Lettre Vernimmen Numero 115

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    numro :

    ACTUALITE : La

    dductibilit des charges

    dintrts

    TABLEAU DU MOIS : Les

    taux dimpt dans le

    monde

    RECHERCHE :

    Gouvernance et contrle

    des cranciers

    QUESTION : La clause de

    ratchet dans les pactes

    dactionnaires de start-up

    N 115

    Mai-juin 2013

    par Pascal Quiry

    et Yann Le Fur

    * * *

    ACTUALITE : Le manque de dprciation du goodwill:

    Etude sur la situation des grands groupes europens

    Par Claes Christiansen

    Les intrts du management et des actionnaires sur la comptabilisation du goodwill ne sont

    pas ncessairement aligns. Lannonce par un groupe dune dprciation importante de son

    goodwill est souvent perue comme la constatation derreurs passes en matire de stratgie

    dacquisition. Il parait alors naturel pour les dirigeants dessayer dviter ou de diffrer les

    dprciations du goodwill afin de protger leur propre rputation ( et peut-tre au passage

    leur rmunration).

    La perspective des actionnaires est sensiblement diffrente, ils valorisent la justesse du

    reporting financier, justesse au sens de mesure pertinente et non de ric-rac. Le principe

    comptable de prudence dicte que lorsque la valeur dun actif tombe en dessous de sa valeur

    comptable historique, celui-ci doit tre dprci. Si ce principe tait parfaitement appliqu, les

    actionnaires pourraient considrer les capitaux propres comme un minimum de la valeur des

    capitaux propres. De plus, les dprciations du goodwill tant de nature exceptionnelle et

    nayant pas dimpact cash, elles ne devraient pas avoir dimplications en termes de valorisation

    des capitaux propres. Tout pousse alors lactionnaire exiger du management une objectivit

    sur le montant du goodwill.

    ACTUALITE : Le manque de dprciation du goodwill: Etude sur la situation des grands groupes europens Par Claes Christiansen

    1-4

    GRAPHIQUE DU MOIS : Part des dettes bancaires et des emprunts obligataires dans le financement des grandes entreprises

    4-5

    RECHERCHE : Fiscalit des actionnaires et investissement 5-6

    QUESTION ET REPONSE : Un euro de trsorerie dApple peut-il raisonnablement tre valoris pour un euro ?

    7-8

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    Notons nanmoins que la survalorisation potentielle du goodwill dans les comptes a un impact

    sur les prteurs pour qui le montant des capitaux propres est frquemment retenu pour

    valuer la situation financire de la socit et sa capacit emprunter. Dans cette optique, la

    sous-dprciation du goodwill pourrait galement avoir pour but pour les managers de

    conserver de la flexibilit financire.

    Rsultats de ltude

    Le simple constat que les dprciations du goodwill sont trs largement dconnectes des

    mouvements sur les marches boursiers nous a invit raliser une petite tude. En effet, un

    raisonnement simple amnerait naturellement conclure linverse de ce constat : si en

    moyenne la valeur de lensemble des actifs baisse (baisse des indices boursiers), la valeur des

    actifs acquis par les groupes dans le pass devrait galement baisser et tt ou tard, une

    dprciation du goodwill devrait donc tre passe.

    Le graphique ci-dessous montre que dans les 25 dernires annes, le march action a subi

    deux cycles (deux hausses importantes suivies de deux baisses), le march des fusions et

    acquisitions a subi les mmes cycles, malgr cela, le goodwill des groupes de lEurostoxx 50 a

    cr presque continuellement. A premire vue, on pourrait donc penser que les goodwills

    enregistrs dans les annes 1999-2001 et 2006-2008 navaient jamais t revus la baisse par

    ces groupes.

    Ltude vise donc tester si les processus (y compris la revue par les auditeurs externes) pour

    sassurer de la pertinence du reporting comptable a permis une comptabilisation correcte des

    dprciations du goodwill ou pas.

