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L'HEBDO MAROCAIN DES DÉCIDEURS www.challenge.ma SPÉCIAL MAROC - PORTUGAL Les nouvelles opportunités d'affaires défrichées P. 24 Des compétences portugaises pour des potentialités marocaines P. 25 Des liens politiques ancestraux mais limités économiquement P. 27 Interview : Son Excellence Karima Benyaich P. 29 Des partenariats stratégiques win-win P. 30 Que cherchent les entreprises portugaises au Maroc ? P. 32 Interview : José Maria Teixeira P. 34 SOMMAIRE Sponsorisé par

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>> Les nouvelles opportunités d'affaires défrichées P. 24 >>Des compétences portugaises pour des potentialités marocaines P. 25>> Des liens politiques ancestraux mais limités économiquement P. 27>> Interview : Son Excellence Karima Benyaich P. 29>> Des partenariats stratégiques win-win P. 30>> Que cherchent les entreprises portugaises au Maroc ? P. 32>> Interview : José Maria Teixeira P. 34

SoMMaIrE

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Maroc-PortugalLes nouvelles opportunités d'affaires défrichées

Des vestiges sur la côte atlan-tique -une mer dont nous partageons les rives-dans des villes comme El Jadida Ex-Mazagan ou comme

Essaouira Ex-Mogador sont là pour nous rappeler que le Portugal a été présent au Maroc, des siècles durant. Pas toujours pacifiquement, il est vrai. Ce pays a été au temps de sa gloire et en même temps que son voisin ibérique, le Conquistador qui a tenté l’aventure de la découverte des Amériques, sous la houlette de son célèbre capitaine Vasco de Gamma. Le Brésil, seul pays de l'Amérique du sud à utiliser la langue portugaise est un autre

rappel de la puissance lusitanienne pas-sée. Les dernières colonies africaines se sont émancipées et gardent des relations privilégiées avec l’ancienne métropole, n’hésitant pas à y investir.Depuis, le Portugal débarrassé de la dicta-ture s’est redimensionné et s’est réorienté vers l’Europe occidentale. Un retour à l’ordre naturel des choses, en quelque sorte. Partie intégrante de l’UE et de la zone Euros, le Portugal veille néanmoins à maintenir des relations bilatérales, pri-vilégiées avec le Maroc. Pour l'anecdote, le hasard du calendrier a fait que l’Accord de Statut Avancé du Maroc avec l’UE a été conclu dans la capitale portugaise.

Sur le plan bilatéral donc, une volonté commune d’intensifier les échanges économiques entre les deux pays se confirme. D’autant plus que dans nombre de domaines, une complémentarité béné-fique reste à concrétiser davantage dans les faits. La conférence “Maroc-Portugal: un partenariat stratégique” milite dans le même sens. Tout comme la signature récente du Mémorandum signé par les Ministres de l’Agriculture des deux pays lors du Salon de l’Agriculture de Meknès, est un autre jalon.Les organisateurs de la conférence de Lisbonne peuvent avoir des raisons d’être optimistes. n

Les relations du Maroc avec le Portugal remontent loin dans le temps et ont connu des hauts et des bas. Mais depuis, elles se sont apaisées et n’ont cessé de s’améliorer depuis l’indépendance de notre pays. DNES à Lisbonne : NorediNe el AbbAssi

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Des compétences portugaises pour des potentialités marocaines La journée d'étude Maroc Portugal a été l'occasion de rencontres à haut niveau entre les responsables gouvernementaux marocains et leurs homologues portugais. Cinq ministres des deux pays étaient présents, en plus des représentants du milieu des affaires marocains. Mais le bilan de la journée a été que les portugais recherchent avant tout des partenaires marocains pour porter leurs projets.

La conférence d’affaires Maroco-portugaise, “Maroc Portugal : un partenariat stratégique”, s’est te-nue le 17 mai dernier à Lisbonne.

Une rencontre de haut niveau qui a réuni pas moins de 200 participants lusita-niens, à l’affut des opportunités d’affaires dans un contexte économique marqué par la crise. Pour cette grand-messe des échanges entre les deux pays, deux ministres marocains, et leurs homolo-gues portugais étaient de la partie. Les conclusions de cette journée d’étude et d’échanges auront été unanimes, aussi bien pour Kamal Lahlou, PDG du groupe des Editions de la Gazette, que pour José Antonio Sralva, directeur de l’hebdo-madaire Sol : les relations économiques entre les deux pays ne correspondent nullement aux liens diplomatiques et historiques qu’ils entretiennent depuis des siècles. C’est là l’anomalie que la journée d’échanges aura révélée. Les potentialités des deux pays sont grandes, aussi bien d’un point de vue culturel et so-cial, comme le met en lumière S.E Karima Benyaich, ambassadeur du Maroc au Portugal, que du point de vue de l’histoire récente, comme le pointe Mohamed Na-bil Benabdallah, ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville en établissant une corrélation entre la ré-volution des œillets portugaise, qui a mis à bas, pacifiquement, le système politique fachiste et le printemps arabe, qui est un virage que le Maroc a amorcé avec succès, concrétisant les évolutions du système marocain tout en conservant les valeurs

dans le concert des nations, depuis le vi-rage amorcé par le règne de Lula. Ce sera sans aucun doute ce pays qui tirera la na-

Pour Sergio Monteiro, Secrétaire d'Etat aux Transports les deux pays ont des opportunités dans leurs similitudes, tout en lorgnant sur les flux de marchandises de Tanger Med.

fondamentales du pays.

Les exportations portugaises vers le Maroc trois fois supérieures Le Maroc et le Portugal sont des voisins qui s’ignoraient jusqu’à récemment. Ils se connaissent politiquement depuis des siè-cles, et leurs histoires sont inextricables. Pourtant, le berceau de la lusophonie re-garde vers ses anciennes colonies lorsqu’il s’agit d’échanges économiques. Sans aucun doute, le Brésil, la nouvelle puis-sance verte sur l’échiquier mondial ne tardera pas à prendre une place de choix

Le chiffre

5 Mrds DHC’est la valeur des exportations portugaises

vers le Maroc. Le Royaume pour sa part, n’exporte que 1,7 milliard de dirhams.

