L’Indonésie face à la montée en puissance économique de la Chine

8/3/2019 LIndonsie face la monte en puissance conomique de la Chine

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LIndonsie face la monte

en puissance conomique de la Chine

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Jean-Raphal Chaponnire

Dcembre 2010

.

AAssiiee..VViissiioonnss 3366

Centre Asie


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1 Ifri

Programme Chine du Centre Asie Ifri

Le Programme Chine du Centre Asie de lIfri sarticule autour de troismissions :

Rencontrer et couter les acteurs chinois : autravers de lorganisation de sminaires Paris ou Bruxelles autour dintervenants chinois.

Dcrypter, analyser et prvoir : par la publicationde notes danalyse pour la collection Asie. Visions ainsique de Lettres du Centre Asie sur lactualit.

Formaliser des partenariats franco-chinois : par

lorganisation en Chine dune confrence annuelle enpartenariat avec de grands instituts chinois Pkin,Shanghai, Wuhan, Xian ou Tianjin.

Le Programme Chine est soutenu par :

Asie. Visions Asie. Visions est une collection lectronique consacre auxproblmatiques asiatiques. Rdig par des experts franais etinternationaux, Asie. Visions traite de lensemble des thmatiquesconomiques, stratgiques et politiques. Lobjectif dAsie. Visions estde contribuer lenrichissement du dbat public et une meilleureapprhension des enjeux asiatiques. Asie. Visions est publi enfranais et en anglais.

Dernires publications :Zhang LI, China-India Relations. Strategic Engagement and

Challenges, Asie.Visions 34, septembre 2010.

John SEAMAN, Energy Security, Transnational Pipelines andChinas Role in Asia, Asie.Visions 27, avril 2010.

Abel TOURNIER et Hlne LEBAIL, From Kunming toMandalay: The New Burma Road, Asie.Visions 25, mars 2010.

Kun-Chin LIN, The Development of Road Networks in China:Miscalculations and Inequalities, Asie.Visions 24, fvrier 2010.


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J.-R. Chaponnire / LIndonsie face la Chine

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Rsum

LIndonsie est lun des rares pays qui, dot de ressources naturelles,a russi diversifier son conomie en sengageant dans une strat -gie de promotion des exportations manufacturires. Engage dansles annes 1980, cette volution a multipli les crations demploisindustriels jusqu la crise asiatique de 1997. Depuis, la croissanceindustrielle a ralenti et la part de march de lIndonsie sur lesmarchs de produits forte intensit de main-duvre a diminu

tandis que celle de la Chine a fortement progress.Cependant, la comparaison entre les structures dexportation

montre que lIndonsie est moins confronte la concurrencechinoise qu celle de la Thalande et du Vietnam. Paralllement, laChine est devenue le premier partenaire commercial de lIndonsie ;la perce chinoise sur le march indonsien pourrait tre davantagele rvlateur que la cause des difficults de plusieurs secteursindustriels.

LIndonsie tant le pays de lASEAN le moins ouvert auximportations chinoises, cette pression concurrentielle pourraitsintensifier dans les annes venir. moins dune reprise de

linvestissement productif en Indonsie, cette perspective estproccupante car la croissance indonsienne est pauvre en emploi etles entres sur le march du travail resteront importantes.


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Sommaire

INTRODUCTION ................................................................................... 4

LA CONCURRENCE ENTRE LA CHINE ET LINDONESIESUR LES MARCHES TIERS .................................................................... 8

LA CONCURRENCE CHINOISE SUR LE MARCHE INDONESIEN.................. 16

La Chine devient le premier partenaire commercialde lIndonsie............................................................................ 17Limpact des changes avec la Chine ..................................... 18

PERSPECTIVES ................................................................................. 23

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................ 28


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Introduction

Depuis lindpendance en 1945, lconomie indonsienne fait lobjetde jugements contrasts. Aprs les excs de lconomie guide desannes 1950, lIndonsie a t qualifie par B. Higgins (1959) de plus grand chec parmi les pays en voie de dveloppement .Arriv au pouvoir le Prsident Soeharto a confi la gestion delconomie des hauts fonctionnaires du Bappenas (Plan) et desFinances forms aux tats-Unis. Cette mafia de Berkeley a

construit un Ordre nouveau qui, en rupture avec lconomie guide,ntait pour autant libral. Elle a conu de nombreuses rformes dontllimination du contrle sur les transactions en devises ds 1971 bien avant plusieurs pays europens (Stern 2003) destine rassu-rer les hommes daffaires sino-indonsiens. Membre fondateur delOPEP, lIndonsie, qui a bnfici de lenvole des cours du ptrole,a investi une partie de ses recettes dans lagriculture. Aux lende-mains du contre-choc ptrolier (1985), les technocrates ont faitadopter des mesures pour encourager les exportations manufac-turires et ouvrir le pays aux investissements directs trangers, quiont amlior lattractivit de lIndonsie au moment o la rvaluationdu Yen (lendaka de 1985) suscitait une vague de dlocalisations

japonaises. Le pays fait alors partie du miracle asiatique . Audbut de la dcennie 1990, Jakarta a engag une libralisationbancaire qui, mene de faon anarchique, a attir les capitaux.Prsente comme le Goliath des pays mergents au Forum deDavos en janvier1997, lIndonsie se dclarait en faillite un an plustard, la crise asiatique ayant dclench une crise bancaire, leffon -drement du rgime Suharto et un dfaut de paiement. Cette dcennieperdue (S. Dhamani, 2006) sest acheve sur la sortie de lOPEP, carfaute dinvestissement, lIndonsie est devenue importatrice nette deptrole. Principale victime de la crise asiatique, lIndonsie est enrevanche le pays de lASEAN qui a le mieux rsist la rcente crisemondiale. Les analystes ont redcouvert ce grand pays dAsie etMorgan Stanley a propos de linclure dans les BRICs qui devien-draient alors les BRIICs .

