L'Histoire de Novo Nordisk

Introduction La réussite que connaît aujourd'hui le groupe est l'aboutissement d'une histoire passionnante qui commença voilà plus de 80 ans. C'est l'histoire de deux petites sociétés danoises fondées à Copenhague dans les années vingt - Nordisk Insulinlaboratorium et Novo Terapeutisk Laboratorium - qui se lancèrent dans la production d'une nouvelle préparation pharmaceutique révolutionnaire, l'insuline, hormone que venaient tout juste de découvrir deux savants canadiens.

Se livrant à une compétition farouche, les deux sociétés concurrentes figurèrent bientôt parmi les meilleures dans leur domaine. En 1989, elles finirent par conclure une trêve et fusionnèrent pour créer l'un des plus puissants groupes de biotechnologie au monde - lequel a encore connu depuis une rapide expansion.

Les chapitres qui suivent racontent, en mots et en images, les nombreux événements qui jalonnèrent l'histoire de Novo Nordisk - l'histoire fascinante de l'élaboration successive de produits d'avant-garde, mis au point grâce au génie inspiré de gens capables et ambitieux.

Nous espérons que vous aurez plaisir à découvrir cette histoire

Note Les deux sociétés, Nordisk Insulinlaboratorium et Novo Terapeutisk Laboratorium, changèrent de nom à plusieurs reprises au fil des ans. Pour permettre au lecteur de s'y retrouver plus facilement, nous avons délibérément choisi de les désigner l'une et l'autre sous les noms de Nordisk et Novo.

1 - La naissance de Nordisk Insulinlaboratorium

L'histoire de Nordisk Insulinlaboratorium commence avec la visite d'un couple danois aux Etats Unis.

Par un jour d'automne de l'année 1922, August et Marie Krogh arrivent aux Etats Unis après avoir traversé l'Atlantique. August Krogh est professeur à l'Université de Copenhague et a reçu, en 1920, les Prix Nobel de Physiologie et de Médecine. Sa femme, Marie Krogh, est médecin et se consacre à la recherche sur les maladies métaboliques. Le couple a été invité aux Etats Unis par des chercheurs de l'Université de Yale, qui ont demandé à August Krogh de donner des conférences dans tout le pays sur ses travaux de recherche.

August et Marie Krogh pendant leur voyage aux Etats Unis en 1922

En 1921, deux Canadiens, Charles Best (à g.) et Frederik Banting (à dr.) sont devenus les premiers chercheurs au monde à produire de l'extrait d'insuline à partir de pancréas et à traiter avec celui-ci un chien diabétique.

August Steenberg Krogh (1874-1949),

Professeur de zoophysiologie.

La maladie de Marie Krogh Pendant son périple américain, le couple ne cesse d'entendre parler de diabétiques qui sont traités par l'insuline - hormone découverte en 1921 par deux chercheurs canadiens, Banting et Best. Marie Krogh se montre particulièrement intéressée par ce traitement car elle souffre elle-même de diabète dit "de la maturité", ou diabète de l'adulte. Pendant son séjour aux Etats Unis, elle persuade son mari de modifier leur itinéraire de voyage de façon à pouvoir rendre visite au Professeur JJR Macleod, Directeur de l'Institut de Toronto où est produit pour la première fois un extrait d'insuline. Marie Krogh espère que Macleod autorisera son mari à produire lui-même de l'insuline après son retour au Danemark.

L'Université de Toronto

Extrait du premier

protocole d'expérience rédigé par

Banting à partir de

1921.

La rencontre de Toronto Avant de partir pour Toronto, August Krogh écrit au Dr. H C Hagedorn à Copenhague pour lui demander de participer au lancement de la production d'insuline au Danemark. L'idée séduit Hagedorn et, à la fin du mois de novembre 1922, les Krogh se rendent à Toronto. "J'ai été reçu par tous avec la plus grande gentillesse...", note Krogh dans une lettre à propos de l'accueil qui lui est réservé au cours de sa visite, visite au terme de laquelle il obtient l'autorisation de produire au Danemark cette insuline si vitale.

De retour au Danemark Le lendemain du retour du couple à Copenhague, Krogh et Hagedorn décident de mener les recherches intensives qui s'imposent. Toutefois, avant de pouvoir entreprendre de tels travaux, il faut résoudre un problème : la recherche coûte cher. Krogh et Hagedorn font donc appel au pharmacien danois August Kongsted, propriétaire des laboratoires pharmaceutiques Lovens kemiske Fabrik (Leo Pharmaceuticals Products). Kongsted propose de subventionner les recherches et de faciliter le démarrage de la production, mais il y met une condition, à savoir que Krogh et Hagedorn doivent produire leur première insuline sous le nom de "Leo".

L'Insuline Leo fut la première insuline produite au Danemark.

Dr Hans Christian

Hagedorn (1888 -

1971)

La première insuline Les premières expériences se déroulent dans la maison-même d'Hagedorn et dans les locaux de l'institut dirigé par Krogh, le Laboratoire de Zoophysiologie, et, peu après - le 21 décembre 1922 - les deux hommes réussissent à extraire une petite quantité d'insuline d'un pancréas de boeuf.

Krogh et Hagedorn sont exaltés - de fait, Krogh est si enthousiaste qu'il déclare au cours d'une conférence le 2 janvier 1923 : "Quelque chose me dit qu'en tout cas je ferais bien de délaisser pour un temps mes propres travaux et de porter toute mon attention sur ce sujet...".

Les premiers patients traités En mars 1923, les premiers patients sont traités avec l'insuline produite par Krogh et Hagedorn. Le traitement ne réussit pas dans tous les cas, mais Hagedorn note, à propos d'une fillette de neuf ans : "... cette enfant jusque là très calme et silencieuse est aujourd'hui vive et pleine d'entrain, pratiquement indisciplinable."

Au printemps de l'année 1923, Krogh et Hagedorn emménagent dans de nouveaux locaux plus vastes et Hagedorn abandonne la pratique de la médecine pour prendre la direction du laboratoire qui reçut le nom de Nordisk Insulinlaboratorium. C’est à cette époque qu’est lancée la commercialisation de l'Insuline Leo en comprimés, la première insuline danoise mise sur le marché.

Une institution indépendante En février 1924, Nordisk devient une institution indépendante sous la direction conjointe de Krogh, Hagedorn et Kongsted. Les trois hommes décident que les profits éventuels seront employés à des fins scientifiques et humanitaires. La production d'insuline au Danemark bat son plein !

