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L'impact des IDE sur le développement économique des pays. Etat de l'art et application à la région MED Bénédict de Saint-Laurent, ANIMA Décembre 2010 1. Un impact difficile à apprécier La vulgate économique commune pare les investissements directs étrangers (IDE) de vertus positives. A témoin, les mesures prises par la plupart des pays en développement depuis les années 90 pour en libéraliser l'accueil, avec peu d'exceptions (industries extractives ou de rente comme le pétrole, pays comme le Venezuela ou l'Algérie). Les IDE favoriseraient la croissance, créeraient de l'emploi, permettraient des transferts de connaissance, amélioreraient la productivité, inciteraient aux réformes, dans une spirale vertueuse où les bons résultats accroissent à leur tour l'attractivité et la confiance, elles-mêmes à l'origine de nouveaux investissements (étrangers et domestiques). L'image des réussites de la Chine, ou plus près de l'Europe, de l'Irlande (d'avant sa chute...), sont pour beaucoup dans ce credo qui a fait de la course à l'IDE le nouveau Graal des économies en construction. La réalité est plus compliquée, plus nuancée, plus difficile à appréhender. Le premier bémol est que l'on connaît assez mal les IDE, y compris la CNUCED (pourtant une précieuse source) qui, dans son rapport annuel de référence (le WIR, pour World Investment Report), agrège des données macro-économiques transmises par les gouvernements (banques centrales) sur les entrées et sorties financières depuis ou vers des comptes détenus à l'étranger. Doux mélange, qui intègre des investissements de portefeuille (changement de propriétaire) à côté d'investissements physiques (nouvelle unité de production -greenfield-, ou agrandissement d'une unité existante -brownfield-), alors que beaucoup d'autres investissements étrangers sont ignorés (dividendes réinvestis sur place, transferts en cash ou en nature, opérations comptables à but d'optimisation fiscale des multinationales). A supposer que l'on puisse estimer de façon précise les "vrais IDE", il reste de toutes manières difficile d'en mesurer l'impact sur le pays d'origine et le pays d'accueil - surtout en raisonnant sur des notions économiques globales comme la croissance - tellement il peut y avoir de facteurs explicatifs de la croissance, souvent intercorrélés entre eux par surcroît. Par exemple, une bonne gouvernance économique, le développement des infrastructures, l'augmentation de la population active, une formation efficace de la main d'œuvre, les gains de productivité, une certaine ouverture commerciale, une injection de capitaux étrangers semblent tous concourir à une accélération du PIB. Mais des effets négatifs ne sont pas à exclure (l'ouverture commerciale comme l'investissement étranger peuvent avoir un effet d'éviction sur les entreprises domestiques, les infrastructures peuvent être démesurées et coûter plus qu'elles ne rapportent etc.); certaines composantes de la stratégie économique peuvent interagir (de façon simultanée, un gouvernement avide d'IDE fera des réformes, développera les infrastructures, investira dans la formation etc.); et des effets de seuil existent (par exemple, en dessous d'un certain niveau de stabilité politique, peu de chances pour que des IDE se manifestent, sauf dans les secteurs hyper-rentables - ressources, or, diamants, pétrole etc.).

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L'impact des IDE sur le développement économique des pays. Etat de l'art et application à la région MED

Bénédict de Saint-Laurent, ANIMA Décembre 2010

1. Un impact difficile à apprécier La vulgate économique commune pare les investissements directs étrangers (IDE) de vertus positives. A témoin, les mesures prises par la plupart des pays en développement depuis les années 90 pour en libéraliser l'accueil, avec peu d'exceptions (industries extractives ou de rente comme le pétrole, pays comme le Venezuela ou l'Algérie). Les IDE favoriseraient la croissance, créeraient de l'emploi, permettraient des transferts de connaissance, amélioreraient la productivité, inciteraient aux réformes, dans une spirale vertueuse où les bons résultats accroissent à leur tour l'attractivité et la confiance, elles-mêmes à l'origine de nouveaux investissements (étrangers et domestiques). L'image des réussites de la Chine, ou plus près de l'Europe, de l'Irlande (d'avant sa chute...), sont pour beaucoup dans ce credo qui a fait de la course à l'IDE le nouveau Graal des économies en construction.

La réalité est plus compliquée, plus nuancée, plus difficile à appréhender. Le premier bémol est que l'on connaît assez mal les IDE, y compris la CNUCED (pourtant une précieuse source) qui, dans son rapport annuel de référence (le WIR, pour World Investment Report), agrège des données macro-économiques transmises par les gouvernements (banques centrales) sur les entrées et sorties financières depuis ou vers des comptes détenus à l'étranger. Doux mélange, qui intègre des investissements de portefeuille (changement de propriétaire) à côté d'investissements physiques (nouvelle unité de production -greenfield-, ou agrandissement d'une unité existante -brownfield-), alors que beaucoup d'autres investissements étrangers sont ignorés (dividendes réinvestis sur place, transferts en cash ou en nature, opérations comptables à but d'optimisation fiscale des multinationales).

A supposer que l'on puisse estimer de façon précise les "vrais IDE", il reste de toutes manières difficile d'en mesurer l'impact sur le pays d'origine et le pays d'accueil -surtout en raisonnant sur des notions économiques globales comme la croissance - tellement il peut y avoir de facteurs explicatifs de la croissance, souvent intercorrélés entre eux par surcroît. Par exemple, une bonne gouvernance économique, le développement des infrastructures, l'augmentation de la population active, une formation efficace de la main d'œuvre, les gains de productivité, une certaine ouverture commerciale, une injection de capitaux étrangers semblent tous concourir à une accélération du PIB. Mais des effets négatifs ne sont pas à exclure (l'ouverture commerciale comme l'investissement étranger peuvent avoir un effet d'éviction sur les entreprises domestiques, les infrastructures peuvent être démesurées et coûter plus qu'elles ne rapportent etc.); certaines composantes de la stratégie économique peuvent interagir (de façon simultanée, un gouvernement avide d'IDE fera des réformes, développera les infrastructures, investira dans la formation etc.); et des effets de seuil existent (par exemple, en dessous d'un certain niveau de stabilité politique, peu de chances pour que des IDE se manifestent, sauf dans les secteurs hyper-rentables -ressources, or, diamants, pétrole etc.).

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Dès lors, il semble que ce soit davantage un système complexe qu'il faille évaluer, dans lequel un ensemble de facteurs jouent de façon combinée, à la fois dans la génération des IDE et dans leurs effets. Pour en donner une image, l'analogie avec les composantes nécessaires en agronomie pour qu'un sol donne tout son rendement peut servir pour les IDE ou pour leur impact sur la croissance : afin de donner une bonne récolte, un sol a besoin à la fois de chaleur, de lumière, d'humidité, de nitrate, de phosphate etc. et son rendement sera tributaire non pas de la moyenne de ces éléments, mais souvent du plus faible d'entre eux, ou de leur combinaison. Certains ont un rôle obligatoire, par exemple la disponibilité d'eau. De la même façon, on peut imaginer que le niveau d'IDE exprimé dans un pays donné dépend de la présence simultanée de différents ingrédients, certains d'entre eux jouant un rôle "filtrant" ou même éliminatoire.

2. Une proposition de cadre théorique Le diagramme ci-dessous présente quelques uns des facteurs expliquant l'attraction d'IDE et la succession des effets potentiels de ces IDE sur le pays d'accueil.

Figure 1. Facteurs amont et effets aval des IDE (diagramme tiré de l'expérience d'ANIMA)

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Ce diagramme montre bien l'imbrication des différents facteurs ou effets. Une croissance élevée du PIB peut être à la fois un catalyseur d'IDE et le résultat d'IDE bien conçus. En dehors des effets directs assez évidents (par exemple, impact de l'IDE sur les revenus des personnes employées par la firme étrangère), les effets indirects et les externalités sont éminemment variables, peuvent se contredire (par exemple, les entreprises domestiques peuvent souffrir de la concurrence apportée par une firme étrangère a priori plus productive, mais ils peuvent aussi s'inspirer de son modèle, ou encore ils peuvent tirer profit de cette présence nouvelle en devenant ses clientes ou ses fournisseurs). De même, l'IDE est en principe générateur de ressources fiscales, mais dans bien des cas, leur contribution nette à la collectivité est faible, voire négative, du fait d'exonérations ou d'incitations fiscales, de tranches d'investissement pris en charge par la collectivité (terrains offerts, ZI, technoparc, infrastructures et services divers), de prélèvements sur la nature non facturés (air, eau, matériaux...), ou d'autres formes d'externalités négatives (impact social, changement culturel, pollution, bruit, accidents, stress...).

De plus, ce type d'effet peut varier dans le temps, avec par exemple une phase initiale où les IDE permettent une mise à niveau utile, puis une phase plus destructrice où la mainmise étrangère évince du marché les opérateurs domestiques. L'inverse est aussi fréquent : IDE justifiés au départ par l'acquisition de ressources naturelles brutes, puis projets davantage centrés sur la transformation sur place quand le pays a atteint un certain niveau de développement. Autre exemple, les effets de polarisation, souvent observés en Méditerranée (Tanger-Med, sud de Tunis, Bursa etc.) tendent à doubler l'accumulation du capital par une "accumulation spatiale" (hub, cluster), ce que la figure 1 appelle "aménagement du territoire". Cette accumulation est bénéfique en termes de développement industriel, avec l'implantation d'activités souvent fortement liées entre elles (équipementiers automobiles à côté de leur donneur d'ordre, idem pour le textile ou la filière pétrochimique etc.). Mais d'un autre côté et à horizon plus lointain, la concentration, en périphérie des villes et sur une étroite bande littorale, de trop d'activités industrielles n'est pas sans externalités négatives pour l'environnement, le tourisme, le cadre de vie.

3. Le "consensus" actuel des économistes Malgré ces difficultés et certains doutes méthodologiques (cf. annexe 3), un consensus s'est peu à peu dessiné sur les effets économiques des IDE. L'annexe 4 présente les résultats d'une série de régressions réalisées sur différentes hypothèses (quel effet étudié, quel impact mesuré). L'annexe 5 donne, sur davantage d'analyses, une vision simplifiée au niveau des variables testées, de la significativité des tests, et du sens des impacts. De toute cette base de connaissances se dégagent quelques lignes forces.

3.1. Impact des IDE sur la croissance C'est un sujet majeur (une cinquantaine au moins de travaux, souvent biaisés par des échantillons discutables et des données souvent peu fiables). Malgré quelques avis contraires, une majorité des analyses conclut à un effet positif, bien que limité, de l'arrivée d'IDE sur le taux de croissance. Par exemple, une étude récente1 peu citée (parce qu'en français) montre que, sur 63 pays en développement (1960-2004), une augmentation de 1% du ratio entre IDE et PIB génère une augmentation de l'ordre de 0,3% du taux de croissance du PIB. Mais le plus intéressant est sans doute le fait que plusieurs analyses convergent sur le fait que, pour que les IDE jouent efficacement sur la croissance, plusieurs préconditions doivent être remplies ou seuils de déclenchement franchis :

1 Jamal Bouoiyour, El Mouhoub Mouhoud et Hicham Hanchane (CNRS). Investissements directs étrangers et productivité : quelles interactions dans le cas des pays du Moyen Orient et d’Afrique du Nord? (2007)

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Capacité d'absorption : l'impact sur la croissance est positif seulement si le pays

dispose d'un seuil minimal de capital humain (et reçoit déjà des IDE -on ne prête qu'aux riches!). Selon une étude célèbre, mais déjà ancienne, du FMI2, parmi 69 pays analysés (divisés en 3x3 groupes par niveau d'éducation et d'IDE rapporté au PIB), le groupe recevant le plus d'IDE et doté du niveau d'éducation le plus élevé a connu une croissance moyenne de 4,3 % par an sur la période 1970–89. Par contre, le groupe recevant le moins d'IDE et doté du niveau d'éducation le moins élevé a connu une croissance moyenne de seulement 0,64 % par an;

Stade de développement : selon une étude récente du FMI3, l'impact sur la croissance est différent selon le type de pays. Dans les pays intermédiaires et les pays pauvres mais non-pétroliers, les IDE ont un effet significatif (+0,5 à 0,7% de croissance quand le ratio IDE/PIB augmente de 1%). Seuls les pays pétroliers échappent à tout dividende des IDE (quel que soit leur flux entrant, peu d'impact sur la croissance...). La même étude témoigne d'une forte accélération des IDE depuis une dizaine d'années, accompagnée d'un impact plus net sur la croissance, comme si, du fait de l'entrée dans une nouvelle ère (globalisation), la plupart des pays avaient changé de catégorie (économies plus ouvertes, plus sensibles aux effets extérieurs);

Développement du marché financier (en particulier permettant que le tissu industriel de PME qui interagissent avec le nouvel entrant puisse être financé) : pour un volume d'IDE donné, les bénéfices en termes de croissance sont quasiment doubles pour un pays avec un marché financier bien développé par rapport à un pays où le financement de l'entreprise est défaillant; l'étude du FMI de 2010 précise le seuil à partir duquel l'effet "croissance" des IDE décolle, à savoir le dépassement d'un niveau de 20% du financement de l'économie par le secteur privé;

Niveau d'infrastructure : selon une analyse sur 42 pays en développement (1971-2000)4, les infrastructures jouent à la fois comme un moteur et une contrainte pour les IDE. Si leur niveau est insuffisant, les IDE seront inopérants en termes de croissance. Si par contre les infrastructures sont bien développées, l'impact sera maximisé;

Cadre macro-économique et fiscal : selon une analyse de la Banque Mondiale et de l'USDA5, l'impact sur la croissance est d'autant plus fort que la stabilité monétaire (faible inflation) et une fiscalité limitée (impôts et dépenses publiques faibles) sont assurées; cette dernière formulation (dépenses publiques faibles) est probablement contestable, car en fait, ce dont les opérateurs privés ont besoin, c'est d'une bonne efficacité des investissements publics par ailleurs indispensables (en particulier dans des pays très en retard sur ce plan), ou, autre façon de l'exprimer, une bonne valeur (value for money) du dispositif public censé les servir. L'étude du FMI de 2010 précise le seuil d'inflation à ne pas franchir pour que l'IDE apporte une contribution positive à la croissance (à savoir maximum d'inflation de 8% par an);

Autres facteurs : de la même manière, plusieurs analyses montrent, ce qui assez évident, que les IDE ne s'expriment pas, ou s'expriment moins, si la stabilité politique, une bonne gouvernance, une réelle facilitation du business ne sont pas au rendez-vous.

