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Septembre 2014 Éditorial............................................p. 1 Le logement social en Loire-Atlantique .. p.2 Habitat social et aménagement du territoire à l’échelon départemental ...p. 3 Pour réduire les inégalités, produire des logements sociaux là où se trouvent les besoins ................p. 4 20 opérateurs sociaux en Loire-Atlantique ............................p. 4 Accompagner une politique d’habitat social à l’échelle d’une agglomération, l’exemple de Silène...........................p. 5 Le logement social dans la formation des architectes à l’école d’architecture de Nantes ...................p. 8 Innovation sociale et accès au logement : les ambitions de l’IGLOO nantais... ...................... p. 10 L’Odyssée, opération IGLOO à Nantes . p. 12 Un siècle d’innovation ..................... p.13 Habiter la Maison Radieuse en 2014.. p. 14 1889 -2014 repères chronologique..... p. 16 Il n’y a pas de logement social idéal .. p. 18 Bibliographie .................................. p. 19 Actualités du CAUE.......................... p. 20 Du début du XIX e siècle à nos jours, l’habitat social s’est inscrit dans l’histoire du développement des villes et des territoires comme la principale réponse du logement des citoyens les plus démunis. Des cités ouvrières où le rapport employeur-employés régissait les conditions d’hébergement des travailleurs en faisant largement cohabiter vie familiale et vie professionnelle, l’implication directe des politiques publiques en faveur du logement des plus démunis n’est apparue qu’à la toute fin du XIXe avec, notamment, la création de la première loi en faveur de « l’Habitat à Bon Marché ». Le XX e siècle sera ensuite le règne des bâtisseurs de logements sociaux consacrant, dans un premier temps, la maison individuelle comme réponse systématique au logement des travailleurs et à leur famille mais cédant la place, à compter des années 50, à une conséquente production architecturale et urbaine que nous pouvons encore facilement repérer dans le paysage de nos villes contemporaines. « L’Habitat à Loyer Modéré » était né. « Trente glorieuses » plus tard, suivies de trois décennies ponctuées d’une douzaine de lois ayant organisé les aides à la personne, imposé des programmes de mixité sociale et impulsé des politiques volontaristes de rénovation urbaine, force est de constater qu’aujourd’hui la recherche de qualité architecturale, urbaine et environnementale des projets ne cesse de progresser à l’appui de bailleurs sociaux totalement investis dans une politique de qualité d’usage des logements. C’est particulièrement vrai en Loire-Atlantique où le nombre d’habitants progresse d’environ 1 % chaque année et où le pourcentage des citoyens potentiellement éligibles avoisine les 70 %, obligeant ainsi les collectivités territoriales à maîtriser une vision élargie de la programmation du logement social sur l’ensemble des territoires tout en impulsant une diversité de réponses architecturales au cœur même des villes et des bourgs. Faire encore et toujours évoluer les « idées reçues » sur un habitat contraint de s’adapter aux fortes mutations sociales et urbaines du XXI e siècle, c’est ce qui a motivé le CAUE de Loire-Atlantique à proposer cette lettre d’information sur le thème du logement social et à accompagner, par ailleurs, entre septembre et novembre 2014, d’autres initiatives* qui prendront la forme d’expositions, de conférences, de débats et de visites. Philippe GROSVALET Président du Département de Loire-Atlantique Président du CAUE 44 * en partenariat avec l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes, l’Association régionale pour la diffusion et la promotion de l’architecture et la Maison régionale de l’architecture des Pays de la Loire. La lettre d’information du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Loire-Atlantique social Logement INNOVA à Saint-Nazaire - Maître d’ouvrage : SILÈNE - LACATON & VASSAL architectes - 2011 - Photographie : Pierre-Yves BRUNAUD/Picturetank/CAUE13 1

Lettre d'information du CAUE 44 N°12

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Du début du XIXe siècle à nos jours, l’habitat social s’est inscrit dans l’histoire du développement des villes et des territoires comme la principale réponse du logement des citoyens les plus démunis. Des cités ouvrières où le rapport employeur-employés régissait les conditions d’hébergement des travailleurs en faisant largement cohabiter vie familiale et vie professionnelle, l’implication directe des politiques publiques en faveur du logement des plus démunis n’est apparue qu’à la toute fin du XIXe avec, notamment, la création de la première loi en faveur de « l’Habitat à Bon Marché ». Le XXe siècle sera ensuite le règne des bâtisseurs de logements sociaux consacrant, dans un premier temps, la maison individuelle comme réponse systématique au logement des travailleurs et à leur famille mais cédant la place, à compter des années 50, à une conséquente production architecturale et urbaine que nous pouvons encore facilement repérer dans le paysage de nos villes contemporaines. « L’Hab

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Éditorial ............................................p. 1

Le logement social en Loire-Atlantique .. p.2

Habitat social et aménagement du territoire à l’échelon départemental ...p. 3

Pour réduire les inégalités, produire des logements sociaux là où se trouvent les besoins ................p. 4

20 opérateurs sociaux en Loire-Atlantique ............................p. 4

Accompagner une politique d’habitat social à l’échelle d’une agglomération, l’exemple de Silène ...........................p. 5

Le logement social dans la formation des architectes à l’école d’architecture de Nantes ...................p. 8

Innovation sociale et accès au logement : les ambitions de l’IGLOO nantais... ...................... p. 10

L’Odyssée, opération IGLOO à Nantes . p. 12

Un siècle d’innovation ..................... p.13

Habiter la Maison Radieuse en 2014 .. p. 14

1889 -2014 repères chronologique .....p. 16

Il n’y a pas de logement social idéal .. p. 18

Bibliographie .................................. p. 19

Actualités du CAUE .......................... p. 20

Du début du XIXe siècle à nos jours, l’habitat social s’est inscrit dans l’histoire du développement des villes et des territoires comme la principale réponse du logement des citoyens les plus démunis.

Des cités ouvrières où le rapport employeur-employés régissait les conditions d’hébergement des travailleurs en faisant largement cohabiter vie familiale et vie professionnelle, l’implication directe des politiques publiques en faveur du logement des plus démunis n’est apparue qu’à la toute fin du XIXe avec, notamment, la création de la première loi en faveur de « l’Habitat à Bon Marché ».

Le XXe siècle sera ensuite le règne des bâtisseurs de logements sociaux consacrant, dans un premier temps, la maison individuelle comme réponse systématique au logement des travailleurs et à leur famille mais cédant la place, à compter des années 50, à une conséquente production architecturale et urbaine que nous pouvons encore facilement repérer dans le paysage de nos villes contemporaines. « L’Habitat à Loyer Modéré » était né.

« Trente glorieuses » plus tard, suivies de trois décennies ponctuées d’une douzaine de lois ayant organisé les aides à la personne, imposé des programmes de mixité sociale et impulsé des politiques volontaristes de rénovation urbaine, force est de constater qu’aujourd’hui la recherche de qualité architecturale, urbaine et environnementale des projets ne cesse de progresser à l’appui de bailleurs sociaux totalement investis dans une politique de qualité d’usage des logements. C’est particulièrement vrai en Loire-Atlantique où le nombre d’habitants progresse d’environ 1 % chaque année et où le pourcentage des citoyens potentiellement éligibles avoisine les 70 %, obligeant ainsi les collectivités territoriales à maîtriser une vision élargie de la programmation du logement social sur l’ensemble des territoires tout en impulsant une diversité de réponses architecturales au cœur même des villes et des bourgs.

Faire encore et toujours évoluer les « idées reçues » sur un habitat contraint de s’adapter aux fortes mutations sociales et urbaines du XXIe siècle, c’est ce qui a motivé le CAUE de Loire-Atlantique à proposer cette lettre d’information sur le thème du logement social et à accompagner, par ailleurs, entre septembre et novembre 2014, d’autres initiatives* qui prendront la forme d’expositions, de conférences, de débats et de visites.

Philippe GROSVALETPrésident du Département de Loire-AtlantiquePrésident du CAUE 44

* en partenariat avec l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes, l’Association régionale pour la diffusion et la promotion de l’architecture et la Maison régionale de l’architecture des Pays de la Loire.

La lettre d’informationdu Conseil d’Architecture,

d’Urbanisme et de l’Environnement de Loire-Atlantique

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INNOVA à Saint-Nazaire - Maître d’ouvrage : SILÈNE - LACATON & VASSAL architectes - 2011 - Photographie : Pierre-Yves BRUNAUD/Picturetank/CAUE13

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ARBORA à La Chapelle-des-Marais, 13 éco-maisons à ossature bois - Maîtrise d’ouvrage SILÈNE - ARLAB architectes, 2011

Le département de Loire-Atlantique connaît depuis les années 2000 une accélération de son essor démographique, constant depuis l’après-guerre.

Les besoins en logements neufs et rénovés sont importants, suite aux évolutions des familles marquées par la décohabitation des générations, ainsi qu’à l’inadaptation de nombreux logements anciens aux modes de vie actuels, aux exigences énergétiques nouvelles et aux obligations d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite.

En outre, les taux de logements sociaux imposés par la loi SRU de 2000 et la loi ALUR de mars 2014 font de ce domaine un enjeu majeur des politiques publiques. Mais la masse globale des logements construits est telle qu’il est aujourd’hui difficile de faire augmenter le pourcentage des logements sociaux. Les opérations ANRU des années 2008-2009 ont par exemple favorisé la revente de logements rénovés et les démolitions d’immeubles vétustes, contribuant ainsi à cette stagnation en pourcentage. Un effort accru doit donc être entrepris.

Les réponses ne peuvent être uniquement quantitatives, tant il s’agit ici de maîtriser des processus complexes de réécriture des villes et des bourgs, puisque la lutte contre l’étalement urbain impose aujourd’hui de régénérer les agglomérations à l’intérieur des territoires déjà urbanisés.

L’habitat social n’est plus relégué dans les franges des villes ou dans les sites difficiles. Quand il n’est pas lui-même à l’origine des projets urbains, il prend sa place dans les nouveaux quartiers, dans les centres-bourgs, dans les sites historiques, dans les opérations de promotion privée comme dans celles mêlant le logement à des commerces, à des activités ou à des équipements publics. Il s’y montre ou s’y fait invisible, et sans doute gagne-t-il ainsi progressivement la bataille contre les stéréotypes accolés aux images de la « ZUP » ou de la « cité HLM ».

Le logement social est, depuis plus d’un siècle, un laboratoire d’invention architecturale et d’expérimentations des modes d’habiter. La Loire-Atlantique, à Nantes et Rezé ou à Saint-Nazaire, est dans ce domaine riche d’un véritable patrimoine architectural, et de compétences reconnues. Cette inventivité se poursuit aujourd’hui, grâce à l’effort soutenu des opérateurs sociaux et au soutien des collectivités locales, ainsi qu’à la motivation de certains architectes, notamment nourris d’un enseignement dédié à ce domaine au sein de l’école d’architecture de Nantes.

Depuis peu, des contraintes urbaines, thermiques, d’accessibilité ou d’économies pèsent lourdement sur la construction, et l’implantation de nouveaux logements, souvent synonymes de densification et de mutation des paysages urbains et péri-urbains,

amène encore la controverse, tant au niveau des habitants des quartiers concernés que de certains élus locaux.

Le CAUE de Loire-Atlantique a souhaité mettre en valeur la diversité et la qualité des réponses architecturales et urbaines apportées dans le domaine de l’habitat social depuis la mise en place de la loi SRU.

Cette lettre d’information participe à ce projet, et complète l’exposition « 2000-2014, 15 ans d’habitat social en Loire-Atlantique » présentée par le CAUE à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes, ainsi que les deux tables rondes et les trois conférences-débats organisées en partenariat avec l’ARDEPA et la Maison régionale de l’Architecture en septembre et octobre 2014. Le Conseil général de Loire-Atlantique et les opérateurs sociaux, réunis au sein de l’Union Sociale de l’Habitat des Pays de la Loire, sont associés à ces manifestations.

logement socialen Loire-Atlantique

Le

Définitions :Le « logement social » est un logement individuel ou collectif dont tout ou partie du financement est public, car il est destiné à des locataires ou des accédants à revenus modestes, qui auraient donc des difficultés à se loger sur le marché privé. Des taux minimaux de logements sociaux par commune sont depuis 2000 fixés par la loi SRU et depuis 2014 par la loi ALUR. Selon leurs types de financement, les logements sociaux appar tiennent à des catégories spécifiques, pour des publics définis. Ils sont construits et gérés par des opérateurs sociaux (ou « bailleurs » sociaux), publics ou privés. Depuis 1977, un logement acquiert le statut de logement social par la convention qui lie le bailleur social et l’État.

La notion « d’habitat social » concerne plus largement l’organisation des espaces de vie des individus et des groupes, les réponses apportées à la demande en logements sociaux, depuis la mise en place des politiques publiques, des choix d’aménagement des territoires, des conceptions urbaines et architecturales, jusqu’à l’attribution des logements et la gestion du parc immobilier social.

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Logement socialDOSSIER :

La construction de logements sociaux, que ce soit en location ou en accession abordable, reste un enjeu fort sur un territoire dynamique comme l’est celui de la Loire-Atlantique. En effet, un nombre croissant de ménages ne dispose pas des ressources suffisantes pour accéder aux logements du marché libre, notamment dans les secteurs les plus tendus que sont les pôles urbains et le littoral. Il en résulte qu’en 2012, plus des deux tiers de la population étaient éligibles au logement social. Une offre accrue favorisera la mixité sociale qui doit être encouragée partout, et pas seulement dans les communes soumises à la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain) qui impose un taux de 20 ou de 25 % de logement sociaux. Le logement social intervient également comme un levier pour favoriser un aménagement équilibré et durable du territoire départemental. Équilibré, au sens où chaque territoire, y compris en dehors des pôles urbains, doit être en capacité d’offrir à ses habitants, en fonction des besoins,

des logements à un coût abordable ; durable, parce qu’en garantissant à leurs habitants la proximité aux équipements, aux services et aux transports collectifs, les nouvelles opérations d’habitat social permettent de réduire considérablement l’usage de la voiture pour tous les actes de la vie quotidienne. Enfin, les performances énergétiques du parc social départemental se révèlent, en moyenne, meilleures que celles du parc privé ; elles reflètent la volonté du Département d’impulser une véritable transition énergétique.

