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Ce mémoire de recherche porte sur les audioguides et les applications qui permettent d’introduire un discours pour le visiteur, au sein des expositions temporaires. Le travail réalisé consiste en une analyse de ces outils dans trois expositions temporaires : « Le printemps de la Renaissance » au Musée du Louvre, « Désir et Volupté à l’époque Victorienne » au Musée Jacquemart-André, et « La Renaissance et le Rêve » au Musée du Luxembourg. L’objectif est d’étudier comment les objectifs fixés pour ces outils influencent leur production, comment leurs contenus sont présentés, quel est le rôle de ces dispositifs dans la communication de l’exposition, et de savoir si ces outils atteignent ou non leurs objectifs.
Citation preview
COLE DU LOUVRE
Marina GROSS-HOY
LIntroduction dun discours au sein de lexposition
Le cas des audioguides et applications mobiles
Mmoire de recherche (2de anne de 2e cycle)
en musologie prsent sous la direction
de Mme Marie-Clart ONEILL
Septembre 2014
Le contenu de ce mmoire est publi sous la licence Creative Commons
CC BY NC ND
2
LINTRODUCTION DUN DISCOURS AU SEIN DE LEXPOSITION : LE CAS DES AUDIOGUIDES ET APPLICATIONS MOBILES
3
COLE DU LOUVRE Mmoire de recherche
en musologie Septembre 2014
LINTRODUCTION DUN DISCOURS AU SEIN DE LEXPOSITION :
LE CAS DES AUDIOGUIDES ET APPLICATIONS MOBILES par Marina Gross-Hoy
RESUME
Ce mmoire de recherche porte sur les audioguides et les applications qui
permettent dintroduire un discours pour le visiteur, au sein des expositions
temporaires. Le travail ralis consiste en une analyse de ces outils dans trois
expositions temporaires : Le printemps de la Renaissance au Muse du Louvre,
Dsir et Volupt lpoque Victorienne au Muse Jacquemart-Andr, et La
Renaissance et le Rve au Muse du Luxembourg. Lobjectif est dtudier
comment les objectifs fixs pour ces outils influencent leur production, comment
leurs contenus sont prsents, quel est le rle de ces dispositifs dans la
communication de lexposition, et de savoir si ces outils atteignent ou non leurs
objectifs.
MOTS-CLES Applications mobiles
Audioguides
Expositions temporaires
Muse Jacquemart-Andr
Muse du Louvre
Muse du Luxembourg
Mdiation culturelle
Entretiens
4
Remerciements
Je souhaite ddier ce travail la mmoire dAlice.
Je remercie toutes les personnes qui ont rendu possible ce mmoire de
recherche :
Madame Marie-Clart ONeill, chercheuse en musologie associe lUniversit
de Montral, charge d'enseignement l'Ecole du Louvre et l'Institut national du
patrimoine, dlgue aux "Meilleures pratiques en ducation musale" au sein du
bureau ICOM CECA, ainsi que Madame Marina-Pia Vitali, sous-directrice de la
mdiation dans les salles au Muse du Louvre et Madame Colette Dufresne-Tass,
professeur titulaire l'Universit de Montral, dlgue la recherche l'ICOM
CECA, pour leurs aperus de la mthodologie, leur disponibilit et leurs conseils ;
Monsieur Nicolas Sainte Fare Garnot, conservateur du Muse Jacquemart-Andr
et commissaire de lexposition Dsirs et Volupt lpoque Victorienne , Monsieur
Marc Bormand, conservateur en chef au dpartement des Sculptures du Muse du
Louvre et commissaire de lexposition Le printemps de la Renaissance , Madame
Juliette Le Taillandier de Gabory, responsable du dveloppement des publics et de la
programmation culturelle au Muse du Luxembourg, Madame Aude Gobet, charge
de programmation au Service ducation au Muse du Louvre et Madame Graldine
Gauvin, directrice de production des outils multimdias et musographie chez
Sycomore, pour leur accueil et les entretiens qui m'ont t accords ;
Madame Sverine Muller pour une relecture attentive de ce document pour la
langue ;
Madame Melissa Gross et Monsieur Mathias Labeyrie pour leur soutien et leurs
encouragements.
Et Michael DePasquale
5
Sommaire
REMERCIEMENTS ......................................................................................................................................... 4
AVANT-PROPOS ............................................................................................................................................ 6
INTRODUCTION .............................................................................................................................................. 7
CHAPITRE 1: CADRE DE LA RECHERCHE ............................................................................................ 9
I. PRESENTATION DES TECHNOLOGIES PORTATIVES DANS LES MUSEES ..................... 9 A. Bref historique de la prsence des audioguides et applications mobiles dans les muses ............. 10 B. Ltat actuel des audioguides et applications mobiles dans les muses ............................................. 12
1. Objectifs et publics ................................................................................................................................... 12 2. Contenus et services ............................................................................................................................... 14 3. Impact sur la visite ................................................................................................................................... 19
II. LE PARTI PRIS DE LA RECHERCHE ......................................................................................... 23
CHAPITRE 2: LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE ................................................................. 25
I. CHOIX ET CONCEPTION DE LOUTIL DANALYSE ................................................................. 25
CHAPITRE 3: PRESENTATION ET ANALYSE DES ETUDES DE CAS ........................................... 37
I. MUSEE JACQUEMART-ANDRE : DESIRS ET VOLUPTE ................................................ 37 A. Le contexte de loutil : Prsentation de lexposition ................................................................................ 37 B. Les objectifs pour les contenus audio et leur production ....................................................................... 43 C. Le dispositif rsultant ................................................................................................................................... 46 D. Loutil dans lespace : les relations avec les autres lments de lexposition .................................... 54 E. Synthse de lanalyse .................................................................................................................................. 68
II. MUSEE DU LOUVRE : LE PRINTEMPS DE LA RENAISSANCE .................................... 72 A. Le contexte de loutil : Prsentation de lexposition ................................................................................ 72 B. Les objectifs fixs pour les contenus audio et leur production .............................................................. 80 C. Le dispositif rsultant ................................................................................................................................... 83 D. Loutil dans lespace : les relations avec les autres lments de lexposition .................................... 93 E. Synthse de lanalyse ................................................................................................................................ 108
III. MUSEE DU LUXEMBOURG : LA RENAISSANCE ET LE REVE .................................. 111 A. Le contexte de loutil : Prsentation de lexposition .............................................................................. 111 B. Les objectifs fixs pour les contenus audio et leur production ............................................................ 117 C. Le dispositif rsultant ................................................................................................................................. 119 D. Loutil dans lespace : les relations avec les autres lments de lexposition .................................. 128 E. Synthse de lanalyse ................................................................................................................................ 141
CHAPITRE 4: SYNTHESE DES RESULTATS ...................................................................................... 143
I. CONCEPTION ................................................................................................................................. 143 II. RAPPORTS AVEC LEXPOSITION ............................................................................................ 145 III. EDUCATION .................................................................................................................................. 149
CONCLUSION ............................................................................................................................................. 154
BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................................... 155
6
Avant-propos
Depuis trois ans, mon intrt sest port sur lexprience du visiteur au cours de sa
visite du muse. Il mimporte particulirement de comprendre comment les muses
communiquent un contenu leurs visiteurs et comment ensuite ces derniers
comprennent ce message.
Ma recherche de premire anne de deuxime cycle lEcole du Louvre
comprenait une analyse structurelle et une tude dimpact de lexposition Fra
Angelico et les matres de la lumire au Muse Jacquemart-Andr. Le but tait de
dterminer si les objectifs fixs par le conservateur du Muse pour lexposition
taient compris par le visiteur et comment ces messages taient communiqus.
Quarante-cinq visiteurs de lexposition ont particip cette tude sous la forme
dentretiens, ainsi que deux exercices danalyse visuelle.
Le mmoire de recherche ralis au cours de cette anne se focalise non pas sur
lexprience du visiteur, mais sur un seul outil, parmi la multitude des outils de
communication prsents au sein dun muse. Il vise tudier les audioguides et les
applications mobiles proposes par les muses dans le cadre de leurs expositions
temporaires. Je suis passionne par le potentiel de ces dispositifs de mdiation dans
les muses car ils peuvent idalement faciliter une interaction approfondie entre le
visiteur et les uvres. Ils prsentent une opportunit unique pour duquer le regard
et stimuler limagination du visiteur.
7
Introduction
Comment dfinir les dispositifs portatifs numriques ? Selon la Direction des
muses de France, laudioguide est un outil individuel sonore daide la visite qui
permet aux visiteurs de recevoir des complments dinformation sur les uvres
exposes et le btiment lors de lexposition permanente ou temporaire du
muse . Mais les technologies actuelles permettent aux muses de proposer des
offres qui dpassent la forme classique des audioguides comme les guides
multimdia ou les applications mobiles, par exemple. Ces outils ne sont plus
seulement sonores, mais ils peuvent aussi proposer des images, des textes, des
vidos et mme des jeux interactifs. Toutes ces nouvelles technologies partagent les
qualits dtre mobiles, numriques et personnelles1.
Le muse, selon le Conseil international des muses, acquiert, conserve, tudie,
expose et transmet le patrimoine matriel et immatriel de lhumanit et de son
environnement des fins d'tudes, d'ducation et de dlectation2 . Lexprience du
visiteur est un lment inhrent au muse. Les nouvelles technologies permettent
aux muses dimaginer la cration de nouvelles expriences de visite et denrichir
celles qui sont dj familires3, dans le but de chercher atteindre ces objectifs si
fondamentaux.
Lavenir du numrique est un sujet dactualit dans les muses. En 2013,
Bloomberg Philanthropies a effectu un don de quinze millions de dollars cinq
institutions culturelles amricaines, savoir le Metropolitan Museum of Art, le
Museum of Modern Art, le Jardin botanique de New York, le Guggenheim Museum et
lArt Institute of Chicago, pour amliorer laccueil numrique de leurs visiteurs, en
particulier travers le remplacement des audioguides traditionnels par de nouveaux
outils mobiles utilisant des technologies de pointe4. Le Metropolitan Museum of Art a
recrut en 2013 son premier directeur des activits numriques. Les rflexions sur
les offres numriques sont au premier plan dans les muses aux Etats-Unis comme
en Europe.
