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M DISCOURS sut' L'HISTOIRE DE LYON, PAR J.-B. MONFALCON. LYON. GUILBERT ET 1)ORIER, LIBRAIRES, IotTII;RSPltOIIlIJTAI RES 0E L'HISTOIRE 0E lynX. .DéCCIIIhI'C I Sf;6. Document 11111! II il 1111111 M Il 11111111 0000005526994

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DISCOURS

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L'HISTOIRE DE LYON,

PAR J.-B. MONFALCON.

LYON.GUILBERT ET 1)ORIER, LIBRAIRES,

IotTII;RSPltOIIlIJTAI RES 0E L'HISTOIRE 0E lynX.

.DéCCIIIhI'C I Sf;6.

Document

11111! II il 1111111 M Il 111111110000005526994

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DISCOURS

SUR -

L'HISTOIRE DE LYON.

I. L'histoire générale ne rend point inutile celéd'une ville de province; son cadre est si vaste, qu'elledoit nécessairement négliger beaucoup • de détails donton ne peut cependant méconnaître l'importance. Ellene saurait dessiner qu'à grands traits, les inividualitéslui échappent; ce qu'elle peint, ce sont des tableauxd'enseinbl.e , et non des portraits. il est fort difficilede la bien écrire; mais, quoique le nombre des bonsouvrages en ce genre si estimé ne soit pas très considé-rable, il est néànmoins plus élevé que celui des bonnesmonographies locales. S'il n'est pas complètement dl-pourvu de science, de. méthode et dé style, l'historiend'une nation est toujours certain de se faire lire ; unchamp immense et varié est sa libre dispositionce sont de mémorables événements qu'il se proposede raconter, et des grands hommes qu'il doit meureen $cène; la, narration s'inspire plus ou moins desuns et des antres, et, quelle que soit sa faiblesse, pourpeu que l'écrivain sache son métier, elle ne manquepas d'attrait. Si l'historien a un vrai mérite, servi à lafois par son talent et par son sujet, il écrira- un de- ceslivres qui prennent place quelquefois .armi les chefs-d'oeuvre de l'esprit, humain.. . -

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2 niscouns

Placé dans des conditions moins heureuses, l'obscurchroniqueur, qui raconte les annales d'une ville deprovince oit d'un petit pays, est environné d'obstaclespresque insurmontables. Ce sont rarement des faitsd'un intérêt général ou bien vif qu'ii va retracer; leshommes dont il se charge d'écrire les actions n'ont joué,presque toujours, - qu'un rôle secondaire sur la scènedu monde; enfin il est tenu de présenter, avec de cer-tains développements, des événements qui ne plaisentqu'à un bien petit nombre de lecteurs. r1ol.Ite ambitionlittéraire lui est défendue; malgré l'immensité de sestravaux, il ne saurait avoir (le popularité en dehors del'étroite circonscription topographique dans laqi:t.e]i.e sonsujet est renfermé. Tenu à non moins de goùt, de cri-tique et de saine érudition que le peintre d'un grandpeuple, obligé peut-être de cret:i.ser davantage les faits et(le les interroger avec plus de patience et de sagacité, iln'a, d'ordinaire, à espéreini gloire ni justice, même dansla ville dont il s'est fait l'historien on le lira peu.

Et cependant il y a toujours eu des hommes à vo-lonté forte, que ces difficultés n'ont point découragés. Ilsse sont dit que, si les annales d'une ville ou d'un petitétat n'ont pas le charme d'une histoire générale, le livrequi les expose n'en est pas moins un véritable servicerendu au pays; ils ont pensé qu'un portrait bien peintet ressemblant valait un tableau, et que la matière his-torique, la plus aride en apparence, ne l'était jamaisassez pour ne laisser aucune chance à l'art d'écrireils ont bru qu'il pouvait y avoir plus d'instruction solidedans le récit de l'origine et du développement d'une-

,, [,aride ville, qu'on n'en trouve souvent dans l'esquisse

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SUR L'HISTOIRE DE LYON. -3brillante, mais superficielle, de la vie politique d'unpeuple. Ils ont vu, enfin, que si l'hston'e générale étaitle résumé systématique de bonnes histoires particu1ièrs,celles-ci avaient: dès-lors leur uti]ité, et que l'inconvé-nient d'avoir rarement, en les écrivant, l'occasion de biendire, était compensé par l'avantage d'être placé convena-ilement pour bien observe]-.

Peintres de genre et peintres d'histoire ont, au reste,beaucoup plus (le difficultés , à vaincre anjurd'iwi qu'au-t:refois; on est devenu, plus exigeant à leur égard qn'oïne l'était envers leurs devanciers. Au commencement dece siècle, il suffisait à un historien, pour réussir, d'animerde quelque esprit un style correct; son livre apprenaitpeu de chose, mais- il n'obligeait point à penser, et lelecteur ne lui demandait qu'un. délassement agréable.Cet éciivairl ne se préoccupait nullement de l'étude destextes et de l'examen critique des laits; sa tâche était ]..ienpins facile; il était toujours assez savant s'il avait l'art dese faire lire. Mais d'excellents modèles, venus d'Alle-magne ou produits par notre sol., ont donné un carac-tère plus élevé aux compositions historiques. Le jérite(le CCS ouvrages n'est pins excJusiveinent dans l'agrément(le la forme; il con siste, avant tout, dans l'excellence dufond. De nos jours, un historien remonte aux titres -on-ginaux, déchiffre les vieilles chartes, lit tout ce quu aété écrit sur le sujet dont il s'occupe, et demande desrenseignements à une multitude de sciences diverses. Ilfaut q.r:r'il soit philologue, naturaliste, économiste, an-chéologue; il faut que sa pensée soit profonde, et que sonérudition soit réglée par une saine critique. Mais ce n'estpoint assez encore,*