Jean-Raphal Chaponnire est conomiste lAgence franaise de dveloppement(AFD).


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Graphique 1 : Structure des exportations indonsiennes

Graphique 2 : Croissance de la valeur ajoute manufacturire

1985-2010

-15%

-10%

-5%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

1985 1990 1995 2000 2005 2010

Indonsie

Chine

pr

Sources : Chelem et donnes Buro Pusat Statistik (BPS)

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%80%

1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006

manufacturier agro alimentaire

nergie et minerais

% des exportations


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Cette rsistance la crise rvle une force et galement unefaiblesse de lconomie indonsienne: elle sexplique par sa moindreinsertion dans les changes manufacturiers. Dans les annes 1980,lIndonsie est devenue un tremplin dexportation pour des entre-prises corennes, japonaises et tawanaises, qui ont multipli lesfiliales de production pour lhabillement, la chaussure et lassemblagede produits de llectronique. Elle tait ainsi lun des rares pays qui,dot de ressources naturelles, avait russi diversifier ses expor-tations. Lindustrie manufacturire assurait 15 % des exportations en1985 et 50 % en 1995 devant lnergie, les minerais et lagroalimen-taire (Graphique 1). La crise de 1997-1998 a interrompu ce mouve-ment. Bien que lIndonsie ait renou avec la croissance depuis2003, celle-ci a repris un rythme plus lent que pendant la priode1985-1996. Ce ralentissement est plus marqu dans le cas delindustrie manufacturire dont la croissance a t ramene dun rythme chinois 5 % par an (Graphique 2). Cette moyenne mas-

que des performances contrastes selon les secteurs : la croissancedes exportations de biens intermdiaires contraste avec la contrac-tion des exportations de textile habillement et de produits du bois(Tableau 1).

Tableau 1 : Croissance de la VA (2003-2009) prix constant

Parmi les explications de cette inflexion du rgime decroissance, il y a la baisse du taux dinvestissement, ramen de 33 %(1990-1996) 26 % du PIB en moyenne entre 2000 et 2009 et qui aretrouv son niveau davant crise en 2009.

Elle concerne autant le secteur priv que le secteur publiccomme en tmoigne la rduction des engagements dans les infra-structures, auxquels le gouvernement ne consacre plus que 3 % duPIB, soit trois fois moins quen Chine. La consquence est la dsh-rence des infrastructures qui est lun des principaux obstacles linvestissement priv et lrosion de la comptitivit indonsienne.Parmi les autres raisons souvent voques, il y a galement les

Ensemble 5,0 %

Agro alimentaire 5,0 %

Textile Habillement -0,1 %

Bois -0,6 %

Papier 3,7 %

Engrais Chimie 5,6 %

Ciment 2,5 %

Sidrurgie Mtallurgie -1,1 %

quipement de transport 8,8 %

Autres 3,0 %

Sources : partir des donnes Biro Pusat Statistiks (BPS)


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rigidits introduites par la nouvelle lgislation du travail 1 et lesvolutions du taux de change (infra). Lrosion de la comptitivitindonsienne a en outre concid avec le renforcement de la comp-titivit chinoise et lapparition de nouveaux concurrents (Vietnam,Bangladesh).

Alors que les exportations industrielles indonsiennes souf-frent de la concurrence chinoise sur les marchs tiers, une desconsquences de lentre en vigueur du trait de libre-change entrela Chine et lASEAN (voir encadr page 17) pourrait tre une inten-sification de la concurrence chinoise sur le march indonsien.

Cet article analyse la concurrence exerce par la Chine surles marchs tiers (I) et sur le march indonsien (II).

1La lgislation du travail a t modifie par les lois sur les syndicats (n 21/2001),

sur lemploi (n 13/2003), les conflits du travail (n 4/2004) et la Scurit Sociale(n40/2004). La loi sur lemploi, la plus controverse, a augment les indemnits delicenciement (principale compensation en labsence dassurance chmage) et lesalaire minimum servant de base de calcul cette indemnit. Une disposition decette loi a impos de nouvelles contraintes sur les contrats dure limite. ManningC. (2007) : The Manpower law of 2003 and its implementing regulations, in Bulletinof Indonesian Economic Studies, n1.


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La concurrence entre la Chineet lIndonsie sur les marchs tiers

Ses exportations ayant quintupl depuis 2000, la Chine estdsormais la premire conomie exportatrice mondiale. Au cours dela mme priode, lIndonsie a vu ses exportations pratiquementdoubler (en dollars courants). Sa part du march mondial sestmaintenue 1 %autant que lInde ou la Thalande et sa part sur

le march mondial des produits manufacturs (nomenclature Chelem,excluant lagroalimentaire), qui avait tripl entre 1985 et 1997, a lg-rement diminu pour revenir 0,6 % (Graphique 3), alors que lesparts de lAsie du Sud, de la Thalande et du Vietnam ont lgrementaugment.

LIndonsie a ainsi perc sur les secteurs forte intensit demain-duvre contreplaqu, meubles, textile, habillement, chaus-sure et lectronique. Depuis, on a assist la baisse de ces secteursdans la composition des exportations indonsiennes et la forteprogression des produits non ferreux, des produits chimiques et de laconstruction automobile (Tableau 2).

