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IUFM DE BOURGOGNE CONCOURS DE RECRUTEMENT PROFESSEUR DES ÉCOLES L'interculturalité au service de l'éducation à la citoyenneté GAMONET Eve-Lise Directeur de mémoire: Monsieur DURAND Année 2005-2006 Numéro de dossier: 05STAOO798

L'interculturalité au service de l'éducation à la citoyenneté · siècle avec la révolution industrielle que la France devient un foyer d'immigration car elle a besoin de main-d'oeuvre

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IUFM DE BOURGOGNE

CONCOURS DE RECRUTEMENT PROFESSEUR DES ÉCOLES

L'interculturalité au service del'éducation à la citoyenneté

GAMONET Eve-Lise

Directeur de mémoire: Monsieur DURAND

Année 2005-2006 Numéro de dossier: 05STAOO798

Sommaire

Introduction

I. La place de l' interculturalité dans le système scolaire

A. Qu'est-ce que l'interculturalité?

B. Historique

1. Les raisons de l'apparition de la notion d'interculturalité

2. Son apparition

3. Son évolution au sein du système scolaire

C. La place de l' interculturalité dans les instructions officielles de 2002

1. L'école maternelle

2. Le cycle 2

a. Maîtrise du langage et de la langue française

b. Vivre ensemble

c. Découverte du monde

d. Langues étrangères ou régionales

3. Le cycle 3

II. Les enjeux de l' interculturalité à l'école

A. Les liens avec l'éducation à la citoyenneté

1. Qu'est-ce que l'éducation à la citoyenneté?

a. Définition

b. La place dans les programmes de 2002

2. Les liens entre éducation interculturelle et éducation à la citoyenneté

B. Développer l'esprit critique

1. Un travail sur les stéréotypes

2. Un regard sur sa propre culture

C. Vers une culture commune

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III. L' interculturalité en pratique

A. Stage R1: découverte de la culture africaine en maternelle

1. Contexte

2. Activités

a. Introduction du thème de l'Afrique

b. Le langage au coeur des apprentissages

c. Découverte du monde

d. La sensibilité, l'imagination, la création

B. Stage R2: l' interculturalité dans une école espagnole au Portugal et la

découverte de la culture française

1. Contexte

2. Activités

a. L'interculturalité au sein de la classe

b. La découverte de la culture française

C.Bilan

Conclusion

Annexes

Bibliographie

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Introduction

La France compte aujourd'hui 62,9 millions d'habitants d'origines diverses: personnes issues

du pourtour méditerranéen, d'Afrique noire, d'Asie ou d'Europe. C'est à partir de la fin du XIX ème

siècle avec la révolution industrielle que la France devient un foyer d'immigration car elle a besoin de

main-d'oeuvre. En 1999, 7,4% de la population française était d'origine étrangère selon l' INSEE. La

France est donc un pays pluriculturel car chaque individu est « porteur » d'une culture.

Si nous définissons comme culture un « tout complexe qui inclut les connaissances, les croyances,

l'art, la morale, les lois, les coutumes et toutes autres dispositions et habitudes acquises par l'homme

en tant que membre d'une société » (Edward Burnett Tylor), nous pouvons nous demander

comment se passe la cohabitation d'êtres porteurs de cultures différentes sur un même territoire...

L' État Français a pendant longtemps tenté d'ignorer ces différences au nom de la République et ce

notamment au sein de son système scolaire. En effet, avant les années 1970, la pluralité des élèves

accueillis à l'école n'avait jamais été reconnue par l'institution scolaire du fait d'une politique

assimilationniste. Malheureusement cette politique a renforcé l''incompréhension et le rejet de ces

cultures minoritaires au nom d'une culture unique. La France est un pays républicain dont un des

principes fondamentaux est la Déclaration des droits de l' homme et du citoyen qui est la définition

solennelle des droits de chacun dans la société civile et politique. Or, comment peut-on respecter

quelqu'un si on ne reconnaît pas sa culture ?

L'école se devant de former des citoyens (cf BOEN Hors série n°1 du 14 février 2002 « Deux grands

axes structurent l'enseignement primaire: la maîtrise du langage et de la langue française et l'éducation

civique »), elle doit donc inculquer des valeurs démocratiques telles que la liberté et le respect de

l'autre.

L'interculturalité peut aider à réaliser cet objectif. En effet cette notion vise à établir une

reconnaissance puis un dialogue et un enrichissement réciproque des cultures. A travers cette notion

on prend en compte les différentes cultures dans le but de mieux les comprendre et de les respecter

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afin d'apprendre à vivre ensemble dans la société actuelle.

Le respect de l'autre et de ses différences est une valeur très importante et je pense qu'il est

indispensable de l'inculquer dès le plus jeune âge. Par ailleurs, l'étude de cultures différentes de sa

propre culture est une grande richesse pour chacun d'entre nous. Ce sont ces raisons qui m'ont

conduites à choisir l'interculturalité comme objet d'études pour mon mémoire.

A travers ce travail, je tenterai de savoir en quoi l'interculturalité peut-elle être utile à la

formation du citoyen. Pour cela, nous reviendrons sur la place de l'interculturalité à l'école à travers le

temps, nous y étudierons ses enjeux puis, à travers mes différents stages, j'essaierai de mettre la théorie

en pratique.

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I. La place de l'interculturalité dans le système scolaire

A. Qu'est ce que l 'interculturalité ?

L'encyclopédie HACHETTE MULTIMEDIA définit l'interculturalité de la façon suivante:

« Cette notion encore floue provient pour l'essentiel des expériences pédagogiques menées en France depuis les

années 1980. Ces expériences visent à établir une reconnaissance, puis un dialogue et un enrichissement

réciproque des cultures. Il s'agit de dépasser les stéréotypes attachés à la vision des autres, des étrangers, considérés

comme des populations sans culture digne de ce nom ou, au contraire, aux particularismes culturels et raciaux

trop marqués(...) ».

Dans son article l'éducation interculturelle en France: un ensemble de pratiques évolutives au

services d'enjeux complexes paru dans Carrefours de l'éducation n°14, Jennifer KERZIL donne une

définition de l'interculturalité comme étant l'« ensemble des processus (psychiques, relationnels, groupaux,

institutionnels...) générés par les interactions de cultures, dans un rapport d'échanges réciproques et dans une

perspective de sauvegarde d'une relative identité culturelle des partenaires en relation. » On suppose que ces

interactions provoquent des changements de part et d'autre.

L'interculturalité se définit donc d'abord par la prise en compte de différentes cultures.

( rappelons que nous entendons par culture « un tout complexe qui inclut les connaissances, les croyances,

l'art, la morale, les lois, les coutumes et toutes autres dispositions et habitudes acquises par l'homme en tant que

membre d'une société ») Elle a pour principe fondamental la réciprocité, le dialogue, c'est à dire que les

cultures (ou les êtres porteurs de cultures) font partie d'un échange, elles sont à la fois émetteurs et

récepteurs de message et ne jouent pas seulement un de ces rôles. Les différentes cultures apprennent

donc les unes des autres.

Cette rencontre de l'autre amène à s'interroger sur nos différences et nos ressemblances, à faire

disparaître les stéréotypes, les idées reçues que l'on peut avoir. C'est un travail de réflexion en

profondeur, « de décentration et de méta-connaissance de sa propre culture et du rôle qu'elle joue dans la

construction de chacun » toujours selon Jennifer KERZIL.

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A partir de cette définition de l'interculturalité, nous pouvons dire que l'éducation

interculturelle est un mouvement éducatif qui prend en compte les variétés culturelles au sein de la

société et donc de l'école et qui met en place des situations interculturelles (situations dans lesquelles

des individus et des groupes issus d'univers culturels différents se rencontrent et interagissent). Ce

mouvement éducatif souhaite promouvoir une plus grande ouverture à la diversité et lutter contre les

discriminations et donc réaffirmer l'idéal démocratique. Les différences culturelles des élèves sont

alors considérées comme des ressources pédagogiques mobilisables.

On pourra cependant trouver des « variantes » de l'éducation interculturelle dans le cas où ce n'est

plus un échange entre individus porteurs de cultures différentes mais une sensibilisation à une autre

culture. C'est le cas par exemple lorsqu'il n'y a pas d'élèves d'origine étrangère au sein même de la

classe. On fait alors découvrir la culture sans s'appuyer sur la présence de celle-ci dans le groupe. Les

objectifs poursuivis sont cependant les mêmes.

La recommandation du 25 septembre 1984 du comité des ministres du conseil de l'Europe sur la

formation des enseignants à une éducation pour la compréhension interculturelle qualifie d'ailleurs

cette pédagogie de différentes façons: « un dialogue entre cultures », « une compréhension entre

cultures », « la valeur et l'originalité de chacune d'entre elles », « compréhension entre communautés ».

L'éducation interculturelle a le souci de faire en sorte que les rapports scolaires concourent à

l'établissement de relations interethniques positives, des relations positives d'intéraction et de

compréhension entre élèves de cultures différentes. Elle part du principe que chaque culture a ses

spécificités comme telles respectables (dans certaines limites bien sûr) et que le multiculturalisme est

une richesse potentielle.

Françoise LORCERIE dans son article Education interculturelle: état des lieux paru dans le n° 129

de VEI Enjeux de juin 2002 nous expose trois objectifs de l' éducation interculturelle. Ces objectifs

sont les suivants:

- dispenser des savoirs pertinents sur la diversité culturelle de la société,

- affirmer et faire prévaloir les valeurs démocratiques,

- développer les capacités nécessaires au vivre-ensemble.

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Ces objectifs sont en fait une reformulation de ceux déjà énoncés par Michel PAGÉ :

- reconnaître et accepter le pluralisme culturel comme une réalité de société,

- contribuer à l'instauration d'une société d'égalité, de droit et d'équité,

- contribuer à l'établissement de relations interéthniques harmonieuses.

Si l'on reprend ces deux formulations, l'essentiel des objectifs de l'éducation interculturelle est avant

tout de reconnaître le pluriculturalisme de la société actuelle. C'est un état de fait. A partir de cette

réalité, ce mouvement pédagogique souhaite enseigner aux élèves, par la confrontation des différentes

cultures, les valeurs démocratiques que sont l'égalité, le droit, l'équité et la tolérance afin que chacun

soit intégré et respecté dans la société.

D'autre part, selon DE SMET et RASSON, « l'éducation interculturelle doit permettre à tout enfant de

s'approprier les savoirs et les codes culturels de la société dans laquelle il vit ». Cet accès au savoir leur

permettra d'ouvrir les yeux sur leur environnement, de les rendre curieux et tolérants à la différence,

leur apprendre la relation à l'autre, à gérer des conflits et à négocier.

De façon générale, l'éducation interculturelle a donc pour but de prendre en compte la

diversité culturelle de la société et de donner les « outils » aux élèves pour mieux comprendre les

autres, pour mieux vivre ensemble de façon harmonieuse.

Nous pouvons à présent nous demander quelles ont été les facteurs déclenchants de l'apparition de

cette notion et quelle a été l'évolution de celle-ci au long des décennies...

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B. Historique

1. Les raisons de l'apparition de la notion d'interculturalité

L'éducation interculturelle a été introduite dans les années 1970 pour relever le défi de la

pluralité croissante de la société et de la population scolaire. En effet, la France a connu dans les

années 1960-1970 de grands flux migratoires et la réalité sociale et culturelle est devenue de plus en

plus polychrome et diversifiée. Cultures et identités se déclinent désormais au pluriel et c'est cette

pluralité qu'il faut prendre en compte car elle représente désormais la norme.

Cependant, avant les années 1970, la pluralité des enfants accueillis à l'école, qu'ils soient issus des

campagnes françaises ou originaires de pays étrangers, n'avaient jamais été reconnue par l'institution

scolaire. « Traditionnellement, l'école invitait chaque enfant accueilli à laisser sur le seuil ses caractéristiques

culturelles spécifiques en échange de l'accès à des valeurs universelles, à la citoyenneté et aux valeurs

républicaines » selon Jennifer KERZIL. Les maîtres avaient pour mission d'en faire des citoyens

français. Le traitement était le même pour tous: apprentissage de la même langue, offre des mêmes

prestations, inculcation des mêmes valeurs, enseignement des mêmes connaissances... L'école

française de la troisième république était persuadée d'offrir aux petits étrangers une chance inouïe de

remplacer leur culture d'origine par la culture française, garante des valeurs universalistes. L'idéologie

républicaine tendait à traiter la pluralité des cultures comme une entrave au jeu universel de l'égalité

surtout quand ces cultures se manifestaient sur l'espace public.

