Upload
others
View
4
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
28-30, rue Pasteur CS 71199 - 21011 DIJON Cedex T +33 3 80 67 41 50 [email protected]
http://www.ccomptes.fr/fr/crc-bourgogne-franche-comte
Dijon, le 3 septembre 2018
Le président
Réf. : 18-ROD2-FB-21
Objet : notification du rapport d'observations définitives .
P.J. : 1 rapport d'observations définitives.
Lettre recommandée avec accusé de réception
Monsieur le Maire,
Je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint le rapport comportant les observations définitives de la chambre sur la gestion de la commune de Luxeuil-les-Bains concernant les exercices 2012 et suivants pour lequel, à l'expiration du délai d'un mois prévu par l'article L. 243-5 du code des juridictions financières, la chambre n'a reçu aucune réponse écrite destinée à y être jointe.
Je vous rappelle que ce document revêt un caractère confidentiel qu’il vous appartient de protéger jusqu’à sa communication à votre assemblée délibérante. Il conviendra de l’inscrire à l’ordre du jour de sa plus proche réunion, au cours de laquelle il donnera lieu à débat. Dans cette perspective, le rapport sera joint à la convocation adressée à chacun de ses membres.
Dès la tenue de cette réunion, ce document pourra être publié et communiqué aux tiers en faisant la demande, dans les conditions fixées par le code des relations entre le public et l’administration.
En application de l’article R. 243-14 du code des juridictions financières, je vous demande d’informer le greffe de la date de la plus proche réunion de votre assemblée délibérante et de lui communiquer en temps utile copie de son ordre du jour.
Par ailleurs, je vous précise qu’en application des dispositions de l’article R. 243-17 du code précité, le rapport d’observations est transmis à M. le Préfet de Haute-Saône et à M. le Directeur départemental des finances publiques de Haute-Saône.
Monsieur Frédéric BURGHARD Maire de Luxeuil-les-Bains 1 place Saint-Pierre 70300 LUXEUIL-LES-BAINS
2/2
Enfin, j’appelle votre attention sur le fait que l’article L. 243-9 du code des juridictions financières dispose que « dans un délai d'un an à compter de la présentation du rapport d'observations définitives à l'assemblée délibérante, l’ordonnateur de la collectivité territoriale ou le président de l'établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre présente, dans un rapport devant cette même assemblée, les actions qu'il a entreprises à la suite des observations de la chambre régionale des comptes ».
Il retient ensuite que « ce rapport est communiqué à la chambre régionale des comptes, qui fait une synthèse annuelle des rapports qui lui sont communiqués. Cette synthèse est présentée par le président de la chambre régionale des comptes devant la conférence territoriale de l'action publique. Chaque chambre régionale des comptes transmet cette synthèse à la Cour des comptes en vue de la présentation prescrite à l'article L. 143-9 ».
Dans ce cadre, vous voudrez bien notamment préciser les suites que vous aurez pu donner aux recommandations qui sont formulées dans le rapport d’observations, en les assortissant des justifications qu’il vous paraîtra utile de joindre, afin de permettre à la chambre d’en mesurer le degré de mise en œuvre.
Je vous prie de recevoir, Monsieur le Maire, l'assurance de ma considération très distinguée.
Pierre VAN HERZELE
28-30, rue Pasteur - CS 71199 - 21011 DIJON Cedex – Téléphone : 03 80 67 41 50 – Télécopie : 03 80 36 21 05
[email protected] - Site Internet : http://www.ccomptes.fr/fr/crc-bourgogne-franche-comte
Le présent document, qui a fait l’objet d’une contradiction avec les destinataires concernés,
a été délibéré par la chambre le 4 juin 2018.
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
(Département de la Haute-Saône)
Exercices 2012 et suivants
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
1/41
TABLE DES MATIÈRES
SYNTHÈSE............................................................................................................................... 2
RECOMMANDATIONS ......................................................................................................... 4
1 INTRODUCTION .................................................................................................................... 5
1.1 Procédure ........................................................................................................................ 5
1.2 Présentation de la commune de Luxeuil-les-Bains ......................................................... 5
1.3 Moyens et gouvernance .................................................................................................. 7
2 LES SUITES DU PRECEDENT CONTROLE ..................................................................... 8
2.1 L’état de la dette .............................................................................................................. 8
2.2 Les ressources humaines ................................................................................................. 8
2.3 La délégation de service public du casino .................................................................... 10
2.4 La délégation de service public de l’eau et de l’assainissement ................................... 11
2.5 Les marchés publics en procédure adaptée ................................................................... 11
3 LA FIABILITE DES COMPTES ......................................................................................... 13
3.1 Les participations, créances rattachées et autres immobilisations
financières ..................................................................................................................... 13
3.2 Les travaux en régie ...................................................................................................... 14
3.3 Les autres points de contrôle ......................................................................................... 15
4 LA SITUATION FINANCIERE........................................................................................... 16
4.1 Analyse financière du budget principal ........................................................................ 17
4.1.1 La formation de l’autofinancement................................................................................. 17
4.1.2 Une volonté de désendettement maintenue au prix d’une baisse des
investissements ............................................................................................................... 24
4.2 Le pacte fiscal et financier ............................................................................................ 27
4.3 La composition de la dette ............................................................................................ 30
4.3.1 La dette de Luxeuil-les-Bains au 1er janvier 2012 .......................................................... 30
4.3.2 Le remboursement anticipé des emprunts en devise....................................................... 31
4.3.3 La dette de Luxeuil-les-Bains au 31 décembre 2016 ...................................................... 32
5 LES RESSOURCES HUMAINES ........................................................................................ 34
5.1 Le respect du temps de travail ...................................................................................... 34
5.2 Des charges de personnel maîtrisées ............................................................................. 35
5.3 L’absentéisme ............................................................................................................... 36
5.3.1 Un taux d’absentéisme très élevé .................................................................................... 36
5.3.2 Un suivi et une analyse pourtant encore peu développés ............................................... 38
5.3.3 Un travail sur les risques psychosociaux ........................................................................ 39
5.3.4 L’absence d’évaluation des agents de la police municipale ........................................... 40
ANNEXE ...................................................................................................................................... 36
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
2/41
SYNTHÈSE
Le contrôle des comptes et de la gestion de Luxeuil-les-Bains a porté sur les années
2012 à 2017. Il aborde, en complément de l’analyse des suites données au précédent contrôle,
les thématiques de la fiabilité des comptes, de la situation financière de la collectivité et des
ressources humaines.
Les observations formulées à l’occasion du précédent contrôle de la chambre ont été
globalement bien prises en compte. Seules celles concernant la délégation de service public du
casino et le nécessaire renforcement du contrôle du délégataire n’ont pas été suivies. Le maire
de la commune a indiqué vouloir traiter ce point à l’occasion de la prochaine renégociation de
cette délégation de service public.
La fiabilité des comptes est en progression par rapport au précédent contrôle et se situe
maintenant à un niveau satisfaisant.
L’analyse financière a porté sur les exercices 2012 à 2016 du budget principal. Les
charges courantes apparaissent maîtrisées et sont même en légère diminution sur la période
(- 0,3 % en moyenne chaque année). Les produits de gestion diminuant cependant selon un
rythme plus important (- 1,3 % par an en moyenne), la capacité d’autofinancement brute
diminue sensiblement sur la période. Parallèlement, sous l’effet du remboursement progressif
du capital des emprunts, le remboursement en capital de la dette n’a cessé de croître
(+ 318 903 € entre 2012 et 2016). La conjugaison de ces deux paramètres obère très fortement
la capacité d’autofinancement nette de la commune qui est devenue négative en 2016. La
restauration de la capacité d’autofinancement apparait comme une des priorités que la commune
doit prendre en compte. Au terme de l’exercice 2017, les premières mesures mises en place ont
permis à la commune de retrouver une CAF nette positive.
Luxeuil-les-Bains est très endettée depuis plusieurs décennies. Le conseil municipal a
mis en œuvre, sur l’ensemble de la période étudiée, une politique de désendettement qui a porté
ses fruits. En limitant chaque année les nouveaux emprunts à 800 000 € alors même que le
remboursement de la dette s’établissait entre 1,2 M€ et 1,6 M€, la commune s’est désendettée
à hauteur de 3,2 M€, soit près de 25 % des 13,4 M€ de dette existante début 2012. Le fond de
roulement ayant dans le même temps légèrement augmenté, le désendettement apparait bien
réel, n’ayant pas été financé sur les réserves de la collectivité. S’il était nécessaire, ce
désendettement a néanmoins été réalisé au prix d’une importante baisse des investissements.
Ceux-ci sont passés de 3,3 M€ en 2013 à 1,2 M€ en 2015 et 1,5 M€ en 2016. La commune doit
désormais s’assurer que le niveau d’investissement soutenable est compatible avec l’entretien
son patrimoine. À défaut, des arbitrages devront être adoptés, soit en cession d’actifs, soit en
augmentation de recettes.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
3/41
Une attention particulière devrait être accordée aux dispositions et à la mise en œuvre
du pacte fiscal et financier adopté par la communauté de communes du Pays de Luxeuil en
2017. Celui-ci prévoit le financement du transfert de l’office de tourisme et de la piscine par
une augmentation de la fiscalité intercommunale. Outre le fait que les textes ne prévoient pas
un tel financement, le législateur ayant posé le principe de la neutralité financière des transferts
de compétences tant pour l’EPCI que pour les communes concernées, le transfert de la piscine,
déjà effectué en 2002, pose problème. À l’époque, la commission locale d’évaluation des
charges transférées (CLECT) avait évalué ce transfert à 220 000 €. Au niveau financier,
l’attribution de compensation versée à la commune avait été diminuée à due concurrence. Le
pacte fiscal et financier de 2017 remettait en cause le financement de ce transfert mais sans en
préciser les nouvelles modalités. Cependant, suite au contrôle de la chambre, la situation a été
régularisée en toute fin d’année 2017, tant au niveau de la communauté de communes que de
ses communes membres.
En matière de ressources humaines, l’organisation des services respecte la durée légale
du temps de travail. Alors que de nombreuses collectivités sont blâmées à ce sujet par les
juridictions financières, cette organisation peut être notée. D’autres points de vigilance ont
cependant été relevés. Ainsi le taux d’absentéisme global est particulièrement élevé (à plus de
17 % en 2016), appelant une réponse de la commune.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
4/41
RECOMMANDATIONS
Recommandation n° 1 : Dans le cadre du prochain renouvellement du contrat, la chambre
recommande pour la seconde fois de formaliser le contrôle que la commune souhaite mettre en
œuvre sur la DSP du casino, condition préalable d’un contrôle effectif de la DSP.
Recommandation n° 2 : La chambre recommande de suivre les données relatives aux causes
et conséquences de l’absentéisme et, sur les cas où c’est possible, d’adopter le plan de
prévention afférent.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
5/41
1 INTRODUCTION
1.1 Procédure
L’examen de la gestion de la commune de Luxeuil-les-Bains a été inscrit au programme
de la chambre régionale des comptes Bourgogne-Franche-Comté pour 2017.
Le président de la chambre a informé de l’ouverture du contrôle M. Frédéric
BURGHARD, le maire de la commune et M. Michel RAISON, le précédent maire, par courriers
en date du 14 avril 2017. Ils en ont accusé réception respectivement les 18 et 19 avril 2017.
Conformément aux dispositions de l’article L. 211-3 du code des juridictions
financières, l’examen de la gestion a porté sur la régularité de certains actes de gestion,
l’économie des moyens mis en œuvre et l’évaluation des résultats atteints par rapport aux
objectifs fixés par l’assemblée délibérante.
Le contrôle a porté plus spécifiquement sur :
- les suites du précédent contrôle ;
- la fiabilité des comptes ;
- la situation financière de la commune et son endettement ;
- certains aspects des ressources humaines.
Les entretiens préalables à la formulation des observations de la chambre, prévus à
l’article L. 243-1 du code des juridictions financières, ont eu lieu avec le maire et l’ancien
ordonnateur le 13 novembre 2017.
