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Marjolaine SILLAMY-COQUELLE

L’influence des pays étrangers dans l’évolution et le

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Marjolaine SILLAMY-COQUELLE

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Seoul 1907

Les recueils intitulés The chronicle & directory recensent les populations, lesentreprises et les missions religieuses étrangères dans plusieurs pays d’Asiecomme la Chine, le Japon ou la Corée.

Ces ouvrages se présentent ainsi : pour chaque année, une description de laville était rédigée et un annuaire répertoriait, par liste alphabétique, tous lesrésidents étrangers présents dans la ville, les noms et les adressesd’établissements et d’entreprises, avec les noms des personnes qui ytravaillaient comme les marchands, les missionnaires et ceux qui travaillaientaux consulats et dans les ministères. Ces ouvrages étaient destinés à montrerl’influence des pays étrangers, en particulier des pays occidentaux et du Japon,et de son évolution dans différentes villes asiatiques. Le public visé de cesrecueils étaient les Etats étrangers ayant des entreprises dans ces villes.L’ensemble des données récoltées constituait une précieuse aide dans la prisede décision en matière de politique publique. Cela permettait de connaître lapopulation d’étrangers et leur pays d’origine, dans chaque ville citée, enfournissant les informations sur les caractéristiques de la population. Danscette note de synthèse, nous allons nous concentrer sur la capitale de la Coréedu Sud, la ville de Séoul, de l’année 1885 à l’année 1937.

En 1885, la capitale de la Corée (que l’on pouvait aussi appeler Chosen)s’appelait Han-yang, qui peut être traduit par « la forteresse des Han », mieuxconnue auprès des étrangers sous le nom de Seoul. Située vers le nord ducentre de la province du Kiung-kei, Seoul était à environ cinq kilomètres de larivière Han.

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Sur le plan architectural et géographique, la ville était entourée de murscrénelés, qui longeaient tout le sommet de la colline du sud de la capitale. Cesmurs crénelés qui entouraient la ville ont été enlevés en 1919, à l’exception deceux situés dans les collines où aucune route n’existait. En 1934, les murs quientourent le palais et qui vont jusqu’aux collines, ont été endommagés et ontpeu été conservés. Ces murs et les deux grandes portes du palais, celle du sudNandaimon et celle de l’est Todaimon, ont été préservés comme monuments.Une grande rue divisait en deux parts égales la ville d’ouest en est. La moitiénord était construite avec des murs fortifiés, à l’intérieur desquels setrouvaient le palais du roi et les bâtiments les plus importants. Côté nord,l’enceinte royale était délimitée par un mur de granit, et côté sud, ladélimitation du palais était faite par trois grandes portes en bois. Devant leThoi-Hwa-Mun, la porte centrale et principale de l’enceinte royale, se trouvaitune rue d’environ quinze mètres de longueur. Cette rue était perpendiculaire àla grande rue qui séparait le côté nord et le côté sud de la ville. Ce croisementdivisait donc les quartiers ouest et les quartiers est de la capitale. Al’intersection de celles-ci, se trouvait le pavillon Chong-kak, lieu géographiqueconsidéré comme le centre-ville de Han-yang. En 1934, le quartier autour decette rue, qui se nommait alors ‘le shoro moderne’, était considéré commeétant la vieille ville ; il est toujours resté le centre-ville de la capitale, avec lacréation d’une route supplémentaire vers le sud et le sud-ouest menant jusqu’àNandaimon. Toutes les routes ont été élargies et améliorées, comme leNandaimon-dori qui était une route de presque 37 mètres de largeur.

Le style d’architecture des palais était celui du yamen chinois, un styled’architecture qui se faisait pour la construction d’un bureau ou d’unerésidence d’un fonctionnaire de l’Empire chinois. Le Un-Hyon-Kyung, que lesétrangers appelaient le « Cloud mound palace », était situé du côté nord de laville. C’était l’accès le mieux protégé de Seoul grâce à ses murs en pierressolides. Dans la partie centrale de la ville, il y avait de grands entrepôts àl’intérieur desquels se trouvaient de petits magasins. Les boutiques de lacapitale étaient petites et peu attrayantes et ne contenaient aucun article deluxe.