2 Borensztein, De Gregorio, Lee. How does foreign direct investment affect economic growth? (1997) 3 Dabla-Norris, Honda,Lahreche, Verdier (FMI). FDI Flows to Low-Income Countries: Global Drivers and Growth Implications (2010) 4 Kinoshita et Lu (FMI/Université Taiwan). On the Role of Absorptive Capacity: FDI Matters to Growth (2006) 5 Makki, Somwaru. Impact of Foreign Direct Investment and Trade on Economic Growth (2008)

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En résumé, pour maximiser leurs effets en termes de croissance, les IDE ont besoin d'une bonne capacité d'absorption du pays, liée à son niveau d'éducation, au développement des marchés financiers, aux infrastructures, et d'un versant public favorable (fiscalité, qualité des institutions, gouvernance, accords douaniers ou de protection des investissements, fluidité des affaires, grands projets mobilisateurs etc.).

3.2. Impact des IDE sur l'investissement domestique (FBCF) L'investissement domestique est quasiment consanguin de l'IDE. La formation brute de capital fixe (FBCF) du pays se compose de l'addition des deux6. La plupart des chercheurs conviennent de l'effet positif de l'IDE pour entraîner le développement d'investissements locaux. Une étude récente du FEMISE7 renverse la perspective en affirmant que c'est au contraire l'investissement domestique qui tire l'IDE. Pour ses auteurs, un accroissement moyen de 1% du taux d’investissement domestique au cours des 5 dernières années induit une augmentation de 0,12 % des IDE de l'année suivante (hors fusions et acquisitions).

Une étude antérieure de la Banque Africaine de Développement8 faisait le même constat : l’impact de l’investissement intérieur privé sur l’IDE est plus fort et plus robuste que la relation inverse. Pour la BAD, l’IDE entrant augmente aussi avec l’investissement domestique public.

Des études nettement plus anciennes donnaient la mesure de l'impact de l'IDE sur la FBCF. L'étude de la Brookings Institution9 sur 58 pays en développement (1978-1995) témoigne de d'effet différentiel des divers types d'IDE : un dollar d’entrée de capitaux induit en moyenne 0,5 dollar d'investissement intérieur. Mais l'impact est variable selon la nature de flux : un dollar d’IDE "greenfield" (nouvelle unité de production) augmente l’investissement intérieur de 0,8 dollar; un investissement de portefeuille d'un dollar ne génère par contre que 0,15 dollar. L'étude du NBER10 sur 69 pays en développement (1970-1989) montre qu'un accroissement d'IDE de 1 induit un accroissement d'investissement global (étranger + domestique) supérieur à 1 (donc ne réduit pas l'investissement domestique), mais distingue entre investissement étranger (canal privilégié de transfert d'innovation technologique) et investissement domestique (consacré à des secteurs plus traditionnels, ne nécessitant pas forcément un haut niveau d'éducation). Cette étude confirme que les IDE s'exprimeraient dans les secteurs à fort contenu innovant, d'où le besoin, pour les accueillir, d'une main d'œuvre hautement qualifiée.

3.3. Impact sur l'emploi L'impact des IDE sur l'emploi est très peu étudié, sinon dans une perspective de délocalisation (est-ce que les IDE sortants induisent des pertes d'emploi qui bénéficient aux entreprises non nationales et bien sûr aux filiales étrangères?). Ainsi, une étude américaine11 6 Tout au moins, c'est ainsi que les chercheurs comptabilisent en général, en définissant l'investissement domestique comme la soustraction FBCF-IDE, non sans approximations puisque l'IDE intègre une part d'investissements immatériels (les fusions-acquisitions). 7 Marc Lautier et François Moreau CEPN/ CNAM (France) /FEMISE. Les boucles investissement intérieur – investissement étranger et la croissance des pays méditerranéens (2010). 8 Léonce Ndikumana, Sher Verick (AfDB). The Linkages between FDI and Domestic Investment: Unravelling the Developmental Impact of Foreign Direct Investment in Sub- Saharan Africa (2008) 9 Bosworth, Collins (Brookings Institution). Capital Flows to Developing Economies: Implications for Saving and Investment (1999) 10 Borensztein, De Gregorio, Lee (National Bureau of Economic Research, USA). How Does Foreign Direct Investment Affect Economic Growth? (1997). 11 Lipsey. Home and Host Country Effects of FDI (2002)

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montre qu'entre 1977 et 1997, la part de la production des entreprises mères des Etats-Unis a baissé de 65 à 55% et leur part des emplois a baissé de 60 à 46%. Les filiales d'entreprises étrangères aux Etats-Unis récupéraient l'essentiel de cette réduction de production (passant de 3,5 à 12,5%) et d'emplois (passant de 3 à 12%). Une part était évidemment délocalisée, via filiale à l'étranger ou externalisation à des tiers.

Parmi les rares travaux étudiant directement l'impact des IDE sur l'emploi, une recherche12 portant sur 3 géants asiatiques (Chine, Inde, Pakistan) sur la période 1985-2008 montre que le niveau d'IDE n'explique pas à lui seul la création d'emplois dans les pays d'accueil. Indépendamment de leurs autres bénéfices, les IDE créent peu d'emplois directs, une constatation partagée par ANIMA pour les pays MED (voir plus bas). Selon cette recherche asiatique, l'élasticité de la création d'emplois par rapport au niveau d'IDE est très faible. Pour qu'elles soient efficaces en termes d'emplois, les mesures pro-IDE doivent être accompagnées de mesures de stimulation de l'emploi.

Les statistiques dont on dispose sur la création d'emplois directs par les IDE (figure 2 et 3) montrent la grande dispersion des montants unitaires investis par emploi (d'autant plus élevés que le pays de destination est développé et l'investisseur important13), mais témoignent aussi du caractère très capitalistique des IDE, même quand il s'agit d'investir dans des pays où la main d'œuvre est bon marché. En moyenne, il faudrait sur les pays MED investir environ 600 000 euros ou 725 000 dollars US pour créer un emploi direct (selon les données ANIMA), ce qui est évidemment considérable. Cette constatation montre qu'il est essentiel pour les pays hôtes de maximiser les effets indirects des IDE, en particulier en termes de création d'emplois chez les clients, fournisseurs, partenaires de l'investisseur.

Figure 2. Capital par emploi pour les IDE sortants des Etats-Unis et d'Allemagne en 2003 (en $ US). Sources : BEA Website (USA), Deutsche Bundesbank (2006)

Région de destination Allemagne Etats-Unis Monde 1 209 000 $ 893 000 $ UE-15 1 814 000 $ 1 295 000 $ Asie en développement14 635 000 $ 431 000 $

Chine 161 000 $ 131 000 $ Amérique latine 168 000 $ 207 000 $ PECO (Europe centrale & orientale 207 000 $ 148 000 $

Figure 3. Capital par emploi pour les IDE originaires de diverses régions du monde et destinés aux pays MED, 2003-2009. Source: ANIMA-MIPO sur 4 000 annonces de projets (taux de change moyen utilisé 1 $US = 0, 775272€)

Région d'origine Région de destination

Asie Europe Autres pays (émergents)

Etats-Unis Canada

Golfe

Israël, Turquie 951 000 $ 1 713 000 $ 3 379 000 $ 3 463 000 $ 1 087 000 $Machreck 537 000 $ 2 174 000 $ 675 000 $ 1 278 000 $ 900 000 $Maghreb 92 000 $ 320 000 $ 713 000 $ 439 000 $ 268 000 $MED-11 323 000 $ 758 000 $ 851 000 $ 1 573 000 $ 598 000 $

12 Syed Zia, Abbas Rizvi (Institute of Business Managt., Pakistan). The Impact of Foreign Direct Investment on Employment Opportunities (2009) 13 Les secteurs jouent également, avec, par exemple, beaucoup d'investissements nord-américains dans l'énergie sur MED, et des montants importants par projet. Le Maghreb se caractérise par la part élevée des investissements de PME, moins capitalistiques. 14 Asie-Pacifique sauf Chine, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande.

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3.4. Impact sur la productivité et diffusion dans l'industrie L'impact des IDE sur la productivité globale du pays hôte est difficile à mesurer. On comprend intuitivement que les analyses macro-économiques agglomèrent des situations extrêmement variables selon la nature du projet, son intégration à l'économie locale, sa réplication possible etc. 100 millions d'euros ne sont pas 100 millions d'euros, ou, dit autrement, la façon dont l'IDE est réalisé (et en particulier dont il entraîne des chaînes de valeur locales) est aussi, sinon plus, importante que l'injection de capital elle-même :

Un projet "île" (un champ gazier off-shore, ou in-shore, assemblé depuis l'étranger, important quasiment tous ses intrants, exportant directement sa production via une plateforme, fonctionnant en dollars, utilisant peu de main d'œuvre locale) a peu de retombées même indirectes sur le pays d'accueil, hormis l'usage que fera le gouvernement des royalties liés à cette concession;

Un projet "épissure", correctement marié à son tissu industriel (phase de construction associant des fournisseurs locaux, phase d'exploitation intégrant une chaîne de partenaires, clients, fournisseurs, contribution à l'économie locale via la formation donnée et les transferts de savoir-faire, les impôts payés, le développement d'infrastructures etc.) maximisera au contraire les gains de productivité.

Schématiquement, les effets des IDE sur la productivité domestique répondent aux mécanismes suivants :

Augmentation de la concurrence. L'arrivée d'un nouvel entrant sur le marché domestique crée un effet de démonstration (c'est très clair pour les franchises, par exemple) et stimule la concurrence (baisse des coûts, nouvel équilibre de marché, prime à la productivité et élimination des opérateurs les moins rentables). Les diverses analyses réalisées à ce jour divergent quant à leurs résultats, mais on peut retenir que :

o (i) la concurrence tend à égaliser la productivité globale des facteurs des différents types d'entreprise (étrangères, domestiques avec actionnariat étranger, purement domestiques),

o (ii) parmi elles, ce sont les entreprises domestiques qui voient leur productivité globale, au départ la plus faible, progresser le plus; une étude portant sur Taiwan15 montre qu'une augmentation de 1% du taux d'IDE dans un secteur entraîne une hausse de 1,4% à 1,9% de la productivité des entreprises locales, mais a peu d'impact pour les entreprises à participation étrangère, lesquelles sourcent déjà leur technologie auprès de leur partenaire étranger,

o (iii) les externalités positives liées à la productivité (et détaillées ci-après) jouent davantage de façon verticale (entreprises en amont -fournisseurs- et en aval -clients-de l'activité du nouvel arrivant étranger) que de façon horizontale (entreprises concurrentes du même secteur); cette 3ème conclusion (effets intersectoriels plus forts que les effets intra-sectoriels) semble liée au fait que les porteurs d'IDE améliorent volontiers la productivité de leurs partenaires (amont et aval), mais cherchent à éviter les transferts de connaissance vers leurs concurrents directs16. Soit dit en passant, cette conclusion valide l'importance accordée par ANIMA et ses programmes (Invest in Med) aux partenariats et aux relations inter-entreprises;

15 Chuang et Lin. Foreign Direct Investment, R&D and Spillover Efficiency: Evidence from Taiwan’s Manufacturing Firms (1999) 16 Voir en particulier l'analyse de Beata Javorcik (World Bank/ Oxford University) Technological Leadership and Foreign Investors’ Choice of Entry Mode (1999)

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Création de marchés pour les fournisseurs ("backward linkages"). Au même titre

que les transferts de technologie, une contribution des entreprises domestiques à la valeur ajoutée du projet d'IDE peut constituer une demande ou une condition du pays d'accueil (minimum de contenu local, economic empowerment, actionnariat local majoritaire etc.). Dans la phase de construction, comme dans la phase de croisière, l'IDE fait en effet appel à plus ou moins de sous-traitants ou partenaires locaux. Si le niveau technologique du pays est faible, ces fournisseurs offriront plutôt des prestations low tech (travaux, bâtiment, entretien, gardiennage etc.) ou mid-tech (logistique, packaging, reprographie, gestion de flottes de véhicules etc.). Selon une étude de l'Université d'Oxford portant sur la Lituanie17, les retombées positives des IDE résultent surtout des liens arrière (backward linkages) entre multinationales et leur fournisseurs locaux de produits intermédiaires; et un accroissement de 10% de l'activité des firmes étrangères dans un secteur industriel aval génère une croissance de 0,38% chez les fournisseurs en amont. Il s'agit surtout d'externalisation hors du métier de base de l'investisseur, puisque les effets intersectoriels sont déterminants par rapport aux effets intra-sectoriels;

