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Lire en Vendée Échos Musées n°25 Revue de la Société des Écrivains de Vendée et des amis de l’Historial de la Vendée novembre 2012 - mars 2013

Lire en vendée 25 novembre2012

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Lire en VendéeÉchos Musées n° 25Revue de la Société des Écrivains de Vendéeet des amis de l’Historial de la Vendée

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En prélude au Printemps du Livre de Montaigu, l’assemblée générale de la Société des Ecrivains de Vendée s’est déroulée le jeudi 29 mars à Mouilleron-le-Captif. Sur les terres du vice-président Jacques Bernard qui a organisé cette rencontre. Une quaran-taine d’adhérents y ont participé.

Philippe Darniche, sénateur-maire de Mouille-ron-le-Captif a accueilli le groupe à la Mairie et pré-senté sa commune, avant d’offrir l’apéritif de bienve-nue. Les participants ont ensuite gagné le restaurant «Le Sensis» pour un sympathique déjeuner. Le pré-sident Jean de Raigniac a rappelé les activités de la Société – elle compte désormais plus d’une centaine d’adhérents – et présenté le bilan financier. Malgré le désengagement des collectivités publiques, mais grâce à la progression des adhésions, les finances sont saines et permettent de poursuivre sereinement le travail engagé. La revue «Lire en Vendée» connaît un succès croissant, souligné par les libraires qui ont remarqué l’intérêt grandissant des lecteurs, très de-mandeurs de l’actualité littéraire vendéenne. Gilles Bély

Pierre Ménanteau,

Nous avions préparé un dossier sur Pierre Mé-nanteau, nous le remplaçons en dernière minute par nos hommages à Joseph Rouillé et Gilbert Prouteau.

Nous retrouverons Pierre Ménanteau dans notre prochain numéro, à paraître en mars 2013.

Assemblée généraleLe 8 août 2012, Joseph Rouillé nous a quittés

Au delà de l’écrivain de talent qui nous a laissé vingt-cinq livres, il faut lui être re-devable de ce qu’il a réalisé pour la Vendée littéraire. Fondateur, avec Jean Huguet, de la Société des Écrivains de Vendée, il en fut le premier président. Après quelques an-nées où elle sera rattachée à la Bretagne, la jeune société prendra rapidement son indé-pendance et s’imposera comme un élément essentiel de la culture vendéenne. La forte personnalité du président Rouillé aura été pour beaucoup dans cette réussite qui s’est manifestée de multiples façons : en plus des conférences et des séances de signatures, un bulletin qui deviendra, par la suite, une véritable revue et la création d’un prix litté-raires seront significatifs.

Je faisais partie de la Société depuis une dizaine d’années, lorsqu’il m’a demandé de prendre sa suite. J’ai été très sensible à l’honneur qui m’était fait et la passation a été effective en 2000, après la remise des prix. Aujourd’hui, l’équipe a été renouve-lée et son travail se poursuit avec bonheur : le nombre des adhérents augmente et la revue s’épaissit ; avec le soutien du Conseil général et celui du Crédit Mutuel, les prix ont pris une nouvelle importance. Ainsi l’œuvre de Joseph Rouillé est toujours vi-vante et prend sa place parmi les éléments qui nous donnent confiance dans l’avenir de la Vendée.

Michel Dillange

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LES AMIS

DE L’HISTORIAL

DE LA VENDÉE

LES ÉCRIVAINS

DE VENDÉE

Nous essayons nous aussi de prendre le large en suivant l’exemple de ces marins d’exception qui partent aujourd’hui dans une course sans merci. Nos vaisseaux pren-nent aussi la houle, essuient des paquets de mer et fendent l’eau pour donner le cap à tous les amoureux de l’aventure.

Une autre fl ottille reste à quai pour préparer le retour des héros. Un autre nu-méro les attendra et nous voguerons alors vers Montaigu chercher un mouillage ac-cueillant pour le printemps.

Les écrivains et les Amis de l’Historial de la Vendée aiment aussi se jeter à l’eau, l’aventure est toujours d’actualité.

Sinon, un livre ou un musée dans chaque port et tout va bien. Merci à René-Charles Keromnnès qui a gréé notre esquif en créant la couverture du premier livre d’Éric Gautier...

Jean de Raigniac

Sommaire

4 Les Salons et Prix littéraires

10 La bande dessinée

16 Hommage à Joseph Rouillé 23 Hommage à Gilbert Prouteau

35 Milcendeau à l’Historial

39 Les sorties des amis...

45 Activités et expositions du Musée

49 Nos sélections

80 Le coin du Centre Vendéen de Recherches Historiques

82 Les Écrivains de la mer

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Saint-Gervais : le Prix du Héron cendré à Gilles Perraudeau

Après Régine Pelloquin l’année dernière, c’est Gilles Perraudeau qui a cette année décroché le prix du Héron Cendré. Prix que lui vaut son ouvrage « Mémoire en images sur le marais nord vendéen », aux Éditions Allan Sutton. « Il suffit de glisser les mot marais ou maraîchin dans le titre pour gagner ce prix », s’est amusé le vainqueur, domicilié à Bois-de-Céné, en recevant son prix.

Mais il est vrai que Saint-Gervais et son salon du livre à la salle des Primevères, c’est d’abord une ambiance particulière, celle des Maraîchins ! Convivialité (déjeuner, avec vin à volonté pour tous les auteurs et le samedi et le dimanche), rires, facéties, malices, camaraderie constituent les atouts de cette manifestation, la 18e du nom cette année, avec une soixantaine d’écrivains qui se sont retrouvés les 28 et 29 avril dernier, entre deux tours d’élection présidentielle.

Les incontournables étaient là, notamment la Société d’histoire du nord-ouest vendéen et son président Michel Gruet, tout comme la Noirmoutrine Anne-Marie Kadem, relieuse… Et si le journaliste Philippe Ecalle, prix 2011 des écrivains de Vendée, ne pouvait être présent que le samedi, Yves Viollier est venu le dimanche...

L’association organisatrice, Patrimoine et tradition du canton de Beauvoir, avec son président Claude Mercier et son vice président Théo Rousseau, attendait le gros du public le dimanche après-midi. D’autant que le temps n’était pas à aller à la plage. Mais la météo était si exécrable que ce public ne s’est pas déplacé autant qu’espéré. N’empêche, le rendez-vous est déjà pris pour l’année prochaine. Philippe Gilbert

Saint-Gervais

Yves Viollier et le président Claude Mercier en conversation secrète

Gilles PERRAUDEAU est né à Bois-de-Cené en 1947. Professeur de lettres, il a pratiqué le collectage de la tradition orale, a participé au Groupe de recherche et d’expression du marais de Bois-de-Cené, Le Bouquet d’Ajoncs, et a écrit de nombreux ouvrages, notamment Les Bourrines du marais nord-vendéen, Des gars et des filles de l’Ouest,Quand la mer reviendra, Lexicologie des travaux agricoles, Bois-de-Cené, Challans et le Pays maraîchin.

À la lumière de nos artistes peintres Charles Milcendeau, Auguste Lepère, Jean Launois, Henry Simon et Gaston Dolbeau qui ont mis en ombre et lumière, ce plat pays du marais écrasé par un ciel lourd,

Avec les témoignages photographiques si réalistes, si tendres, si poétiques de Jean Challet, que ta plume a accompagnés de mots précis sentant bon le maraîchin,

À la suite de René Bazin qui ressuscita cette «Terre qui mourait» faute de maraîchins, à la suite de Marc Elder, à la suite de Marcel Baudouin qui fit connaître les coutumes de ce «Maraîchinage» si spécifique à notre nord-ouest vendéen, Gilles Perraudeau a décrit avec une précision scrupuleuse, presque amoureuse, les survivances de cette nature, de cet habitat, de ce mobilier, de ces hommes et femmes du marais, et il a expliqué avec un reste de nostalgie dans sa plume, les changements irrémédiables de ce pays de terre et d’eau, de cette société en douce modernité, de cette culture maraîchine se dégageant lentement du folklore, de ce peuple maraîchin dont les visages rudes restent anxieux entre l’invasion touristique bétonnière et les vagues de la mer toujours aux aguets.

Gilles Perraudeau connaît son marais, il le décrit, il l’accompagne, il le respecte, il l’aime.

Tel un grand héron cendré, il s’est posé en son milieu, près d’un étier, à la Marchoise, et debout dans le vent d’ouest, il le regarde avec tendresse.

Claude Mercier

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Le Salon du livre vendéen de Grasla se dérou-lera désormais tous les deux ans. Rendez-vous les 13 et 14 juillet 2013 sous les ombrages de la fo-rêt mythique qui a inspiré le dernier roman d’Yves Viollier, Même les pierres ont résisté. Le Prix Cha-rette continuera, lui, d’être attribué chaque année. Il consacre cette fois le livre de Christiane Astoul, «Louis Chaigne, un humanisme de Vendée». Un hommage à un grand écrivain, trop méconnu, fi -gure éminente du catholicisme social, incarnation de l’âme vendéenne.

La sélection du Prix Charette était de très grande qualité et il a fallu deux tours de scrutin pour dé-partager les cinq ouvrages en présence. Publié aux

éditions du CVRH, le livre de Christiane Astoul répond pleinement aux critères du Prix Charette. Celui-ci veut saluer «le panache, l’esprit de liberté et d’indépendance, l’intelligence» que l’on reconnaît à Charette.

Louis Chaigne avait assurément cette liberté d’esprit, cette intelligence vive, cette indépendance que l’on retrouve dans tous ses livres. C’était un humaniste. Christiane Astoul a souligné «un huma-nisme de Vendée» pour marquer l’attachement de Louis Chaigne à sa province, tout ce qu’il lui doit, tout ce qu’il lui a rendu. «Passeur de lumière, il était porteur d’une espérance», écrit Yves Viollier qui se souvient de sa première rencontre avec l’écrivain, dans sa maison de Venansault.

Un humanisme vendéenLa présentation pénétrante de Christiane Astoul

décrit Louis Chaigne comme un homme de son temps. N’aurait-il pas d’ailleurs voulu être journa-liste? Il fut écrivain, essayiste, critique littéraire, di-recteur de collections chez de grands éditeurs. Il fut aussi le directeur de la Revue du Bas-Poitou dont il orienta l’esprit vers le présent et l’avenir, sans rien renier du passé.