.ncore,' s'il n'aibe l'imagination à la science,

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i)ISCOCflS

et s'il ne possède le talent d'exprimer sa pensée clansun style élégant, souple, varié et chaudement coloréquand l'occasion l'exige. Pourrait-on écrire aujourd'huiles annales de Lyon; comme on l'a fait plus d'une fois,en rajeunissant seulementpar la forme des pages em-pruntées à Rubys ou . à Menestr.ier? non, sans doute.L'historien de Lyon doit maintenant p:rendre les faits àleur point de d.épart,_vérifler tons les textes, citer etdiscuter te,utes les autorités. S'il veut parler pertinem-ment des produits agricoles, il faut qu'il étudie la struc-ture intime et les révolutions géologiques du sol lyon-nais. Les Romains ont laissé de toutes parts, sur notreterre, l'empreinte de leurs pas gigantesques ce sont, ici,des restes d'aqueducs; là, des inscriptions; ailleurs, desfragments de vases ou de statues, des monnaies, desbijoul. Que (le saine érudition ne faut-il pas pour re-constituer les temps-passés avec quelques fragments depierres mutilées que de sagacité pour faire dire à cescontemporains de nos pères ce qui existait de leur temps,et combien de difficultés pour: suivre les migrations con-tinuelles des populations se succédant, sur un mêmesol, comme la vague il la vague et poui retrouver, autravers de la nuit des âges de barbarie, l'organisation dela vieille famille gauloise de Lugdunum modifiée par laloi romaine!-

Il existe, entre l'histoire générale d'une nation et l'his-toire particulière d'une ville, des points tic contact nom-breux; elles s'expliquent l'une par l'autre, et ne sauraientêtre séparées dans un sens absolu. C'est au talent del'écrivain qu'il appartient de les allier dans une l'useproportion ; les isoler, c'est s'exposer à manquer son

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SUR L' HISTOIRE DE LYON. 5but. Ce qu'on demande aux annales d'une cité, c'estavant tout la couleur locale, ce sont lesfhits particu-liers mis cri relief et considérés sous toits leurs pointsde vue ; mais ces faits spéciaux, mais cette couleurlocale reçoivent continuellement l'empreinte du mouve-ment général de la nation. Beaucoup d'événements, sides emprunts à l'histoire du pays ne viennent les expli-quer, sont des énigmes complètement privées d'int:érèt.L'histoire de Lyon n'est certainement pas celle de laFrance; mais il est impossible de la comprendre si on laborne au tableau de ce qui s'est passé dans la cité : grandnombre de ces faits particuliers à la province, sont deseffets dont la cause est à Paris. Ainsi donc, l'histoire deFranco ne doit pas être perdue de vite un seul instantquand on écrit celle de Lyon c'est ce que n'ont jascompris, peut-étre, quelques écrivains modernes. Qu 'im-porte, aujourd'hui, le fstidieux récit des innombrablesembarras financiers que la ville a éprouvés, si l 'on tic saitquelles circonstances oàt amené le gouvernement à s'eni-parel' d'un octroi ou à exiger un don gratuit? Com:inentlire avec quelque intrèt les détails, si dramatiques cepen-danti, de la mort de Cinq-Mars et de son ami, sous lahache du bourreau., si on ignore les motifs de leur con-damnation? Qu'il y ait convenance à n'user qu'avec beau-coup de discrétion de ces appels à l'histoire générale, c'estce qu'on ne saurait nier; mais leur nécessité n'en pasmoi os évidente. Quand un règne présente raremen t l'in-tervention directe du pouvoir clans les affaires de la cité,il petit suffire, pour expliquer la marche générale des faits,-cl'esqu.iser le portrait d'un roi de France Sous la inonar-chie absolue, le prince c'était l'Etat.

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6 DISCOURS

II. il est un écueil contre lequel plusieurs historiens duLyonnais ont • échoué astreints servilement à. l'ordrechronologique , ces écrivains ont enregistré les faitsselon leur daté. Dans leur livre, •à une page sur lesfinances, succède que page sur une ordonnance ren-due par le consulat; vient ensuite le récit d'une émeute,01:1 (le l'entrée, à Lyon, d'un grand personnage;les détails sur le budget recommencent:, et ainsi jusqu'àla fin. Persuadés avec raison qu'il y avait beaucoupprendre dans le volumineux recueil des AcLes consu-laires, ils but cru qu'analyser, année par année, cettecôllectionde procès-verbaux , c'était écrire l'histoire cliipays. Maisces interminables délibérations des échevins,qui pouvaient avoir quelque importance clans leur temps,n'en ont aucune aujourd'hui; mais ces petits faits delocalité, et cette exhumation de noms inconnus, n'ontmaintenant aucun mais ces débats oubliés, de-puis si longtemps, sur des questions de préséance, neconstituent en aucune façon les annales de la cité.L'historien a plus de liberté; il lui est permis de sui-vre, sans digression, tous les développements (liiii évé-nement ou d'une idée , et de ne point se soumettrestrictement à l'ordre chronologique, quand, sans cou-Ibudre leè temps et les époques, il sait grouper les faitsanalogues pour en faire rniewc connaître le caractère cl,l'ensemble procéder autrement, c'est sinterdire tout:espoir d'intéresser. La nouvelle Histoire de Lyon su:it,une auti'e méthode; chaque époque principale commence

une étude de la situation générale dit vie.tiilei.Itensuite le récit des (hits particuliers et fétucle de la

