L'Immigration, Armée de Réserve Du Patronat

8/18/2019 L'Immigration, Armée de Réserve Du Patronat

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Article paru dans « Eléments », avril 2011

L’immigration, armée de réserve du capital

En 1973, peu de temps avant sa mort, le président Pompidou reconnaissait avoir ouvert les

vannes de l’immigration à la demande d’un certain nombre de grands patrons, tel Francis

Bouygues, désireu de béné!icier d’une main"d’#uvre docile, bon marc$é, dépourvue de

conscience de classe et de toute tradition de luttes sociales, a!in d’eercer une pression à la baisse sur les salaires des travailleurs !ran%ais, de réduire leurs ardeurs revendicatrices, et

subsidiairement de briser l’unité du mouvement ouvrier& 'es grands patrons, soulignait"il, en

( veulent tou)ours plus *&

+uarante ans plus tard, rien n’a c$angé& un moment o- plus aucun parti de

gouvernement ne se ris.uerait à demander .u’on accél/re encore le ryt$me de l’immigration,

seul le patronat se prononce en ce sens, tout simplement parce .ue c’est tou)ours son intér0t&

a seule di!!érence est .ue les secteurs économi.ues concernés sont désormais plus

nombreu, dépassant le secteur industriel ou la restauration pour s’étendre à des pro!essions

autre!ois épargnées, telles .ue les ingénieurs ou les in!ormaticiens&

a France, on le sait, a !ait massivement appel à l’immigration d/s le 22 e si/cle& a

population immigrée représentait dé)à 455 555 personnes en 1476, 1, million de personnes

en 1911& 8’abord centre d’attraction des émigrations italienne et belge, l’industrie !ran%aise a

par la suite attiré les Polonais, puis les Espagnols et les Portugais& ( 'ette immigration, peu

.uali!iée et non syndi.uée, va permettre à l’employeur de se soustraire au contraintes

croissantes du droit du travail *1& En 19, une :ociété générale d’immigration ;:


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( +uand il y a pénurie de main"d’#uvre dans un secteur, epli.ue Fran%ois"aurent

Balssa, de deu c$oses l’une, soit on augmente les salaires, soit on !ait appel à la main"

d’#uvre étrang/re& '’est généralement la seconde option .ui restera privilégiée par le 'onseil

national du patronat !ran%ais ;'>PF=, puis, à partir de 1994, par le ouvement des entreprises

;ede!= .ui prend sa succession& '$oi témoignant d’une volonté de pro!its à court terme, .ui

devait retarder d’autant l’amélioration des outils de production et l’innovation en mati/reindustrielle& 8ans le m0me temps, en e!!et, l’eemple du Iapon montre .ue le re!us de

l’immigration au pro!it de l’emploi autoc$tone a permis à ce pays d’accomplir sa révolution

tec$nologi.ue avant la plupart de ses concurrents occidentau *3&

’immigration a donc au départ été un p$énom/ne patronal& Elle continue de l’0tre

au)ourd’$ui& 'eu .ui veulent tou)ours plus d’immigration, ce sont les grandes entreprises&

'ette immigration est con!orme à l’esprit m0me du capitalisme, .ui tend à l’abolition des

!ronti/res ;( laisseJ !aire, laisseJ passer *=& ( Gbéissant à la logi.ue du dumping social,

poursuit Fran%ois"aurent Balssa, un marc$é du travail Klow cost L s’est ainsi créé avec des

Ksans"papiersL peu .uali!iés !aisant o!!ice de bouc$e"trou& 'omme si les grands patrons et

l’etr0me gauc$e s’étaient donné la main, les uns pour démanteler l’Etat"social, à leurs yeutrop coMteu, les autres pour abattre l’Etat"nation, trop arc$aN.ue *& '’est la raison pour

la.uelle le parti communiste et la '