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Le Portugal en bref>> Situation géographique: Péninsule Ibérique, façade atlantique à l’ouest et frontière avec l’Espagne à l’est et au sud.>> Capitale : Lisbonne>> Langue officielle: le portugais>> Monnaie: Euro>> Régime politique : République parlementaire monocamérale>> Superficie : 92 090 Km2>> Population : 11 000 000 d’habitants environ>> Densité : 115,3 habitants au Km2>> PIB (2010) :175 milliards d’euros>> PIB par habitant : 15 300 euros>> Taux de croissance(2011) : -1,9 % (estimation 2012: -3,3%)>> Taux de chômage(2011) : 12,5% (estimation 2012: 15,5%)>> Dette publique (fin 2011): 107% du PIB>> prévision: 124% en 2012>> Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB(2010): -Agriculture: 2,7% -Industrie: 24,6% -Services: 72,7%

A noter que le Portugal, à l’instar de l’Espagne et de l’Italie, et pour faire face

aux difficultés qu’il connaît, bénéficie depuis 2011 d’une assistance financière de 78 Mds d’euros de la part de la troïka (FMI, UE, BCE). Sur cette somme 18,7Mds d’euros ont déjà été débloqués, les réformes structurelles étant déjà bien engagées.

Maroc-Portugal : les nouvelles oPPortunités d'affaires défrichéesSpécial

tion-mère, portugaise, vers le haut. C’est en tout cas là l’espoir que caressent les hommes d’affaires les plus lucides. Mais d’un autre côté, le Maroc bien plus proche attire de plus en plus des PME sur ses terres. Pourtant, les exportations portu-gaises vers le Maroc n’ont atteint que 470 millions d’euros en 2012, à peine plus de 5 milliards de dirhams. Le Royaume pour sa part, a atteint des exportations qui se montent à peine à 157 millions d’euros, soit 1,7 milliard de dirhams. Sans aucune surprise, la balance commerciale entre les deux pays penche définitivement en faveur du Portugal, qui nous fournit trois fois plus que nous ne lui apportons. En matière de valeur, le Maroc exporte des machines et équipements électriques, des hydrocarbures, des produits agricoles, du textile, des engrais et des dérivés du plastique. Malgré la qualité des échanges, le Maroc ne représente qu’1,02% des exportations portugaises, et ces échanges placent le Maroc au 13e rang des clients de son voisin. Ce dernier exporte du bois, du papier et des produits semi-finis.

L’immobilier en berne Pour Badr Kanouni, président du directoi-re du groupe Al Omrane, c’était l’occasion de faire le bilan de l’action de son groupe dans le domaine du développement de l’habitat social et pour les classes moyen-nes au Maroc. Accompagnement qui n’a guère trouvé d’échos dans la salle, si ce n’est celui d’hommes d’affaires portu-gais qui cherchent à placer leurs propres logements auprès des clients marocains. C’est que dans le pays, l’immobilier est en berne. Situation qui trouve des échos en la personne de Karim Lamrini, représen-tant de la FNBTP (Fédération natio-nale du bâtiment et des travaux publics) mandaté par Bouchaïb Benhamida pour le représenter. Au Maroc non plus, le bâti-ment souffre de la conjoncture actuelle. Mais le responsable reste optimiste, une autre bulle immobilière suivra, un nouvel emballement des prix, sur lequel des entrepreneurs pourront construire des fortunes. Le Maroc a ceci de beau, c’est un pays de cocagne, où les fortunes se bâtissent par des spéculations effrénées et que les consommateurs n’auront jamais la présence d’esprit de s’insurger contre des prix prohibitifs, supérieurs à ceux de Miami ou Montréal, mais avec une qualité de vie bien marocaine, qui arran-

gent certains, mais poussent une grande majorité à bout. Les mécontents pourront toujours s’exiler sous d’autres cieux, même si partout l’on ferme la porte au nez des maghrébins...

Portugal : la passerelle vers le Brésil Pour ce qui est du tourisme, les Maro-cains étaient plus réalistes. Le Portugal est un petit pays, et son potentiel limité. Par ailleurs, les entrées ne cessent de baisser depuis quelques années, comme le pointe Jamal Kilito, directeur général délégué de l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT). Mais pour Fouad La-hbabi, vice-président de la Fédération Na-tionale du Tourisme (FNT), les marchés à conquérir sont brésiliens. Le responsable appelle à une offre croisée, qui amènerait les touristes d’Amérique latine un peu plus loin sur leur parcours, d’Europe en Afrique du Nord, à condition d’avoir des liaisons à des prix attractifs. La balle est dans le camp de la Royal Air Maroc. Mais le phénomène est celui des Marocains qui découvrent de plus en plus la destination

lusitanienne et ce, malgré les barrières à l’entrée que sont les visas. Il va sans dire que c’est par cette rencontre entre les peuples que devront passer les politi-ques pour créer de nouvelles opportu-nités, comme le pointe Youssef Amrani, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération. Pour ce dernier, ce n’est que lorsque les peuples auront appris à se connaître que le sens des affaires des Marocains reprendra le dessus et qu’ils identifieront les opportunités à développer avec leurs homologues lusitaniens. Les hommes d’affaires du pays présents dans la salle, pour leur part, privilégient le partenariat avec des marocains. Signe des temps, le portugais compte sur des nationaux pour défricher la jungle que peut-être le monde des affaires au Maroc. M. Amrani regrettera qu’on n’encourage insuffisamment les investissements. Là encore, il y a beaucoup à faire, mais à l’évidence, les portugais croient au potentiel de développement du Maroc. Peut-être plus que les Marocains eux-mê-mes..... n