Graphique 3 : Indonsie, Malaisie, Philippines, Thalande etVietnam : % des exportations manufacturires mondiales

0,0%

0,2%

0,4%

0,6%

0,8%

1,0%

1,2%

1,4%

1,6%

1,8%

2,0%

1985 1989 1993 1997 2001 2005

Indonsie Malaisie Philippines

Thalande Viet Nam

% monde


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Graphique 4 : Soldes commerciaux (fils-tissus et habillement)

Sources : partir des donnes de la base CEPII Chelem

-1

0

1

2

3

4

5

6

7

8

1967 1972 1977 1982 1987 1992 1997 2002 2007

Solde des changes de fils et tissus

Solde des changes d'habillement

Milliards de dollars


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Tableau 2 : Rpartition sectorielle : des exportations de lIndonsie.Poids sur le march mondial

Poids des secteursdans les

exportationsindonsiennes(manufacturs)

Poids de lIndonsie

sur le marchmondial

Poids de la Chine sur le

march mondial

1996(1995-97)

2002(2001-03)

2007(2006-08)

1996(1995-97)

2002(2001-03)

2007(2006-08)

1996(1995-97)

2002(2001-03)

2007(2006-

08)Textile, hab 33 % 26 % 21 % 2,3 % 2,1 % 1,8 %

14,2 % 20,1 % 30,6 %-Habillement 14 % 12 % 11 % 2,3 % 2,3 % 2,1 %

15,5 % 20,5 % 32,8 %-Fils et tissus 9 % 7 % 5 % 2 % 2,1 % 1,9 %

6,5 % 10,5 % 19 %Chaussures 10 % 7 % 5 % 2,7 % 1,9 % 1,4 %

20 % 28 % 36 %

Bois papiers 24 % 20 % 16 % 2,0 % 1,9 % 1,5 % 7,4 % 12,2 % 18,5 %Chimique 12 % 14 % 17 % 0,5 % 0,6 % 0,6 %

2,6 % 3,6 % 6,0 %Sidrurgique 1 % 1 % 3 % 0,3 % 0,3 % 0,4 %

2,3 % 2,1 % 8,5 %Non ferreux 9 % 10 % 21 % 2 % 2,6 % 2,8 %

1,9 % 2,7 % 4,1 %Mcanique 4 % 4 % 7 % 0,2 % 0,2 % 0,2 %

1,5 % 3,2 % 7,3 %Vhicules 1 % 1 % 3 % 0,1 % 0,1 % 0,2 %

0,4 % 0,9 % 2,4 %lectrique 5 % 8 % 9 % 0,5 % 0,8 % 0,8 %

6,3 % 12,2 % 19,0 %lectronique 17 % 22 % 17 % 0,6 % 0,8 % 0,6 %

3,9 % 9,6 % 20,8 %Total 100 % 100 % 100 % 0,7 % 0,8 % 0,7 % 4 % 7 % 12,6 %

Source : partir de la base Cepii Chelem, et moyenne sur trois ans

Sur le march mondial, lIndonsie a perdu des parts demarch dans les secteurs les plus intensifs en main-duvre, o elledispose pourtant dun avantage salarial important2, et en a gagndans les secteurs les plus capitalistiques, dont la construction auto-mobile.

Sur tous ces secteurs, la Chine a renforc ses positions.Elle a plus que doubl sa part de march sur le march mondial delhabillement (33 %) et de la chaussure (36 %), elle a fortementprogress sur le march du bois3- papier pour devenir le premier

exportateur mondial des produits en bois et occupe une placeimportante sur les marchs des produits lectriques et lec-troniques (20 %).

2Le salaire annuel brut dune ouvrire du textile est de 1 200 dollars Djakarta,

2 000 Bangkok et 4 200 Shanghai alors que celui dun ouvrier qualifi de lamcanique est de 8 600 dollars Djakarta, 7 500 Bangkok et 7 600 Shanghai(source Union des Banques Suisses, prix et salaires dans le monde 2009).3La concurrence chinoise dans lameublement a provoqu la faillite des exportationsindonsiennes de meubles en rotin.


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LIndonsie ne remonte plus la filire

textile

Lindustrie textile-habillement indon-

sienne sest construite dans le cadredune stratgie de substitution aux impor-

tations qui a attir des investisseurs

japonais dans les secteurs de la filature et

du tissage. partir des annes 1980,

lindustrie textile sest redploye vers les

marchs trangers. Le secteur de lhabil-

lement a dgag un solde commercial

croissant (Graphique 4) et, capitalisant sur

llargissement de la demande de fil et

tissus, la filature et le tissage sont leur

tour devenus exportateurs et ont dgagun excdent partir de 1990. Ce mouve-

ment sest arrt avant la crise et

lexcdent, aprs avoir stagn, a com-

menc dcrotre en 2008. Lhabillement

dgage un solde croissant mais les expor-

tations indonsiennes se font de plus en

plus sur la base de fils et tissus chinois

imports (infra).

Graphique 6 : volution du taux de change RMB/ IDRde 2005 juin 2010

-

200

400

600

800

1 000

1 200

1 400

1 600

1 800

2 000

janv-05 janv-06 janv-07 janv-08 janv-09 janv-10


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Graphique 7 : volution du taux effectif de change (Roupie, Rmb)de 2005 juin 2010

Sources : Pacific Exchange et Bank of International Settlements

Parmi les facteurs qui ont influenc lvolution indonsienne etchinoise, il y a la modification des taux de change. Au cours de lapriode 2005-2008, la roupie indonsienne (IDR) et le Renminbi sesont apprcis vis--vis du dollar. En 2008, les sorties de capitauxprcipites par la crise mondiale ont fait chuter lIDR vis--vis du

Rmb, qui stait rancr au dollar. La monnaie indonsienne sestensuite redresse et a retrouv sa parit davant la crise (Graphique6). Au cours de la mme priode, le taux de change effectif rel delIDR (Graphique 7), qui prend en compte le diffrentiel dinflation,sest apprci plus vite que le Rmb. Dans ces conditions,lapprciation du Rmb qui tarde se concrtiser est une bonnenouvelle pour lIndonsie car elle est susceptible dacclrer ladiversification des exportations chinoises vers des produits plussophistiqus. Mais la Chine nest pas le seul concurrent delIndonsie. Cest ce que montre la comparaison mene un niveautrs fin (nomenclature 4 chiffres) de la structure dexportationindonsienne celle dautres pays asiatiques.

