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La Lettre d’information de l’Institut océanographique Paul Ricard - N°14 - 2015 1 // OCÉANOGRAPHIE Climat / Dossier LITTORAL ÉTAT DE SANTÉ UN LIVRE BLEU POUR LA MER LA MÉDITERRANÉE SE RÉCHAUFFE-T-ELLE ? ISSN 1635-3064 N°14 - 2015 OCÉAN Le Maître du climat

Lettre d'information n°14 2015

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Océan - Le maître du climat. Entretien avec Françoise Gaill.

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  • La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 20151

    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

    LITTORALTAT DE SANT

    UN LIVRE BLEUPOUR LA MER

    LA MDITERRANESE RCHAUFFE-T-ELLE ?

    ISSN 1635-3064

    N14 - 2015

    OCAN Le Matre du climat

  • N14 - 2015 - La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard2

    Directrice de la publication : Patricia Ricard - Rdacteur en chef : Christian Frasson-Botton Rdaction : Jean-Luc Bonnefont, Karine Braneyre, Isabelle Croizeau, Christian Frasson-Botton, Patrick Lelong, Yvan Martin, Alain Riva, Nardo Vicente - Maquette : Ouvrebote, Marseille - Impression : Espace Imprimerie, Marseille. Papier 100% recycl, label Imprimvert 2009.Dpt lgal : septembre 2015.

    LA LETTRE D'INFORMATION DE L'INSTITUT OCANOGRAPHIQUE PAUL RICARDN14 - 2015

    Locan est essentiel la vie, il est la source de lair que nous respirons et de leau que nous buvons.

    Il faut avoir la vision lucide de notre Terre comme une le au milieu de locan mondial. Nous sommes de fait sur un bateau nomm Terre.

    Parmi les changements de paradigmes que nous vivons aujourdhui, il en est un essentiel, celui de linversion de notre rapport au Vivant et lacceptation nouvelle de nos destines lies. Comme toutes les espces sur la plante, nous dpendons du climat, de leau et de lair pour notre survie. De fait, nous dpendons tous de locan, vritable Matre du climat.

    Seul un ocan vivant et en bonne sant pourra continuer nous offrir les services cosystmiques et les solutions dadaptation et dattnuation face au changement climatique. Son tude et sa prservation doivent devenir notre feuille de route pour rendre nos socits plus durables.

    Aussi, jespre que locan sera non seulement latout surprise mais latout solutions de ce grand dfi plantaire que reprsente la 21e Confrence mondiale sur le climat, Paris.

    Lheure est vraiment venue de connatre et protger la mer, en rfrence la devise fondatrice de lInstitut ocanographique Paul Ricard, qui va clbrer en 2016 son cinquantime anniversaire.

    Merci Franoise Gaill, directrice au CNRS et administratrice de notre Institut, pour sa contribution : Ocan - Le Matre du climat , que je vous invite dcouvrir dans ce numro de La Lettre dinformation.

    Patricia RicardPrsidente de lInstitut ocanographique Paul Ricard

    Institut ocanographique Paul Ricard le des Embiez83140 Six-Fours-les-PlagesTl : 04 94 34 02 49E-mail : [email protected]

    // OCANOGRAPHIE

    Climat / DossierOCAN - LE MATRE DU CLIMATEntretien avec Franoise Gaill, directrice de recherche au CNRS

    1/ Rle majeur de locan dans la machinerie climatique2 / Le changement climatique, ses effets sur locan, ses habitants et le littoral3 / Les solutions issues de locan pour contribuer lutter contre le changement climatique

    LA MDITERRANE SE RCHAUFFE-T-ELLE ?La contribution de lInstitut ocanographique Paul Ricard la problmatique du changement climatique

    Biodiversit Littoraltat de sant

    // DVELOPPEMENT DURABLE

    Gestion environnementale Faire de Marseille une grande mtropole de la mer Focus sur Didier Rault, adjoint la mer et au littoral de la ville de Marseille

    Un SCoT pour la merVolet littoral et maritime du Schma de Cohrence Territoriale Provence Mditerrane

    // INFORMATION - SENSIBILISATION

    Carnet de bord

    // ASSOCIATION

    PARTENAIRES Entretien avec Pierre BoisseryExpert pour la mer et le littoral mditerranen lAgence de leau Rhne Mditerrane Corse

    Catherine Chabaud aux EmbiezCap sur la COP 21

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    Photo de couverture - Linteraction entre ocan et atmosphre, la source de lvolution du systme climatique (Ph. Fotolia-G. Andrushko).

    REVUE DINFORMATION DE LINSTITUT OCANOGRAPHIQUE PAUL RICARDPublie sous les titres : Bulletin de la Fondation scientifique Ricard / Observatoire de la mer, de 1974 1980 (Nos 1 3) ; Revue de la Fondation ocanographique Ricard, de 1980 1985 (Nos 4 8) ; Ocanorama / Fondation ocanographique Ricard, puis Institut ocanographique Paul Ricard, de 1986 2002 (Nos 9 32) ; La Lettre dinformation.

  • La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 20153

    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

    OcanLe Matre du climat

    1 / Rle majeur de locan dans la machinerie climatique

    2 / Le changement climatique, ses effets sur locan, ses habitants et le littoral

    3 / Les solutions issues de locan pour contribuer lutter contre le changement climatique Ph

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    ENTRETIEN AVEC FRANOISE GAILLDirectrice de recherche au CNRS

    Coordinatrice scientifique de la Plateforme Ocan & ClimatAdministratrice de lInstitut ocanographique Paul Ricard

    Le climat de la plante se prsente comme une grande machinerie dont lextrme complexit nous chappe encore sur diffrents aspects. Dans lespace et dans le temps, son fonctionnement est rgi par la mise en uvre de rouages qui actionnent plusieurs composantes : latmosphre ; la lithosphre (crote terrestre) ; lhydrosphre (mers, ocans, lacs, cours deau) ; la cryosphre (glaces) et la biosphre (tres vivants).

    Quant lnergie ncessaire au fonctionnement du systme, elle est fournie en majorit par lactivit solaire. Et sa diffusion gographique et saisonnire sur la Terre dpend de paramtres astronomiques, tels que la rotondit de la plante, linclinaison de son axe de rotation et de son orbite autour de notre toile, qui varient eux-mmes sur des cycles de quelques dcennies plusieurs dizaines de millnaires.

    Les diffrentes aires climatiques rsultent donc de cette variabilit de la quantit dnergie solaire atteignant la Terre. Cest elle qui conditionne la rpartition des tres vivants. Mais ce nest pas tout : ce phnomne naturel se combine dautres qui le sont aussi, savoir la manire dont les circulations atmosphrique et ocanique redistribuent cette nergie reue. Sajoute un effet de serre d labsorption et la rmission atmosphrique du rayonnement infrarouge par la surface de la Terre vers le ciel.

    Voil pour les explications des diffrences du climat telles quelles existent naturellement depuis la nuit des temps. Mais tout a commenc changer graduellement partir de la rvolution industrielle du XIXe sicle.

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    >>Directrice de la publication : Patricia Ricard - Rdacteur en chef : Christian Frasson-Botton Rdaction : Jean-Luc Bonnefont, Karine Braneyre, Isabelle Croizeau, Christian Frasson-Botton, Patrick Lelong, Yvan Martin, Alain Riva, Nardo Vicente - Maquette : Ouvrebote, Marseille - Impression : Espace Imprimerie, Marseille. Papier 100% recycl, label Imprimvert 2009.Dpt lgal : septembre 2015.

    LA LETTRE D'INFORMATION DE L'INSTITUT OCANOGRAPHIQUE PAUL RICARDN14 - 2015

    Locan est essentiel la vie, il est la source de lair que nous respirons et de leau que nous buvons.

    Il faut avoir la vision lucide de notre Terre comme une le au milieu de locan mondial. Nous sommes de fait sur un bateau nomm Terre.

    Parmi les changements de paradigmes que nous vivons aujourdhui, il en est un essentiel, celui de linversion de notre rapport au Vivant et lacceptation nouvelle de nos destines lies. Comme toutes les espces sur la plante, nous dpendons du climat, de leau et de lair pour notre survie. De fait, nous dpendons tous de locan, vritable Matre du climat.

    Seul un ocan vivant et en bonne sant pourra continuer nous offrir les services cosystmiques et les solutions dadaptation et dattnuation face au changement climatique. Son tude et sa prservation doivent devenir notre feuille de route pour rendre nos socits plus durables.

    Aussi, jespre que locan sera non seulement latout surprise mais latout solutions de ce grand dfi plantaire que reprsente la 21e Confrence mondiale sur le climat, Paris.

    Lheure est vraiment venue de connatre et protger la mer, en rfrence la devise fondatrice de lInstitut ocanographique Paul Ricard, qui va clbrer en 2016 son cinquantime anniversaire.

    Merci Franoise Gaill, directrice au CNRS et administratrice de notre Institut, pour sa contribution : Ocan - Le Matre du climat , que je vous invite dcouvrir dans ce numro de La Lettre dinformation.

    Patricia RicardPrsidente de lInstitut ocanographique Paul Ricard

    Institut ocanographique Paul Ricard le des Embiez83140 Six-Fours-les-PlagesTl : 04 94 34 02 49E-mail : [email protected]

    // OCANOGRAPHIE

    Climat / DossierOCAN - LE MATRE DU CLIMATEntretien avec Franoise Gaill, directrice de recherche au CNRS

    1/ Rle majeur de locan dans la machinerie climatique2 / Le changement climatique, ses effets sur locan, ses habitants et le littoral3 / Les solutions issues de locan pour contribuer lutter contre le changement climatique

    LA MDITERRANE SE RCHAUFFE-T-ELLE ?La contribution de lInstitut ocanographique Paul Ricard la problmatique du changement climatique

    Biodiversit Littoraltat de sant

    // DVELOPPEMENT DURABLE

    Gestion environnementale Faire de Marseille une grande mtropole de la mer Focus sur Didier Rault, adjoint la mer et au littoral de la ville de Marseille

    Un SCoT pour la merVolet littoral et maritime du Schma de Cohrence Territoriale Provence Mditerrane

    // INFORMATION - SENSIBILISATION

    Carnet de bord

    // ASSOCIATION

    PARTENAIRES Entretien avec Pierre BoisseryExpert pour la mer et le littoral mditerranen lAgence de leau Rhne Mditerrane Corse

    Catherine Chabaud aux EmbiezCap sur la COP 21

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    Photo de couverture - Linteraction entre ocan et atmosphre, la source de lvolution du systme climatique (Ph. Fotolia-G. Andrushko).