Dans sa séance du 12 décembre 2017, la chambre a formulé les observations provisoires
sur la gestion de la commune de Luxeuil-les-Bains pour la période allant de l’exercice 2012 à
la date de clôture de l’instruction.
1.2 Présentation de la commune de Luxeuil-les-Bains
La commune de Luxeuil-les-Bains est située dans le nord du département de la Haute-
Saône. Sa population a augmenté progressivement jusqu’en 1946, puis fortement jusqu’en 1975
(+77 % en 29 ans). Depuis cette date, la commune connait une érosion continue de sa population
(-32 % en 39 ans).
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
6/41
Évolution démographique Luxeuil-les-Bains
de 1851 à 2014 (population municipale)
Source : INSEE
Entre 2012 et 2015, Luxeuil-les-Bains a perdu 300 habitants. Ce phénomène s’inscrit
dans un contexte de baisse globale du secteur luxovien puisque la population de la communauté
de communes du Pays de Luxeuil1 (hors la commune centre) a diminué de 124 habitants entre
2012 et 2015 passant de 7 689 à 7 565.
Évolution démographique Luxeuil-les-Bains et de la communauté de communes
2012 2013 2014 2015 Évolution
2012/2015
Population commune centre 7 742 7 615 7 483 7 412 -4,26 %
Population CCPL (hors commune centre) 7 689 7 565 -1,61 %
Population totale 15 431 14 977 -2,94 %
Source : DGFIP, DGCL
1 Afin de conserver un périmètre constant, la population prise en compte est celle des communes membres
de l’EPCI depuis 2012. Ne sont donc pas pris en compte le rattachement de 3 communes au 1er janvier 2017.
0
2000
4000
6000
8000
10000
12000
185
1
185
6
186
1
187
2
187
6
188
1
188
6
189
1
189
6
190
1
190
6
191
1
192
1
192
6
193
1
193
6
194
6
195
4
196
2
196
8
197
5
198
2
199
0
199
9
200
6
201
1
201
4
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
7/41
La population luxovienne est composée de près d’un tiers de retraités et de près d’un
tiers d’ouvriers-employés. La commune est particulièrement touchée par le chômage, son taux
s’élevait à 20,8 % en 2014, en augmentation de 3 points par rapport à 2008. À titre comparatif,
les taux de chômage de la France et de la Franche-Comté s’établissaient fin 2014
respectivement à 10,1 % et 9,4 %. Si les emplois du secteur de l’agriculture, de la construction
et du commerce se sont stabilisés, la commune a perdu près de 200 postes dans l’industrie et
tout autant dans les administrations entre 2008 et 2013. Toujours en 2014, le taux de pauvreté2
atteignait 23,4 % à Luxeuil-les-Bains contre 14,7 % au niveau national et 13,1 % en
Bourgogne-Franche-Comté3.
La commune met en avant le caractère touristique de la commune dont les thermes et le
casino représentent les fers de lance.
La commune connait par ailleurs un endettement important depuis la fin des années 80.
Pendant de nombreuses années, le coût de sa dette était deux fois plus élevé que la moyenne
des villes de taille comparable.
1.3 Moyens et gouvernance
M. Michel RAISON a occupé les fonctions de maire du 9 mars 2008 au 29 décembre
2015, date de la lettre dans laquelle il annonçait sa démission. M. Frédéric BURGHARD a
assumé l’intérim en tant que 1er adjoint et en vertu des articles L. 2122-14 et L. 2122-17 du
code général des collectivités territoriales. Il a ensuite été élu maire le 11 janvier 2016.
La direction de l’administration communale a connu quelques changements. À la
direction générale des services, Mme Nathalie JABRY a succédé fin 2015 à Mme Élise
DEZAVELLE.
La commune de Luxeuil-les-Bains emploie une centaine d’agents.
2 Le taux de pauvreté correspond à la proportion d'individus (ou de ménages) dont le niveau de vie
est inférieur pour une année donnée à un seuil, dénommé seuil de pauvreté (exprimé en euros). L'Insee,
comme Eurostat et les autres pays européens, mesure la pauvreté monétaire de manière relative alors que
d'autres pays (comme les États-Unis ou l'Australie) ont une approche absolue. Dans l'approche en termes
relatifs, le seuil de pauvreté est déterminé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la
population. On privilégie en Europe le seuil de 60 % du niveau de vie médian.
3 Source : INSEE
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
8/41
2 LES SUITES DU PRECEDENT CONTROLE
2.1 L’état de la dette
La chambre a fréquemment inscrit la commune de Luxeuil-les-Bains à son programme
de contrôle. L’une des raisons tient à la situation financière de la commune et notamment au
poids de sa dette qui est structurellement le double de celui de la moyenne des communes de sa
strate de population à laquelle elle appartient.
Dans le précédent contrôle, qui concernait les exercices 2007 à 2011, l’amorce d’une
politique de désendettement avait été notée.
La chambre soulignait, en effet, les efforts accomplis par la commune pour réduire sa
dette, mais l’invitait à suivre les préconisations de la « charte de bonne conduite entre les
établissements bancaires et les collectivités locales » du 7 décembre 2009. Elle enjoignait
notamment à la commune d’améliorer l’information de l’assemblée délibérante, en lui
présentant les emprunts et l’état de la dette avec le niveau de risque afférent à chaque emprunt,
conformément à l’indexation établie par la charte et l’arrêté du 16 décembre 2010, relatif à
l'instruction budgétaire et comptable M14 applicable aux communes et aux établissements
publics communaux et intercommunaux à caractère administratif4.
La chambre constate que depuis 2013, les annexes du compte administratif ont été
modifiées et comprennent des tableaux qui renseignent sur la typologie des contrats de prêts.
La chambre relève ce souci de transparence mais invite la commune à faire preuve d’une plus
grande vigilance. Ainsi a-t-il été constaté que les emprunts libellés en devises étaient mal
répertoriés dans le tableau A2.4 de 2013 à 2015 ; ils auraient dû apparaître dans la catégorie F6.
Dans le compte administratif 2016, l’emprunt en devises ne figure plus dans le tableau. La
chambre note par ailleurs que la commune a fortement désensibilisé son encours de par
l’extinction et le refinancement de ses emprunts en devises (voir infra point 4.1.2.).
La chambre recommandait également de mieux répartir les emprunts entre taux fixes et
variables, en limitant les produits structurés et la prise de risque inhérente.
Tous les emprunts souscrits à compter du 1er janvier 2012 sont des produits à taux fixe.
La commune limite ainsi les zones d’incertitude.
La chambre conseillait enfin de diversifier les établissements bancaires.
Au 1er janvier 2017, la dette était répartie entre 7 établissements bancaires différents.
Cela témoigne d’une diversification suffisante.
Au total, la chambre constate que ses observations ont été mises en œuvre.
2.2 Les ressources humaines
En ce qui concerne les ressources humaines, la chambre recommandait de mettre en
place des actions de prévention des accidents du travail.
4 JORF n° 0297 du 23 décembre 2010.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
9/41
Ces différents points sont traités dans la partie n° 5 du présent rapport.
La chambre recommandait également de rationaliser l’organisation des services.
L’organigramme de la commune faisait apparaître 11 services. Les missions de certains
apparaissaient proches d’autres, créant ainsi une certaine confusion. Par ailleurs, dans les
services les moins étoffés, la continuité du service pouvait être mise à mal par l’absence d’un
agent seulement.
Depuis, l’organigramme de la commune a été actualisé. Il se compose désormais de 4
grands pôles cohérents (technique, développement territorial et planification, moyens et
ressources et enfin solidarité, jeunesse, culture, sport et manifestations). Les services aux
missions concurrentes ont été fusionnés. Enfin, la polyvalence a été renforcée.
Concernant la rationalisation de l’organisation des services, les recommandations de la
chambre ont été totalement mises en œuvre.
La chambre notait enfin que la mise à disposition de personnel (MAD) communal devait
être mieux formalisée et précisée (durée de la MAD) et l’information des élus, de la commission
administrative paritaire (CAP) et du comité technique (CT) à ce sujet devait être renforcée.
La mise à disposition est la situation du fonctionnaire qui exerce des fonctions hors de
son service, mais est toujours rattaché à son corps ou cadre d'emplois d'origine. Il est considéré
comme occupant son emploi et continue à percevoir la rémunération correspondante.
La mise à disposition ne peut avoir lieu qu'avec l’accord de l'agent. Une convention de
mise à disposition doit être signée par l'administration d'origine et l'organisme d'accueil. La
convention conclue entre l'administration d'origine et l'organisme d'accueil doit définir :
la nature des activités exercées par l'agent mis à disposition ;
ses conditions d'emploi ;
les modalités du contrôle et de l'évaluation de ses activités ;
les missions de service public qui lui sont confiées, en cas de mise à disposition
auprès d'un organisme contribuant à la mise en œuvre d'une politique publique.
La convention de mise à disposition et éventuellement ses avenants sont, avant
signature, transmis à l'agent concerné afin qu'il donne son accord sur la nature des activités qui
lui sont confiées et ses conditions d'emploi. La mise à disposition doit également faire l’objet
d’un arrêté. La CAP est saisie afin d’émettre un avis et un rapport annuel peut être transmis au
CT.
De 2012 à 2016, 4 agents de la commune ont été mis à disposition. Pour chaque agent
et chaque période, un arrêté a été pris et une convention passée. Ces dernières respectent la
forme requise. La chambre constate cependant que les arrêtés et les conventions interviennent
parfois postérieurement à la période de la mise à disposition. L’avis de la CAP n’a pas été
sollicité pour un des trois agents. Enfin, il apparait qu’aucun rapport n’a été transmis au CT.
La chambre note les efforts entrepris par la commune mais l’enjoint de poursuivre son
travail en informant systématiquement la CAP et en établissant des rapports à l’attention du
comité technique.
En matière de MAD de personnel, les observations de la chambre sont partiellement
mises en œuvre.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
10/41
2.3 La délégation de service public du casino
La chambre estimait que le cahier des charges relatif à la délégation de service public
(DSP) du casino devait être revu. Le contrat signé le 18 septembre 2003 s’est appliqué à partir
du 1er avril 2004. Il devait courir jusqu’au 31 mars 2019.
Les documents contractuels actuellement en cours qui lient le délégataire à la commune
sont les mêmes que ceux analysés lors de la précédente instruction. Aucune modification
formelle, aucun amendement n’est venu préciser ou modifier la nature des relations entre les
deux cocontractants. Dans sa réponse, le maire a confirmé n’avoir pas pu faire évoluer le contrat
de DSP dans le sens souhaité par la chambre, faute d’accord avec le délégataire sur ces
thématiques.
La chambre demandait par ailleurs à la commune de mettre en place un véritable
contrôle de son délégataire.
Le contrôle du délégataire n’apparait pas formellement renforcé. Un tableau de bord des
produits des jeux est transmis mensuellement au maire par le délégataire, mais il ne fait l’objet
d’aucune remarque de la part de l’exécutif. Il a été indiqué que des réunions se tiennent tout au
long de l’année, entre le maire et le directeur du casino afin de faire le point sur l'activité de
l’établissement, les projets et les obligations contractuelles. Cependant, ces rencontres sont
totalement informelles. Il n’existe aucune trace d’éventuelles observations du maire à l’égard
du délégataire.
La chambre notait enfin que le rapport d’activité méritait d’être plus précis et plus
complet (analyse de la qualité du service, utilisation des recettes portées au compte d’affectation
pour travaux supplémentaires, mention systématiquement de son solde).
Il n’existe toujours aucune information concernant le mode de calcul des éléments
financiers dans les rapports annuel d’activité, lesquels n’indiquent ni les abattements, ni les
tranches du barème appliquées. Le reversement à l’État, notamment, intervient sous certaines
conditions (prélèvement progressif) et selon un mode de calcul complexe. Or, la partie du
rapport relative aux montants versés à la commune ne comporte qu’un simple tableau sans
aucune explication sur le mode de calcul.
