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L’HABITAT GROUPE COOPERATIF LABORATOIRE D’INNOVATIONS ET D’ECOLOGIE DANS UN CONTEXTE DE TRANSITION ENERGETIQUE. MÉMOIRE MASTER 1: ARCHITECTURE & CULTURES CONSTRUCTIVES - ENSAG - AVRIL 2014 JUSTINE LEGRIS

"L'habitat groupe cooperatif " - mémoire de master 1 Justine Legris

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Mémoire de master 1 Architecture et Cultures constructives ENSAG

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L’HABITAT GROUPE COOPERATIF

LABORATOIRE D’INNOVATIONS ET D’ECOLOGIE DANS

UN CONTEXTE DE TRANSITION ENERGETIQUE.

MÉMOIRE MASTER 1: ARCHITECTURE & CULTURES CONSTRUCTIVES - ENSAG - AVRIL 2014

JUSTINE LEGRIS

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Je tiens à remercier Hubert Guillaud, mon directeur de mémoire et également ma famille et mes amis qui m’ont aidé à travailler ce mémoire.Merci à tous les habitants d’avoir pris le temps de témoigner de leur expérience: Emmanuel à Eco-logis, Mickael à Greenobyl, Ralph à Equilibre, Anne-Christine, Cédric et François à la Salière, Marc, Alain et Odile à Habiterre. Merci aux architectes de m’avoir reçu afin de me parler des projets et envoyé de la documentation: Stéphane Thomas à TEKTON architecture, Mickael Osswald de Studio-G, Patrick Texier des Architectes SA, Stéphane Fuchs de ATBA, Sarah Viricel de Teckhne et Stéphanie BOURNAY de Tangente.

Justine LegrisMémoire Master 1

L’HABITAT GROUPE COOPERATIFLABORATOIRE D’INNOVATIONS ET D’ECOLOGIE

DANS UN CONTEXTE DE TRANSITION ENERGETIQUE.

Membres du Jury:Hubert Guillaud, directeur de mémoire

Anne-Monique BardagotStéphane Sadoux

ARCHITECTURE & CULTURES CONSTRUCTIVES MAI 2014ECOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE GRENOBLE

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SOMMAIRE2

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SOMMAIRE

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SOMMAIRE

INTRODUCTION 9LEXIQUE DE LA TRANSITION 16

PARTIE I. LE ROLE DES CITOYENS 21

I. UN EFFONDREMENT INVISIBLE ET UNE REPONSE INAPROPRIEE1. La réponse à l’échelle nationale 232. La réponse individuelle 25

II. LA FORCE D’UNE MOBILISATION ET D’UNE RESPONSABILITE COLLECTIVE 271. Réveil des consciences et réseaux 272. L’habitat groupé coopératif 28

III. DES PROFILS HABITANTS 311. Des ménages militants de classe moyenne. 312. Des ménages modestes à la recherche de logements accessibles 33

IV. MOTIVATIONS DES HABITANTS 341. Une convergence de motivations différentes 342. Analyse des 6 cas d’études 36

PARTIE II - UN LABORATOIRE D’INNOVATIONS 43

I. METHODE D’ANALYSE 45

II - ANALYSE DES 6 PROJETS 491. L’INTERGENERATIONNEL - Eco-logis 492. L’AUTOCONSTRUCTION ET LE REEMPLOI - Greenobyl 573. LA SIMPLICITE - Making Hof 675. LES TOILETTES SECHES ET L’EAU GRISE - Equilibre 774. L’ESPACE COMMUN- La Salière 914. L’ ECONOMIE SOLIDAIRE - Habiterre 101

III - POINTS COMMUNS 1111 Système constructif bois 1112. L’idéal de la maison individuelle: plan rigide ou personnalisé? 1133. Vers une architecture bioclimatique et durable 115CONCLUSION 121

ENTRETIEN 123 BIBLIOGRAPHIE 128SOURCES DES ILLUSTRATIONS

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INTRODUCTION3

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INTRODUCTION

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L’habitat groupé coopératif1est un bon observatoire des expéri-mentations qui touchent le domaine du logement actuellement. Cette «troisième voie»2 d’accès au logement, aujourd’hui reconnue d’un point de vue juridique, soulève un éventail de réflexions quant aux voies de production ordinaire du logement et de sa gestion. Elle va proposer des solutions innovantes et créatives, et touche depuis quelques années à la dimension environnementale. Quelles sont les motivations des habitants à s’engager dans un projet d’habitat groupé coopératif et quelles sont les innovations en terme de développement durable3 en réponse à une crise écologique majeure?

L’hypothèse émise est que l’habitat participatif est une réponse citoyenne porteuse d’innovation et d’ambition qualitative dans le vivre ensemble, la qualité architecturale et environnementale et le souci économique. Il permet de réduire l’empreinte écologique et énergétique du logement, en proposant des solutions intégrant mieux les critères du développement durable que celles de l’habitat «classique». L’habitat groupé coopératif présente plusieurs facettes d’intérêts, je me suis attelée à celui de l’écolo-gie et de l’énergie.

A l’échelle européenne, l’habitat se confronte actuellement aux enjeux du développement durable pour répondre à cette crise environnementale. Le secteur de l’habitat est un des grands consommateurs d’énergie, dans la globalité de son cycle de vie4 Il est générateur de 19.1% des gaz à effet de

1 - voir lexique p X2 - MAURY, Yann, Les coopératives d’habitants, Méthodes pratiques et formes d’un autre habitat populaire. Edition BRUYANT 2009. Yann Maury est professeur à l’ENPE de Lyon, titulaire de la chaire internationale «habitat coopératif et coopération sociale», et chercheur au laboratoire Cra-terre de l’unité AE&CC à l’ENSAG. 3 - Définition de l’insee - Le développement durable est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs », citation de Mme Gro Harlem Brundtland, Premier Ministre norvégien (1987). En 1992, le Sommet de la Terre à Rio, tenu sous l’égide des Nations unies, officialise la notion de développement durable et celle des trois piliers (économie/écologie/social) : un développement

économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable. 4 - Le cycle de vie d’un ouvrage comporte 5 phases: conception, construction, exploitation, réno-vation, déconstruction.

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INTRODUCTION

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serre.5

Dans ce secteur clé de la transition énergétique*, trois types d’acteurs se dessinent: les acteurs institutionnels, les acteurs professionnels, et les ac-teurs citoyens.

En France, au niveau institutionnel, on a vu la mise en place du Grenelle de l’environnement, conduit sous l’impulsion du ministre de l’écologie, et acté en 2007. Il a donné les principes de base afin de lutter contre la dégradation de l’environnement et le changement climatique. Ces prin-cipes de durabilité concernent les 3 domaines du développement durable: environnemental, socioculturel et socio-économique. Pour le logement, un niveau de performance thermique obligatoire à été fixé par la régle-mentation thermique 20126, afin d’enclencher la transition énergétique.

Les acteurs professionnels (architectes) tiennent un rôle important dans l’apport de solutions performantes écologiquement, mais le champ d’in-novation reste limité par la logique de «marché» de la promotion privée7 et la logique de «norme» du secteur public. Ces deux logiques impliquent une standardisation des réponses, du à la non connaissance des bénéfi-ciaires (futurs habitants), aux normes très strictes et au surcoût des inter-médiaires notamment des promoteurs immobiliers.

L’habitat groupé coopératif en autopromotion8 présente une alternative aux modes de production et de gestion usuels de l’habitat social et échappe aux modes de production standardisée du logement privé. L’habitant est replacé au cœur du projet. Depuis quelques années le développement de ce type de montage connaît un nouvel essor. L’autopromotion permet que des individus accèdent à un habitat économique, social et écologique qui leur permet de limiter individuellement et collectivement leur impact.

En France, l’habitat groupé est au départ issu d’une origine sociale et éco-nomique, en refus de la spéculation immobilière dans les années 1968.

5 - D’après les statistiques du Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, Les émissions de gaz à effet de serre par secteur en France.6 - voir lexique p197 - La promotion privée est la première vois d’accès au logement. Elle implique l’intermédiaire du «promoteur immobilier», entre l’architecte et l’habitant. De ce fait, les coûts d’accession à la propriété sont plus importants.8 - voir lexique p18

Il a ensuite évolué vers un intérêt pour la question de la concertation en 1975/80, pour se tourner dernièrement vers le mouvement environne-mental dans un souci de vie éco-responsable. C’est ainsi qu’aujourd’hui l’habitat groupé se retrouve au centre de la notion de développement du-rable. En 1971, la loi Chalendon mettait fin au statut juridique de l’habitat coopératif. Cette alternative est aujourd’hui de nouveau re-connue en France par la loi ALUR, voté le 24 mars 2014, officialisant le statut d’habitat coopératif.

La réussite de ce modèle coopératif dans les pays voisins, notamment la Suisse, l’Allemagne et les pays nordiques, pousse les français à s’y intéresser. En Allemagne, 20% des logements existants sont de l’habi-tat coopératif, tandis qu’en Suisse cette part représente 5%.9

La dimension environnementale prend toutefois des formes et des intensités différentes selon les groupes d’habitants. Dans certains cas, elle est au centre des envies des habitants, dans d’autres cas elle s’invite plus cyniquement afin de profiter des subventions. L’archi-tecte joue un rôle majeur pour le passage de l’idée au projet tandis que l’habitant joue un rôle majeur par ces convictions et son com-portement de consommation en tant qu’usager.

CORPUS D’ANALYSE ET METHODE

6 exemples d’habitats groupés coopératifs ont été sélectionnés et permettent de répondre à la problématique.

Ces exemples contemporains se situent dans les deux régions les plus dynamiques de France concernant l’habitat groupé et les asso-ciations citoyennes: la région Rhône-Alpes et la région Strasbour-geoise. L’exemple d’ »Equilibre » à Genève (Suisse) à également été sélectionné de par sa proximité géographique et son intérêt parti-culier.

A Strasbourg la Mairie a décidé en 2010 d’attribuer des terrains dé-

9 - D’après PARASOTE, Bruno, « Autopromotion, Habitat Groupé, Ecologie et liens sociaux: Comment construire collectivement un immeuble en ville ? » p15.

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INTRODUCTION

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diés à l’auto-promotion, via appels à projets. 10 appels à projet ont été lancés pour 10 terrains dans le centre urbain ou sa proche péri-phérie. La ville, qui soutient l’émergence de nouveaux types d’ha-bitat, a soumis un cahier des charges aux 5 projets lauréats. Trois projets ont obtenus le permis de construire, dont Greenobyl et Ma-king-Hof, tandis que le projet Eco-Logis, habité depuis 2010, fait figure de projet pionnier de la troisième génération des habitats groupés.

A Grenoble, se sont tenues en novembre 2012 les deuxièmes ren-contres autour de l’habitat participatif. La région est particulière-ment active au niveau associatif et citoyen et voit naître dernière-ment de nouveaux projets d’habitat groupé.

5 des exemples sélectionnés sont en milieu urbain, car l’enjeu en-vironnemental se joue notamment aujourd’hui en ville. Le projet Habiterre est l’unique exemple implanté en milieu rural.

Ce mémoire s’est construit par une démarche d’enquêtes sur le ter-rain. Des observations sur place et 9 entretiens ont été menés auprès des deux groupes d’acteurs des 6 projets: le groupe des acteurs «bé-néficiaires» (les habitants) et le groupe des acteurs «professionnels».

Auprès du groupe des habitants, les entretiens visent à comprendre quels profils d’habitants s’intéressent à l’habitat groupé, les mo-tivations, les déceptions, et les qualités de confort des logements. Nous verrons si l’habitat groupé implique de vivre dans la sobriété énergétique10. Les entretiens ne sont toutefois pas représentatifs des envies du collectif d’habitant mais d’une ou deux individualités de chaque projet.

Auprès du groupe des acteurs «professionnels», les entretiens visent à comprendre l’implication de l’architecte, les différents systèmes écologiques et énergétiques ainsi que les principaux freins aux pro-jets.

10 - voir lexique p17

Dans une première partie nous regarderons la réponse institution-nelle et citoyenne face à la crise énergétique et environnementale et nous exposerons ce qui a poussé les habitants à s’engager dans une démarche participative et quels sont les profils sociaux des individus intéressés.

Dans une deuxième partie l’architecture de chaque projet sera ob-servée selon une liste de différents critères auto-établis selon les principes du développement durable. Cela permettra de faire ressor-tir les spécificités de chaque projet, notamment en matière d’éner-gie et d’écologie. Dans une deuxième sous partie les analyses seront croisées afin de souligner les traits communs d’innovations.

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LEXIQUE

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LEXIQUE

LaTRANSITION:littéralement1: passage d’un état à un autre, d’une situation à une autre. Désigne aujourd’hui le mouvement qui travaille à conduire nos sociétés de l’endroit où elles sont à une situation écologiquement durable, socialement équitable et spirituellement épanouissante. Qualifie également le chemin à emprunter.

CAPACITATION (EMPOWREMENT):A la base ce terme est issu de la lutte des classes aux Etats-Unis du XXème siècle. Main-tenant ce terme est utilisée pour désigner l’idée de la par-ticipation. L’empowerment représente la prise de pouvoir par les individus afin d’agir sur les conditions sociales, économiques, politiques ou écologiques qu’ils subissent. Ils développent leur «pouvoir d’agir», en s’autonomisant et en se responsabilisant collec-tivement. *

AUTONOMIE:Littéralement: droit de se gouverner par ses propres lois/Droit pour l’individu de déterminer librement les règles auxquelles il se soumet/ Liberté, indépendance matérielle ou intellectuelle. L’autonomie est à la fois la capacité d’individus ou de territoires à répondre à leurs propres besoins (alimentaires, énergétiques, économiques...), mais également la liberté de penser et d’agir sans être exagérément dépendants d’entités extérieures. La possibilité pour les peuples de se nourrir par leurs propres moyens, sans être tributaires de multinationales contrôlant semences, prix, distribution, est l’un des chevaux de bataille de personnalités telles que Vandane Shiva en Inde ou Pierre Rabhi en France.*

RESILIENCE: Littéralement: 2. La résilience est la capacité à vivre, à se développer, en surmontant les chocs traumatiques, l’adversité. Ce terme, à l’origine utilisé pour caractériser la résistance du métal, a été largement popularisé dans le champ psychanalytique par Boris Cyrulnik pour qualifier la capacité à dépasser des situations traumatiques et à se reconstruire. Dans le mouvement de la Transition, il décrit la capacité de territoires et d’écosystèmes humains à encaisser les chocs occasionnées par les catastrophes écologiques, économiques.*Quand on parle de ville résiliente, on parle de la capacité à survivre dans une ère post-pétrole.

MILITANT:Littéralement: 2. Qui lutte activement pour défendre une cause, une idée.Le militant est un membre actif d’une association ou d’un syndicat.

* Les définitions littérales sont tirées du Petit Robert, édition 2000. Les définitions qui suivent sont de tirées de KAIZEN, le magazine des initiatives positives pour construire une nouvelle société, La France en transition, hors-série n°2, «Petit lexique de la transition», octobre 2012.

LOCAL:Littéralement: qui concerne le lieu, une région, lui est particulier. Au seins du mouvement de la Transition, resurgit l’idée que l’enracinement dans un territoire, dans un biotope, est un facteur important de résilience, d’identité et d’épanouissement. L’inspiration des écosystèmes y est pour beaucoup. Ainsi l’économie, l’agriculture, la production d’énergie, la monnaie et la culture peuvent et doivent être locales avant d’être viables. Pour autant, local ne signifie pas repli identitaire ou repli sur soi. “idée est d’interconnecter des réalités locales autonomes (et par là même libres et résilientes)

RESEAUX:Littéralement : répartition des éléments d’une organisation en différents points. La réseau est la forme d’organisation privilégiée de la Transition. Il remplace la pyramide du système centralisé du XXème siècle. l’apparition d’Internet constitue une innovation technologique qui a permis et qui symbolise ce passage en modifiant nos façons de penser, d’agir, de prendre des décisions, d’accéder à l’information ou de la diffuser, de participer à l’élaboration de contenus, de projets, d’objets...

SOBRIETE: Littéralement: modération, réserve. Qu’elle soit heureuse ou énergétique, la sobriété fait un retour en force dans le vocable porté par le mouvement de la Transition. Elle constitue une ex-hortation à sortie de notre ébriété matérialiste pour retrouver une véritable qualité d’être.*

ENERGIE:Littéralement: Propriété d’un système physique capable de produire du travail.L’énergie primaire (ep) est l’énergie disponible dans la nature avant transformation. L’énergie finale c’est l’énergie consommée concrétement par l’utilisateur, et l’énergie utile celle dont dispose l’utilisateur après la conversion par ses propres appareils. L’introduction des énergies renouvelables (hydraulique, solaire, géothermie, éolienne) pour remplacer les energies fossiles est au coeur du débat de la transition.

LEXIQUE TRANSITIONPOUR ABORDER

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LEXIQUE

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LEXIQUE

LEXIQUE

AUTOPROMOTION:Terme plus technique désignant une organi-sation civile, initiée par des particuliers, dans l’objectif d’ériger ou de restructurer collecti-vement, en qualité de maître d’ouvrage, un bâtiment pour leur propre compte. L’auto-promotion indique la démarche construc-tive choisie pour réaliser un habitat groupé, mais ne décrit pas le projet de vie en tant que tel.*

RT2012:La réglementation thermique 2012 à remplacé la réglementation ther-mique 2005. La réglementation ther-mique RT2012 dans le cadre du Gre-nelle de l’environnement s’est calé sur le label effinergie neuf de 2007.

HABITAT GROUPE:Terme générique faisant réfé-rence à la construction d’un ha-bitat issu de l’initiative collective de particuliers. Par la notion de groupe, ce terme met l’accent sur le projet de vie collectif. A noter que pour les urbanistes, « habitat groupé » a une autre signification et décrit plutôt un habitat fait de logements accolés, imbriqués les uns aux autres avec des entrées séparées, comme modèle intermédiaire entre la maison individuelle et l’immeuble.*

HABITAT PARTICIPATIF:Dénomination appelant plutôt à la méthode d’élaboration ou de gestion de l’habitat, voulue de manière parta-gée avec ses occupants. Parce qu’il est compréhensible par tout un chacun, il devient progressivement le terme fédérateur pour désigner toutes les mouvances de projets faisant appel aux citoyens dans leurs élaborations. Il est toutefois sujet à débat, car la participation ne pourrait être que consultative. Or les habitats groupés revendiquent une participation forte, voire une implication personnelle de premier plan.*

COOPERATIVE:Terme désignant un projet dont la propriété est collective et pour lequel le pouvoir est exercé démo-cratiquement (1personne=1 voix). Cette dénomination détermine les liens des membres entre eux et leur mode de gestion interne.*littéralement: Société coopérative, entreprise associative ayant pour objet les services les meilleurs pour ses membres, et gérée par ceux-ci sur la base d'une égalité des droits, des obligations et de la participa-

POUR ABORDER L’HABITATGROUPE

* D’après PARASOTE, Bruno, Autopromotion, habitât groupé, écologie et liens sociaux : comment Construire collectivement un immeuble en ville ?, Préface de Dominique Gauzin-Müller, Editions Yves Michel, Gap, janvier 2011.

LA REGLEMENTATIONLABELSET LES

LE BÂTIMENT BASSE CONSOMMATION OU BBC:Le label BBC désigne un bâtiment pour lequel la consommation éner-gétique pour son fonctionnement est inférieure à l'habitat standard. Il s'inspire du label Minergie Suisse. Aujourd'hui, le niveau de perfor-mance BBC est obligatoire avec la RT2012. La norme fixe une exigence énergétique de 50 kWhep/m²/SHON.an.

L'HABITAT PASSIF OU BEPAS:Le bâtiment à énergie passive est un bâtiment ou la consommation énergétique au m² est entièrement compen-sée par les apports so-laires.

L'HABITAT AUTONOME:Le bâtiment produit lui même l'éner-gie dont il a besoin pour assurer son propre fonctionnement.

LE BÂTIMENT A ENERGIE POSITIVE OU BEPOS:Le BEPOS est un bâtiment qui produit plus d’énergie qu'il n’en consomme pour son fonctionnement. Sa produc-tion énergétique est considérée sur une période d'un an. Si le bâtiment ne produit pas certains mois de l'an-née, on parlera plutôt de bâtiment autonome. L'excédent de production est permis par les principes bioclima-tiques, les équipements de produc-tion d'énergie et la consommation des usagers. la consommation de ces bâtiments est d'environ 50 kWh/m2/an* (équivalent du label BBC).

EFFINERGIE: C'est une association française créée en 2006. Elle fournit des labels pour pro-mouvoir la construction basse consommation dont le label BEPOS, BBC Ef-finergie, Effinergie +. Elle est l'équivalent français de Minergie en Suisse et de Passivhaus en Allemagne.

* Selon l'ADEME (juin 2012), le retour d'expérience disponible pour une centaine de réalisations à énergie positive en France

MINERGIE P:Ce label est d'origine suisse. Il assure une consommation énergétique de moins de 30kWh/m2/an.

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PARTIE I - LE RÔLE DES CITOYENS

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PARTIE I LE ROLE DES CITOYENS

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PARTIE I - LE RÔLE DES CITOYENS PARTIE I - LE RÔLE DES CITOYENS

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«L’utopie est à l’horizon. Quand je fais deux pas vers elle, elle

s’éloigne de deux pas. Je fais dix pas et elle est dix pas plus loin. A quoi sert l’utopie? Elle sert à

avancer.» Eduardo Galeano*

I. UN EFFONDREMENT INVISIBLE ET UNE REPONSE INAPROPRIEE

Le bouleversement du climat est la partie visible de cette crise environnementale. La production et la consommation d’énergie produisent des pollutions atmosphériques qui transforment notre milieu de vie. L’effet de serre a pour conséquence le réchauffement climatique global de notre planète. La raréfaction des ressources fossiles (gaz, pétrole) est la partie invisible de cette crise. On ne parle plus de limiter son empreinte énergétique pour la planète, mais de se préparer à l’ère post-pétrole, où les énergies ne seront plus aussi abondantes qu’aujourd’hui. Ces deux menaces réunies ont amené le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme à amorcer une politique d’architecture durable, pressent les citoyens à consommer l’énergie avec responsabilité et poussent les architectes à intégrer des critères énergétiques et écologiques le plus tôt possible dans la conception.