1TALLON Loc Digital technologies and the museum experience: handheld guides and other media, AltaMira
Press, 2008, p. xviii. 2 Site Web de lICOM : http://archives.icom.museum/definition_fr.html 3 BRADBURNE James M, Foreward dans Digital technologies and the museum experience : handheld
guides and other media, 2008, p. ix. 4 Site Web du Bloomberg Philanthropies : http://www.bloomberg.org/program/arts/digital-engagement/
8
Si le discours communiqu par lexposition travers les objets a dj t le sujet
de nombreuses publications, notamment de Jean Davallon, le rle du contenu des
outils numriques dans la visite musale mrite la mme attention. Il serait dommage
que les muses exercent un contrle strict sur les lments classiques des
expositions comme la musographie-scnographie, les crits sur les murs, les
vitrines, mais beaucoup moins sur les nouvelles technologies, avec qui interagit
pourtant une grande proportion des visiteurs5.
Lobjectif de ce mmoire est de proposer des cas pratiques dvaluation des
contenus des nouvelles technologies en tant que discours introduits au sein de
lexposition.
Dans un premier temps les publications et des exemples concrets dtudes
ralises sur ces outils sont prsents dans le but de dfinir le cadre de la recherche
et de proposer un aperu de ltat actuel de lutilisation de ces technologies dans les
muses. La mthodologie de recherche et les outils choisis pour cette tude sont
ensuite exposs. Trois tudes de cas approfondies doutils numriques et leurs
contenus sont prsentes pour analyser thoriquement leur rle dans les
expositions. Enfin, les rsultats obtenus sont examins pour en retirer des enjeux
concernant les contenus audio dans les muses.
5 TALLON Loc Digital technologies and the museum experience: handheld guides and other media, p. xx.
9
CHAPITRE 1: CADRE DE LA RECHERCHE
I. PRESENTATION DES TECHNOLOGIES PORTATIVES DANS LES MUSEES
La quantit de recherche rigoureuse, accessible et publie sur les technologies
portatives dans les muses est relativement maigre6. Cela est partiellement d au fait
que les technologies elles-mmes ne sont apparues que dans les annes 1950. Une
raison supplmentaire ce manque des ressources disponibles est que les
producteurs initiaux des technologies portatives taient des entreprises
commerciales, et non des muses. Dans cet environnement comptitif, le partage
des rsultats dtudes aurait pu avoir des consquences ngatives sur le
dveloppement de lactivit de ces entreprises7. Dans le contexte actuel, les tudes
universitaires sur ces technologies ont ouvert le champ de la recherche et les
muses rejoignent ce mouvement dchange dides et de connaissances8. Les
publications et travaux portant sur la visite commente par les contenus audio
peuvent tre classs dans les catgories suivantes9 :
Les crits concernant les technologies ;
Les crits proposant des conseils sur la cration des contenus audio ;
Les crits sur la place des contenus audio dans les muses ;
Les crits sur lapprciation des systmes.
Ces travaux, ainsi que des exemples doutils actuellement proposs dans les
muses, seront examins.
6 TALLON Loc Digital technologies and the museum experience: handheld guides and other media, p. xix. 7 Ibid. 8 Ibid, p. xxi. 9 GAVAUD Anne Sophie, Expriences et attentes des utilisateurs de l'audioguide adulte du muse Cond
Chantilly. Mmoire d'tude : Paris, Ecole du Louvre : sous la direction de Marie Clart O'Neill, Charlotte Drah, Claire O'Neill : 2008, p. 17-19.
10
A. Bref historique de la prsence des audioguides et applications mobiles dans les muses
1. Audioguides Les dispositifs ont subi beaucoup dvolutions et dinnovations depuis leur arrive
en 1952, par exemple10 :
La premire technologie portative utilise dans un muse est apparue en
1952 au Stedelijk Museum Amsterdam sous la forme de visites
ambulatoires ondes courtes11. Le visiteur navait pas besoin de choisir
quel commentaire couter, le dispositif permettait simplement de saisir les
ondes courtes du contenu audio quand le visiteur tait proximit, le
fonctionnement tait proche de celui dune radio.
Dans les annes 1970 dans huit villes nord-amricaines, un dispositif
proche dun Walkman Sony contenant des pistes audio prenregistrs a t
propos au cours de lexposition Treasures of Tutankhamen , et a t
utilis par plus d trois millions de visiteurs ;
En 1993, le Muse du Louvre a propos un outil numrique pour ses
collections permanentes o les visiteurs pouvaient accder aux contenus
audio dans lordre de leur choix ;
LExperience Music Project Seattle a t pionnire en 1998 en proposant
un dispositif portatif multimdia pour la visite du muse.
Loc Tallon et Kevin Walker12, Clotilde Dup13 et Elise Tardy14, parmi dautres,
dressent plus profondment dans leurs publications lhistorique des systmes
daudioguidage et les diffrentes technologies actuelles des audioguides.
10 TALLON Loc Digital technologies and the museum experience : handheld guides and other media, p. xiv. 11 En anglais : Short-Wave Ambulatory Lectures. 12 TALLON Loic et WALKER Kevin, Digital Technologies and the Museum Experience: Handheld Guides and
Other Media, 2008. 13 DUPE Clothilde, L'Audioguide comme outil de construction de sens : tude de l'impact de l'audioguide de
l'exposition "La grande parade, portrait de l'artiste clown" sur les visiteurs frquents. Mmoire de recherche : Paris, Ecole du Louvre : sous la direction de Marie Clart O'Neill, Colette Dufresne Tass : 2005.
14 TARDY Elise, Audioguide : le patrimoine en toute libert : Centre national de ressources du tourisme et du patrimoine rural, 2006.
11
Laudioguide est actuellement un outil prsent dans une majorit des grands et
petits muses travers le monde15. Il rend les collections permanentes et les
expositions temporaires accessibles aux publics qui ne bnficient pas totalement
des autres outils daides la visite, parmi eux se trouvent les visiteurs prfrant
couter plutt que lire des informations, les visiteurs trangers, les malvoyants ou les
enfants.
2. Applications mobiles La croissance de la possession de Smartphones a eu un impact sur les muses et
leurs offres de mdiation. Quand les visiteurs sont venus au muse avec les
premiers tlphones portables la fin des annes 1990, les institutions culturelles
taient hostiles cette technologie16. Lutilisation des tlphones portables a t
dcourage, voire interdite.
Aujourdhui lattitude des muses envers ces appareils est plus positive. Les
institutions culturelles commencent saisir cette opportunit en termes de mdiation,
en offrant une large gamme dapplications mobiles avec des contenus ddis.
Les applications mobiles sont des logiciels que lon tlcharge sur des
plateformes uniques chaque systme dexploitation. Elles consistent en un logiciel
qui nest pas prsent sur le tlphone au moment de lachat, que lon choisit de
tlcharger ultrieurement via une connexion internet ou tlphonique17 . Elles
permettent laccs des contenus et des services.
La proportion de personnes qui possdent un tlphone portable ayant des
capacits qui dpassent les simples fonctions tlphoniques devient de plus en plus
importante. En France, lAutorit de Rgulation des Communications lectroniques
et des Postes (ARCEP) a estim au premier semestre 2014 quune personne sur
deux en France utilise des services disponibles sur les rseaux mobiles de troisime
gnration (3G), un pourcentage qui augmente tous les ans18. Selon une tude de
public du Victoria & Albert Museum Londres en 2012, le nombre de visiteurs
15 WETTERLUND Kris et SAYRE Scott, 2009 Art Museum Education Programs Survey. Mars-Avril, 2009.
http://www.museum-ed.org/wp-content/uploads/2010/08/2009medprogsurvey.pdf 16 DEHON Cllia, Le tlphone portable, nouvel outil de mdiation culturelle dans les institutions musales
franaises. Mmoire de Master 1 Conception et direction de projets culturels : Paris, Universit de Paris 3 Sorbonne Nouvelle : sous la direction de Mme Ccile Camart : 2011, p. 18-22.
17 Ibid., p. 31. 18 Observatoire trimestriel des marchs de communications lectroniques en France, 1e trimestre 2014,
rsultats dfinitifs, Les actes de lARCEP, juillet 2014, p.19.
12
possdant un Smartphone a augment de 137% depuis 201019, et environ un quart
des visiteurs qui navaient pas un Smartphone cette date ont dclar vouloir en
acheter un dans lanne qui suivait.
Dans ltude intitule Museums & Mobile Survey20 ralise en 2013, enqute
portant sur les stratgies en termes de technologies mobiles de 551 muses et
institutions culturelles aux Etats-Unis, au Canada et en Europe, la majorit des
participants (68%) offraient des applications mobiles, ou avaient le projet de
dvelopper une application dans lanne qui suivait. Dans le contexte actuel, offrir
une application mobile donne au muse un aspect moderne et dynamique21 , en
faisant de lapplication un outil marketing.
B. Ltat actuel des audioguides et applications mobiles dans les muses
Selon ltude intitule Art Museum Education Programs Survey, une enqute
portant sur une centaine de muses dart amricains en 2009, plus de la moiti des
muses dart proposaient cette date une visite commente via un dispositif portatif
ou sur un tlphone portable22. Les rsultats de ltude estiment que ces outils sont
utiliss par plus que trente-cinq millions de visiteurs chaque anne23. Ces dispositifs
sont trs prsents dans le contexte musal et mritent donc dtre analyss.
