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Périodique d'informations et de formation des Salésiens coopérateurs d'Ampsin (Belsud) - 05 et 06/2010
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PÉRIODIQUE d'INFORMATION des SALÉSIENS COOPÉRATEURS
d'AMPSIN
20ème année
N° 181
Mai - Juin 2010
à la suite de
Don Bosco
Belgique - Belgïe
P.P. - P.B.
4540 AMAY
BC 31227
Agr. : P900930
Éditeur responsable : Fr. COLLET Route Militaire, 6 - B4540 AMPSIN
Mail : [email protected]
Site Web : http://users.skynet.be/coop-donbosco-ampsin-bes
Blog : http://coop-donbosco-ampsin-bes.skynetblogs.be
Bimestriel - Ne paraît pas pour Juillet - Août
LienLienLienLien
SalésienSalésienSalésienSalésien
LeLeLeLe
Il les envoya deux par deux ...
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COMPTE-RENDU DE LA RENCONTRE du mardi 18 mai 2010
Présents : Père Joseph Levante - Rolande Hérion - Anne-Marie Merelle
Ginette & Francis Collet - Jacqueline Dony - Jeanne Van Dijck
Arlette Bona - Carine Lambotte - Nicole Naniot - Nicole Dupire
Marie-Paule Matagne - Nathalie Craninx - Guy & Marie Saenen
*
* *
Avant toutes choses, souhaitons la bienvenue à Marie (Mimie) et Guy
Saenen qui nous font la grande joie de nous rejoindre …
Ils œuvrent tous deux à l’école Don Bosco de Huy, l’une en tant que
professeur de math et de religion et l’autre en tant que sous-directeur,
c’est donc dire que Don Bosco n’est pas du tout un inconnu pour nos
nouvelles recrues ...
Prière
En lieu et place de la prière traditionnelle, Carine nous invite à mé-
diter les réflexions sur les lettres de Marie-Dominique Mazzarello re-
prises dans un diapo intitulé « La simplicité du cœur » réalisé par
CoopBelSud. Vous pouvez le visionner à l’adresse suivante :
http://www.coopdonbosco.be/diasporama/mazzarellocoeur.pps
La simplicité du cœur Réflexions sur les lettres de
Marie-Dominique Mazzarello
Le cœur de Marie-Dominique est simple,
et en même temps rempli de joie. Dans ses exhortations, elle répète continuellement :
« Soyez joyeuses ! » Et ceci n'est pas l'exhortation d'une personne
qui n'est pas contente, au contraire elle manifeste la sérénité de celle qui écrit.
3
La spiritualité de Marie-Dominique se saisit dans les exhortations qu'elle adresse à ses consœurs. (...)
« Soyez joyeuses, ne craignez donc pas tant de ne pouvoir corriger vos dé-fauts en une seule fois, mais peu à peu, avec la bonne volonté de les com-battre en ne faisant jamais la paix avec eux toutes les fois que le Seigneur
vous les fait connaître. » (...) L’humilité L'humilité c'est avoir le courage de regarder ses propres zones d'ombre et de s'accepter soi-même dans son humanité et ses limites. Marie-Dominique dit même aux sœurs qu'elles ne doivent pas avoir peur de leurs défauts. Elle ne veut pas le perfectionnisme, mais bien la disposition à se mettre sur le chemin d'une sincère connaissance de soi. Il n'y a naturellement aucune barrière entre elle-même et les jeunes sœurs de l'Institut. Elle renonce à se distancer des autres en tant que supérieure et se reconnaît sœur parmi les sœurs. L'amour du travail « Tout en vous recommandant de travailler, je vous recommande aussi d'avoir soin de votre santé, et je recommande à toutes de travailler sans aucune ambition, sinon celle de plaire à Jésus. (...) Si j'accomplis mon tra-vail pour Jésus, il me donne la joie. Et je peux alors mieux travailler qu'en étant stressée par le souci du rendement. » La joie « Pour demeurer joyeuse, il faut aller de l'avant avec simplicité, ne pas chercher de satisfactions, ni dans les créatures, ni dans les choses de ce monde ». Celui qui se sent dépendant de louanges ou de blâmes, de succès ou d'insuc-cès, d'affection ou de refus, ne réussira jamais à vivre dans la joie. Marie-Dominique est convaincue que le principal élément de base pour une saine spiritualité est la joie. (...) C'est une source vitale d'énergie qui ne s'épuise pas facilement. (...) La joie est toujours l'expression de l'amour. Celui qui aime vit dans la joie.