Ce système répondait à un souci de justice et d'égalité mais l'on sait à présent qu'une éducation qui ne

prend pas en compte les racines de l'enfant le plonge dans des contradictions qui peuvent entraîner

un échec scolaire et même au-delà de l'école car pour se construire, un individu a besoin de s'inscrire

dans une lignée, d'avoir des racines, des origines et il a besoin que ses racines soient reconnues

positivement, validées socialement.

De plus, l'exclusivité accordée par l'école au principe d'égalité n'a pas empêché un principe de

différence de fonctionner de façon spontanée pour augmenter la distance entre les « immigrés » et les

« français » et ce jusqu'au sein de l'espace scolaire.

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L'apparition de la notion d'interculturalité est bien à la fois une prise en compte de la réalité

sociale (une société de plus en plus multiculturelle du fait de l'immigration) mais aussi une réponse à

la politique assimilationniste de la troisième république qui ne tenait pas compte de cette pluralité et

provoquait des entraves à l' égalité et à la justice.

2. Son apparition

Comme le souligne Françoise LORCERIE dans son article Education interculturelle : état

des lieux paru en juin 2002 dans le VEI Enjeux n°129 « Le terme « interculturel » fit son entrée dans le

BOEN à la fin des années soixante-dix, nouvelle ligne pédagogique supposée favoriser l’intégration des enfants

immigrés. Cependant, si la pédagogie interculturelle fit l’objet de deux expériences pilotes sous l’égide de la

direction des écoles de 1976 à 1982, elle ne fut jamais dotée d’instructions concrètes pour sa mise en oeuvre. »

En effet, les termes exacts « éducation interculturelle » et « interculturalité » n'apparaissent que très

peu dans les textes officiels. Cependant on observe une évolution dans la prise en compte d'élèves

issus de différentes cultures et c'est cela qui va traduire l'émergence de la notion d'interculturalité.

Effectivement, à partir de 1970, plusieurs mesures ont été instituées pour favoriser la scolarisation

d'élèves étrangers.

La circulaire n°78-238 du 25 juillet 1978 définit les conditions de scolarisation des enfants

d'immigrants et rappelle: « l'obligation d'accueil dans les établissements scolaires (...) aux enfants étrangers

comme aux enfants français. »

Les dispositions prises par cette circulaire s'articulent autour de deux axes qui sont les suivants:

* « la mise en place d'un enseignement du français destiné à les amener à une

connaissance suffisante de notre langue pour faciliter leur adaptation à l'enseignement dispensé dans les classes

normales ». A cet objectif correspond la création de CLIN (classe d'initiation) et de CRI (cours de

rattrapage intégré) dans les écoles élémentaires et de classes d'adaptation au collège.

Les CLIN existent toujours aujourd'hui. Elles accueillent des élèves n'ayant pas le français comme

langue maternelle et leur dispense un enseignement de français langue seconde. « L'objectif est qu'ils

puissent au plus vite suivre l'intégralité des enseignements dans une classe du cursus ordinaire. » selon la

circulaire n° 2002-100 du 25 avril 2002.

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* « l'institution dans les établissements scolaires, avec le concours des pays

concernés, de cours dans la langue nationale des enfants immigrés ». A cet objectif correspond la création des

Enseignements de Langue et de Culture d' Origine (ELCO) (circulaire n° 75-148 du 9 avril 1975 et

circulaire n°76-128 du 30 mars 1976 : « Des cours de langue et de civilisations étrangères peuvent être

donnés dans les écoles élémentaires, en dehors des heures de classe, à l'intention d'élèves étrangers qui ne

bénéficient pas encore d'un enseignement de leur langue maternelle intégré au tiers temps pédagogique. Les cours

sont donnés par des enseignants étrangers, recrutés et rémunérés par leur gouvernement (...) N' y sont admis que

les enfants pourvus d'une autorisation écrite de leurs parents. »)

Les ELCO existent toujours aujourd'hui et en 2003 concernaient 75000 élèves. Dorénavant, ces cours

sont ouverts à tous les élèves sans distinction d'origine et se pratiquent sur la base du volontariat ce

qui ouvre les porte de l'interculturalité à tous. Les objectifs des ELCO selon le CASNAV (que je

présenterai plus loin) sont l'apprentissage de la langue et l'information sur la culture (on voit bien ici

que ces objectifs recoupent ceux de l'éducation interculturelle). Toujours selon le CASNAV, « Les

ELCO pratiquent une pédagogie ouverte interculturelle et participent aux projets valorisant les autres cultures. »

Cependant, les ELCO sont critiqués sur plusieurs points. On citera par exemple le fait que les élèves

auxquels sont dispensés ces enseignements sont souvent marginalisés par rapport aux autres. Par

ailleurs, beaucoup d' enfants d'origine étrangère sont nés en France et on peut se demander si cet

enseignement leur est réellement destiné. Enfin, les méthodes utilisées par les enseignants d'ELCO

sont souvent en contradiction avec celles pratiquées au sein de l'école ce qui pose problème.

Ces ELCO sont d'ailleurs en mutation puisque en 2001 Jack LANG proposait que les enseignements

de langue et de culture d'origine s'affaiblissent progressivement pour devenir des enseignements de

langue vivante étrangère...

Cette même circulaire du 25 juillet 1978 introduit également les termes d' « activités

interculturelles »: « Les maîtres étrangers, assurant des enseignements de langue nationale, pourront contribuer

à l'organisation d'activités interculturelles offertes à tous les enfants. (...) Dans le cadre d'activités intercultuelles

et autour d'une nationalité, on s'efforcera d'organiser des manifestations diverses (expositions de photographies, de

documents ou d'objets sur les aspects modernes et traditionnels de ces pays). »

Pour finir, cette circulaire prévoit la création de CEFISEM (Centre régionaux de Formation et d'

Information pour la Scolarisation d' Enfants de Migrants) qui ont pour vocation d' « accueillir pour des

réunions et stages (...) l'ensemble des personnels intervenant dans les écoles et particulièrement les maîtres français

des classes d'initiation et cours de rattrapage ainsi que les maîtres étrangers enseignant les langues nationales. »

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Ces CEFISEM sont devenus CASNAV (centre pour la scolarisation des nouveaux arrivants et des

enfants du voyage) en 2002. Leurs activités sont centrées sur « l'accompagnement et la scolarisation des

élèves nouvellement arrivés en France sans maîtrise suffisante de la langue française ou des apprentissages

scolaires ». (circulaire n° 2002-102 du 25 avril 2002)

Cette circulaire de 1978 est donc décisive pour l'éducation interculturelle puisque dorénavant

les élèves « porteurs de culture étrangère » sont reconnus comme tels au sein de l'école. Cette

circulaire permet donc la pédagogie interculturelle et plus que de la permettre, elle la recommande:

« Là ou tel est le cas, la présence au sein de l 'école même d'enfants venus d'ailleurs, qui baignent encore dans le

milieu familial porteur de traditions propres, offrira aux enseignants des occasions d'introduire dans les activités

le plus possible de témoignages des cultures qui sont ainsi à leur portée. » Ainsi, non seulement on reconnaît

désormais les autres cultures mais on en profite également pour les découvrir et partager cette

richesse.

Il faut cependant nuancer ces propos en précisant que la réalité n'est malheureusement pas celle des

textes. En effet, il n'est pas toujours évident d'accueillir dans sa classe un élève d'origine étrangère sans

moyens pédagogiques supplémentaires (concrètement, comment accueillir un élève ne parlant pas le

français dans sa classe lorsqu'il n'y a pas de place en CLIN disponible?). Il faut veiller également à ne

pas tomber dans les dérives comme par exemple faire travailler un élève d'origine africaine

exclusivement sur des livres ou des textes ayant rapport avec ses origines; cela l'enfermerait dans sa

culture et l'exclurait du groupe classe.

Quelles que soient les limites, l'interculturalité est institutionnellement reconnue comme élément

structurant positif pour l' enfant et l'éducation peut désormais être envisagée dans une perspective de

société interculturelle .

3. Son évolution au sein du système scolaire

Nous partirons là encore d'une citation de Françoise LORCERIE disant que « Les

argumentaires divergent sur la façon de combiner logique de l’égalité et prise en compte de la pluralité, mais ils

s’accordent sur la nécessité de le faire. (...) Le ministère français de l’Éducation s’est, quant à lui, placé – toutes

instances confondues – à l’écart de cette évolution. À dater de 1984, il retire le terme « interculturel » du discours

administratif ; les indications de travail des CEFISEM n’y feront désormais plus référence. Le mot est jugé

inopportun politiquement, de même que la voie de transformation qu’il désigne ; le ministère donne l’exclusivité

au principe républicain d’égalité.

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Or, la mise en évidence des discriminations ethniques par l’enquête statistique dans les années quatre-vingt-dix,

puis la reconnaissance officielle de leur existence par le gouvernement à l’automne 1998 ont changé la donne à

cet égard. Quoi que l’on pense du mot « interculturel », force est d’admettre au moins l’opportunité du débat sur

ce qu’il recouvre et le besoin de directives. »

Cette citation reflète l'évolution de l'interculturalité: le terme lui même n'apparaît plus dans le

discours officiel à dater de 1984 mais on peut cependant constater qu'il est bien présent au niveau de

la pédagogie.

En effet, la notion d'interculturalité va souvent apparaître dans les années 1980 sous d'autres thèmes.

C'est le cas par exemple de la « sensibilisation des élèves aux problèmes du tiers monde ». Dès 1981, dans le

BOEN du 23 avril, une note de service demande aux enseignants de « s'efforcer de rendre les élèves

conscients des points communs que ceux-ci ont avec les enfants du tiers monde et les liens étroits de solidarité qui

les unissent à eux.» De même, la note de service du 26 mai 1983 parle de « sensibilisation des élèves aux

problèmes du tiers monde et aux relations interculturelles . » Une nouvelle circulaire en 1983 précise qu'il

s'agit de « montrer aux élèves que la civilisation occidentale dans laquelle ils vivent n'est pas unique: leur faire

prendre conscience que peuvent exister d'autres formes de civilisation et de développement que celles de notre

société industrielle, et leur faire découvrir les richesses (...) provoquer la prise de conscience de l'interdépendance

qui nous lie aux pays du tiers monde et la nécessaire solidarité avec eux. »

De même pour l'éducation au développement: circulaire de 1985: « L'education au développement

concourt à la valorisation des différentes communautés et cultures issues des pays en voie de développement

présentes dans la société française et en particulier à l 'école. »

Ainsi, même si le terme exact d' « interculturalité » n'apparaît pas dans les instructions

officielles, la notion elle même est toujours présente de façon sous-jacente. Nous allons d'ailleurs nous

intéresser maintenant aux instructions officielles actuelles et voir dans quelle mesure l' éducation

interculturelle y est présente même si elle est mentionnée de façon implicite.

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C. La place de l'interculturalité dans les instructions officielles de 2002

Dans cette dernière partie nous allons étudier l'ensemble des programmes de l' éducation

nationale afin de voir si la notion d' interculturalité y apparaît et ce, dans les trois cycles. Comme

nous l'avons déjà précisé auparavant, nous ne trouverons pas une seule fois les termes exacts

« interculturalité » ou « interculturel » dans ces programmes mais nous relèverons des expressions ou

des situations y faisant référence. Par contre le mot « culture », dans le sens où il a été défini dans

l'introduction, apparaît plusieurs fois et c'est aussi cela qui va nous guider.

Avant de commencer cette recherche cycle par cycle, nous retiendrons une phrase du préambule qui

fait d'ores et déjà référence à notre thème d'étude. Cette phrase est la suivante: « Face à un public de

plus en plus divers (...), l'école doit, très tôt, prendre en compte et développer la pluralité et la diversité (...) »

Bien que les termes exacts ne soient pas employés, la notion même d'interculturalité a de grandes

chances d'être présente au sein des programmes scolaires puisqu'elle apparaît dès le préambule.