L’analyse de la qualité du service au travers de l’analyse du rapport du délégataire, telle
qu’imposée par l’article R. 1411-7 du code général des collectivités territoriales (CGCT) n’est
toujours pas respectée. Le rapport se contente de rappeler sur une page les horaires d’ouverture
et les différents jeux proposés. Aucune donnée chiffrée n’apparait et aucun indicateur n’est
formalisé. Concernant les animations réalisées, le rapport s’est étoffé d’annexes dans lesquelles
figurent les affiches réalisées par le délégataire à l’occasion de certaines manifestations. Ainsi
le mercredi 29 mars 2016, le casino a proposé une initiation gratuite au black jack (une heure
d’initiation et une heure de tournoi). Cette succession de documents promotionnels ne
représente cependant pas ce qu’on attend d’une analyse de la qualité de service. La chambre
rappelle que dans le nouveau contrat de DSP, l’analyse de la qualité du service devra répondre
aux exigences de l’article 52 de l’ordonnance n° 2016-65 du 29 janvier 2016 et l’article 33 du
décret n° 2016-86 du 1er février 2016.
Au total, les observations de la commune au sujet de la gestion du casino n’ont pas été
suivies d’effets.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
11/41
Lors de l’entretien de fin de contrôle, le maire a indiqué partager ces constats et souhaiter
remettre à plat les conditions de la DSP dans le cadre de sa prochaine renégociation. Dans sa
réponse, le maire indique cependant que sa capacité de négociation dépendra fortement du
résultat de la consultation et que par conséquent, aucune garantie de mise en œuvre des
recommandations de la chambre ne peut être apportée à ce stade.
Recommandation n° 1 : Dans le cadre du prochain renouvellement du contrat, la
chambre recommande pour la seconde fois de formaliser le contrôle que la commune
souhaite mettre en œuvre sur la DSP du casino, condition préalable d’un contrôle
effectif de la DSP.
2.4 La délégation de service public de l’eau et de l’assainissement
La commune avait confié l’exploitation en affermage du service de l’assainissement à
Véolia (ex Compagnie Générale des Eaux) par un contrat signé le 31 mai 1979. Un second
contrat du 6 mai 1983 a fait l’objet de dix avenants, prolongeant le délai d’exécution jusqu’en
2021. Ce faisant, le contrat devait durer 38 ans. Or cette durée était devenue excessive au regard
de l’encadrement législatif et jurisprudentiel qui s’est développé à partir des années 90. En effet,
la loi n° 93-122 du 29 janvier 1993 vise à border la durée des contrats de délégation de service
public qui ne peuvent dépasser la durée normale d'amortissement des installations mises en
œuvre. En prolongement, la loi n° 95-101 du 2 février 1995 (dite loi Barnier), relative au
renforcement de la protection de l'environnement, limite à 20 ans la durée des DSP relatives au
domaine de l’eau, de l’assainissement et des ordures ménagères. Dans son arrêt du 8 avril 2009
- Commune d’Olivet (req. n° 271.737) -, le Conseil d’État a considéré que la loi du
2 février 1995 susmentionnée s’applique de manière rétroactive. À ce titre, les contrats de
délégation des services de l’eau conclus avant cette dite loi, ne pouvaient continuer de
s’exécuter au-delà de 20 ans à compter du 2 février 1995, sauf si des circonstances particulières
le justifiaient. Si l’autorité délégante souhaitait poursuivre l’exécution du contrat au-delà du
2 février 2015, elle aurait été tenue de soumettre les justificatifs du dépassement de cette durée
à un examen préalable du trésorier-payeur-général.
La durée des contrats eau et assainissement de la commune de Luxeuil-les-Bains
dépassant les limites légales et jurisprudentielles, la chambre enjoignait à la collectivité dans le
cas où elle aurait décidé de maintenir l’exécution du contrat au-delà de 2015, de solliciter
préalablement l’avis de la direction des finances publiques.
La commune a décidé d’interrompre les contrats en cours. Elle a procédé à une remise
en concurrence puis a conclu de nouvelles conventions de délégation pour la gestion de l’eau
et de l’assainissement en 2015.
2.5 Les marchés publics en procédure adaptée
La chambre estimait que la commune devait solliciter plusieurs offres en matière de
marchés publics en procédure adaptée et de conserver dans les dossiers archivés les offres
rejetées.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
12/41
La commune a mis en place des procédures différentes selon que les achats sont
supérieurs ou non à 25 000 €.
Au-delà de ce seuil, les marchés sont centralisés par la responsable des achats. La
publicité est assurée par un encart sur le site internet de la commune, une annonce sur la
plateforme dématérialisée « achatpublic.com » et le cas échéant une annonce au BOAMP. Les
offres rejetées sont répertoriées et archivées. Le contrôle exercé sur place a permis de s’assurer
qu’on pouvait aisément y avoir accès.
Les marchés inférieurs à 25 000 € sont gérés par les services acheteurs. L’instruction a
établi une pratique constante de consultation de trois prestataires. Les vérifications effectuées
sur place ont permis de s’assurer que les offres rejetées ont été conservées.
Afin d’assurer un traitement homogène des achats, une note reprenant une procédure
interne en la matière était en cours de rédaction au moment du contrôle.
La chambre constate que les observations du précédent rapport ont été mises en œuvre.
Synthèse de la mise en œuvre des recommandations
Rubrique Observations
Non
mise
en
œuvre
Mise en
œuvre
en cours
Mise en
œuvre
incomplète
Totalement
mise en
œuvre
État de la dette
Indication du niveau de risque des emprunts x
Limitation des produits à risque x
Diversification des établissements bancaires x
Ressources humaines Rationalisation de l'organigramme x
Respect des règles relatives aux MAD x
DSP Casino
Révision du cahier des charges x
Mise en place d'un véritable contrôle x
Rapport d'activité amélioré x
DSP Eau et
Assainissement Renouvellement des DSP en 2015 x
Marchés publics Améliorer la publicité x
Conserver les offres rejetées x
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Au total, les observations figurant dans le précédent rapport ont globalement été mises
en œuvre. Seules, les recommandations concernant la DSP du casino n’ont pas du tout été mises
en œuvre.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
13/41
3 LA FIABILITE DES COMPTES
3.1 Les participations, créances rattachées et autres immobilisations
financières
Il existe un principe général d’interdiction de prise de participation des collectivités
territoriales au capital de société anonymes. Cependant, la loi5 autorise les communes à prendre
part au capital de certaines sociétés. Il s’agit notamment d’établissements publics, semi-publics
ou privés, qui prennent le plus généralement la forme des sociétés d’économie mixte locales.
Conformément à l’instruction budgétaire et comptable M14, le chapitre 26
« participations et créances rattachées à des participations » enregistre à son débit les parts dans
le capital de ces sociétés, matérialisées ou non par des titres qu’acquièrent (opérations de
l’exercice) et détiennent (bilan) les collectivités. À Luxeuil-les-Bains, le débit du compte 26
fait état d’un solde de 320,14 € que la commune ne peut expliquer. Il conviendrait donc de
solder cette somme.
Conformément à la même instruction, le chapitre 27 « autres immobilisations
financières » enregistre à son débit :
les titres (actions autres que celles du chapitre 26, obligations) acquis dans le cadre des
placements budgétaires ou détenus suite à donations ;
les prêts autorisés par les textes (exemple : avances au personnel pour acquisition de
véhicules) ;
les créances résultant des versements effectués à la suite de la mise en jeu des garanties
d’emprunt6.
Le compte 274 « prêts » faisait apparaitre un débit de 74 459,18 €. Cette somme
correspond à deux prêts souscrits en 1985 et 1988 au profit du Tennis Club Luxovien qui devait
en assurer le remboursement. Le club, en difficulté financière, n’a jamais honoré les échéances.
Le dernier rapport d’observations définitives portant sur les exercices 2004 à 2011
recommandait d’actualiser les montants figurant à ce compte. Cette régularisation n’a eu lieu
qu’en 2016. L’immobilisation a été transformée en subvention. La chambre observe la réaction
tardive de la commune.
Au 31 décembre 2016, les comptes 272 « titres immobilisés » et 275 « dépôts et
cautionnement versés » faisaient état d’un solde débiteur de respectivement 3 384,37 € et 172 €.
Les services de la commune n’ont pas été en mesure d’expliquer ces inscriptions. Même si les
sommes en jeux sont relativement faibles, la chambre demande au maire de se rapprocher du
comptable public afin de solder rapidement ces écritures.
Au cours de l’instruction, le maire s’est engagé à procéder à l’apurement des comptes
concernés sur l’exercice 2018 après avoir pris contact avec la comptable.
5 Articles L. 1521 à L. 1523 et L. 2253 du CGCT 6 Articles L. 2252-1 à L. 2252-5 du CGCT
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
14/41
3.2 Les travaux en régie
Les travaux en régie sont constitués des investissements directement réalisés par la
collectivité. Ce dispositif permet d’augmenter la part des travaux financée sur la section
d’investissement et de percevoir le FCTVA afférent.
Ces travaux ont été comptabilisés à hauteur de :
Les travaux en régie
en € 2012 2013 2014 2015 2016
Travaux en régie 86 726 99 988 135 090 125 909 0
Source : comptes administratifs et comptes de gestion
Ils sont composés de charges de personnel, d’achats de matériel ou de locations
d’engins. Aucune anomalie n’a été détectée.
La loi de finances pour 2016 et la loi de finances rectificative pour 2015 mettent en place
de nouvelles dispositions relatives au fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée
(FCTVA)7. À compter du 1er janvier 2016, l’assiette des dépenses éligibles est élargie
notamment aux dépenses d’entretien des bâtiments publics et de la voirie. Ces dépenses sont
désormais directement imputées dans les comptes d’immobilisations correspondantes et n’ont
plus à intégrer les travaux en régie.
Les services de la commune ont appliqué ces dispositions qui concernent les achats. Ce
faisant, Luxeuil-les-Bains a pu bénéficier du FCTVA pour ce type de dépenses.
Les charges relatives au temps de travail des agents réalisant l’entretien des bâtiments
publics et de la voirie ne sont pas concernées par les dispositions des lois de finances précitées
mais relèvent toujours des dispositions relatives aux travaux en régie. Alors que de tels travaux
ont été réalisés en 2016, les comptes de la commune n’en font pas apparaître.
En excluant les charges de personnel des travaux en régie, la commune s’est privé de
pouvoir financer ces dépenses par la section d’investissement. La chambre conseille donc à la
commune de remettre en place le régime applicable aux productions immobilisées sur les
charges de personnel afférentes.
En cours d’instruction, les responsables de la commune et le comptable se sont entendus
pour rectifier la pratique à compter de 2017. Les travaux en régie déclarés au titre du FCTVA
2017 s’élèvent à 36 750 €.
7 Le FCTVA compense de manière forfaitaire la TVA que les bénéficiaires du fonds ont acquittée sur
certaines de leurs dépenses et qu’ils ne peuvent pas récupérer par la voie fiscale.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
15/41
3.3 Les autres points de contrôle
Les écritures relatives aux cessions d’immobilisations sont équilibrées, de même que
celles relatives aux provisions.
Les contrôles effectués sur les rattachements de charges et les amortissements n’ont pas
révélé d’anomalie particulière.
Les écritures relatives aux charges à répartir sont équilibrées. Elles correspondent à
l’étalement sur 15 ans des indemnités d’un montant de 726 375,89 € versées en 2003 à la suite
de la renégociation de 3 emprunts.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Outre les participations, créances rattachées, autres immobilisations et les travaux en
régie, les contrôles réalisés ont notamment porté sur les écritures de cessions
d’immobilisations, de rattachement de charges, de charges à répartir, des dépenses et recettes
à classer ou régulariser et des restes à réaliser.
Les anomalies détectées apparaissent mineures et portent sur des faibles voire très
faibles montants.
En conséquence, à partir des vérifications effectuées, les comptes de la commune de
Luxeuil-les-Bains peuvent être qualifiés de sincères.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
16/41
4 LA SITUATION FINANCIERE
La commune de Luxeuil-les-Bains dispose d’un budget général et de quatre budgets
annexes. L’activité du cinéma espace Molière ainsi que celle du lotissement du Chatagny sont
retracées dans deux budgets annexes à caractère administratif. L’exercice des compétences de
l’eau, de l’assainissement et du camping est retracé dans trois budgets annexes à caractère
industriel et commercial. En 2013, le camping municipal a été vendu.
