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Science & Sports (2012) 27, 154—159 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ARTICLE ORIGINAL L’impact d’un programme de prise en charge ambulatoire de l’obésité infantile sur les performances académiques, le sommeil et la composition corporelle Effects of multidisciplinary program intervention in obese youth on academic performance, sleep, and body composition J. Vanhelst a,,c , J. Mikulovic a , R. Hurdiel a , F. Marchand a , G. Bui-Xuan a , D. Theunynck a , L. Béghin b,c a EA 4110, laboratoire RELACS, département STAPS, université du Littoral-Côte-d’Opale, 190, avenue Schumann, 59140 Dunkerque, France b Inserm U995, IMPRT, faculté de médecine, université Lille-2 droit et santé et IMPRT, 59000 Lille, France c CIC-9301, CHU-Inserm de Lille, CHRU de Lille, 59000 Lille, France Rec ¸u le 6 aoˆ ut 2010 ; accepté le 11 octobre 2011 Disponible sur Internet le 12 décembre 2011 MOTS CLÉS Obésité ; Prise en charge ambulatoire ; Éducation à la santé ; Activité physique Résumé Objectif. Évaluer l’impact d’un programme de prise en charge multidisciplinaire chez des enfants et adolescents en surcharge pondérale sur les performances scolaires, le sommeil et la composition corporelle. Matériels et méthodes. Trent-sept participants en surcharge pondérale (19 filles et 18 garc ¸ons) ont participé au programme CEMHaVi (contrôle, évaluation et modification des habitudes de vie). Il comportait deux heures d’activité physique adaptée par semaine et 1 h 30 d’éducation à la santé tous les trois mois durant une année. Les évaluations réalisées ont été les mesures anthropométriques, les performances scolaires, le sommeil et l’estime de soi. Les données ont été collectées en début de prise en charge (pré-intervention) et la fin de l’année d’intervention (post-intervention). Les valeurs ont été comparées avec le test de Wilcoxon. Résultats. Après un an d’intervention, une amélioration des performances scolaires, du som- meil et de l’estime de soi a été constatée (p < 0,05). De même, le Z-score de l’indice de masse corporelle a diminué significativement (p < 0,05). Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Vanhelst). 0765-1597/$ see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.scispo.2011.10.002

L’impact d’un programme de prise en charge ambulatoire de l’obésité infantile sur les performances académiques, le sommeil et la composition corporelle

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cience & Sports (2012) 27, 154—159

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

RTICLE ORIGINAL

’impact d’un programme de prise en chargembulatoire de l’obésité infantile sur leserformances académiques, le sommeil et laomposition corporelleffects of multidisciplinary program intervention in obese youth oncademic performance, sleep, and body composition

. Vanhelsta,∗,c, J. Mikulovica, R. Hurdiel a, F. Marchanda, G. Bui-Xuana,. Theunyncka, L. Béghinb,c

EA 4110, laboratoire RELACS, département STAPS, université du Littoral-Côte-d’Opale, 190, avenue Schumann, 59140unkerque, FranceInserm U995, IMPRT, faculté de médecine, université Lille-2 droit et santé et IMPRT, 59000 Lille, FranceCIC-9301, CHU-Inserm de Lille, CHRU de Lille, 59000 Lille, France

ecu le 6 aout 2010 ; accepté le 11 octobre 2011isponible sur Internet le 12 décembre 2011

MOTS CLÉSObésité ;Prise en chargeambulatoire ;Éducation à la santé ;Activité physique

RésuméObjectif. — Évaluer l’impact d’un programme de prise en charge multidisciplinaire chez desenfants et adolescents en surcharge pondérale sur les performances scolaires, le sommeil et lacomposition corporelle.Matériels et méthodes. — Trent-sept participants en surcharge pondérale (19 filles et18 garcons) ont participé au programme CEMHaVi (contrôle, évaluation et modificationdes habitudes de vie). Il comportait deux heures d’activité physique adaptée par semaine et1 h 30 d’éducation à la santé tous les trois mois durant une année. Les évaluations réaliséesont été les mesures anthropométriques, les performances scolaires, le sommeil et l’estime desoi. Les données ont été collectées en début de prise en charge (pré-intervention) et la finde l’année d’intervention (post-intervention). Les valeurs ont été comparées avec le test de

Wilcoxon.Résultats. — Après un an d’intervention, une amélioration des performances scolaires, du som-meil et de l’estime de soi a été constatée (p < 0,05). De même, le Z-score de l’indice de massecorporelle a diminué significativement (p < 0,05).