    REVUE DINFORMATION DE LINSTITUT OCANOGRAPHIQUE PAUL RICARDPublie sous les titres : Bulletin de la Fondation scientifique Ricard / Observatoire de la mer, de 1974 1980 (Nos 1 3) ; Revue de la Fondation ocanographique Ricard, de 1980 1985 (Nos 4 8) ; Ocanorama / Fondation ocanographique Ricard, puis Institut ocanographique Paul Ricard, de 1986 2002 (Nos 9 32) ; La Lettre dinformation.

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    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

    La grande machinerie sest alors emballe, pour le moins drgle, avec le rejet annuel de plusieurs milliards de tonnes de carbone dans latmosphre. Et mme si la vgtation et locan mondial en absorbent environ la moiti, les conclusions du 5e Rapport dvaluation du Groupe dexperts intergouvernemental sur lvolution du climat (GIEC) (1) sont claires : limplication des activits humaines dans le rchauffement climatique en cours est sans contestation possible, avec des consquences graves, dangereuses, voire irrversibles pour le monde vivant si on ny oppose pas en urgence des solutions rapides et globales.

    Franoise Gaill : Ocan et climat sont intimement lis, et nous sommes en train de bouleverser les grands quilibres : locan sest rchauff jusqu 3000 mtres de profondeur, il devient plus acide en absorbant plus de gaz carbonique ; le niveau des mers monte de 1,7 millimtre par an, menaant les ctes et les les.

    Cest une nouvelle alerte des scientifiques lgard des dcideurs et des citoyens. Avec quelques chapitres qui lui sont consacrs dans ce rapport du GIEC, cest aussi lamorce dune prise en compte de locan comme lun des acteurs majeurs de la machinerie climatique. Lavance des connaissances permet aujourdhui de mieux valuer limportance de son rle et ses vulnrabilits, mais les incertitudes scientifiques restent encore grandes et nombreuses. Un rapport spcial du GIEC sur locan serait donc dune grande valeur ajoute.

    Entretien avec Franoise Gaill, une ocanographe qui compte 34 plonges profondes jusqu 4000 mtres, bord de diffrents types de sous-marins. Expertise dune militante engage au sein de la Plateforme Ocan & Climat, qui a pour objectif de faire reconnatre la voix de locan au niveau international, dans la perspective de la COP21 (2).

    (1) Ce Rapport publi le 2 novembre 2014 a t tabli partir de plus de 30 000 documents scientifiques.

    (2) La 21e Confrence des parties (COP) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques se tiendra Paris, du 30 novembre au 11 dcembre 2015.

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    PARCOURS

    FRANOISE GAILL

    APRS DES TUDES LUNIVERSIT PIERRE ET MARIE CURIE ET UN DEA DE ZOOLOGIE EXPRIMENTALE (1971), FRANOISE GAILL ENTAME UNE CARRIRE DE CHERCHEUR DANS LE LABORATOIRE DE BIOLOGIE DES INVERTBRS MARINS DU MUSUM NATIONAL DHISTOIRE NATURELLE (PARIS) : UN DOMAINE QUI DEMEURERA MA PASSION TOUT JAMAIS , PRCISE-T-ELLE.

    La carrire de la jeune scientifique prend une nouvelle dimension lorsquelle intgre le CNRS (1973) et obtient un doctorat dtat (1981).

    Franoise Gaill travaille alors dans diffrents laboratoires, dont la station biologique de Roscoff (1993 - 1998). Elle cre un centre de microscopie lectronique inter-universitaire Jussieu (1999), dans lUMR Biologie du dveloppement .

    En 2003, elle participe la cration dune nouvelle unit mixte de recherche au sein du CNRS : Systmatique, adaptation, volution , quelle codirige de 2003 2008. Ce laboratoire est centr sur la biodiversit marine.

    La directrice de recherche au CNRS est alors nomme la direction du dpartement Environnement et dveloppement durable en 2008. Elle est charge de mettre en place le nouvel Institut cologie et environnement (INEE) du CNRS, et en assumera la direction jusquen 2013.

    Paralllement, ds 2006, Franoise Gaill rejoint la direction du CNRS comme dlgue scientifique dans le dpartement des sciences de la vie, en charge des Affaires internationales.

    Au cours de sa carrire, cette scientifique a particip une trentaine de campagnes ocanographiques internationales et compte une trentaine de plonges profondes.

    Je pensais, dans les annes 1975, que nous navions plus rien dcouvrir sur le milieu marin profond. Or, les nouvelles technologies et les sous-marins ont prouv le contraire. Les milieux extrmes mont passionne. .

    Franoise Gaill met notamment en vidence lun des mcanismes molculaires permettant aux organismes de sadapter aux tempratures leves des fluides hydrothermaux des dorsales ocaniques ; elle dcouvre de nouveaux modes de dveloppement et dassociations symbiotiques.

    Aprs avoir t prsidente du Comit oprationnel Recherche et innovation du Grenelle de la mer, lanc en 2009, cette scientifique a particip la cration de lAlliance nationale pour les sciences de lenvironnement (Allenvi) dont elle est devenue vice-prsidente Programmation recherche en 2011. Elle fait partie du Conseil national de la mer et des littoraux.

    Franoise Gaill est conseiller scientifique auprs de la direction du CNRS (INEE). Elle simplique dans de nombreuses instances internationales comme lEuropean Science Foundation (ESF).

    Elle a particip plusieurs conseils scientifiques duniversits, dorganismes ou dagences de recherche. Elle est conseiller ou administrateur dtablissements de recherche et de fondations dentreprise : Total, Veolia, Institut ocanographique Paul Ricard, Tara. Elle est membre du comit dthique de lINRA et du CIRAD, et prside le Conseil dorientation stratgique et scientifique de la flotte ocanographique franaise (COSS). Elle participe aux travaux des Nations Unies sur le premier tat des lieux des ocans (World Ocean Assessment).

    Les travaux de Franoise Gaill ont fait lobjet de plus de 130 publications et donn lieu plusieurs brevets dont un, lalvinellicine, est un antibiotique.

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  • La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 20155

    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

    FRANOISE GAILL, VOTRE EXPERTISE VOUS A CONDUIT PARTICIPER AUX TRAVAUX DES NATIONS UNIES SUR LE PREMIER TAT DES LIEUX DES OCANS (WORLD OCEAN ASSESSMENT). VOUS ASSUREZ AUSSI LA COORDINATION SCIENTIFIQUE DUNE PLATEFORME QUI MET EN AVANT LE RLE DE LOCAN DANS LA MACHINERIE CLIMATIQUE. POURQUOI CET ENGAGEMENT ?

    En effet, lONU va publier en 2015 le premier tat des ocans. Ce sera une bible , un tat zro de nos connaissances sur les ocans, une source de donnes colossale.

    Mais un questionnement sur limpact des transformations en cours dans les ocans, en relation avec le climat, sera absent, car il sagissait dune dcision de ne pas traiter ce que le GIEC prenait en main.

    Or, si la temprature de leau des ocans slve, dun point de vue physique, leau va se dilater (3) et son volume augmenter. Le niveau des mers va donc monter, avec des rpercussions sur la biodiversit et les socits humaines.

    Je pense quaujourdhui le climat est un domaine qui intresse chacun dentre nous parce quil est mondial, et que le changement climatique est vu jusqu prsent comme rsultant des activits humaines et affectant principalement les habitants des continents. Et on nglige encore limportance des ocans dans ce domaine.

    ALORS, QUEL EST LE RLE MOTEUR DE LOCAN DANS LVOLUTION DU CLIMAT ?

    un niveau extrmement simple, si on pense que le changement climatique repose uniquement sur le rejet dlments influant sur leffet de serre, on oublie que tout vient du soleil, fournisseur de lnergie, que tous les tres vivants - et nous humains -, utilisons et exploitons dune certaine manire.

    Mais ce que nous dgageons et produisons (4) fait cran cette nergie solaire diffuse vers la Terre. Donc, on perd un certain nombre de choses, une certaine intensit de rayonnement, mais ce qui est pass travers ce filtre est recycl ou stock dans locan (voir en p. 7 : Locan - Thermostat de la plante, ndlr).

    Cet aspect est peu connu du grand public.

    (3) En savoir + sur la dilatation de leau : http://education.meteofrance.fr/college/activites-experimentales/l-eau/la-dilation-de-l-eau

    (4) Particules fines, vapeur deau, divers gaz

    1/ Rle majeur de locan dans la machinerie climatique

    OCAN, LE MATRE DU CLIMAT

    Ocan et climat sont intimement lis,

    et nous sommes en train de

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    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

    PLUS CONCRTEMENT, QUELS SONT LES ACTEURS DE CETTE CAPTATION DU GAZ CARBONIQUE DE LATMOSPHRE ?

    Cest un sujet qui est lordre du jour, car il existe diffrents principes, de ce que lon appelle pompes ou puits, qui accumulent le carbone. Ceux-ci sont capables de le recycler, de lutiliser autrement, sintgrant dans un systme dquilibres naturels, dont on commence avoir une petite ide, mais qui reprsente toujours un vaste domaine explorer.

    Dans cette vision, le vivant est quelque chose de dterminant, et mme si les phnomnes physiques sont encore prpondrants, la biodiversit sera dterminante.

    Considres comme des puits de carbone indispensables, les forts sont des ttes dpingles, compares aux ocans.

    Dans limmdiat, nous ne connaissons quune partie de laction du plancton marin et des microbes associs, mais une chose est sre, cette pompe biologique ocanique participe dune manire non ngligeable labsorption du gaz carbonique.

    Par rapport un tel schma, il nous reste dterminer lensemble des interactions avec les autres espces, les autres environnements et comprendre comment tout sarticule pour finalement aboutir une stabilit au cours du temps, puisque la plante Terre est relativement tranquille depuis vingt sicles.

    EN ABSORBANT EN PARTIE LE GAZ CARBONIQUE QUE NOUS METTONS, LOCAN EST UN RGULATEUR NATUREL DU CLIMAT. MAIS AVEC LACCROISSEMENT DE LA CONCENTRATION DE CE GAZ, QUE VA-T-IL SE PASSER ? QUELS SERAIENT LES SCNARIOS SUR LE CLIMAT FUTUR ?

    videmment, les scnarios sont lchelle de plusieurs dizaines dannes, parce que les modles dont nous disposons aujourdhui sont ceux qui ont une incidence moyen terme, car nous ne savons pas traiter les scnarios court terme, cest--dire que le niveau dincertitude est trs grand.