1. L'école maternelle

Dès l'école maternelle les programmes font référence à la découverte d'autres cultures et c'est

le cas essentiellement dans le domaine du « langage au coeur des apprentissages »:

-L'ouverture aux cultures étrangères apparaît évidemment dans la rubrique de la découverte

d'une langue étrangère ou régionale puisque l'élève est censé étudier la langue mais aussi la culture

qui s'y rapporte. Les instructions disent que l'élève « découvre certaines réalités et faits culturels du ou des

pays où la langue est en usage, concernant la vie d'enfants du même âge et en relation avec d'autres domaines du

programme ». De plus, « les langues parlées par les élèves dont le français n'est pas la langue maternelle sont

valorisées »

-dans la rubrique de la découverte de cultures orales on notera cette phrase: « On prendra soin

de ne pas oublier les traditions orales régionales ainsi que celles des aires culturelles des enfants étrangers ou

d'origine étrangère qui fréquentent l'école » Ce sera l'occasion par exemple de lire un conte issu de la

culture de l'élève ou encore de lire un ouvrage en français puis dans la langue d'origine de l'élève

présent en classe (par exemple Spot va à l'école et Spot goes to school).

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A travers l'apprentissage d'une langue étrangère l'élève accédera, dès l'école maternelle, à la découverte

de cultures différentes de la sienne. De plus, les élèves natifs de langue étrangère sont mis en avant.

Les instructions précisent par ailleurs que l'on peut travailler ces aspects culturels à travers d'autres

domaines. La découverte d'une culture étrangère peut par exemple être travaillée dans le domaine de

« la sensibilité, l'imagination, la création ». Les documents d'application des programmes la

sensibilité, l'imagination, la création nous donnent d'ailleurs des références que ce soit pour les arts

visuels (oeuvres de références classées par civilisations) ou l'écoute musicale (oeuvres de référence de

musiques du monde).

L'ouverture à une culture étrangère peut également se faire à travers la découverte du mode de

vie des enfants du même âge que ceux de la classe et ceci dans le cadre du domaine de la « découverte

du monde ». J'ai par exemple étudié lors de mon premier stage en responsabilité le mode de vie des

enfants en Afrique. Grâce à ces activités l'élève « découvre avec d'autres yeux le monde qui l'entoure ».

Enfin, dès la maternelle, l'élève doit apprendre à respecter des règles du « vivre ensemble » tels que:

« apprendre à éprouver sa liberté d'agir et construire des relations avec ses camarades comme avec les adultes. (...)

Il découvre qu'on peut apprendre non seulement à vivre avec d'autres, mais aussi à échanger et coopérer avec eux,

tout en construisant sa place au sein de la collectivité de la classe, ou même, de l'école. » L'enfant commence à

construire sa sociabilité et apprend à vivre avec les autres.

A travers ce relevé on se rend compte qu'il est donc possible de mettre en place dès le plus

jeune âge des activités interculturelles à l'école et ce, dans de nombreux domaines.

2. Le cycle 2

Au cycle 2, la notion d'interculturalité est plus présente que dans les programmes de l'école

maternelle c'est pourquoi nous allons détailler notre recherche en fonction des différents domaines

d'activités dans lesquelles elle figure:

a. Maîtrise du langage et de la langue française

« (…) l’habitude de fréquenter les livres devient progressivement une culture. Il importe que les oeuvres rencontrées

soient nombreuses et variées. (…). L’essentiel est que l’enfant découvre qu’une oeuvre peut être prise dans de

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multiples horizons d’interprétations, reliée à des r éférences culturelles variées , partagée avec ses camarades autant

qu’avec sa famille ou le maître. (…) ». Cet extrait montre que la formation d'une culture commune

permet de s'ouvrir sur les autres cultures et cette ouverture peut passer par la lecture d'oeuvres de

cultures différentes.

On pourra également souligner que les élèves du cycle 2 entre dans l'écriture. Cela peut être

l'occasion d'étudier les différentes écritures qui existent dans le monde. On pourrait envisager cette

étude à travers le livre Tour de terre en poésie qui propose des poésies dans leur langue d'origine et

traduites en français. On pourrait alors comparer les deux écritures de certains poèmes pour voir si

elles se ressembles, si elles ont des points communs et approcher ainsi l'étude de ces écritures. Il est

également possible de travailler à partir d'ouvrages tels que Le monde des alphabets qui nous

présente divers alphabets présents dans le monde (arabe, hébreu, japonais, grec...). Ces activités

permettent l'ouverture aux autres et également de se rendre compte que sa propre façon de vivre n'est

pas un modèle unique.

b. Vivre ensemble

De nombreuses références seraient ici à relever mais nous allons sélectionner celles qui

paraissent les plus importantes:

« (...) l’ouverture plus grande vers le monde extérieur permettent aux élèves de mieux comprendre ce qu’est la vie

collective et d’approfondir la signification des contraintes qu’elle impose. »

« En commençant à apprendre une langue nouvelle et la culture qu'elle exprime, l'élève de cycle 2 aborde une

manière différente de penser et de vivre, il s'éduque à l'altérité. »

« (…) L’école maternelle a déjà offert de nombreuses occasions de sortir de l’école et de s’ouvrir au monde. À

l’école élémentaire, la multiplicité des domaines de connaissances abordés, de la première éducation littéraire ou

artistique à la découverte du monde, permet d’amplifier cette ouverture et de la structurer. La rue, le quartier, la

commune sont des transitions normales avec des espaces plus lointains. (…) »

« montrer à la fois la richesse et la diversité des cultures du monde et l'unité de l'humanité, conduisant à de

premières formes de solidarités qui dépassent l'horizon étroit du groupe. »

À l’école, on s’ouvre progressivement au monde extérieur et à toute l’altérité qu’il renferme.

À travers cela, l'élève apprend également à respecter l'autre dans sa différence. La découverte d'autres

pays, d'autres continents, d'autres peuples dans cette discipline est l'occasion d' introduire ces

notions .

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c. Découverte du monde

« (…) Sous la conduite du maître, les élèves apprennent à identifier, au-delà de leur expérience immédiate, des

espaces nouveaux et de plus en plus éloignés. »

« (…) La diversité des réalités humaines dans l’espace et plus encore dans le temps peut être perçue, mais elle ne

devient que difficilement objet d’une connaissance formalisée et organisée. À cette étape intermédiaire, la

littérature et les arts visuels (voir documents d'application des programmes) restent les moyens les plus

efficaces de les appréhender. En contrepartie, leur rencontre contribue à l’éducation du regard et de la sensibilité.

(…) »

L'élève découvre la diversité des réalités humaines à travers des lieux, des époques différentes.

Il est confronté à l'altérité ce qui peut l'amener à réfléchir sur lui-même. Le fait de voir qu'on ne vit

pas de la même manière ailleurs amène à réfléchir sur sa propre façon de vivre. Ce fut par exemple le

cas lors de mon second stage en responsabilité où j'ai abordé la découverte de la culture française dans

une école espagnole au Portugal. Les élèves se sont en effet rendu compte que le mode de vie n'était

pas partout le même.

d. Langues étrangères ou régionales

« faire découvrir aux élèves l'altérité et la diversité linguistique et culturelle. »

« (…) Les élèves découvrent que l’on parle différentes langues dans leur environnement comme sur le territoire

national. Ils sont amenés à développer à leur égard une attitude de curiosité positive. »

« L 'élève découvre l'environnement matériel et culturel d'enfants du même âge dans les pays ou régions

concernées (...) modes de vie (...) communication non verbale. »

« Comparer des comportements non verbaux, des habitudes culinaires, des codes vestimentaires et la célébration

de fêtes dans différents pays permet de prendre conscience progressivement de la relativité des usages. »

Comme à l'école maternelle, l'apprentissage d'une langue étrangère est l'occasion de découvrir

une autre culture. Pour cela diverses activités sont possibles et de façon transversale: l'étude de contes,

la découverte du pays dans lequel la langue est parlée, l'audition de chants...

Lors de mon second stage en responsabilité, j'ai pu mettre en place une correspondance entre mes

élèves (d'origine espagnole pour la plupart) et des élèves français afin de communiquer dans la langue

étrangère mais aussi de leur faire découvrir (réciproquement) la culture du pays.

17

3.Le cycle 3

Les disciplines dans lesquelles la notion d'interculturalité apparaît sont les mêmes que pour le

cycle 2 et les objectifs sont souvent très proches. On la retrouvera dans les champs disciplinaires tels

que « la littérature », « langue étrangère ou régionale », « histoire et géographie », « éducation

musicale » et « arts visuels » mais c'est surtout dans le domaine de l' « éducation civique » qu'elle sera le

plus abordée.

En effet, c'est essentiellement dans cette discipline que la notion d' interculturalité apparaît au cycle 3.

Relevons simplement les phrases suivantes:

« (…) Sans une conscience claire des contraintes du « vivre ensemble », l’élève ne peut découvrir les horizons que

la confrontation avec autrui ouvre à chacun. (…)»

« (…) élargir sa réflexion aux autres collectivités : la commune, la nation, l’Europe et le monde. »

« les sciences expérimentales font mieux comprendre les différences entre garçons et filles, l'histoire et la géographie

ou les arts les différences culturelles. »

« l'attachement légitime à un groupe, un pays, une culture n'est donc pas incompatible avec l'ouverture au

monde. »

La découverte de cultures apparaît de manière transversale dans diverses disciplines et son étude

permet l'apprentissage de la vie en collectivité et notamment le respect et la compréhension de l'autre.

Au cycle 3, l'âge des élèves permet d'aller plus loin dans l'étude de cultures différentes et la

réflexion sur les comportements face à l'altérité peut elle aussi être plus poussée. On pourra d'ailleurs

organiser des débats (par exemple sur des thèmes controversés tels que le racisme) et pourquoi pas

des voyages scolaires afin de vivre pleinement la culture en cause.

Apparue dans les années 1970, l'interculturalité est donc un mouvement pédagogique visant à

reconnaître la pluralité culturelle au sein de l'école à travers la découverte de cultures étrangères.

Cette découverte vise également à transmettre aux élèves les valeurs de respect de la différence, de

tolérance envers autrui. Reste à connaître maintenant les enjeux de cette pédagogie au sein de l'école.

18

II. Les enjeux de l'interculturalité à l'école

Tout d'abord, je pense qu'il est important de rappeler que l'un des principaux enjeux de

l'interculturalité est la réussite scolaire des élèves « porteurs de culture minoritaire ». Comme le

souligne Bernard CHARLOT dans l'article Éducation et cultures paru dans le VEI Enjeux N°129,

« Une éducation qui ne prend pas en compte les racines de l'enfant le plonge dans des contradictions qui peuvent

entraîner un échec scolaire. ». En effet, il est compréhensible qu'un élève qui ne partage pas la même

culture, les mêmes codes (scolaires) que ses camarades de classe et que son enseignant puisse

rencontrer des difficultés lors de ses apprentissages. De plus, comme nous l'avons déjà évoqué

auparavant, pour se construire un enfant a besoin que ses racines, sa culture soient reconnues

positivement. Cependant, une prise en compte folklorique de leur culture minoritaire ne servirait

qu'à les enfermer dans des stéréotypes, sans gage d'efficacité pour réussir dans les apprentissages.

C'est la un des principaux enjeux de l'interculturalité, il y en a d'autres...

A. Les liens avec l'éducation à la citoyenneté

1. Qu'est ce que l'éducation à la citoyenneté?

a. Définition

Tout d'abord, la question que nous pouvons nous poser avant de commencer cette définition

est de savoir si l'éducation à la citoyenneté et l'éducation civique sont une seule et même chose.

Pour répondre à cette question, nous pouvons prendre appui sur une publication du Conseil de

l'Europe datant de 2000 intitulée Stratégies pour une éducation civique au niveau de

l'enseignement primaire et secondaire. Les auteurs semblent penser que l'éducation civique et

l'éducation à la citoyenneté sont liées puisqu'ils reprennent ces deux termes en apposition dans la

phrase: « Sous le terme général d'éducation civique, se dessinent au moins deux directions de travail à la fois

complémentaires et rivales. Il y a d'un côté l'éducation civique au sens strict du terme, l'éducation à la citoyenneté

et , de l'autre une demande plus large et plus confuse qui concerne les règles de la vie sociale: désigne un vaste et

complexe ensemble de valeurs, connaissances, de savoir-faire, de comportements attendus (...) »

On peut considérer qu' éducation civique et éducation à la citoyenneté ont le même sens.

19

Il va de soi que la définition de l'éducation à la citoyenneté peut également passer par les définitions

de citoyen et de citoyenneté.

Un citoyen est un individu qui relève de l'autorité et de la protection d'un État et qui, de ce fait, jouit

de tous les droits civiques reconnus aux membres de cet État, en même temps qu'il est tenu

d'accomplir un certain nombre de devoirs envers celui-ci et d'obéir aux lois en vigueur.