Ces trois enjeux (social, territorial et environnemental) sont mis en avant dans le Plan Départemental de l’Habitat. Ce document de planification, co-élaboré avec l’État, a été approuvé par l’assemblée départementale en juin dernier. Pour les six prochaines années, l’objectif du Département est de répondre au dynamisme démographique en s’appuyant sur l’armature urbaine existante, par le renforcement du rôle des polarités des

SCOT. L’offre d’habitat se diversifiera, notamment grâce à une production accrue de logements sociaux sur tous les territoires où la demande reste supérieure à l’offre. Cette offre nouvelle devra prendre en compte tout particulièrement les besoins des populations les plus fragiles : personnes âgées, personnes handicapées, personnes en grande difficulté, gens du voyage, jeunes actifs. Pour les communes concernées, cet habitat diversifié constituera une source pérenne d’attractivité et de dynamisme du territoire. La présence de l’ensemble des segments de l’habitat offrira aux ménages une réponse à leur besoin en logement aux différents moments de leur vie (familles, jeunes en décohabitation, personnes âgées).

Ces orientations départementales ne sont pas prescriptives. Aux échelles communales et communautaires, les acteurs publics et privés de l’habitat continuent de mener leurs réflexions et leurs actions au travers des documents de planification que restent les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) ou PLU(i) ( intercommunal) et Programmes Locaux de l’Habitat (PLH). Le PDH ne s’impose pas aux politiques locales de l’habitat. Il intervient comme le dispositif d’animation de ces politiques à l’échelle départementale. Pour le Département, il ne s’agit pas de se substituer aux collectivités en charge de la définition de leur politique d’aménagement et de développement mais, compte tenu des interactions entre les différents territoires et de l’imbrication des enjeux locaux liés à l’habitat, d’organiser une réflexion collective pour la mise en cohérence des politiques menées aux différentes échelles, dans le souci d’un aménagement équilibré et durable du territoire évoqué plus haut.

Mireille MARTINConseillère générale de Loire-Atlantique

Vice-présidente du Conseil général déléguée à l’habitat

aménagement du territoire

Habitat social et

à l’échelon départemental

RÉÉCRIRE LE PÉRI-URBAIN L’implantation de nouveaux logements dans les zones pavillonnaires des périphéries de bourgs ou d’agglomérations urbaines n’est pas aisée, pour les architectes qui ont à in-tervenir dans des tissus urbains parfois mal définis, comme pour les collectivités qui ont à gérer les réticences d’habitants peu enclins à voir évoluer leur cadre de vie. La réalisation de logements sociaux et la lutte contre l’étalement urbain sont pourtant au-jourd’hui une nécessité pour toutes les com-munes, quelles que soient leur taille ou la nature de leur urbanisation.

Évaluation de la tension sur le parc social en 2005 parue dans le Plan Départemental de l’Habitat de Loire-Atlantique 2009-2012.

Ape

rçus

Implanté au sud de Trentemoult à Rezé, l’ensemble des Cap-Horniers, (Perrault et Heude, 1986 pour la Nantaise d’Habitations) fut précurseur dans la manière d’implanter en douceur un ensemble semi-collectif, et de lui donner les caractéristiques d’un petit « morceau de ville ».

La volonté de bousculer l’ordre établi de l’urbanisme pavillonnaire de la Pirotterie, également à Rezé, a fait suite à un processus expérimental ministériel (programme REX, Périphériques et Jean Lemoine, 2005 pour Loire-Atlantique Habitations) et fait voisiner différents types de maisons colorées, réalisées par des concepteurs différents et juxtaposées dans un désordre voulu.

À La Chapelle-des-Marais, la réalisation des éco-maisons Arbora (Arlab, 2011 pour Silène) présente des continuités urbaines nouvelles et des bardages de bois dynamisés par des loggias colorées.

À Riaillé, 15 maisons groupées, dont 10 destinées à des personnes âgées, sont implantées en 3 rangées sur des petites parcelles. Ces maisons « augmentées » (Mabire et Reich, 2014 pour Harmonie Habitat) offrent de généreux espaces intérieurs, ou des jardins d’hiver formant des espaces tampons, ou des cabanes de jardins.

APERÇUS de quelques thématiques qui illustrent les capacités de l’habitat social, outre son premier rôle d’offrir des logements de qualité, à composer avec des contextes variés, jusqu’à parfois y devenir invisible, mais tout en influençant durablement le cadre de vie des villes, des bourgs et des espaces péri-urbains.

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Logement social

Le logement est au cœur de notre égalité républicaine. Répondre aux besoins en logements et notamment en logements sociaux contribue à réduire les inégalités.

Égalité tout d’abord en répondant aux besoins de renouvellement urbain des quartiers les plus fragiles. Les sept quartiers en renouvellement urbain accompagnés par l’ANRU dans le département démontrent que la très forte mobilisation de tous les acteurs nationaux et locaux permet de très belles réussites.

Égalité également en répondant aux besoins de logements locatifs sociaux. La demande locative sociale a encore progressé en 2013 pour atteindre aujourd’hui dans le département 25 000 demandes de ménages non logés dans des logements sociaux. La production qui augmente depuis plusieurs années a atteint 3 500 logements en 2013 et doit être poursuivie à ce niveau. Cette augmentation s’inscrit dans la politique du gouvernement d’atteindre la construction de 150 000 logements sociaux à l’horizon 2017. Un pacte a été signé le 8 juillet 2013 entre l’État et l’USH pour mobiliser des moyens financiers très importants sur la période 2013-2015. Cette production est également possible grâce à la grande mobilisation des délégataires

des aides à la pierre, des collectivités et des bailleurs. Il faut souligner, dans cette période de baisse significative de la construction, le rôle important de la construction de logements sociaux dans le soutien à l’activité économique.

Égalité enfin par une vigilance collective sur les niveaux des loyers, qui augmentent de façon sensible pour les logements sociaux neufs. L’État a engagé en 2013 la production d’un nouveau type de logements sociaux, à bas niveau de quittance, permettant l’accès à des ménages très défavorisés.

Concernant la territorialisation de ces logements, l’État souhaite conduire une politique de l’offre adaptée à chaque territoire, à savoir construire des logements pour ceux qui en ont le plus besoin, là où se trouvent les besoins. Une carte des territoires prioritaires en fonction de la tension du logement locatif social a été établie dans le département. Les territoires les plus tendus, Nantes Métropole et la CARENE, sont bien sûr prioritaires, et ces deux délégataires ont la responsabilité des arbitrages intra-communautaires. Sur son territoire de gestion, l’État prend en compte les territoires les plus tendus, notamment soumis aux obligations renforcées de

production de logements sociaux au titre de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain. L’État prend également en compte les politiques de l’habitat mises en place par les intercommunalités, dans les programmes locaux de l’habitat, et les principes de localisation des logements sociaux qu’ils définissent. Mais une opération de logements sociaux est avant tout un acte d’aménagement. Tout projet porté par une collectivité et s’inscrivant dans un projet urbain est privilégié.

Au-delà de la production de logements sociaux, la vie quotidienne des familles est importante. Le développement de lien social, la diminution des dépenses, notamment énergétiques, la rénovation du bâti, l’amélioration de la sécurité, l’adaptation des logements au vieillissement, le développement d’une offre innovante et adaptée pour l’accueil des jeunes doivent rester au cœur de nos préoccupations. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a proposé à l’USH de passer un accord d’engagement sur la qualité de service pour améliorer la vie quotidienne des familles.

Jean-Christophe BOURSINDirecteur départemental des Territoires et

de la Mer de Loire-Atlantique

La Loire-Atlantique compte un parc social de 71 300 logements, qui loge 120 000 habitants, soit 9 % de la population du département. Ce patrimoine architectural a accompagné le développement des villes et des campagnes de ce département depuis plus d’un siècle, et est l’œuvre des 20 opérateurs sociaux présents : Des Offices publics ou Entreprises Sociales de l’Habitat, dont le métier historique consiste à proposer des logements locatifs aux ménages qui ne peuvent se loger dans les conditions de marché (Nantes Habitat, Habitat 44, Silène, Aiguillon Construction, Atlantique Habitations, Espace Domicile, Gambetta Locatif, Harmonie Habitat, ICF Habitat

Atlantique, LNH, LogiOuest, SAMO, Vilogia, Immobilière 3F) ;

Des Coopératives d’Habitation, empreintes d’économie solidaire, qui accompagnent les accédants dans leurs projets d’accession sociale à la propriété (Abri Familial, Cif coopérative, Demeures et Tradition, La Maison Familiale de Loire-Atlantique) ;

Des Sociétés anonymes coopératives d’Intérêt Collectif pour l’Accession à la Propriété, qui proposent des financements, notamment pour permettre aux occupants très modestes de sortir de situations d’insalubrité ou d’adapter leur logement au vieillissement (CIF de Nantes, CISN).

Ces organismes tirent du passé leurs valeurs fondatrices d’innovation (sociale, technique et architecturale), de qualité de service (gestion sociale et bâti), et d’humanisme. Ils se veulent aussi des partenaires d’avenir pour les collectivités, et s’inscrivent dans leurs politiques locales de l’habitat. En effet, la question du logement devient une préoccupation centrale de nos concitoyens et les maires estiment que le logement social représente l’un des principaux leviers pour agir en matière d’habitat et un atout par son rôle de filet de sécurité pour les personnes confrontées à un accident de la vie.

Au cours de l’année 2013, les opérateurs sociaux ont ainsi construit en Loire-Atlantique 3 400 logements locatifs, et en ont réalisé 540 destinés à l’accession sociale des ménages modestes. Parmi ceux-ci, la majorité relève des normes thermiques BBC, depuis 2010 déjà. Quant au parc existant, il a fait l’objet de près de 10 000 réhabilitations thermiques depuis le Grenelle de l’environnement. Suite aux départs de locataires vers d’autres statuts d’habitat, c’est plus de 7 000 nouveaux ménages qui ont été accueillis dans le logement social en 2013.

Georges DÉCRÉAU Président de l’Union Sociale pour

l’Habitat (USH) des Pays de la Loire

produire des logements sociauxPour réduire les inégalités

là où se trouvent les besoins

20 opérateurs sociaux en Loire-Atlantique

Le quartier de Malakoff restructuré, requalifié, désenclavé. 2014.

Immeuble « l’Atrium » à Nantes, siège de la Nantaise d’Habitations - Alter Smith architectes, 2008

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Logement socialDOSSIER :

La pression démographique et le besoin global en logements, très forts en Loire-Atlantique, sont différents dans chacune des deux métropoles et dans le reste du département. Quelles sont les évolutions en cours dans l’aire urbaine de Saint-Nazaire ?

Y.-M. L. : Je ne suis pas sûr d’être le plus à même de répondre à cette question. L’ADDRN a des informations beaucoup plus précises à ce sujet. Cependant, je peux vous livrer nos réflexions sur le thème.C’est un sujet difficile pour lequel nous avons des indications pas toujours convergentes, et il est un peu compliqué de se faire une idée précise sur le besoin en logement en général, et le besoin en logement social en particulier.Plusieurs éléments de données :

1. Dans le fichier commun de la demande HLM, celle-ci reste très forte sur Saint-Nazaire, avec environ 4 000 demandeurs dont un peu moins de 3 000 hors parc HLM.

2. Nous avions un taux de refus de logement très important, proche de 50 %, qui pouvait indiquer que la demande était pour partie plus qualitative que quantitative. Cependant, en modifiant nos procédures de choix des candidats à la commission d’attribution des logements, nous avons fait baisser significativement ce taux de refus, autour de 30 % je crois, mais il reste significatif.

3. Sur cer tains programmes, en particulier dans des communes périphériques, nous avons parfois du mal à trouver 3 candidats à proposer pour chaque logement, ce qui est une règle HLM. Cette information pourrait nous amener à conclure qu’il y a peu de demandes dans ces communes. Cependant, on sait également que la demande suit l’offre  : si une commune propose peu de logements HLM, il y a peu de demandeurs et la livraison d’un programme un peu important assèche la demande. Par contre, on s’aperçoit qu’elle se reconstitue progressivement après la livraison.

En conclusion, on peut dire que la demande reste soutenue, bien qu’un peu plus faible qu’il y a quelques années, et également que la paupérisation d’une frange importante de la société provoque un afflux de demandeurs vers le logement social.

Dernier élément : la structure de la demande évolue fortement. 47 % des demandeurs de logements sociaux sont des gens seuls, 20 % des familles monoparentales, 13 % des couples sans enfants, 16 % des couples avec enfant(s), et 4 % divers.

Dans le domaine du logement social qui est le vôtre, les besoins sont-ils spécifiques par rapport au reste du département ? Les taux d’habitat social sont-ils satisfaisants par rapport aux exigences de la loi SRU ?

Y.-M. L.  : Les besoins concernant l’habitat social sont, me semble-t-il, à peu près homogènes en type de logement sur l’ensemble du territoire. Au niveau quantitatif, l’objectif SRU pour la région nazairienne est de 20 %. Certaines communes comme Saint-Nazaire ou Montoir-de-Bretagne respectent l’objectif, d’autres comme Donges, Saint-André-des-Eaux, La Chapelle-des-Marais, Pornichet, La Baule, Le Pouliguen en sont loin. Les communes, sauf les trois dernières dans lesquelles le Préfet a « pris la main », ont mis en place des projets afin de rattraper leur retard.

Silène est un organisme ancien, créé en 1924, qui a donc participé à la ville d’avant-guerre et à sa reconstruction, et qui loge aujourd’hui 28 % des nazairiens. Cette histoire spécifique a-t-elle des conséquences sur vos pratiques de bailleur social ? Y.-M. L.  : Silène a relativement peu construit avant la guerre et, de toutes les façons, ce patrimoine a été pratiquement en totalité démoli.Au sortir du conflit, l’Office a été un des éléments les plus actifs pour la reconstruction de la ville. Cette histoire

fait partie de nos gènes… Sur notre pratique au quotidien, les conséquences sont surtout que notre patrimoine est très réparti dans la ville et présent pratiquement partout, et que nos constructions des années 50 et 60 sont très homogènes, avec des conséquences sur leur entretien et leur réhabilitation.

Votre situation de quasi-monopole dans l’offre d’habitat social de la ville et de ses alentours vous donne-t-elle une responsabilité particulière ?

Y.-M. L.  : Bien sûr. Il nous impose d’essayer de trouver des réponses à l’ensemble des questionnements. Par ailleurs, ça nous met parfois dans des situations un peu surprenantes : quand nous expulsons quelqu’un, si ensuite il y a une obligation de relogement, c’est nous-mêmes qui devons le faire !