    Mais pour la premire partie de votre question, nous pouvons dire de faon sre, que nous constatons une augmentation de la temprature de locan depuis un certain temps (voir en p. 7 : Locan - Thermostat de la plante, ndlr).

    Sans locan, cette augmentation serait beaucoup plus importante que les deux degrs annoncs et souhaits pour 2100. Mais nous ne pouvons pas rellement lestimer, car les connaissances actuelles, ne nous permettent pas de dfinir avec exactitude comment locan, qui est un rservoir de chaleur, agit sur la rgulation thermique gnrale.

    Dautre part, si locan capte environ 25 % du CO2 que nous mettons aujourdhui, nous allons avoir certainement une acidification de leau avec ses consquences immdiates sur les populations littorales.

    Lacidification semble inluctable. Depuis le dbut de lre industrielle (1850), on a enregistr un accroissement de plus de 30 % de celle-ci, correspondant une baisse voisine de 0,1 unit pH, et je pense que nous devons en tenir compte (voir en p. 10 : Locan - Acidification en cours, ndlr).

    Suite de lentretien en page 13

    Considres comme des puits de carbone indispensables, les forts sont des ttes

    dpingles, compares aux ocans

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    Linfiniment petit constituant la majorit du plancton est mis en vidence la nuit par sa capacit produire une bioluminescence. Le phytoplancton bioluminescent est principalement compos de dinoflagells photosynthtiques qui se rencontrent prs de la surface.

    La canope forestire sexpose la lumire du soleil pour capter le maximum dnergie

    ncessaire la photosynthse.

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    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossiero

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    LOCAN THERMOSTAT DE LA PLANTE

    LOCAN MONDIAL (1) EST DTERMINANT POUR LE CLIMAT DE LA PLANTE. MAIS SA FONCTION DE RGULATEUR THERMOSTATIQUE EST PERTURBE PAR LE RCHAUFFEMENT PLANTAIRE CONSCUTIF LEFFET DE SERRE.

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    Locan est une norme machine thermique qui se rchauffe et se refroidit trs lentement. Ainsi, il peut stocker une quantit de chaleur environ mille fois suprieure celle de latmosphre, quil lui restitue sur des priodes plus ou moins longues.

    Les courants marins redistribuent lnergie thermique absorbe, grce la circulation ocanique engendre par les vents de surface, la rotation de la Terre et certaines proprits de locan, telles que la temprature et la salinit.

    En surface, les masses deaux chaudes transportent la chaleur accumule sous les tropiques vers les ples. Cest le cas du Gulf Stream. Mais on observe aussi en profondeur des courants froids qui font le trajet inverse.

    la manire dun tapis roulant, cette circulation globale contribue redistribuer de la chaleur lchelle de la plante, tout en maintenant des changes permanents avec latmosphre.

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    UN RSERVOIR CHALEUR

    La capacit de locan stocker la chaleur est bien plus efficace que celles des continents et de latmosphre.

    Lexcdent de chaleur rsultant de laugmentation de la concentration atmosphrique des gaz effets de serre (2) est absorb 93 % par locan. Ce qui attnue llvation de la temprature dans latmosphre.

    Mais labsorption de ce surplus de chaleur induit forcment un lger rchauffement des eaux marines qui est sensible au moins jusqu 700 mtres de profondeur. Il atteint dsormais les rgions polaires et se propage vers lensemble des bassins ocaniques, ce qui nest pas sans consquences sur les proprits et la dynamique de locan, sur les changes avec latmosphre et les cosystmes marins.

    Et mme si les missions de gaz effet de serre (2) sinterrompaient aujourdhui, les effets lis au rchauffement de locan se poursuivraient encore pendant des dcennies.

    EFFET DE SERRE ET ALBDO

    Ce que lon appelle effet de serre est un phnomne naturel et important dans la rgulation du climat sur Terre. Sans lui, la temprature moyenne serait de 18C au lieu de +15C, et la vie nexisterait peut-tre pas.

    Les gaz qui en sont responsables sont naturellement peu abondants dans latmosphre, principalement vapeur deau, gaz carbonique et mthane.

    Mais du fait du dveloppement de lactivit humaine depuis le XIXe sicle, la concentration de ces gaz effet de serre sest considrablement accrue dans latmosphre : celle du gaz carbonique de 40%, celle du mthane de plus de 150%.

    Le principe de leffet de serre est simple, tous les milieux ne rflchissent pas la lumire de la mme faon : les tendues de neige renvoient 80% de lnergie solaire ; le Sahara, 35% ; les forts tempres, 12% ; les forts sombres (rsineux), 5% et les ocans, entre 5 et 10%. Cette quantit de rayonnement solaire rflchie par la surface terrestre est appele albdo ou facteur de rflexion. Cette nergie rflchie se heurte au bouclier gazeux qui rmet de lnergie vers la Terre, entranant une hausse de la temprature, les espces vivantes tant en quelque sorte places sous serre.

    Si lon veut prdire lvolution de leffet de serre et de ses consquences, lutilisation de modles est indispensable. Cependant, limportance des rtroactions (positives ou ngatives), la physique des nuages et de nombreux autres paramtres rendent difficile la modlisation des phnomnes en relation avec le climat.

    Sources : Site Plateforme Ocan & Climat - ocean-climate.org, et site du ministre de lcologie, du Dveloppement durable et de lnergie : http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Comprendre-le-changement-.html

    (1) Form par les cinq ocans de la plante qui communiquent entre eux : Atlantique, Pacifique, Indien, Arctique et Austral.

    (2) Les principaux gaz sont le dioxyde de carbone ou CO2 (combustibles fossiles, dforestation), qui est le plus important en quantit ; le mthane (levages, marais...) ; le protoxyde dazote (engrais, agriculture) ; les hydrocarbures halogns dorigine industriel (gaz rfrigrants, arosols) et la vapeur deau, responsable des trois-quarts de leffet de serre total.http://www.fnh.org/francais/faq/effet_serre/gaz.htm

    moins que des mesures concrtes et efficaces soient mises en uvre urgemment pour lutter contre les changements climatiques,

    il sera impossible datteindre lobjectif dassurer que les tempratures naugmentent pas plus de 2C au niveau mondial.

    Ban Ki-moon, Secrtaire gnral des Nations Unies

    La quantit de gaz carbonique atmosphrique ne cesse daugmenter et ne peut pas tre compense par les pompes carbone que sont locan et la fort. Sans raction lchelle mondiale, le dsquilibre va se creuser sous leffet dune dforestation croissante (quelque 13 millions dhectares annuels) et dune consommation acclre dnergie fossile au travers de lactivit humaine : industries, transports

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    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

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    Augmentation de la temprature

    de leauAcidification

    Activits humaines

    Perturbations

    - de la croissance despces vgtales et animales :

    plancton, coraux...

    - des migrations ncessaires au dveloppement de

    certaines espces

    - des cosystmes littoraux : herbiers, mangroves, coraux

    Aggravation des impacts sur les ctes

    Intensification des cyclones,pluies, scheresse,

    dplacement des temptes

    Augmentation du niveau des ocans

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    CONSQUENCES BIOLOGIQUES

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    EFFET DE

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    Augmentation de la teneur en CO2 atmosphrique

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    Rchauffementdu sol

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    ATMOSPHRETERRESTRE

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    On estime seulement 70 % la quantit d'nergie solaire qui atteint la surface terrestre. Celle-ci est en partie rflchie sous forme d'infrarouges. Mais au lieu de se disperser pour une grande part dans lespace, ce rayonnement se heurte une sorte de bouclier form par les gaz effet de serre mis par lhomme (2). Cette chaleur pige est rmise vers la Terre, augmentant ainsi la temprature au sol.

    EFFET DE

    SERRE

    La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 20159

    Consquences de laugmentation DE LEFFET DE SERRE ET DU GAZ CARBONIQUE ATMOSPHRIQUE

    Daprs les fiches Plateforme Ocan & Climat - ocean-climate.org

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  • // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

    N14 - 2015 - La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard10

    LOCAN ACIDIFICATION EN COURS

    LE GAZ CARBONIQUE (CO2) - NATURELLEMENT PRSENT DANS LATMOSPHRE (0,035 %) -, EST PRODUIT PAR LES RUPTIONS VOLCANIQUES, LA RESPIRATION DES PLANTES, DES ANIMAUX ET DES HOMMES, LES INCENDIES SY AJOUTENT LES ACTIVITS HUMAINES UTILISANT LES NERGIES FOSSILES : TRANSPORTS, CHAUFFAGE, INDUSTRIES, AGRICULTURE, QUI SONT RESPONSABLES DUN ACCROISSEMENT RGULIER DU TAUX DE CE GAZ.

    Depuis 1750, la concentration en gaz carbonique (CO2) augmente rgulirement dans latmosphre, passant de 280 ppmv (part par million en volume) avant lre industrielle 363,71 ppmv en 1997, lors du Protocole de Kyoto sur la rduction des missions de gaz effet de serre, pour aboutir 400 ppmv en 2013. Cette augmentation de CO2 ne cesse de sacclrer depuis le milieu des annes 1960. Entre 2006 et 2013, elle atteignait en moyenne la valeur de 2,26 ppmv par anne.Environ un tiers du gaz carbonique produit par

    lactivit humaine est absorb par locan. Lorsque sa concentration augmente dans lair, elle slve aussi dans leau, en fonction de sa temprature et de la pression atmosphrique. Ce phnomne de dissolution forme spontanment de lacide carbonique et se traduit par une tendance lacidification des ocans.

    UNE CONSTRUCTION DU VIVANT

    Une augmentation dacide carbonique est lorigine de changements dans les quilibres chimiques de leau de mer. Il en rsulte un accroissement dions hydrognes (H+), responsables de lacidification (1), ce qui modifie le sens de la raction chimique conduisant aux carbonates (2), lments essentiels ncessaires aux vgtaux et aux animaux marins pour laborer leur squelette ou leur coquille : coraux, moules, hutres (3)

    Ce processus dacidification de locan est un changement majeur qui est en cours : le pH (1) a subi une diminution de 0,1 unit en quelque 200 ans, et certains modles statistiques prvoient une baisse plus importante : 0,3 unit dici 2100, si les rejets de CO2 dans latmosphre ne sont pas rduits.