C’est August Kongsted (à dr.) qui, au début, subventionne les expériences et la production. On le voit ici avec August Krogh et Ivar Bentsen. Bentsen est l'architecte qui dessine les plans du Steno Memorial Hospital bâti par Nordisk en 1932.

2 - La naissance de Novo Terapeutisk Laboratorium

L'histoire de Novo Terapeutisk Laboratorium commence avec l'engagement par Nordisk de deux frères.

En 1910, Harald Pedersen, ingénieur à l'Usine d'Electricité de Frederiksberg, commence à assister Krogh au Laboratoire de Zoophysiologie à ses heures perdues. Harald Pedersen est un inventeur exceptionnellement doué et, au laboratoire, il a l'occasion de développer le matériel que Krogh utilise dans le cadre de ses recherches.

En 1917, Harald Pedersen perd un oeil dans un accident à l'usine d'électricité, ce qui l'amène à quitter son emploi à l'usine, et c'est ainsi qu'il prend la direction de l'atelier de mécanique au Laboratoire de Zoophysiologie. Devenu chef d'atelier, il impressionne tout le monde par son habileté technique et, lorsque Hagedorn et Krogh créent Nordisk en 1923, ils conviennent

qu'Harald Pedersen est l'homme qu'il leur faut pour construire les machines indispensables à la production de l'insuline.

Thorvald Pedersen A l'automne 1923, Krogh et Hagedorn estiment qu'ils doivent engager quelqu'un pour analyser les processus chimiques intervenant dans la production de l'insuline. Harald Pedersen leur recommande son frère, Thorvald, pharmacien expérimenté qui travaille alors à la Dansk Soyakagefabrik. Thorval Pedersen se voit offrir le poste de directeur des opérations chez Nordisk, poste qu'il accepte.

Harald Pedersen (1878 -1966)

Thorvald Pedersen (1887-1961)

Mésentente Cependant, les deux frères ne restent que peu de temps chez Nordisk. Thorvald Pedersen ne s'entend pas avec Hagedorn et, en avril 1924, la situation s'envenime et Hagedorn le congédie. Par loyauté envers son frère, Harald Pedersen décide de démissionner, bien qu'il aime tout particulièrement travailler avec Krogh. Harald écrit à Krogh : "Il m'a fallu choisir entre vous, Professeur, et mon frère, et je ne pense pas que l'on puisse me blâmer d'avoir décidé de prendre le parti de mon frère, d'autant que je suis responsable de son infortune."

Les deux frères créent leur propre société. Les deux frères décident de tenter de produire eux-mêmes de l'insuline et s'installent dans le sous-sol de la maison d'Harald Pedersen. Les deux frères forment une bonne équipe et, au printemps 1924, ils réussissent à produire de l'insuline qu'ils baptisent l'Insuline Novo. Au même moment, Harald Pedersen conçoit une seringue spéciale - la seringue Novo - qui permet aux patients de s'auto-injecter l'insuline.

La seringue Novo conçue par les frères Pedersen en 1924

L'Insuline Novo

La commercialisation Les deux frères sont prêts à mettre leurs produits sur le marché, mais ils ne sont pas certains de pouvoir gérer eux-mêmes l'aspect commercial de l'opération. Ils prennent donc contact avec Nordisk pour leur proposer une certaine forme de coopération. Cependant, Krogh et

Hagedorn rejettent leur proposition et les frères Pedersen décident alors de se lancer seuls dans l'entreprise.

C'est dans le sous-sol de la maison d'Harald Pedersen, "Rolighed", que lui-même et son frère développèrent leur première insuline.

L'un des premiers appareils servant à produire

l'insuline.

La société nouvellement créée reçoit un nom Les frères Pedersen baptisent leur société Novo Terapeutisk Laboratorium et, le 16 février 1925, ils adressent une lettre de présentation aux pharmaciens danois, les informant de la mise sur le marché de l'Insuline Novo et de la seringue Novo. C'est cette date qui est retenue comme étant celle de la création de la société Novo. Le Danemark compte alors deux sociétés qui vont devenir les deux plus grands fabricants mondiaux d'insuline.

La lettre aux pharmaciens danois, datée du 16 février 1925, que l'on peut à juste titre considérer comme le bulletin de naissance de Novo.

3 - De nouvelles Insulines

Chaque année, Nordisk et Novo développent de nouvelles insulines, améliorant sans cesse la qualité de vie des diabétiques.

Au début des années trente, les chercheurs qui travaillent sur l'insuline reconnaissent que l'effet des insulines existantes sont de trop courte durée - ce qui est un grave inconvénient puisque les patients doivent procéder chaque jour à plusieurs auto-injections d'insuline.

Nordisk et Novo portent donc toute leur attention sur le développement d'une insuline à plus longue durée d'action.

En 1935, Thorvald et Harald Pedersen commercialisent une insuline associée à de l'adrénaline - substance qui se révèle prolonger l'effet de l'insuline. Toutefois, ce produit est bientôt retiré du marché car il apparaît que l'adrénaline n'a pas l'effet escompté. L'attention se porte plutôt alors sur une découverte sensationnelle que vient de faire Nordisk.

L'Insuline Retard Leo est la première insuline renfermant de la protamine.

La production d'insuline chez Novo dans les années trente.

"Le progrès le plus décisif" En 1936, Hagedorn et son collaborateur B. Norman Jensen découvrent que l'effet de l'insuline pouvait être prolongé par l'adjonction d'une protéine, la protamine, obtenue à partir de la laitance de truite de rivière. La découverte est accueillie comme un véritable progrès scientifique et, en 1937, le grand ponte américain de la diabétologie, E. Joslin, écrit : " La protamine constitue le progrès le plus décisif jamais fait dans le traitement du diabète depuis la découverte de l'insuline en 1921."

En 1936, s'inspirant des travaux de Hagedorn et de Norman Jensen, Nordisk est en mesure de lancer une insuline à durée d'action prolongée tout à fait innovante. Dès lors, les patients ne doivent pratiquer quotidiennement que quelques injections espacées.

Hagedorn - spécialiste de la recherche sur l'insuline et directeur de Nordisk - est, à plusieurs titres, un homme de haut vol. On le voit ici venant d'atterrir au Danemark aux commandes de son propre avion après un voyage à Londres.