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SUR L ' HISTOIRE DE LYON. 7civilisation considérée sous ces rapports capitaux lestravaux publics; le commerce, la_condition dès classesouvrières, les secours publics, l'enseignement, les beaux-arts, les lettres, les sciences, la religion et 1s moeurs.A la citation d'un nom d'artiste, de littérateur ou desavant, correspond mie note qui indique les principauxouvrages de ce Lyonnais; à l'histoire d'un fait importantsont réunis les textes originaux, l'indication des autori-tés, ou de longs extraits de lois, édits et ordonnances.L'auteur de cette Histoire a voulu faire, avant tout, unlivre de bonne roi; il n'a pas demandé i être cru sanscontrôle, et s'est efforcé de donner à ses lecteurs lesmoyens (le vérifier l'exactitude de son récit.

Qu'il me soit permis de dire comment j'ai comprisl'histoire de Lyon, etde faire connaitre la méthode quej'ai suivie clans l'exécution de ce travail mes paroles,si j'ai failli à l'application de mes propres principes,seront la condamnation (le mon livre.

Placé par nies fonctions dans une positionheureusepour m'occuper (le recherches historiques; environnéde tous les ouvrages qui ont été écrits sur Lyon , etfamilier avec eux par un commerce de tous les joursmaître (le puiser dans une riche. collection (le manus-crits, de chartes et de documents de toute nature;aidé, enfin, par des savants connus, depuis trente an:nées,par une - étude spéciale de notre histoire politique etlittéraire, je inc suis mis à l'oeuvre rempli du sentimentintime tic ma faiblesse, mais aussi de la - convictionqu'il me serait possible, avec beaucoup (le patience etde travail, de tirer parti des moyens d'exécution dont -ma position m'offrait le libre usagé. Le bloc de marbre

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8 DISCOURS

qui recelait la statue était constanhinent sous mes yeinil était là, toujours là,, et j'avais un ciseau à la mainm'était-il donc interdit de m'en servir? Il s'agissait, je lesavais, de me frayer une voie nouvelle; de tout examiner,de tout décrire d'après mon propre jugement, llOmlfl.es etinstitutions, marché de la civilisation et faits historiquesen un mot, de recojnlfleïlcer d'un bout à l'autre l'his-toire de Lyon , comme si pas une page n'avait encoreété écrite u.r ce sujet. Plein d'estime pour les ouvragesdes Menestrier, d6 Colonia, des liubys et des Cler-Ofl mes rnaitrS, je n'en ai fait cependant,pi'esqiie

aucun usage; n'avais-je donc pas à nia dipositioh,non-seulement toù les matériaux dont mes prédécessei:i.rss'étaient servis, mais encore tons ceux qu'a recueillisdepuis vingt-cinq années unè érudition patiente?. C'étaitun livre nouveah que je me proposais. d'écrire; préparéà cette hasardeuse entreprise pi" de nombreux travauxsur la statistique et sur l'économie politique du Lyon-nais, je me uis avancé, sinon sans crainte, du moinsans hésitation, sur un terrain L1ui, pèu.t-ètre, ne métait

pas étranger; Au riscpie de m'égarer j'ai venin ne jurerpat l'autorité de personne bien 011 mal ordonné , inoiilivre tel qu'il est, ce sont mes opinions, c'e'st nioi.

L'histoire de la ville de Lyoil a été l'objet de tra-vaux nombreux, exécutés, pour la plupart,. ayec beau-COUP de science Mais peu de critique, sous des pointsde vue très divers tantôt lès faits politiques tantôt lesfaits littéraires, tantôt les faits du rèsort de l'histôireecclésiastique ont occupé presque ekclusi.vemerit l'atten-tion du narrateur. Peu de ces écrivaiiis ont remontéjusqu'aux souiices auxquelles il faut Puiser pour traiter

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SUR L ' HISTOIRE DE LION. O

ce sujet difficile, et là plupart ont vieilli. L'un d'euxdoit être placé hors ligne sous le rapport de la con-science des recherches; mais le cadre de son in-folioest tellement surchargé de digressions de tout genre,que l'histoire de Lyon, écrite en entier d'après les mêmesprincipes rappellerait ces gigantesques compilations desBénédictiu qu'on estimé beaucoup, mais qu'on se borneà consulter. Très peu de villes, en France, ont une his-toire aussi curieuse et aussi instructive que la nôtre;malheureusement, tantôt uhe érudition sans mesure etsans goàt, tantôt u.:uè méthode hnutais et 1'absncede tout talent ont étouflé l'intért si vif que présentaieiitnos annales. Nos chroniqueurs se sont plu à enregistrerdeA faits sans la moindre impdrtance, et des épisodesinsig.wflants Ont pris sous leur plume d'exubérantesproportions. Il existe un trèsgrand nombre d'ouvragéssur l'histoire de Lyon en est - il beaucoup dont onpuisse supporter la lecture? Faut-il donc nécessairementdélayer dans dix volumes les annales de nôtre cité?Aujourd'hui, plus que jamais, les longs ouvrages nousfont peu'; ressek'rer dans le plus petit espace possible ]eplus grand nombre de faits vraiment clignes d'être cou--nus , tel est le premier intérêt de l'histôrien il ne sauraittout dire; trier et résumèr, telle est sa tâche. Quelqueintéressante que puisse être l'histoire d'une ville, ellene doit pas néanmoins dépasser par ses dimensionscelle d'un grand empire persuadé r1 n.e cette remarques'appliquait surtout à nos annales, 'ai renfermé en deuxparties, qui peuvent être réunies en un seul volume,l'histoire politique, religieuse, littéraire, archéologique,art.isticp:Ie et commêrciale de tvon. Ce travail de con-

