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CAROL MARINELLI L’héritière des Karedes Saga Le royaume des Karedes

L’héritière des Karedes

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Page 1: L’héritière des Karedes

CAROL MARINELLI

L’héritièredes Karedes

Saga Le royaume des Karedes

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Le royaume des Karedes

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Le royaume d’AdamasUne histoire tumultueuse

De tout temps, les îles de Calista et d’Aristos ont excité les convoitises. Au Moyen Age, la découverte de mines de diamants sur Calista accroît l’intérêt des envahisseurs.

C’est seulement après la prise du pouvoir par Richard Cœur de Lion, au xiie siècle, que les Karedes, famille noble de l’île, sont placés sur le trône.

A cette époque, un superbe diamant rose est découvert à Calista et monté sur la couronne des Karedes. Connu sous le nom de Stefani (qui signifie « couronne », en grec), il devient rapidement un symbole très important pour le royaume d’Adamas. Convaincus que leur pouvoir est lié à ce diamant, les Karedes font le serment de ne jamais s’en séparer ; sa perte entraînerait inéluctablement la chute du royaume. Son existence a nourri les rêves des chasseurs de trésor pendant des siècles, mais aucun autre diamant n’a été découvert à Calista jusqu’aux années 40.

En 1972, en raison de tensions croissantes entre les îles d’Aristos et de Calista, le roi Christos annonce la séparation des deux îles, qui doit devenir effective après sa mort. En présence de ses enfants Anya et Aegeus, et avec les courtisans pour témoins, Christos déclare :

Vous gouvernerez chaque île en vous attachant au bien de votre peuple et à la prospérité de votre royaume. Je souhaite cependant que ces deux joyaux, ainsi que les îles, soient réunis un jour. Aristos et Calista sont plus prospères, plus belles et plus puissantes lorsqu’elles forment une seule et même nation, Adamas.

Après la mort du roi Christos en 1974, le diamant Stefani est retaillé en deux pierres, montées sur les couronnes d’Aristos et de Calista.

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arbre généalogique

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L’héritière des Karedes

CAROL MARINELLI

Traduction française deÉLISABETH MARZIN

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HARPERCOLLINS FRANCE83-85, boulevard Vincent-Auriol, 75646 PARIS CEDEX 13Service Lectrices — Tél. : 01 45 82 47 47

www.harlequin.fr

ISBN 978-2-2803-6846-9 — ISSN 0993-4448

Titre original :THE DESERT KING’S HOUSEKEEPER BRIDE

Si vous achetez ce livre privé de tout ou partie de sa couverture, nous vous signalons qu’il est en vente irrégulière. Il est considéré comme « invendu » et l’éditeur comme l’auteur n’ont reçu aucun paiement pour ce livre « détérioré ».

Collection : Azur

© 2009, Harlequin Books S.A.© 2010, 2017, HarperCollins France pour la traduction française.

Ce livre est publié avec l’autorisation de HARLEQUIN BOOKS S.A.

Tous droits réservés, y compris le droit de reproduction de tout ou partie de l’ouvrage, sous quelque forme que ce soit.Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

Cette œuvre est une œuvre de fiction. Les noms propres, les personnages, les lieux, les intrigues, sont soit le fruit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés dans le cadre d’une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des événements ou des lieux, serait une pure coïncidence.

Le visuel de couverture est reproduit avec l’autorisation de :

Femme : © GETTY IMAGES/COFFEEANDMILK/ROYALTY FREE

Tous droits réservés.

Ce roman a déjà été publié en 2010.

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1.

Le désert était bien le seul endroit où il pouvait se ressourcer.

Absorbé dans la contemplation des dunes qui ondu-laient à perte de vue, le roi Zakari Al’Farisi savourait la solitude des lieux. Il gouvernait le royaume de Calista mais c’était le désert qui lui montrait la voie.

Il était un bon roi. Un souverain énergique qui n’hésitait pas à prendre des mesures impopulaires si la situation l’exigeait. Il ne choisissait jamais la solution de facilité et son peuple lui en était reconnaissant. Son courage et son exigence lui valaient le respect de tous.