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (J. Vanhelst).

765-1597/$ – see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.oi:10.1016/j.scispo.2011.10.002

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Impact d’un programme de prise en charge pluridisciplinaire de l’obésité infantile 155

Conclusion. — Les résultats obtenus sont très encourageants. Ce programme multidisciplinairechez des enfants et adolescents obèses a permis d’améliorer les caractéristiques anthropomé-triques, le sommeil, les performances scolaires, ainsi que l’estime de soi.© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSObesity;Interventionprogram;Health education;Physical activity

SummaryAim. — To assess the impact of multidisciplinary program in obese children on academic perfor-mance, sleep, and body composition.Materials and methods. — Thirty-seven youth participated in our program (19 girls, 18 boys).Measurements included height, weight, Z-score of body mass index, academic performance,sleep habits. The intervention consisted of a unique program of physical activity, including avariety of games specifically selected to be enjoyable. Activities were offered once per week,2 hours each session, for 12 months. A health education program was offered once each monthfor 1 hour per session. Academic performance, self-esteem, and sleep were assessed beforeand after the intervention. Means were calculated at baseline and following intervention andwere compared by the Wilcoxon Test.Results. — The multidisciplinary program of exercise and health education in obese youth redu-ced the BMI Z-score and improved academic performance, self-esteem and quality (P < 0,05).The quantity of sleep was improved, achieving recommendations for duration of sleep to mini-mize health problems associated with sleep disorders (P < 0,05).Conclusion. — The results of this program are very encouraging for the future. The programreduced the Z-score BMI and improved sleep, academic performance and self-esteem in obesechildren.

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© 2011 Elsevier Masson SAS

1. Introduction

L’augmentation de l’obésité infantile en France ralentit ets’établit à un niveau proche de 15 % [1]. Il y a actuellemententre 10 et 12 % d’enfants en surcharge pondérale, et 3 à 5 %d’enfants obèses. Récemment, Péneau et al. ont montréque l’obésité infantile en France était en train de se sta-biliser quel que soit le niveau socioéconomique, justifiantdonc la poursuite des plans d’intervention afin d’améliorerces chiffres [2]. En effet, l’obésité chez l’enfant se fige àl’adolescence dans 40 à 70 % des cas, entraînant des consé-quences défavorables en termes de santé à l’âge adultetelles que les maladies cardiovasculaires, le diabète, et cer-tains cancers [1]. La définition généralement utilisée pourl’obésité est celle du dysfonctionnement de la régulationde la balance énergétique. Une obésité s’installe quand labalance énergétique est positive durant une période pro-longée. La majorité des programmes d’intervention utilisece principe, soit en diminuant les apports énergétiques(approche diététique), soit en augmentant les dépensesénergétiques (approche activité physique), ou en interve-nant simultanément sur les deux axes [3—5]. Cependant, cetype d’intervention n’est efficace qu’à court terme. De nou-velles approches doivent être testées telles que l’éducationà la santé, la place de l’estime de soi et l’augmentation dutemps de sommeil, pour consolider la perte de poids sur lelong terme.

D’une part, les facteurs psychosociaux peuvent avoir unimpact substantiel lors d’une prise en charge de l’obésitéinfantile [6]. L’obésité a été associée à une faible estimede soi chez des enfants, et il a été démontré que les

enfants en surcharge pondérale pouvaient avoir une réus-site scolaire moindre [7,8]. Très récemment, Krukowskiet al. ont suggéré qu’il fallait aussi examiner l’impact d’un

dt

rights reserved.

rogramme de prise en charge de l’obésité sur les per-ormances scolaires [9]. Par conséquent, les programmes’interventions pour l’obésité infantile doivent identifieres rapports importants entre les facteurs physiques etsychosociaux.