Le poids financier de chacun de ces budgets est retracé dans le tableau suivant :
La part des différents budgets
Nomenclature
comptable
Recettes de
fonctionnement
2016 (en €)
%
Budget général M14 8 968 331 90,98 %
BA Assainissement M49 294 314 2,99 %
BA Eau M49 184 704 1,87 %
BA Camping M4 0 0,00 %
BA Cinéma M14 237 452 2,41 %
BA lotissement M14 172 696 1,75 %
9 857 498 100,00 %
Source : comptes administratifs et compte de gestion
Une analyse financière consolidée aurait le mérite de prendre en compte l’intégralité de
flux financiers. Elle se heurte cependant à certains biais qui rendraient en l’espèce ses
conclusions discutables.
En effet, les budgets annexes à caractère industriel et commercial répondent à des règles
budgétaires et financières particulières qui leur imposent notamment un financement par les
recettes liées à l’exploitation de leur activité. Ainsi, une consolidation avec des budgets à
caractère administratif pourrait fausser l’évaluation des marges de manœuvre.
Une analyse financière pertinente doit par ailleurs avoir un périmètre permanent. Or, le
camping municipal ayant été vendu en novembre 2013, le budget annexe qui en retraçait
l’activité a été dissout8 en 2014. En outre, le budget annexe lotissement communal du Chatigny
a été créé9 en 2016. Ce budget annexe doit par ailleurs appliquer la comptabilité de stock dont
le fonctionnement est tel que les inscriptions comptables ne peuvent être ajoutées à celle du
budget principal sans en fausser la compréhension.
Enfin, le budget annexe cinéma représente moins de 2,5 % des recettes totales de
fonctionnement.
8 Délibération du 29 janvier 2014 9 Délibération du 18 mars 2016
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
17/41
Pour toutes ces raisons et compte tenu de son poids financier total (91 % en 2016),
l’analyse financière est basée sur le seul budget principal. Elle porte sur les exercices 2012 à
2016. Elle repose sur des données issues des comptes de gestion, des comptes administratifs.
Certains retraitements proviennent d’ANAFI, une application interne aux juridictions
financières. Les fiches financières de la DGFIP ont fourni des éléments de comparaison
nationale avec la strate de référence à savoir celle des communes dont la population est
comprise entre 5 000 et 10 000 habitants.
Dans sa réponse, le maire a souhaité qu’en qualité de station classée de tourisme, les
données financières de la commune de Luxeuil-les-Bains soient comparées à celles de villes
appartenant à la strate supérieure. Toutefois, le décret n° 99-567 du 6 juillet 1999 pris pour
l’application de l’article 88 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 modifiée portant dispositions
statutaires relatives à la fonction publique territoriale dispose dans son article 5 que le
surclassement est prononcé par le préfet du département concerné, au vue de la délibération
prévue à l’article 4 accompagnée d’un dossier constitué par la commune. Tout en ne
méconnaissant pas les spécificités de la commune, la chambre ne peut s’autoriser en l’absence
d’arrêté préfectoral de surclassement démographique, à utiliser d’autres éléments de
comparaison nationale que ceux fournis par les fiches financières de la DGFIP relatives à la
strate des villes de 5 000 à 10 000 habitants.
4.1 Analyse financière du budget principal
4.1.1 La formation de l’autofinancement
4.1.1.1 Des ressources en diminution
Les produits de gestion sont composés principalement de ressources fiscales propres
(60 % en 2016) et de ressources institutionnelles (26,7 % en 2016). Les autres produits tels que
les ressources d’exploitation ou la fiscalité reversée par l’intercommunalité et l’État
représentent des parts beaucoup plus restreintes.
Jusqu’en 2015, ces recettes se sont maintenues à un niveau compris entre 8,77 M€ et
8,82 M€. Toutefois, en 2016, toutes les recettes ont diminué provoquant une chute des
ressources de 452 934 €. Cette baisse générale se répartit de la manière suivante :
- 198 542 € par la réduction des dotations et participations de l’État ;
- 125 909 € par des travaux en régie non comptabilisés en 2016 ;
- 53 398 € de fiscalité reversée ;
- 41 653 € par la fiscalité propre ;
- 33 433 € de ressources d’exploitation.
Au total, les produits de gestion ont diminué en valeur moyenne annuelle de -1,3 %
entre 2012 et 2016.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
18/41
Évolution des produits de gestion
en € 2012 2013 2014 2015 2016 VMA
Ressources fiscales propres (nettes des restitutions) 4 908 628 4 932 581 4 909 925 5 018 688 4 977 036 0,3 %
+ Ressources d'exploitation 308 657 378 324 481 568 448 309 414 876 7,7 %
+ Ressources institutionnelles (dotations et
participations) 2 736 496 2 657 184 2 541 074 2 419 708 2 221 167 -5,1 %
+ Fiscalité reversée par l'interco et l'État 736 092 750 734 748 855 760 732 707 334 -1,0 %
+ Production immobilisée, travaux en régie 86 726 99 988 135 090 125 909 0 -100,0 %
= Produits de gestion 8 776 599 8 818 812 8 816 511 8 773 347 8 320 412 -1,3 %
Source : ANAFI selon les données de la DGFIP
Évolution des ressources fiscales propres
Les ressources fiscales propres sont principalement composées des recettes issues
de la fiscalité locale. Elles sont globalement stables sur la période (+ 0,3 % en VMA).
La commune bénéficie également de la recette issue du prélèvement sur les produits
des jeux dans le casino qui se maintient à près d’1 M€ par an. Ce produit, qui ne repose pas
sur la population, représente une part grandissante des ressources fiscales de la commune.
Entre 2012 et 2016, la part de ce produit dans les ressources fiscales passe de 18,9 % à 20,2 %.
La commune ne dispose cependant pas de marge de manœuvre supplémentaire car les gains
du casino sont imposés au taux maximum.
Évolution des ressources fiscales propres
en € 2012 2013 2014 2015 2016
Var.
annuelle
moyenne
Impôts locaux nets des restitutions 3 507 199 3 562 089 3 600 578 3 655 092 3 529 744 0,2 %
+ Prélèvement produits des jeux dans casino 927 855 1 040 213 986 011 1 058 395 1 005 028 2,02 %
+ Autres taxes sur activités de service et domaine 153 446 69 828 72 915 46 293 192 076 5,7 %
+ Taxes sur activités industrielles 154 344 152 987 143 616 132 447 135 492 -3,2 %
+ Taxes liées à l'environnement et l'urbanisation 7 267 3 869 7 431 3 819 3 775 -15,1 %
+ Autres taxes (dont droits de mutation à titre
onéreux) 158 517 103 596 99 375 122 642 110 921 -8,5 %
= Ressources fiscales propres (nettes des
restitutions) 4 908 628 4 932 581 4 909 925 5 018 688 4 977 036 0,3 %
Source : ANAFI selon les données de la DGFIP
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
19/41
Le produit des seuls impôts locaux nets des restitutions a augmenté légèrement et
régulièrement de 2012 à 2015 (+ 1,39 % en VMA), passant de 3 507 199 € à 3 655 092 €
(+ 147 893 €). Il baisse ensuite de 125 348 € (soit - 3,43 %).
De 2012 à 2016 les taux n’ont pas évolué. Ils s’établissent à 13,50 % pour la taxe
d’habitation et 23,47 % pour la taxe foncière des propriétés bâties. Sur toute la période, ils sont
inférieurs à ceux de la strate pour la taxe d’habitation et supérieurs pour les taxes foncières sur
les propriétés bâties et non bâties, comme en témoigne le tableau suivant :
Comparaison des taux des taxes locales entre Luxeuil-les-Bains
et la moyenne des communes de la strate
2012 2015
Luxeuil-
les-
Bains
Moyenn
e de la
strate
Écart en
points
Luxeuil-
les-
Bains
Moyenn
e de la
strate
Écart en
points
Taxe d'habitation (y compris
THLV) 13,50 % 14,38 % - 0,88 point 13,50 % 14,71 % -1,21 points
Taxe foncière sur les propriétés
bâties 23,47 % 20,82 % 2,65 points 23,47 % 20,99 % 2,48 points
Taxe foncière sur les propriétés non
bâties 88,14 % 57,94 % 30,20 points 88,14 % 58,52 % 29,62 points
Source : Données issues de la DGFIP et de la DGCL
Les taux étant restés identiques sur toute la période, l’augmentation du produit des
impôts locaux constaté entre 2012 et 2015 provient par conséquent d’un effet base. Cet effet
base est d’autant plus notable que la population a diminué.
Pour la taxe d’habitation, la valeur locative moyenne a augmenté davantage que par le
seul taux de revalorisation annuelle (+ 0,4 point à + 1,4 points). Par ailleurs, chaque année, les
rôles bénéficiant d’abattement ont diminué (- 29 à - 65 rôles concernés par an). Ainsi, de 2012
à 2015, les recettes issues de la taxe d’habitation ont augmenté de 52 983 €10.
En matière de taxe foncière sur les propriétés bâties, la base imposée a également
augmenté (+ 122 223 €) malgré une baisse du nombre de locaux concernés (- 54).
Au total, entre 2012 et 2015, les produits fiscaux par habitant ont nettement progressé
de (+ 44 €/habitant). L’écart avec la strate s’est accru de 14 €.
10 Selon les imprimés « 1386-TF » des exercices 2012 à 2016
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
20/41
Évolution des produits fiscaux par habitant
2012 2015
Luxeuil-
les-Bains
Moyenne
de la
strate
Écart
Luxeuil
/strate
Luxeuil-
les-Bains
Moyenne
de la
strate
Écart
Luxeuil
/strate
Taxe d'habitation (y compris THLV) 157 180 -23 171 197 -26
Taxe foncière sur les propriétés bâties 292 242 50 322 255 67
Taxe foncière sur les propriétés non
bâties 7 8 -1 7 8 -1
Total 456 430 26 500 460 40
Source : Données issues de la DGFIP et de la DGCL
Entre 2015 et 2016, les recettes issues de la fiscalité locale ont diminué de 125 348 €,
passant de 3 655 092 € à 3 529 744 €. Ce constat s’explique en grande partie par la
déconstruction de 191 logements sociaux et militaires.
En 2017, le conseil municipal a voté une diminution des taux. Ils s’établissent dès lors
à 11,20 % (- 2,3 points) pour la taxe d’habitation, à 21,45 % (- 2,02 points) pour la taxe foncière
sur les propriétés bâties et 73,12 % (- 15,02 points) pour la taxe foncière sur les propriétés non
bâties. De ce fait, les recettes fiscales vont diminuer de plus de 400 000 €. Cette décision fait
suite à la mise en œuvre du pacte fiscal et financier. Une observation concernant ce pacte est
développée en partie 4.2.
Évolution des dotations et participations de l’État
La baisse la plus notable est celle des dotations. Il s’agit là d’un phénomène national de
contribution des collectivités à la réduction du déficit national.
Évolution et composition de la dotation globale de fonctionnement (DGF)
en € 2012 2013 2014 2015 2016 VMA
Dotation Globale de Fonctionnement 2 298 621 2 270 499 2 152 974 2 013 019 1 816 918 -5,7 %
Dont dotation forfaitaire 1 956 036 1 928 119 1 839 615 1 648 898 1 443 347 -7,3 %
Dont dotation d'aménagement 342 585 342 380 313 359 364 121 373 571 2,2 %
Source : ANAFI selon les données de la DGFIP
La dotation forfaitaire des communes, composante de la dotation globale de
fonctionnement (DGF), est la principale dotation de l'État aux collectivités locales. Elle est
essentiellement basée sur les critères de la population et de la superficie. Elle connait une baisse
croissante (- 1,4 % en 2013, - 4,6 % en 2014, - 10,4 % en 2015 et - 12,5 % en 2016).