Il était parfois considéré comme un séducteur mais on lui pardonnait ses multiples liaisons. Aucune femme ne parvenait à le charmer pendant très longtemps de toute façon. Chacune ne représentait pour lui qu’une distraction éphémère.

Le désert, lui, était éternel.Le regard de Zakari scrutait la mer de sable doré. Un

des aspects les plus fascinants de ce paysage, c’était qu’il se transformait au gré des vents. Seuls quelques rochers majestueux fournissaient des repères immuables.

Ici, le maître, c’était le désert. Rude, inhospitalier, mais grandiose, il lui donnait une leçon d’humilité et le mettait à l’épreuve pour mieux le guider.

Cette confrontation avec le désert, il en avait besoin régulièrement pour se régénérer.

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Les progrès techniques avaient modifié les modes de vie. Les dromadaires avaient été remplacés par des 4x4 et la fauconnerie supplantée par la chasse au fusil. Malgré tout, certaines tribus restaient réfractaires aux influences extérieures et vivaient encore dans le respect des traditions ancestrales.

En tant que souverain de Calista, il mettait un point d’honneur à préserver leurs droits et leur environnement. En retour, ils assuraient sa protection lors de ses séjours au cœur de cette terre qu’il aimait tant. Parfois, dans le miroitement du sable, il distinguait au loin une caravane de nomades. Sans jamais empiéter sur son territoire, ces derniers veillaient sur leur roi.

Au grand dam de ses conseillers, il avait exigé de rester seul quelques jours au début de son séjour, sans même une domestique. Rien ne devait le distraire de sa méditation. Il fallait absolument qu’il trouve la moitié disparue du diamant Stefani et il comptait sur le désert pour le mettre sur la piste.

Lorsque la pierre serait en sa possession, il ne serait plus seulement le roi de Calista. Il régnerait aussi sur Aristos.

Ce que tout le monde appelait «  l’héritage du roi Christos » deviendrait réalité.

Plus de trente ans auparavant, le roi Christos Karedes gouvernait les deux îles, qui formaient le royaume d’Adamas. Cependant, si les îles étaient unies, un mécontentement croissant divisait le peuple. Les Aristéens revendiquaient l’accès aux mines de diamants de Calista, tandis que les Calistéens étaient déterminés à protéger leur terre et leurs coutumes.

En souverain avisé, Christos estimait qu’Aristos devait développer son économie en exploitant ses propres ressources sans compter sur celles de Calista. Il avait donc décidé de léguer une île à chacun de ses enfants. Par ailleurs, il avait ordonné qu’après sa mort, le diamant Stefani, joyau le plus précieux de la couronne d’Adamas

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et emblème du royaume, soit retaillé en deux pierres, montées sur les couronnes de Calista et d’Aristos. Il avait cependant exprimé le souhait qu’un jour les deux moitiés du Stefani soient de nouveau réunies et le royaume d’Adamas réunifié.

Après sa mort, sa fille Anya était donc montée sur le trône de Calista, tandis que son fils Aegeus était devenu roi d’Aristos.

Mais aujourd’hui, les deux enfants du roi Christos avaient disparu à leur tour. Anya, belle-mère de Zakari, avait trouvé la mort cinq ans auparavant avec son mari dans un accident d’hélicoptère.

Quant à Aegeus, il avait succombé quelques mois plus tôt à une attaque, laissant le royaume d’Aristos dans une situation confuse. Il s’était avéré que le diamant de la couronne d’Aristos était une copie, et la véritable pierre restait introuvable. Or, sans elle, le couronnement du prince Alex, fils d’Aegeus, ne pouvait pas avoir lieu. Zakari eut une moue méprisante. La famille royale aristéenne avait tenté de dissimuler la disparition du diamant, mais il avait très vite découvert la vérité. A présent, il ne lui restait plus qu’à retrouver la véritable pierre pour régner sur le royaume d’Adamas.