1. La réponse à l’échelle nationaleCette transition est portée par les instances institutionnelles avec des décrets votés dans le cadre de la Grenelle de l’environnement. Actée au niveau européen et débutée en France en 2007, sous la présidence de Nicolas Sarkozy et de Jean-Louis Borloo au ministère de l’écologie, les objectifs sont sans cesse revus à la baisse. Le Grenelle permet de prendre des décisions en matière d’environnement et de développement durable. Cette transition favorise l’usage des énergies renouvelables dans le secteur du bâtiment, en imposant un niveau de performances pour le secteur privé comme pour le secteur public. Elle soutient 3 grands engagements majeurs pour le logement : le premier engagement consiste à imposer à tous les immeubles construits le niveau de performance du label BBC 1à partir de 2012. La RT2012 (réglementation thermique) applique les mêmes objectifs que le label BBC, à savoir de fixer la consommation des bâtiments de logements

1 - voir lexique p19* - GALEANO, Eduardo Hughes, Essai, Les veines ouvertes de l’Amérique latine, 1971, Edition Pocket 2001. Eduardo Hughes Galeano, né en 1940 à Montevideo, est un écrivain et journaliste uru-guayen.

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PARTIE I - LE RÔLE DES CITOYENS PARTIE I - LE RÔLE DES CITOYENS

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collectifs à 50kWh EP/m²/an. Le second engagement propose que tous les bâtiments construits à partir de 2020 soient à «énergie positive», c’est à dire qu’ils produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Cet engagement applique les mêmes objectifs que le label BEPOS (bâtiment à énergie positive). Le troisième engagement est un pourcentage. Il s’agit de la réduction de la consommation énergétique totale du parc immobilier de 38% par rapport à ce qu’elle était en 2007. Afin de rendre compte de la situation aux Français, le gouvernement de François Hollande à mis en place un débat national. Lancé en 2012, il traite de «transition énergétique*», afin de faire participer activement les citoyens, tous concernés par ce changement. Il appelle à comprendre les enjeux qui se trouvent derrière la question énergétique, à l’échelle du pays comme à l’échelle de l’habitant.Bien Souvent, les opérations de logement, qu’elles soient publiques ou privées, vont s’arranger pour rentrer dans les critères énergétiques sans prendre en compte la globalité de la démarche. L’écologie s’impose comme instrument de vente. L’accent est mis sur la bonne performance thermique du bâtiment, en restant discret sur l’origine des matériaux employés et les pratiques responsables qui devront y être développées. Par exemple, la production d’électricité par des panneaux solaires va compenser réglementairement la mauvaise isolation du bâtiment ou bien  la labellisation BBCsera obtenue malgré l’utilisation d’un isolant polluant en polystyrène.2

La réponse à la transition énergétique n’est pas une réponse à centraliser uniquement autour du thème de «l’énergie», mais englobe également des critères plus larges comme la provenance des matériaux, l’énergie grise, le système constructif, la durabilité, et les modes de vies. Le débat national alarme les citoyens sur leur responsabilité face à la question de l’énergie. A l’échelle du territoire et de sa production électrique, il n’avance aucune mesure concrète pour se tourner vers les énergies renouvelables (solaire; éolien; biomasse). La mobilisation gouvernementale n’est probablement pas à la hauteur du danger.

2 - Le polystyrène est polluant à la fabrication, la diffusion (santé), et au recyclage.

2. La réponse individuelle« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde « Mohandas Karamchand Gandhi »3

Cette phrase illustre bien la démarche individuelle qui doit se faire par chaque personne qui veut opérer un changement. Pour les pessimistes, la réponse individuelle a un faible impact sur la crise actuelle, mais pour les optimistes elle fait toutefois office d’exemple pour les autres. Ne dit-on pas : «Les petits ruisseaux font les grands fleuves»? Les jeunes générations nées dans ce contexte de crise environnementale sont conscientisées sur le nouveau comportement de consommation à adopter. Pourtant, c’est la génération supérieure, ayant vécu les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, qui a pu constater l’évolution progressive de notre consommation et le dérèglement climatique. Pourquoi ne réagissons pas? Il est vrai que malgré le poids des menaces, le comportement de masse ne bouge pas tellement. On observe ici deux raisons4 : La première est que la majorité d’entre nous ne voit pas les conséquences de cet effondrement dans un quotidien de plus en plus éloigné de la nature, la deuxième que les enjeux sont si écrasants et les changements tellement considérables qu’ils nous est impossible de réagir en conséquence. Nous sommes paralysés par la peur et nous nous enfonçons dans le déni.

A. Réfléchir et limiter nos besoins individuels, vers la sobriété heureuse.5

« Il ne s’agit pas de s’infliger une cure d’austérité en appliquant à la lettre des principes moraux qui guideront nos moindres gestes et comportements, mais de faire jouer à plein ce qui est la contrepartie indissociable de notre liberté: notre responsabilité!» 6

Pour s’engager dans une démarche de sobriété, il est important que tout d’abord de distinguer ses besoins et de les remettre en question pour se diriger par la suite vers une intelligence de l’usage.

3 - Gandhi (1869-1948) était un dirigeant politique Indien soutenant le mouvement pour l’indé-pendance de ce pays. C’était un important guide spirituel, pionnier de la désobéissance civile et de la communication non violente. 4 - SALOMON, Thierry, JEDLICZKA Marc, MARIGNAC, Yves, HESSEL, Stéphane. Préf, LO-VINS, Amory, Manifeste NégaWatt : réussir la transition énergétique, Arles Actes Sud, 2012, p32.5 - RAHBI, Pierre, Vers la sobriété heureuse, Actes Sud, avril 2010.6 - SALOMON, Thierry, JEDLICZKA Marc, MARIGNAC, Yves, HESSEL, Stéphane. Préf, LO-VINS, Amory, Manifeste NégaWatt : réussir la transition énergétique, Arles Actes Sud, 2012, p63.

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L’énergie nous permet de nous déplacer, de chauffer notre logement et de l’éclairer. Notre consommation personnelle peut être réduite par des gestes simples : choisir des appareils peu consommateurs, des ampoules basse consommation, et par la limitation de nos besoins superflus.

B. Le comportement de consommationAujourd’hui nous avons intégré un comportement de consommation qui nous paraît naturel, et auquel nous nous sommes habitués. Cela implique que pour changer, l’homme doit venir limiter ses besoins (restriction) en faisant le tri entre besoins vitaux et besoins superflus. La sobriété consiste en la transformation des gestes quotidiens, car l’homme perpétue des habitudes inscrites dans son corps. La difficulté est de changer un comportement que l’on a toujours eu : l’habitant ne veut pas rencontrer de contraintes, de plus auto-établies, car personne ne l’oblige à changer. Certains foyers en précarité énergétique* sont obligés de prêter attention à leurs consommations. Prenons pour exemple le tri sélectif: il serait davantage pratiqué si l’équipement des cuisines venait l’intégrer automatiquement. C’est en proposant des dispositifs simples en amont que la pratique des gestes quotidiens peut évoluer. Ici vient donc le rôle de l’architecte et l’inscription de différents systèmes écologiques en amont du projet.

C. La notion de confortLa sobriété énergétique7 touche notamment à la notion de bien être thermique du logement.L’habitant s’est habitué à des températures intérieures élevées l’hiver, de la fraîcheur l’été, plus particulièrement en ville. Le corps humain est à une température de 37°. La zone de confort d’hiver se situe à 19° l’hiver et à 26° l’été pour les Français.8 Cette zone varie en fonction des facteurs socioculturels.La réglementation fixe à 19° la température de chauffage. Correcte pour une pièce de vie, cette température est élevée pour une chambre où 15 à 17° sont suffisants et meilleurs pour la santé. La température varie également de 15 à 23°en fonction du type d’activités opérées dans le logement.9

7 - voir lexique p178 - * SALOMON, Thierry, BEDEL, Stéphane, La maison des [néga]watts, éditions Terre Vivante, Mens, 155p, p42/439 - * COURGEY, Samuel, OLIVA, Jean-Pierre, la conception bioclimatique: des maisons confor-tables et économes, Editions terre vivante, le Mens, 2006, p30

Avec l’intégration de principes bioclimatiques dans l’architecture, une température stable et homogène peut être obtenue. Le réflexe de «monter le chauffage» doit être compensé par la deuxième peau des humains: les vêtements. Cela nécessite que l’habitant se couvre d’un pull en laine et de chaussons l’hiver plutôt que d’augmenter le chauffage afin de rester découvert. Certains feront l’effort, ce qui n’est pas négligeable et peut permet d’entraîner les autres.

II. LA FORCE D’UNE MOBILISATION ET D’UNE RESPONSABILITE COLLECTIVE.

A l’échelle de la ville et de la communauté, des personnes se retrouvent autour de l’idée de décroissance, de résilience et d’entraide. Le regroupement impacte sur la mise en pratique des idées qui ne pourront être abouties seul. Plutôt que de s’alarmer, ils cherchent à inspirer ensemble avec l’imaginaire de la transition. L’habitat coopératif regroupe bien souvent des gens qui veulent faire cette différence.

1. Réveil des consciences et réseaux« Il est illusoire de croire que la transition énergétique peut faire l’impasse sur les changements de comportements individuels et collectifs »10

Plusieurs mouvements et groupes se sont constitués, abordant la décroissance et créant des solutions alternatives à notre mode actuel de consommation. Des réseaux se sont développés, permettant de débattre autour du sujet et d’entreprendre des actions, petites ou grandes. Des réseaux d’initiatives tels que Colibri, des hebdomadaires tel que Passerelle Eco, des associations et des groupements, cherchent à faire mûrir les alternatives. Des concepts tels que le la simplicité volontaire ou la résilience sont réempruntés. Le concept de résilience11, porté par les projets de ville en transition désigne la capacité d’une ville à ne pas s’écrouler face à une crise du

10 - * SALOMON, Thierry, JEDLICZKA Marc, MARIGNAC, Yves, HESSEL, Stéphane. Préf, LO-VINS, Amory, Manifeste NégaWatt : réussir la transition énergétique, Arles Actes Sud, 2012, p34.11 - voir lexique p16

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pétrole ou de nourriture. Il se base sur le réseau citoyen. Ce mouvement est né en Grande-Bretagne en 2006, sous l’influence de l’enseignant en permaculture Rob Hopkins. Le principe de base est la relocalisation des modes de vie afin de consommer local. Plusieurs types d’actions visent à se mettre en place: les monnaies locales, le recyclage et l’échange, la production d’énergie. Ce mouvement donne un nom aux initiatives locales et apporte le support théorique aux principes de transition. Des communautés se développent en France autour de l’idée de vivre ensemble autrement en réduisant son impact énergétique. On assiste aussi à un mouvement des français de retour vers les campagnes. La motivation est de retrouver un milieu et des habitudes de vie plus saines et proches de la nature.Ces réseaux sont encore majoritairement informels et dispersés, pourtant apparaissent du coté de l’habitat groupé des tentatives de structuration.

2. L’habitat groupé coopératifNous sommes face à un foisonnement d’idées, idéalistes ou concrètes, dont l’habitat groupé coopératif fait aujourd’hui partie. Il présente des solutions pertinentes à une échelle appropriée. Il ne touche plus à la dimension individuelle, il n’attend pas non plus que les grandes instances réagissent et prennent en main cette crise. Il présente le niveau intermédiaire, où l’initiative à une influence. L’organisation collective rend possible la solidarité, l’entraide, les échanges, tout en laissant chaque habitant avoir son espace personnel. L’habitat groupé consiste en la mobilisation d’individus autour d’un projet de vie collective. Cette forme d’habitat permet la mutualisation des espaces, des équipements et des outils: c’est ce qu’on nommera la sobriété coopérative.12 Au delà, il permet d’intégrer les critères du développement durable dans la conception architecturale et réduit ainsi l’empreinte énergétique du bâtiment dans son cycle de vie.13 Il serait donc dans l’intérêt du gouvernement d’encourager et de faciliter la démarche. L’officialisation du statut coopératif par la loi ALUR votée en mars 2014 va sans doute inciter plus de citoyens à se tourner vers cette démarche.

12 - SALOMON, Thierry, JEDLICZKA Marc, MARIGNAC, Yves, HESSEL, Stéphane. Préf, LO-VINS, Amory, Manifeste NégaWatt : réussir la transition énergétique, Arles Actes Sud, 2012, p44.13 - Le cycle de vie d’un bâtiment traverse plusieurs phases: l’extraction des matières premières, la fabrication des matériaux de construction, la construction, la phase d’utilisation, l’entretien et les réparations et la démolition.

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« Il a fallut passer du rêve et de l’utopie à l’idée, de

l’idée au projet, du projet a son montage et du

montage à sa réalisation.» Marc Bodinier1

1 - OMELIANENKO, Irène, émission Sur les docks, France Culture, novembre 2012, Champ libre : «Ensemble chacun chez soi : le renouveau de l’habitat groupé»

III. DES PROFILS HABITANTSLes six projets étudiés dans le cadre de cette analyse ne sont pas représentatifs de l’ensemble des habitats coopératifs, mais cela donne une idée des profils rencontrés dans l’habitat alternatif. Nous observerons les envies des habitants, leur milieu social afin de comprendre à qui s’adresse l’habitat coopératif. Il peut paraître très réducteur de classer les profils types des personnes à l’origine de construction de groupe d’auto promotion, mais la façon de se rencontrer et de se regrouper autour d’une idée maîtresse permet de dégager plusieurs tendances sur l’identité du groupe et ses motivations. Certains se rassemblent autour de l’idée du partage, d’autres autour de l’idée de l’écologie du projet, et d’autres encore autour de l’envie d’un habitat moins cher. L’homogénéité des groupes est révélateur d’une vérité: plus les individus proviennent de différents milieux, plus il est nécessaire de débattre pour s’entendre sur une vision commune.

1. Des ménages militants de classe moyenne supérieure ou inférieure.14

Concernant l’habitat groupé coopératif, même lorsqu’ils ont vocation à accueillir un public socialement mixte, ils sont le plus souvent l’initiative de familles, appartenant aux classes moyennes. Ces familles disposent du capital financier, du capital culturel et du capital relationnel qui est important pour la construction de ce genre de projets. On se trouve dans 5 des 6 exemples face à une population relativement homogène: des fonctionnaires, des cadres, des professions libérales, des intellectuels et des artistes. Ils disposent d’une sensibilité commune qui les regroupe ensemble. Le logement écologique est accessible aux classes moyennes.Les préoccupations environnementales et sociales ne sont pas des préoccupations de masse. C’est pourquoi la démarche va souvent être qualifiée de démarche de «bobos»15. Les classes plus aisées ont tout simplement directement recours à un habitat écologique par le biais d’un promoteur immobilier.

14 - D’après les données de l’Insee, la classe moyenne se situe dans une tranche de salaire entre 1200 et 3000euros/mois.15 - Bobo : bourgeois bohème.

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- Le projet Eco-logis à Strasbourg s’est crée de façon autonome par les habitants. Arrivé avant l’appel d’offre pour les 10 terrains lancé en 2009, le collectif de 29 habitants s’est débrouillé pour la recherche d’un terrain ou construire leur bâtiment. Les habitants sont d’un milieu modeste, de tranches d’âge mélangées. Il y a des familles avec de jeunes enfants, des retraités. La plupart des habitants actifs sont des fonctionnaires. Certains travaillent pour les collectivités territoriales, d’autres sont professeurs. Ils sont tous engagés, militants et actifs au niveau associatif.

- Le petit logement coopératif Greenobyl à Strasbourg, comprenant trois foyers, a sauté sur l’occasion de l’appel d’offre de la mairie de Strasbourg. C’était l’opportunité pour les deux architectes de l’agence G-Studio, Mickael Osswald et Emmanuelle Rombach, de venir construire et expérimenter leurs propre logement. Le groupe a bénéficié de la facilité d’être une petite équipe contenant donc deux professionnels architectes. Depuis longtemps l’agence souhaitait produire des logements différents et innovants. Tous issus de la même génération (trentenaires) certains ont des enfants en bas âge comme Mickael et sa compagne.

- La coopérative Equilibre regroupe 11 familles. Le groupe s’est monté à l’origine autour de son fondateur Benoît Molineaux. Deux appartements ont été conçus plus petits pour pouvoir accueillir un autre type de public. En l’occurrence cet habitat groupé est composé d’un retraité, une personne célibataire, et deux jeunes adultes qui sortent des études supérieures.

- Le projet de la Salière à Grenoble s’est crée de façon totalement autonome par ses habitants. Les cinq familles se sont rencontrées principalement par bouche à oreille, puis ils se sont entendus et le groupe actuel s’est cristallisé autour d’un terrain. Certains se connaissaient depuis longtemps, mais cela n’a pas d’importance dans la réussite d’un tel projet. Dans l’immeuble actuel, les habitants ont tous la quarantaine, et deux enfants par couple. Ce n’est pas un immeuble intergénérationnel. Tout le monde travaille dans des catégories socioprofessionnelles différentes, mais presque tous dans la fonction publique. Sur les entretiens réalisés, Cédric travaille en société d’aménagement et d’équipement, François est directeur du service foncier de la Ville de Grenoble, et Anne-Christine est bibliothécaire au campus universitaire.

- Habiterre est un groupe multi-générationnel constitué de 11 familles : des jeunes couples avec enfants, des retraités, des célibataires, etc. Cependant les membres initiateurs du projet, ayant déjà eu des expériences de vie collective, sont dans la même tranche d’âge: Marc et Marie-Noëlle, Joël et Pascale, Alain et Odile. Le groupe accueillera par la suite d’autres familles et cherchera à diversifier les habitants.

2. Des ménages modestes à la recherche de logements accessiblesDans le projet Making Hof à Strasbourg, le public visé est sensiblement différent. Les futurs habitants se sont regroupés autour de l’architecte Patrick Texier, qui devait à l’origine être un habitant du projet. Au départ, le groupement se fait idéologique : toutes les familles se connaissent et le groupe est composé à 80% de personnes qui ont fréquenté et dont les enfants fréquentent l’école Michaël Steiner Waldorf de Strasbourg. Tous travaillent dans le domaine socio-culturel ou artistique, et partagent les mêmes valeurs et les mêmes envies. Ce groupe de base à l’origine du Making Hof n’existe plus. 6 mois après avoir été nommés lauréat en avril 2010 par la ville, plus aucun des membres n’étaient là.Aujourd’hui le nouveau groupe qui s’est monté recherche l’accessibilité à un logement moins cher. Ils ont rejoint le projet sans être «avertis» et «politisés». La capacité financière des membres du groupement n’est pas homogène et est assez faible pour certains. Cette nouvelle donne module fortement les objectifs du groupe: le projet doit être flexible, égalitaire, et banalisé du point de vue typologie des logements. L’autoconstruction doit permettre de réduire les coûts de réalisation. Les charges à venir doivent être faibles. Le projet les intéresse d’autant plus que l’architecte Patrick Texier n’est pas dans la démarche d’architecture participative, mais vise une architecture pour tous.

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ConclusionDe façon plus générale, l’habitat coopératif est une forme d’accession à la propriété pour les classes moyennes à modestes. Des systèmes d’entraide mis en place, notamment dans Habiterre, permettent de ne pas exclure une catégorie sociale par le manque de capacité financière. Le profil des habitants intéressés par ce genre de démarches est constitué en général de fonctionnaires de l’éducation nationale, de travailleurs des collectivités territoriales, des professeurs. Ces personnes sont engagées, militantes, actives au niveau associatif. L’habitat groupé coopératif constitue un biais par lequel les classe modestes peuvent accéder à un logement écologique. Le frein principal de ce genre de projets est bien sûr le lourd aspect économique. Le décalage entre les moyens financiers des ménages et le prix de l’immobilier se fait de plus en plus grand à cause de la spéculation immobilière* De ce fait, les ménages modestes vont s’installer dans la périphérie des villes ou en milieu rural. Pour éviter autant que possible les écueils, il est indispensable qu’au moment où le contenu idéologique est élaboré une réalité des coûts et des moyens soit mise en regard des ambitions.