Dans la lignée de Paul Claudel, Gabriel Marcel, Marc Sangnier, il sera, entre 1930 et 1950, l’un des grands témoins d’un christianisme qui devait selon lui «être un rayonnement, non un rétrécissement». A l’heure des repliements identaires, son message est aujourd’hui d’une précieuse actualité.

Après avoir retracé l’itinéraire de Louis Chaigne, Christiane Astoul a choisi de présenter une petite anthologie chronologique de ses oeuvres. La Vendée d’abord, puis ses témoignages de reconnaissance à ses maîtres et à ceux qui ont guidé son itinéraire littéraire et spirituel. Des poèmes et des textes plus personnels complètent l’ouvrage. Louis Chaigne y évoque encore et toujours l’âme vendéenne: «On est plus assuré de prendre contact avec cette âme loin des routes nationales... là où les choses voient, là où les choses parlent, où les choses et les hommes sont étroitement associés, dans un présent résolu-ment tourné vers l’avenir».

Le Prix Charette a été remis à Christiane Astoul, le 12 juillet, à l’Hôtel du Département, par Bruno Retailleau, président du Conseil général, et Yves Viollier, président du jury, en présence de la famille de Louis Chaigne.

Christiane Astoul, Prix Charette 2012 pour son hommage à Louis Chaigne

Prix Charette

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La conspiration du général MaletTh ierry LentzPerrin

Grand spécialiste du Premier Empire, Th ierry Lentz décortique la tentative de Coup d’Etat du gé-néral Malet qui, annonçant la mort de Napoléon devant Moscou, vou-

lut prendre le pouvoir et obliger le Sénat à désigner un gouvernement provisoire. C’était le 23 octobre 1812. La tentative échoua et Malet fut fusillé. Elle n’en contribua pas moins a ébranler le pouvoir déjà chancelant de l’Empereur qui dut abdiquer deux ans plus tard. Extrêmement documenté, dans une belle écriture classique, ce livre retrace la carière tumul-tueuse de ce conspirateur-né. Il intéressera surtout les amoureux de l’Histoire.

Don Juan de Tolède, Mousquetaire du RoiBenoît Abtey Flammarion

On suivra avec intérêt le ma-rathon littéraire que le Vendéen Benoît Abtey débute avec ce roman de cape et d’épée de 700 pages qui sera suivi de deux autres ouvrages

dans une série intitulée Les secrets de D’Artagnan. D’Artagnan n’est pourtant pas le héros du livre. Il narre plutôt les aventures d’un autre mousquetaire, le mystérieux Don Juan de Tolède qui tire toutes les fi celles des intrigues et des cabales d’une époque très tourmentée, la Fronde. On peut déjà saluer l’ambition du projet et le travail de documentation qu’il exige. L’écriture est jaillissante et foisonnante, un peu trop sans doute, mais c’est aussi la loi de ce roman historique. Un peu moins de pages, un peu plus de rigueur, c’est ce qu’on est légitimement en droit d’espérer du prochain volume. Benoît Abtey a tout le talent voulu pour ça.

Gilles Bély

Quatre livres à recommander

Les quatre autres livres en lice pour le Prix Cha-rette ont tous obtenu au moins une voix au premier tour. Gage de l’intérêt qu’ils ont suscité auprès des membres du jury et de l’indépendance d’esprit de celui-ci. «Lire en Vendée» vous en dit l’essentiel et vous les recommande. Ils ne vous décevront pas.

Le gendarme de Napoléon qui arrêta le PapeDominique RézeauSPE Barhélémy

Aumônier de la Gendarmerie, chancelier de l’Evêché de Luçon, Dominique Rézeau avait toutes les raisons de s’intéresser au singulier destin du général Radet, l’homme

qui, sur ordre de Napoléon Ier, arrêta en juillet 1809, le pape Pie VII. L’auteur lui laisse la parole tout au long de cette biographie à peine romancée. En contre-point, les lettres de son épouse humanisent le parcours militaire heurté du général baron, au gré des changements de régimes. C’est ainsi que, capi-taine de la garde nationale à Varennes, il tenta de porter secours à Louis XVI et à sa famille, en fuite vers l’étranger. Plus tard, il joua un rôle important dans l’organisation de la Gendarmerie. Une page d’histoire méconnue, très agréable à lire.

Le bar des menteursIngrid NaourCherche-Midi

Beaucoup de verve et d’intel-ligence dans ce court roman qui a pour cadre l’île de Noirmou-tier. Tout spécialement, le Bar des Menteurs où se rejoignent reli-

gieusement d’éternels assoiff és, grandes gueules aux grands coeurs. Ingrid Naour les regarde, les écoute, partage leurs souvenirs et leurs histoires sans cesse recommencées. On s’attache à ces personnages tru-culents qui s’appellent Remets-moi ça, la Bernique ou Pêcheur de lune. On a aimé le style vif et coloré du récit, un peu moins la répétition des situations.

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Autour du magnifi que Th éâtre de Th alie, le « nouveau » Printemps du Livre de Montaigu a bien pris ses marques. De bon augure pour le 25ème anni-versaire de ce Salon qui aura lieu l’an prochain, du 19 au 21 avril. Présidée par Mireille Calmel, cette 24ème édition a été marquée par la remise du Prix Ouest à Jean-François Parrot pour son roman «L’en-quête russe».

Michel Ragon n’avait pu être présent pour re-mettre le Prix Ouest au lauréat 2012. C’est donc Yves Viollier qui s’en est acquitté, en transmettant au public son message d’amitié. Le jury avait distin-gué très nettement le roman de Jean-François Par-rot, «L’enquête russe». Le lauréat était déjà en lice l’année précédente pour une autre enquête de son héros, Nicolas Le Floch, «L’honneur de Sartine».

Les téléspectateurs connaissent bien cette série à succès qui les emmène au cœur de Paris, sous les règnes de Louis XV et Louis XVI. Cette fois, nous sommes en 1782, alors que la royauté souhaite ren-forcer ses liens avec l’empire russe. L’héritier du trône, le tsarévitch Paul, séjourne justement inco-

Prix Ouest à Montaigu

gnito à Paris... À partir de là, Jean-François Parrot trousse une histoire à rebondissements, foisonnante comme il se doit d’assassinats, d’intrigues compli-quées et de rebondissements inattendus. Le souci du détail et des descriptions – jusqu’aux recettes de cui-sine de l’époque – n’enlève rien, bien au contraire, au suspense savamment entretenu...

Yves Viollier a souligné la qualité de ce roman, mené de main de maître, comme la vivacité du style et des situations. Diplomate – il a occupé neuf postes à l’étranger – spécialiste du XVIIIème siècle, Jean-François Parrot veut avant tout, à travers les enquêtes du héros qu’il a créé, restituer notre his-toire, à la veille du « tremblement de peuple » que fut la Révolution française. Il exalte aussi « une langue admirable, qui ne nous appartient plus et qui doit s’ouvrir au monde. » Cette langue qui porte les valeurs de la France, celles des paysans, des chas-seurs, des soldats et des marins.

Gageons que nous retrouverons dans les pro-chaines aventures de Nicolas Le Floch, toute la sa-veur et le brio de « L’enquête russe »...

G. B.

Le Dos crawléEric FottorinoGallimard, 208 p., 16, 90 €

On ne tue pas les gensAlain DefosséFlammarion, 140 p., 15 €

Les Auto-tamponneusesStéphane Hoff mannAlbin Michel, 233 p., 17 €

Ils étaient dans la sélection...

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Deuxième salon du livre ancien, le seul en Vendée.Mélange des genres, la cuisine et les voyages avec Lionel Guilbaud, cuisinier vendéen, auteur de livres de recettes, le skippeur VDH, Jean Luc Van Den Heede qui nous a parlé cuisine à bord d’un bateau, J. Chauvet, G. Séjourné et E. Thomer.Les amateurs matinaux ont pu voir un post-incu-nable (année 1506) qui s’est vendu dans la première demi-heure du salon... Un bon prix... Ambiance feutrée, presque religieuse, très conviviale. Coupure du ruban par Jean Yves Burnaud maire du Chateau d’Olonne le 14 avril en compagnie de Gérard Faugeron, Ghislain Caput, responsable des festivités et les membres de l’association LivrEbook.

Quatrième édition de la journée des écrivains de la mer à Jard Sur Mer le 1er mai.La pluie du matin n’avait pas arrêté le pélerin, ni l’écrivain, encore moins le lecteur, le froid non plus.Bravo aux organisateurs stoïques devant une tente qui s’envolait sur la plage et saluons le soleil de re-tour comme toujours en début d’après-midi.

Conférence sur les femmes le 3 mars à la Salle Clemenceau de Saint Vincent sur Jard, organisée par Annie Gallet, Musée des Arts et Traditions Popu-laires. La date judicieu-sement choisie est celle de la semaine

de la fête des Grand-mères et de la journée de la femme. Un public chaleureux et enthousiaste assistait à la causerie d’Eveline Thomer, et pas que des femmes, beaucoup d’hommes aussi !

Septembre 2012, entrée littéraire d’automne réussie à Saint Gilles Croix de Vie autour de Jean-Pierre Majzer. Bravo à Catherine Girard-Augry pour sa conférence sur la littérature française !

Christophe Prat nous annonce la naissance de ELLA éditions, dont il est le gérant et qui publiera essentiellement des ouvrages en Eure-et-Loir : Je continuerai à faire publier mes propres ouvrages chez Grrr….art éditions afin de ne pas mélanger les métiers du livre.

Émouvante re-mise des prix du concours de nouvelles de Treize Sep-tiers organisé par Laurent Sourisseau et soutenu par le maire Isabelle

Rivière et un jury de 25 membres le 1er avril avec Eveline Thomer, past-présidente, Christophe Prat président 2012. Enfants émerveillés, anciens aux yeux brillants d’émotion et de larmes contenues. Les écoles par-ticipent à ce concours en travail de classe mais aussi les maisons de retraites et même la ville jumelée de Cabana de Bergantinos de la Province de Galice en Espagne. Un grand concours mené avec brio en toute simplicité. Belles initiative !

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Présidé cette année par Pierre Bordage, le salon des Arts et des Lettres de L’Épine à Noirmoutier, les 3 et 4 août 2012. 70 écrivains, peintres, sculpteurs, photographes dans une ambiance orchestrée par la présidente Jacqueline Bouyer, Frédéric Bonnin et tous les membres de l’association, aussi effi caces qu’accueillants. Rare mélange des arts.

Les Plumes Vendéennes, tous les mois de juin, par Corinne Bouhier de la Maison de la presse aux Sables d’Olonne. Rencontres et dédicaces. Une libraire met la Vendée et ses auteurs à l’honneur !