Réprimant un soupir, il s’assit en tailleur dans le sable. Jusqu’à présent ses recherches étaient restées infruc-tueuses. Il était venu dans le désert pour faire le point, mais curieusement il était incapable de se concentrer… En fin de compte, il avait eu raison d’écouter Hassan, son plus fidèle conseiller, lorsque celui-ci avait insisté pour que sa gouvernante le rejoigne dans le désert au bout d’une semaine.

Ce soir, lorsqu’il regagnerait sa tente au coucher du soleil, Christobel serait là. Habituée à satisfaire tous ses désirs, c’était une maîtresse très douée auprès de qui il trouverait chaque nuit une détente salutaire. Dans la journée, il serait ainsi plus à même de réfléchir à la marche à suivre pour retrouver le Stefani.

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Zakari ferma les yeux.Le vent tourbillonnait autour de lui et le sable lui

cinglait le visage, mais il restait impassible.Le jour où le diamant serait en sa possession, il pourrait

enfin prendre sa revanche.Bientôt il vengerait Anya des souffrances que lui avait

infligées Aegeus.

Tandis que l’appareil prenait de l’altitude, Effie tendit le cou pour jeter un dernier regard au palais.

C’était la première fois qu’elle montait dans un héli-coptère. Elle devrait sans doute avoir peur, mais elle était bien trop terrifiée par ce qui l’attendait à l’arrivée pour appréhender le vol lui-même… Depuis le début de l’après-midi elle avait l’impression d’être sur des montagnes russes.

Tout avait commencé par une rumeur. Christobel, la gouvernante du roi Zakari, avait profité de l’absence de ce dernier pour s’enfuir en compagnie de son dernier petit ami.

La nouvelle avait déclenché des gloussements et des commentaires malicieux parmi le personnel du palais. Jusqu’au moment où on avait appris que Christobel devait rejoindre le roi dans le désert le jour même.

On avait alors cherché frénétiquement une remplaçante, ce qui s’était révélé plus difficile que prévu. Deux des plus anciennes domestiques du palais étaient parties en congé. Une autre était sur le point d’accoucher. Une quatrième devait rester auprès de ses enfants malades.

A son grand dam, le choix avait fini par se porter sur Effie. Sans famille depuis le décès de sa mère, rien ne la retenait en ville. Son manque d’expérience constituait cependant un problème de taille. Elle faisait partie des domestiques chargés de l’entretien, ceux qui n’avaient aucun contact avec les membres de la famille royale.

— Le service du roi exige un dévouement de tous

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les instants, avait prévenu Stavroula, la gouvernante générale. Pendant ton séjour dans le désert, tu seras à sa disposition jour et nuit.

— Bien sûr.— Et tu devras te débrouiller sans les conseils de

personne. Le roi ne veut avoir aucun contact avec le palais. Il a besoin d’un isolement complet.

Stavroula avait plissé le front d’un air soucieux.— Il y a tellement de problèmes depuis quelque temps…Si l’île d’Aristos traversait une période mouvementée

depuis la mort du roi Aegeus, les coups de théâtre n’avaient pas manqué à Calista non plus.

Kalila, promise au roi Zakari depuis l’enfance, avait au dernier moment épousé son frère Aarif. Par ailleurs, un autre frère du roi, Cheikh Kaliq, venait de se marier avec une palefrenière.

— Je travaillerai dur et je serai toujours disponible, avait promis Effie d’un ton solennel.

— Et pas question de bavarder.— Le roi ne s’apercevra même pas de ma présence.Satisfaite, Stavroula s’était levée.— Il faut y aller. L’hélicoptère attend. En principe il

devrait déjà être parti depuis une demi-heure.— Mais… je dois faire mes bagages !— Tu n’as pas le temps.Stavroula avait indiqué à Effie une grosse valise bleu

pâle.— Tu te débrouilleras avec les affaires de Christobel.Atterrée, Effie avait tenté de faire valoir que Christobel

était deux fois plus petite et plus mince qu’elle, mais Stavroula l’avait réduite au silence d’un geste impérieux et l’avait entraînée au pas de course jusqu’à l’héliport.