IV. ASPIRATIONS DES HABITANTSPourquoi des citoyens s’engagent?« Le désir d’un habitat choisi, intégré dans un environnement de qualité, se rattache étroitement à l’idée d’un bonheur intégré, d’un bien-être, et à la prise de conscience du lien qui existe entre la relation à soi et la relation à l’espace » Françoise-Edmonde Morin16

1. Une convergence de motivations différentesChoisir son habitat permet d’articuler un projet de vie en cohérence avec le mode de vie auquel on aspire. Les rêves, les aspirations de chacun et de tous sont projetés sur l’architecture du bâtiment. Les valeurs partagées sont exposées dans des « chartes de vie » que conçoivent les groupes avant de lancer concrètement les démarches. Les utopies vont souvent bien plus loin que la réalité construite. Toutefois pour garantir un fonctionnement

16 - MORIN, Françoise-Edmonde, dans EUVRARD, actes des rencontres, Habitat rural, relier, décembre 2008

dans le temps, il est nécessaire que le groupe passe par cette phase théorique/conceptuelle de définition des besoins, des envies et des limites de chacun. Au delà de l’intérêt social, économique et écologique, apporté en partie par la conception du logement, des intérêts plus personnels se dessinent dans l’ensemble des six projets étudiés. Bien entendu, ces divers intérêts sont bien souvent tous présents. Toutefois certains sont plus en exergue que d’autres. Les principaux intérêt portés à l’habitat groupé coopératif sont:- L’intérêt social: retrouver la sensation d’appartenance à un groupe.Les groupes d’autopromotion présentent souvent une mixité sociale et générationnelle. Les échanges sont entre habitants sont riches, et développent les systèmes d’entraide. Il y règne un esprit de partage, ou l’humain tisse au quotidien des liens avec les autres. C’est notamment en privilégiant les espaces collectifs de vie que ces liens se nouent. L’organisation de l’humain en «tribu» a toujours existé et reprend forme avec l’habitat participatif, tout en laissant chaque habitant d’avoir son espace personnel. Il est ici important de bien faire la différence entre une «communauté» et un «collectif». - L’intérêt économique, pour un coût maîtrisé et abordable.Le projet peut être vu comme manière d’accéder à la propriété de manière économe, avec peu de contenu environnemental et d’espaces communs, ou bien il arrive à regrouper les trois critères, sachant qu’un projet aux fortes performances écologiques peut coûter 10% de plus qu’un projet classique.17 Certains projets exemplaires en termes énergétiques présentent un coût de construction beaucoup trop élevé. Ce genre d’opérations ne sont pas envisageables pour la majorité des collectifs. Les médias valorisent les bâtiments en invitant à s’arrêter sur leur valeur environnementale exemplaire, sans intégrer la notion du coût d’investissement initial. - L’intérêt écologique, habiter dans un logement sain, bien construit, qui limite les besoins en énergie. Pour que la logique soit complète les habitants doivent toutefois adopter un mode de vie éco responsable en réfléchissant à leurs besoin individuels. Le bâtiment collectif permet dès lors de limiter collectivement son impact. Ce intérêt a fait son apparition depuis une dizaine d’années.

17 - D’après PARASOTE, Bruno, « Autopromotion, Habitat Groupé, Ecologie et liens sociaux: Comment construire collectivement un immeuble en ville ? » Edition Yves Michel, collection socié-té civile, Gap, 2011, 239p, p27.

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- L’intérêt de personnalisation du logement: cet intérêt revient souvent au centre des envies des habitants. Ainsi, le logement offre les qualités d’un habitat individuel tout en étant collectif. L’habitant est remis au centre de ses pratiques et met en place un dialogue avec l’architecte pour faire comprendre ses besoins. Certains habitants préfèrent limiter leurs envies individuelles d’espace pour se concentrer sur la qualité collective.- L’intérêt d’autonomie: nous retrouvons ici la notion d’empowrement18. L’habitant désire maîtriser son lieu de vie, et les phases de conception et de construction sont des étapes nécessaires pour lui afin de comprendre le fonctionnement du bâtiment qu’il habite. Ici elle s’attaque au développement du pouvoir d’agir sur les conditions sociales et environnementales de l’habitat. L’habitant citoyen vient créer son logement avec l’architecte, et le projet est souhaité de façon a ce que chacun apporte ses compétences sur le chantier et dans la vie en œuvre du bâtiment. Il reprend contrôle avec les autres habitants afin d’être maître de la situation. Les prises de décisions sont au centre du bon fonctionnement. Les compétences de chacun sont révélés et valorisées, quel que soit le diplôme ou le bagage. Les connaissances sont transmises et partagés par les habitants.

2. Analyse des 6 cas d’études

Ecologis«Les habitants n’avaient pas envie d’uniformiser le bâtiment. Chacun à conçu son logement comme s’il faisait sa maison individuelle. Les appartements témoignent des choix de chaque foyer» Mot de Tekton architecture19 qui à effectué l’accompagnement à la maîtrise d’ouvrage

Les familles se sont rencontrées au fur et à mesure. Les habitants actuels ne sont pas tous à l’origine du montage de l’opération. Les habitants voulaient s’inscrire dans une démarche environnementale. Le groupe souhaitait avant tout un bâtiment en bois, innovant en matière de structure. Jusqu’alors, un bâtiment aussi haut n’avait jamais été expérimenté en ossature bois. Les habitants avaient également le souhait que le bâtiment ne relâche pas de produits nocifs pour la santé, comme par exemple les

18 - voir lexique p1619 - Entretien de Stéphane Thomas de l’agence Teckton réalisé le 13/03/2014

peintures chimiques pour le traitement du bois.Au niveau énergétique, ils n’ont pas pu aller aussi loin qu’ils l’aurait souhaité, car cela engendrait des coûts trop importants.

Greenobyl« On a construit pour nous mêmes, donc il n’y avait pas la complication de la démarche de coopération architecte-habitant, sauf bien sûr pour le troisième foyer de Manuel Santiago et sa compagne.» Michael Osswald20

Ce projet regroupe trois familles qui se connaissaient auparavant. Michael et sa collègue Emmanuelle sont architectes au sein de G-Studio. Manuel et sa compagne sont un couple d’amis. A l’époque de l’appel d’offre de la mairie de Strasbourg, c’était la première vague d’immeubles durables. Les deux collègues de G-Studio ont sauté sur l’occasion de travailler sur leur propre logement. Peu de gens étaient prêts à réagir tandis que eux avaient cette envie depuis longtemps. Le petit groupe d’auto promotion s’est ainsi très vite monté, porté par l’envie d’un habitat économique et écologique à la fois. G-Studio à une démarche de «ruralité urbaine», favorisant la réintroduction de la nature en ville. Un des objectifs communs à tous était de vivre en centre-ville dans un habitat écologique, sans avoir recours à la voiture. Avant, Mickael et sa compagne avaient entièrement construit une maison à la campagne, mais selon eux «la démarche n’était pas complète», car la localisation de leur maison nécessitait l’usage quotidien de la voiture: pour faire les courses, aller chercher les enfants à l’école. Cette construction avait duré 4 ans.Avec Greenobyl, ils souhaitaient donc retrouver une cohérence de démarche. L’envie d’auto- construction était très forte.

20 - Entretien de Mickael Osswald, architecte de l’agence G-Studio et habitant du projet Greenobyl à Strasbourg le 19/03/2014

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Making Hof« Nous étions pas encore à viser le BEPOS. Nous pourrions mettre des panneaux photovoltaïques, mais ce n’est pas un objectif et ce serait un investissement de plus. L’utopie c’est de faire des logements qui ne sont pas chers. Nous sommes à 2500euros/m², alors que le marché sur Strasbourg est entre 3500 et 4500euros/m² pour des performances équivalentes.» Patrick Texier21

Le projet Making Hof a été porté par un intérêt économique et social. Le groupe de base constitué d’amis et de connaissances, a cédé sa place à un groupe de personnes moins «politisées». Les nouveaux membres tout juste arrivés n’ont donc pas participé à la phase de conception. Ici, la réussite du projet est le fruit de la motivation de l’architecte Patrick Texier. Prenant le rôle de soliste, il a montré sa motivation à créer un habitat low tech à moindre coût. 2 appartements sur les 10 sont des logements sociaux appartenant à l’association «habitat et humanisme».

Equilibre« Dans un projet comme cela on est très serré au niveau du budget. Il faut bien que les habitants fixent leur priorités, à savoir ce qu’on met en premier et quels sont les prix. A un moment nous étions en difficulté financière pour faire le bâtiment en bois. J’ai proposé aux habitants de le faire en brique. Mais ils étaient clairs sur leurs priorités: 1- un bâtiment en bois; 2- Toilettes sèches; 3-la surface des logements» 22 Stéphane Fuchs

La coopérative Equilibre s’est montée en 2005, bien avant de trouver le terrain pour le projet. Le fondateur Benoît Molineaux avait comme objectif de faire un projet innovant, tant au niveau écologique qu’au niveau social et énergétique. Cette volonté réunit 10 familles autour de Benoît. La société coopérative Équilibre est née avec le souhait de prendre en charge chaque étape du projet jusqu’à l’exploitation de l’immeuble. Le terrain, attribué à trois coopératives différentes, montre bien la diversité des démarches et solutions possibles dans les projets d’autopromotion. Une des deux autres coopératives a choisi de coopérer, ainsi elles ont fait le choix de l’architecte ensemble. La troisième étant dans une toute autre démarche, à construit un volume en béton.

21 - Entretien de Patrick Texier de l’agence Les Architectes SA réalisé le 17/03/201422 - Entretien de Stéphane Fuchs de l’agence ATBA réalisé le 13/03/2014

Les priorités du projet Equilibre étaient ainsi bien définies au démarrage du projet. La seule chose différente entre leurs envies de base et la concrétisation du projet, c’est la position des escaliers. Les habitants voulaient un véritable espace de rencontre et de sociabilisation qui n’a pu être réalisé.

La Salière «Le projet vient d’un souhait fort d’habiter autrement, de partager un projet, de mutualiser les énergies de chacun et d›être à l›écoute les uns envers les autres (...) La composante environnemental constituait un élément important de notre réflexion d’ensemble et de nos choix de conception et participe au confort des habitants. » Mot de la maîtrise d’ouvrage collective de la Salière.

La volonté des habitants de la Salière est de vivre ensemble autrement dans des logements sur mesure. Pour ce qui est de l’habitat écologique, l’intention était bien présente, sans être l’élément phare du projet. Les habitants sont tous sensibles à la question de l’écologie. Comme l’on si bien dit les habitants, le coût des systèmes techniques écologiques, comme par exemple le solaire, à un retour sur investissement qui se fait sur une longue période. Cédric, Anne-Christine et François soulignent qu’ils auraient pu aller plus loin dans l’éco application du bâtiment, mais que ça ne valait pas le coût. Les choix des systèmes techniques ont été influencés afin de rentrer dans la norme BBC: la chaudière à bois, la ventilation double flux, le chauffe eau solaire sont autant d’éléments qui ont bénéficié de subventions grâce au label.

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Habiterre« Notre conviction que le changement passe par chacun : nous ne croyons pas aux grandes déclarations pour changer le monde mais nous croyons à la force des petits pas, aux capacités de transformation sociale à partir de l’engagement au quotidien. Nous cherchons à assumer notre responsabilité individuelle dans une perspective de transformation collective. Nous avons déjà expérimenté que la coopération fait levier pour ouvrir des brèches et créer des possibles.»Marc Bodinier23

L’origine du projet résulte de la rencontre de deux couples. Marc et Marie-Noëlle Bodinier rencontrent Joël et Pascale. Vient ensuite la rencontre d’un autre couple, Alain et Odile. Ayant tous de fortes convictions en matière de «vivre autrement», les deux couples sont entraînés dans l’aventure par Marc. A l’origine, Alain et Odile désiraient changer de lieu de vie, et ils souhaitaient monter un projet d’habitat groupé. Christiane, 60 ans, vient de prendre sa retraite. Après le décès de son mari, elle décide de quitter son hameau, car elle n’y trouve plus la dynamique de village qu’elle y recherche. Elle choisit donc de participer au projet d’Habiterre, car elle a envie de contact intergénérationnel. L’important pour chaque membre du groupe, c’est de remettre le quotidien au au centre de la vie des habitants.Dans la phase d’extension du projet par de nouvelles maisons, Myriam, son mari et leurs trois enfants s’intègrent au groupe. Ils ont rencontré un entrepreneur qui fait des maisons a ossature bois (Alain). Il dirige l’entreprise Arterre qui a fait les maisons d’Habiterre. Ils ont été influencés par deux choses: le partage du terrain et la vie collective.

Selon le collectif, ce qui enraye le montage de tels projets, c’est la peur de se lancer. «90% des projets ne démarrent pas car les habitants n’arrivent pas à monter un groupe stable» Alain GuilletSelon Alain Guillet, beaucoup attendent d’avoir monté un groupe solide pour se lancer, alors que la maturation se fait dans l’action, pas dans la réflexion. Eux ont choisis d’apprendre à se connaître au fur et à mesure que le lieu s’est construit, et ils vivent aujourd’hui

23 - OMELIANENKO, Irène, émission Sur les docks, France Culture, novembre 2012, Champ libre : «Ensemble chacun chez soi : le renouveau de l’habitat groupé»

concrètement leur discours. Ils ont choisis de se faire confiance, face à la peur de l’engagement financier et du manque d’intimité. Des groupes vont chercher à définir tout avant même d’avoir l’idée de base et l’envie.

ConclusionUne pluralité d’individus se forment en microsociété autour de l’idée d’habiter autrement. L’habitat groupé réunit des profils d’individus qui ne sont pas aussi variés que supposé. Plus les individus sont en accord, plus il va permettre la rapidité de montage du projet. Selon le retour d’expérience obtenu, la meilleure option n’est semblablement pas de s’installer avec des proches car la pérennité du groupe et son équilibre sont souvent fragiles.Dans les 6 exemples cités, il rassemble au moins une ou deux personnes dont les professions se rattachent au domaine (architectes, urbanistes, maîtres d’ouvrage). Ces différents groupes ne portent pas forcément l’écologie comme base de projet. Elle fait partie de l’ensemble des motivations, et doit se gérer avec la complexité des autres critères.

La deuxième partie de ce mémoire permettra de rendre compte si la conception architecturale suit les intentions des divers groupes d’habitants.

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PARTIE II UN LABORATOIRE D’INNOVATIONS 5

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PARTIE II - UN LABORATOIRE D’INNOVATIONSPARTIE II - UN LABORATOIRE D’INNOVATIONS

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«Dans le milieu urbain il faut répondre à un contexte dense, et c’est plus intéressant de se connecter au réseau que d’essayer à tout prix d’être autonome. La réponse doit être plus orientée sur les matériaux.»1

I. METHODE D’ANALYSE

Les 6 projets sélectionnés sont observés selon une liste de 10 critères auto-établis, afin de faire ressortir les principales innovations environnementales. Ces critères permettent l’analyse architecturale globale du bâtiment dans son cycle de vie, de la conception à la déconstruction, en passant par la construction, l’exploitation et l’entretien.

Ces analyses seront croisées dans un deuxième temps pour rendre compte des innovations communes.

1 - Entretien personnel de Mickael Osswald, architecte de l’agence G-Studio et habitant du projet Greenobyl à Strasbourg le 19/03/2014

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PARTIE II - UN LABORATOIRE D’INNOVATIONSPARTIE II - UN LABORATOIRE D’INNOVATIONS

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1. Environnement et accessibilitéL’habitat s’intègre dans un milieu urbain ou rural et bénéficie du réseau de transports et d’infrastructures de la ville; ou il cherche à être autonome. En ville, il lutte contre l’étalement urbain dans une volonté de promouvoir la ville dense et responsable.

2. Implantation architecturale et principes bioclimatiques.Tenir compte de l’environnement naturel du terrain (soleil, vent, végétation).Concevoir pour limiter les déperditions ou éviter la surchauffe. Penser le bâtiment en fonction de l’orientation des façades et des ouvertures.

3. Flexibilité des logements pour durabilité et personnalisation.Concevoir les logements sur mesure ou selon une trame unique. Adapter et personnaliser les espaces intérieurs des logements pour se les approprier.

4. Organisation générale des espaces partagésMutualisation des espaces de vie ou/et des espaces fonctionnels et disposition dans l’habitat groupé.

5. Système constructif, matériaux et énergie griseL’écologie dans l’habitat, c’est avant tout une maison “saine” avec des matériaux naturels. Intelligence et expérimentation du système constructif, matériaux employés et optimisa-tion des efforts de construction.

6. Energie d’usage et dispositifs énergétiquesConsommation globale du bâtiment; étude du choix du système de chauffage, des auxiliaires et des différents systèmes écologiques (chauffe-eau solaire, photovoltaïque, VMC pour l’aération etc.) mis en place.

7. Gestion de l’eau Des gestes simples des habitants et différents appareils économisateurs permettent de limiter la consommation en eau. Les eaux grises sont généralement renvoyées directement dans le réseau vers les stations d’épuration, tandis que les eaux blanches peuvent être récupérées pour être réutilisées.

8. Gestion des déchetsLa plus grande partie des ordures ménagères sont biodégradables* ou recyclables. L’installation en amont de bacs de tri sélectif favorise la simplicité du geste. Valoriser plutôt que gaspiller.

9. Espaces extérieurs L’organisation et la gestion des espaces extérieurs sont souvent à l’origine des habitants. Ces espaces, en ville ou à la campagne, permettent une petite production maraichère et favorisent la biodiversité.

10.Confort des habitantsLes qualités architecturales de l’habitat influent sur le bien être de l’habitant grâce au confort thermique, au confort visuel et aux valeurs immatérielles portées par le projet. Les comportements de consommation revendiquent ou s’adaptent au mode de vie éco-responsable.

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PARTIE II - UN LABORATOIRE D’INNOVATIONSPARTIE II - UN LABORATOIRE D’INNOVATIONS

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II - ANALYSE DES 6 PROJETS

1. L’INTERGENERATIONNEL - Eco-logis

Mots-clés: Projet pilote - Intergénérationnel - écologie

Présentation du projet

Localisation: 24 rue de Luneville Strasbourg-NeudorfMaître d’ouvrage: Collectif EcologisMaître d’œuvre: Gies Architekten à Fribourg en Brisgau et sous traitance de Teckton à Strasbourg pour la gestion du chantier.Bureaux d’études: Solares BauenÉtat: HabitéLancement du projet:2006Début des travaux: 2008Date de livraison:2010surface du terrain: 1700m²Surface SHON: 1287,59 m²Contexte: CentreProgramme: 11 logements (29 habitants) et des espaces collectifs: une salle commune, deux chambres d’amis, un cellier, un atelier, une buanderie, une toiture terrasse et un jardin.prix au m²: 3200euros/m²Énergie: Moins de 50 kWh/m² SHON/anStatut: SCA avec charte

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1. Environnement et accessibilité

+ IntégrationLe terrain est situé sur la commune de Neudorf, en proche périphérie de Strasbourg. Le terrain est dans un quartier mixte d’habitations allant de la maison au petit immeuble de logement en R+3.

+ TransportsA proximité du centre ville de Strasbourg, le long de la ligne de tram reliant au centre ville, ce projet bénéficie d’un accès facile aux transports de la ville.

+ RéseauIl bénéficie du réseau d’infrastructure de la ville: électricité, collecte des eaux usées, téléphone.

2. Implantation architecturale et principes bioclimatiques.

+ CompacitéLe bâtiment est en barre. Il se développe sur 4 niveaux, les 11 logements organisés dans les 3 niveaux supérieurs. La surface totale de l’enveloppe thermique du bâtiment est de 2041 m². Le volume brut du bâtiment (enveloppe thermique) est égal à 4260 m², ainsi le coefficient de compacité vaut 0,48.

+ Orientation et ouverturesLes terrasses des logements sont orientées plein sud. L’accès aux logements se fait par des passerelles au Nord et le côté Sud s’ouvre par de large baies vitrées. Les logements bénéficient ainsi des apports thermiques l’hiver tandis que le rayonnement solaire va être cassé l’été.

+ Ventilation naturellePuisque tous les logements sont traversants, des courants d’air naturel importants peuvent être crées en ouvrant les fenêtres de côtés opposés.

3. Flexibilité des logements pour durabilité et personnalisation.

+ PersonnalisationIl y a 11 appartements, tous différents. Les habitants avaient envie de personnaliser leur logement à leur gré, dans la mesure du possible. Ainsi chaque plan est arrangé selon le principe de la maison individuelle. Cela occasionne même parfois un décalage de murs porteurs, ce qui occasionne des problèmes tel que des reprises d’ossatures en poutrelles métalliques. Toutefois les gaines tombent d’aplomb.

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4. Organisation générale des espaces partagés

+ Mutualisation des espaces de vieLes espaces partagés sont tous situés au rez-de-chaussée. Les espaces de rencontre sont nombreux, notamment sur la coursive desservant les logements et sur les balcons non séparés au sud. Les balcons «salon» font 2m40 de profondeur et sont encadrés par des «piliers végétaux». Les balcons «couloir» font eux 1m de profondeur.

+ Mutualisation des espaces fonctionnelsDes espaces de stockage et de conservation sont partagés par tous les habitants. Éco-logis dispose d’un cellier collectif pour venir entreposer les aliments produits dans le potager. Ainsi il n’y a pas de perte.

5. Système constructif, matériaux et énergie grise

+ construction bois et bétonLe sous-sol semi-enterré est en béton et les étages sont en structure de bois massif KLH. Au Nord, les coursives et les escaliers sont en béton, reliés par des pièces métalliques à la structure bois.L’enveloppe thermique est composée de la manière suivante:Des panneaux préfabriqués de type KLH de 95 mm assure la structure. L’isolation thermique est assuré à l’extérieur par de la ouate de cellulose sur 6cm qui vient faire une couche d’isolant supplémentaire au KLH. Le sous sol est constitué de 20 cm de mur béton et 10 cm Polystyrène pour l’isolation thermique.Cette laine hydrofuge et support de crépit. Toutefois la façade Nord qui permet d’accéder aux logements à un bardage bois en épicéa à la place du crépi. La structure bois isolée par l’extérieur permet de diminuer fortement les ponts thermiques.Au Sud les balcons sont en structure mixte désolidarisée du noyau de l’immeuble avec des poteaux en bois et des balcons en béton préfabriqué. Les deux éléments sont reliés par des pièces métalliques.Les planchers sont en caisson de bois. Ils sont remplis de graviers pour obtenir de la masse et favoriser l’isolation acoustique.

+ vitrage

La qualité du vitrage varie entre double vitrage basse émissivité ou triple vitrage. Des menuiseries en bois sont utilisées pour l’encadrement.

+ Réduction des transports/ Matériaux locauxLes murs massifs en bois KLH proviennent d’un fournisseur Autrichien.

- Optimisation des efforts de constructionLe gros œuvre a commencé au mois d’aout 2008 et à s’est terminé au mois d’octobre 2009. Le montage de la structure bois à dépassé le temps prévu car les panneaux et la charpente ont été montés dans la période hivernale. Les intempéries étaient prévisibles et ont compliqué le chantier.

Les habitants sont intervenu en auto-construction seulement au niveau de l’aménagement intérieur des logements. Ils ont fait les finitions. Chacun a passé comment avec différents producteurs de parquet, de peinture etc.