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Des liens politiques ancestraux mais limités économiquement Les relations entre le Maroc et le Portugal sont empreintes d’histoire. En deux siècles de relations, les deux pays se sont souvent affrontés sur des champs de bataille, et se sont souvent accordés pour des politiques commerciales. Mais ces traités qu’ils signent depuis deux siècles et demi ne trouvent que peu d’échos dans la sphère économique actuelle.

alors que même Madrid, apparemment plus proche, nécessite plus de temps de vol”, renchérit José Maria Texeira, président de l’Association Maroco-portugaise d’Affaires(AMPA). Mais pour M. Amrani: “il faut encore que beaucoup de choses soient faites pour faciliter les relations économiques. Le secteur bancaire, notam-ment, doit encourager ces partenariats.” Ce à quoi S.E Karima Benyaich, ambassa-deur du Maroc au Portugal ajoute : “des relations entre sept universités marocaines ont déjà été conclues avec l’Université Nova. Chaque jour, de nouvelles entreprises signent des partenariats. Mais aujourd’hui, c’est aussi à la société civile de se lier avec ce grand pays qu’est le Portugal. Aussi bien les ONG, que les partis politiques, et les syndi-cats doivent oeuvrer à renforcer ces liens. La diplomatie ne peut pas tout faire.” “Pour des raisons qu’il faut analyser, les acteurs économiques marocains ont privilégié l’Es-pagne et la France pour leurs partenariats d’affaires. Il faut aussi admettre que leurs homologues portugais sont peu agressifs sur le marché marocain. Si l’on prend l’exemple du tourisme, il est incompréhen-sible que des milliers de marocains (environ 250 000) choisissent la Costa Del Sol pour leurs vacances et que rares sont ceux qui viennent à Algarve, l’une des plus belle côtes du monde, pourtant à quelques heures de voiture”, tranche Kamal Lahlou.

Deux siècles et demi de relations diplomatiques D’un point de vue historique, on peut dater les relations officielles maroco-portugaises au XVIIIe siècle. Rappelez-vous, pendant le règne de Dom José et de Mohamed III, les pirates de Salé

"Les relations ancestrales entre le Maroc et le Portugal peuvent, et doivent trouver leur prolonge-ment dans un partenariat rénové,

enrichi, et dynamisé”. C’est en ces termes que Kamal Lahlou, PDG des Editions de la Gazette, s’est exprimé aux termes de la conclusion de la conférence tenue à Lisbonne sur le thème “Maroc Portugal : un partenariat stratégique”. Dans le même temps, le co-organisateur de l’évé-nement traduisait le regret de tous les participants quant à l’insuffisance de la traduction d’une telle qualité de relations dans le domaine économique. Pourtant, tous affichaient leur optimisme. “Le

Portugal peut se féliciter de compter parmi les rares pays à entretenir des relations décomplexées avec le Maroc” commente Paulo Portas Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères du Portugal. Pour lui, les rela-tions économiques entre les deux pays sont satisfaisantes et en croissance constante (de l’ordre de 18% par année). Elles ne peuvent que s’améliorer et nous nous en félici-tons”. Ce que Youssef Amrani confirme. Selon ce dernier, près de 200 entreprises portugaises sont installées au Maroc. Il note au passage les quelques 34 vols hebdomadaires reliant les deux pays. “Le Maroc est la destination la plus proche. Un vol Lisbonne - Rabat ne dure qu’une heure

Les Ministres des Affaires étrangères ont salué les bonnes relations diplomatiques tout en appelant à un accroissement des échanges économiques.

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écumaient les mers, avides de richesses et taillaient des croupières aux puissan-ces de l’époque. Aux forces musulmanes se joignaient des chrétiens, opposés au régime en place, qui venaient par milliers renforcer la République Pirate, le Diwan, qui marquait l’histoire de la première expérience d'ascension sociale par le mérite, la compétence et non la naissan-ce. Par ce premier traité, les marchands portugais gagnaient le droit de traverser les mers sans être inquiétés, explique Mohamed El Attar, chercheur à l’Univer-sité de Lisbonne. Mais les villes côtières marocaines qui étaient tombées entre les mains des portugais, étaient aussi autant de liens entre les deux pays. Mazagan, Azemmour, Mogador étaient des villes franches en plus des comptoirs portugais dans le Royaume. Les temps étaient diffé-rents, et les batailles se succédaient et dé-cidaient parfois du règne d’une dynastie ou de la succession d’une autre. Ce sera pendant la bataille des Trois Rois, que le Roi du Portugal, Dom Sebastian tombera à Ksar El Kébir, et signera la mise sous la coupe de l’Espagne, l’autre royaume de la péninsule ibérique. Ce sera la fin d’une

à Lisbonne, comme le rappelle S.E Karima Benyaich. “Le Maroc et le Portugal sont de grandes et vieilles nations qui ont su, à travers les siècles, tisser des liens d’une impor-tance jamais démentie. Ce destin croisé de deux pays sur deux conti-nents différents, mais géographiquement, historiquement et culturellement proches,

ne pouvait que s’inscrire dans une conti-nuité historique, jalonnée par plusieurs étapes marquantes, comme le Traité de Paix, de Navigation et de Commerce de 1774, ou encore l’ouverture d’une représen-tation diplomatique marocaine à Lisbonne en 1957. La première du monde arabe et africain. Une autre étape a été la conclu-sion d’un Traité d’Amitié, de Coopération et de Bon Voisinage, en 1994”, développe le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la coopération. Peu de pays peuvent se vanter d’une telle histoire..... n

indépendance, et déjà sonnera la glas de cette fière puissance coloniale qui avait amorcé la conquête du Nouveau Monde. Depuis, les relations s’étaient mainte-nues, et avaient repris des couleurs à la chute du régime de Salazar en place depuis les années 20. C’était la révolu-tion des oeillets, que rappelle Mohamed Najib Benabdallah, ministre de l’Habitat. Youssef Amrani rappellera les réformes entreprises par le Roi Mohammed VI, qui ont permis au Maroc d’accéder au statut avancé avec l’Union Européenne, signé

Maroc-Portugal : les nouvelles oPPortunités d'affaires défrichées

La Bataille des Trois Rois a été celle de la mort de Dom Sebastian, Roi du Portugal, et de sa mise sous la coupe espagnole.