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
21/41
Deuxième volet de la DGF, la dotation de solidarité rurale procède d'une extension de
la dotation de développement rural, créée en 1992. Elle est versée à l'ensemble des communes
rurales, sous des conditions d'éligibilité assez souples. Cette nouvelle dotation comporte une
fraction dite « bourgs-centres » et une fraction de péréquation. Pour la commune, cette dotation
est en légère augmentation (+ 2,2 % en VMA de 2012 à 2016).
La situation de la commune doit cependant être nuancée par la comparaison avec la
moyenne de la strate. Il ressort que Luxeuil-les-Bains bénéficie d’une DGF supérieure à la
moyenne de la strate (+ 64 % à + 68 % selon les exercices) et que la baisse enregistrée depuis
2012 est moins importante que celle de la strate.
Évolution de la DGF par habitant
en € 2012 2013 2014 2015 VMA
DGF / habitant de Luxeuil-les-Bains 297 298 288 272 -2,89 %
DGF / habitant de la strate 203 203 196 175 -4,83 %
Source : DGFIP
4.1.1.2 Des charges de fonctionnement maîtrisées
Les charges courantes sont composées principalement de charges de personnel (52 %)
et de charges à caractère général (27 %). Ces charges sont moins importantes à
Luxeuil-les-Bains qu’en moyenne dans les communes de la strate. Le tableau suivant retrace
les écarts constatés en 2015.
Comparaison des principales charges courantes en 2015 (en € par habitant)
Luxeuil-les-Bains Moyenne de la
strate
Écart Luxeuil-les-
Bains /strate
Charges de personnel 449 532 -83
Charges à caractère général 229 251 -22
Source : DGFIP
Ces dépenses sont maîtrisées puisqu’entre 2012 et 2016, les charges de personnel ont
diminué de 51 460 € et les charges à caractère général ont été réduites de 67 240 €, comme en
témoigne le tableau suivant :
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
22/41
Évolution des charges courantes
en € 2012 2013 2014 2015 2016 VMA
Charges à caractère général 1 795 456 1 816 460 1 884 676 1 776 571 1 728 216 -0,9 %
+ Charges de personnel 3 335 587 3 432 525 3 422 978 3 331 217 3 284 125 -0,4 %
+ Subventions de fonctionnement 850 643 866 182 884 534 905 973 933 719 2,4 %
+ Autres charges de gestion 310 091 341 155 426 574 420 779 407 181 7,0 %
+ Charges d'intérêt et pertes de change 538 456 491 051 466 418 790 497 387 963 -7,9 %
= Charges courantes 6 830 232 6 947 374 7 085 179 7 225 037 6 741 204 -0,3 %
Source : ANAFI selon les données de la DGFIP
Les subventions de fonctionnement sont composées de la contribution au CCAS
(189 624 € en 2016), de la participation à l’office de tourisme (452 020 € en 2016) et de
subventions aux associations et autres personnes de droit privé (292 075 €). Elles augmentent
de 2,4 % en moyenne annuelle.
Les autres charges de gestion augmentent de près de 100 000 € entre 2012 et 2016. Cela
s’explique pour partie par le renforcement de la politique de l’habitat et pour une autre partie
par le reversement à la communauté de communes du fonds d’amorçage relatif à la réforme des
rythmes scolaires.
Les intérêts de la dette sont en diminution constante (- 7,9 % en VMA) à un rythme
proche de celui de la baisse de la dette. Toutefois en 2015, ces charges augmentent fortement
en raison d’une opération de refinancement de deux emprunts dont le capital a été souscrit en
devises.
Au total, les charges courantes diminuent en moyenne annuelle de 0,30 %. Elles sont
globalement maîtrisées.
4.1.1.3 Un autofinancement net toutefois devenu inexistant
La capacité d’autofinancement (CAF) brute est un indicateur qui désigne l'excédent
résultant du fonctionnement. Elle est calculée par différence entre les produits réels de
fonctionnement (hors produits de cession d'immobilisation) et les charges réelles. Elle s’établit
de la manière suivante :
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
23/41
Évolution de la CAF brute
en € 2012 2013 2014 2015 2016 VMA
Produits de gestion 8 776 599 8 818 812 8 816 511 8 773 347 8 320 412 -1,3 %
- Charges courantes 6 830 232 6 947 374 7 085 179 7 225 037 6 741 204 -0,3 %
- Subventions exceptionnelles versées aux
SPIC 110 329 36 396 49 000 52 000 36 500 -24,2 %
+ Autres produits et charges excep. réels 102 459 575 83 972 38 908 41 699 -20,1 %
= CAF brute 1 938 498 1 835 617 1 766 305 1 535 217 1 584 407 -4,9 %
en % des produits de gestion 22,1 % 20,8 % 20,0 % 17,5 % 19,0 %
Source : ANAFI selon les données DGFIP
La CAF brute se maintient à un niveau confortable en pourcentage des produits de
gestion (entre 17,5 % en 2015 et 22,1 % en 2012). Cependant elle ne cesse de diminuer en
valeur absolue (- 354 091 € entre 2012 et 2016). Cette évolution est la résultante du fait que
même maîtrisées, les charges courantes diminuent moins vite que les produits de gestion.
La CAF est essentielle à l’équilibre financier puisqu’elle doit couvrir l’annuité en capital
de la dette. Le solde ainsi obtenu, dénommé CAF nette, est une source de financement des
dépenses d’investissement. Or, le poids du montant du remboursement en capital de la dette
luxovienne est tel qu’il absorbe tout ou partie de la CAF brute.
Évolution de la CAF nette
en € 2012 2013 2014 2015 2016
CAF brute 1 938 498 1 835 617 1 766 305 1 535 217 1 584 407
- Annuité en capital de la dette 1 281 316 1 368 372 1 484 352 1 495 273 1 600 219
= CAF nette ou disponible (C) 657 182 467 245 281 953 39 944 -15 812
Source : ANAFI selon les données de la DGFIP
Par ailleurs, le remboursement de la dette augmente. Cette tendance est due au caractère
progressif des annuités en capital de la dette. La quasi-totalité des contrats prévoit une
progressivité des remboursements en capital comprise en 2016 entre 2,48 % et 5,67 %. Ainsi,
l’augmentation des annuités représente près de 54 000 € en moyenne chaque année. Ce
phénomène obère d’autant les marges de manœuvre de la commune. Dans sa réponse aux
observations provisoires, le maire a indiqué que, depuis 2017, les contrats de prêts souscrits par
la commune prévoient un remboursement constant du capital.
Le pic constaté entre 2015 et 2016 s’explique également par l’opération de
remboursement anticipé de deux emprunts libellés en franc suisse. Cette opération fait l’objet
d’un développement ci-après (partie 4.3.2).
De ce fait, la CAF nette qui s’élevait à 657 182 € en 2012, diminue fortement et devient
même négative en 2016.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
24/41
En 2016, les finances de la commune ont atteint un niveau d’alerte. La structure de la
dette permet néanmoins d’envisager un redressement à court terme. En effet, sept des vingt-six
emprunts de la commune devaient se solder au cours de l’exercice 2017 (leur remboursement
représentait 568 630 € en 2016). En définitive, la sortie de ces prêts entraine une diminution du
remboursement de l’annuité en capital de la dette d’environ 296 000 € en 2017 et de 270 000 €
de plus en 2018.
Il n’en reste pas moins que la tendance observée depuis 2012 est fortement baissière.
Aussi, même si certains emprunts arrivent à terme, la restauration de la capacité
d’autofinancement doit rester une priorité. Pour ce faire, Luxeuil-les-Bains doit définir une
stratégie adaptée.
Ainsi qu’en fait part le maire dans sa réponse aux observations provisoires, la chambre
constate une amélioration de la situation financière de la commune en 2017 qui se traduit par
une augmentation de la CAF brute de 16,84 % par rapport à 2016 et le rétablissement d’une
CAF nette positive.
4.1.2 Une volonté de désendettement maintenue au prix d’une baisse des
investissements
4.1.2.1 Un désendettement historique
La commune connait un endettement important depuis la fin des années 80. La vente
des thermes à une société privée (la Chaîne Thermale du Soleil en 1998) puis des murs du
casino au groupe JOA (en 2000), n’a pas eu d’effet sur le montant de la dette. L’endettement
maximum a en effet été constaté en 2003 avec un encours de dette à près de 20 M€, soit une
dette par habitant de 2 218 €. Celui de la moyenne des communes de la strate s’élevait alors à
804 € par habitant.
Pendant la période sous contrôle, cet endettement évolue selon une politique de
désendettement assumée. Le recours à de nouveaux emprunts a ainsi été limité à 800 000 € par
an, tandis que le remboursement en capital de la dette a oscillé entre 1,2 M€ et 1,6 M€ comme
en témoigne le tableau suivant :
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
25/41
Le désendettement de la commune
en € 2012 2013 2014 2015 2016 Total
Remboursement en capital de la dette 1 281 316 1 368 372 1 484 352 1 495 273 1 600 219 7 229 531
Souscription de nouveaux emprunts 500 000 800 000 800 000 1 043 410 800 000 3 943 410
Dont pénalité pour refinancement dette 343 410 343 410
Désendettement annuel 781 316 568 372 684 352 451 863 800 219 3 286 122
Encours de dettes du BP au 31 décembre 12 599 318 12 031 196 11 348 083 10 896 580 10 098 149
Source : ANAFI selon les données de la DGFIP
Entre le 1er janvier 2012 et le 1er janvier 2017, l’encours de la dette a diminué de 3,2 M€,
passant de 13,38 M€ à 10,1 M€. Le fond de roulement11 a pour sa part augmenté sur cette même
période. Le désendettement apparait donc réel et non pas seulement financé en puisant dans les
réserves de la commune.
Évolution du fond de roulement net global
en € 2012 2013 2014 2015 2016
Fonds de roulement net global 1 127 839 717 427 1 159 752 1 859 189 1 770 432
Source : ANAFI selon les données de la DGFIP
Ainsi, l’endettement de la commune a diminué de moitié depuis 2003 et de - 20 %
depuis 2012. Compte tenu de la baisse constante de la population, la comparaison avec la strate
est moins flatteuse. Même en diminution, la commune conserve encore aujourd’hui une dette
par habitant toujours plus élevée que celle de la strate. En 2015, elle s’élevait à 1 470 € à
Luxeuil-les-Bains contre 868 € en moyenne dans les communes de taille comparable12.
4.1.2.2 Des investissements réduits
En cumul sur les 5 dernières années, les recettes de la section d’investissement (hors
emprunt) se composent principalement de subventions (62 %) et du fonds de compensation de
la TVA (FCTVA) (28 %). Elles sont en nette diminution depuis 2013 passant de 1,7 M€ à
0,6 M€, comme en témoigne le tableau suivant :
11 Le fonds de roulement correspond à l’ensemble des ressources qui sont destinées à financer, dans un
premier temps, les investissements en biens durables. Par différence, le fonds de roulement mesure la quantité de
ressources non utilisées par les actifs immobilisés qui permettra de couvrir les dépenses d’exploitation d’une
structure, nettes des encaissements.
12 Source : DGFIP
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
26/41
Évolution des recettes d’investissement (hors emprunt)
en € 2012 2013 2014 2015 2016 VMA
TLE et taxe d'aménagement 34 555 4 080 4 847 10 740 7 824 -31 %
+ Fonds de compensation de la TVA (FCTVA) 229 627 324 150 305 972 411 548 321 012 + 9 %
+ Subventions d'investissement reçues 842 416 1 102 420 873 817 462 803 267 185 - 25 %
+ Produits de cession 7 328 280 890 89 650 93 392 68 544 +75 %
+ Autres recettes 0 3 851 0 0 0 NA
= Recettes d'inv. hors emprunt 1 113 926 1 715 390 1 274 285 978 483 664 565 -12 %
Source : ANAFI selon les données de la DGFIP
Cette diminution est particulièrement prononcée pour les subventions d’investissement
qui sont 4 fois moins importantes en 2016 qu’en 2013.
Cette baisse cumulée à celle de la CAF brute conduit à la forte réduction du financement
propre disponible.
