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© France 3 Limousin http://limousin.france3.fr/ 13H AVEC VOUS EN LIMOUSIN Vendredi 06 janvier 2012 Auteur : Jean-Claude Boulesteix Chronique : les chaussures Contact : http://contact.francetelevisions.fr/?service=170 L’HISTOIRE DES CHAUSSURES WESTON Beaucoup de personnes à travers le monde connaissent les chaussures WESTON, mais seule une poignée connaisse leur lieu de naissance : LIMOGES. Il faut dire que ce nom WESTON cache bien ses origines limousines ! Le but de cette chronique est de fêter les 120 ans de la marque, en parcourant rapidement les grandes lignes de son histoire. Pour fêter dignement cet anniversaire, nous en profiterons pour vous conseiller le livre de Didier Van Cauwelaert « J.M WESTON » paru aux Editions Cherche Midi, Didier Van Cauwelaert est l’auteur d’ « Un aller simple » (prix Goncourt 1994), et du récent « Journal intime d’un arbre »salué par la critique. J. M. Weston est une entreprise de chaussure de luxe française, fondée en 1891 à Limoges par un certain Édouard Blanchard, bottier de profession. En 1904, son fils Eugène se rend à WESTON dans la banlieue de Boston aux ÉtatsUnis pour apprendre les dernières techniques de production. Il va y découvrir les frères bottier Goodyear et leur secret de fabrication : « le cousu Goodyear ». La technique révolutionnaire consiste à coudre une bande de cuir entre la tige et la semelle pour ne voir qu'une seule couture sur le pourtour. De retour en France en 1927, il rebaptise l'entreprise familiale WESTON, applique la technique et se lance dans la fabrication de chaussures de luxe. Si le nom de la marque rappelle la ville américaine, en revanche, on ignore la raison du J.M. Les deux associés ouvrent une première boutique boulevard de Courcelles à Paris, puis en 1932 sur les ChampsÉlysées. En 1976, l'entreprise est acquise par la famille Descours (EPI). La marque est présidée par Christopher Descours. L'ensemble des paires vendues par le prestigieux bottier suivent toujours le même processus de fabrication : fabrication à " l'ancienne " du cuir des semelles, découpe, montage ou bien couture à la main... Un savoirfaire qui a séduit hommes d'affaires, sportifs et tous les présidents de la 5ème République. Alors que la société connaît un ralentissement de ses ventes au début des années 2000, Michel Perry est embauché comme Directeur Artistique pour redynamiser la collection, tout en gardant le style WESTON, sa tradition et sa qualité de fabrication. 2006 est l'année de la première collection de maroquinerie et bagagerie. En 2008, l'entreprise, toujours installée à Limoges a produit environ 100 000 paires de chaussures pour un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros avec 220 employés, dont 190 ouvriers.

L'histoire de Weston

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L'histoire de Weston

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13H AVEC VOUS EN LIMOUSIN Vendredi 06 janvier 2012 Auteur : Jean-Claude Boulesteix Chronique : les chaussures Contact : http://contact.francetelevisions.fr/?service=170

L’HISTOIRE DES CHAUSSURES WESTON 

  

Beaucoup de personnes à travers le monde connaissent les chaussures WESTON, mais seule une poignée connaisse leur lieu de naissance : LIMOGES.   Il faut dire que ce nom WESTON cache bien ses origines limousines ! Le but de cette chronique est de fêter les 120 ans de la marque, en parcourant rapidement les grandes lignes de son histoire. Pour fêter dignement  cet anniversaire, nous en profiterons pour vous conseiller le livre de Didier Van Cauwelaert « J.M WESTON » paru aux Editions Cherche Midi, Didier Van Cauwelaert est l’auteur d’ « Un aller simple » (prix Goncourt 1994), et du récent « Journal intime d’un arbre »salué par la critique.  

J. M. Weston est une entreprise de chaussure de luxe française, fondée en 1891 à Limoges par un certain 

Édouard Blanchard, bottier de profession. 

 

En 1904, son fils Eugène se rend à WESTON dans la banlieue de Boston aux États‐Unis pour apprendre les 

dernières techniques de production. Il va y découvrir les frères bottier Goodyear et leur secret de fabrication : 

« le cousu Goodyear ». La technique révolutionnaire consiste à coudre une bande de cuir entre la tige et la 

semelle pour ne voir qu'une seule couture sur le pourtour.  

