2
* Correspondance. Adresse e-mail : [email protected] © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique (2010) 96, 16-17 La thromboprophylaxie en chirurgie orthopédique repose classiquement sur la prescription d’une héparine de bas poids moléculaire avec deux inconvénients : une admi- nistration uniquement par voie injectable et la nécessité d’une surveillance bihebdomadaire de la numération des plaquettes pendant toute la durée du traitement. L’arri- vée de nouveaux anticoagulants, comme le dabigatran, disponible par voie orale et ne nécessitant aucun suivi biologique, devrait modifier les pratiques. Nous rappor- tons notre expérience sur l’utilisation du dabigatran dans notre structure. Dans un premier temps, une réunion d’information sur le dabigatran a regroupé le pharmacien de la clinique, les anesthésistes réanimateurs et le chirurgien orthopédiste. Les arguments retenus pour utiliser ce nouvel anticoagu- lant ont été sa non infériorité par rapport à l’énoxaparine dans la prévention des événements thromboemboliques veineux et sa facilité d’utilisation : administration par voie orale et absence de suivi biologique, conférant une simplicité pour le patient et une meilleure organisation des soins hospitaliers. Une fois la décision prise, le per- sonnel paramédical concerné (service d’orthopédie, salle de surveillance post-interventionnelle) a été informé des avantages du nouveau traitement et de ses modalités d’administration. Les officines et les centres de rééduca- tion ont également été informés du changement d’anti- coagulant afin de permettre la poursuite du traitement à la sortie du patient de la clinique. Le bilan préopératoire a été modifié pour tenir compte des précautions d’em- ploi du médicament (fonction rénale, transaminases). Le médecin traitant a reçu une information sur les caractéristiques du médicament, celui-ci pouvant être L’expérience clinique du chirurgien D’après la communication du Docteur Marc Finzi Clinique du Libournais, Libourne amené à voir le patient en consultation et l’usage de cet anticoagulant étant pour le moment uniquement réservé au postopératoire d’une prothèse totale de hanche ou de genou. Enfin, une note d’information a été remise au patient à sa sortie de la clinique lui indiquant les règles de bon usage du médicament. Le protocole opératoire utilisé à la clinique est stan- dardisé. Pour la prothèse totale de hanche, la technique choisie est la méthode mini-invasive de Rottinger ; le patient est levé à J1 et quitte la clinique à J5. Pour la prothèse totale de genou, un abord mid vastus est réa- lisé, sans garrot ; le patient est levé à J2 et quitte la clinique à J7. Tous les patients sont revus à J1 (premier pansement), à J5 (avant la sortie) et à J14 (à l’ablation des fils). Notre expérience s’est portée sur des patients ayant bénéficié d’une chirurgie orthopédique majeure pro- grammée (prothèse totale de hanche ou de genou) par le même opérateur entre janvier et avril 2009. Cent trente patients ont reçu pour la prophylaxie thromboembolique post-chirurgicale du dabigatran etexilate. La durée du traitement a été de 28 à 35 jours. Les 130 patients traités par dabigatran ont bénéficié d’une prothèse totale de genou dans 58 cas, d’une pro- thèse totale de hanche dans 71 cas ou d’une reprise de prothèse dans un seul cas. Il s’agissait de 58 hommes et 72 femmes, âgés en moyenne de 71 ans et avec un indice de masse corporelle moyen de 28 kg/m 2 . La posologie de dabigatran a été de 110 mg x 2 /j pour 79 patients et 75 mg x 2/j pour 51 patients. En conclusion, le dabigatran est un nouvel anticoa- gulant oral indiqué dans la prévention des événements

L’expérience clinique du chirurgien

  • Upload
    marc

  • View
    215

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: L’expérience clinique du chirurgien

* Correspondance. Adresse e-mail : [email protected]

© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique (2010) 96, 16-17

La thromboprophylaxie en chirurgie orthopédique repose classiquement sur la prescription d’une héparine de bas poids moléculaire avec deux inconvénients : une admi-nistration uniquement par voie injectable et la nécessité d’une surveillance bihebdomadaire de la numération des plaquettes pendant toute la durée du traitement. L’arri-vée de nouveaux anticoagulants, comme le dabigatran, disponible par voie orale et ne nécessitant aucun suivi biologique, devrait modifier les pratiques. Nous rappor-tons notre expérience sur l’utilisation du dabigatran dans notre structure.