Amélioration de qualité et baisse des coûts pour les clients ("forward linkages"). En aval, l'IDE permet par exemple de produire du ciment moins cher, bénéficiant à toute la filière de la construction, d'introduire des produits apportant une meilleure qualité des solutions constructives, ou parfois de rendre viable ou solvable de nouvelles filières (cas par exemple du solaire), etc. C'est le même mécanisme que l'effet "coût" des délocalisations, mais au bénéfice des consommateurs intermédiaires et finaux du pays d'accueil. Tout n'est cependant pas forcément bon à prendre : on peut légitimement se demander ce qu'apportent des IDE qui, par exemple, exportent des systèmes de loterie ou de casino, ou encore des modes de consommation inadaptés (des soft drinks à un usage excessif de la voiture ou de la téléphonie mobile...), dans des pays où certains besoins essentiels ne sont pas complètement satisfaits;

Effets pédagogiques bénéficiant à l'entreprise ou aux filières nationales. Il s'agit de l'apprentissage, de l'acquisition de méthodes ou standards, de l'introduction de brevets. Ces effets débordent l'entreprise à l'origine de l'IDE, parce que l'imitation est un réflexe naturel, parce que la communication, les consultants ou les partenaires de R&D disséminent vite les nouveaux modèles, et parce que les employés des entreprises étrangères, en changeant d'entreprise ou en créant leur activité propre, contribuent à véhiculer dans le pays les solutions apprises dans l'entreprise étrangère (ce que fait aussi la diaspora). La formation est souvent un vecteur privilégié : les entreprises étrangères influencent le cursus des formations locales (cas par exemple de STMicroelectronics avec l'école d'ingénieurs de Mohammedia au Maroc), voire même créent leur propre académie (cas d'Accor au Maghreb, de Michelin etc.). En contrepartie d'une exigence plus forte de productivité, appuyée sur un outillage méthodologique et mental plus sophistiqué, les entreprises étrangères paient mieux : plusieurs études convergent sur l'augmentation des salaires apportée par les entreprises étrangères (entre 10 et 20% par rapport au marché local), effet de la pression créée sur la demande de travail, mais signe aussi que les gains de productivité réalisés permettent de telles libéralités (bien qu'il soit possible que les hausses de salaires chez l'opérateur étranger s'accompagnent de baisse chez ses concurrents domestiques...);

Transferts de technologie. C'est un immense sujet en soi, souvent politiquement sensible, comme les backward linkages -c'est évident pour les projets stratégiques majeurs (nucléaire, aéronautique, biotechs etc.), mais cela touche aussi les PME, bien

17 Beata Javorcik (Oxford University). Does Foreign Direct Investment Increase the Productivity of Domestic Firms? In Search of Spillovers through Backward Linkages (2003)

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souvent rétives aux IDE à cause des risques de copiage de leur technologie dans des pays où la propriété intellectuelle est mal protégée. Certaines expériences de joint-ventures (particulièrement en Chine, mais aussi en Méditerranée) découragent sur ce point les investisseurs. Par ailleurs, les gouvernements et opérateurs des pays en développement ont souvent une vision statique de la technologie, pensant qu'on peut l'acheter ou l'acquérir -en réalité c'est une proie assez insaisissable, composée de connaissances, certes, mais aussi d'équipes, de réseaux, d'interrelations complexes, de culture... Une intéressante étude française de l'AFD et de l'IFRI18 montre bien la diversité des canaux d'acquisition de technologie et de leurs modalités de mise en œuvre (figure 4). Les IDE apparaissent comme un mode particulièrement agressif de contrôle ou acquisition de technologie.

Figure 4. Canaux de transfert de technologie et rôle des partenaires (Source AFD/IFRI, analyse basée sur une revue de la littérature) Mécanisme de transfert

Modalité de transfert Rôle du partenaire du pays d’origine

Type d’absorption et effort créatif du receveur dans le pays d’accueil

Marché Hybride /Réseau

Hiér-archie

Passif Facilita-teur

Actif Incorporation dans le processus de

production

Essais et erreurs de la part des

ingénieurs

Labora-toire de

R&D Importations de biens d’équipement

Rétro-ingénierie Usines clé en main Mouvement de personnel (formation à l’étranger, retour des cerveaux)

Licences Sous traitance, OEM

Alliances technologiques

Joint ventures Investissement direct de l’étranger (filiales totalement contrôlées)

Accès à la technologie par investissement direct à l’étranger

Au-delà des sauts technologiques, les IDE facilitent l'introduction de nouveaux modèles, avec des effets d'entraînement parfois puissants mais (malgré tout le discours sur la modernité...) pas nécessairement positifs. Certains créent des emplois et opportunités, mais peuvent rende obsolètes des activités existantes, à grande échelle (automobile, santé, etc.) ou à niveau plus modeste (par exemple, franchises traitant la photo numérique, au détriment des labos argentiques). Beaucoup d'IDE introduisent dans le pays hôte des concepts radicalement nouveaux qui constituent un facteur puissant de changement sociétal (téléphonie mobile, agro-alimentaire, etc.). Bien souvent, au-delà

18 Frédérique Sachwald et Serge Perrin, Institut français des relations internationales /Agence française de développement. Multinationales et développement : le rôle des politiques nationales (2003)

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de la stricte sphère économique, les IDE induisent un mimétisme culturel ("occidental") qui touche aussi bien les entreprises que les ménages;

Clusterisation et polarisation. Les investissements étrangers ont enfin un impact qui peut concerner un groupe d'entreprises dans une activité ou un espace relativement délimités (cluster sectoriel ou géographique). C'est le cas de la haute technologie, qui concerne à vrai dire davantage les pays développés que les pays en développement. C'est aussi le cas d'activités intermédiaires comme la logistique (effet de polarisation autour d'un port), le tourisme, ou la grande distribution. Dans ces secteurs, un projet-phare d'origine étrangère peut avoir un effet accumulateur (cas de la grande distribution, où certains investisseurs ont une stratégie de "gros poisson" attirant des petits poissons à la fois nourriciers et parasites, par exemple, dans les galeries marchandes, où une grande enseigne a besoin d'être accompagnée de petites échoppes). Ce type d'IDE peut avoir un effet d'éviction -par exemple, petit commerce urbain détruit par les hypermarchés en périphérie.

Au final, l'impact des IDE sur la productivité est limité par les insuffisances du pays récepteur, mais surtout éminemment variable et peu évident à quantifier. Il dépend du secteur, de la nationalité d'origine de l'entreprise étrangère, des exigences du pays d'accueil en matière de transferts et d'intégration industrielle (par exemple, dans le secteur automobile, parts respectives du simple assemblage et des composants fabriqués sur place). Globalement, et faute de pression suffisante par les gouvernements, les effets ne sont pas aussi importants qu'ils le devraient. Selon une étude déjà ancienne19 portant sur 40 pays en développement (1966-1994), l'impact sur la productivité est positif seulement si le pays dispose d'un seuil minimal de capital humain : pour qu'un pays en développement bénéficie d'un effet positif de diffusion des technologies, il faut que ses travailleurs puissent accéder à 1,9 année de scolarité secondaire en moyenne. Une étude plus récente20 portant sur 63 pays en développement (1960-2004) et en particulier les pays MED, plus la Mauritanie, conclut que les IDE ont un impact faible sur la productivité, que les retombées ne sont pas automatiques et dépendent de la capacité d’absorption du pays hôte; cependant, pour les pays MED, cette condition serait satisfaite (et les IDE amélioreraient donc la productivité).

Enfin, une étude portant sur les pays émergents de l'ASEAN21 tend à montrer que l'effet de rehaussement des valeurs ajoutées par l'IDE prend beaucoup de temps et n'est que rarement intégral. Même un pays comme Singapour, sous-traitant de plus en plus qualifié de matériels informatiques (par exemple disques durs ou mémoires), ne parvenait pas encore en 2000 à maîtriser toute la chaîne allant de la R&D au prototypage, à la production et à la mise en marché, faute de base industrialo-intellectuelle suffisante.

3.5. Impact sur les échanges commerciaux et en particulier les ressources d'exportation Les IDE peuvent être intimement liés à l'export quand les investisseurs obéissent à une logique de capture des ressources des pays en développement ou de production à bas coût (délocalisations). A priori, ce type d'IDE concerne les pays les moins développés, visant une

19 Xu, B. Multinational Enterprises, Technology Diffusion and Host Country Productivity Growth. Journal of Development Economics (2000) 20 Jamal Bouoiyour, El Mouhoub Mouhoud, Hicham Hanchane, Université de Pau/ Université Dauphine (France)/ IURS (Maroc). Investissements directs étrangers et productivité : quelles interactions dans le cas des Pays du Moyen Orient et d’Afrique du Nord? (2007) 21 Ritchie (2001), cité par Frédérique Sachwald et Serge Perrin, IFRI/AFD. Multinationales et développement : le rôle des politiques nationales (2003)

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croissance économique tirée par les exportations. Selon une étude de l'Université de Lancaster datant de 199622 et portant sur 46 pays en développement, l'impact des IDE sur la croissance est logiquement plus fort dans les pays qui poursuivent une politique de promotion des exportations plutôt que de substitution des importations (dichotomie mesurée par le ratio commerce sur PIB). Ces pays tournés vers l'export adoptent en général une stratégie ouverte aux échanges, avec moins de barrières tarifaires et non tarifaires (quotas, contrôles etc.), une participation plus fréquente aux accords de libre échange (bilatéraux ou multilatéraux) et de moindres distorsions des prix domestiques (moins de subventions, de prix administrés). En général, cette attitude libérale convient aux investisseurs, contribue à attirer les IDE et maximise les externalités positives (au contraire, le fait de protéger une production locale peu rentable ne permettrait ni des économies d'échelle, ni une allocation optimale des ressources). Une étude italienne (ISPAT)23 portant sur 42 pays en développement montre qu'en séparant l'échantillon en pays "ouverts" et "fermés" (sur la base d'un niveau de tarif des biens intermédiaires importés24), les IDE des pays ouverts contribuent positivement à la croissance économique, alors que ce n'est pas le cas dans les pays fermés...

Dans le sens inverse, une étude plus récente d'universitaires américains25, portant sur 120 pays en développement suivis de 1970 à 2000, montre que les accords bilatéraux (libre échange, protection des IDE) et l'appartenance à des institutions comme l'OMC stimulent les IDE. Ces engagements institutionnels rendraient plus crédible, vis à vis des entreprises, la stratégie d'ouverture économique des pays. Portant sur la même période et 66 pays en développement, une étude Banque Mondiale /USDA26 ne permet pas de conclure que les IDE et les échanges de commerce contribuent à la croissance (l'effet est positif, mais les coefficients ne sont pas significatifs); elle montre par contre que les IDE et le commerce (trade) sont fortement et positivement liés. Plus le pays est ouvert aux IDE, plus il génère d'échanges et réciproquement, ce qui n'est pas étonnant.

Analogue à celui entre commerce et IDE, le lien entre tourisme et IDE n'a guère été étudié. Intuitivement, une telle étude pourrait conduire à des conclusions similaires, à savoir que les pays ouverts au tourisme international accueilleraient davantage d'IDE, avec un effet positif direct (entrée de devises) et indirect (image, hospitalité) sur la croissance économique.

4. Focus sur les pays MED Concernant le cas particulier de la région MED, l'évolution comparée de la croissance du PIB, des IDE et des autres paramètres économiques illustre certains écueils rencontrés dans les approches économétriques qui viennent d'être décrites.

Quelle que soit la méthode graphique utilisée (évolution en valeur relative ou absolue, cf. figures 5 et 6 ci-après), l'évolution des IDE sur les 40 dernières années témoigne en effet d'une rupture forte depuis une dizaine d'années, avec un décollage assez net des IDE 22 Balasubramanyam, Salisu et Sapsford (Univ. Lancaster, UK). Foreign Direct Investment and Growth in EP and IS Countries (1996) 23 Marino (ISTAT, Institut National des Statistiques, Italie). The Impact of FDI on Developing Countries Growth: Trade Policy Matters (2000) 24 Pour tester la robustesse de son hypothèse par rapport à la variable utilisée, Marino vérifie que la corrélation reste significative en utilisant deux autres indicateurs d'ouverture (le ratio commerce sur PIB et le pourcentage de quotas sur les biens intermédiaires importés). Cela ne change pas le résultat. 25 Büthe et Milner (Duke/Princeton Univ.). The Politics of Foreign Direct Investment into Developing Countries: Increasing FDI through Policy Commitment via Trade Agreements and Investment Treaties? (2005) 26 Makki, Somwaru (WB/USDA). Impact of FDI and Trade on Economic Growth (2008)

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d'abord vers 1998-99 (processus apparemment interrompu par la crise du 9 septembre 2001 -chute brutale des IDE l'année suivante), puis très net vers 2005-2006, avec un palier atteint depuis (baisse en 2009-2010, mais à un niveau d'une trentaine de milliards de dollars, soit très au-dessus des chiffres d'avant-décollage). Ces graphiques intègrent les 9 pays MED et la Turquie (laquelle accentue cette tendance, mais ne suffit pas, à elle seule, à l'expliquer).

Figure 5. Courbes relatives d'évolution du PIB, de la FBCF, de l'export et des IDE pour l'ensemble MED-10 +Turquie sur 1990-2008. Pour toutes les valeurs, base 100 en 1990. Source : UNCTAD Stat 2010

01 0002 0003 0004 0005 0006 0007 0008 0009 000

10 00011 00012 000

Produit intérieur brut (PIB) Formation brute de capital fixe

Exportations de biens et services Investissement étranger (UNCTAD)

Figure 6. Evolution du PIB, de la FBCF, de l'export et des IDE pour l'ensemble MED-10 +Turquie sur 1970-2008, en valeur absolue (millions de $US). Source : UNCTAD Stat 2010

0

50 000

100 000

150 000

200 000

250 000

300 000

350 000

0

200 000

400 000

600 000

800 000

1 000 000

1 200 000

1 400 000

1 600 000

1 800 000

Sur l'échelle de droite, en M$

Sur échelle de gauche, en M$

Produit intérieur brut (PIB)Dépenses de consommation finaleExportations de biens et servicesInvestissement étranger (UNCTAD)Formation brute de capital fixe

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Cette croissance relative des IDE est certes mondiale et largement due à la globalisation (on remarquera d'ailleurs que les exportations augmentent aussi plus vite que le PIB, bien que moins nettement). Mais la région MED a dans le même temps récupéré sa part "naturelle" d'IDE, soit environ 3% des IDE mondiaux, alors qu'elle stagnait aux alentours de 1% avant les années 2000.

