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4actualités
Actualités pharmaceutiques n° 507 Juin 2011
La section D de l’Ordre
national des pharmaciens
vient d’organiser,
du 14 au 16 mai 2011 et
sur internet, un congrès
destiné aux pharmaciens
adjoints. Une démarche
sans précédent pour les
officinaux. Le succès était
au rendez-vous. Leur forme
d’exercice, l’installation
et l’entrée dans le capital
des officines, les nouvelles
missions de la loi hôpital,
patients, santé et territoires
(HPST) font partie
de leurs préoccupations.
Actualités pharmaceutiques : Pourquoi
avoir organisé un congrès spécifique
pour les adjoints ?
Jérôme Paresys-Barbier : Il était important d’offrir une continuité à nos déplace-ments en régions, sachant que nous ne pouvons pas rencontrer tous les adjoints chaque année. De plus, à l’ère numéri-que, il était utile d’initier une démarche de communication sans précédent pour les officinaux en particulier. Enfin, le non-déplacement des congressistes permet une économie en C02 non négligeable1, un petit plus en cette période d’économie d’énergie.
AP : Quel bilan en tirez-vous ?
JPB : C’est une belle réussite avec une forte participation, puisqu’au moment où je vous parle, nous comptabilisons 3 500 visiteurs (pour les seules journées de congrès !) et plus de 5 000 visites. Près de 800 personnes se sont inscrites pour participer aux débats. Les confrères
semblent avoir particulièrement apprécié ces échanges, pour lesquels ils ont posé plus de 250 questions.
AP : La section D multiplie les rencon-
tres avec les pharmaciens (en régions,
lors des congrès). Quelles sont les
questions qui vous sont posées le plus
fréquemment ?
JPB : En ce qui concerne la section D, nous avons choisi d’être proches des adjoints. Depuis que j’en suis président, j’ai initié des rencontres en régions au sein de cette insti tu tion et nous comptons plus de 60 000 contacts par an (fax, courriels, courriers, téléphone…). La plupart des questions se concentrent sur l’exercice professionnel et l’avenir des officines.
AP : Quels sont, d’après vous, les princi-
paux centres d’intérêt des pharmaciens
adjoints ?
JPB : Ils sont multiples. Les adjoints sont bien décidés à voir l’essai de la loi hôpi-tal, patients, santé et territoires (HPST) se transformer pour modifier leur exercice et accroître leur présence au sein de l’offi-cine. La réussite concrète de cette loi, à travers notamment l’éducation thérapeuti-que du patient et la mise en place du phar-macien correspondant, passe d’abord par un investissement sur l’humain, puis par une restructuration des officines avec l’engagement progressif des adjoints dans les holdings dès que le législateur le permettra.
AP : Quelles sont leurs principales
inquiétudes ?
JPB : Que cette révolution, historique pour notre métier, tarde trop à se réaliser, ne permettant pas aux officines de propo-ser des projets de carrières attractifs. N’oublions pas que 80 % des adjoints sont des femmes qui, pour beaucoup, éprouvent toujours une grande difficulté à mener de front carrière professionnelle et responsabilités familiales. Elles sont
encore nombreuses à interrompre une collaboration fructueuse en officine au profit du développement professionnel de leur conjoint.
AP : Ressort-il des débats que les
adjoints éprouvent des difficultés à
trouver leur place à l’officine ?
JPB : Certains d’entre eux connaissent, pour des raisons diverses, des difficultés mais, à terme, les nouvelles missions leur donneront des chances supplémentaires d’être une force de proposition au sein des officines, à condition que chacun s’en donne les moyens. Si les adjoints ne négligent pas, en particulier, leur forma-tion et leur envie d’être au rendez-vous, c’est possible.
AP : Quelle évolution de carrière ou
de mission semblent-ils souhaiter
aujourd’hui ?
JPB : Cela ne change pas depuis plusieurs années : devenir, pour une majorité d’en-tre eux, cotitulaires, à leur rythme, avec des perspectives identiques à celles des autres professionnels de santé en ce qui concerne l’organisation de leur métier. Mais par choix – et il faut le respecter –, certains souhaitent rester adjoints, tout en s’investissant dans de nouvelles missions.
AP : L’ordre a communiqué 26 propo-
sitions lors des Assises du médica-
ment. Quelles sont, selon vous, les plus
importantes ?
JPB : Toutes ces propositions sont importantes2. Sept champs d’action, se déclinant en 26 propositions concrètes, visent à améliorer la qualité de la prise en charge des patients : l’indépendance
Entretien
L’instauration de nouvelles missions permettra aux adjoints d’être force de proposition
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R
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Actualités pharmaceutiques n° 507 Juin 2011
des pharmaciens responsables des industries de santé ; le signalement des effets indésirables ou inattendus suscep-ti bles d’être dus à un médicament ou à un dispositif médical ; l’accès aux bases de données, dont celles, anonymes, du dossier pharmaceutique en vue de parti-ci per à la vigilance sanitaire ; la trans-parence, le suivi et la traçabilité des prescriptions hors AMM ; la formation initiale et le développement profession-nel continu des profes sion nels de santé ; l’information et la publicité vis-à-vis des professionnels de santé et du public ; les pratiques de visite médicale, officinale et en établissements de santé ; la transpa-rence sur les liens d’intérêts.Ainsi, le pharmacien dispensateur doit être “en pole position” pour la pharmacovigi-lance, alertant tous ceux qui se situent en amont à propos du signalement des effets indésirables ou inattendus. Les profes-sion nels doivent se mobiliser pour effec-tuer plus de déclarations relatives aux vigilances sanitaires. Tel est le sens de ces propositions.