6. Énergie d’usage et dispositifs énergétiques

+ Faible consommationL’ensemble du bâtiment respecte la RT2005. La consommation de chauffage, d’eau chaude sanitaire et de tous les auxiliaires est inférieure à 50 kWh/m² SHON.an. La consommation d’énergie primaire est divisée par 2,5 par rapport à la référence RT 2005. Les coûts d’exploitation sont divisés par 2,2 par rapport à la référence RT 2005. Le label BBC ( ≥ 65 kWh/m2.an) aurait entrainé un surcoût du aux équipements techniques de 56.547 €*

- ChauffageLe chauffage au sol est alimenté par la chaudière gaz. La température maximale de l’eau est de 50°.23m² de panneaux solaires thermiques complétés d’une chaudière à condensation gaz fournissent les apports en eau chaude sanitaire.La chaudière gaz à condensation a un meilleur rendement qu’une chaudière gaz standard. La régulation du chauffage est individuelle à chaque logement par l’intermédiaire de robinets thermostatiques. La

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limite du chauffage se trouve au niveau des salles de bain où le confort thermique se fait difficile.

Une pompe à chaleur devait être installée mais n’a pas été mise en place dû au surcoût occasionné. Elle suscitait un forage de 10m de profondeur.

+ Aération- La ventilation simple flux hygroréglable permet de réguler le renouvellement d’air selon l’humidité de l’air. Ce type de VMC offre de meilleurs résultats qu’une VMC simple flux traditionnelle.

+ Auxiliaires Les logements utilisent les appareils les moins énergivores possibles. Ils sont équipés d’ampoules ALEL.

* D’après Solares Bauen dans le rapport APD n°1: Projet : Logement collectif Ecologis, Etude thermique et énergétique, Appel à projets « Bâtiments Econome en Energie, Strasbourg en Juin 2007

7. Gestion de l’eau

+ RéseauLes eaux grises partent directement dans la station d’épuration la plus proche.

+ RécupérationLes eaux pluviales sont récupérées par les habitants dans des citernes et ensuite destinées à l’arrosage du jardin.

8. Gestion des déchets

+ RecyclageEco-logis dispose d’un système de tri sélectif classique.

+ CompostageDes compostes ont été installés par les habitants.

9. Espaces extérieurs

+ Création et gestionLes espaces extérieurs sont collectifs à l’exception des terrasses propres à chaque logement. Le potager à cependant été divisé en petites parcelles cultivables individuelles à chaque foyer. Ces espaces extérieurs ont été géré à terme par les habitants. Ils ont réalisés tous les aménagements. Ils ont mis en place le système de compostes extérieurs, de récupération de l’eau, de parcelles cultivables et ils ont construit un abri vélo.

+ production maraichèreLes parcelles cultivables accueillent des petites cultures maraichères qui permettent de produire quelques légumes. Elles sont gérées indépendamment par chaque ménage. Elles ne permettent cependant pas l’autonomie alimentaire du à leur faible surface.

+ Accès à l’eauLes eaux pluviales sont récupérées par les habitants dans des citernes et ensuite destinées à l’arrosage du jardin.

10.Confort des habitants

+ Confort thermiqueLes habitants bénéficient d’un bon confort thermique grâce à la structure en bois qui assure un bon confort hygrométrique et le plancher chauffant qui apporte une température homogène dans tout le logement.

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2. L’AUTOCONSTRUCTION ET LE REEMPLOI - Greenobyl

Mots clés: Maison individuelle - auto-construction - auto-finition - «Urbanité rurale» ou «ruralité urbaine».

Présentation du projet

Localisation: Strasbourg, 10, rue du Renard Prêchant.Maître d’ouvrage: Collectif GreenobylMaître d’œuvre: Agence G studio architectes.Bureaux d’études: sib bureau d’études structure béton - bureau d’études structure bois - bureau d’études fluides HQE Solares Bauen - E3 économie de la construction - BEEFL électricité - ESP acousticien - Bruno Kubler jardin vertical.État: Construit, finitions en cours. Habité par une famille.Lancement du projet: 2009 Début des travaux: 2013Date de livraison: 2014surface du terrain: 129 m²Surface SHON: 375m²Contexte: Appel à projet de la ville de Strasbourg pour le développement de l’auto-promotion: Le terrain est issu d’un déclassement du domaine public.Programme: 3 logements en triplexUne salle commune et 2 locaux d’activités à Rez-de-chaussée, une buanderie, un laboratoire photo, un four à pain, un sauna, une toiture terrasse en jardin d’hiver.prix au m²: 2500euros/m² TTC (terrain, gros œuvre, finitions)Energie: 35 kWh/m²SHON/an. (annoncé)Nom du collectif: Le nom de Greenobyl vient de la formule chimique qui permet à une bulle d’optimisme d’émerger dans le milieu ambiant.

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1. Environnement et accessibilité

+ IntégrationLe bâtiment s’intègre au paysage bâti du quartier en répétant les formes voisines, avec un étage sous combles.

+ TransportsLe projet se situe sur une parcelle en milieu urbain. Il est donc très accessible en transports doux ou transports en commun.

+ RéseauIl bénéficie entièrement du réseau du réseau d’infrastructure de la ville: électricité, collecte des eaux usées, téléphone.

2. Implantation architecturale et principes bioclimatiques.+ CompacitéDans un souci de densification, le bâtiment s’implante de façon à occuper presque totalement le terrain. Dans le projet Greenobyl, les trois appartements sont organisés en triplex, juxtaposés sous un toit partagé. La forme compacte permet de conserver la chaleur du bâtiment l’hiver.Une petite cour extérieure à été conçue au cœur du projet. Elle est orientée de façon à recevoir un rayonnement solaire direct, émis également par réflexion sur la façade.

3. Flexibilité des logements pour durabilité et personnalisation

+ personnalisationLes trois logements sont construits en triplex. Les espaces intérieurs ont été conçus en fonction des attentes de chaque famille. Les hauteurs sous plafond varient de 2m10 pour les chambres à 3m80 pour les séjours, ce qui offre une grande diversité spatiale. Avec les trois étages, les habitants vivent plus comme dans une maison individuelle que dans un appartement.

+ AdaptabilitéL’évolution des lieux en terme de fonctions a également été pensée pour chaque appartement. Mickael Osswald imagine qu’à terme le studio à l’étage inférieur de son appartement pourra se transformer en

l’appartement de ses enfants ou bien en gîte.

4. Organisation générale des espaces partagés

+ Mutualisation des espaces fonctionnelsLa salle commune, à Rez-de-chaussée, est pensée comme un espace distributif et fonctionnel. Cet espace, ouvert sur la rue et sur le jardin, regroupe la zone d’accès aux logements, le stationnements des vélos, la buanderie, les bacs pour le tri sélectif, le composte et le local technique.

+ Partage des espaces extérieursGreenobyl accueille en toiture un jardin d’hiver. A la base voué à être une serre bioclimatique, les objectifs ont été revus à la baisse car l’appartement en dessous présentait des risques de surchauffe en été. Ce toit est l’espace de détente collectif: il accueillera un four à pain, un sauna et des bacs pour le potager. Ce sera un véritable lieu de vie commun, accessible indépendamment par les trois logements via un escalier commun.

5. Système constructif, matériaux et énergie grise«Ici, nous n’avons pas fait appel à un contrôleur technique pour assurer notre ouvrage. Nous endossons la responsabilité de ce bâtiment, et nous ne rentrons pas dans les obligations de ce contrôle»1

+ Simplicité technique et construction bois et acierLa structure de Greenobyl est entièrement en ossature boisLa structure porteuse est constituée de panneaux préfabriqués multiplis de type KLH. Le bois KLH est un bois massif lamellé croisé constitué de planches d’épicéa. L’épaisseur des murs atteint 40 cm environ. Ils sont isolés par l’extérieur avec de la laine de bois. Ils forment également les planchers qui sont recouverts d’une chape en béton. Les cloisons intérieures et les escaliers sont également en KLH.Un doublage en isolants acoustiques à été installé pour assurer l’intimité entre les logements. Le bois est un matériau qui transmet le son. Ce doublage est en brique d’adobe. C’est un matériau local qui isole bien parce qu’il est lourd. Les murs de terre permettent de changer la densité car la masse du matériau change. Les murs sont asymétriques. Un acousticien a

1 - Entretien personnel de Mickael Osswald, architecte de l’agence G-Studio et habitant du projet Greenobyl à Strasbourg le 19/03/2014

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spécialement travaillé sur la question.Pour la façade, un bardage en tavaillons de mélèze non traité à été installé à partir du rez-de-chaussée. Il y a triple recouvrement (bardeaux de 80cm). Le socle lui est bardé de planches d’acacia.

+ VitrageDes fenêtres de type velux ont été installées. C’est du double-vitrage qui permet de limiter les déperditions thermiques. Les baies n’ont pas été pensées de façon à récupérer le rayonnement solaire mais plus au niveau de la lumière.

+ Optimisation des efforts de constructionCe système constructif présente de nombreux avantages, notamment celui de la rapidité du chantier et de l’absence de ponts thermiques que l’on retrouve avec les structures tel que l’acier ou le béton. La structure de Greenobyl a ainsi été montée en 4 semaines. Le bois lamellé-croisé peut être comparé pour sa force et sa stabilité dimensionnelle au béton lorsqu’il est assemblé à angle droit.

+ Renforcement des points faiblesLe problème que pose la structure est l’arrachement, car le bâtiment est très haut avec peu d’emprise. Du coup, des pièces métalliques viennent assurer le transfert de force vers le sol. 10 tonnes de métal ont été nécessaires.

+ Réduction des transports/ matériaux locauxLes panneaux de bois massif KLH ont été importés d’un producteur Autrichien voisin. Cela contribue à la diminution de la pollution par la réduction des transports.

+ Auto-construction et auto-finitionLes trois couples ont décidé de limiter les coûts des métiers d’ouvrages et d’expérimenter le chantier collectif en s’impliquant au maximum dans la construction et les finitions de leurs logements. Une grosse part d’auto-construction et d’auto-finition a été permise par la présence de deux architectes sur les trois couples. Les habitants ont réalisés eux mêmes en auto-construction la palissade de chantier et les toilettes sèche, l’isolation thermique et l’ étanchéité des longrines de fondation, la pose des doublages isolants acoustiques entre logements, les parois intérieures,

la coule de la chape béton, le carrelage, la mise en place de la terre végétale du jardin.+ Récupération, réutilisation/ matériaux peu transformésUne grand partie du bois pour faire les tasseaux de la façade a été récupéré en dehors du chantier. Sur le chantier,les planches de palissade de chantier ont été réemployées pour faire les tasseaux de la façade donnant sur la cour. A l’intérieur du bâtiment, les chutes de panneaux KLH de la structure ont été réemployées pour les cloisons intermédiaires et les escaliers.

6. Energie d’usage et dispositifs énergétiques+ Faible consommationGreenobyl à fixé l’objectif énergétique à une performance théorique de 35 kWh/m²/an. La construction rentrait dans les normes du label BBC 2012, mais n’a finalement pas fait la demande d’obtention.Dans le projet de base, G-Studio avait proposé une installation photovoltaïque en toiture.Finalement ça n’a pas été fait car c’est un investissement financier de trop pour le moment. Si ces panneaux sont installés, ce sera pour atteindre la performance de 35kWh fixée avec la ville. Autrement, ils seront au delà des estimations.

- ChauffagePour le chauffage et l’eau chaude sanitaire, Greenobyl fonctionne avec des planchers chauffants alimentés par une chaudière à gaz.

+ Usages des habitants et initiativesLes WC sont le premier poste de consommation d’eau dans un logement. A chaque utilisation 8 à 12 litres d’eau partent vers des usines d’assainissement. Mickael Osswald et sa compagne ont installés pour leur toilettes un réducteur de pression. Lorsque la pression est réduite de moitié, le débit diminue d’environ 30%.2

7. Gestion de l’eau+ RéseauLes eaux grises partent directement dans la station d’épuration la plus proche.

2 - D’après La maison des (néga)watts,chapitre eau et énergie, p111.

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+ RécupérationUn système de récupération des eaux de pluie avait été pensé dès la phase de conception par l’agence G studio. Cependant, ce système n’est plus entier. La cuve de récupération, d’une capacité de 5000L, n’a pas pu être installée du au manque d’espace. Il aurait fallu faire une cuve enterrée.Toutefois, l’eau de pluie est récupérée grâce à son ruissellement sur la façade dans un chenaux apparent au dessus du rez-de-chaussée et est ensuite acheminée vers une plus petite cuve dans la cour extérieure. Cette eau servira à l’arrosage des plantes, non plus à l’alimentation du lave linge dans la buanderie.

8. Gestion des déchets+ RecyclageGreenobyl dispose d’un système de tri sélectif classique dans l’espace commun à Rez-de-chaussée.+ CompostageLe groupe désire mettre en place un composte collectif si les petits rongeurs ne font pas l’affaire. C’est aussi pour eux un moyen de soutenir le projet de biogaz lancé par la mairie de Strasbourg en 2012. Il consiste en la méthanisation des déchets en biogaz, servant à la production de chaleur et d’électricité. Cette construction d’un nouveau réseau de chaleur permettra d’alimenter 17 000logements en chauffage et eau chaude sanitaire. La mise en service est prévue à l’automne 2013. L’objectif est de faire de l’incinération une filière multi-énergie.3

+ Élevage domestiqueL’espace extérieur servira aussi pour la gestion des déchets organiques. Les déchets crus iront aux lapin et pour les déchets tel que la viande, ils seront mangés par les poules naines et les cochons d’inde.

9. Espaces extérieurs+ production maraichèreLe toit terrasse permettra une petite production potagère. Il bénéficiera d’une très bonne exposition au soleil.+ BiodiversitéUn espace extérieur de 18m² permet de faire un jardin vertical côté cour du bâtiment. Il représente 14% de la surface totale du terrain. Il est envisagé d’y faire pousser des plantes grimpantes comme par exemple

3 - Strasbourg et communauté urbaine, Rapport annuel 2012 sur la qualité et le prix du service d’élimination des déchets.

des kiwis.Sur le toit une ruche sera probablement installée par Mickael Osswald.+ transformationUn four à pain sera probablement installé sur le toit partagé.

10.Confort des habitants+ Confort thermiqueSeulement un couple d’habitants à emménager dans l’édifice. Ils disent bénéficier d’un bon confort thermique grâce à la structure en bois qui assure un bon confort hygrométrique. La structure en bois régule l’humidité de l’air intérieur et créer une ambiance plus sèche et chaleureuse. Ils veulent installer un système de VMC double flux pour leur logement afin de voir les avantages qu’il peut présenter.

+ Un chantier collectif et du réemploi«les coûts réduisent drastiquement avec l’autoconstruction. Il faut juste être patient et y consacrer beaucoup de temps.» Michael Osswald4

Les trois couples ont décidé de limiter les coûts des métiers d’ouvrages et d’expérimenter le chantier collectif en s’impliquant au maximum dans la construction et les finitions de leurs logements. L’auto-construction était très importante pour Michael Osswald et sa compagne. Avant Greenobyl, ils avaient entièrement construit leur maison à la campagne, et cette construction avait duré 4 ans. Pour cela, les deux architectes de l’agence G-Studio ont fait appel à des étudiants motivés pour venir les aider pour les tâches les plus importantes. Ainsi, le bardage de la façade en mélèze a été entièrement réalisé en l’espace de trois semaines. La visseuse est abandonnée au profit du clou, plus discret et qui n’attaque pas le bois. L’avantage c’est surtout le nombre et la facilité d’usage du marteau, comparé au nombre de visseuses et aux branchements. Le clou est donc plus pratique.Les habitants ont réalisés eux mêmes en auto-construction la palissade de chantier et les toilettes sèche, l’isolation thermique et l’ étanchéité des longrines de fondation, la pose des doublages isolants acoustiques entre logements, les parois intérieures, la coule de la chape béton, le carrelage,

4 - Entretien personnel de Mickael Osswald, architecte de l’agence G-Studio et habitant du projet Greenobyl à Strasbourg le 19/03/2014

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la mise en place de la terre végétale du jardin. Le manque d’espace extérieur limite le développement d’initiatives écologiques. Le bois étant un matériau facile à exploiter, ils ont pu faire leurs propres découpes pour ce qui est des parois intermédiaires, à l’aide d’une scie circulaire.Aujourd’hui, il reste du temps à passer sur les finitions. Mickael Osswald et sa compagne ont préféré vivre dans leur logement dès maintenant pour faciliter la progression du chantier.

Réemploi«Nous avons réemployé les planches de la palissade de chantier pour faire les tasseaux des murs donnant sur la cour. Tout ce qui est grisé c’est ce qui vient de la palissade de chantier.» Mickael Osswald5

Ici, au final, ils arrivent à moins de 2500 euros du m² tout compris. Le prix sans l’auto-construction serait plutôt de 3500 euros au m². Pour exemple, la façade en bardeaux a couté 15 000 euros, tandis qu’elle aurait coûté 90 000euros sans auto-construction et sans récupération de bois. Ils ont récupéré le bois de la palissade pour réaliser le bardage de la façade sur cour. Pour le reste des tasseaux, ils ont récupérés une grosse quantité de bois.A l’intérieur, les escaliers et les cloisons ont été réalisés à partir du remploi des chutes des panneaux KLH de la structure.

Opter pour une architecture bioclimatique, avec une production photovoltaïque ou un chauffe-eau solaire en toiture, choisir un chauffage au bois ou une pompe à chaleur, acheter de l’électricité verte relève des convictions applicables en pratique. Jusqu’ici elles s’appliquaient essentiellement au secteur privé de l’habitat. L’architecture bioclimatique fait son apparition dans l’habitat groupé. Ses innovations constructives et l’engagement volontaire des habitants font que son besoin en énergie est amplement diminué, et l’ensemble du cycle de vie est pris en compte. Les énergies fossiles disparaissent progressivement du domicile au profit des énergies renouvelables.

5 - Entretien personnel de Mickael Osswald, architecte de l’agence G-Studio et habitant du projet Greenobyl à Strasbourg le 19/03/2014 12

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3. LA SIMPLICITE - Le Making Hof

Mots clés: logement pour tous - Trame unique - low tech - habitat économique

Présentation du projet

Localisation: 15 rue des ducs, StrasbourgMaître d’ouvrage: Collectif le Making Hof & Habitat et HumanismeMaître d’œuvre: Les Architectes SABureaux d’études: Altherm, ID électricité, Structure F. Jouette, BET Fluides Louise-AdèleÉtat: En cours. Permis de construire validé.Lancement du projet: 2009Début des travaux: 2014Date de livraison: 2014surface du terrain: 1 598 m²Surface SHON: 845 m²Contexte: Lauréat de la consultation lancée par la Ville de StrasbourgProgramme: 8 logements (3 et 4 pièces) dont 2 logements sociaux pour personnes en insertion (Habitat et humanisme),1 gîte urbain, une salle commune, une buanderie, un local de bricolage, un local à vélos, 8 caves et 5 stationnements en surface.Coût global de l’opération: 1 150 000 € HTprix au m²: Entre 2500 et 2700 euros/m²Energie: Estimée à 54kWh/m²SHON/anEnergie de chauffage: Estimée à 35 kWh/m²SHON/anStatut: SCIA avec Charte

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1. Environnement urbain et accessibilité

+ IntégrationLe terrain est dans une zone résidentielle de Strasbourg, entouré de maisons individuelles. La volumétrie basse du bâtiment s’intégrera bien dans le paysage péri-urbain. Des haies et des plantations favoriseront l’intimité de l’ilot par rapport à la rue.

+ TransportsLe terrain est dans un secteur pavillonnaire à faible densité. Il est proche des commerces et des services. A côté d’une station de tram, il est fortement relié au réseau routier et cyclable, notamment vers le centre ville de Strasbourg.

+ RéseauIl bénéficie du réseau d’infrastructure de la ville: électricité, collecte des eaux usées, téléphone.

2. Implantation architecturale et principes bioclimatiques

+ CompacitéLa parcelle triangulaire est impactée par de nombreuses règles urbaines: limitation de hauteur du bâti à 7m, limitation de densité, et limitation de l’emprise du logement au sol de 40% majorée à 70% pour un éventuel réaménagement d’un espace vert public. La densité maximum possible était de 958m² SHON et le bâtiment fait 845m² SHON.

+ Orientation et ouverturesD’ici part le concept d’habitat groupé en bande. Une orientation sud-est, parallèle au tram, a été choisie pour ses 8 logements .Le projet architectural concilie la réalisation d’un immeuble unitaire et l’imaginaire de la maison individuelle. Les protections solaires se limitent aux stores sur les grands châssis des séjours en façade sud-est.

+ toiture végétaleUne toiture végétale sera faite sur le toit.

3. Flexibilité pour durabilité et personnalisation« Je ne voulais pas que dans cette opération certains soient désavantagés. c’est un système égalitaire entre tous les membres, chacun à le droit au même accès au logement, les mêmes orientations, les mêmes vues.» Patrick Texier1

+ SimilitudeLes 8 appartements en bande se développent sur le même modèle, et selon la même orientation. Les surfaces différent du T2 au T5 sur cette même base, s’empilant parfois en duplex. La trame assez serrée, de onze mètre de profondeur, se développe sur deux niveaux. A Rez-de-chaussée les séjours se prolongent par des terrasses en bois individuelles. Tout est à part égale en fonction de la surface du logement investit: le découpage des coûts de construction, le découpage des charges. Cette similitude permet de garantir une clef de répartition du prix de vente très simple, fondée sur la surface habitable. La conception en plan libre permet toutefois de déplacer les cloisonnements intérieurs car ils ne contiennent pas de réseaux techniques inclus.