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“La diplomatie doit être soutenue par la communauté des affaires et la classe politique”L’Ambassadeur du Maroc au Portugal fait partie de ces femmes de la génération Mohammed VI, qui ont fait leurs preuves sur la scène internationale. S.E Karima Benyaich n’a pas choisi la voie facile mais la diplomatie qui requiert non seulement la compétence, mais une forte dose de volonté et de savoir-faire. Titulaire d’un Master en Sciences Economiques de l’Université de Montréal, elle a fait carrière au Ministère des Affaires Etrangères où elle a occupé plusieurs postes de responsabilité. Elle a été distinguée à différentes reprises dans l’accomplissement de sa mission par les gouvernements français, chiliens et argentins. Elle a été nommée par sa Majesté, comme Ambassadeur du Maroc en 2008.

Son Excellence Karima Benyaich, ambassadeur du Maroc au Portugal

versitaires entre les deux pays ? KB: L’Université Nova a lancé un programme de partenariat avec 7 universités maro-caines. Cela concerne une grande palette d'Universités: Université Mohammed V, celle de Rabat Agdal, de Kéni-tra, de Meknès, de Settat, de Casablanca et de Fès.

c: Si des relais existent déjà, que prônez-vous pour développer les re-lations Maroco-portugai-ses?KB: L’action diplomatique ne suffit pas en elle-même. Elle joue un rôle de facilitateur. Elle doit être accompagnée par des ONG, des hommes d’affaires et le monde univer-sitaire. Ces différents pans de la so-ciété marocaine doivent tra-vailler ensemble pour mettre en valeur le travail entrepris, le renforcer et le vendre. Il en est bien sûr de même pour les partis politiques et les syndicats, chacun dans son domaine et en direction de ses correspondants. n

sont les relations écono-miques entre les deux pays? KB: Les exportations des entreprises portugaises vers le Maroc, sont en croissance constante, de l’ordre de 19% par an. Le nombre de tou-ristes marocains vers le pays augmente de jour en jour, mais commercialement, cela ne reflète pas la proximité géographique de nos deux pays. La balle est dans le camp des opérateurs écono-miques. Il leur appartient de rechercher des opportunités d’affaires, de les réaliser.

c: Que préconisez-vous pour renforcer les échan-ges entre nos deux pays ? KB: Il faut travailler plus, dans un cadre bilatéral. D’autant plus que les entre-preneurs portugais sont à la recherche de partenaires marocains pour s’implanter dans le pays et développer des affaires avec le Royaume.

c: Qu’en est-il des pro-grammes éducatifs com-muns et d’échanges uni-

challenge : Même si le portugal est un pays voi-sin, il reste absent de la scène politique interna-tionale marocaine. com-ment qualifiez-vous les relations entre le Maroc et le portugal ? S.E Karima Benyaich : Les relations entre le Maroc et le Portugal ont toujours été bonnes. Les deux pays ont signé pas moins de 94 traités d’amitié, de coopération et de bon voisinage. Onze réunions se sont tenues à Lisbonne, et peu de pays ont eu autant de rencontres de haut niveau. Ces relations sont toujours au beau fixe sans discontinuer. On peut considérer le Portu-gal comme un pays voisin et ami. C’est un fait avéré. Le statut avancé du Maroc avec l’Union Européenne a été signé à Lisbonne. Nos politi-ques sont synchronisés. Et ce, quelle que soit la couleur du gouvernement en place.

c: pourquoi une confé-rence maroco-portugaise sur les axes stratégiques communs, puisque les relations sont si bonnes ? KB : Notre proximité géogra-phique, comme nos relations bilatérales, sans nuages ne se traduisent pas en échanges humains et économiques. Nous devons être plus am-bitieux dans ce domaine, d’autant plus qu’aujourd’hui, le pays est engagé dans de grands chantiers, sous l’im-pulsion de sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le Portugal a un grand savoir-faire dans beaucoup de do-maines qui nous intéressent. Cette conférence est d’autant plus importante qu’il faut des ponts entre nos deux pays, économiques plus que politi-ques. Il faut matérialiser les bonnes relations que nous entrete-nons par des échanges com-merciaux et un partenariat économique renforcé. c: Justement, comment

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Tourisme, habitat, BTP Des partenariats stratégiques win-win Autant le Maroc est une porte d’entrée pour l’Afrique de l’Ouest, le Portugal l’est pour le monde lusophone. La grande ambition des Marocains se porte vers la future superpuissance qu’est le Brésil, en plus de pays riches comme l’Angola et le Mozambique. D’un point de vue économique, les deux pays ont tout à gagner à travailler ensemble : le Maroc en retour d’expérience et d’expertise dans le domaine de l’habitat et du BTP, le Portugal en termes d’investissements dans un pays riche en potentialités.

La conférence “Maroc-Portugal un partenariat stratégique” était l’occasion d’aborder les syner-gies possibles sur des questions

d’habitat, de BTP et de Tourisme. Pour Jamal Kilito, directeur délégué de l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT), le marché portugais est, en lui même, un marché restreint. Ainsi, selon l’Office, les lusitaniens ne représentent à eux seuls que 70 000 touristes en année normale, en progression annuelle de 16% pour la période allant de 2005 à 2011. “Ces bons résultats auraient pu être meilleurs si, dès le départ, les compagnies aériennes avaient mis les moyens pour desservir cette destination,” regrette cependant Abdel-latif Achachi, directeur de la délégation de l’ONMT au Portugal. Cependant, le Maroc est rapidement devenu une desti-nation phare grâce au projet de Saïdia. Il va sans dire que cette montée en puis-sance du Maroc s’est rétractée suite à la crise. En effet, le gouvernement portugais a alors pris des mesures d’austérité qui ont conduit à la suppression des allo-cations de vacances et des subsides de Noël. Concrètement, cela correspond à la suppression du treizième et du quator-zième mois, baisse de revenus qui grèvent d’autant la consommation des ménages que leur capacité à voyager. Mais d’un point de vue plus factuel, le Portugal ne compte que 1,6 million de touristes qui quittent le pays (outgoing), ce qui en soi limite le marché du tourisme portugais. “Le vrai potentiel du Portugal est de servir de plateforme d’appel pour les clients brési-liens et ceux d’Amérique latine en général. C’est pourquoi nous appelons les responsa-bles à travailler sur des offres jointes entre

