L'hebdo des socialistes n°702 - Spécial convention «Notre Europe»

7/28/2019 L'hebdo des socialistes n702 - Spcial convention Notre Europe

1/40

dessocialistes

1,5

dessocialistes

N702-703DU 22 jUiN aU 28 jUiN 2013

23, 24 et 25 aot 2013Universit d't du PS et du MJS La Rochelle

LaGENDa

SPCIAL CONVENTION

Notre Europe

10, rue de Solrino

75333 Paris Cedex 07Tl. : 01 45 56 77 52

[email protected]

DirEctEUr DE La rDactioNEt DirEctEUrDE La pUbLicatioN Olivier Faure co-DirEctEUr DE La pUbLicatioN

Valerio Motta rDactricE EN chEfStphanie Platat rDactricE-

rEportErSarah Nafi photo Philippe Grangeaud maqUEttEFlorentChagnon (79 44) fLaShaGE Et imprESSioNPGE (94) Saint-Mand N DE commiSSioNparitairE:0114P11223 iSSN127786772Lhebdo des socialistesest ditpar Sol Communications,tir 181 000 exemplaires


2/402

1ErE tabLE-roNDE

Alors que la dfance des peuples lgard de lEurope granditde jour en jour, les progressistes se demandent quels moyensmettre en uvre pour rorienter lEurope pour la croissance etlemploi. Le sentiment que lUE nest pas assez protectrice aprogress ces dernires annes , remarque Gilles Finchelstein,directeur gnral de la ondation Jean-Jaurs. La peur dudclassement est majeure . Nous avons le devoir de rorienter lEurope pour lui permettrede sortir de cette triple crise, conomique, sociale et politiquequi dure depuis six ans et redonner la confance , afrmeHannes Swoboda, prsident du groupe S&D au Parlementeuropen. Plaidant pour une union sociale, conomiqueet solidaire , Hannes Swoboda prcise que, si le besoin derormes est rel car aucun pays ne doit stagner , nous

devons protger nos acquis sociaux .Pour Catherine Trautmann, nous devons penser la relancepar les territoires . Lconomie sociale et solidaire est parexemple un amortisseur crant de lemploi tout en participantau lien social, afrme-t-elle. Ce sont des structures qui avorisentlemploi local. Elle suggre galement de penser la flire desortie du nuclaire, ou encore de aciliter les transmissionsdentreprises . Nous avons dj des solutions pour retrouver la croissance ,sexclame Guglielmo Epiani, secrtaire national du Partito

Democratico italien. Retrancher les investissements pour lacroissance de la comptabilit de la dette, mettre en place des project bonds ou encore aire l union bancaire pourcoordonner les politiques fscales. En outre, pour GuglielmoEpiani, la mutualisation dune partie de la dette des tatsest ncessaire. Nous navons plus le temps dattendreces rormes ! Seule la cration demploi peut permettre de lutter contre lapauvret et lexclusion sociale , relve Antonio Jos Seguro.Le secrtaire gnral du Parti socialiste portugais propose donc de sanctionner les pays dont le chmage dpasse la moyenneeuropenne de 11 %, comme lUnion le ait pour les dfcits afndobliger investir dans lconomie relle pour lutter contre lechmage.

Lexemple grec est caractristique du problme europen ,juge Evangelos Venizlos, prsident du Pasok. Il y a trois ans,la crise tait surtout budgtaire. Aujourdhui, aprs des annesdaustrit, le dfcit structurel nest plus que de 0,2 %. Mais quel prix ? Le taux de chmage atteint 37 % et mme 60 % chezles jeunes ! Pour Emma Reynolds, dpute britannique nousavons la responsabilit de regagner le pouvoir, et pour cela, nousdevons tre toujours plus ambitieux.

Renouer avec lemploi et la croissanceen Europe

Le devenir de lUnion conomique etmontaire est de tracer le chemin de lespoir,de la relance. Or que voit-on ? Le dcalagedans le temps. La rigueur est en action, larelance, je ne la vois pas venir. Question devolont politique. Quand on voit le budgeteuropen, comment croire que lEurope estle chemin de lespoir ? Question decacit.LUnion conomique et montaire estdevenue ingrable et incomprhensible.Comment onctionnent le Conseil et laCommission ? Les 120 milliards du plan derelance demands par Franois Hollandeo en sont-ils ? Qui sen occupe ? LUnion ne

onctionnera pas si aprs leet dannonce ilaut attendre des mois pour avoir des eets.Leuro na pas oert une structure assez ortepour rsister la crise. Le problme nest pasque conjoncturel, il est aussi structurel. Lacomptitivit de plusieurs tats-membressest dgrade et lcart entre le nord et lesud sest accru. La rorme de leuro appelleun grand eort damnagement structurelpour que tous les pays puissent proter de lamonnaie unique. Cest pourquoi je proposeune coopration renorce pour lUnionconomique et montaire. Elle permettra

plus dautonomie et de rapidit dactionentre les tats-membres de cette cooprationrenorce, et pour les autres, cest la garantieque tout le monde respectera intgralementle contrat de mariage des 28.

Jusquo les banques veulent-elles abuser denotre patience ? Elles, qui peuvent emprunterpour 0,5 % largent la Banque centraleeuropenne et qui le prtent ensuite 5 % auxpropritaires de la mme BCE. Jusquo veut-on accepter une telle politique ? Ces mmesbanques, sauves par les tats-membres,empruntent un taux de 0,5 % la BCE pourspculer sur les marchs internationaux aulieu dinjecter largent dans lconomie ! LaTroka, avec sa radicalit, a pouss quelquestats-membres dans leur cinquime anne dercession. Et elle a reconnu son erreur. Maison ne peut pas dire un peuple de se sacrier,

pour nir par dire dsols nous noussommes tromps . Cest inadmissible.Lide de lEurope est menace car la capacitde beaucoup de nos citoyens de rester calmesest en train de spuiser. Lide de lEurope,cest que des tats travaillent ensemble dansles institutions europennes. Cest normal dene pas tre satisait de lEurope telle quelleexiste aujourdhui, cela ne ait pas orcmentdes eurosceptiques ! Mais nous sommes leplus riche continent de la plante, et pourtantles jeunes veulent en partir ! Il y a un vritableproblme de distribution : on demande aux

gens de payer pour sauver le systme pendantque dautres, les super riches peuvent sabriterdans les paradis scaux. Cest pour cela quenous devons lutter contre cette Europe, etpour une autre Europe, progressiste.

Jacques Delors Martin Schulz

FORUM DES PROGRESSISTES EUROPENS


3/403

2E tabLE-roNDE

Comment proposer un nouveau modle pour lEurope ? Lesprogressistes europens veulent prouver quil est possible deconcilier avances sociales et dynamisme conomique. Notreprojet politique est la seule alternative au dclin de lEurope ,remarque Massimo DAlema, prsident de la FEPS, qui trouveindispensable de sauvegarder notre civilisation, pour nous,mais aussi pour les autres : il aut convaincre les Indiens,les Chinois, tous les peuples quils ont besoin de protectionsociale . On est en train de aire une harmonisation socialepar le bas, regrette galement Bruno Tobback, prsident duSPA (Parti socialiste amand). Et cela ne concerne pas que les

ouvriers mais tout le monde. Si on considre quun ingnieurgrec ne vaut que 1 500 euros par mois, qui peut croire quepour le mme travail, un ingnieur dun autre pays europengagnera 4 000 euros ? On assiste la cration dune socit deux vitesses, et la destruction de la classe moyenne. Et leBelge explique quil existe dj des ressources qui pourraient

tre mobilises : Dans notre pays, nous avons des centaines demilliards deuros dpargne. Il aut tout aire pour investir cetargent dans lconomie. Jean-Christophe Cambadlis, invite lui sappuyer sur lesnouvelles possibilits oertes par le trait de Lisbonne. Lamajorit parlementaire pourra dsormais choisir le prochainprsident de la commission. Ainsi, 70 siges peuvent changerlavenir de ce continent ! . Cest un rsultat porte de main,cela reprsente deux siges dans chacun des 28 pays , ajoute-t-il. Et le changement radical de politique est urgent car lespeuples sont en colre . Leurs questions se maniestent par

un euroscepticisme et la volont de aire payer lEurope pourla politique mene par les gouvernements de droite et parla commission europenne. Mais les socialistes europenspeuvent changer le cours des choses. Nous devons donnerune dimension nouvelle llection europenne, et mener unecampagne continentale derrire un candidat .

Proposer un nouveau modledmocratique, social et cologique

pour lEurope

La vraie conrontation ne doit pas tregographique entre lEurope du Sud etlEurope du Nord, elle doit tre politique entreles progressistes et les conservateurs, quiveulent moins dEurope, qui proposent dessolutions qui mnent au repli national et quiont aliment la monte du populisme. Onne peut trouver de solutions que par plusdEurope, cest--dire plus de solidarit. Leurchec est cinglant. LEurope est plonge dansla rcession et la crise sociale. Ils ont produitla fambe des extrmismes.La premire bataille, cest celle contre lechmage des jeunes. Ces jeunes qui sont

les premiers rapps par la crise. Nous nepouvons pas accepter que 25 % de jeunesde moins de 25 ans soient au chmage enEurope. Quune gnration soit sacrie. Ilaut mobiliser tous les moyens pour que la garantie jeunes soit mise en uvre.Le matre mot ace la crise, cest lasolidarit. Il aut donc intensier lalutte contre lvasion scale. Ces ondsreprsentent 1 000 milliards deuros. Nousproposons que la taxe sur les transactionsnancires soit aecte principalement aunancement des projets europens, pour

nancer lconomie relle et la relance.LEurope a besoin dun vrai budget. Nousallons nous battre pour obtenir un budget la hauteur de nos ambitions communes,pour continuer aire vivre la solidarit.

Pour travailler la rorientation delEurope, il aut un Parti socialiste qui soitcohrent, uni, oensi, et qui travaille avecses partenaires. Le orum des progressistesest un temps ort. Il y a le Conseileuropen de la n du mois, le prsidentde la Rpublique doit se sentir pleinementsoutenu dans toutes les initiatives quila prises pour rorienter lEurope dans lesens de la croissance mais aussi pour uneEurope qui soit beaucoup plus sociale etplus solidaire. Et puis il y a les lections auParlement europen de lanne prochaine.On ne va pas laisser les anti-europens

conduire le dbat des lections. Il aut queles pro-europens, qui veulent une Europeplus solidaire, plus oensive, qui cre delemploi et en particulier pour les jeunes, serassemblent et quils soient orts parce queles Europens et la France en ont besoin.

Harlem Dsir Jean-MarcAyrault

FORUM DES PROGRESSISTES EUROPENS


4/404


5/405

INTERVENTIONSRetrouvez l'intgralit du texte adopt surparti-socialiste.fr/articles/texte-de-la-convention-nationale-notre-europe


6/406

Harlem Dsir

Chers amis, cherscamarades,

Nous avons eu hierle plaisir daccueillir noscamarades de toute lEurope.Aujourdhui nous tenonsensemble lengagement prislors de notre dernier congrs Toulouse : organiser unegrande convention pour dfnirlEurope que nous voulons aceaux conservateurs et mettrecette convention au servicede la bataille que notre partidoit mener contre les droiteseuropennes aux lections demai 2014.