4
L'abnégation Marie-Dominique exhorte continuellement ses sœurs à se mortifier et à piétiner l'amour-propre. (...) L'ego s'immisce dans tout notre agir et même dans notre relation à Dieu. La capacité de s'éloigner de cet ego est indispensable pour favoriser une relation à Dieu authentique. C'est plus une vertu religieuse que morale. (...) Il ne s'agit pas de se renier ou de se maltraiter, mais bien de s'abandonner à Dieu dans la liberté. (...) Il ne s'agit pas d'abord pour Marie-Dominique de perfectionnisme et sur-tout pas d'engagement moral, mais bien plutôt de la santé de l'âme, de la liberté intérieure et de la joie. Nous deviendrons libres et sereins lorsque, réussissant à nous vaincre nous-mêmes, nous seront plus dépendants des désirs infantiles et insatiables de notre propre ego.
Les relations avec les consœurs Pour une bonne relation entre la supérieure et les consœurs, il faut être libre de toute « projection » sur l'autre. Nous projetons souvent sur les autres ce que nous ne réussissons pas à accepter en nous-mêmes. Et alors nous voyons tout en noir. Ce n'est pas la communauté qui est difficile, c'est nous qui la rendons telle par nos interprétations imaginaires. Celui qui a le cœur simple voit le bien en chaque personne, mais pour celui qui porte l'obscurité en son cœur, tout devient obscur dans l'autre.
Se faire saints. Voilà pour Marie-Dominique le but du cheminement spirituel. « A nous, religieuses, il ne suffit pas de sauver notre âme, nous devons nous faire saintes, et avec nos bonnes œuvres, rendre saints beaucoup d'autres âmes qui attendent que nous les aidions » Chaque personne porte en elle un espace qui est saint, c'est l'audace du silence où Dieu habite. Contribuer au chemin de sainteté des autres, veut aussi dire aider les personnes à établir une relation avec le Dieu saint et à devenir ses familiers, les remplir de l'Esprit du Dieu Saint. C'est Dieu qui sanctifie. Marie-Dominique reconnaît aussi notre responsabilité, c'est-à-dire : nous sanctifier et sanctifier les autres. Nous devons laisser l'Esprit de Dieu opérer en nous. Par nous, l'Esprit de Dieu qui guérit et sanctifie, se déver-se sur les autres et les sanctifie.
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Nostalgie du ciel Le paradis signifie pour Marie-Dominique être près de Jésus et y être heu-reuse.(...) C'est pour elle le but de la vie : arriver au paradis. Dans ses lettres, elle dit clairement qu'elle n'a pas peur de la mort, bien au contraire, et qu'elle voudrait être déjà avec les sœurs qui y sont.(...) La mort a donc quelque chose d'affectueux.
« Je suis prête à tout faire pour votre bien » lettre 52, 4
**************************
Témoignage
Ma rencontre avec Don Bosco…
par Nathalie Craninx
Lorsque j'entame des études de Psychologie
à 18 ans, c'est sans savoir que je me destine à une
carrière d'enseignante. A l'époque, je suis motivée
par le désir de « mieux comprendre » l'être humain que j'observe depuis
mon plus jeune âge, assise dans un coin du salon de coiffure de ma ma-
man...
Toute petite déjà, je suis interpellée par les conversations des « grands »,
peinée d'entendre leurs histoires tristes et leurs destins parfois tragiques
(maladies, ruptures, décès, jalousies, coups bas, conflits conjugaux...).