Les sorties d’Éveline, Lydie et les autres

27 octobre à Barbâtre, 60 écrivains, 5 peintres, 5 photographes, 5 éditeurs et 2 sculpteurs tenaient salon. Les nombreux élus, dont Yannick Moreau Député-Maire d'Olonne s/ Mer, Nicole Guérin, Conseillère Régionale (Challans) NoëL Faucher Président de la Communauté de Communes de Noirmoutier, Gérard Guillet, Maire de Barbâtre, Mme Léculée Maire de la Guérinière et la marraine Eveline Th omer, rendaient hommage à Michel Fourage pour ses actions culturelles.

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Janvier 2012, sortie du deuxième tome de « Au nom du fils », fin du récit. Nous retrouvons Michel Garan-deau, métallo de St Nazaire, parti à la recherche de son fils Etienne kidnappé par l’ELP, concurrent des FARC en Colombie.

Comme en écho à ce récit, le 28 avril les FARC font parler d’elles en kidnappant le français Roméo Langlois, qu’ils libèrent en mai, après 33 jours de captivité... La fiction rejoint la réalité !

Michel continue à remonter la piste de son fils en suivant le gringo trail, ce chemin que suivent les occidentaux et qui va du Mexique aux pays andains en passant par tous les grands sites archéologiques. Au fil des rencontres de routards qui ont connu son fils, il se laisse porter vers des lieux mythiques. Petit à petit, il arrive enfin à Ciudad Perdida, en pleine jungle, là où son fils a disparu. Il rencontre les ko-gis, ces tribus qui vivent en osmose avec la terre, puis l’armée régulière, et tout se bloque. Michel s’installe dans l’attente et l’espoir.

Pour Michel cette aventure le met face à sa vie, il se remet en question, découvre petit à petit qui était son fils, ses espoirs, sa philosophie… Michel se rend compte qu’il est lui-même peut-être passé à côté de la vraie vie. Le bilan est dur, il aurait dû se secouer, être plus actif, mais il s’est encroûté, a mal vieilli, que des mauvais choix ! En cherchant Etienne, il se trouve aussi à travers une véritable crise existentielle, il nous touche par son entêtement, parfois sa naïveté et par son amour indéfectible pour son fils. On le croyait d’un bloc, solide, volontaire, mais sa fragilité apparaît au fur et à mesure des difficultés.

Le dessin de Clément Belin semi-réaliste, plutôt du style reportage ou carnet de voyage, rend bien l’ambiance et l’atmosphère de ces pays, des ren-contres étranges, de la dureté de la vie, de la jungle, la sensation d’étouffement. Quand on ferme le deu-xième et dernier tome de ce récit on ne peut imagi-ner un autre style de dessin qui serait plus classique, plus standard. René Nicolas

AU NOM DU FILS T2Scénario : Serge PerrotinDessin et couleurs : Clément BelinEditions : Futuropolis

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L’APPEL DES ORIGINES T2

Scénario : Joël CallèdeDessin : Gaël SéjournéCouleurs : Jean Verney

Editions : Vents d’Ouest

Anna, la jeune métisse New New-yorkaise, est partie à la recherche de son père. Un père fils d’une riche fa-mille blanche des états du sud qu’elle n’a jamais connu et qui a disparu au Kenya. La petite serveuse de Harlem est maintenant comédienne. Pour fi-nancer l’expédition, un producteur de cinéma a investi dans le tournage d’un film autour d’Anna et de son histoire. Car ce n’est pas la seule re-cherche du père qui guide la jeune femme et ses compagnons d’aven-ture, c’est aussi la recherche des traces des premiers hommes de l’humanité.

La bande dessinée

Ce deuxième tome fleure bon l’aventure afri-caine. Nostalgie… On pense aux « Mines du roi Salomon » et à « Out of Africa ». Le dessin et la cou-leur sont des castelolonnais, Gaël Séjourné et Jean Verney. Ce tandem nous offre de superbes images. Les villes, les paysages, les animaux et les couleurs sont magnifiques. Nous attendons avec impatience la suite et fin de ce triptyq

RN

Le Kenya, Mombassa, Nairobi... Toujours le même rejet des métisses par les blancs et les noirs, tout comme aux USA. Mais Anna croise aussi des personnes généreuses telles que Ka-ren Blixen et Denys Finch-Hatton qui ont connu son père. Puis, c’est le départ à travers la brousse…

LES GARNIMOS T3Scénario & dessin : DavCouleurs : KnessEditions : Soleil

Sam, Blandine, Bob et toute la fine équipe des Garnimos décident de partir skier à la montagne. Mais l’expédition est perturbée lorsqu’ils découvrent que la neige a disparu et que la vie des habitants de la montagne est menacée.

Cinq ans après la parution du tome 2, Dav re-vient en grand forme avec ce nouvel épisode de sa « jungle en folie ». Le trait est toujours aussi expressif et les gags s’enchaînent sans temps mort. L’ancien étudiant montacutain est bien le digne héritier de Goscinny, le papa d’Astérix. Comme lui, il réussit à dérouler son récit sur plusieurs niveaux de lecture. Il arrive ainsi à captiver les plus jeunes tout en faisant sourire les parents. Une véritable gageure.

Serge Perrotin

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ANGOR T4Scénario : Jean-Charles GaudinDessin & couleurs : Dimitri ArmandEditions : Soleil

LES ARCANES DE MIDI-MINUIT T9Scénario : Jean-Charles GaudinDessin : Cyril TrichetCouleurs : Yoann GuilloEditions : Soleil

Trois attentats terroristes simultanés sè-ment la mort et la désolation dans York Town. Le Bureau Royal de Jim et Jenna est sommé de retrouver au plus vite les commanditaires de ces actes barbares.

Le scénariste Jean-Charles Gaudin creuse un peu plus la veine « réaliste » amorcée au tome précédent. Les forces et les enjeux qui régissent son monde imaginaire ne sont pas aussi manichéens qu’un survol rapide de la série pourrait le laisser croire. La gestion du pouvoir, les tensions qu’elle implique – et ses dérives - ne sont pas sans rappeler celles, bien réelles, qui agitent notre propre monde.

Le dessin du yonnais Cyril Trichet est toujours d’une grande constance ; sa mise en scène et son trait d’une lisibilité remarquable. Après neuf albums, le duo vendéen vieillit bien et prouve avec cette « Affaire mentaliste » qu’il en a encore sous le pied…

SP

Evrane, Lorky et Talinn, trois adolescents de la ville d’Angor, ont mis la main sur un mystérieux médaillon qui leur permet de se transférer instanta-nément dans leur corps d’adulte. Un pouvoir extra-ordinaire lorsque, comme notre trio, on rêve impa-tiemment d’aventures et d’exploits guerriers.

Dans ce tome 4, les auteurs délaissent un peu les péripéties propres à tout récit d’Héroïc Fantasy pour se recentrer sur les personnages et leurs doutes. Le mé-daillon se révèle un puissant accélérateur d’émotions qui entraîne les protagonistes dans un maelström de sentiments exacerbé par les allers et retours incessants entre adolescence et âge adulte. Jean-Charles Gaudin scrute ainsi au plus prêt les tensions, les rancœurs, les tourments des cœurs et des corps et apporte ainsi une profondeur bienvenue à son récit.

Le nantais Dimitri Armand confirme, avec cet album, les promesses graphiques aperçues dans les tomes précédents. Son imagination n’est pas en reste ; livre après livre, il se hisse ainsi au niveau des meilleurs bâtisseurs de mondes imaginaires.

Serge Perrotin

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LE CHEVALIER MECANIQUE T1Scénario : Cédric MainilDessin : MorCouleurs : Silvio SpecaEditions : Sandawe

En 1661, lorsque le jeune Louis XIV accède au trône de France, il est loin de se douter que, dans les coulisses, une san-glante conspiration menace son pouvoir. Son salut viendra peut-être du jeune Ulysse, condamné par le roi mais sauvé par le génie de son père qui en fera le premier être mi-homme, mi-automate.

Cédric Mainil signe là son premier scénario de bande dessi-née. Un scénario où il reprend avec bonheur tous les ingrédients des récits populaires de capes et d’épées qui ont fait les beaux jours de la bande dessinée historique des années quatre-vingt. Mais le Chevalier mécanique n’est pas qu’un récit ancré dans le passé. L’auteur yonnais a en effet astucieusement saupoudré son histoire d’ingrédients fantastiques. Ulysse, lointain cousin des Superman et autres Iron Man, pourrait bien être le premier des supers héros français. Pour donner vie à son petit théâtre Mainil a fait appel à MOR, un dessinateur qui s’est illustré dans de nombreux récits historiques régionaux. Son dessin acadé-mique, quoique un peu daté, est totalement au service de l’his-toire. La palette flamboyante de l’italien Silvio Speca apporte punch et esthétisme à ce récit haut en couleur.

SP

La bande dessinée

OGRES T2Scénario : Audrey Alwet & IggyDessin : Ludwig AlizonCouleurs : Cyril VincentEditions : Soleil

Il fut un temps où les Ogres régnaient en maître sur les humains. Jusqu’au jour où Magrite, l’un d’eux, commis l’impar-donnable et provoqua leur fin. Maxillien, le dernier des Ogres, accompagné d’une humaine aux ascendants mystérieux, es-saie de comprendre la faute ancestrale de Magrite pour, peut-être, inverser le cours de l’Histoire.

Les scénaristes Alwet et Iggy continuent de dérouler une histoire originale, avec humour, sans temps morts, en prenant le contre-pied jubilatoire de certains poncifs de la Fantasy. Ce second tome de la trilo-gie confirme également tout le bien que l’on pensait du dessin de Ludwig Alizon : une mise en scène cinématographique, un trait séduisant et des personnages incar-nés. Le cycle Ogres possède tous les ingré-dients d’une bonne série populaire.