Je tiens avant tout vous remercier, ainsi que tous lesmilitants de notre parti, pour votre orte mobilisation, pour lesdbats riches que vous avez organiss dans vos drations, vossections, et qui ont conduit un grand nombre de militants participer au vote.

Ce vote est une belle victoire, nous devons en tre fers :

Une victoire pour notre parti nous avons relev le pari dudbat dans lunit.

Je sais, on nous reproche un peu tout et son contraire : quandnous soutenons le gouvernement, on parle de godillot, quand ondbat, on parle dindiscipline. Je crois que cest tout le contraire :cest lorsque nous sommes capables de dbattre dans lunit,mme avec des positions tranches, que nous servons le mieuxla gauche, parce que le sarkozysme est mort de son caporalismeet que nous ne erons pas la mme erreur. Je veux cet gardsaluer lesprit de responsabilit et le sens du collecti dont ontait preuve les camarades de la minorit, cest cela qui donne dela orce notre parti. Et je veux porter au nom de tout le parti lasynthse sur laquelle nous nous sommes rassembls.

Le dbat sur lEurope, sur lavenir de lEurope, les socialisteslont toujours men, parce que nous avons une passionpour lEurope.Ce sont les dbats sur la CED au dbut des annes 1950, puis surle Trait de Rome, ce sont les discussions sur le grand march,pour que le dralisme ne soit pas dvoy en libralisme, cestle rrendum de 2005 et jusqu aujourdhui le dbat europencontinue danimer la vie de notre parti.

Je crois que lintensit de nos dbats est la hauteur de cequest lEurope pour nous socialistes : un combat ardent.

Oui, ces dbats nous ont passionns, ils nous ont aussidiviss, dchirs parois. Alors, aujourdhui, je suis heureux etfer que nous soyons tous rassembls derrire ce texte et derrirele prsident de la Rpublique. Jamais nous navons t aussirassembls et mobiliss pour dendre une autre Europe : uneEurope de la croissance, de la justice sociale et du progrs durable.Cette autre Europe, cest notre Europe.

Cest donc une victoire pour le prsident de la Rpubliqueet pour la rorientation de lEurope quil a engage, et auquelnous apportons par ce texte un message clair de mobilisation etde soutien.

Une victoire pour lEurope enfn, car la voie choisie parFranois Hollande et porte par notre convention est celle duneEurope qui renoue avec le progrs, la prosprit et la confance deses peuples.

LEurope a besoin dun nouveau soue, dune nouvellevolont. LEurope a besoin de lengagement de tous les socialistes! Le rassemblement des socialistes dans notre pays et dans toutelEurope est le socle de la victoire contre les droites europennesen 2014 ! Le rassemblement des socialistes aujourdhui, ici, la Mutualit, cest le premier pas de la campagne europennede 2014 !

Je lai dj dit : je veux que notre parti soit le parti le pluseuropen de France, la pointe de la conrontation avec lesdroites europennes contre laustrit. Je veux que notre partisoit la principale arme du prsident de la Rpublique dans lerapport de orce qui loppose aux conservateurs. Je veux que lesprogressistes europens battent les libraux, les conservateurs, lesnationalistes et les xnophobes en 2014 !

Les socialistes ont uni leur histoire lhistoire de lEurope.

Comme je lai dit hier nos camarades dEurope, notre vraieamille politique, ce nest pas seulement tous les grands socialistesranais qui ont combattu pour lEurope dans notre pays, Jaurs,Blum, Delors, Mitterrand, Pierre Mauroy, que nous avons perduil y a quelques jours, et qui a ait lui aussi, en 1983, le choix

courageux de lEurope.

Notre vraie amille politique, ce sont tous les grandsprogressistes dEurope. Nous sommes tous les hritiers, par delles rontires nationales de Willy Brandt comme de JacquesDelors, de la rvolution des illets comme du Printempsde Prague.

Si tous ces grands socialistes se sont battus pour lEurope, et sinous devons aujourdhui reprendre le ambeau, cest parce quelEurope est une construction politique exceptionnelle qui plongeses racines dans un rve ancien.

Oui, lEurope, cest la Renaissance et les Lumires, cest lesonge de Victor Hugo, le cri de survie de Primo Levi, les clameursde ces emmes et de ces hommes qui ont abattu le mur de Berlin,cest la jeunesse qui se lve aujourdhui contre laustrit et cestlavenir de nos enants.

Les conservateurs ne sont la hauteur ni de lide europenneni du moment historique que nous traversons. Ils ont choupartout en Europe : ils nont pas su aire ace une crise quils ontquaggrave et ils ont ragilis le grand rve europen, dtournantlEurope de ses peuples.

Nous, socialistes, nous ne nous y rsignons pas. Nous reusons

le dlitement de lEurope. Nous voulons, nous exigeons, noustravaillons de toutes nos orces une renaissance de lEurope !

Lchec des conservateurs.Depuis vingt ans, lEurope subi de plein ouet les eets desdrglements du capitalisme mondial. Alors quelle reste lapremire puissance conomique du monde, elle est plonge dansla rcession, une crise sociale proonde, un chmage de massequi la jette dans le doute sur elle-mme. Les conservateurs ontlaiss la crise conomique se muer en une crise de la constructioneuropenne. Ils ont produit la mfance et le repli des peuples,avoris le regain des extrmismes. La crise que traverse nossocits nest pas seulement conomique et sociale. Elle est aussidmocratique et morale.

LEurope, cest une esprance que les conservateurs touentsous laustrit.

LEurope, cest un projet politique immense que lesconservateurs ont voulu rduire un grand march, et laquelle


7/407

ils veulent maintenant imposer une camisole daustrit qui laissechaque jour de nouveaux citoyens sur le bord du chemin et quirvolte les peuples.

Et orce dtre laisss sur le ct, les peuples choisissentun autre chemin, celui de lindividualisme, du populisme, dunationalisme. LEurope ne peut pas avancer coups de triqueinigs par une Troka sans lgitimit.

Cest pourquoi nous ne laisserons pas aire les conservateurs.

Il y a eu une sorte de polmique ridicule sur notre prtenduproblme avec lAllemagne Jai pourtant entendu les mmescritiques contre les conservateurs allemands par nos amis duSPD, Peer Steinbrck et Sigmar Gabriel, peu souponnables degermanophobie. Et je crois bien que notre parti a toujours t enFrance le parti de lamiti ranco-allemande.

Ce nest pas une conrontation avec une personne, encore

moins un peuple, cest une conrontation dides que nousassumons ace aux conservateurs ! Ce que nous combattons cestlaustrit parce quelle abme lEurope.

Et il aut le dire : nous navons pas seulement un problmeavec les ides conservatrices dun parti, ou dun pays.

Nous avons aussi un problme avec les ides librales auservice de la fnance du parti de M. Cameron.

Nous avons aussi un problme avec les ides xnophobes de

leur ami, le trs autoritaire Premier ministre de Hongrie M.Orban,soutenu par la droite ranaise.

Nous les combattons en Europe comme nous combattons les

drives de la droite ranaise, cest cela le dbat public europen etnous lassumons.Nous ne les laisserons pas abimer lEurope parce quelle ne leurappartient pas : elle appartient aux citoyens et aux peuplesdEurope !Face lchec des conservateurs, le destin de lEurope estdsormais entre nos mains. Nous avons le devoir de proposer uneautre perspective et de rpondre aux dfs qui sont devant nous :quelle nouvelle croissance pour plus demplois, plus de solidaritet plus de droits sociaux ? Quel nouveau modle cologique etsocial ? Quelle rgulation en Europe ?

Dans un monde dont les mutations sacclrent, nous devons

btir une Europe politique pour quelle redevienne un continent

leader, capable de gagner dans la mondialisation, de aireentendre sa voix et ses valeurs dans le monde.

Notre convention vient prolonger les initiatives communes,les grands orums progressistes, les travaux mens avec nospartis rres et le PSE depuis plusieurs mois pour donner unnouveau soue lEurope. Notre convention viendra nourrir leprogramme commun des socialistes europens pour 2014.

Notre convention sert afrmer notre ambition pour lEuropeet les moyens concrets de la mettre en uvre. Cette ambition pourlEurope, le prsident de la Rpublique la ait porter la Francedepuis le premier jour de son mandat.Franois Hollande sest engag dans le combat avec lesconservateurs pour la rorientation de lEurope et, orcede volontarisme et de tnacit, il a dj obtenu plusieursvictoires : le pacte de croissance, la taxe sur les transactionsfnancires, de nouvelles rgles de supervision bancaire, etaujourdhui, la bataille engage contre les paradis fscaux etlvasion fscale, une grande oensive ranco-allemande pourlemploi des jeunes, et lexclusion de la culture des ngociationscommerciales transatlantiques .

La vision porte par Franois Hollande repose sur trois piliers :

Une Union direncie qui permette ceux qui le souhaitentdaller plus vite et plus loin et qui place en son cur ungouvernement politique et conomique de la zone euro, pourdfnir ensemble les grandes orientations, pour la croissance,lharmonisation fscale et sociale.

Une vritable intgration solidaire pour mettre en communnos politiques, toujours plus, et dans tous les domaines, et pouraider les tats qui ont le plus de difcults.

Un budget ond sur des ressources propres et qui soit lahauteur des enjeux.

Cette vision, nous la partageons, nous la dendons, nous la

prparons. Les socialistes, comme nos amis progressistes partoutsur le continent, veulent plus dEurope quand les conservateursveulent moins dEurope. Notre Europe est une autre Europe.

Une autre Europe : notre EuropeNous avons choisi le titre de notre convention en pensant cesmots de Franois Mitterrand : Cest une uvre ormidable pournous, et plus encore pour nos enants, que dimaginer ce que serademain lEurope () Ils vivront dans une communaut tout enayant gard leur patrie () et ils en auront conquis une deuxime :lEurope, notre Europe .


8/408

Nous socialistes, notre Europe, cest une Europe de lacroissance contre laustrit.

tre europen, cest reuser la baisse des salaires, des retraites,des allocations en Irlande, en Espagne, au Portugal ! treeuropen, cest se rvolter quand laustrit mne attaquer lesinstitutions essentielles dune dmocratie, la tlvision de servicepublic comme en Grce !

Nous avons redfni les priorits de la Constructioneuropenne : la croissance, lemploi, la justice sociale. Ledsendettement est ncessaire mais dans des conditions et unrythme qui ne doivent pas contredire ces priorits. Laustritaggrave lendettement. Cest pourquoi nous proposons la rvisiondu pacte de stabilit pour dgager des marges de manuvreindispensables la relance.

Nous devons poursuivre loensive pour lemploi, premiredes priorits europennes, et redonner de la orce notreindustrie, par le soutien aux investissements de long terme, denouvelles stratgies industrielles.Pour redonner de la orce lconomie relle, il aut aussicombattre avec dtermination la fnance olle.