— Il n’y a pas une minute à perdre. Le vent se lève. Si l’hélicoptère ne décolle pas immédiatement, il ne pourra peut-être plus partir avant demain. Faire attendre le roi est impensable !

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Le palais étant situé aux portes du désert, les jardins luxuriants qui l’entouraient témoignaient à eux seuls de l’immense richesse du roi Zakari. De nombreuses fenêtres offraient une vue splendide sur les dunes qui ondulaient à l’infini, et plus d’une fois Effie s’était surprise à admirer le paysage tout en travaillant. Mais jamais elle n’aurait imaginé le contempler un jour depuis le ciel. Survoler cet océan de sable et voir le palais devenir peu à peu un point minuscule constituaient une expérience extraordinaire.

A tel point qu’elle en oublierait presque l’anxiété qui lui nouait l’estomac.

Presque…De tous les membres de la famille royale qu’elle avait

pu apercevoir, c’était Zakari qui l’avait le plus éblouie.Qu’il se rende à une cérémonie officielle en uniforme

militaire ou qu’il déambule à travers le palais en costume traditionnel, il était d’une élégance et d’une beauté à couper le souffle. Cependant, elle n’avait jamais été aussi séduite que le jour où elle l’avait vu sourire pour la première fois. Oh, pas à elle, bien sûr… Un matin, alors qu’elle courait dans le couloir les bras chargés de draps parce qu’elle devait préparer toutes les suites des invités à l’occasion d’un mariage, elle avait vu le roi qui venait dans sa direction en compagnie de son frère Kaliq, le futur marié. Le cœur battant, elle s’était plaquée contre le mur. Au moment où les deux hommes arrivaient à sa hauteur en discutant, le visage grave de Zakari s’était illuminé d’un sourire éclatant. Subjuguée, elle en avait même oublié de faire la révérence.

Heureusement, le roi ne s’en était pas aperçu.Il ne l’avait même pas vue. Quoi de plus normal ?

Une fille comme elle ne risquait pas d’attirer le regard du roi Zakari.

Mais de son côté, elle avait été ensorcelée par son charme ravageur.

Dire qu’elle allait se retrouver en tête à tête avec lui au milieu du désert…

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Perdue dans ses pensées, elle fut tout étonnée lorsque l’appareil toucha le sol. Le pilote jeta sa valise par la porte en l’invitant à descendre au plus vite. Il voulait repartir avant que le vent ne s’aggrave davantage, expliqua-t-il. Elle s’empressa de sauter à terre.

La chaleur lui coupa le souffle.L’air était si sec et si brûlant que le foulard dont elle

s’était couvert le nez et la bouche se révélait une protection dérisoire. Baissant la tête, elle s’éloigna de l’hélicoptère en courant puis elle ferma les yeux, tandis qu’il décollait dans un tourbillon de sable.

A son grand dépit, le sable ne retomba pas complètement après le départ de l’appareil. Les jambes et le visage cinglés par de violentes rafales de vent, elle contempla le désert qui s’étendait à l’infini, parsemé d’imposants rochers.

A quelques centaines de mètres devant elle, l’immense tente du roi Zakari dessinait une tache sombre sur la mer de sable. Une bouffée d’angoisse l’assaillit. Elle avait grandi dans un quartier pauvre de Calista et passé de longues années au chevet de sa mère malade, la soignant jour et nuit. Travailler dur et rester disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre ne lui faisaient pas peur. Toutefois, jusqu’à cet instant elle n’avait pas réellement pris conscience de l’isolement dans lequel elle allait vivre avec le roi…

Dieu merci, ce dernier passait toute la journée dans le désert. Il quittait la tente dès l’aube pour ne revenir qu’au coucher du soleil, lui avait précisé Stavroula. Elle avait donc deux heures devant elle pour se familiariser avec les lieux et mettre de l’ordre sous la tente. Lorsque le roi Zakari rentrerait, elle serait prête à satisfaire tous ses désirs, se dit-elle en s’efforçant de se donner du courage.