Similarit des structuresdexportation

Lvolution des parts de march mesure la

performance dun pays sur un poste

donn sans renseigner sur la concurrence

structurelle entre les pays. La Chine est-

elle le principal concurrent de lIndonsie

sur le march mondial ? Pour rpondre,

on a compar la structure dexportation

60

70

80

90

100

110

120

130

janv-05 janv-07 janv-09

Rmb

Rupiah


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indonsienne celle dautres pays

asiatiques en mesurant deux types

dindicateurs. Lindicateur de Linnemann

(1966) mesure le cosinus de langle des

vecteurs Eik et Ejk reprsentant la struc-ture des exportations des pays i et j. Son

cosinus (Eik*Ejk/ (E2ik*E2jk)(1/2) )

varie entre 0 ( dissimilarit) et 1 (similarit)

Lindicateur de Finger Kreinin (1979)

apprcie le paralllisme entre les struc-

tures dexportation de pays i et j par

lquation(FKij=kmin(Sik, Sjk)x100) o

Sik reprsente la part des produits k dans

les exportations du pays i et Sjk la part de

ce mme produit dans les exportations

dun pays j. Cet indicateur varie entre 0

(dissimilarit totale) et 100 (similarit

totale). Ces indicateurs ont t mesurs

partir des donnes Comtrade 4 chiffres

soit 1250 postes et 990 relevant de

lindustrie.

Graphique7 : volution du degr de similarit entre les structuresdexportations industrielles de lIndonsie, de la Chine et du Vietnam

(2001-2008)

-

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

2001 2003 2005 2008

Indonesie Chine

Indonsie Vietnam


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Tableau 3 Degr de similarit entre les structures dexportationde lIndonsie et dautres pays asiatiques (industrie, en 2008)

Mesur partir des statistiques Comtrade

Les deux indicateurs font apparatre la mme hirarchie desconcurrents asiatiques de lIndonsie : la structure des exportations

indonsiennes est plus proche de celle du Vietnam et de la Thalandeque de la Chine, elle est par contre trs loigne de celle desPhilippines et de la Malaisie, deux pays o les composants lectro-niques jouent un rle considrable.

Impact de la Chine : brve revuede la

littrature

Plusieurs travaux mettant en uvre des

mthodologies diffrentes ont cherch

valuer limpact de lmergence de la

Chine sur le reste de lAsie. Positif pour

les Nouvelles conomies Industrialises(NEI) de lEst Asiatique (Core du Sud,

Tawan, Hong Kong, Singapour), cet

impact lest un peu moins pour les pays

de lASEAN.

Selon Eichengreen (2004), limpact de la

Chine est positif pour les pays qui

exportent des biens dquipement les

NEI et est ngatif pour les exportateurs

de biens de consommation (lAsean).

Rodrik (2006) et Roland-Host (2005)concluent que la monte de la Chine

risque de marginaliser lASEAN.

Pour Athukorala (2006) le fait quune

proportion importante des exportations

chinoises relve doprations dassem-

blage (commerce vertical) limite son

impact tout en contraignant les pays

monter en gamme dans la chane de

Finger Linnemann

Vietnam 0,58 0.47

Chine 0,28 0.45

Thalande 0,51 0.46

Malaisie 0,23 0.17

Philippines 0,17 0.26


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15 Ifri

valeur. Analysant cet impact, pour la

priode 1990 2000, sur le commerce et

galement sur la production manufac-

turire de 33 pays en dveloppement,

Adrian Wood (2009) conclut une baissede la production et des exportations

comprise entre 10 15 %, qui serait plus

perceptible en Asie.

Les analyses menes sur la base de

modles dquilibre gnral concluent que

lmergence de la Chine amliore lgre-

ment le bien-tre pour les pays asiatiques.

Dans le cas de lIndonsie, lADB conclut

un gain li la baisse des prix des

importations et une hausse des exporta-tions de ressources naturelles vers la

Chine, qui saccompagnera dune lgre

contraction de la production (les gains

obtenus dans lagriculture tant infrieurs

aux pertes dans le secteur de lindustrie

lourde). Sadewa (2010) 4 conclut quen

Indonsie les secteurs bnficiaires

seront lindustrie du caoutchouc, les qui-

pements mcaniques, alors que les

secteurs affects ngativement sont

lindustrie du cuir, lhabillement et les

produits mtalliques des secteurs qui

sont pour la plupart haute intensit de

main-duvre.

4Sadewa, Would it be better not to join ASEAN China FTA, Kompas, 4 janvier

2010 cit dans Arianto Patunru (2010) et Christian von Luebke Survey ofrecent development, Bulletin of Indonesian economic, vol. 46, n1, 2010(avril).


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La concurrence chinoisesur le march indonsien

LIndonsie, qui avait rompu ses relations diplomatiques avec laChine en 1967, les a rtablies en 1990. Ces relations se sont am-liores sur le plan politique et les changes commerciaux se sontintensifis. Aprs ltablissement du China Energy Forum en 2002,Petro China et Chinas National Offshore Oil Corporation (CNOOC)

ont investi dans le secteur ptrolier. En 2007 et 2010, la Chine aparticip au financement du crash program lanc par le PrsidentSusilo Bambang Yudhoyono pour augmenter la production lectrique.