1 - Entretien personnel de Patrick Texier à l’agence Les Architectes SA sur le projet Making Hof à Strasbourg le 17/03/2014

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4. Organisation générale des espaces communs

+ Mutualisation des espaces de vie intérieurs et extérieursLe projet accueille en son extrémité une salle commune de 42m² avec cuisine et toilettes. Elle dispose d’un accès indépendant par rapport aux appartements des habitants. . Elle permet que le groupe se retrouve autour de repas et d’activités. C’est également le lieu de transformation des produits du jardin. Sa terrasse est orientée pour obtenir une plus grande intimité en s’ouvrant sur le verger collectif.Les espaces extérieurs sont organisés de façon à faciliter les rencontres, pensé comme un lieu de vie autant qu’un lieu de distribution. Ils sont collectifs à l’exception des terrasses privatives dans le prolongement de chaque logement, orientées au sud-est.

+ Mutualisation des espaces fonctionnelsMaking Hof accueille une buanderie, 6 caves, un abri vélos, un atelier bricolage et jardinage, un abri pour les bacs de recyclage et un local technique pour le chauffage, accessibles indépendamment. Tous ces espaces sont à usage et entretien collectif .

5. Système constructif et matériaux (énergie grise)

+ Simplicité technique et construction terre/paille« La pérennité de la paille pose question, et le matériau exige une mise en œuvre par temps sec. La préfabrication de panneaux à structure bois, remplis de terre et de paille, répond à ce problème, et permet de loger les fluides à l’avance, sans risque de perte d’étanchéité » Patrick Texier2

L’enveloppe du bâtiment est faite en ossature bois remplie de paille et de terre de 53cm d’épaisseur. Elle est enduite de terre côté intérieur et la façade est bardée de mélèze non traité côté extérieur. L’enveloppe a une grande performance thermique. le projet Making Hof servira de premier test à l’association Bâtir Cru, créée en début d’année à Strasbourg. Ces panneaux préfabriqués présentent de nombreux avantages, notamment en terme d’inertie thermique.La technique constructive employée est le résultat d’expérimentations menées dans plusieurs régions sur la construction en terre crue. Ce mode constructif est couramment utilisé en Allemagne.Le plancher intermédiaire est en bois de sapin ainsi que la charpente du local 2 roues et des caves.Le Rez-de-chaussée ainsi que la dalle haute sont coulés en dallage béton, * Miguet, Laurent, Le MONITEUR, Technique et chantier, Bois, paille et terre : projet pilote pour une renaissance, le 19 août 2011

+ VitrageDu double vitrage est installé sur la façade sud et du triple vitrage sur la façade nord. Les menuiseries sont en bois.

+ Optimisation des efforts de constructionLa préfabrication permettra un déroulement plus rapide du chantier. L’attention devra être cependant portée sur le climat pendant la période de construction.

+ Réduction des transports/ matériaux locauxLes matériaux de construction du projet sont écologiques. Le bois utilisé en terrasse, en façade, pour l’ossature du local vélos, des planchers (OSB)

2 - Entretien personnel de Patrick Texier à l’agence Les Architectes SA sur le projet Making Hof à Strasbourg le 17/03/2014

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et pour l’escalier provient en totalité d’une scierie locale, à moins de 40km de Strasbourg. Les essences de sapin (solives), et d’épicéa et de mélèze (fenêtres, portes et bardage) permettent de garantir une provenance inférieure à 200 km. Les bois sont certifiés NF environnement.

6. Energie d’usage et dispositifs énergétiques« Nous étions pas encore à viser le BEPOS. Nous pourrions mettre des panneaux photovoltaïques, mais ce n’est pas un objectif et ce serait un investissement de plus.» Patrick Texier 3

+ Faible consommationMaking Hof préfère les solutions de simplicité et low-tech plutôt que les solutions complexes et high-tech.Pendant sa conception, le projet devait suivre le cahier des charges environnemental de la ville de Strasbourg.Le bâtiment est conçu pour un niveau BBC RT2005, proche du passif, soit une consommation globale inférieure à 65 kWh ep/m²/an SHON et une consommation chauffage de 15 Kwh ep/m²/an SHON.Les études énergétiques RT 2005 et simulation thermique dynamiques réalisées par le bureau d’études Louise-Adèle annoncent une consommation de 54 kWh ep/m²/an SHON, et une consommation de chauffage de 16 kWh ep/m2/an SHON. Les estimations annoncées seront suivies en cours de réalisation par la ville de Strasbourg pour valider la subvention espérée. Toutefois comme l’autorisation de chantier a été obtenue en mars 2013, le projet devra respecter la RT2012. Chaque appartement dispose de son propre compteur électrique. La distribution d’eau froide, la distribution d’eau chaude sanitaire, la distribution d’eau chaude chauffage, sont des équipements techniques collectifs avec sous compteurs individuels.

- ChauffageUne pompe à chaleur eau/eau à été installée pour le chauffage thermique et sanitaire. Selon ce principe géothermique, la pompe puise la chaleur dans une nappe phréatique. Elle récupère la différence de température dans l’eau et elle fabrique de la chaleur pour le chauffage du bâtiment. L’eau de la nappe reste dans son milieu naturel. C’est un système unique

3 - Entretien personnel de Patrick Texier à l’agence Les Architectes SA sur le projet Making Hof à Strasbourg le 17/03/2014

qui fait que c’est simple. Le rez-de-chaussée de chaque logement est alimenté par un réseau de chauffage au sol pour le rez-de-chaussée et par un second réseau radiateurs basse température pour l’étage. Pour le chauffage thermique et sanitaire il était prévu à l’origine d’installer des capteurs solaires thermiques sur la toiture avant de se rendre compte de la possibilité d’installation d’une pompe à chaleur.

+ Energie renouvelableLa pompe à chaleur assure la partie essentielle de la production d’eau chaude sanitaire, avec complément par panneaux solaires sur le toiture. Le dimensionnement de 12m2 permet une couverture des besoins de 40 %.

+ AérationLe bâtiment dispose d’une ventilation mécanique simple flux individuelle à chaque logement.

7. Gestion de l’eau

+ RéseauLes eaux grises sont récupérés par le réseau vers la station d’épuration la plus proche.

+ RécupérationLes espaces extérieurs sont perméables donc permettent l’infiltration de l’eau pour alimenter la nappe phréatique.L’eau de pluie sera récupérée dans des conteneurs de 1000L et utilisée pour le jardinage.

8. Gestion des déchets

+ RecyclageMaking Hof disposera d’un système de tri sélectif des déchets classique : la matière résiduelle, les déchets recyclables (verre, plastique et carton), et la matière organique seront séparés.

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9. Espaces extérieurs et apports des habitants

+ production maraichèreLe projet prévoit une zone de plantation, qui sera mise en place par les futurs habitants. Comme l’édifice n’est pas encore construit et habité, il est impossible de s’avancer sur les apports des habitants pendant la période d’usage.

10.Confort des habitants

Ce critère ne peut pas être analysé dans le projet Making Hof car le bâtiment vient tout juste d’obtenir son permis de construire.

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5. LES TOILETTES SECHES ET LA GESTION DE L’EAU GRISE - Equilibre

Mots clés: Optimisation - Trame unique - Construction bois - Energie - Ecologie

Présentation du projet

Localisation: 77 route Loëx, Confignon, SuisseMaître d’ouvrage: Coopérative ÉquilibreMaître d’œuvre: Stéphane FUCHS de ATBA architectureBureaux d’études: IntégréÉtat: HabitéLancement du projet: 2005Début des travaux: 2010Date de livraison: mars 2011surface du terrain :Surface SHON: 1539 m²Contexte: Semi-urbainProgramme: 13 logements, une grande salle commune, une buanderie, un atelier, une chambre d’amis et des espaces extérieurs collectifs.Coût global de l’opération: 5 150 000 Franc Suisse soit 4 217 750 équivalent euro. prix au m²: 3346 CHF/ m² soit 2740 euros/m²Energie: 52 MJ/m²/an soit 14.4 kWh/m²SHON/anstatut: SCI avec charte

1. Environnement urbain et accessibilité

RENOUVELLEMENT DES RESSOURCES NATURELLESCONSOMMATION

BESOINS DE LA COLLECTIVITELIBERTE INDIVIDUELLE

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+ IntégrationLocalisé dans le quartier de Confignon proche de Genève, le terrain est dans une zone périurbaine de logements en barre R+3 et de maisons individuelles dans la parcelle accolée. Le terrain accueille 3 mêmes volumes habités par trois coopératives différentes (dont la coopérative Inti), disposées au milieu d’espaces extérieurs généreux. Les deux premiers sont constructivement semblables, conçus par l’agence d’architecture ATBA.

+ TransportsLe projet, bénéficie du réseau de transport de la ville. A 10minutes de la route de Chancy où passe le tram reliant la périphérie urbaine au centre de Genève, il a également une ligne de bus le reliant à cet axe important. Il est proche des commerces et des services. Les habitants utilisent quotidiennement leur vélo pour déplacer vers le lieu de travail. Ils se sont engagés à vivre sans voiture privée. Deux voitures sont disponibles en autopartage, et une gestion interne permet de les réserver, fixant un quota d’utilisation par logement. 4 places de parking sont toutefois disponibles.

+ RéseauIl bénéficie du réseau d’infrastructure de la ville: électricité, collecte des eaux usées, téléphone.

2. Implantation architecturale et principes bioclimatiques.

+ CompacitéEquilibre est un immeuble en barre R+3. Les déperditions thermiques au niveau de l’enveloppe sont ainsi limitées. Le terrain a été attribué par la mairie à trois coopératives, et les trois habitats reprennent une forme quasi-identique. Cette économie d’échelle à engendré une économie budgétaire d’environ 25%.

+ Orientation et ouverturesLe bâtiment est orienté plein sud afin de profiter des apports solaires passifs en hiver. Les séjours se prolongent par des terrasses en bois. En été, il dispose d’une bonne protection solaire grâce à ces balcons.

+ Ventilation naturelleLes appartements sont tous traversants, bénéficiant d’une double orientation.

SOLAIREPHOTOVOLTAÏQUE

SOLEIL D’ETE

SOLEIL D’HIVER

ISOLATION 35CM

STRUCTURE PORTEUSE AUTONOME POUR EVITER LES PONTS THERMIQUES

DOUBLE FLUX

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3. Organisation des logements: flexibilité pour durabilité et personnalisation.

+ RessemblanceLa priorité à été donnée au collectif plutôt qu’au personnel. Ainsi chaque logement de la coopérative est identique en surface et disposition des espaces jour/nuit, L’idée étant que les familles sont amenées à déménager, ou à changer d’appartement. L’unique différence est qu’un des 12 logements à trame régulière est divisé en 2 afin d’avoir deux plus petits appartements. Ces plus petits espaces bénéficient à des jeunes. La personnalisation se fait dans les espaces intérieurs où certains choisissent de supprimer une paroi ou d’en déplacer une autre. Elle se fait également par le choix des peintures.

4. Organisation des espaces partagés

+ Mutualisation des espaces de vie intérieurs et extérieursLes espaces de vie collective sont situés en sous sol: l’atelier, la salle commune avec cuisine. La raison etant que plusieurs ménages désiraient être situés à Rez-de-chaussée. La salle commune donne sur un amphithéâtre extérieur.Le premier espace collectif pensé était la distribution des appartements. Malencontreusement Equilibre était contraint de suivre une forme architecturale. La surface des appartements à été conservée au détriment des escaliers. Ces petites cages d’escaliers n’appellent pas à s’y arrêter. Ainsi, les balcons ont été privilégiés comme espaces de rencontre, en facilitant les relations visuelles horizontales et verticales. Chaque appartement dispose d’un balcon, ceux ci formant une grand coursive ouverte à l’avant des logements.

+ Mutualisation des espaces fonctionnelsL’abri vélo, L’espace d’outillage extérieur, la buanderie, la chambre d’amis, sont autant d’espaces fonctionnels. La buanderie commune dans un immeuble de logement en Suisse est fréquente.

5. Système constructif et matériaux (énergie grise)

+ Simplicité technique et construction béton, bois et acierLe squelette d’Equilibre est entièrement en bois. Des panneaux préfabriqués de type KLH assure la structure et l’isolation thermique. L’isolation, épaisse et naturelle (10 cm de bois, 35 cm de ouate de cellulose et 5 cm de laine de roche), minimise les déperditions de chaleur. Les ponts thermiques sont réduits au minimum.Les planchers sont également en KLH. Du béton armé est utilisé pour les sous-sols et les deux cages d’escaliers.L’isolant laine de roche, à la place de l’isolation classique en polystyrène, à occasionné un surcoût de 35 000 CHF (28 664 euros)*

+ VitrageLes fenêtre sont en bois au lieu d’être en PVC. Ce choix a occasionné un surcoût de 50 000 CHF (40 949 euros).21

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+ Optimisation des efforts de constructionLe chantier s’est déroulé de février 2010 à janvier 2011. Les travaux débutent à la suite des 2 immeubles voisins dont les travaux ont débutés en octobre 2009, ce qui témoigne de la rapidité de construction du projet en bois.

+ Réduction des transports/ matériaux locauxLe bois a été choisi comme principal matériau de construction (murs et dalles) pour sa faible énergie grise et pour son stockage de CO². Il provient d’Europe. Les surcoûts dûs aux matériaux écologiques par rapport à un immeuble standard en béton sont de 315 000CHF (257 978 euros). Toutefois l’énergie grise est réduite à -30%.+ Auto finitionLes habitants ont réalisé une centaine de jours de travail pour les finitions intérieure des logements. La participation des habitats à permis d’économiser 2% du budget, soit 100 000 CHF (81 898 euros)

6. Energie d’usage et dispositifs énergétiques«Un bâtiment collectif ne peut pas être entièrement autonome. Les besoins d’électricité se font ressentir l’hiver, et l’été les panneaux solaires vont produire plus que la demande. L’autonomie est une fausse idée. Elle nécessite de penser à un système de stockage de l’énergie. Les batteries accumulent trop peu d’énergie et ne sont pas écologiques. La solution c’est de réinjecter la production dans le réseau disponible» Stéphane Fuchs 1

+ Faible consommation et normesEquilibre à reçu le label Minergie P-éco. Ce label assure une consommation énergétique très basse, des matériaux respectueux de l’environnement( énergie grise) et un meilleur confort intérieur. Ce label européen est reconnu en France mais en Suisse aussi. Ce label donne la possibilité de construire plus en surface d’immeuble. Les investissements liés au label « Éco » représentent environ 6 % de surcoût par rapport à un immeuble standard en béton (315 000)et ceux liés au Minergie-P impliquent un surcoût de 10 à 12 %, soit environ 550 000.*

+ChauffageLe chauffage du bâtiment est assuré par l’usine d’incinération des déchets

1 - Entretien de Stéphane Fuchs de l’agence ATBA à Genève le 13/03/2014

des Cheneviers. L’eau agit comme fluide caloporteur et transfère la chaleur issue de la combustion de l’usine jusqu’à la chaudière.Le réseau d’eau chaude CADIOM traverse le terrain en sous-sol. Le chauffe-eau solaire n’a donc pas été une option. C’est un système de chauffage au sol qui a été installé, l’eau circule à une température de 23°. Pour du chauffage au sol l’eau est généralement chauffée à 30/35°. Un radiateur à eau «normal» va chauffer l’eau à 50/60°. La température de l’appartement est maintenue à 20°.La sonde de chauffage qui régule la température a volontairement été mise au sud. Ceci implique quand il y a du soleil, il n’y a plus besoin de chauffer. La première année, la consommation de chauffage et d’eau chaude sanitaire pour les 13 appartements correspond à la consommation typique d’une villa Genevoise hébergeant 4 personnes.2

+ Production solaireUne surface de 150 m² de panneaux photovoltaïques sur le toit fournit 20 000 kWh par an, couvrant théoriquement 100 % de la consommation électrique (hors chauffage) de l’ensemble des ménages. En pratique, cette production couvre 80% des besoins, d’après Ralph Thielen. Un maximum de panneaux ont été installés sur la toiture d’Equilibre. L’énergie produite est redistribuée dans le réseau, la consommation directe n’étant pas permise par la loi et n’étant pas avantageuse. L’électricité produite est vendue plus chère qu’elle n’est achetée sur le réseau.Tous les appareils électroménagers sont de catégories A + afin de minimiser la consommation d’énergie.

- AérationUn système d’aération double flux avec récupération de chaleur garantit une bonne aération, l’apport de calories en hiver et la fuite des calories en été. Maintenant, ils essayent de supprimer ce système qui engendre des coûts d’exploitation.

+ Usages des habitants et initiativesLes habitants ne chauffent que quand il fait une température en dessous de 5°, et ils chauffent uniquement de 3h du matin a 4h de l’après midi. D’après Ralph Thielen, s’il fait 5° à l’extérieur le bâtiment garde sans

2 - * D’après la documentation d’Equilibre, Concept énergétique et matériaux.

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problème les 20° dans le logement.Chacun foyer dispose de son petit robinet pour activer ou désactiver le système de chauffage au sol mais ils se consultent pour l’enclencher en même temps pour tout l’immeuble. Autrement, si le voisin coupe le chauffage chez lui l’eau qui ne circule plus va augmenter la circulation et donc la pression chez le voisin. Comme cela, tout le monde est satisfait.

7. Gestion de l’eau+ RéseauEquilibre est connecté au réseau de la ville pour le fournir en eau. Par contre l’édifice ne rejette pas ses eaux grises dans le réseau.

+ RécupérationL’eau est classé en 4 types: eau jaune(urine), eau noire(matière fécale), eau grise(douche et lavabo) et eau blanche(eau pluviale).L’eau noire et l’eau jaune sont utilisées pour le composte. C’est un choix car il existe des composteurs ou l’eau jaune est séparée de l’eau noire. Les toilettes sèches permettent une impressionnante économie d’eau. C’est en effet 6 litres d’eau qui partent à chaque utilisation avec un nouveau réservoir. Les ménages Suisses consomment environ 160 litres d’eau par jour, dont 48 litres par jour pour les toilettes.3

Les eaux grises (provenant des lavabos, éviers, douches, baignoires et machines à laver) sont directement traitées sur le terrain par phytoépuration(plantes -bambous, roseaux). Elles sont ensuite rejetées dans le réseau des eaux blanches (eaux). Pour l’installation de ce système Equilibre a du obtenir une autorisation spéciale de la mairie.Une canalisation secours avec l’égout a tout de même été prévue.Les eaux pluviales sont récupérées pour être servi sur le terrain. L’eau de pluie ne peut pas servir pour l’usage ménager car il faudrait qu’elle soit retraitée. Éventuellement cette eau sert pour la machine à laver mais cela devient très complexe pour peu de bénéfices.

Certains habitants ont également disposé un système de contrôle du débit des robinets afind de dépenser moins d’eau.

3 - SALOMON, Thierry, BEDEL, Stéphane, La maison des [néga]watts, eau et énergie, éditions Terre Vivante, Mens, p111.

GESTION DURABLE DES EAUX

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8. Gestion des déchets

+ RecyclageEquilibre dispose d’un système de tri sélectif des déchets classique  : La matière résiduelle, les déchets recyclables (verre, plastique et carton), et la matière organique.

+ CompostageLa mise en place de toilettes sèches constitue la partie la plus novatrice du bâtiment. Ils permettent de transformer la matière fécale en terreau réutilisable pour le jardin. Son application dans un bâtiment constitue une grande première en Suisse. Chaque logement est relié à une cuve placée au sous-sol, qui reçoit les matières fécales, l’urine, le papier hygiénique et quelques copeaux de bois ajoutés après chaque utilisation. Les cuves ont été confectionnées sur commande. Le volume de terreau produit est estimé à 150 litres par an par composteur. La ventilation empêche toute odeur de se développer.Pour la matière organique, ils disposent d’un composte extérieur situé dans le jardin. Le composte est à l’initiative d’un des habitants d’Equilibre.

9. Espaces extérieurs

+ production maraichèreLes habitants ont installé un système de bacs de compostage, de potager collectif, et d’aire de jeux pour les enfants.

+ BiodiversitéEquilibre bénéficie d’un grand terrain donc d’une grande surface de jardin. Les cheminements (esplanade minérale), l’amphithéâtre extérieur, les abris (local de jardinage et de composte avec plantations en toiture, abri vélo) sont autant d’éléments conçus au préalable de la construction du projet.

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10. Confort des habitants+ Confort thermiqueLa consommation est très base pour ce bâtiment, notamment parce que les habitants ont pris en considération la gestion du chauffage. Toutefois Ici, chacun mène sa vie à sa manière.Les habitants sont intéressés et concernés par la question environnementale, sans pour autant en faire une obsession. Il n’y a pas de système de surveillance des comportements des membres, ce n’est pas un système de tyrannie. Les habitants savent juste qu’ils consomment moins que d’autres, et ils essayent de sensibiliser les gens autour d’eux.Une attention est portée au niveau des produits ménagers, étant donné que les eaux grises s’écoulent directement dans le jardin. Pour les produits de couche, il n’y a pas que des produits écologiques qui sont utilisés. D’ailleurs ils présentent le désavantage d’être gras.Malgré la présence d’une buanderie, 5 foyers disposent de leur propre machine à laver. En fait, le plus gros du travail sur la réduction de l’empreinte énergétique est fait dans la conception du bâtiment.