1. Objectifs et publics Les contenus audio ne peuvent pas rpondre aux besoins de chaque personne,
en grande partie parce que les visiteurs interagissent diffremment avec les outils
19 Understanding the Mobile V&A Visitor, Automne 2012, Fusion Research & Analytics LLC et Frankly,
Green + Webb Ltd, p. 6, http://www.vam.ac.uk/__data/assets/pdf_file/0009/231975/V-and-A-Mobile-Visitor-Survey-Report-FINAL-16-Jan-.pdf?utm_source=vam.ac.uk&utm_medium=link&utm_content=msrtxt&utm_campaign=blg
20 TALLON Loc, Mobile Strategy in 2013: an analysis of the annual Museums and Mobile Survey. Mars, 2013. http://www.museumsmobile.com/about/survey/
21 DEHON Cllia, Le tlphone portable, nouvel outil de mdiation culturelle dans les institutions musales franaises, 2011, p. 20.
22 WETTERLUND Kris et SAYRE Scott, 2009 Art Museum Education Programs Survey. Mars-Avril, 2009. http://www.museum-ed.org/wp-content/uploads/2010/08/2009medprogsurvey.pdf
23 TELLIS Chris, Multimedia Handhelds : One Device, Many Audiences, in Museums and the Web 2004 : Proceedings, ed David BEARMAN et Jennifer TRANT (Toronto : Archives and Museums Informatics, 2004), www.archimuse.com/mw2004/papers/tellis/tellis.html
13
proposs. Il faut donc crer une varit dapproches diffrentes permettant dinteragir
avec lexposition24.
Dans lenqute Museums & Mobile Survey de 2013, lobjectif le plus souvent
donn par les muses pour la cration dapplications mobiles tait daider le visiteur
simpliquer dans le muse, et le moins souvent donn de dgager des bnfices25.
Les publics cibls sont les visiteurs qui cherchent vivre une exprience plus
approfondie et les jeunes adultes entre 18-35 ans. Et mme si les technologies
changeaient beaucoup dun muse lautre, lenqute suggre que les objectifs des
muses pour ces outils de mdiation restaient les mmes.
La grande tendance qui prvaut la cration dune majorit des outils portatifs
dans les muses est de rendre les collections accessibles aux publics qui ne se
servent pas des autres aides la visite autonome, pour des raisons de handicap,
dge ou de culture. Les outils et les contenus sont conus pour des publics
spcifiques, il ny pas une approche unique pour tous les visiteurs. Cela a pour effet
de rendre une collection accessible un public qui nest pas vis par les autres outils
de mdiation, ou damliorer lexprience des publics qui ont des besoins ou des
intrts spcifiques. En offrant des outils ddis des visiteurs diffrents, les
muses dclarent que tout visiteur est le bienvenu dans leurs galeries.
a. Les publics cibls
Le grand public reprsente le destinataire le plus souvent cibl par ceux qui
conoivent ou qui proposent des audioguides26 . Et cela comprend le public
touristique tranger, qui utilise les offres audio dans les versions traduites. Par
exemple lapplication mobile du Museum of Modern Art New York, propose une
liste comprenant toutes les uvres et les artistes prsents dans la collection, ainsi
quune base de donnes du vocabulaire de lhistoire de lart. Cet lment montre que
le muse reconnat le besoin de certains visiteurs de bnficier dun outil de
comprhension pour les termes techniques, et que le muse sintresse aussi
laccessibilit intellectuelle des personnes loignes de la culture.
24 TALLON Loc Digital technologies and the museum experience: handheld guides and other media, p. xxi. 25 TALLON Loc, Mobile Strategy in 2013: an analysis of the annual Museums and Mobile Survey. Mars, 2013.
http://www.museumsmobile.com/about/survey/ 26 DUPE Clothilde, L'Audioguide comme outil de construction de sens : tude de l'impact de l'audioguide de
l'exposition "La grande parade, portrait de l'artiste clown" sur les visiteurs frquents, 2005.
14
Le jeune public est aussi cibl par les contenus adapts. Par exemple, pour
lexposition temporaire Abu Dhabi de la collection du futur Louvre Abu Dhabi, une
application a t propose avec un parcours ddi aux enfants. Dans lexposition,
les enfants ont pu jouer, rpondre des nigmes et accder des commentaires
crs pour eux. Les jeunes publics ont besoin dune offre conue pour leur niveau de
comprhension et leur capacit apprendre.
Le public en situation de handicap bnficie aussi de contenus ddis. Le Muse
de la civilisation Qubec propose par exemple deux applications, dont une pour la
collection permanente en langue des signes qubcoise (LSQ), avec trente vidos
signes en LSQ. Lapplication du Guggenheim Museum offre un parcours guid avec
des descriptions visuelles pour les malvoyants, les textes crits de chaque
commentaire audio, les sous-titres pour les vidos, et la possibilit d'agrandir les
textes. Plus quune innovation originale, cette tendance aider les visiteurs en
situation de handicap profiter de leur visite, est un enjeu trs important de la
mdiation. Ces outils facilitent la comprhension des uvres par un public plus
large, et ils offrent aux institutions un moyen de communiquer avec des visiteurs en
rpondant mieux leurs besoins.
2. Contenus et services
a. Les contenus
Laudioguide traditionnel propose des contenus simples: des commentaires audio
et parfois des textes et des photographies. Ces contenus peuvent prendre la forme
de notices lues par un comdien, ou, comme au Muse des Beaux-Arts de Lyon,
dune offre plus large avec des extraits de musique, des lectures de textes littraires,
des interviews du commissaire, par exemple. Les contenus peuvent tre crs pour
tre couts dans un ordre spcifique ou alatoirement.
Il existe beaucoup dapplications mobiles dans les muses qui fonctionnent
comme les audioguides traditionnels, ayant les mmes capacits et contenus mais
sur un outil diffrent. Par exemple, l'application pour lexposition temporaire La
Naissance dun muse au Muse du Louvre a propos les mmes commentaires
audio et images que le guide multimdia. Il existe videmment des diffrences entre
les deux dispositifs, lapplication propose par exemple plus de manires diffrentes
15
daccder aux commentaires que laudioguide. Mais en principe ils jouent un rle
semblable pour le visiteur en termes de contenu.
Avec les avances de la technologie, les guides multimdia et les applications
mobiles peuvent aussi offrir des contenus multimdias : des commentaires audio,
des textes et des photographies, mais aussi des vidos, des cartes interactives, de la
ralit augmente, des jeux, ainsi que des services aux utilisateurs tels que la
golocalisation et le commerce mobile.
Un exemple dune application enrichie avec des contenus multimdias est celle de
lexposition Creatures of Light en 2012 prsente lAmerican Museum of
Natural History New York. Lapplication, divise en chapitres qui refltent les
sections de lexposition, proposait des animations interactives, des galeries de
photographies, des vidos ainsi quune bande-son. Le design et le graphisme taient
dune bonne qualit. Cet outil accompagnait le visiteur tout au long de sa visite, mais
il a aussi t conu comme un souvenir de la visite ou un outil permettant ensuite de
la prolonger.
Lapplication pour lexposition Chinas Terracotta Warriors: The First Emperors
Legacy prsente en 2013 lAsian Art Museum San Francisco a inclus de la
ralit augmente. En scannant le pictogramme dun tlphone portable, le visiteur
voyait une reprsentation 3D sur son cran. Il pouvait bouger le tlphone portable
pour voir limage sous des angles diffrents. Le rsultat pouvait ensuite tre
photographi et partag sur les rseaux sociaux. Cet outil permettait au visiteur de
simpliquer dans lexposition en crant ses propres images, et rendait linteraction
avec les uvres trs ludique.
Lobjectif principal dans la cration des contenus de lapplication ddie la
collection permanente du Rijksmuseum Amsterdam est d'utiliser les contenus
multimdias pour aider le visiteur dans son observation des uvres, parfois sous un
angle diffrent27. Les compositions audio crent une ambiance et accompagnent le
visiteur dans son voyage dans lespace du Muse, en allant dune uvre une
autre. Les vidos qui sont souvent associes aux uvres proposent des sons et des
animations pour les rendre vivantes et accessibles. La carte interactive permet
lutilisateur de la manipuler pour situer les uvres chaque tage et dans chaque
galerie. Ces fonctionnalits vont plus loin que les approches traditionnelles pour
27 Site web du Rijksmuseum : https://www.rijksmuseum.nl/en/whats-on/guided-tours/multimediatour
16
aborder des uvres dans le contexte musal, en mettant laccent sur limagination,
lambiance et le plaisir.
Ces contenus multimdias offrent une exprience de visite trs riche au visiteur,
travers une approche diffrente de lobservation et de la comprhension des uvres.
b. Les services
Plusieurs guides multimdias et applications mobiles proposent des services en
plus de leurs contenus, afin de permettre une meilleure appropriation des uvres et
des institutions culturelles. Ces services peuvent faciliter la visite et mme
lencourager. Ils comprennent laccs aux rseaux sociaux, le commerce mobile et la
vente des billets dentre, la golocalisation, la personnalisation, les donnes push
, les agendas, la gestion des visiteurs, par exemple.
Lapplication du Muse Guggenheim New York propose une offre de plusieurs
services. Elle comprend des commentaires audio pour effectuer des visites guides
de la collection permanente et des expositions temporaires, ces contenus changent
selon lexposition qui est prsente dans le Muse. Lagenda est aussi renouvel
automatiquement chaque semaine. Les visiteurs peuvent acheter leurs billets
dentre, et les adhrents du Muse peuvent utiliser lapplication comme une carte
de fidlit au lieu de venir avec leur propre carte pour entrer. Les utilisateurs sont
mme invits faire un don l'institution via lapplication. Cette application est
gratuite, un fait qui indique que linstitution la considre comme une partie importante
de lexprience de visite. Avec un seul outil, le visiteur peut accder plusieurs
services sur un dispositif bien pens et attirant. La trs haute qualit de lapplication
reflte la qualit de linstitution quelle reprsente.