le Portugal et le Brésil. Ces derniers font un long et coûteux voyage qu’ils sont peu sus-ceptibles de recommencer prochainement. D’où l’intérêt de leur proposer de visiter les paysages du Maroc et d’aller un peu plus loin dans leur visite,” suggère Fouad Lahbabi, vice-président de la Fédération Nationale du Tourisme.

Les échanges touristiques penchent en faveur du Maroc Mais Jamal Kilito, directeur général de l’ONMT, ne partage pas ce point de vue. “Le marché brésilien ne représente que 15 000 touristes. Même si à terme, nous comptons séduire 20 à 25 000 ressortissants de la puissance verte, il ne pourra jamais atteindre des chiffres conséquents. Par contre, le type de coopération que nous pouvons développer entre le Portu-gal et le Maroc ferait de ce dernier la porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest, et également vers l’Afrique lusophone, vers des pays comme l’Angola ou le Mozambique.” par exemple. Mais le Brésil n’est pas un marché qui est laissé pour compte. “En quatre ans, le pays a développé sa classe moyenne qui est passée à 20 millions de personnes. 40 000 ont surclassé leur apparte-nance socioprofessionnelle de deux à trois crans. Ce sont d’autant plus de clients potentiels,” explique M. Achachi. Sans langue de bois, Jamal Kilito a d’ores et déjà une vision stratégique : il faut faire de nos pays des business hubs qui communiquent entre eux afin de contrecarrer la conjoncture écono-

mique défavorable.” Du reste, les prévisions sont déjà revues à la hausse. Ce ne sont pas moins de 200.000 touristes portugais que l’Office compte capter à terme, soit un triplement des flux actuels de touristes. Pour les responsables de l’ONMT, il faut suivre l’exemple de la Turquie qui a su saisir la balle au bond et qui a quintuplé ses flux de touristes grâce à Turkish Airlines qui est passée d’un vol hebdomadaire à neuf en 2013. L’autre phénomène que met en relief Adolfo Nunes, secrétaire général portugais du Tourisme, est que les flux de tourisme sont en faveur du Maroc. “Nous

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Jamal Kilito, DG de l'ONMT a rappelé l'attractivité du Maroc en matière de tourisme pour les lusophones.

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n’avons enregistré que 57 000 nuitées de marocains dans le pays. Ce qui est peu. D’autant plus que le produit portugais est attractif pour les Marocains,” regrette-t-il.

Le cheval de bataille du tourisme portugais : la santé et le bien-être L’occasion de poser la question de la principale barrière au tourisme maro-cain: l’obtention des visas. Ce que Paula Santos, administratrice de Off road travel et Viva Marrocos dé-nonce: “les services de l’ambassade sont trop tatillons, et parfois même insultants. J’ai des clients qui se sont sentis brimés lorsqu’ils sont venus demander un visa. A tel point, que certains Marocains préfèrent s’adresser aux espagnols, qui sont plus courtois et efficaces. Je suis portugaise et voudrais faire découvrir mon pays aux autres, mais les procédures sont

trop compliquées. En outre, il n’y a pas de représentation consulaire à Casablanca, qui représente 80% des flux”, tempête-t-elle. Ce à quoi M. Nunes répond: “nous allons accélérer les procédures d’obtention du visa, mais le régime est dicté par l’Union Européenne. Nous travaillons actuellement sur ce problème.”Par ailleurs, il pointe un travail de pro-motion à faire pour développer le produit Portugal au Maroc. Autre axe stratégique sur lequel travaille le responsable: le

tourisme de santé. Il admet ouvertement travailler sur une offre médicale dans le pays. “Nous sommes en train de développer une offre intéressante pour que les Marocains viennent se soigner dans notre pays. Bien sûr, cela pas-se par des partenariats avec les compagnies d’assurances, et nous voulons proposer des packs de séjours de soins et de convalescence dans le pays”, avance le

secrétaire général du tourisme. Ce n’est là qu’un des produits que le Portugal est en train de développer pour séduire le client marocain. Prochainement, les produits proposés seront des séjours de bien-être, de tourisme balnéaire, de tourisme cultu-rel et de croisières. L’offre portugaise s’adapte, la marocaine se développe, et sur ce volet au moins, les échanges sont bien avancés.

L’habitat et le BTP marocain peuvent profiter des compétences portugaises L’autre point que la journée d’échange qui a été soulevé concerne le Maroc en tant que pays en chantier. Les entrepri-ses portugaises doivent avoir leur place dans l’accompagnement de ces chantiers structurants. C’est là la profession de foi de Badr Kanouni, président du directoire du groupe Al Omrane. A cette occasion, il a réaffirmé la volonté du groupe de coopérer avec les entreprises portugaises et de profiter de leur expertise aussi bien dans le bâtiment, que dans le domaine de l’environnement et celui du développe-ment durable. Pour lui, c’est une manière de profiter du retour d’expérience du pays dans l’efficacité énergétique, dans la gestion de l’eau et des déchets solides et liquides. Pour Mohamed Nabil Benabdal-lah, le secteur de la construction et des travaux publics crée non seulement des emplois, mais attire également des inves-tissements directs étrangers au Maroc. Sa contribution au PIB ne cesse d’augmen-ter, a-t-il ajouté, tout en notant que les relations entre les deux pays enregistrent une croissance soutenue. Ce à quoi son homologue, le secrétaire général portu-gais aux travaux publics, aux transports et à la communication, Sergio Monteiro a ajouté que son pays avait besoin de pays amis comme le Maroc, qui disposent de tous les atouts pour l’implantation d’en-treprises portugaises. Au delà de l’intensification des échanges entre les deux pays et leur coopération dans des domaines où leur complémenta-rité n’est pas à démontrer, se profilent des objectifs bien plus ambitieux. Il s’agit en effet d’utiliser la position du Maroc qui, par ailleurs s’impose de plus en plus sur le continent africain, pour promouvoir en commun une stratégie où chacun des deux partenaires apportera sa contribu-tion. En somme, une politique gagnant / gagnant. n