+ Toilettes à Compost et gestion de l’eauEquilibre a mis en avant la gestion naturelle des eaux domestiques. Le développement de toilettes sèches intégrées à l’immeuble constitue le point innovant du bâtiment, ainsi que le système de phytoépuration.On a tendance à oublier que l’eau douce est une ressource précieuse qu’il faut économiser. Chaque français utilise en moyenne entre 150 et 200 litres d’eau potable par jour, et chaque Suisse en moyenne 160 litres par jour. Les toilettes utilisent 20% de la consommation d’eau totale. C’est le bain et la douche qui utilisent le plus avec 39%.* Avant une chasse avait un réservoir de 12L, maintenant elle va de 3 à 6 litres. Se pose ici la question du gaspillage de l’eau potable pour notre confort.Le fondateur de la coopérative, Benoit Molineaux connaissait le système de toilettes sèches. Dès le départ il y avait le désir de revaloriser la matière fécale pour l’usage dans le jardin. Le système a alors été étudié par l’architecte Stéphane Fuchs. C’est un projet innovateur en Suisse car l’intégration de toilettes sèches dans un immeuble de logement collectif n’avait jamais été fait.Ce projet est tellement novateur que Ralph Thielen, habitant de la coopérative et ingénieur en environnement, à dû dessiner lui même la forme et le volume des cuves destinées à recevoir la matière. Aucun

système commerciaux n’étaient adaptables à leur projet. Un prototype a donc été testé un certain temps puis validé, et un menuisier plastique a confectionné ses cuves sur mesure.Au total 13 cuves artisanales, comme le nombre de logements. Les WC sont décalés de 80cm à chaque étage pour permettre le passage des tuyaux jusqu’au sous sol.A l’intérieur de la cuve il y a une paroi interne qui sépare matière fécale et liquide. La matière fécale se transforme en engrais grâce à un système de lombricompostage. Cette installation nécessite une surveillance et de l’entretien: une personne par foyer doit passer chaque semaine pour arroser le composte et vérifier que les filtres à air soient propres.Au bout de 6 mois ou d’un an, les composteurs sont vidés. Une famille de 4 personnes produit 150 à 200L de composte par an. Ce composte est réemployé en terreau, et les familles peuvent se vanter des économies en eau qu’elles font. Les toilettes sèches ont engendré un surcoût de 100 000 francs, soit 2000 francs par habitant. Une station d’épuration coûte à l’investissement entre 500 et 2000 francs par habitant, sans compter le coût des canalisations et les frais d’exploitation.* Les toilettes sèches ne sont pas plus chères. Quant à la manutention, elle est fort limitée. Un bilan sera tiré avant d’envisager d’éventuelles autres expériences.

SCHEMA D’UN COMPOSTEUR

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4. L’ESPACE COMMUN- La Salière

Mots clés: Espace commun - distribution - logement sur mesure

Présentation du projet

Localisation: 6 rue du docteur Vaillant - Grenoble - FranceMaître d’ouvrage: Collectif de la Salière - 5 famillesMaître d’œuvre: TEKHNÊ architectes Christian CHARIGNON et Sarah VIRICELBureaux d’études: Béton DPI, Bois Sylva Conseil, fluides ITF, économiste OPC, Creaplus ingénierie.État: HabitéLancement du projet: 2005Début des travaux: 2008Date de livraison: 2010Surface du terrain: 600m²Surface SHON: 745m² SHONContexte: Initiative privéeProgramme: 5 logements sur mesure et des espaces partagés en rez-de-chaussée: une grande salle commune avec cuisine, un studio avec salle d’eau pour les invités, un espace vélo, un atelier pour l’outillage, une place de stationnement, un jardin collectif et une terrasse commune. Coût global de l’opération: 826 000 Euros HT; 1 300 000euros TTC Prix au m²: 2200€/m²Energie: 55.3kWh.ep/m²SHON/an (20.5 chauffage, 15.4 eau chaude sanitaire, 13.7 auxiliaires et 5.5 éclairage)Labellisation BBC 2005 (moins de 64 kWh/m².an)Nom du collectif: Le nom de la Salière a été trouvé par les habitants du collectif, en imaginant que l’un deux aille toquer à la porte du voisin pour lui emprunter sa salière.Statut: SCI avec Charte

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1. Environnement et accessibilité

+ IntégrationLocalisé dans le quartier des Eaux Claires au centre de Grenoble, le terrain est dans une zone urbaine mixte de logements, de la maison à l’immeuble collectif R+10. La volumétrie du bâtiment s’intègre bien dans le paysage urbain. Toutefois, il se referme sur lui même avec une clôture entourant l’ensemble de la parcelle.

+ TransportsCe projet est situé à proximité des commerces, de l’école et des transports situés à moins de 10minutes à pied. Les habitants se déplacent à vélo jusqu’à leur lieu de travail. Autrement, ils ont une voiture dans la cour qu’ils partagent quand des déplacements sont nécessaires.

+ RéseauIl bénéficie du réseau d’infrastructure de la ville: électricité, collecte des eaux usées, téléphone.

2. Implantation architecturale et principes bioclimatiques.

+ CompacitéLa Salière est un petit immeuble de trois niveaux, de forme compacte, implanté dans l’angle sud-est de la parcelle, à l’alignement du croisement de la rue du docteur Vaillant et du Boulevard Salengro. Cette implantation profite des meilleures orientations et s’éloigne des limites mitoyennes, pour laisser respirer le tissu de l’ilot. La façade ouest est inclinée pour une question de surface de logement.

+ Orientation et ouvertures

Les cinq appartements bénéficient d’une triple orientation. les espaces de vie sont orientés plein sud. La forme allongée dans l’axe est-ouest et la réduction en profondeur de l’axe nord-sud, favorise très efficacement la surface de chauffe de la façade principale plein sud. Pour l’été, les baies vitrées de la façade sud disposent d’un voilage extérieur déroulable pour venir occulter la course du soleil et éviter la surchauffe des appartements. Les ouvertures orientées au nord, à l’est et à l’ouest sont deux fois plus étroites que celles au sud. Elles font la largeur d’un volet qui l’occulte

entièrement en position fermée.

+ Ventilation naturelleEn été, grâce à la triple orientation, une ventilation naturelle traversante confère un bon confort thermique.

3. Flexibilité des logements pour durabilité et personnalisation

+ personnalisationLes 5 appartements sont tous différents. Allant de 97m² à 115m² , deux s’organisent en duplex tandis que les trois autres s’organisent sur un étage. La personnalisation des logements était une volonté des habitants mais aussi de l’architecte. Ainsi chaque plan de logement est arrangé selon le principe de la maison individuelle rêvée. Chaque appartement a une terrasse privative. Trois des cinq foyers ont fait appel à un architecte d’intérieur pour personnaliser l’intérieur de leur logement.La diversité des logements des logements a occasionné des soucis de temporalité et de technique. Par exemple les gaines de «la Salière» ne sont pas d’aplomb, ce qui a augmenté les coûts de réalisation et le temps de chantier.

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4. Organisation générale des espaces partagés

+ Mutualisation des espaces de vie intérieurs et extérieursA Rez-de-chaussée, la grande salle commune avec cuisine, est un véritable lieu de sociabilité. Des séances de cinéma, des cours de yoga, s’organisent chaque semaine. Un studio avec salle d’eau est prévu pour les invités.Un jardin collectif à Rez-de-chaussée et une terrasse commune de plus de 50m² au R+3 sont des espaces de vie extérieure communs.Ces espaces sont reliés par un escalier central extérieur, orienté plein sud, dessert chaque appartement. Il donne également sur les terrasses privatives de deux appartements. Au cœur du projet, il favorise la convivialité et la rencontre spontanée des habitants.

+ Mutualisation des espaces fonctionnelsL’espace vélo, l’atelier pour l’outillage, la place de stationnement, sont les espaces fonctionnels mutualisés.

5. Système constructif, matériaux et énergie grise

+ Simplicité technique et construction béton, bois et acierLa structure primaire de la Salière est une structure poteaux poutres en béton.S’ajoutent par dessus des panneaux préfabriqués en bois, conçus par le bureau d’étude Sylva conseil.Ces panneaux préfabriqués sont constitués en façade d’un bardage vertical en mélèze non traité + double tasseautage + film pare pluie + ossature 12 cm remplie de laine de bois + OSB collé jointé + doublage placostyl 48 mm laine de verre.1 Ils sont fixés en nez de dalle pour assurer la continuité du pare-vapeur. Cela implique des redents des poteaux bétons de 10cm à l’intérieur des appartements.Les planchers et la toiture de la Salière sont en béton soutenus de poutre IPE métalliques.L’escalier central et les balcons sont en acier remplissage bois.

1 - WILSON, Ariane, revue Ecologik n°19, Villes en transition : nouvelles formes d’habitat :  la Salière, habitat groupé, Grenoble, coupe technique de l’enveloppe, p66-73, ,19 février 2011.

+ VitrageLe vitrage des baies de la Salière est en double vitrage. Les menuiseries de baies vitrées sont elles en bois sapin lasuré.

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- Optimisation des efforts de constructionLe chantier a débuté en mars 2009 et s’est terminé en mars 2010. Il a duré un an, malgré la facilité du système constructif. Les habitants soulignent ici que l’architecte n’était pas très présent dans cette phase de suivi de chantier. Il y a eu pour 20 000euros de surcoût de travaux.

- Autoconstruction, autofinitionLa main d’œuvre économisée est en finitions a été estimée par l’agence d’architecture à 130 000 Euros, soit 10% du coût total des travaux. Finalement, 3 habitants sur 5 ont fait appel à un architecte d’intérieur pour réaliser ces travaux.

+ Réduction des transports/ matériaux locauxLe mélèze est un bois disponible localement dans les Alpes du sud. Il recouvre ces panneaux préfabriqués. C’est un matériau non transformé. La laine de bois est un bon isolant thermique et acoustique. Elle est faite à base de fibre de bois.

7. Energie d’usage et dispositifs énergétiques

+ Faible consommationLe bâtiment consomme en énergie primaire2 55.3 kWh/m².an. Sa consommation est inférieure à la valeur du label BBC-effinergie (60kWh/m².an). Elle a donc obtenu le label BBC 2005. Chaque ménage consomme en moyenne 54 kW/h d’électricité par semaine.3

- ChauffageLe chauffage de la Salière est assuré par une chaudière commune à granulé de bois. Cette chaudière se couple au système de chauffe-eau solaire et rentre en fonctionnement que quand le chauffe-eau solaire à besoin d’aide. Les 10m² des capteurs solaires plan à eau assurent un rendement moyen permettant d’assurer le chauffage de l’eau à hauteur de 40% des

2 - Pour la définiton d’énergie primaire se reporter au lexique p16

3 - D’après l’entretien réalisé avec Cédric , Anne-Christine et François

besoins. Les 60% restants sont chauffés grâce à un appoint de la chaudière à granulé bois.

La chaudière à bois fonctionne comme n’importe quelle autre chaudière mais utilise pour combustible des granulés de bois. Ses rendements énergétiques sont très bons, et elle coûte moins cher qu’une chaudière à gaz.Elle alimente le plancher chauffant au sol de chaque logements, mais aussi les radiateurs présents dans la salle commune. L’eau chauffée par la chaudière Okofen est conservée dans deux ballons d’eau chaude. Un seul ballon d’eau chaude aurait apparemment suffit aux habitants*La gestion du chauffage est effectuée individuellement par chaque logement. Un thermostat permet de régler le niveau thermique séparément dans la partie jour et dans la partie nuit.

+ AérationLa Salière utilise une VMC4 double flux avec récupérateur de chaleur pour

4 - VMC: Ventilation mécanique contrôlée.

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renforcer le confort thermique. A la différence de la VMC simple flux, elle assure l’extraction mais aussi l’arrivée d’air mécaniquement. L’échangeur de chaleur intégré dans ce système permet de retransmettre, en hiver, les calories de l’air sortant à l’air neuf entrant. La VMC ne permet pas de contrôler le débit d’air.

8. Gestion de l’eau

+ RéseauLes eaux grises partent directement dans la station d’épuration la plus proche.

9. Gestion des déchets

+ RecyclageLa Salière dispose d’un système de tri sélectif des déchets classiques : La matière résiduelle, les déchets recyclables (verre, plastique et carton), et la matière organique.

- CompostagePour la matière organique, ils disposent d’un composte extérieur situé dans le jardin. Il n’est toutefois pas assez grand pour recueillir les déchets des cinq familles, notamment l’hiver ou la décomposition est ralentie par le froid. Le composte est à l’initiative d’un des habitants de «la Salière».

9. Espaces extérieurs et apports des habitants

- Production maraichèreIl n’y a pas de potager car le jardin bénéficie aux enfants comme espace de jeu. François Molard a outefois pris l’initiative d’en commencer un petit et la terrasse en R+3 évoluera peut-être vers un jardin d’hiver...

10.Confort des habitants

+ Confort thermiqueLes habitants disent bénéficier d’un bon confort thermique. Sans le chauffage, la température globale d’un appartement se stabilise à 14-15° l’hiver. Le confort est donc apporté par une bonne isolation et une bonne exposition.

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2. L’ ECONOMIE SOLIDAIRE - Habiterre

Mots-clés: Economie sociale et solidaire, Ruralité, confiance

Présentation du projet

Localisation: Chemin des Combes, Die, Drôme.Maître d’ouvrage: Collectif HabiterreMaître d’œuvre: Tangente architectes, non présents pour la maitrise d’ouvrage.Bureaux d’études: CO’ENERGIEÉtat: HabitéLancement du projet: 2009Début des travaux: 2010Date de livraison: 2011surface du terrain: 4000m²Surface SHON: 653m² pour les deux premières maisons.Contexte: Initiative privée aux environs de Die dans la Drôme.Programme: Première phase: 3 foyers dans deux maisons.Deuxième phase: 11 foyers dans 5 maisons composées de 2 logements séparés. Un espace commun de plus de 100m² avec une salle d›activités, une cuisine et un four à pain et deux chambres d›amis.Un atelier, un local d’outillage, des lieux de stockage, un cellier, le jardin et des chambres d’amis conçues pour être partagées et gérées en commun.Coût global de l’opération: 1124 000 eurosprix au m²: entre 1900€ et 2000€ m² TTC (terrain, gros œuvre, finitions)Energie: Estimée à 30.6kWh/m²SHON/anNom du collectif: Habiterre, «Habiter la terre».Statut: SCI avec Charte

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1. Environnement urbain et accessibilité

+ IntégrationSur la colline de Die, les cinq «maisons» font face à la montagne. Le terrain en pente est dans une zone rurale de maisons pavillonnaires. Il est non cultivable et ainsi ne vient pas piller les ressources de l’agriculture. Le terrassement était laborieux et à suscité d’énormes coûts pour «stabiliser» le terrain en argile.

+ TransportsA proximité du centre ville de Die, à 15minutes à pied et 10minutes à vélo, cet ensemble est relié aux commerces et services de la ville. Les habitants disposent de places de parking aérien mais privilégient l’auto-partage.

+ RéseauIl bénéficie du réseau d’infrastructure de la ville: électricité, collecte des eaux usées, téléphone.

2. Implantation architecturale et principes bioclimatiques.

+ FragmentationLes 5 maisons accueillent au total 10 familles. Ainsi, ces maisons présentent le caractère de maisons individuelles mais limitent la fragmentation en venant créer des maisons avec plusieurs appartements. Cette fragmentation se justifie par le climat très chaud de l’été qui engendre un risque de surchauffe des bâtiments. L’hiver est relativement plus doux. Ces bâtiments portent chacun deux logements sur 3 niveaux, se déroulant face au sud suivant la pente.Chaque appartement est accessible par la ruelle extérieure qui est le lieu collectif.

+ Orientation et ouverturesLes maisons s’orientent plein ouest, l’objectif n’étant pas de gagner de la chaleur pour l’hiver mais plutôt de se protéger de la surchauffe d’été.

+ Ventilation naturelleLes appartements, sur un même niveau, bénéficient de ventilation naturelle l’été.

3. Flexibilité pour durabilité ou personnalisation.

+ Extension possibleLe projet a commencé avec deux maisons de quatre appartements et la maison commune. L’équipe architecturale a pris en compte le fait que les habitants désiraient laisser la possibilité à d’autres couples et célibataires de partager leur projet de vie. La disposition des deux premières maisons a été pensée de façon à pouvoir en construire d’autres. Ainsi, trois autres «maisons» ont pu être construites par la suite, tandis que les «maisons» de la première phase étaient achevées.La deuxième phase avec les trois autres «maisons» a employé un autre bureau d’architectes.

+ AdaptabilitéChaque logement est organisé selon chaque famille. Ainsi les 6 appartements ne suivent pas le même plan. Ils s’organisent cependant selon la même structure. Les habitants qui se sont installés sur cette colline de Die se sont engagés sur le long terme. Le fait que chaque logement ait une chambre d’amis accessible indépendamment facilite l’adaptabilité quantitative du nombre de personnes dans le collectif.

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4. Organisation générale des espaces partagés

+ Mutualisation des espaces de vie intérieurs et extérieursLe projet accueille une maison commune qui fait plus de 100m², avec une partie cuisine. Elle est au centre des bâtiments. De grandes baies vitrées donnent sur la montagne qui fait face. Cet espace se fonde sur l’idée politique de la mairie. Cest à dire que c’est un grand espace qui permet de rassembler du monde, des habitants comme des extérieurs, autour d’activités variées. Il y a une chambre d’amis par logement, accessible depuis l’extérieur. Elle peut ainsi servir aux amis des autres familles. Ces espaces partagés et le jardin sont conçus pour être partagés et gérés en commun.

+ Mutualisation des espaces fonctionnelsUn atelier, un local d’outillage, un cellier, sont les espaces fonctionnels d’Habiterre.

5. Système constructif, matériaux et énergie grise

+ Simplicité technique et construction béton, bois et acierTangente architecture a proposé un habitat à très haute qualité environnementale et à faible consommation d’énergie. La structure porteuse est faite de caissons de bois remplis de laine de Ouate de cellulose en plaques. L’usage du béton est limité aux terrassements des bâtiments.

+ VitrageLes fenêtres sont en double vitrage.

- Optimisation des efforts de constructionLa préfabrication de caissons de bois porteurs a facilité l’organisation du chantier qui s’est déroulé rapidement en moins d’un an sur la période d’été.

- Autoconstruction, autofinitionLa construction a été réalisée par des entreprises locales, en lien avec le projet « bio-vallée » du Diois (éco- construction). Elle contribue au respect des savoirs faire locaux. Les habitants, qui dirigent leur chantier, ont été formés à différentes tâches afin d’aider à la construction et aux

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finitions.Pour les trois autres «maisons» de la deuxième phase les habitants n’ont pas employés la même agence d’architecture, car ils souhaitaient qu’elle soit aussi maître d’ouvrage. Les habitants ont beaucoup moins participé à la construction de leur lieu de vie.

+ Réduction des transports/ matériaux locauxLes matériaux de construction ont été pris le plus proche possible du chantier. Les terrasses sont en mélèze et le bois de façade en douglas d’Allemagne. La ouate de cellulose est isolant à base végétale. Elle offre d’assez bonnes performances, est recyclable en fin de vie et nécessite peu d’énergie à la fabrication.

6. Energie d’usage et dispositifs énergétiques

+ Faible consommationHabiterre n’était pas à la recherche d’une certification BBC, il a du cependant respecter les normes de la RT2005.Dans le projet d»Habiterre, il n’y a qu’un seul compteur électrique pour les 11 foyers. Pour Alain Guillet et Odile Justafré, la consommation relevée sur les deux premières années dans leur logement était de 2200 kWh, cet à dire 1100 kWh par an. En France la consommation d’électricité est de 7070 kWh par an et par personne.1

Cette faible consommation est due à plusieurs facteurs: les modes de vie des habitants et le chauffage.

+ ChauffageUne chaudière collective à bois déchiqueté commune à été installée pour chauffer les 2400m² de surface de logement. Le rendement de ce système est de 85%. L’eau du plancher chauffant est à 25°. Avec ce système, c’est comme si toute la dalle du plancher était un radiateur basse température. La pièce entière est chauffée de façon très homogène. Chez Alain Guillet et Odile Justafré, un poêle à bois à également été installé pour contrer l’éventualité d’un l’hiver trop rude.Le bois d’alimentation de la chaudière est récupéré dans une scierie proche géographiquement d’Habiterre.

1 - * SALOMON, Thierry, BEDEL, Stéphane, La maison des [néga]watts, éditions Terre Vivante, Mens, p6

+ Eau chaude sanitaireL’ECS est chauffée par l’énergie solaire (photovoltaïque) avec un appoint de la chaudière.

+ AérationPour l’aération des logements, il n’y a pas de VMC dans les deux «maisons» de la première phase sauf dans les pièces d’eau. Pour les trois autres maisons de la deuxième phase, conceptualisés par une autre agence d’architecture, une VMC simple avec des perforations dans les murs a été imposée à chaque pièce. Cette seconde agence a décidé de répondre aux normes du label BBC .Les habitants des deux premières maisons sont très satisfaits des performances thermiques de leurs logements et considèrent la VMC comme une contrainte empêchant toute action spontanée et naturelle (ouvrir les fenêtres quand il fait trop chaud pour créer un courant d’air). Avec une VMC, il est déconseillé d’ouvrir les fenêtres quand il fait trop chaud car c’est la VMC travaille alors pour rien.

+ ProductionHabiterre utilise l’énergie solaire photovoltaïque.

+ AuxiliairesIl y a une petite consommation électrique de l’électroménager et des luminaires. Les appareils électroménagers sont économes et peu nombreux. Le plus consommateur est de loin le frigidaire, qui consomme en moyenne 400 à 1000kWh/an. Hors chauffage et eau chaude, c’est le poste le plus important. La cuisinière fonctionne au gaz, approvisionnée individuellement. Pour les luminaires, tous les appartements sont équipés de LED (diode électroluminescente) qui consomme 20 fois moins qu’une ampoule plus classique de 100 watts pour le même éclairage. Elle ne produit pas de chaleur contrairement à celle-ci. L’éclairage nocturne de la ruelle extérieure est également assuré par des LED.

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7. Gestion de l’eau+ RéseauLes eaux grises partent directement dans la station d’épuration la plus proche.+ RécupérationLe ruissellement de l’eau de pluie sur les toits est récupéré dans des conteneurs et utilisé pour arroser les plantations.8. Gestion des déchets+ RecyclageL’ensemble de maisons dispose d’un système de tri sélectif des déchets classiques : La matière résiduelle, les déchets recyclables (verre, plastique et carton), et la matière organique.

+ CompostageLa production de déchets est minimisée par la pratique de consommation des habitants. La plus grande partie des déchets part au composte afin de produire de l’engrais naturel pour les plantes.