EP Joslin

Des nouvelles du Canada Cependant, le nouveau produit présente l'inconvénient d'obliger les patients à y ajouter, avant chaque utilisation, un liquide neutralisant. C'est donc avec une grande satisfaction qu'ils apprennent un peu plus tard dans la même année que deux chercheurs canadiens, D A Scott et A M Fisher, ont réussi à produire une forme à durée d'action prolongée - l'insuline-protamine-zinc (IPZ) - qu'il suffit d'agiter avant injection. Ce nouveau produit est commercialisé par Novo en 1938 et est à l'origine d'une bataille juridique qui attire fortement l'attention des media au Danemark.

Un procès Hagedorn est convaincu que Novo fabrique l'insuline IPZ grâce à la mise en oeuvre d'une méthode brevetée par Nordisk. Harald et Thorvald Pedersen réfutent l'accusation et l'affaire

est portée devant les tribunaux. Les frères Pedersen gagnent en première instance, mais Hagedorn fait appel devant la Cour Suprême et finit par gagner le procès à la majorité d'une voix. Aux termes du jugement, Nordisk peut prétendre à une part des bénéfices réalisés par Novo sur la vente de l'IPZ.

L'insuline-protamine-zinc à longue durée d'action commercialisée par Novo en 1938.

Le procès qui oppose Novo à Nordisk devient

un grand événement médiatique.

Deux hôpitaux En 1932, Nordisk inaugure le Steno Memorial Hospital. Hagedorn et Krogh choisissent ce nom en l'honneur de l'un des pionniers de la science danoise au 17ème siècle, Niels Steensen. Cet hôpital luxueusement équipé est dédié au traitement des diabétiques et à la recherche et au développement de nouveaux traitements antidiabétiques. Les résultats des recherches qui y sont menées sont si remarquables que le Steno Memorial Hospital devient le centre de lutte contre le diabète le plus important de Scandinavie, tant par sa taille que par sa célébrité.

En 1957, l'hôpital se voit adjoindre un laboratoire de recherche qui - en 1978 - sera baptisé Laboratoire de Recherche Hagedorn. Il a pour objet la recherche fondamentale. Novo, de son côté, considére avec intérêt la création de son propre hôpital consacré au traitement du diabète et celui-ci voit le jour en 1938 et reçoit le nom d'Hvidore Hospital. Dans cet hôpital, le traitement prescrit aux patients dans les hôpitaux publics est contrôlé et adapté. Pour bon nombre de diabétiques, un séjour à Hvidore signifie qu'ils peuvent mener une vie quasiment normale à leur retour chez eux. Hvidore devient aussi un centre de recherche et d'étude clinique des nouvelles insulines Novo. En 1992, le Steno Memorial Hospital et l'Hvidore Hospital fusionneront pour constituer le Steno Diabetes Center.

Le magnifique Palais Hvidore que Novo transforme en hôpital en 1938

Le Steno Memorial Hospital, inauguré par Nordisk en 1932.

L'arrivée d'un homme nouveau chez Novo En 1937, un pharmacien, Knud Hallas-Moller, rejoint l'équipe Novo. Il a un talent extraordinaire pour la recherche et la gestion et devient l'un des piliers de la société. Chez Novo, la première tâche qui lui est confiée est de trouver une alternative à l'IPZ, dont le profil d'action n'est pas optimal. En 1944, il met au point diverses insulines, à action rapide comme à action lente. Ces produits seront largement employés dans de nombreux pays, où l'IPZ restera très appréciée par les patients et continuera de représenter une part non négligeable des ventes d'insuline de Novo.

Et chez Nordisk ? L'événement le plus marquant que connaît le traitement du diabète dans les années quarante se produit chez Nordisk. En 1946, deux de ses chercheurs, C Krayenbühl et Th. Rosenberg, réussissent à produire une insuline-protamine cristallisée. Cette forme cristallisée permet dès lors de mélanger l'insuline-protamine avec une insuline rapide - sans perte ou modification de l'effet de chacune des substances . Ce produit original est lancé sur le marché américain en 1950 sous le nom d'insuline NPH ("insuline isophane") - abréviation de Neutral Protamine Hagedorn (Protamine Neutre Hagedorn). L'insuline NPH remporte un vif succès et représente bientôt une large part de la consommation d'insuline à action prolongée (retard) dans les pays occidentaux.

Knud Hallas-Moller (1914-1984), photographié ici dans son laboratoire à la fin des années trente Cristaux d'insuline NPH

(ou isophane). L'insuline NPH fut une découverte

exceptionnelle et, aujourd'hui encore, des diabétiques utilisent ce type d'insuline dans le

monde entier.

4 - En quête d'une insuline plus pure

Novo et Nordisk développent des insulines hautement purifiées

A la suite du lancement réussi par Nordisk de l'insuline NPH, une équipe de chercheurs est

constituée chez Novo ayant pour tâche de développer une insuline aussi performante que l'insuline NPH, voire meilleure que cette dernière.

L'équipe atteint son objectif. En 1953, Novo est en mesure de présenter la série d'insulines d’action prolongée qui couvre près d'un tiers de la consommation mondiale d'insuline pendant plusieurs années. Cette série comprend trois préparations, chacune ayant son propre degré d'action prolongée grâce à la combinaison chimique d'insuline et de zinc. Ainsi, les médecins peuvent prescrire une posologie adaptée aux besoins de chaque diabétique. Par ailleurs, cette action prolongée est obtenue sans devoir recourir à des agents non apparentés à l'insuline, ce qui limite en outre les réactions allergiques que les patients sont susceptibles de développer.

Les trois inventeurs des produits de la série d’insulines d’action prolongée. De gauche à droite : Knud Hallas-Moller, Jorgen Schlichtkrull et Karl Pedersen. Cristaux

d’insuline d’action

prolongée

L'insuline induit la formation d'anticorps Bien que les insulines aient été considérablement purifiées par rapport aux produits fabriqués dans les années vingt, il reste de nombreux problèmes à résoudre. En 1960, des études américaines démontrent que tous les diabétiques développent des anticorps dirigés contre l'insuline. Ce phénomène entraîne l'atténuation de l'effet de l'insuline et l'obligation pour les patients de s'administrer des doses chaque fois plus élevées pour continuer d'équilibrer leur diabète. En outre, des patients se révèlent encore allergiques à l'insuline. Afin de découvrir la cause de ces effets, les préparations d’insuline font l'objet d'une étude approfondie faisant appel à des techniques nouvelles particulièrement sensibles. Cette étude met en évidence des "impuretés", c'est-à-dire de petites quantités de substances issues de la matière première entrant dans la fabrication de l'insuline. Chez Novo comme chez Nordisk, les chercheurs s'attachent désormais à réduire ces "impuretés", voire à les éliminer carrément, limitant ou évitant ainsi la formation d'anticorps.