Dans un premier temps, une réunion d’information sur le dabigatran a regroupé le pharmacien de la clinique, les anesthésistes réanimateurs et le chirurgien orthopédiste. Les arguments retenus pour utiliser ce nouvel anticoagu-lant ont été sa non infériorité par rapport à l’énoxaparine dans la prévention des événements thromboemboliques veineux et sa facilité d’utilisation : administration par voie orale et absence de suivi biologique, conférant une simplicité pour le patient et une meilleure organisation des soins hospitaliers. Une fois la décision prise, le per-sonnel paramédical concerné (service d’orthopédie, salle de surveillance post-interventionnelle) a été informé des avantages du nouveau traitement et de ses modalités d’administration. Les officines et les centres de rééduca-tion ont également été informés du changement d’anti-coagulant afin de permettre la poursuite du traitement à la sortie du patient de la clinique. Le bilan préopératoire a été modifié pour tenir compte des précautions d’em-ploi du médicament (fonction rénale, transaminases). Le médecin traitant a reçu une information sur les caractéristiques du médicament, celui-ci pouvant être

L’expérience clinique du chirurgienD’après la communication du Docteur Marc Finzi

Clinique du Libournais, Libourne

amené à voir le patient en consultation et l’usage de cet anticoagulant étant pour le moment uniquement réservé au postopératoire d’une prothèse totale de hanche ou de genou. Enfin, une note d’information a été remise au patient à sa sortie de la clinique lui indiquant les règles de bon usage du médicament.

Le protocole opératoire utilisé à la clinique est stan-dardisé. Pour la prothèse totale de hanche, la technique choisie est la méthode mini-invasive de Rottinger ; le patient est levé à J1 et quitte la clinique à J5. Pour la prothèse totale de genou, un abord mid vastus est réa-lisé, sans garrot ; le patient est levé à J2 et quitte la clinique à J7. Tous les patients sont revus à J1 (premier pansement), à J5 (avant la sortie) et à J14 (à l’ablation des fils).

Notre expérience s’est portée sur des patients ayant bénéficié d’une chirurgie orthopédique majeure pro-grammée (prothèse totale de hanche ou de genou) par le même opérateur entre janvier et avril 2009. Cent trente patients ont reçu pour la prophylaxie thromboembolique post-chirurgicale du dabigatran etexilate. La durée du traitement a été de 28 à 35 jours.

Les 130 patients traités par dabigatran ont bénéficié d’une prothèse totale de genou dans 58 cas, d’une pro-thèse totale de hanche dans 71 cas ou d’une reprise de prothèse dans un seul cas. Il s’agissait de 58 hommes et 72 femmes, âgés en moyenne de 71 ans et avec un indice de masse corporelle moyen de 28 kg/m2. La posologie de dabigatran a été de 110 mg x 2 /j pour 79 patients et 75 mg x 2/j pour 51 patients.

En conclusion, le dabigatran est un nouvel anticoa-gulant oral indiqué dans la prévention des événements

Page 2: L’expérience clinique du chirurgien

L’expérience clinique du chirurgien 17

nécessaires ainsi qu’une éducation du patient et de l’équipe soignante, afin que le nouveau protocole soit une réussite.

Conflits d’intérêts

Aucun.

thromboemboliques veineux après prothèse totale de hanche ou de genou, dont l’efficacité est comparable à celle des héparines de bas poids moléculaire. Son admi-nistration par voie orale et l’absence de nécessité de suivi biologique spécifique sont appréciées des patients et facilitent la prise en charge. Une compréhension et une collaboration des différents acteurs impliquées dans la mise en route et le suivi de ce protocole sont