    En se focalisant sur les socits ayant un niveau significatif de goodwill (en proportion de leur

    total dactif), ltude met en vidence tout dabord le montant de dprciation du goodwill par

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    les socits de lEurostoxx 50 entre 2007 et 2011. Puis, sur la base de lvolution des price-to-

    book ratios, un modle simple a t dvelopp pour mesurer le montant de dprciation que

    ces socits auraient d passer sur la mme priode.

    Ce calcul a permis de conclure que 23 des 50 groupes ont de manire significative dprci

    insuffisamment le goodwill. Selon notre modle ces groupes auraient d raliser 185 milliards

    deuro de plus de dprciation, soit 8 milliards deuros par groupe en moyenne ! Ce montant

    reprsente 22% de leur total dactif. 87% de ce manque de dprciation est concentr sur 10

    groupes, 60% sur les 5 premiers fautifs . Ltude montre galement (de manire peu

    surprenante) quaucun groupe na de faon significative sur-dprci son goodwill.

    NB : La prsence de Sanofi pourrait paratre surprenante pour le lecteur qui a en tte que son cours de

    bourse est au plus haut historique. Mais le modle sarrte en 2011, le calcul actualis aujourdhui

    donnerait pour cette socit un rsultat certainement sensiblement diffrent.

    Afin de mieux comprendre les raisons qui ont guid les managements limiter fortement les

    dprciations du goodwill nous avons cherch mesurer la pertinence des annonces de

    dprciations du goodwill pour les investisseurs. Ainsi, si la dprciation du goodwill nest pas

    pertinente pour les investisseurs, les managements ne peuvent justifier labsence de

    dprciation par leur souci de prserver la valeur. Dautres raisons les guident alors

    ncessairement (potentiellement la prservation de leur rputation et rmunration). Pour

    tester cette hypothse, une tude dvnement a t ralise pour mesurer lvolution des

    cours de socits qui ont significativement dprci leur goodwill par rapport des socits

    Goodwill (Md )

    Groupe 31/12/2007 31/12/2011

    Air Liquide 3,6 4,6 0,9 19% 0,1 1,1

    Arcelor Mittal 12,7 12,5 -0,2 11% 4,1 12,1

    Carrefour 11,7 8,7 -2,9 19% 4,0 0,9

    CRH 3,5 4,3 0,8 20% 0,3 3,9

    Danone 10,6 11,3 0,7 41% 1,2 2,2

    Deutsche Telekom 30,3 27,4 -2,9 15% 3,4 9,3

    EON 17,0 17,2 0,2 10% 0,0 14,9

    ENEL 26,3 18,3 -7,9 11% 1,2 31,6

    France Telecom 30,5 27,3 -3,2 30% 3,4 16,3

    L'Oreal 4,3 6,2 1,9 24% 0,2 1,8

    LVMH 4,8 7,0 2,1 15% 1,4 0,2

    Nokia 1,4 4,8 3,5 14% 2,2 3,3

    Philips 3,8 7,0 3,2 26% 2,1 -1,2

    Repsol 3,3 4,6 1,3 7% 0,3 21,4

    RWE 9,7 13,6 3,9 15% 1,5 8,2

    Saint Gobain 9,2 11,0 1,8 24% 1,8 3,3

    Sanofi 27,2 38,1 10,9 39% 1,4 20,9

    SAP 1,4 8,7 7,3 38% 0,1 2,2

    Schneider Electric 8,1 12,8 4,6 37% 1,0 1,9

    Siemens 13,4 16,0 2,7 16% 2,5 0,9

    Vinci 3,4 6,3 2,9 10% 0,1 2,8

    Vivendi 15,4 25,0 9,6 46% 1,7 20,4

    Iberdrola 8,1 8,3 0,2 9% 2,2 7,1

    Total 259,7 301,2 41,4 22% 36,2 185,5

    Augmentation

    /baisse du

    Goodwill %

    des actifs

    Dprciations

    cumules (Md)

    Sous-dprciation

    (Md)

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    benchmark ayant fait des annonces de rsultat comparables1 sans dprciation du goodwill.