Silène est au départ un organisme lié à la ville de Saint-Nazaire. Comment et depuis combien de temps s’est-il implanté dans les territoires de la Carène et de Cap-Atlantique, c’est-à-dire sur 25 communes entre l’Océan et la Brière ?

Y.-M. L. : Juridiquement, depuis plus de 40 ans, nous avons une compétence dite étendue : nous pouvons construire dans l’ensemble des communes de la Région où se trouve notre siège (Pays de la Loire) et des départements limitrophes (Morbihan, Ille-et-Vilaine, Manche, Orne, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire, Vienne, Deux-Sèvres, Charente-Maritime). Jusqu’à présent, nous n’avons pas envisagé de construire sur l’ensemble de ce territoire, et je ne pense pas que ce le soit à court terme.Cependant, nous sommes un acteur du marché du logement. Alors que l’ensemble des autres acteurs présents sur le territoire (privés ou autres organismes HLM) n’ont pas de contraintes géographiques, il nous est apparu important de ne pas s’en imposer de trop importantes. Depuis le milieu des années 70, en fonction des besoins et des opportunités, nous intervenons en dehors de Saint-Nazaire en se mettant comme limite celle du bassin d’habitat de la ville.

Silène est un Office Public de l’Habitat rattaché à la Ville de Saint-Nazaire, fondé en 1924, qui opère aujourd’hui sur les 10 communes de la communauté d’agglomération de Saint-Nazaire (CARENE) et sur les 15 de celle de la Presqu’île de Guérande (Cap-Atlantique). Silène contribue aujourd’hui au développement des bourgs et des villes de l’ensemble d’un territoire compris entre l’océan, l’estuaire de la Loire et la Brière, à partir d’un savoir-faire d’opérateur urbain acquis lors des mutations successives de la ville de Saint-Nazaire.Yves-Marie LECOINTRE, son directeur du Patrimoine, répond aux questions du CAUE.

l’exemple de Silène

Accompagner une politique d’habitat socialà l’échelle d’une agglomération

LES CARAÏBES à Saint-Nazaire - Maîtrise d’ouvrage SILÈNE - David CRAS et Pascal DEBARD architectes, 2001

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Logement social

Aperçus…

Existe-t-il des approches spécifiques au niveau communal, avec une influence sur les typologies d’habitat, les types d’accession ?

Y.-M. L. : Notre credo est de partir des besoins. Donc, avant d’intervenir à un endroit, nous faisons une petite analyse des besoins et nous adaptons notre offre. Il existe des invariants et quelques spécificités (plus nous nous rapprochons du centre de la ville centre, plus les ménages sont petits, plus la commune est petite, moins les opérations comportent de logements…).Si la question est plus sur le thème de l’architecture, nous aimons bien faire de l’architecture contemporaine contextuelle, donc les projets sont différents dans la Brière et au centre de Saint-Nazaire.

Y a-t-il encore des réticences de la part de certains élus ou du voisinage d’opérations ? Avez-vous encore à lutter contre certains stéréotypes ou rejets liés à l’image des « HLM » ?

Y.-M. L.  : C’est une constante sur l’ensemble de nos opérations concernant les riverains. Quand nous arrivons, nous provoquons un double changement :1. D’une part, en général, nous mettons

du « plein » là où il y avait du « vide » (questions sur l’ensoleillement, l’intimité, la vue…).

2. D’autre part, nous amenons potentiel-lement une nouvelle population.

Les changements provoquent des inquiétudes : qui allez-vous nous mettre (des cas sociaux ?). Est-ce que cela ne va pas provoquer des problèmes de

voisinage ? Où allons-nous garer nos voitures ?C’est absolument général au niveau des riverains. Au niveau des élus, l’inquiétude porte surtout sur le fait de savoir s’ils auront leur mot à dire, sur l’opération par elle-même et sur les attributions des logements.

La généralisation du cadre juridique des ZAC entraîne-t-elle une évolution de la programmation et de la conception de l’habitat social ?

Y.-M. L. : Très certainement. Les ZAC ont d’abord pour conséquence de renchérir les coûts des constructions : le terrain y est en général relativement cher et l’aménageur et son maître d’œuvre ont des préconisations (limites, gabarit, position de la voiture, densité…) qui peuvent être coûteuses, tout comme certains dispositifs, par exemple des noues qui isolent le terrain de la voirie en imposant des passerelles. Par contre, la structure urbaine relativement lâche nous permet plus facilement d’expérimenter des formes urbaines moins classiques (semi-individuels, semi-collectifs).

Le pa t r imo ine de S i l ène es t essentiellement constitué d’édifices construits dans les années 50-60 et dans les années 70. Comment se passe leur adaptation aux nouvelles contraintes énergétiques ?

Y.-M. L. : Les 2/3 de notre patrimoine datent d’avant 1980. Cependant, son classement DPE n’est pas trop mauvais : essentiellement en C et D. Nous avons moins de 600 logements en E, F, G. Ce classement est le résultat de quatre

caractéristiques :1. Nous avons très peu de logements

individuels et nos constructions collectives sont plutôt compactes.

2. Nous n’avons quasiment pas de chauffage électrique (moins d’une centaine de logements).

3. Nous avons beaucoup de chauffage collectif (4 000 logements).

4. Le climat de Saint-Nazaire est doux.Cette performance constatée est évidem-ment un avantage (avant travaux les locataires payent moins de chauffage) mais a pour conséquence plusieurs inconvénients :• Les travaux thermiques entrepris

sont moins « rentables », leur temps de retour est plus long car leur gain potentiel est plus faible.

• Nous avons moins facilement accès aux aides qui sont assez logiquement ciblées sur les bâtiments les plus énergétivores.

Par ailleurs, cela a également des conséquences sur notre stratégie d’intervention : ces interventions pour améliorer la performance énergétique des bâtiments ne sont qu’un élément parmi d’autres pour décider de nos interventions de réhabilitation. Nous examinons également la problématique de l’accessibilité, croisée à celle de l’âge des habitants, l’obsolescence d’usage des bâtiments et des logements (difficultés à louer par perte d’attractivité liée à des salles de bains minuscules, une absence d’espace extérieur, une pièce de vie trop petite…), leur potentiel « commercial »…En fonction de tout cela et des budgets disponibles, nous faisons des arbitrages entre des interventions purement

APERÇUS de quelques thématiques qui illustrent les capacités de l’habitat social, outre son premier rôle d’offrir des logements de qualité, à composer avec des contextes variés, jusqu’à parfois y devenir invisible, mais tout en influençant durablement le cadre de vie des villes, des bourgs et des espaces péri-urbains.

À une toute autre échelle, la construction à Saint-Nazaire des 15 maisons groupées de l’opération Soléa (Boucheton, 2011), qui s’intègre dans la requalification plus vaste d’un grand ensemble, a permis de réaliser une « couture » urbaine et architecturale entre un immeuble collectif et un ensemble pavillonnaire.

Aux Dervallières, la réhabilitation en cours des 252 appartements de l’immense barre du building Watteau (Marcel Favraud, 1961), figure emblématique du quartier, a donné l’occasion à Nantes Habitat d’associer les habitants au diagnostic et à l’étude de faisabilité, avec l’aide d’une artiste-médiatrice.

Le quartier de Malakoff est à l’origine la partie « logement social » de la ZUP de l’île Beaulieu. Ce grand ensemble enclavé entre Loire et rail (1973, Évano, Pellerin, Cormier) a fait l’objet d’une requalification globale, incluant démolitions, réhabilitations, nouvelles voiries et accès au quartier, traitement des espaces publics, implantation d’équipements et de services.  

ENTRETENIR ET RÉPARER LE LEGS MODERNELe Mouvement moderne, depuis les années 20, est à l’origine d’inventions architecturales toujours pertinentes, mais aussi de la partition des villes en zones d’habitat, d’activités ou de loisirs, qui ne font plus références pour la ville mixte du XXIe siècle. L’adaptation des tours et barres des grands ensembles aux exigences actuelles d’usages et d’isolation, et la volonté de « recoudre » des tissus urbains et sociaux déchirés, sont à la base d’opérations à l’échelle de quartiers entiers, de rues ou d’immeubles, avec souvent l’aide de l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU).

SUZANNE LENGLEN à Saint-Nazaire - Maîtrise d’ouvrage SILÈNE - GARO-BOIXEL architectes, 2000

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thermiques, mais aussi une limitation des charges d’entretien des espaces extérieurs et communs, une amélioration du service rendu (ascenseur…), une amélioration de l’esthétique pour redonner de l’attractivité à certaines résidences...

Dans le cas de la construction neuve, comment les préoccupations environ--nementales se traduisent-elles dans l’évolution des implantations, des groupements, des programmes ?

Y.-M. L. : Le développement durable est abordé à Silène dans le cadre d’une échelle hiérarchisée d’objectifs :• La centralité. Nous nous adressons

à une population à faibles, voire très faibles revenus. Si l’accès aux services ou au travail génère des coûts de déplacement importants, certains d’entre eux ne pourront pas faire face. Par ailleurs, des déplacements quotidiens de 20 km annulent l’économie d’énergie générée par le passage RT 2005 – RT 2012. Nous imposons également dans tous nos programmes des lieux de rangement individuels pour les deux-roues afin de rendre plus facile l’alternative à l’automobile pour ceux qui le souhaitent.

• La densité. Le terrain est rare. Une faible densité génère par ailleurs de l’étalement urbain et augmente la distance aux services. Nous avons donc des objectifs de densité, adaptés au lieu, sur l’ensemble de nos opérations.

• Le dessin du bâtiment. L’objectif est bien entendu d’avoir une orientation optimum, mais sans nier complètement les voies périphériques, mais également d’avoir une structure de bâti permettant l’éclairage naturel d’un maximum d’espaces (parties communes et

escalier, cuisines, salles de bain…). En fait, cela se traduit par la limitation de l’épaisseur des bâtiments (10 à 12 m en général). L’autre conséquence de cette contrainte est d’augmenter le nombre de cages d’escalier, ce qui est plus coûteux à la construction, mais nous facilite grandement la tâche en gestion.

• L’isolation. Depuis toujours, nous cherchons à limiter, voire à supprimer, tout équipement sophistiqué, coûteux à l’installation et à l’entretien, et l’expérience nous a montré que les performances étaient rarement à la hauteur de ce qui était annoncé. Nous privilégions donc tout ce qui permet d’obtenir les performances thermiques attendues de manière passive, c’est-à-dire essentiellement orientation – ouvertures – isolation.

Vos réalisations récentes montrent une grande variété de formes et d’écritures architecturales. Est-ce une volonté de proposer une offre diversifiée, ou le résultat de la rencontre avec des architectes aux conceptions différentes ?

Y.-M. L. : Notre cahier des charges est centré sur l’usage. Nous avons réfléchi à ce que nous souhaitons proposer comme « vie ensemble » à nos futurs habitants au sein de la cellule familiale dans le logement, avec leurs voisins dans la résidence et avec les riverains dans le quartier. Le choix des architectes se fait donc d’abord sur leur capacité à répondre à cette attente.Par ailleurs, Saint-Nazaire, ville reconstruite, ouvre les champs du possible en termes d’image proposée. Enfin, nous sommes sensibles au fait de nous inscrire dans notre temps par les constructions que nous réalisons. Cette hiérarchisation dans les critères de choix des architectes nous a amené à rencontrer des conceptions

esthétiques variées, mais, et c’est souvent ce qui nous remonte de la part des nazairiens, relativement marquées, typées.

Le logement social a, dans son histoire, souvent été un laboratoire architectural et urbain. Cette dimension est-elle présente dans l’histoire de Silène ? Et vous anime-t-elle aujourd’hui, avec les risques que cela peut éventuellement comporter ?

Y.-M. L. : Notre histoire récente montre que nous aimons bien de temps en temps expérimenter. Cela permet de tester des dispositifs nouveaux afin de faire évoluer par la suite notre cahier des charges type. Cela nous permet également d’élargir la palette de notre offre. Effectivement, cela comporte des risques et dans certains cas des surcoûts. Ça ne peut rester que marginal dans notre production.

Propos recueillis par Christophe BOUCHER

APERÇUS de quelques thématiques qui illustrent les capacités de l’habitat social, outre son premier rôle d’offrir des logements de qualité, à composer avec des contextes variés, jusqu’à parfois y devenir invisible, mais tout en influençant durablement le cadre de vie des villes, des bourgs et des espaces péri-urbains.

Saint-Herblain - La Pelousière - Loggia-Parc (Garo-Boixel, 2014 pour Habitat 44)

Rezé – Norkiouse (Barré-Lambot, 2006 pour La Nantaise d’Habitations)

Saint-Nazaire – Callao (Reichen et Robert, Platform, 2009 pour Silène)

S’OUVRIR AU PAYSAGE La relégation du logement social dans des sites mal considérés a conduit autrefois à l’implantation d’ensembles dans des sites qui, par l’évolution du regard porté sur les paysages de l’estuaire et de l’ancien port de Nantes, sont aujourd’hui culturellement valorisés. Ainsi en fut-il des six immeubles HBM de l’Hermitage, construits en 1939 sur la butte Sainte-Anne, ou des tours de Malakoff, ainsi que du building implanté en 1955 à Saint-Nazaire entre la mer et le grand bassin du port. L’habitat social bénéficie aujourd’hui parfois de sites ouverts sur le grand paysage. Les architectes y implantent les constructions de manière à préserver les vues intéressantes, et mettent en place des loggias, balcons et baies vitrées orientées naturellement vers les lointains.