À partir de cela, nous pouvons dire que la citoyenneté au sens large est l'ensemble des droits et des

devoirs pour un individu à l'intérieur de la société dans laquelle il vit.

En définitive, l'éducation à la citoyenneté s'intéresse à l'ensemble des droits qu'ils soient

politiques, économiques, sociaux ou culturels. C'est l'apprentissage de tout ce que doit savoir un

individu pour devenir citoyen, pour s'insérer dans le monde des adultes, participer de façon raisonnée

à la vie collective. C'est à dire que cela passe par la connaissance des règles de la vie politique (les

droits, les obligations, les institutions), mais aussi par l'apprentissage de valeurs, de normes qui

fondent les relations entre les hommes dans notre société.

L'école a un grand rôle à jouer dans la formation du citoyen et pour nous en rendre compte, nous

allons étudier les programmes de l'école de 2002 concernant ce domaine d'activités.

b. La place dans les programmes de 2002

A l'école primaire, l'éducation à la citoyenneté se construit de manière progressive tout au long

des différents cycles et elle s'articule autour du « vivre ensemble » (de la maternelle au cycle 2) et de

« l'éducation civique » (au cycle 3).

« L’éducation civique implique, outre des connaissances simples et précises, des comportements et des attitudes.

Pour être solide et efficace, elle doit se construire, jusqu’à la fin du cycle 2, à partir du respect de soi et de l’autre,

dans la découverte progressive des contraintes du “vivre ensemble”. Ce n’est qu’au cycle 3 que l’élève commence

à prendre conscience de l’existence de valeurs civiques et acquiert, à partir des différentes disciplines, les premiers

savoirs susceptibles de nourrir sa réflexion et de mieux le préparer à être citoyen. ».

20

L'éducation à la citoyenneté à l'école primaire se construit donc à travers plusieurs axes:

-l'apprentissage de comportements et d'attitudes nécessaires au

bon déroulement de la vie en communauté (« adopter un comportement individuel qui tient compte des

apports et des contraintes de la vie collective », « respecter les règles de la vie commune (...) et appliquer (...)

quelques principes de vie collective »...)

-l'apprentissage de valeurs civiques (« en s'appuyant sur la

Déclaration des droits de l'homme et du citoyen »),

-l'apprentissage du rôle de citoyen (« les principaux symboles de la

nation et de la République »,« ce que signifie l'appartenance à une nation », « le rôle de l'idéal démocratique

dans notre société »...)

L'éducation à la citoyenneté est donc un apprentissage à la fois de valeurs et de

comportements qui permettent à chacun de vivre dans le respect des droits fondamentaux. C'est dans

ce sens que l' interculturalité est en lien avec l'éducation à la citoyenneté.

2. Les liens entre éducation interculturelle et éducation à la citoyenneté

Tandis que l'éducation civique a été, par le passé, un enseignement tourné vers l'acquisition

d'une nationalité, les changements qui ont eu lieu dans les dix dernières années et les phénomènes de

globalisation ont crée la nécessité d'une éducation à la citoyenneté qui tienne compte des différences,

de l'interdépendance, de la dimension internationale et interculturelle des problèmes dans une

optique multidimensionnelle. C'est aussi de ce point de vue que l'on peut dire qu'éducation à la

citoyenneté et interculturalité sont liés.

Par ailleurs, nous avons vu (dans la première partie pour l'interculturalité et dans la deuxième

partie pour l'éducation à la citoyenneté) que ces deux domaines d'activités poursuivent les mêmes

buts.

Dans son article L'éducation interculturelle et éducation à la citoyenneté paru dans le VEI Enjeux

n°129 de juin 2002, Fernand OUELLET constate la même chose et, pour le démontrer, il compare

les finalités de nos deux objets d'étude:

21

En effet, il définit les valeurs fondamentales de l' éducation interculturelle comme étant:

-l'ouverture à la diversité,

-l'égalité des chances et l'équité,

-la cohésion sociale.

Puis il définit celles de l'éducation à la citoyenneté:

-l'ouverture à la diversité,

-la cohésion sociale,

-la préservation de la vie sur la planète et le développement durable,

-la participation critique à la vie et à la délibération démocratique,

-l'égalité et l'équité.

Selon Fernand OUELLET, ces deux domaines d'activités ont des valeurs communes mais l'éducation

à la citoyenneté a des finalités plus larges.

Partant de cette observation, on peut imaginer certaines activités réalisables en classe avec

simultanément des objectifs relevant de l'éducation interculturelle et de l'éducation à la citoyenneté.

Ce serait le cas par exemple lorsqu'on aborde les problèmes de préjugés, de discrimination, de racisme

(objectif d'acceptation de la diversité), ou encore lorsque l'on parle de nationalisme, de libéralisme, de

démocratie pluraliste (objectif de la notion de la cohésion sociale) ou enfin lorsque l'on travaille sur

des sujets comme l'égalité des chances, l'exclusion, la discrimination positive et ses effets pervers, les

droits de l'homme et du citoyen (objectif d'égalité et d'équité).

L'interculturalité peut être un moyen de travailler également l'éducation à la citoyenneté dans

ce sens où toutes deux poursuivent des objectifs de comportements et l'acquisition de valeurs telles

que le respect d'autrui, la tolérance dans le but de vivre en société de façon harmonieuse.

22

B. Développer l'esprit critique

Le mot « critique » vient du grec « kritikos », qui signifie « capable de juger, de discerner ». Le terme

« esprit » sous-entend un état permanent, comparable dans une certaine mesure à un trait de caractère

qui ne s’efface pas. L’ « esprit critique » serait donc la tournure d’esprit propre à celui qui, dans

chacun des objets qu’il a la possibilité d’observer, doute, cherche à discerner le bien du mal, le vrai du

faux. L'esprit critique ne consiste pas à tout critiquer mais à tenir pour vrai uniquement ce que l'on a

vérifié.

« Bien plus qu'un simple contenu d'enseignement ou qu'une méthode plus ou moins nouvelle, l'optique

interculturelle est avant tout une discipline de communication qui permet d'activer les ressources critiques et

autocritiques de l'individu. » N. SMET et N. RASSON

1. Un travail sur les stéréotypes

Un stéréotype est une image figée simpliste que l'on rapporte à une catégorie de personnes, à

un groupe d'individus. Enracinés dans l'inconscient et dans l'imaginaire individuel et collectif, ils

remplissent des fonctions de sécurisation, de réduction de l'angoisse, de compensation mais ils sont

également utilisés négativement pour corroborer une idée reçue faisant obstacle à la connaissance

véritable.

Cette idée reçue est souvent due à une méconnaissance de l'autre. En effet, moins on possède de

connaissances sur l'autre, plus on a tendance à s'en faire une image qui n'est pas forcément le reflet de

la réalité. Ces préjugés deviennent souvent un obstacle à la communication et aux échanges entre

individus de cultures différentes et ils nous empêchent d'atteindre une connaissance objective des

autres cultures.

Le stéréotype est un jugement pré-construit, sans réflexion. La pédagogie interculturelle

souhaite modifier les stéréotypes éventuels des élèves en amenant la réflexion, les connaissances afin

de dépasser ce jugement. L'élève ayant ainsi « les cartes en main » pourra développer son esprit

critique et se faire sa propre opinion de l'autre.

De plus, des études sur les stéréotypes et les préjugés ont démontré l'importance des relations

23

intergroupales dans le dépassement de ces visions faussées, de ces perceptions. Or nous avons vu lors

de la définition de l'interculturalité que c'est un échange réciproque entre individus de cultures

différentes. Nous pouvons donc dire que le « mode de fonctionnement » même de l'interculturalité

(échanges entre groupes différents, aide à la connaissance, à la compréhension de l'autre) amène les

élèves à travailler sur leurs préjugés et à les faire évoluer.

C'est en dépassant leurs stéréotypes que les élèves vont développer leur esprit critique, leur réflexion.

Les élèves vont pouvoir mettre leurs croyances à distance par la confrontation à la réalité et non à une

image figée. Ils vont devoir être critiques par rapport à leur vision initiale face à la découverte de la

réalité.

Enfin, il faut dire que les stéréotypes sur les cultures différentes ne sont pas toujours positifs

(par exemple durant mon premier stage en responsabilité, lors du recueil des représentations initiales

des élèves en ce qui concerne l'Afrique, il s'est avéré que beaucoup d'entre eux s'imaginaient les

enfants africains sales, vivant dans des cases sans aucune hygiène...). L'interculturalité, en travaillant

sur les stéréotypes, aborde parfois des questions qui dérangent, des questions controversées comme

par exemple le racisme.

Dans L'école et le défi ethnique, Françoise LORCERIE aborde ce sujet et présente un résumé d' un

rapport sur l'éducation à la citoyenneté qui nous informe que souvent les questions controversées

sont évitées par les enseignants. Cependant ce texte nous donne deux bonnes raisons de les aborder

en classe. Ces raisons sont les suivantes: « D'abord, leur importance objective: les thèmes controversés sont des

problèmes majeurs d'aujourd'hui, ou bien ils ont une importance permanente (relations entre les peuples par

exemple) (...) Ensuite, laisser de côté les questions controversées c'est négliger l'essence même d'une véritable

éducation. (...) Ce sont ces qualités que développera l'examen de questions controversées: (...) l'empathie, la

capacité à raisonner au sujet des problèmes et à valoriser le respect de la vérité et de la preuve dans la défense des

opinions. »

Nous pouvons en conclure que le fait de parler de ces questions controversées en classe et de

ne pas éluder permettra également aux élèves de développer leur sens de l'esprit critique. D'ailleurs

l'organisation de débats sur ces sujets avec des élèves de fin de cycle 3 permettra de développer cet

esprit critique.

24

2. Un regard sur sa propre culture

«Qui ne connaît aucune langue étrangère ne connaît pas la sienne propre à fond ». GOETHE

Pour reprendre la citation de GOETHE, en la transposant au thème de la culture, on peut en

effet penser que quelqu'un qui n'a pas rencontré d'individus porteurs de culture étrangère à la sienne

ne se rend même pas compte que sa culture est une culture. C'est la prise de distance par rapport à sa

façon de vivre qui lui permettra de prendre conscience qu'il s'agit d'une culture. Seule la

reconnaissance de la différence culturelle de l'autre valide ma différence comme étant elle aussi

culturelle.

La découverte des autres cultures passe par une démarche de décentration par rapport à notre propre

culture. Nous définirons cette démarche comme le fait de se placer dans la perspective d'autrui. Il

s'agit d'une forme d'explication des démarches cognitives mais appliquées à autrui.

Cependant l'aptitude à la décentration n'est pas innée, elle nécessite un apprentissage systématisé et

objectivé car il n'est pas toujours évident de se placer du point de vue d'autrui, de jeter sur soi et son

groupe un regard extérieur. C'est en ayant ce regard extérieur que l'élève apprendra à relativiser son

propre système de références, à s'en distancer et donc à admettre l'existence d'autres perspectives.

Par ailleurs, en effectuant cette décentration, l'élève va sortir de ses habitudes, de ses automatismes et

il va s'interroger sur sa propre identité. Un point de vue différent remet en question notre vision du

monde que nous avons tendance à considérer comme une évidence, comme étant la seule possible.

De plus, l'aptitude à se mouvoir dans plusieurs mondes et selon plusieurs perspectives est une

nécessité de notre temps, sous peine d'atrophie de notre système de pensée et d'éducation.

C'est en plaçant son point de vue du côté de « l'autre » que l'élève va prendre de la distance par

rapport à tout ce qui, chez lui, lui paraît évident et c'est en faisant cela qu'il va être critique, qu'il va

prendre conscience de choses dont il n'avait pas conscience auparavant.

25

C. Vers une culture commune

« Si l'on cherche à réduire les inégalités, les injustices, les tensions raciales, ethniques, religieuses ou autres, le seul

objectif raisonnable, le seul objectif honorable, c'est d'oeuvrer pour que chaque citoyen soit traité comme un

citoyen à part entière, quelles que soient ses appartenances. » Amine MAALOUF

Je pars de la citation de Amine MAALOUF pour expliquer ce que j'entends par « culture

commune » en disant que c'est le caractère universel de l'humanité. En effet, tous les hommes sont

hommes et donc ils ont tous les mêmes droits qu'ils soient issus d'une culture ou d'une autre, d'une

origine ou d'une autre... Ce sont des êtres humains avec la dignité et le droit au respect que cela

implique.