De nouveaux produits hautement purifiés En 1973, la recherche menée sur les réactions entraînant la formation d'anticorps induites par les impuretés contenues dans l'insuline débouche sur la mise au point par Novo d'une insuline "monocomposée" (insuline MC). Ce nom est justifié par le fait que le produit est extraordinairement pur et ne renferme qu'un seul composant: l'insuline. En 1977, Novo est à même de commercialiser une gamme complète d'insulines de qualité MC.

Nordisk améliore les méthodes de purification et, en 1974, met sur le marché une insuline de porc hautement purifiée tout à fait innovante. Nordisk ne produit que de l'insuline de porc, ayant renoncé à l'insuline de boeuf en 1967, après la publication d'études américaines révélant que l'insuline de boeuf induisait davantage de formation d'anticorps que l'insuline de porc.

A compter de 1977, toutes les insulines produites par Novo furent de qualité « monocomposée ».

Les essais cliniques montrent que les diabétiques produisent considérablement moins d'anticorps lorsqu'ils sont traités avec les insulines hautement purifiées de Novo et de Nordisk. Les médecins peuvent donc alors prescrire en toute sécurité les nouveaux produits aux patients qui avaient précédemment développé une allergie à l'insuline. Il est également établi qu'avec ces insulines hautement purifiées, la posologie nécessaire à l'équilibrage du diabète peut être réduite.

Une consultation à l'Hvidore Hospital dans les années cinquante, période à laquelle Novo lançe les insulines d’action prolongée.

Lors de la célébration du 50ème anniversaire de la découverte de l'insuline, l'Université de Toronto nomme « Docteur Honoris Causa »

plusieurs savants. Parmi ceux-ci figure Knud Hallas-Moller (à l'extrême droite), Charles H

Best est debout au centre. Ce même titre est aussi conféré à HC Hagedorn, mais celui-ci

meurt peu avant la date de la cérémonie.

5 - Le développement international

Novo et Nordisk deviennent tous deux parmi les plus grands fabricants mondiaux d'insuline.

Au début des années soixante-dix, Novo et Nordisk peuvent contempler 50 années d'histoires riches en événements, au cours desquelles ils ont élaboré des insulines qui ont permis d'améliorer la qualité de vie des diabétiques. Toutefois, les deux sociétés ne se sont pas développées dans les mêmes proportions. Novo est indiscutablement plus importante que sa rivale et s'est appropriée une part impressionnante du marché international. Les frères Pedersen avaient commencé à exporter vers la Scandinavie et l'Allemagne dès 1926, avant de se lancer dans l'exportation vers les autres marchés européens, le Moyen Orient et l'Amérique Latine. En 1936, Novo commercialisait sa gamme d'insulines dans pas moins de 40 pays.

En 1932, Novo s'installa dans ses

nouveaux locaux sur Fuglebakkevej à Copenhague.

De nouveaux marchés Avec les insulines d’action prolongée, Novo conquiert de nouvelles parts de marché en Australie, au Japon et aux Etats Unis, s'affirmant alors comme l'un des plus grands fabricants mondiaux d'insuline. Au début des années soixante, Hallas-Moller restructure la société pour pouvoir faire face à l'accroissement permanent de ses ventes, mettant sur pied une organisation dynamique, orientée vers le produit qui se révèle bientôt être pour Novo la source d'un nouvel élan économique. Des sociétés avaient déjà été créées en Allemagne Fédérale, en France et en Afrique du Sud quelques années auparavant et, dès le milieu des années soixante-dix, Novo détient 14 filiales, complétées par divers bureaux d'information et agences commerciales répartis à la surface du globe. En 1959, Novo avait lancé la construction de laboratoires de recherche à Bagsvaerd et, dans les années soixante, ce faubourg de Copenhague devint le quartier général où sont regroupées les activités de la société. En 1974, ce développement que rien ne semble devoir arrêter atteint son point culminant avec l'introduction à la Bourse de Copenhague d'actions B de Novo.

Dans les années soixante, Novo installe son quartier général sur

un site de 122.000m² à Bagsvaerd, au nord de

Copenhague..

Knud Hallas-Moller joue un rôle décisif dans le développement de Novo.

Les ventes réalisées aux Etats Unis En 1979, la filiale américaine de Novo commençe à commercialiser les insulines MC mises au point par la société. Au début, elle rencontre un grand nombre de difficultés, Novo n'étant pas autorisé à faire état des avantages que présentent ces nouveaux produits tant que des études cliniques américaines n'avaient pas confirmé les résultats des essais européens. Toutefois, en 1982, grâce à une collaboration avec un laboratoire pharmaceutique américain, qui jouit de réseaux commerciaux et de distribution particulièrement étendus, les Etats-Unis deviennent pour Novo le marché qui offre le plus grand nombre de débouchés pour l'insuline et les autres produits pharmaceutiques. En 1980, Novo a déjà établi son propre réseau commercial au Japon. Ceci a pour conséquence une explosion du chiffre des ventes et le Japon ne tarde pas à surpasser les Etats Unis pour devenir le principal marché pharmaceutique de Novo.

Le personnel de Novo lors du pique-nique annuel

Thorvald et Harald

Pedersen participent également avec plaisir au pique-

nique.

Nordisk en situation difficile Au début des années soixante-dix, Nordisk se trouve dans une situation critique. La société ne parvient pratiquement pas à vendre à l'exportation et concentre l'essentiel de son activité sur son marché interne, au demeurant fort limité. Nordisk est en perte de vitesse en raison de la résistance qu'oppose l'équipe directoriale, présidée par le charismatique Hagedorn, à toute volonté de développement de la commercialisation des produits fabriqués par la société, lesquels sont par ailleurs parfaitement compétitifs.

Les temps changent Cependant, au cours de cette même décennie, le nouvel état-major mis en place applique une politique commerciale agressive qui permet à Nordisk de s'approprier des parts de marché

considérables à l'exportation, notamment aux Etats Unis et en particulier grâce à l'insuline de porc hautement purifiée. En 1980, les dirigeants de la société la restructurent, regroupant la production, les services commerciaux et la recherche appliquée pour former une unité distincte, Nordisk Gentofte. En 1984, Nordisk Gentofte devient une société anonyme par actions dont les actions sont cotées en 1986 à la Bourse de Copenhague. Ainsi, à l'instar de Novo, la société est désormais une entreprise parfaitement armée pour connaître un développement international irrésistible.