Le groupe Al Omrane est prêt à coopérer avec des entreprises Portugaises et à profiter de leur expertise dans le bâtiment, l'efficacité énergétique et la gestion de l'eau et des déchets"

Pour Badr Kanouni, le Maroc

doit profiter de l'expertise lusitanienne.

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Que cherchent les entreprises portugaises au Maroc ?Les entreprises portugaises se sentent bien au Maroc. Outre la stabilité politique, les incitations fiscales et foncières sont les points forts du Maroc. Mais dans ce paysage où l’Etat fait tout pour faciliter les investissements directs à l’étranger, on regrette, comme beaucoup d’entreprises, des lenteurs administratives, la barrière de la langue, et un réseau d’affaires résolument francophone ou hispanophone.

"Notre parcours au Maroc nous permet d'envisager l'avenir de ce marché avec un certain optimisme. En plus d'être un marché politi-

quement et socialement stable, l'économie marocaine est l’économie émergente la plus proche du Portugal », souligne Joao Ferreira, directeur général de Cassais Maroc. Implantée au Maroc depuis 2007, cette filiale éponyme du groupe portugais de BTP a multiplié les marchés dans le royaume avec dernièrement, la construc-tion du 86e hôtel de la prestigieuse enseigne de tourisme « Four Seasons » à Marrakech (un investissement de 160 millions d’euros) et la rénovation des murs enterrés et la fondation de l’hôtel la Mamounia de la cité ocre.Il faut dire que le recours systématique aux appels d'offres internationaux a favorisé l'introduction sur le marché marocain d'entreprises portugaises de BTP. Cette arrivée a été accélérée par une nette augmentation des investissements dans le secteur des BTP au Maroc au cours de ces dernières années. Le rythme des appels d'offres lancés par les pouvoirs publics pour les gros contrats a également augmenté. Désormais, les entreprises portugaises surveillent systématiquement les projets locaux. « Le recours au finance-ment de type concessionnel est un facteur ayant permis aux entreprises lusitaniennes de s'imposer et de pénétrer aisément le marché marocain », analyse cet opérateur marocain du secteur du BTP. La réali-sation du tronçon d’autoroute à Fnideq et la construction de 30 km d’autoroute entre Fès et Taza, pour un total de 122 millions d’euros par Lena Maroc, filiale de Grupo Lena Construções en est un exemple. Idem pour le groupe Efacec qui a réalisé la mini centrale hydroélectrique

d’Ait Messaoud, dans la Province de Beni Mellal. Ce contrat visant la réalisation « clef en main » des installations électri-ques de cette mini centrale a été adjugé par l’ONEE.Aujourd’hui, rares sont les segments du BTP où les entreprises portugaises ne sont pas présentes au Maroc. Même dans le secteur cimentier, les portugais y sont présents depuis 1996 à travers le groupe Cimpor avec sa filiale Asment Témara. Depuis, le cimentier lusitanien a non seulement augmenté au fil des années la capacité de ses unités de production, mais a créé également la Société Bétocim, spécialisée dans le béton prêt à l'emploi.Avec la multiplica-tion des chantiers de BTP dans le royaume, l’ingé-nierie a fini par attirer les opéra-teurs lusitaniens. La société Tabique SGPS, spécialisée dans l’ingénierie en génie civil dans le secteur de l’infrastructure et les grands complexes d’habitation et l’énergie, s’est installée à Casablanca, il y a quelques mois, en y créant sa filiale Tabique Maroc. L’immobilier n’est pas en reste, avec le groupe de maîtrise d’œuvre Edificadora Luz & Alves qui a récemment porté à 6 millions de DH le capital de sa jeune fi-liale marocaine, Luz & Alves Maroc sise à Témara. Il vient de boucler la réalisation d’un complexe résidentiel de 504 appar-tements à Kénitra. L’immobilier profes-sionnel intéresse également les sociétés portugaises. C’est le cas de Sonae Sierra, spécialisée dans la gestion des centres commerciaux, et qui a signé en septem-

bre dernier avec Marjane Holding, un deuxième contrat portant sur la gestion du développement d’un centre commer-cial à Casablanca, après des travaux de rénovation et d’extension. Avec leurs homologues marocains, il arrive aussi souvent que les opérateurs montent des entreprises communes, comme c’est le cas entre Cobermetal, une société portugaise avec 15 ans d’expé-rience dans la fabrication et le montage de couvertures métalliques autoportan-tes, et Longofer, une PME locale avec 20 années d’expérience dans le domaine du profilage et la fabrication des tubes soudés. Elles ont créé en 2001 Couverme-

tal, basée à Casa-blanca et spécialisée dans la fabrication et le montage des couvertures métal-liques autoportan-tes, des structures métalliques et tôles profilées. « Nos principaux clients sont les industriels,

la logistique et le ministère de l’Equipement et celui des Sports. Nous avons réalisé au Maroc plus de 1 500 000 m2 de bâtiments couverts. Nous employons actuellement 75 personnes, dont 15 cadres », explique Pedro Martinho, directeur général de Couvermetal.Le Royaume, flanqué de son Plan Maroc Vert, n’est pas sans attirer les investis-seurs lusitaniens en quête d’expansion internationale. Ce n’est pas un hasard si la coopération entre les deux pays dans le domaine agricole est en passe d'être redynamisée. Un mémorandum d'entente a été en marge du Salon international de l'agriculture au Maroc (SIAM) en avril