De retour en France en 1927, il rebaptise l'entreprise familiale WESTON, applique la technique et se lance dans 

la fabrication de chaussures de luxe. 

Si le nom de la marque rappelle la ville américaine, en revanche, on ignore la raison du J.M. 

Les deux associés ouvrent une première boutique boulevard de Courcelles à Paris, puis en 1932 sur les 

Champs‐Élysées. 

 

En 1976, l'entreprise est acquise par la famille Descours (EPI). 

La marque est présidée par Christopher Descours. 

 

L'ensemble des paires vendues par le prestigieux bottier suivent toujours le même processus de fabrication : 

fabrication à " l'ancienne " du cuir des semelles, découpe, montage ou bien couture à la main... Un savoir‐faire 

qui a séduit hommes d'affaires, sportifs et tous les présidents de la 5ème République. 

 

Alors que la société connaît un ralentissement de ses ventes au début des années 2000, Michel Perry est 

embauché comme Directeur Artistique pour redynamiser la collection, tout en gardant le style WESTON, sa 

tradition et sa qualité de fabrication. 

2006 est l'année de la première collection de maroquinerie et bagagerie.  

 

En 2008, l'entreprise, toujours installée à Limoges a produit environ 100 000 paires de chaussures pour un 

chiffre d'affaires de 50 millions d'euros avec 220 employés, dont 190 ouvriers. 

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5% environ de la production WESTON est constituée de bottes pour la gendarmerie et la police avec 1 800 

paires par an. 

 

En 1981, l'entreprise a racheté la tannerie Bastin & Fils datant de 1860, à la cheminée classée aux Monuments 

Historiques, qui lui fournissait les peausseries pour les semelles depuis les débuts d'Édouard Blanchard et traite 

environs 130 tonnes de peau de vache par an, venant d'Allemagne et d'Autriche. La peausserie déjà colorée 

pour le dessus de la chaussure vient de la tannerie française du Puy en Velay, dont WESTON est propriétaire 

depuis le printemps 2011 pour 95% de l'approvisionnement, le reste étant de l'exotique comme le lézard ou le 

crocodile. 

 

Aujourd'hui, les chaussures JM WESTON sont commercialisées dans un réseau d'une quarantaine de boutiques 

en nom propre dont vingt‐cinq à l'étranger. 

 

POURQUOI J.M WESTON ? 

 

Eugène Blanchard était un homme très secret, il a fait planer le mystère de ces deux initiales : J.M ! 

Les personnes fabricants les chaussures à Limoges ne savaient même pas où elles étaient revendues. On 

pouvait y lire simplement la lettre W. 

 

Selon Didier Van Cauwelaert, on a cru que c’était un certain John Morrris WESTON, un nom mentionné sur une 

pierre tombale dans un cimetière. Autres hypothèses : J.M comme «  j’aime », peut‐être un adaptateur de 

Victor Hugo de « Lucrèce Borgia » qui s’appelait J.M WESTON dans les années 1900, suite à une affiche 

qu’aurait pu voir Eugène Blanchard. Autre explication plausible : lorsque Eugène Blanchard voyageait incognito, 

il changeait d’identité pour s’appeler Jean Martin, Jean Martin comme J.M, pourquoi pas ! 

 

En opposition totale avec d’Henry Ford qui prônait à l’époque la fabrication à grande échelle des automobiles, 

Eugène Blanchard décida de fabriquer des chaussures uniques pour qu’elles durent le plus longtemps 

possible. Le pari est réussi car après les graves crises économiques de 1929‐1930, c’est la seule marque de 

chaussure qui va survivre. 

