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L'Histoire de la Turquie - WordPress.com · 2018. 5. 10. · Mustafa Kémal Atatürk meurt 1938 et est remplacé par Ismet Inonü à la tête du pays. Ce dernier est une ancien héros

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L'Histoire de la Turquie De Atatürk à Erdogan

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Sommaire

1 / Les mesures prises par Atatürk

2 / L'opposition aux mesures kémalistes

3 / La République sans Atatürk

4 / Le retour des confréries soufies

5 / L'avènement de l'Islam politique

6 / L'Islam politique au pouvoir

7 / L’émergence des intellectuelles « musulmans » modernistes

8 / Un premier ministre islamiste

9 / La montée sociopolitique et culturelle des structures et confréries « musulmanes »

10/ L'accession au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan

11 / Les négociations en vue de l'adhésion à l'Union européenne

12 / Tensions entre laïques et islamistes lors des élections de 2007

13 / L'affaire Ergenekon

14 / Ahmet Davutoglu et la politique « zéro problèmes avec les voisins »

15 / La période de maîtrise de l'AKP

16 / L’enlisement du conflit syrien, l'isolement de la Turquie

17 / Rupture entre Recep Tayyip Erdogan et Fethullah Gülen

18 / Le coup d’État du 15 juillet 2016 et la nouvelle politique extérieure

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1 / Les mesures prises par Atatürk

Dans une société régie par l'Islam depuis des siècles, il est difficile de faire disparaître la religiondu cœur des ses adeptes. Pour neutraliser l'Islam, Mustafa Kémal Atatürk et ses partisans proposent une version moderne de l'Islam. Par cela, ils entendent un Islam soumis à la République laïque maisutilise des termes pour flatter les musulmans comme sheytan a fait miroité l'immortalité à Adam (Aleyhi Salam). En 1932, Mustafa Kémal déclare : « Une Nation sans religion est vouée à disparaître ». Pour lui, l'Islam doit-être purgé de ses éléments rétrogradent pour s'adapter à la science dites occidentale (qui nie l'existence d'Allah et qui prends l'Homme et ses passions pour divinité). Pour ce faire, les kémalistes vont invoquer l'ijtihad (effort d’interprétation du Coran et de la Sunna par les savants musulmans), pour rendre l'Islam conforme à l'idéologie démocratique et laïcarde issu de l'Occident.

Mustafa Kémal Atatürk (1881/1938)

Cette idée avait déjà germée dans la tête de Izmirli Ismaïl Hakki (originaire de Izmir/Smyrne, la ville natale de Sabbataï Tsevi) en 1915. Ce dernier rejoint la commission de la nouvelle faculté de théologie, fondée en 1924, et propose au gouvernement de rendre l'Islam scientifique, que la langue de la prière et du Coran ne soit plus l'arabe mais le turc (loi qui sera voté en 1932), que la musique soit introduite dans les mosquées et impose aux imams l'étude du chant pour rendre l'Islam plus esthétique et stimulant. Le port du tarbouch est interdit en 1925 et est remplacer pour le couvre chefeuropéen, le voile n'est pas interdit mais fortement critiqué. Le dimanche devient le jour de repos officiel à la place du vendredi, le calendrier occidental est adopté, une réforme de langue est entreprise pour purger le turc des mot d'emprunt de l'arabe, les titre de Pacha, Bey, Efendi, molla sont remplacé par « Monsieur » et « Madame ». Les savants musulmans sont ôtés de leur pouvoirs par le nouvel État Laïque et les madrassa (écoles islamique) passent sous le contrôle du ministère del’Éducation nationale avant de disparaître et les tribunaux islamiques sont fermés. L'objectif de ces réformes est d'écarter l'Islam de la vie politique et publique pour la cantonnée à la sphère privée.

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La laïcité turque ne peut être une à la laïcité française, qui sépare l’Église et l’État, dû fait que l'Islam est une religion qui englobe à la fois la sphère privée et la sphère publique. Mustafa Kémal décide de maintenir l'Islam sous contrôle en plaçant la religion sous le contrôle directe du Premier Ministre qui lui fixe une administration, un budget et des limites à ne pas dépassés. Supprimé l'Islam était inenvisageable ; prohibé pourrait le rendre dangereux mais sous contrôle, l'Islam pourrait être restreint et empêcher de jouer un rôle dans la sphère publique. Pour mené à bien ce projet, de nouvelles institutions sont mises en œuvres pour enseigné un Islam national sous contrôle étatique.

2 / L'opposition aux mesures kémalistes

En 1925, le Cheikh Saïd se révolte en mobilisant les confrérie soufies Nakchibendi et Kadiri surtout présentent en province. Mustafa Kémal prends conscience du danger des confréries soufies et la répression sera sanglante : le Cheikh Saïd sera exécuté et la loi martiale sera décrétée. En 1936, les kurdes se révoltent contre le pouvoir en place et dura 4 longues années au terme duquel 20 000 kurdes seront déportés vers d'autres régions, et l'identité kurdes sera rejetées. La Confrérie de la Vertu, qui s'emploi à créer une coalition entre tous les groupes souhaitant le retour du Calife depuis 1920, est démantelée. Mustafa Kémal décide de dissoudre officiellement toutes les confréries soufies.

A Menemen, en 1930, localité du sud-ouest de la Turquie, un officier kémaliste est assassiné par une foule conduite par un membre de la confrérie soufie Nakchibendi. Mustafa Kémal en profite pour arrêter plusieurs représentants de la confrérie alors que l'acte était isolé et ne concernait pas la confrérie. Les arrestations se poursuivront jusque dans les années 50 du fait que la confrérie ne possède pas de structure centralisée et les actions isolés de nombreux cheikh n'engagent pas la confrérie. Quant aux Cheikhs Nakchibendi les plus illustres, ils s'emploient à transmettre l'Islam en organisant des cours de Coran et anime des madrassa clandestines. Le soufisme Nakchibendi et les savants sunnites orthodoxes vont alors fusionner.

Un ancien responsable de la révolution islamique de 1909, Said Nursi (1877/1960), publie le « Livre de la Lumière » qui va répondre aux carence des livres religieux des 30 premières années dela République turque.

Said Nursi (1877/1960)

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Said Nursi sera arrêté à plusieurs reprises, notamment pour avoir participé à la révolte du Cheikh Saïd et pour avoir effectué l'appelle à la prière en arabe en 1932. Peu à peu, un groupe se forme autour de lui et ses disciples se nomment les « Élèves du Livre de la Lumière » qui prendront plus tard le nom de Nurcus (Partisans de la Lumière).Les musulmans fréquentent peu les nouvelles institutions « islamiques » du gouvernement turque et le rôle joué par les Cheikh et les disciples de Saïd Nursi seront fondamentale pour la transmission de l'Islam au sein de la société turque.

3 / La République sans Atatürk

Mustafa Kémal Atatürk meurt 1938 et est remplacé par Ismet Inonü à la tête du pays. Ce dernier est une ancien héros de la guerre d'Indépendance et Premier ministre de 1925 à 1937.