Depuis 2005, la région MED semble être entrée dans un nouveau paradigme, avec un accélération des IDE et à degré moindre, des exportations et de l'accumulation du capital (FBCF). Ceci peut s'expliquer par 3 raisons majeures : 1. importance des réformes (en particulier en Egypte et Turquie, plus le retour à la normalité du Liban) et donc amélioration de l'attractivité relative d'une région proche du plus grand émetteur d'IDE au monde (l'Europe); 2. croissance du PIB durablement plus élevée sur la rive sud que sur la rive nord pendant la dernière décennie; 3. baisse irréversible des taux de natalité, permettant une augmentation des niveaux de vie, même si beaucoup de pauvreté subsiste. Cette rupture récente semble sous-estimée par la plupart des analyses économiques (marquées par un biais négatif vis à vis des économies sud-méditerranéennes) ou économétriques (utilisant rarement des données au-delà de 2005).

4.1. Lien IDE-croissance sur la région MED Les figures 5 et 6 montrent que les taux de croissance des pays MED ont connu une rupture autour de 2002, avec le passage à un régime de croissance nettement accéléré. Ceci est confirmé (figure 7) par le différentiel de croissance accumulé entre pays MED (ici ceux éligibles pour la FEMIP) et ensemble du monde. Entre pays MED et Europe, la différence est plus nette encore. Ayant été moins touchés, les pays MED rebondissent moins vite, mais ils semblent devoir conserver après 2010 un avantage en termes de croissance.

Figure 7. Croissance du PIB des pays MED comparée au reste du monde, 2000-2011 (Sources FMI, Economist Intelligence Unit, projections pour 2010 et 2011)

-3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Cette résilience en termes de croissance coïncide avec la brusque montée de l'investissement étranger : les courbes de croissance des pays MED et du monde se croisent en 2001. Il n'est pas question ici de suggérer que toute la croissance est liée aux IDE (d'ailleurs, comme cela a déjà été indiqué, c'est peut-être la relation inverse qui prévaut), mais il est probable qu'un ensemble de facteurs internes (ouverture, réformes, grands projets publics, baisse des tarifs douaniers, démographie etc.) et externes (niveau élevé des recettes de tourisme et transferts des migrants, montée des délocalisations, "near-shoring", etc.) aient agi simultanément pour rendre plus attractives et plus dynamiques les économies des pays MED (malgré tous leurs problèmes rémanents). En outre, comme cela est dit ci-dessous, dans plusieurs des pays de la région, les IDE constituent une part déterminante de l'accumulation de capital productif, et, pour ces pays au moins, les IDE ont été bienvenus.

Pays MEDMonde

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4.2. Evolution de l'investissement domestique (FBCF) sur la région MED La contribution des IDE à l'accumulation du capital productif est incontestable et croissante dans les pays MED. Même en intégrant la Turquie, qui représente 46% du PIB et 44% de la formation brute de capital fixe (FBCF) de la zone, le ratio IDE/FBCF a été multiplié par près de 10 entre le début et la fin de la période (figure 8), où il avoisine les 20%. Comme la FBCF est supposée comprendre l'investissement (public et privé) domestique et étranger, ceci signifie que les IDE contribuent en moyenne pour un cinquième (avec la Turquie), ou un tiers (sans la Turquie), aux investissements "productifs". Comme cela est logique, ce ratio a connu un pic en 2006 (avec le boom des IDE), mais se maintient depuis au niveau atteint en 2005.

Dans la réalité, selon l'observatoire ANIMA-MIPO et sur la période 2003-2009, un peu plus de la moitié des IDE annoncés vers les pays MED-11 (51,2%) concernaient des projets "physiques" (greenfields ou brownfields), 11,2% des privatisations, PPP et licences (par exemple pétrolières), et 37,6% des opérations financières (prises de participation, fusions et acquisitions).

Au sens strict, seuls les IDE "physiques" contribuent directement à l'équipement productif du pays, et l'on peut débattre de la contribution des IDE "financiers" qui peuvent aussi servir au financement de la modernisation de cet appareil productif. Par exemple, le deal géant qui a permis à Lafarge d'acheter pour plus de 12 milliards de dollars les cimenteries d'Orascom en Méditerranée ne constitue pas seulement un changement de propriétaire -il est probable qu'outre cet achat Lafarge s'acquitte d'investissements techniques et injecte différentes sortes de moyens (hommes, méthodes, technologies, process) dans l'entreprise.

Figure 8. Evolution du ratio IDE/FBCF, 1990-2008, pour MED-1027 et pour l'ensemble MED-10 + Turquie (Source UNCTAD-Stat)

2,4% 2,0% 2,9% 3,2% 3,6% 3,6% 3,3%6,0% 5,4% 7,0%

10,4%11,6%6,9%

10,0% 9,0%

15,9%

28,1%

22,1%19,0%

3,6% 3,3% 4,7% 5,6% 5,4% 5,9% 5,4%10,1% 9,1% 10,6%

16,1% 15,3%

9,5%15,0% 15,2%

28,2%

50,5%

36,9%

29,7%

0%

10%

20%

30%

40%

50%

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

MED-11 avec Turquie MED-10

En affinant l'analyse, il est possible de distinguer deux sortes de pays dans la région :

ceux dont l'investissement productif est très dépendant de l'IDE : Liban, Libye, Jordanie (autour de 50%) et, à un degré moindre (30%), Israël, Tunisie, Egypte (cf. figure 9);

ceux qui disposent d'une capacité propre d'investissement, liée soit aux ressources (Algérie) soit à leur dynamisme économique (Turquie) ; et ceux qui émargent peu à l'IDE en valeur relative, à savoir Maroc et Syrie (figure 10).

27 Ici, MED-10 = Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie et MED-11= MED-10 +Turquie

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Figure 9. Evolution du ratio IDE/FBCF, 1990-2008, pour les pays MED où ce ratio dépasse 20% en fin de période (Source UNCTAD-Stat)

Figure 10. Evolution du ratio IDE/FBCF, 1990-2008, pour les pays MED où ce ratio est inférieur à 20% en fin de période (Source UNCTAD-Stat)

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4.3. Evolution de l'emploi sur la région MED L'observatoire ANIMA-MIPO montre clairement que les investissements des multinationales sont par essence très capitalistiques, avec un montant unitaire d'IDE par emploi créé de l'ordre de 600 000 €, niveau certes plus faible que celui que l'on observe dans les pays développés28, mais sensiblement plus élevé que pour l'investissement domestique. Cette caractéristique est corollaire de la forte contribution des IDE à la modernisation de l'appareil productif (FBCF) : les entreprises étrangères qui investissent sur MED donnent priorité à l'investissement en capital par rapport à des stratégies plus intensives en main d'œuvre, ce qui joue en faveur d'une plus forte contribution à l'équipement productif du pays hôte, mais a contrario ne contribue pas assez à réduire le chômage. Avec le même capital investi par emploi, les micro-entreprises ou le secteur informel pourraient créer 5 à 100 fois plus d'emplois.

Une analyse d'ANIMA compare en effet les créations d'emploi selon la taille de l'entreprise qui investit et son origine géographique (pays OCDE ou pays émergents). Plus l'investisseur est petit et vient d'un pays "pauvre", plus il créera d'emplois par unité de capital investi (Figure 11).

Figure 11. Emplois créés par million d'euros investi selon le type d'entreprise et l'origine géographique (sur environ 4 000 projets d'IDE vers MED-11, 2003-2009, source: ANIMA-MIPO)

Origine Type d'entreprise Europe Golfe USA/

Canada Autres pays (émergents) MED-11 Toutes

origines Multinationale 1,1 1,8 1,3 2,4 1,3 1,4 Grande entreprise 3,1 1,7 0,3 1,9 2,1 1,8 PME 2,7 0,5 0,8 5,8 14,7 2,8 Toutes entreprises 1,7 1,7 0,8 2,3 2,7 1,6

Les prêts à la micro-finance s'élèvent en moyenne dans la région à 900 € environ. En considérant qu'ils garantissent un emploi informel sur 3 ans dans un cas sur deux, il faudrait 6 000 € environ pour amorcer et sécuriser un emploi pendant 10 ans (soit 100 fois moins que pour l'IDE moyen !).

La réorientation des missions d'ANIMA vers les PME et les start-ups a été une conséquence du constat du faible nombre d'emplois directs créés par les IDE, eux-mêmes très majoritairement le fait des multinationales : de l'ordre de 100 000 emplois par an dans les années 2005-2008. Ce chiffre est connu par défaut, car beaucoup d'annonces d'investissement ne mentionnent pas les emplois créés et il est évidemment plus difficile encore d'apprécier les emplois indirects. Cependant, une analyse plus fine sur certains échantillons a semblé confirmer que le nombre d'emplois induits par les IDE restait limité (moins de 500 000 emplois directs et indirects par an, soit 10% de l'objectif annuel de création d'emplois sur la région MED).

4.4. Evolution de la productivité sur la région MED Grâce à une compilation du CNR italien29 basée sur les séries des Nations Unies, il est possible d'estimer l'évolution de la croissance de la productivité (PIB par travailleur) dans les pays MED (figure 12). Malgré un lissage sur des périodes de 5 ans, ces chiffres connaissent

28 UE-15 : 1,3 à 1,8 million de dollars US pour les IDE américains ou allemands (en 2003, cf. figure 2); France : 1,7 million d'euros par emploi direct (sur la décennie 2000-2009 selon l'AFII), 29 Vito Pipitone (Consiglio Nazionale delle Ricerche-CNR). The Role of Total Factor Productivity in the Mediterranean Countries (2010)

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de fortes variations -il est vrai que la variable "nombre de travailleurs" est d'estimation plutôt sportive...

Figure 12. Evolution de la croissance annuelle de la productivité dans les pays MED en termes de PIB par travailleur, 1971-2008 (Source: bases UN et CNR, Italie)

Période Pays

1971–1975

1976–1980

1981–1985

1986–1990

1991–1995

1996–2000

2001–2005

2006–2008

Algérie 1,6% 3,4% 0,9% -3,6% -4,1% -1,2% 1,0% -0,8% Égypte 3,1% 5,3% 4,2% 3,0% 3,4% 2,2% 1,9% 3,2% Israël 4,2% 0,2% 0,9% 1,7% 1,5% 2,1% 0,0% 1,4% Jordanie -2,5% 10,6% -0,8% -4,4% -4,1% -0,1% 2,2% 3,8% Liban 0,1% -4,6% 6,2% -19,3% 6,2% 0,3% -0,3% 3,4% Libye 1,2% 4,6% -7,1% -5,0% -1,7% -2,5% 2,5% 3,1% Maroc 1,6% 2,4% 0,2% 1,2% -2,0% 1,1% 2,9% 3,0% Palestine 7,6% 6,1% -3,6% 3,3% 5,9% -1,1% -0,8% -3,9% Syrie 9,1% 3,4% -1,0% -5,7% 2,7% -1,1% -0,2% 1,1% Tunisie 4,8% 2,3% 1,3% 0,2% 0,7% 2,4% 1,4% 3,1% Turquie 3,6% 0,6% 3,6% 3,5% 1,1% 2,8% 4,0% 2,5% MED-11 3,1% 2,2% 0,9% 0,6% 0,6% 1,7% 2,3% 2,2%

Cependant, une agrégation pondérée au niveau régional (figure 13) témoigne d'une accélération dans la dernière décennie, succédant à une période de très faible croissance de la productivité entre 1980 et 1995. Cette dernière peut correspondre à une période assez troublée dans les pays MED (1ère intifada palestinienne en 1987, troubles algériens entre 1988 et 2003, 1ère guerre du Liban entre 1975 et 1990, instabilité économique turque jusqu'en 2000 etc.).

Figure 13. Evolution de la productivité dans la région MED (PIB par travailleur, 1971-2008, moyenne pondérée par le PIB de chaque pays pour chaque période, mêmes sources et UnctadStat)

Une autre conclusion intéressante de l'étude du CNR tient à la part déterminante de la FBCF (et donc de l'IDE) comme facteur du développement économique (figure 14). Dans l'explication de la croissance du PIB, le capital physique (stock de FBCF) jouerait en effet un rôle plus important que le capital humain, même dans les activités intensives en travail. Ce n'est qu'en Israël et en Tunisie que la contribution de la productivité à la croissance du PIB serait positive dans tous les cas. Dans d'autres pays (Turquie, Egypte, Palestine), la productivité joue un rôle positif lorsque le capital physique nécessaire à la production est important. Les pays rentiers (Algérie, Libye), mais aussi le Liban, semblent se distinguer par une baisse de la productivité par travailleur (leur PIB augmenterait du fait des hausses de tarif de leur production).