Pour cela, nous prnons une rgulation plus stricte des

marchs, en particulier en renorant lUnion bancaire, enintensifant la lutte contre les paradis fscaux et lvasion fscale.

Et nous nous battons aussi pour un juste change dans lamondialisation. Nous reuserons de ratifer tout trait susceptiblede porter atteinte nos intrts mais aussi notre modle socialet culturel, qui ait notre orce et notre fert !

Notre Europe, cest une Europe en mouvement, tourne verslavenir.

Mettons en uvre de grands projets communs, dans ledomaine des nergies renouvelables, du numrique, de lamobilit, de lagriculture durable. Cest l que sont les emploisde demain !

Pour cela, nous devons crer une Communaut europennede lnergie. Nous devons aussi dvelopper des fnancementsinnovants, en particulier par la Banque europennedinvestissement et lmission de project bonds , et avoriser lesinvestissements davenir, qui doivent pouvoir tre soustraits ducalcul des dfcits publics.

Oui, lEurope doit anticiper le monde de laprs-crise, le aireadvenir et non se laisser submerger par lui.

Notre Europe, cest une Europe sociale, qui protge sestravailleurs.

Etre europen, cest reuser que nos pays, nos industries,nos travailleurs soient jets dans une concurrence violente etgnralise, cest reuser les dumpings et les dlocalisations.

Construisons des changes justes, des principes de rciprocit,des rgles dharmonisation. Ayons lambition dun traitsocial europen .Engageons une convergence sociale par le haut, dendons unsalaire minimum europen, des mesures concrtes pour avoriserla mobilit et la ormation des travailleurs et pour anticiper lesreconversions industrielles et conomiques.Oui, lEurope ce nest pas tous contre tous et chacun poursoi , cest chacun solidaire de tous . Nous voulons une Europede la prosprit et du progrs pour tous. Et laquelle chacunpuisse participer.

Notre Europe, cest une Europe pleinement dmocratique.

Faisons renatre une vritable Union politique etdmocratique : en renorant le pouvoir des institutionseuropennes, et du Parlement en particulier.

Dmocratie politique mais aussi dmocratie sociale,dmocratie citoyenne. Redonnons la parole aux syndicats, lasocit civile, aux associations, aux intellectuels.

LEurope ne doit pas tre un grand ensemble indirenci,mais au contraire dans le monde daujourdhui aire de sadiversit une orce. Comme le disait Fernando Pessoa : Nousvoulons une Europe qui parle dune seule et mme voix, maisdans toutes ses langues, de toutes ses mes.

Cest le rle de notre parti de mobiliser les citoyens, en leur

aisant prendre conscience que le destin de lEurope est entreleurs mains ! Sans eux, lEurope nest rien ! Sans eux, nous neerons rien ! LEurope leur appartient !

Voil comment Franois Hollande veut rorienter lEurope !

Voil comment les socialistes veulent rorienter lEurope carcest cela lintrt de la France, des pays europens et des peuplesdu continent !

Voil ce que les socialistes, tous les socialistes rassembls,dendront ensemble pour les prochaines lections europennes !

Le courage aujourdhui, cest de rester rsolument europenet de combattre pour une autre Europe alors mme que auxyeux de beaucoup de nos concitoyens - cest difcile, surtout parceque cest difcile.

Lon Blum disait au soir de sa vie, en 1948 : L'instaurationd'une Europe unie - unie conomiquement, politiquement,socialement - est dans la tradition du socialisme international...On ne era pas les tats-Unis d'Europe sans nous .

Alors continuons de aire preuve de courage. Continuons denous battre ensemble aux cts du prsident et du gouvernement,pour une Europe en mouvement, solidaire, audacieuse et libre,une Europe qui rconcilie croissance, justice sociale et cologie,une Europe porteuse de progrs dans le monde de demain !

Vive les socialistes, vive lEurope et vive la France !


9/409

Chers amis, cherscamarades, permettez-moidabord de remercier tousceux qui ont contribu larussite de cette conventionet au rassemblement autourde ce bon texte. CatherineTrautmann, co-prsidente de laconvention, mais aussi EstelleGrelier, Jean-Louis Bianco,rapporteurs gnraux, lesrapporteurs des cinq groupes :Pervenche Bers, KarineBerger, Philip Cordery, DidierBoulaud, Jean-Marc Germain,Laurent Grand-Guillaume, AxelLemaire, Juliette Madel, Gilles

Pargneaux, Bernadette Vergnaud.Je voudrais aussi saluer le travail des porteurs damendements

nationaux : Emmanuel Maurel, Marie-Nolle Lienemann, GrardFiloche, Guillaume Balas, Zaki Ladi, Patrick Ardouin, PierreLarrouturou ou Alain Bergounioux. Une mention spcialepour les amendements nationaux Guillaume Bachelay, qui a

pouss la passion du dbat jusqu crire le texte et dposer desamendements contre.

Merci Thierry Repentin, ministre des Aaires europennes,aux parlementaires experts qui nous ont clairs et Jean-MarcAyrault, le militant de Matignon, qui a suivi nos travaux avecconfance et bienveillance. Le premier enseignement de notreconvention, cest la participation au dbat dans la ourchettehaute. Cest dire que ceux qui ont ait le pari de la dsaection onteu tort. Cela dmontre que les militants mesurent paraitementlenjeu et sont dans le soutien la politique europenne duprsident de la Rpublique. Notre Premier secrtaire HarlemDsir a donc eu raison de fxer tt la clarifcation et lambition dessocialistes en matire europenne.

Alors videmment, il y a eu tous les classiques desconventions : des maladresses, des surenchres. Et comme dansles courses cyclistes, la prparation du sprint fnal a vu les grossescylindres, les grosses quipes se mettre en route, cela a rott unpeu, mais au fnal, Habemus synthse, comme il se doit.

Ce ntait pas inespr tant les points de vue se sontrapprochs, au point quEmmanuel Maurel a d lcher ladsormais clbre ormule : La gauche du parti veut des preuvesdamour. Au cours des commissions des rsolutions, ou dans lesassembles de prsentation, le mot que jai rpt le plus souvent,le plus souvent prononc, a t : mais, camarades, cest dj

dans le texte . Nous pouvons dire que le Parti socialiste sest dotdune euro-vision. Le monde a proondment chang depuis lachute du Mur de Berlin, le systme capitalisme libral mondialisest entr dans une crise sous le double impact de la dominationdune fnance fctive, cest--dire spculative, et lmergence dunenouvelle division internationale du travail.

Si la plante nest plus domine par le monde occidental, sile dveloppement aramineux des couches moyennes dans lespays mergents pose la question de la soutenabilit du modlede croissance vorace en nergie ; si les temps modernes sontceux des crises conjointes, l'Europe droule lenvers la pelotede sa propre histoire. Nous assistons la grande rgressioneuropenne : rcession conomique, chmage de masse, perte departs de marchs, monte des gosmes nationaux, monte dunationalisme.

Pourtant, l'Europe est le continent des conqutes socialeset de ltat social. Cest un produit intrieur brut qui dpasse12 000 milliards deuros. titre comparati, la Chine en pse

4 000 milliards et le Brsil 1 500 milliards. Les mnages de l'Unioneuropenne possdent un patrimoine de plus de 50 000 milliards,dont plus de 25 000 dactis fnanciers, soit 25 ois les rserveschinoises. Le niveau de lenseignement, de lducation, dela protection sociale et sanitaire est incomparable dans lemonde. L'Europe a t aussi en pointe dans la lutte contre lerchauement climatique. Comment se ait-il quun continent quia su surmonter leondrement de lempire sovitique, certes grce lintelligence stratgique de Franois Mitterrand, comment cecontinent est-il devenu un agrgat de peuples dsunis ?

Ce nest pas l'Europe qui est en cause, encore que son modede onctionnement opaque, technocratique, produisant de lanorme nen plus fnir, sur la base de traits signs par les tats-membres, pourrait et doit tre critiqu au nom du principe decontrle par les peuples de la construction europenne.

Non, ce nest pas l'Europe qui est responsable. Ce sont lespolitiques quon y mne. Avec notre convention, le Parti socialistedevient le premier parti socialiste europen, en France. Cest leseul parti voulant construire une euro-alternative la droite. Carcest la droite qui nous a mens l o nous en sommes, cest ladroite, en France mais aussi en Europe, qui est aux commandes

depuis plus dune dcennie. Cest la droite qui a choisi par deuxois ce naurageur de l'Europe quest M. Barroso.

Comme le dit notre texte, la gestion contretemps, contrecycle, la remorque dintrts nationaux, et lectoraux courtterme, les conservateurs appliquent dans lUnion les recettesqui ont plong lensemble des peuples dans la crise. Le libre-change commercial comme talon lintrieur de nos rontires.Aujourdhui encore, la Commission Barroso veut, marche orce,nous entrer sans conditions dans un accord de libre-changetransatlantique. Il ny a pas de raison de reuser de discutertant les marchs amricains sont si souvent protgs. Mais celancessite au moins une rexion gopolitique, avec une Amriquequi se tourne vers le Pacifque et cherche assurer des arrires.Cela ncessite aussi quelques garanties conomiques. On sestprcipit sans mandat avec le Canada, et on ne sait commenten sortir.

Alors je crois que ce matin, il aut saluer la positioncourageuse et claire du gouvernement de Jean-Marc Ayrault,qui a dit, dendu devant lensemble de ses partenaires, que laFrance opposerait son veto si on incluait les biens culturels dansles ngociations. Et nous avons gagn, ce qui cadre lensembledes ngociations. Dans ce domaine, la France et le Parlementeuropen ont t lhonneur de l'Europe. Cest encore une Europe deux vitesses o pour laccord sur le libre-change, il aut airevite. Mais dans le domaine de la croissance, on a le temps, on verra

au mois de juin, la fn du mois de juin. Non seulement nousnous battrons au PSE pour aire entendre notre position, celle quiest prsente dans notre texte, mais je dendrai, si vous en tesdaccord, lide, devant le PSE, le Parti socialiste europen, duneConrence transatlantique des progressistes, regroupant partiset syndicats.

Les droites europennes se sont enermes dans une thoriequi a jet les pays dans la ruine et les peuples dans la rue. Cettethorie est assez simple : de laustrit que jaillira la croissance.

Mais derrire cette politique, il y a un projet cach desdroites europennes, quimpudemment Monsieur Cameron anonc : le grand march plutt que la solidarit. Voil o sesitue le problme en Europe. Oui, la grande controverse quenous appuyons de nos vux lors du Conseil national qui alanc le dbat, oui, la grande controverse en Europe commence.Oui, lenjeu des prochaines lections europennes, cest deuxenjeux, deux visions, deux desseins qui vont sopposer, entre lesconservateurs et les socio-dmocrates. Soit il y aura une majorit

Jean-Christophe Cambadlis


10/4010

de droite et un prsident de la Commission de droite, et cest unecontinuit qui conduira, je le pense, la catastrophe europenne ;soit nous btirons une autre majorit, une majorit progressiste,qui roriente l'Europe.