    Un mois aprs annonce la performance des socits ayant ralis un impairment tait en

    moyenne de 3,8% plus lev que les socits benchmark ; aprs un an la surperformance

    restait de 2,7%. Ces rsultats laissent penser que lannonce dun impairment na pas un effet

    particulirement ngatif sur le cours.

    Le timing des dprciations est galement intressant noter et tant prouver que le manque

    dimpairment est certainement plus li des raisons personnelles du management qu un

    souci de prservation de la valeur pour lactionnaire. Ainsi 60% des impairments ont t

    raliss dans les 3 annes qui ont suivi un changement de directeur gnral, et prs de 40%

    dans les deux annes. On peut galement noter quaucune dprciation na t ralise par le

    directeur gnral ayant men bien lacquisition

    Bien que les rsultats de la recherche ne puisse pas tre considrs comme totalement

    statistiquement significatifs (d au nombre limit de donnes utilises pour certaines

    analyses), ltude montre clairement un cart entre le montant de goodwill dans le bilan des

    socits de lEurostoxx 50 et sa valeur relle. Ltude conclue galement des intrts

    divergents entre actionnaires et dirigeants sur cette problmatique. Mme si la European

    Securities and Market Authority semble avoir pris conscience de ce problme et exprim son

    constat que les socits cotes semblent adopter une vision trop optimiste de la valeur des

    acquisitions ralises alors que les marches taient nettement plus hauts 2, les groupes ne

    semblent pas changer de politique. Les 5 premiers groupes qui reprsentaient 60% de la sous-

    dprciation, nont dprci que pour 6,3 milliards deuros en 2012 soit moins de 6% de la

    sous-dprciation.

    Nous doutons fortement quune nouvelle rdaction des rgles comptables de dprciation du

    goodwill permette de rsoudre ce problme. Mais nous esprons et sommes convaincus, que

    sur le long terme, les investisseurs valoriseront les managements senss et crdibles plutt

    que ceux qui essaient de masquer lvidence.

    * * *

    Ce travail est disponible comme une cinquantaine dautres crits par nos tudiants depuis

    2006 sur le site vernimmen.net en cliquant sur meilleurs mmoires de recherche.

    1 Cest dire avec le mme cart par rapport au consensus de march

    2 that listed companies were taking an excessively optimistic view of the value of takeovers agreed in

    more buoyant times Jones, A.: EU groups face questions over goodwill, Financial Times, January, 2013.

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    GRAPHIQUE DU MOIS : Part des dettes bancaires et des emprunts obligataires dans le

    financement des grandes entreprises

    La part des emprunts obligataires dans les financements des grandes entreprises (plus de 500

    M de chiffre daffaires) dpend largement des spcificits nationales. Ainsi le financement

    obligataire est la norme aux Etats-Unis alors que les entreprises espagnoles se financent

    essentiellement auprs des tablissements bancaires.

    Plus tonnamment, ce graphe montre une prpondrance des financements obligataires en

    France alors quau Royaume-Uni, les financements bancaires sont majoritaires pour ce type

    dentreprises.

    * * *

    RECHERCHE : Fiscalit des actionnaires et investissement

    avec la collaboration de Simon Gueguen - Enseignant-chercheur Paris Dauphine

    La distribution de cash aux actionnaires, quelle se fasse sous forme de dividendes ou de

    rachats dactions, est soumise limpt. Cette imposition augmente le cot des capitaux

    propres des entreprises qui se financent par augmentation de capital, par opposition celles

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    qui ont recours lautofinancement. Une variation des taux dimposition affecte donc

    diffremment les entreprises selon quelles disposent ou non du cash ncessaire pour le

    financement interne de leurs investissements. Cest ce que vrifie, partir dun chantillon de

    7661 entreprises dans 25 pays diffrents sur la priode 1990-2008, une tude publie trs

    rcemment3.