INNOVA à Saint-Nazaire - Maîtrise d’ouvrage SILÈNE - LACATON & VASSAL architectes, 2011

CAP VERT à Saint-Nazaire - Maîtrise d’ouvrage SILÈNE - DLW et Vincent PERRAUD architectes, 2008

LES JARDINS DE BOUGAINVILLE à Saint-Nazaire - Maîtrise d’ouvrage SILÈNE - GARO-BOIXEL architectes, 2014

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Logement social

L’enseignement de projet à l’ensa de Nantes aborde la question du logement à plusieurs moments du cursus. Maisons individuelles, logements collectifs et logements étudiants sont les sujets traités au cours de la licence. L’un de ces enseignements met plus particulièrement l’accent sur la complexité des relations entre espace physique et société et aborde les différents principes de cohabitation  ; simultanément la question complexe des modes d’habiter et des systèmes d’acteurs est travaillée dans le cadre d’enseignements de sciences sociales de première et deuxième année. Le logement social est au centre d’un enseignement pluridisciplinaire de licence 3 associant un cours d’histoire, un cours de sociologie urbaine et une enquête de terrain. Nous reviendrons ici sur les enjeux pédagogiques et sur le corpus cumulatif constitué par les dossiers restituant les pré-enquêtes et ayant servi pour une part de base de données pour l’exposition « Habitat social en Loire Atlantique, 2000-2014 ». Le logement social constitue un champ de connaissance à la croisée de différentes disciplines universitaires et de domaines d’actions, le travail des étudiants consiste en un aller-retour entre terrain et théorie afin de construire un savoir complexe et nuancé des contextes de production et de réception du logement social. Les cours d’histoire et de sociologie permettent aux étudiants de se constituer un jeu de références, et de développer un point de vue critique face à un sujet où la question spatiale est indissociable des effets de contexte. Sont traités avec attention les questions de patrimonialisation et de ségrégation urbaine, l’analyse des jeux d’acteurs, indispensables à la pratique de l’architecte, qu’il soit situé du côté de la maîtrise d’ouvrage ou de la maîtrise d’œuvre.

L’enseignement d’histoire s’intéresse à l’émergence au milieu du 19e siècle d’acteurs (médecins, philanthropes, hommes politiques, industriels et architectes) qui, constatant les problèmes de salubrité et de développement urbain, conçoivent les HBM (habitations à bon marché) comme une première étape pour intervenir sur ces problèmes, et posent ainsi les bases du logement social du 20e siècle. Les solutions imaginées et construites dans les différents

pays d’Europe confrontés aux mêmes problèmes, de Londres à la fin du 19e siècle à Vienne et Berlin dans l’entre-deux-guerres, sont étudiées ainsi que les formes, à grande échelle cette fois, que l’industrialisation du bâtiment permet de réaliser au moment de la Reconstruction. L’évolution des politiques, mais aussi les réflexions théoriques et les choix techniques des dernières décennies, sont également décryptés. Il s’agit d’établir autant que possible les éléments de la culture des architectes à propos du logement et particulièrement du logement social.

Le cours de sociologie urbaine se saisit du logement social pour analyser les courants architecturaux et urbains dans leurs contextes socio-économiques et socio-politiques, pour questionner l’histoire de l’innovation architecturale en lien avec l’évolution des modes d’habiter. La figure du « grand ensemble » est traitée sur le temps long de l’histoire, croisant formes architecturales et urbaines, logiques de peuplement, enjeux en termes de sociabilités et d’urbanités (ce qu’on peut nommer « l’effet quartier »). Une place importante est donnée à l’analyse critique de l’action publique, des réhabilitations aux politiques contemporaines de rénovation urbaine, en passant par l’histoire de la politique de la Ville. Mais le logement social permet également de travailler une histoire sociale plus large, en particulier autour des effets de l’effritement de la société salariale et des formes de mondialisation des classes populaires. C’est enfin un domaine idéal pour approfondir des questions théoriques autour des relations entre espace physique et espace social, des notions d’habiter et d’appropriation.

ALLER VOIR

L’enseignement s’adresse à une promotion qui compte entre 120 et 130 étudiants, dont une part d’étudiants étrangers inscrits à l’ensa de Nantes pour l’ensemble du cursus ou venus d’Espagne, de Pologne, du Brésil ou d’ailleurs pour un semestre ou une année en mobilité, cette diversité permettant un apport comparatif dans

le travail d’enquête. Dans le cadre du travail de TD, les étudiants par groupe de trois prennent en charge l’analyse urbaine, architecturale, sociale d’une opération HLM ainsi que celle du système d’acteurs afférent (politiques de l’habitat, maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’œuvre, gestionnaires et habitants). Chaque année, une problématique permet aux enseignants de faire le choix des opérations et d’inviter des acteurs concernés (architectes, maîtres d’ouvrage, bailleurs sociaux…) à présenter leur point de vue. Le logement social du centre-ville nantais, ou à l’inverse la problématique des périphéries et du logement social diffus, des opérations réhabilitées des quartiers sensibles, des tours et barres hautes ont été autant d’objets d’investigations et d’études, mais aussi le patrimoine contemporain nazairien. Le travail de terrain permet en priorité un travail de déconstruction des préjugés sur le logement social, les étudiants n’étant pas à l’abri des prénotions dominantes sur l’absence de qualité architecturale et urbaine du logement HLM et sur des représentations réductrices et trompeuses concernant les populations logées. Outre la découver te d’un patrimoine régulièrement aux avant-postes de l’innovation, le décentrement de leur regard, d’abord focalisé sur le seul rôle de l’architecte et sur la priorité donnée à la forme, leur permet de saisir les intrications entre espace physique et espace social et de comprendre l’importance de l’action publique dans la fabrique urbaine. L’ensemble de ces enseignements permet aux étudiants de prendre la mesure de leur responsabilité de futurs concepteurs, de faire naître l’engagement nécessaire à l’acte de construire, et d’intégrer les notions d’usages et de modes d’habiter comme éléments centraux de la conception architecturale.

En 2013-2014, à Saint-Nazaire, les 105 étudiants organisés en 8 équipes ont étudié 30 groupes de logements sociaux construits par Silène. Outre les habitants de ces groupes, les interlocuteurs principaux ont été les représentants de Silène occupant différentes positions et les 23 architectes. Pour produire un dossier qui présente successivement les analyses urbaines et paysagères, mais aussi architecturales, des groupes et édifices, les étudiants doivent mener à bien des observations et des interviews in situ et des relevés habités de logements. Ils doivent aussi s’intéresser à l’organisation des rapports entre les différents acteurs : des politiques aux représentants des bailleurs sociaux en passant par les architectes, qui exposent chacun leur histoire, de la commande à la mise en place du projet jusqu’au chantier ou à la réception des logements construits… Suivre un protocole pédagogique cadré autorise ensuite à travailler la caractérisation de chacun des groupes de logements étudiés.

Revenir sur ces travaux permet à la fois de saisir, dans un processus cumulatif, l’évolution des formes prises par le logement social depuis le début des années 90, ou comment les logements ont été transformés ou réinvestis dans le

la formationdes architectes

Le logement socialdans

à l’école d’architecturede Nantes

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cadre de procédures de renouvellement urbain, ou encore de s’intéresser à des typologies spécifiques comme la tour ou la barre haute qui, d’abord symbole des « grands ensembles » des années 60 et 70, font désormais patrimoine et sont aussi des lieux d’investigation privilégiés.

Outre la mise en contexte et la description architecturale, les observations affinées sont confortées ou mises en perspective par la livraison de paroles d’habitants, recueillies durant les visites. Les étudiants s’intéressent aux matériaux, aux formes, à l’occupation d’espaces spécifiques. Les questions de normes, de coût (de construction ou d’usage), d’idéal type, de seuils, d’appropriation sont récurrentes ; les notions de compromis, d’envers du décor, de négociations, de neutralisation ou d’amplification de signes distinctifs ou stigmatisants, émergent dans l’approche analytique.

Ces travaux, menés chaque année depuis plus de dix ans, constituent un corpus riche, et l’opportunité d’en valoriser une partie dans l’exposition engagée par le CAUE nous a incitées à lancer un séminaire d’approfondissement pour un groupe restreint d’étudiants en Master, dans le cadre des mémoires que les étudiants en architecture doivent réaliser. Les 5 étudiantes investies dans cette démarche se sont emparées de différents thèmes qui permettent de relire à nouveau le corpus : la question de l’innovation vue par les architectes dans leur production depuis l’an 2000, la manière d’aborder le vieillissement en logement social, l’analyse de la construction du logement social dans les territoires spécifiques des communes du littoral de Loire-Atlantique, l’hypothèse d’un effet ZAC ou une monographie analytique de la production d’un ensemble de quelques logements à destination d’une population spécifique par Nantes Habitat. L’aboutissement de ce séminaire et l’aboutissement dans des travaux de qualité permettent de souligner la diversité des approches possibles, l’éventail des échelles, la richesse du thème et l’importance de l’étude du logement social dans l’épaisseur du temps long pour la formation des architectes.

Marie-Paule HALGAND, historienne de l’architecture

et Elisabeth PASQUIER, sociologue, enseignantes à l’ensa de Nantes

APERÇUS de quelques thématiques qui illustrent les capacités de l’habitat social, outre son premier rôle d’offrir des logements de qualité, à composer avec des contextes variés, jusqu’à parfois y devenir invisible, mais tout en influençant durablement le cadre de vie des villes, des bourgs et des espaces péri-urbains.

A Nantes, le quartier de Bottière-Chénaie a vu s’ériger l’ensemble atypique de la Sécherie (Agence Boskop, 2008 pour la Nantaise d’Habitations), qui propose des logements sur 2 niveaux entourant patios et terrasses, où l’usage des pièces peut s’adapter aux désirs du locataire, et où des appartements peuvent changer de dimension en fonction de leur occupation.

À Saint-Nazaire, l’opération Ker Adélie (agence Garo-Boixel, 2009 pour Silène) met en place des dispositifs propres à la maison particulière dans un ensemble collectif, avec des entrées doubles, en rez-de-chaussée par le garage et en étage par des coursives desservant des terrasses privées.

À Saint-Nazaire, l’ensemble Innova (2011 pour Silène) illustre le travail des architectes Lacaton et Vassal qui, grâce notamment à des systèmes constructifs issus de l’industrie ou de l’architecture agricole, dilatent l’espace pour des volumétries et des luminosités généreuses.

L’ensemble Boréal, achevé en 2011 aux Dervallières pour Habitat 44, poursuit les recherches de l’agence Tetrarc sur des ensembles collectifs structurés au nord par des coursives en ossatures de bois et au sud par des « jardins d’hiver ». L’ensemble est posé au-dessus des stationnements, et offre aux habitants des jardins utilisables en lieux d’agrément ou en potagers.

AMÉLIORER LE LOGEMENT Depuis les logements ouvriers du XIXe siècle ou les cités-jardins des premiers organismes HBM, l’habitat social constitue un laboratoire de recherches de solutions urbaines, architecturales, constructives. Les opérateurs sociaux et les architectes poursuivent aujourd’hui ce travail d’expérimentations, malgré les fortes contraintes réglementaires et économiques qui pèsent sur la construction de logements neufs.

Typologie des « semi-collectifs »

Coupe schématique nord-sud

Coupe sur la cage d’escalier d’un plot semi-collectif Coupe sur les espaces de circulations des logements semi-individuels

Vue sur le parc d’un logement

Typologie des « semi-individuels »

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Logement social

En s’appuyant sur le dispositif IGLOO national (Insertion Globale par le LOgement et l’emplOi), Nantes Habitat, le Centre Communal d’Action Social de la Ville de Nantes, l’association d’Insertion Solidarité Logement et l’association Saint-Benoît Labre, interviennent depuis plus de trois ans auprès de six familles en situation de fragilité face au logement et à l’emploi. Le pari était de les guider vers une autonomie progressive à travers leur participation au projet, les aidant à construire un parcours d’insertion.

Aujourd’hui, les familles ont emménagé dans leurs logements en tant que sous-locataires, pour une durée d’un an durant laquelle ils bénéficient encore d’un suivi social. Une réussite pour les différents acteurs, dont la coopération demande à être racontée.

Julie Derré, étudiante à l’ensa de Nantes, a suivi l’avancement de l’opéra--tion d’octobre 2013 à juin 2014, dans le cadre d’un séminaire de mémoire sur le logement social en Loire Atlantique1. Une opération globale qui se partage à partir des rencontres et entretiens effectuées auprès des principaux coordinateurs2...

DE L’ENGAGEMENT DES PARTENAIRES À LA CRÉATIONDE LIENS OPÉRATIONNELS

L’IGLOO nantais faisait déjà débat lors du congrès HLM de 2008. La rencontre entre Dominique Gaillard, coordinatrice du projet Igloo à Nantes Habitat, et Patrick Rimbert, président de Nantes Habitat, autour du stand Igloo France, marque un démarrage dans la réflexion du projet. Appuyé en 2010 par l’observatoire de la fragilisation sociale et de l’action solidaire, l’étude ancre le projet dans la SBA (Stratégie de bon achat) dont Nantes Habitat devient pilote.

Si le dispositif IGLOO préexiste à l’échelle nationale, il n’a pas encore été expérimenté à Nantes et le montage demande à être ajusté. Pour le volet logement, Dominique Gaillard, également membre de l’association IGLOO, devient un des premiers moteurs de l’opération, autour duquel viendront se greffer les différents partenaires ayant les compétences complémentaires. En effet, Nantes Habitat ne peut pas mener le projet seul. Le public qui relève d’IGLOO cible des personnes précaires tant au niveau du logement, de l’emploi ou de la santé, ayant comme point commun celui d’être connus au CCAS.Après un cheminement de trois années, Sophie Guillon-Verne entre dans le processus, comme porteur du volet social en tant que chargée de mission Insertion Logement au CCAS de la Ville de Nantes. Le dispositif est un moyen d’intégrer en

amont des solutions préventives dans les actions du CCAS. Il conforte également la volonté des pouvoirs publics, qui favorise l’investissement des bailleurs sociaux dans l’accompagnement social comme continuité des propositions de « PLAI a » (adapté) sur lequel travaille le ministère du Logement. Enfin, pour manœuvrer, le dispositif IGLOO doit être conforté par le volet emploi, pour lequel intervient alors l’association Saint-Benoit Labre portant sur l’insertion professionnelle à partir de contrats aidés.