Et il y aura, au bout, un espoir. Nous sommes conscientsque ce combat majeur est historique. Il se droulera dans uneconjoncture difcile, car le douloureux redressement de laFrance suite au calamiteux bilan de la droite en France peutobscurcir lenjeu. Dans ces conditions, il aut incarner leuro-alternative, et notre texte nous en donne les moyens. Noussommes conscients aussi que la duret de la politique mene parles droites europennes provoque dgot, colre, et peut conduire un abstentionnisme de masse et la monte dun courantmultiorme anti-europen. Ce serait la paralysie. Nous ne voulonsni le maintien dune majorit de droite au Parlement, ni dunepousse nationale anti-europenne au Parlement europen, voireeurophobe. Nous ne voulons ni limmobilisme, ni la conusion.Nous voulons la rorientation, battre la droite, et aire barrage la monte des nationalismes et leurophobie. Voil ce quedveloppe notre texte.

Alors, la rorientation : le prsident de la Rpublique la

ouverte sur la base de la daite de lune des composantes duMerkosy en juin 2012. Cest ce que voulaient les Franais. Letriptyque de la rorientation est assez simple. Cest la croissanceet lemploi, lintgration solidaire et l'Europe direncie.Cest le cur de notre texte, ce sont les nouvelles priorits dessocialistes. Lintgration solidaire soppose terme terme auprojet de Monsieur Cameron dun grand march. Pas de projetsans solidarit pour la gauche, un grand march plutt que lasolidarit pour la droite sortante. L'Europe direncie sopposeaux blocages de toutes sortes, cest la mthode pour aire repartirle moteur europen, qui ne saurait se rduire au ranco-allemand,mme sil est indispensable.

L'Europe direncie, pour la gauche, l'Europe immobile pourla droite, pour les droites europennes. Alors : harmonie fscale,harmonie sociale, lancement de grands projets dinrastructuresindustrielles, technologiques, scientifques, nergtiques,comme nous avons eu la monnaie unique, lespace de Schengen,lAirbus ou la coopration renorce pour taxer les transactionsfnancires, nous voulons une nouvelle mthode de constructionqui reprenne son compte la thorie de lengrenage chre Monnet.

La croissance et lemploi, sortir l'Europe de la rcession,rduire le chmage, voil lambition des socialistes. Grands projetsindustriels et nergtiques, priorit la jeunesse, augmentationdu budget europen, trait nergtique, trait social, rguler

la fnance, gouvernement de la zone euro, juste-change,mutualisation de la dette, euro-projet, Banque europenneagissant comme les autres banques centrales, les propositionsdes socialistes ne manquent pas. Et parce que l'Europe a besoinde croissance et pas daustrit, il aut rviser, nous en sommesdaccord, le pacte de stabilit, ou linchir, en donnant la prioritcomme le demande le prsident de la Rpublique la relance et lemploi.

Mais aussi agir en aveur dune parit plus quilibre deleuro. Nous nacceptons plus que les eorts de comptitivitsoient ruins par un euro cher, et le Parti socialiste, cher Jean-Marc, demande linscription de cette question lordre du jourdu Conseil europen. Pour fnir, nous voulons europolitiser lapolitique et politiser l'Europe. Trois aits majeurs vont modiferla donne. Dabord, la prsence dun socialiste la prsidencede la Rpublique, car la prsence de Franois Hollande commeche dtat de la France donne un point dappui dans le concertconservateur des gouvernements europens. Franois Hollande est

devenu, en un an, lavocat des peuples pour la croissance contrelaustrit. Et cest un lment qui modife la donne.

Ensuite, le trait de Lisbonne ouvrant la voie un prsident dela Commission issu de la majorit parlementaire, cela politise laconstruction europenne et pousse une campagne continentale.Demain, vous allez avoir vraisemblablement, nous le souhaitons,un programme commun des sociaux-dmocrates en Europe etvous aurez un candidat la prsidence de la Commission, maisil y aura dans le parti conservateur exactement la mme chose ;chez les cologistes, exactement la mme chose, lextrmedroite, nous ne savons pas, mais srement.

Donc nous aurons une campagne, pour la premire ois, quisera une campagne continentale, une campagne europennequi intgrera videmment des problmes nationaux, nous nendoutons pas, mais qui permettra de poser le problme dunenouvelle majorit en Europe, avec un nouveau prsident de laCommission, et cest un changement historique qui est en marchedans notre continent.

Enfn, laissez-moi vous dire quil y a un dernier lment quimodife toute la donne de la construction europenne. Nous

allons assister un tournant en Allemagne. conomiquement,dabord, parce que lAllemagne a mang son pain blanc. Elle est,nous le voyons dans les chires, derrire la France, et au bord de larcession sur le plan conomique. Et ceci va tre une donne quedevra grer le prochain chancelier ou la prochaine chancelire.

Mais il y a un deuxime lment que nous devons analyser, ily aura un tournant politique. Car soit Mme Merkel sera battue,soit elle sera en coalition. En septembre, la droite allemande serasous contrainte, et cest donc nous, la France, nous, le Partisocialiste, nous, les sociaux-dmocrates europens, de choisiret de saisir notre chance historique pour desserrer ltau delaustrit, et permettre une bataille pour la croissance. Cest nous de devenir la colonne vertbrale du Parti socialiste europen,sans hgmonie, avec patience, avec pdagogie, pour que lacampagne soit clairement le dbat alternati.

Nous ne gagnerons pas les lections europennes en tantdans le mme maelstrm que lensemble des droites europennes.Nous ne gagnerons pas si nous navons pas la visibilit dunprojet qui vise rorienter la construction europenne et permettre une autre politique, une autre majorit en Europe. Ilaut tre clair, il y a un combat entre les sociaux-dmocrates etles conservateurs, il aut trs clairement fxer cet objecti : unenouvelle majorit en Europe, cest possible, cela tient 70 siges,deux siges par pays dans 28 pays, cest porte de la main.

Dans ltat actuel de lopinion europenne, lenjeu va tre :qui portera lespoir ? Et qui jouera des dsespoirs ? La conqute delespoir, dun renouveau europen, cest ce que nous commenonsaujourdhui. Nous avons dbut le combat pour la rorientation,nous sommes les seuls pouvoir limposer. LUMP, cest lesdroites europennes de Monsieur Cameron, de Madame Merkelou dOrban et des autres. Le FN, en renonant leuro, renonce rorienter l'Europe, et le Front national sera le ranc-garde, lemeilleur alli des droites europennes.

Personne dautre, en Europe, na assez de orce, de puissance,de reprsentativit pour en changer le cours. Nous sommesdonc l runis, au-del de nos divergences, avec un texte quinous rassemble et qui est incisi, robuste, capable de donner unenouvelle ligne l'Europe. Le Parti socialiste est maintenant prtpour porter le renouveau en Europe. Merci de lavoir permis.


11/4011

Chers camarades, cettesemaine restera dans noscurs militants. Elle utrythme par les hommages Pierre Mauroy, grand socialiste,grand Franais, grandEuropen. Et maintenant,voil notre rassemblementet lEurope.

Les socialistes et lEurope,

dans notre histoire, cest unehistoire soi seul, aite deconqutes et despoirs, maisaussi de dilemmes et, parois,de dsillusions. Inutile deremonter la Communaut

europenne de Dense pour le savoir ! Pierre Mauroy le savait.Voil ce quil disait propos duParti socialiste, dans son discourspour le centenaire en 2005 : tiraill entre des positions paroiscontradictoires, il sest construit dans le dbat et dans lchange() La construction europenne, si elle a souvent ait lobjet detensions au sein du Parti socialiste, reste pourtant inhrente

son identit. Il est alors ncessaire de nous rassembler, nouveau, en un parti uni .

Tout est dit : que nous aisons tous le choix de lEurope ;

que le dbat nest pas de savoir si elle doit tre notre horizoncommun, mais comment lorienter vers la croissance et lasolidarit ; que pour y uvrer, les socialistes ranais gagnenttoujours plus discuter qu se disputer.

Cest pourquoi je suis heureux qu lissue de nos dbats

des dernires semaines, nous ayons org la synthse. Je disorger dessein. Car il ny a pas dimmacule conception durassemblement mme le dimanche matin. Il y a en revanchedes artisans de lunit. Les militants, qui ont massivementapprouv le texte qui leur tait propos dans cette conventionprside par Jean-Christophe Cambadlis avec CatherineTrautmann. Les motions issues de notre congrs, qui ont pris encompte les messages adresss par les votes dans les drations.La commission des rsolutions, qui a rassembl notre penseen 14 propositions pour dbattre avec nos camarades du PSEpuis, avec eux, combattre les droites en Europe aux lectionsde mai prochain. Cette convention, cette orientation et cetteunion ont t possibles parce que le Premier secrtaire les aportes. Je veux, cher Harlem, devant notre parti, le souligner etten remercier.

Vouloir lEurope, cest vouloir la rorienter pour la sauver.

Le pralable la volont, cest la lucidit. Si lEurope utilisait sesatouts, elle serait la premire puissance de la mondialisation.Hlas, elle sacrife linvestissement dans les nouvellestechnologies, les nouvelles nergies, lducation aussi et ellerenonce trop souvent aux protections pour ses industries ouses brevets. Dans la comptition mondiale, lEurope devraitutiliser ses deux bras, lun pour innover, lautre pour protger mais voil, lEurope,cest la Vnus de Milo

Dans un monde qui bouge et qui ne nous attend pas, les

peuples savent que les solutions sont europennes et pourtantils peroivent de plus en plus lEurope comme un problme.Mais le problme, ce nest pas lEurope, ce sont les conservateurset les libraux qui lempchent daccomplir son projet, de tenirsa promesse.

Cest la droite majoritaire la Commission qui, aute de

directives contraignantes, erme les yeux sur les travailleursdtachs, mot pudique pour dire low-cost : un million et demide emmes et dhommes sont balads dun coin lautre du

continent, pour 3 6 euros de lheure, au mpris de leurdignit et au dtriment de flires productives entires. Contrele dumping et les dlocalisations, nous voulons la convergencesociale et lharmonisation fscale.

Cest la droite majoritaire au Conseil qui regarde en lair

quand le Premier ministre grec coupe la tlvision et la radiopubliques au moti que la Troka exige des conomies. Fairedes conomies sur le compte du pluralisme et de linormation,cest croire quon peut aire lconomie de la dmocratie ! Lespeuples ne lacceptent pas et nous non plus. Cest pourquoi nousdonnerons la priorit au renorcement des droits des Europens.

La droite nen rate pas une ! Cette semaine encore,

alors que le Parlement europen votait une rsolution surles investissements sociaux, la majorit PPE dposait desamendements visant rduire de moiti les onds pour lemploides jeunes !

En Europe aussi, pour changer de politique, il aut changer

de majorit politique. Cest lenjeu du scrutin europen demai 2014.