    On ne connat pas bien encore les effets de lacidification de locan, et surtout sur ses composants coquille calcaire : coc-colithophorides (voir photo), ptropodes, foraminifres, algues corallines, coraux, coquillages Son interaction avec dautres modifications environnementales reste aussi mal connue. Toute la biodiversit et les rseaux trophiques risquent dtre perturbs.

    (1) Lacidification est la diminution du pH, qui est lunit de mesure de lacidit dun liquide sur une chelle de 1 14, la neutralit correspondant 7. Un milieu devient acide au-dessous et alcalin au-dessus de cette valeur. Le pH de leau de mer est lgrement alcalin et varie entre 7,5 et 8,3 selon le lieu. Actuellement, on considre que le pH moyen des ocans est de 8,2. Celui-ci pourrait voluer progressivement vers le bas si la concentration en CO2 continue daugmenter. Lacidification est un processus en cours, mais locan ne deviendra pas pour autant un milieu acide.(2) www.us-ocb.org / www.epoca-project.eu - FAQ sur lacidification des ocans. Ocean Carbon & Biogeochemistry (mars 2010).(3) Les squelettes de ces organismes vivants reprsentent une pompe biologique qui squestre le carbone sous forme de carbonate de calcium. Ces squelettes finiront par sdimenter sur le fond.

    Source : Site Plateforme Ocan & Climat - ocean-climate.orgEn savoir + : http://www.planetoscope.com/co2/261-emissions-mondiales-de-co2-dans-l-atmosphere.htmlhttp://i2i.stanford.edu/AcidOcean/AcidOcean_Fr.htmhttp://www.nature.com/nclimate/journal/vaop/ncurrent/full/nclimate2616.html

    Le gaz carbonique se combine leau pour donner de lacide carbonique qui se transforme en bicarbonates et carbonates, aboutissant un quilibre chimique entre ces trois constituants. Les carbonates sassocient au calcium pour former du calcaire qui prcipite vers le fond des ocans o il finit par former de la roche sdimentaire (pompe physique du carbone).

    CO2 dissous

    Acide carbonique

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  • // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

    VICTIMES ET TMOINSLacidification des ocans provoque des effets nfastes sur les organismes squelette ou coquille calcaire.

    Les coccolithophorids sont des microalgues calcaires (imagerie en 3D). Une tude a montr que la scrtion du squelette calcaire diminue quand les eaux marines deviennent plus acides. Elle a permis aussi dobserver au large du Chili, dans les eaux les plus acides de locan actuel (pH de 7,6 7,9), des coccolithes trs calcifis, contrairement la tendance gnrale. La capacit dadaptation de ce groupe reste encore inconnue (source : insu.cnrs.fr).

    La calcification de la moule comestible, Mytilus edulis et de lhutre, Crassostrea gigas diminue de manire linaire avec laugmentation du CO2 et la diminution du pH (source : insu.cnrs.fr).

    Les bnit iers gants v ivent en mi l ieu rci fa l . Ltude de la composition chimique et de la croissance de leur coquille fournit des informations sur les variations de lenvironnement sur plusieurs annes (source : monoil.ird.fr)

    Le blanchissement des coraux est un phnomne de stress provoqu par une hausse des tempratures ocaniques au-del de 30C, pouvant entraner la mort de lanimal (source : cnrs.fr). Avec lacidification des ocans, les coraux auront aussi de plus en plus de mal difier leur squelette calcaire.

    La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 201511

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    Les rcifs de coraux des Maldives (ocan Indien) subissent les effets du changement climatique. Leur blanchissement menace tourisme et pcheries.

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  • N14 - 2015 - La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard12

    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier// CLIMAT Dossier

    LOCAN CONCOURT DUNE MANIRE IMPORTANTE LA RGULATION DU CLIMAT ET AU MAINTIEN DE LA VIE. LE PLANCTON VGTAL UTILISE LE GAZ CARBONIQUE DE LATMOSPHRE POUR PRODUIRE PLUS DE LA MOITI DE LOXYGNE DE LAIR QUE NOUS RESPIRONS.

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    Un monde invisible lil nu prolifre sous la surface : le plancton. Compos de milliers despces dalgues et danimaux plus ou moins microscopiques en suspension dans leau, qui drivent au gr des courants, il reprsente plus de 95 % de la biomasse marine. Sa diversit est remarquable : virus, bactries, microalgues, larves dinvertbrs (oursins, crustacs, mollusques), petits crustacs plagiques, mduses, larves de poissons

    Le phytoplancton est un lment cl du cycle du carbone. Il est omniprsent dans la couche superficielle claire de locan et se comporte comme toutes les plantes vertes, cest--dire quil utilise lnergie du soleil pour raliser la photosynthse.

    Ce processus biologique est destin emmagasiner de lnergie sous forme de glucide (sucre). Il se caractrise par une absorption de gaz carbonique et un dgagement doxygne. La finalit est de constituer de la matire organique, ce que lon appelle la production primaire. Cest le premier maillon de la chane alimentaire marine, partir duquel dautres organismes non assujettis la photosynthse peuvent se nourrir.

    La biodiversit planctonique est vitale pour lactivit des pcheries. Elle constitue aussi lun des enjeux majeurs pour la rgulation du climat mondial.

    Les plantes marines, comme les Posidonies en Mditerrane ( gauche) et les grandes laminaires ( droite) vivent faible profondeur, l o pntre la lumire du soleil. De la mme faon que le phytoplancton, elles utilisent cette nergie pour raliser la photosynthse qui favorise labsorption du CO2.

    Diatomes marines rcoltes dans la mer dAmundsen (ocan Austral), au large de lAntarctique. Les diatomes sont des algues unicellulaires photosynthtiques, squelette siliceux. Elles font partie du phytoplancton et participe au pompage du carbone.

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    LOCAN POMPE CARBONE ET PRODUCTEUR DOXYGNE

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    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

  • La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 201513

    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

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    LES SPCIALISTES PARLENT AUJOURDHUI DE CHANGE-MENT CLIMATIQUE. QUELLE DIFFRENCE AVEC LE CHANGEMENT GLOBAL ?

    Le changement climatique est lun des aspects du changement global.

    En effet, le changement global est mes yeux beaucoup plus gnral. Cest un sujet dtude qui touche le monde entier. Il englobe du point de vue scientifique lensemble des disciplines et au plan politique toutes les consquences qui peuvent en dcouler lchelle de la plante, quelles soient conomiques, sociales ou environnementales.Nos propos nabordent que le changement climatique. Nanmoins, noublions pas que, in fine, le changement global est en cause.

    QUELLES VONT-TRE LES CONSQUENCES DU CHAN-GEMENT CLIMATIQUE, EN PARTICULIER LE RCHAUF-FEMENT DE LOCAN, SUR LES HABITANTS ET LE LITTORAL ?

    Avec laugmentation de la temprature de locan, la fonte des glaces polaires sacclre, en particulier de lArctique et du Groenland.(3) Cet apport massif deau douce va amplifier llvation du niveau des mers qui est dj effective avec la dilatation des ocans due laccroissement de la temprature.

    Plus gnralement, on peut dire que lespce humaine, et le vivant en gnral, ont dj connu de telles variations du niveau des mers.

    En France, nous avons observ ce phnomne au cours des vingt derniers sicles. Certains secteurs littoraux proches de la mer sen sont loigns. Dans dautres cas, comme celui de Xynthia (4), des dommages irrparables ont t causs suite une monte des eaux plus importante sous leffet de cette tempte.

    Le Sud-Est, avec la Camargue, par exemple, ainsi que tous les dpartements dOutre-Mer vont tre affects.

    La question est de savoir comment nous allons grer les espaces qui, potentiellement, vont tre impacts.

    La responsabilit de lespce humaine est centrale dans cette affaire : nous avons btonn le littoral et, de ce fait, les zones humides qui apparaissaient comme des tampons naturels nexistent pratiquement plus. Ainsi, nous introduisons des lments artificiels qui entranent une disparition du savoir-faire que nous avions accumul pour grer les espaces. Et nous sommes encore incapables de modliser lavenir cet gard.

    2/ Le changement climatique, ses effets sur locan,

    ses habitants et le littoral

    OCAN, LE MATRE DU CLIMAT

    Actuellement, la monte des eaux

    est en moyenne dun peu plus de

    1,7 millimtre par an !

    La fonte de la banquise a des rpercussions sur la survie des ours polaires, en qute de nourriture.

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  • N14 - 2015 - La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard14

    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

    Fort saccage par une forte tempte. Est-ce le signe perceptible du rchauffement climatique ? Il faut demeurer trs prudent cet gard.

    Le littoral btonn de la Costa del sol (Espagne).

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    La Camargue prsente une topographie qui la rend trs vulnrable aux crues du Rhne, car ce territoire est trs proche du niveau de la mer Mditerrane, avec un point culminant environ trois mtres daltitude. En dpit des multiples ouvrages de dfense (ici, digue des Salins-de-Giraud), elle est menace de disparatre avec la monte des eaux due au rchauffement climatique.

  • La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 201515

    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

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    DONC, NOUS VIVIONS EN BONNE INTEL-LIGENCE AVEC LE LITTORAL, ET NOUS AVONS PERDU CETTE BONNE RELATION, CETTE COMPRHENSION NATURELLE

    Tout fait, car nous vivions dans un espace que nous occupions la mesure de lquilibre naturel, mme si je napprcie pas ce terme puisquil est toujours instable concernant le vivant

    QUEL EST VOTRE SENTIMENT LGARD DES RFUGIS CLIMATIQUES COMME CEUX DE LATOLL DE TUVALU DANS LOCAN PACIFIQUE ?

    videmment, il va de soi que les les vont tre srieusement impactes par llvation du niveau des mers.

    Je pense quil faut prendre en compte ce problme et essayer danticiper par rapport aux potentialits qui peuvent survenir.

    Un ensemble de pays, les liens, est extrmement port sur cette question, et pousse au niveau des Nations Unies pour quil y ait des programmes spcifiques cette problmatique (voir Tuvalu : les nouveaux rfugis climatiques, ndlr).

    UN VRAI LAN DE SOLIDARIT LCHELLE DE LA PLANTE ?

    Oui, exactement.

    (3) Daprs les principaux organismes scientifiques, via lOrganisation mtorologique mondiale (OMM), les rgions arctiques connaissent un rchauffement environ deux fois plus rapide que la moyenne mondiale.

    (4) Cet pisode de vents violents a frapp louest de la France dans la nuit du 27 au 28 fvrier 2010, faisant une cinquantaine de morts, dont 29 la Faute-sur-Mer (Vende), la suite de la submersion dune digue.