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40 DISCOURS

densation, s'il est permis de s'exprimer ainsi, présentaitd'immenses difficultés, aussi ne nie flatté-je pas d'avoirréussi. Pour l'exécuter, je inc suis préoccupe encoreplus de l'ensemble que des détails, et, me bornant à•indiquer les principaux des faits secondaires, j'ai donnétoute mon attentio:n aux éléments vraiment fondamen-taux de notre histoire. Est-i] donc aussi important (le•faire cojmajtre à la postérité tons les détails de l'entrée,dans Lyon, d'un grand personnage; que le tableau desmoeurs et de la condition de la faùille lyonnaise auxdifférentes périodes (le son passé? Ne convient-ilde laisser aux annalistes spéciaux, clbht les pénibles tra-vaux ont cependant leur prix, la longue et fastidieuseénumération des actes de telle administration ecclésias-tique ou consulaire, pour étudier aec plus de soin etd'espace les vicissitudes de. notre comiierce, ou le mou-veinent si digne d'intérêt de notre littérature et de nosinstitutions publiques?

Dégagée de tout esprit de parti et complètement in-dépenidante clans ses • opinions, la nouvelle Histoire deLyon professe la plis grande impartialité sur les hom.-mes et sur les choses elle ne juge pas le faits con-teniporains, elle les raconte. Quand l'ordre des tempsfait comparaître un hofl]ine éminent dans les sciencesou-dans les lettres, elle ne lui refuse point ].e tributd'éloges auquel il a droit, parce qu'il a été oratorienjésuite. Lorsqu'elle redit lés conflits sanglants, enfktntésdans des temps malheureux par le choc des intérèts etdes idées, elle ibuc ]e talent et le courage partout oùils se trouvent, clans Loris les rangs comme sur tous leslorrains hère (le tontes les gloires, cette Histoire coin-

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SUR L'HISTOIRE DE LYON. Ilpatit, au nom du pays blessé, à l'infortune des victimes,quels qu'aient été leur foi ou leur parti. Les congréga--Lions religieuses ont laissé dans notre cité de profondesempreintes, pourquoi taire le bien qu'elles ont fait etjuger avec nos idées des idées qui ne sont pas de notretemps? Plusieurs de nos vieilles basiliques sont la tra-duction des croyances religieuses ou artistiques de lent-époque, en sont-elles moins remarquables? Les monu-ments d'une grande ville ne sont-ils p les représén-tants toujours vivants des intérêts, des idées et desbesoins des mains qui les ont élevés, et n'est-ce pasclans leur étude que l'historien doit rechercher les vi-cissitudes de l'art, ainsi que l'expression la plus vraiedela pensée humaine, à toutes les -périodes dès tempspassés?

III. L'histoire d'une ville, comme celle d'un individu,est un portrait; son premier mérite, c'est la ressemblance.Deux caractères fbndamentaux apparaissent dans l'es-quisse générale des annales de Lyon, l'esprit religieuxet l'espi-it commercial; l'un et l'autre sont mis en reliefavec un soin égal. Lyon occupe une place distinguéedans l'histoire de l'Eglise illustrée par ses premiersévéques, notre ville a vu la religion succomber deuxfois, clans ses murs, sous d'effroyables catastrophes;' etrenaître deux foi ,s de ses ruines, plus vivace et plus belle.

- A toutes' les époques de son histoire, hors ces deuxgrandes crises, elle ' a conservé cette foi, qui se mani-Ikste, de nos jours, par i.e plus admirable ensembled'institutions de bienflhisaiice dont la famille chrétiennese soit jamais honorée. Profondément eiiipreint dans

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1:2 DISCOURS

l'âme des habitants de l'ancien Lugdumnn, l'esprit reli-gieux fit braver nue mort terrible à des -milliers de

- mârtyis dont le sang a fait germer toutes les vertuschrétiènnes sue le sol pu s'en est imprégné. C'est la foiau Christ qui conduisant là main de pieux. artistes,a élevé nos symboliques églises, hymnes en pierrechantés à l'Eternel ; c'est 4[e qui, sous le nom decharité, a bâti pour les .malades des asiles dont la :inagnifieence égaie celle des palais, : et placé auprès dupauvre, sut son lit de douleurs, tant de saintes fillespour qui l'abnégation -la plus entière et un dévouementabsolu aux devoirs lés plus rebutants ne sont cjuuiïniérite vulgaire; c'est -ellè enfin qu'on voit chaque jour,tantôt initiant l'enfant du peuple à la pratique de larnoiale, tantôt offrant des conseils et des secours auvice qui se repent, ou portant aux prisonniers des paroks d'espoir et de consolation. Infiltrée dans tous lesrangs de la société lyonnaise, partout présente, partoutsentie,'dans les institutions, dans les h.onurnents, dansles habitudes de cette grandie ville, l'idée religieuse s'ymanifeste sous mille formes, et 5 se résumant enfin clansl'expression la plus populaire de . la piété lyonnaises'élance du faîte de la plus élevée de nos collines, sousla forme de l'humble chapelle de Fourvière, commesi elle voulait se rapprocher de sa céleste demeùre etse placer au plus près 1e Dieu:

A ces tendances s'est allié constamment l'esprit ducommerce, depuis ces temps primitifs où quelques bar-ques misérables pêcheurs transportaient les produitsde notj'e sol sur le littoral du iilïôiiè et de la Saône,1usqu'à la brillante époque qui voit le génie de nos

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SUR L ' IlI;TØfflE . JE LVON. 13

manufactures lancer les richeséto11s, Ussées . par nos-ouvriers, dans toutes les contrées de I'ancier) mondeet par-delà. les mers, jusqu'aux régions 'es pJps éloignées.du monde nôuveau.. Ville de commerce et ville émi-nmment religieuse, Ïiyqn, sous ces deux rapports,s'est fait une large place dans l'histoire du pays.