En 1945, le président Ismet Inonü, à la tête du Parti Républicain du Peuple, autorise la présentation d'autres Partis que le sien. En 1946, Celâl Bayar et Adnan Menderes fondent le parti Démocrate qui inscrit la tolérance religieuse dans son programme. Pour contrecarrer cette position, le premier ministre Chemseddin Günaltay, du Parti Républicain du Peuple alors au pouvoir, prend certaines mesures concernant l'islam : il autorise les cours de Coran, la formation d'imams et introduit des cours d'éducation religieuse en primaire pour ceux qui désire les suivre. Mais ces cours doivent-êtrerespectueux du principe de laïcité.

Ismet Inonü (1884/1973)

En 1950, le Parti Démocrate remporte les élections et son leader Celâl Bayar devient président. Il nomme Adnan Menderes premier ministre. Menderes desserra l'étau autour des musulmans en permettant l'appel à la prière en arabe, la réouverture de certains tombeaux et la circulation d'ouvrages islamique. En 1951, les cours de religion ne sont toujours pas obligatoire mais désormais

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il faut faire une demande pour en être dispensé et non plus une demande pour y assister. Les cours de religion sont introduits dans les écoles d'instituteurs. Ces mesures, en apparence favorable à un retour de l'islam, sont en fait des manœuvres politique pour contrôler l'islam et empêcher une contestation de la République laïque, déjà prôné par les musulmans les plus jaloux de leur religion. Pour Menderes, mieux vaut contrôler l'enseignement de la religion et occulter certains aspect gênantpour la République, que d'étouffer la pratique de l'islam qui finirait inévitablement en révolte. C'est pourquoi, en 1953, l’État pousse les instituteurs à sélectionner les parties de la vie du Prophète Mohammed (Sala Llahou `Aleyhi wa Salam) qui concerne l’éthique, le bon comportement, le vivre ensemble, etc... et de mettre de côté les épisodes concernant le destin, la vie de l’au-delà. Pourtant, ces questions sont au centre de la religion islamique, et la question du destin concernent les fondements de la foi musulmane, sans la bonne croyance au destin, la foi n'est pas complète. C'est le but des ennemis de l'islam, et ici de Menderes : désislamiser les musulmans étapes par étapes jusqu'à sa dissolution dans le paysage démocratico-laïque. Et pour toucher encore plus de musulman, en 1956, les cours de religions sont introduits dans l'enseignement secondaire. L'islam y est présenté comme une religion rationnelle, ce qui n'est pas la cas en réalité. Ces manœuvres n'ont pour but que de rendre l'islam compatible avec la République laïque et démocrate turque.

Le gouvernement turc met en place un programme visant à altérer la véritable compréhension de l'islam. Des écoles d'imams sont créés dans se but. Les parents qui ne souhaitent pas mettre leur enfants dans les écoles de la République optent pour les écoles d'imams et donc tombent entre les griffes des ennemis de l'islam qui veulent altérer la religion. Des musulmans voient clair dans le jeu du gouvernement et critique la prise de contrôle de l’État sur l'islam et dénonce ses dérives.

Les diplômés des écoles d'imams ne deviennent pas des imams ou des savants en science religieuse mais se dirigent vers des carrières politiques, juridiques, dans le monde des affaires et des sciences profanes. Ceci est étonnant pour celui qui pense que les écoles d'imams ont vraiment pour but de transmettre le savoir religieux. Mais pour ceux qui ont conscience des manœuvres politiques, ces orientations profanes ne sont pas étonnantes.

Jusqu'ici, l'islam turc étant en sommeil mais depuis les réformes politiques permettant à l'islam de refaire surface, l'islam turc se reconstitue mais va dans le sens voulu par l’État car l'islam turc n'entre pas en contestation avec la République mais fait le jeu de la démocratie, ce qui est contraire à l'islam. Un nouveau type de musulman naît alors : le musulman démocrate qui trouve toute sa place dans le monde démocratico-laïque.

4 / Le retour des confréries soufies

Pour survivre, les savants musulmans ont dû se fondre dans le soufismes orthodoxe jusque l'avènement de la tolérance religieuse des années 50 par le nouveau gouvernement démocrate. La confrérie soufies la plus orthodoxe du pays est la Nakchibendi, qui s'oppose à la laïcité et au réformisme religieux des kémalistes. Mais la Nakchibendi n'est la seule confrérie à refaire surface : des confrérie hétérodoxes profitent aussi de cette tolérance religieuse. Contrairement à la Nakchibendi, ces confréries sont attirés par des pratiques mystiques et philosophique bien loin de l'Islam orthodoxe.

Des statues de Mustafa Kémal Atatürk sont détruites par des musulmans orthodoxes, ce qui oblige le gouvernement de voter la loi de 1951 qui prohibe toute agressions contre les statues, photographie et tombaux d'Atatürk. Contrairement à la Nakchibendi et autres confréries orthodoxes s'opposant fondamentalement à la laïcité et à la démocratie, les Nurus cherchent simplement à faire prendre conscience de l'importance d'un retour à l'Islam et de l'adapté aux conditions du siècle. Un second courant, les Süleymancï, s'opposent à la laïcité et s'inspire de la doctrine des Nakchibendi,

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ne cherchent pas à réformé l'Islam mais négocie son soutient aux parties politiques pendant les élections.

5 / L'avènement de l'Islam politique

Cevat Rïfat Atilhan crée le premier partie politique islamique en 1945. Ce dernier a été l'auteur de plusieurs livres dirigés contre le sionisme et la franc-maçonnerie. Son partie lutta naturellement contre la laïcité mais sera dissout en 1950 suite à des résultats plus que médiocre aux élections. Il quitte son partie en 1946 et en crée un second : le Parti Conservateur Turc, qui se concentre sur la morale, l'unité turc-arabe mais sera dissout après sa création. En 1951, il crée le Parti Démocrate de l'Islam qui propose l'interdiction du communisme, de la Franc-maçonnerie et condamne la laïcité. Ce parti sera interdit l'année suivant par le premier ministre Adnan Menderes pour avoir nié le principe de laïcité. Ce dernier n'est pas franc-maçon mais est entouré de ministres et députés qui le sont. Le 27 mai 1960, Adnan Menderes est arrêté par la junte militaire et installe le général Cemal Gürsel à la tête du pays. Il est accuser d'avoir violé la Constitution et sera pendu le 17 septembre 1961.

Adnan Menderes (1899/1961)

Les alévis soutiennent le parti démocrate créer par Menderes pour son projet économique de développement des campagnes, mais une fois que le parti prends un tournant plus religieux, ils se tournent vers le parti historique de Mustafa Kémal Atatürk : le Parti républicain du peuple. Ils applaudissent le coup d'état de 1960 qui marque un retour au kémalisme. Ils affirment leur fidélité au kémalisme à condition que les principes de laïcité, de modernisme, d'égalité et de tolérance soit respectés. En 1966, ils fondent le Parti de l'unité de Turquie dont l'emblème représente un lion (qui représente Ali Ibn Abou Talib) enfermé dans un cercle de 12 étoiles qui représente les 12 imams du

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chiisme. L'alévisme glisse vers le communisme et fait de l'Islam sunnite son ennemi naturel. Pour lecombattre, il cherche à ce que l’État respect les principes du kémalisme et n'impose pas le sunnismeà travers le ministère des Affaires Religieuses.