Graphique 8 : changes sino-indonsiens

-5

0

5

10

15

20

4th/99 2nd/01 4th/02 2nd/04 4th/05 2nd/07 4th/08

X vers ChineM de Chinesolde

Milliards de dollars


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Graphique 9 : Structure des changes sino-indonsiens

Sources : partir des donnes Global Trade Atlas et chelem

La Chine devient le premier partenairecommercial de lIndonsie

Au cours de la dcennie 2000, le poids de la Chine dans les impor-

tations indonsiennes a fortement progress (5,8 % 15 %) et elleest probablement5 le premier fournisseur devant le Japon. Les quatrepremiers fournisseurs de lIndonsie sont ses quatre premiersdbouchs et alors que le poids relatif du Japon a diminu, celui de laChine a doubl (4,5 % 10 % fin 2009). Ces changes se sont inten-sifis avec la mise en uvre du trait de libre-change (janvier 2010)et la Chine devrait bientt devenir le premier partenaire de lIndonsie.

Mesur en dollars courants (donnes indonsiennes 6 ), lecommerce sino-indonsien a plus que doubl, de 8 20 milliards dedollars entre 2000 et 2009. Lvolution du solde bilatral deschanges sino-indonsien est assez sensible aux fluctuations des

cours des matires premires et ce dautant plus que leur structure

5Si lon en croit les statistiques officielles, la Chine serait le second fournisseur de

lIndonsie aprs Singapour mais celle-ci a une fonction dentrept. Singapour nerenseignant pas ses changes avec lIndonsie, il nest en outre pas possible dedistinguer les exportations domestiques singapouriennes des rexportations.6Les statistiques indonsiennes sous-estiment les exportations vers la Chine de

mme que les importations de Chine. Vu dIndonsie, le dficit avec la Chine est plusimportant que le surplus affich par la Chine. Une diffrence qui est probablementdue au transit par Singapour et laquelle contribue la contrebande sur le bois. Lestendances restent les mmes.

0%

10%

20%

30%

40%

50%

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70%

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100%

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Pds M anuf dans exportations indonsiennes vers la Chine

Pdt M anuf dans expo rtations chinoises vers l'Indonsie


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18 Ifri

volue vers un modle Nord Sud de plus en plus prononc(Graphique 10). En 2000, les produits manufacturs occupaient uneplace voisine dans les exportations indonsiennes vers la Chine etdans les importations indonsiennes en provenance de Chine ; en2009, ces produits reprsentent respectivement 35 % (Indonsie versChine) et 91 % (Chine vers Indonsie) des flux dchanges.

Accord Chine ASEAN de libre-change

Laccord Chine Asean (CAFTA) a t

sign en novembre 2004 et son entre en

vigueur (janvier 2010) a t prcde par

des baisses de tarifs dans le cadre dun

accord de Rcolte prcoce qui con-

cernait le commerce de produits agricoles.

Conformment au CAFTA, lIndonsie, qui

a les barrires tarifaires les plus levesde lASEAN, est tenue dliminer les droits

sur 6 682 postes rpartis en 17 secteurs

dont 12 concernent lindustrie manu-

facturire. Le trait prvoit de ramener la

moyenne simple de 9,57 % (2005)

2,9 % (2010). Toutefois les tarifs sur 60

produits sensibles, parmi lesquels des

produits agricoles riz, sucre, cigarettes -

et des quipements de transport (autos,

motos et camions), resteront levs et ne

seront pas limins avant 2015. En 2009

et au premier trimestre 2010, les entre-

prises indonsiennes ont fait part de leurs

inquitudes et le Ministre du Commerce

aurait demand au Secrtariat de

lASEAN de rengocier le trait. Une

runion bilatrale (avril 2010) a conclu

que le trait serait mis en uvre et quen

cas de dsquilibre, le pays excdentaire

ferait des efforts pour accrotre ses impor-

tations (Baird (2010).

Limpact des changes avec la Chine

Entre 2005 et 2008 les exportations chinoises vers lIndonsie(source Chine) ont quadrupl et les importations chinoises en prove-nance dIndonsie ont doubl. Aprs le coup darrt de la crise, leschanges ont repris vigoureusement au 1er trimestre 2010. Selon leBureau des Statistiques indonsiennes (BPS) les importations non


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ptrolires ont progress de 55 % au cours des 2 premiers mois de2010 et la Chine serait le premier fournisseur du pays, avec 18,5 %du total des importations non ptrolires et gazires.

Toutefois, ce ne sont pas les baisses tarifaires prvues par

laccord CAFTA qui expliqueraient lacclration des changes. Eneffet, le faible cart entre le tarif du CAFTA et le tarif de la Nation laplus favorise, amne les importateurs indonsiens de produitschinois ne pas demander lapplication du tarif CAFTA, qui exige destransactions supplmentaires (Banque Mondiale, 2010a).

Le Tableau 4 montre la composition des importations indon-siennes en provenance de Chine. Elles sont domines par lesproduits lectriques et lectroniques (27 %), les quipements mcani-ques (23 %) et les biens intermdiaires (chimie, sidrurgie et nonferreux). Alors que le textile habillement noccupe quune placemodeste dans les exportations de la Chine vers lIndonsie (9 %),

cest dans ce secteur que les produits chinois occupent la part demarch la plus importante (35 %) devant llectronique et le bois-papier (15 %).