Le tableau de notre industrie et de la fabrique desétoffes est la partie principale 4e l'histoire moderne deLyon; il a beaucoup plus d'importance qu'une disserta-lion critique sur une médaille ou sur une inscriptionlatine. Avant tout, Lyon est une ville de commerce; e'esl;son commerce, l'un des pl:emiers iéments de la richessenationale, qu'il est essentiel de faire connaître.

L'histoire d'une ville n'est pas celle d'un monumentd'un haut fonctionnaire, ou de quelques faits plus 01.1.

moins dramatiques; c'est, avant tout, belle des habipides,des moeurs, des intérêts et de la condition du grandnoifll)re, c'est-à-dire de la population entière ce qu'ilimporte enfin de savoir, c'est Lyon tel qu'il est de nosJours; c'est la statistique exacte denos instit,i;utions admi-nistratives, littéraires ou philanthropiques, et la con-dition matérielle de notre cité, telle que l'ont faite, àcette époque de rénovation, les immenses développementsdes travaux publics et de l'hygiène appliquée à la conser-vation de la santé et du bien-être des hommes agglomérésen famille.

IV. Lyon a bien longtemps attendu tin historien;dix-sept siècles s'étaient écoulés depuis son origine, lors-qu'un écrivain conçut, enfin, l'idée de raconter le passéde cette ville sous une roimie méthodique et complète.

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Vi DISCOURS

Son exemple a été suivi- par de nombreux imitateurs,qui ont présenté les annales de notre cité à leur point devue particulier.

Venu l'un des premiers, Paradin de Cuyseaulix mé-rite encore d'être consulté. On ne parcourt point sansintérêt le livre naïf de cet excellent doyen du chapitrede Beaujeu, q-iii possède quelque chose de la bonhomiede Froissart. Il y a d'utiles enseignemehts à recueillir danscette chronique, bien qu'il y ait presque obligation delire en même temps cet aigre et rogue Rubys, quisemble n'avoir écrit que pour

1 contredire Paradin, etdont les ouvrages, à leur tour, ne sont point, à beaucoupprès, exempts d'erreurs.

Grave, disert, profond, versé dans l'étude de l'anti.-(Iuité sans être précisément archéologue, emporté 1101)

fréquemment par îinwmpérance de sa science dans desdigressions quon ne consulte cependant pas sans fruit,érudit consommé, initié pai' trente années de recherchesdans la connaissance peu répandue, jusqu'à lui, du g ou-vernement temporel des archevêques et du chapitre deLyon , le P. Menestrier a peut-être moins écrithistoire qu'il n'a recueilli des matériaux pour SCS suc-

cesseurs. Mais son livre n'en est pas mo:inS un ouvraged'un haut mérite, et qu.e le mien ne fera pas oublier.

Colonia avait une passion véritable pour la gloire deLyon tout ce qui pouvait rehausser l'illustration dea cité lui paraissait d'une authenticité incontestable. Ily avait, de son temps, peu de sévérité dans la critique;on racontait les faits, on ne les discutait pas. Mais onne peut inécorinaitre, clans le travail du laborieux jésuite,-d'excellentes intentions, et nue étude approfondie de

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SUR LIIISTOIRE DE LYON. 15l'histoire littéraire et ecclésiastique de notre pays. Malgrél'affectation du style et beaucoup de négligences, malgréles défauts de l'ordonnance de l'on vrge, distribué avecpeu de soin et sans égard à ].a règle des proportions cp.i'iiconvient d'établir entre les différentes parties d'un livre,l'Histoire littéraire de Lyon, par le P. Colonia, sera ton-jours consultée avec plaisir el; profit par ceux qui seplaisent atLX études fortes et consciencieuses.

Ne traitons pas avec légèreté les ouvrages de cesécrivains; excusons leurs digressions, leurs .i.nexactitadeset la négligence de leur parole, en considération desservices qu'ils ont rendus aux annales de la cité. Ils ontdéfriché péniblement le terrain que nous cultivons au-jourd'hui, et c 'est gràces à leur inépuisable éruditionque nous avons appris à lire sur les débris de quel-ques vieux monuments l'histoire des temps qui ne sontPlus. Ces savants n'improvisaient pas leurs ouvrages;telle charte, tl diplôme, telle inscription leur coûtaientplusieurs années de recherches nous allons beaucoupplus vite aujourd'hui , mais faisons-nous mieux?

Prolixe , mais rempli d'intelligence, entrainé dansune mauvaise direction par le voltairianisme de sonépoque, mais doué d'ime facilité de conception mer-veilleuse, Cle:ijon a droit à une mention particulière.Je rendrai souvent justice à ce jeune historien : espritplein de sève et d'abondance; épi chargé de grains, à quiiln'a manqué, pour arriver à une maturité brillante, queplus de culture et de plus longs jours.