Le 26 janvier 1970, Necmettin Erbakan fonde le Parti de l'Ordre national. Il s'agit plus d'un parti de l'ordre moral qu'un véritable parti islamiste. Erbakan met en avant l'ordre moral, les valeurs spirituelles, le nationalisme, le respect des traditions, l'anti-maçonisme et l'anti-occidentalisme. Il dénonce le kémalisme du Parti Républicain du Peuple, la voie de la franc-maçonnerie incarné par lepremier ministre Süleyman Démirel et son parti de la Justice. Il présente son Parti comme seul alternative, refusant de délivré une carte de membre aux franc-maçons, aux sionistes et aux communistes. Il accuse la franc-maçonnerie d'organisation chrétienne et juive, et y adhéré est une trahison de l'Islam. Erbakan est le disciple du cheikh Mehmet Zahid Kotku. Accusé de vouloir réintroduire un État islamique, le parti sera interdit lors du coup d’État de 1971. Plusieurs religieux sont arrêté et Erbakan s'exile en Suisse. En 1972, un nouveau parti islamique est créer : le Parti du Salut National. Dirigé à distance par Erbakan avant d'en prendre la direction officiellement en 1973,le nouveau parti se réclame de la démocratie et affirme que la laïcité a été mal comprise. Il propose d'instaurer une éducation religieuse à l'école. Lors de son exil, Erbakan a constitué dans la diaspora turque d'Allemagne, une base arrière du Parti qui lui fourni un soutien financier et stratégique. Cettebase arrière assure à Erbakan un droit de parole, grâce à la législation européenne, relayer en Turquie par les journaux, radios et télévisions. Les discours de Erbakan sont diffusés jusque dans les profondes campagnes de Turquie grâce au support cassette. En 1974, le Parti s'associe par le Parti Républicain du Peuple, le parti kémaliste, et accède au pouvoir.

6 / L'Islam politique au pouvoir

Une fois au pouvoir, Erbakan va s'orienté avec l'industrialisation du pays plus qu'à son islamisation, ce qui déplaît à ses sympathisants musulmans. Il rouvrira les écoles d'imams fermé parles militaires lors du coup d’État de 1971. Les kémalistes et les militaires s'y opposent et interdisent à ces jeunes diplômer d'investir d'autres champs du savoir. Il faudra attendre 1983, pour qu'ils puissent s'inscrire dans d'autres facultés, à l'exception des écoles militaires.

L'armée prend le pouvoir en 1980 et instaure la 3eme République. La nouvelle Constitution renforce le pouvoir du Président et du Conseil de sécurité national et limite la liberté de la presse et des individus. Cette intervention vise à limité l'expansion de l'Islam politique suite à la Révolution iranienne en 1979, qui donne des ailes à certains musulmans. En 1983, l'armée permet un retour à lanormale et un nouveau parti voit le jour : le Parti de la Mère Patrie. Son fondateur, Turgut Özal, prône le rassemblement de toutes les mouvances politiques turques, des musulmans aux alévis. Il est élu premier ministre en 1983 et prône la synthèse entre l'Islam et le Nationalisme alors opposé.

Turgut Özal (1927/1993)

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En effet, l'Islam proscrit le nationalisme comme le tribalisme qui divise les musulmans qui appartiennent à la même communauté. Le nationalisme turque idolâtre la Nation, vénère les traditions préislamiques et considère l'Islam comme son ennemi mortel. La rencontre entre les deux courants va se faire à partir de 1960, bien que ces dernier s'opposent et forme une synthèse qui s'opposent à l'Islam. Turgut Özal va faire de cette synthèse l'idéologie officielle de son gouvernement jusqu'à sa mort en 1993. Cette religion officielle a pour objectif de tromper les musulmans et de les écarté de l'Islam en présentant cette idéologie comme l'Islam orthodoxe et ainsiprendre des mesures contre les musulmans qui s'opposent au kémalisme et à cette religion officielle.Les cours de religion sont rendu obligatoire pour diffuser cette synthèse contre nature entre Islam et nationalisme. De 1950 à 1982, seul 2 facultés de théologie islamique sont ouvertes contre 8 pour l'année 1982.

Özal s'ouvre à l'Europe et prône un ultralibéralisme qui va permettre de développer le pays. Cette ouverture va servir les musulmans de manière indirecte en permettant l'emergeance d'une générationd'homme d'affaires musulmans surnommé les « Tigres Anatoliens ». En 1994, les organisations religieuses possèdent 19 chaînes de télévision et 45 stations de radio.

7 / L’émergence des intellectuelles « musulmans » modernistes

Une nouvelle classe d'intellectuels « musulmans » voit le jour. Ces intellectuels ont été éduqué àl'école laïque et ne possèdent plus les références ottomanes de leur prédécesseurs. Abreuvé de l'idéologie occidental, ils prônent la réforme de l'Islam en réinterprétant la religion dans un cadre moderne. Par moderne, ils entendent séculariser l'Islam, soumettre la religion au pouvoir temporel. Ils tentent de réconcilier le modèle occidental et l'Islam et pour se faire ils souhaitent adopté le modèle occidental et lui insuffler ce qui lui manque : une spiritualité. L’objectif est de palier au défaut des idéologies occidentales tel que le capitalisme, le nationalisme, le féminismes, la démocratie et la laïcité pour ne pas hériter des défauts de ces systèmes.

Rasïm Özdenören

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Derrière ces belles paroles et cet œcuménisme, ils relèguent l'Islam à une simple spiritualité et renie son aspect civilisationnel dans le sens de système politique qui englobe tout les pan de la société musulmane. Ils appliquent à la lettre l'éducation qu'ils ont reçu à l'école laïque et ce pseudo-islam diffusé par le gouvernement. L'Islam n'est pas que spiritualité, l'Islam ne prône pas que les bonnes mœurs, de préservé les liens familiaux, le bon comportement, l'Islam est aussi un système politique qui régit à la société musulmane, le gouvernant et le gouverné, les statuts gouvernementaux (AhkamSultâniya). Le politique n'est pas séparé du religieux en Islam, au contraire la politique fait partie dela religion contrairement au concept occidental de la séparation de l’Église (religion) et de l'Etat quiest un concept occidental dont l’origine vient du Christianisme qui a interprété la phrase de Jésus : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». A partir de cette phrase, les théologiens chrétiens ont estimer que Jésus avait séparé le royaume de Dieu du royaume des hommes donc a séparé la religion du politique. C'est pour cela que le pouvoir temporel (pouvoir du royaume des hommes) était exercé par les rois chrétiens et le pouvoir religieux (pouvoir du royaume de Dieu) appartenait au Pape. Bien que sous l'ère chrétienne, une collaboration fragile en les rois chrétiens et le Pape était effective (même si l'un a toujours cherché à avoir le dessus sur l'autre en fonction des périodes), cette séparation est devenue net après la Révolution française et particulièrement avec la loi de 1905 qui consacre la supériorité du Politique sur la religion.