Fille unique, je joue peu avec les enfants de mon âge, mais j'observe,
j'analyse, je me pose des questions sur le fonctionnement humain... trop
de questions parfois !
Dans les supermarchés, les salles d'attentes, j'observe comment les
« grands » s'y prennent avec les « petits », et bien souvent, je les trouve
maladroits et pas toujours très bienveillants.
Dans ma petite tête, je me dis souvent : « le pauvre, il ne l'a pas fait ex-
près », « c'est trop injuste » ou encore « pourquoi les adultes se permet-
tent-ils de parler ainsi aux enfants ? « Comment veulent-ils se faire res-
pecter s'ils ne respectent pas eux-mêmes leurs enfants ?... »
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Je ne m'étonne déjà plus que certains enfants soient catalogués de
« difficiles », (il faudrait qu'ils soient bien insensibles pour ne pas ré-
agir à ce genre de traitement !)mais en même temps, je me dis aussi
que si les adultes se comportent de cette façon, c'est peut-être parce
qu'eux-mêmes, étant enfants, n'ont pas été suffisamment aimés, respec-
tés, accueillis avec bienveillance...
Et je me mets alors à rêver d'un monde meilleur, un monde où
tous les hommes seraient heureux de vivre ensemble, où les conflits, la
violence, la guerre n'existeraient pas… Déjà, je pense que l'éducation
est probablement le point de départ idéal d'où l'on pourrait mobiliser
les hommes et changer le monde. Naïvement, je me dis ceci : "quand je
serai maman, si j'élève mes enfants comme papa et maman m'ont éle-
vée (avec beaucoup d'amour), et qu'en plus je ne "crie jamais sur
eux" (dixi !), alors ils ne connaîtront pas la violence et ne pourront
forcément répandre que la paix autour d'eux, puis transmettre ce mes-
sage à leurs propres enfants…".
Ainsi, du haut de mes 10 ans j'imaginais qu'une éducation à la Paix
pouvait être possible et que de générations en générations, de proches
en proches, les attitudes pacifiques finiraient par prendre le dessus. Et
ce n'est pas un hasard si, à 12 ans, ma profession de Foi se tourne plus
particulièrement sur l'Amour de mon prochain...
Au fil des années, j'apprends bien sûr à nuancer mon point de vue
(notamment à propos de la différence entre le conflit et la violence...),
une vérité s'impose de plus en plus à moi: pour pouvoir donner aux
autres, l'homme, et le plus jeune en particulier, a besoin d'être compris,
entendu, reconnu, entouré; l'homme a besoin d'affection et de recon-
naissance pour prendre confiance en lui et pouvoir, à son tour, regarder
l'autre avec bienveillance...
Mes études en Sciences de l'éducation et mon cheminement per-
sonnel m'amènent tout naturellement à développer un très grand res-
pect pour la personne de l'élève qui se trouve face à moi, quelque soit
son niveau, son passé, son présent et, je dirais même, quelque soit son
comportement. Tout en imposant une autorité qui permette un travail
sérieux en classe, je suis quelqu'un d'assez souple, me semble-t-il, quel-
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qu'un qui ne cherche pas à prendre en défaut, qui fait confiance; je
n'utilise jamais les fiches de comportements mises à disposition par
l'école car j'estime que c'est à moi de régler les problèmes qui pour-
raient survenir dans ma classe; je suis opposée aux punitions et récom-
penses (sauf très exceptionnellement), je crois fondamentalement que
les jeunes me respectent parce que je les respecte au plus profond de
moi, qu'ils le sentent, qu'ils le savent. Jamais je ne rabaisserai, jamais je
n'humilierai, jamais je ne découragerai, toujours j'essayerai de trouver
les qualités, toujours je soulignerai le positif.