Le chiffre

1000C’est le nombre d’entreprises portugaises qui

désirent s’implanter au Maroc

Maroc-Portugal : les nouvelles oPPortunités d'affaires défrichéesSpécial

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dernier. L’agroalimentaire, le dévelop-pement de l’espace rural et des zones de montagne, ainsi que la valorisation des produits du terroir seront les principaux domaines à soutenir par le Portugal. En plus du renforcement des capacités de production, ce mémorandum vise le développement de l’innovation et de la recherche, de la formation technique professionnelle, ainsi que de l’enseigne-ment supérieur agricole. En attendant cette concrétisation, le groupe SOVENA, qui contrôle 75 % du marché des huiles végétales au Portugal, a pris les devants depuis quatre ans en s’associant avec la SOMED pour investir dans l’oléiculture à travers Saprolives, la première implanta-tion du groupe lusitanien en Afrique.

Des investissements ambi-tieux, mais une administration lente et pas assez polyglotteOutre l’agriculture et l’agroalimentaire,

le secteur de l’industrie pharmaceutique a accueilli Tecnimede. Aujourd’hui, ce spécialiste ibérique des médicaments génériques vient de terminer la construc-tion d’une deuxième unité de production à Casablanca pour un investissement de plus de 50 millions de DH. L’objectif du groupe pharmaceutique portugais est de faire du Royaume sa plateforme indus-trielle pour l’Afrique du nord et l’Afrique de l’ouest. C’est cette même ambition qui habite le spécialiste portugais de la logis-tique et du transport, le groupe Urbanos, s’est installé à Casablanca, il y a un peu moins de trois ans. « Urbanos a derrière elle 20 ans d'expérience dans la logistique et dans le transport express au niveau européen avec des internationalisations au Maghreb, en Angola et au Brésil. Au-delà,

le Maroc dispose d’une économie promet-teuse en constante évolution et surtout aujourd’hui, donnant le tempo aux autres pays de la région. Il est donc un passage obligé. Nous avons une bonne place actuel-lement dans le pays : nous sommes consul-tés régulièrement pour les appels d’offres et surtout nous donnons un excellent service à nos clients. Nous sommes présents sur tous les secteurs au Maroc, principalement les secteurs cosmétiques et électroniques avec un grand avantage donné à la distribu-tion », souligne Jose Maria Teixeira, PDG d’Urbanos Maroc.Le dernier opérateur de poids à lui emboi-ter le pas dans la capitale économique est certainement le groupe international de tourisme et de loisirs, Pestana, qui a élu son quartier général à Anfa Place living resort à Casablanca. Le groupe lusitanien y exploite 73 appartements parmi les 104 du complexe comme des résidences immobilières de promotion touristique (RIPT). Pestana au Maroc est actuelle-ment en négociations avancées avec trois hôtels 5 étoiles dans les villes de Marra-kech et Agadir. Le secteur des nouvelles technologies n’est pas en reste. Sur ce créneau par exemple, Open Idea, une filiale de PT Ino-vação SA, développe des services et des solutions innovantes pour le marché des télécoms et l'industrie des TIC. « Le Maroc représente un marché énorme et avec grand potentiel. En outre, nous comptons faire du Royaume notre base pour l'ensemble de l'Afrique du Nord par son emplacement privilégié et la disponibilité des ressources humaines qualifiées », précise Manuel Andrade, DG d’ Open Idea.Mais dans leur volonté d’investir toutes les branches de l’économie marocaine, les entreprises portugaises ne sont pas sans nourrir quelques craintes. Que redou-tent-ils ? Tout d'abord, les entreprises portugaises présentes au Maroc consta-tent que les procédures administratives sont compliquées. C'est là la raison pour laquelle, disent-elles, ils s'adossent à des partenaires marocains jusqu'à hauteur de 80% de parts dans le capital de leur en-treprise. Il en va ainsi pour Technimed, à travers son porte-parole, le vice-président Miguel Ruas, pour lequel leurs principa-les difficultés, lors de leurs installation ont été les lenteurs administratives. Depuis, le groupe pharmaceutique s'est adapté. C'est aussi là, ce que regrette José Maria Teixeira. Pour le président

Le BTP, notamment la construction des autoroutes, est le secteur qui attire le plus les opérateurs portugais.

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de l'Association Maroco-Portugaise des Affaires (AMPA), l'expérience marocaine des entreprises portugaises est bonne. D'autant plus que ce sont aujourd'hui des PME-PMI qui désirent s'implanter au Ma-roc. Pour lui, les incitations tant fiscales, notamment dans l'immobilier industriel, font partie des points forts du Royaume. Les ressources humaines sont également disponibles, et à un prix abordable, mais ce sont essentiellement les barrières de la langue qui posent encore des problèmes. Autre motif d'attrait du Maroc, sa stabilité politique. Les récents évènements ont prouvé la pérennité du régime, et donc une sécurité des investissements sur le territoire. Reste qu'il y a beaucoup d'op-portunités pour les entreprises portugai-ses, et pas uniquement dans le BTP et le tourisme. Cependant, les Portugais sont conscients de devoir s'adapter au pays pour y faire des affaires. C'est pourquoi, ils recherchent avant tout des partenaires pour s'y installer. C'est en tout cas là une des opportunités qu'à trouvées un homme d'affaires présent lors de la conférence: Paulo M. Ramos, PDG de Bond (building on network dynamics). Son entreprise est présente sur deux créneaux qui trouvent

