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Med Pal 2004; 3: 46-47 © Masson, Paris, 2004, Tous droits réservés ANNONCE Médecine palliative 46 N° 1 – Février 2004 L’euthanasie et la mort désirée : questions pour les soins palliatifs Annonce du Congrès de la S.F.A.P., Besançon, 10,11,12 juin 2004 Régis Aubry, USP et EMSP, Hôpital Jean Minjoz, Besançon. La Société Française d’Accompa- gnement et de Soins Palliatifs orga- nise son congrès annuel les 10, 11, et 12 juin 2004 à Besançon (25). Le thème abordé est : « L’euthanasie et la mort désirée - questions pour les soins palliatifs ». Les soins palliatifs sont au cœur des questions qui traversent l’ensem- ble de la pratique soignante contem- poraine et nous pensons que la pro- blématique de l’euthanasie peut rencontrer certaines pratiques pallia- tives, que ce soit dans la demande ex- plicite ou dans le questionnement des soignants. Le comité scientifique du Congrès de Besançon se propose de partager ici ses préoccupations. Il souhaite lancer des pistes de réflexion préalables. Pourquoi aborder un tel sujet ? Ce sujet présent sur la scène des débats de notre société renvoie à la complexité de certaines pratiques soi- gnantes, mais surtout à des questions fondamentales concernant « le mys- tère de l’humain ». Il se situe au confluent de l’his- toire, de l’éducation, de la subjectivité et des émotions, de la mémoire, des peurs et des valeurs contemporaines. Situé à la croisée des chemins de la réflexion médicale, philosophique, morale, psychosociale, politique, éco- nomique et spirituelle, il renvoie à un imaginaire rarement explicité. Tout soignant peut, un jour, se trouver confronté à la question de l’euthanasie, que ce soit à l’occasion d’une demande de mort qui lui est adressée, ou bien face à certaines si- tuations excessives dans le registre des soins, parce qu’il est traversé par le désir plus ou moins conscient de la mort de l’autre. Les questions posées par le sujet sont nombreuses : – Les soins palliatifs sont-ils la réponse à la question de l’euthana- sie ? – Que signifient les affirmations « je veux mourir », « je voudrais être mort », « je voudrais qu’on m’aide à mourir » ? – L’homme pourrait-il être indi- gne lorsque le respect de la dignité est revendiqué tant par les partisans que par les opposants à l’euthanasie ? Peut-on parler de droit de mou- rir ? – Quelle place reste-t-il pour le doute, l’incertitude face à une de- mande d’euthanasie ? La question de l’euthanasie ap- pelle-t-elle nécessairement une ré- ponse médicale ? - L’euthanasie peut- t-elle avoir une justification écono- mique ou sociale ? Y a-t-il une parenté entre la sé- dation pharmacologique en phase terminale et une euthanasie dégui- sée ? – La référence à l’intention éthi- que de l’acte constitue-t-elle un re- père suffisant pour la réflexion et l’action ? Le suicide médicalement assisté pourrait-il être une alternative à l’euthanasie ? – La question de l’euthanasie peut-elle s’accommoder de sondages Aubry R. Med Pal 2004; 3: 46-47. ou de referendum dans une démocra- tie ? Le sujet, une fois abordé, posera vraisemblablement plus de questions qu’il ne suscitera de réponses. C’est précisément ce champ du questionne- ment que la Société Française d’Ac- compagnement et de soins Palliatifs souhaite investir, en se positionnant hors des querelles partisanes, cher- chant à offrir à tous les acteurs des soins palliatifs une opportunité de ré- fléchir à cette problématique, à dis- tance de sa pratique quotidienne de soin et d’accompagnement. Les questions posées à propos de l’euthanasie ont d’autant plus d’acuité que l’espérance de vie augmente, et qu’il y a de plus en plus de malades vivant de plus en plus longtemps avec des maladies graves. Ainsi, le ques- tionnement éthique associé à l’eutha- nasie se pose-t-il dans le contexte plus général de problématiques diver- ses, celles de la naissance au grand âge en passant par les états de dé- mence, les situations de comas pro- longés, les maladies lentement des- tructrices. Adresse pour la correspondance : Régis Aubry, USP et EMSP, Hôpital Jean Minjoz, Bou- levard Flemming, 25030 Besançon. e-mail : [email protected] Pour tous renseignements complémentaires : Organisation scientifique : [email protected] ; [email protected] ; http://www.sfap.org Organisation du congrès : COMM Santé, BP 33, 33360, Latresne. Tél. : +33 (0) 5 57 97 19 19. Fax : +33 (0) 5 57 97 19 15. e-mail : [email protected]

L’euthanasie et la mort désirée : questions pour les soins palliatifs

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Page 1: L’euthanasie et la mort désirée : questions pour les soins palliatifs

Med Pal 2004; 3: 46-47

© Masson, Paris, 2004, Tous droits réservés

A N N O N C E

Médecine palliative

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N° 1 – Février 2004

L’euthanasie et la mort désirée : questions pour les soins palliatifs

Annonce du Congrès de la S.F.A.P., Besançon, 10,11,12 juin 2004

Régis Aubry, USP et EMSP, Hôpital Jean Minjoz, Besançon.