Je suis également persuadée que les jeunes associent le cours au profes-
seur qui le donne. Je pense donc qu'il faut « me faire aimer » pour
donner aux jeunes le désir de suivre le cours et le plaisir d'être ensem-
ble. « Etre bien ensemble et avoir envie de découvrir, d'apprendre, se
sentir bien dans sa classe, avec son professeur pour oser parler, oser
participer, oser dire qu'on ne comprend pas, poser des questions... »
Voilà ma conviction ! Et ça marche : les élèves sont attentifs, appren-
nent et réussissent bien chez moi. Plus tard, ils me diront combien ils
ont eu du plaisir à venir à mes cours, combien ils utilisent encore les
apprentissages réalisés avec moi.
Et pourtant, malgré toutes ces marques de reconnaissance, tous
ces témoignages positifs, j'en arrive quand même à douter : c'est que
j'ai tellement entendu d'autres points de vue, tellement vu d'autres prati-
ques ! Bien des réflexions autour de moi me déstabilisent avec le
temps : « on n'est pas là pour être aimé mais pour transmettre. Si tu te
montres trop proche, tu mets ton autorité en péril », « Les profs qui
n'ont pas d'échecs sont des profs trop laxistes », « il faudrait que tout le
monde utilise les fiches de comportements, sans quoi certains passent
pour les bons et d'autres les mauvais », ... et voilà que je me rends
compte que mes « méthodes » sont « décalées » par rapport aux métho-
des de la majorité des membres de la communauté éducative ! Dans les
conseils de classe, j'entends des horreurs à propos de certains jeunes :
jugements, dépréciations, pessimisme, ... Et pourtant, je n'ose pas répli-
quer, contredire, affirmer mon point de vue qui me semble tellement
isolé et minoritaire !
Mais une fois de retour en classe, je poursuis mon chemin : envers et
contre tout ce que j'ai pu voir ou entendre, je ne change pas mes métho-
des. Pour être plus exacte, je dirais d'ailleurs qu'il ne s'agit pas vraiment
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de méthodes, mais plutôt d'une « philosophie », d'une façon de voir les
choses, d'une conviction intime, positive et optimiste, à propos de
l'éducabilité des jeunes.
De cette conviction naîtra alors tout naturellement mon goût pour les
méthodes actives et les projets. L'enseignement traditionnel ne me suf-
fit plus; il faut sortir de l'école, découvrir, rencontrer, entreprendre...
Cette façon de faire me vaudra de témoigner de ma pratique à
gauche, à droite, d'être un jour remarquée par des conseillers pédago-
giques, d'être à mon tour conseillère pédagogique, et, dans ce cadre là,
d'être appréhendée pour effectuer un intérim de direction à l'Institut
Don Bosco de Huy... C'est là que j'ai rencontré pour la première fois
DON BOSCO. Mon premier « contact avec lui » se fit d'abord au tra-
vers de la rencontre avec plusieurs membres de la communauté éduca-
tive qui, comme moi (et pour la première fois dans ma carrière), sem-
blaient partager ce même optimisme et « amour »des jeunes. Pour la
première fois, j'avais l'impression que les valeurs qui avaient motivé
«en secret » mon travail d'enseignante se révélaient au grand jour dans
cette école, puisque portées par un beau projet pédagogique et éducatif
salésien.
Ma deuxième rencontre se fit au travers de lectures à propos de
Don Bosco: sa vie, son rêve, son œuvre, ses réussites, ses difficultés...
J'allais enfin trouver ce que je cherchais depuis longtemps : la confir-
mation que les notions d'autorité et d'affectibilité sont non seulement
compatibles, mais même solidaires et complémentaires. Je sais mainte-
nant que, quelque soit mon statut ou ma fonction auprès des jeunes
(maman, marraine, directrice d'école, enseignante...), les phrases sui-
vantes resteront à jamais des leitmotiv dans mon approche des jeunes :
« Que non seulement les jeunes soient aimés, mais qu'ils se sachent
aimés », « Qu'ils soient aimés en ce qui leur plaît, que l'on s'adapte à
leurs goûts de jeunes et qu'ils apprennent ainsi à découvrir l'amour en
des choses qui naturellement ne leur plaisent guère, comme la discipli-
ne et l'étude... », « L'affection dans nos maisons tient lieu de règle-
ment... ». « Tâche de te faire aimer plutôt que de te faire craindre...».