Ce concept très chrétien et étranger à l'Islam est prôné par ces nouveaux intellectuels « musulmans » qui ne sont que le fruits de l'éducation du gouvernement turque qui tentent de soumettre l'Islam à son ordre politique laïque hérité des jeunes Turques et bien sûr transmise par les occidentaux à l'époque des Tanzimat. Ces nouveau intellectuels « musulmans » modernistes sont activement critiqué par les islamistes, qui les considèrent comme des agents à la solde de l'occident car prônant son idéologie sous couvert d'une teinture islamique comme le fond actuellement certains pseudo-intellectuels « musulmans » moderniste en France dont le plus connu est Tariq Ramadan.

Un de ces intellectuels « musulmans » modernistes, Rasïm Özdenören, qui a vécu aux Etats-Unis, estime que les musulmans ont une mauvaise perception de l'Occident et qu'il est tant pour eux de redéfinir ce qu'est réellement le monde occidental et ce qu'est réellement l'Islam pour reconstruire leur société. Pour lui, ce qui oppose ces deux sociétés est l'absence de spiritualité dans le modèle occidental et qu'il lui suffirait de lui insuffler l'Islam (dans le simple sens de spiritualité et non en tant que système politique complet) pour réussir à combler les carences du système occidental.

8 / Un premier ministre islamiste

Les années 90 marque le retour de l'Islam politique sur le devant de la scène. En 1987, le parti de la prospérité de Erbakan gagne les élections municipales d'Istanbul, ce qui provoque un choc auprès des kémalistes. Le combat entre islamistes et kémalistes reprend de plus belle, ces derniers accuse les islamistes de porter atteinte à la laïcité. Quand aux islamistes, ils gagnent de nouveaux les élection en 1995 et en 1996, pour la première fois dans le pays, le premier ministre est un islamiste. Les kémaliste mettent en garde contre une retour d'une théocratie ottomane et l'armée est prête à intervenir. Erbakan ne s'oppose pas à la modernité mais il rejette l'occidentalisation et le capitalisme. Il entends rassurer et dissiper les peurs mais ne cache pas sa volonté de lever l'interdiction du voile à l'université et dans l'administration. Il multiplie le nombre d'écoles et de lycée d'imams dont l'orientation ne se fait pas vers des études théologiques mais vers des études supérieur juridiques, vers les relations internationales et même militaire. Cette orientation déplaît aux kémalistes qui proclament la république en danger. Erbakan prône la création un marché commun au monde musulman comme l'a fait l'Europe et prend la forme du D8, qui s'oppose au G7 et qui réuni l'Indonésie, l'Iran, l’Égypte, la Malaisie, le Bangladesh et le Nigeria. Il privilégie le

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monde « musulman » pour ses première visites comme l'Iran qui est alors sous embargo ou encore la Libye de Mouammar Kadhafi qui n'hésite pas à lui reprocher de persécuter les kurdes. Il rends visite au leader des Frères Musulmans en Égypte, ce qui provoque la colère du président égyptien Hosni Moubarak. Un ancien partenariat commercial lie la Turquie à Israël et c'est à contre cœur queErbakan est obliger de reconduire ce partenariat, ainsi qu'un accord stratégique qui implique une collaboration avec l'Etat hébreu concernant leur système de renseignements et de défense à l'encontre de la Syrie, de l'Irak et de l'Iran.

Necmettin Erbakan

Erbakan éprouve le besoin de se réconcilier avec les leader des confréries soufis avec qui il s'était séparé une première fois à la fin des années 70 en s'opposant avec le cheikh Kotku, chef de la confrérie Nakchibendi, et au début des années 90, en refusant de prêter allégeance au successeur du cheikh Kotku : cheikh Esat Cochan. Après son accession au pouvoir, Erbakan appel à une union sacrée de l'Islam et inviter les principaux leader des différentes confrérie à rompre le jeûne du Ramadan au siège du gouvernement à Ankara.

Toutes les mesures anti-laïque et pro-islam d'Erbakan force l'armée à réagir en février 1997, en profitant d'une manifestation au soutien au Hezbollah chiite et au Hamas palestinien (sunnites) dansun petit village où certains membres remettaient la laïcité en question. L'armée intervient et impose 18 mesures anti-islamistes au gouvernement qui n'a d'autre choix que s’abdiquer. Le Parti de la Prospérité est interdit et Erbakan démissionne 4 mois après l'intervention militaire. Il lui ait interdit de pratiquer une quelconque activité politique pendant 5 ans.

Ces 18 mesures vont devenir petit à petit un code de surveillance à travers le prisme duquel les discours et les actions des partis islamistes seront jugé. C'est ainsi que Recep Tayyip Erdogan (maire d'Istanbul), Erol Yarar (président des hommes d'affaires appelées Tigres Anatoliens) et Mehmet Kutlular (propriétaire du journal Nurcus) seront arrêter pour incitation à la haine sur une

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base religieuse. Erdogan et Yarar seront privé d'activité politique. Pour contré l'islamisation de la jeunesse, les militaires impose un enseignement laïque de 8 ans et place sous le contrôle du ministère de l'éducation tous les cours de Coran. L'armée étends sont contrôle sur les 74 000 mosquées du pays subissent des inspections et énonces des restrictions quant à la construction de nouvelles mosquées.

9 / La montée sociopolitique et culturelle des structures et confréries « musulmanes »

Les confréries soufi ont toujours été derrière les différents partis « musulmans » et l'une des plusrayonnante est la Nakchibendi du cheikh Kotku. Cette même confrérie qui s'était opposé aux « califes » ottomans qui étaient acquis à l'idéologie occidentale mais aussi à Mustafa Kémal Atatürket sa politique de dé-islamisation de la société turque. Pendant les années Özal, ces confréries vont tisser de puissant réseaux avec les milieux des affaires, de la politique, du culturel et du social. La Nakchibendi va devenir une organisation complexe après la mort du cheikh Kotku et grâce au nouveau chef spirituel de la confrérie le cheikh Esat Cochan. Elle ouvre, outre ses cours de Coran etd'entraide, des crèches, des pensionnat, des cliniques, des revues mensuelles islamique, des maisonsd’édition, des stations de radio, une chaîne de télévision et des sites internet. Elle utilise tous son pouvoir pour diffuser les valeurs culturelles ottomanes.

Fethullah Gülen

Une autre organisation soufi, mais non confrérique, possède un poids important dans la société : les Süleymenci. Ils possèdent 4 millions d'adhérents et possède un soutien puissant de la part de la diaspora turque se trouvant en Europe. Ils se tiennent à distance de la politique mais cela n’empêchepas certains de leur membres de s'engager dans le milieu politique.