Nayons pas peur, comme disait hier Jacques Delors. Etdabord, de politiser lEurope, de dire aux citoyens : il y a deuxchemins, ou plutt il y a un chemin solidaire et une impasseaustritaire. En mai 2014, il y aura deux options : conservatriceou rgulatrice. Dans ce contexte, ne nous excusons jamaisdtre socialistes.

Faire de la politique, cest aussi rappeler que la souverainet

appartient aux citoyens et pas aux techniciens. Le Che de ltata bien ait de le rappeler la Commission.

Enfn, distinguons ce qui relve des tats et ce qui incombe

lEurope. Chaque pays doit apporter sa orce lensembleeuropen : en redressant ses comptes publics et en musclant sonappareil producti. Ne demandons pas lEurope de aire ce quenous avons aire et que nous aisons avec le gouvernementde Jean-Marc Ayrault. Ce quon attend de lEurope, cest quellesoutienne ces eorts en tenant compte de la conjoncture etquelle engage une stratgie de relance bre quelle soit linitiative et non pas rtive, encore moins punitive. Quant lAllemagne, elle doit davantage stimuler linvestissementpublic et priv chez elle afn de contribuer au redmarrage ducontinent. Cest son df, cest aussi son intrt.

Mes camarades, pour 2013, 2014 et les annes qui suivent,

le mot dordre est simple : la droite a verrouill lEurope, nousvoulons la dverrouiller.

Guillaume Bachelay


12/4012

Mes chers camarades,cher Jean-Marc, cher Harlem,cher Jean-Christophe, cherLaurent Fabius et cherstous, rien ne serait pire cematin quune conventionnombriliste, socialisto-centre.Si nous voulons que le messagede cette Convention intresseun tant soit peu les Franais,je pense quil est inutile dereaire le flm des derniersjours de son droulement, unpeu heurt, il est vrai.

Mais je me bornerai donc remercier dabord tous les

militants socialistes qui se sont dplacs loccasion de cetteconvention, en dpit dun contexte peu avorable. Et puis biensr, jaurai un mot pour les nombreux, trs nombreux militantsqui ont vot pour les amendements que nous avons dposs.Je dis nous , motion 3, mais je dis nous aussi pour lesamendements communs avec Un monde davance.

Nous avons constat avec satisaction laspiration majoritairedes socialistes une autre Europe, laspiration majoritaire dessocialistes pour que la social-dmocratie soit enfn loensive,laspiration majoritaire des militants pour que les sociaux-dmocrates ne se contentent pas de belles paroles.

Pour proclamer que les lendemains vont chanter, quel'Europe sociale est devant nous, nous sommes trs orts, maisvous tes comme moi, vous le savez, les gens attendent denous non seulement de belles paroles, mais surtout des actes.Passons des paroles aux actes ! Cela doit tre le message de cetteconvention, a doit tre la leon et la euille de route pour 2014.

Je crois que le texte de synthse reprend cette aspiration.Alors oui, bien sr, cest une synthse, donc un compromis. Nousnallons pas aire semblant dtre daccord sur tout, mais nousavons travaill, Jean-Christophe la dit linstant, GuillaumeBachelay galement, construire des convergences. Pourquoi ?Parce que ce qui compte, cest videmment lobjecti politique.Et quel est lobjecti politique ? Cest rorienter la constructioneuropenne. Rorienter la construction europenne avant quilne soit trop tard.

Nous navons pas le temps de laisser du temps au temps.Nous navons pas le temps, pourquoi ? Parce quil est possible,parce quil est probable que demain, au Parlement europen,

sigent dauthentiques nazis. Avons-nous le temps ? Avons-nousvraiment le temps ? Parce quil est possible que demain, auParlement europen, les partis dextrme droite rentrent enmasse. Et quand Martin Schulz disait, hier, et lui aussi a eu debelles paroles, il sest mme inspir de Cicron : Nous navonspas, nous, socialistes, la patience dattendre. Cest vrai, nousnavons pas la patience dattendre.

Nous navons pas la patience dattendre quand les politiquesdaustrit dvastent des pays entiers. Nous navons pas lapatience dattendre quand, dans le continent le plus riche dumonde, le chmage explose, des millions de travailleurs seretrouvent sans travail, on compte des millions de prcaires.Nous navons pas le temps dattendre. Nous navons pas le tempsdattendre quand des millions de retraits voient leur pensionbaisser drastiquement.

Alors il aut le sursaut. Il aut ragir. Et ce sursaut, il estaussi nourri de notre indignation. Oui, notre indignation,chers camarades, comment pouvons-nous rester indirents,

mesurs, quand nous voyons et nous constatons le martyre dupeuple grec ? Oui, jose ce mot, le martyre du peuple grec. Etnous sommes parois trop diplomates quand nous constatons leseets dsastreux des politiques daustrit. Chers camarades, jecomprends que le gouvernement soit contraint des expressionstrs contenues et dplore ce qui sest pass, par exemple pourla tlvision publique grecque. Mais nous, socialistes, nous nedevons pas seulement dplorer, il aut condamner, il audraitque nous organisions une maniestation, il audrait se battre,il audrait se dire : solidarit avec les Grecs, solidarit avec lesEspagnols, solidarit avec les Portugais, qui sourent de cespolitiques iniques ! Nous ne pouvons pas aire de lautocensure,parce que nous sommes indigns.

Alors bien sr, cette indignation, il aut lui donner undbouch politique. Et cest l le rle de la gauche europenne.La social-dmocratie a aujourdhui une responsabilit historique.Je le dirai en termes diplomatiques pour une ois, mais LaurentFabius est l, cest pour a Mais je le dirai quand mme : lasocial-dmocratie na pas toujours t la hauteur de sa tcheet de sa responsabilit. Sans revenir la fn des annes 1980,o Lionel Jospin, cher Jean-Marc, menait un combat courageuxet hroque ace aux errements de Schrder et de Blair Vous

vous souvenez ? Certains sen souviennent ici. Oui, ctait uncombat courageux. Sans revenir cette priode, je pense quenous devons reconnatre que la social-dmocratie a ait bien deserreurs ; et sest parois illustre par son incapacit rpondre,parois mme par son manque de volont rpondre.

Et si nous voulons tre crdibles, si nous voulons clairementincarner une alternative, alors oui, nous devons aussi dire lasocial-dmocratie : il est temps de passer une autre tape. Letemps du sursaut est venu. Nous sommes crdibles pour porterune alternative parce que nous sommes europens, parce quenous, socialistes et sociaux-dmocrates, cette Europe, nouslavons rve, nous lavons voulue, nous lavons construite.

Mais en mme temps, il aut tre clair sur le message.Il aut dsigner les adversaires, il aut tre clair dans sondiscours. Rien nest pire que lindirenciation, en politique.Lindirenciation, a tue la dmocratie, mais a tue l'Europeen particulier. Rien nest pire que de laisser penser quefnalement, on se dispute sur laccessoire, mais quon estdaccord sur lessentiel.

Chers camarades, non lindirenciation, oui au clivagedroite-gauche. Mais il aut dsigner nos adversaires et ne pasavoir de pudeur pour dire que oui, aujourdhui, nos adversaires,cest Madame Merkel, cest Monsieur Barroso, qui est ce que lenoconservatisme a produit de pire, de plus mdiocre.

Voil, il aut caractriser nos adversaires, et il aut dire :posons des actes. Ne nous contentons pas de belles paroles.Parce que moi jentends ce qui est dit, et je souscris ce quadit Jean-Christophe, mais il aut poser des actes. Et cest lesens de cette rsolution en quatorze points, de ce mandat quenous donnons nos camarades au sein du PSE. Poser des actes,cest dire : nous sommes clairement pour un changement depolitique budgtaire.

Nous sommes clairement pour un changement de politiquebudgtaire : le pacte de stabilit, non seulement a ne marchepas, mais a produit les eets inverses ceux qui taientescompts. Toujours plus de dette, toujours plus de dfcit, nousne voulons pas de cette politique-l, nous portons lexigence dela relance au niveau europen, et la relance, a passe par uneaugmentation du budget. Et quand Jacques Delors hier disaittrs justement, avec impertinence, et il le peut, il a lexprienceet il a tout ce quil aut pour cela, il disait : Ils sont o, les120 milliards ? Eh bien chers camarades, nous avons quelques

Emmanuel Maurel


13/4013

mois pour les retrouver, les 120 milliards. a doit tre uneexigence pour nous, socialistes, parce que sinon, ce ne sont quedes belles paroles, ce ne sont pas des actes.

Changement de politique montaire, galement, a a tdit linstant par Guillaume, mais nous y revenons : a nestplus possible aujourdhui de laisser fler cet euro sur-valu quipnalise dramatiquement nos industries. a nest pas possiblede ne pas changer les statuts de la Banque centrale europennepour quelle puisse prter directement aux tats. Passons desparoles aux actes, demandons-le maintenant. Changement,enfn, de la politique commerciale. L'Europe se conduit unpeu comme lidiot du village plantaire. Au moment o tousles autres continents se protgent, nous sommes l dans cetteespce de dogme ridicule du libre-change gnralis, alorssoyons laques, et rejetons ce dogme qui naboutit qu une seulechose, cest pnaliser nos industries.

Sur le trait transatlantique, soyons ermes. Il y a eu une bellevictoire sur lexception culturelle, et nous la saluons. Mais, cherscamarades, soyons clairs entre nous : ce nest pas seulementla culture quil aut dendre, cest nos savoir-aire, cest nos

industries, cest notre alimentation. Alors ce combat contre letrait transatlantique, il nest pas fni, il aut le maintenir.

Voil la euille de route pour cette grande controverse quaappele de ses vux Jean-Christophe Cambadlis. Je fnis justesur un point : nous avons des lections europennes dans moinsdun an. Et si vraiment nous croyons ce que nous disons,si vraiment nous pensons que lessentiel se joue l, alors neminorons pas lenjeu de ces lections au prtexte que pour unparti au pouvoir, elles ne seront de toute aon pas bonnes.

Ne minorons pas, mobilisons les militants, aisons decet enjeu un enjeu srieux, croyons ce que nous disons, nemettons pas notre drapeau dans notre poche, soyons fers denos valeurs, soyons fers de cette euille de route que nous avonsvote. Tous ensemble, nous pouvons changer l'Europe demain.Vive la gauche et vive l'Union europenne !

Chers camarades, merci.Merci tous les militantsqui ont dbattu, qui ont tprsents, qui ont construitce texte.

Merci ceux qui onttravaill dans la commissiondes rsolutions. Merci aussi auxrapporteurs, Jean-Christopheles mentionnait tout lheure,et au nom dEstelle Grelier, jevoudrais dire quils ont travailldans leur groupe vite et bien,et quils ont pos le socle de cequi est aujourdhui notre texte.Merci Jean-Marc, aux ministres

qui sont ici prsents, aux dputs, aux parlementaires europens.Votre prsence nous ait chaud au cur parce quelle prouve quevous tes toujours des militants.