Voilà des phrases qui, encore à l'heure actuelle, en choqueraient plus
d'un !
Et pourtant pour moi, elles résonnent « tellement vrai »…
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Ma troisième rencontre avec Don Bosco se fit au travers de l'or-
ganisation de « Couleurs salésiennes » qui, en octobre 2007, s'est dé-
roulée à Huy. Ce fut pour moi l'occasion de rencontrer les coopéra-
teurs, et plus particulièrement la chance de mieux connaître Carine,
Ginette et Francis avec qui j'ai tout de suite senti une connivence, un
partage des mêmes valeurs, un même regard sur les jeunes. Je me suis
également sentie accueillie au sein d'une grande famille avec laquelle
je partageais depuis longtemps, sans le savoir, les mêmes valeurs et
convictions.
Malheureusement, la concrétisation de ces valeurs, en tant que
chef d'école, fut pour moi très difficile. Mon parcours à l'école de Huy
fut semé d'embûches, que je ne souhaite pas étaler ici mais qui soulève
cependant une question que j'aimerais soumettre à votre réflexion : une pédagogie préventive telle que la pratiquait Don Bosco peut-elle « s'imposer » de l'extérieur ? Autrement dit, comment un enseignant ou éducateur peut-il être amené
à « adhérer » à ce système éducatif si, au plus profond de lui, il n'a pas
cette « foi » en l'éducabilité des jeunes ? S'il a peur d'ouvrir son cœur ?
S'il n'a pas lui-même reçu pour pouvoir donner à son tour ?...
A l'heure où j'écris ces quelques lignes, j'ai retrouvé le plaisir im-
mense de côtoyer à nouveau les jeunes au sein d'une classe de cours.
J'ai quitté l'école de Huy et réenfilé mon costume de « prof » quelques
40 km plus loin, mais avec quel bagage en plus ! Cette rencontre avec
Don Bosco, il était probablement écrit que je devais la faire... car s'il
m'arrive encore de tâtonner, je sais qu' Il me tiendra désormais la main,
s'il m'arrive encore de douter, je sais qu'Il me soufflera la confiance à
l'oreille, et s'il m'arrive encore de me sentir « seule », je sais que Vous
serez toujours là, mes nouveaux amis, les Coopérateurs !
Merci à tous,
Nathalie
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Tout au long de son témoignage, Nathalie a déposé des mots-clés par
terre, devant nous, ce qui nous a permis par la suite un fructueux mo-
ment de partages et d’échanges :
AUTORITE et AFFECTIVITE / EDUCATION A LA PAIX / BONTE DE LA NA-TURE HUMAINE ? / AMOREVOLEZZA / INCONSCIENT / RESPONSABILI-TE / OSER Phrases-clés : "Que les jeunes soient aimés et qu'ils se sachent aimés" (DB) "Seigneur, pardonne-leur, ils ne savent ce qu'ils font" (JC) "Tâche de te faire aimer plutôt que de te faire craindre" (DB)
*******************
Guy GILBERT, prêtre des loubards.
Le 4 juin 2010
Propos recueillis par Ginette
Nous (Père Joseph, Arlette, Jeanne, Nicole, Fran-
cis et moi-même) arrivons tôt et, petit à petit, l’é-
glise de la paroisse des Awirs se remplit d’une
assemblée nombreuse venue tout spécialement
pour l’occasion. Telle une ruche bourdonnante, le
bruit des conversations n’attend que l’arrivée de
Guy Gilbert pour se transformer en un tonnerre d’applaudissements.
Lui, l’homme des petits, des malaimés, arrive du fond d’une église
dont les portes ouvertes sur une soirée ensoleillée lui font un décor tout
de lumière. Il ne manque que le bruit des motos grondant au loin com-
me fond sonore.
A quelques jours de la fin de l’année du sacerdoce et dans le ca-
dre de la Fête-Dieu dont l’origine est dans notre diocèse, il est venu
nous parler de sa vie de prêtre et de son action.