    Ltude utilise une large base de donnes fiscales construite pour un article prcdent4. Cette

    longue priode et le grand nombre de pays couverts permettent de capter 15 rformes fiscales

    majeures et 67 modifications plus modestes, concernant la fiscalit des dividendes et des plus-

    values (pour les rachats dactions). Ils mesurent le niveau de cash disponible pour

    lautofinancement de trois manires : les flux de trsorerie gnrs par lactivit, la trsorerie

    disponible, et lexcdent brut dexploitation (EBITDA), chaque fois en proportion du total des

    actifs. Les rsultats obtenus avec les diffrentes mesures5 sont similaires et confirment

    chaque fois que les variations de la fiscalit sur la distribution impactent diffremment les

    entreprises selon leur niveau de cash disponible.

    Les auteurs se sont intress dans un premier temps aux changements de la fiscalit ayant

    entran une hausse ou une baisse du taux dimposition de la distribution dau moins trois

    points de pourcentage. Et ils ont class les entreprises en quintiles suivant leurs flux de

    trsorerie. En cas de baisse de limposition, les entreprises fort flux de trsorerie continuent

    dinvestir davantage que celles faible flux, mais lcart se rduit de 31%. En cas de hausse,

    lcart saccrot de 42%. Autrement dit, lorsque la fiscalit sur la distribution salourdit, les

    entreprises qui doivent recourir au financement extrieur investissent moins. Une rgression

    linaire, portant sur toutes les annes et toutes les entreprises de ltude, vient confirmer cet

    effet. Lorsque la fiscalit augmente, les investissements effectus deviennent davantage

    dpendants des flux de trsorerie.

    Par ailleurs, les auteurs vrifient que les augmentations de capital sont moins leves lorsque

    la fiscalit sur la distribution augmente. Une hausse de 10 points de pourcentage de la fiscalit

    entrane, sur lchantillon tudi, une baisse de 9% des missions dactions. Ainsi, une fiscalit

    leve est associe la fois moins dinvestissement et moins dmissions dactions. Dans le

    mme temps, le levier financier des entreprises est faiblement modifi ; lendettement ne

    constitue donc pas un substitue parfait aux capitaux propres, contrairement aux prdictions de

    Modigliani-Miller. Les entreprises qui ont recours au financement extrieur voient leur cot du

    capital augmenter.

    Ces rsultats peuvent avoir une consquence intressante en matire de politique

    conomique ; une fiscalit de la distribution aux actionnaires plus leve oriente les

    3

    B.BACKER, M.JACOB et M.JACOB (2013), Payout taxes and the allocation of investment, Journal of Financial Economics, vol.107, pages 1 24. 4 M.JACOB et J.JACOB (2013), Taxation, dividends, and share repurchases : taking evidence global,

    Journal of Financial and Quantitative Analysis, paratre 5 Les auteurs utilisent galement diffrents indicateurs du niveau de la fiscalit (taux lgal moyen, taux

    effectif moyen) et des investissements.

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    investissements vers les entreprises qui disposent de trsorerie, donc plutt dans les secteurs

    dj bien tablis. Une fiscalit plus faible favorise les secteurs mergents.

    * * *

    QUESTION ET REPONSE : Un euro de trsorerie dApple peut-il raisonnablement tre valoris

    pour un euro ?

    Compte tenu de sa capacit phnomnale dgager des flux de trsorerie disponible positifs,

    de lordre de 42 Md$ sur le dernier exercice (sic), dune culture interne trs forte qui ne la

    pousse pas faire des acquisitions (sa plus grosse acquisition a t infrieure 1Md$) et dune

    politique de distribution trs parcimonieuse (en fvrier 2012, Apple a annonc vouloir reverser

    ses actionnaires sur 3 ans 45 Md$), le groupe dispose fin mars 2013 dune trsorerie nette de

    toute dette financire de 145 Md$.

    Sous la pression de ses actionnaires, Apple a annonc en avril vouloir leur restituer 55Md$ de

    plus pour porter les dividendes et rachats dactions 30 Md$/an pour les 3 prochaines annes,

    dont une partie significative financs par endettement. On pourra stonner de voir un tel

    groupe sendetter compte tenu de ses disponibilits de 145 Md$.

