le savant

incomplet ne russit pas le traitement. Le savant vraiment savant ne traite pas tout malade,

mais seulement celui quil estime apte recevoir le traitement et le salut. Si le mal est

chronique ou incurable, lart du mdecin est de dire: celui-l est ingurissable. Il ne

soccupera donc pas de la soigner, car il perdrait son temps. Sache quil y a, sous le nom dignorants, quatre espces de malades: lun est curable, les

autres non. Le premier de ceux-ci est celui dont les questions et les rponses sont provoques

par la jalousie et la haine14

. Rpondre au jaloux de son mieux, avec loquence et clart, cest le pousser davantage dans la voie de la haine, de linimiti et de la jalousie. Il ne faut donc pas se soucier de lui: On espre gurir toutes les maladies, hormis linimiti dont la cause est lenvie. Tu dois donc tloigner de lui et labandonner avec sa maladie. Allahu tal, na-t-il pas dit:

Ecarte-toi de celui qui refuse de Nous prier et qui ne recherche que les plaisirs de ce bas

monde?

(Coran, LIII, 30; XX, 17.) Le jaloux, par ses propos et par ses uvres, incendie le grain de ses actes. Comme la dit notre

14

Textuellement: de jalousie, les ignorants qui suivent leurs caprices, jalousent les savants Islamiques.



14

Prophte Muhammad -salla Allahou alayhi wa salam- : La jalousie dvore les bonnes actions, comme le feu consume le bois. Le mal du second vient de sa sottise. Lui aussi est ingurissable. Comme la dit s aleyhi

salm- : Il ne ma pas t impossible de ressusciter les morts, mais jai t incapable de

gurir les sots. Car le sot est un homme qui travaille apprendre en peu de temps quelque

chose, tant dans les connaissances rvles que dans les rationnelles. Pouss par sa sottise, il

interroge et contrarie le grand savant qui a pass sa vie tudier les sciences rvles et

rationnelles. Ce sot est un ignorant qui simagine cependant que ce qui lembarrasse,

embarrasse aussi le grand savant15

. Sil ne se rend pas compte de cette erreur, ses questions et

ses rpliques viennent de sa sottise. Tu nas donc pas toccuper de lui rpondre.

Le troisime demande tre dirig: tout ce quil ne comprend pas dans les paroles des grands

savants, il en attribue la cause la faiblesse de ses facults intellectuelles. Sil interroge, cest

en vue de tirer profit de la rponse, mais cest un sot qui ne saisit pas les vrits; il ne faut pas

non plus toccuper de lui rpondre, comme a dit Muhammad -salla Allahou alayhi wa salam- : Nous, les prophtes, il nous a t ordonn de parler aux gens selon leur intelligence. Le seul qui soit curable, cest le vrai chercheur de la vrit: sage et comprhensif; il ne doit

pas tre lesclave de la jalousie, de la colre, des honneurs, des biens de ce monde et des

passions. Il doit rechercher la voie droite. Ses questions et ses rponses ne doivent tre

suscites ni par lenvie, ni par lenttement ni par un amour excessif de la critique. Celui-l est

gurissable; tu peux donc te soucier de lui rpondre; bien plus: tu dois lui rpondre. 2) Tu dois, en second lieu, viter avec le plus grand soin dtre un sermonneur et un

missionnaire. Car cela prsente bien des inconvnients. A moins, toutefois, que tu ne joignes

lexemple la parole; puis tu inviteras les autres timiter. Mdite la parole qui fut dite s