Évolution du financement propre disponible
en € 2012 2013 2014 2015 2016 VMA
Recettes d'inv. hors emprunt (A) 1 113 926 1 715 390 1 274 285 978 483 664 565 -12 %
CAF nette ou disponible (B) 657 182 467 245 281 953 39 944 -15 812 NS
Financement propre disponible (A+B) 1 771 109 2 182 635 1 556 238 1 018 427 648 754 -22%
Source : ANAFI selon les données de la DGFIP
Compte tenu du niveau de financement affaibli et de la politique de désendettement
engagée qui limite à près de 800 000 € le montant annuel des nouveaux emprunts, la commune
a dû diminuer de façon marquée ses investissements comme le montre le tableau suivant :
Évolution des dépenses d’équipement
en € 2012 2013 2014 2015 2016
Dépenses d'équipement réelles nettes 2 242 530 3 293 308 2 125 715 1 191 629 1 539 298
Source : ANAFI selon les données de la DGFIP
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
27/41
La politique de désendettement a été mise en place au prix d’une importante baisse des
investissements. La commune doit cependant évaluer le niveau d’investissement minimum
en-deçà duquel son patrimoine risque de se dégrader. Si ce niveau est supérieur à celui constaté
sur les dernières années, la commune devra en tirer les conséquences, soit en ne gardant que le
patrimoine qu’elle peut entretenir, soit en identifiant de nouvelles recettes. Lors de l’entretien
de fin de contrôle, le maire a indiqué partager ce constat de la situation.
Dans sa réponse aux observations provisoires, le maire a indiqué avoir d’ores et déjà
identifié des immeubles destinés à la cession. La commune envisage également de mettre en
location certains biens afin de générer de nouvelles recettes. Ces opérations devraient se
concrétiser en 2018 et 2019.
4.2 Le pacte fiscal et financier
Le pacte fiscal et financier dépasse le cadre de la seule commune de Luxeuil-les-Bains
puisqu’il s’agit d’un accord pris au sein de la communauté de communes du Pays de Luxeuil
(CCPLx). Il a pour double objectif de donner à l’EPCI des marges de manœuvre financières et
de traiter les modalités de transfert de compétences et des charges afférentes.
Concernant le transfert de compétences, le législateur a posé le principe de sa neutralité
financière tant pour l’EPCI que pour les communes concernées. Il doit ainsi s’accompagner
d’un transfert de moyens équivalents. Pour ce faire, la loi n° 92-125 du 6 février 1992 relative
à l'administration territoriale de la République a mis en place le mécanisme des attributions de
compensation (AC). Cette AC est évaluée initialement (au moment du passage à la TPU) puis
ajustée à chaque transfert de compétence par la commission chargée d’évaluer le montant des
charges transférées (CLECT). Sa création est prévue par l’article IV de l’article 1609 nonies C
du code général des impôts (CGI). Seule la CLECT est compétente pour évaluer le montant des
charges transférées ou constater l’absence de charges transférées entre l’EPCI et ses communes
membres. Une délibération fixant le montant des AC en l’absence de rapport d’évaluation des
charges transférées par la CLECT est susceptible de faire l’objet d’une annulation pour vice de
procédure.
Le pacte fiscal et financier a représenté l’un des objectifs de la mandature
communautaire actuelle. Ce travail a donné lieu, en mars 2016, à une première proposition. Ce
projet prévoyait au bénéfice de l’EPCI une augmentation de 2 points du taux communautaire
des taxes fiscales ainsi qu’une diminution de l’attribution de compensation13 versée aux
communes. Ce manque à gagner devait être compensé, au niveau des communes, par la mise
en place de fonds de concours. Au cours du conseil communautaire du 21 mars 201614, cette
proposition a été refusée et l’adoption du pacte fiscal repoussée.
13 L’attribution de compensation constitue pour les EPCI une dépense obligatoire. Elle a pour objectif
d’assurer la neutralité budgétaire compte tenu du passage à la taxe professionnelle unique et des transferts de
compétences à la fois pour l’EPCI et pour ses communes membres.
14 Délibérations n° 2016-019 et n° 2016-020
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
28/41
Un deuxième projet a été travaillé puis soumis au vote le 7 novembre 2016. Il proposait
notamment le transfert de la compétence tourisme. Il ne devait pas donner lieu à une
répercussion équivalente à la baisse de l’AC. Son financement devait être assuré par une
augmentation de la fiscalité intercommunale. Enfin, une autre hausse de la fiscalité devait
permettre d’obtenir des ressources supplémentaires. Ce pacte a été aussi rejeté par l’assemblée
délibérante de l’EPCI.
Le 6 mars 2017, le conseil communautaire a finalement adopté la mise en place d’un
pacte fiscal et financier. Cet accord prévoyait de financer les transferts de l’office de tourisme
de Luxeuil-les-Bains et celui de la piscine (par ailleurs déjà transférée en 2002) par une hausse
de la fiscalité communautaire (taxe d’habitation et la taxe foncière sur les propriétés bâties15).
Ce pacte devait permettre d’accroître les recettes de l’EPCI en répartissant l’effort fiscal sur
l’ensemble des communes.
Si le financement du transfert de compétence par l’augmentation de la fiscalité
intercommunale n’est pas explicitement prévu par les textes susmentionnés, c’est avant tout le
retour sur l’évaluation du transfert financier de la piscine qui pouvait poser problème.
Une partie16 de l’activité de l’office de tourisme de Luxeuil-les-Bains représentant une
charge annuelle de 236 000 € est transférée depuis le 1er janvier 2017. Concernant la piscine, la
CLECT avait en 2002 évalué les charges transférées à 220 000 € ; cette somme avait donc été
déduite de l’AC perçue par Luxeuil-les-Bains. Le pacte de 2017 n’a pas pour effet de remettre
en cause le transfert déjà opéré mais de modifier rétroactivement les modalités de son
financement avec, à l’instar de ce qui est prévu pour l’office du tourisme en 2017, un
financement par une augmentation de la fiscalité communautaire.
La délibération du 6 mars 2017 dispose en effet qu’une recette équivalente à celle
transférée en 2002 (220 000 €) devrait être reversée à Luxeuil-les-Bains « sous la forme la plus
adaptée ». Elle ne fixe cependant pas les modalités précises de ce reversement. À ce jour,
aucune autre délibération n’est venue le faire.
Le gain global pour Luxeuil-les-Bains avait été évalué à près de 456 000 € (236 000 €
au titre de l’office du tourisme et 220 000 € au titre de la piscine). Anticipant la modification
du financement du transfert de la piscine, Luxeuil-les-Bains a budgété l’AC à hauteur de
950 910 € (contre 730 910 € sur les exercices précédents).
Dans son rapport d’observations provisoire, la chambre s’interrogeait plus
particulièrement sur la remise en cause des modalités de financement du transfert de la piscine
qui a eu lieu en 2002, aucun cadre légal ne permettant de revenir sur l’évaluation qu’en avait
alors fait la CLECT. Par ailleurs, en novembre 2017, soit 8 mois après l’adoption du pacte fiscal
et financier, le maire de Luxeuil-les-Bains n’avait émis de titres qu’à hauteur de 730 910 € et
non 950 910 €.
15 État 1259
16 L’autre partie de l’activité tourisme est conservée par la commune en vertu de l’article L. 5214-16 du
CGCT, « les communes touristiques érigées en stations classées de tourisme […] peuvent décider, par délibération
[…] de conserver l'exercice de la compétence “ promotion du tourisme, dont la création d’offices de tourisme“. ».
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
29/41
Suite au contrôle de la chambre, la situation a été régularisée fin décembre 2017 par
l’émission d’un titre complémentaire de 220 195 €. Cette régularisation est par ailleurs
conforme avec les votes favorables des assemblées délibérantes de la CCPL et des différentes
communes membres de l’EPCI sur la modification statutaire présentée le 11 décembre 2017.
Ce titre complémentaire a permis d’assurer l’équilibre budgétaire dans la mesure où,
afin de ne pas faire peser l’effet du pacte sur le contribuable luxovien, la commune a décidé
(par délibération du 29 mars 2017) de baisser le niveau de la fiscalité à due concurrence des
sommes escomptées.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Les charges courantes ont été maîtrisées (- 0,3 % en valeur moyenne annuelle). Mais
les produits de gestion ont diminué (- 1,3 % en valeur moyenne annuelle) et la CAF brute s’est
amenuisée chaque année (- 354 091 € entre 2012 et 2016). Parallèlement, en raison du
caractère progressif de l’annuité en capital des emprunts (- 318 903 € entre 2012 et 2016), le
remboursement de la dette a augmenté. La conjugaison de ces deux paramètres a provoqué
l’effondrement de la CAF nette, devenue négative en 2016. Sa restauration apparaît prioritaire.
Dans ces conditions la mise en œuvre intégrale du pacte fiscal et financier s’avère cruciale.
Luxeuil-les-Bains est une commune fortement endettée depuis plus de 20 ans. Le conseil
municipal a adopté une politique de désendettement qui porte ses fruits. Il a limité la
souscription d’emprunt à 800 000 € chaque année, tandis que le remboursement en capital de
la dette fluctuait annuellement entre 1,2 M€ et 1,6 M€. Ce faisant, entre le 1er janvier 2012 et
le 1er janvier 2017, la dette de la commune a diminué de 3,2 M€, ce qui représente un
désendettement de 25 %.
Cette politique s’est fait au prix d’une forte réduction des investissements. La commune
doit désormais s’assurer que son niveau d’investissement est compatible avec le maintien en
l’état de son patrimoine.
Malgré des efforts notables, la situation financière reste tendue. Au terme de la
contradiction et compte tenu de la disponibilité des données de 2017, il apparaît que les
mesures prises et notamment la mise en œuvre du pacte fiscal et financier produisent de
premiers effets positifs sur les finances de la commune. Elles se traduisent par une
augmentation de la CAF brute et le rétablissement d’une CAF nette positive.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
30/41
4.3 La composition de la dette
La structure de la dette représente pour la commune de Luxeuil-les-Bains une question
particulièrement prégnante. Outre son poids, la composition de la dette devait être suivie. Le
dernier rapport de la chambre constatait en effet qu’au 31 décembre 2010, près de la moitié des
emprunts étaient dits « structurés »17.
4.3.1 La dette de Luxeuil-les-Bains au 1er janvier 2012
Au regard de la charte et du tableau des risques (cf. annexe n° 1), la dette luxovienne se
composait au 1er janvier 2012 comme suit :
Composition de la dette au 1er janvier 2012
Source : Comptes administratifs et contrats d’emprunts
Les emprunts simples à taux fixe ou révisable représentaient à peine plus de la
moitié (51 %) de la dette totale.
L’emprunt de type E1 est le résultat d’une succession de renégociations. Il
représentait à lui seul 26 % de l’endettement total. La dernière annuité est fixée
au premier trimestre 2023.
17 Les produits structurés ont été définis par la Cour des comptes, dans son rapport annuel de 2009, comme
intégrant dans « un seul et même contrat un emprunt et un ou plusieurs produits dérivés sous la forme le plus
souvent d’une vente d’options par l’emprunteur. Ces emprunts sont facilement reconnaissables puisque la clause
qui définit le taux d’intérêt applicable comprend alors nécessairement un ou plusieurs "si" »
Emprunts de type
A1 à taux fixe;
5801 194 €; 43%
Emprunts de type
A1 à taux révisable;
1064 138 €; 8%
Emprunts de type B1;
1316 596 €; 10%
Emprunt de type
E1;
3444 826 €; 26%
Emprunts de type
F6; 1752 130 €;
13%
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
31/41
La commune comptait 3 emprunts dont le capital a été souscrit en franc suisse.
Les établissements bancaires se sont engagés à ne plus proposer ce type de
produits qui se situe en dehors du tableau des risques. Ces emprunts exposent
les collectivités souscriptrice à des risques sur le capital.
Depuis le 1er janvier 2012, les nouveaux contrats souscrits par la commune ne sont que
des emprunts à taux fixe. Sur les 3 emprunts en devise, deux ont été remboursés par anticipation.
4.3.2 Le remboursement anticipé des emprunts en devise
En 2004 et en 2005, la commune a souscrit deux prêts en franc suisse pour des montants
conséquents (près de 2,5 millions d’euros).