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En 1934, l’administration coloniale japonaise se faisait de plus en plusressentir avec de nombreux changements opérés dans la ville, comme leschangements de noms, en commençant par celui de la ville : la ville de Han-yang était mieux connue par les étrangers sous le nom de Keijo (japonais) oude Séoul (le terme natif de la capitale). Séoul a donc eu un nom purementjaponais à partir de cette année-là. La région où se situe Séoul, qui s’appelaitKiung-kei, devint Keiki (Kyeng-ki). Au niveau du côté nord et à environ 50 kmde l’embouchure de la rivière Han, la banlieue de Ryuzan était devenue lalimite sud de la ville.En 1885, la population de Séoul résidait dans des maisons faisant environ deuxmètres et demi de hauteur et construites en pierre ou en terre avec des toitsfaits de tuiles. Ces maisons, au nombre de 30 723, hébergeaient unepopulation estimée entre 150 000 à 240 000 personnes.

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De 1885 à 1933, la population globale de Séoul évolue constamment. Seule lapopulation japonaise est répertoriée chaque année. Les résidents occidentauxsont listés pour la première fois en 1930 dans leur totalité. Ce nombre estensuite détaillé dans les années 1932 et 1933.

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La population chinoise n’est également pas répertoriée en détail en 1919 et1924. Cependant, les rapports de ces années stipulent que la majorité des «populations autres » est constituée de résidents chinois.

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La largeur des rues principales était considérablement réduite par la présencede cabanes en bois grossièrement construites, utilisées pour des ateliers oupour d’autres raisons professionnelles, et qui donnaient à la rue une apparencepauvre et sordide. Cette apparence défavorisée et miséreuse de la ville de Han-yang était accentuée par la saleté, avec une accumulation de tas d’orduresdans les rues.

En 1888, le descriptif de la ville rapporte que l’intérieur des maisons étaitpropre, comme celui des maisons japonaises, ce qui montre une évolution del’hygiène de vie de la population coréenne. De grands changements ont étéfaits en 1895 dans l’apparence et dans l’administration de la ville, uneévolution due à l’administration coloniale japonaise qui a été établie en 1894.

Les recueils The chronicle & directory montrent qu’en 1898, la propreté desrues s’est améliorée : Toutes les rues ne sont pas propres, mais les ruesprincipales le sont. Le consul britannique a noté dans son rapport de 1896 quele peuple coréen avait progressivement appris les avantages d’avoir de bonnesroutes et un environnement propre. Un spacieux marché a été érigé dans unedes parties les plus animées de la ville et des dispositions ont été prises pourétablir deux ou trois autres marchés convenables. Un crédit de 50.000$ a étéaccordé au Finance Department afin d’améliorer et maintenir les routes. Unesomme semblable a été utilisée pour le drainage des routes en 1897.

Sur le plan économique, le groupe bancaire The Hongkong and ShanghaiBanking Corporation avait nommé un agent à Séoul et avait acheté un sitepour des bureaux en 1901.

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C’est en 1934 que la ville de Séoul est décrite pour la première fois comme uneville moderne, qui s’est élargie, avec une nouvelle délimitation dans le sudallant jusqu’à la rivière Han sur plus de 3 kilomètres au-delà de Nandaimon. Lecôté sud de la ville est devenu un quartier animé, avec la gare de Séoul et lacréation d’un hôpital missionnaire. En 1934, la rue principale de la ville est legrand Taihei-dori, allant du Nandaimon vers le nord des bâtiments palatiauxdu gouvernement général, situés en face de l’ancien palais impérial. Cette voiecoupe la rue Shoro, quelque peu à l’ouest du vieux centre. Au sud de la rueShoro, une autre grande et large voie est parallèle à celle-ci : la rue Kogane-machi, qui à l’est mène devant le bureau de la ville sur le cours du Taihei-dori.A mi-chemin de la rue Kogane-machi et le long de la porte côté sud duNandaimon-dori se trouve une belle place avec le Dai Ichi Ginko, nom de laposte centrale, mais également le grand magasin Mitsukoshi et d’autresbâtiments importants. Dans le centre commercial Mitsukoshi se trouventd’importantes firmes japonaises.