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Figure 14. Calcul de la productivité globale des facteurs (PGF)30 pour les pays MED (Source: étude CNR "The Role of Total Factor Productivity in the Mediterranean Countries")

Par travailleur

Croissance de la

Hypothèse 1 : ratio capital physique /production de 0,74 (maximum)

Hypothèse 2 : ratio capital physique /production de 0,30 (minimum)

production (PIB) par

Contribution à la production

Croissance de la

Contribution à la production

Croissance de la

Pays travailleur du capital physique

du capital humain

productivité (PGF)

du capital physique

du capital humain

productivité (PGF)

Algérie -0,3% -0,2% 0,3% -0,4% -0,1% 0,7% -1,0% Égypte 3,3% 3,1% 0,3% -0,1% 1,3% 0,9% 1,2% Israël 1,5% 1,1% 0,1% 0,3% 0,5% 0,4% 0,7% Jordanie 0,4% 1,3% 0,3% -1,1% 0,5% 0,7% -0,8% Liban -1,2% -1,0% 0,2% -0,4% -0,4% 0,5% -1,3% Libye -0,8% -0,5% 0,3% -0,6% -0,2% 0,8% -1,4% Maroc 1,2% 2,2% 0,2% -1,1% 0,9% 0,4% -0,1% Palestine 2,0% 3,4% 0,2% -1,6% 1,4% 0,4% 0,2% Syrie 1,1% 1,8% 0,3% -1,0% 0,7% 0,7% -0,4% Tunisie 2,0% 1,1% 0,3% 0,6% 0,5% 0,7% 0,8% Turquie 2,7% 3,5% 0,2% -1,0% 1,4% 0,5% 0,8% MED-11 (pondéré) 1,8% 2,1% 0,2% -0,6% 0,9% 0,6% 0,3%

Dans leur état actuel, ces données (entachées d'aléas, en particulier pour ce qui concerne l'évolution des effectifs de travailleurs) semblent trop incertaines pour que l'on puisse véritablement établir un lien entre augmentation des IDE et croissance de la productivité dans les pays MED. Tout au plus peut-on constater que la reprise de la productivité (après 1995) semble avoir préparé un terrain favorable pour la reprise des IDE, quelques années plus tard.

4.5. Evolution des échanges commerciaux sur la région MED En dépit de lacunes dans les services et l'agriculture, une ouverture importante du commerce des pays MED avec l'Europe (de loin le principal client et fournisseur) a été possible ces dernières années. Les tarifs moyens ont été réduits de 20% à 13% entre 2000 et 2007. Toutefois la zone de libre échange promise pour 2010 reste largement un projet (quotas pour les produits représentant les meilleures chances de la rive sud, comme les fruits et légumes, barrières non tarifaires etc.). Selon une récente étude du CEPS31, les échanges pourraient tripler ou quadrupler si l'ensemble euroméditerranéen disposait d'un niveau d'intégration similaire à celui de l'Union européenne (mais est-ce souhaitable et ne faudrait-il pas d'abord renforcer le commerce intra-MED qui reste désespérément faible avant d'ouvrir ces pays à une concurrence à laquelle ils ne pourront guère résister, sauf à devenir des annexes peu valorisées de l'Europe?).

Même si le commerce extérieur des pays de MED a souffert de la crise récente (hausse de 4% des importations, mais baisse de 24% des exportations entre 2008 et 2009 si l'on en croit la base CIA pour 2009), les échanges restent à un niveau jamais atteint dans les périodes antérieures (figure 15). La courbe des importations et, à un degré moindre, des exportations présente une nette inflexion à partir de 2002, coïncidant avec l'accélération des 30 Calculée comme la part résiduelle de croissance du PIB par travailleur qui n'est pas expliquée par le capital physique ni le capital humain. 31 CEPS-EC DG Trade. Economic Integration in the Euro-Mediterranean Region (2009)

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IDE. Ceci laisse supposer un lien entre IDE, commerce et croissance, comme mesuré sur des échantillons plus larges par la recherche économique (avec des données souvent antérieures à 2000).

Figure 15. Evolution du commerce extérieur des pays MED, 1970-2008 (en millions de dollars US. Source UNCTAD-Stat)

5. Conclusion : de la qualité des IDE Cette revue tente de faire une synthèse des connaissances sur le lien IDE entrant-développement économique (du pays d'accueil) et d'illustrer, sur des données pratiques relatives aux pays MED, ce que pourraient signifier en termes d'impact les effets prédits par la recherche économique.

Ce travail doit être considéré comme une introduction modeste et une invitation à poursuivre les investigations, tant les fondements théoriques semblent encore relativement instables, les conclusions des chercheurs parfois contradictoires et les données sur lesquelles ils s'appuient, souvent approximatives. Les critiques et les corrections d'éventuelles erreurs sont bienvenues.

En outre, ce travail est réalisé à un moment charnière où, d'une part, certains excès du libéralisme (incluant une vision uniquement positive des IDE) sont remis en cause et où, d'autre part, la région MED semble, d'un point de vue économique, avoir changé de régime : sans doute pas assez, mais la simultanéité d'une bonne croissance, de ressources externes importantes et d'une faible natalité crée une chance historique de décollage. Or ces deux ruptures impliquent que l'on puisse disposer pour l'analyse de données sur la période très récente (2005-2010), et même d'un recul supplémentaire (les années à venir vont être déterminantes), ce qui ne peut être le cas de la plupart des travaux de recherche.

Malgré ces limites, des idées forces et des leçons à tirer pour les praticiens de l'IDE se dégagent, ainsi que des pistes de travail pour des travaux futurs.

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5.1. Principaux enseignements L'IDE n'est ni une panacée, ni une malédiction. Dans un monde qui s'est considérablement ouvert, les meilleures entreprises font preuve d'un extraordinaire dynamisme pour trouver de nouveaux terrains d'expansion. Toutes les statistiques convergent sur le fait qu'une entreprise étrangère crée plus de valeur ajoutée qu'une entreprise domestique, paie mieux ses salariés et ses impôts, exporte plus, forme davantage, bref se conduit en meilleure citoyenne que sa concurrente du pays hôte (c'est une moyenne, et il y a des exceptions). Tout ceci est finalement normal et tient à une sorte de sélection naturelle qui veut que ce soient les meilleures entreprises qui soient capables de franchir avec succès les frontières. Et de ce point de vue, les championnes sont les multinationales. C'est là aussi que, parfois, le bât blesse. Car la puissance de ces entreprises et leur appétit de rentabilité déséquilibrent bien souvent la relation avec des Etats et autres organismes de promotion de l'investissement -lesquels sont peu armés, facilement enthousiastes, piètres négociateurs pour maximiser les retombées positives des projets que portent en majorité ces entreprises-monde (sur la région MED, et selon ANIMA, 60% des IDE en montants sont réalisés par des multinationales et 33% par des grandes entreprises).

Or l'impact économique des IDE peut être comparé (pardonnez encore au jardinier amateur...) au rendement d'un sol, que l'on prépare, plus ou moins bien, à accueillir la semence. Les études économétriques convergent sur le fait que les IDE peuvent être bénéfiques sous conditions :

1. capacité d'absorption du pays en termes de formation de la main d'œuvre, de minimum d'infrastructures et même de niveau de développement (il semble qu'un pays très en retard bénéficie très peu de l'investissement étranger);

2. possibilité pour le tissu industriel avoisinant de mobiliser des financements pour répondre à l'IDE par son propre investissement;

3. existence d'un cadre légal, concurrentiel et institutionnel suffisamment fiable et stable (gouvernance, accords de commerce, climat des affaires, protection de l'entreprise et de l'investissement etc.).

Le multiplicateur économique (création d'activités domestiques, d'emplois, diffusion des connaissances, exportations etc.) sera d'autant plus élevé que le pays hôte sera bien préparé dans le secteur industriel où se produit l'IDE -par exemple, les IDE dans les TIC profitent surtout aux pays qui disposent d'un bon niveau technologique.

A ces conditions, l'IDE jouera en général le rôle d'accélérateur de croissance du PIB. Il aura un lien fort (et bijectif) avec l'investissement domestique, chacun entraînant l'autre -donc il contribuera à équiper le pays sur le plan industriel. Il bénéficiera des, et agira sur, les réformes. Il aura un effet de démonstration positif vis à vis des personnels et entreprises domestiques (standards, modèles, méthodes). Par contre, il aura peu d'impact direct sur la productivité, sauf prise en compte assez volontariste des chaînes de valeur pouvant associer le tissu industriel local, et sur l'emploi, sauf exigences de contreparties locales (en termes de contenu transformé sur place32, de valorisation des sous-traitants, d'objectifs d'exportation etc.).

32 Encore que les effets des politiques de contenu local soient souvent contestés (soutien à une industrie domestique "protégée" et peu performante), certains leur préférant par exemple des objectifs d'exportation fixés à l'investisseur. Les politiques de contenu local sont pratiquées par exemple dans l'automobile avec les modèles CKD (Component Knocked Down, véhicules assemblés sur place à partir de composants en partie importés) et un taux d'intégration local (fixé par exemple en Egypte depuis 2004 à 45 % pour les voitures, 60 % pour les utilitaires et 70 % pour les bus et poids lourds).

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5.2. Diversité des impacts selon les secteurs, pays, investisseurs L'expérience d'ANIMA pour valoriser la région MED et accompagner les stratégies nationales d'attraction des IDE sur près d'une décennie (2002-2010) tend à confirmer ces enseignements. Globalement, les quelques 250 milliards d'euros qui se sont déversés sur la région en 8 ans ont eu un effet positif sur la croissance, ont permis une modernisation de l'appareil productif et ont suscité ou accompagné des réformes allant dans le sens d'une meilleure équité des affaires. Il est aussi certain qu'ils ont parfois été dommageables pour l'environnement (cas des nombreux projets littoraux en Méditerranée) et vraisemblable qu'ils aient favorisé indûment certains groupes ou partenaires, ou mis au tapis des entreprises concurrents locales, sorties du marché pour des raisons de coût ou d'obsolescence technique. Cependant, on ne peut raisonner sur de telles généralités et une analyse plus fine s'impose par nature de projet, par exemple :

dans les hydrocarbures (et autres ressources extractives), les IDE ne semblent pas avoir eu de fortes retombées économiques, sinon par les capitaux apportés aux Etats. Bien souvent ces opérations sont "off-shore" (en ce sens que leurs intrants sont importés, la grande majorité de la production exportée, les centres de décision à l'étranger), même si elles ne se déroulent pas en mer. L'interface avec le pays-ressource est minimisé. Les IDE pétroliers ou gaziers passent souvent par un ministère spécifique, hors circuit habituel de l'agence de développement économique. Mais il n'y a pas de fatalité à voir les pays riches en ressources se développer pauvrement, dès lors qu'existe une transparence sur les revenus, une redistribution au moins partielle des bénéfices aux populations directement touchées, et une exigence à respecter l'environnement. La Banque Mondiale et des ONG sont à l'origine de l'initiative EITI33, qui vérifie les paiements (généralement discrets) des entreprises minières, pétrolières ou gazières aux gouvernements et assistent les autorités dans les divers aspects de la gestion des ressources. Pour certains chercheurs34, il faudrait avancer davantage, en insistant sur le développement de la capacité des gouvernements et agences publiques à négocier avec les majors, en remettant en cause les compensations parfois discutables qu'attribuent "généreusement" ces entreprises aux communautés locales (du genre terrain de sport...) et en plaidant pour d'autres mécanismes que les royalties (l'impôt progressif sur les revenus serait plus efficace, si les entreprises ne s'y soustraient pas...);

dans la logistique au contraire, certains IDE majeurs ont eu un effet d'accumulation et de transformation du tissu industriel local. C'est le cas du port et des zones industrielles de Tanger-Méditerranée, où l'observatoire ANIMA recense près de 50 implantations étrangères intégrées, par exemple équipementiers automobiles, mêlées à des entreprises domestiques, par exemple services d'appui logistique. Un pôle majeur s'est ainsi constitué, à l'instar de celui qui préexistait à Bursa (Istanbul) ou de ceux que les Egyptiens tentent de lancer aux débouchés du Canal de Suez (Eastern Port Saïd et Soukhna). Certains chercheurs35 estiment que ces projets sont des chevaux de Troie pour la Chine et l'ASEAN, qu'ils valorisent un partage du travail mondialisé faisant la part

33 EITI = Extractive Industry Transparency Initiative (http://eitransparency.org). Une initiative EITI++ va plus loin en termes d'engagements par les gouvernements et les grands opérateurs de jouer la transparence (en particulier, diffusion des paiements détaillés aux autorités, auxquelles s'opposent encore certaines compagnies). Mais le véritable enjeu est de faire participer les opérateurs des pays émergents à cette forme de régulation. 34 Par exemple, Moran (Georgetown University, Etats-Unis). Enhancing the contribution of FDI to development (2010) 35 En particulier, une étude récente du Plan Bleu. Philippe Vallouis. Les transports maritimes de marchandises en Méditerranée : perspectives 2025 (2010)