Une nouvelle branche des Nurcus voit le jour : les Fethullahcï. Son fondateur est Fethullah Gülen (responsable présumé de la tentative de coup d’État contre le président Recep Tayyip Erdogan en 2016) cherche la reconnaissance de l'Etat et veut incarné une islam national, moderne libéral et tolérant. Il a soutenu le coup d’État militaire de 1980 et la nouvelle Constitution de 1982. Il s'oppose à Erbakan et dit lutter contre l'obscurantisme religieux. Pour prouver la distance qu'il met avec l'islamisme politique, il annonce que « même si l'ange Jibril (Gabriel) fondait un parti, il ne le suivrait pas. » Ce genre de propos en dit long sur son attachement à l'Islam et sa tentative de coup d’État envers Erdogan (si elle est attestée) ne nous étonnera guerre. Il se place à contre sens des

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islamistes pour bien se faire voir par les kémalistes et l'armée. Il propose la construction d'écoles laïque et d'hôpitaux à la place des mosquées, il se prononce contre le port du voile qu'il considère comme un détail. Il défend le ministère des affaires religieuses en soutenant sa politique de contrôlede l'Islam. Il se présente comme une alternative à l'islamisme politique, un musulman modéré pratiquant un bon islam toléré par l'Etat et l'armée contre le mauvais islam des islamistes et d'Erbakan en particulier.

Malgré les gages donné par Gülen, l'armée reste méfiante et c'est pourquoi ils s'attaque à son empirefinancier, social, éducatif et médiatique lors du coup d’État de février 1997 et pourchasse ses représentants.

Gülen s'adapte aux nouvelles conditions politiques et met en place les rencontre d'Abant qui réuni des intellectuels, des universitaires, des juristes et des théologiens dans des ateliers de travail autour des problèmes comme la relation entre l'Islam et la démocratie, la laïcité. L'objectif est de trouver un consensus et de publier en fin de rencontre les travaux qui seront remises au président.

L'armée diffuse sur les chaîne de télévision des cassettes d'anciens discours de Gülen qui incite ses partisans de s'emparer des postes clef de l'Etat. Gülen devient l'ennemi publique n°1 et une vaste opération est mené en 1999 contre ses écoles et les organisations qui lui sont liées. Inquiété par le coup d’État militaire, Gülen s'installe aux Etats-Unis où il reçoit des soins médicaux depuis de nombreuses années.

10/ L'accession au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan

En 1998, une rupture se fait au sein du Parti de la vertu, deux camps s'opposent : les rénovateurset les conservateurs. Cette séparation deviendra effective en 2001 avec la création du parti de la félicité, dirigé par Erbakan et le partie de la justice et du développement (AKP), dirigé par Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier milite aux sein des partis islamistes depuis 30 ans. Il est diplôme d'un lycée d'imam et économiste de formation. Il devient maire de Istanbul en 1994 mais est condamné pour incitation à la haine en 1997 pour avoir récité un poème du nationaliste Ziya Gökalp : « Les baïonnettes sont des minarets. Les coupoles des heaumes, les mosquées des casernes, les musulmans des soldats. » Il écope de 4 mois et demi de prison et démit de ses fonctions de maire, en plus d'une interdiction d'activité politique.

Recep Tayyip Erdogan

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Erdogan défini son parti comme rénovateur et contemporain et fondé sur une « philosophie politique conservatrice-démocrate ». L'essence de son parti est basé sur l'esprit de compromis. Il prône l'intégration à l'Union Européenne, une ouverture sur le monde, à l'économie de marché et continue la politique économique des années Özal. Il met en avant la préservation de la culture traditionnelle du pays et la défense des valeurs de la famille. Ce programme permet au parti de la justice et du développement (AKP) de remporter les élections législatives. Un problème se pose pour Erdogan, interdit d'activité politique il est dans l'obligation de quitter la présidence de l'AKP, ni celle de Premier Ministre. C'est Abdallah Gül, lieutenant d'Erdogan qui va assurer ces fonctions. Il procède à des réformes qui permettent à Erdogan de retrouver sa liberté politique. Erdogan succède à Gül en mars 2003, à savoir 4 mois après la victoire de l'AKP.

A la suite de l'arrivée au pouvoir de l'AKP, des inquiétudes se sont fait savoir au sein de l'oppositionmais aussi en Europe dont la presse nommais alors les membres du parti d'islamistes, dont la significations dans ces pays et principalement en France, est synonyme d’extrémistes voir de terroristes (ou potentielle terroristes). L'une des premières tâches du gouvernement a été de rassureret de dissiper ces inquiétudes. Erdogan profite de du rôle de Premier Ministre de Gül pour parcourir l'Europe pour convaincre ces derniers de l'intégration de la Turquie à l'Union européenne et pour présenter le visage de l'AKP. Les journalistes européens et la presse locale se demandent si Erdogann'avance pas masqué et certains font écho au discours qui lui a valu son emprisonnement. Erdogan se défend en affirmant qu'il évolue constamment, sans renier l'homme qu'il a été par le passé.

L'AKP se tourne à la fois vers le monde musulman mais aussi vers l'Occident, contrairement à Erbakan dont la politique étrangère était tournée exclusivement vers le monde musulman. En 2003, les Etats-Unis de Gorges W. Bush demande à l'AKP d'intervenir en Irak et de permettre aux soldats américains de débarquer sur le territoire turque pour facilité son intervention. Abdallah Gül et nombre de députés appartenant à l'AKP hésite mais Erdogan presse le gouvernement d'accepter la demande américaine mais l'autorisation est rejeter de peu le 3 mars 2003. Les soldats américains quiavaient débarqué au port de Iskenderun doivent faire demi-tour suite au refus du passage des troupes américaine par le territoire turque.

11 / Les négociations en vue de l'adhésion à l'Union européenne

En 1974, l'armée turc occupe le nord de Chypre pour contrer le coup d’État des nationalistes chypriotes grecs. Depuis, l’île est divisée en deux, avec au nord une administration chypriote turcs et au sud, une administration chypriote grecs. Suite à la victoire de l'AKP, le secrétaire général des Nations-Unis (ONU), Koffi Annan, propose un plan de réunification de l’île au gouvernement AKP.Ce plan est largement rejeté par les nationalistes turcs, l'armée et le président chypriote turc Rauf Denktas. Le gouvernement AKP hésite et ne se prononce pas, laissant Rauf Denktas faire le tour du pays pour s'opposer à cette réunification mais l'AKP fini par accepter le plan Annan suite à la victoire du parti républicain turc lors des élections en Chypre du nord. Les nationalistes turcs s'opposent au projet mais 65% des voix l'emporte au nord de l’île, une victoire pour l'AKP mais au sud, 75% des voix s'opposent au plan Annan. Toutefois, l'AKP obtient l'assurance de l'ouverture des négociations en vue de l'adhésion à l'Union européenne en décembre 2004.