-aleyhi salm- fils de Marie: Sermonne alors ton nafs dabord; si elle en profite, sermonne

alors les autres. Sinon, aie honte devant ton Seigneur. Mais si tu te vois contraint

dentreprendre cette tche, garde-toi de deux dfauts: De laffectation dans la parole, les expressions, les gestes, les extravagances, les vers et les

strophes. Allahu tal dteste les hommes affects. Laffectation rvle en effet, le dsordre

et linsouciance intrieurs. Prcher, cest pousser lhomme se rappeler le feu de lautre vie,

sa ngligence servir le Crateur, le temps pass soccuper de choses inutiles; cest linviter

penser aux obstacles qui peuvent lempcher de croire en lau-del, penser aussi ltat

dans lequel il se trouvera entre les mains de lange de la mort, se demander sil peut

rpondre aux questions de Munkar et de Nakr, soccuper srieusement de son tat au jour de

la rsurrection. Pourra-t-il passer sain et sauf le pont qui spare ce monde de lautre ou bien

tombera-t-il dans le prcipice ? Toutes ces choses resteront graves dans son cur et le

tourmenteront. Lembrassement du Feu, les lamentations la pense de ces malheurs, cela

sappelle lavertissement. Informer les gens et leur montrer ces choses, attirer leur attention sur leur ngligence et leurs

excs, les inciter penser leurs dfauts afin que lardeur de ce Feu touche les membres de

lassemble et que ces malheurs les effrayent de telle sorte quils rattrapent, dans la mesure du

possible, les jours passs de leur vie et regrettent ceux qui ont t employs autre chose qu

la soumission Allahu tal, ces ides que je viens de rsumer forment ce que lon appelle un

sermon. Si tu voyais linondation atteindre une maison o se trouve ton semblable avec toute

15

Lauteur vise les dtracteurs.



15

sa famille, tu crierais: Prenez garde! prenez garde! fuyez devant le torrent! Dans une pareille

situation, tu navertirais pas le propritaire de la maison avec des manires, des expressions

affectes, des traits desprit et des allusions, certes pas! Ainsi doit tre le prdicateur: il doit

viter tout cela. Le deuxime dfaut, cest de prtendre soulever tes auditeurs pour quils expriment avec

ostentation leur enthousiasme devant tes dons et ton gnie, par exemple en dchirant leurs

vtements, afin quon se rcrie: Quel extraordinaire orateur! Tu ne pencherais alors que vers

les choses dici-bas, ce qui est un fruit de la futilit. Mais ton lan et ton ardeur doivent

prendre pour buts dappeler les gens de ce monde lautre, de la dsobissance lobissance,

de lattachement aux choses de ce monde la vie asctique, de lavarice la gnrosit, du

doute la certitude, de loubli ngligent au sursaut de la conscience, de la vanit la pit; et

de leur faire aimer lau-del et dtester ce monde; de leur apprendre la science de ladoration

et de lasctisme; et de ne pas les faire prsumer de la gnrosit dAllahu tal, ni de sa

misricorde; car ce qui domine leur nature, cest lloignement de la voie de la religion, la

recherche de ce quAllahu tal nagre pas et la pratique des mauvaises murs. Jette alors la

peur dans leurs curs, effraie-les, terrifie-les, quils redoutent le pril qui les attend, ils

sattacheront alors fermement obir Allahu tal et cesser de Lui dsobir.

Telle est la voie suivre pour sermonner autrui et lui donner des conseils. Toute autre manire

de prcher constitue un danger pour celui qui parle comme pour celui qui coute. Bien mieux,

on la dit: un mauvais prdicateur est un monstre de perfidie diabolique qui carte les gens de

la voie droite pour les perdre. Ils doivent donc le fuir, car Satan en personne naltrait pas leur

Foi autant que lui. Lauditeur qui en aurait le pouvoir devrait le faire descendre de la chaire et

lempcher de poursuivre ses ravages consquence naturelle du prcepte qui commande de

faire le bien et interdit de pratiquer le mal. 3) Tu dois, en troisime lieu, viter de frquenter les princes et les sultans. Tu dois mme

viter de les rencontrer, car leur rencontre et leur socit, autant que leur frquentation,

constitue un danger. Si, cependant, tu es oblig de les frquenter, vite de les complimenter,

car Allahu tal est courrouc quand on loue les oppresseurs et les sclrats. Et celui qui