Dr HC Hagedorn

Nordisk Gentofte voit le jour lors de la restructuration de

Nordisk en 1980.

6 - L'insuline humaine

Novo est le premier de tous les fabricants d'insuline à lancer l'insuline humaine.

Après le lancement de l'insuline hautement purifiée dans les années soixante-dix, les deux sociétés visent un nouvel objectif : produire de l'insuline humaine, c'est-à-dire une insuline exactement semblable à l'insuline endogène, celle fabriquée par l'organisme humain. Nombreuses furent les difficultés rencontrées, mais en 1982, les tentatives de Novo sont couronnées de succès et la société devient le premier fabricant au monde capable de transformer l'insuline de porc en insuline humaine. Pour y parvenir, il suffit de remplacer, au sein de la molécule d'insuline de porc, un seul acide aminé ; on obtient alors une insuline dotée de la même structure moléculaire et des mêmes propriétés que la véritable insuline humaine. Nordisk relève le défi et, à peine deux ans plus tard est en mesure de présenter sa propre insuline humaine.

Jan Markussen, chimiste se consacrant à la recherche chez Novo. En 1979, il suggère une méthode permettant de transformer l'insuline de porc en insuline humaine.

Les essais démontrent que la formation d'anticorps est encore plus rare chez les patients traités avec l'insuline humaine et que ceux qui développent des réactions allergiques à l'insuline de porc hautement purifiée peuvent bénéficier de la nouvelle insuline humaine.

Génie génétique En 1987, Novo lançe la production industrielle de l'insuline humaine à partir de cultures sur levures transformées par génie génétique. Cet événement signifie que Novo ne dépend plus du pancréas animal et peut donc produire l'insuline en quantité pratiquement illimitée. Nordisk met également au point de son côté une méthode de fabrication de l'insuline humaine faisant appel au génie génétique, mais ne parvient pas à introduire le produit sur le marché avant la fusion de 1989.

La pompe à insuline et NovoPen® Dans les années quatre-vingt, les médecins prennent conscience du fait que les complications à long terme que connaissent les diabétiques, comme l'insuffisance rénale et la cécité, peuvent être différées, voire évitées grâce à un meilleur équilibrage de la glycémie des patients. En 1983, Nordisk commercialise donc une pompe à insuline, la pompe Nordisk. Tout comme le pancréas d'un individu en bonne santé, cette pompe libère en permanence dans l'organisme de petites quantités d'insuline, grâce auxquelles la glycémie du patient est pratiquement normale.

La pompe Nordisk.

Novo adopte une solution différente, lançant en 1985 l'élégant Novo Pen®. Avec ce stylo, les diabétiques disposent d'un outil simple leur permettant de s'injecter la dose d'insuline exactement nécessaire à différents moments dans la journée. Les patients peuvent mieux équilibrer leur glycémie, ce qui a pour conséquence de réduire le risque de voir se développer à long terme les complications classiques du diabète. Les patients manifestent un engouement certain pour le si pratique NovoPen® et, très rapidement, celui-ci se vend dans le monde entier. Nordisk décide de mettre aussi au point un stylo à insuline et introduit en 1986 Insuject® sur le marché.

Le premier NovoPen®

Insuject®

Trois ans plus tard, Novo présente la première seringue pré-remplie jetable d’insuline, moyen le plus simple de s'injecter de l'insuline : toujours à portée de main, prête à fonctionner, elle garantit un dosage de grande précision. Grâce à leurs diverses préparations d’insuline hautement purifiées, à l'insuline humaine, aux élégants stylos à insuline et à leur grande maîtrise des développements technologiques en matière de génie génétique, les deux sociétés danoises se trouvent alors en position de force pour affronter la concurrence internationale toujours plus rude. Toutefois, elles prennent dès lors conscience de la possibilité qui s'offrirait à elles d'obtenir des résultats encore meilleurs en unissant leurs efforts.

7 - Au-delà de l'insuline

Novo se lance dans la production d'autres spécialités pharmaceutiques et d'enzymes

Thorvald et Harald Pedersen savaient parfaitement dès 1925 que le pancréas renfermait aussi de la trypsine, une enzyme employée en tannerie pour assouplir les cuirs, mais ils présumaient que le procédé d'extraction de l'insuline détruisait la trypsine. Cependant, pendant la Seconde Guerre Mondiale, il y eut une telle pénurie de pancréas que Novo décida de tenter de mettre au point une méthode qui permettrait d'extraire insuline et enzymes d'une même glande. Leurs efforts furent couronnés de succès et, en 1941, Novo est en mesure de mettre sur le marché une première enzyme à usage industriel.

La pénicilline Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, la rumeur ventant les mérites proprement extraordinaires de la pénicilline parvint jusqu'au Danemark. Les frères Pedersen et Hallas-Moller prennent aussitôt conscience des possibilités qu'offre ce nouveau médicament et, en 1943, se lancent dans une série d'expériences sur la fermentation de la pénicilline. Ces travaux ne manquent pas de poser de multiples problèmes mais, en 1947, Novo peut lancer la production commerciale de la Pénicilline Novo, premier médicament de la gamme Novo à faire intervenir la fermentation dans un processus de fabrication. Les années qui suivent sont marquées par la croissance fulgurante des ventes de pénicilline et d'autres antibiotiques et Novo ne tarde pas à devoir étendre la capacité de son unité de fermentation. Toutefois, à la fin des années soixante, la concurrence sur le marché international est si rude que Novo décide de limiter sa gamme de produits à quelques types bien précis de pénicilline. Malgré cela, la pénicilline continue de représenter une part non négligeable du chiffre d'affaires de la société. En 1994, Novo Nordisk choisit d'abandonner la production de la pénicilline car ses dirigeants souhaitent concentrer toute l'énergie du groupe sur ses activités phares.

Alexander Fleming, l'inventeur de la pénicilline, dans son laboratoire.

La gamme

des pénicilline

s Novo dans les années

cinquante.