Lapplication MCA Insight du Museum of Contemporary Art Australia Sydney
propose une carte interactive pour aider les visiteurs trouver les uvres situes
proximit en utilisant la golocalisation. Le Museum of Old and New Art en Tasmanie
utilise cette technologie en lieu et place des cartels sur les murs. LArt Institute de
Chicago utilise une golocalisation qui fonctionne avec le Wi-Fi pour donner aux
visiteurs des directions dtailles pour aller dune uvre une autre. Ces services
crent une visite personnalise o le visiteur peut grer sa propre exprience.
Au Denver Art Museum, le visiteur la possibilit dutiliser lapplication
DAM_SCOUT pour lire des codes QR situs prs des uvres slectionnes pour
17
accder des contenus. Si les contenus lui plaisent, il peut les partager sur
Facebook et Twitter, ou les envoyer par ml. Pour son exposition Van Cleef &
Arpels , le Muse des Arts dcoratifs Paris a propos une application qui offrait la
possibilit de partager sur les rseaux sociaux, mais aussi un livre dor numrique o
le visiteur pouvait voir les commentaires sur les uvres crits par les visiteurs
prcdents. Avec ces outils, le visiteur devient un outil du marketing du muse, en
publiant des informations sur les rseaux sociaux.
Les outils portatifs peuvent aussi tre ludiques. Les National Galleries of Scotland
proposent une application qui sappelle ArtHunter qui invite le visiteur chasser les
uvres. Chaque mois, une slection duvres autour dune thmatique dans des
muses cossais est publie dans lapplication. Pendant la visite des muses, les
visiteurs saisissent une des uvres pour accder aux contenus associs. Il faut
visiter plusieurs muses pour trouver toutes les uvres. En Ecosse encore, le
National Museum of Scotland a cr une application qui est un jeu : Capture the
Museum. Dans le Muse, les visiteurs s'identifient comme rouge ou bleu, pour une
session de jeu de trente minutes avec un maximum de cinquante participants. Les
deux quipes essaient de conqurir le plus grand nombre de territoires dans
cette bataille en rpondant correctement aux nigmes sur les uvres. Ces deux
propositions dapplications offrent une nouvelle approche pour dcouvrir les
collections. Le visiteur qui pense quil na peut-tre pas sa place dans le muse est
invit y jouer et samuser. En offrant des jeux, ces institutions indiquent quelles
sont ouvertes aux publics qui ont des intrts varis.
Les services offerts par les applications mobiles des muses facilitent la visite et
rendent plus accessibles les institutions des publics divers. Les professionnels
deviennent plus cratifs avec leurs propositions qui utilisent les nouvelles capacits
offertes par ces technologies.
c. Au-del de laudioguide traditionnel
Une grande tendance actuellement prsente dans les muses est de ne pas
seulement crer un audioguide sous forme mobile, mais de dvelopper des
expriences qui vont au-del de laudioguide traditionnel, travers les contenus
multimdias et les services.
18
Les muses dveloppent actuellement des stratgies pour lvolution de leurs
politiques numriques dans lavenir. Par exemple, ltude intitule Tate Digital
Strategy 201315: Digital as a Dimension of Everything28 a t publi en avril 2013
par John Stack, le responsable de la transformation numrique au Tate. Dans ce
document, M. Stack propose une liste de principes fondamentaux guidant la cration
des outils numriques au sein du Tate, qui sont apprcier et comprendre lart,
participer, penser, explorer les contenus plus approfondis et se renseigner. Pour
respecter ces principes, le Tate doit privilgier une approche qui est centre sur les
publics et les connaissances, value et amliore rgulirement, bien conue et
structure, ouverte et partageable, diffuse travers des plateformes multiples, et
dcentralise travers lorganisation. Le projet vise proposer dans les galeries des
technologies numriques qui transformeront les expriences des visiteurs grce un
accs universel au Wi-Fi, un site web adapt pour usage sur les tlphones
portables, et des mdiateurs in-situ forms pour aider les visiteurs utiliser ces
technologies. Dans le futur des muses, les technologies, le personnel, la
scnographie et les uvres seront troitement lis. M Stack dveloppe dans ce
rapport sa vision dune approche holistique aux nouvelles technologies, telle quil
souhaiterait la voir applique au sein de linstitution Tate.
Un exemple de muse qui propose des contenus numriques sous la forme dun
cosystme est le Cleveland Museum of Art. Avec lapplication ArtLens, le visiteur
peut accder aux contenus de la collection permanente et de certaines expositions
temporaires, que ce soit au muse ou chez lui la maison. Il peut scanner certaines
uvres dans les galeries avec son tlphone portable pour obtenir des contenus
additionnels, et il peut profiter de la golocalisation dans les salles. Avant la visite, le
visiteur peut crer ses propres parcours de visites, quil peut par la suite partager
avec les autres visiteurs ou ses connaissances. Il est aussi possible daccder une
liste, renouvele frquemment, des dix uvres plus slectionnes par les visiteurs
comme tant leur prfre, ainsi quaux listes des conservateurs. Le Muse propose
galement le plus grand cran multitouche aux Etats-Unis (douze mtres de
longueur) qui sappelle Gallery One. Cet cran intgre lart, la technologie et la
mdiation, en montrant les uvres de la collection qui peuvent tre manipules par
28 STACK John, Tate Digital Strategy 201315: Digital as a Dimension of Everything, Tate Papers Issue 19,
24 avril 2013, http://www.tate.org.uk/research/publications/tatepapers/tatedigitalstrategy201315digitaldimensioneverything
19
les visiteurs. Les utilisateurs peuvent connecter leurs tlphones portables lcran
pour accder aux contenus sur ces uvres et crer une visite personnalise. Le
Cleveland Museum of Art propose une offre doutils de mdiation qui est innovante,
participative et intelligente. Le dispositif portatif nest pas isol, mais il interagit avec
les uvres, le grand cran et les autres visiteurs. Le Wi-Fi est disponible dans le
muse pour faciliter lusage de ce dispositif.
3. Impact sur la visite
La recherche actuelle sur ces outils se concentre sur la fonctionnalit et le type de
contenus des technologies portables, vues comme moyens de comprendre et
enrichir lexprience du visiteur29. Les nouvelles technologies enrichissent la visite du
muse, et les consquences de cela sont examines.
a. Avant et aprs la visite
Dans un premier temps, il sagit de savoir quand les visiteurs utilisent loutil
portatif, ce qui est trs important dans un contexte o les muses cherchent aider
les visiteurs soit prparer soit prolonger leur visite. Les audioguides traditionnels
et certaines applications, comme le DAM_SCOUT du Denver Museum of Art, ne sont
utilisables que dans les salles du Muse. Ce type doutils naide donc pas prparer
ou prolonger lexprience musale. Dautres applications peuvent tre tlcharges
avant de venir dans les muses, les visiteurs peuvent ainsi parcourir les contenus
comme les commentaires et les informations pratiques, pour dcider sils souhaitent
venir effectuer une visite, ou comment organiser leur visite.
Plusieurs muses proposent galement des moyens de prolonger la visite. Les
visiteurs du Museum of Contemporary Art Australia peuvent entrer leur adresse ml
dans lapplication MCA Insight pour recevoir plus de contenus sur les uvres quils
ont marques comme leurs prfres, ainsi quun sommaire de leur visite. Les
utilisateurs de lapplication du Rijksmuseum Amsterdam ont loption de la relier
leur compte Rijksstudio, un atelier numrique, pour dcouvrir et jouer avec 125 000
uvres de la collection. Au lieu dtre uniquement une aide la visite, les outils
peuvent tre des ambassadeurs du muse dans la vie quotidienne des visiteurs.
29 TALLON Loc Digital technologies and the museum experience: handheld guides and other media, p. xxi.
20
b. Les autres lments de lexposition
Les outils sont aussi conus pour tre utiliss au cours dune visite dans un
espace dexposition, espace qui communique dj un discours au visiteur30. La
question suivante se pose : est-ce que les contenus audio ajoutent ou nuisent la
capacit de produire un discours dans le muse31 ? Quels sont les rapports avec les
autres lments dexposition ?
Les rapports entre lutilisation des contenus audio et la lecture des textes sont
divers. Lutilisation des contenus audio semble limiter un peu la lecture des textes in
situ32 mais les textes peuvent aussi tre une rassurance par rapport aux lments
peu prcis qui sont mentionnes [dans les contenus audio] 33 . En outre, le visiteur
peut tre frustr si les contenus des deux formes de mdiation ne sont pas lis ou
quand une uvre expose nest pas commente par loutil audio34. Lexprience du
visiteur en rapport avec ces formes de mdiation est un lment important
considrer dans la production des outils de mdiation.
Le contexte physique de lespace doit tre aussi pris en compte : les muses ont
des approches trs diffrentes concernant lorganisation de lespace, et les systmes
de contenus audio doivent tre conus pour leurs destinations spcifiques qui posent
des dfis divers35.
c. Apprentissage et participation
Une question de recherche fondamentale est limpact de lutilisation de loutil
portatif sur lapprentissage et lobservation des objets dans lespace dexposition. Elle
peut se poser en ces termes : est-ce que les contenus audio aident le visiteur
comprendre et regarder les uvres, ou sont-ils une distraction qui empche une
interaction ?
30 DAVALLON Jean, Claquemurer, pour ainsi dire, tout lunivers: La mise en exposition. Paris: Editions du
Centre Georges Pompidou, 1986, p. 204. 31 BRADBURNE James M, Foreward dans Digital technologies and the museum experience : handheld
guides and other media, 2008, p. xi. 32 BLUMEFELD Zo. Evaluation de laudioguide des collections canadiennes du Muse des Beaux-Arts du
Canada. 1998. P. 55. 33 BERA Marie-Pierre, DESHAYES Sophie. Les audioguides du muse dArt et dHistoire du Judasme et du
muse des Arts asiatiques de Nice. 1999. P. 55 34 GAMMON Ben et BURCH Alexandra, Designing Mobile Digital Experiences dans Digital technologies
and the museum experience: handheld guides and other media, 2008, p. 51. 35 Ibid.