L’échec de la résolution du conflits chypriote va devenir un blocage à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne car cette dernière va se servir de cet état de fait pour toujours repousser cette adhésion tout en exigeant toujours plus malgré les efforts du gouvernement AKP. Suite à l'intégration de Chypre à l'Union européenne, cette dernière demande sa reconnaissance officiel ainsi que l'ouverture des ports et des aéroports turcs aux chypriotes grecs. L'AKP accepte mais à du

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mal à respecter cette demande suite à l'opposition de nationalistes et de l’armée turcs qui exigent que l'UE allège les sanctions prises contre l'administration nord de Chypre. En 2006, l'UE décide debloquer l'ouverture des négociation de six chapitres de l'acquis communautaire.

En 2004 , avant le démarrage des négociations pour l'intégration de la Turquie à l'Union européenne, la Turquie à rédigé un nouveau Code Pénal suivant les normes de l'Union européenne (UE). Toutefois, l'intégration de l'adultère comme crime pose problème à l'UE qui demande à l'AKPde ce rétracter. Erdogan affirme que cette disposition n'est pas du ressort de l'UE et campe sur ses positions, mais après plusieurs échange, le projet est effacé du nouveau code pénal.

Pour ce conformé à la législation européenne, l'AKP adopte un lot de réformes dont une révision de la Constitution permettant de supprimer la présence des militaires dans les instances de l'appareil d’État. Les Cours de sûreté de l'Etat sont dissoutes.

12 / Tensions entre laïques et islamistes lors des élections de 2007

Lors de l'élection de l'AKP en 2002, une alliance entre Recep Tayyip Erdogan et Fethullah Gülen voit le jour. Cette alliance permet à l'AKP d'utiliser le mouvement de Gülen, appelé le Hizmet, au service de l'AKP. Le Hizmet dispose d'un vaste réseau médiatique, universitaire et financier. En contre parti, les fethullahçi gravissent les échelons du pouvoir, notamment du pouvoir judiciaire. Ces derniers auront un rôle important à jouer lors de l'affaire Ergenekon.

A l'approche des élections présidentielle de 2007, la tension monte entre les partis laïques et l'AKP. En effet, le poste de Président de la République est capital car ce dernier a le pouvoir de nommer lesjuges constitutionnels, les membres du Conseil de l'enseignement supérieur, les présidents d'universités, une partie des membres de la Cour de cassation et du Conseil d’État, ainsi que le directeur de la radio et de la télévision publique. Il possède aussi un droit de veto sur les décision législatives.

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Abdallah Gül

Le président sortant, Ahmet Necdet Sezer, avait usé massivement de ce droit pour s'opposer au gouvernement AKP lors des sept années qu'a duré son mandat. Le nouveau chef d'état-major des armées à été nommé en 2006, ce qui en fait un allié pour le kémalisme, il ne restait plus qu'à ces derniers de remporter les élections présidentielles. Le 12 avril 2007, juste avant les élections, le chefs d'état-major de l'armée déclare que « le président de la République doit être attaché aux principes atatürkistes, non pas en apparence, mais dans leur essence ». Le lendemain, le Président de la République fait un long discours à l'encontre de l'AKP sans toutefois le nommé. Il critique la transformation de la République laïque en République islamique.

Le président du Parti Républicain du peuple (parti d'Atatürk) annonce qu'il souhaite bloquer les élections si l'AKP ne présente pas de candidat officiel. Deux jours avant le premier tour, Erdogan annonce que Abdallah Gül est le candidat de l'AKP. Avant le commencement du second tour, le Parti Républicain du peuple saisit la Cour constitutionnelle pour invalider le premier tour dû fait que le quorum* n'a pas été respecté.

* Quorum : C'est le nombre minimal de voix qui doivent être présentes ou représentées pour qu'une délibération soit valide.

L'état-major des armées publie un communiqué officiel dénonçant la mise en péril de la laïcité et rappel que les militaires ont le devoir de défendre les principes atatürkistes. Le gouvernement AKP riposte en arguant que l'armée doit obéir au Premier ministre. Toutefois, la Cour constitutionnelle annule le premier tour et Abdallah Gül retire sa candidature. Erdogan annonce des élections anticipée pour juillet 2007.

L'AKP sort victorieux des élections parlementaires avec 46,5% des voix contre 21% pour le Parti

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Républicain du peuple. Quand aux partis kurdes, pour la première fois, ils peuvent constituer un groupe parlementaire d'une vingtaines de députés. Ces derniers refusent de suivre le boycott du camp kémaliste et permettent d'atteindre le quorum pour les élections présidentielles. Abdallah Gül est élu Président de la République.

13 / L'affaire Ergenekon

Le 12 juin 2007, des policiers découvrent 27 grenades chez un sous-officier en retraite dans une maison d'Istanbul. Il s'agit là de la mainmise sur une organisation secrète nommée Ergenekon, infiltrée au sein même de l'Etat turque, qui est composée de journalistes, de militaires, d'avocats et des dirigeants d'associations nationalistes. Cet organisation est accusée de commettre des actes criminelles en vue de déstabiliser le pouvoir en place et de préparer les conditions pour un coup d’État.

Une seconde série d'arrestations à lieu de janvier 2008 à juin 2008. Un général en retraite (ordonnateur de plusieurs assassinats politique), un réseau d'activistes kémalistes, des journalistes opposé à l'AKP sont arrêtés. Le 18 février 2008 une conférence est organisée par l'Association de la pensée atatürkiste, qui exprime la nécessité de « passer à une grande offensive » contre l'AKP en utilisant le pouvoir judiciaire et appelle à « une mobilisation générale pour se battre ». Le 10 février2008, un projet de loi soumis par Erdogan, permettant le port du voile dans les universités est promulgué. En mars 2008, le procureur général demande la dissolution de l'AKP et l'interdiction de toute activité politique de ses membres pendant cinq ans. Il accuse le parti d'être un « foyer anti-laïque » et met en avant l'amendement de l'autorisation du port du voile. Le gouvernement AKP accuse l'Etat profond, l'organisation Ergenekon d'être derrière ce coup d’État par le Droit. Le 30 juillet 2008, la dissolution de l'AKP est évité à une voix près, mais les subvention perçu par l'Etat seront divisés par deux pendant une année entière.

Le procès Ergenekon s'ouvre en octobre 2008 mais les arrestations vont se poursuivre en 2009, principalement envers des généraux en activité entre 2003 et 2004. Erdogan annonce qu'il soutient les procureurs du procès, quand au Parti Républicain du peuple, il se range du côté des accusés. Ce procès va permettre de vider l'armée de sa base atatürkiste et donc de permettre au gouvernement dene plus avoir la crainte d'un énième coup d’État.

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14 / Ahmet Davutoglu et la politique « zéro problèmes avec les voisins »

Le refroidissement des relations avec l'Union Européenne, qui débute dès 2006*, va pousser la Turquie à adopter une nouvelle politique extérieure avec la nomination d'Ahmet Davutoglu au postede ministre des Affaires étrangères.