SP

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Clara, sept ans, est une petite fille formidable pleine de joie et de malice. Ses jours s’égrènent joyeusement entre une Maman adorée, avec laquelle elle partage des moments complices, et un Papa qui travaille tard mais est le plus gentil des Papa. Jusqu’au jour où Maman ne vient pas chercher Cla-ra à la sortie de l’école…

Avec cette histoire en un seul volume, Chris-tophe Lemoine et Cécile abordent les thèmes de la mort et du deuil. Leur travail est un exercice de haute voltige, un exemple parfait de traitement sen-sible d’un sujet oh combien délicat à expliquer aux enfants. Le résultat est d’une grande sobriété gra-phique et scénaristique. Jamais les auteurs ne se lais-sent aller à la surenchère, à la complaisance ou à la facilité larmoyante (même si le lecteur, au détour de certaines pages ne peut – étonné qu’une bande des-sinée puisse avoir un tel effet - retenir les siennes). Le scénariste aborde un sujet difficile en s’appuyant sur la puissance de l’imaginaire des enfants. L’utili-sation de la poupée transmise par la Maman et des épreuves métaphoriques qui en découlent est, à ce sujet, remarquable.

Le travail de la dessinatrice Cé-cile est au diapason. Son style ren-force formidablement le propos du scénariste. Elle a opté pour un trait au crayon (non encrée) qui apporte une douceur et une délicatesse à un sujet qui pourrait faire fuir le plus optimiste des jeunes lecteurs. Si la palette automnale renforce le pro-pos de l’album, le point fort reste, sans conteste, le personnage cen-tral de Clara. Sa bouille expressive, ses grands yeux bleus et sa tignasse emmêlée éclipsent tous les autres personnages. On est conquis par son dynamisme, sa bouille atta-chante et dès la première page nous savons qu’elle pourra surmonter toutes les épreuves.

Christophe Lemoine et Cécile, touchés par la grâce, ont réalisé là un petit chef d’œuvre qui, parions-le, traversera les ans.

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CLARAScénario : Christophe LemoineDessin & couleurs : CécileEditions : Le Lombard

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LES DEMONS D’ARMOISE T1Scénario : Gaudin et ClerjeaudDessin : CollignonCouleurs : StambecoEditeur : Soleil

Le 30 Mai 1431, Jeanne d’Arc est brûlée vive à Rouen. Du moins, selon nos livres d’Histoire. Cinq ans plus tard, deux de ses plus fi dèles compagnons d’arme font route vers Tiff auges. Jehan de Metz et Bertrand Po-longy sont envoyés par le roi afi n d’enquêter sur les ter-ribles agissements de Gilles de Retz, le seigneur des lieux et autre compagnon de l’infortunée Jeanne. Une Jeanne qui hante les souvenirs de ses compagnons et semble être la clé d’un formidable mystère…

Avec ce récit historique teinté de fantastique, les vendéens Gaudin et Clerjeaud (qui cosigne ici son pre-mier album) n’hésitent pas à tordre le cou à la grande Histoire afi n de lui faire un bel enfant. Ils apportent ain-si une touche originale au destin tragique de la pucelle d’Orléans. A noter la qualité d’écriture des dialogues qui agissent comme la plus effi cace des machines à remonter le temps.

La réussite de cette astucieuse relecture du mythe de Jeanne d’Arc est également due à l’excellent travail du dessinateur Stéphane Collignon. Celui-ci insuffl e précision et esthétisme à des planches où souffl e le vent des grandes tragédies. A noter les très belles ambiances du coloriste Stambéco qui alterne intérieurs sombres, oppressants, et extérieurs aux couleurs fl amboyantes, irréelles.

SP

La bande dessinée

À la fi n du XIXe siècle, deux bandes d’enfants de deux villages rivaux (Langeverne et Velrans) se livrent une guerre sans merci. Le butin de la lutte est constitué des boutons pris aux vaincus.

Le chef d’œuvre de Louis Pergaud est tombé dans le domaine public depuis peu. Les adaptations du ro-man publié en 1912 se multiplient. Après le cinéma, la bande dessinée n’est pas en reste. L’adaptation proposée par les éditions Vents d’Ouest est la cinquième depuis Septembre 2011. Mais force nous est de constater que cette dernière livraison est peut-être la meilleure. Cécile trouve en eff et dans ce texte un terrain de jeu idéal pour mettre en scène une galerie d’enfants tous plus vivants les uns que les autres. Depuis sa série Cédille (trois tomes aux éditions Le Lombard) les lecteurs savent qu’elle n’a pas son pareil pour rendre d’un trait mignon et expressif les joies et drames du monde de l’enfance. Le scénario de Lemoine, son complice d’Arthur et les Minimoys (trois tomes aux éditions Glénat), n’est pas en reste. Il met en scène un récit rythmé qui retranscrit avec bonheur le charme et la gouaille du roman homonyme. A noter la très belle palette de la coloriste Kaori qui s’accorde par-faitement avec le graphisme de la dessinatrice olonnaise.

SP

LA GUERRE DES BOUTONSDessin : CécileScénario : LemoineCouleurs : KaoriÉditer : Vents d’Ouest

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Joseph Rouillé nous a quittés

« Mauvais été 2012 pour les figures littéraires du dé-partement », écrit Philippe Gilbert dans le journal Ouest-France du 12 août.

Après Gilbert Prouteau, Joseph Rouil-lé, 92 ans, nous a quittés la semaine der-nière.» Décédé le 8 août, ses obsèques ont eu lieu le samedi 11 août à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Né à Legé, horloger-bijou-tier à Saint-Gilles, il s’est fait connaître par une œuvre littéraire abondante et de

qualité à une époque où la Vendée produisait beaucoup moins d’ouvrages qu’elle ne le fait aujourd’hui. Ses sujets ont été exclusivement historiques et maraîchins. Ses œuvres les plus connues sont « La mieux aimée de Charette » « Gilles de Rays, l’homme de la démesure » et son dernier ouvrage « Le sau-vage blanc » ou l’authentique histoire de Narcisse Pelletier, ce marin ven-

déen qui fut recueilli par une tribu canni-bale d’Australie pen-dant 15 ans.

Mais la Société des Écrivains de Ven-dée doit beaucoup à Joseph Rouillé. C’est lui qui, avec Jean Huguet, l’a créée en 1977. Il en a été le président de 1977 à 2002. La réunion constitutive de l’as-sociation a eu lieu au printemps 1977 à la bibliothèque mu-nicipale flambant neuve de La Roche-sur-Yon, en présence de son conservateur, M. Devantoy. Une dizaine d’écrivains vendéens étaient présents. Parmi eux, Valentin Roussière, Valentin Saint-Vic,

Joseph Rouillé

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Le jeune Rouillé sur le tournage des Vieux de la Vieille

L’écrivain Joseph Rouillé a gardé des souvenirs précis du tournage des Vieux de la Vieille, dont il as-sura une chronique pour « Presse-Océan » qui s’ap-pelait encore « la Résistance de l’Ouest ». Et dont

Alain Pérocheau… Jean Huguet était à l’origine de la réunion. Et l’association a d’abord pris le nom de « Comité vendéen des Ecrivains de l’Ouest ». Mais Joseph Rouillé a tout de suite compris l’intérêt d’une telle initiative. Jean Huguet lui en a laissé la présidence, sans doute parce qu’il venait de créer sa maison d’édition « Le Cercle d’or » et qu’il ne vou-lait pas mélanger les intérêts.

En 1982, le « Comité vendéen » a fait scission et l’association a pris le nom de « Société des Écri-vains de Vendée ». Joseph Rouillé l’a pilotée de main de maître avec une autorité qui supportait mal la contradiction.

En 1985, il a créé le premier « Prix des Écrivains de Vendée »

qui a été remis à Henri Martin pour son livre « L’Extraordinaire passage du Gois ». À partir de là, il a fait imprimer une feuille qui donnait des nouvelles de la Société et des publications de ses membres. Il l’a intitulée « Lire en Vendée ». Le journal des écri-vains de Vendée était inventé.

Avec Jean Huguet, ils ont organisé alors pen-dant l’été de grands débats historiques aux Sables d’Olonne, à Saint-Gille, Saint-Jean-de-Monts. La discussion était précédée d’une projection de film (par exemple « La mieux aimée » adapté du livre de J. Rouillé). La salle était pleine. Le débat était sou-vent houleux. Les orateurs allaient vite à s’enflam-mer, pour le plaisir parfois, par goût de la provoca-tion aussi, et leurs lectures de l’histoire n’était pas toujours la même. Ces soirées de joutes oratoires restent dans les mémoires.

La Société a aussi mis en place, à ce moment-là, des tournées de signatures dans les librairies de Vendée. Une dizaine d’écrivains se retrouvaient chez Jim Dandurand, à Fontenay, la Librairie Centrale Salé aux Sables, la Maison de la Presse Despret à

Joseph Rouillé

Challans… Les échanges avec les lecteurs étaient hauts en couleur. Les voix de Joseph, de Jean, de Valentin, d’Octave, de Nathalie, interpellaient les promeneurs. La signature était suivie d’un apéritif et parfois d’un déjeuner où le boire et le manger relan-çaient des feux des mêmes éternels et passionnants débats.

Joseph Rouillé a été avant tout un homme de communication remarquable. Il fut journaliste de radio à Radio Rennes Bretagne (1945-1950) et a animé ensuite l’émission culturelle « Vent de ga-lerne  » sur la radio Rock Sound à Saint-Gilles. Il a donné à l’association une reconnaissance dépar-tementale en institutionnalisant la remise du Prix à l’Hôtel du département. Il a fait appel aux auteurs de l’association pour la publication d’un recueil de nouvelles « Mille et un visages de la Vendée » en 1981, et un second « Hauts lieux de Vendée » en 87 pour célébrer le dixième anniversaire de la So-ciété. Chaque été, pendant ses vacances à Menton, il organisait avec succès des conférences où il faisait connaître l’histoire et la culture vendéennes.

Il a passé le relais à Michel Dillange en 2000. Il est resté très présent, en particulier aux réunions du Prix, jusqu’en 2007. Il s’est éloigné ensuite. Il a été un fougueux et talentueux promoteur de la culture vendéenne.

Yves Viollier

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un texte fut publié dans Histoires et nouvelles de Vendée, en 1997, aux éditions Vents et Marais, recueil collectif de la Société des écrivains de Vendée.

Rouillé y narre ce tournage, en 1960, à Apremont et La Chaize-le-Vicomte. Tournage qui fit grand

bruit car il réunissait un trio de choc. Trois stars : Jean Gabin, Pierre Fresnay et Noël-Noël. Trois stars vieillies pour une farce paysanne un tantinet anar. Un trio infernal de Papys qui font de la résistance, dans une pochade mise en scène par Gilles Grangier, dialoguée par Audiard. Un très bon film, soit dit au passage, qui a fort bien résisté au temps.