9. Espaces extérieurs et apports des habitants

+ Création et gestionLes espaces extérieurs d’Habiterre ont été pensés par un paysagiste. Au tout début l’équipe architecturale avait fait une proposition qui n’avaient pas paru satisfaisante aux habitants. La ruelle centrale avec ses emmarchements constitue un des lieux les plus importants du projet.

+ Production maraichèrela végétalisation du site, la production potagère biologique, les bacs de compostage, sont autant d’options installées par les habitants. La biodiversité du site est maintenue grâce aux espaces extérieurs.

10.Confort des habitants

+ Confort thermiqueLes habitants disent bénéficier d’un bon confort thermique. Le chauffage au sol permet un chauffage homogène et peu couteux. Le poêle d’appoint permet l’éventualité d’un hiver trop rude.

+ Un autre rapport à la propriété qui entraîne une gestion collective

de l’énergie.En cohérence avec les valeurs solidaire et collective de leur charte, Habiterre innove et ouvre des brèches pour des projets d’habitat groupé en mettant en œuvre un mode de financement solidaire. L’économie peut enrayer les belles utopies, alors les habitants ont pris les devants en mettant en place un financement par épargne solidaire.Les membres occupants sont propriétaires de parts qui couvrent le financement des logements et des espaces communs. Ils ne possèdent pas de biens immobiliers en nom propre mais au nom de la coopérative. La difficulté consiste à quitter son rapport à la propriété. La somme de leurs apports va diverger en fonction des moyens de chacun. Ces apports se font sur une base d’équité entre eux, et non pas en fonction des surfaces occupées par chacun. L’accès à des parts se fait également par le travail. Les habitants les plus modestes peuvent ainsi suppléer à leurs apports de base en consacrant du temps au chantier de construction.La NEF2 est une coopérative de finances solidaire et a apporté son soutien au projet. Elle permet une alternative au réseau bancaire dans lequel Habiterre n’a pas trouvé de soutien. La NEF dispense des crédits, collecte l’épargne des particuliers, sans être officiellement une banque. Elle est pourtant régie par les mêmes codes sauf qu’elle ne spécule pas et ne s’engage pas sur les marchés financiers. Elle apporte aussi une transparence face aux placements.La maison commune est elle financée par un appel à l’épargne solidaire. En 2012, 250 000€ avaient été récoltés auprès de proches sensibles au projet et de citoyens solidaires non résidents du projet. Ils constituent une part du financement pour montrer l’importance et le soutien qu’ils accordent aux valeurs du projet. Il s’agit d’un placement et non d’un don, cela signifie qu’il est remboursable. Ainsi Habiterre démontre que il existe une alternative au système bancaire pour la construction d›un tel projet. Aucun emprunt n›a été fait à la banque. La spéculation a été exclue.L’investissement financier par foyer reste équivalent ou moindre à ce qu’il aurait fallu débourser pour investir dans un habitat individuel, précisent les habitants questionnés à ce sujet. L’habitat a quand même plus de qualités, notamment écologiques.

2 - NEF: Association de la Nouvelle Economie Fraternelle, est crée en 1988. Elle a été épaulée par le crédit coopératif pour démarrer.

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III - POINTS COMMUNS

1. Système constructif en boisQue ce soit en caissons préfabriqués avec isolation intérieure (Habiterre, la Salière, Eco-logis) ou en bois massif avec isolation (Making Hof, Greenobyl et Equilibre), le point commun de toutes ses constructions, est évidemment la construction en bois. Quel intérêt à construire en bois des logements groupés?

+ Le bois est un matériau avec une bonne isolation naturelle. Il est 7 fois plus isolant que le béton. Il est toujours renforcé d’un isolant minéral ou végétal en plus (laine de chanvre, laine de roche) ce qui assure de très bonne performance thermique à l’enveloppe. Il permet de rentrer plus facilement dans les critères de la RT2012.

+ Le bois permet d’optimiser les efforts de construction. Il permet un montage rapide donc un courte période de chantier, mais surtout un chantier sec. Les panneaux de bois massif ou préfabriqués sont faciles à ranger et légers à mettre en place avec l’utilisation d’une petite grue pour un bâtiment en hauteur. Quand la zone de chantier est accessible sans danger, comme pour le cas d’Habiterre, les cloisons peuvent même être mises en place à la main. Cela favorise nettement la participation des habitants au chantier, la formation, et la réduction des coûts de la mains d’œuvre.

+ Le bois est un matériau qui ne coûte pas plus cher qu’un autre. C’est un matériau bien plus performant thermiquement que le béton. S’il est plus cher, la facilité de mise en œuvre et l’auto-construction permettent de rétablir le budget.

+ Le bois est un matériau naturel qui stocke du carbone. La provenance du matériau doit être surveillée afin de s’assurer qu’il soit bien issu de forêts durablement gérées: des labels tels que FSC1 ou PEFC2 permettent de garantir leur traçabilité.

+ Le bois est un matériau solide et souple à la fois. Sa structure légère est à

1 - FSC:  Forest Stewardship Council 2 - PEFC: programme de reconnaissance des certifications forestières.

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la fois un bon et un mauvais point. Par exemple, dans une zone sismique il va bien se déformer pendant les secousses mais la masse sera insuffisante en soubassement si il monte trop haut. Il est donc nécessaire de lester le soubassement avec une dalle béton, ou comme dans le cas de Greenobyl, des accroches métalliques qui soutiennent le bas des murs porteurs. Le bois a rarement été testé pour des systèmes aussi haut que des bâtiments de logements collectifs comme Eco-logis ou Equilibre.

+ La construction en caisson de bois ou en bois massif permet la modularité du logement et donc la durabilité du bâtiment. Des extensions peuvent être faites au besoin.

+ C’est une matériau sain, qui régule l’humidité en créant une ambiance intérieure plus sèche (hygroscopie). Il participe au bien être de l’habitant et ne diffuse pas de substances toxiques dans l’air. C’est un matériau agréable au toucher et qui sent bon. La combinaison du bois avec l’enduit terre intérieur dans le projet Making Hof est aussi un vecteur de bien être.

+ Le bois de structure ne nécessite pas d’entretien particulier. Il s’inscrit dans la durée. Toutefois, les caissons de bois ou les murs massifs sont recouverts d’une protection à l’eau pour éviter l’infiltration d’eau et l’humidité. Dans Habiterre, la Salière, Greenobyl et Making Hof les édifices sont recouverts de bardeaux de bois non traité. Une lasure* peu être appliquée pour éviter le vieillissement du bois. La durée de vie des façades de la Salière est de Greenobyl est estimée à plus de 50 ans avant de devoir remplacer les tasseaux.

+ Le bois est un matériau stable au feu.

+ Le dernier point positif de la construction bois est son esthétique. Dans les projets d’Habiterre, de Making Hod, de Greenobyl et de la Salière on ne peut pas être insensible à la beauté de la façade. Dans Eco-logis et Equilibre le matériau bois n’est pas visible de l’extérieur, car il est recouvert d’un crépi de protection. C’est assez trompeur, cependant ce crépi protège le bois et permet moins d’entretien.

- Le bois est un mauvais isolant acoustique. L’acoustique dépend de la masse. Des systèmes de renforcement ont été trouvés dans le cas des habitats groupés étudiés : Greenobyl vient doubler les cloisons

unilatéralement avec des briques d’adobe; Eco-logis a remplit ses caissons de plancher en bois avec des graviers; dans Making la transmission des bruits via le plancher, notamment les bruits d’impact, est prise en compte par la mise en œuvre d’une couche résiliente en liège sous le parquet. Dans l’immeuble Equilibre, les cloisons de bois nu entre les logements ne semblent pas gêner les habitants. Pour le plancher, la chape béton au dessus du plancher chauffant semble suffire à l’isolation phonique. La situation est identique pour la Salière, qui a très peu de surface de murs mitoyens entre les différents appartements. Pour Habiterre, l’isolation phonique est performante grâce au vide technique entre le plancher et le faux plafond doublé d’un panneau d’isolant en cellulose.

La construction bois est donc une solution qui revient inéluctablement dans les 6 projets étudiés. Plus traditionnellement utilisée dans le logement individuel, la construction bois fait son apparition non seulement dans l’habitat groupé mais aussi dans le milieu urbain. La hauteur des immeubles en ossature bois constitue un véritable champ d’exploration mené par l’habitat groupé coopératif. Citons comme exemple Eco-logis avec ses 4 étages. Le confort et le bien être apporté par ces constructions devrait convaincre les promoteurs et bailleurs sociaux de se tourner vers ce matériau. Le matériau bois à une très bonne inertie thermique*, cet à dire que son aptitude à conserve bien la chaleur et restituer la fraîcheur est bonne. L’enveloppe du bâtiment, en plus doublé d’un isolant naturel, à de très bonne performance thermique. Les besoins de chauffage du bâtiment sont ainsi énormément limités. Il contribue ainsi à réduire la demande énergétique en construisant intelligemment.

2. L’idéal de la maison individuelle: plan rigide ou personnalisé?Deux optiques différentes sont apportées par le dessin des appartements. Equilibre et Making Hof proposent des plans de logements rigides. Une trame fixe vient définir des surfaces de logement, qui peuvent s’additionner en duplex comme dans Making Hof afin de répondre aux besoins d’espace de chaque famille. La distribution intérieure des logements est similaire dans chaque unité d’habitation. La critique qui pourrait être formulée est que les pratiques de l’habitant ne sont alors pas remises au centre de la configuration de son lieu de vie. Néanmoins

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dans ces deux projets, la formule est de faire simple et efficace, afin de privilégier un travail sur les espaces communs et le fonctionnement global de l’immeuble. La similitude des espaces permet une parité entre les membres du groupe et une plu value des espaces communs. Dans l’idée, cela permet aussi de mettre en pratique la formule du statut de l’habitat coopératif: la non personnalisation permet aux habitants d’échanger un appartement pour un autre au sein de l’édifice. Ce sont notamment les espaces communs qui viennent alors les différencier des deux autres formes d’accession à la propriété. Pour Making Hof, il est clair que cette trame a permis de gagner du temps dans la conception du projet. L’architecte Patrick Texier n’avait pas particulièrement l’intention de se lancer dans de grands débats avec les futurs habitants. Son objectif a été atteint puisque la simplicité lui a permis de produire des logements écologiques, accessibles financièrement. Pour Equilibre, la trame simple a rendu possible la mise en place de systèmes écologiques complexes tel que les toilettes sèches. Un travail sur le volet énergétique et écologique a pu être approfondi, au détriment de la personnalisation des logements. Il semblerait donc que la similarité des espaces de logements soit un gage pour pouvoir aller plus loin dans les objectifs fixés, car c’est moins contraignant. De plus, la personnalisation des logements n’est pas exclue puisque les cloisons intérieures sont déplaçables. Elles sont dans les deux cas non porteuses et ne contiennent aucune gaine technique. C’est ainsi que Ralph Thielen, habitant de la coopérative Equilibre, a choisi l’option d’enlever une cloison pour avoir deux chambres d’enfants reliées.

Eco-logis, la Salière, Habiterre et Greenobyl proposent des appartements aux plans distincts. La participation des habitants a ici été prise en compte pour la conception des logements. Les habitants ont défini leurs besoins en terme de distribution et de spatialité, et l’équipe architecturale s’est attachée à concevoir les espaces intérieurs en fonction des aspirations de chaque foyer. Cette démarche de coopération dans la conception du logement s’apparente ici à la construction d’une maison individuelle. Quand on interroge les européens du nord sur ce que représente la maison, 5 éléments ressortent 3: une disposition sur 2 niveaux avec un escalier intérieur, une entrée autonome, un jardin, un espace de stockage, et une autonomie sur la parcelle. En conciliant les demandes unitaires à l’habitat groupé, un mode de vie anticonformiste apparaît, entre

3 - Les architectes SA, Notice descriptive APD, Le making hof, publié le 17 octobre 2013.

individuel et collectif.

La Salière, Habiterre, Greenobyl et Making Hof sont proches de l’imaginaire de la maison individuelle avec leurs entrées autonomes et surtout leur système de duplex et de triplex. Eco-logis et Equilibre reprennent le modèle de l’appartement se développant sur un seul niveau avec des terrasses en coursive dans son prolongement. Les espaces extérieurs sont essentiels à chaque groupe, car ils permettent de développer de nombreuses activités individuelles et collectives en contact avec la nature. Ces espaces verts sont un avantage, notamment dans le milieu urbain où la densité ne laisse plus de place au jardin. Ils permettent la réintroduction d’une nature productive en milieu urbain en étant le liant des relations sociales.

La prise en compte des façons d’habiter par l’architecte permet le repérage et l’appropriation, mais pose souvent des problèmes d’ordre technique et économique. Prenons pour exemple le cas de la Salière avec ses gaines techniques qui ne tombent pas d’aplomb ou d’Eco-logis avec ses décalages de murs porteurs. Greenobyl et Habiterre ont provoqués moins de complications car ils contiennent moins d’unités de logement. Plus l’immeuble contient d’habitations, plus la logique de personnalisation est dure à appliquer.

Le plan personnalisé reprenant l’idéal de la maison individuelle fait l’originalité de l’habitat groupé en France, tandis qu’en Suisse ou en Allemagne il n’y a pas forcément d’objectif d’adaptation du logement à l’habitant. La personnalisation rend la démarche plus longue et difficile.

3. Vers une architecture bioclimatique et durableLes 6 projets d’habitats coopératifs étudiés disposent de petites installations de production d’énergies renouvelables. On s’aperçoit toutefois que leur développement est limité par la simple raison que ces installations technologiques sont trop coûteuses.

Le premier point commun de ces 6 constructions, c’est l’usage d’un équipement technique collectif (chaudière). Dans un habitat groupé classique, chaque appartement dispose de sa propre chaudière. Cette

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mutualisation des équipements techniques limite la dépense à l’achat et les coûts de fonctionnement. Des compteurs individuels permettent cependant de relever la consommation de chaque foyer. Pour l’électricité, Making Hof est l’unique projet où chaque appartement est connecté individuellement au réseau d’EDF. Le deuxième point commun des 6 cas d’études est l’usage du plancher chauffant. Ces planchers permettent une circulation de l’eau à basse température, limitant la température à 28° à la surface de la dalle. Toute la dalle de plancher devient alors un radiateur basse température et offre un très bon confort thermique, invisible, bon marché de surcroît, et qui ne vient pas dessécher l’air.

Toutefois on remarque que ces 6 projets proposent un panel assez large de solutions intelligentes pour le chauffage du bâtiment et de l’eau chaude. Les systèmes de chauffage à bois sont très performants. Ce sont des appareils relativement récents, qui utilisent comme combustibles des granulés de sciures et des copeaux séchés et compressés. Leur rendement est de 80%4. Une réserve de granulés à l’intérieur de la chaudière limite les fréquences de chargement à une fois tous les 2/3 jours. L’allumage du bois se fait automatiquement. Il est nécessaire de préciser que les granulés coûtent plus cher que les bûches. La Salière et Habiterre utilise un chauffage collectif à bois (chaudière granulés bois ou chaudière bois pellet).Les systèmes de chauffage peuvent être combinés avec des systèmes autonomes de production d’énergie. Étant donné que le chauffage est l’élément le plus énergivore dans le logement, et que la production énergétique varie, la combinaison entre chaudière et production est une solution intelligente. L’installation reste coûteuse mais moins que le photovoltaïque et le système est plus rentable pour le chauffage de l’eau.C’est le cas de la Salière qui dispose d’un chauffage solaire assurant 40% de la consommation d’ECS, combiné avec une chaudière à granulés bois. La surface des panneaux se limite à 10m2 pour une question de coût. Si la toiture était recouverte de chauffage solaire, alors elle répondrait à l’ensemble des besoins de chauffage des 5 foyers. Dans le projet Making Hof,12m2 de panneaux solaires sont sur son toit, recouvrant 40% des besoins d’eau chaude sanitaire. Le reste est assuré est assuré par une procédé ingénieux de géothermie: la pompe à chaleur. Elle

4 - SALOMON, Thierry, BEDEL, Stéphane, La maison des [néga]watts, éditions Terre Vivante, Mens, p58.

vient pomper des calories dans une nappe phréatique dans le sol, pour les retransmettre grâce à un fluide frigorigène au plancher chauffant. L’échangeur demande une très faible quantité d’énergie.

le bâtiment Equilibre fonctionne également avec couplage des sources d’énergie. Le chauffage est assurée par l’usine d’incinération des déchets, et les besoins en électricité hors chauffage par une surface de 150 m² de panneaux photovoltaïques sur le toit couvrant théoriquement 100 % de la consommation électrique.Eco-logis dispose du même fonctionnement, avec 23m² de panneaux solaires thermiques complétés d’une chaudière à condensation gaz fournissent les apports en eau chaude sanitaire.Habiterre accueille de petites surfaces solaires sur le toit de chaque «maison» dont la hauteur de production n’est pas connue.Greenobyl est l’unique projet qui, en toute conscience, ne propose pas d’innovation particulière. Il dispose d’une chaudière à condensation gaz. L’installation de panneaux photovoltaïques n’est pas une option définitivement exclue, cependant elle reste dans un futur entre parenthèses.

Pour l’énergie photovoltaïque, les surfaces de recouvrement sont diverses, en fonction des capacités financières de chaque groupe. Ces productions autonomes sont obligatoirement réinjectées dans le réseau, puis rachetés à moindre prix. Pour assurer les apports énergétiques, notamment dans les pics de consommation quand les systèmes ne produisent plus, il est important et nécessaire qu’ils se combinent avec des systèmes de chauffage.

L’autonomie énergétique en milieu urbain n’a donc pas vraiment de sens, puisqu’un réseau est disponible. Cette autonomie entraînerait d’important surcoût et la mise au point d’un système de stockage de l’énergie. L’implantation architecturale en milieu rural permet de développer plus facilement une architecture bioclimatique et des systèmes de production énergétique dus aux plus grandes surfaces extérieures disponibles. L’intégration presque systématique d’énergies renouvelables dans le bâtiment serait possible. Si l’on observe chez nos voisins Allemands ou Suisses la production autonome d’énergie connaît un développement fulgurant dans le secteur du logement. Cela étant, ce développement est facilité par l’engagement gouvernemental en faveur de la transition

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PARTIE II - UN LABORATOIRE D’INNOVATIONSPARTIE II - UN LABORATOIRE D’INNOVATIONS

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énergétique. L’Allemagne d’Angela Merkel a décidé la sortie progressive du nucléaire d’ici à 2022 et mise justement sur le développement des énergies renouvelables. La Suisse, moins radicale suite à la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011 a abandonné son projet de construction de nouvelles centrales. La production industrialisée et l’intégration fréquente de l’usage du panneau plan à eau ou photovoltaïque provoque une baisse des coûts. Si en France on ne se tourne pas plus vers l’énergie solaire et éolienne, les prix élevés sont les fautifs.

Les énergies renouvelables seront les seules à pouvoir assurer sur le long terme la production d’énergie quand les énergies fossiles viendront à manquer. Elles doivent cependant impérativement travailler en association avec l’efficacité de l’édifice. En fait, chaque architecture s’adapte en puisant dans son environnement ses sources d’énergies, en profitant du réseau électrique et d’eau de la ville. On retrouve ici les critères Négawatt: sobriété, efficacité et énergie renouvelable. Le logement groupé coopératif tend à se tourner vers une architecture plus vernaculaire que high-tech. Le souci à souligner ici est que dans la labellisation du passif ou du BBC en France, afin d’atteindre les performances visées il y a une tendance à dépenser plus dans les panneaux photovoltaïques et l’isolation en polystyrène que dans les matériaux de construction. Ce que la ville de Strasbourg à bien fait, c’est le cahier des charges transmis pour l’appel d’offre. Les principes demandés s’appliquent aussi sur la pratique des utilisateurs (utilisation du vélo plus que de l’automobile, produits alimentaires locaux etc.)Les équipements doivent cependant être analysés dans leur cycle de vie. On entend souvent dire que les panneaux photovoltaïque consomment plus d’énergie qu’ils n’en produisent par leur construction, et qu’ensuite le recyclage est impossible. Il est vrai que les cellules photovoltaïques sont polluantes et non recyclables, mais l’information est faussée quand à l’énergie de production de ces panneaux. Le remboursement de l’énergie de production est entre 6 mois à 2 ans, pour une durée de vie du panneau de 20 à 30 ans. S’il n’est pas possible d’installer ces systèmes de production d’énergie, il est toutefois possible de défendre les énergies renouvelables en changeant de distributeur d’énergie. En effet, EDF n’a plus la main

mise sur tout le réseau. ENERCOOP5 est un distributeur officiel depuis 2007, profitant du même réseau qu’EDF, , mais distribuant une énergie 100% renouvelable (solaire, éolien, hydraulique et biogaz). Ses bénéfices sont réinvestis dans les énergies renouvelables.Un engagement politique français en faveur des énergies renouvelables pourrait faciliter l’accès aux équipements. Un système d’aides publiques à été mis en place pour subventionner les énergies renouvelables. Ce système de subventions vient d’être revu en avril 2014 et les aides vont très certainement diminuer.

conclusionOpter pour une architecture bioclimatique, avec une production pho-tovoltaïque ou un chauffe-eau solaire en toiture, choisir un chauffage au bois ou une pompe à chaleur, acheter de l’électricité verte relève des convictions applicables en pratique. Jusqu’ici elles s’appliquaient essen-tiellement au secteur privé de l’habitat. L’architecture bioclimatique fait son apparition dans l’habitat groupé. Ses innovations constructives et l’engagement volontaire des habitants font que son besoin en énergie est amplement diminué, et l’ensemble du cycle de vie est pris en compte. Les énergies fossiles disparaissent progressivement du domicile au profit des énergies renouvelables.

5 - Le 1er juillet 2004, La France a ouvert son marché d’électricité à la concurrence. On bascule d’un modèle géré par une entreprise publique vers un modèle libéral. Enercoop est une entreprise privée mais d’intérêt public.