Quand un employé a une idée de génie. Dans les années quarante, les ventes de trypsine s'avèrent si florissantes que Novo décide de commercialiser une autre enzyme extraite du pancréas. Il s'agit de l'amylase, employée dans

l'industrie textile dans le cadre de l'opération dite de "désencollage". Alors que la production va démarrer, un employé a une idée particulièrement ingénieuse. Il suggère d'obtenir l'amylase par fermentation, c'est-à-dire de trouver une souche bactérienne capable de produire l'enzyme par un processus de fermentation. En fait, cette idée s'impose d'elle-même puisque Novo recourt déjà à la technique de la fermentation pour produire la pénicilline.

Les dirigeants de Novo ne sont pas complètement convaincus qu'un tel procédé puisse être mis en pratique, mais - presque à contrecoeur - ils autorisent une série d'essais. Les doutes émis par la direction ne tardent pas à se révéler sans fondement. Les chercheurs de la société réussissent très vite à isoler une bactérie capable de produire de l'amylase. Cet événement annonçe l'immense succès qu'allait connaître Novo avec la fermentation des enzymes.

Bruno Steinhardt est le chimiste qui eut l'idée de fabriquer des enzymes par fermentation.

La première cuve de fermentation utilisée par Novo pour la production

de pénicilline.

L'enzyme du succès C’est presque par hasard qu'en 1960 les chercheurs travaillant chez Novo découvrent qu'ils ont en leur possession une enzyme remarquable. A leur grand étonnement, ils constatent que cette enzyme est douée de toutes les propriétés dont rêvent les fabricants de détergents. Elle est capable d'éliminer les taches de sang et de sueur, particulièrement résistantes, et peut être associée sans problème avec les autres substances entrant dans la composition du détergent. Cette nouvelle enzyme est baptisée Alcalaseâ et est la première enzyme détergente produite par fermentation que fabriqua Novo. En 1963, une société néerlandaise lance le détergent Bio-tex à base d'Alcalase®. Bio-tex connaît un succès sans précédent et les détergents à base d'Alcalaseâ ne tardent pas à conquérir le marché mondial.

Fûts et sacs d'amylase, enzyme employée dans l'industrie textile.

Fûts et sacs d'amylase, enzyme

employée dans l'industrie textile.

Des problèmes surgissent aux Etats Unis En 1969, une revue médicale publie un article qui est à l'origine des graves problèmes auxquels va se trouver confrontée la production d'enzymes de Novo. L'article dénonce l'allergie qu'ont développée certains ouvriers d'une usine britannique de détergents après inhalation de poussière d'enzyme concentrée. Cet article attire l'attention de tous les media américains en raison de la crainte de voir les utilisateurs de détergents développer, eux-aussi des allergies. Tout ce battage a pour résultat l'effondrement des ventes d'enzymes et Novo se trouve contrainte de licencier du personnel dans ses usines danoises.

Tout est bien qui finit bien Pour réduire les risques d'allergies auxquels sont exposés les ouvriers dans les fabriques de détergents, Novo met au point des préparations d'enzymes sans poussière et, en 1971, la Food and Drug Administration américaine fait connaître ses conclusions, à savoir que les

enzymes détergentes ne présentent aucun danger pour le consommateur. Chez Novo, chacun éprouve un énorme soulagement et peut bientôt constater avec satisfaction que les ventes repartent.

Articles de presse annonçant que l'utilisation des enzymes détergentes est sans danger pour le consommateur.

L'Alcalase® sans poussière.

Des enzymes pour l'industrie de la féculerie Dans les années qui suivent, Novo lance sur le marché diverses enzymes - innovations ou perfectionnements de productions plus anciennes - pas uniquement destinées à être associées aux détergents, mais aussi à de nombreuses autres applications industrielles. L'industrie de la féculerie en devient alors une consommatrice particulièrement gourmande, utilisant les enzymes pour convertir l'amidon en sucre. En 1974, Novo commercialise l'enzyme baptisée Sweetzymeâ qui permet la dégradation de l'amidon en un sirop riche en fructose -mélange de fructose et de glucose - doté du même pouvoir sucrant que le sucre. Ce sirop est employé comme édulcorant dans de nombreux produits alimentaires, notamment dans les boissons sucrées, les glaces et la confiserie. Sweetzymeâ est la première enzyme "fixée" fabriquée en grandes quantités pour l'industrie de la féculerie. Le terme "fixée" signifie que les enzymes peuvent être utilisées sans interruption pendant plusieurs mois. Les Etats Unis deviennent le marché qui offre, de loin, les plus gros débouchés pour Sweetzyme®, mais le Japon et la Corée du Sud, par exemple, deviennent eux aussi de gros consommateurs.

De nouvelles usines Pour faire face à la demande croissante d'enzymes industrielles, les responsables de Novo décident d'étendre considérablement leur capacité de fermentation. La première étape consiste en la construction d'une nouvelle usine d'enzymes à Kalundborg, au Danemark, usine qui fut inaugurée en 1969. En 1979, Novo inaugure une usine à Franklinton, en Caroline du Nord (Etats Unis). En 1986, la société implante une usine au Japon - l'un des principaux marchés mondiaux pour les enzymes industrielles - et, en 1989, Novo Nordisk crée une fabrique d'enzymes à Curitiba, au Brésil.

La fabrique d'enzymes de Kalundborg, au Danemark, inaugurée en 1969.

En 1986, Novo implante au Japon, dans la Baie d'Ishikari sur l'île d'Hokkaïdo, l'usine de production

d'enzymes la plus moderne du monde.

La première enzyme dégradant les lipides jamais fabriquée Bien que Novo ait mis au point une large gamme d'enzymes détergentes particulièrement efficaces, les chercheurs de la société se trouvaient toujours confrontés à un problème grave apparemment insoluble. Ils n'étaient pas encore parvenus à découvrir une enzyme capable de dissoudre les taches de graisse. Un pas de géant est accompli à l'automne 1987. Les chercheurs de Novo sont les premiers au monde à développer une souche bactérienne permettant de produire en grandes quantités une enzyme dégradant les lipides. L'enzyme reçoit le nom de Lipolaseâ. Il s'agit là pour Novo de la première enzyme produite par génie

génétique. Elle est commercialisée à peine quatre mois après que ses inventeurs remportent cette grande victoire dans leur laboratoire. Une fois encore, Novo réussit à mettre au point une enzyme dotée des propriétés escomptées. Lipolaseâ ne tarde pas à entrer dans la composition de très nombreux détergents dans le monde entier.