D’autre part, des changements sociétaux, comme’augmentation du temps passé devant la télévision ouncore l’utilisation d’Internet, ont affecté les temps de som-eil. Sur les 40 dernières années, une relation a été mise

n évidence entre la réduction du temps de sommeil et’augmentation de la prévalence de l’obésité [10]. La pri-ation de sommeil engendre une augmentation du temps deeille et donc d’opportunité de s’alimenter, et ce le plusouvent lors de périodes de sédentarité. Spiegel et al. ontontré que la réduction de la quantité de sommeil était

ssociée à une augmentation de l’appétit, et plus particu-ièrement à la consommation d’aliments riches en sucres etn graisses [11]. Ces auteurs ont mis en évidence aussi quea privation de sommeil, ou des temps de sommeil courts,ouvaient modifier négativement la régulation des taux deeptine et ghréline, régulateurs périphériques de la faim ete la satiété [11]. Dans une autre approche, la privatione sommeil peut conduire à une fatigue régulière qui vanduire une diminution de la motivation à faire de l’activitéhysique. Les sujets vont privilégier les activités sédentairesar rapport à des activités sportives structurées [12]. Enfin,atel et al. ont rapporté, lors d’études de la privation aiguëe sommeil chez l’homme, une baisse de la température cor-orelle au niveau central, suggérant que la perte de sommeileut avoir un impact sur la dépense énergétique à traversa thermorégulation [13].

Pour ces différentes raisons, le but de l’étude était’évaluer l’impact d’un programme de prise en charge mul-idisciplinaire chez des enfants et adolescents en surcharge

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Tableau 1 Caractéristiques des sujets (n = 37).

Garcons Filles

18 19Âge (an) 12,2 ± 2,8 12,7 ± 3,1Poids (kg) 79,5 ± 25,3 78,3 ± 26,8

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Taille (cm) 156,9 ± 15,9 155,3 ± 14,6Z-score IMC 5,1 ± 1,1 4,8 ± 3,1

ondérale sur les performances scolaires, le sommeil et laomposition corporelle.

. Matériels et méthodes

e programme CEMHaVi (contrôle, évaluation et modifi-ation d’un habitus de vie) a inclus 37 sujets (19 fillest 18 garcons). Les caractéristiques des participants sontrésentées dans le Tableau 1. Les critères d’inclusion dee programme étaient : indice de masse corporelle (IMC)upérieur à 97e percentile, âge compris entre sept et7 ans, obésité non syndromique, et examen clinique normalcroissance normale, développement psychomoteur normal,bsence de pathologies associées). Avant le début du pro-ramme, parents et enfants ont été informés des buts etontraintes, puis ont signé un consentement éclairé pourarticiper à cette étude. L’étude a été conduite selones recommandations des Bonnes Pratiques Cliniques et’Internationals Conferences on Harmonization. Elle a étépprouvée par le comité de protection des personnes, régionord-Ouest IV (CP 07/41). Les données ont été collectées auébut et à la fin de l’année d’intervention.

.1. Le programme CEMHaVi

e programme CEMHaVi associe des activités physiquesdaptées et un programme d’éducation à la santé. L’objectifrincipal de ce programme était d’améliorer la santé desnfants et adolescents en surcharge pondérale par la créa-ion et la pérennisation d’un habitus « santé ».

.2. Les activités physiques adaptées

eux heures d’activités physiques adaptées par semainent été proposées au sein d’un gymnase comportant aussine salle de musculation où seuls les instruments ludiquesurent utilisés (rameur, monte-marches, bicyclette ellip-ique) ; seuls les enfants du programme y sont présents.es séances sont assurées par un professeur titulaire d’unASTER spécialisé en activité physique adaptée. Ces acti-ités étaient essentiellement des exercices sous forme deeux. Cette mise en place d’exercices ludiques a été choisiefin que les enfants et adolescents en surcharge pondéraledhèrent pleinement à l’activité physique et à ce pro-ramme.

.3. L’éducation à la santé

’éducation à la santé comprenait une séance de 1 h 30 touses trois mois. Cette partie a été créée en se basant sur le

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J. Vanhelst et al.

ATH Program (Physical Activity Teenage Health) [14]. Univre a été donné aux enfants et adolescents avec cinq thé-atiques développées sous forme d’exercices ludiques. Leremier chapitre était « Comment fonctionne mon cœur ? » :’anatomie et la physiologie du cœur, les facteurs de risquese maladies cardiovasculaires, et les effets de l’obésitéur le fonctionnement du cœur y ont été développés. Leecond chapitre parlait de l’activité physique. Dans celui-ci,’accent était mis sur différents questionnements : commentaire de l’exercice ? À quelle intensité ? Quels sont lesienfaits de l’activité physique, et comment construiren programme d’exercices sur une semaine. La troisièmehématique abordée était la nutrition. Au cours de ce cha-itre, il était expliqué les différents nutriments (protéines,ipides, et glucides) avec leurs rôles dans le corps humain,’importance de l’eau dans l’alimentation, le cholestérol etes liens avec les maladies cardiaques, la pyramide alimen-aire, et l’importance du petit déjeuner. L’avant dernieroint étudié était le stress. Ce chapitre avait pour bute fournir des informations à propos du stress, des élé-ents stressants, d’identifier le bon et le mauvais stress, les