Aux noms j ristemeni vénérés des hommes cl.e sciencequi ont écrit les annales de Lyon, est venu s'adjoindre,sans mission 9 mon nom obscur. Historien improvisé,

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16 DISCOURS - -j'ai osé demander une place dais ce cercle où se fait•entendre la parole si instructive des Paradin, des Ru-bys, des Syméoni, des Spou, des Colonia, des Menes-trier, des .Artaud. Mais, si je , n'ai pas leur éruditionprofonde et variée, j'ai du moins, comme eux, un vifamour POUF la gloire de mon pays; mais Lyon est materre maternelle; le lien que j'aurais désigné pour ynaitre i est celui que j'ai choisi pour y mourir; maisc'est que tout m'émeut, et inc charme dans ma -villeaimée, ses temps anciens, son avenir, ses enfants quisont mes frères et mes soeurs; ses eaux et ses vertescampagnes, si belles encore à mes souvenirs sous le cieldes contrées étrangères les plus vantées; mais c'est qu'ellem'a paru bien philosophique, l'histoire de cette cité, sigrande dans la prospérité, plus. grande encore dans sesrevers, et dont les évolutions successives sont le tableau.en action des questions les plus élevées Je l'ofd.re so-cial; mais c'est enfin pie, Lyonnais de coeur et identi-fié avec tous • les intérêts lyonnais, j'ai compté, •pourfaire LUi portrait ressemblant, sur • la fortune de ce pâtrede ]'Argolide, qui, sans la moindre notion théoriquede l'art de peindre, réussit à reproduire avec, vérité lestraits de la mère qu'il aimait tant. Voilà pourquoi, écri-vaiir inexpérimenté, j'ai écrit l'histoire de Lyon bieninférieur à mes devanciers, sous le rapport du talent etde lascience, je pouvais cependant ètre un peintreplis fidèle, et je l'ai essayé.

Les villes s'honorent à juste titre des hommes célèbresqu'elles ont produits; elles aiment à se parer de cettegloire, et on les voit, rivales jalouses, compter avecfierté et s'opposer l'une à l'autre les noms illustres qui 0111

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Suit L 'HISTOIRE DE LION. 17éclos sur leur sol. Lyon a 'fourni à la France un richecontingent de célébrités : il à donné à l'architectureles deux Delorme, Perrache, Maupin; à la sculpture,Coysevox, les frères Coustou., Chinard, Lembt; à lagravure , le A.udran et Pierre Brevet ; aux arts dudessin, Stella, de I)øissieu; aux lettres, Menestrier,Brossette, Lemontey; à l'archéologie et aux travauxd'érudition, Sympliorien Cliampier, Spon, Gros de Boze,Mongez, Cocliard, Dugas-Montbel, Artaud; à la poésie,Sidoine, Louise Labé, Perntte du Guillet, Vergier,Bordes, Servan rie Sugny; à l'Imprimerie, GuillaumeLerdy, les Gryphe, Rovilié, Dolet, Jean de Tôunies,François Juste, Horace Cardon; aux sciences I)hysitpileSet chimiques, Bertliolon, Christin, Mollet, Jars; auxécoles vétérinaires, Bourgelat, Bredin, Grognier; auxsciences médicales, Pouteau, Petit, Pumas, Sainte-Marie;aux sciences mathématiques, Fleurieu, Montu.cla, Ain-père; à la'botanique, Daléchamp, Gil.ibèrt, les Jussieu; à]'art de la guerre, Suchet; à là tribune politique, CamilleJordan; à la jurisprudence, Prost de Royer; à l'industrie,Jacquard; à l'Eglise, plusieurs de ses Pères-les plus illus-tres. De grandes découvertes dans les arts ont été faites àLyon; cette ville a va les premiers essais du thermomètreà mercure, des aérostats et des bateaux à vapeur. Elle adonné le jour à des penseurs profonds, à des philosophesdont les mystiques et rêveuses doctrines ont fait écoleà des Magistrats d'un ordre éminent; à Rozier, qui fit del'agriculture une science, à l'illustre économiste Poivre,et à ce majou:-général Martin, qui dut à son génie uneIbrtune si singulière, et dont son pays reconnaissantn'oubliera jamais les bienfaits.

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18 bIscocris

V. Â tant de célébrités, je voudrais pouvoir ajoui&celles, pu brillent aujourd'hui d'un si vif éclat. Bienloin d'avoir démérité, Lyon s'est avancé dans la voiedu progrès, et en aucun temps plus quaujou.rd.'hmil n'a compté des hommes distingués dans tous tesge;res. Des considérations pie je dois respecter iii'm-terdisent d'écrire ici les noms con wmporains de savantsprofesseurs dia géologie, de physujue. et de chimie ;dont la renommée est européenne ; de membres del'Académie, connus par des écrits hautement esti nés;de poètes que Paris nous envie; de médecins chargésdes couronnes de l'institut; et celui dun naturaliste quidécrit en poète, dans ufi ouvrage de premier ordre, lescaractères et les moeurs d'une classe d'êtres organisésdont il a fait l'étude de sa vie eière. Si une grandréserve ne m'était imposée, je me plairais à rappelerici les titres nombreux à l'estime publique d'un admi-nistrateur, homme de coeui' et de talent, à qui Lyondort la plupart de ces améliorations matérielles quile régénèrent. S'il m'était permis de parler des hommesvivants, je n'oublierais ni ce prètre , que de bousécrits et un éminent talent dans l'ei:tseignement ecclé-siastique ont élevé, jeune encore , au rang des princesde l'Eglise ; ni ce puissant orateur que des succèspresque sans exemple au barreau, une facilité d'élo-cution - prodigieuse et une rare intelligence ont portéà l'un des premiers postes de l'Eiat; ni ce savantfesseuj, si remarquable par l'esprit de sa parole, par sascience médicale, par la variété de ses connaissanceset par les services qu'il a rendus à la cité au temps diffi-