Durant ce tournage qu’il suivit pendant plu-sieurs semaines, le jeune Joseph Rouillé s’était lié d’amitié avec Noël-Noël. Il promena l’acteur chan-sonnier en plusieurs lieux de Vendée, visitant le châ-teau de Beaumarchais à la Chaize-Giraud et le logis de Fonteclose à la Garnache.

Anecdote à Challans, où l’acteur fait le plein de sa voiture, la pompiste le reconnaît. Noël-Noël ne se fit pas prier pour signer un autographe. En re-prenant le volant, il confia au jeune Joseph : « moi, vous savez, j’aime bien être reconnu. Gabin déteste ça mais l’on se doit à son public ».

Plus tard, on présente à la star une jeune fille vendéenne qui aimerait bien faire du cinéma. Noël-Noël, avec maintes précautions et en prenant son temps, la décourage de faire un tel métier. Et de confier en partant au correspondant de la Résistance : « Si Gabin avait été à ma place, il serait parti sans dire un mot ».

Gabin, ce Vendéen taiseux !

Grâce à Noël-Noël, Joseph Rouillé parviendra cependant à rencontrer le patriarche, « poids lourd » du cinéma français, déjà un de ses « monuments » et se retrouver régulièrement chez le restaurateur-hôte-lier d’Apremont Pierre Chaillot, à table entre Gabin et Pierre Fresnay, aristocrate comme dans ses films ; et en face : Gilles Grangier et Noël-Noël, ce dernier volubile pour cinq.

Rouillé avoue dans ses souvenirs qu’il n’apprécie guère la nature ours mal lèché de Jean Gabin, mais il a cependant le temps d’apprécier de près le caractère du plus grand acteur français, phrases ponctuées de son célèbre balancement de tête : « J’ai pas mauvais caractère, j’ai du caractère, c’est tout ! » ; « Ça me fatigue d’être aimable » ; « Au cinéma, la présence ne

Joseph Rouillé

s’explique pas ! » ; « Je veux être incinéré parce que je ne veux pas qu’on vienne m’emmerder sur ma tombe ».

Gabin ne signait évidemment pas d’auto-graphes. Sur le tournage des Vieux de la vieille, il fit cependant une exception pour trois jeunes filles d’Apremont qui avaient suivi presque continuellement le tournage. Une délicate at-tention « pour elles et pour elles seules ». Joseph Rouillé le concédait volontiers : « ce bourru avait un cœur gros comme ça ! Un peu de cette race paysanne de Vendéen taiseux ! »

Philippe Gilbert

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Un grand savant Vendéen (1835-1900)

P h a r m a c i e n chimiste de province, Édouard Grimaux, va accéder aux plus hautes fonctions profession-nelles et honorifiques dans la Capitale. Né à Rochefort, il devient vendéen par adoption en épousant Léontine Boutet de famille pro-testante herminoise, et achète une pharmacie

en face de l’ancienne Mairie de Ste Hermine. Pré-senté par Grimaux à Louise, sœur de Léontine, Jé-rôme Bujeaud, son ami, devient son beau-frère. Une grande complicité d’idées les unira toute leur vie.

Grimaux étudie la chimie dans son officine avant de partir pour Paris. Il enchaîne travaux de laboratoire, publications et conférences, militant avec passion pour répandre dans son enseignement et ses recherches les nouvelles théories chimiques. Il obtient un poste à la faculté de médecine, puis à la Sorbonne, devient professeur à l’Institut Agro-nomique, puis à l’École polytechnique, avant d’être élu à l’Académie des sciences. Ami de Clemenceau, dont il sera brièvement l’adjoint à la mairie de Mont-martre, républicain patriote ardent, n’obéissant qu’à sa conscience, il entraîne d’autres savants autour de Zola en faveur du Capitaine Dreyfus, cet acte de civisme lui vaudra une radiation immédiate et douloureusement ressentie de ses fonctions d’ensei-gnant et de chercheur à l’Ecole polytechnique. Il fait construire le château de l’Auneau près de Chanton-nay mais n’aura pas le temps d’en jouir, ses cendres seront transférées dans la sépulture de sa femme au cimetière protestant de Sainte-Hermine.

Josette Fournier, auteur de plusieurs ouvrages, est professeur retraitée des universités (chimie or-ganique), co-fondatrice et ancienne présidente du Groupe d’Histoire de la Chimie de la Société chimique de France. Cet ouvrage s’est construit au-tour d’une conférence qu’elle a donnée le 10 mars 2011 dans le Temple de Sainte-Hermine. Josette Fournier

Texte annoté et illustré par Claude Bujeaud Histoire et Patrimoine du Canton de Sainte-Hermine 52 p. 12 €

René Bazin

La Terre de Bazin ne meurt jamais

La terre qui meurt est le roman « vendéen » de l’An-gevin René Bazin (1853-1832), académicien. Sorti en 1899, il remporta un gros succès de tirage (200 000 exemplaires) dès sa sor-tie et fut le livre de chevet de nombre de Vendéens,

joué également dans de nombreux théâtres de pa-roisse, notamment entre les deux guerres.

Fin septembre, une réédition a été présentée par la Maison Siloë du côté de Sallertaine, là où se déroule l’intrigue de cette tragédie, qui abordait un sujet qui était déjà d’actualité à la fin du XIXe siècle : l’émigration paysanne. Une table ronde avait même été organisée à cette occasion dans l’église ro-mane de cette bourgade maraîchine (que l’Acadé-micien sauva de la destruction en la faisant classer monument historique). Table ronde orchestrée par l’association des Amis de Bazin (président : général Richou) et animée par l’ancien journaliste à Ouest-France Jacques Boislève.

Ce dernier, au cours du débat, s’inscrivit en faux sur le malentendu Bazin classé réactionnaire : « Ce témoin de son temps et un militant de la cause chrétienne, engagé dans le christianisme social, qui pouvait avoir des propos durs contre les patrons ». Le témoignage de Armel-René Bazin de Jouy, l’ar-rière petit-fils de l’auteur ne manqua pas de brio. « C’est un journaliste qui utilise les techniques d’écri-vain naturaliste en allant repérer sur place ». Ce qu’il fit à Sallertaine. Tandis que la directrice du service des Archives d’Angers n’hésita pas à affirmer qu’on a « statufié l’académicien, pétrifié même ! Il faudrait éclairer sa personnalité ». Le fonds d’archives est là, mais ce travail reste à faire.

En attendant, cette réédition, à la couverture de couleur rouge, est intéressante à plus d’un titre, avec un préambule signé Jacques Boislève et une préface de Bruno Retailleau, président du conseil général de la Vendée.

Philippe Gilbert

La terre qui meurt, Éditions Siloë. 18 €

Édouard Grimaux

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Gilbert Prouteau

Nesmy, le 6 août 2012

D’autres que moi auraient été plus légitimes pour prononcer cet hommage à Gilbert Prouteau. Il m’a été demandé d’être, en quelque sorte, l’interprète de nombreux amis, de ses voisins, ceux qui l’entou-rent aujourd’hui et ceux qui sont unis par la pensée ou la prière.

Je voudrais dire à ses proches, ses enfants, ses petits enfants que nous portons un peu de leur peine. Oui, il était important de lui rendre ce témoignage de reconnaissance, d’affection et de chagrin.

Mais en même temps quelle tâche difficile tant Gilbert était à lui seul un univers complexe. Le mot de son maître en poésie Victor Hugo, lui va si bien : « Un poète est un monde enfermé dans un homme ».

Gilbert était un homme accompli au sens de la Grèce Antique :

athlète du corps et de l’esprit, serviteur de la cité des hommes et des lettres. A la fois homme d’esprit, de cœur et de caractère. Ce caractère qu’il avait si fort, rarement au point de l’avoir mauvais, jamais au point de briser les élans de son grand cœur. Si Athènes a inventé l’Homme complet, à la fois citoyen et philosophe ; athlète et esthète, Gilbert a réalisé en lui-même cette exigeante et improbable synthèse.

Il a commencé par l’athlé-tisme avec le triple saut qui l’em-mènera aux Jeux Olympiques de 1948. Mais sa médaille il l’ob-tient non pour ses qualités ath-létiques mais en récompense des pages jugées les meilleures que le sport ait inspirées. C’était au temps où l’épreuve littéraire était une discipline olympique aux Jeux de Londres !

Cette coïncidence de lieux résonne aujourd’hui comme un dernier clin d’œil facétieux de sa part.

Ce titre olympique a été pour Gilbert la confirmation de sa vo-cation littéraire qu’il a déployée dans toutes ses dimensions, avec cet appétit gargantuesque de la vie que nous lui connaissions. Il touche avec bonheur et talent à toutes les formes d’écriture : la poésie bien sûr mais encore le ro-man, la biographie, l’essai. Gil-bert écrivait comme on respire : avec la même aisance, la même évidence, la même nécessité aus-si.

Pour le cinéma il invente le genre que l’on appellera bien plus tard le docu fiction à partir d’un mélange d’images d’archives et

de fiction.Une cinquan-

taine d’ouvrages naîtront sous sa plume et non des moindres : « Le sexe des anges » manqua le Gon-court de peu ; et

ses recueils de poésie lui valurent

Prouteau avec Aragon dans son bureau, Aragon dont il connaissait par cœur l’œuvre. C’est d’abord pour cette raison qu’ils devinrent amis.

Hommage à Gilbert PROUTEAU

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dès 1968 de figurer entre Prévert et Queneau, dans le dictionnaire de la poésie contemporaine.

Je dois avouer une préférence pour ses poèmes, tout simplement et pour reprendre Couprin « parce qu’ils me touchent ». À leur contact, ils s’emparent de vous involontairement, inoubliablement. C’est je crois, la marque des œuvres majeures. La poésie lui était si indispensable qu’il en a fait l’accomplis-sement de son parcours littéraire, avec ce dernier recueil paru il y a tout juste quelques mois sous le titre d’un oxymore, « La nuit des jours » qui annonce le crépuscule.

Son œuvre valut à Gilbert des prix et des titres comme celui de Commandeur des Arts et des Lettres mais je suis sûr qu’il aurait été déçu que l’on ne men-tionne pas celui qu’il revendiquait de Chevalier du Mérite Agricole ! Ne se définissait-il pas comme un éleveur de vers luisants ? L’une de ses grandes fiertés n’était-elle pas d’avoir réussi à faire fructifier en pleine terre du bocage des orangers et des citronniers ? Car Gilbert était aussi l’ami des arbres. Il aurait pu em-prunter à Cicéron sa devise du bonheur : « Un jardin et des livres », s’il ne manquait pas quelque chose d’essentiel pour lui. Cet essentiel au sens étymolo-gique du mot, c’est la Vendée et l’amitié.