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    TUVALULES NOUVEAUX RFUGIS CLIMATIQUES

    Tuvalu est un archipel indpendant depuis 1978 situ dans le sud-ouest de locan Pacifique, un millier de kilomtres au nord des les Fidji. Il est particulirement affect par la monte des eaux.

    Compos de neuf atolls, Tuvalu compte 26 km2 et 11 636 habitants ; son climat maritime chaud est caractris par une temprature constante entre 26 et 32 C, une forte humidit et dabondantes prcipitations.

    La monte du niveau de locan a des consquences extrmement graves pour larchipel, dont laltitude dpasse rarement les trois mtres : les inondations causes par les hautes mares, les temptes et les cyclones sont plus importantes et plus frquentes, les sols se gorgent de sel, entranant la destruction de la vgtation (cocotiers, mangroves) et empchant toute activit agricole.

    Au cours de lanne 2007, le niveau de leau a augment de 5,6 mm dans latoll de Funafuti, soit le double par rapport la moyenne communique par le Groupe dexperts intergouvernemental sur lvolution du climat. (1)

    Le mme phnomne se produit dans dautres petites les du Pacifique.

    Cette situation irrmdiable induite par le changement climatique a des incidences conomiques et alimentaires. Dj, un millier dhabitants ont fait le choix de quitter leur terre natale pour migrer vers les les Fidji, la Nouvelle-Zlande ou la Polynsie franaise. La plupart dentre eux repoussent lchance, craignant de perdre leur forte identit.

    (1) Selon le 5e Rapport du GIEC, la hausse moyenne du niveau des mers tait de 1,7 mm/an, entre 1901 et 2010. Mais le phnomne sacclre.

    Depuis lan 2000, larchipel de Tuvalu est submerg lors des mares hautes. Lassociation franco-tuvaluenne Alofa Tuvalu ( Aimer Tuvalu) est ne en 2004 de la volont de sauvegarder la premire nation menace de submersion en raison des changements climatiques. Elle multiplie les actions de sensibilisation en s'appuyant notamment sur le film : Nuages au paradis, qui expose la situation de plus en plus difficile des insulaires. http://alofatuvalu.tv

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    Lle de Fongafale est situe dans lest de latoll de Funafuti, Tuvalu. Elle mesure douze kilomtres de longueur pour seulement 10 400 mtres de largeur.

  • // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

    N14 - 2015 - La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard16

    UNE PERTE DE BIODIVERSIT MARINE

    LES DRGLEMENTS CLIMATIQUES ONT DES CONSQUENCES DIRECTES SUR LES ESPCES MARINES EN MODIFIANT LEUR HABITAT, LEUR BIOLOGIE ET LES COMMUNAUTS AUXQUELLES ELLES APPARTIENNENT. CE QUI ABOUTIT FINALEMENT UNE FRAGILISATION DE LCOSYSTME OCANIQUE.

    La hausse des tempratures de leau de mer induit des comportements diffrents selon les espces : certaines sadaptent aux variations ; dautres migrent vers les ples ou vers des rgions plus favorables leurs exigences de dveloppement ; dautres encore disparaissent comme certains coraux dj affects par lacidification, la pollution, la pche

    Lacidification de locan impacte directement les organismes marins squelette ou coque calcaire : phytoplancton, crustacs, mollusques, coraux

    Des vnements climatiques exceptionnels (temptes, typhons) appauvrissent les milieux naturels par lrosion et les inondations, par exemple. Ils altrent les conditions de la vie marine en zone littorale : mangroves, herbiers

    Lensemble de ces facteurs lis au changement climatique provoque une perte de biodiversit car :

    - ils amenuisent les ressources alimentaires des populations humaines, principalement celles des pays mergents, sachant que le poisson est la base en protine animale pour un milliard de personnes sur la plante ;- ils appauvrissent les ressources en gnes et, par voie de consquence, en molcules potentiellement prcieuses pour la recherche mdicale et lindustrie.

    Ces multiples altrations cumules sur les cosystmes marins renforcent la vulnrabilit de locan face au changement climatique, sans quelles soient suffisamment prises en compte.

    Pche sur chasses, une coutume du Sri Lanka. Les pcheurs partent la nage deux fois par jour pour se percher sur des poteaux de deux mtres, situs jusqu 20 mtres du rivage.

    LOrganisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO) prdit que le changement climatique aura un impact profond sur la pche et laquaculture, avec des consquences importantes sur la scurit alimentaire pour certaines populations.

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  • La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 201517

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    Vue partielle du Parc national marin de Zakynthos (Grce). Cr en 1999, il intgre des aires de ponte de la tortue Caouanne, Caretta caretta. Cette protection tient compte des composantes terrestres et marines de la zone ctire en vue dune gestion durable.

    LOCAN PEUT-IL PERMETTRE DE LUTTER CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, VOIRE OFFRIR DES SOLUTIONS DE DVELOPPEMENT, DE MODES DE VIE PLUS DURABLES ET ACCEPTABLES POUR LA PLANTE ?

    Indpendamment des problmes qui restent identifier concernant le carbone ou la manire de grer le littoral, je pense que locan peut contribuer au maintien dune biodiversit optimale, afin de conserver la capacit des cosystmes rguler les changements climatiques. Ce qui ncessite la cration dun rseau daires marines protges (AMP), et leur dveloppement en haute mer (5) dans un cadre juridique appropri.

    Une gestion raisonne des ressources alimentaires marines, notamment de la pche, constitue une autre ncessit.

    Lexploitation dnergies marines renouvelables (olienne offshore, hydroliennes, sortes doliennes subaquatiques ; nergie de la houle ou des vagues) peut amener rduire les missions de gaz polluants dans latmosphre qui sont directement rattaches aux drglements du climat.

    Je pense aussi que pour lavenir, cest--dire lchelle dun demi-sicle, nous avons pris conscience de la finitude de notre espace de vie sociale.

    Sil reste quelque chose faire et prendre en compte dans la dfinition dune autre et prochaine socit, cest locan. Cest un espace nouveau que nous navons pas encore investi socialement.

    Je ne dis pas quil faudra le faire, mais en tout cas voil de quoi imaginer une autre socit.

    (5) Les six aires marines protges en haute mer totalisent une surface de 285 000 km2, le long et de part et dautre de la dorsale mdio-atlantique. Cest un vrai rseau cologique qui a t mis en place en 2010 par la commission OSPAR (source et en savoir + : aires-marines.fr).

    3/ Les solutions issues de locan pour contribuer lutter

    contre le changement climatique

    OCAN, LE MATRE DU CLIMAT

    Sil reste quelque chose faire et prendre en compte dans la dfinition

    dune autre et prochaine socit, cest locan

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  • N14 - 2015 - La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard18

    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

    NOUS NAVONS PAS DE DEUXIME PLANTE, MAIS LOCAN PEUT NOUS OFFRIR UNE DEUXIME CHANCE, EN QUELQUE SORTE

    Absolument.

    JUSTEMENT, POUR METTRE EN VALEUR LE LIEN INDISSOCIABLE ENTRE OCAN ET CLIMAT, UNE PLATEFORME EST PORTE PAR LUNESCO. QUATTENDEZ-VOUS DE CETTE ACTION, ET PLUS LARGEMENT DE LA CONFRENCE MONDIALE SUR LE CLIMAT ?

    La Plateforme Ocan & Climat se dcline en trois domaines daction trs importants :

    - le premier, cest de faire admettre que locan est une dimension prendre en compte par tous les tres humains de cette plante ;

    - le deuxime, cest de voir ce que la connaissance peut apporter dans cette optique pour apprhender les relations ocan-climat qui restent pour linstant observables, je dirai, dun point de vue statistique et non mcanistique ;

    - enfin, cest de dclencher auprs des dirigeants politiques une prise de conscience gnrale, de manire ce que nous ayons les lments de langage permettant de ngocier et de faire reconnatre locan au niveau international des Nations Unies.

    POUR CONCLURE CET ENTRETIEN, QUEL VU FERIEZ-VOUS POUR PROLONGER LAVENTURE DE LA COP21 ?

    Ce que je vais dire est os. Il y a eu un long chemin pour crer lIntergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) qui est devenu le Groupe dexperts intergouvernemental sur lvolution du Climat (GIEC).

    Un autre chemin a t ncessaire pour obtenir lIntergovernemental Plateform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES), savoir la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversit et les services cosystmiques.

    Je pense quil faudrait doter locan de lquivalent de ces organismes internationaux, ce qui permettrait davoir une tribune lchelon international et plantaire.

    Dossier ralis par Christian Frasson-Botton et Alain Riva

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    Lutter contre les effets du changement climatique, cest prserver la biodiversit (ici, une nue de poissons chirurgiens, Acanthurus leucosternon), lutter contre la surexploitation des ressources vivantes, dvelopper des nergies renouvelables.

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    La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 201519

    Franoise Gaill, coordinatrice du comit scientifique de la Plateforme Ocan & Climat ( gauche) et Patricia Ricard, prsidente de lInstitut ocanographique Paul Ricard prsentent les Fiches scientifiques Ocan & Climat destines informer et sensibiliser le public.

    Nous vivons aujourdhui un moment enthousiasmant dans lhistoire

    de lhumanit, car nous devons rinventer le monde, cest--dire penser en dehors

    de nos repres habituels. Et nous, communaut des ocans,

    croyons quune part importante de la solution viendra de la mer.

    Franoise Gaill

    PORTER LA VOIX DE LOCAN La Plateforme Ocan & Climat a pour objectif dintgrer locan dans le champ des ngociations climatiques la Confrence mondiale sur le Climat (COP 21). (1) Elle regroupe de grandes ONG, des organismes de recherche, de protection de la nature et de sensibilisation du public, parmi lesquels lInstitut ocanographique Paul Ricard. Catherine Chabaud en est lambassadrice, Franoise Gaill, la coordonatrice scientifique.

    (1) Paris, 30 novembre au 11 dcembre 2015.

    LES MEMBRES FONDATEURS

    Agence franaise des aires marines protges ; Association Innovations Bleues ; CNRS ; Comit franais de lUnion internationale pour la conservation de la nature ; Green Cross France et Territoires ; Fondation Prince Albert II de Monaco ; Institut ocanographique - Fondation Albert Ier Prince de Monaco ; Institut du dveloppement durable et relations internationales ; Institut de lcologie et environnement ; Institut ocanographique Paul Ricard ; NASF ; Nausica-Centre national de la mer ; The Pew Charitable Trusts ; Rseau MEDPAN ; Rseau ocan mondial ; Surfrider Foundation Europe ; Tara Expditions ; COI-UNESCO.