Dans cette partie centrale de la ville, les routes, les bâtiments et les magasinssont semblables à ceux trouvés dans les grandes villes au Japon. Denombreuses autres routes ont été construites et élargies dans les différentsquartiers de la ville, en particulier à proximité de la nouvelle universitéimpériale, inaugurée en mai 1926 au nord-est de Séoul. Dans la colline deNansan, colline qui domine la ville dans le sud de la capitale, les Japonais ontdressé un grand sanctuaire : le sanctuaire Chosen, où Amaterasu–ōmikami,l’ancêtre divin de la famille impériale japonaise et l’empereur Meiji, fondateurdu Japon moderne, sont vénérés comme des divinités.Pour les transports en commun, c’est en 1900 qu’un chemin de fer électriqueest construit, circulant sur cinq kilomètres dans les rues principales de Séoul,alors qu’un autre chemin de fer était en construction pour relier la ville deChemulpo à Séoul. Un an plus tard, le chemin de fer de Séoul a été étendujusqu’à Riong-san et le chemin de fer qui relie Chemulpo à Séoul a étéconstruit. En 1903, une ligne qui connecterait la capitale et Fusan était sur lepoint de débuter et deux années plus tard, en 1905, la construction de cetteligne était terminée. La ligne de chemin de fer de la capitale qui a été étendue

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jusqu’à Riong-san en 1901, a également été étendue jusqu’à Mokpo en 1908.Le chemin de fer construit en 1900 qui circulait dans la capitale, s‘est agrandiet fait un peu plus de onze kilomètres en 1930. En 1934, un tramway d’unedistance d’un peu moins de 34 km a été conçu dans et autour de la ville deSéoul, incluant les banlieux de Ryuza et de Mapo.

Seoul 1934

Grâce aux Chronicle & directory, nous avons la description de la ville de Séoulavec sa position géographique, son architecture, sa démographie et sesinfrastructures de transport. Ces courtes descriptions nous montrent leschangements au fil du temps, avec les évolutions de la capitale d’année en

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année, que ce soit l’expansion de la ville, l’augmentation de sa population oul’amélioration de la vie des habitants avec la construction de nouveauxbâtiments et de nouveaux aménagements routiers. Ces descriptions de Séoulnous amènent à montrer que l’influence étrangère a permis à la capitale de sedévelopper et à la population de vivre dans de meilleures conditions.

La population étrangère dans Séoul est pour la première fois recensée en 1887dans The chronicle & directory. Cette présence minime va rester identiquependant trois années consécutives. Puis elle va peu à peu augmenter, et c’est àpartir de 1920 que la présence étrangère devient Significative, avec uneéquivalence de celle de la ville japonaise Osaka. C’est dix ans plus tard, en1930, que le nombre d’étrangers est noté comme le plus important en Coréede l’année 1863 jusqu’à l’année 1937. Ces chiffres ont été obtenus à partir del’annuaire répertorié dans ces livres. Cependant, nous pouvons voir que lenombre d’étrangers indiqué dans la description de la ville et dans l’annuairefournis dans ces recueils ne sont pas les mêmes : dans les informationstrouvées dans les descriptifs de la capitale, la présence étrangère est chiffréeplus importante en 1933 qu’en 1930.

Nous pouvons aussi voir que les données écrites dans la description de la villeet celles du répertoire sont différentes, en observant la présence étrangère etsa nature en 1901 et 1934 : le nombre d’étrangers inscrits dans l’annuaire estplus important en 1901 qu’en 1934. La présence étrangère à Hanyang est de109 personnes, dont 66 membres du clergé, 6 personnes dans le domaine del’éducation, une personne seulement dans le domaine de la presse, 6 dans laproduction, 10 dans les transports, 4 dans les services gouvernementauxautochtones et 16 dans les services étrangers occidentaux.