Tout comme sœur Emmanuelle le faisait fréquemment, il com-
mence par demander qu’on mette sa chaise sur la table de conférence
afin de pouvoir être vu de tous et voir chacun d’entre nous. Il appelle
alors les prêtres et les diacres de l’assemblée à venir près de lui et nous
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demande de les applaudir en nous faisant remarquer que leur vie n’est
pas facile car « on les magnifie ou on les fustige à cause des saloperies
de certains ».
S’ensuit à ce sujet, une anecdote qu’il nous rapporte avec le
franc-parler qui émaillera tout son discours :
« Je m’en vais avec 200 prêtres au curé d’Ars. Le soir, nous pre-
nons l’avion pour Bordeaux pour une conférence. Une hôtesse de l’air
me reconnaît, elle me salue et me trouve l’air fatigué. Je lui dis que je
suis avec 200 prêtres et elle me répond : « 200 pédophiles ». Moi, je lui
réponds que j’ai déjà vu des hôtesses de l’air qui étaient des putes,
donc qu’elles sont toutes des putes. Elle s’est alors excusée en m’em-
brassant ».
Il nous explique alors qu’on demande aux prêtres des faire le
culte puis qu’on les laisse tomber alors qu’ils ont besoin d’affection.
« Eux et moi avons le même sacerdoce ». Il salue également les reli-
gieuses présentes.
« Je suis chef d’entreprise : j’ai 20 salariés, 10 payés par l’Etat et
10 payés par le prix de mes bouquins ». « L’évangélisation est d’être
un témoin vivant auprès des jeunes ». « Donner du travail aux jeunes
d’aujourd’hui est une priorité absolue ». « L’amitié est importante pour
moi, l’amitié de Dieu et l’amitié des hommes. Les prêtres ont besoin
d’amitié ».
Il nous relate alors son parcours.
« Je proviens d’un milieu pauvre. Je suis le 3ème de 15 enfants
dont chacun avait été désiré. Ma mère a multiplié l’amour. Mon père,
lui, était un peu « Sarkozy ». On a été élevé dans l’amour.
A 13 ans, j’ai annoncé que je voulais être curé. Mon père m’a
emmené au séminaire en disant là-bas que je resterais une quinzaine de
jours. J’y suis resté 15 ans. J’en ai chié. J’y ai vu dire la messe en 15
minutes par des prêtres pressés. Les prêtres régnaient.
Personne ne pourra remplacer les prêtres, mais le sacerdoce
royal, ce sont les laïcs. Le prêtre est le trait d’union de la communauté.
Il a pour mission d’unir du plus petit au plus ancien. Il a besoin des
laïcs et pas seulement pour nettoyer les églises. Sans les équipes qui
travaillent avec les prêtres, beaucoup d’églises seraient fermées. Jésus a
dit : «Priez pour que la moisson soit abondante ».
L’évêque m’a fait prêtre il y a 40 ans. Je voulais être curé de
12
campagne. A 2Hr du matin, une nuit, j’ai rencontré un jeune. Je l’ai
accueilli et gardé pendant 5 ans. C’est comme ça que je suis devenu
éducateur de rue.
A Paris, nous étions 5 prêtres à chercher les jeunes perdus dans la
rue. On avait une puissante moto achetée spécialement pour ça. Les
jeunes venaient à moi pour ma moto. Je les invitais à monter pour faire
un tour. C’était une superbe aventure de « pêche à la ligne ». J’avais un
pied dans l’Eglise et un pied dans la rue.
J’aime l’Eglise pour le mystère qu’elle trimbale, parce que le
Christ a choisi 12 pauvres cons au départ. L’Eglise est faite d’une gran-
de pauvreté et d’une grande richesse.
Si vous pouviez respecter votre Eglise et affirmer votre foi !