21
Les muses cherchent des nouveaux moyens de connecter des visiteurs, des
ides et des uvres36. Lapprentissage qui se passe dans un muse est unique :
Quest-ce qutre actif dans un muse dart ? Cest, face une uvre, la regarder,
cest--dire lexplorer visuellement ; cest ragir motionnellement, exprimer ses
prfrences ou jugements et analyser les motifs de ses prfrences ; cest replacer
luvre dans un courant artistique et la comparer avec dautres uvres37 .
Il y a une volont de la part des visiteurs davoir des informations sur les uvres
ainsi que sur lorganisation des ensembles duvres quils regardent38. Les tudes
montrent que les informations fournies par les parcours audio enrichissent
lexprience musale, surtout pour les uvres qui sont difficiles comprendre, ce
qui indique que ces informations constituent une base pour savoir comment regarder
et comprendre luvre39.
Lutilisation de plusieurs sens en mme temps est un principe important
dapprentissage qui augmente la mmorisation des informations40. Ainsi les donnes
prliminaires confirment que les parcours multimdia lorsque ceux-ci sont aussi
multi-sensoriels, facilitent une tude approfondie et une analyse critique des objets41.
Un enjeu important est de savoir comment les contenus audio focalisent lattention
des visiteurs. Les informations fournies par ces contenus peuvent guident lattention
des visiteurs vers certains aspects dune uvre, le visiteur peut donc de ce fait
ignorer dautres aspects42.
John Falk et Lynn Dierking proposent un modle contextuel de lapprentissage
dans les muses, o lapprentissage est le produit des interactions entre les
contextes personnels, socio-conomiques et physiques du visiteur43. Dans le cas des
technologies dans les muses, pour optimiser lapprentissage, les outils doivent
construire du sens partir des expriences et connaissances pralables des
36 FILIPPINI-FANTONI Silvia et BOWEN Jonathan, Designing Mobile Digital Experiences dans Digital
technologies and the museum experience : handheld guides and other media, 2008, p. 81-82. 37 GOTTESDIENER Hana, La Lecture des textes dans les muses dart dans Textes et publics dans les
muses, Lyon : Presses universitaires, 1992, p. 75. 38 SMITH Jeffrey K. et TINIO Pablo P.L., Audibly Engaged : Talking the Walk dans Digital technologies
and the museum experience : handheld guides and other media, 2008, p. 75-76. 39 Ibid. 40 FILIPPINI-FANTONI Silvia et BOWEN Jonathan, Designing Mobile Digital Experiences , dans Digital
technologies and the museum experience : handheld guides and other media, 2008, p. 81-82. 41 Ibid. 42 SMITH Jeffrey K. et TINIO Pablo P.L., Audibly Engaged : Talking the Walk , dans Digital technologies
and the museum experience : handheld guides and other media, 2008, p. 66-67 43 FALK John H. et DIERKING Lynn D., Enhancing Visitor Interaction and Learning with Mobile
Technologies dans Digital technologies and the museum experience: handheld guides and other media, p. 21.
22
visiteurs, les connecter leur cercle social et appuyer directement leurs motivations
la visite et leurs intrts avant, pendant et aprs la visite44.
Un mouvement important dans le monde musal actuel vise crer des
institutions plus participatives, ce qui est li la question pose par Duncan
Cameron : le muse, un temple ou un forum45 ? La Nouvelle musologie, fonde
en partie sur les ides dfendues dans cet ouvrage, place les publics au centre de
ses proccupations et met fin lunique primat des collections46 , en faisant du
muse un lieu dchanges. Dans The Participatory Museum47, Nina Simon affirme
que les techniques pour rendre les muses plus participatifs sont trs importantes
pour promouvoir lapprentissage, le plaisir et lexploration chez le visiteur.
Certains professionnels craignent que les contenus audio simplifient lactivit de
la visite, la rduisent une collecte dinformations48 . Mais les tudes montrent que
les outils numriques portatifs captent lattention du visiteur et augmentent sa
capacit interagir avec les objets49.
Les outils participatifs permettent aux visiteurs dindiquer leurs uvres prfres,
de partager des contenus sur les rseaux sociaux, et de crer leur propre parcours
dans les collections. Ils peuvent tre des extensions des projets participatifs de
l'institution. Ces programmes interactifs et la possibilit de choisir quels contenus
couter, proposent un point dentre pour les visiteurs rticents, qui peut offrir un
changement fondamental dans la nature de la visite en encourageant un plus haut
niveau dengagement personnel50.
44 FALK John H. et DIERKING Lynn D., Enhancing Visitor Interaction and Learning with Mobile
Technologies , dans Digital technologies and the museum experience: handheld guides and other media, p. 28. 45 CAMERON Duncan, Le muse : temple ou forum ? dans Vagues : une anthologie de la nouvelle
musologie, sous la direction dAndr Desvalls, vol. 1, PUL, Lyon, 1992. 46 DEHON Cllia, Le tlphone portable, nouvel outil de mdiation culturelle dans les institutions musales
franaises, 2011, p. 16-17. 47 SIMON Nina. The Participatory Museum. Santa Cruz: Museum 2.0, 2010. 48 DESHAYES Sophie. Audioguides et muses , dans La lettre de lOCIM, n 79, 2002, p. 25. 49 GAMMON Ben et BURCH Alexandra, Designing Mobile Digital Experiences , p. 40. 50 GREEVES Margaret, Help at Hand : Working with Handheld Guides prsent Help at Hand : Working
with Handheld Guides Conference, London, Juin 2006.
23
II. LE PARTI PRIS DE LA RECHERCHE
Ce mmoire de recherche se concentre sur le rle des contenus audio dans la
construction de sens pendant la visite de lespace musal.
En offrant un audioguide ou une application mobile ses visiteurs, le muse
ajoute un niveau de sens au message dj communiqu par lexposition. Ces outils
numriques se trouvent au milieu du discours structur par les crits in situ,
laccrochage des uvres, la musographie-scnographie. En raison de leur nature
autoritaire, les outils audio sont proposs par le muse lui-mme, ces dispositifs
mritent dtre analyss comme des lments lgitimes de la communication de
lexposition.
Jean Davallon propose une dfinition de lexposition. Selon lui, lexposition
dsigne la fois lacte de prsenter des objets au public et le lieu dans lequel se
passe cette prsentation51. Si lexposition vise tre un mdium qui transmet un
discours au visiteur, sa musographie-scnographie agit comme lcriture de sens
dans un espace52 . Les objets, qui perdent leurs significations dorigine dans le
contexte de lexposition, deviennent les lments dun ensemble. Le rapport entre les
objets, lorganisation spatiale et les crits qui font partie intgrante de la mise en
scne, sont les producteurs de sens. Donc, pour comprendre comment loutil
numrique fonctionne dans lespace dans ce contexte, les lments de
communication de lexposition sont prendre en compte.
Mme si laspect technologique du dispositif peut avoir une influence sur
lexprience du visiteur dans lespace dexposition, ce mmoire se concentre sur les
contenus proposs par ces outils, notamment audio. Les technologies et les autres
contenus, notamment les images, sont prises en compte de manire moins
importante. Les contenus produits et prsents comprennent le discours scientifique
que le muse choisit de mettre en avant.
Comme cet outil de mdiation est un moyen relativement rcent pour les muses
de communiquer avec leurs visiteurs, il faut ltudier pour voir si les contenus se sont
inscrits dans la ligne du discours global de linstitution qui les propose. Existe-il des
pratiques dexcellence dans leur production ? Comment les contenus sont-ils
51 DAVALLON, Jean, Claquemurer, pour ainsi dire, tout lunivers: La mise en exposition, 1986, p. 204. 52 ONEILL Marie-Clart, & DUFRESNE-TASSE Colette, Augmenter notre comprhension de limpact de la
musographie sur les visiteurs , Culture et Muses, 16, 2010, p. 239.
24
prsents et structurs pour aider leurs utilisateurs observer et comprendre les
objets exposs ? Quels sont les rapports entre les contenus de loutil et ceux des
crits sur les murs, de la musographie-scnographie, des autres aides la visite
autonome ? Les contenus audio crent-ils un outil daide la visite autonome ou un
complment aux crits dans les salles ?
Ce travail actuel se concentre sur la premire tape dans la vie de ces contenus,
cest--dire les objectifs des producteurs et la place de loutil dans lespace.
Lutilisation et la rception par le visiteur ne figurent pas dans le cadre de cette
recherche.
25
CHAPITRE 2: LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
I. CHOIX ET CONCEPTION DE LOUTIL DANALYSE Ce travail porte sur le rle des contenus audio au sein de lespace musal. Pour
bien rpondre aux questions de dpart, il a t considr pertinent dtudier des
tudes de cas concrets de contenus audio dans un espace dexposition, pour en
retirer des thmatiques. Ces tudes de cas ont t trs dtailles pour comprendre
au mieux les enjeux de la production de sens et le rle de cet outil dans le muse.
A. La dfinition des paramtres pour la constitution de lchantillon
Le premier lment quil sagissait de dterminer dans cette recherche tait le type
despaces tudier. Afin de faciliter ltude du rapport entre les contenus audio et le
discours communiqu par lespace musal, les expositions temporaires, avec leurs
parcours trs bien dfinis, ont t le cadre de cette recherche. Alors que les
collections permanentes des muses peuvent gnralement tre visites
alatoirement, les expositions temporaires ont au contraire tendance avoir un
parcours de visit bien dfini avec un discours qui se construit au fil de la
progression du visiteur.
Il a donc t dcid de choisir des expositions temporaires, et ce en fonction de
divers critres. Pour des raisons lies aux contraintes pratiques, il a t choisi de se
limiter aux expositions dbutant partir de lautomne 2013 dans les muses Paris.