    La rponse tient une particularit de la fiscalit amricaine qui, ignorant le rgime mre-fille

    ou ses quivalents que lon trouve dans la plupart des pays dvelopps6, taxe toute remonte

    de dividendes au taux normal dimpt sur les socits de 35 %. Comme une partie significative

    des profits de Apple est ralise et localise hors des Etats-Unis, une partie significative de sa

    trsorerie y est aussi localise ; le chiffre de 100 Md$ a t cit.

    Apple, comme beaucoup dautres multinationales amricaines dans la mme situation, attend

    que ladministration amricaine fasse des soldes comme elle la dj fait ponctuellement

    dans le pass, cest--dire annonce que, pendant une priode de temps limit, le rapatriement

    des bnfices sur le sol amricain ne sera tax qu un taux rduit. La trsorerie non

    amricaine serait alors rapatrie aux Etats-Unis et pourrait alors tre redistribue aux

    actionnaires dApple puisque ce groupe nen a pas lemploi de la plus grande partie.

    En valuation, il ne nous parat pas raisonnable de valoriser un euro de cette trsorerie non

    amricaine pour un euro. En effet un euro de trsorerie dune entreprise ne vaut un euro que

    si lentreprise est capable de les investir son cot du capital ou dfaut de les rendre ses

    pourvoyeurs de fonds par rachat dactions ou dividendes ou remboursement par anticipation

    des dettes bancaires ou financire. La masse de la trsorerie dApple est telle que jamais le

    groupe ne trouvera dans son secteur dactivit des opportunits dinvestissement rapportant

    son cot du capital. Nayant pas de dettes bancaires et financires, il lui est assez difficile de les

    rembourser. . .

    6 Pour plus de dtails, voir le chapitre 42 du Vernimmen 2013

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    Reste la restitution aux actionnaires de cette ressource rare que sont les capitaux propres, ici

    oisifs car placs en trsorerie. Or l, labsence de rgime mre-fille amricain fait quun cot

    fiscal significatif est alors prvoir, 35 % en taux normal, pour que cette trsorerie quitte les

    coffres des filiales et atteigne ceux de la maison mre. Rappelons en effet que seule la maison

    mre peut verser des dividendes ses actionnaires, mme si ceux-ci proviennent des profits

    du groupe dans sa totalit. Il serait alors logique daffecter dune dcote de 35 % la trsorerie

    non amricaine dApple. On pourrait prendre un taux plus faible si lon estimait probable que

    le Trsor amricain ouvre bientt une priode de soldes avec un taux rduit.

    On pourrait arguer que, tant que les dividendes remontant des filiales resteront imposs

    35 %, Apple continuera parquer ses liquidits hors des Etats-Unis, et que cette dcote est

    injustifie. La situation, dun point de vue de lvaluation, nous parat alors pire puisque dans

    le contexte actuel de taux dintrt trs faibles, lactualisation des produits de cette trsorerie

    non amricaine au cot des capitaux propres dApple (taux de rentabilit exig par

    linvestisseur sur ses capitaux propres), ferait apparatre une dcote bien suprieure 35 %. Il

    nous paraitrait en effet difficile dvaluer autrement les liquidits destines tre

    durablement places un taux dintrt faible sans pouvoir tre remontes sans cot fiscal

    vers la maison-mre.

    Au-del de cet exemple contingent, lvaluateur sera toujours bien inspir, nous semble-t-il, de

    comprendre o se trouvent localises dans les comptes consolids les disponibilits du groupe.

    Lidal bien sr tant, comme tout directeur financier de groupe le sait, davoir une mre riche

    et des filiales pauvres plutt que linverse ! Sinon il y a un cot, en gestion financire comme

    en valorisation.

    * * *

    Au sommaire de la Vernimmen.com Newsletter de juin 2013

    NEWS: The financial policy of AGAP2, a start-up which has become medium-sized company

    THIS MONTH'S GRAPH : Bond and loan financing for large groups

    RESEARCH: Taxation of shareholders and investment

    Q&A: Is one $ of cash worth one $? The Apple example

    Pour la consulter : www.vernimmen.com

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