La Vendée ! Nous sommes à Nesmy et l’enfant du pays est de retour pour toujours dans sa terre originelle. Je me souviens de ce jour humide de dé-cembre dans cette même église, où Gilbert accom-pagnait Hélène à sa dernière demeure. Nesmy, son village natal qui lui avait offert, cher Gérard Rivoisy, le nom d’une rue de son vivant, à lui et à son ami Henri Laborit nés du même creuset fondateur.

Gilbert aimait passionnément la Vendée, toute la Vendée qu’il a chantée comme personne. Lui-même se définissait comme « Vendéen du fond des âges et des villages ». On ne comprend rien de lui sans saisir cet attachement vital pour « cette terre aussi étroite dans l’espace et aussi peuplée dans le temps ».

En 1953, c’est l’appel de la Vendée plus fort que le chant des sirènes de la célébrité qui lui fait quitter Paris, que pourtant Dieu a choisi ! Mais dans la vie, il faut vivre avant de réussir comme le lui avait sug-géré Roger Martin du Gard. Et c’est à Treize-Vents sur un coteau sauvage connu seulement des genettes et des grives musiciennes qu’il trouve sa Thébaïde inspirée. En contrebas la Sèvre rythmera les saisons et les jours « en chevauchant des meulières ».

« La maison d’Amour où je veux mourir, j’y suis né à 30 ans passés » écrira-t-il.

Mais pour Gilbert, la Vendée ce ne sont pas seu-lement des paysages envoûtants, ce sont des voisi-nages, des personnages qui lui ont donné chair. Il s’en inspirera beaucoup. Et il n’aura de cesse d’ap-procher l’âme de cette province métaphysique à tra-vers les grandes figures de l’Histoire qui lui étaient familières, entre autres : Clemenceau et Hugo mais aussi Rabelais, Richelieu, Gilles de Rais, Grignon de Montfort et bien sûr les Vendéens de 1793 aux-quels il dédiera un livre en reconnaissant « qu’il était impossible de comprendre l’épopée vendéenne sans remonter à ses racines spirituelles ».

Gilbert n’était pas un historien même si sa mé-moire était prodigieuse. Ce qui le fascinait dans la Vendée c’est qu’elle est un pays de héros et de lé-gendes. Avec son maître Victor Hugo il savait qu’il faut l’Histoire pour le détail et la légende pour l’ensemble. Et avec son ami Cocteau il partageait la conviction : « que la légende c’est du faux qui s’incarne et l’histoire du vrai qui se déforme »

«Unique au monde», telle fut la devise offerte au patriarche par ses petits-enfants en 2003, pour ses 50 ans de mariage avec sa muse Hélène.

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La Vendée, disait Jean Yole, c’est Charette et Clemenceau. Il faudrait y ajouter Prouteau.

D’autant que Gilbert possédait le caractère de l’un et de l’autre : rebelle et libre. Deux visages d’une Vendée qui n’en fait qu’un devant l’histoire.

Ce double sillage a été le sien, dans le refus de la tiédeur et du prêt-à-penser. « Le roman d’un rebelle  », l’un des romains autobiographiques les plus réussis, donnait la tonalité d’une vie où la polé-mique et les manières de mousquetaire ont souvent été un style. Ce côté potache lui venait peut-être par contraste de son père et de sa mère, hussards de la République qu’il admirait pourtant.

Mais la grande affaire de sa vie aura été l’amitié qu’il a cultivée soigneusement, fidèlement comme un Art de vivre, comme un « luxe des relations hu-maines » cher à Max Jacob qu’il a peut-être croisé aux côtés de Picasso ou de Cocteau.

Gilbert avait de nombreux amis, célèbres ou non. Il avait pour chacun la même attention. Il pen-sait que « rien ne surpasse d’être un ami pour un ami » selon le mot si juste de Schiller. C’est bien sûr l’amitié qui nous autorise à dire : « je suis parce que tu es ». Proust avait l’habitude de dire que la litté-rature est une amitié. Dans le cas de Gilbert c’est si vrai. Pour écrire il faut aimer. Les lettres d’amour et d’amitié - mais où est la frontière entre les deux - ont souvent été les fulgurances du génie : Montaigne à La Boétie, Goethe à Schiller, Aragon à Elsa, Gilbert à Hélène.

T’en souviens-tu ce soir lointain d’Auteuil HélèneCes couleurs du futur au seuil de tes vingt ansUne idylle imitée du sanglot des fontainesQui jaillit d’un murmure et s’écoule en chantant.

La Mort n’a pas de prise sur l’amour. L’Amour ne passera pas.

Et j’entends encore les voix mêlées de Gilbert et d’Hélène réciter en parfaite harmonie ces vers d’Aragon qu’ils aimaient tant :

Rebelle est bien le terme qui convient pour qualifier Prouteau.Rebelle dans le sens réfractaire.

Avenir, souvenirs, nuances si légères, Au feu de ce qui brûle, brûle ce qui sera.

Bruno RETAILLEAUPrésident du Conseil Général de la Vendée

Ce livre parut en 1998 aux Editions Hérault. Sur la couverture, la maison des Hautes-Roches où l’écrivain vécut près de 50 ans.

Gilbert Prouteau

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RepèresGilbert Prouteau (1917, Nesmy-2012, Cholet) en 15 dates

1942. Rythmes du stade est son premier livre, un recueil de poésies. Le jeune Prouteau vit à l’époque en France libre, à Antibes, où il a suivi le déména-gement de l’École nationale d’Athlètes dont il fait partie. Et après avoir fini la guerre comme deuxième classe, dans les Alpes.1948. Rage ! Prouteau, international d’athlétisme, se claque peu avant les Jeux Olympiques de Londres. Il s’y déplace comme journaliste. Mais inscrit aux Jeux Littéraires (la dernière édition), il se voit attribuer la médaille de bronze, grâce à une traduction de la préface de Rythmes du stade, qui était signée Roger Vercel !1953. Son premier long-métrage, La vie passionnée de Clemenceau, est bouté du Festival de Cannes (il fait dire les mots « Boche » et « Teuton » à Clemen-ceau). Mais il remporte le Grand prix d’Edimbourg. La même année, son roman Saison blanche est tra-duit en japonais, où il fait un tabac.1955. Je m’appellerai Guillaume Apollinaire est un métrage de 25 minutes, avec la voix en off de Mou-loudji et des moyens modestes pour ce qui reste la plus belle biographie filmée du « maître de la poésie de la première moitié du XXe siècle ». Aragon étant, toujours selon Prouteau, « maître de la seconde moi-tié du XXe siècle ». L’année précédente, il a réalisé Cent ans de sport, avec pour assistant-metteur en scène un certain Georges Lautner.1961. Le Sexe des anges, édité chez Grasset, favori du Goncourt, est recalé à l’arrivée. « Dommage, ça m’aurait bien arrangé. Mais je n’ai pas toujours réus-si ma carrière », regrettait parfois l’intéressé. Ce livre est probablement son meilleur. Son plus gros succès littéraire aussi.1965. Le Machin (Table Ronde) est précurseur des romans de politique-fiction. Mais c’est un bide. Prouteau : « on a toujours tort d’avoir raison trop tôt ».1969. Dieu a choisi Paris, après 4 ans de tournage et de montage, sort enfin. Avec Belmondo en tête d’af-fiche. À l’avant-première, Malraux encense l’œuvre. Mais la malédiction veille. Le film brûle quelques

jours avant sa sortie officielle dans un incendie vo-lontaire des laboratoires UGC. On retrouvera mi-raculeusement une copie 17 ans plus tard, lors du déménagement de la Cinémathèque de Montréal. Maudit, ce film est aussi un miracle.1972. Prouteau se lance dans le polar et Tout est dans la fin est un succès littéraire. Mais l’adaptation pour la télévision par Jean Delannoy, avec Michel Duchaussoy, est beaucoup moins réussie.1974. Victor Hugo, homme de l’ouest est réalisé en coproduction Antenne 2-BBC. Le metteur en scène Gilbert Prouteau garde son style particulier (dans le montage ; et dans la poésie des dialogues ou, plus souvent, de la voix off). Le téléfilm ne rencontre pas un gros succès. Il est diffusé le jour de la mort du président Pompidou.1985. La nuit d l’île d’Aix, paru chez Albin-Michel, est un roman historique sur les derniers jours de Na-poléon sur le sol français. Une belle réussite. Mais jamais adaptée en images, malgré Michel Charrel, l’assistant metteur en scène de Prouteau. Celui-ci avait obtenu l’accord de Raymond Pellegrin pour le rôle, mais ne trouva jamais les fonds pour le pro-duire. Gilbert Prouteau : « l’histoire du cinéma est aussi faite d’une foultitude de projets qui n’ont pas abouti ».1989. Dans L’ombre d’un juif, le Vendéen natif de Nesmy retrouve tous les ressorts et tout le jus origi-nel de sa verve au réalisme poétique, proche de celle du Sexe des Anges. Mais le livre marche mal. « Je me suis cru fini ! »1992. Le Vendéen rebondit avec Gilles de Rais où la gueule du loup (le Rocher). Son réquisitoire en faveur de « Barbe-Bleue » sent le souffre. Les médias nationaux s’en emparent. Prouteau parvient même à obtenir la réhabilitation du Maréchal devant une Cour internationale. Aux limites du canular !1996. Poète avant tout, Prouteau n’aura cependant écrit que 10 recueils dans sa foisonnante verve alexandrine, dont Les fleurs de l’âge (Presses du Vil-lage), qu’il considérait comme son meilleur livre !2002. Je passe aux aveux est un livre interview, mené par l’éditeur d’Orbestier Xavier Armange. Un té-moignage des plus dynamiques, parfois déroutant, à l’image du personnage. Jamais inintéressant.

2012. Au début de l’année, Gilbert Prouteau a sorti La nuit des jours, chez son amie Régine Albert. Et le prochain, Les mots de passe, il en avait remis les ultimes corrections à sa fille Isabelle peu avant de mourir. Publication espérée pour le prochain Prin-temps du livre de Montaigu.