Mes chers camarades, quel est lenjeu ? a a t dit, mais jeveux le redire ma manire, avec mes mots : nous voulons, et cestune ambition norme, mais nous voulons changer l'Europe. Nous

voulons changer dEurope. Et cest porte de la main, en dpitde toutes les difcults, Jean-Christophe le disait tout lheure,soixante-dix siges trouver, avec un programme commun quisoit un vrai programme commun de la gauche europenne dessocialistes, des sociaux-dmocrates, et en essayant dagrger au-delavec un candidat commun pour que demain, la Commission oreun autre visage, un visage de gauche. Cest possible, cest porte dela main.

Il en est de notre tche. Notre tche est dtre inlassablementpartout, tout le temps, les avocats de l'Europe. Les avocats del'Europe malgr les difcults, malgr le dsespoir, malgrles trahisons, parce que nous savons trs bien quil ny a pasdalternative, sinon le nationalisme, et le nationalisme, disaitFranois Mitterrand, cest la guerre. Il ny a pas dalternative, sinoncasser ce qui existe au nom de quelque chose qui ne sera que pirequaujourdhui.

LEurope nest plus un espoir, l'Europe nest plus aime, l'Europe,au mieux, est considre comme impuissante, au pire comme uncomplice acti des consquences ngatives de la mondialisation.

Nous avons donc un choix historique aire, qui ressemble, dansun autre contexte, au choix historique de Franois Mitterrand en1983. Nous voulons rester dans l'Europe parce que nous voulonschanger l'Europe.

Comment aire ? En btissant, jour aprs jour, l'Europe despeuples, et je voudrais insister l-dessus, un peu au-del du textede notre Convention. Les jumelages, les rencontres, la raternit,un programme Erasmus pour tous, un moment la tlvision olon parle de l'Europe, o lon montre comment est le monde vudes autres capitales europennes, on nest pas nous, tout seuls,Franais, se regarder le nombril. Six mois dans un autre payseuropen avant darriver au niveau du Bac. Il aut abriquer l'Europe la base, l'Europe des peuples, l'Europe de la raternit.

Et puis en rassemblant, je le disais tout lheure, toutes lesorces de progrs. Noublions pas les syndicats. Bernadette Sgoltait l hier. Noublions pas le dialogue social. Et puisque Delorsnous a tous impressionns, permettez-moi, moi qui ne suispas catholique comme lui, de dire quand mme cette phrasemagnifque : aujourdhui, le dialogue social, cest une messe, maissans la oi !

Et il y a un premier objecti, mes camarades, qui apparatpossible, ce qui naurait pas t le cas voici quelques annes, mme

quelques mois. Pour la premire ois je pense, et je pse mes mots,que nous sommes en mesure de terrasser la fnance spculative,parce que tout le monde se dresse, et je crois cette ois-ci avec unminimum de srieux, contre les paradis fscaux, contre lvasionfscale, et pour la taxe sur les transactions fnancires. a peuttre la premire victoire de la gauche europenne, et nous devonsla porter.

Et puis, cest une vidence, en dfnitive, la fn, nous avonsun objecti et un seul : aire reculer le chmage, aire reculer lechmage des jeunes, donner les moyens dune nouvelle politiquedinvestissement au niveau europen, mettre en place avec unevraie ambition la garantie jeune, avec un nouveau modle dedveloppement qui sera crateur demplois.

Faire reculer le chmage. Faire reculer le chmage des jeunes,cest le mandat que nous devons donner une majorit de gauche,et cest l-dessus que nous serons jugs par nos concitoyens etpar lHistoire.

Jean-Louis Bianco


14/4014

Chers amis, cherscamarades, cette conventiondoit tre un point de dpartpour rorienter l'Europe. Cestla mise en marche de tous lessocialistes pour une Europe, lantre, celle du progrs social,notre Europe.

Dans notre texte, nousavons dfni les objectis atteindre, nos priorits. Il nousreste dfnir les modalitspour atteindre ces objectis.Il y a urgence aller plusvite, plus loin. Les droiteseuropennes dirigent l'Europe

depuis trop longtemps, les politiques daustrit imposes par laTroka ouvrent un boulevard aux extrmismes. LHistoire nousla appris : la crise est le terreau o les ronces de lextrme droitepoussent le mieux.

Sachons nous en souvenir. Regardons la situation en ace.

La ermeture de laudiovisuel public grec doit interpellertout dmocrate. Ce dernier pisode vient se surajouter unesituation dj intolrable en Europe, o les plans daustritsenchanent et jettent des centaines de milliers de maniestantsdans les rues.

En mme temps, au Portugal, on se souvient et on ressortlillet, symbole en son temps de la lutte contre la dictaturemilitaire et aujourdhui contre celle des marchs. Nouspourrions ainsi dresser un tour dEurope de la crise sociale etde laustrit. Et il y a urgence trouver des solutions concrtes.Sinon, les personnes fniront par rejeter dfnitivement l'Europe.Pourquoi ? Parce quils la jugent responsable de leurs difcultsou incapable dy rpondre.

Des solutions existent pour entamer une lutte radicalecontre le chmage de masse : allger le fnancement de la dettepublique, lutter contre lvasion fscale et les paradis fscaux.

Dans ce contexte de crise des populismes, commentmobiliser sur le scrutin des europennes ? Un sondage rcentplace le PS en troisime position, derrire le Front national, aucoude coude avec le Front de gauche. Nous avons un cueildevant nous : la dmobilisation de llectorat socialiste. L'Europenest plus perue comme celle qui protge mais comme celle quicontraint, qui asservit, qui met les peuples genoux. Cest enproposant un bouclier social dans une Europe solidaire que nous

prserverons et amliorerons les droits et les systmes sociaux.La dense de la clause de leuropenne la plus avorise dans letexte de notre Europe est notre combat.

Cest dans lunit des progressistes que lon battra lesextrmismes, en mettant le cap vers un autre mode dedveloppement, une croissance durable. Pour cela, il aut rompreavec les anciens schmas de pense qui nous ont conduits danscette galre, contre l'Europe de laustrit, en choisissant lavoie de la dmocratie sans peur, celle qui redonne de la placeaux citoyens et non aux banques, celle qui redonne un pouvoirlgislati au Parlement, celle qui redonne leur place aux valeursde solidarit.

Comment rveiller la dmocratie menace ? En mobilisantles capacits citoyennes, en sadressant directement auxpersonnes. Il aut oser renchanter la politique par le dbat,laction collective et linnovation, et cela passe aussi par ladmocratie participative.

Pourquoi les lecteurs sintresseraient-ils la politique sila politique ne sintresse jamais eux ? Lors de la campagneprsidentielle, nous avons retrouv le chemin du porte--porte,cette mthode nous a conduits au succs. Privilgions le contactdirect avec les citoyens pour aire merger de vrais changementsau niveau des relations entre lus et citoyens.

Actuellement, beaucoup ne savent mme pas qui est leurdput europen, et encore moins ce quil ait. Il aut aussiplus de dmocratie reprsentative, avoir des rgles claires dedsignation de nos candidats ; revenir, comme la demandla motion 4, une liste nationale plutt que de garderces huit rgions artifcielles. lavenir, aller vers des listestransnationales pour une relle campagne continentale.

Dans un article rcent du Monde, un journaliste demandait :qui a envie de monter en premire ligne pour aller au casse-pipe ? Choisissons celles et ceux qui veulent vraiment sengagerpour l'Europe et qui ont dj ait preuve de leur engagementeuropen. Plusieurs amendements draux non retenus allaientdans le sens de plus de transparence.

La candidature commune pour la Commission europenne

sera une grande avance. Le programme commun des socialisteseuropens, pour nous, que nous allons rdiger ensemble, pourdmontrer lunit des progressistes, et cest ainsi ensemble quenous combattrons toutes les droites et tous les extrmismes.Pour combattre labstention et le populisme, il nous autmobiliser le peuple de gauche pour quil sexprime. Notre df,cest de lui donner envie de venir voter pour nous.

Dans cette Europe de droite, des victoires sont possibles,comme celle obtenue le 14 juin avec lexclusion de laudiovisuel,du cinma et dInternet des utures ngociations commercialesentre l'Europe et les tats-Unis. Cet pisode dmontre quela volont politique, associe la rbellion des milliers deproessionnels de la culture, a permis de contrer la volont decertains de passer outre le Parlement europen.

Il aut continuer peser pour ne pas remettre en cause noschoix de socit en matire aussi de sant, dthique, de travail,de consommation, dagriculture, de prservation de nos servicespublics, de protection des donnes personnelles.

Il aut impliquer largement les associations, les associationsde consommateurs, et les organisations syndicales. Nous lavonsvu avec la culture, cest quand des milliers de voix accompagnentle politique que lon gagne.

En conclusion, avec nos partenaires du PSE, dfnissons

les stratgies concrtes qui nous permettent davancer verscette Europe du progrs social, et noublions pas dy associerlargement les citoyennes et les citoyens. Jacques Delors nous ladit hier : nayons pas peur, nous y arriverons, fers de nos valeurset de nos symboles, que je lve ici. Nous gagnerons !

Vronique Lacoste


15/4015

Chers amis, cherscamarades, cher Jean-Marc,cher Harlem, jaimerais toutsimplement vous passerle message de la jeunessesocialiste, vous parler de magnration. Ma gnration enEurope, cest une gnrationqui ne se demande pas sioui ou non elle est pour laconstruction europenne. Sinous sommes europens ?Cest intrinsque. Cela vade soi.

Mais l'Europe, pour nous,depuis maintenant un certain

nombre dannes, quand vous avez vingt ans, vingt-cinq ans,cinq ans, cest long, et depuis 2008, cest trs long. Je pense lajeunesse grecque, je pense la jeunesse hongroise, je pense nos camarades aujourdhui en Turquie, ceux qui subissent lechmage aux quatre coins du continent. Gnration sacrife.Gnration perdue. Eet cicatrice qui ait que quand vous

rentrez sur le march du travail dans une priode de criseconomique, non seulement votre salaire est plus aible, quandvous avez un salaire, mais en plus, vous vhiculez a, vous avezcela tout au long de votre carrire.

5,5 millions de chmeurs de 18 25 ans aujourdhui enEurope, six milliards avec une garantie jeunes, cest bien, maisdix euros par jeune, par an pour sortir de la crise, cela ne mesemble pas orcment sufsant.

partir de l, je souhaite passer quatre messages.

Le premier, cest quon ne lutte pas contre le ait quil y aitplus de 25 millions de personnes au chmage en Europe avecun budget europen en baisse. Le prsident de la Rpubliquea parl mme dun budget spcifque la zone euro. Eh bien,moi, dans le texte qui est crit, et dans toutes les discussions,jai limpression quon est de plus en plus daccord, mais quandarrivent les choix tactiques, il y a des divergences.

Aujourdhui, comment ait-on ? Comment agit-on pourdire : un budget europen en baisse, non merci. Et le rle deslections europennes de 2014, cest de dterminer quel serale budget europen de sortie de crise, avec quelles ressourcespropres : la contribution climat-nergie, la taxation sur lestransactions fnancires, un impt sur les socits commun auniveau europen.