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CONCLUSION

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CONCLUSION

«l’habitat groupé n’est pas la seule solution pour produire une architecture

durable» Monique Eleb 1

Répondre à cette question de la crise énergétique, c’est aussi remettre en question notre comportement. Nous savons que les décisions prises aujourd’hui engagent l’avenir des générations futures. Les utopies habitantes sont porteuses d’innovations écologiques. Le changement est apporté par la créativité et la spontanéité. En réinvestissant l’habitat, support de l’organisation sociale, ces expériences s’inscrivent dans une véritable alternative sociale, économique et environnementale que la période de mutations actuelle appelle. Comme nous l’avons remarqué, la transition énergétique dans le bâtiment passe d’abord par la transition sociologique des façons d’habiter et de consommer. Cela implique de repenser les modes de gestion des ressources naturelles indispensables, l’impact du logement dans son cycle de vie, les modes de déplacement des individus. Plus globalement, cette prise de conscience nous interpelle sur nos modes de vie (croissance ou décroissance).

Les acteurs citoyens s’engageant dans ces initiatives sont à même d’envisager un environnement et des projets de vie dans leur globalité et de projeter sur le monde leurs aspirations pour le transformer. C’est surtout un besoin de retour à l’essentiel qui s’affiche. Ils font le choix de passer plus de temps sur le lieu de vie, au détriment des apports financiers apportés par leur travail. C’est une véritable recherche d’équilibre.

L’architecte joue un rôle important dans l’application des mutations du mode de vie à l’espace et dans l’intégration et la connaissance des différents systèmes à développer pour une architecture durable. C’est l’acteur intermédiaire du logement, par qui les innovations sont apportées. Les architectes de l’habitat groupé participatif s’engagent dans une longue collaboration qui ne sera pas valorisée financièrement. Ils s’engagent essentiellement par militantisme et parce que l’habitat groupé participatif permet d’expérimenter et de produire un bâtiment de haute qualité. Nous verrons bientôt si la reconnaissance officielle du statut d’habitat coopératif engendrera une prolifération de nouveaux groupes en facilitant la démarche juridique.

1 - ELEB, Monique, SIMON, Philippe, le logement contemporain: entre confort désirs et normes. 1995-2012, éditeur Pierre Mardaga, Bruxelles, 2013

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CONCLUSION

Le grand décalage entre les solutions proposées par l’habitat groupé coopératif et l’habitat «classique» pose la question de l’accession à la démarche. Habiter écologique n’est pas une option disponible pour tous. Malgré qu’elle met en œuvre les principes de l’économie sociale et solidaire, elle nécessite un investissement de temps pour le dialogue, la conception et la réalisation, qui nécessite de se trouver dans une optique particulière. Comment rendre l’architecture écologique accessible à tous?De façon générale, ces nouvelles solutions architecturales véhiculent un espoir d’un autre mode de vie, c’est pourquoi elle joue un rôle déterminant. Elles entrainent un mot d’ordre:

« Action ! »

ENTRETIEN de Stéphane Fuchs Agence ATBA à Genève sur le projet «Écologis» à Neudorfréalisé le 13/03/2014

A - QUESTIONS GENERALES1 - Comment la coopérative «Equilibre» s’y est prise pour faire appel à vous et aviez vous déjà conçu un projet d’habitat groupé participatif auparavant ?Le groupe «Equilibre» a fait appel à nous parce que je suis moi même membre d’une coo-pérative (les Voirets), et que j’aide au développement des coopératives car la démarche me plaît. Ce n’était pas notre premier projet d’habitat coopératif, nous en avions déjà fait un avant. Nous avons réalisé le bâtiment «Mill’O» à plan-les-Ouates.

2 - Y a-t-il quelque chose de radicalement différent entre le logement classique et le loge-ment d’habitat groupé, en termes de spatialité, de distribution, etc. ?On essaye de travailler des espaces de rencontre et d’échange. Le but s’est de développer des projets ou tous les appartements passent par des zones communes, afin que les gens puissent se rencontrer et échanger. Il y a une salle commune, une chambre d’amis, la buanderie qui en Suisse est obligatoire. Ce qui est important c’est que ces locaux soient liés avec l’extérieur. La buanderie est souvent posée dans un coin parce que on ne veut pas en entendre parler, nous faisons toujours attention à la liaison afin que le lieu soit vivant. Ici la buanderie elle au sous sol donnant sur un amphithéâtre extérieur. Aux «Voirets» les locaux sont à Rez-de-chaussée. C’est un espace de vie important et qui doit être mis en avant. Une coopérative reste des appartements indépendants, ce n’est pas une communauté. Il est vrai qu’on a fait 2/3 choix qu’il faut quand même assumer. Par exemple, les balcons en bois qui communiquent entres eux. Dans le bâtiment «Mill’O» nous avions réussi à organiser des grandes zones de rencontre. Pour «Equilibre» les 2 cages d’escaliers qui permettent la distribution des logements ne sont pas très agréables. Elles n’engagent pas à y rester pour discuter. Nous avons sacri-fié ces espaces afin de privilégier la surface des appartements. Pour contrebalancer, nous avons imaginé des grands balcons qui permettent des relations horizontales et verticales.

3 - Combien de temps a duré la conception du projet ? La construction ?Il y a eu une année de mise en place du projet, puis après nous avons eu la dépose d’autori-sation, et après une année et 3/4 mois. Après la construction bois a été rapide à développer. La construction s›est réalisée en 10/11 mois. La partie ou les habitants ont commencé ont participé dans les travaux de construction a été un peu plus longue. Aux «Voirets», les habitants aussi avaient participé en partie aux travaux.Au niveau de la durée de conception et de construction, ça dépend vraiment. Pour les «Voirets», nous avons commencé le travail en 2001 et finit 2006. Ca a pris 6 ans parce que nous avons du faire recours. Nous avons été attaqué par un voisin. Le chantier ça a duré 6 mois. Un des freins principaux, c’est le temps d’attente pour obtenir les autorisations. Les estimations des besoins des habitants en terme d’électricité on été analysées. On a des moyennes et puis après ce sont eux qui font tout pour diminuer au maximum.

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B - ASPIRATIONS DES HABITANTS1 - Quelles étaient les intentions de départ des habitants concernant le projet d’habitat groupé (origine sociale, économique, écologique) ? Les habitants voulaient que tous ces critères soient intégrés dans la conception du bâti-ment. Ils avaient définis leurs attentes en 3 points clés: 1- structure bois; 1- un bâtiment en bois 2- Toilettes sèches 3-la taille des appartements.

2 - D’ou vient cette volonté de moindre empreinte énergétique et de toujours plus d’au-tonomie ? La bâtiment ne peut pas être autonome complètement. L’hiver on a de plus gros besoins en électricité, et l›été il va produire plus que ce dont les habitants on besoin. L’autonomie c’est une fausse idée. Le problème c’est surtout pour la stocker: Il faudrait installer des batteries, mais les batteries ce n’est pas écologique et surtout ça ne stocke vraiment rien. Du coup, on utilise le réseau pour réinjecter la production énergétique. C’est beaucoup plus malin car on revend l’électricité plus cher qu’on ne la rachète. L’autonomie, c’est une option à prendre que quand on est en site isolé et qu’on ne peut pas bénéficier du réseau.

C - SAVOIRS FAIRE DE L’ARCHITECTE1 - Comment cette demande se matérialise avec les systèmes techniques et écologiques? A quel moment avez vous intégré les différents systèmes énergétiques et écologiques dans la conception du projet ?Les habitants nous ont fait un programme, en nous faisant part de leur philosophie, leurs utopies. Puis nous sommes revenus vers eux en leur disant: «ça on peut et ça on ne peut pas». Ils ont commencés à développer leurs priorités avec les options qu’on leur a présenté. Dans un projet comme celui là, on étaient vraiment très serré en budget. On a essayé au maximum de mettre tous les éléments qu’ils souhaitaient dans le projet. Il faut juste que les habitants sachent leurs priorités. Par exemple à un moment, nous n’arrivions pas fi-nancièrement à le faire en bois. J’ai alors proposé de le faire en brique. Mais leurs priorités étaient claires: 1- un bâtiment en bois 2- Toilettes sèches 3-les grandeurs. Finalement nous avons réussi à le faire en panneaux de bois massif lamellés collés type BBS et KLH pour la structure et puis nous avons installé un élément en ouate de cellulose à l’extérieur. Les planchers, le plafond, tout est en bois. Nous ne le voyons pas depuis l’extérieur car il y a le crépi.Le bureau d’étude est intégré dans le bureau, ce qui permet d’être plus rapide pour gérer la technique. Cette intégration permet également des réponses plus intéressantes sur les élé-ments que l’on veut. Quand nous faisions un appel à un bureau d’ingénieur à l›extérieur de l’agence, ils nous sortaient toujours la technique standard. Chez ATBA, on vise au plus simple pour le système constructif. Finalement, avec l’expérience, nous préférons faire nous même nos préavis thermique, nos isolations pour que on puisse aller plus vite dans la réflexion. La relation est plus forte. Il faut une bonne compréhension entre les deux bureaux. Après, en tant qu’architecte, on a des connaissances particulières. Entre mon associé José Garcia et moi même, je suis le plus porté technique. J’arrive mieux à gérer ses questions là, en restant le plus simple possible.

2 - L’architecte a-t-il les cartes en main pour gérer des questions énergétiques? Autrement

qui étaient les principaux acteurs du projet ?Il ne faut pas croire que l’architecte amène toutes les connaissances. Il apprend aussi beaucoup sur le tas. Dans l’habitat participatif c’est une relation à deux directions et c’est cela qui est génial. Dès le départ, les habitants avaient envie des toilettes sèches intégrées. Des toilettes sèches, nous n’aurions jamais pu leur imposer. Mais là c’était leur demande. L’idée nous avait plu car pour son originalité alors nous avons fait en sorte de la dévelop-per. Je n’avais jamais fait cela avant, mais je m’étais déjà intéressé au sujet. Je suis parti pour me former, j’ai été voir des toilettes sèche à Hambourg, et j’ai reçu une formation spéciale. Il faut toujours se tenir au courant de ce qui existe.En général les architectes ont beaucoup de mal à rentrer dans le bâtiment énergétique car il faut se plonger dans des questions de construction et de technique. A un moment on ne peut pas tout faire, penser à l’architecture, l’esthétique, l’écologie...Il faut quand même parler d’architecture.Le but c’est de travailler l’équilibre en niveau économique, écologique et social. Après si on avait voulu on aurait pu faire un bâtiment plus écologique, ou encore plus social, ou encore plus économique.

3 - L’architecte doit-il avoir de fortes convictions environnementales pour se lancer dans un tel projet ? Oui, moi ce qui me plaît, c’est le mélange de tout: social, économique, écologique et mo-bilité, c’est super motivant. La question ne se traite plus seulement sur ces trois points, la mobilité rentre dedans aussi. Pour moi ce qui est bon dans ce genre de projet, c’est vraiment la relation qu’on a avec ces personnes motivées.

4 - Avez vous déjà eu la sensation que vos convictions dans la conception du projet (toi-lettes sèches intégrées etc.) dépassaient les envies des habitants ? Le bureau d’architecture doit savoir accepter des éléments qui viennent des habitants. Si l’architecte part en disant: «je suis le roi, c’est moi qui sait tout, c’est moi qui s’est la meilleur solution», il faut qu’il s’arrête tout de suite car ce comportement ne fonctionne pas avec les coopératives. Une coopérative c’est 15 personnes qui réfléchissent, qui ima-ginent, alors il ne faut pas s’imposer. Il faut etre à l›écoute, proposer des choix. A certains moments on peut être freinés par les habitants. Mais l’architecte ne doit pas imposer ses choix, sinon les habitants n’arriveront jamais à s’approprier le projet et à l’accepter.En revanche, une proposition peut être acceptée d’un seul coût et motiver les habitants d’emblée.C’est ce qui se passe actuellement pour un immeuble sur lequel nous travaillons. Nous venons de proposer des façades en paille, ils ont aimé l’idée, et maintenant l’idée est leur et est une priorité du projet. C’est une relation de confiance qu’il faut tisser avec eux. Par la suite ils vont presque même s’emballer. Puis nous on les freinera. Ils prennent des risques comme cela. A «Equilibre» par exemple on les avaient prévenus qu’avec le bois il y avait d’importants risques phoniques. Ils choisissent de prendre ces risques. L’architecte doit aussi accepter qu’à un moment il perd une partie de la maîtrise de son projet car les habitants sont tellement investis qu’ils voudront faire les choix.

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6 - Au niveau de votre rémunération dans ce genre de projet, vous y trouvez votre compte?C’est de la motivation personnelle. L’architecte ne se fait pas payer autant que pour un bâtiment standard, mais il assume. Si c’est pour une question financière que l’architecte travaille, alors il ne faut pas y aller.Travailler avec une coopérative, c’est travailler avec des gens motivés, militants, avec qui ont peut faire des objets intéressants. Et chaque objet sera vraiment différent. Donc si on est pas près à voir cet élément là, on ne peut pas s’engager.

D - ECOLOGIE ET ENERGIE DANS LE PROJET1 - L’habitat groupé participatif est il plus innovant en terme de moindre empreinte écolo-gique et moindre dépense énergétique qu’un habitat collectif plus « classique » ?Quand on travaille avec une coopérative, nous leur expliquons notre fonctionnement: 1- L’énergie gratuite du soleil; 2- Isolation du bâtiment optimisée; 3- La technique.Le gros travail dans ce bâtiment c’était les toilettes sèches et le traitements de eaux. Il n’y a pas beaucoup de toilettes sèches intégrés dans des immeubles collectifs. Avec la ventila-tion ça ne pose aucun problème d’ odeur.Pour l’eau, nous nous sommes connectés au réseau de la ville.95% des eaux usées sont traitées sur place, par phytoépuration. Nous avons classé les eaux en 4 catégories: eau jaune(urine), eau noire(matière fécale), eau grise(douche et lavabo) et eau blanche(eau de pluie). L’eau noire et l’eau jaune servent au compostage. C’est un choix car il existe aussi des composteurs ou l’eau jaune est séparée de l’eau noire. L’eau de pluie va être récupérée pour être revalorisée sur le terrain. Elle ne peut pas servir pour l’usage ménager car il aurait fallu la retraiter. Nous aurions pu la réutiliser pour les toilettes, mais ici il n’y en a pas besoin. Il ne reste que la machine à laver, mais ça devient alors très compliqué pour pas grand chose. L’eau grise et traitée sur place pas phytoépuration (plantes -bambous, roseaux).Pour l’électricité, nous produisons avec des panneaux photovoltaïques directement connectés au réseau pour réinjecter la production. La consommation directe n’était pas permise par la loi. On la produit, on la revend et on la rachète. Maintenant une loi va arriver pour pouvoir consommer directement sa production. L’électricité que nous pro-duisons est revendue plus chère que le prix à laquelle on la rachète. L’immeuble «Equilibre» produit plus qu’il ne consomme. Nous avons mis le maximum de panneaux qu’on pouvait mettre sur le toit.Pour ce bâtiment là, nous avons profité d’un système de chauffage à distance. C’est un système assez simple. Nous venons récupérer la chaleur produite par l’usine d’incinéra-tion non loin de l’immeuble. Il n’y avait pas d’installation à payer, nous n›avons pas eu besoin de choisir le type de chaufferie. Le chauffe-eau solaire n’a donc pas été une option. Les habitants ont une consommation très base dans ce bâtiment, parce qu’ils ont pris en considération la gestion du chauffage.Au niveau des techniques d’aération, nous avons fait le choix de la ventilation double flux, qu’on essaye de supprimer maintenant, car elle tire de l’électricité en continue et ça coûte quand même cher. Nos nouveaux projets, nous les faisons sans double flux. Nous avons des bâtiments subventionnées, donc on a un prix qui est bloqué. Cet à dire qu’on nous ne devons pas dépasser un prix au mètre cube et un prix à la pièce de location. La question n’est pas de vouloir aller plus loin au niveau énergétique, mais :»est ce que je peux rentrer dans le plan financier qui permet de subventionner le bâtiment?». C’est le budget qui vient déterminer cela. Nous ne pouvons pas faire tout ce qu’on veut, on nous

faisons ce qu’on peut.

2 - Jusqu’où un habitat groupé participatif peut-il aller dans l’autosuffisance dans le milieu urbain (énergie, eau, fonctions urbaine, etc)? Il y a t’il une différence quand il s’agit d’un contexte rural ?La ville offre heureusement d’autres possibilités par rapport au traitement des eaux. En ville on ne peut pas choisir la position du bâtiment, donc la technique bioclimatique est moins facile à mettre en œuvre. L’approche du site est gérée différemment. Quand l’espace est plus grand, on se demande si c’est écologique de s’étaler et on se pose des questions sur la compacité du bâti: 3/4 étages ou 1/2 étages? Plus il y a de monde, plus c’est écologique. C’est normal car il y a moins de déperditions au niveau de l’enveloppe.Les apports naturels ne pourraient pas subvenir entièrement aux besoins du bâtiment. Ce n’est pas possible d’être autonome en Suisse, car il n’y a pas assez de vent et pas assez de soleil. Nous pouvons atteindre jusqu’à 50/60% d’autonomie, ce qui est déjà pas mal.

4 - Comment avez vous choisi le label Minergie-P-éco et vous a t’il imposé un cahier des charges ?A Genève les premiers bâtiment qui ont été fait avec le label minergie-P ce sont les habitats participatifs. C’est un label privée, reconnu au niveau européen. Il existe en Suisse mais en France aussi. Ce label offre des possibilités, car nous avons eu le droit de construire plus en surface d’immeuble avec le label.

5 - L’énergie grise a-t-elle été prise en considération ?Nous essayons toujours de faire attention aux matériaux, aux pollutions des matériaux, à la pollution intérieur de l’air. Les deux bâtiments à Neudorf ont été vérifiés pendant et après le chantier pour la pollution intérieure des logements. Nous avons fait des écobilans. Par exemple nous avons remarqué que si on met trop d’isolation, le coût de fabrication du matériau ne va pas compenser la dépense énergétique du bâtiment. C’est une chose sur laquelle nous gardons un œil.

3 - Aujourd’hui est ce que vous sentez que la demande en habitat groupé est importante et va s’institutionnaliser?En Suisse il y a quelques bureaux qui sont intéressés, pas forcement pour le côté écologique mais plutôt pour la démarche sociale etc. En ce moment dans notre nouveau projet nous sommes en train de tester un autre système de traitement des eaux usées suédois: l’aqua-tronc. Nous faisons sans arrêt de nouvelles expérimentations.

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SOURCE DES ILLUSTRATIONS

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PAGE DE GARDE: 1 - Coopérative Habiterre, photographie personnelleSOMMAIRE: 1 - Coopérative Equilibre, photographie personnelleINTRODUCTION: 3 - Coopérative Equilibre, photographie personnelle

PARTIE I4 - Coopérative Equilibre, photographie personnelle le 13/03/20145 - Coopérative Equilibre, photographie personnelle le 13/03/2014

PARTIE II6 - Logos réalisés par Justine Legris7 - Plan google maps retravaillé de localisation de la coopérative Eco-logis8 - Coopérative Eco-logis, photographie personnelle le 13/03/20149 - Plan R+1 et R+2 d’Eco-logis délivré par Emmanuel, habitant de la coopérative10 - Plan google maps retravaillé de localisation de Greenobyl11 - Greenobyl, photographie personnelle le 19/03/201412 - Greenobyl, photographie personnelle depuis la cour le 19/03/201413 - Plan google maps de localisation de Making Hof14 - Image 3D du Making-Hof délivrée par Patrick Texier des Architectes SA.15 - Plan RDC d’implantation sur le site du Making Hof délivré par Patrick Texier des Architectes SA.16 - Plan RDC et plan masse du Making Hof délivré par Patrick Texier des Ar-chitectes SA.17 - Plan google maps retravaillé de localisation de la coopérative Equilibre18 - Equilibre, photographie personnelle le 13/03/201419 - Schemas de présentation d’Equilibre, fiche de présentation du projet délivrée par Ralph Thielen20 - Coupe schématique d’Equilibre, fiche de présentation du projet délivrée par Ralph Thielen21 - Plan RDC, R+1 et R+2 d’Equilibre, délivrés par ATBA architecture22 - Schema de présentation de la gestion des eaux, fiche de présentation du pro-jet délivrée par Ralph Thielen23 - Equilibre, photographie personnelle de l’espace de phytoépuration le 13/03/201424 - Equilibre, photographie personnelle des bacs de tri sélectif le 13/03/201425 - Equilibre, photographie personnelle des compostes le 13/03/201426 - Schéma des composteurs d’Equilibre, fiche de présentation du projet déli-vrée par Ralph Thielen27 - Plan google maps retravaillé de localisation de la Salière28 - La Salière, photographie personnelle le 10/12/201329 - Plan R+1 et R+2 de la Salière, délivré par Sarah Viricel de Teckhne30 - Photographie du gros oeuvre de la Salière, site internet de la Salière: http://saliere.blogspot.fr/

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SOURCE DES ILLUSTRATIONS

31 - Plan masse de la Salière, délivré par Sarah Viricel de Teckhne31 - la Salière, photographie personnelle de la façade le 10/12/201332 - Plan google maps retravaillé de localisation d’Habiterre33 - Habiterre, photographie de Yohann Hoang Tho le 17/03/201434 - Habiterre, photographie de Yohann Hoang Tho le 17/03/201435 - Plan masse d’Habiterre, délivré par Stéphanie BOURNAY de Tangente.36 - Plan RDC et R+1 et coupe d’Habiterre, délivré par Stéphanie BOURNAY de Tangente.37 - Photographie du chantier d’Habiterre, site internet d’Habiterre: http://www.habiterre.org/38 - Greenobyl, photographie personnelle le 19/03/2014