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Surdoué et sportif médaillé

Suite à des complications pulmonaires, Gilbert Prouteau est parti le 2 août dernier. Durant les Jeux Olympiques de Londres, Jeux auquel il participa en 1948, à Londres justement ! Et d’où cet athlète international (6e Européen du triple-saut en 1947) ramena une médaille de bronze, dans la discipline artistique de la littérature, qui existait encore alors. Un clin d’œil bien à l’image de ce personnage fa-cétieux, qui racontait cette histoire dans le film L’esprit olympique, d’Alexa Schulz, diffusé sur Arte… Le jour de sa mort ! Et rediffusé le matin de son en-terrement ! Gilbert a toujours su soigner ses sorties, il n’a pas manqué sa dernière.

Parti, Prouteau, rejoindre les anges, ceux qui auraient pu lui donner le Goncourt en 1961 (Le sexe des anges, son meilleur roman…) Les faire rire aussi, certainement. Car la rigolade, la farce et l’amitié sont des trésors qu’il a cultivé toute sa longue vie. Également la provocation. Car elle faisait partie de la rigolade. Et du génie de ce Vendéen né en 1917, à Nesmy. Un fils d’instituteurs, un Vendéen du fond des âges.

Prouteau l’inclassable, est probablement passé à côté d’une carrière plus fulgurante. Mais ce surdoué, à la scolarité désastreuse à La Roche-sur-Yon et Fon-tenay-le-Comte, qui se définissait volontiers comme « un demi-raté à peu près passionné par tout », fut un touche-à-tout. Hanté par la volonté de se renou-veler. Sport, poésie, littérature, cinéma… Oui, tout le passionnait et le Septième Art lui permit de réa-liser ce qui est peut-être le chef-d’œuvre qui fera sa postérité : le long-métrage Dieu a choisi Paris, avec Jean-Paul Belmondo, s’il vous plaît ! Film à l’incom-parable poésie, mélangeant images de fiction et d’ar-chives, procédé dont il fut novateur dès 1953, avec La vie passionnée de Clemenceau.

50 livres, 15 films, provocateur, mondain, Vendéen

« Vieillir est indécent ! Et les souvenirs sont tyranniques, comme un bonheur perdu », confiait Gilbert Prouteau à sa fille Isabelle et sa belle-sœur Aline, voilà encore quelques semaines, en lâchant le livre qu’il tenait, Beaux nuages le soir, de Michel Peyramaure. Bien ce livre, demandèrent sa fille et sa belle-sœur ? « Vivant, alerte, présent, passionnant. Il faudra le dire à ce jeune homme », le Briviste Peyra-maure, qui fête ses 90 printemps cette année.

Gilbert Prouteau, dans son grand âge, avait gardé beaucoup de lucidité, beaucoup de malice aussi, elle pétillait dans l’œil. Tandis que sa fille Isabelle, qui était la seule à décoder son écriture en hiéroglyphes, lui tapait ses manuscrits. Car il continuait à écrire. « Que veux-tu que je fasse d’autre ? Il faut bien que je m’occupe en attendant qu’on me rappelle ! »

Il avait encore sorti un recueil de poèmes au début de l’année (La nuit des jours, Écho-Optique Éditions). Ce bateleur du verbe et des phrases sem-blait y entretenir la flamme vacillante des mots, « mots d’ordre et de passe, d’espoir et d’amour, di-lués par le temps dans l’espace », comme il l’écrit en alexandrins. La verve rythmée, les mots ranimés.

Il avait aussi eu le réflexe, trois jours avant son « rappel », de donner à sa fille les dernières correc-tions de son prochain livre, Les mots de passe. Les mots, toujours…

L’écrivain-cinéaste et poète Gilbert Prouteau s’est éteint à l’âge de 95 ans, le 2 août dernier. Sa carrière fut hors-norme.

Gilbert Prouteau

La plume et le maillot, c’est Gilbert Prouteau, prix de littérature sportive dès son premier recueil.

Prouteau est parti, et maintenant qu’il nous reste son

œuvre, il ne s’avère pas facile de la déballer, de la

détailler. Au compteur : 50 livres, 15 films. Dans les 50 livres, de la poésie, des nouvelles, des romans, des romans historiques, des essais… Au cinéma, trois longs métrages, ainsi que des moyens et des courts, dont plusieurs biographies, Victor Hugo, Saint-Ex, Apollinaire (Je m’appellerais Guillaume Apollinaire, avec la voix de Mouloudji en off)…

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Prouteau fonda le prix de l’Art de Vivre. Dans les années 1980, il le remit à Bordeaux. Il est entouré de gauche à droite par Michel Crépeau, Jacques Chaban-Delmas (avec sa femme) et Vincent Ansquer.

Des biographies, il en a aussi écrit, car il avait la passion de ses « dieux littéraires ». Et des « Dieux de son temps », les rencontrant d’abord comme jour-naliste (à l’hebdomadaire Carrefour, après la Libé-ration) puis comme écrivain, mondain aussi, car l’artiste était brillant dans les salons parisiens, ren-contrant Picasso, Dali, Cocteau, Malraux, Aragon, Jacqueline Auriol… S’en faisant des amis, car il vou-lait s’accorder « le luxe des relations humaines ». Et il n’a jamais manqué d’être demandé par les médias, intervenant à plusieurs reprises dans « Lectures pour tous » et « Les dossiers de l’écran » à la Télévision, chez Pivot, Poivre d’Arvor et Philippe Gildas, sur Canal +, au moment de la sortie en 1992 de Gilles de Rais ou la gueule du loup (Éditions du Rocher),

Pour ne pas faire comme tout le monde, Prouteau fit un film avant le livre sur Clemenceau (25 ans plus tard). Clemenceau

est certainement un des personnages qui l’influença le plus.

livre réhabilitant la mémoire de « Barbe-Bleue », dénonçant le « premier procès stalinien de l’his-toire ». Le provocateur avait le sens de la formule. Le provocateur qui était aussi un orateur hors pair. Et un mondain très prisé. « Vous n’imaginez-pas en Vendée comme Gilbert était une vedette des salons parisiens ! », confiait voilà peu Jean-François Probst (l’auteur de Chirac et dépendances).

Gilbert Prouteau avait aussi le sens de sa terre, la Vendée, sur laquelle il n’a pas manqué d’écrire. Dans son avant-dernier livre, Le roman de la Vendée (Geste Éditions), tout est déjà dans le titre ! Et même quand il fréquentait assidûment les salons parisiens, il ne manqua jamais à la Vendée, l’habitant, d’abord en pays des Olonnes ; puis, à partir de 1963, dans le bocage, entre Treize-Vents et Mallièvre. Aux Hautes-Roches, dans une demeure dominant la Sèvre Nan-taise, parmi des arbres centenaires.

Comme le « bonhomme » ne détestait pas la fla-gornerie, quand on lui disait : Gilbert, si tu étais resté à Paris, tu serais parmi les grands !… Il aimait ouvrir sa fenêtre et répondre : « mais je suis parmi les grands ».

Ph. G.

En 2003, Prouteau remet le prix de l’Art de Vivre à Rambouillet. De gauche à droite, lors de la remise du prix : G.Prouteau, Jean-François Probst, Laurence de Jarnac, Georges de Caunes, Gérard Larcher, qui est aussi le maire de cette commune.

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Tout était juste dans cette cérémonie funèbre, sans… cérémonie. Le Gilbert des derniers jours à Treize Vent était au milieu de nous, celui de la mai-son des Hautes Roches qui corrigeait hier encore le manuscrit des « Mots de passe » à paraître prochai-nement et qui avait retrouvé soudain l’éclat de son regard d’aigle.

Bruno Retailleau est allé à son tour au micro et il a prononcé l’éloge superbe que nous avons repro-duit plus haut. Il a tout dit, le sportif, le touche à tout de génie, le poète, l’emmerdeur, la folie. Il a dit l’ami aussi. On n’a pas applaudi. Ca ne se fait pas dans une église, dans ces circonstances-là. Mais j’ai pensé que Gilbert aurait aimé qu’on le fasse. Que, là où il était, lui ne se privait pas d’applaudir.

Le prêtre a eu aussi les mots justes. Il n’a pas ou-blié Hélène. Il a fait brûler son encens pour l’un et l’autre. Il les a réunis dans la prière, la « reine morte au bois dormant » et le compagnon de la Marjolaine. Nous sommes allés saluer Gilbert une dernière fois devant l’autel. Nous avons chanté un dernier chant. J’ai pensé encore à ces vers du poème :

Dix mille jours dix mille nuitsFondus noyés dans la mémoire

Les portes de l’église se sont ouvertes. Quand Gilbert est sorti, il pleuvait. Presque rien, une averse au soleil d’été, le ciel pleurait à son tour. Le vent a soufflé pour sécher les larmes.

On a seulement traversé la place. Le cimetière est de l’autre côté de la route.

Yves Viollier

Gilbert Prouteau

Lundi 6 août 2012

Nous n’oublierons pas cet après-midi du 6 août où nous avons accompagné « l’éleveur de vers lui-sants » dans le petit cimetière de Nesmy.

Je me souviens. Les cloches sonnaient lorsque je suis arrivé sur la place de l’église. Je me répétais ces vers qu’il nous avait dédiés, à Marie-Claire et moi, dans son ultime recueil de poèmes « La nuit des jours ».

Ce soir monte de la fontaine La voix que la mort a changé En sanglot rouillé d’âme en peine Et cette corne de berger Qui porte à la tombe d’Hélène Ses relents de fleur d’oranger.

Je les ai ressassés en embrassant Isabelle, Philippe et toute la grande famille des amis Gilbert Prouteau qui frissonnait dans la chaleur orageuse de cet après-midi d’été. Le vent soufflait. Les mots du poète avaient toute leur force. Chaque parole était sanglot rouillé. Les cloches sonnaient, corne de berger. Le fourgon noir est arrivé. Nous sommes entrés der-rière Gilbert pour nous recueillir autour de l’autel. L’église n’était pas pleine, la faute à l’été. Des amis manquaient à l’appel. Mais c’était peut-être mieux ainsi, plus intime, plus vrai.

Laurence, la fille aînée, a parlé en son nom et celui de ses sœurs. Et j’ai pensé aux mots du poète.

Tendres matin de notre vie Dans les boucles de notre aînée Laurence Isabelle Flavie On vous attend venez dîner

Adrien a parlé aussi, le fils de Claude, le frère de Gilbert parti jeune à 85 ans ! Son neveu a employé les mots du cœur, des mots vrais, des mots justes.