Le deuxime lment, cest quon ne sort pas dune crise enmarchant sur la tte de son voisin. Et les dbats sur la baisse ducot du travail dans un march commun, cest lquivalent desdvaluations comptitives des annes 1970 et des annes 1980.La raison mme pour laquelle nous avons ait leuro. Parce quecest un jeu somme nulle, mes chers camarades. Si la Francebaisse son cot du travail autant que la ait Schrder, nousnallons pas gagner des parts de march, parce que nous auronsle mme cot du travail. Donc la seule consquence de la baissedu cot du travail, si tout le monde le ait en mme temps,cest tout simplement que personne ne gagne et que les salarisont moins. La baisse du cot du travail, cest tout simplementun comportement de passager clandestin au sein dune zoneconomique commune, linverse de lharmonisation sociale.

Troisime lment : on ne sort pas dune crise du systmecapitaliste, dune baisse de la rpartition de la valeur ajoutequi est plus avorable au capital, davorable au travail, on nesort pas dune crise du systme capitaliste qui seondre sur

les limites de la biosphre en sattaquant aux rgimes et auxprotections sociales des salaris et des ouvriers en Europe.

Et les gros malins de la Commission europenne, je leurdis une chose. Jai bien vu et lu leurs prconisations sur laquestion des retraites, ils ont impos cela tous les pays enEurope. Quand il y a 5 millions de chmeurs, comme cest lecas en France, travailler plus longtemps, cest tout simplementpermettre de chmer plus longtemps. Travailler plus longtemps,cest soit dire aux jeunes : vous rentrerez plus tard sur le marchdu travail ; soit dire aux seniors : vous serez plus longtemps auchmage, vous aurez des dcotes plus importantes, des pensionsplus basses. Monsieur Barroso sera trs content, les pensions plusbasses vont pousser les salaris qui le peuvent, et ils ne sont pasnombreux, dvelopper des systmes par capitalisation, et cestla privatisation rampante de notre systme de protection sociale.

Quatrime lment : on ne sort pas dune crise en accentuantce qui a provoqu le mal. Et ce qui provoque le mal au niveau del'Union europenne, cest le dumping social, cest le dumpingfscal, cest le dumping environnemental. Qui peut penser quonavancera sur un SMIC en parit de pouvoir d'achat au niveaueuropen, en une harmonisation de limpt sur les socits au

niveau europen ? Sinon, on devrait le aire en mme tempsparce que nous serions dans une mme zone de libre-changeavec le reste de lAmrique du nord. Eh bien, je vous le dis, letrait, les accords de libre-change au niveau transatlantique,non seulement cest une menace sur lharmonisation sociale,mais cest surtout le cheval de Troie pour remettre sur la tablele gaz de schiste, les OGM, le bu aux hormones et labsence detoute rgle pour les droits des consommateurs.

Nous sommes le camp de l'Europe politique, nous devonstre le camp des dralistes, nous devons tre l'Europe delharmonisation sociale, fscale et environnementale. Nousdevons tre l'Europe des droits sociaux, nous devons trel'Europe de lErasmus pour tous. Cest pour cela que nousdevons aire campagne intensment. Cest ce que ont les jeunessocialistes avec leur campagne Rise Up.

Chers amis, chers camarades, si chaque ois que nousdisons que l'Europe est lchelle pertinente daction, nousdevons aussi dvelopper les moyens de militantisme, les moyensfnanciers donns au militantisme.

Si la plupart des solutions sont trouver au niveau europen,cest--dire que la plupart du temps que nous consacrons aumilitantisme doit tre consacr au militantisme europen, pouraire progresser et aire que la campagne Rise Up. Pour que lacampagne de 2014, soit victorieuse, vous pouvez compter sur

les jeunes socialistes.

Thierry Marchal-Beck


16/4016

Chers amis, cherscamarades, quel trangedestin que celui o, sur lemme continent, un peuplevoit les crans de sa tlvisionpublique steindre, ce qui apu rappeler aux plus anciensles heures sombres dunehistoire passe o laccs linormation tait restreint etcontrl ; alors quau mmemoment un autre pays se batpour dendre lexceptionculturelle et la prennit deson originalit audiovisuelle.

Jaurais pu vous parler del'Europe du Nord puisque cest l que jhabite. Mais ce nest paspar hasard que je choisis de vous parler de la Grce. La crise quitouche ce pays est plus longue et plus proonde que celle quia aect les tats-Unis pendant la grande dpression. Le paysa perdu le quart de son PIB en cinq ans, les salaires ont chutdu tiers. Un jeune sur deux est au chmage. La pauprisation

dune partie de la population est galopante, la uite des capitaux,mais aussi des cerveaux, saccentue. Les difcults des Grecsse traduisent par une rgression de leurs droits sociaux sansprcdent depuis les vingt dernires annes.

Ce que jentends parois, souvent, venu du Nord, cest :cessons de payer. Cessons de payer pour les irresponsables, lescorrompus, les voyous, ceux par qui le malheur est arriv, et quirisquent de nous entraner avec eux.

Cest oublier que nous devons beaucoup la Grce. Nouslui devons le socle de notre libert et de notre galit, ce que,il y a vingt-cinq sicles, Clisthne, puis Thmistocle, Pricls,Platon, Dmosthne, ont peu peu labor, ce mot qui existedsormais dans toutes les langues europennes : la dmocratie,le gouvernement par le peuple.

Or, il y a une certaine droite en Europe assez aveugle pourne pas voir que laisser plonger la Grce, cet t abandonnerle projet europen tout entier, cet t un chec collectimonumental. Le prsident de la Rpublique a reus larsignation, et peu peu, lide dune sortie de la Grce de la

zone euro sest impose. Et puis, peu peu sest impos lespoir,lide que la direction prise par l'Europe, le train dans lequelsont assis les Europennes et les Europens peut changer dedirection, que cette direction nest pas inluctable. Il ny a pasici de place pour une tragdie grecque, il ny a pas despacepour la atalit qui sabattrait sur des peuples impuissants. Cesttout le sens de laction du prsident de la Rpublique et despropositions des socialistes dans cette convention Europe.

Nous avons besoin dune Europe politique, cest--dire duneEurope qui rafrme la volont politique, la volont humaine.Cest un df monumental, intellectuel, qui dpasse tout ceque les autres grands projets de lhumanit ont connu, celuide raliser un intrt suprieur qui sloigne des seuls intrtsindividuels et nationaux gostes.

Mais cest un paradoxe. Alors que la crise senonce, l'Europebnfcie de moins en moins de lgitimit politique, et les tatsont de plus en plus besoin de cette lgitimit politique. Alorsquelle rponse apporter ? Cest celle de lintgration solidaire. Ilaut donner du contenu au projet politique europen.

Intgration dabord. Intgration, voil ce terme qui permet

de mettre autour de la table 27 pays qui ne sentendent pastoujours, de aire le lien entre le nord et le sud. Intgration pardes politiques communes. Nous ne voulons pas, par exemple,de dumping fscal. Non. Toute Londonienne que je suis, je neveux pas de red carpet. Vous savez, chers camarades, je veux despink carpets partout en Europe, je veux une Europe conortablesur une moquette rose, je veux une Europe des transports, desinrastructures communes, du haut dbit et du numrique pourtous. Et pour cela, il aut une Europe dmocratique, une Europecontrle par le Parlement europen, qui retrouve une marge demanuvre et une initiative lgislative.

Il aut une Europe dmocratique contrle par lesparlements nationaux, qui jouent leur rle entier, en particulierau moment de la rvision des budgets.

Franois Mitterrand disait quil ny avait pas dEurope sansla gauche et que l'Europe sera socialiste ou quelle ne serapas. Eh bien ce que vous dites par ce texte, mes chers amis,cest que le Parti socialiste sera europen ou ne sera pas. Vousavez ait ce choix, jen suis fre, cest le choix de lunit et dela responsabilit.

Axelle Lemaire


17/4017

Chers amis, cherscamarades, jaborderai deux

sujets, lun concernant lapolitique europenne delnergie, et lautre concernantson lien avec laccord de libre-change transatlantique. Lepoint 8 de la dclaration fnalevoque un nouveau modle dedveloppement, et un nouveaumodle de dveloppementpasse dabord par une nouvelletrajectoire nergtique. Leprsident de la Rpublique amis le doigt juste titre sur unsujet majeur des annes venir.Sujet majeur, dabord parce

que le rchauement climatique semballe, au-del des prvisionsles plus pessimistes. Lobjecti de contenir laugmentationdes tempratures en de de deux degrs dici la fn du sicleest dores et dj dpass. Nous sommes maintenant sur unetrajectoire qui approche les quatre degrs, et sans doute avant lafn du sicle.

En matire de drglement climatique, nous avons prislhabitude de parler des gnrations utures. Ce ne sont plus

les gnrations utures qui sont concernes. Ce sont les enantsdes plus jeunes dentre nous, et les petits-enants de ceux dema gnration. Mais les gnrations actuelles verront dj leurmode de vie boulevers. Et il aut avoir en tte que le cot dela prvention et de la rparation des catastrophes climatiquesimpactera lourdement les budgets publics au cours de ce sicle.

Il aut aussi sinterroger, quand on travaille rduirela dette, il aut avoir en tte que tous les eorts que nousaisons aujourdhui peuvent tre anantis par les dsastres dudrglement climatique. Depuis ladoption du paquet climatnergie en 2008, la politique nergtique europenne esten berne.Que ce soient les difcults du march carbone, la criseconomique et les craintes de perte de comptitivit de lindustrieeuropenne, la rticence des tats coordonner les mixnergtiques, tous ces acteurs empchent des avances relles.

Dabord, la coordination des pays qui nont pas les mmespolitiques nergtiques est indispensable pour russir latrajectoire nergtique. Il aut des objectis, des outils et des

Laurence Rossignol

Chers camarades, hier,Martin Schulz sattaquaitavec vhmence au mondede la fnance. Hier, AntonioSeguro, le prsident duParti socialiste portugais, enappelait un gouvernementconomique de la zoneeuro. Hier, Emma Reynolds,dpute du Parti travaillistebritannique, appelait plus deconvergence sociale.

Je crois, chers camarades,que jamais les socialisteseuropens nont t aussirassembls sur le ond. Que

jamais les socialistes europens, aprs tant dannes de travail encommun pour laborer une sortie de crise, ne convergent autantqu un an des prochaines lections europennes.

Et ils convergent, chers camarades, autour du projetde rorientation de lUnion europenne que porte

Franois Hollande, que porte aujourdhui le gouvernementde Jean-Marc Ayrault.

Face des annes daustrit, au repli sur soi, lgosmequont mis en place les gouvernements de droite europenneet la Commission dirige par Barroso, ce que nous proposons,cest une autre politique, base sur la croissance et lemploi, surlintgration solidaire et sur la dmocratie. Que cette politiquequi a asphyxi les peuples europens : le peuple grec, le peupleespagnol, le peuple portugais, puisse demain devenir unepolitique qui porte lintgration, qui porte la solidarit entreles peuples.