echniques possibles pour le gérer, les effets de l’activitéhysique et de la relaxation sur ce dernier. Le cinquièmet dernier point fut le sommeil. Il s’agissait d’expliquer laelation possible qu’il pouvait y avoir entre le sommeil, laurcharge pondérale et le stress. Ces réunions avaient lieuvec des groupes restreints d’enfants afin de favoriser auaximum le dialogue, les échanges. Lors des réunions, lesarents étaient invités à participer.

.4. Les mesures

e poids et la taille de chaque enfant ont été relevés sanshaussure et en sous-vêtements, à l’aide d’une basculelectronique de précision (précision ± 10 grammes ; Oregoncientific®, GA 101, États-Unis) et d’une toise adaptée à’âge de l’enfant. À partir de la taille et du poids, nousvons calculé le Z-score de l’indice de masse corporelleIMC = poids/taille2).

La masse grasse et la masse maigre ont été mesurées à’aide d’un bio-impédancemètre (AKERN®, BIA 101 AKERN,talie). Le sujet était allongé (au repos depuis 15 minutes)t avait la vessie vide. Pour réaliser la mesure, deux élec-rodes spécifiques ont été placées du côté droit, au poignett à la cheville (de l’articulation métacarpo-phalangienneour la main, et de l’articulation métatarso-phalangienneour le pied). Le résultat brut recueilli (résistance en Ohms)

été ensuite incrémenté dans une équation validée de Hout-ooper afin de calculer la composition corporelle de chaquenfant et adolescent [15].

Les paramètres du sommeil ont été obtenus grâce àes agendas de sommeil. Les enfants et adolescents ontomplété deux fois par jour cet agenda de sommeil, au levert au coucher, sur une durée de deux semaines, au débutt à la fin de l’intervention. Dans le recueil, les enfants etdolescents ont coché l’heure à laquelle ils se couchaientt l’heure à laquelle ils se réveillaient. Les paramètres ana-

ysés grâce à cet agenda sont l’heure du lever, l’heure duoucher et le temps de sommeil total.

Les performances scolaires ont été évaluées à l’aide’une grille d’entretien et les relevés de notes des

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Impact d’un programme de prise en charge pluridisciplinaire de l’obésité infantile 157

Tableau 2 Évolution des caractéristiques anthropomé-triques (n = 37).

Pré-intervention Post-interventionà 1 an

Masse corporelle (kg) 78,5 ± 25,9 79,6 ± 25,5*

Taille (cm) 156,8 ± 14,9 160,9 ± 13,8*

Z-score IMC 5 ± 1,9 4,5 ± 1,9*

Masse grasse (%) 39,1 ± 6,6 37,4 ± 6,4Masse maigre (%) 60,9 ± 6,6 62,6 ± 6,4

Tableau 3 Évolution des paramètres du sommeil (n = 37).

Pré-intervention Post-interventionà 1 an

Heure de couché(heure)

23 ± 1,1 22,2 ± 1,2*

Heure de levé(heure)

7,5 ± 0,9 7,6 ± 1*

Temps total desommeil (heure)

8,7 ± 1,2 9,7 ± 0,9*

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*p < 0,05

participants. Après avoir eu l’accord des parents, del’enfant, du directeur de l’école et de l’enseignant princi-pal, deux entretiens avec le professeur principal de l’enfant(en début et en fin d’année scolaire) ont été réalisés. Unegrille d’entretien a été élaborée à partir du questionnairede l’éducation nationale que les enseignants doivent rem-plir à la fin de chaque année. Il était composé de deuxaxes majeurs : la notation académique et la vie de classe.Concernant la notation, elle a été rapportée en score avecla formule suivante : moyenne générale de l’élève/moyennegénérale de la classe × 100. Pour la vie de classe, trois thé-matiques principales ont été abordées : l’acceptation de soi,le sentiment de compétences, et la capacité à travailler seul(l’autonomie). Pour chaque thématique, quatre affirmationsétaient citées à l’enseignant. En fonction de ces affirma-tions, l’enseignant avait quatre possibilités de réponses :

• pas du tout d’accord ;• presque d’accord ;• plutôt d’accord ;• tout à fait d’accord.