* Avec l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, les relations vont s'aggraver avec la décision unilatérale du président français, de bloquer cinq chapitres au motif que la volonté d'adhérer à l'UE n'était que la volonté de Erdogan et non celui du peuple turque. L'Allemagne et l'Autriche vont aussi bloquer des chapitres sur la libre circulation des personnes.

Ce dernier met en place la politique du « zéro problème avec les voisins », qui consiste à faire de la Turquie une puissance régionale capable de stabilisé le Proche-Orient, tout en ayant des relations cordiales avec les différents États de la région. Le premier partenaire de cette politique sera la Syrie de Bachar al-Assad. Une union douanière sera mise en place dès 2007 et l'annulation des visas pour les ressortissants des deux pays sera affective dès 2009. Des visites auront lieu entre les premiers ministres et les présidents des deux États.

Ahmet Davutoglu

La Turquie va durcir ses relations avec Israël à partir du déclenchement de l'opération « Plomb durci » en décembre 2008. Erdogan va confronté le président israélien dès janvier 2009, à la conférence de Davos où il critique l'attaque d'Israël avec des termes très durs avant de quitter la salle. L'attaque d'une flottille humanitaire en 2010 par l'armée israélienne (qui donne la mort à neuf civils turques) va pousser Erdogan à geler les relations diplomatiques avec l'entité sioniste. Cette nouvelle politique turque contre Israël met fin à la coopération stratégique entre les deux États, qui avait été initié en 1996. Cette position est accueillie favorablement par la majorité de la société turque mais aussi par les pays arabes.

En 2009, la Turquie tente de se rapprocher de l'Arménie, ce que le président arménien apprécie et semble suivre le chemin de la réconciliation notamment avec la volonté d'ouvrir les frontières. Maiscette tentative sera avortée suite aux vives critiques de l’Azerbaïdjan qui utilise la menace de

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sanctions financières pour faire reculer la Turquie.

Enfin, la nouvelle diplomatie turque tente de mener un dialogue avec Massoud Barzani, chef du Parti démocratique du Kurdistan en Irak, pour contenir les actions terroristes membres du PKK sur son territoire mais aussi au delà de la frontière. Elle se rapproche aussi de la Grèce suite à la grave crise économique et la reprise des pourparlers concernant la crise chypriote.

15 / La période de maîtrise de l'AKP

En 2010, à la demande l'Union Européenne, l'AKP met en place un projet d'amendement constitutionnel permettant de revoir la procédure de nomination des membres du Conseil supérieur des juges et des procureurs, ainsi que celle de la Cour de cassation. L'objectif est de mettre fin au système de cooptation par le Conseil d’État et la Cour de cassation, favorable aux kémalistes. C'est naturellement que les présidents du Conseil d’État et de la Cour de cassation s'opposeront à ce projet, ainsi que le Parti Républicain du peuple mais il sera tout de même adopté par référendum. En 2011, ces instances seront « vider » de leur éléments kémalistes, jusqu'ici en surnombres.

Logo AKP

En février, Erdogan demande une réponse définitive de l'Union Européenne concernant l'adhésion de la Turquie, quitte à refuser catégoriquement. Il compare l'Union Européenne comme un club « chrétiens » qui ne souhaite pas être un centre d'alliance des civilisations.

En mai 2012, Erdogan annonce son projet de transformation du régime parlementaire en régime présidentiel. Cette manœuvre consiste à contourner le règlement de l'AKP interdisant à un candidat de se présenter à plus de trois élections consécutives. Ce changement de régime lui permettra de continuer à incarner l'homme fort du pays.

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Sur le plan international, la Turquie soutient le Président égyptien Mohammed Morsi, qui est fraîchement élu (démocratiquement) en juin 2012. Elle donne aussi des conseils à Ennahda (Parti politique islamiste) en Tunisie et tente de retrouver sa position commerciales dominante en Libye après avoir participé à l'intervention militaire contre Mouammar Kadhafi. Elle se rapproche du Brésil pour s'opposer aux pays occidentaux concernant l'uranium produit par l'Iran. Enfin, elle se rapproche de l'Afrique et de l’Amérique du Sud, et se place en position dominante dans l'organisation d'une transition rapide en Syrie.

16 / L’enlisement du conflit syrien, l'isolement de la Turquie

L’enlisement du conflit syrien va déstabiliser la politique « zéro problèmes avec les voisins » chère à Ahmet Davutoglu. S'étant prononcée pour une transition rapide en Syrie, la Turquie s'est opposée au régime du président syrien Bachar al-Assad. Elle est, dès lors, soupçonnée de soutenir les jihadistes et de leur servir de base arrière. Elle sera aussi critiquée par l'Union Européenne qui suspend les négociations d'adhésions. La presse internationale critique Erdogan et le qualifie d'autocrate et parle aussi de « Poutinisation de la Turquie ».

Le 16 mai 2013, Erdogan rend visite à Barack Obama aux États-Unis pour aborder la question syrienne. Ce dernier reproche à la Turquie son soutien logistique présumé aux jihadistes et annonce sa volonté de voir la destitution du Président syrien, bien qu'il souhaite avancer sur le dossier en présence de la Russie.

Une semaine après son retour des Etats-Unis, Erdogan est critiqué pour son projet de construction d'un centre commercial dont la forme serait la représentation grandeur nature d'une ancienne caserne militaire ottomane. Cette critique prendra la forme de manifestation contre le déracinement des arbres du parc Gezi, place Taksim. La conversion du carrefour en place piétonne, transforme ce site en un lieu interdit aux manifestations. La police intervient et le petit groupe de manifestant se transforme en une mobilisation d'un millier d'individus, qui occuperont le parc et dont le mouvement se répandra dans d'autres villes à travers le pays.

Place Taksim

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Dorénavant, les manifestants ne contestent plus uniquement le projet de réaménagement urbain mais aussi la politique de plus en plus conservatrice du premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Ils critiquent la restriction de la vente d'alcool, les projets de limitation de l'avortement, de la construction d'une grande mosquée surplombant Istanbul, le réouverture des collèges religieux, l'introduction de cours optionnels de religion. Les kémalistes et les alévis parlent d'un projet d'islamisation de l'Etat.

La place Taksim et le parc Gezi seront occupés pendant une dizaines de jours avant d'être évacué par la force par la police, le 16 juin 2013. Les manifestations se multiplies dans tout le pays et touchent 80 départements. Le tribunal administratif décide alors d'annuler la validité du projet, ce qui aura pour conséquence de faire cesser progressivement les manifestations jusqu'à la fin juin de la même année. La livre turque connaît une dépréciation brutale et le Commission, ainsi que le Parlement Européen soutiennent les manifestations, en plus de critiquer la répression policière. L'AKP parle alors d'un complot ourdie par les sionistes, les américains et les européens. Surtout queles récents événements en Égypte réconforte le Parti dans ses suspicions.