Un contrat de prêt18 sur 20 ans et pour un montant de 1 370 000 francs suisses (valeur
de 893 730,84 € au moment de la signature du contrat). Ce prêt comportait deux phases ; la
première, d’une durée de 5 ans, était à taux fixe de 3,29 % et la seconde était indexée Libor
franc suisse 3, 6 ou 12 mois19 auquel s’ajoutait une marge de 0,30 %.
Un an après, en septembre 2005, le maire a souscrit avec le même établissement bancaire
un contrat de prêt20 d’une durée de 15 ans et d’un montant de 1 056 485 francs suisses (valeur
de 683 234,17 € au moment de la signature du contrat).
Le taux d’intérêt est indexé sur le Libor franc suisse 3 mois21 auquel s’ajoute une marge
de 0,25 %. C’est un index simple, sans effet de barrière ni de coefficient multiplicateur. Il s’agit
d’un emprunt à taux variable mais non structuré.
Le caractère risqué de ces contrats ne résidait pas tant dans les modalités de calcul des
intérêts que dans le fait que le capital a été souscrit en devise, ce qui exposait la commune au
risque de l’évolution du taux de change. Or la parité entre l’euro et le franc suisse depuis la
signature du contrat a été globalement défavorable à Luxeuil-les-Bains comme le témoigne le
tableau suivant :
18 Contrat MPH 222910CHF (pièce n° 68) 19 Le taux d’intérêts LIBOR franc suisse (CHF) à 3 mois est le taux moyen auquel une sélection de banques accorde
des prêts en francs suisses d’une durée de 3 mois. 20 Contrat MON 232930CHF (pièce n° 65) 21 Le taux d’intérêts LIBOR franc suisse (CHF) à 3 mois est le taux moyen auquel une sélection de banques accorde
des prêts en francs suisses d’une durée de 3 mois.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
32/41
Évolution de la parité moyenne entre l’euro et le franc suisse
Année Parité moyenne
2004 1,54
2005 1,48
2006 1,57
2007 1,64
2008 1,59
2009 1,51
2010 1,38
2011 1,23
2012 1,21
2013 1,23
2014 1,21
2015 1,07
Source : Département fédéral suisse des finances
Après avoir légèrement augmenté de 2005 à 2007, la parité euro/franc suisse a chuté
jusqu’en 2012, elle s’est ensuite stabilisée autour de 1,21 franc suisse pour 1 euro. En janvier 2015,
elle a de nouveau baissé pour s’établir à 1,07.
Il en résulte que le capital restant dû de ces emprunts a par moments augmenté malgré les
remboursements effectués. Ainsi, au 10 juin 2015 sur une dette souscrite de 1 576 965 €, et alors
même que la commune avait remboursé 840 350 € d’annuité en capital, le capital restant dû
représentait encore 1 080 024 €. L’évolution du taux de change a ainsi augmenté le montant à
rembourser par la commune de 343 410 €.
Soucieux de s’extraire des risques de change, le conseil municipal vote le 28 mai 2015
une délibération autorisant le maire à procéder au refinancement de ces deux prêts. L’opération
a consisté en un remboursement anticipé suivi de la souscription d’un nouvel emprunt libellé
cette fois-ci en euros. Cette démarche a figé la perte de change à 343 410 €.
Ce refinancement a contribué à la désensibilisation de la composition de la dette de la
commune au prix de son renchérissement.
4.3.3 La dette de Luxeuil-les-Bains au 31 décembre 2016
Entre le 1er janvier 2012 et le 31 décembre 2016, les emprunts à taux fixe ou révisable
sont passés de 51 % à 75 % du total de la dette de la commune.
Le seul produit hors charte (F6) ne représente plus que 1 % de la dette totale. L’emprunt
concerné doit d’ailleurs être totalement remboursé au terme de l’exercice 2017.
La seule zone de risque réside dans l’emprunt de type E1 souscrit en 2011 et qui doit
arriver à terme en 2023.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
33/41
Composition de la dette au 31 décembre 2016
Source : Compte administratif 2016
Globalement, la commune a réduit le caractère incertain de sa dette. Désormais, l’une
des problématiques réside dans la progressivité des remboursements annuels du capital des
emprunts telle qu’elle a été présentée à la partie 4.1.1.3.
Emprunts de type A1
à taux fixe;
7211 421 €; 72%
Emprunts de type A1
à taux révisable ;
336 838 €; 3%
Emprunts de
type B1;
317 134 €; 3%
Emprunt de type E1;
2 156 142 € ; 21%
Emprunt de type F6;
71 227 €; 1%
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
34/41
5 LES RESSOURCES HUMAINES
5.1 Le respect du temps de travail
En vertu du décret n° 200-815 du 25 août 2000 relatif à l'aménagement et à la réduction
du temps de travail modifiée par la loi n° 2004-626 du 30 juin 2004 relative à la solidarité pour
l'autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées, la durée du travail effectif est
fixée à 35 heures par semaine. Le décompte du temps de travail est réalisé sur la base d'une
durée annuelle de travail effectif de 1 607 heures, heures supplémentaires non comprises.
Par délibération n° 2002-47 du 28 mars 2002, le conseil municipal a adopté le protocole
d’accord relatif à l’aménagement et la réduction du temps de travail (ARTT). Les délibérations
n° 2003-122 du 3 septembre 2003, n° 2004-179 du 10 décembre 2004, n° 2005-45 du 11 mars
2005 et n° 2006-222 du 6 décembre 2006 ont successivement modifié ce protocole d’accord.
En 2009, un groupe de travail a rédigé une refonte du protocole. Le document qui en a résulté
a été présenté devant le comité technique paritaire le 17 avril 2009. La délibération n° 2009-90
du 11 mai 2009 a adopté ce nouveau protocole.
Ce document rappelle les différentes dispositions légales et règlementaires relatives au
temps de travail. Il définit le temps de travail, traite ensuite des différents cycles et organisation
du travail, précise les modalités de récupération du temps de travail et enfin définit le nombre
de jours de congés et autorisations d’absences.
Les agents de la commune bénéficient de 25 jours de congé. Ils peuvent également jouir
d’un ou deux jours de fractionnement, si leur situation le permet.
Le régime des congés ainsi mis en place respecte le cadre légal et règlementaire.
Les agents peuvent choisir chaque année entre deux cycles de travail. Ils peuvent
travailler 35 heures par semaine, sans jour de récupération ou 37 heures hebdomadaires avec
11 jours de RTT. Les agents affectés à une école travaillent selon un rythme variable. Ils
effectuent 35 heures hebdomadaires à l’exception de 12 semaines de 39 heures de travail
pendant la période scolaire. Ces 12 semaines leur permettent de prendre 7 jours de RTT.
Après vérification, 37 heures hebdomadaires de travail donnent réellement droit à
11 jours de récupération. De même 39 heures hebdomadaires sur 12 semaines correspondent à
48 heures de récupération, soit 6,86 jours de récupération sur la base d’une journée de travail
de 7 heures. Le protocole a arrondi ces 6,86 jours à 7 jours.
La chambre constate que les différents régimes mis en place respectent le cadre légal.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
35/41
5.2 Des charges de personnel maîtrisées
Les charges de personnel sont maîtrisées. Elles sont d’ailleurs en diminution depuis
2013, comme le montre le tableau suivant :
Évolution des charges de personnel
en € 2012 2013 2014 2015 2016 VMA
Charges de personnel 3 335 587 3 432 525 3 422 978 3 331 217 3 284 125 -0,4 %
En € par habitant 431 451 457 449
En € par habitant en moyenne
pour les communes de la strate 504 513 532 532
Source : ANAFI selon les données de la DGFIP
Leur maîtrise s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs. Il peut tout d’abord
être noté que les départs en retraite n’ont pas systématiquement été remplacés. Cette politique
a concerné 11 postes depuis 2012.
Nombre de départs en retraire non remplacés
2012 2013 2014 2015 2016 Total
2 1 1 3 4 11
Source : Commune de Luxeuil-les-Bains
Par ailleurs, le remplacement des absences ponctuelles (de type arrêt maladie ordinaire)
n’a concerné pour la plupart que les postes relatifs à l’entretien des locaux et celui des ATSEM.
Un délai de carence de 3 jours est le cas échéant appliqué et le remplacement s’effectue sur un
temps de travail inférieur à celui de l’absence réelle.
Sans que cela ne soit automatique, les absences suite à un congé maternité ou une longue
maladie ont été plus facilement remplacées.
Enfin, la commune a mené un travail de rationalisation des missions. L’exemple le plus
marquant est celui du service d’entretien des bâtiments. À la suite d’une demande de la
direction, le chef de service a suivi une formation en 2014 qui lui a permis d’évaluer de manière
objective le besoin en temps de travail. Les tâches des agents ont ensuite été redéfinies. Cette
action a permis le remplacement partiel de certains départs en retraite. Ainsi en 2016, les
missions d’un agent employé à 100 % ont été affectées à un collègue qui travaillait jusqu’alors
25 heures par semaine. Ce dernier bénéficie depuis d’un temps plein. Pour la collectivité, cette
opération a permis la réduction de 0,71 équivalent temps plein travaillé (ETPT).
Cette objectivation du temps de travail nécessaire s’est accompagnée d’une
rationalisation des horaires. Le planning des agents a été modifié et s’avère plus adapté aux
contraintes du service.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
36/41
Les missions des ATSEM ont également été redéfinies. Auparavant, la commune mettait
à disposition de chaque classe de maternelle une ATSEM. Désormais, seules les classes de
petite section bénéficient d’une ATSEM. En moyenne et grande section, une ATSEM est
affectée au service de deux classes.
L’effet cumulé de ces facteurs explique la baisse des ETPT depuis 2012. Le tableau
suivant fait état d’une baisse de 11 ETPT titulaires et d’un solde net de 4,2 ETPT toutes
catégories de personnel confondues.
Évolution des équivalents de temps plein travaillés (ETPT)
2012 2013 2014 2015 2016 Évolution
Titulaire 99,94 95,28 96,22 89,39 88,89 -11,0
Non titulaire 4,41 8,14 7,95 5 6,79 2,4
CAE 3,24 3,76 5,82 6,76 7,75 4,5
Total 107,59 107,18 109,99 101,15 103,43 -4,2
Source : Commune de Luxeuil-les-Bains
Les responsables de la commune ont cependant fait savoir que les économies réalisées
ces dernières années n’apparaissaient plus reproductibles. Selon eux, à l’avenir, les effectifs se
stabiliseront et les charges de personnel risqueront d’augmenter en fonction de l’évolution du
glissement vieillesse technicité (GVT).
5.3 L’absentéisme
5.3.1 Un taux d’absentéisme très élevé
Entre 2012 et 2015, le taux d’absentéisme global a fortement augmenté, passant de
10,60 % à 19,66 %. Il diminue légèrement en 2016 pour s’établir à 17,21 %.
Évolution des absences pour raison de santé du personnel titulaire
Type d’absence 2012 2013 2014 2015 2016
Maladie ordinaire 1 295 1 407 1 437 910 888
LM. MLD et grave maladie 927 2 002 2 331 3 092 2 748
Accidents du travail 349 292 199 184 131
Maladie professionnelle 84 36 237 253 91
Autres formes d'absence (1) 26 3 7 12
Total jours d'absence 2 681 3 737 4 207 4 446 3 870
Total effectif équivalents temps plein 99,94 95,28 96,22 89,39 88,89
Nombre de jours ouvrables 253 252 249 253 253
Taux global d'absentéisme 10,60 % 15,56 % 17,56 % 19,66 % 17,21 %
Source : Commune de Luxeuil-les-Bains
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
37/41
La comparaison entre des taux d’absentéisme « moyens » doit être envisagée avec
prudence tant les paramètres pris en compte peuvent varier. Néanmoins les données issues de
deux études permettent de qualifier le plus objectivement possible la situation de la commune
de Luxeuil-les-Bains. Il s’agit tout d’abord d’une étude22 réalisée pour le compte de
l’association des DRH des grandes collectivités (ADRHGC) parue en mars 2015 et d’un
panorama23 des absences en 2015 réalisé par Sofaxis24. Ces deux rapports fixent pour 2015 le
taux d’absentéisme moyen à respectivement 7,93 % et 9,3 %, soit à un niveau bien inférieur à
celui de Luxeuil-les-Bains. L’absentéisme de la commune apparait très important. Ce taux
global recoupe plusieurs tendances. Les absences pour maladie ordinaire et pour accidents de
travail baissent notablement tandis que les longues maladies augmentent considérablement.