Quand je dis la messe avec mes loubards et que je leur demande
qui est croyant, seuls les musulmans lèvent la main. Leurs parents
prient 5 fois par jour. Et nous, prions-nous avec nos enfants ? Les mu-
sulmans affirment leur foi, nous, nous avons peur de le faire. Nous de-
vons défendre notre foi. Aimez votre Eglise ! Priez avec vos enfants !
Jamais un enfant n’oubliera un moment de prière vécu avec lui. L’en-
fant a un sens spirituel extraordinaire.
Les musulmans qui ont levé la main, viennent le lendemain, ils
mettent une aube et servent la messe.
N’ayez pas peur des musulmans. Ce n’est pas dans la peur qu’on
établit un dialogue. 5.000.000 de musulmans sont chez vous et y reste-
ront. Nous devons vivre avec eux. L’autre a toujours une vérité qui me
manque ».
Guy nous propose alors un diaporama qu’il nous commente.
Nous y suivons son parcours, la création de son œuvre avec les jeunes
de la rue, l’édification des « faucons » et le travail qui s’y accomplit.
« Dans chaque personne, il y a une part de cristal ».
« L’évangélisation, ce n’est pas de faire venir les gens dans vos
églises, mais de vivre dans votre quartier ».
« Respectez l’autre, toute religion, toute couleur. Jetez des ponts
entre vous et les jeunes ».
« L’eucharistie, c’est là où je puise ma force ».
Guy nous propose alors un questions-réponses.
13
∗ Après vous, y a-t-il une relève pour s’occuper des jeunes ?
Une « bonne vieille » m’a donné une bonne recette : « Faites
vous cloner ».
Nous avons tous des dons, on peut en passer à d’autres.
Si grâce à cette conférence, vous pensez à aimer quelqu’un que
vous n’aimez plus, je n’aurai pas perdu mon temps. C’est ça ma
succession.
Je suis seulement 5 jours par mois aux « faucons ». J’ai une équi-
pe avec moi. C’est ce qui permet à la ferme de continuer.
Je rends aux autres l’amour que mes parents m’ont donné. C’est
ça la succession.
∗ Dans l’Eglise actuelle, les jeunes prêtres sont beaucoup plus tradi-
tionnalistes. Comment réagir ?
Les jeunes prêtres en col romain me font chier.
Il y a beaucoup de problèmes dans l’Eglise et faire venir des inté-
gristes est un gros problème.
S’ils n’acceptent pas Vatican II, ils vont foutre une merde in-
croyable dans l’Eglise.
L’Eglise est dans le monde, mais n’est pas du monde.
Les jeunes prêtres traditionnalistes sont de bons prêtres mais font
fuir certains pécheurs. Or, le Christ est venu pour les pécheurs.
∗ Quand on parle des jeunes prêtres en col romain, on les qualifie tout
de suite d’intégristes. J’en connais et je ne suis pas d’accord.
J’ai parlé de légalistes, pas d’intégristes.
Les jeunes du clergé actuel on fait de grosses études. Le Saint-
Esprit serait-il raciste ? Il ne souffle plus sur de petites gens et
c’est dommage.
Les jeunes prêtres n’ont pas facile. Ils ont tant de paroisses. Mais
il faut garder l’espérance pour l’Eglise d’aujourd’hui. L’Eglise a
déjà connu des périodes de crise de vocations et s’en est relevée.
∗ Vous avez commencé avec les jeunes. Comment avez-vous fait :
confiance-amour ?
Le premier jeune m’a marqué à vie. Je me souvenais de mon en-
fance. Je n’imaginais pas que des êtres humains puissent être
14
traités comme ça.
Les jeunes sont passionnants de 13 à 16 ans. Je les adore à cet
âge-là.
Quand tu aimes quelqu’un, il le sentira ».
∗ Pourquoi Paris ?
Avant, j’étais en Algérie. Mon évêque d’Alger m’a nommé à
Paris.
∗ « Il faut aimer l’Eglise ». Cela m’a touché.
Tu peux trouver la foi autrement que par l’Eglise. Mais l’Eglise
peut t’amener de la force.
Je n’ai jamais vu une religion aussi belle parce que Dieu a révélé
l’amour.