En effet, le 3 juillet 2013, le président égyptien, Mohammed Morsi, est destitué par un coup d’État du général Abdel Fattah al-Sissi. La Turquie dénonce l'illégalité de l'action de l'armée égyptienne (qui est financées par les Etats-Unis) et le nouveau gouvernement rompt ses relations diplomatique avec la Turquie. De même, Ennahda en Tunisie s'éloigne de l'AKP. La Grèce et la Bulgarie construisent des murs et creusent des tranchées pour contenir les immigrés clandestins qui transitentpar la Turquie en fuyant les conflits en Syrie, en Irak, en Afghanistan, etc...

Les événements ont fait de la politique « zéro problèmes avec les voisins » d'Ahmet Davutoglu un échec. La Turquie est désormais isolée, que se soit dans la région mais aussi au niveau international.

17 / Rupture entre Recep Tayyip Erdogan et Fethullah Gülen

Alliés jusqu'au début des années 2010, la rupture entre Recep Tayyip Erdogan et Fethullah Gülen va être de plus en plus patente. Infiltré dans le réseau de police et dans les tribunaux grâce à son alliance avec l'AKP, le Hizmet de Gülen va tenter de mettre des bâtons dans les roues de l'AKP en faisant arrêter, en février 2012, des hauts responsables des services secrets turques, qui menaient des négociations secrètes avec le PKK kurde, pour intelligence avec une organisation terroriste ». Erdogan voulant mettre fin au conflit avec les kurdes, avait mandaté les services secrets de trouver un accord avec le PKK, chose à laquelle Fethullah Gülen s'opposa. Il n'hésita pas à faire appel à un procureur du Hizmet pour mettre aux arrêts les hauts responsables des services secrets.Erdogan fait arrêter l'opération et réagi en faisant interdire les cours préparatoires (source de financement et de recrutement des sympathisants güléniste) aux concours d'entrée aux universités.

Le 17 décembre 2013, des officiers de police se rendent dans les domiciles des enfants de trois ministres en exercice et d'une quarantaines de personnes, munis de mandats de perquisitions. L'enquête porte sur des affaires de corruptions et de blanchiment d'argent. Plusieurs ministres, des hommes d'affaires, le directeur général d'une grande banque, tous proche de l'AKP sont accusés dans cette affaire. Erdogan intervient et fait arrêter la seconde vague d'arrestation, dont son propre fils aurait fait l'objet. Il interdit à la police d'obéir aux ordres des procureurs car sous la direction de Fethullah Gülen. Ces derniers sont désaisis de l'affaire et un milliers de responsables de police sont muté dans d'autres services.

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Erdogan parle de seconde tentative de coup d’État après celui du parc Gezi. La communauté de Fethullah Gülen va être perçu comme une organisation capable d'infiltrer l'Etat, d'agir avec une ambition politique et la volonté de s'accaparer le pouvoir, contrairement à ces prétentions officielles qui étaient uniquement tourné vers les actes de bienfaisances. Malgré le scandale, l'AKP gagne les élections municipales de mars 2014, les accusations de corruption n'ayant que peu touché l'électorat de l'AKP. Fort de cette victoire, Erdogan annonce que le peuple à choisi sont camp et promet de mettre fin à cet État parallèle. S'ensuit une vague d'arrestations concernant le mouvement Gülen et ses partisans, allant de la justice à la police, en passant par des fonctionnaires et des entreprises commerciales.

Erdogan n'hésite pas à gracier des généraux kémalistes, emprisonnés depuis l'affaire Ergenekon, pour les utiliser comme opposant à Gülen. Bien que les autres confréries reprochent à Erdogan d'avoir favorisé le Hizmet, elles saisissent l'occasion de sa mise au pas pour combler le vide laissé. Fort de cette expérience, Erdogan décide de ne plus s’appuyer sur une seule confrérie et associe plusieurs d'entre elles au pouvoir, les mettant ainsi en concurrence.

Gülen et son mouvement sont critiqués pour leur politique d'occidentalisation de l'Islam et de la Turquie. Vouloir islamiser la modernité c'est infecter l'Islam de l'esprit de l'idéologie occidental et revient donc à falsifier l'Islam. La modernité ne signifie rien d'autre qu'occidentaliser, donc islamiser la modernité signifie vouloir occidentaliser l'islam, vouloir le rentre compatible avec les idéologies (laïcité, démocratie, etc...) occidentales, qui sont de natures incompatibles avec l'Islam.

18 / Le coup d’État du 15 juillet 2016 et la nouvelle politique extérieure

Le 15 juillet 2016, une tentative de coup d’État à lieu à l'encontre du président Erdogan. En petits nombres, les putschistes sont rapidement maîtrisés par les policiers et militaires resté fidèle aupouvoir mais aussi par la descente de milliers de citoyens turques, principalement partisans de l'AKP. Aucune organisations politiques ne soutiens les putschistes, au contraires tous soutiennent le président et le pouvoir en place. Erdogan met en place une opération visant la communauté de

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Fethullah Gülen. L’État d'urgence est proclamé et des dizaines de milliers de personnes appartenant au Hizmet sont arrêtés ou licenciées et leur biens confisqués. L'AKP réprime l'opposition kurde en faisant arrêter des journalistes, militaires, politiques, écrivains et prolonge l'Etat d'urgence de trois mois.

En accord avec le Parti Républicain du peuple, la vague d'arrestation s'intensifie : l'immunité parlementaire de 53 députés kurdes sont arrêtés. Erdogan prolonge l'Etat d'urgence de un an pour atteindre son objectif de destruction de l'Etat parallèle et bien que critiqué par la presse occidentale, il n'hésite pas à prendre la France en exemple suite aux attentats du Bataclan par l'Etat Islamique le 13 novembre 2015.

Au niveau international, la Turquie va changer de stratégie et va se rapprocher de la Russie après avoir commencer une partie de bras de fer avec Vladimir Poutine. En effet, en novembre 2015, un avion russe survole l'espace aérien turque et malgré les somations de retrait, continuera sa route et sera détruit. Le président russe exige des excuses, qui seront refusés par Erdogan, ce qui entraînera une rupture des relations diplomatiques entre les deux États. Suite à l'isolement qu'elle a subie depuis 2013, la Turquie va repenser son positionnement au niveau international et se rapprocher de la Russie. Pour ce faire, Erdogan va commencer par présenter ses excuses en juin 2016 et pour la première fois depuis le conflit syrien, envisage la participation de Bachar al-Assad à la table des négociations. Ce rapprochement va lui permettre d'intervenir en Syrie et en Irak notamment pour empêcher les rebelles kurdes de Syrie et kurdes irakiens de s'unifier. Cette intervention va permettrede consolider un bloc nationaliste autour de Erdogan face au danger kurde.

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Bibliographie

La Turquie Moderne et l'Islam de Thierry ZarconeLa nouvelle Turquie d'Erdogan de Ahmet Insel