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belle aux solutions low cost que permettent les grandes lignes de conteneurs et que la Méditerranée passerait ainsi de la sous-traitance européenne à une dépendance asiatique. Mais, d'un autre côté, il faut bien commencer par quelque chose et ces pôles contribuent (avec probablement l'agroalimentaire, le tourisme, les TIC, la pétrochimie et les engrais) à l'ossature industrielle dont les pays méditerranéens ont vitalement besoin;

dans l'immobilier et le tourisme, prime a été souvent donnée à des mégaprojets (resorts hôteliers, malls commerciaux, rénovation urbaine, achats fonciers spéculatifs sur le littoral) négociés au plus haut niveau, avec beaucoup d'écueils (difficultés à réussir des opérations d'aménagement à trop grande échelle, promesses des promoteurs pas toujours tenues, privatisation de la rente et socialisation des services publics non rentables, impact négatif sur l'environnement, exclusion des riverains et ayants-droits etc.). Plusieurs de ces projets ont été abandonnés non sans dégâts, beaucoup sont retardés ou diminués, mais quelques uns semblent par contre de véritables réussites durables. La capacité d'autorités publiques peu expérimentées à négocier avec des consortia privés puissants, mettant (en théorie) beaucoup d'argent sur la table, faisant miroiter des revenus et des emplois, doit être largement renforcée dans un domaine sensible et stratégique (urbanisation croissante, bande littorale étroite et convoitée, mitage des espaces qui nuit à la qualité de vie et au tourisme à long terme);

la nature des investisseurs est un facteur très discriminant pour approcher l'impact des IDE. Ainsi, l'origine géographique joue, selon les données d'ANIMA, un rôle important. Une typologie des investisseurs a pu être ainsi dressée36, distinguant entre les européens du sud (projets de taille moyenne, davantage intégrés au pays, partenariats fréquents, secteurs très manufacturiers plus délocalisations et services comme les centres d'appel), les européens du nord et les nord-américains (focalisation sur l'énergie et la technologie, plus les TIC vers Israël, projets très capitalistiques et moins intégrés), les investisseurs du Golfe (ressources, immobilier et télécoms, projets souvent gigantesques, recherche de rente ou de positionnement stratégique), les investisseurs des pays émergents (secteurs traditionnels, industries de main d'œuvre) et les chinois (captation des ressources, immobilier). Moins soumis aux pressions des ONG, les nouveaux entrants (Indiens, Chinois, pays émergents en général) ont donc moins de scrupules à maltraiter l'environnement, le personnel, ou les principes moraux, mais il n'est pas certain que leur approche "réaliste" ne contribue pas à créer une culture industrielle mid-tech combative et finalement utile aux pays;

la stratégie des pays hôtes joue également beaucoup. Les pays les plus avancés (Israël, Turquie) sont aussi ceux qui reçoivent les projets les plus "nobles", haute technologie pour Israël ou plateformes régionales de production et logistique pour la Turquie, par exemple. Ces pays peuvent bénéficier à plein de certains effets positifs, par exemple transferts de technologie (qui, malgré le miroir aux alouettes des joint-ventures et partenariats, ne sont pas toujours effectivement mis en œuvre dans les pays où des risques de fuite existent). Les pays réformateurs (Egypte, à un degré moindre Tunisie, Maroc, Syrie...) attirent des projets intermédiaires, avec une prime aux plus grands pays (importance du marché domestique).

Ainsi, par nature, les IDE apportent des capitaux pour des opérations financières et/ou physiques, mais cela ne signifie pas ipso facto qu'ils financent le développement économique. La construction d'un appareil industriel permettant une spécialisation sur quelques secteurs clés dotés d'avantages comparatifs locaux, l'élévation du niveau technique

36 Cf. rapports annuels d'ANIMA sur les IDE: Investissement direct étranger vers MEDA en 2007 : la bascule (2008). Investissement direct étranger vers les pays Med en 2008 (2009); Investissement directs étrangers et partenariats vers les pays MED en 2009 (2010)

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et de la compétitivité du pays, enfin une distribution relativement large de dividendes économiques aux classes pauvres et moyennes est une affaire autrement compliquée...

Depuis son origine, le réseau ANIMA, alerté par les insuffisances de beaucoup de projets d'investissement à destination de la région MED, a orienté son action vers la qualité des IDE, plutôt que vers leur seule quantité. Basées sur l'observatoire MIPO et la veille, des alertes portant sur le faible nombre d'emplois créés, les externalités négatives pour l'environnement, les mégaprojets, les sous-traitances peu valorisantes etc. ont été émises dans différents rapports ou séminaires. Une conférence du réseau a été tenue en 2006 à Skhirat (Maroc) sur le thème de l'investissement socialement responsable (ISR). Un rapport et un séminaire de formation sur l'ISR et la CSR (corporate social responsibility) sont en cours de préparation pour 2011. Cela permettra d'actualiser un module de formation initié dès novembre 2002 à Malte sur le thème de la maximisation de l'impact des IDE sur le développement économique. Ces approches sont parfois contestées par les organisations membres du réseau, qui estiment qu'il ne faut pas décourager l'investisseur et que la priorité reste d'accueillir le maximum possible d'IDE en volume. L'arbitrage reste en effet délicat pour certains territoires qui manquent cruellement d'investissements.

Futurs observatoires des IDE et du développement économique La question des données et de leur fiabilité est déterminante pour permettre une meilleure connaissance de l'impact économique des IDE. Des corrélations qui portent sur des données très incertaines et des pays peu homogènes ont une valeur toute relative. Trois ensembles de données sont nécessaires : 1. connaissance des IDE, si possible par secteur; 2. séries correspondantes sur les diverses variables économiques (PIB, FBCF, population active, exportations, indicateurs technologiques etc.) au moins au niveau national; 3. (si l'on souhaite travailler de façon fine sur les retombées de tel ou tel projet), mêmes informations au niveau local (régions, wilayas, grandes métropoles)37.

Concernant la disponibilité d'informations sur les IDE vers la région MED, deux principales sources existent38 :

la CNUCED identifie dans la balance des paiements de chaque économie nationale les entrées de capitaux étrangers consacrés à l’investissement direct. C'est une approche macro-économique, qui globalise tous les investissements, qu'ils soient financiers (fusions-acquisitions) ou physiques : la CNUCED constate, après coup, la réalité macro-économique des transferts de capitaux privés;

les données de l'observatoire ANIMA-MIPO (voir annexe 2) sont produites à partir de la synthèse des annonces d'investissements détectées par l’équipe de veille et les agences partenaires d’ANIMA; il s’agit des investissements annoncés l’année n, où le promoteur du projet médiatise ou valide le projet –lequel sera réalisé cette même année ou les années suivantes (année n+1 etc.). MIPO fournit donc des données d’anticipation, qui ne tiennent pas compte de l’origine des capitaux investis (profits recyclés sur place, financement bancaire local ou étranger, etc.). Toutefois, seule la part relevant de l’opérateur étranger et seule la tranche "ferme" (1ère étape de réalisation des grands projets pluriannuels) sont prises en compte. Grâce à une approche micro-économique (le cumul des annonces des entreprises), ANIMA est ainsi en mesure de proposer une approximation des montants probablement engagés dans l’année en cours, et ceci avec

37 Dans certains cas, par exemple pour la réalisation du bilan global d'une délocalisation industrielle, il faudrait disposer des mêmes informations sur la zone émettrice et la zone réceptrice. 38 Il existe aussi des listes de projets établies par des consultants (OCO, Financial Times, Ernst & Young), mais autant qu'ANIMA a pu le constater sur la base d'échantillons, ces informations sont très lacunaires. Leur intérêt est d'être mondial... et commercial.

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de grands niveaux de détail (par exemple, géolocalisation de l'investissement, secteur précis, taille de l'entreprise etc.);

ces approches sont complémentaires, mais restent toutes deux insuffisantes. Les chiffres de la CNUCED souffrent de la diversité d'approche et de fiabilité des comptabilités nationales des pays, malgré un effort permanent de convergence des méthodes. Ils obligent à des redressements significatifs, que l'on peut constater après coup en comparant, plusieurs années après, les séries statistiques. Les chiffres d'ANIMA (comme ceux de l'AFII) correspondent à des annonces, plus ou moins fiables selon l'origine des investisseurs (ainsi, plusieurs projets du Golfe annoncés en 2006/2007 risquent-ils de ne jamais voir le jour). Si l'approche micro-économique (que suit d'ailleurs aussi la CNUCED pour des focus sectoriels ou thématiques) est très utile pour discriminer les projets et réaliser des études de cas, la méthode d'ANIMA serait totalement convaincante si chaque année une révision complète des projets antérieurement annoncés pouvait être réalisée39.

Concernant les autres variables économiques, certaines (PIB, FBCF, exportations...) sont nettement plus fiables que d'autres (population active, niveau technologique...). Par exemple, les chiffres sur l'emplois, donnée d'intérêt stratégique, semblent très difficiles à obtenir, compte tenu de l'importance du secteur informel et même "semi-formel"40. Dans ces conditions, les erreurs d'observation peuvent beaucoup amoindrir la signification des études économétriques. Comme pour les IDE, un moindre mal consiste à travailler sur des séries relatives (croissance de l'emploi formel, par exemple) obtenues avec une méthode constante au long des années. Mais cela n'élimine pas les différences entre pays...

Le rapprochement ANIMA-FEMISE au sein de l'OCEMO41 est sans doute l'occasion de réfléchir à la mise en place d'un observatoire plus complet et plus ambitieux, répondant aux besoins de compréhension des transitions économiques majeures que connaît la Méditerranée. Beaucoup de questions non ou mal résolues trouveraient ainsi une réponse, par exemple :

dans quels secteurs rechercher des IDE pour accélérer le plus la croissance?

quel est le bilan global des délocalisations (pour l'espace conjuguant le pays émetteur et le pays hôte)?

y a-t-il un lien entre grands projets publics mobilisateurs et IDE?

faut-il encourager les PPP ou projets privés de type UpM (Enertec, Transgreen)?

quels types d'IDE favoriser pour aller au maximum vers le plein emploi?

Il est toujours possible de rêver à un pilotage économique et à des stratégies d'attractivité moins aveugles...

39 Ceci n'est fait qu'en cas d'information nouvelle amendant les données précédentes, mais pas de façon systématique, ce qui serait trop coûteux. Un audit annuel complet permettant de confirmer ou infirmer le millier de projets annoncés l'année précédente coûterait entre 0,5 et 1 million d'euros. 40 Par exemple, au Maroc, les statistiques font état de 1,2 million de PME, mais seulement 120 000 entreprises environ sont inscrites à la CNSS fin 2009. 41 OCEMO, Office de Coopération Economique pour la Méditerranée et l'Orient, nouvelle institution basée à Marseille, associant également la BEI et la CDC, et coopérant entre autres avec la Banque Mondiale.

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Annexes

Annexe 1. Bibliographie et crédits (ouvrages consultés pour cette revue) ANIMA. Investissement direct étranger vers MEDA en 2007 : la bascule (2008). ANIMA. Investissement direct étranger vers les pays MED en 2008 (2009) ANIMA. Investissement directs étrangers et partenariats vers les pays MED en 2009 (2010). Balasubramanyam, Salisu, Sapsford (Univ. Lancaster, UK). Foreign Direct Investment and Growth

in EP and IS Countries (1996) Bouoiyour, Mouhoud et Hanchane (CNRS). Investissements directs étrangers et productivité : quelles

interactions dans le cas des Pays du Moyen Orient et d’Afrique du Nord? (2007) Borensztein, De Gregorio, Lee (National Bureau of Economic Research, USA). How Does Foreign

Direct Investment Affect Economic Growth? (1997) Bosworth, Collins (Brookings Institution). Capital Flows to Developing Economies: Implications for

Saving and Investment (1999) Jamal Bouoiyour, El Mouhoub Mouhoud, Hicham Hanchane, Université de Pau/ Université

Dauphine (France)/ IURS (Maroc). Investissements directs étrangers et productivité : quelles interactions dans le cas des Pays du Moyen Orient et d’Afrique du Nord? (2007)

Büthe, Milner (Duke/Princeton Univ.). The Politics of Foreign Direct Investment into Developing Countries: Increasing FDI through Policy Commitment via Trade Agreements and Investment Treaties? (2005)

CEPS-EC DG Trade. Economic Integration in the Euro-Mediterranean Region (2009) Chuang, Lin. Foreign Direct Investment, R&D and Spillover Efficiency: Evidence from Taiwan’s

Manufacturing Firms (1999) Dabla-Norris, Honda,Lahreche, Verdier (FMI). FDI Flows to Low-Income Countries: Global Drivers

and Growth Implications (2010) Javorcik (World Bank/ Oxford University) Technological Leadership and Foreign Investors’ Choice

of Entry Mode (1999) Javorcik (Oxford University). Does Foreign Direct Investment Increase the Productivity of

Domestic Firms? In Search of Spillovers through Backward Linkages (2003). Kinoshita, Lu (FMI/Université Taiwan). On the Role of Absorptive Capacity: FDI Matters to Growth

(2006) Lautier, Moreau (CEPN/CNAM, France /FEMISE). Les boucles investissement intérieur –

investissement étranger et la croissance des pays méditerranéens (2010) Lipsey. Home and Host Country Effects of FDI (2002) Makki, Somwaru. Impact of Foreign Direct Investment and Trade on Economic Growth (2008) Marino (ISTAT, Institut National des Statistiques, Italie). The Impact of FDI on Developing

Countries Growth: Trade Policy Matters (2000) Moran (Georgetown University). Enhancing the contribution of FDI to development (2010) Ndikumana, Verick (AfDB).The Linkages between FDI and Domestic Investment: Unravelling the

Developmental Impact of Foreign Direct Investment in Sub- Saharan Africa (2008) Vito Pipitone (Consiglio Nazionale delle Ricerche-CNR). The Role of Total Factor Productivity in the

Mediterranean Countries (2010) Sachwald, Perrin (Institut français des relations internationales /Agence française de

développement). Multinationales et développement : le rôle des politiques nationales (2003) Xu, B. Multinational Enterprises, Technology Diffusion and Host Country Productivity Growth.