Pour limiter les variables qui peuvent influencer les diffrences entre les contenus
audio de chaque institution, comme les enjeux de leur cration, plusieurs choix ont
t faits pour essayer de trouver des muses et des expositions temporaires
comparables. Il a donc t tabli que les muses retenus devaient exposer une
collection de Beaux-Arts, et que les expositions prsentes devaient tre
thmatiques plutt que monographiques. Linstitution elle-mme devait proposer un
dispositif portatif avec des contenus audio, cest--dire un audioguide et/ou une
26
application mobile. Le public cibl sont les visiteurs adultes, en excluant les
personnes en situation de handicap visuel ou auditif qui bnficient souvent de
dispositifs de mdiation adapts leurs besoins spcifiques. Ce dernier critre exclut
galement les outils spcifiquement conus pour les enfants et les adolescents.
B. Le choix des expositions temporaires
Sur la cinquantaine dexpositions prsentes Paris pendant la priode
slectionne, une dizaine proposait un outil portatif numrique. Les sept expositions
thmatiques qui pouvaient tre incluses dans ce travail sont les suivantes :
Kanak au muse du quai Branly
Les Etrusques au muse Maillol
Le Surralisme et l'objet au Centre Pompidou
Masculin/Masculin au muse dOrsay
Dsirs et volupt l'poque victorienne au muse Jacquemart-Andr
La Renaissance et le rve au muse du Luxembourg
Le Printemps de la Renaissance au muse du Louvre
Pour des raisons de faisabilit et pour assurer des analyses en profondeur,
seulement trois expositions ont t slectionnes parmi celles-ci. Les deux
premires, Kanak et Les Etrusques ont t limines en raison de leur
approche ethnographique. Les expositions temporaires au Centre Pompidou et au
muse dOrsay proposaient leurs contenus audio uniquement sous forme
daudioguide et non en application mobile ; elles nont donc pas t choisies afin
dassurer que ce fait nait pas dinfluence sur les contenus eux-mmes.
Ainsi les trois muses figurant dans lchantillon sont :
Dsirs et volupt l'poque victorienne au muse Jacquemart-Andr
La Renaissance et le rve au muse du Luxembourg
Le Printemps de la Renaissance au muse du Louvre.
27
Ces expositions temporaires ont t prsentes dans des institutions de taille et
de statut varis, avec des approches distinctes concernant leurs contenus audio, qui
ont t produits par trois prestataires diffrents.
C. La ncessit dun outil composite
La question du rle du dispositif portatif numrique dans lexposition temporaire et
son fonctionnement est complexe, elle ncessite donc un outil tout aussi complexe
pour la rsoudre. Les contenus audio de ces trois expositions ont t tudis de la
manire suivante pour retirer les grands axes de rflexion de cette recherche :
Quels sont les objectifs des commissaires et des mdiateurs pour les
contenus audio ?
Quels types de contenu ? Quels publics viss ? Quels rapports viss
avec les autres outils daides la visite autonome (les crits sur les
murs, la musographie-scnographie, les livrets) ?
OUTILS: crits des commissaires, entretiens avec les professionnels
associs aux expositions
Comment les objectifs fixs pour les contenus audio influencent-ils leur
production?
Quel est le niveau dinformations vis ? Quels rapports avec la
production des autres aides la visite ? Qui travaille sur quoi et
pendant combien de temps ?
OUTILS: entretiens avec les professionnels des muses et les
prestataires
Comment les contenus audio rsultants fonctionnent-ils ?
Comment ces contenus prsentent-ils les uvres aux visiteurs? Quels
rapports avec les autres aides la visite autonome ? Quel message est
transmis et comment ? Quels publics en profitent ?
OUTILS: grille danalyse
28
Comment les contenus audio rsultants refltent (ou non) les objectifs fixs
pour cet outil et pour lexposition elle-mme ?
Quels sont les rapports entre les objectifs constats pour loutil et
lanalyse des contenus audio ?
OUTILS: grille danalyse, entretiens avec les professionnels des
muses
Loutil composite pour ce travail est donc ax sur des entretiens avec les
professionnels qui ont cr les contenus audio, une grille danalyse des contenus
audio adapte cette recherche, ainsi que des analyses des crits des
commissaires notamment dans le catalogue, et des expositions pour comprendre
leur fonctionnement et le discours quelles vhiculent.
1. Les entretiens
Les professionnels des muses et les prestataires associs ont t interviews
pour mieux comprendre les objectifs fixs lors de la cration des outils. Il leur a
galement t demand de donner des prcisions quant la mthode et le
processus de production des contenus audio. Les rponses de ces professionnels
ont t tudies afin de dterminer comment la vision du commissaire concernant
lexposition peut influencer les contenus audio et leur place au sein de lexposition.
Six personnes ont t interroges dans le cadre de ces entretiens. Pour
lexposition Dsirs et Volupt lpoque Victorienne , Monsieur Nicolas Sainte
Fare Garnot, conservateur du Muse Jacquemart-Andr et commissaire de
lexposition a accord une interview, ainsi que Madame Graldine Gauvin, directrice
de production des outils multimdias et musographie chez Sycomore, lentreprise
responsable de la production des contenus audio. Pour lexposition Le printemps
de la Renaissance , Monsieur Marc Bormand, conservateur en chef au dpartement
des Sculptures du muse du Louvre et commissaire de lexposition a t consult,
ainsi que Madame Marina-Pia Vitali, sous-directrice de la mdiation dans les salles
au muse du Louvre, et Aude Gobet, charge de programmation au Service
ducation au muse du Louvre. Pour lexposition La Renaissance et le rve ,
Madame Juliette Le Taillandier de Gabory, responsable du dveloppement des
29
publics et de la programmation culturelle au muse du Luxembourg, a accord un
entretien.
Les questions poses aux professionnels sont rparties en quatre catgories : les
objectifs de lexposition, les objectifs du dispositif portatif numrique, la production
des contenus audio, et l'outil rsultant (Voir Annexes II - A et B).
a. Les objectifs de lexposition
Les questions portant sur les objectifs de lexposition sont importantes parce
quelles permettent dtablir le contexte dans lequel les contenus audio ont t
produits. Cette premire catgorie vise comprendre le discours que le commissaire
souhaite communiquer aux visiteurs et les publics qui sont cibls par lexposition.
Quels taient les objectifs de lexposition ?
Qui tait le public vis de lexposition ?
b. Les objectifs du dispositif portatif numrique
Les objectifs des contenus audio sont aussi abords par des questions dans les
entretiens. Les questions les plus importantes cherchent savoir pourquoi le muse
propose un audioguide ou une application mobile, et quoi peuvent servir de tels
outils. Ces questions permettent dtablir quelle est la place du dispositif au sein de
linstitution. Il sagit ensuite de savoir quel est le rle de loutil audio dans lexposition,
ainsi que celui des outils crits, et quels sont les publics cibls par chacun de ces
outils de mdiation. Les rponses ces questions sont importantes pour dterminer,
en tudiant le dispositif rsultant, si les objectifs assigns cet outil de mdiation
sont atteints.
Pourquoi faites-vous un audioguide et/ou une application ? A quoi peut servir
un audioguide et une application ?
Quel est le rle des contenus audio dans lexposition? Et celui des crits sur
les murs ?
Quel est votre cible de public pour les contenus audio ? Pour les textes ?
30
c. La production des contenus audio
La production des contenus audio est un lment essentiel examiner pour
comprendre comment les objectifs fixs pour le dispositif influencent sa conception et
par consquence loutil rsultant. Dans ce groupe de question il a donc t demand
aux professionnels dindiquer quel moment les contenus audio sont conus et
combien de temps est pris pour leur ralisation. La mme question a t pose
concernant les textes sur les murs. Plusieurs thmes ont ensuite t abords comme
les dmarches et les personnes responsables de la slection des uvres (combien
et lesquelles), la dure des commentaires, les choix des narrateurs et de la musique,
les partis pris stylistique de la prsentation des uvres, pour la rdaction et la
production des contenus. Des questions ont t poses sur la constitution de
lquipe projet de faon savoir qui travaille sur quels lments de la mdiation, si
les mmes personnes ont travaill sur les contenus audio, les crits sur les murs et
les aides la visite autonome, et si ces personnes sont les mmes pour chaque
exposition. Une question visait prciser quelle relation entre les crits et les
contenus audio tait recherche, et si cela avait une influence sur le processus de
production. Il a t demand aux professionnels de prciser quel niveau
dinformation ils ont vis dans les contenus audio et comment cela est contrl au
cours du processus de production. Enfin une dernire question a vis dterminer
sil existe des pratiques dexcellence dans le domaine de la production des outils
audio.
Quels sont les dmarches pour la production de contenus ? A quel moment
pensez-vous laudioguide/application et combien de temps prenez-vous
pour la prparation, l'enregistrement, etc. ? Comment le choix des uvres
incluses dans laudioguide/application (combien et lesquelles) est-il fait ? Et
par qui ?
Concernant lquipe du projet, qui travaille sur quels lments de la
mdiation (les mmes personnes ont-elles travaill sur
laudioguide/application, les panneaux, le livret) ? Est-ce que ces
personnes sont les mmes pour chaque exposition ?
31
Comment est-ce que vous avez prvu la relation entre les textes,
laudioguide/application et les autres outils daides la visite autonome
(complmentaires ou indpendants) ? Comment est-ce que cela influence
leur production ?
Quel est le niveau dinformations vis pour le contenu numrique?
Comment est-il assur ?
Existe-il des best practices (pratiques dexcellence) pour la production?
Concernant le contenu des commentaires audios, quel est le parti pris pour
le style de la prsentation des uvres ?
d. L'outil rsultant
Les questions poses sur le dispositif rsultant relvent plutt de lordre pratique,
notamment : pour qui loutil est-il gratuit et pourquoi, quels publics utilisent les
contenus audio dans lexposition, et quels ont t les publics de lexposition. Les
rponses ces dernires interrogations aident comprendre si les publics viss
correspondent bien aux visiteurs ayant rellement utilis loutil.