des échos au Maroc. D'une part, son coeur de métier s'article autour des technologies de l'information. Tout naturellement, le Maroc présente des opportunités de déve-loppement de ses activités dans le domaine de l'offshoring. L'autre pendant de son activité concerne les solutions agroalimen-taires. Pour lui, s'implanter au Maroc n'est qu'une question de temps, mais il lui faudra auparavant trouver un partenaire fiable et solide financièrement. Pour Rita Cabral, la représentante de Vibeiras, une entreprise qui opère dans le BTP et qui a déjà décro-ché quelques contrats de paysagiste, les difficultés rencontrées sont dans l'accès aux marchés. Pour ce faire, dit-elle, il faut pou-voir s'appuyer sur un réseau, et le marché reste, si ce n'est dominé par les francopho-nes ou les Espagnols. Paolo Portas, ministre portugais aux Affai-res étrangères résume la situation comme suit: "les relations entre les deux pays sont bonnes, et les hommes d'affaires portugais conscients de l'opportunité qu'il y a à s'ins-taller au Maroc. Déjà, plus d'un millier d'en-treprises portugaises désirent s'installer". La balle est dans le camp des marocains. A eux de s'avérer des partenaires fiables et solides économiquement. n

AdAmA syllA

Nos principaux clients sont les industriels, la logistique et le ministère de l’Equipement et celui des Sports. Nous avons réalisé au Maroc plus de 1.500.000 m2 de bâtiments couverts. Nous employons actuellement 75 personnes, dont 15 cadres.

“La valeur des exportations portugaises vers le Maroc ne cesse de croître”

José Maria Teixeira, président de l'Association Maroco-Portugaise des Affaires (AMPA)

challenge : Depuis quelques temps, on assiste à une accélération de la présence portugaise au Maroc. comment expliquez-vous ce regain d’intérêt des entreprises portugaises pour le Maroc ? José Maria Teixeira : Les entrepreneurs portugais se sentent très bien au Maroc. Et les chiffres le montrent : la valeur des exportations portugaises vers le Maroc ne cesse de croître et a atteint la valeur la plus importante depuis des années. Si avant, les deux pays collaboraient surtout sur des projets de grande envergure, maintenant les PME

portugaises s’installent de plus en plus au Maroc. À mon avis, ceci est dû au fait que le Maroc présente aujourd’hui beaucoup d’opportunités pour les entreprises avec les grands investissements que le pays continue de faire dans plusieurs domaines, ainsi qu’une meilleure connaissance au Portugal sur le Maroc et son potentiel pour ceux qui veulent investir dans des projets d’internationalisation. Il faut aussi mentionner la proximité géographique entre le Maroc et le Portugal : Lisbonne est, en effet, la capitale la plus proche de Rabat, dans une ligne droite.

Pedro Martinho, DG de Couvermetal.

Maroc-Portugal : les nouvelles oPPortunités d'affaires défrichéesSpécial

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marocain et elle fait la diffusion de plusieurs informations à ceux qui veulent investir au Maroc. On travaille en collaboration étroite avec l’Ambassade du Portugal au Maroc et la délégation de l’AICEP à Rabat, pour que les hommes d’affaires portugais aient tout le soutien dont ils ont besoin.Notre but est d’aider tous ceux qui veulent investir au Maroc et ont besoin d’un réseau de contacts. Cette année, nous avons déjà mis en place une newsletter journalière et nous allons lancer une newsletter trimestrielle qui permettra à toute notre base de données de connaitre nos activités, nos membres et toute l’actualité des relations maroco-portugaises. n

PrOPOS rECUEILLIS PAr AdAmA syllA

c : contrairement aux grandes compagnies portugaises, de plus en plus de pME portugaises s’installent au Maroc dans les secteurs du BTp, du génie civil, du tourisme, de l’industrie, télécommunications, agriculture. peut-on y voir en premier lieu, un lieu direct avec la crise qui sévit au portugal ?J.M.T : La crise au Portugal est une réalité très présente pour les entreprises mais elle représente aussi une opportunité pour conquérir d’autres marchés. La proximité géographique ainsi que la stabilité économique et politique du Maroc aident les entreprises à choisir ce pays pour investir. Et comme j’ai dit, il y a beaucoup d’opportunités d’affaires au Maroc. Par ailleurs, les Portugais n’ont pas besoin d’un visa pour entrer au Maroc et il y a des vols tous les jours entre les deux pays. Je crois aussi que les Marocains connaissent l’excellent rapport qualité-prix des produits portugais et cela facilite toujours le travail des entreprises portugaises.

c: De quels outils bénéficient les entreprises portugaises pour accompagner leurs investissements ?J.M.T : Pour le moment, le renouvellement d’une ligne de crédit de la part du gouvernement Portugais pour soutenir les entreprises portugaises avec des projets d’investissement au Maroc est à l’étude. Ceci étant, il existe actuellement un fort accompagnement institutionnel de la part de l’Ambassade Portugaise et de l’AICEP (Agence pour l’investissement et commerce extérieur du Portugal) à toutes les entreprises désireuses d’investir au Maroc, afin de fournir toutes les informations et actions de soutien nécessaires.

c: Depuis 2007 également, l’aMpa a été créée. Est-elle en train de jouer le rôle d’une chambre de commerce ?J.M.T : Effectivement, depuis sa création en 2007 l’AMPA s’est positionnée comme une Chambre de commerce auprès des entreprises qui veulent renforcer les relations économiques entre le Maroc et le Portugal. Notre mission est bien celle d’une Chambre de commerce, mais des raisons purement administratives nous ont empêchés d’assumer le nom d’une

Chambre de Commerce. Notre rôle, c’est de nous rapprocher de nos membres et de la communauté des affaires afin d’aider tous ceux qui veulent investir au Maroc, ainsi que les entreprises Marocaines qui cherchent des nouvelles opportunités dans le marché Portugais c : comment l’aMpa intervient-elle pour favoriser les investissements portugais au Maroc ?J.M.T : L’AMPA a organisé, depuis sa création, plusieurs événements et actions de networking, comme les déjeuners-débats avec des personnalités marocaines et portugaises, des conférences mais aussi d’autres activités plus ludiques comme la déclinaison des opportunités d'affaires. L’association est aussi une source de know-how du marché