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SUR L ' HISTOIRE DE LYON. 41.)

elle où il en- dirigeait l'administr-ation.-J'aurais trouvédans le notariat, dans le barreau et clans la magistraJturc, des érudits , des philologues et des critiques d'unordre élevé ; j'anrais nommé ces deux homnies de lettres;liés par 'e sang et bien plus encore par l'amitié celui)A,non moins distingué par son goût que par la soliditéde son savoir , excellent critique , prodigue de sontemps, et toujours disposé à dépenser pour le service(les antres des connaissances dont il lui aurait été sifacile de tirer parti pour sa gloire; celui-ci, patientan travail, plein (le sagacité dans les' travaux d'érndi-tio:n, exact comme les savants auteurs (le l'Art de véri-fier les dates, qu'il a imités avec bonheur; tous deuxhabitués à voir leurs noms unis, comme le sont leurscoeurs, et pie j'aurais associés avec tant d.'empresse-nient dans l'expression de ma profonde gratitude pourles services littéraires qu'ils m'ont rendus. Combienj'aurais aimé à citer ce grand écrivain, profond peu-seul et métaphysicien d'élite, dont Paris s'est emparédepuis si longtemps, et ce savant magistrat, si versédans l'étude des origines des peuples, (le même quedans la scie:nce clos lois, et si compétent pour écrire l'histoue curieuse de son pays! Pourquoi ne puis-je désigner,Par mi les artistes contemporains, ce peintre au colorissi chaud et si vrai, qui, après avoir débuté par d'écla-tants succès, s'est défié de ses propres triomphes, etest allé recommencer son éducation à Roule, patrie desails, d'où, il a rapporté un talent si correct et si pur PN'aurait-ii clone pas droit aussi à nue mention spéciale,cet Imprimeur, plein d'amour pour son art, à uneépoque oiu la typographie , déchue de la splendeur dont

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DISCOURS

elle brillait à Lyon au seizième siècle, ne sera bientôtplus qu'un métier, dessinateur au crayon finfin et spiri-tuel, véritable artiste dont les presses renommées ontproduit les livres les plus beaux et les plus soignés quecette ville ait vu paraître depuis le temps si regrettabledes Sébastien Crypb e, des de Tournes et des Dolet?N'aurais-je donc pas encore à inscrire au rang des illus-trations lyonnaises despeintres de genre et de portraits,des sculpteurs, un graveur, et des architectes, dont Lyons'enorgueillit à juste titre? Ne vois-je point , parmi lajeune génération littéraire; des médecins auteurs d'ou-vrages déjà recherchés, des avocats pleins d'avenir,et un savant qui continue par un magnifique travailarchéologique la célébrité d'un nom bien cher aux arts?Mais ces hommes sont vivants; ce sont mes contempo-rains; plusieurs sont mes amis; ils n'appartiennent pasencore à l'histoire, et je dois céder leur éloge à la plumeplus habile de mes successeurs. -

Dira-t-on encore que Lyon, ville cl.e commerce, estun sol hostile aux sciences et aux arts? On lui accordequelque supériorité dans la carrière de l'industriemais 011 lui refuse le sentiment du beau et le goût deshautes études c'est, a-t-on dit quelquefois, la Béotiede la France. Cette grande cité n'est peuplée, pourqueirines écrivains , que d'ouvriirs et de boutiquierson n'y sait qu'une chose, selon eux, le prix de l'or; 011

n'y recherche que le gain, et la soif de la richesse ré -saine tous les instincts de cette ruche de marchands.Dajis, un temps voisin du nôtre, un ministre envoyait àLyon un professeur de beaucoup de mériteJ'aurais

désiré pour vous un autre ihéàtre, lui dit-il en le congé-

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SUR L'HISTOIRE D1& LYON. -21

cc diant; vous n'aurez pour auditeurs que des épiciers.Lyon a protesté avec éclat contre des imputations S

ridicules; nulle part, même à Paris, un auditoire plusdistingué et surtout plus nombreux ne s'est condenséautour d'une. chaire. Des cours scientifiques, arides enapparence, ont été suivis par la population lyonnaiseavec l'empressement le plus soutenu. Bientôt les amphi-théâtres sont devenus trop étroits; la salle immense de1 11ôtel-de-Villé n'a pu recevoir qu'une partie de l'audi-toire d'un orateur éloquent qui a vu se renouveler pourlui, à Lyon, les triomphes de cet Abailard dont les églisesles plus vastes ne poivaient contenir les trop nombreuxdisciples. Nulle part les facultés des sciences et des lettresn'ont eu un succès si beau, nulle part le haut enseigne-,ment n'a vu germer avec pins d'abondance les idées qu'ilavait semées. Et ce ne sont pas seulement les jeuneshommes des écoles qui se montrent si avides d'instruc-tion; une grande affluence de Lyonnais de tons les âges,comme de toutes les conditions, compose le brillant.auditoire des. professeurs. Retenu dans la semaine pal sontravail, l'ouvrier ne peut suivre les cours publics et fré-quenter les bibliothèques; mais, le dimanche, il encom-bre les musées. La ville de Lyon est-elle donc insou-ciante pour- les lettres, et: affirmera-t-on toujours queles sciences et les arts y languissent, délaissés par unepopulation ignorante et apathique? Signaler l'ardeur (leses habitants pour tou.t ce qui. peut enrichir et agrandirleur intelligence, n'est-ce pas ajouter un trait nécessaireà l'esquisse des moeurs lyonnaises au dix-neuvièmesiècle?