Ce qui caractérise l’opération est la création de passerelles entre les volets, s’exprimant de manière concrète pour les bénéficiaires à travers leur implication sur le chantier. Pour permettre cette participation, Nantes Habitat et le CCAS ont constitué une commission d’attribution des logements en amont, qui implique l’intervention de l’AISL. Elle implique la mise en place des « baux glissants » adaptés à un public habitué à la sous-location, afin d’avoir une phase expérimentale de travail social en sous-location et une phase de contrat de bail commun après la livraison des logements. Les financements classiques ne suffisant pas, le cadre du disposif IGLOO mobilise des financements européens (FSE FEDER) demandant astuces et patience pour faire entrer les bénéficiaires dans les critères d’attributions. Le budget inclut les coûts de construction pure et l’encadrement. Un poste de médiatrice sociale a ainsi été créé, Mara Fortuna étant chargée de

les ambitions de l’IGLOO nantais

Innovation sociale et accès au logement

1 Séminaire encadré par Marie-Paule Halgand et Elisabeth Pasquier, enseignantes2 Rencontres et remerciements auprès de Sophie Guillon-Verne (chargée de missions insertion logement au CCAS), Dominique Gaillard (coordinatrice du projet Igloo à Nantes Habitat), Mara Fortuna (accompagnatrice suivi social) et Loïc Daubas (architecte de l’opération)

Alors que la précarité face au logement s’amplifie, de nouvelles formes de solidarités émergent à travers des dispositifs innovants, impulsées par les acteurs de l’habitat. Les six logements du projet « IGLOO Nantais », inaugurés en Juin 2014 sont issus d’une démarche ambitieuse. Un des enjeux de l’opération a été en effet de tisser des liens opérationnels autour de la question du logement, de l’emploi et de l’accompagnement social entre ses différents partenaires.

L’ODYSSÉE à Nantes - Maîtrise d’ouvrage NANTES HABITAT - L’Atelier BELENFANT et DAUBAS architectes, 2014

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Logement socialDOSSIER :

coordonner l’opération et de construire les outils nécessaires au suivi. L’accompagnement autour d’ateliers et de réunions collectives et individuelles, nécessaire à la mise en mouvement du projet, se mesure autour de 6 à 10 h par semaine pour les six ménages.

LE PROJET SUR MESURE SE CONSTRUIT DANS LE FAIRE

Accompagnant le montage du projet, les propositions de terrains appartenant aux réserves foncières de la Ville ont abouti à l’achat de la parcelle du 9 rue des Frères Amieux. Le terrain est situé dans la continuité HLM spatiale de la ZUP de Bellevue, dans un tissu populaire de petites propriétés individuelles. Le terrain, très contraint dans sa forme, a défini les typologies de logements possibles dans une logique de mixité : un T4, deux T2 et trois T1bis, déterminant le nombre et la composition des ménages recherchés. Plusieurs candidatures sont ainsi proposées à partir du fichier du CCAS, dont les critères de sélection sont la capacité à se mobiliser et à tenir les échéances. Si elle se fait au mérite, il est également privilégié une diversité dans les profils (composition des ménages, handicaps, addictions, parcours professionnel, origine...) pour ainsi composer avec la mixité. C’est ensuite lors d’un pré-comité d’attribution que les familles ont été présentées à Nantes Habitat. Un marché public en conception-réalisation est parallèlement lancé, afin de répondre au projet des 6 logements, incluant l’insertion dans ses critères. Font partie du jury le CCAS et l’AISL, proposé par Nantes Habitat, avec voix délibérative comme reconnaissance du partenariat. L’atelier Belenfant et Daubas et la SCOP Macoretz-Macobois sont ainsi retenus pour leurs intentions très sociales et leur force de proposition en rapport aux critères valorisés dans la note méthodologique du marché.Les deux entreprises ont un socle d’expérimentation commun dans le domaine de l’insertion professionnelle. L’opération IGLOO est donc pour eux une opportunité, appuyée cette fois par la demande d’une maîtrise d’ouvrage. En complément à la conception des logements, leur approche a été d’inclure la participation des bénéficiaires à la construction des parois en ossatures bois et des clôtures en osier en limite de propriété.

Le projet conçu par l’atelier Belenfant et Daubas propose en particulier un programme compatible avec les profils de personnes ayant vécu à la rue ou étant sans domicile fixe depuis longtemps. Le parti-pris en revanche est de rendre cette conséquence discrète. Les logements T1bis offrent la possibilité de séparer les espaces jour et nuit, les rendant alors plus adaptés aux visites. Tous les logements sont sobrement adaptés aux besoins des familles, tout en s’inscrivant dans le patrimoine de Nantes Habitat. Ici, le bailleur joue le jeu de la personnalisation en ajustant les propositions jusqu’à la livraison. Les cloisons, les hauteurs, le confort singulier à chaque famille sont des éléments du projet où les choix mesurés des bénéficiaires participent à la définition de leurs parcours. À part la chaufferie commune à granulés bois, les espaces partagés extérieurs ont été pensés libres dans leurs usages.

UNE OPÉRATION MODÈLE REPRODUCTIBLE

Le projet s’est fabriqué selon un échéancier de réunions collectives, de participation à des ateliers, à des rencontres, pour enfin venir au nouveau contrat d’insertion et à l’emménagement des familles. Juridiquement, les contrats aidés rémunérés de 20 h par semaine sur 9 mois ont été difficiles à mettre en place, mais ont permis l’intervention des bénéficiaires dans les travaux d’embellissement de leur logement (peintures et faïences). Pour des questions de réglementation, une réception à mi-parcours a été réalisée après arrêt des lots de l’entreprise Macobois. Une transition avant l’intervention des familles employées par le centre de formation Saint-Benoit Labre (un membre de chaque famille a participé au chantier). Fonctionnant de manière aussi compétitive qu’une entreprise dans le contexte financier actuel, le chantier d’insertion apporte une rigueur professionnelle en bénéficiant du temps d’apprentissage essentiel.

Une des conditions nécessaires pour maintenir la cohérence du projet entre tous les acteurs institutionnels a été la création d’un temps, non habituel, d’un après-midi par mois, pour faire le point. Une réunion qui s’est maintenue et prendra forme encore pendant un an après la livraison, correspondant à la durée de glissement des baux. Une collégialité du projet a été maintenue, autour des ordres du jour et des discussions, dont les multiples interactions assurent la pertinence du dispositif.

Il existe une réelle inter-reconnaissance entre les différents partenaires et les bénéficiaires qui avancent simultanément dans le projet. L’objectif est aujourd’hui de développer d’autres projets sur le territoire de Nantes Métropole en rentrant dans le droit commun. En effet, la culture de projet commune produite par les partenaires est rassemblée autour de la rédaction d’un guide reproductible. Réalisé par Mara Fortuna, il sera un outil pour les référents sociaux qui suivent les bénéficiaires au quotidien, en capitalisant l’expérience pour les prochains IGLOO.

La réunion qui a eu lieu en avril 2014 a appuyé ces ambitions par la présentation du projet aux différents services sociaux de l’agglomération. Le film « L’odyssée de la réussite » réalisé par Vincent Douet (Bureau 17) y a notamment été présenté. Il communique autour de l’opération en montrant l’IGLOO nantais dans sa transversalité. Plafonné à 6 logements pour des raisons de gestion, il amène à solliciter à présent Nantes Métropole pour trouver du petit foncier dans les dents creuses de l’agglomération.

Ramassage de l’osier, 24 septembre 2013

Philippe CATEL, encadrant technique du centre Saint-Benoît Labre, accueille Patrick RIMBERT, président de Nantes Habitat, 5 mars 2014.

Travaux de peinture dans les logements, 19 décembre 2013.

Visite des services sociaux de l’agglomération, 10 avril 2014

L’Odyssée à Nantes, mosaïque réalisée par les habitants

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Logement social

IGLOOIGLOO (Insertion Globale par le LOgement et l’emplOi) est un concept européen labellisé. La démarche se caractérise par la participation active de la famille, un partenariat fort et engagé des décideurs et des acteurs de l’habitat, de l’accompagne-ment social et de l’insertion professionnelle. Le dispositif favorise un mode de production du logement au service du projet d’insertion professionnelle des bénéficiaires. L’objectif est de parvenir à une autonomie sociale des familles, en les associant à la conception de leur habitat et à la réalisation des travaux dans le cadre de contrat d’insertion.

Pour en savoir plus : http://www.igloo-habitat.org

AISL : Association Insertion Solidarité Logement.

CCAS  : Centres communaux et intercommunaux d’action sociale. Établissements publics intervenant dans l’aide sociale légale et facultative, et dans l’action sociale (mise en œuvre de la politique déterminée par les élus locaux).

Association Saint-Benoît Labre : association membre du réseau FNARS, luttant contre l’exclusion des personnes en difficulté sociale et professionnelle.

FNARS  : Fédération nationale des associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale.

Maison- re la is   : Accuei l des personnes à faible niveau de ressources, dans une situation d’isolement ou d’exclusion lourde et dont l’accès à un logement autonome apparaît difficile à court terme, sans relever toutefois de structures d’insertion de type CHRS. Pour les personnes isolées, très délocalisées, fréquentant ou ayant fréquenté de façon répétitive les structures d’hébergement provisoire. L’accueil est sans limitation de durée.

UN PROJET À LA NANTAISE

L’opération est révélatrice de la culture politique locale, prouvée par le discours de Johanna Rolland, axé sur l’ambition et la solidarité, lors de l’inauguration du 7 juin 2014. Après les doutes, la satisfaction d’une opération apportant des réponses à l’échelle de la ville et agissant comme modèle et levier auprès des autres communes de l’agglomération. Un projet à la nantaise, pour lequel Johanna Rolland revendique une dimension commune, celle de concilier l’innovation sociale et la résorption des problèmes actuels. L’opération s’inscrit dans un contexte européen, appuyé par les acteurs technico-politiques confiants dans l’aide européenne. Elle marque un lien fort entre l’office public Nantes Habitat et la municipalité de Nantes, profitant de cette dimension pour faire valoir l’engagement de ces acteurs sur le territoire.

D’autres projets sont en cours, à l’initiative du CCAS, moteur dans le développement et la coordination de projets. Notamment celui des « 5 ponts » impliquant le CCAS, la SAMO comme bailleur social et les « Eaux vives » (association luttant contre l’exclusion, membre du réseau FNARS). Le projet concerne les problématiques de l’urgence sociale et de l’hébergement d’urgence gérées par la ville. Le montage social, inspiré par les équipements d’une maison-relais à Utrecht, propose une hybridation autour des trois types de structures existant à Nantes et gérées par les « Eaux vives ».

La combinaison entre un hébergement d’urgence, une halte de nuit et un accueil de jour a pour enjeu la lutte contre les phénomènes d’errance urbaine. L’objectif est de mutualiser les équipements afin d’éviter les ruptures de parcours des personnes accueillies,À ce jour, le terrain retenu est situé sur l’Île de Nantes, sur le site des Badauds associés, propriété de la SAMOA, face au futur CHU. Le projet concernera environ soixante-dix personnes la nuit et une centaine le jour, associant une salle de vente Emmaüs, visible en centre-ville, ainsi qu’un restaurant ouvert sur la ville dans lequel les locataires « solidaires » seront investis à travers des contrats d’insertion. Une opération de logements

très sociaux, accompagnés de jardins familiaux, est prévue à proximité, permettant d’envisager le relogement de personnes ayant transité par les autres équipements.

UNE NOUVELLE MÉTHODOLOGIE DE PROJET

Ainsi, l’accès au logement reste une étape majeure dans l’insertion sociale et professionnelle. Ces opérations répondent à un besoin et agissent en tant que dispositif préventif pour des personnes en situation d’exclusion. Elles développent une nouvelle manière de faire du projet social à travers les réseaux de solidarités qui existent dans la ville. Notamment parce qu’elles favorisent une participation active des familles à travers des mesures d’insertion professionnelle, en valorisant leur engagement. Ces mesures prennent aujourd’hui de l’importance, compte tenu du marché de l’emploi. Les pouvoirs publics misent d’autant plus sur l’investissement des bailleurs sociaux dans l’accompagnement social, dont les budgets ont diminué ces dernières années. Ayant un coût inférieur à la prise en charge sociale des bénéficiaires sur plusieurs années, le processus d’insertion professionnelle et l’accompagnement social s’inscrivent dans le droit commun. L’ IGLOO nantais est aujourd’hui un modèle porté par une équipe engagée.

Julie DERRÉ,étudiante en architecture

L’ODYSSÉE,Opération IGLOO à Nantes Hormis les spécificités de sa réalisation, rien ne ferait particulièrement remarquer l’ensemble de logements « L’Odyssée » dans le paysage de la ville, tant son insertion dans le site se fait en douceur, pour ne pas dire avec modestie. Au-dessus du bas Chantenay et des zones d’activités des deux rives de la Loire, la rue des Frères Amieux serpente sur le relief de ce qui fut un coteau agricole. S’y mêlent aujourd’hui d’anciennes habitations rurales, des maisons ouvrières, des petites villégiatures et quelques opérations récentes d’habitat individuel groupé. Les vues s’ouvrent sur un large horizon marqué par la silhouette du pont de Cheviré.Sur une petite parcelle, l’opération est structurée en deux parties. Un volume aligné sur la rue reprend la forme archétypale d’une maison avec sa toiture à deux pentes, ses fenêtres à volets colorés et son jardinet d’angle, qui a partiellement conservé l’ancienne clôture grillagée. En arrière d’une petite placette munie d’abris en bois, un volume bas, réuni au premier par un passage couvert d’un auvent, est implanté en cœur de parcelle. Sa toiture à faible pente préserve les vues sur les lointains depuis les maisons voisines.Les logements s’ouvrent ici par une série de baies et de portes vitrées, sur une terrasse commune et des espaces enherbés. Des arbres, notamment fruitiers, sont plantés dans des bacs de bois ou conduits en espalier, dans l’esprit des potagers et des vergers caractéristiques des ambiances du quartier.Les bardages extérieurs sont en bois, et les toitures en métal nervuré d’un doux gris pâle. Les menuiseries blanches contrastent avec des volets battants et coulissants vert jardin. De légers auvents métalliques marquent les entrées des logements arrières.Sur le bloc des boîtes aux lettres, une mosaïque, réalisée par les habitants, dessine le nom qu’ils ont choisi pour leur lieu de résidence, entre le bateau d’Ulysse et un petit igloo bleu.

Christophe BOUCHERL’ODYSSÉE à Nantes - Maîtrise d’ouvrage NANTES HABITAT L’Atelier BELENFANT et DAUBAS architectes, 2014

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Logement socialDOSSIER :

Dans les années 20, les premières constructions de l’OPHBM (aujourd’hui Nantes Habitat), deux « cités-jardins », ont pu être considérées comme des expériences de composition urbaine. De même, à la fin des années 30, la restructuration du quartier insalubre de l’Hermitage va amener à la construction de six barres qui marquent le paysage urbain nantais. Les groupes d’HBM (Habitations à Bon Marché) vont surtout permettre d’introduire des éléments de confort dans le logement et de contribuer à élever les normes générales.