AP : Quelle peut être la place des adjoints
dans la mise en place des nouvelles
missions dont il est beaucoup question,
mais dont peu de réalisations concrètes
ont aujourd’hui vu le jour ?
JPB : À l’Ordre et au sein de notre section, nous essayons de leur donner des clés de lecture sur ces sujets. Il est vrai que certains textes nous manquent et, pour le reste, il faut toujours du temps pour appréhender, à tous les niveaux (professionnels, patients, pouvoirs publics), des changements comme la loi HPST nous en propose. Mais nos démarches vers les adjoints, et notam-ment ce congrès qui, rappelons-le, est une première et une initiative unique, vont leur permettre d’avoir envie de continuer et de ne pas baisser les bras.
AP : Comment les adjoints vont-ils
pouvoir s’impliquer dans les actions
d’éducation thérapeutique des patients
(ETP) ?
JPB : Comme tous les autres profession-nels concernés3, les adjoints pourront s’investir, en participant aux program-
mes d’ETP, en coopération avec d’autres professionnels, en étant parfois dési-gnés pharmacien correspondant et en se formant au prérequis de 40 heures de connaissances toujours nécessaire pour développer une autre approche du patient.
AP : Organiserez-vous un congrès simi-
laire en 2012 ?
JPB : C’est trop tôt pour le dire, mais pour-quoi pas ? �
Propos recueillis par
Sébastien Faure
Maître de conférences des universités,
Faculté de pharmacie, Angers (49)
P lusieurs études épidémiologiques
l’ont déjà suggéré : la diminu-
tion majeure, voire la disparition
de la charge virale, entraînées par les
antirétro viraux (ARV) permettent d’espé-
rer un impact très favorable sur la trans-
mission du virus de l’immunodéficience
humane (VIH). Ceci est confirmé par des
travaux menés par le réseau américain
d’essais portant sur la prévention du VIH
(HIV Prevention trials network, HPTN).
Une étude de la transmissionCe groupe a lancé, en 2005, une étude
(HPTN 052) destinée à évaluer si le trai-
tement par les antirétroviraux permet-
tait de freiner la transmission sexuelle
du VIH. Mille sept cent soixante-trois
couples sérodifférents ont été inclus
dans cet essai, en Afrique, Asie et
Amérique . Dans la grande majorité
des cas (97 %), il s’agissait de couples
hétérosexuels. Les patients séropositifs
présentaient un taux de CD4 compris
entre 350 et 500 par millimètre cube.
Deux groupes ont été constitués : dans le
premier, les malades recevaient un trai-
tement par trithérapie, dans le second
ils n’étaient pas placés sous antirétrovi-
raux. Les résultats sont édifiants : dans le
premier groupe, une seule transmission
du VIH a été constatée, contre vingt-sept
dans le groupe non traité.
Ces travaux devaient se poursuivre
jusqu’en 2015 mais un comité indépen-
dant de contrôle de cette étude, le Data and Safety Monitoring Board (DSMB),
a souhaité l’immédiate révélation de
ces résultats. Aussi, le réseau s’est-il
exécuté et précise, dans un communi-
qué diffusé ce 12 mai 2011, que tous les
patients compris dans le groupe sans
ARV s’étaient vus offrir un traitement par
trithérapie.
Enthousiasme et vigilanceCes données soulèvent aujourd’hui
une importante vague d’espoir. « Cette percée scientifique change considéra-blement la donne et assurera l’avance-ment de la révolution de la prévention. Elle place le traitement anti-VIH au rang des nouvelles options de prévention prioritaires » a commenté le président
de l’Onusida, Michel Sidibé. De fait, ces
résultats confortent les discours de ceux
qui défendent la nécessité d’un accès
massif aux trithérapies pour tous les
patients et ce, dès la découverte de la
séropositivité, afin d’enrayer la propaga-
tion de l’épidémie. Cependant, certains
n’oublient pas d’appeler à la prudence
en soulignant que ces travaux ne doivent
pas encore inciter les séropositifs traités
à abandonner le préservatif. �Léa Crébat
© jim.fr
Thérapeutique
La transmission du virus du sida presque abolie par les trithérapies
Notes1. Site www.fiphad.fr
2. Noël A. L’Ordre fait 26 propositions aux Assises du médicament. Act pharm. 2011;507:6.
3. Débat sur l’éducation thérapeutique du patient : www.fiphad.fr/debat_passe.php?id_debat=3
© F
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