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22 DISCOURS

VI. Puis-je maintenant panel' de vous sans manqueraux coiivenances, ô mes concitoyennes! Conduit parmon sujet à des recherches d'érudition assez souventd'un intérêt médiocre j'ai eu toute liberté Polir discu-tei un texte ou pour commenter un fragment d'insc.rip-tionb et peut-être ai-je abusé' de mon droit. Une latitudeindéfinie m'a été donnée pour des études peu attrayantesd'archéologie, et il me sciait interdit, à moi qui voit-drais peindre les moeurs encore plus qu.e les monuments,de vous accorder pleiques lignes? O belles Lyonnaises,un grand écrivain l'a dit l'histoire des mœurs est surl:ol:i.Lcelle dé la femme; n'êtes-vous pas l 'expression la plusfidèiè comme la plus gracieuse de la civilisation denotre cité, dont le tableau est un de mes premiersdevoirs'!' L'histoire de Lyon n'est-elle clone pas un vastechamp émaillé de femmes jolies et spirituelles, donuplusieurs ont obtenu les honneurs de la célébrité?N'avez-vous pas été vantées Irni' d'anciens écrivainsdont la parole fait autorité, et n'y a-t-il, pas eu danstons les temps, sous la Monarchie, sous l'Empire, sousla Restauration et depuis, des Lyonnaises qui sont de-venues par leur exquise beauté des personnages histori-ques? Mais que j 'aime bien mieux louer en vous unmérite qui ne passe jamais et qui vous caractérise plusfidèleme.ut encore, la bouté dit N'ètes-vous, pasles amies du pauvre, l'espoir des malheureux, et n'est-cepas à vous que Lyon doit la renommée d'être la villequi sait le mieux pratiquer la bienfaisance? N'est-cedonc pas vous, bonnes et pieuses Lyonnaises, que laProvidence a placées dans cette cité de douleurs et tic

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SUR L'IIISrOIflE DE LYON. 23misères pour la représenter auprès -de l'indigent maladeet dans le grenier de l 'ouvrier infirme? Quêteuses obsti-nées et infatigables, n'êtes-vous pas sans cesse occupéesà solliciter p0111' le pauvre des secours qii'obtiericl -ai i; lecharme de vos paroles, s'il était possible de les refuser'INIa sainteté de votre oeuvre? Anges de charité aux ailestoujours déployées et à la, main toujours ouverte, souscombien de titres ne savez-vous pas vous multiplier poursécher tourtes les larmes et pour atteindre à tous lesgenres d'infortune! O dignes fei:nmes de Lyon, quej'aimerais à montrer les premières d'entre vous par lerang et par la fortune, passant la plus grande partiedu jour dans les mansardes de leurs pauvres , etsachant si bien s'y cacher qu'on n'y soupçonneraitpas leur présence, si ces autres Eiisabeth de Hongrien'éiaient aussi décelées par le suave parfiini des fleursque la charité chrétienne fait éclore sous leurs pas! Non,11011, Ô mes belles concitoyennes, ce n'est point unedigression déplacée que cette esquisse incomplète de deque vous êtes, et je ne suis pas sorti de mon sujetquand j'ai parlé de vos vertus heui:eux si l'inhabiletéde mon langage n'avait, pas trahi ma pensée, et si j'avaismieux réussi à m'inspirer d'un sujet , aussi cligne jiimo:raliste et de l'historien!

Terre du Lyonnais, terre (le Pothin et d'Irénée, paysd'espérance, 4e couvictioj2 ci: de foi, sol qu'a fécondéle sang de tant de martyrs de leurs croyances politiquesoit religieuses, et qi:u allies, par le plus singulier con-trast:e , l'intelligence des intérêts matériels au mysticisme(le la pensée, quand auras-ai un historien doué d'assez

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DISCOURS SUR L' IIISTOIltE 1)E LYON

de chaleur au coeur pour exprimer le mystère dé dettedualité? Témoifl du courage de tes habitants sur lechamp de bataille, Rouie té douma pour symbole lelion, le plus noble des âij.ifflaux. Dix-huit siècles plustard, Napoléon décora ton blason, sou les ailes del'aigle Impériale, de ces abeilles qui personnifiaient sibien là patiente sagcité de tes oilvrie1s. Valeur ettràai.l, hidùstiie et poésie, science de ce qu'il y a depositif dans la vie, et charité ardente, tel est le résUMédé ton histoire, ô ville de Lyon! . Marche donc dans lavoie que tu as su t'ouvrir; hiarc e d'un pas ferme danscette noble carrière ne redoute pas que des nationsrivales, jalouses de ta prospérité, t'enlèvent un joui'tes précieUses fabriques, et, confie sans crainte ton ave-nir au goit, au génie et à l'infatigable abti'vité de tesenfants. Regarde avec sécurité vers cet horizon inconnuque vont ouvrir les chemins de fer aux relations interna-tionales; ta place sera toujours bonne, quelle que soitl'influence de cet immense élément de révolution sociale.TRAvÀTLLE ET ESPÈRE, Ô ma belle ville! Que d'autrescités présentent plus de jouissances aux loisirs de l'étran-ger, qu'elles se vantent de leurs nombreux palais; richede tes riantes et fertiles campagnes, de ton passé si dra-matique, de la gloire de tant d'hommes illustres quisont tes fils, ainsi que de ton commerce qui contribuepouf une part si large à la fortune nationale, tu n'asrien à leùr envier, et,- dotée par la Providence desdeux trésors les plus précieux qi:t' .elle ait départis àl'homme pour ennoblir son passage sur la terre, l'amourdu travail et la foi , tu seras à jamais le plus beau joyaude la couronne de France et l'orgheil (lu pays