implorerait pour eux une longue vie, exprimerait ainsi le dsir quil soit dsobi Allahu

tal sur la Terre. 4) Tu dois, quatrimement en enfin, viter daccepter quoi que ce soit des dons et des cadeaux

des Sultans, quand bien mme tu serais sr quils ont t bien acquis. Car, accepter leurs dons,

cest corrompre la religion, puisque cest en venir les flatter, les respecter, approuver leur

injustice. Tout cela corrompt la religion. Le moindre mal qui puisse en rsulter cest quen

acceptant leurs dons et en profitant de leurs richesses, tu nen arrives aimer ces Sultans. Or,

celui qui aime quelquun, aime par le fait mme le vivre le plus longtemps possible et

demeurer en ses fonctions. Prendre plaisir voir persister linjustice, cest vouloir que

linjustice opprime les cratures dAllahu tal, cest vouloir la ruine du monde. Quoi de plus

nuisible la foi et la fin de lhomme? Garde-toi bien dtre fascin par le dmon ou tromp

par des paroles comme celles-ci: Quil vaut mieux soutirer de largent de ces Sultants pour le

donner aux pauvres. Ils dpensent, eux, cet argent dans la dbauche et la dsobissance; tu le

dpenseras, toi, pour les faibles: tu agis donc mieux queux. Le maudit a coup le cou

beaucoup de gens par des tentations semblables et les dgts quil a causs sont profonds et

immenses. Jen ai parl dans la Rgnration des sciences, consulte cet ouvrage. Voici maintenant les quatre autres conseils que tu dois mettre en pratique:



16

1) Ta conduite avec Allahu tal doit tre telle que si ton serviteur agissait de mme avec toi,

tu en serais content, ny trouverais nulle offense et nul sujet de colre; ce que, par contre, tu ne

permets pas ton prtendu serviteur, Allahu tal, qui est ton vrai Matre, ne lacceptera pas,

non plus, de ta part. 2) Fais autrui ce que tu voudrais quil te fit, car la foi de lhomme nest parfaite que lorsquil

dsire pour tout le monde ce quil aime pour soi-mme. 3) Soit que tu enseignes ou que tu tudies, il faut que ta science amliore ton coeur et ton me.

Si tu apprenais quil ne te reste vivre quune semaine, tu ne toccuperais alors ni de

jurisprudence, ni de controverse, ni de sources ni de thologie ou dautres sciences

semblables, parce que tu sais quelles ne tenrichissent pas. Mais tu toccuperais de surveiller

ton cur et dtudier les dispositions de ton me, de tloigner des attaches du monde et de

purifier ton me des mauvaises habitudes, tu toccuperais daimer Allahu tal, de ladorer et

dacqurir les plus belles vertus. Souviens-toi que lhomme, chaque instant, peut mourir. Mon fils, coute encore ces quelques paroles, mdite-les bien pour y trouver ton salut. Si lon

te disait que le sultan va venir te faire visite dans une semaine, je sais bien qualors tu ne

toccuperais qu amliorer ce qui va tomber sous ses yeux: vtements, corps, maison,

meubles, etc. Maintenant, mdite ce que je viens de te signaler; car tu es capable de

comprendre et celui qui est intelligent saisit, en peu de mots. Le Prophte -salla Allahou alayhi wa salam-, bien-aim dAllahu tal dit: Allahu tal ne regarde pas vos visages, ni

vos actions, mais IL regarde vos coeurs et vos intentions." Si tu veux savoir les tats que peut

connatre le cur, reporte-toi la Ihy-ul-ulm- id-dn et dautres de mes ouvrages. Car

cette science est un devoir individuel16

; les autres sont des devoirs qui incombent lensemble

de la communaut17

, sauf ce qui touche aux devoirs envers Allah, tels les ablutions rituelles,

les prires et autres.