L

a Société Française d’Accompa-gnement et de Soins Palliatifs orga-nise son congrès annuel les 10, 11, et12 juin 2004 à Besançon (25). Lethème abordé est : « L’euthanasie et lamort désirée - questions pour les soinspalliatifs ».

Les soins palliatifs sont au cœurdes questions qui traversent l’ensem-ble de la pratique soignante contem-poraine et nous pensons que la pro-blématique de l’euthanasie peutrencontrer certaines pratiques pallia-tives, que ce soit dans la demande ex-plicite ou dans le questionnement dessoignants. Le comité scientifique duCongrès de Besançon se propose departager ici ses préoccupations. Ilsouhaite lancer des pistes de réflexionpréalables.

Pourquoi aborder un tel sujet ?

Ce sujet présent sur la scène desdébats de notre société renvoie à lacomplexité de certaines pratiques soi-gnantes, mais surtout à des questionsfondamentales concernant « le mys-tère de l’humain ».

Il se situe au confluent de l’his-toire, de l’éducation, de la subjectivitéet des émotions, de la mémoire, despeurs et des valeurs contemporaines.

Situé à la croisée des chemins dela réflexion médicale, philosophique,morale, psychosociale, politique, éco-nomique et spirituelle, il renvoie à unimaginaire rarement explicité.

Tout soignant peut, un jour, setrouver confronté à la question del’euthanasie, que ce soit à l’occasion

d’une demande de mort qui lui estadressée, ou bien face à certaines si-tuations excessives dans le registredes soins, parce qu’il est traversé parle désir plus ou moins conscient de lamort de l’autre.

Les questions posées par le sujetsont nombreuses :

– Les soins palliatifs sont-ils laréponse à la question de l’euthana-sie ?

– Que signifient les affirmations« je veux mourir », « je voudrais êtremort », « je voudrais qu’on m’aide àmourir » ?

– L’homme pourrait-il être indi-gne lorsque le respect de la dignitéest revendiqué tant par les partisansque par les opposants à l’euthanasie ?

– Peut-on parler de droit de mou-rir ?

– Quelle place reste-t-il pour ledoute, l’incertitude face à une de-mande d’euthanasie ?

– La question de l’euthanasie ap-pelle-t-elle nécessairement une ré-ponse médicale ? - L’euthanasie peut-t-elle avoir une justification écono-mique ou sociale ?

– Y a-t-il une parenté entre la sé-dation pharmacologique en phaseterminale et une euthanasie dégui-sée ?

– La référence à l’intention éthi-que de l’acte constitue-t-elle un re-père suffisant pour la réflexion etl’action ?

– Le suicide médicalement assistépourrait-il être une alternative àl’euthanasie ?

– La question de l’euthanasiepeut-elle s’accommoder de sondages

Aubry R. Med Pal 2004; 3: 46-47.

ou de referendum dans une démocra-tie ?

Le sujet, une fois abordé, poseravraisemblablement plus de questionsqu’il ne suscitera de réponses. C’estprécisément ce champ du questionne-ment que la Société Française d’Ac-compagnement et de soins Palliatifssouhaite investir, en se positionnanthors des querelles partisanes, cher-chant à offrir à tous les acteurs dessoins palliatifs une opportunité de ré-fléchir à cette problématique, à dis-tance de sa pratique quotidienne desoin et d’accompagnement.

Les questions posées à propos del’euthanasie ont d’autant plus d’acuitéque l’espérance de vie augmente, etqu’il y a de plus en plus de maladesvivant de plus en plus longtemps avecdes maladies graves. Ainsi, le ques-tionnement éthique associé à l’eutha-nasie se pose-t-il dans le contexteplus général de problématiques diver-ses, celles de la naissance au grandâge en passant par les états de dé-mence, les situations de comas pro-longés, les maladies lentement des-tructrices.

Adresse pour la correspondance :

Régis Aubry, USP et EMSP, Hôpital Jean Minjoz, Bou-

levard Flemming, 25030 Besançon.

e-mail : [email protected]

Pour tous renseignements complémentaires :

Organisation scientifique :

[email protected] ; [email protected] ;

http://www.sfap.org

Organisation du congrès :

COMM Santé, BP 33, 33360, Latresne. Tél. : +33 (0) 5

57 97 19 19. Fax : +33 (0) 5 57 97 19 15.

e-mail : [email protected]

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Régis Aubry, USP et EMSP, Hôpital Jean Minjoz, Besançon.