En 1934, les habitants étrangers répertoriés sont du nombre de 64 en tout,avec 7 membres du clergé, 12 dans l’éducation, 4 travaillant dans le secteurmédical, 3 dans l’intermédiation, 26 dans la production, 2 dans le secteur dutransport, 9 dans les services étrangers occidentaux et une personne pourlaquelle le secteur professionnel n’est pas indiqué. La nature des individus

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était plutôt dans des métiers intellectuels plutôt que manuels en 1901, alorsqu’en 1934 la nature des occupations professionnelles est davantage portéevers l’industrie, avec la machinerie, l’exploitation minière et l’exploitationpétrolière. Les étrangers présents à Séoul étaient donc à la base des religieuxet petit à petit, l’industrialisation de la Corée a amené les étrangers vivant là-bas à travailler dans ce secteur, et la présence missionnaire a diminué. Aveccette Corée en plein développement, l’éducation s’est elle aussi développée,avec comme résultat des postes dans l’éducation qui ont doublé entre 1901 et1934.

De 1887 à 1900, il y avait de nombreuses missions religieuses étrangèrescomparées au nombre de compagnies étrangères. La plupart des missionsétrangères étaient américaines, suivies des missions anglaises et françaises etune présence canadienne mineure. Il y avait plusieurs types de missions avecplusieurs communautés d’églises, comme les églises presbytériennes et leséglises épiscopaliennes. Concernant les compagnies, la quasi-totalité étaientjaponaises, avec de nombreux commerçants et la banque nationale japonaiseinstallée depuis 1898. Des journaux qui ne sont pas japonais apparaissent, lacompagnie de chemin de fer électrique de Séoul est répertoriée en 1900 et unhôpital est inscrit depuis 1898. Divers gouvernements étrangers ont installédes représentations diplomatiques à Séoul, avec des légations et consulatsjaponais, français, anglais, américains, chinois, russes et allemands.

De 1901 à 1912, les missions religieuses sont toujours présentes,particulièrement les missions françaises et russes, mais de nombreusesnouvelles compagnies étrangères sont indiquées. La présence japonaise se faitsentir avec de nombreuses entreprises. Pourtant, l’augmentation desOccidentaux à Séoul se voit depuis le début du XXème siècle, avec la créationde journaux et de magazines sur Séoul et la Corée, la présence d’importateurset d’exportateurs étrangers et d’institutrices de langues dans la ville de Séoul.D’autres gouvernements étrangers se sont installés, comme la légationitalienne en 1903 et belge en 1905. L’amélioration de la vie quotidienne desSéouliens peut se voir par la création de la compagnie électrique de Séoul en

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1902.

De 1913 jusqu’en 1937, bien que les missions étrangères restent, le nombresde compagnies devient largement supérieur à ces missions dans le répertoiredes Chronicle & directory. Les compagnies japonaises se multiplient, comme leproducteur et fournisseur de gaz et d’électricité Nikkan en 1913. De grandesentreprises occidentales voient le jour à Séoul, comme une compagniepétrolière américaine en 1920 et la société de production et de distributionaméricaine Metro-Goldwyn-Mayer en 1934. Dans ce laps de temps, le consulatnéerlandais s’installe dans la ville en 1919. Cette présence étrangère aaugmenté dans la capitale de la Corée, avec une population japonaise trèsélevée comparée à la population chinoise, ou encore à la population américaineet européenne, et qui reste minime malgré son augmentation d’année enannée.

Les ouvrages The chronicle & directory font donc une description précise de laville et répertorient les étrangers présents à Séoul, en précisant leur paysd’origine ainsi que leur activité. En regardant ces recueils sur plusieursannées, nous pouvons voir le développement de la ville sous l’administrationcoloniale japonaise. Avec des progrès apportés par la présence étrangère, enaménageant la ville et en créant les infrastructures nécessaires pour que lapopulation accède à tous ses besoins, comme la santé et l’éducation, Séouls’est transformée et est devenue une ville moderne dans les années 30.Aujourd’hui, troisième mégapole la plus peuplée au monde, la ville de Séoul aun niveau de vie très élevé et est devenue une des plus puissantes villes d’Asie.