Journal of Development Economics (2000) Zia, Rizvi (Institute of Business Managt., Pakistan). The Impact of Foreign Direct Investment on

Employment Opportunities (2009) Vallouis (Plan Bleu). Les transports maritimes de marchandises en Méditerranée : perspectives

2025 (2010)

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Annexe 2. Sources de données concernant les IDE vers la région MED La CNUCED dispose, depuis 1970 pour certains pays, et 1992 pour la plupart des membres des Nations Unies, de séries sur les flux et les stocks entrants et sortants d'IDE. Ces chiffres sont comptabilisés en dollars US. La CNUCED travaille avec les banques centrales des pays, lesquelles mesurent les entrées de capital étranger consacrées à l’investissement direct. Cette méthode agrège tous les investissements, qu'ils soient financiers (fusions-acquisitions) ou physiques. Une analyse détaillée et des tableaux sont présentés chaque année autour de l'été dans le WIR (World Investment Report). Tous les pays MED sont bien suivis, avec quelques problèmes pour la Palestine, la Libye (chiffres d'avant 2000) et le Liban (années de guerre). Les IDE publiés étonnent parfois (chiffres négatifs, bien qu'il ne s'agisse pas d'un solde net, corrections lourdes d'une année sur l'autre). On peut imaginer certaines négociations avec les pays.

De son côté, ANIMA recense depuis janvier 2003, l'ensemble des investissements directs et partenariats annoncés par des entreprises étrangères dans les pays MED à travers l'observatoire ANIMA-MIPO (Mediterranean Investment and Partnerships Observatory). Celui-ci porte sur 13 pays42, s'inspire d'un observatoire identique développé depuis 2000 par l'AFII/Invest in France sur une quarantaine de pays de la rive nord (UE-27, plus AELE, plus est-européen). Au total ANIMA a enregistré plus de 6 000 projets et l'AFII près de 30 000, la combinaison de ces observatoires fournissant probablement l'échantillon micro-économique le plus détaillé qui existe sur une grande région du monde (ici l'espace euro-méditerranéen avec une cinquantaine de pays).

Ces deux observatoires se basent sur les annonces d'investissement obtenues à partir d'une veille quotidienne lourde (pour ANIMA, plus de 100 sources consultées, abonnements à des sites en langue arabe comme zawya.com, nombreuses syndications etc.). Ce travail ne prétend pas à l’exhaustivité, en particulier pour les petits projets, qui peuvent échapper à la maille du filet. Les informations fournies ne sont pas non plus toujours complètes, mais seuls sont normalement conservés et pris en compte les projets pour lesquels sont disponibles les informations minimales que sont un investisseur identifié, son pays d’origine, la destination précise, la définition concrète du projet, avec une intention affirmée de réalisation dans les 18 mois à venir (sinon, le dossier est versé dans les "pré-projets"). Au total, une trentaine de données sont recueillies sur chaque projet d'IDE43. Dans les deux tiers des cas, les informations collectées comportent un élément quantitatif –montant de l’investissement ou nombre d’emplois créés-. Chaque projet est accompagné d’un descriptif détaillé et de la copie intégrale de la source, seuls certains éléments de synthèse étant publiés. Inspirées de l'INSEE, les nomenclatures utilisées (par exemple pour les secteurs, les natures de projet) sont compatibles avec celles de l'AFII.

42 Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye (depuis 2006), Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie (soit MED-10), auxquels s'ajoutent la Turquie (MED-11) , Chypre et Malte (devenus en 2004 membres de l'UE). Depuis 2010, les principaux IDE vers l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie sont détectés dans le cadre du programme East Invest (en complément de l'Ukraine, de la Biélorussie et de la Moldavie). 43 Compte tenu de la traduction français/anglais, cela représente en fait 40 données.

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Annexe 3. Limites des méthodologies d'étude d'impact des IDE (telles que présentées dans la littérature) D'abondantes recherches ont tenté depuis une vingtaine d'années d'évaluer l'impact des IDE, avec une accélération depuis les années 2000, correspondant à l'attrait économique supposé de l'investissement étranger. Ces différents travaux posent beaucoup de difficultés méthodologiques, créant certaines confusions :

choix des variables explicatives : par exemple, il semble bien que les IDE contribuent en général à la croissance, mais, en retour, un pays à forte croissance attire plus facilement des IDE -il n'est donc pas évident de séparer la cause et l'effet);

données elles-mêmes : la plupart des analyses considèrent l'IDE brut, sans en extraire les fusions et acquisitions, qui relèvent d'une autre logique (une récente étude FEMISE fait cependant cet effort...);

choix de l'échantillon : certaines études portent sur les pays développés, même si la plupart de celles qui sont utilisées ci-après portent sur le monde en développement; les échantillons de pays (seulement réduits par la disponibilité des données) sont souvent très hétérogènes; le mélange occasionnel de pays développés et de pays en développement est très discutable; aucune étude ne traite spécifiquement des pays MED (au mieux, il s'agit de MENA ou de MOA);

mélange de secteurs et de types d'entreprise avec des caractéristiques très différentes : les approches économétriques agrègent des situations assez différentes, selon que le pays hôte reçoit surtout des projets dans les industries extractives (projets souvent très "désincarnés" par rapport au territoire d'accueil) ou dans l'industrie manufacturière (avec de grosses différences selon qu'il s'agit par exemple de textile, d'agro-alimentaire ou d'automobiles ou encore d'ordinateurs -dans un cas, il peut s'agir de maquilladoras ou latifundia à faible niveau technique et bas coût, dans l'autre, une certaine montée en gamme est envisageable localement). Les services (tourisme, franchise, banque, logistique) ont logiquement des types d'impact très différent -par exemple le tourisme ou les franchises jouent fortement sur les modèles de consommation, l'immobilier, la culture. Il semble très hasardeux de rechercher des causalités générales sur des échantillons qui mêlent des effets aussi disparates;

temporalité : alors même que certaines analyses insistent sur des effets de seuil (par exemple les IDE ne sont efficients pour créer de la croissance que si un niveau d'éducation suffisant permet d'en absorber les bienfaits), très peu d'analyses imaginent des modèles différenciés selon le stade de développement du pays (toutes utilisent un modèle calibré pour une longue période, souvent 30 années); il est clair pourtant, s'agissant par exemple des pays MED, que ceux-ci sont entrés vers 2000-2005 dans un nouveau paradigme économique, avec une très forte croissance du niveau des IDE, en général une croissance durable du PIB, et en même temps, une baisse définitive des taux de natalité;

approche presque exclusivement macro-économique : c'est normal, la plupart des variables utilisées (IDE, croissance du PIB, FBCF, etc.) ne sont collectées qu'au niveau du pays; mais c'est ennuyeux, car l'impact d'un IDE est en général d'abord local; il faudrait, comme l'envisage ANIMA, réaliser des analyses micro-économiques, fondées sur l'observation des effets d'implantation d'entreprise sur un territoire particulier;

méthodes économétriques utilisées : toutes ces analyses s'évertuent à calibrer des modèles et à évaluer des régressions, utilisant donc diverses méthodes explicatives; compte tenu de l'imbrication étroite des causes et des effets (que tente de rendre la figure 1), il est très difficile d'identifier ce qui est premier, et les méthodes explicatives sont polluées par la colinéarité des diverses variables. Beaucoup d'explications se contredisent d'une recherche à l'autre (corrélation ne signifie pas causalité). Le monde de la recherche gagnerait donc à se contenter de simples méthodes descriptives (cf. exemples ci-après, figures 16 et 17), présentant les proximités entre diverses occurrences (par "IDE dans les secteurs hi-tech" pourrait être proche de "hautes qualifications techniques de la main d'œuvre"). L'analyse factorielle semble de toutes manières un passage utile avant d'imaginer toutes sortes de modèles explicatifs.

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Figure 16. Exemple d'utilisation de méthodes descriptives par ANIMA (ici analyse en composantes principales sur 2991 projets d'IDE en provenance d'Europe, du Golfe ou de pays MED, et destinés à la région MED -2003 à 2009)

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Figure 17. Exemple d'utilisation de méthodes descriptives par ANIMA (ici analyse en composantes principales sur les caractéristiques de 1260 projets d'IDE vers la région MED -2003 à 2005)

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Annexe 4. Résultats de travaux économétriques marquants sur l'impact des IDE

Auteurs Organi-sation

Date Impact étudié

Espace /période

Effet qualitatif Exemple d'effet concret

IDE et CROISSANCE Borensztein, De Gregorio, Lee

National Bureau of Economic Research (Etats-Unis)

1998 IDE et croissance globale

IDE entre pays industriels et 69 pays en développement sur 2 décades (1970-1989)

Les retombées des IDE sur la productivité (spillovers), et donc la croissance, dépendent de la "capacité d'absorption" intellectuelle du pays.

L'impact sur la croissance est positif seulement si le pays dispose d'un seuil minimal de capital humain. Parmi les 69 pays étudiés (divisés en 3x3 groupes par niveau d'éducation et d'IDE rapporté au PIB), le groupe recevant le plus d'IDE et doté du niveau d'éducation le plus élevé a connu une croissance moyenne de 4,3 % par an sur la période 1970–89. Par contre, le groupe recevant le moins d'IDE et doté du niveau d'éducation le moins élevé a connu une croissance moyenne de seulement 0,64 % par an.

Dabla-Norris, Honda, Lahreche, Verdier

FMI 2010 IDE et croissance globale

IDE entre pays du G7 et 100 pays en développement (1985-2007), incluant 52 pays à bas revenus

L'impact des IDE varie sensiblement selon de nombreux facteurs (niveau de développement, ressources, marché financier, etc.) Le temps joue également, avec une accélération de l'impact des IDE dans la dernière décennie. Par contre l'ouverture commerciale joue peu.

L'impact sur la croissance est différent selon le type de pays. Dans les PED pauvres et non-pétroliers, les IDE ont un effet significatif (+0,5 à 0,7% de croissance quand le ratio IDE/PIB augmente de 1%). Des effets de seuil existent cependant (secteur financier suffisant, institutions fortes, infrastructures, stabilité économique). Par exemple, un "déblocage" des IDE semble survenir quand le financement privé de l'économie passe au-dessus de 20%. De même, pour que l'IDE apporte une contribution positive à la croissance, il faut que l'inflation se maintienne au-dessous du seuil de 8%.

Alguacil, Cuadros, Orts

Université Jaume I (Espagne)

2010 IDE et croissance globale

26 pays en développement d'Asie et l'Amérique Latine (1960-2005)

Sauf sur les pays à faible revenu, les IDE ne sont efficients qu'accompagnés de réformes institutionnelles et d'une stabilité économique suffisante

La dette extérieure et l'inflation diminuent l'impact des IDE sur la croissance, alors que la liberté économique (index of economic freedom), les infrastructures et l'urbanisation jouent en sens inverse (effet positif sur la croissance). Mais pour les pays les plus pauvres, les IDE, qui constituent une part majeure de l'accumulation de capital, impactent inconditionnellement la croissance.

Laura Alfaro, Andrew Charlton

LSE (Royaume-Uni)

2007 IDE et croissance par secteur cible

29 pays, principalement OCDE (UE, USA, Japon, Corée), avec Turquie, Mexique (1985-2000)

L'impact des IDE sur la croissance est plus fort si ces IDE correspondent aux cibles sectorielles du pays (IPA targets) et concernent des IDE de "qualité"

La croissance de la production liée aux IDE reçus est deux fois plus élevée en cas d'IDE dans un secteur impliquant des qualifications élevées que dans un secteur à bas niveau de qualification. De même, elle est d'autant plus élevée que le secteur de l'IDE est dépendant de financements externes en capital (cas par exemple des mines ou hydrocarbures).

Jamal Bouoiyour, El Mouhoub Mouhoud, Hicham Hanchane

Univ. de Pau/ Univ. Dauphine (France), IURS (Maroc)

2007 IDE et croissance

63 pays en développement (1960-2004) et en particulier les pays MED + Mauritanie

Les IDE ont un rôle moteur dans le processus de croissance des pays en voie de développement.

Une augmentation de 1% du ratio IDE/PIB engendre une augmentation de 0,289% du taux de croissance du PIB.

Aykut, Sayek Bilkent Univ. (Turquie) / Banque Mondiale

2007 IDE et croissance du PIB selon le secteur

37 pays en développement (1990-2002)

Seuls les IDE dans le secteur manufacturier ont un impact positif sur la croissance, contrairement aux IDE dans l'agriculture ou les services.

Les IDE dans le secteur des ressources (par exemple hydrocarbures) ont peu d'impact (linkages) avec l'économie domestique.

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Auteurs Organi-

sation Date Impact

étudié Espace

/période Effet qualitatif Exemple d'effet concret

Kinoshita, Lu FMI/Univ.Taiwan

2007 IDE, croissance, infrastructures

42 pays en développement (1971-2000)

Les IDE ont un impact positif si le pays est doté d'une offre suffisante d'infrastructure.

Les infrastructures sont à la fois un moteur et une contrainte pour les IDE. Si le niveau d'infra. est insuffisant, les IDE seront inopérants en termes de croissance. Si par contre les infrastructures sont bien développées, l'impact sera maximisé. Pour maximiser leurs effets, les IDE ont besoin d'une capacité d'absorption du pays, liée au niveau d'éducation, au développement des marchés financiers et aux infrastructures.

IDE et INVESTISSEMENT DOMESTIQUE Marc Lautier, François Moreau

CEPN/ CNAM (France) étude FEMISE

2010 IDE et investisse-ment domestique

Modèle économétrique portant sur 68 PED (1984-2004)

C'est l'investissement domestique (des 5 années antérieures) qui semble tirer les IDE de l'année, et non l'inverse.

Un accroissement moyen de 1% du taux d’investissement domestique au cours des 5 dernières années induit une augmentation de 0,12 % des IDE de l'année suivante (hors fusions et acquisitions). Ce taux augmente dans les pays à revenus intermédiaires. La région MED se distingue par une plus faible contribution de la FBCF aux IDE et par une forte contribution de la stabilité politique.