Sur le sable, les roulettes de la valise de Christobel n’étaient d’aucune utilité. Et bien sûr, celle-ci pesait une tonne… Inondée de sueur, Effie se mit péniblement en route.

Quelques instants plus tard, à bout de souffle, elle

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écarta le lourd pan de toile qui masquait l’ouverture de la tente. La pénombre et la fraîcheur qui régnaient à l’intérieur étaient un véritable délice. Avec un soupir d’aise, elle posa sa valise et enleva ses chaussures avant de commencer l’exploration de ce havre de paix. Le sol était recouvert de tapis moelleux divinement doux sous les pieds, tandis que de lourdes draperies cloisonnaient l’espace tout en assourdissant les hurlements du vent.

La première pièce dans laquelle elle pénétra était un vaste salon meublé de tables basses de bois richement sculpté, entourées de coussins de soie joufflus aux reflets changeants. Elle regarda ces derniers avec envie. Il était très tentant de se reposer quelques minutes…

Mais pas question. De la vaisselle sale traînait sur les tables. S’il régnait la même pagaille dans toutes les pièces, elle avait du pain sur la planche !

Le salon donnait directement sur la cuisine. Elle se servit un grand verre d’eau, puis s’aspergea le visage et les bras. Cette eau était d’une fraîcheur exquise. Un luxe inouï au milieu du désert !

Le garde-manger regorgeait de nourriture. Même si l’hélicoptère ne revenait pas avant un an, ils ne risquaient pas de mourir de faim ! Au-delà de la cuisine se trouvait la zone réservée au personnel, constituée d’une salle de douche et de plusieurs chambres, petites mais confortables.

Effie commença à se détendre. Ce séjour dans le désert s’annonçait moins pénible que prévu. Non seulement le roi serait absent toute la journée mais la tente était si agréable que ce serait un plaisir d’y jouer les ménagères. Par rapport au travail qu’elle abattait tous les jours au palais, elle aurait même l’impression d’être en vacances !

Le cœur léger, elle retraversa le salon en direction des appartements du roi. Elle allait faire le ménage à fond dans sa chambre, changer les draps, et juste avant le coucher du soleil elle lui ferait couler un bain.

Lorsque le roi rentrerait, il n’aurait pas le temps de regretter l’absence de sa gouvernante habituelle. Il

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comprendrait tout de suite qu’elle était capable de s’occuper de lui aussi bien — et même mieux — que Christobel.

Zakari s’impatientait. Il y avait au moins dix minutes qu’elle était arrivée. Pourquoi tardait-elle tant à le rejoindre ?

En raison du vent, il était rentré plus tôt que prévu et avait pris un long bain parfumé en savourant pleinement ce luxe suprême. C’était l’un des effets bénéfiques du désert, avait-il songé en sortant de la baignoire le corps ruisselant d’eau. Il lui redonnait conscience de la valeur des choses.

Mais le plaisir du bain n’était qu’un prélude à un autre plaisir, bien plus intense…

Dans une vie tout entière consacrée à ses devoirs de souverain, les femmes étaient sa distraction favorite. Même si parfois il regrettait presque de n’avoir aucun effort à faire pour trouver des partenaires. Aucune femme ne résistait au charme d’un roi.

Une seule y était restée insensible.La princesse Kalila Zadar… Elle avait été choisie

pour lui par son père et était encore adolescente lorsque leurs fiançailles avaient été célébrées plus de dix ans auparavant.

Pour sa part, la perspective du mariage ne l’enchantait pas. Une fois monté sur le trône après la mort de son père, il ne s’était pas empressé d’épouser la princesse. Cependant, il avait très vite dû se rendre à l’évidence. Son peuple attendait de son roi qu’il fonde une famille. Et il fallait bien reconnaître qu’à trente-sept ans il était temps de commencer à produire des héritiers.