 

LE LIVRE DE DIDIER VAN CAUWELART « J.M WESTON » | Editions Cherche Midi 

 

Qui mieux qu'un romancier comme Didier Van Cauwelart pouvait raconter l'incroyable parcours de ce chausseur 

de Limoges qui, sous un nom anglo‐saxon, allait devenir le symbole de l'élégance parisienne. Au fil des pages de 

l’ouvrage, on verra comment Marcel Aymé, Barbara ou Philippe Noiret ont apporté leur contribution à "l'esprit " 

WESTON. Des présidents de la République à la Bande du Drugstore, des princes des Années folles à ces 

passionnés anonymes dont les mocassins modifièrent le destin, c'est tout un pan de l'histoire du XXe siècle que 

l'on parcourt en chaussant les "montures" dont parlait Clemenceau. Ce livre est avant tout un hymne à 

l'artisanat. 

 

Didier Van Cauwelart a écrit le livre en neuf semaines, c’est le temps de fabrication d’une paire de WESTON ! 

Didier Van Cauwelart évoque sa première rencontre avec la marque, via son grand‐oncle Marius qui le gardait 

chaque jeudi après‐midi. Grand‐oncle Marius était un vieil homme amputé des deux jambes, suite à un 

accident de voiture, qui cirait une fois par semaine ses bottes WESTON. Le jeune Didier Van Cauwelart pensait 

naïvement que ce geste ferait repousser les jambes de son grand‐oncle. Didier Van Cauwelart n’a jamais hérité 

des bottes Weston, alors que son Grand‐oncle les lui avait promis. Au décès de ce dernier, le jeune Didier 

n’avait que 9 ans, il ne pouvait donc pas enfiler ces bottes magiques, une part de son enfance ! 

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Il y a aussi dans ce livre la rencontre avec ce jardinier qui possède des bottes WESTON et qui dit : « Je n ‘ai pas 

les moyens de m’en offrir une deuxième paire, en revanche, celle‐ci me dure… ». Cette notion de longévité 

chez WESTON est fondamentale, on parle facilement de millésime pour telle ou telle paire de chaussure. 

Le peintre Maurice Utrillo est invité un soir à diner chez le prince à Monaco. On lui fait comprendre que ses 

mocassins WESTON ne sont plus présentables, car tout tachés de peinture. Maurice Utrillo va trouver la 

solution : il peint sur sa chaussure droite le port de Monaco et la Baie des Anges sur la chaussure gauche. Il dit : 

« A présent mes chaussures ne sont plus tachées, mais peintes ». 

L’histoire de cet homme âgé qui pour des raisons de mobilité réduite, renvoit à la maison W ESTON ses 

mocassins en racontant  leur histoire. « Mes chaussures ont fait le tour du monde, elles ont droit désormais à 

une retraite forcée » écrit‐il. Le lien existant entre l’objet et l’humain est très fort. aux  

 

" WESTON, ce n’est pas que le luxe. C’est aussi l’histoire de gens simples, dont les valeurs sont étroitement 

liées à celles de la marque : la solidité et la longévité "  Citation de Didier Van Cauwelaert 

 

LES GRANDES DATES CHRONOLOGIQUES DE WESTON : 

 

1891 : Création d'une manufacture de chaussures à Limoges par Edouard Blanchard 

1919 : Son fils, Etienne, prend la tête de l'entreprise 

1922 : Création de la marque JM WESTON et ouverture d'une première boutique à Paris, au métro Courcelles. 

1932 : Ouverture d'une boutique sur les Champs‐Élysées 

1976 : L'entreprise est cédée à Jean‐Louis Descourt (Groupe EPI) 

1981 : Rachat de la tannerie Bastin 

2000 : Relance de la société par un développement à l'international 

2001 : La maison WESTON présente un nouvel éventail de modèles sous la direction de Michel Perry 

2006 : JM WESTON présente sa première collection de maroquinerie 

2008 : JM WESTON donne la parole à cinq designers de renom 

 

A l’heure des nombreuses délocalisations industrielles, il est plutôt rassurant de constater qu’une entreprise 

symbole de qualité et de luxe ait choisit de rester en France.  

Actuellement, 203 personnes travaillent à Limoges.   

 

 

Magasin WESTON à Limoges : 

Rue Nicolas‐Appert 

Du lundi au vendredi de 10H00 à 18H00 

Tél : 05 55 04 74 00 

www.jmweston.com 

 

Le livre de Didier Van Cauwelaert 

« J.M WESTON » 

Editions Cherche Midi 

ISBN: 978‐2‐7491‐2145‐1 

www.van‐cauwelaert.com