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    La Mditerranese rchauffe-t-elle ?

    DEPUIS UNE QUINZAINE DANNES, LHYPOTHSE SELON LAQUELLE LES EAUX DE LA MDITERRANE SERAIENT EN COURS DE RCHAUFFEMENT A T TAYE PAR UNE SRIE DOBSERVATIONS PHYSIQUES ET COLOGIQUES LENSEMBLE DES RSULTATS DISPONIBLES CONFIRME LHYPOTHSE DUN RCHAUF-FEMENT DES EAUX CTIRES DE MDI-TERRANE OCCIDENTALE PROBABLEMENT PLUS RAPIDE AUJOURDHUI QUIL Y A QUELQUES DCENNIES .

    Cette rflexion du Pr. Lucien Laubier (1) datant de 2003 est conforte par celle de la CIESM (2), en 2008, mais bien des incertitudes demeurent quant lvolution des peuplements marins face laugmentation du gaz carbonique (CO2), de lacidification des eaux et de la temprature.

    DES MICROBES AUX POISSONS

    La contribution delInstitut ocanographique Paul Ricard

    GAZ CARBONIQUE DANS LATMOSPHRE ET PHYTOPLANCTON

    Ds le dbut des annes 1990, lInstitut ocanographique Paul Ricard a consacr plusieurs programmes de recherche la problmatique du changement climatique. Lun deux portait sur lvaluation de la rponse du phytoplancton marin un doublement de la concentration en CO2 atmosphrique qui, selon les prvisions envisages dans le 1er Rapport du Groupe dexperts intergouvernemental sur lvolution du climat (GIEC), devrait survenir vers 2100.

    Rappelons que par suite de processus physiques, chimiques et biologiques, locan occupe une place importante dans la

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    La Mditerrane, cette mer au milieu des terres , est souvent qualifie de hot spot du changement climatique.

  • La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 201521

    // OCANOGRAPHIE Climat

    rgulation du taux de CO2 atmosphrique, car il agit entre autres comme pompe par absorption de ce gaz.

    Des questions restent en suspens : - quelle est la contribution relative des processus physiques et biologiques dans le pompage selon les conditions environnementales, telles que la quantit de sels nutritifs, les saisons ; - comment le carbone absorb va-t-il se rpartir dans leau de mer et se stocker dans les organismes vivants ;- quelle est la rponse du phytoplancton marin en termes de pompage, de rgulation, de slection ventuelle despces?Des lments de rponse ont t apports par les scientifiques de lInstitut, grce un dispositif exprimental original, appel msocosme (photos ci-dessous).

    Quatre campagnes mensuelles de mesures ont t ralises entre 1993 et 1995. Elles ont permis de suivre lvolution des communauts planctoniques et des composants chimiques de leau : carbone, azote, phosphore. (3)Les mesures effectues montrent limportance respective des processus physiques et biologiques dans le pompage du gaz carbonique atmosphrique.

    Ainsi, la pompe physique qui est le processus de diffusion et de dissolution de ce gaz dans leau de mer, joue un rle primordial ; la pompe biologique qui est, elle, le processus dabsorption et de captation du CO2 par le plancton vgtal, entretient le phnomne et en augmente les effets (voir en p. 12).

    Les rsultats issus de ces essais ont galement permis llaboration dun modle mathmatique de la dynamique des composants chimiques et biologiques de ces cosystmes exprimentaux. Cette tape est utile la comprhension des phnomnes naturels et constitue un support ncessaire pour aborder des tudes prospectives.

    BACTRIESET MORTALIT DES GORGONES

    Dune faon ponctuelle, lInstitut ocanographique Paul Ricard sest intress la mortalit des gorgones, lors dun vnement catastrophique survenu la fin de lt 1999.

    Des ctes varoises jusquaux Bouches-du-Rhne, mais aussi dans le golfe de Gnes, elles prsentaient des ncroses dtruisant en partie leurs tissus. Dans les secteurs concerns, dautres invertbrs fixs sur les fonds, tels que mollusques, violets, ponges, soit une trentaine despces identifies, ont galement t affects (4).

    Ces phnomnes rpertoris en Mditerrane occidentale partir de 1983, suggrent lhypothse dun effet du changement climatique eu gard la sensibilit des gorgones aux tempratures estivales leves (5).

    En 1999, une anomalie thermique a dur daot octobre, avec des valeurs comprises entre 22 et 24C, jusqu 30 mtres de profondeur.

    Si lon a pu facilement carter lhypothse dune pollution chimique, la temprature tait-elle la seule cause de mortalit ?

    Des essais au laboratoire ont montr que des bactries du genre Vibrio, isoles partir de tissus en dcomposition, taient capables de dclencher rapidement une ncrose in vitro, alors que dautres types de bactries prleves dans les mmes conditions en taient incapables.

    (1) Laubier et al, 2003, Mar. Life, vol.13.

    (2) Workshop n35, 2008 : Climate warming and related changes in Mediterranean marine biota.

    (3) Cette tude, initie par Elf Aquitaine sur le site des Embiez (Var), a t prolonge par le projet DOREMI regroupant autour des travaux de lInstitut ocanographique Paul Ricard une quinzaine de chercheurs de diffrents laboratoires : Centre docanologie de Marseille, Laboratoire Arago, Station zoologique de Villefranche-sur-Mer, Universit de Perpignan

    (4) Ocanorama n31, 2001 (tlchargeable sur www.institut-paul-ricard.org).

    (5) Ocanorama n24, 1995 (tlchargeable sur www.institut-paul-ricard.org).

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    Les msocosmes sont des bassins ferms aliments en continu par de leau de mer et de lair enrichi ou non en gaz carbonique. Leur principe novateur a t recommand, par la suite, pour ce type dexpriences.

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    volution des ncroses chez la gorgone rouge. Si les zones touches sont trs importantes, la colonie peut mourir.

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    La gorgone rouge, Paramuricea clavata, peut atteindre un mtre denvergure. Elle est constitue dune colonie de petits animaux - les polypes -, qui mesurent environ 7 9 millimtres.

  • La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 201523

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    Ces ncroses exprimentales induites par ces Vibrios napparaissent qu partir de 22C, ce qui confirme le rle dclencheur de la temprature.

    Alors, sagit-il dune augmentation de la virulence du microbe ces tempratures ou dune diminution de la rsistance de lhte, qui favorisent la prolifration de vibrions opportunistes, responsables des ncroses ? La question reste toujours pose.

    PROLIFRATIONDE MICROALGUES TOXIQUES

    Llvation de la temprature des eaux mditerranennes amne dautres perturbations dans le milieu marin.

    En Mditerrane, les efflorescences despces phyto- planctoniques ou prolifrations algales navaient jamais pos de problmes sur les plages. Ce nest plus le cas depuis une quinzaine dannes, avec la prsence dune algue microscopique tropicale du genre Ostreopsis (6), notamment Marseille et Toulon, qui est fortement lie aux tempratures estivales leves.

    Lespce concerne, Ostreopsis ovata, sinstalle sur le fond la surface foliaire dautres vgtaux. En prsence de conditions favorables, elle se multiplie abondamment et donne lieu des prolifrations importantes.

    Les effets sanitaires engendrs par la prsence dOstreopsis se manifestent aprs inhalation darosols marins et consistent essentiellement en des phnomnes irritatifs et plus rarement en des difficults respiratoires. ce jour, aucune intoxication par voie alimentaire na t dcrite en Europe.

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    Algues microscopiques tropicales toxiques, Ostreopsis ovata, poses sur le fond.

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    Mrou brun, Epinephelus marginatus (en haut, ci-dessus), et badche, Epinephelus costae (ci-dessus). La pche sous-marine et de loisir lhameon de ces deux poissons est interdite en Mditerrane franaise.

    Une Demoiselle aux couleurs chatoyantes, originaire des ctes orientales : la girelle paon, Thalassoma pavo.

    Lalgue dorigine tropicale, Caulerpa taxifolia, a t introduite accidentellement, en 1984, en Mditerrane o elle est devenue envahissante.

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    Depuis 2010, lInstitut contribue la comprhension et au suivi de ces phnomnes travers diffrents programmes : valuation du risque phytoplanctonique des eaux de baignade de la Ville de Marseille (7) ; tude des micro-organismes et du plancton glatineux en Mditerrane nord-occidentale ; consquences cologiques et sanitaires (8) ; tude et suivi biologique dune petite calanque marseillaise : Podestat (9).

    DES POISSONSQUI SE DPLACENT

    Laugmentation de la temprature des eaux mditerranennes, aujourdhui avre et mesure, a des consquences sur les peuplements animaux et vgtaux, notamment sur leur rpartition gographique ou leur cycle de vie.

    Des animaux qualifis de thermophiles prfraient les eaux plus chaudes du sud de la Mditerrane, mais le rchauffement gnral des eaux leur permet de conqurir de nouveaux territoires situs plus au nord.

    La girelle paon, Thalassoma pavo (photo p. 23), abondante dans le bassin oriental et dans le sud du bassin occidental a t vue pour la premire fois en Corse en 1988. Puis elle a gagn les rgions septentrionales o elle sest intgre aux peuplements locaux.

    De mme, il est maintenant habituel de croiser en plonge des barracudas, Sphyraena viridensis, et des sars tambours, Diplodus cervinus.

    Le mrou brun Epinephelus marginatus (photo p. 23), nest pas une espce nouvelle dans le nord de la Mditerrane. Mais, Il y a encore quelques dcennies, seuls des individus de grande taille y taient observables. Les spcialistes prsumaient que les poissons navaient pas grandi sur place mais provenaient de rgions mridionales plus chaudes.

    Puis, on a commenc voir progressivement des mrous plus jeunes, dun deux ans dans le nord de la Mditerrane.

    En 1991, un bb dun centimtre et demi tait confi lInstitut. Ctait le premier tmoin dune reproduction dans le nord du bassin occidental, confirme par lobservation de parades nuptiales sur les ctes catalanes espagnoles.

    Dsormais, on constate que le mrou brun accomplit tout son cycle de vie sur le littoral provenal. Dautres espces comme le mrou gris, Epinephelus caninus, la badche, Epinephelus costae (photo p. 23), et le mrou royal, Mycteroperca rubra, semblent suivre le mme chemin.

    Cette augmentation de labondance despces thermophiles en Mditerrane nord-occidentale saccompagne de la rduction, voire de la disparition dautres organismes affinit plus froide.