« La différence n'est un droit que si elle est affirmée sur fond de similitude, d'universalité de l'être humain. »

C'est pourquoi l'interculturalité permet aussi de faire l'apprentissage de l'universalité de l'être humain

en lui même. À travers l'étude de cultures différentes, il est bon de faire apparaître le caractère

universel de tout homme par exemple par l'étude de la déclaration des droits de l'homme qui ne fait

pas de distinctions entre les hommes de cultures ou d'origines différentes (cycle 3). L'ouvrage

Education aux droits de l'homme de Richard FORTAT et Laurent LINTANF propose d'ailleurs des

activités et pistes de travail autour de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948

(version en langage simplifié).

Par ailleurs nous pourrons également parler de culture commune en étudiant des thèmes universels

comme par exemple les fêtes célébrées dans différents pays, la nourriture, le sport. Durant la période

précédent les fêtes de Noël il serait très intéressant de découvrir avec les enfants que Noël se fête

pratiquement partout dans le monde mais pas de la même façon. Pour cela il existe un livre intitulé

Noëls dans le monde de Sylviane DEGUNST et Olivier TALLEC qui nous présente les traditions

culturelles de nombreux pays en ce qui concerne les célébrations de Noël. Ainsi les élèves pourront

prendre conscience du fait qu'il existe quelque part une culture commune entre les peuples.

Par ailleurs, nous pourrons également parler de culture commune en mettant en évidence que

toute culture est le résultat d'un métissage culturel. Toute culture est le résultat de confrontations et

d'assimilations avec d'autres cultures. Afin de mettre en évidence ce caractère métissé de toute culture,

il est intéressant d'étudier par exemple les mots du dictionnaire français pour se rendre compte qu'un

26

certain nombre de ces mots sont d'origine étrangère. Là encore je fais référence à Education aux

droits de l'homme qui propose des activités sur ce thème (par exemple une liste de mots bien connus

des élèves qui sont tous d'origine étrangère) .

Ce phénomène de métissage culturel est appelé acculturation. On peut le définir comme étant un

processus par lequel un groupe humain acquiert de nouvelles valeurs culturelles au contact direct

d'un autre groupe humain. Le plus souvent, l'acculturation se fait par assimilation et implique

l'existence d'un groupe dominant auquel le groupe dominé emprunte ses modèles culturels. La

culture ne serait alors plus un héritage mais un résultat.

La dynamique acculturative est un processus normal d'évolution et d'adaptation et n'est en aucune

manière un processus de dégénérescence des cultures. Elle témoigne au contraire du dynamisme

inhérent à tout groupe social car « c'est l'acculturation qui transforme les sociétés fermées en sociétés ouvertes:

la rencontre des civilisations, leurs métissages, leurs interpénétrations sont facteurs de progrès. » selon Martine

ABDALLAH - PRETCEILLE dans L'éducation interculturelle.

Les théories concernant l'éducation interculturelle font apparaître l'idée de créer une culture

commune qui ne soit plus comme précédemment fondée sur le seul idéal républicain mais enrichie

de toutes les cultures en présence. On se rend compte ici en quoi le contact avec des cultures

étrangères peut être une richesse.

Nous pouvons dire que tous les enjeux de l'interculturalité cités ci-dessus ont un rapport avec

l'éducation à la citoyenneté. En effet, la formation de l'esprit critique permettra à l'élève de prendre

des décisions de façon raisonnée au sein de la société. De même, le fait de prendre conscience du

caractère universel de l'homme entraîne les notions de respect et de tolérance puisque nous sommes

tous égaux.... Il apparaît que, effectivement, l'interculturalité poursuit des objectifs qui se recoupent

avec ceux de l'éducation à la citoyenneté. Dans ce cas nous pouvons dire que l'interculturalité est au

service de l'éducation à la citoyenneté.

A présent, nous allons voir comment il est possible de mettre en place des activités à visées

interculturelles au sein d'une classe dans le but de respecter ces enjeux.

27

III. L'interculturalité en pratique

A. Stage R1 : découverte de la culture africaine en maternelle

1. Contexte

Mon premier stage en responsabilité s'est déroulé du lundi 21 novembre au samedi 10

décembre 2005 dans l'école maternelle de Villers-les-pots, village situé à une trentaine de kilomètres

de Dijon et à quelques kilomètres d' Auxonne.

J'avais en charge la classe des moyens grands composée de 11 élèves de moyenne section et 12 élèves

de grande section. Tous ces élèves étaient d'origine française sauf deux ayant des origines (grands

parents) portugaises. En effet, dans cette école en milieu rural il y a peu de familles d'origine étrangère

et les élèves ont donc peu de contacts avec des cultures différentes de la leur.

Dans ce contexte, l'interculturalité ne peut évidement pas être envisagée comme un échange

réciproque entre cultures différentes mais plutôt sous la forme de la sensibilisation à une autre

culture, d'ouverture à l'altérité. Mon projet autour de ce thème se réalisera essentiellement avec les

élèves de grande section du fait de l'emploi du temps séparé des deux niveaux l'après-midi

(décloisonnement).

2. Activités

J'ai choisi de travailler sur la culture africaine pour deux raisons: tout d'abord pour mon

attachement à celle-ci car c'est une culture différente de la nôtre et elle peut nous amener à réfléchir

davantage à notre mode de vie, mais également parce qu 'elle offre de nombreux axes et supports de

travail différents .

En effet, à travers ce thème j'ai pu travailler avec les élèves dans de nombreux domaines: « langage au

coeur des apprentissages », « vivre ensemble », « agir et s'exprimer avec son corps », « découvrir le

monde », « la sensibilité, l'imagination, la création » et ainsi respecter les objectifs fixés par les

instructions officielles. De plus, l'étude de cette culture peut se faire grâce à de nombreux supports

tels que les albums, des livres documentaires, des chants, des oeuvres d'art...

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Je vais vous présenter les diverses activités mises en place lors de ce stage et pour chacune je

rappellerai les objectifs poursuivis. Ces objectifs sont ceux qui sont propres au domaine d'activités. Par

contre les objectifs transversaux propres à l'interculturalité seront les mêmes tout au long des activités:

-la découverte de la culture africaine: les points communs, les différences, les

« richesses »,

-l'ouverture à l'altérité,

-la sensibilisation aux notions de respect de la différence et de tolérance.

a. Introduction du thème de l'Afrique

Afin d'entrer dans l'activité de façon ludique, j'ai décidé d'être accompagnée pendant mon

stage d'une alliée pour m'aider à faire découvrir l'Afrique. Cette alliée était une poupée de chiffon de

couleur noire prénommée Lala. Elle est arrivée avec moi le premier jour de classe et a permis le

premier échange autour du thème de l'Afrique. Les élèves, curieux de cette nouvelle venue, lui

posaient des questions de façon indirecte, c'est à dire en passant par moi (évidement Lala étant

Africaine, elle ne parlait pas notre langue).

Ils ont commencé par lui demander comment elle s'appelait puis ce qu'elle venait faire dans leur

classe et un échange s'est instauré entre les élèves et Lala (moi), ce qui fut également l'occasion de

travailler la maîtrise du langage oral. A travers cet échange, les élèves ont donc appris que cette

poupée s'appelait Lala, qu'elle venait d'Afrique et qu'elle était dans la classe avec moi pour nous faire

découvrir ce continent. Elle était munie d'un petit sac dans lequel elle allait nous ramener des objets,

des livres racontant son origine et sa culture.

Je pense que cette entrée dans l'étude de la culture africaine m'a beaucoup aidée car les élèves

se sont pris d'affection pour la poupée et ils étaient vraiment intéressés de savoir comment on vivait

dans son pays.

b. Le langage au coeur des apprentissage: lectures d'albums

Au cours de ce stage j'ai eu l'occasion de lire beaucoup d'albums aux élèves sur le thème de

l'Afrique pour plusieurs raisons:

-tout d'abord, du fait de la grande variété des albums sur ce sujet,

-puis parce que cela intéressait beaucoup les élèves,

-enfin et surtout car ces lectures introduisaient d'autres activités autour de l'album.

Évidement à chaque fois c'était Lala qui nous avait apporté le livre pour nous le faire découvrir...

29

Les objectifs propres à la maîtrise du langage étaient les suivants:

– « comprendre une histoire adaptée à son âge et le manifester en reformulant dans ses propres mots la

trame narrative de l'histoire »,

– « identifier les personnages d'une histoire, les caractériser physiquement et moralement, les dessiner »,

– « participer à un échange collectif en acceptant d'écouter autrui, en attendant son tour de parole et

en restant dans le propos de l'échange ».

Voici quelques exemples des albums lus en classe et les activités qui ont suivi:

*Un bébé tombé du ciel de HELLINQS - JACOBS

Cet album raconte la naissance d'un girafeau. À travers la lecture de cet album nous rencontrons

également d'autres animaux qui n'existent pas dans notre pays: zèbres, autruches, éléphants, lionnes.

De plus, à la fin du livre, il y a un petit documentaire sur les girafes.

Cette lecture a été l'occasion de parler des animaux qui existent en Afrique et pas dans notre pays.

Nous sommes donc revenus sur la lecture sous forme de questionnement: De quels animaux avons

nous parlé dans cet album? Est ce que ces animaux existent dans notre pays? Quels autres animaux

peut on trouver dans ce pays?...

Cette lecture ( et également celle de Y a-t-il des ours en Afrique? de Satomi ICHIKAWA qui nous

présente également des animaux d'Afrique ) fut à l'origine d'un travail sur la faune sauvage.

*Aujourd'hui au Sénégal de Fabrice HERVIEU-WANE, Aurélia FRONTY et Florent SILLORAY

Ce livre est en quelque sorte un documentaire pour enfants. Il nous présente la vie d'un enfant

sénégalais: où il habite, ce qu'il mange, ses loisirs, son école, la musique, les vêtements...

Cela nous a permis d'étudier le mode de vie africain, de comparer celui-ci au nôtre. Cependant cela

permet aussi de travailler sur les préjugés que les élèves ont sur le mode de vie des enfants africains de

leur âge.

Beaucoup d'autres albums étudiés nous présentaient également le mode de vie africain, mais de façon

moins directe. Ce fut le cas par exemple lors de la lecture de Baobonbon de Satomi ICHAKAWA.

Au cours de la lecture on découvre le héros, ses vêtements, son « mode de transport » (il se déplace à

pieds)... Beaucoup de détails qui seront repris à l'oral ensuite.

La lecture de Les couleurs de la pluie de Jeanette WINTER et Anne KRIEF nous a permis de parler

du climat africain et de ses conséquences ainsi que de traditions différentes des nôtres.

Les lectures effectuées au coin-regroupement se faisaient avec le groupe classe ( moyens et

grands ). Elles ont été très instructives et nous ont beaucoup servi pour d'autres activités.

30

c. Découverte du monde

Les objectifs qui ont été visés dans ce domaine d'activités sont les suivants :

- « reconnaître les manifestations de la vie animale et végétale, les relier à de grandes fonctions:

croissance, nutrition, locomotion, reproduction »,

- « s'intéresser à des espaces inconnus découverts par des documentaires ».

*Découverte de la faune Africaine (Annexe 1)

Une autre manière de découvrir l'Afrique de façon ludique avec les élèves c'est de passer par

l'étude des animaux qui y vivent. En effet, les élèves de cet âge sont souvent fascinés par les animaux

sauvages.

La maîtresse titulaire de la classe avait déjà travaillé sur des animaux et avait constitué un classeur

regroupant les fiches d'identité d'animaux qu'ils avaient eux-mêmes réalisées. Pour ce faire, les élèves

disposaient:

•d'une fiche d'identité vierge sur laquelle était inscrit le nom de l'animal à étudier

ainsi qu'une photo de celui-ci et les questions suivantes:

-Comment est-il ?(description physique)

-Où vit-il ? Comment vit-il ?

-Comment se déplace-t-il ?

-Que mange-t-il?

-Comment se reproduit-il ? (la femelle porte le bébé dans le

ventre, elle pond un oeuf...)

•de vignettes apportant les réponses à ces questions.

Enfin, les élèves avaient des livres documentaires, des albums et leurs connaissances personnelles

pour répondre à ces questions.

Pour mon travail sur la faune sauvage africaine, j'ai donc repris son fonctionnement qui me paraissait

très intéressant à exploiter et avait pour avantage d'être connu des élèves.