D'autres spécialités pharmaceutiques Les enzymes et l'insuline ne sont pas les seuls succès remportés par Novo. En 1951, la société lance sur le marché l'Héparine Novo, utilisée pour prévenir la formation de caillots sanguins. Novo vend le produit aux hôpitaux et aux centres de dialyse et l'exporte jusqu'au Japon et dans d'autres pays. A la fin des années quatre-vingt, Novo entreprend les essais cliniques d’une héparine de bas poids moléculaire douée de propriétés très supérieures à celles de l'héparine classique. Ce produit est mis sur le marché par Novo Nordisk en 1991, mais, en 1994, la société décide d'en abandonner la production en raison de ventes insuffisantes.

Novo fabrique aussi d'autres produits dérivés du sang et, en 1988, elle lance les essais cliniques sur le Facteur VIIa, facteur de coagulation utilisé dans le traitement des hémophiles ayant développé des anticorps contre les autres facteurs de la coagulation. Cette spécialité, produite par génie génétique, est commercialisée par Novo Nordisk depuis 1995.

En 1964-65, Novo met sur le marché divers produits hormonaux, notamment des contraceptifs oraux. Toutefois, vers le milieu des années soixante-dix, des essais démontrent que les préparations de ce type contiennent un stéroïde qui, administré à fortes doses, est nocif chez le chien. Les chercheurs ignorent alors si ce stéroïde a le même effet chez la femme, mais, par souci de sécurité, Novo retire aussitôt ses contraceptifs oraux du marché. Novo poursuit ses recherches en gynécologie et lance en 1977 et en 1984 deux médicaments utilisés dans le traitement hormonal substitutif de la ménopause et dans la prévention de l'ostéoporose.

Novo s'intéresse alors également au développement de médicaments destinés au traitement des maladies du système nerveux central (SNC). La recherche dans ce domaine est intensifiée en 1986, lorsque Novo se porte acquéreur du laboratoire pharmaceutique danois Ferrosan A/S, qui compte alors dans ses rangs de grands noms de la recherche sur le SNC. En 1992, cette recherche permet à Novo de commercialiser une spécialité indiquée dans le traitement de la dépression. En 1995, Novo Nordisk décide de céder Ferrosan, conséquence de la nouvelle stratégie de l'entreprise qui entend concentrer toute son énergie sur les activités principales du groupe.

8 - Du nouveau chez Nordisk

Nordisk se lance dans la production de l'hormone de croissance et des produits dérivés du plasma

Au début des années soixante, Hagedorn reçut la visite d'un pédiatre, le Professeur Henning Andersen. Celui-ci avait pu constater les conséquences désastreuses chez l'enfant des troubles de la croissance. Il demanda alors à Hagedorn de démarrer la production de l'hormone de croissance, utilisée pour traiter l'insuffisance staturale (nanisme hypophysaire) secondaire à un déficit en hormone de croissance. C'était là une heureuse suggestion, l'expérience qu'avait acquise Nordisk en matière de purification de l'insuline pouvait en effet être mise à profit pour extraire et purifier l'hormone de croissance.

La production est lancée L'hormone de croissance est extraite de l'hypophyse humaine post-mortem. Hagedorn et ses collaborateurs commencèrent donc à recueillir des hypophyses auprès des services d'anatomopathologie de plusieurs hôpitaux. Cette collecte obéissait à des règles sanitaires très strictes. Les glandes étaient congelées avant d'être transférées chez Nordisk où il était procédé à l'extraction de l'hormone. En 1966, le Professeur Andersen traita les premiers patients avec l'hormone de croissance produite par Nordisk. Les résultats s'avérèrent satisfaisants et, en 1973, les autorités de santé danoises autorisèrent la mise sur le marché de cette hormone de croissance.

Des ventes en constante augmentation Les ventes de cette hormone de croissance connaissent une expansion rapide dans les années soixante-dix et quatre-vingt. La majeure partie de la production est exportée et Nordisk devient l'un des plus gros fabricants et exportateurs d'hormone de croissance au monde. Le succès que connaît le produit fabriqué par la société réside notamment dans le fait que Nordisk a mis au point des méthodes de purification innovantes qui confèrent à l'hormone de croissance une plus grande pureté (telle l’inactivation virale par traitement à l’urée 8M).

En collaboration avec les médecins du Steno Memorial Hospital, Nordisk cherche à déterminer la fréquence de prise optimale du médicament. Jusqu'alors, les patients reçoivent une dose précise d'hormone de croissance tous les deux jours, mais les chercheurs de Nordisk s'aperçoivent qu'une prise quotidienne a une bien meilleure efficacité sur la croissance.

Le génie génétique Lorsque les enfants présentant une insuffisance staturale due à un déficit en hormone de croissance étaient traités avec l’hormone de croissance Nordisk, ils finissaient par atteindre une taille normale, ou pratiquement normale. Toutefois, les difficultés rencontrées pour se procurer des hypophyses humaines en quantités suffisantes ne permettent pas de traiter tous les enfants. En 1982, Nordisk commence la production d’une hormone de croissance humaine recombinante par génie génétique. Il est alors envisageable de produire des quantités suffisantes d'hormone de croissance pour traiter tous les enfants souffrant d'insuffisance somatotrope et de troubles de la croissance. L'année 1985 voit la mise en oeuvre des premiers traitements avec la nouvelle hormone de croissance produite par génie génétique mise au point par Nordisk, et dès 1988, ce produit reçoit l'autorisation de mise sur le marché dans la plupart des pays européens et au Japon.

Une infirmière explique comment utiliser Nordiject®

A la fin des années quatre-vingt, les chercheurs de Nordisk débutent le développement clinique de l’hormone de croissance recombinante dans d’autres troubles de la croissance de l’enfant. Ainsi, dans les années 1990, l'Autorisation de Mise sur le Marché de cette hormone de croissance est étendue au traitement du syndrome de Turner puis au traitement du nanisme secondaire à l'insuffisance rénale chronique chez l'enfant et de la déficience en hormone de croissance chez l’adulte. En 1989, la société lance la commercialisation de Nordijectâ, système injecteur sous forme de stylo grâce auquel les patients peuvent s'injecter l'hormone de croissance.

9 - Une fusion dynamique

En 1989, deux sociétés en pleine expansion fusionnent pour devenir encore plus puissantes

Il s'est passé tant de choses depuis les modestes débuts de 1920. A la fin des années quatre-vingt, Nordisk, au troisième rang mondial des fabricants d'insuline, est l'un des principaux fabricants et exportateurs d'hormone de croissance. Novo est le deuxième plus gros fabricant d'insuline du monde et occupe la première place en ce qui concerne la fabrication des enzymes industrielles. Les deux sociétés exportent plus de 90 % de leur production et toutes deux ont implanté des filiales et des bureaux d'information dans de nombreux pays.