    QUE RETENIR DE CES OBSERVATIONSET RECHERCHES ?

    Des confirmations quant aux effets rsultant dune lvation de temprature. Elle :- affecte certains organismes ou en privilgie dautres ; - conduit des prolifrations de micro-organismes ;- favorise lextension vers le nord de laire de rpartition ou de reproduction de certains poissons.

    Des prcisions quant la rponse du phytoplancton un doublement de gaz carbonique atmosphrique :- sur les plans qualitatif et quantitatif ;- sur son efficacit dans la fixation du CO2 et la stabilit du pH ; Toutes ces prcisions ont abouti la mise au point dun modle de simulation de la dynamique des communauts permettant de tester diffrentes situations.

    Des interrogations quant la possibilit dapparition dagents pathognes mergents, lie en partie laugmentation de la temprature, qui sont capables daffecter les populations animales, les organismes dintrt conomique (fruits de mer, poissons), voire les populations humaines.

    Lensemble de ces programmes, passs ou toujours en cours, montre la forte implication de lInstitut ocanographique Paul Ricard dans la problmatique du changement climatique.

    Dr Yvan MartinDirecteur de la Recherche

    de lInstitut ocanographique Paul Ricard (1995 - 2012)

    (6) Le genre Ostreopsis appartient au groupe des dinoflagells rput pour produire des toxines. Dans les deux types de souches isoles en Mditerrane (O. cf. siamensis et O. ovata), on trouve la prsence de palytoxines qui figurent, avec les ciguatoxines, parmi les poisons naturels les plus toxiques connus.

    (7) La rglementation impose aujourdhui la prise en compte du risque phytoplanctonique . LInstitut a t sollicit par la Lyonnaise des Eaux pour raliser une tude dans le cadre des plages marseillaises en 2010. Il sagissait dvaluer le potentiel de prolifration du phytoplancton, et plus particulirement dOstreopsis.

    (8) Pour le compte du ministre de lcologie et du Dveloppement durable, 14 plages, de la rade de Toulon la baie du Brusc, ont t chantillonnes de juin septembre 2011.

    (9) Depuis 2012, les efflorescences phytoplanctoniques sont suivies dans la calanque de Podestat, cur du Parc national des Calanques, lors de cinq campagnes de mesures annuelles.

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  • // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

    La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 201525

    Littoral tat de santPetits fonds rocheux du littoral de lle des Embiez (Var), au sud-est de la pointe du Coucoussa.

    // OCANOGRAPHIE Biodiversit

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    LES PLONGEURS SCIENTIFIQUES DE LINSTITUT OCANOGRAPHIQUE PAUL RICARD SEMPLOIENT RECUEILLIR DES DONNES SUR CERTAINES ESPCES SENSIBLES DE MDITERRANE. LOBJECTIF ? TABLIR LTAT DES LIEUX DUN ESPACE MARINDINTRT COLOGIQUE ET CONOMIQUE, MIEUX COMPRENDRE SON FONCTIONNEMENT POUR FOURNIR DES OUTILS DAIDE LA DCISION AUX ACTEURS LOCAUX.

    La frange ctire, en particulier ltage infralittoral est la zone la plus altre par lactivit humaine. Or, cest l que se concentrent 80 % de la biodiversit marine.

    Constate en plusieurs sites, la diminution de cette diversit biologique mrite une attention particulire en raison de ses consquences ventuelles sur lcosystme et les pratiques qui en dpendent : tourisme, pche, plonge sous-marine

    Pour sa part, lInstitut ocanographique Paul Ricard ralise des suivis cologiques du milieu marin, qui tmoignent de son implication pour la gestion des zones ctires, mais aussi dans lvaluation des modifications ventuelles lies aux changements locaux : pollutions, restructuration des rivages, tourisme, ou globaux : changement climatique, prsence despces invasives.

    Les scientifiques concentrent leurs efforts sur ltude de diffrents composants reprsentatifs de la biodiversit :- des ressources vivantes dintrt conomique : les poissons de lOuest toulonnais et loursin comestible, Paracentrotus lividus. Pour ces deux programmes, lInstitut est matre douvrage dans le cadre du Contrat de baie n 2 de la rade de Toulon (1) ; - une espce protge : la grande nacre de Mditerrane, Pinna nobilis ;- des indicateurs biologiques dans la calanque de Podestat.

    long terme, les analyses compares pourraient permettre de dlimiter les lments dun modle prvisionnel pour une meilleure gestion du patrimoine naturel, voire sa restauration.

    Jean-Luc BonnefontDirecteur de la Recherche,

    Institut ocanographique Paul Ricard

    (1) En savoir + : http://radetoulon.contratdebaie.org

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    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

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    Banc de sars tte noire, Diplodus vulgaris.

  • La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 201527

    // OCANOGRAPHIE Biodiversit

    LE PROGRAMME DE RECHERCHE IchTO (2) DRESSE UN INVENTAIRE DE LA FAUNE ICHTYOLOGIQUE - LES POISSONS - DE LOUEST TOULONNAIS. SITU ENTRE LES PARCS NATIONAUX DE PORT-CROS ET DES CALANQUES, CET ESPACE MARIN PRSENTE DIMPORTANTS ENJEUX DE CONSERVATION DU PATRIMOINE NATUREL, NOTAMMENT POUR LA PCHE PROFESSIONNELLE.

    POISSONS DE LOUEST TOULONNAIS

    RESSOURCES VIVANTES

    Sites de comptage de poissons : proximit de la cte et moins de 20 mtres de profondeur.

    ce jour, aucun inventaire de cette nature na t ralis sur ce territoire. Lobjectif est de dterminer :- les caractristiques qualitatives et quantitatives des populations de poissons. cet effet, les diffrentes espces sont recenses, et la taille des individus estime en comptage visuel par les plongeurs ; - les variations de lensemble des populations, lies la saison et au lieu tudi.

    Deux campagnes de comptage de poissons ont lieu chaque anne, au printemps et une lautomne sur sept sites rpartis dans une zone comprise entre le cap Sici et larchipel des Embiez, dest en ouest.

    Les rsultats pourront fournir des informations essentielles aux gestionnaires et servir de rfrences pour le suivi du milieu marin face aux actuels changements globaux.

    Patrick Lelong, responsable du programme : La zone tudie prsente diffrentes situations environnementales ou dusage qui influencent les peuplements de poissons.

    Des plonges dobservation effectues en 2012 et 2013, il ressort que :- la population de poissons est plus diversifie et plus quilibre dans un environnement vari qui offre de multiples possibilits trophiques et dhabitats ; - la pollution par un rejet deffluents domestiques, celui de la ville de Toulon, au cap Sici, a profondment modifi les habitats, et les populations de poissons se distinguent des autres sites tudis : effets directs de la pollution ou effets de lenvironnement particulier de cette station ? Telle est la question ;- la pche, essentiellement de loisir, a une grande influence sur lassemblage des populations, notamment par son action slective sur certaines espces cibles, comme la girelle.

    (2) Avec le soutien de Toulon Provence Mditerrane (TPM), du dpartement du Var, du Conseil rgional PACA et de lAgence de leau Rhne Mditerrane Corse.

    Source : Rapport de lInstitut ocanographique Paul Ricard : Inventaire de la faune ichtyologique des fonds marins de lOuest toulonnais - tat initial (mai 2013).

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  • N14 - 2015 - La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard28

    // OCANOGRAPHIE Biodiversit

    Il est donc apparu ncessaire dapprofondir la connaissance sur les peuplements de cette espce pour rajuster les moyens de gestion en vue dune exploitation durable. LInstitut ocanographique Paul Ricard dveloppe un programme en ce sens, et les rflexions des scientifiques sur les mthodes dvaluation dmographique des oursins comestibles ont dbouch sur la mise en place dun protocole simple, rapide et reproductible : Il est possible de raliser des comptages sur de nombreux sites en peu de temps, explique Sylvain Couvray, ingnieur dtudes. Lobjectif est de mettre en vidence des tendances dvolution des populations sur le long terme.

    FRAGILIT DES POPULATIONS

    Ltude a t conduite sur huit sites de laire toulonnaise choisis en accord avec les pcheurs professionnels (oursiniers). Pour le responsable de ltude, les donnes recueillies lors de six campagnes de comptage sur trois annes ne permettent pas de dgager des tendances volutives mais de faire le constat de la fragilit des communauts doursins comestibles au vu des faibles densits observes sur la plupart des sites. Seule lacquisition de donnes long terme permettra dapprcier lvolution des populations de cette zone.

    OURSIN COMESTIBLERESSOURCES VIVANTES

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    Sylvain Couvray (3e en partant de la gauche), aux cts des membres de son jury de thse. De gauche droite : les Drs J-L. Bonnefont et Y. Martin, les Prs P. Francour et N. Vicente, Dr S. Coup, Pr. J. Grillasca, Dr D. Aurelle.

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    LOURSIN COMESTIBLE, PARACENTROTUS LIVIDUS, EST EXPLOIT SUR LENSEMBLE DE LA CTE MDITERRANENNE FRANAISE. MALGR LA RGLEMENTATION EN VIGUEUR, LES PCHEURS PROFESSIONNELS DU VAR CONSTATENT UN DCLIN DES POPULATIONS DEPUIS QUELQUES ANNES.

    Dores et dj, ce programme constitue un bon outil de veille pour les gestionnaires dune ressource vivante trs intressante au plan conomique.

    LCHERS EXPRIMENTAUX

    LInstitut ocanographique Paul Ricard conduit dautres travaux (3) sur loursin comestible, en particulier des lchers exprimentaux de juvniles produits dans son closerie.

    La finalit nest pas dapprovisionner massivement en petits oursins des sites dpeupls, mais dvaluer la faisabilit et les risques doprations de repeuplement. Malgr la russite de ces lchers, il nest pas clairement montr que ce genre dactions puisse augmenter significativement et rapidement les stocks de pche comme lesprent les professionnels.

    La demande en oursins tant toujours croissante, la voie de laquaculture, qui est tudie par les chercheurs des Embiez, apparat comme une alternative sur le littoral mditerranen.

    (3) Avec le soutien de Toulon Provence Mditerrane (TPM), du dpartement du Var, et en collaboration avec lquipe EB2M du Laboratoire PROTE, Universit du Sud ToulonVar.

    Source : Rapport de lInstitut ocanographique Paul Ricard : Suivi des populations doursins comestibles Paracentrotus lividus dans laire toulonnaise - Campagnes de 2013.