Pour les soignants, ce sujet renvoiepar ailleurs à la réalité clinique des de-mandes d’euthanasie formulées par desmalades, des soignants, des familles, età des revendications sociales fortesrenforcées par l’actualité. En tant quesoignant, il est possible d’être traversépar un souhait de mort altruiste.

Pourquoi aborder un tel sujet en 2004 ?

Le choix a fait l’objet d’un dé-bat au sein de la SFAP.

Il aurait certainement été difficilede l’aborder quelques années aupara-vant. En effet le mouvement des soinspalliatifs a initialement dû se position-ner très fortement pour que l’on puisseaujourd’hui parler plus librement de lamort. Il a dû, depuis son origine, lutterpour que la fin de vie soit accompa-gnée, pour que les symptômes difficilessoient contrôlés. Il a dû affirmer desvaleurs fondatrices, telles que le res-pect de la vie, la solidarité avec les per-sonnes en fin de vie et leur famille, ila dû se battre pour que les valeurs hu-manistes et une éthique du soin pren-nent la place essentielle qu’ellesavaient en partie perdue.

Toutes ces dimensions restent évi-demment présentes. Cependant, il asemblé aux membres du comité scien-tifique qu’il était possible et importantd’aborder aujourd’hui le sujet del’euthanasie et de la mort désirée auquelprofessionnels et bénévoles qui soi-gnent et accompagnent les personnesen fin de vie sont confrontés. Il s’agitd’une réalité à laquelle ils ne peuvent se

soustraire et qui impose réflexion et dé-bat hors de tout climat partisan.

Comment le sujet sera-t-il abordé au cours du congrès ?

L’objectif est de permettre auxparticipants d’avancer dans leur ques-tionnement et de faire avancer le dé-bat par leurs contributions au coursdes ateliers grâce à leur expérienceprofessionnelle…

La première séance plénière seraconsacrée à la sémantique pour éviterautant que possible toute ambiguïtésur les termes employés et fournir unebase de réflexion commune.

Des ateliers seront réservés auxacteurs « de terrain » concernés par lethème du congrès : les familles, lessoignants, les médecins, les bénévolesdans la diversité des pratiques profes-sionnelles (domicile, hôpitaux, mai-sons de retraite, etc.).

D’autres ateliers seront réservés àdes personnes moins directementconcernées par les soins mais plus ha-bituées à l’analyse des problématiquesposées. Les psychologues, les tra-vailleurs sociaux, les parlementaireset les décideurs politiques trouverontun lieu pour débattre.

Un rapporteur pour chaque atelierviendra en plénière confronter le vécuet les questionnements débattus àpartir des expériences de terrain. Ilexposera ces réflexions issues des dé-bats face à une table ronde de « réfé-rents » philosophes, psychosociolo-gues, moralistes, juristes… qui auront

pour mission de faire avancer les ré-flexions sur les pratiques mais ausside faire progresser les référentiels àpartir de ces mêmes pratiques.

Autour du congrès ainsi organisé,des symposia aborderont des ques-tions plus précises telles que : perted’autonomie et demande d’euthana-sie, douleur et demande d’euthanasie,fatigue et demande d’euthanasie…

Pour que ce congrès puisse être le plus riche possible…

Il serait important que les partici-pants aient préalablement eu l’occasionde réfléchir aux questions soulevées,qu’ils aient éventuellement préparé uneintervention. C’est pourquoi nous re-mercions le Comité de Rédaction de larevue médecine palliative, Soins conti-nus – Accompagnement - Éthiqued’avoir accepté de nous ouvrir ses pagespour sensibiliser ses lecteurs, leur pré-senter les enjeux du congrès et, en quel-que sorte, lancer le débat. Les textes desséances plénières, les exposés retenuspar le comité scientifique pour les ate-liers, le contenu de certains débats enateliers, les synthèses faites par les ex-perts pourront faire l’objet d’unouvrage. Pour tendre vers cet objectif,la mission du comité scientifique seprolongera au-delà du congrès pour re-lire, faire lire et corriger les actes pourles faire évoluer vers un livre dont leschapitres s’articuleront autour des ques-tions débattues pendant les ateliers etreprises en séances plénières.

Recommandations aux auteursPour correspondre et/ou contacter laRédaction et/ou soumettre un manus-crit, vous pouvez joindre MadameNathalie Lucas : Masson, Secrétariat dela revue Médecine Palliative — 21, rueCamille Desmoulins, 92789 Issy lesMoulineaux Cedex 9.

Tél. : +33 (0)1 73 28 16 81 ; Fax : +33 (0)1 73 28 16 89 ; e-mail : [email protected] recommandations aux auteurs sontégalement disponibles sur : www.e2med.com/mp,rubrique « A propos ».