La croissance dabord, engage ds le premier Conseileuropen aprs la victoire de Franois Hollande, la bataille pourla croissance et lemploi a dj commenc et commence dj porter ses ruits. Que ce soit le pacte de croissance, la priorit lemploi des jeunes quaujourdhui, mme le gouvernementconservateur allemand accepte davoir parmi ses priorits lataxe sur les transactions fnancires, tout un paquet est l pourrorienter la politique conomique sur ce continent.

Lintgration solidaire, cest aussi notre priorit. Il nestplus tolrable aujourdhui que la solidarit soit mise mal parla concurrence fscale dloyale. Nous nous attaquons, et avecraison, la raude fscale, lexil fscal, mais cest plus loinquil aut aller, car le vrai au aujourdhui, cest loptimisationfscale lgale qui est mene par les grands groupes fnanciersnotamment. Que ce soit Google, Starbucks ou dautres, qui nepayent plus dimpt aujourdhui en Europe, ils le ont dans uncadre lgal, parce quil y a aujourdhui une concurrence fscalequi leur permet de le aire.

Cela doit tre a notre objecti de ces lections europennes,tout comme dans lintgration solidaire. Cest aussi uneharmonisation sociale, une convergence sociale au niveaueuropen. Il nest plus tolrable aujourdhui que dans lesabattoirs allemands ou dans les compagnies de travauxpublics, des travailleurs polonais, roumains, soient paysdeux, trois ou quatre euros de lheure, mettant mal tousles abattoirs ranais, belges ou allemands ; ou que noscompagnies de transport soient mises mal aussi par cetteconcurrence dloyale.

Il aut l-dessus lgirer ensemble au niveau europen avec

un salaire minimum, comme nous le proposons et comme lepropose le gouvernement dans sa lettre avec lAllemagne, maisaussi une rgle claire disant qu travail gal, nous devons avoirun salaire gal.

La rorientation, cest aussi la dmocratie, parce quil nestplus tolrable aujourdhui quun gouvernement de lUnioneuropenne puisse revoir sa Constitution comme le ait legouvernement hongrois en baouant tous les droits lmentairesdes Hongrois aujourdhui. Donc le minimum dmocratique doittre notre ondement aussi au sein de l'Union europenne.

Chers camarades, la bataille sera rude, la bataille deslections europennes dans un an, mais cest une batailleondamentale, et si nous voulons nous-mmes rorienternotre politique europenne, et donc rorienter notre politiquenationale, cest par la voie europenne et par les lectionseuropennes de 2014 que nous devrons la gagner. Nous lagagnerons ensemble, unis dans le Parti socialiste, unis danstoute la gauche et unis dans toute la gauche europenne.

Philip Cordery


18/4018

dbats. Lobjecti, cest de porter haut et ort, ce que ait djDelphine Batho au plan europen, celui de rduire de 40 % lesmissions de CO

2dici 2030.

Les moyens, cest dabord le dveloppement des rseaux etdes interconnexions, qui sont indispensables au dveloppementdes nergies renouvelables pour contourner les questionsdintermittence. On vous dit souvent : les nergies renouvelables,linconvnient, cest que cest intermittent. Oui, cest vrai. Maissi nous pensons lutilisation des nergies renouvelables au planeuropen avec des rseaux, on peut imaginer que quand il ny apas de vent en mer du Nord, il y a des vents dans la Mancha enEspagne.

Il aut rendre contraignants lhorizon 2030 les objectisdefcacit nergtique, et la France doit tre trs active dans cetteambition.

Et puis il aut un dbat. Un dbat sur la trajectoirenergtique, et en particulier sur la place des nergies ossiles. Jesais quil est tentant dobserver ce qui se passe aux tats-Unis et dese dire que nous avons l probablement des nergies bon march,pas aciles daccs mais nanmoins accessibles, qui pourraient

sortir l'Europe de la crise.

Il aut avoir en tte non pas des points de vue idologiquesports par des cologistes, mais simplement celui qui estdvelopp par lAgence europenne de lnergie ; et il ne aut

jamais perdre de vue que nous possdons, la plante possdedans son sous-sol trois cinq ois plus dnergies ossiles quelatmosphre ne peut en absorber. Donc, le sujet, cest celui durenoncement. Le renoncement est toujours difcile pour ltrehumain, mais cest lAgence europenne de lnergie qui nousinvite renoncer trois cinquimes de nos rserves nergtiques.

Enfn, aprs la discussion qui aura lieu en juillet au Parlementsur le march carbone, si les propositions portes par la Francene sont pas suivies, la question de lavenir des quotas sera unequestion pose.

Enfn, un dernier point pour nous inviter tre trs ambitieux.Cest le ait que nous accueillons en 2015 la prochaine Conrencedes partis sur le climat, ce qui nous obligera quand mme avoirnous-mmes des propositions et un bilan exemplaires.

Et dernier point, une dernire raison de mettre en place trsrapidement la Communaut europenne de lnergie tient aurisque que comporte la mise en uvre du trait transatlantique.Nous savons ce qui se passe aux tats-Unis, je lai voqu il ya un instant. Si l'Europe na pas une politique nergtiquedfnie et une trajectoire identife, elle ne pourra pas rsister

lintroduction sur notre march par les tats-Unis dnergiesossiles extrmement dgrades, trs polluantes, et nous nepourrons pas dire : non, nous ne voulons pas du charbon dgraddes tats-Unis.

Chers camarades, lEuropea longtemps incarn unepromesse de prosprit et depaix. Cette promesse a ttenue magnifquement en cequi concerne la paix, mais elleest ortement mise en questionquand il sagit de la prosprit.Avec 26 millions de chmeurs,38 % de jeunes au chmage enItalie, 56 % en Espagne, et 59 %en Grce, comment une Europeen stagnation conomiquedurable pourrait-elle garder lamme puissance de conviction ?

Les difcults que connatl'Europe sont lhritage la ois de la grande mutation du monde,

dorientations critiquables, et de trop dannes dimprvoyance. Ona laiss saaiblir nos conomies et saccumuler dettes et dfcits.LUnion sest montre souvent nave. Alors que nos concurrentsencourageaient la cration de champions mondiaux, lUnion,elle, donnait priorit la seule concurrence intra-europenne, laameuse concurrence libre et non ausse.

Ces erreurs et ces myopies se sont ajouts un vice deconstruction que nous avions, nous, socialistes, soulign ds ledpart : dun ct une monnaie unique, leuro, mais de lautre ct,des structures fnancires, budgtaires, conomiques, politiques,inadaptes pour piloter en commun nos conomies ; et uneapproche fnalement hmiplgique de la rponse la crise par laseule rduction des dfcits, l o la croissance est indispensableaussi pour librer les tats de leur dette et assurer le progrs social.

Rsultat, cela a t ort bien dit par tous les orateurs : uneuro-scepticisme croissant, conondant dune aon injuste maisredoutable, lide europenne pleinement justife, et la gestioneuropenne justement critique.

Dans ces conditions, la confance en l'Europe nest pas acile reconqurir. Et pourtant, elle est indispensable, notamment parceque confance et croissance, donc emploi, marchent ensemble.Nous demeurons pour notre part proondment attachs lambition europenne, et nous continuons aire ntre la ameuseormule de Franois Mitterrand : la France est notre patrie, l'Europeest notre avenir.

Mais nous pensons que pour que l'Europe soit relance, il autquelle soit roriente. Ctait dj larc-boutant de la campagneeuropenne prsidentielle de Franois Hollande, cest le socle dutexte de cette convention, et cest le sens de laction mene parle prsident de la Rpublique, par le Premier ministre et par legouvernement. Prcisment, depuis un an, avec mes cts lesexcellents Bernard Cazeneuve et Thierry Repentin, avec tous mesautres collgues, lquipe gouvernementale a obtenu des avancessur le plan europen, mais nous reconnaissons quelles sont encoreinsufsantes et trop peu perues par lopinion.

Le pacte europen pour la croissance et lemploi en juin 2012,les mcanismes dassistance fnancire et loctroi dune aide plusieurs partenaires en difcult, une meilleure coordination dela gouvernance conomique, des interventions bienvenues de laBanque centrale europenne, la mise en place progressive dunevritable union bancaire pour la scurit de notre conomie etcelle des pargnants, tout cela va dans le bon sens. Dernier endate, linitiative ranco-allemande constitue une avance trsintressante puisquelle place la croissance et lemploi au cur duprojet europen.

Tout cela est donc positi, les avances ont t obtenues enliaison avec le PS, avec nos groupes parlementaires de lAssemble,du Snat et du Parlement europen, tout cela doit tre salu, mais,on la soulign, amplif.

Autour de quelle priorit gouvernementale ? Cest cela que jeveux consacrer maintenant les quelques minutes de mon propos.Quelles que soient nos nuances individuelles, nous voulons tousdabord une Europe qui protge.

Laurent Fabius


19/4019

Dans la priode actuelle de grandes mutations et de crises,l'Europe doit videmment se mobiliser plus ortement encorecontre le chmage et pour lemploi. Cest le sens de la propositionrcente et orte dun vaste plan europen pour lemploi desjeunes, soutien la ormation, notamment par lapprentissage,mobilisation dErasmus pour lalternance, meilleur accs des PMEaux fnancements, en particulier de la BEI. Ce plan devrait treadopt lors du Conseil europen de la fn juin, cest--dire dansquelques jours. Il aut quil se mette en place trs rapidement. Tout lheure, je crois que cest Emmanuel Maurel qui disait : il ne autpas simplement les paroles, il aut les actes. L, cest la fn juin.

Au-del, notre projet dunion sociale doit tre relanc en aveurdune convergence des normes sociales vers le haut. La questionsera aborde lors de la deuxime grande conrence sociale, cettesemaine mme, avec Thierry Repentin. Ce renorcement de ladimension sociale est ncessaire si on veut viter le dumping lintrieur mme de l'Europe.

Notre objecti, vous le connaissez, ce sont de vritables garantiessociales et un socle minimal de droits sociaux : revenu minimum,assurance chmage, propositions qui devront tre prises dans leprogramme socialiste pour les lections europennes.

Nous voulons aussi une Europe qui protge, cest toujours lemme terme, dans ses relations avec lextrieur. Face ses grandscomptiteurs, lUnion doit promouvoir davantage ses propresintrts et ses valeurs. Cest une prise de conscience qui sopre,on le voit bien avec ce qui vient dtre dcid sur le solaire et surlacier. Nous avons dit pendant la campagne : Europe ouverte,oui, Europe oerte, non. Cela reste vrai. Nous devons marteler, etsurtout mettre en pratique ce mot dordre. Nous devons renorcerles instruments dun juste change avec nos grands partenaires.Cest le sens de notre combat, gagn depuis vendredi dernier,pour le respect de lexception culturelle. Nous avons protg dubulldozer

Documents

L'hebdo des socialistes n°702 - Spécial convention «Notre Europe»