J’ai découvert l’Eglise par les sacrements.
Malheureusement, elle n’est pas toujours très belle, mais, moi
prêtre, j’essaie de la rendre belle par mon témoignage de foi.
Jean-Paul II a dit : « Si vous avez l’amour et que vous savez que
l’amour vient de Dieu, alors vous êtes invincibles » ;
Chaque matin, je dis : « Je vais aimer et être aimé ».
J’ai toujours besoin d’aimer d’avantage.
L’amour est la plus grande aventure de la vie. Si cette aventure
s’arrêtait à la mort, Dieu serait un pourri. Mais ce n’est pas cas.
MA RELIGION, C’EST L’AMOUR !
***************
15
Souper de clôture de l’année 2009 - 2010
Quelle drôle d’expression en fait que ce « souper de clôture ». Com-
me si on pouvait mettre le mot fin sur un engagement de vie et le repren-
dre à neuf, deux mois plus tard. Alors souper, oui ! mais plutôt que de
« clôture » souper de début de vacances avec tout ce que cela comporte
de joie, de soleil, de rencontres, de disponibilité …
Cela étant dit, ce fut un moment bien agréable. Le nombre de partici-
pants aidant, nous avons dû émigrer à Jehay pour l’occasion.
Une très belle messe célébrée par notre délégué, le Père Joseph Le-
vante, nous a rassemblés dans la chapelle du Tambour. Chants, prières et
recueillement ont contribué à faire de ce moment un vrai temps de com-
munion pendant lequel de nombreuses intentions sont montées de nos
cœurs en harmonie.
Ce beau moment s’est prolongé par un temps de partage autour d’une
table bien garnie (je parle des participants autant que des assiettes bien
sûr). Denis, le mari de Carine, s’était chargé de commander et d’apporter
le buffet froid et aussi d’une certaine ambiance, ma foi fort …délurée !
Les larmes qui coulaient n’étaient que de joie et la fraternité ressentie
toute salésienne. Un assortiment de desserts sous multiples formes, œu-
vre collégiale dirons-nous, nous a rassemblés à l’extérieur laissant libre
cours à notre gourmandise.
Voilà donc nos réunions 2009-2010 momentanément en points de
suspension propices à une recherche d’un rebondissement riche en parta-
ges de qualité sur notre vie de salésiens coopérateurs. Car, ne l’oublions
pas, ce ne sont pas nos réunions qui font de nous ce que nous sommes,
mais notre vie toute entière qui se doit témoignage de notre engagement
à la suite de Don Bosco.
Bonnes vacances salésiennes
à tous et à toutes.
Ginette
16
Notre futur :
PROJET d’AGENDA
des rencontres mensuelles 2010-2011 (en italique, les activités « extérieures »)
� 21 septembre : 1ère réunion de mise en route de l’année Eucharistie à 19hr30 ? Examen du programme de l’année Comptes …Divers
� 01, 02 et 03 octobre : WE « Foi en Famille » à Farnières
� 19 octobre : réunion Coops Ampsin
� 23 octobre : Journée « Couleurs Salésiennes » à Woluwé
� 16 novembre : réunion Coops Ampsin
� 21 décembre : réunion Coops Ampsin
� ?? janvier : Rencontre et souper de la Famille Salésienne chez les Coops de Liège.
� 25 janvier : neuvaine à Don Bosco …
� 04, 05 et 06 février : WE « Divorcés en Eglise » à Farnières
� 22 Février : réunion Coops Ampsin
� 04, 05 et 06 mars : WE COOPS BelSud à Farnières
� 15 mars : réunion Coops Ampsin
� 05 avril : réunion Coops Ampsin
� 24 mai : fête de Marie Auxiliatrice et réunion Coops Ampsin
� 28 juin ou ?? souper de vacances de l’année
� 08 oct 2011 : Fête anniversaire des 120 ans de présence salésienne en Belgique (à Liège)
� 25, 26 et 27 nov 2011 : WE « Foi en Famille » à Farnières
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