2. La grille danalyse Les commentaires audio ont t tudis avec laide dune grille danalyse (voir
Annexe III - A) adapte de celle de Colette Dufresne-Tass pour les expositions
temporaires et inspire par le travail de Sophie Deshayes en 2002 pour le
Dpartement des Publics de la Direction des Muses de France53. Cette grille
adapte vise donner des critres permettant danalyser les contenus audio dune
exposition dans le but davoir une vision globale du dispositif propos. Puis les
diffrents outils analyss ont t compars entre eux.
La grille examine les gnralits de loutil, comme le dispositif physique et la dure
des commentaires, la structure interne du contenu des commentaires et les relations
avec les autres lments de lexposition, tels que les uvres, la musographie-
scnographie et les crits sur les murs.
53 DESHAYES, Sophie, Les audioguides, outils de mdiation dans les muses , Rapport dtude
commandit par le dpartement des publics de la Direction des muses de France, dcembre 2002.
32
a. Prsentation de loutil
Les contenus audio sont conus pour exister dans un contexte spcifique. Ils sont
proposs sur un dispositif adapt avec un systme ddi pour les louer ou les
tlcharger. Il est important de prendre en compte cette ralit pour comprendre
lexprience cre par la runion de ces lments.
Les contenus audio sont dabord prsents travers les dispositifs sur lesquels ils
sont disponibles, notamment les audioguides et les applications mobiles. Pour
chaque dispositif, les donnes suivantes ont t examines :
Quel est le support ?
Est-il clairement indiqu o le louer ou le tlcharger ? Le Wi-Fi est-il
disponible ?
Est-il clairement indiqu comment lutiliser ?
Est-il facile manipuler ? Comment fonctionne-t-il ?
Les textes/photographies (sil y en a) sont-ils faciles dchiffrer ?
Quel est le prix ?
Quelles sont les langues proposes ?
Quelles sont les dures des commentaires ?
Les dispositifs sur lesquels les contenus audio sont installs ont ensuite t
dcrits et compars entre eux. Enfin, une tude des signes graphiques qui indiquent
aux visiteurs quel moment de leur parcours couter les commentaires a t
ralise, en prenant en compte lordre des commentaires et la clart du parcours.
b. Structure interne du contenu des commentaires
Ce volet porte sur la structure elle-mme du contenu audio, les partis pris choisis
concernant lapproche des uvres et la place du visiteur qui utilise cet outil de
mdiation. La structure des commentaires prend en compte plusieurs lments. Le
premier est combien dides, ou approches gnrales pour traiter luvre, sont
abordes dans chaque commentaire. Une ide peut tre le sujet reprsent dans
un tableau ou son traitement, un lment biographique concernant un artiste ou un
collectionneur, le contexte culturel de luvre, un mouvement artistique, ou encore
les influences littraires ou artistique de luvre. Les types dides, ainsi que le
33
nombre dides abordes dans chaque commentaire, ont t analyss. Ces
lments revtent un intrt tout particulier car ils permettent danalyser la faon dont
luvre est prsente au visiteur et comment le discours des contenus audio est
construit.
Un second ensemble dlments prendre en compte dans la structure des
commentaires sont les techniques de communication employes. Ce sont les
techniques utilises dans les commentaires pour faciliter la communication du
contenu de lexposition au visiteur, pour maintenir lintrt du visiteur pour le contenu,
et pour assurer la comprhension et la synthse54. Lanalyse des techniques prend
en compte les types de contenus inclus dans les plus grandes ides , savoir les
descriptions visuelles, lidentification du sujet et la signification de liconographie, les
lments biographiques sur lartiste, le contexte de la cration de luvre et sa
rception, le processus de restauration, etc. Les techniques peuvent aussi
comprendre des lments de communication, comme le ton du texte, les voix des
narrateurs, la musique, les citations, les questions poses, la situation du visiteur
dans lespace de lexposition. Ces lments permettent de mettre jour la structure
interne des contenus audio. Les techniques de communication sont ensuite
analyses pour voir si elles permettent datteindre les objectifs qui ont t fixs pour
loutil.
La place du visiteur au sein des commentaires a t prise en compte. On a
cherch rpondre aux questions suivantes : le visiteur est-il impliqu dans les
commentaires, est-ce que le narrateur sadresse lui directement, quel niveau ?
Les lments sont-ils fournis pour stimuler limagination chez le visiteur ? Les
connaissances pr requises exiges de la part du visiteur sont aussi examines pour
comprendre qui est le visiteur vis par les contenus audio. Le visiteur est-il suppos
dj connaitre les mouvements artistiques, la terminologie employe en histoire de
lart ou les dates cls de lhistoire des civilisations ? Doit-il se souvenir des lments
abords dans une section prcdente de lexposition ? Les rponses ces questions
permettent dapporter un clairage sur linteraction entre loutil et son public.
54 DUFRESNE-TASSE Colette, Grille danalyse dexposition.
34
c. Relations avec les autres lments de lexposition
Les contenus audio sont couts dans un contexte musal spcifique qui
communique dj un discours aux visiteurs. Le rapport entre les uvres,
lorganisation spatiale et les crits, qui font partie intgrante de la mise en scne,
sont les producteurs de sens au sein de lexposition. Quand les contenus audio y
sont ajouts, la cohrence avec le discours de lexposition devrait tre assure
formant une relation troite et pertinente entre ses composantes55 . En examinant
les relations entre loutil audio et les autres lments de lexposition, on cherche
obtenir une vision plus claire de son rle spcifique.
Les uvres
Les commentaires ont t tudis afin de dterminer sils prsentent leurs
discours par le biais des uvres, ou si les commentaires servent dappui ce que
lon fait dire aux objets56 . La question principale tant de savoir si lusage de ce
dispositif vient concurrencer lobservation des objets eux-mmes. Lanalyse vise
savoir si les uvres sont traites comme le sujet en soi du commentaire, ou comme
une simple illustration dun propos plus gnral.
Un autre aspect des contenus audio important prendre en compte est la manire
dont ils encouragent lobservation de luvre. Il sagit donc danalyser la construction
du commentaire et sa ligne ditoriale ; cest--dire, la progression du propos
concernant luvre et le contexte de luvre, afin de voir comment les commentaires
encadrent lobjet. Le commentaire commence-t-il par prsenter un dtail de luvre
ou le contexte de sa cration, par exemple ? Combien de fois est-ce que le
commentaire prsente un rapprochement entre luvre et son contexte ? Il faut aussi
prendre en compte dans quelle mesure les lments visuels sont abords dans les
commentaires.
Il est important dtudier si des preuves visuelles concernant les arguments
prsents dans les commentaires sont fournies. Si les commentaires mentionnent
des faits sans prsenter des dtails de luvre ou une image de rfrence, le visiteur
doit sappuyer sur son propre bagage culturel ou accepter lautorit des concepteurs
55 Ibid. 56 Ibid.
35
de loutil. Les preuves visuelles donnent le pouvoir au visiteur de dcider lui-mme si
les conclusions des commentaires sont justes ou non.
Enfin cette tude a pris en compte la quantit duvres commentes par rapport
celles qui sont exposes. On a cherch savoir si les commentaires audio portant
sur un nombre duvres limit, aident aussi les visiteurs observer et comprendre
les uvres qui ne sont pas commentes directement.
La musographie-scnographie
La musographie-scnographie, qui communique un discours au visiteur, a t
examine en relation au parcours cr par les contenus audio. Son analyse a t
effectue partir des critres proposs par K. McLean : lenvironnement de
lexposition, la justesse des mdias, la clart de lorganisation et lefficacit gnrale
de la communication57. La musographie-scnographie a t examine afin de voir
quelles uvres sont mises en valeur, et de dterminer si ces mmes objets sont
galement comments par des contenus audio.
La circulation dans les salles a t compare au parcours de visite propos par
lordre des commentaires. Il est important de prendre en compte cet aspect pour voir
sil existe une cohrence ou une tension entre la musographie-scnographie et
lutilisation de loutil. Le dploiement des uvres commentes est aussi considr
pour vrifier quil y a une distribution are des objets dans lespace.
Les uvres commentes sont localises de faon voir si chaque visiteur peut
accder un espace confortable devant lobjet, mme dans les moments de forte
affluence.
Les crits
Les uvres mises en valeur par les crits sur les murs ont t examines afin de
voir si elles sont aussi commentes dans les contenus audio. Une uvre peut tre
mise en valeur en ayant soit un texte ddi, comme un cartel dvelopp, soit en
tant mentionne dans un panneau de section ou un panneau thmatique, par
exemple.
Les contenus des crits sur les murs et des commentaires audio ont t compars
pour vrifier sil existe des chevauchements dinformations. Cette dmarche vise 57 McLEAN, Kathleen, Looking at exhibitions: One approach to criticism dans Planning for people in
museum exhibitions. Ann Arbor, MI: Association of Science-Technology, 1993, p.163-166
36
comprendre quelle est la relation entre les textes crits et les commentaires audio, et
tablir sil y a une cohrence et sils ne se contredisent pas.
La comparaison des contenus a ensuite t analyse pour tudier les diffrences
qui existent entre une exprience de visite o le visiteur a utilis uniquement les
outils de mdiation crite dans lexposition, et une exprience de visite o les
commentaires audio ont t couts. On a cherch savoir ici, si le visiteur obtient
plus dinformations sur le contenu de lexposition en coutant les commentaires, ou
sil passe ct dinformations en ne lisant pas les crits. Les expriences
proposes par chaque forme de mdiation ont donc t examines.
Ces lments permettent de considrer le degr dautonomie des contenus audio.
Est-ce quils fonctionnent indpendamment des outils de mdiation crite ou sont-ils
dpendants de ces textes ? Quel est le niveau de complmentarit ou de
redondance entre ces deux formes de mdiation ?