QuAllahu tal tassiste pour que tu apprennes et pratiques tout ce que je viens de texposer,

si Allah le veut. 4) Namasse pas des biens de ce monde plus quil ne te faut pour entretenir ta famille pendant

une anne: ainsi faisait Muhammad -salla Allahou alayhi wa salam- avec certaines de ses femmes. Il disait: Mon Allah fais que la nourriture de la famille de Muhammad soit

suffisante. Il nagissait ainsi que pour ses femmes dont la rsignation ( cause de

lhumanit) tait faible. Pour celles dont la rsignation tait ferme, il se bornait souhaiter la

nourriture dun jour ou mme dune demi-journe. Mon fils, jai crit cette lettre sur tes instances. Il te reste la mettre en pratique; et ne

moublie pas dans tes pieuses prires. Quant loraison que tu mas demande, cherche-la

dans les invocations que rapportent les Traditions authentiques. Rcite, cependant, lappel

suivant dans les circonstances critiques et surtout la fin de tes prires: Mon Allah, je te demande une grce totale, une protection constante, une misricorde

complte, une sant effective, une vie large, une existence heureuse, des bienfaits extrmes,

des faveurs en tous domaines, des marques de la plus dlicate gnrosit et de la bont la plus

directe.

16

Fard ayn; cest--dire devoir qui doit tre accompli par tous les musulmans et individuellement. 17

Fard kifyah, cest--dire prire collective qui est accomplie par une partie quelconque de la communaut

musulmane, sans que tous ses membres soient individuellement tenus de laccomplir. Quand quelques

Musulmans laccomplissent, les autres ne sont pas obliger de le faire.



17

Mon Allah, sois avec nous et ne sois pas contre nous. Mon Allah, termine par le bonheur nos vies; ralise largement nos espoirs; joins par la sant nos matins nos soirs; dirige notre fin vers ta misricorde; dverse labondance de ton pardon sur nos fautes; accorde-nous la faveur de nous corriger de nos dfauts; fais de la pit notre viatique; dirige vers ta religion notre effort, mets en Toi notre confiance et sois notre constant appui. Mon Allah, affermis-nous dans la voie de la droiture; loigne-nous pendant cette vie de ce qui pourrait causer notre repentir, au jour de la Rsurrection; allge-nous le poids des pchs; donne-nous le pain hall; carte de nous la malice des Mchants; dlivre nous, ainsi que nos pres et mres, nos frres et surs, du Feu de lenfer par ta misricorde, trs Fort, trs Misricordieux, Gnreux et Protecteur; trs Savant et trs Puissant, mon Allah, mon Allah, mon Allah, par ta misricorde, Toi le plus Misricordieux des misricordieux, lAlpha et lOmga; Toi, Possesseur de la plus grande force, qui as piti des pauvres et des dshrits, et le trs Misricordieux; il ny a pas dautre dieu que Toi. Gloire Toi, jai t du nombre des Injustes; et bndiction dAllah sur notre Prophte Mohammad -salla Allahou alayhi wa salam-, sa Famille et tous ses Compagnons, et louange Allahu tal, Matre des Mondes.

Notre Prophte -salla Allahou alayhi wa salam- a communiqu: La personne quAllah le Trs-Haut apprcie le plus, cest celle qui apprend sa religion et qui lenseigne aux

autres. Apprenez votre religion de la bouche des savants islamiques!

Celui qui ne peut pas trouv un vrai savant doit tudier les livres des savants Ahl-i sunna et

essayer de les propager. Un musulman qui a de la connaissance, de la pratique et de la

sincrit sappelle savant islamique. Si lune de ces trois particularits nexiste pas chez

quelquun qui fait semblant de savant est appel bigot ou religieux malfaisant. Le savant

islamique est le gardien de la religion, mais le bigot est le collaborateur du Satan.

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Lettre au disciple - ddata.over-blog.comddata.over-blog.com/4/22/62/75/Suite-1/Lettre-au-disciple.pdf · Al-Hasan al-Basrî -qu’Allah lui fasse Miséricorde- dit: ―Allahu ta‘âlâ