Les deux Directeurs Généraux à la tête de Novo Nordisk : Henry Brennum (à dr.), de Nordisk, et Mads Ovlisen, de Novo,. En 1990, Henry Brennum meurt et Mads Ovlisen devient Président-Directeur Général.

Novo Nordisk A/S En janvier 1989, il est annoncé que Nordisk Gentofte A/S et Novo Industri A/S unissent leurs forces sous le nom de Novo Nordisk A/S, fusion grâce à laquelle le Danemark a l'honneur d'avoir parmi ses entreprises le premier fournisseur mondial d'insuline. Cette décision est motivée par la volonté d'étendre les possibilités de développement de nouveaux produits dans le cadre du traitement du diabète et d'intensifier la recherche dans d'autres domaines, ce que permet une étroite collaboration entre les performantes unités de recherche des deux sociétés. En outre, une fois réunies, les deux entreprises ont la dimension et disposent de la puissance nécessaire pour prétendre à une plus grande compétitivité sur le marché international. Après s'être fait concurrence pendant plus de 60 ans, les deux sociétés peuvent dorénavant rassembler leurs forces pour partir main dans la main à la conquête du marché mondial.

Le nouvel état-major de

l'entreprise à New York.

10 - La Fondation Novo Nordisk

Les fondations, une tradition commune aux deux sociétés

La fusion opérée en 1989 donne également lieu à la création de la Fondation Novo Nordisk - institut indépendant ayant pour objectifs d'établir les principes de base devant régir l'exploitation de Novo Nordisk et de servir des buts scientifiques, humanitaires et sociaux. La Fondation détient la totalité des actions A de Novo Nordisk et dispose d'une majorité de contrôle lors des assemblées générales. Cette disposition garantit l'indépendance de Novo Nordisk et la maintient dans le giron danois. Le flambeau de la Fondation Novo Nordisk est le Prix Novo Nordisk - dont quelques lauréats figurent sur la photo ci-dessus.

Les fonds distribués par la Fondation sont constitués des dividendes des actions de Novo Nordisk que détient la Fondation, des intérêts et des revenus des capitaux. A la tête de la Fondation se trouve un conseil d'administration qui ne se trouve aucunement impliqué dans la gestion quotidienne de Novo Nordisk.

La Fondation de l'Insuline Nordisk Toutefois, la Fondation Novo Nordisk n'est pas la première fondation apparue dans l'histoire de Novo Nordisk. En 1926, Krogh et Hagedorn créèrent la Fondation de l'Insuline Nordisk qui subventionnait des projets scientifiques. Les fonds dont disposait la Fondation étaient constitués des bénéfices de Nordisk Insulinlaboratorium et des revenus des parts du capital propre de la Fondation. Jusqu'à la date de la fusion, le conseil d'administration de la Fondation de l'Insuline Nordisk était composé de 12 savants venus des différents pays scandinaves et August Krogh en fut le premier président.

Les statuts de la Fondation de l'Insuline Nordisk ont été approuvés en janvier 1927.

La Fondation Novo En 1951, Harald et Thorvald Pedersen créèrent la Fondation Novo. A cette époque, Novo connaissait une période de croissance rapide et la Fondation avait pour objet d'assurer à l'entreprise pour les années à venir une totale indépendance et un capital exclusivement danois. Les frères Pedersen décidèrent également que la Fondation subventionnerait des projets à visée scientifique, humanitaire et sociale. Au fil des ans, la recherche médicale danoise a largement bénéficié de l'aide de la Fondation Novo, de la Fondation de l'Insuline Nordisk et bénéficie aujourd'hui de celle de leur héritière - la Fondation Novo Nordisk.

11 - Novo Nordisk - En route vers de nouveaux objectifs

Novo Nordisk est rapidement devenue une entreprise unifiée et étroitement soudée.

La fusion s'opère en douceur, ce qui peut paraître étonnant. Bien qu'il s'agisse de réunir des sociétés concurrentes représentant à elles-deux un effectif de plusieurs milliers de personnes, Novo et Nordisk ne tardent pas à former une seule et même entreprise, poursuivant les mêmes buts et partageant une culture commune. En quelque point du globe que se trouvent les collaborateurs de Novo Nordisk - au quartier général à Bagsvaerd au Danemark, comme en Caroline du Nord aux Etats Unis, à Curitiba au Brésil, ou n'importe où ailleurs -, ils accomplissent leur tâche dans le respect des mêmes valeurs : responsabilité, engagement, générosité et intégrité. Novo Nordisk est une entreprise animée d'un état d'esprit original - une façon de penser et d'agir qui lui est propre- qui imprègne toutes ses activités.

Expansion et nouveaux produits Grâce à la fusion, Novo Nordisk est en excellente forme pour affronter les années quatre-vingt-dix. Elle augmente ou conserve ses parts de marché - aux Etats Unis comme au Japon, ce dernier offrant les meilleurs débouchés pour la gamme des spécialités pharmaceutiques de la société. Parallèlement, Novo Nordisk lance sur le marché de nouveaux produits. La fusion permet également la réalisation de projets d'investissements considérables, notamment dans la recherche et le développement. Ainsi sont jetées des bases solides qui ne peuvent que favoriser l'expansion à venir.

Novo Nordisk aujourd'hui. Aujourd'hui, la stratégie générale adoptée par Novo Nordisk vise l'expansion et la rentabilisation de quatre secteurs d'activité : le traitement du diabète, les maladies de la femme, les troubles de la croissance et les enzymes industrielles. En ce qui concerne le traitement du diabète, Novo Nordisk entend développer la production d'insuline dans le dessein d'offrir une large gamme de produits et de services permettant un traitement efficace du diabète. La société a pour objectif de s'imposer comme le partenaire privilégié du diabétique et de son médecin dans le monde entier.

Novo Nordisk a également l'intention de renforcer sa position sur le marché de l'hormone de croissance, de créer de nouveaux débouchés et de mettre au point de nouveaux produits dans le cadre de l'hormonothérapie. En même temps, Novo Nordisk cherchera à consolider sa position de premier fabricant mondial d'enzymes industrielles.

Novo Nordisk - fort d'une longue tradition de recherche et d'une histoire riche en événements - est en route vers de nouveaux objectifs.