Ces réponses ont été pondérées afin de pouvoir établirun score pour chaque item, chaque thématique.

2.5. Analyses statistiques

Les données ont été analysées en utilisant le logiciel SPSS(Statistical Package for the Social Sciences) (SPSS Inc., Chi-cago, IL, États-Unis) et Microsoft Excel 2003 (Microsoft Inc.,Redmond, WA, États-Unis).

Les valeurs sont représentées en moyenne ± écart-type(EC). Elles ont été calculées en début de prise en charge(pré-intervention) et la fin de l’année d’intervention (post-intervention à un an). Les valeurs ont été comparées avec

eRr(

Tableau 4 Évolution des performances scolaires (n = 37).

Pr

Score moyenne par rapport à la classe (%)

Score autonomie (/20)

Score acceptation de soi (/20)

Score sentiment de compétences (/20)

*p < 0,05

*p < 0,05

e test de Wilcoxon. Les différences ont été admises commeignificatives au seuil de 5 % (p < 0,05).

. Résultats

e programme a eu un impact positif sur les caractéristiquesnthropométriques avec une diminution du Z-score de l’IMCTableau 2).

Les résultats de l’évaluation du sommeil (Tableau 3) ontontré que la qualité et la quantité de sommeil a été amé-

iorée significativement (p < 0,05).Dans les différents paramètres permettant d’évaluer

es performances scolaires, une amélioration pour chacun’entre eux a été trouvée (Tableau 4). Une différenceignificative a été trouvée pour les trois items suivants :’autonomie, l’acceptation de soi et le sentiment deompétences.

. Discussion

e but de l’étude était d’évaluer l’impact, sur les perfor-ances scolaires, le temps de sommeil et la composition

orporelle, d’un programme de prise en charge multidisci-linaire proposé à des enfants et adolescents en surchargeondérale.

Les résultats du programme CEMHaVi sont plutôt encou-ageants. En effet, une diminution du Z-score de l’IMC avecne différence significative a été trouvée (p < 0,05). À la fine la première année, 75 % des enfants et adolescents ont

u leurs caractéristiques anthropométriques s’améliorer.einehr et al., ont trouvé des résultats légèrement infé-ieurs, avec 63 % des enfants et adolescents obèses75 participants au total) qui ont diminué leur IMC, après

é-intervention Post-intervention à 1 an

96,7 ± 18,7 98,1 ± 22,910,3 ± 4,5 15 ± 4,5*

11,3 ± 4,6 15,5 ± 3,3*

11,7 ± 4,7 15,5 ± 4,1*

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n programme de prise en charge d’une année [16]. Il enst de même pour Hofsteenge et al., avec 74 % des enfants98 participants au total) qui ont stabilisé ou réduit leuroids lors d’un programme de six mois, comprenant deséances d’exercices et des réunions sur la santé [17].

Une association significative a été démontrée par deombreuses études entre la quantité de sommeil et’obésité : une courte durée de sommeil est en relationvec une augmentation de l’indice de masse corporelle [18].ors, la privation chronique de sommeil est de plus en plusommune dans notre société moderne. Le choix du style deie imposé par les demandes du travail et, ou, de la vieamiliale, des changements sociaux comme l’augmentationu temps passé devant la télévision ou encore l’utilisation’Internet, sont les plus souvent incriminés [19]. Cela affecté les temps de sommeil et, durant les 40 dernièresnnées, on observe parallèlement une réduction du tempse sommeil assez importante et une augmentation de larévalence de l’obésité [10]. La brièveté du sommeil estn facteur de risque potentiellement modifiable, et celui-i doit être un centre d’intérêt cliniquement particulierour la prévention et le traitement de l’obésité. D’aprèses données de la littérature, il est recommandé de dor-ir au minimum neuf heures pour les enfants âgés d’auoins dix ans [20]. Touchette et al., ont montré qu’un

emps de sommeil court persistant durant l’enfance, aug-entait significativement le risque d’être en surpoids ou

bèses durant l’adolescence, et cela apparaît être un fac-eur à part entière de l’obésité [21]. Notre programme derise en charge a amélioré la quantité de sommeil chez cesnfants et adolescents obèses. Après une année de suivi, ilsnt atteint les recommandations de durée de sommeil. Paronséquent, une diminution des problèmes de santé asso-iés aux troubles du sommeil peut être espérée. Il nousst impossible de comparer nos résultats à d’autres tra-aux, car, à notre connaissance, il n’y a pas eu d’étudeséalisées concernant l’impact d’un programme de prise enharge de l’obésité infantile sur les paramètres du sommeil.ependant, nous pouvons penser que les activités physiquesdaptées que nous avons proposées tout au long de l’annéent pu avoir un impact sur le sommeil. En effet, selonauvieux et al., l’activité physique régulière entraîneraitn accroissement du sommeil profond [22]. Par conséquent,ne personne faisant de l’activité physique régulière-ent aura un sommeil plus long et plus profond qu’un