Tableau 4 : Structures des importations indonsiennes en provenancede Chine et poids relatif en 2008

2008 Structure Poids relatif

Total 100 % 13 %

Textile 9 % 35 %

Bois Papier 3 % 15 %

Chimie 16 % 14 %Sidrurgie NonFerreux

10 % 14 %

Mcanique 23 % 19 %

Vhicules 3 % 8 %

lectrique Elec 27 % 27 %

Depuis lentre en vigueur du trait de libre-change entre laChine et lASEAN, les journaux multiplient les articles sur lesdifficults rencontres par les industriels indonsiens confronts

une invasion darticles chinois.Le graphique 10 rapproche les volutions de la pression

concurrentielle chinoise (apprcie par laccroissement de la part dela Chine dans les importations entre 2006 et 2008) et de la productionindustrielle par secteur (mesure par la croissance de lindice deproduction entre 2006 et 2008). En dpit des diffrences entre lesnomenclatures de commerce et de production et du caractre tropagrg de la nomenclature de production, ce graphique suggrelexistence dune relation entre laugmentation de la part desimportations chinoises et lvolution de la production. Dans le cas de


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lhabillement, de la construction mtallique et de lquipementlectrique, on constate que laccroissement de la pression concur-rentielle chinoise concide avec une baisse de la production 7 .Cependant, si elle se vrifiait, la corrlation entre lvolution de laproduction et des importations chinoises, ne suffirait pas tablir unlien de causalit. En effet, cette progression peut tre une cons-quence autant quune cause. Cest ce que suggrent les volutionscontrastes du textile et de la construction automobile :

Graphique 10 : Accroissement des importations chinoises et volutionde la production industrielle (2000-2008)

Textile habillementLIndonsie possde une industrie textile intgre allant de la filature lhabillement, et une capacit de recherche et de formation

7Dans le cas de llectronique, le caractre trop agrg de la nomenclature ne

permet pas de conclure : la forte progression des importations qui accompagnelaugmentation de la production pourrait sexpliquer par laugmentation des importa -tions de composants (qui sont agrgs avec les produits finis).

Sources : partir des donnes ComTrade

-10%

-5%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

-20% 0% 20% 40% 60%

Accroissement des im ortations chinoises

Croissance de la Production

Biens lectroniques

Meubles

Chimi

E ui ement

A ro

Sidrur ie

Automobil Taba E ui ement

Matriaux deCui

Autres e ut de

Caoutchou

TextilConfectio

Construction

Boi


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professionnelle. Le secteur emploie directement et indirectement plusde 5 millions de personnes et il assure 10 % de la valeur ajoutemanufacturire (2,5 % du PIB) et 20 % des exportations. Comme laremarqu Hill (1992), les priodes de bonne performance de cesecteur ont t prcdes par des priodes dinvestissement.

Graphique 11 : Importations dquipement pour lindustrie textile

0

200

400

600

800

1000

1200

2001 2003 2005 2007 2009

Indonsie

Vietnam

Thailande

Millions de dollars

Depuis la crise asiatique, les industriels ont peu investi alorsque lIndonsie aurait d se prparer la fin de laccord TextileVtement (dit Accord Multifibres ) de 2005. Les analyses quiavaient t ralises avant cette chance concluaient lrosion dela comptitivit indonsienne (Aswicahyono and Hill 2004 : 291-2) dufait des hausses de salaires et des rformes du march du travail.Alors que les autres pays asiatiques ont modernis leurs quipe-ments pour se prparer cette chance, lindustrie indonsienne amoins investi et laugmentation de la production sest explique parune plus grande utilisation des capacits. LIndonsie, qui importaitdeux fois plus de machines textiles (filature, tissage) que le Vietnam

en 2000 (Graphique 11), en importe prs de deux fois moins en 2008.Ce diffrentiel est plus important avec la Thalande et plus encoreavec la Chine (de 1 6 en 2000 et de 1 10 en 2009). Faute demodernisation, le parc machine a vieilli : plus de la moiti des quipe-ments aurait plus de 15 ans en 2005, et seulement 7 % moins de 5ans (SFI, 2006). Faute de modernisation, le processus de remontede la filire textile qui avait t engag dans les annes 1980 a prisfin. La progression des exportations indonsiennes dhabillement (lapart de march de lIndonsie sur le march amricain, son principaldbouch, a progress de 4 % 7 % entre 2005 et 2010) se faitdsormais sur la base de fils et tissus chinois.


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La construction automobileLIndonsie, comme les autres pays asiatiques, a encourag le dve-loppement de ce secteur et elle a protg cette industrie nais-sante de la concurrence. Mais le bb a vieilli (Aswicahhyono,

2000) et nest pas devenu plus productif. la veille de la criseasiatique, le secteur trs fragment assemblait moins dautomobiles(400 000 units) que la Thalande et nexportait qu1 % de saproduction. La construction automobile a t le secteur le plus touchpar la crise : les ventes ont t divises par 7 et nont retrouv quen2004 leur niveau davant crise. Depuis, il a davantage souffert de la mini-crise de 2005 (hausse des taux dintrt) que de la crisemondiale et les ventes retrouveront en 2011 leur niveau de 2008.Mais le secteur a t transform. Les tarifs douaniers ont tramens dans une fourchette comprise entre 0 et 5 %. Louverturesest accompagne dune forte amlioration de la productivit (Molnar,2008) et dune rorientation de la production vers lexportation. Selon

lOnudi (2009, p. 42), les exportations des filiales trangres et desentreprises locales ont progress 12 % lan entre 2000 et 2008 eten 2008, lIndonsie a export 200 000 voitures (montes et collec-tions CKD) 8 . Elle prvoit den exporter 100 000 en 2010 et lesentreprises exportent galement des pices dtaches. Le potentielindonsien attire les investisseurs japonais, qui dominent le march :la dgradation de la situation thalandaise, principal ple de fabrica-tion japonais de lASEAN, pourrait justifier des arbitrages favorables lIndonsie.