Le point de départ de cette séquence était, comme nous l'avons vu, la lecture d'un album qui

nous faisait découvrir les animaux vivant en Afrique. À partir de là s'engageait une discussion avec les

élèves pour tenter de faire le point sur ce que nous savions puis nous rappelions les questions posées

par la fiche d'identité d'un animal. Ensuite, les élèves étaient partagés en 4 groupes et chaque groupe

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devait travailler sur un animal de la faune africaine (éléphant, girafe, lion, zèbre). Chaque groupe

disposait :

-d'une fiche d'identité vierge de l'animal à étudier,

-des vignettes à découper correspondants aux réponses,

-de livres lui permettant de trouver les réponses aux questions,

-de ciseaux et de bâtons de colle.

Les élèves ont donc effectué, par groupes, les recherches nécessaires à la réalisation de ces

fiches d'identité et ils ont collé les vignettes réponses. A la fin de la séance, chaque groupe devait

présenter l'animal étudié aux autres groupes. Les fiches d'identité ont ensuite été placées dans le

classeur rangé dans le coin bibliothèque de la classe. De cette manière tous les élèves de la classe y

avaient libre accès. Après cette activité, ils connaissent mieux des animaux qu'ils n'ont, pour la

plupart, jamais vus.

*le mode de vie africain

A travers toutes les lectures effectuées en classe, les élèves avaient déjà retenu certains traits

caractéristiques des habitants du continent africain. Nous sommes donc revenus sur ce thème lors

d'une séance spécialement dédiée au mode de vie africain. Ensemble, nous nous sommes rappelé ce

que nous avions appris sur l'habitat, les vêtements, la nourriture, les habitudes des Africains.

Ce fut également l'occasion de travailler sur les stéréotypes que les élèves avaient sur l'Afrique lors de

séances de langage. Par exemple, au cours de ce travail, nous nous sommes rendu compte que les

petits Africains ne vivent pas tous dans des cases ou qu'ils n'ont pas tous la peau noire et ce n'était pas

forcément l'idée qu'ils avaient.

Ensuite, nous avons réalisé, à l'aide de la dictée à l'adulte, un panneau d'affichage illustré reprenant

toutes ces connaissances. Ce panneau a ensuite été expliqué aux élèves de moyenne section lorsqu'ils

sont revenus du décloisonnement.

d. La sensibilté, l'imagination, la création: découverte de l'art africain

*La voix et l'écoute

Objectifs des activités réalisées dans ce domaine dans le cadre de l'initiation à l'interculturalité:

- « mémoriser une comptine »,

- « repérer et reproduire des formules rythmiques simples corporellement ou avec des instruments »,

- « écouter un extrait musical ou une production, puis s'exprimer et dialoguer avec les autres pour donner

ses impressions ».

32

Ces activités étaient également l'occasion d'écouter des oeuvres musicales issues d'une culture

différente. ( voir documents d'application la sensibilité, l'imagination, la création)

Mon premier stage en responsabilité aura également été l'occasion de découvrir la culture

musicale africaine à travers l'écoute de musiques et de chants issus de cette culture.

Nous avons commencé notre découverte par l'apprentissage d'une comptine africaine issue de

Comptines et berceuses du baobab. J'ai choisi la comptine intitulée « Uélé molibà màkàsi » car le

refrain était facile à retenir mais aussi car elle a beaucoup plu aux élèves. De plus, elle m'a permis un

véritable travail d'écoute. En effet, j'ai demandé aux élèves d'écouter une première fois cette comptine,

attentivement. Les élèves ont exprimé leurs réactions et lors de la seconde écoute, je leur ai demandé

de me dire si plusieurs personnes chantaient, si c'était toujours la même personne, si c'était un

adulte... Puis je leur ai demandé s'ils comprenaient les paroles de cette chanson. Nous en avons déduit

que ce n'était pas en français mais en africain puisque c'était Lala qui nous avait apporté cette

comptine. Enfin, j'ai demandé aux élèves de relever les sons qu'ils reconnaissent à l'écoute de cette

comptine car derrière le chant lui même, on pouvait entendre le bruit de l'eau, des oiseaux et à partir

de cela, nous avons essayé de deviner le thème de la chanson. Grâce à la traduction de la comptine,

j'ai pu confirmer ou non les hypothèses formulées.

Par la suite, nous avons écouté d'autres comptines mais sans les apprendre cette fois.

A part cela, nous avons écouté des chants Africains de Rokia TRAORÉ, des percussions

(Guem et Zaka percussions) et nous avons découvert des instruments de musique d'origine africaine

(Annexe 2). J'ai eu la chance de réaliser mon stage dans une école qui possédait une petite collection

d'instruments de musique d'origine africaine que j'ai pu compléter avec mes propres instruments. Là

encore ce fut une motivation supplémentaire pour les élèves car cela leur permettait de manipuler de

vrais instruments. Certains de ces instruments (les maracasses et le djembé) étaient déjà connus par

les enfants.

Nous avons commencé par observer les instruments et en faire la description: en quoi sont-ils faits ?,

quels matériaux ?, quelle taille ?, quelle forme ? (...) Les élèves les ont ensuite essayés afin d'observer les

sons produits. Ces sons seront également décrits (aigu, résonnant, « comme une guitare »...) Ces

informations nous ont ensuite servi pour tenter de reproduire certaines musiques écoutées

précédemment. Pour ce faire, nous avons comparé les sons entendus dans l'enregistrement et les sons

produits par les instruments essayés et nous avons également travaillé sur le rythme lui-même.

33

Toutes ces activités ont beaucoup plu aux élèves qui ont découvert de nouveaux sons, de

nouveaux rythmes et qui se sont pris au jeu d'imiter les musiciens. Par ailleurs, en prolongement de

ces séances, les élèves, dans le cadre d'activités de motricité, ont été invités à se déplacer sur ces

musiques, à suivre le rythme ce qu'ils ont également beaucoup apprécié ( Objectif: « s'exprimer de façon

libre ou en suivant un rythme simple » ).

*le regard et le geste

Objectifs visés:

- « dire ce qu'on voit, ce qu'on fait ce qu'on ressent »,

- « adapter son geste aux contraintes matérielles »,

- « tirer parti des ressources expressives d'un procédé et d'un matériau donné ».

Et à travers tout cela, dans le cadre de l'interculturalité, les activités visaient à « ouvrir à la diversité des

expressions artistiques, des techniques, des formes et aux cultures du monde ». ( voir documents d'application

la sensibilité, l'imagination, la création)

Deux activités importantes ont été réalisées dans ce domaine en rapport avec la culture

africaine. Tout d'abord, nous avons travaillé à partir de masques africains que Lala nous avait

rapportés. Dans un premier temps, j'ai expliqué aux élèves que les masques avaient une part

importante dans la culture africaine traditionnelle et qu'ils se fabriquaient toujours aujourd'hui.

Ensuite nous avons observé les masques et nous avons essayé d'en faire une description assez précise

(matières, formes, taille, couleurs...). Puis nous nous sommes demandé, avec l'aide de l'ATSEM,

comment nous pourrions réaliser des masques à notre façon car il paraissait évident que nous ne

pourrions pas les réaliser en bois. Il nous est apparu que l'argile nous permettait de les fabriquer

facilement. De plus, elle apportait une couleur proche des masques étudiés.

Nous avons donc réalisé des masques africains en argile (Annexe 3).

Ensuite nous avons travaillé à partir de reproductions de tableaux africains que nous avons

d'abord observés et décrits (couleurs, formes, découpage en plans...) . Avant d'essayer de les réaliser,

nous avons défini ensemble les modalités de cette réalisation: les étapes, les matériaux en fonction des

remarques faites préalablement. Dans un premier temps, les élèves ont donc dessiné au crayon de

papier les personnages à la manière dont cela était fait sur les reproductions (de très grands

personnages, très effilés) puis ils ont partagé leur feuille en deux par un trait horizontal. Une fois ces

étapes réalisées, les élèves devaient repasser sur les traits avec un coton tige imbibé de peinture noire

en essayant de ne pas faire de trop gros traits et en restant le plus fidèle possible à leur premier dessin.

34

Dans une deuxième séance, les élèves disposaient de couleurs d'encre variées (rouge, rose, orange, vert

et bleu). Chaque élève choisissait deux couleurs et il devait peindre délicatement en fonction du trait

horizontal tracé dans la séance précédente (une couleur au dessus de la ligne, l'autre en dessous).

Les peintures ont été très bien réussies et ont enthousiasmé les élèves.(Annexe 4)

e. Affichages (Annexe 5)

Les connaissances acquises lors de cette découverte de la culture africaine ont été mises à

l'écrit afin de les afficher pour en faire profiter tout le monde (élèves de moyenne section et même de

petite section ainsi que les parents).

Ces affichages ont été réalisés sous forme de dictée à l'adulte au coin-regroupement. Les élèves

dictaient, reformulaient (avec mon aide) afin d'expliquer ce qu'ils avaient appris sur un thème propre

à la culture africaine (instruments de musique, faune, vêtements...). Ces affichages étaient, aussi

souvent que possible accompagnés de dessins, de photos pour les rendre plus accessibles aux plus

petits.

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B. Stage R2 : l'interculturalité dans une école espagnole au Portugal et la

découverte de la culture française.

1. Contexte

Grâce aux échanges internationaux de l'IUFM, j'ai eu l'occasion de réaliser mon second stage

en responsabilité à Lisbonne dans une école espagnole. Cet établissement regroupe la maternelle,

l'élémentaire ainsi que le collège et le lycée, ce qui explique le nombre important d'élèves (environ

1100 élèves dont 700 pour le primaire). La plupart des élèves qui fréquentent cet « instituto » sont

espagnols ou ont des origines espagnoles (grands parents, parents, un des deux parents...). Il y a aussi

beaucoup d'élèves portugais n'ayant aucune origine espagnole mais qui sont inscrits dans cet

établissement pour des raisons de proximité ou de « prestige ». Il faut savoir que les élèves ayant la

nationalité ou des origines espagnoles ne payent pas de droits d'inscription pour suivre les cours dans

cette école ce qui n'est pas le cas pour les Portugais. Les parents des élèves scolarisés à « Giner de los

rios » ont souvent des professions qui les amènent à voyager et c'est pourquoi, outre des Portugais et

des Espagnols, on trouve beaucoup d'autres nationalités.

La classe dans laquelle j'ai effectué mon stage était un « segundo », ce qui correspond en France à un

CE2. Elle était composée de 27 élèves de 8 et 9 ans originaires de différents pays: l'Espagne et le

Portugal bien sûr mais également Cuba, Russie, Belgique, le Cap Vert, Venezuela, Chili, Brésil et

Maroc. L'interculturalité s'imposait d'elle même puisque c'était une des caractéristiques spécifiques de

cette classe.

Par ailleurs, durant les heures libérées (heures d'éducation physique, de musique, de portugais ou

encore de religion), je donnais les cours de français à des élèves de niveaux différents.

Cependant ce stage n'était pas réellement un stage en responsabilité. En effet, j'ai passé la

première semaine à observer la classe et ses habitudes. La deuxième semaine, j'ai pris la classe de façon

progressive pour être enfin en responsabilité totale la dernière semaine. Dans ces conditions, il m'a

été plus difficile de mettre en place des activités visant à atteindre mes objectifs interculturels d'autant

plus que l'enseignante que je remplaçais avait une programmation bien établie à respecter, ce qui a

entraîné un manque de libertés pour réaliser ce projet.

Je vais maintenant vous présenter les quelques activités que j'ai pu mettre en place et celles que

j'aurais aimé réaliser si j'en avais eu l'opportunité.

36

2. Activités

a. L'interculturalité au sein de la classe

Comme je l'ai précisé auparavant, la classe dans laquelle j'ai effectué mon deuxième stage en

responsabilité avait des prédispositions pour une pédagogie interculturelle. En effet, beaucoup de

cultures différentes se côtoient tous les jours et sans s'en rendre compte les élèves apprennent

mutuellement au contact des uns et des autres.

Mes objectifs dans ce cadre étaient:

-de faire prendre conscience aux élèves qu'ils appartenaient à des cultures différentes.

(En effet, j'ai pu observer que les élèves ne se rendaient pas forcément compte ni des différences et

ressemblances qu'ils avaient entre eux, ni des avantages qu'ils pouvaient en tirer),

-la sensibilisation aux notions de respect de la différence et de tolérance,

-prendre du recul face à sa propre culture.