A contrecœur, il avait donc fini par demander à Hassan de prendre les dispositions nécessaires pour organiser le mariage. Accaparé par la recherche du diamant Stefani, il avait confié à son frère Aarif la mission d’escorter la princesse Kalila de Zaraq à Calista.

En chemin, Aarif et Kalila étaient tombés amoureux.

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Ils avaient tenté en vain de résister à l’élan qui les poussait l’un vers l’autre, et Aarif avait fini par lui avouer la vérité, craignant le pire. Zakari esquissa un sourire. Son frère avait été pour le moins stupéfait par sa réaction… Cette nouvelle l’avait enchanté.

Oh, Kalila aurait sans doute été une reine parfaite, mais en la revoyant il n’avait pas éprouvé le moindre désir pour la femme qu’elle était devenue. Pas l’ombre d’un regret. Il avait juste ressenti une joie sincère devant le bonheur éclatant d’Aarif, qui revivait enfin après des années de tourment.

Et aussi, il fallait le reconnaître, une certaine perplexité à l’idée qu’il n’avait jamais éprouvé un sentiment aussi fort que celui qui unissait son frère et Kalila.

Mais il était roi.Les rois n’avaient pas de temps pour l’amour.Il caressa sa barbe. Quand il séjournait dans le désert,

il ne se rasait jamais. Il aimait cette sensation inhabituelle et, de toute façon, il n’avait pas besoin de se mettre en frais pour Christobel.

Une bouffée de désir l’assaillit. Elle arriverait d’un moment à l’autre…

Alors qu’il venait de sortir de son bain, il avait entendu l’hélicoptère et s’était rendu jusqu’à l’entrée de la tente pour le regarder atterrir. Les tourbillons de sable soulevés par l’appareil lui avaient masqué la silhouette de Christobel mais il avait eu le temps de distinguer la tache familière de sa valise bleue.

Il avait regagné sa chambre. Un roi ne se dérangeait pas pour accueillir une domestique.

C’était elle qui viendrait le saluer.L’espace de quelques secondes il avait envisagé de

s’habiller. A quoi bon ? s’était-il dit aussitôt.Il y avait plus d’une semaine qu’il était privé de sexe.

A présent que la fin de cette période de chasteté appro-chait, son désir devenait lancinant.

Allongé nu sur son lit, il laissa échapper un soupir

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d’aise. Dieu merci, Christobel ne l’agacerait pas avec des bavardages inutiles ! Aucun danger non plus qu’elle ne lui réclame des marques de tendresse. Elle savait exactement ce qu’il attendait d’elle.

Un sourire aux lèvres, il ferma les yeux. Il imaginait déjà les caresses redoutables de sa bouche experte… Tout en guettant les pas qui se rapprochaient, il effleura du bout des doigts sa virilité pleinement éveillée. Quelle satisfaction de savoir qu’elle ne prononcerait pas un mot en le rejoignant ! Comme d’habitude, elle jouerait son rôle à la perfection…

A la recherche de la chambre du roi, Effie promenait un regard admiratif autour d’elle, impressionnée par le décor de cette partie de la tente. Un tel luxe au milieu du désert, c’était stupéfiant… Soudain, elle se figea sur le seuil d’une chambre somptueuse.

Qu’il était beau…Ce fut la première pensée qui s’imposa à son esprit

lorsqu’elle vit le roi entièrement nu sur son immense lit garni de soieries.

Ses cheveux de jais visiblement mouillés offraient un contraste saisissant avec la blancheur de l’oreiller. Ses paupières étaient closes et un sourire étrange étirait ses lèvres sensuelles, adoucissant la beauté âpre de son visage.