Léonce Ndikumana, Sher Verick

AfDB (Tunisie)

2008 IDE et investisse-ment domestique

38 pays sub-sahéliens (1970-2005)

Il existe relation une robuste entre IDE et investissement intérieur, dans les deux sens.

L’impact de l’investissement intérieur privé sur l’IDE est plus fort et plus robuste que la relation inverse (c'est l'investissement intérieur qui tire l'IDE). L’IDE entrant augmente aussi avec l’investissement public et avec les mesures favorables à l'investissement domestique.

Bosworth, Collins

Brookings Institution (Etats-Unis)

1999 Effet différentiel des divers types d'IDE sur l'investisse-ment domestique

58 pays en développement (1978-1995)

Les IDE "greenfields", investissements de portefeuille et prêts bancaires ne sont pas corrélés entre eux et agissent positivement mais différemment sur l'investissement domestique.

Un dollar d’entrée de capitaux induit 0,5 dollar d'investissement intérieur. Mais l'impact est variable selon le type de flux : un dollar d’IDE "greenfield" augmente l’investissement intérieur de 0,8 dollar ; un investissement de portefeuille ne génère que 0,15 dollar; une entrée sous forme de prêt bancaire génère 0,5 dollar.

Borensztein, De Gregorio, Lee

National Bureau of Economic Research (USA)

1998 IDE et investisse-ment domestique

IDE entre pays industriels et 69 pays en développement sur 2 décades (1970-1989)

Les IDE stimulent les investissements domestiques, plutôt qu'ils ne s'y substituent, surtout si le pays d'accueil bénéficie d'un haut niveau d'éducation.

En moyenne, un accroissement d'IDE de 1 induit un accroissement d'investissement global (étranger + domestique) supérieur à 1 (donc ne réduit pas l'investissement domestique). Les IDE sont un canal privilégié de transfert d'innovation technologique dans les PED. L'investissement domestique serait relativement consacré à des secteurs traditionnels, ne nécessitant pas forcément un haut niveau d'éducation. Par contre, les IDE s'exprimeraient dans les secteurs à fort contenu innovant, d'où le besoin d'une main d'œuvre hautement qualifiée.

Alfaro, Chanda, Kalemli-Ozcan, Sayek

Harvard/ Univ. Louisiana/ Univ. Houston/ Univ. Bilkent

2006 Retombées des IDE sur l'activité des entreprises domestiques

71 pays en développement (1975-1995)

Seuls les pays avec un marché financier développé bénéficient significativement des IDE en termes de retombées pour les entreprises locales qui fournissent des biens intermédiaires.

Pour un volume d'IDE donné, les bénéfices en termes de croissance sont quasiment doubles pour un pays avec un marché financier bien développé par rapport à un pays où ce marché est faible. En effet, si le marché financier fonctionne bien, les entrepreneurs locaux trouveront du crédit pour lancer leurs activités.

IDE et EMPLOIS Syed Zia, Abbas Rizvi

Institute of Business Managt. (Pakistan)

2009 Création d'emplois par les IDE

3 pays asiatiques (Chine, Inde, Pakistan) sur la période 1985-2008

Le niveau d'IDE n'explique pas à lui seul la création d'emplois dans les pays d'accueil.

Indépendamment de leurs autres bénéfices, les IDE ne créent pas directement d'emplois dans les 3 pays étudiés (l'élasticité de la création d'emplois par rapport au niveau d'IDE est très faible). Pour qu'elles soient efficaces en termes d'emplois, les mesures pro-IDE doivent être accompagnées de mesures de stimulation de l'emploi.

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Impact des IDE Note de réflexion - 22/12/2010 32

Auteurs Organi-

sation Date Impact

étudié Espace

/période Effet qualitatif Exemple d'effet concret

IDE et TRANSFERTS de TECHNOLOGIE/PRODUCTIVITE Xu B. Grand

Valley State Uni., Michigan, US

2000 Retombées des IDE sur la productivité (spillovers)

40 pays en développement (1966-1994)

L'IDE a un rôle de vecteur de transfert de technologies, en particulier via les relations avec les fournisseurs locaux.

L'impact sur la productivité est positif seulement si le pays dispose d'un seuil minimal de capital humain. Pour qu'un PED bénéficie d'un effet positif de diffusion des technologies, il faut que ses travailleurs puissent accéder à 1,9 année de scolarité secondaire en moyenne.

Jamal Bouoiyour, El Mouhoub Mouhoud, Hicham Hanchane

Univ. de Pau/ Univ. Dauphine (France), IURS (Maroc)

2007 Retombées des IDE sur la productivité (spillovers)

63 pays en développement (1960-2004) et en particulier les pays MED + Mauritanie

Les IDE ont un impact faible sur la productivité.

Les «spillovers» ne sont pas automatiques et dépendent de la capacité d’absorption du pays hôte. Pour les pays MED, cette condition est satisfaite (et les IDE améliorent la productivité). Ailleurs, la présence étrangère ne signifie pas une amélioration systématique de la productivité des entreprises locales.

Beata Javorcik

Université d'Oxford (Royaume-Uni)

2004 Retombées des IDE sur l'activité des entreprises domestiques

IDE vers le secteur industriel en Lituanie (panel d'entreprises)

Les effets inter-secteurs sont déterminants par rapport aux effets intra-secteurs.

Les retombées positives des IDE résultent surtout des liens arrière (backward linkages) entre multinationales et leur fournisseurs locaux de produits intermédiaires. Un accroissement de 10% de l'activité des firmes étrangères dans un secteur industriel aval génère une croissance de 0,38% chez les fournisseurs en amont.

IDE, CROISSANCE et COMMERCE Makki, Somwaru

World Bank /USDA

2008 Impact combiné des IDE et des échanges (trade)

66 pays (1971-2000)

Les IDE et le commerce (à un degré moindre) stimulent la croissance.

Les IDE et le commerce jouent positivement sur l'investissement domestique et le capital humain. L'impact sur la croissance est d'autant plus fort que la stabilité monétaire (faible inflation) et une fiscalité limitée (impôts et dépenses publiques faibles) sont assurés.

Büthe, Milner Duke Univ. / Princeton (Etats-Unis)

2005 Impact de la politique commerciale sur les IDE

120 pays en développement (1970-2000)

Les accords bilatéraux (free trade, protection des IDE) et l'appartenance aux institutions comme l'OMC stimulent les IDE.

Les engagements institutionnels (accord préférentiel de libre échange, protection des investisseurs, OMC) ont un impact simultané sur le commerce et les IDE, en rendant plus crédible la stratégie d'ouverture économique des pays.

Marino ISTAT (Italie)

2000 Impact de l'ouverture commerciale sur les IDE et la croissance

42 pays en développement, dont 13 pays africains, y compris Maghreb et Egypte (1980-1995)

Le régime de commerce (protectionniste ou non) impacte fortement les IDE entrants et l'effet de ces IDE sur la croissance.

En distinguant entre pays "ouverts" et "fermés" (que ce soit en termes de tarif des biens intermédiaires importés, de ratio commerce sur PIB, ou de pourcentage de quotas sur les biens intermédiaires importés), les IDE des pays ouverts contribuent positivement à la croissance économique. Ceux des pays fermés diminueraient plutôt le taux de croissance.

Balasubramanyam, Salisu, Sapsford

Univ. Lancaster (Royaume-Uni)

1996 Impact combiné des IDE et des échanges (trade)

46 pays en développement (1971-1985)

L'impact des IDE sur la croissance est plus fort dans les pays qui poursuivent une politique de promotion des exportations plutôt que de substitution des importations.

Dans les pays dotés d'une stratégie de promotion des exportations, les IDE ont un impact plus important sur la croissance que l'investissement domestique.

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Impact des IDE Note de réflexion - 22/12/2010 33

Annexe 5. Autres synthèses des travaux économétriques concernant l'impact des IDE A. In Foreign direct investment: theory, evidence, and practice (Imad A. Moosa)

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Impact des IDE Note de réflexion - 22/12/2010 34

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Impact des IDE Note de réflexion - 22/12/2010 35

B. In “Financial Globalization: A reappraisal”, IMF Working Paper WP/06/189 Kose A. et al (2006), cité par Marc Lautier, François Moreau in "Attractivité structurelle, investissement et croissance dans la région MEDA et les pays en développement", Femise 2010

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C. In "FDI-growth nexus: a review of the recent literature" by Ilhan Ozturk Studies Sample Period Effects of FDI on Growth Blomström (1986) Mexico Positive Saltz (1992) 68 developing

countries 1970-80 Negative

De Gregorio (1992)

12 Latin American Countries

1950-85 Positive and significiant correlation between FDI and growth.

Fry (1993) 16 developing countries (5 East Asian economies)

1966-88 Positive for overall sample

Kokko (1994) Mexico Positive Blomström, Kokko and Zejan (1994)

Uruguay Positive

Blomström, Lipsey and Zejan (1994)

78 developing countries

1960-85 Positive

Borenztein et al. (1995, 1998)

69 developing countries

1970-89 FDI exerts a positive effect on growth only when a minimum level of human capital exists.

Balasubraman yam et al. (1996, 1999)

46 developing countries

1970-85 Positive for overall sample

Mody and Wang (1997)

7 Chinese coastal regions

1985-89 Positive

Oloffsdotter (1998)

50 developing countries

1980-90 Positive

Nyatepe-Coo (1998)

South East (4) Latin America (4) Sub-Saharan Africa (4)

1963-92 Positive

Bosworth and Collins (1999)

58 developing countries (18 emerging markets)

1978-95 Positive through impact on TFP

De Mello (1999) 32 countries (15 OECD and 17 non-OECD)

1970-90 Not strong: Positive for OECD, but negative effect for non-OECD

Sjoholmn (1999a) Indonesia 1980-91 Positive Soto (2000) 44 developing

countries 1986-97 Positive

Bende-Nabende et al. (2000)

Asia Pacific Region (5 countries)

1970-94 FDI has positive effect for three out of five countries. FDI has negative effect on growth for singapore and Thailand.

UNCTAD (2000) 100 LDC 1970-95 Positive Bengoa (2000) 18 Latin American

countries 19721997 Positive and significiant correlation between FDI and Growth if

exists a minimum threshold of development associated with “social capability”

Alfaro et al. (2001)

Different samples 39 countries mixed 41 developed c. 49 developing

Three periods 1981-97 1977-97 1970-95

Positive

Nair-Reichert and Weinhold (2001)

24 developing countries

1971-95 Significant and positive

Ericsson and Irandoust (2001)

Sweeden, Norway, Denmark, Finland

Causal relationship only for Sweeden

Hanson (2001) Positive but weak Lensink and Morrissey (2001)

115 countries 1975-98 Positive

Reisen and Soto (2001)

44 countries 1986-97 Positive

Carkovic and Levine (2002, 2005)

72 countries 19601995 No effect

Chakraborty and Basu (2002)

India 1974-96 Causality runs from real GDP to FDI. FDI in India is labor displacing

Campos and Kinoshita (2002)

25 transitional economies

1990-98 positive

Wang (2002) 12 Asian economies 1987-97 Positive Bazzoni et al. (2002)

11 MED countries 1970-99 Positive

Liu et al. (2002) China 1981-97 Positive

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Impact des IDE Note de réflexion - 22/12/2010 37

Studies Sample Period Effects of FDI on Growth Basu et al. (2003) 23 developing

countries Positive but depends on trade openness

Kumar and Pradhan (2002)

107 developing countries

1980-99 Panel data estimations in a production function framework suggest a positive effect of FDI on growth. However, tests of causality find that in a majority of cases the direction of causation is not pronounced and in a substantial number of cases the direction of causation actually runs from growth to FDI

Choe (2003) 80 countries 1971-95 Positive but weak Hermes and Lensink (2003)

67 developing countries

1970-95 Positive for 37 countries (Latin America and Asia region), for all others no effect

Omran and Bolbol (2003)

17 Arab countries 197599 Positive

Alfaro (2003) 47 countries 1981-99 FDI exerts an ambiguous effect on growth. FDI in the primary sector, however, tend to have a negative effect on growth, while investment in manufacturing a positive one. Evidence from the service sector is ambiguous.

Mencinger (2003) 8 transition countries 19942001 Robust negative causal relationship between FDI and growth Alfaro et al. (2004)

Different samples 71 countries

1975-95 Positive

Nath (2004) 10 transition economies of CEE

19902000 Positive

Hansen and Rand (2004)

31 developing countries

19702000 Positive

Basu and Guariglia (2005)

119 countries 1970-99 Positive

Nath (2005) 13 economies of CEE and CEEB

19902003 In the presence of trade, FDI does not have any significiant effect on growth

Kang and Du (2005)

20 OECD countries 19812000 No significiant effect

Chowdhury Chile, 1969 GDP causes FDI in Chile and not and Mavrotas (2005)

Malaysia, Thailand 2000 vice versa. There is a bidirectional causality between GDP and FDI in Malaysia and Thailand

Li and Liu (2005) 84 countries 1970-99 Positive Busse and Groizard (2005)

82 countries 19752003 Effect depends on regulations and institutional framework

Darrat et al. 6 MENA 1979 The effect of FDI inflow on (2005) and 17 CEE countries 2002 economic growth is generally negative or statisticaly insignificiant in

MENA and non-EU accession CEE countries. However, it is positive in the case of EU accession countries of the CEE region.

Bacic et al. (2005) 11 transition economies

19942002 Insignificiant and mixed results

Karbasi et al. 42 1971 Positive effect. The contribution of (2005) countries 2000 FDI on economic growth is enhanced by its positive interaction with

human capital and sound macroeconomic policies and institutional stability.

Lensink and Morrissey (2006)

87 countries 1975-97 Positive