De façon habituelle d'abord, les élèves pouvaient se familiariser avec deux langues à la fois

puisque les cours étaient donnés en espagnol et par ailleurs la plupart d'entre eux parlait portugais en

famille. A de nombreuses reprises, certains mots portugais étaient dits à la place du mot espagnol ce

qui donnait l'occasion de donner la bonne traduction, de réfléchir ensemble pour savoir si ce mot

était portugais ou espagnol, comment on pouvait le traduire. Cet aspect de l'enseignement est très

enrichissant car au final, à huit ans, ces élèves sont pratiquement bilingues et réussissent à passer

d'une langue à une autre avec facilité. Rappelons que la langue est le premier vecteur de la culture...

Un autre jour, lors de ma période d'observation, j'ai assisté à l'anniversaire d'un élève de la classe. Ce

fut l'occasion, comme à l'habitude, de lui chanter un joyeux anniversaire en espagnol, en portugais, en

français, en arabe, en anglais et en brésilien (langues parlées par certains enfants de la classe). À

travers ce moment de joie, les enfants pouvaient se rendre compte du caractère universel de la

célébration d'anniversaires: tout le monde chante la chanson, la seule chose qui change c'est la

langue...

37

A part ces quelques observations du quotidien de la classe, quelques activités m'ont permis de

mettre en évidence leurs différences et ressemblances par rapport à leur culture.

Ma première séance faisait suite à un travail de réflexion sur le respect d'autrui (après lecture d'un

texte qui avait pour sujet un petit garçon qui ne respectait pas ses camarades à cause de leur

différences physiques). Lors de cette première séance, nous nous sommes tout d'abord demandé ce

que pouvait être la culture (hypothèses formulées puis recherche dans le dictionnaire). Nous avons

essayé de savoir si toutes les cultures vivaient de la même façon en donnant des exemples

(essentiellement basés sur l'Espagne et le Portugal). Nous en avons conclu qu'il existe des cultures

différentes qui entraînent des façons de vivre différentes partout dans le monde. Pour terminer cette

séance, j'ai demandé aux élèves de faire des recherches sur leur propre culture et de nous rapporter

des objets ou des récits tout simplement pour nous en faire part (en insistant sur les différences et les

ressemblances par rapport à la culture espagnole notamment).

Lors de la deuxième séance, nous avons écouté les récits d'élèves ayant trouvé des éléments de leur

culture à nous montrer ou à nous raconter. C'est ainsi que nous avons découvert la façon dont vivent

les Cap-Verdiens à travers des dessins et un récit (Annexe 6), des jeux traditionnels d'Asturies, des

recettes typiques françaises, des instruments de musique cubains, la façon dont les marocains

célèbrent le mariage... Ce moment a beaucoup plu aux élèves car ils se sont rendu compte que leurs

camarades ne vivaient pas forcément tous de la même manière, qu'ils avaient parfois des traditions

qui leur étaient inconnues mais que cela ne les empêchait pas de vivre ensemble au quotidien. C'est

d'ailleurs sur ce point que nous sommes revenus ensuite. Nous avons conclu que certains d'entre eux

avaient des origines culturelles différentes à respecter puisque aucune des cultures dont nous avons

parlé n'était inférieure ou supérieure à d'autres. Elles sont simplement différentes.

A la suite de ce travail, je souhaitais leur faire découvrir à mon tour la culture français mais je

n'en ai malheureusement pas eu le temps. J'avais envisagé d'étudier, entre autres, Le petit chaperon

rouge avec eux puisque la traduction espagnole existe, et j'avais aussi l'intention de leur faire

découvrir la façon dont les petits Français célèbrent les fêtes de Pâques puisque nous étions proches

de cette période.

38

b. La découverte de la culture française

Pendant ce stage, j'ai eu également l'occasion d'enseigner le français à deux groupes d'élèves. Je

dis « groupes » car on ne peut pas considérer que 3 et 4 élèves soient des classes entières n'est-ce pas ?

En effet, je donnais des cours à 3 élèves de « segundo » et également à 4 élèves de « sexto » (équivalent

de notre sixième en France). Mes objectifs dans le cadre des cours de français étaient les suivants:

-découvrir la culture française à travers l'étude de la langue,

-prendre conscience de points communs et des différences entre culture espagnole

et culture française,

--la sensibilisation aux notions de respect de la différence et de tolérance.

Le premier groupe étudiait le français depuis seulement un an et demi et avait toujours un

niveau débutant ce qui ne m'a pas aidée à trouver des activités pertinentes dans la découverte de la

culture française. De plus, les élèves étaient malheureusement peu motivés par l'étude de notre langue

et je n'avais cours avec eux qu'une heure par semaine. Cependant j'ai tout de même pu leur faire

découvrir le déroulement d'une journée d'un écolier français et le comparer au déroulement de leur

journée à eux. (Annexe 7). Cela les a surpris d'apprendre par exemple que les petits Français ne vont

pas à l'école le mercredi ou qu'ils n'ont qu'un seul enseignant pour toutes les matières. A travers cet

exercice, j'ai souhaité mettre en évidence que tous les enfants ne vivent pas de la même manière dans

le monde. Cela leur permet de prendre du recul face à leur propre mode de vie.

Lors de la dernière séance, nous avons écouté et appris une comptine du répertoire traditionnel

français: gentil coquelicot qui est facile à apprendre car les phrases se répètent deux fois.

Le travail réalisé avec cette classe n'a pas été très approfondi mais les horaires ne me permettaient

guère plus.

Le second groupe que j'avais en cours de français était plus âgé et ils apprenaient le français

depuis 5 ans et demi ce qui m'a permis de réaliser plus de choses (même si leur niveau ne reflétait

malheureusement pas leurs 5 années d'études). De plus, j'avais cours avec eux 3 heures par semaine.

Mon objectif était, là aussi, de leur faire découvrir la culture française et pour cela j'ai eu l'idée de

mettre en place une correspondance avec des élèves français. Ce projet a pu être réalisé car une

collègue en stage en France faisait découvrir à ses élèves la culture espagnole et souhaitait également

correspondre avec nous.

C'est donc à travers cette correspondance que les élèves ont appris quelques notions sur la culture

française et notamment sur la vie des petits Français.(Annexe 8) Comme pour les élèves du groupe

39

de « segundo », ils ont été surpris d'apprendre que les élèves en France ne vont pas à l'école le

mercredi et qu'ils ont un enseignant pour toutes les matières. Ils ont par ailleurs pu découvrir les

loisirs de leurs correspondants français qui ne sont pas forcément les mêmes que les leurs. Cette

activité a été très intéressante car elle permettait de travailler la langue, la culture et également elle

mettait en oeuvre les apprentissages en TICE.

Cependant cela nous a pris beaucoup de temps car il fallait à chaque fois lire le message reçu,

préparer la réponse et la taper à l'ordinateur ce qui nous laissait peu de temps pour le reste. En effet,

j'avais prévu d'autres activités qui n'ont pas pu se réaliser comme par exemple, l'apprentissage d'une

chanson en français ou l'étude de fêtes traditionnelles françaises (traditionnelles dans le sens de la

façon de les célébrer ) en commençant par Pâques.

C. Bilan

Lors de ces diverses expériences, j'ai pu atteindre certains objectifs que je m'étais fixés.

L'objectif principal de mon projet sur l'interculturalité était de faire découvrir aux élèves les richesses

que peuvent nous apporter les contacts avec des cultures différentes de la nôtre, richesses

intellectuelles (connaissances à propos de l'art, la langue, la géographie...) mais aussi morales

(ouverture à l'altérité, respect de la différence, tolérance...). Je pense que ce sont davantage les

objectifs de comportements, la transmission de valeurs que j'ai voulu privilégier car à travers la

découverte de la culture africaine ou de la culture française j'ai voulu amener les élèves à réfléchir à

leur façon de penser, à leur façon de vivre.

Il est cependant important de noter que l'évaluation de la réalisation ou non de ces objectifs n'est pas

chose facile. En effet, il est difficile d'évaluer si le comportement ou la façon de penser d'un élève à

évolué au cours de la séquence. Durant mon second stage en responsabilité, s'est présenté le sujet du

racisme car une des élèves de la classe était noire et elle se plaignait de réflexions racistes à son égard.

Un débat s'est alors instauré entre les élèves sur les raisons d'un tel comportement. Les élèves en sont

arrivés à donner des arguments contre le racisme (en disant par exemple que nous sommes tous égaux

peu importe notre couleur de peau...). Mais alors, comment savoir si ce débat a fait évoluer les

mentalités des élèves ?

Par ailleurs, au cours de mon premier stage en responsabilité, j'ai pu évaluer l'évolution des

stéréotypes des élèves car j'ai remarqué que leurs représentations initiales avaient changé puisqu'au

40

départ ils pensaient par exemple que tous les africains étaient noirs et ils ont appris à réviser leur

jugement. On peut donc dire que leur vision a changé.

Enfin, je pense que lors des deux stages, les élèves ont été amené à effectuer un travail de décentration

par rapport à leur propre culture. Que ce soit en découvrant la culture africaine, la culture française,

les différentes cultures des camarades de classe, les élèves se sont rendu compte non seulement que

leur façon de vivre n'était pas une évidence, que tout le monde ne vit pas de la même façon mais ils

ont également pris conscience de leur propre appartenance à une culture. Par ailleurs je voulais qu'ils

considèrent les différentes cultures comme étant égales les unes envers les autres et non pas de

considérer que la leur est supérieure car c'est leur culture. Pour cela, j'ai toujours essayé d'insister sur

la notion de différence et non de supériorité ou d'infériorité. De plus, lors de ce travail de découverte,

nous ne sommes pas là pour juger mais pour apprendre, comprendre, découvrir. C'est à travers cette

vision que les élèves vont ensuite développer des valeurs telles que la tolérance, le respect.

Un autre aspect de mon projet qui s'est révélé très positif est l'intérêt que les élèves ont porté à la

découverte d'une culture étrangère. C'était d'autant plus étonnant lorsqu'ils découvraient que tout le

monde n'a pas les mêmes règles, les mêmes normes qu'eux. En effet, les élèves se montraient toujours

surpris de voir qu'ailleurs les choses étaient différentes. Cela les faisait réfléchir sur eux mêmes.

Je dois cependant dire qu'une des principales limites de ce travail sur l'interculturalité est

l'ancrage de certains stéréotypes à cause de l'aspect folklorique de certaines activités. En effet, il est

très facile de tomber dans cet excès car on présente une culture à travers des éléments caractéristiques

qui ne sont pas toujours représentatifs. Je crois d'ailleurs que ce fut en partie mon cas lors du premier

stage en responsabilité. En effet, nous avons étudié le mode de vie africain tel qu'on nous le dépeint

souvent : peuple vivant dans des cases, femmes vêtues de boubous... Ne fallait-il pas plus nuancer en

disant par exemple que dans les grandes villes africaines (exemple de l'Afrique du sud), le mode de vie

est proche du nôtre: ils vivent dans des maisons, sont habillés comme nous.... Cela aurait peut être

évité une certaine forme de stéréotype installé, malgré moi, dans l'esprit de ces enfants.

D'ailleurs Jennifer KERZIL en parle dans son article L'éducation interculturelle en France: un

ensemble de pratiques évolutives au service d'enjeux complexes paru dans Carrefours de l'éducation

n°14. Elle dit notamment que « L'éducation interculturelle est souvent cantonnée à la connaissance des

modes de vie dans ce qu'ils ont de plus concret (habillement, nourriture, habitat, langage) faisant l'impasse sur

l'explication et la compréhension des valeurs qui sous-tendent chaque culture » Je dois cependant reconnaître

que sur un laps de temps de trois semaines il est difficile d'étudier les choses en profondeur.

41

Enfin, si c'était à refaire, je nuancerais davantage mes propos afin de ne pas présenter les

cultures étrangères de façon trop folklorique. Par ailleurs, je tenterais de trouver plus de documents

authentiques, les livres destinés aux enfants étant souvent dans cette même optique « folklorisante ».

Il serait également intéressant de mettre en place une exposition reprenant tout ce que les élèves ont

appris de façon à partager ces connaissances et pourquoi pas, réaliser un voyage scolaire afin de

découvrir de plus près cette culture.

Par ailleurs je pense que je commencerais ce projet sur l'intercultutralité avec un travail à partir d'un

livre découvert après mes deux stages. Ce livre s'intitule Six milliards de visages de Peter SPIER. Je

commencerais son étude en collectif en demandant aux élèves d'observer deux doubles pages du livre,

l'une après l'autre. La première double page montre une ville où tout le monde est habillé de la même

manière, les couleurs sont ternes, tous les immeubles sont identiques, de même pour les véhicules...