À la reconstruction et dans les années 50, les objectifs de quantité et de qualité seront difficiles à concilier. Quelques tentatives de construction de maisons expérimentales par l’ingénieur-architecte Jean Prouvé, pour répondre à la crise soulignée par l’appel de l’abbé Pierre en 1954, resteront isolées et n’ont pas laissé de traces dans la région.

Dans la banlieue nantaise, l’exemple de la Maison Radieuse de Le Corbusier est significatif. La limite de coût imposée par la législation du logement social a pu être négociée, mais le retard technologique de la plupart des entreprises locales a impliqué le recours à une entreprise du nord de la Bretagne. Au milieu des années 50, l’exemple malheureux de la Contrie témoigne de ces mêmes écueils : l’utilisation pour des immeubles de trois étages sur rez-de-chaussée de panneaux de béton cellulaire, procédé de construction validé pour des pavillons, va entraîner de nombreuses malfaçons dont les locataires vont supporter les conséquences pendant de longs mois.

La crise est d’abord quantitative, l’évolution du projet des Dervallières où le nombre de logements a doublé en témoigne. Les architectes, pour économiser mètres carrés et longueurs de tuyaux, ont proposé, dans les premières tranches du chantier, des plans qui rapprochaient tellement cuisine et salle d’eau que l’accès à la première se faisait par la seconde, expérience sans postérité et posant d’importants problèmes d’isolation phonique, critique récurrente, soulignée à maintes reprises.

Dans les années 70, l’expérience de la monumentalité est symbolisée par le Sillon de Bretagne, exceptionnel immeuble de grande hauteur abritant plus de 900 logements sociaux, dont 500 dans la tour. Le Sillon deviendra ensuite le terrain de nombreuses procédures qui s’appuieront sur l’analyse des difficultés sociales, économiques et spatiales produites par des concentrations à grande échelle.

Validés dans le contexte de la politique des modèles des années 70, les groupes qui composent barres, tours et plots s’imposent. Si les formes urbaines et le déficit en transports en commun et en équipements de ces nouveaux quartiers

ont été critiqués, il faut toutefois noter que certaines réalisations offraient d’indéniables qualités, comme la taille généreuse des appartements de Malakoff à Nantes. Le décret de 1973 signant l’arrêt de la construction des « Grands Ensembles » n’entraîne pas une transformation immédiate des projets (à Nantes, le Port Boyer qui compte 975 logements et le Bout des Landes 526 sont achevés en 1975). Un humour étrange a qualifié de « Modèles Innovation » certaines des propositions agréées dès 1972, qui apparaissent tout sauf innovantes, sachant qu’environ les deux tiers des logements sociaux construits en France à la fin de la décennie le sont selon cette procédure facilitatrice.

Par ailleurs et de manière exceptionnelle, certains architectes comme Vladimir Kalouguine, qui réalise un groupe de 200 logements à Angers, ou Jean Renaudie dont les « Étoiles » sont déclinées dans plusieurs villes de France, proposent des formes originales qui ont vocation à faire évoluer conceptions et méthodes de production.

Un renouveau va apparaître dans des constructions de centre-ville, avec le recours à des codes esthétiques différents. Pignons en façade, bow-windows viennent transformer l’aspect « barre », dont l’organisation reste présente en plan. À Nantes, la transformation de l’ancienne Manufacture des Tabacs va mêler équipements, bureaux et logements sociaux et témoigne du début d’une vague de reconversion d’édifices anciens.

Au début des années 80, les préoc-cupations bioclimatiques viennent renforcer ces recherches formelles : à Saint-Herblain, la ZAC de Preux (par Eric Dubosc) et des Noëlles Tesseries (architectes ECA) présentent des parties communes à la volumétrie dilatée et marquent une nouvelle étape. L’expression « habitat intermédiaire » est alors largement utilisée, parfois au-delà des critères officiellement validés (nombre d’étages, rapport à un espace extérieur…). À Rezé, l’ensemble des Mahaudières (Roland Castro et Jean-Luc Pellerin) propose des formes évoquant un « bateau » ou des « docks » aux façades de verre, inaugurant cette vogue des vérandas dont l’usage va se répandre. Le groupe Jean-Baptiste Georget (79 logements pour Nantes Habitat par la Coopérative d’Architecture Urbanisme) présente des « jardins d’hiver » et des accès par coursive fermée. Le recours au bois, en structure ou en parement, n’est pas fréquent mais commence à se développer à la fin des années 80 et revient récemment pour agrémenter des façades ou composer des coursives ouvertes.

La traversée de l’Île de Nantes (alors île Beaulieu) vers la pointe amont permet de passer de formes imprégnées de références postmodernes dans l’esprit de Ricardo Bofill à des ensembles

de logements à l’esthétique plus vernaculaire ou villageoise. À côté, les 80 logements de Chronos (Éric Dubosc et Marc Landowski pour le Home Atlantique, 1991) témoignent du recours au métal et à la « filière sèche », leur apparence faisant alors polémique. À Saint-Nazaire, l’ensemble Françoise-Dolto (Atelier Ruelle) met en scène des modes de construction et une esthétique proches.

La question du matériau, de ses qualités, de sa mise en œuvre et de son esthétique vient corroborer les problématiques d’organisation en plan et en volume. À Rezé, plusieurs projets témoignant d’une volonté de qualité des bailleurs sont réalisés : les Cap-Horniers de Dominique Perrault (1986), réalisation d’une proposition à un des premiers concours PAN (Programme Architecture Nouvelle), ou plus récemment l’opération Norkiouse à Trentemoult (Philippe Barré et Agnès Lambot, 2006).

Par ailleurs, depuis les années 80, les grands chantiers de rénovation urbaine vont marquer les deux principales agglomérations du département. Les travaux de restructuration de logements sociaux en site habité vont nécessiter des adaptations et négociations, qui font de ces quartiers des laboratoires d’expériences spatiales et sociales.

À Saint Nazaire, Silène apparaît comme un bailleur ouvert à des propositions originales. Les architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal ont construit des logements utilisant structure métallique et enveloppe de polycarbonate. Ils ont aussi avec Frédéric Druot mené à bien la restructuration de la tour Plein Ciel dans le projet Ville-Ouest. Habitat 44 a pour sa part initié, à l’intérieur d’un accord-cadre avec l’agence d’architecture nantaise Tetrarc et une entreprise (Tangram, puis CMB) un projet de construction de 250 logements sur la base de modules préfabriqués en trois dimensions. La défection de l’entreprise a entraîné l’abandon de plusieurs chantiers pendant de longs mois, mais la reprise récente de la production par une autre société devrait permettre d’évaluer la validité de ce type d’opérations pour les communes, le bailleur et les habitants.

Aujourd’hui, l’atténuation de la visibilité du logement social dans les nouvelles réalisations, via la multiplication des VEFA (vente en état futur d’achèvement) ouvre à terme la question de la mixité induite dans des projets où des logements sociaux font partie d’une opération menée par un promoteur privé. Ceci apparaîtra peut-être dans quelques années comme une expérimentation majeure de la période actuelle.

Marie-Paule HALGAND historienne de l’architecture,

enseignante à l’École d’architecture de Nantes

siècled’innovation

S’agissant de logement, et particulièrement de logement social, la question de l’innovation se pose dans des domaines parfois très différents, concernant l’organisation des cellules de logement, le groupement des édifices, les matériaux ou les techniques. Les termes « innovation » et « expérimentation » sont à manier avec précaution, les bailleurs ne voulant pas que les habitants soient considérés comme des cobayes et les architectes restant réservés sur l’utilisation de ces qualificatifs, tantôt louangeurs et tantôt péjoratifs1.

Un

1 Voir à ce sujet le mémoire de Master de Marie TESSON « J’ai demandé aux archis - le logement social en Loire-Atlantique 2000-2015 » qui aborde ces questions, Nantes ensa, juin 2014.

PLEIN CIEL à Saint-Nazaire - Maître d’ouvrage SILÈNELACATON & VASSAL architectes, 2014

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Logement social

la Maison Radieuse en 2014 Habiter

Habiter la Maison Radieuse aujourd’hui n’est peut-être qu’une forme de compromis. Au moment de la livraison en 1955, le confort des logements se pose en progrès avec la cuisine aménagée, la salle de bain, les toilettes, la ventilation centralisée et le chauffage collectif. En dépit de ces innovations originelles, ces logements répondraient moins aux modes de vie contemporains. La petitesse de la pièce de vie, la faible hauteur sous plafond, l’étroitesse des chambres des enfants1, la promiscuité soupçonnée, restent pour beaucoup rédhibitoires. Dans une société qui s’est profondément modifiée, la Maison Radieuse semble offrir une capacité insuffisante. Malgré ces aspects, réels, nous avons choisi d’habiter là, dans un duplex montant traversant, type 4, majoritaire dans le bâtiment2.

Par une évolution des statuts des logements en trois temps forts (partage, rupture, équilibre)3, la Maison Radieuse abrite une population plus hétérogène qu’à ses débuts. Aujourd’hui, 54 % des logements appartiennent au parc locatif social d’Atlantique Habitation et la moitié des logements privés, au plus, est habitée par les propriétaires. Le système d’attribution des logements sociaux génère l’arrivée de famille par non-choix. La « motivation première à être là » produit des contrastes entre les habitants, qu’ils soient propriétaires ou locataires, du parc social ou privé : ceux qui choisissent de venir à la Maison Radieuse, ceux qui la découvrent et décident de rester, ceux qui la subissent et la quittent.

Pour les premiers, il me semble que le sentiment d’appartenance à la Maison Radieuse reste fort. Il naît à la fois de la conscience aigüe de l’architecture et de son auteur Le Corbusier, mais aussi de la mémoire collective toujours transmise, forgée à partir du projet de départ : celui d’un habitat coopératif. Aujourd’hui, cette mémoire continue de vivre à travers la recherche d’une vie collective peut-être idéalisée, faite de convivialité, de liberté, d’entraide. Une ambivalence émerge de la coexistence du « bâtiment-habitation », qui vit justement à travers l’engagement et la dynamique de ses habitants, et du « bâtiment-œuvre », qui vit au-delà d’eux, comme emblème architectural, symbolique, culturel…

En marge de sa renommée architecturale, la Maison Radieuse a évidemment une existence dans la ville avec une fonction repère qui concurrence le clocher. Mais si la majorité des gens perçoit au loin une barre de béton sombre, imposante et opaque, ma connaissance intime du lieu modifie ce point de vue et déconstruit l’image théorique que j’avais auparavant. En perception lointaine, mon regard d’habitant me conduit à lire les détails et transforme la monumentalité en une somme d’éléments connus et vécus : reconnaître sur le toit l’émergence de l’école, des ascenseurs et des cheminées de ventilation, ressentir la transparence des logements traversants, se rappeler le rapport au sol allégé, deviner les couleurs des loggias et entrevoir la nôtre…

Dans l’environnement plus proche, la gradation de l’intime vers l’urbain, qui fonctionne bien aujourd’hui, soumet l’habitant, consciemment ou non, à des « étapes » d’usage voulues probablement dès la conception.

Dans le logement, espace fondamen-talement privé, le rapport au voisin est quasi inexistant. Une première « étape de séparation » se vit à travers le sas d’entrée qui isole la cuisine de la rue intérieure, tandis que la gradation perdure à l’intérieur avec les pièces plus intimes au niveau supérieur. Dans un duplex montant, la double hauteur sous plafond, dans le prolongement de la trémie, produit une respiration nécessaire, espérée, et diffuse la lumière jusqu’au cœur du logement, la « plateforme », espace d’entre-deux, mouvant, transitoire, de rencontre pour la famille4. Si l’intimité est préservée, le rapport au paysage et à la lumière est valorisé dans chaque pièce et induit un mode de vie qui se cale sur le soleil. Les jours de beau temps ou simplement lumineux, ce nomadisme intérieur nous amène à évoluer le matin à l’est et à prolonger la journée à l’ouest. De part et d’autres, les loggias spacieuses, ouvertes au grand paysage, à l’abri des regards, encouragent cette quête quotidienne de la lumière en été et nourrit l’illusion d’une surface plus grande en hiver.

Les rues intérieures, peu éclairées, nous conduisent du seuil du logement, limite de l’espace privé signalée par une applique lumineuse et une couleur, jusqu’au hall par l’intermédiaire des ascenseurs. Je comprends (ou interprète) maintenant le parti-pris d’ambiance des rues, composé d’un éclairage peu intense et d’une absence de lumière naturelle hormis l’espace d’attente des circulations verticales. Cette ambiance affiche clairement une nouvelle étape d’usage qui incite le calme, fait baisser instinctivement le son de la voix et permet de préserver les logements des bruits trop intrusifs. Bien que les rues soient des espaces collectifs à partager, leur ambiance n’encourage pas une appropriation forte.

Le hall comme entrée unique constitue aussi un espace collectif à partager,

mais contrairement à la rue intérieure, la nature de son usage approche celle de l’espace public. Si la « place » revêt tout son sens dans la pratique et l’appropriation avec des fonctions fondées sur l’échange à la fois politique, commercial et ludique5, alors le hall, à son échelle, est peut-être une forme de « place », avec le marché du mercredi soir, les actions ponctuelles, les rencontres informelles. Passage obligé par tous, le hall est un lieu vivant et investi.

Aux abords de la Maison Radieuse, le parc, espace privé ouvert au public, apparaît comme un élément fondamental des concepts urbanistiques de Le Corbusier (soleil, verdure, espace) et devient aujourd’hui un lieu majeur de la vie collective. Son aménagement et sa gestion font l’objet de choix discutés par les habitants intéressés (locataires et propriétaires), développés et validés ensuite par le syndicat de copropriété, moteur des actions. Ce mode coopératif, où chacun peut donner son avis et soumettre une idée, permet sans doute de rassembler, d’impliquer, d’innover, pour aller vers un objectif commun, l’amélioration pour tous du cadre de vie. En lien avec la vie du centre-bourg, le parc est un lieu ouvert, libre, conforté par les échanges et les déplacements quotidiens, à heures fixes, entre les deux écoles publiques, Le Corbusier (sur le toit) et Plancher (dans le bourg) : liens d’usage avec l’accueil périscolaire et le restaurant scolaire communs, liens pédagogiques avec des actions communes entre les deux écoles.

