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L’HIVER À PARIS AU TEMPS DE RICHELIEU Le visage des saisons Droits réservés : Yves Vianney Copyright : décembre 2013

L'HIVER AU TEMPS DE RICHELIEU

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L'abbé DE BOISROBERT, protégé de Richelieu, qui fut l'un des premiers membres de l'Académie française, fondée en 1635, était un habile causeur : en voici la preuve avec ce poème. Celui-ci est un tableau très vivant du Paris d'alors...

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L’HIVER À PARIS AU TEMPS DE RICHELIEU

Le visage des saisons

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L’HIVER À PARIS AU TEMPS DE RICHELIEUL’abbé DE BOISROBERT, protégé de Richelieu, qui fut l’un des premiers membres de l’Académie française, fondée en 1635, était un habile causeur : il s’adresse dans ce poème à un magistrat, M. d’Avaux à qui il fait la description de ce qu’il a vu, en venant lui rendre visite, un jour d’hiver. C’est un tableau très vivant du Paris d’alors, avec sa pompe monumentale, la Samaritaine, installée sur pilotis, près du Pont-Neuf, et qui alimentait en eau le Louvre et les Tuileries, ses moulins hydrauliques montés sur bateaux, ses crocheteurs ou portefaix, qui utilisaient pour leur métier des crochets, ses artisans pénibles, c’est-à-dire durs à la peine, ses dames qui désertent la messe où elles allaient d’ordinaire, où elles soulaient aller.

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L’HIVER À PARIS AU TEMPS DE RICHELIEUIl fait si froid que les tripières ont quitté les carrefours où elles vendaient des tripes, les sergents ou huissiers ont déserté leurs barrières, petites baraques où ils attendaient leur clientèle, et Tabarin, un célèbre farceur et bonimenteur du début du XVIIe siècle, ne monte plus sur ses tréteaux, sur sa banque. Même le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne est désert.

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L’HIVER À PARIS AU TEMPS DE RICHELIEUD’AVAUX, qui me vois tout transi, Trouves-tu pas ce froid ici Plus grand que celui de décembre, Et qu’il fait meilleur dans ta chambre, Le dos tourné devers le feu, Passer le temps à quelque jeu, Rire, et se provoquer à boire, Que, pour aller chercher la foire, Passer, comme je fais souvent, Sur le Pont-Neuf, le nez au vent ?

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L’HIVER À PARIS AU TEMPS DE RICHELIEUL’air qu’on y respire est de glace, On n’y peut marcher sans grimace, Le manteau tout autour du cou, Le nez caché comme un filou… La Samaritaine enrhumée N’a plus sa voix accoutumée, Sa cruche sèche jusqu’au fond Ne verse plus d’eau sur le pont ;

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L’HIVER À PARIS AU TEMPS DE RICHELIEULes moulins, sans changer de place, Demeurent oisifs sur la glace, Les crocheteurs demi-troublés Rappellent, à coups redoublés, Toutes leurs chaleurs naturelles, Frappant des bras sous les aisselles ;

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L’HIVER À PARIS AU TEMPS DE RICHELIEULes misérables porteurs d’eau, Tremblants en l’attente du seau Qui se remplit dans la fontaine, Chauffent leurs mains à leur haleine ; Les plus pénibles artisans, Partout chagrins et déplaisants, Demeurent avec leurs pratiques, Les bras croisés dans les boutiques.

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L’HIVER À PARIS AU TEMPS DE RICHELIEULes pauvres, gelés et transis, Contre la terre mal assis, Aux lieux publics, d’une voix lente, Et d’une main sèche et tremblante, Demandent l’aumône aux passants ; Mais le froid leur glace les sens, Les dames ne font plus la presse, Comme elles soulaient, à la messe ;

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L’HIVER À PARIS AU TEMPS DE RICHELIEUCelles qui s’écartent du feu, La lèvre pâle et le nez bleu, Paraissent toutes morfondues, En carrosse, au milieu des rues… On voit la bourgeoise proprette, Avec sa petite soubrette, Qui trottent comme des souris, Dessus le pavé de Paris ;

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L’HIVER À PARIS AU TEMPS DE RICHELIEULes carrefours sont sans tripières, Les sergents quittent leurs barrières, Les femmes qui vendent du fruit Au marché ne font plus de bruit. Tout divertissement nous manque ; Tabarin ne va plus en banque ; L’hôtel de Bourgogne est désert : Chacun se tient clos et couvert,

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L’HIVER À PARIS AU TEMPS DE RICHELIEUEt moi, d’Avaux, j’en fais de même, Car j’ai le visage si blêmeDu froid que je viens d’endurer, Que je suis contraint d’en pleurer ; Et, bien que je sois à mon aise Auprès de toi, devant ta braise, Pour te conter ces accidents, J’ai peine à desserrer les dents.

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L’ABBÉ DE BOISROBERT : L’HIVER À PARIS AU TEMPS DE RICHELIEU

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