37
CHAPITRE 3: PRESENTATION ET ANALYSE DES ETUDES DE CAS
I. MUSEE JACQUEMART-ANDRE : DESIRS ET VOLUPTE A LEPOQUE VICTORIENNE
A. Le contexte de loutil : Prsentation de lexposition
1. Les dterminants Lexposition Dsirs et volupt lpoque victorienne sest droule au Muse
Jacquemart-Andr du 13 septembre 2013 au 20 janvier 2014. Environ 130 000
personnes ont visit cette exposition.
Cette institution est un muse de lInstitut de France, gr par la socit
Culturespaces depuis 199658. Le Muse est situ dans un htel particulier quHenri
Parent a construit selon le dsir dEdouard Andr en 1875 sur le boulevard
Haussmann Paris. La collection permanente comprend des lments divers allant
de la peinture italienne, anglaise, franaise du XVIIIe sicle, flamande et hollandaise,
de la sculpture, du mobilier et des objets dart. Les salles dexposition temporaires
se trouvent au premier tage du Muse qui nest pas desservi par un ascenseur,
elles ne sont donc pas accessibles aux personnes mobilit rduite59.
Cette institution est ouverte tous les jours de 10h 18h, avec des nocturnes les
lundis et samedis jusqu' 20h30 en priode d'exposition. Le plein tarif pour une
entre est de 12 avec un tarif rduit 10.
58 Site Web du Muse Jacquemart-Andr:
http://www.musee-jacquemart-andre.com/fr/lorganisation-du-musee/le-delegataire 59 Site Web du Muse Jacquemart-Andr:
http://www.musee-jacquemart-andre.com/fr/preparer-sa-visite/horaires-et-acces
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2. Le contenu
a. Du thme au message
Les tableaux britanniques exposs dans cette exposition proviennent tous de la
collection de Juan Antonio Prez Simn, un grand collectionneur mexicain dorigine
espagnole (n en 1941). Vronique Gerard-Powell, commissaire gnrale de
lexposition, a slectionn des uvres de cette collection en les groupant en
plusieurs chapitres voquant les grandes aspirations des peintres britanniques, des
annes 1860 la veille de la Premire Guerre mondiale60 . Cest la premire fois en
France quune exposition prsente les uvres anglaises de cette priode61. Chaque
uvre choisie touche ce qui semblait aux commissaires : tre le plus
caractristique de cette priode, la fidlit la culture classique et lhommage la
beaut fminine62 .
Les commissaires ont dcid de suivre dans le parcours le fil conducteur de la
collection de Prez Simn, pour qui la figure fminine et la manire dont les
artistes la reprsente traduisent la quintessence de leurs aspirations esthtiques et
de leur rve de beaut63 . Prez Simn considre que les thmes qui se trouvent
dans ces uvres, savoir la femme, la beaut, la famille et lamour, touchent
[ses] motions les plus profondes et [ses] intrts fondamentaux64 .
Cette exposition vise donc montrer la passion dune poque pour la beaut
fminine, tout en prsentant des uvres rassembles selon le got dun grand
collectionneur du XXe sicle. Lenjeu de lexposition consiste alors montrer une
priode spcifique dans lhistoire de lart anglais, vue travers le prisme du regard
de ce collectionneur.
Les huit sections de lexposition sont les suivantes (voir Figure 1) :
1. Dsirs dAntique : Centre sur des uvres de Lawrence Alma-Tadema, cette section entame lexposition travers une rflexion sur la fascination de
llite victorienne pour lAntiquit.
60 BABELON Jean-Pierre Un versant mconnu de la collection Prez Simn, la peinture anglaise dans
Dsirs et Volupt lpoque victorienne , Paris, Fonds Mercator, 2013, p. 13. 61 Cf. ANNEXE II H Entretien avec Nicolas SAINTE FARE GARNOT. 62 GERARD-POWELL Vronique, Juan Antonio Prez Simn et la peinture britannique dans Dsirs et
Volupt lpoque victorienne , Paris, Fonds Mercator, 2013, p. 25. 63 MONNIER Bruno, Peindre des rves de beaut dans Dsirs et Volupt lpoque victorienne ,
Paris, Fonds Mercator, 2013, p. 10. 64 PEREZ SIMON Juan Antonio, La peinture victorienne dans Dsirs et Volupt lpoque victorienne ,
Paris, Fonds Mercator, 2013, p. 21.
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2. Beauts classiques : Les artistes se consacrent une recherche de la perfection formelle travers des reprsentations de la femme, inspirs
toujours par lAntiquit.
3. Burne-Jones, muses et modles : Linspiration pour les artistes, dont Edward Burne-Jones, se trouve dans les visages des femmes, muses ou
modles, dans leur entourage.
4. Femmes fatales : Le thme de la femme fatale est frquent dans les uvres anglaises, notamment dans celles de John William Waterhouse.
5. Hrones amoureuses : Les prraphalites sont inspirs par la littrature britannique, qui est elle fascine par le Moyen-ge, les lgendes arthuriennes
par exemple.
6. LHarmonie rve : Strudwick produit des peintures remplies des figures littraires ou allgoriques, avec les iconographies complexes et symboliques. 7. La Volupt du nu : Les artistes anglais de la seconde moiti du 19e sicle commencent produire des peintures qui reprsentent le nu.
8. Le Culte de la beaut : Cette dernire section vise montrer comment les artistes de cette priode reprsentent la beaut fminine et la vie quotidienne.
Les artistes montrent des femmes trs bien vtues dans des magnifiques
dcors, parfois en plein rve, ce qui rappelle certaines uvres de posie.
Figure 1 : Plan de lexposition au muse Jacquemart-Andr
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b. Le type dapproche et de scnario
Lapproche utilise est double : une approche esthtique enrichie dune approche
scientifique65. La premire a pour objectif daider les visiteurs apprcier la beaut
fminine et porter attention aux dtails dans les uvres. La seconde approche est
caractrise par le fait que les commissaires de lexposition ont aussi cherch
rendre compte des inspirations et du contexte des artistes de cette poque. Le
droulement est thmatique.
c. La nature des objets
Cinquante uvres taient prsentes, dont celles de Lawrence Alma Tadema,
Frederic Leighton, Edward Burne-Jones, Albert Moore et John Waterhouse. La
majorit de ces tableaux, cest--dire quarante-trois, sont des huiles sur toile ou sur
bois. Lexposition prsentait galement sept uvres appartenant aux arts
graphiques : deux pastels sur papier, une sanguine sur papier sur carton, ainsi que
quatre aquarelles sur papier, carton ou papier mont sur toile. Leur datation, de
manire gnrale, stend de 1860 1916, la priode choisie par Vronique Gerard-
Powell.
d. La musographie-scnographie
La mise en scne encourage lobservation des uvres travers labsence de
mdias, lexception des textes. Le point central de chaque pice est luvre elle-
mme.
Huber Le Gall, un designer franais, crateur et sculpteur dart, a conu la
musographie-scnographie comme un rappel de latmosphre des palais antiques
et des boudoirs anglais, pour faire cho la force dcorative des tableaux
prsents66 . Les murs de plusieurs salles sont peints en trompe-lil pour
ressembler au marbre ou des rideaux, et plusieurs tapis ont des motifs dcoratifs.
Le choix des couleurs pastels ou dautres qui voquent des pierres semi-prcieuses
visent mettre les uvres prsentes en valeur (voir Figures 2 et 3).
65 MERLEAU-PONTY C., & EZRATI J. J., Lexposition thorique et pratique, Paris: LHarmattan, 2005, p. 49-
50. 66 Dossier de presse de lexposition:
http://www.musee-jacquemart-andre.com/sites/default/files/dp1_desirs_et_volupte_au_musee_jacquemart-andre_0.pdf
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Figures 2 et 3 : Photographies67 de la deuxime et troisime salle
En entrant dans chaque salle, un lment attire lil du visiteur et lencourage la
parcourir. Par exemple, dans la premire salle, le tableau Les Roses dHliogabale
attire le visiteur avec sa grande taille et ses couleurs vives. La septime salle, quant
elle, capte le visiteur par une srie duvres riches en couleur et en formes, qui
invitent le visiteur sapprocher pour apprcier leurs dtails.
Lclairage ne varie pas, sauf dans les troisime et sixime salles qui offrent une
lumire plus faible. Lclairage encourage lobservation des uvres de diffrentes
manires, par une lumire diffuse venant du plafond accompagne de spots dans
une salle bien claire.
e. Les crits
Les textes des salles prennent plusieurs formes : la forme dune introduction pour
chaque section (huit), de panneau informatif sur un personnage (six), de cartel
simple (pour chaque uvre), de cartel dvelopp (un), de pome (un) et de
chronologie (deux). Les panneaux de section comprennent un titre avec le thme de
la salle et trois cinq paragraphes explicatifs. Les cartels simples des tableaux
contiennent les informations permettant didentifier luvre (lartiste, ses dates de
vie, le titre, la date et matriaux de luvre), ainsi quun numro qui donne un ordre
au parcours de visite pour le visiteur (voir Figure 4). La taille de police pour les
explications des uvres exige que le visiteur sapproche pour pouvoir les lire (voir
Figure 5). Les textes sont prsents uniquement en franais.
67 Site Web du Muse Jacquemart-Andr : http://www.musee-jacquemart-andre.com/fr/dossiers/desirs-volupte-lepoque-victorienne-2013?galerie=1
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Figures 4 et 5 : Cartel simple et panneau de section dans la deuxime salle68
f. Les aides la visite, en dehors des contenus audio
Les aides la visite sont dfinies ici comme les dispositifs qui visent tre des
supports utiliss pendant la visite de lexposition et qui sont disponibles tout
moment pour le visiteur. Cette dfinition exclut le catalogue69 et les ditions hors-
srie qui sont vendus dans la boutique la sortie du muse, ainsi que le film
propos dans la salle des sculptures de la collection permanente o les