L’école maternelle, située sur la terrasse, accueille les enfants de la Maison Radieuse et des habitations proches. Son statut public au sein d’une copropriété privée soulève parfois des ambiguïtés d’usages et de perceptions. En dehors de l’aspect pratique et ludique (nous allons à l’école en ascenseur), sa présence se révèle être un vecteur de rencontre des parents, mais surtout un symbole qui galvanise et fédère tous les habitants6.

Si le logement, la rue, le hall ou le parc composent le « cadre physique » d’un usage presque programmé, anticipé par Le Corbusier, il manque dans l’énumération l’aspect non palpable d’une vie particulière à la Maison Radieuse. Fondée dès 1955, l’Association des

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Logement socialDOSSIER :

Habitants de la Maison Radieuse (AHMR) est la pièce maîtresse de cette dynamique sociale. Elle construit et portent les actions, se pose en relais des messages par son appartenance à un réseau, veille à son niveau à défendre les idées de Le Corbusier et constitue le garant de ce lien social fort avec la mise en place de nombreuses activités et services : bibliothèque, édition d’un journal (« Ici Corbu »), jardins partagés, pavillon de compostage, marché hebdomadaire dans le hall, atelier de bricolage, tritout, clubs en tous genres (couture, cuisine, langue vivante, sérigraphie, échange de vêtement, etc.).

Peu décelable depuis l’extérieur, ce mouvement, dynamique, militant même, reste notre plus belle découverte et forme la spécificité de la Maison Radieuse, favorisée aussi par les concepts

architecturaux : une seule entrée pour tous, des rues intérieures suffisamment larges ( « se croiser et discuter tranquil-lement » ou « se croiser sans se gêner chacun de son côté »  ), des partis-pris techniques et d’organisation qui préservent l’intime dans les logements, l’école dans le ciel… Si notre compromis de départ opposait simplement des contraintes dimensionnelles de logement à un désir d’architecture, il s’efface aujourd’hui devant la force sociale et l’humanité du lieu.

Il semblerait que tout le monde ne soit pas en capacité d’accepter d’habiter la Maison Radieuse. Faute de répondre à première vue aux attentes actuelles en termes d’habitat et souffrant des préjugés liés aux barres, ceux qui la choisissent sont-ils au départ uniquement attirés par l’œuvre architecturale et adeptes de Le

Corbusier ? Peut-être. Mais la charge esthétique et culturelle apportée par l’architecte n’est finalement pas ce qui fait rester le plus grand nombre. Il s’agirait plutôt, d’après nos voisins et notre courte expérience, d’une spécificité de vie sociale qui ferait toute la différence sans que nous puissions définir clairement si c’est l’architecture qui a fait le premier pas. La forme amène-t-elle l’usage ou bien l’usage se joue-t-il de la forme ? D’un point de vue d’habitant et d’architecte, j’ai un faible pour la première, mais sans fermer la porte à la seconde…

Anne Sarthou Habitante de la Maison Radieuse

et architecte-urbaniste au CAUE 44Maison Radieuse, LE CORBUSIER et André WOGENSCKY, 1955 - © FLC/ADAGP 2014 -

Photographies : Anne SARTHOU

1 Hauteur sous plafond : l’homme Modulor qui lève le bras (2,26 m). Largeur de la chambre des enfants : l’homme Modulor allongé (1,83 m).2 Sur 294 logements : 190 T4 (68 m2), 46 T2 (46 m2), 29 T1 (30 m2 sur un seul niveau), 15 T3 (57 m2), 9 T6 (96 m2), 5 T5 (82 m2). À l’exception des T1 conçus sur un

seul niveau, les logements sont des duplex montant ou descendant : les chambres se situent au-dessus ou au-dessous de la pièce de vie.3 Le partage avec la coopérative de départ ; la rupture initiée par la loi Chalandon ; l’équilibre avec une revente progressive des logements sociaux à des propriétaires privés.4 Des études sociologiques existent, élaborées à différentes époques. Elles étudient notamment les différences d’appropriation des logements par les habitants :

Famille et habitation, Paul-Henri Chombart (1960) Maison Radieuse, Rezé, évolution et réhabilitation, Daniel Pinson, Philippe Bataille (1990) Habiter Le Corbusier, pratiques sociales et théorie architecturale, Sylvette Denèfle, Sabrina Bresson, Annie Dussuet, Nicole Roux (2006). Du plan au vécu, Analyses sociologiques des expérimentations de Le Corbusier et de Jean Renaudie dans l’habitat social, Sandrine Bresson (thèse 2010)

5 D’après Morphologie urbaine, Rémy Allain.6 L’école est en sursis depuis plusieurs années. Les actions militantes du collectif de défense arrivent jusqu’ici à la maintenir en vie.

CRÉER L’INTIMITÉ La lutte contre l’étalement urbain et le ren-chérissement du foncier amènent collecti-vités et opérateurs sociaux à augmenter la densité des opérations. Les logements indivi-duels ou semi-collectifs sont donc confrontés à des proximités de plus en plus grandes, qui conduisent à mettre en place des disposi-tifs pour préserver l’intimité des habitants. L’implantation des volumes habités et de leurs annexes, la gestion des vues et des percements dans les façades, les clôtures et garde-corps, les dispositifs d’entrée dans les logements, sont des exemples de cette prise en compte architecturale.

1. Bouvron – Le Courtil Saint-Mathurin (Garo-Boixel, 2011 pour Habitat 44)

2. Couëron – Le Cours Bocto (Denis Léost, 2011 pour Habitat 44)

3. Le Pellerin – Les Tournesols (Michel Roulleau, 2014 pour Habitat 44)

4. Ste-Luce-sur-Loire – Résidence Olympe de Gouges (Cécile Nizou, 2011 pour La Nantaise d’Habitations) Ape

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APERÇUS de quelques thématiques qui illustrent les capacités de l’habitat social, outre son premier rôle d’offrir des logements de qualité, à composer avec des contextes variés, jusqu’à parfois y devenir invisible, mais tout en influençant durablement le cadre de vie des villes, des bourgs et des espaces péri-urbains.

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Logement social

1889 Création de la Société française des HBM.Établissement du Conseil supérieur des HBM

1894 30 novembre, vote de la loi Siegfried relative aux HBM (Habitations à Bon Marché) pour la construction de logements salubres

1912 23 décembre, adoption définitive de la loi Bonnevay qui permet aux communes et aux départements de créer des Offices Publics d’HBM (OPHBM)

1913 21 février, Nantes, création par le Conseil municipal de l’Office public d’HBM

1925 création de l’Office public Départemental de HBM de Loire-Inférieure

1926

Paris, inauguration de l’immeuble HBM à gradins rue des Amiraux, 85 logements et piscine, architecte Henri Sauvage

1928 13 juillet, vote de la loi Loucheur, programme de construction de 300 000 logements en 5 ans

1928

Francfort, Siedlung Römerstadt, 1 220 logements, architecte Ernst May

1930 Vienne, achèvement de la Karl-Marx Hof, 1 382 logements, architecte Karl Ehn

1931 Berlin, achèvement de Berlin Britz Hufeisensiedlung, 1 072 logements, architectes Bruno Taut et Martin Wagner

1933 Lyon, achèvement du quartier des Etats-Unis 1 620 logements, architecte Tony Garnier

1948 18 août, le Plan de reconstruction de la ville de Nantes est déclaré d’utilité publique

1950 Loi du 2 juillet, les HBM deviennent les HLM les normes de confort et d’occupation sont révisées

1955

2 juillet, Rezé, inauguration de la Cité Radieuse

1955 Sarcelles, début du chantier du quartier des Lochères architectes Boileau et Labourdette

1957 Loi cadre, établissement de plans quinquennaux pour des objectifs de construction

Début des années 70 En France, mise en chantier d’environ 70 000 HLM locatives par an

1971

Saint-Herblain, en novembre, les premiers habitants s’installent au Sillon de Bretagne

1957

Nantes, début des travaux aux Dervallières ( nouvel objectif 2 630 logements par l’OPHLM )

1957

Berlin, quartier Hansaviertel, InterBau, construction de 1 235 logements par des architectes de renom : Gropius, Aalto, Niemeyer… typologies très différenciées

1889-2014Repères chronologiques

d’après Marie-Paule HALGAND, historienne de l’architecture, enseignante à l’École d’architecture de Nantes

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Logement socialDOSSIER :

1958

Nancy, achèvement des Hauts du Lièvre, 1 800 logements dans une barre d’un kilomètre, architecte Bernard Zehrfus

1960 Pantin, achèvement de 1 600 logements des Courtillières, OPHLM de Pantin et OPHLM de la Seine, architecte Emile Aillaud

1961

Nantes, création de la ZUP Beaulieu-Malakoff (objectif 7 000 logements privés et sociaux)

1967

Montréal, Habitat 67, 158 logements, architecte Moshe Safdie

1972

Ivry-sur-Seine, livraison de 80 logements « en étoile », architecte Jean Renaudie

1972 Londres, achèvement des Robin Hood Gardens. 2 barres, 210 logements, architectes Alison & Peter Smithson

1977 Réforme du 3 janvier, introduction des Prêts conventionnés et de l’APL (Aide Personnalisée au Logement), passage de l’aide à la pierre à l’aide à la personne

1977 Mise en place des PALULOS (Prime à l’Amélioration des Logements à Usage Locatif et Occupation Sociale)

1979 Paris, rue des Hautes-Formes, 209 logements, architectes Christian de Portzamparc et Georgia Benamo

Fin des années 70 En France mise en chantier d’environ 35 000 HLM locatives par an

1986

Rezé, livraison des Cap-Horniers, groupe de 40 logements conçu par Dominique Perrault pour La Nantaise d’habitations, PAN XII

Fin des années 80 En France, mise en chantier d’environ 20 000 HLM locatives par an

1997

Saint-Nazaire, achèvement de la Maison Radu, 36 logements aux financements diversifiés avec des ambitions de variétés architecturales, architecte Radu Vincenz, bailleur Espace Domicile SA HLM

2000 Vote de la Loi SRU (Solidarité et Renouvel-lement Urbain). Objectif 20 % de logements sociaux en 20 ans dans un contexte géographique à géométrie variable

2000 Saint-Nazaire, création de la mission DSU (Développement Social Urbain)

2000 Nantes, le quartier Malakoff est retenu pour la procédure « Grand Projet de Ville »

2003 Vote de la loi Borloo, Programme National de Rénovation Urbaine : opérations de démolitions-reconstructions, 500 quartiers concernés, 45 milliards d’euros engagés

2011

Équerre d’Argent du Moniteur attribuée au projet des architectes Druot, Lacaton et Vassal sur la réhabilitation de la tour Bois-le-Prêtre à Paris

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Logement social

Aperçus…

Il n’y a pas delogement social idéal…

« Il n’y a pas de logement social idéal. Il n’y a que des logements sociaux habitables. Est-ce qu’il y a un homme, une femme idéale ? Non. Aimeriez-vous vivre avec ? Non.

Par contre, en posant le « habitable », on revient à une forme de créativité possible. Il faut que les micro-décisions des gens – leur souhait de bouger tel meuble, de cuisiner ou non – soient possibles. Je vois des logements actuellement où la batterie de cuisine est dans le séjour : on ne vit pas comme ça, ça n’est pas vrai. Qu’ils essaient de faire des choux avec des saucisses, c’est infernal. Et ensuite, les plats dans la cuisine, la vaisselle sale… Qui s’occupe de tout ça ? Certainement pas les architectes.

Par pitié, qu’on mette de l’éclairage naturel le plus possible, que la cuisine, même si elle se termine par un bar, puise être une pièce que quelqu’un puisse fermer.

Que dans le séjour, on puisse remuer. Il faut avoir la place de mettre la télé, les ordinateurs, les planches à roulettes, les machines à laver… Où est-ce qu’on met tout ça ?

Le Corbusier avait lancé un slogan : « Le logement est une machine à habiter ». Au fond, une des questions d’aujourd’hui est de savoir comment faire de la place aux machines dans l’habitat. Le logement, non pas idéal mais habitable, fait de la place aux hommes, mais aussi à tous les accessoires avec lesquels il arrive à vivre… sans divorcer le lendemain. Le mauvais logement est une parfaite machine à briser les gens.

Quand on construit du logement social – et c’est pour cela qu’il faut faire des efforts de bienveillance désespérés envers les autres – on ne sait pas pour qui on construit.

Dans une maison, on a un habitant, un sujet, une famille, des récits. Dans le logement collectif, on est obligé de rendre les choses plus neutres pour qu’elles soient davantage détournées par les vies de chacun.

Je me moque toujours de ces amis architectes désolés de ce que les habitants font de leur appartement. Mais ils font leur maison ! Le rapport d’un habitant avec son appartement n’est pas celui d’un escargot avec sa coquille. Tout le monde cite cette phrase : « L’homme habite poétiquement », sans penser à ces enjeux. D’accord, mais ça veut dire quoi ? Ça signifie qu’il transforme, qu’il est créatif. »

Paul CHEMETOV, architecte - urbaniste. Extrait d’un entretien

avec Aurélie Champagne pour Rue89.com, septembre 2012

S’INSCRIRE DANS LA VILLE ANCIENNE Dans la ville ancienne, le logement des pauvres voisinait autrefois avec celui des plus riches, dans les taudis des arrière-cours ou les soupentes des combles. Puis il fut relégué aux périphéries des villes, dans les « banlieues ». Le logement social fait aujourd’hui son retour dans les centres anciens, par le biais d’opérations publiques à l’échelle de quartiers ou d’immeubles, et avec la volonté de favoriser les mixités, tant sociales qu’intergénérationnelles.

APERÇUS de quelques thématiques qui illustrent les capacités de l’habitat social, outre son premier rôle d’offrir des logements de qualité, à composer avec des contextes variés, jusqu’à parfois y devenir invisible, mais tout en influençant durablement le cadre de vie des villes, des bourgs et des espaces péri-urbains.

Toujours à Nantes, à une échelle qui pourrait être celle de n’importe quel centre-bourg du département, la transformation d’une maison de ville et de son jardin en 5 logements sociaux (Drodelot, 2011 pour Habitat 44) est un exemple remarquable de mutation en douceur d’un élément de patrimoine vers un ensemble d’habitat social plein de charme.

Une autre manière d’intégrer la ville est de restaurer son patrimoine historique et, sans le petit panneau de l’opérateur social apposé sur un portail de la rue Mathelin-Rodier, entre cathédrale et château de Nantes, nul ne saurait que les immeubles et hôtels particuliers récemment restaurés en périphérie et au cœur de cet îlot abritent des logements sociaux (Pericolo, 2013 pour Nantes Habitat).