8Ckd : Complete Knock Down. Mthode d'approvisionnement consistant constituer

des kits prparant l'assemblage d'un vhicule automobile par exemple.


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Perspectives

Le Ministre du commerce indonsien prvoit un doublement deschanges sino-indonsiens, qui pourraient atteindre 50 milliards dedollars en 2015. Une projection assez fonde car ces changesnoccupent aujourdhui quune place trs modeste dans lconomieindonsienne (5,5 % du PIB), qui reste encore bien en de du poidsdes changes de la Chine avec la Thalande (15 % du PIB) ou laMalaisie (22 %) (Graphique 18). Cela sexplique par la faible

ouverture de lIndonsie aux changes. LIndonsie est en outreassez peu intgre dans le circuit intgr asiatique et alors queles flux de demi-produits occupent une place importante dans leschanges de la plupart des pays asiatiques, ce nest pas le cas delIndonsie (encart).

Pour mieux apprcier la place des changes avec la Chinedans lconomie indonsienne, on a limin les deux biais (faibleintgration au commerce international, et faible poids des demi-produits) en mesurant le poids des importations hors composantsdans la demande domestique (PIB + M X). Les importations chi-noises (hors composants) reprsentent 2 % de la demande domes-tique, soit le pourcentage le moins lev parmi les pays asiatiques.Cette comparaison suggre que la pression exerce par lesimportations chinoises pourrait augmenter dans les annes venir.

La singularitindonsienne

Engage depuis dix ans, la recomposition

de lAsie autour de la Chine saccom-

pagne dune trs forte progression de la

place des demi-produits dans les chan-

ges9

. LIndonsie est lcart de ce

processus comme en atteste le faible

poids des composants dans les exporta-tions (18,6 %) et les importations (33,8 %)

selon Athukorala (2009). la diffrence

des autres pays asiatiques, les demi-

produits jouent un rle plus important

9Ces demi-produits reprsentent 40 % du total des changes intra-asiatiques soit un

pourcentage deux fois plus lev que celui qui caractrise les changes intra-europens ou intra-ALENA (Athukorala et alii, 2006).


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dans ses importations en provenance de

Chine que dans ses exportations vers la

Chine : lIndonsie fonctionne plus comme

un atelier de la Chine que linverse.

Les milieux industriels indonsiens redoutent une invasion deproduits chinois, qui mettrait en difficults de nombreux secteurs(textile, habillement, chaussure) et provoquerait une forte pousse duchmage. Ils plaident pour une rengociation de laccord CAFTAavec la Chine10. Louverture des changes avec la Chine reprsenteun risque dautant plus important que les entreprises indonsiennesont fait peu deffort de modernisationavant lchance du CAFTA de2010. Les importations de biens dquipement ont reprsent enmoyenne moins de 4 points de PIB en Indonsie depuis 2000 au lieude 10 % en moyenne au Vietnam et en Thalande, qui sont ses deuxprincipaux concurrents. La faiblesse des investissements et la

dshrence des infrastructures expliquent lrosion de la comptitivitindonsienne.

Quest ce qui explique la baisse de linvestissement ? Larforme du secteur bancaire a eu comme consquence le durcisse-ment de la contrainte financire : les conglomrats indonsiens ontplus de difficults pour financer leurs projets. En outre commelindique Athukorala (2006), alors que la gestion macro-conomiquesest amliore, la gestion microconomique sest dgrade ; on aparfois assist au retour de pratiques passes (gestion desdouanes 11 ) ou lintroduction de rformes qui ont provoqu denouvelles contraintes comme la lgislation du travail (supra) ou la

dcentralisation mene de faon trop htive. De ce fait, lIndonsieest considre comme un pays difficile, class parmi les derniers enAsie dans le classement Doing Business de la Banquemondiale12.

Au-del de ces mesures qui ont dtrior le climat de linves-tissement, on peut voquer, sans quil soit possible de le mesurer,limpact des violences intercommunautaires qui avaient clat lachute du Prsident Suharto en 1998. Depuis, les grands groupessino-indonsiens qui dominent lindustrie et qui grent leurs affaires partir de holdings bases Singapour, ont peut-tre diminu leursengagements en Indonsie et choisi plutt dinvestir en Chine.Consquence de cette baisse de linvestissement, le secteurmanufacturier nest plus le moteur de lconomie indonsienne. Sansque lon puisse pour autant conclure un processus de

10 La Chine a ragi en proposant un crdit de 2 milliards de dollars pour financer desprojets dinfrastructures. China Railways Group a sign un BOT de 4,8 milliards deUSD pour le transport du charbon Sumatra (Financial Times, 25/3/ 2010).11

Aprs avoir t dlgue SGS, leur gestion est revenue ladministration qui,entre-temps, na pas t rforme.12

Il est noter que le classement de lIndonsie sest encore dtrior en 2010 endpit des efforts consentis pour faciliter l entre des investisseurs trangers.


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dsindustrialisation , on constate que la part du secteurmanufacturier dans le PIB (et lemploi) a diminu. Si lon ne peut pasattribuer cette baisse la concurrence chinoise, celle-ci nenreprsente pas moins une contrainte pour les annes venir.