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Oelle est aussi l’opinion des eperts& '’est ce .u’a montré, en 559, un rapport du 'onseil

d’analyse économi.ue ;'E=, organisme dépendant directement des services de atignon&

ntitulé Immigration, qualification et marché du travail , ce document epli.ue d’abord .ue la

notion de ( pénurie de main"d’#uvre *, traditionnellement alléguée pour )usti!ier le recours à

l’immigration, ne signi!ie à peu pr/s rien en période de c$Hmage& ( 8u point de vue de la

science économi.ue, la notion de pénurie n’est pas évidente *, peut"on lire dans le tete, car le( !ait .ue certains nati!s re)ettent certains types d’emploi peut simplement signi!ier .ue les

travailleurs ont de meilleures opportunités .ue d’occuper ces emplois, et donc .ue les salaires

correspondants devraient augmenter pour .u’ils soient pourvus * ;p& @=& 'e .ui montre tr/s

clairement .ue la pénurie ne se !orme .ue lors.u’un secteur n’o!!re pas des salaires su!!isants

et .ue le recours à l’immigration est en !ait un moyen de ne pas augmenter les salaires,

.uitte à créer arti!iciellement une ( pénurie * .ue l’on comblera en allant c$erc$er ailleurs une

main"d’#uvre acceptant d’0tre sous"payée& e rapport conclut d’ailleurs .ue, ( dans le cas du

marc$é du travail, cela signi!ie .u’à la place de l’immigration des années 1965 on aurait pu

envisager une $ausse du salaire des moins .uali!iés * ;p& 6=&

e m0me document recense par ailleurs une série d’études .ui ont tenté, en France commeà l’étranger, de c$i!!rer l’impact de l’immigration sur les salaires R ( tlon)i et 'ard trouvent

.u’une $ausse de la proportion d’immigrés d’un point de pourcentage réduit le salaire de

1, ? CD Boris conclut son étude en a!!irmant .u’entre 1945 et 555, l’immigration aurait

accueilli l’o!!re de travail d’environ 11 ?, ce .ui aurait réduit le salaire des nati!s d’environ

3, ? * ;pp& 37"34=&

8epuis le début des années 555, l’apport annuel de l’immigration à la population

!ran%aise est d’environ 3@5 555 personnes, pour la plupart d’origine etra"européenne ;dont

55 555 entrées réguli/res dans le cadre de l’immigration pro!essionnelle ou du regroupement

!amilial, @5 555 demandeurs d’asile et 45 555 naissances d’origine étrang/re=& e nombre

d’immigrés devenus !ran%ais augmentant c$a.ue année de pr/s de 1@5 555, un bon tiers de la

population !ran%aise devrait, au milieu de ce si/cle, 0tre issue de l’immigration&

:elon les c$i!!res o!!iciels, les immigrés vivant dans un ménage ordinaire représentent

au)ourd’$ui @ millions de personnes, soit 4 ? de la population !ran%aise en 554& es en!ants

d’immigrés, descendants directs d’un ou deu immigrés, représentent 6,@ millions de

personnes, soit 11 ? de la population& es clandestins sont évalués entre 355 555 et @@5 555

personnes& ;es epulsions de clandestins coMtent 3 millions d’euros par an, soit 1 555

euros par reconduite=& Iean"Paul


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!inances publi.ues se monte à 35, milliards d’euros, soit 1,@6 point de PB& Gn notera .ue le

coMt non marchand de l’immigration n’est pas pris en compte ici& Iean"Paul


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misérable *1&

+ui criti.ue le capitalisme en approuvant l’immigration, dont la classe ouvri/re est la

premi/re victime, !erait mieu de se taire& +ui criti.ue l’immigration en restant muet sur le

capitalisme devrait en !aire autant&

& B&

1& Fran%ois"aurent Balssa, ( An c$oi salarial pour les grandes entreprises *, in Le Spectacle du monde,

octobre 515, p& &

& bid&, p& 3&

3& bid&, p& &

& bid&, p& @&

@& Le Spectacle du monde, septembre 515, pp& 16"17&

6& ic$/le Oribalat, Les yeu grands fermés! L"immigration en France, 8eno[l, Paris 515&

7& P$ilippe >emo, entretien en ligne, site \e Oemps d’y penser *, 9 septembre 515&

4& Iean"Paul egri, Empire, Eils, Paris 555 Q Multitude, a 8écouverte, Paris 55&

11& Empire, op& cit&, p& 41&

1& bid&, pp& 53"5 et 31&

13& Iac.ues

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