Le choix de l’association Habitat et Humanisme de rénover deux immeubles du XIXe siècle à Nantes est riche de sens, par l’opulence de leurs façades et par leur implantation, en limite exacte entre la rue de la Bastille et ses riches hôtels particuliers et la rue des Dervallières menant au quartier du même nom. L’ensemble rénové (Pellegrino, 2014) abrite une maison intergénérationnelle de 21 logements ouverts à des familles monoparentales et classiques, des seniors et des jeunes travailleurs, ainsi qu’une micro-crèche et un local associatif.

La restructuration du quartier Madeleine–Champ de Mars à Nantes a permis l’implantation de plusieurs opérations d’habitat social, par des rénovations ou de nouvelles implantations en « réparation » du tissu urbain. L’immeuble Delrue (Unité et Yannick Bohuon, 2009 pour Atlantique Habitations et Bâti Nantes) montre cette attention portée à l’existant.

PRADENN à Saint-Herblain - Maître d’ouvrage HABITAT 44 - BLOCK et GUINÉE-POTIN architectes, 2013

ARBORA à La Chapelle-des-Marais - Maîtrise d’ouvrage SILÈNE - ARLAB architectes, 2011

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Logement socialDOSSIER :

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BibliographieALTHABE Gérard, LEGE Bernard, SELIM Monique : Urbanisme et réhabilitation symbolique, Ivry-Bologne-Amiens, éditions Anthropos, 1984.

CASTEX (Jean), DEPAULE (Jean-Charles), PANERAI (Philippe), Formes urbaines de l’îlot à la barre, Marseille, Parenthèses, 1997, [1ère édition 1977].

DONZELOT Jacques, MEVEL Catherine, WYVEKENS Anne : Faire Société. La politique de la ville aux Etats-Unis et en France. Seuil, La couleur des Idées, 2003

DRUOT Frédéric, LACATON Anne, VASSAL Jean-Philippe : « + PLUS, les grands ensembles de logements, Territoires d’exception », étude réalisée pour le Ministère de la Culture et de la Communication, Direction de l’Architecture et du Patrimoine, Avril 2004.

DUFAIX Alain, FOURCAULT Annie, SKOUTELSKY Rémy : Faire l’histoire des grands ensembles. Bibliographie 1950-1980. ENS Ed.Coll. Sociétés, espaces, temps, 2003.

ELEB Monique. VIOLEAU Jean-Louis : Entre voisins. Dispositif architectural et mixité sociale, Les Editions de l’Epure, Recherche d’architecture, Paris, 2000.

EPTEIN Renaud : La Rénovation urbaine ; Démolition-reconstruction de l’État, coll. « Académique », éd. Presses de Sciences-Po, Paris, 26 mars 2013.

FLAMAND Jean-Paul : Loger le peuple, essai sur l’histoire du logement social. Ed La Découverte/textes à l’appui 1989.

FOURCAUT Annie (sous la direction de) : La ville divisée. Les ségrégations urbaines en question. France XVIIIe-XXe siècles. CREAPHIS, 1996.

HALGAND Marie-Paule et PASQUIER Elisabeth : La construction d’un patrimoine De l’Office public d’HBM à Nantes Habitat. Editions Nantes Habitat, 1993.

KAUFMANN Jean-Claude : La vie HLM. usages et conflits, Economie et humanisme. Les éditions ouvrières, Paris, 1983.

KLEIN (Richard), MONNIER (Gérard), Les années ZUP. Architectures de la croissance, Paris, Picard, 2002.

KROLL Lucien (atelier) : Enfin chez soi… Réhabilitation de préfabriqués. Berlin-Hellersdorf, L’harmattan à Paris et WoGeHe à Berlin, Octobre 1996.

LEGER Jean-Michel : Derniers domiciles connus, Editions Créaphis, Paris, 1990.

LEVY-VROELANT Claire, TUTIN Christian (sous la direction de) : Le logement social en Europe au début du XXIeme siècle. La révision générale. PUR, 2010.

PETONNET Colette : On est tous dans le brouillard, ethnologie des banlieues, Edition Galilée, 1982.

PINSON D. : Voyage au bout de la ville, histoires, décors et gens de la ZUP, Nantes, ACL, 1989.

SEGAUD Marion, BRUN Jacques, DRIANT Jean-Claude (sous la direction de), Dictionnaire critique de l’habitat et du logement, Armand Colin, Paris, 2003.

RÉINVESTIR LES BOURGS L’implantation de logements sociaux dans le cœur ou en limite des bourgs anciens est une pratique récente, née à la fois de la volonté de faire revivre certains centres délaissés par le commerce et les familles, et de celle de favoriser la diversité de l’offre en logements, sociaux ou non, locatifs ou en accession, en direction de tous les budgets et de toutes les générations d’habitants. La demande d’habitat social est ici le catalyseur de bien des projets, ou fait partie intégrante de la programmation d’opérations de requalification de plus grande ampleur.

APERÇUS de quelques thématiques qui illustrent les capacités de l’habitat social, outre son premier rôle d’offrir des logements de qualité, à composer avec des contextes variés, jusqu’à parfois y devenir invisible, mais tout en influençant durablement le cadre de vie des villes, des bourgs et des espaces péri-urbains.

Aux Touches, c’est en prolongement direct du bourg qu’ont été réalisés 27 locatifs sociaux (Urbanmakers, 2013 pour Harmonie Habitat) de part et d’autre d’une nouvelle voie menant au groupe scolaire implanté en continuité.

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À Bouvron, c’est le jardin clos du presbytère qui a accueilli, en continuité du bourg, un ensemble de logements individuels, semi-collectifs et collectifs (Garo-Boixel, 2011 pour Habitat 44), organisés en typologies issues du monde rural. Les espaces extérieurs favorisent à la fois l’intimité et la rencontre.

La commune de Brains a pris la décision d’investir des friches et jardins d’un cœur d’îlot afin de réaliser des maisons groupées en accession et des logements collectifs (IP3, 2013 pour le CIF). De nouveaux espaces publics, rues et venelles, irriguent aujourd’hui le centre-bourg revivifié.

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Le bourg de l’Immaculée à Saint-Nazaire, à la suite d’une étude urbaine globale, a connu une extension majeure avec la création de 52 locatifs sociaux, individuels ou semi-collectifs, et la réalisation d’équipements publics (IDE.A, 2007 pour Silène).

SEGAUD Marion, BONVALET Catherine, BRUN Jacques (sous la direction de), Logement et habitat, l’état des savoirs, La découverte/textes à l’appui, Paris, 1998.

SERAJI Nasrine dir., Logement, Matière de nos villes, Paris, Picard, 2007.

TAPIE Guy : Sociologie de l’habitat contemporain. Vivre l’architecture. Parenthèses, collection eupalinos/série architecture, 2014.

TOPALOV Christian : Le logement en France - histoire d’une marchandise impossible, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1987.

VERRET Michel : L’espace ouvrier, Armand Colin, 1979.

L’exposition itinérante conçue et réalisée en 2007 par le Centre d’architecture Arc-en-Rêve de Bordeaux s’attaquait avec humour aux stéréotypes négatifs attachés à l’habitat social. Elle présente notamment quelques réalisations de Loire-Atlantique.

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n°12 - Septembre 2014 - Publication du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Loire-Atlantique25 rue Paul Bellamy - 44000 NANTES - Tél. 02 40 35 45 10 - E-mail : [email protected]

Directeur de publication : Vincent DEGROTTE - Rédacteur en chef : Christophe BOUCHER Comité de rédaction : Nadine BIZEUL, Emmanuelle BOMMÉ, Anne SARTHOU

Conception graphique : Nicolas BAUDCrédit photo : CAUE 44 (sauf mention contraire)

Dépôt légal : Juin 2002 - Imprimerie : Val Production Graphique - N° ISSN : 1637-4452

Le palmarès de la 7e édition du Prix départemental d’architecture, d’urbanisme et d’aménagement de Loire-Atlantique sera dévoilé le 4 décembre 2014 lors d’une cérémonie de remise des prix à Nantes. Sur environ 180 réalisations présentées par leurs maîtres d’ouvrage ou leurs concepteurs, 25 ont été pré-sélectionnées et visitées par le jury, et feront l’objet d’une publication réalisée par le CAUE. Parmi elles ont été désignées les opérations lauréates.

Le Printemps de l’Architecture en Pays de la Loire, co-organisé en 2013 par les membres de l’association Plan 5 (ARDEPA, Ordre des architectes, DRAC, Ecole d’ar-chitecture de Nantes, MATP d’Angers, Maison régionale de l’architecture, Union ré-gionale des CAUE) devient une biennale avec sa reconduction du 21 mars au 21 juin 2015. Le thème de la « dimension cachée », qui permet de questionner le rapport de chacun à l’espace, et de dévoiler des savoir-faire, enjeux ou qualités invisibles, donnera l’occasion à tous les partenaires, organismes, collectivités, professionnels du cadre de vie et associations, d’éclairer d’un jour nouveau les espaces du quotidien. Propositions d’actions à adresser par mail, avant le 30 septembre 2014, à [email protected]. Le programme des manifestations retenues sera consultable sur www.printempsarchitecture.fr.

En partenariat entre l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes, la Maison régionale de l’architecture des Pays de la Loire, l’ARDEPA et le CAUE de Loire-Atlantique, une série d’événe-ments met en lumière 15 ans de pro-duction architecturale et urbaine liée à l’habitat social en Loire-Atlantique.

PRIX DÉPARTEMENTAL D’ARCHITECTURE, D’URBANISME ET D’AMÉNAGEMENT 2014

PRINTEMPS DE L’ARCHITECTURE 2015 EN PAYS DE LA LOIRE

« 2000-2014 – 15 ANS D’HABITAT SOCIAL EN LOIRE-ATLANTIQUE »

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DEUX EXPOSITIONS

Architecture et habitat social en Loire-AtlantiqueDu 19 septembre au 31 octobre 2014 - École nationale supérieure d’architecture de Nantes – du mercredi au samedi de 13h30 à 18h30Exposition conçue et réalisée par le CAUE de Loire-Atlantique, en collaboration avec l’ensa de Nantes, sur la production de logements sociaux dans le département depuis 15 ans, vue sous l’angle de la qualité architecturale, urbaine et paysagère.

Paroles d’architectes… A propos du logement socialDu 19 septembre au 28 novembre 2014 - Maison régionale de l’architecture, 17 rue La Noue Bras de Fer à Nantes – du lundi au vendredi de 9h à 12h30 et de 14 h à 17h30.Exposition sonore de la Maison régionale de l’architecture, à partir du travail de Marie Tesson, étudiante en architecture, et de ses entretiens avec des architectes nantais travaillant sur le logement social.

DEUX TABLES RONDES

Habitat social et développement des territoiresJeudi 18 septembre 2014 – de 18h30 à 20h - Auditorium de l’Ecole d’architecture de NantesTable ronde réunissant les acteurs de la définition des politiques d’habitat social et leurs traductions à différentes échelles territoriales, depuis le département jusqu’aux communes.

Logement social, les paradoxes de l’innovationMardi 30 septembre 2014 - de 18h30 à 20h - Auditorium de l’Ecole d’architecture de NantesTable ronde réunissant bailleurs sociaux, architectes et représentants d’habitants sur les évolutions des demandes et contraintes (économie, BBC, handicap…) en matière d’habitat social, et sur leurs traductions dans la conception architecturale contemporaine.

3 PROJECTIONS-DÉBATSMise en perspective historique du logement social en France, avec deux expérimentations anciennes et une contemporaine.XIXe siècle : Le Familistère de Guise Jeudi 25 septembre 2014 19h – Ecole d’architecture de NantesEnsemble de logements et d’équipe-ments construits au milieu du XIXe siècle par l’industriel Godin pour ses ouvriers et leurs familles à Guise dans l’Aisne. Projection du film « Le Familistère de Guise, une cité radieuse au XIXe siècle »

XXe siècle : Firminy-Vert Jeudi 9 octobre 2014 19h – Ecole d’architecture de NantesQuartier d’habitations et d’équipements réalisé dans les années 50 à l’initiative d’Eugène Claudius-Petit sur les principes du Mouvements moderne, avec notamment une Unité d’habitation, une église, un stade et une Maison de la culture conçus par Le Corbusier. Ensemble protégé en ZPPAUP avec une opération ANRU. Projection du film « Firminy, le maire et l’architecte »

XXIe siècle : L’opération IGLOO à Nantes Jeudi 16 octobre 201419h – Ecole d’architecture de NantesRéalisation en 2014 de 6 logements sociaux à Nantes pour des familles en difficulté, avec leur participation à la construction dans une démarche d’insertion professionnelle. Partenariat Nantes Habitat, Ville de Nantes, association de solidarité. Projection du film : « Construire et se reconstruire ».

UNE JOURNÉE DE VISITEProjet urbain communal et habitat social23 octobre 2014Journée de visite organisée par le CAUE 44 et proposée aux élus et techniciens des collectivités. 3 visites de quartiers récents, incluant des logements sociaux, guidées par les acteurs des projets, destinées à mettre en évidence l’implication des collectivités et échanger sur les outils et méthodes utilisés.

Renseignements et inscriptions : 02 40 35 45 10

[email protected].

Dans le cadre de ses initiatives destinées à mieux informer et à rendre plus accessible ses ressources documentaires, le CAUE a mis en ligne un portail documentaire.Au service de tous les publics  : en accédant à l’ensemble des ressources documentaires du CAUE 44.Au service des collectivités territoriales de la Loire-Atlantique : en bénéficiant d’un accès personnalisé permettant de consulter les documents spécifiquement dédiés à la collectivité (études CAUE, photos, ouvrages, articles…).Le portail documentaire du CAUE

www.caue-docouest.com

ARCHIVESLes anciens nos de la Lettre d’Informa-tion du CAUE sont téléchargeables sur www.caue44.comN° 1 Aménager/développer sa

commune avec la loi SRUN° 2 L’espace est un patrimoineN° 3 Architecture contemporaineN° 4 Dimension(s) paysagère(s)N° 5 Le patrimoine de paysN° 6 Urbanité(s)N° 7 Tourisme et territoiresN°8 Nouveaux quartiersN°9 1979-2009 : des maisons solaires

au développement durableN° 10 De la pierre à l’herbe, des

cimetières en mutationsN° 11 Renouvellement urbain

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