Dans son rapport sur les perspectives de lconomie mondialedavril 2009, le FMI a rappel que les pays asiatiques ont ragi auxcrises en exportant davantage. Commentant cette remarque, PaulKrugman13sest demand vers quelle plante il leur sera dsormaispossible dexporter. Des propos qui ont dabord t dmentis par lareprise des exportations asiatiques vers les tats-Unis et lUE ds lesecond semestre 2009. Cette reprise, qui commence sessouffleravec le ralentissement des conomies industrialises, sest faite defaon ingale selon les pays. Les exportations manufacturiresindonsiennes, vietnamiennes et bangladeshies ont repris unrythme plus lent quavant la crise mondiale et trs infrieur celui desexportations chinoises.

Si lon sen tient aux articles dhabillement, emblmatiquesdes secteurs forte intensit de main-duvre, la part de march14chinoise a augment de 6 points (de 32 38 %)autant quaprs lalibralisation des changes textiles en 2005 et celle des autrespays ne sest que trs lgrement amliore. Sur tous les secteurs, laChine sort plus comptitive de la crise et les fortes hausses desalaires dcides depuis les grves de lt

15 affecteront moins lacomptitivit des exportations que les profits des entreprises tran-gres implantes dans le sud de la Chine. Mais alors quen 2007, cesentreprises avaient ragi aux hausses de salaires en simplantant auVietnam, au Bangladesh ou en Indonsie, aujourdhui elles sont

tentes daller dans les provinces de lOuest de la Chine o lessalaires sont moins levs et o, plan de relance aidant, les infra-structures se sont amliores et sont de bien meilleure qualit quenAsie du Sud Est.

13P Krugman : Japans recovery, again, New York Times, April 27, 200 9

14Les importations amricaines de 2010 (6 mois) sont infrieures de 6 % celles de

2008.15 Ce regain de tension pourrait avoir des causes plus structurelles et traduirelpuisement plus rapide que prvu du rservoir illimit de main-duvre selonCai Fang et alii (2010), une thse trs discute. Prs de la moiti de la populationchinoise rside dans les zones rurales et, employant 250 millions de personnes (soit2 actifs par hectare), lagriculture ne contribue qu un dixime de la richessenationale. La mcanisation rduit les besoins demploi, aussi, les candidats lmigration sont-ils toujours nombreux mais leur dpart est frein par le hukou, lecertificat administratif qui limite laccs des migrants aux services publics (sant,ducation) dans les villes. Serpent de mer de la politique chinoise, sa rformeannonce dans les annes 1990 a commenc de faon exprimentale en 2004 dansquelques capitales provinciales (Chongquing, Chengdu, Wuhan, Canton) o elle alibralis les conditions de sjour des migrants originaires de la province.


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Source : Basri 2009 et division de la population (UN)

LIndonsie devra composer avec une demande occidentalemoins vigoureuse et une Chine tout la fois plus comptitive et plusprsente sur le march indonsien. Dans ces conditions, et moinsdune reprise vigoureuse de linvestissement productif, la croissancedu secteur manufacturier indonsien pourrait rester mdiocre. Uneperspective inquitante pour ce pays o le taux de chmage (7,5 %en 2010) est le plus lev en Asie et o la croissance a t lune desplus pauvres en emploi parmi les conomies mergentes (RajawalliFoundation, 2010). Entre 1985 et 1997 (Graphique 12), dynamis parles exportations, le secteur manufacturier avait cr les trois quartsdes emplois formels16. Selon Basri (2009), lexportation d1 milliard de

dollars crerait 242 000 emplois dans le textile, sept fois moins danslautomobile et vingt fois moins dans le cas du charbon. Entre 1997 et2008, alors que la population active a augment de 24 millions,lconomie a cr 15millions demplois dont un tiers par le secteurformel : lagriculture a ainsi cr plus demplois que le secteurmanufacturier ce qui traduit la monte du sous-emploi dans les

16Basri distingue les emplois rels qui rpondent une demande de travail

(industrie) et qui sont souvent des emplois formels ceux qui correspondent unpartage dune demande ou dun revenu (souvent de linformel).

Graphique 12 : Crations demplois(1985-97/ 1997-08)

0

5

10

15

20

25

30

35

1985-97 1997-2008 2008-2017

commerce et

servicesagriculture

Transport,

communicationManufacture et

construction

informel

million

formel

Accroissement des 15 - 64 ans


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campagnes. Au cours des annes venir, et mme si laccrois-sement des personnes en ge de travailler diminue lgrement, lesentres sur le march du travail resteront leves (4 millions par an)alors que lon value 10 millions le nombre de personnes sous-employs (Rajawali Fundation 2010) et que les crations demploisformels risquent de diminuer encore.

***Le redressement de lconomie indonsienne depuis 1998 et

sa rsistance la crise mondiale de 2008 ont tonn. Nanmoins endpit de ses bonnes performances, lIndonsie a perdu du terrain enAsie et elle a besoin dune croissance plus vigoureuse pour raliserson objectif : devenir une conomie avance lhorizon 2025. Sortiedepuis longtemps de la trappe de la pauvret , elle est confronte un nouveau dfi, celui de tomber dans la trappe des pays revenus intermdiaires o se trouvent plusieurs pays dAmriqueLatine (Banque Mondiale, 2010b) qui ont du mal remonter la chaine

de valeur vers des produits de haute technologie comme ont russi le faire la Core, Singapour et Tawan. La monte en puissance de laChine renforce ce risque. En effet, lIndonsie, la Malaisie, lesPhilippines et la Thalande nont pas les moyens de concurrencer lespays haut revenu alors quils sont confronts la concurrencechinoise pour les produits haute intensit de main-duvre. Silssont des atouts importants pour lIndonsie, ses ressources natu-relles et son march domestique important ne constituent pas desbases suffisantes pour la construction dune socit prospre.


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L’Indonésie face à la montée en puissance économique de la Chine