édentaire. Cependant, le programme d’éducation à laanté, comme l’amélioration des performances scolaires,nt pu aussi avoir un impact bénéfique sur la gestionu sommeil.

Une étude chez des enfants et adolescents a montré quee surpoids était associé à une diminution du fonctionnementognitif [8]. Ce manque d’assurance peut se répercuterirectement sur les facultés d’apprentissage et donc inne sur les performances scolaires de l’enfant. Plusieursuteurs ont trouvé l’existence d’une relation entre le sur-oids et un quotient intellectuel faible, mais aussi avec uneaible moyenne scolaire [23,24]. L’utilisation de l’activitéhysique aurait des effets bénéfiques sur le cerveau, elle

ermettrait notamment d’améliorer et d’augmenter la vas-ularisation du cerveau [24]. C’est à partir de ces différentesonclusions, que le programme CEMHaVi s’est intéressé auxffets de l’activité physique adaptée sur les performances

D

Lr

J. Vanhelst et al.

colaires chez des enfants et adolescents présentant uneurcharge pondérale. Nos résultats sont tout à fait encou-ageants, avec une amélioration de la position de l’enfantans la classe entre le début et la fin de l’année. Ceserniers sont corroborés par les travaux d’autres auteurs,oncluant qu’une meilleure condition physique sembleraitméliorer les performances académiques, et les résultatsux tests cognitifs [25,26]. Nous pouvons, donc, supposerue notre programme aurait un impact sur les performancescolaires des enfants et adolescents atteints d’un surpoidsu d’une obésité. Toutefois, il convient de souligner que leurpoids peut être un marqueur de mauvaises performancescolaires, mais en aucun cas, il n’en est une cause à partntière.

La surcharge pondérale peut être aussi associée à uneaible estime de soi. Cela est d’autant plus renforcé, commeela a été souligné précédemment, s’il y a des difficul-és d’apprentissages ou présence d’un échec scolaire. Cetchec peut amener à une sensation d’incompétence ete mal-être, ce qui se traduit par une qualité de vieiminuée [7]. La plupart des personnes en surcharge pon-érale ont une appréhension vis-à-vis du regard d’autrui,t peuvent se sentir mal à l’aise. Nos résultats ont montréne amélioration dans le comportement (vie de classe). Celast prouvé par une différence significative entre le débutt la fin d’année scolaire pour chacun des axes étudiés.os résultats sont en accord avec les travaux de Wankelt al. qui ont démontré que l’activité physique en tantu’intervention permet d’influencer l’image qu’ont les gense leur corps, et que l’exercice permet d’améliorer l’estimee soi, plus particulièrement et de facon plus prononcéehez les personnes ayant auparavant une moins grandestime d’elles-mêmes [27]. Il faut noter que des activitésimples ont une plus grande influence sur l’estime de soi quees activités complexes, difficiles à maîtriser [27]. C’est unees raisons qui nous ont incité à intégrer, dans le programmeEMHaVi, des exercices où la situation d’échec était trèsaible.

. Conclusion

es résultats de ce programme CEMHaVi sont très encou-ageants pour le futur. Ce programme multidisciplinairessociant les activités physiques adaptées et l’éducation àa santé chez des enfants et adolescents obèses a permis’améliorer les caractéristiques anthropométriques, les per-ormances scolaires, ainsi que de l’estime de soi. De plus,a qualité et la quantité de sommeil ont été améliorées,tteignant même les recommandations en ce qui concernea durée, permettant de réduire les problèmes de santé liésux troubles du sommeil. Ce programme est actuellementoursuivi afin d’évaluer, dans les années à venir, son impact

long terme. Les conduites à tenir proposées ici pourraientermettre à l’enfant/adolescent d’acquérir un habitus santén le préservant jusqu’à l’âge adulte.

éclaration d’intérêt

es auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

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Impact d’un programme de prise en charge pluridisciplinaire

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