    UNE THSE SUR LOURSIN COMESTIBLE

    Une thse de doctorat en biologie marine a t soutenue avec succs le 11 dcembre 2014 par Sylvain Couvray, ingnieur dtudes lInstitut ocanographique Paul Ricard.

    Fruit de cinq ans de travail, elle porte sur les populations doursins comestibles de laire toulonnaise, la gestion de la ressource et le repeuplement exprimental.

  • La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 201529

    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

    Loursin comestible, Paracentrotus lividus, prsente des piquants, assez longs, lisses et pais, qui protgent le test dont la taille se situe entre 4 et 7 cm chez ladulte. Il vit sur les fonds rocheux, les herbiers de Posidonie et parfois sur le sable, mais toujours faibles profondeurs o prolifrent les algues qui constituent sa principale nourriture.

    Comptage visuel doursins - Cette mthodologie de comptage seffectue le long dun trac (transect) permanent qui est golocalis et matrialis par des balises de gomtre afin de faciliter son reprage lors dobservations venir. Le plongeur compte et classe selon leur taille tous les oursins quil rencontre : les gros individus (plus de 4 cm) reprsentent le stock de pche ; les petits individus (moins de 4 cm) constituent le stock de renouvellement.

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    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

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    Observation et inventaire de grandes nacres dans lherbier de Posidonie. Souvent observ entre 5 et 50 m de profondeur, ce mollusque bivalve a grossirement la forme dun triangle.

    Sa longueur peut atteindre plus dun mtre et il peut vivre plus de 40 ans.

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  • La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 201531

    // OCANOGRAPHIE Biodiversit

    La grande nacre a longtemps t menace par la rgression des prairies sous-marines, les ancres des bateaux brisaient sa coquille, et les plongeurs indlicats, amateurs de trophes, la prlevaient sans mnagement.

    Son statut despce protge au plan europen depuis 1992 a permis damliorer sensiblement cette situation.

    Aujourdhui, les travaux dirigs par le Pr. Nardo Vicente, responsable scientifique de lInstitut ocanographique Paul Ricard (4), portent sur la biologie, lcologie et la physiologie de cette espce.

    Sa reproduction (5) et son dveloppement embryonnaire sont tudis au Centre de recherche, sur lle des Embiez, avec la collaboration du Dr Jose Rafael Garcia March, de lUniversit catholique de Valence (Espagne), directeur scientifique de lIMEDMAR, et de son lve Sergio Trigos qui prpare une thse de doctorat, en cotutelle avec lInstitut mditerranen

    de biodiversit et dcologie marine et continentale (IMBE), o Nardo Vicente est professeur mrite.Des captages de naissain de grande nacre ont lieu dans le milieu naturel. Ils permettent de comprendre le recrutement saisonnier des jeunes individus en divers secteurs.

    SUIVIS DES POPULATIONS

    Les scientifiques de lInstitut ocanographique Paul Ricard assurent des suivis pluriannuels des populations de certaines aires marines protges :- en France, dans le Parc national de Port-Cros (6), dans la Rserve naturelle de Scandola (Corse), le Parc marin de la Cte Bleue (Bouches-du-Rhne), le Parc national des Calanques et larchipel des Embiez (zone Natura 2000).

    - ltranger, en Espagne, Monaco, en Italie, Malte, et rcemment au Montngro Des collaborations scientifiques sont tablies avec des laboratoires marins de ces pays.

    Les travaux sur la grande nacre, prcise le Pr. Nardo Vicente, prsentent un grand intrt, car ce coquillage est une vritable sentinelle du littoral mditerranen. En effet, sa taille et sa dure de vie font de sa coquille un enregistreur de lvolution des paramtres physiques et chimiques du milieu marin.

    (4) Avec le soutien de la Caisse dpargne Cte dAzur.

    (5) Les phnomnes de la reproduction chez la grande nacre ont t prciss, en 1990, dans la thse de Batrice de Gaulejac, alors assistante du Pr. Vicente lUniversit dAix-Marseille III.

    (6) La dernire nacre du champ relique de la baie de La Palud a t retrouve morte en 2014. Cest la plus vieille nacre connue et observe ce jour en Mditerrane, car ltude de ce champ relique avait t initie par le commandant Philippe Tailliez en 1969.

    GRANDE NACREESPCES PROTGES

    Ce grand coquillage mditerranen a la particularit dabriter des htes commensaux, une petite crevette Pontonia, Pontonia pinnophylax ( gauche), ou un crabe Pinnothre, Pinnotheres pisum ( droite), mais rarement les deux comme sur cette photo.

    Jeunes nacres captures autour de lle des Embiez (Var). Le suivi de leur croissance est assur au Centre de recherche de lInstitut.Juvniles dans lherbier de Posidonie (photo de droite).

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    2015

    LA GRANDE NACRE, PINNA NOBILIS, EST LUN DES PLUS GRANDS COQUILLAGES AU MONDE. ENDMIQUE DE MDITERRANE, ELLE VIT ENFONCE DANS LE SDIMENT SUR ENVIRON LE TIERS DE SA LONGUEUR, LE PLUS SOUVENT DANS LHERBIER DE POSIDONIE, MAIS ELLE PEUT OCCUPER DAUTRES HABITATS.

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  • N14 - 2015 - La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard32

    CALANQUE DE PODESTAT

    INDICATEURS BIOLOGIQUES

    SITUE DANS LE CUR MARIN DU PARC NATIONAL DES CALANQUES, LA CALANQUE DE PODESTAT APPARTIENT AU GROUPE EDF QUI PROJETTE DEN FAIRE UN LABORATOIRE DOBSERVATION ET DE PRSERVATION DE LA BIODIVERSIT MARINE. CET EFFET, LINSTITUT OCANOGRAPHIQUE PAUL RICARD EST CHARG DASSURER UN SUIVI SCIENTIFIQUE DE CET ESPACE PROTG.

    Les plonges dobservation stalent sur trois ans avec une mission au printemps et une en automne. Des tudes complmentaires sont consacres au suivi microbiologique du milieu marin.

    En 2012, les scientifiques ont dress la cartographie et effectu linventaire des habitats, de la faune et de la flore de la calanque.

    Cet tat initial permettra dvaluer, avec les donnes des campagnes suivantes, lvolution des peuplements en rponse : - aux changements climatiques globaux mditerranens, - aux modifications de la qualit des eaux lies lamlioration du traitement des rejets urbains et pluviaux de la station dpuration voisine (7), - au nouveau statut de protection de cet espace depuis la rcente cration du Parc national des Calanques.

    Patrick Lelong, biologiste marin lInstitut ocanographique Paul Ricard : Malgr la proximit du rejet de la station dpuration, ltat cologique de la calanque montre quelques signes encourageants comme la prsence despces sensibles aux problmes de pollution, mais dautres paramtres confirment son influence.Le bilan des campagnes 2012 et 2013 fait tat de lobservation de 48 espces de poissons sur lensemble de la calanque, les Labrids, avec la girelle, tant toujours la famille dominante en abondance devant les Sparids, essentiellement saupes et sars. Le peuplement dchinodermes est largement reprsent par loursin comestible. noter deux espces protges : la grande nacre et la datte de mer, ainsi que deux espces rglementes chez les poissons : le mrou brun et le corb.

    (7) Il sagit de lmissaire de Cortiou qui rejette les eaux uses de lagglomration marseillaise depuis 1896.

    La calanque de Podestat compte 1,26 hectare pour une profondeur de 16 mtres maximum. Les plongeurs scientifiques y effectuent deux missions dexpertise annuelles.

    Ph.

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    2015

    // OCANOGRAPHIE Biodiversit

  • La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard - N14 - 201533

    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier

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    Trois espces doursins de Mditerrane : loursin comestible, Paracentrotus lividus, loursin noir, Arbacia lixula et, plus gros, loursin granuleux, Sphaerechinus granularis.

    Tombant gorgones situ proximit de lentre dune grotte, dans la partie ouest de la calanque.

    Trottoir Littophyllum, algue rouge calcaire dite encrotante, et caractristique des ctes rocheuses soumises lassaut des vagues.

  • 34

    // OCANOGRAPHIE Climat / Dossier// DVELOPPEMENT DURABLE Gestion environnementale

    REPRES

    1967Naissance Poitiers.

    1988-1990IEP Lyon puis IAE Aix-en-Provence.

    1991 Charg dtudes

    au Conseil rgional Provence-Alpes-Cte-dAzur.

    1993Attach parlementaire

    du dput Guy Teissier.

    2001Conseiller gnral du canton

    de Marseille-Mazargues.

    2008Conseiller municipal dlgu

    la mer, aux plages, au nautisme et au Parc national des Calanques.

    2013Prsident du Conseil

    dadministration du Parc national des Calanques.

    2014Adjoint la mer, au littoral, au nautisme et aux plages

    de la ville de Marseille

    2015Vice-prsident du Conseil

    dpartemental des Bouches-du-Rhne,

    dlgu aux finances,Rapporteur gnral du budget

    Faire de Marseille... ...une grande mtropole de la mer

    DIDIER RAULT Adjoint la mer et au littoral de la ville de Marseille Vice-prsident dlgu aux finances du Conseil dpartemental des Bouches-du-Rhne Prsident du Conseil dadministration du Parc national des Calanques

    FOCUS

    Je pense que la mer nest pas seulement une richesse de la nature, mais elle

    reprsente un capital pour lhomme.

    Sil lexploite correctement, sil sait la prserver, la faire fructifier, il peut finalement en tirer des bnfices

    aux niveaux conomique, social et environnemental, qui doivent

    pouvoir effectivement se transmettre aux gnrations futures.

    N14 - 2015 - La Lettre dinformation de lInstitut ocanographique Paul Ricard

    Ph.

    DR

  • Faire de Marseille... ...une grande mtropole de la mer

    Ph.

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    ynek

    Jiro

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    Une vision de la mer pour Marseille La politique de la mer et du littoral de la Ville de Marseille a pour cadre de rfrence le Plan de gestion de la rade de Marseille.

    Elle a t lance en 2010 sur une priode de dix ans et comporte un programme dactions trs cibles sur le littoral, les plages, le nautisme, la plonge ; la prservation et la valorisation des ressources marines ; la sensibilisation du grand public aux bonnes pratiques en mer ; la rduction la source des pollutions et la lutte contre les inondations.

    noter que le dveloppement de la rade Nord comprend un projet de technopole vocation scientifique, conomique et touristique.

    Cet amnagement qui fait actuellement dfaut permettra la future mtropole daccder une dimension conomique denv