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Libyens et Français au Tchad (1897-1914). La confrérie sénoussie et le commerce transsaharienby Glauco CIAMMAICHELLA; J.-L. MiègeReview by: Constant HamèsArchives de sciences sociales des religions, 34e Année, No. 68.2 (octobre-décembre 1989), p. 219Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/41623455 .

Accessed: 13/06/2014 10:53

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BULLETIN DES OUVRAGES

sur l'étonnante lacune des travaux historiques relatifs à la « drôle de guerre ». Il entreprend non pas de la combler - il y faudrait une rigueur de méthode qui n'est pas de son pro- pos -, mais de la réduire, grâce aux archives privées ou publiques auxquelles il a pu accé- der, en s'attachant aux personnes et aux publi- cations. Il apporte beaucoup, et, à le lire, on se dit qu'il y a là matière suffisante à une grande thèse. Dès 1939, on a beaucoup parlé en Fran- ce des « silences de Pie XII », l'expression est de Mounier, le 5 mai. En revanche, le cardinal Baudrillart parle d'autant plus que l'épiscopat français, lui aussi, se tait : peu à peu, il « se sent investi d'un devoir » (p. 88), comme après le Concile, Mgr Lefebvre...

Tout n'est pas dit. Certaines absences éton- nent : par exemple, le P. Desbuquois et sa Revue de l'Action populaire. Une lecture des lettres pastorales de carême en 1939 et en 1940 eût été instructive. L'A. évite, prudemment ou sagement, toute confrontation avec le plai- doyer documentaire de Mgr. Guerry, archevê- que de Cambrai et secrétaire de l'Assemblée des cardinaux et archevêques de France, L'Église catholique en France sous l'Occupation (1947), comme avec celui de l'abbé Deroo (omis dans la bibliographie), L 'Épiscopatfran - çais dans la mêlée de son temps, 1930-1954 (1955). Bibliographie, chronologie, notices biographi- ques (cursives). Précieux documents inédits. Manque un index des noms cités. Une conclu- sion trop rigide et quasi déterministe : les camps étaient faits et les positions prises avant la guerre. Ce fut plus fluide, plus complexe, moins manichéen, au niveau des personnes que choisit P.C. Le problème, c'est bien ce frottement entre la logique des idéologies et la réaction des consciences aux situations. Lui- même le sait et son livre le suggère à plusieurs reprises.

Émile Poulat

68. 194 CIAMMAICHELLA (Glauco). Libyens et Français au Tchad (1897-1914). La confrérie sénoussie et le commerce trans- saharien. Paris, Ed. du C.N.R.S., 1987, 187 p. (Préf. de J.-L. Miègc).

Fondée par un Algérien et établie en Cyré- naïque en 1840, la confrérie sanûsîya s'est développée entre ce qui est devenu la Libye et le Tchad, à la faveur d'affiliations religieuses et d'une expansion commerciale qui forme le

sujet d'étude de cet ouvrage. Pourquoi cette expansion s'est-elle développée entre Ben- ghazi et Abéché ? La réponse est fort bien pré- sentée dans une première partie qui montre que cet espace humain et économique trans- saharien était le seul encore libre politique- ment, face aux colonisations en marche et face aux turbulences des États africains de la li- sière sud du Sahara. La mise en place de ce réseau marchand, ses routes, ses caravanes, ses guides et protecteurs, ses produits et profits sont analysés de façon précise, dans des cha- pitres courts, empruntant souvent aux cita- tions pour démontrer ou conclure. Une deu- xième partie rend compte du cheminement de la colonisation française et de l'inévitable ren- contre entre deux réseaux aux logiques à la fois semblables (expansion) et différentes (pacifisme - conquête militaire) ; en effet, du côté de la sanûsîya , nous assure l'auteur, « Au- cun engagement anti-européen, du moins tant que les nœuds essentiels de l'influence de la Confrérie au Soudan central ne seront pas sérieusement menacés » (p. 75).

Parue plus tôt, cette étude sur l'expansion marchande sanûsî, encadre très précisément celle menée par J.-L. Triaud {Arch., 66, n° 410) sur l'histoire d'une zaouia tchadienne en 1900- 1902. Chaque chapitre est suivi de notes et la bibliographie est importante (p. 133-47) ; une annexe reproduisant la correspondance franco- turco-senoussie entre 1912 et 1914 clôt cet ouvrage bien cadré, à l'information rigoureuse et pédagogiquement soutenue par des cartes et des photographies.

Constant Hamès.

68.195 CLÉVENOT (Michel). Adèle l'Obscure. Sœur Marthe (1816-1883). Paris, Ed. du Seuil, 1989, 127 p.

Peut-on écrire la vie d'une femme qui n'a - au sens strict - pas d'histoire, mais dont la rumeur publique, après sa mort, veut qu'elle ait été une sainte? Ce défi ne pouvait que plaire à M.C., qui cherche depuis des années à développer une histoire des chrétiens que l'His- toire de l'Église ignore : les sans-nom, les obs- curs qui n'ont pas part à la visibilité sociale attachée au pouvoir religieux ( Les Hommes de la Fraternité, Ed. Retz, 8 volumes parus). Pour faire revivre le cas d'Adèle Le Bouteiller, née en 1816, entrée en 1841 chez les sœurs des Éco- les chrétiennes de la Miséricorde fondées par

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