La seconde double page est colorée car chacun est différent (vêtements, cheveux, silhouette...), les

véhicules ne sont pas les mêmes (formes et couleurs différentes...). Je demanderais ensuite aux élèves

dans quelle ville ils préfèreraient vivre et je suis sûre de la réponse: la seconde image est tellement plus

attrayante et colorée! Ce serait une façon de montrer aux élèves que la vie serait triste si tout le

monde était pareil. Justement, la différence fait la richesse du monde. C'est une façon ludique

d'entrer dans le sujet de la tolérance et de l'ouverture à la diversité.

42

Conclusion

Dans une société multiculturelle, l'école se doit de former des citoyens d'une société

démocratique marquée par le pluralisme. En effet, dorénavant aucun programme d'éducation à la

citoyenneté ne peut ignorer la nécessité pour les sociétés démocratiques de faire à la préoccupation

d'ouverture à la diversité une place plus grande que par le passé.

La rencontre interculturelle ouvre à la diversité mais en plus elle nous interroge sur notre propre

identité et le sentiment de valeur que nous y attachons. Elle montre à l'enfant que la vie est autre

ailleurs, qu'elle a été autre autrefois et qu'elle sera peut être autre demain. C'est en démontrant cela

qu'elle amène à penser que, quelles que soient les spécificités de chaque culture, la personne humaine

est un individu égal en droits et en dignité à tout autre individu. C'est pourquoi, tout comme

l'éducation à la citoyenneté, l'éducation interculturelle veut transmettre un certain nombre de valeurs

parmi lesquelles le respect de la différence, la tolérance et l'ouverture à l'altérité. L'acquisition de ces

valeurs doit cependant être envisagée sur le long terme car elle nécessite un travail en profondeur de

manière progressive. (nous avons pu observer que sur trois semaines il est difficile de l'évaluer).

Cependant cette pédagogie interculturelle n'est pas seulement destinée aux classes hétérogènes (où les

différences sont bien présentes) mais elle peut être mise en place dans des classes qui ne sont pas

confrontées à la diversité culturelle. En effet, dans ces milieux on ne connaît pas l'autre et on en a

plus facilement une vision faussée. L'éducation interculturelle amène les élèves à découvrir et à mieux

connaître l'autre dans sa différence culturelle, mais à travers cela, elle tente de faire évoluer les

préjugés que l'on peut avoir.

L'interculturalité est très enrichissante du fait des objectifs qu'elle poursuit. De plus, comme

nous l'avons vu, cette pédagogie permet de mettre en place des projets qui vont pouvoir se décliner

dans de nombreux domaines et disciplines scolaires, à tous les niveaux de l'école et elle permettra

également d'utiliser grande variété de supports. Les élèves s'en montreront d'autant plus motivés.

Dans ce cas, pourquoi cette pratique pédagogique n'est elle pas plus présente au sein du système

scolaire? Est-ce à cause du manque de directives, de moyens pédagogiques réels ? Il faut également dire

que le travail sur les mentalités, les comportements, les différences est souvent délicat mais ce

mémoire met en évidence les questions à se poser . « Le jeu en vaut la chandelle ».

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Annexes

44

Annexe 1: Fiche d'identité du lion, résultat du travail sur la faune sauvage africaine avec les élèvesde grande section.

45

Annexe 2: Les instruments de musique d'origine africaine.

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Annexe 3: Masques africains réalisés par les élèves de grande section.

47

Annexe 4: Peintures africaines réalisées par les élèves de grande section.

48

Annexe 5: Affichages réalisés par les élèves de grande section à l'occasion de la découverte de laculture africaine.

49

Annexe 6: Exemple de recherches des élèves sur leur culture.

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Annexe 7: Travail sur la culture française: la journée d'un écolier en France.

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Annexe 8: Correspondance entre les élèves de Lisbonne et les élèves français.

13 mars 2006

BonjourNous sommes 4 élèves de l'école espagnole de Lisbonne et nous apprenons le français.

Holame llamo Camila y tengo 12 añosJe suis grande,mes cheveux sont longs et bruns clairs et mes yeux sont marrons.Je suis portugaise et je suis en 6ºCJe suis vive et je parle trop.J'ai un chien,un lapin,un hamster...

Holame llamo Marta y tengo 11 años.Je suis brune,mes yeux sont marrons.Je suis portugaise et je suis en 6ºD. Je suis sportive.

Holame llamo Pedro y tengo 11 años.Je suis petit,mes cheveux sont courts et bruns,mes yeux sont marrons.Je suis portugais et je suis en 6ºD.J'aime beaucoup le foot.

Hola me llamo Pilar y tengo 11 añosJe suis la cousine de Pedro.Je suis petite,mes cheveux sont bruns et longs,mes yeux sont bleus.Je suis portugaise et je suis en 6ºD.J'aime beaucoup la danse espagnole.

¿Y vosotros,como os llamais?¿Cuantos años teneis?!!!ADIOS!!!

14 mars 2006

Hola, merci pour votre émail. Nous sommes contents.Nous sommes 19 élèves de CE2, nous avons 8,9 ans.Nous sommes Français.Notre classe est à Baigneux les juifs, près de Dijon.Notre maîtresse s'appelel Séverine et nous nous appelons:Augustin, Lise, Aurélien, Cyril, Alix, Lucie, Alexandre, Henri, Stéphane, Dimitri, Antoine, Alexandre, Mélanie, Corentin, Benjamin, Elsa,Sabrina, Ema, Thierry.¿Como se llama vuestra profesora ?¿Que estudiais en vuestra clase ?Adios.

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20 mars 2006

¡¡Hola!!Nous sommes en classe de français de sixième, avec María Jose et Eve Lise.Nous apprenons des chansons et des poèmes. Nous allons ou collège du lundi au vendredi, de 9:15 à 16:05 avec une pause a 11:10 et de 12:35 à 14:15.Les vendredis c'est un horaire différent:de 9:15 à 13:35.En Espagne il y a des professeurs différents pour la musique, les langues, l'éducation physique et religion.Là-bas en France c'est la même chose?¡¡Hasta pronto!!

22 mars 2006

¡Buenos dias!

Nous en France, l'école primaire et le collège sont séparés.Nous avons une maîtresse qui fait toutes les matières.Nous allons à l'école le lundi, mardi, jeudi et vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h.Nous apprenons l'espagnol et l'anglais.Y a vosotros ¿que os gusta comer y berber?

¡adios!

Os enviamos una foto de nuestra clase.

Cher correspondant .¡hola!Je mappelle Cyril. J'ai 9 ans .j'habite à Poiseul laVille .Je suis enCE2.J'ai un frère qui a 11 ans une soeur qui a13 ans .J'aime le football .Je voudrais faire footballeur professionnel.Adios !

Cher correspondant,¡hola!Je m'appelle AlexandreJ'ai 9 ans J'habite à Baigneux les juifsJe suis en CE2J'aime le golfJe voudrais faire joueur de golfadios.

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HolaJe m'appelle Elsa J'ai 8 ansJ'habite à LaperrièreJe suis en C E2J'ai une soeurJ'aime le tennisJe voudrais faire agricultriceAdios

Cher correspondant,¡hola!Je m'appelle LucieJ'ai 8 ansJ'habite à Baigneux-les-JuifsJe suis en CE2J'ai 1 soeurJ'aime danser, lire, la musique et jouer de l'accordéon.¡Adios!

22 mars 2006

¡¡HoLa!!gracias por haber contestado.

Ce que nous aimons boire et manger:je suis Camila.J'aime manger la "picanha"(c'est de la viande bresilienne.) et le McDonalds,et pourboire la coca-cola.Je suis Marta. J'aime manger les lasagnes et pour boire la coca-cola.Je suis Pilar. J'aime manger les pizzas et pour boire la coca-cola.Je suis Pedro.J'aime manger du poulet et pour boire la coca-cola.

Nous n'avons pas reçu la photo.Est-ce que vous avez des e-mail?Est-ce que vous voulez nous les envoyer pour continuer a parlez?

¡¡Adios!!

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Bibliographie

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Documents pédagogiques

Documents d'application des programmes: la sensibilité, l'imagination, la création

Six milliards de visages, Peter SPIER - L'ECOLE DES LOISIRS

Cuikomo, Didier JEAN- Zad - MILAN

Baobonbon, Satomi ICHIKAWA - L'ECOLE DES LOISIRS

Aujourd'hui au Sénégal, Fabrice HERVIEU-WANE -Aurélia FRONTY - Florent SILLORAY -

GALLIMARD

Un bébé tombé du ciel, HELLINQS JACOBS - L'ECOLE DES LOISIRS

Comptines et berceuses du baobab, Chantal GROSLEZIAT - Elodie NOUHEN - DIDIER JEUNESSE

Les couleurs de la pluie, Jeanette WINTER - Anne KRIEF - GALLIMARD

Tamina couleur soleil, Ghislaine BIONDI - Laurent CORVAISIER - GAUTIER LANGUEREAU

Y a-t-il des ours en Afrique?, Satomi ICHIKAWA - L'ECOLE DES LOISIRS

Enfants d'ailleurs racontés aux enfants d'ici, Martine et Caroline LAFFON - DE LA MARTINIERE

JEUNESSE

Poèmes d'Afrique pour les enfants, Amadou Lamine SALL - LE CHERCHE MIDI

Le monde des alphabets, Tiphaine SAMOYAULT - Frida PHODOX - CIRCONFLEXE

Graphismes et contes des 5 continents, H. BARON - RETZ

Tour de terre en poésie, Jean-Marie HENRY - RUE DU MONDE

Le grand livre des droits des enfants, Alain SERRES - RUE DU MONDE

Enfants du monde, KIDIDOC

Noëls du monde, Sylviane DEGUNST - Olivier TALLEC - PERE CASTOR

Education aux droits de l'homme, Richard FORTAT - Laurent LINTANF - CHRONIQUE SOCIALE

Webographie

www.tibao.com (découverte de l'Afrique)

www.edufle.net

www.ethnokids.net (site destiné à sensibiliser les élèves à la diversité culturelle)

www.francofil.net/es/fle_esp.html

www.ac-rouen.fr/crdp/region/tice/ticefle/tenodifle/06-scenarpeda.htm

www.ceo.fipf.org/article.php3?id_article=170 (activités sur Kirikou et la sorcière en classes de FLE)

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Ouvrages utilisés pour les recherches

L'école et le défi ethnique, Françoise LORCERIE - ESF

L'éducation interculturelle, Martine ABDALLAH -PRETCEILLE - PUF

Stratégies pour une éducation civique aux niveaux de l'enseignement primaire et secondaire,

CONSEIL DE L'EUROPE

Contes et diversités des cultures: le jeu du même et de l'autre, Nadine DECOURT - Michelle

RAYNAUD - CRDP ACADEMIE DE LYON

La littérature de jeunesse au croisement des cultures, Jean PERROT - Pierre BRUNO - CRDP

CRETEIL

La classe d'initiation au français pour enfants non francophones:CLIN, Michel Patrick MIRAS -

L'HARMATTAN

La pédagogie à l'école des différences, Philippe PERRENOUD - ESF

Les obstacles culturels aux apprentissages, G. VERBUNT - CNDP

L'immigration à l'école de la République, J. BERQUE - LA DOCUMENTATION FRANCAISE

Education interculturelle et petite enfance, Carole LAVALEE - Michèle MARQUIS - PU LAVAL

Revues

Ville Ecole Intégration Enjeux. L'école et les cultures n°129 juin 2002

Education Enfantine. S'ouvrir aux autres cultures n°1052 septembre 2003

Carrefour de l'éducation. Différences culturelles (...) questions autour de l'éducation interculturelle

n°14 décembre 2002

Le cahiers du CIEP- La reconnaissance des compétences interculturelles: de la grille à la carte

Education permanente. Les transferts de connaissances. Vers une pédagogie interculturelle? n°75

septembre 1984

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L'interculturalité au service de l'éducation à la citoyenneté.

Résumé:

Afin de s'adapter à une société dorénavant pluriculturelle, l'interculturalité est un moyen de

s'ouvrir aux autres à travers la découverte de cultures étrangères. Cependant elle vise également à

former les citoyens de demain en transmettant des valeurs démocratiques telles que le respect de la

différence, la tolérance, l'ouverture à l'altérité. Mais quelles formes peut prendre cette interculturalité

et en quoi consiste -t-elle réellement ?

Mots clés:

-éducation interculturelle

-éducation à la citoyenneté

-respect et tolérance

-ouverture à l'altérité

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