Les absences pour maladie ordinaire ont augmenté de 2012 à 2014 passant de 5,12 % à
6 % puis ont diminué pour atteindre 3,95 % en 2016. Ces taux sont relativement proches de
celui relevé par l’ADRHGC qui s’établit à 4,23 %. En 2016, la gravité25 des maladies ordinaires
s’établissait à 10 jours, leur exposition26 à 54 % et leur fréquence27 à 2,5. À titre de
comparaison, Sofaxis avait constaté une gravité pour maladie ordinaire de 20 jours mais une
exposition de 44 %.
Les absences pour accidents de travail diminuent chaque année. Elles sont passées de
349 jours en 2012 à 131 jours en 2016. Elles ont donc été divisées par trois. Le travail mené par
l’agent de prévention peut expliquer cette baisse. Cet agent analyse chaque accident de travail.
Cela débouche sur un rapport dans lequel il émet des préconisations. Ce document est rédigé à
l’attention de la direction. La chambre regrette néanmoins que le rapport ne soit pas transmis
au service concerné.
L’augmentation du taux global d’absentéisme est en grande partie due aux absences
pour longue maladie (LM), maladie de longue durée (MLD) et maladie grave. Elles croissent
de manière très significative. Elles sont trois fois plus importantes en 2016 qu’en 2012. Cela a
représenté l’équivalent de près de 11 ETPT en 2016, soit un taux d’absentéisme de 12,2 %.
Selon l’étude de l’ADRHGC, ce taux était de 2,6 %. Par principe, un employeur a peu de prise
sur ce type d’absence mais les données de la commune font apparaître une telle situation qu’il
conviendrait d’en déterminer les causes en identifiant celles sur lesquelles la commune pourrait
agir.
22 L’étude de l’ADRHGC se base sur les réponses de 121 communes. Les taux calculés se base sur un
périmètre intégrant la maladie ordinaire, les accidents de travail, la maladie professionnelle, les congés longue /
grave maladie et les congés longue durée. Les congés maternité sont exclus. Le périmètre est comparable à celui
pris en compte par l’équipe d’instruction. 23 Panorama des absences au travail pour raison de santé dans les collectivités 24 Depuis le 1er janvier 2016, Sofaxis est le nouveau nom de Dexia Sofcap. Cette société propose
notamment une assurance afin de couvrir les risques liés à l’absentéisme des agents territoriaux et hospitaliers. 25 La gravité est la durée moyenne des arrêts. 26 L’exposition mesure la part des agents ayant eu au moins un jour d’arrêt maladie sur une période
donnée. 27 La fréquence mesure le caractère répétitif des arrêts des agents absents, soit le nombre moyen d’arrêts
par agent absent.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
38/41
Tenant compte de l’évolution de l’absentéisme pour raison de santé (+ 70 % entre 2012
et 2016) et de la somme que cela représente (0,48 M€ sur la base du cout moyen d’1 ETPT28
constaté à Luxeuil-les-Bains en 2016), la chambre invite la commune à identifier les sources de
l’absentéisme, à mettre en place des mesures préventives. Enfin, il conviendrait que les données
relatives à l’absentéisme soient suivies.
5.3.2 Un suivi et une analyse pourtant encore peu développés
Le précédent rapport avait identifié que les absences étaient liées aux arrêts pour
maladies graves, sur lesquels la commune n’a que peu de moyens d’action, et aux accidents du
travail, dont la commune doit se préoccuper. Afin d’endiguer leur hausse, le service des
ressources humaines avait établi deux priorités : une augmentation des formations liées à la
sécurité des agents et un suivi plus strict de l’absentéisme.
La chambre engageait alors la commune à développer des actions de prévention des
accidents du travail et la formation de son personnel.
Depuis le précédent rapport, aucune étude n’a été menée afin d’évaluer précisément le
niveau d’absentéisme global, ni ses composantes. La situation n’a pas été objectivée. Les
raisons n’ont pu être identifiées. Le constat n’a pu être partagé avec les élus et les agents en
général et les chefs de services en particulier. De même, la commune ne dispose pas d’outil
permettant de suivre ces données.
La directrice générale des services (DGS) a confirmé le fait que l’absentéisme est un
des chantiers majeurs de la collectivité en matière de ressources humaines. La commune a mené
un bilan des risques psycho-sociaux en grande partie justifié par l’absentéisme.
La commune a mis en place des mesures destinées à limiter l’absentéisme. La chambre
notera cependant qu’elle l’a fait de manière empirique. Depuis octobre 2011, le régime
indemnitaire est dégressif en cas d’absence pour maladie. Des contrôles médicaux sont
demandés après trois arrêts au cours d’une année civile. Enfin, la direction se rapproche du
centre de gestion pour tenter de trouver une solution aux agents placés en longue maladie.
Dans sa réponse, le maire a indiqué avoir mis en place le RIFSEEP à compter du
1er février 2018.
La chambre souligne le travail réalisé et encourage la commune à poursuivre la mise en
place de mesures permettant de lutter contre l’absentéisme. La chambre note cependant
l’absence d’analyse objective. Elle invite enfin au suivi des données afférentes à cette
problématique.
Recommandation n° 2 : La chambre recommande de suivre les données relatives aux
causes et conséquences de l’absentéisme et sur les cas où c’est possible, d’adopter le plan
de prévention afférent.
28 Sachant que les charges de personnel s’élèvent en 2016 à 3 284 125 € pour 103,43 ETPT, le coût moyen
d’un ETPT est de 31 752 €
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
39/41
5.3.3 Un travail sur les risques psychosociaux
Le taux d’absentéisme jugé important par les responsables de la commune est l’une des
raisons pour lesquelles la commune s’est engagée dans une démarche de prévention des risques
psychosociaux.
En 2014, le maire, des élus et la DGS ont rencontré à plusieurs reprises certains services
du centre de gestion de Haute-Saône (CDG 70). En mai 2015, la commune et le CDG 70 signent
une convention afin de sensibiliser les agents, encadrants et élus et former les membres du
CHSCT, l’assistant de prévention et certains agents à la prévention des risques psychosociaux.
Le CDG devait en outre accompagner la commune dans la mise en œuvre d’une démarche de
qualité de vie au travail. Il s’agissait enfin d’identifier les causes de l’absentéisme et de planifier
des actions correctrices.
Ce travail s’est tenu pendant une période charnière puisqu’il s’est déroulé alors qu’une
nouvelle DGS intégrait la collectivité.
La première étape a consisté en l’information de tous les agents et des élus. Pour la
deuxième étape, certains agents ont été formés. La troisième étape, la plus longue devait assurer
l’accompagnement à la démarche de qualité de vie au travail et la mise en œuvre du plan de
prévention. Pour ce faire, les psychologues ont recueilli le ressenti et le vécu des agents par le
biais de questionnaires et d’entretiens individuels. Ils ont par ailleurs exploité des données
relatives à l’absentéisme pour raisons de santé, au turn over et aux demandes de visite auprès
du médecin de prévention.
L’analyse du CDG 70 concluait que les agents percevaient une « mauvaise ambiance
générale dans la collectivité ». Ils ressentaient « un manque de confiance et de soutien […] par
les élus et la direction ». Ce climat tendu se traduisait par une « mauvaise communication entre
les agents et les responsables ». Ils déploraient en outre l’absence de moments de convivialité.
Cependant, au sein de la collectivité, des ambiances de travail plus positives ont été
relevées. Ainsi certains agents ont fait état d’entraides, de disponibilités et de reconnaissance
des compétences des collègues. D’aucuns estimaient avoir bénéficié de démarche participative
dans les réflexions. Ce faisant, cela donnait d’après eux du sens à leur action.
Le document présente ensuite un diagnostic des différents pôles ou services. Pour
chacun d’entre eux, le rapport fait état des points positifs ou négatifs dans le ressenti des agents.
Le rapport poursuivait en constatant la présence de troubles psychosociaux dans la
collectivité. Dans un tel contexte, le changement de configuration à la tête de la collectivité
semblait être un contexte favorable pour faire évoluer la situation de manière positive.
Il se concluait par la nécessité d’élaborer un plan d’action de prévention des risques
psychosociaux et conseillait de mettre en place des groupes de travail sur des thématiques
émergeant de l’analyse du CDG 70.
La chambre souligne l’intérêt d’avoir engagé une telle démarche. Elle note cependant
que les recommandations formulées n’étaient pas mises en œuvre au moment de l’instruction.
Elle invite donc la commune à poursuivre le travail engagé.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
40/41
5.3.4 L’absence d’évaluation des agents de la police municipale
Le pré-diagnostic relatif aux risques psycho-sociaux de la commune fait apparaître
certaines problématiques particulières concernant le service de la police municipale. Il est fait
état d’« agents qui se sentent en insécurité et mis en danger face à un public de plus en plus
difficile. Le sentiment d’insécurité est amplifié par la perception d’un manque de soutien d’une
part, mais aussi par le manque de moyens pour y faire face. »
L’évaluation de tous les agents municipaux a été mise en place en 2016. Après qu’une
formation a été dispensée à chaque encadrant, les chefs de service ont été évalués par la DGS.
Ce dispositif permet d’échanger sur les conditions de travail, de fixer des objectifs et de faire
remonter les attentes de chaque agent. En 2017, alors que la quasi-totalité des employés
communaux avait été évaluée, le chef de service de la police municipale n’avait pas évalué les
agents de son service. La chambre rappelle que l’évaluation est une occasion de résoudre
certaines difficultés.
Depuis mi 2017, la DGS organise une réunion hebdomadaire avec les agents du service
et l’adjoint à la sécurité les rencontre une fois par quinzaine. Si l’initiative montre la volonté de
développer le dialogue, il peut toutefois être regretté qu’aucun compte rendu ne vienne rendre
compte de ces échanges.
Dans sa réponse aux observations provisoires, le maire a indiqué que la perception des
agents de la police municipale lui semblait excessive par rapport au renfort de moyens que la
mairie a mis à la disposition de ce service.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
La chambre relève que la commune respecte le temps de travail et maîtrise les charges
de personnel.
Par contre, l’absentéisme représente une véritable problématique (17 % en 2016). La commune
est dans une situation particulière car ces absences sont en grande partie dues aux arrêts pour
longue maladie, maladie de longue durée ou maladie grave. La chambre a noté les efforts
réalisés et les mesures entreprises afin de remédier à cette situation. Cependant, elle relève un
manque de formalisme et d’analyse. Aussi, la chambre recommande de suivre les données
relatives à l’absentéisme et lorsque c’est possible, d’adopter un plan de prévention.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-FB-21 en date du 3 septembre 2018
COMMUNE DE LUXEUIL-LES-BAINS
41/41
Annexe n° 1. La charte de bonne conduite
La charte de bonne conduite, cosignée en 2009 par les établissements bancaires et les
collectivités locales, préconisait un classement des emprunts selon le tableau des risques
suivants :
Tableau des risques des emprunts
Source : Charte de bonne conduite
La charte classe les produits structurés en fonction de deux critères :
- L’indice sous-jacent servant au calcul de la formule : de 1 (risque faible) à 5 (risque
élevé) ;
- La structure de la formule de calcul ; classement de A (risque faible) à E (risque élevé).
Il convient de noter que, par convention, les taux fixes ou variables simples (type Euribor +
marge) sont enregistrés en A1, bien qu’ils ne soient pas formellement des produits structurés.
Chambre régionale des comptes Bourgogne-Franche-Comté
28-30 rue Pasteur – CS 71199 – 21011 DIJON Cedex
Site Internet : http://www.ccomptes.fr/fr/crc-bourgogne-franche-comte