Sa musculature parfaite faisait jouer des ombres sur la peau mate et satinée de ses larges épaules et de son torse glabre. Au milieu de son ventre plat naissait une flèche de poils noirs…

Une chaleur intense la submergea, tandis que son regard poursuivait sa lente descente le long de ce corps splendide. A la vue de la virilité triomphante dressée entre les longs doigts fins du roi, elle fut électrisée. Le cœur battant à tout rompre, elle ne parvenait pas à détacher son regard de ce spectacle inouï. Jamais elle n’avait rien vu d’aussi fascinant ni d’aussi troublant…

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Mais il fallait à tout prix qu’elle s’en aille ! Pourquoi était-elle incapable de faire demi-tour ? Pourquoi ses jambes refusaient-elles de lui obéir ? Le balai lui échappa des mains et tomba sur le tapis avec un bruit sourd. Elle crut défaillir.

— Je suis désolée, murmura-t-elle d’une voix étranglée en mettant précipitamment sa main devant ses yeux.

Zakari se leva d’un bond en étouffant un juron. Terrifiée, elle l’entendit s’approcher d’elle.

— Où est Christobel ?— Elle… elle n’a pas pu venir, Votre Majesté.Au comble du désarroi, Effie faillit tomber à genoux

pour implorer le pardon du roi. Elle se ravisa juste à temps. Non, surtout pas ! Se retrouver avec ça au niveau des yeux… Ce serait pire que tout !

— Je… je suis vraiment désolée, Votre Majesté. J’aurais dû appeler. Je pensais que vous étiez absent… mais ce n’est pas une excuse… Je n’aurais jamais dû…

Mon Dieu ! Elle avait toutes les peines du monde à respirer. La chaleur qui l’avait assaillie à sa descente d’hélicoptère n’était rien en comparaison de la gêne insupportable qui enflammait son visage… Oh, si seule-ment le sol pouvait l’engloutir !

— Je… je m’en vais. Vous pouvez continuer…Elle inspira profondément. Il fallait à tout prix qu’elle

se calme… Malheureusement, elle n’y parvenait pas. Comment faire pour atténuer, ne serait-ce qu’un tout petit peu, l’humiliation qu’elle venait d’infliger au roi ? C’était vital car ils étaient condamnés à rester en tête à tête pendant plusieurs jours. Elle devrait peut-être prendre un air dégagé… Comme si la situation n’avait rien d’embarrassant… Elle enleva la main de ses yeux et réprima un soupir de soulagement. Le roi avait noué un drap sur ses hanches.

— Continuer quoi ? demanda-t-il d’un ton vif.— A… à vous donner du plaisir.

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A son grand dam, elle s’empourpra de plus belle. Allons bon, elle qui voulait jouer la désinvolture, c’était raté !

— Je… excusez-moi encore de vous avoir dérangé.Cette fois, ses jambes lui obéirent et elle parvint à

pivoter sur elle-même. Mais avant qu’elle ait le temps de faire un pas, le roi la saisit par le poignet pour l’obliger à se retourner. Ses yeux noirs étincelaient de fureur.

— Je suis le roi Zakari Al’Farisi et je n’ai jamais été obligé de me donner du plaisir moi-même !

Au comble de la frayeur, Effie déglutit péniblement. Quelle idiote ! Elle aurait mieux fait de se taire…

Dardant sur elle un regard plein de mépris, Zakari ajouta d’un ton cinglant :

— C’est vous qui avez été envoyée ici pour me donner du plaisir.

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CAROL MARINELLI

L’héritièredes KaredesUne simple domestique, l’héritière des Karedes ? Malgré sa surprise, le roi Zakari de Calista ne peut que se rendre à l’évidence : Effi e, la séduisante servante dont il a fait sa maîtresse pour quelques nuits, porte le diamant Stefani autour du cou, le joyau de la couronne qui lui permettra, selon la tradition, de régner enfi n sur le royaume d’Adamas. Déterminé à le récupérer par tous les moyens, il se résout à demander Effi e en mariage, même si, pour la convaincre, il doit lui faire croire qu’il est tombé éperdument amoureux d’elle…

Deux couronnes. Deux îles.Un héritage.

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