« Il est deux parts dans la vie, a-t-il dit citant la recommandation de Gilbert, une pour la gagner, une pour ne pas la perdre, surtout prends garde à ne pas la perdre en voulant trop la gagner… S’il est un homme qui toute sa vie a respecté ce précepte, c’est bien lui. Homme de génie pour certains, controver-sé par d’autres, Gilbert avait dans ses mains toutes les cartes pour abattre une grande carrière. C’est pourtant toujours auprès des siens qu’il a préféré rester... »

Picasso se déguise en clown pour acccueillir son ami Gilbert (photo collection Jean Cocteau).

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Le jeune Gilbert Prouteau rayonne entre ses profs à Fontenay, les professeurs Lecoq et Thomassont. A ses côtés, l’avocat Roland Belin.

Prouteau voulait rencontrer tous les Dieux de son temps. Ici avec Montherlant.

En 2000, le vice-président du Sénat Gérard Larcher rend hommage à l’artiste sur ses terres, à Nesmy. De gauche à droite : Dominique Caillaud, Louis-Marie Barbarit, Gilbert Prouteau, Louis Moinard, Gérard Larcher, Alain Rivoisy et Claude Prou-teau, le frère de Gilbert.

Confidence sur Carné au coin du feu

C’était l’hiver dernier. En rendant visite un week-end à Gilbert Prouteau, lui emmenant le Rou-mazaf, plat malgache dont il se régalait. Gilbert est resté fine gueule.

Durant sa sieste, petit tour dans la bibliothèque des Hautes-Roches, une pièce ronde et tant de livres, à vous donner le tournis… Tiens, un livre de souve-nirs de Marcel Carné, dédicacé à Gilbert Prouteau.

M’a jamais parlé de ça le Vieux ?… Je l’apos-trophe à sa sortie de sieste. Gilbert, paix à ses 95 ans qu’il approche, ne se souvient plus. Lui qui aime tant se vanter d’avoir rencontré tous les dieux de son temps ne trouve pas trace de Carné dans sa mémoire qui a été prodigieuse. « C’était quand ? » s’enquiert-il. En 1979, tu n’avais que 62 ans ! « j’étais d’une jeunesse attardée », ironise l’intéressé. « Qu’écrit-t-il ? » Il exprime ses regrets à son ami Gilbert qu’un projet ensemble n’ait pu aboutir.

Puis je lui montre la dédicace. Il chausse ses lu-nettes. Et la mémoire revient, tel un tourne-disque. « On se tutoyait ». Oui, ils ont eu un projet cinéma ensemble, portant sur la civilisation se structurant et évoluant autour de la littérature. « C’est Roland Lesaffre qui m’a amené à Carné ». T’as pas couché avec lui, que je rigole ?.. « Non !.. Mais ça fait par-tir des occasions perdues ». D’avoir pas couché avec lui ? « Non, idiot, ce film ». Mais ton contact avec Carné, ce fut comment ? « Très chouette avec moi, alors qu’il avait mauvaise réputation ».

Le « malin vieillard du bocage » (référence à Vol-taire) semble réfléchir et s’assoupir. Il enchaîne, l’œil malicieux, gourmand : « c’est lui qui est le champion olympique du cinéma avec ses Hôtel du nord, Quai des brumes, Jour se lève, et autres Visiteurs du soir, enfants du paradis, Thérèse Raquin, Tricheurs… Mais Carné était devenu amer… Il ne pouvait plus monter de films dans les années 1970, on lui refusait tout crédit »…

Et Arletty, quand on parle d’Hôtel du nord et d’atmosphère, atmosphère… « Je l’ai rencontré dans sa loge quand je faisais du journalisme ». À l’hebdo-madaire Carrefour. Après la Libération. Une histoire avec elle ? « Non ! » Un détail lui revient. « Elle était maigrichonne ».

Ph. GILBERT

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Que retenez-vous de cet artiste que vous connais-siez intimement depuis 15 ans ?

Quand je l’ai rencontré chez lui aux Hautes-Roches pour la première fois en 1997, il avait 80 balais et moi 33 ans. Mais j’avais l’impression que c’était lui le jeune homme ! J’ai été tout de suite marqué par sa vitalité intellectuelle. L’homme, comme l’écrivain, démontrait une étonnante faculté à tout romancer, à sublimer le réel, à embraser les mots, les faire danser… Je suis souvent revenu le voir pour l’écouter, comme si c’était un griot. Le griot du haut-bocage ! Celui qu’on prend plaisir à écou-ter, comme les enfants, le soir avant de s’endormir, même si c’est pour se faire raconter plus ou moins la même histoire. Sans chercher à démêler le vrai du faux, car il avait d’abord cette capacité à nous embarquer, à transcender le réel.

J’aimerai ajouter que ce conteur extraordinaire était aussi un homme généreux, qui avait le sens de l’accueil. Et s’il parlait beaucoup, il savait aussi t’écouter, une façon bien à lui de tendre l’oreille pour bien entendre ce que tu avais à lui dire. Oui, c’était un réel plaisir à chaque fois que je le rencon-trais, à chaque fois que j’allais aux Hautes-roches. Gilbert était un magicien qui nous sortait des lapins de son chapeau dans son château !

En 2001, Gilbert Prouteau et Philippe Ecalle (prix Ecrivains de Vendée

2011), à la sortie du film «Dieu a choisi paris», diffusé au Concorde,

rue Gouvion à la Roche-sur-Yon. On reconnait aussi Joël Bonnemaison

Philippe Écalle, journaliste (prix des écrivains de Vendée 2011) :« Gilbert était un magicien qui transcendait le réel »

Gilbert Prouteau

Que retenez-vous de l’œuvre ?

Difficile de ressortir une de ses œuvres, lui-même n’y arrivait pas ! Il a touché à tout et il ne s’est laissé enfermer dans aucun genre. Il ne voulait pas vivre comme un oiseau dans sa cage. Il était libre. Et il le revendiquait. Mais son film « Dieu a choisi Paris » est exceptionnel. Gilbert Prouteau a su capter ce lieu qui a concentré toutes les audaces et les intelligences durant un demi-siècle. Il a su sentir mieux que les autres peut-être, lui le petit vendéen de Nesmy, les bouleversements du monde qui sont nés à Paris. À l’image de ce film, Gilbert était un audacieux, qui ai-mait prendre des risques, danser sur un fil, se mettre en danger… Je me sens un peu orphelin aujourd’hui et je ne suis sans doute pas le seul.

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Toujours à la Mainborgère (commune de château-Guibert) en 1997, Gilbert Prouteau et l’illustrateur Claude Delau-nay dont les parents furent longtemps intituteurs dans ce village. Môme, Gilbert, de Nesmy, venait le retrouver le jeudi. «C’était mon plus vieil ami», déclarera-til à la mort de Claude en 2000.

En 1948, le jeune Prouteau rencontre le Maréchal de Lattre.

Gilbert Prouteau et Jean Huguet ont beaucoup à se dire. C’était en 1997, lors d’une inauguration à la Mainborgère.

Premier rendez-vous pour Pierre Yberra avec Gilbert Prouteau

En 2008 j’ai commis deux livres. Dans le pre-

mier, je racontais ma jeunesse dans l’Algérie encore française. Dans le deuxième, mon installation dans la Mère Patrie, à la Roche sur Yon précisément. Et dans le flambant neuf immeuble des Forges, réservé en parti aux pieds noirs, nouveaux arrivants, et aux vendéens, fils de paysans, victimes de l’exode rural, qui fuyaient la terre pour l’usine et le confort des meubles en formica…

Mes deux petits trucs… se sont retrouvés entre les mains de Gilbert Prouteau. Les ayant lus, il m’ap-pela pour me parler de mes œuvres complètes… Après un bref échange téléphonique Il me dit : qu’il aimerait bien me rencontrer pour en parler... Il me donna son adresse, nous prîmes rendez-vous pour un après-midi. Il me demanda d’arriver tôt : 14h, 14h30… Il tombait bien, je suis du genre plutôt en avance qu’en retard.

Je suis arrivé à heure dite, à Treize-vents, dans la « Suisse vendéenne », son Vevey en quelque sorte… Au détour d’un bosquet et d’une longue pente, sa maison bien cachée domine la Sèvres nantaise. Avant de m’avancer vers l’escalier de la terrasse, je suis resté un instant pour goûter la beauté de l’endroit.

Sous un parasol, assis, il m’at-tendait. Devant lui, il y avait mes deux ouvrages garnis de signets.

Après les mots d’usage, il m’entraîna dans son bureau. Il y avait des tableaux partout sur les murs. J’en regarde un particulièrement, qui avait un petit côté Chagall. Je lui pose la question. Il me répond : qu’il est de Consuelo de Saint-Exupéry, l’épouse de Saint Ex et que la toile dans son milieu est rehaussée de sa main d’un dessin du Petit Prince. Il m’apprend que Consuelo était la marraine de son fils.

Il m’invite à m’asseoir, il prend place à son bu-reau. Il me dit qu’il ne fume pas mais qu’il prend soin de ne fumer qu’une demi-cigarette de temps à autre, quand il peut sortir de la couverture radar des deux cerbères qui le chaperonnent…

Je ne risquais pas d’être embarrassé, c’est lui qui menait la conversation. Il se racontait tout en me

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un dernier texte sur Gilbert Prouteau !

posant des questions sur ma vie en Algérie, sur ma vie en France. Sur mes goûts... Il m’avoua qu’il avait été cinéaste aux armées en 1956 à la demande de Robert Lacoste, alors ministre-résident et gouver-neur général de l’Algérie. On ne s’est pas trop dé-voilé sur cette période.

Il se mit à feuilleter mon premier livre et il me m’assène : « Vous avez l’air d’aimer le cinéma, Vous avez une écriture pour le cinéma. Ça vous aurait inté-ressé les femmes du cinéma et les petites culottes... » Et le voilà parti sur les instants de sa vie de cinéaste, du temps où, il côtoyait les stars de son époque. Il me parle de Danielle Darrieux qu’il a connue par l’entremise de son ami Jean Delannoy. De Gabin aussi, qu’il trouvait un peu ours. Je crois que cette rencontre c’est faite durant le tournage de La vérité sur Bébé Donge. C’est un peu à cause de Danielle Darrieux que j’ai intitulé mon papier en m’inspirant du titre d’un de ses films et de sa chanson : Premier rendez-vous, un clin d’œil en hommage.

Il digresse sur Simenon qu’il admire. « Vous savez qu’il a vécu pendant la guerre, aux Sables, à Fontenay le Comte, dans notre chère Vendée, à La Rochelle aussi, chez mon ami Michel Crépeau ». Il me demande si j’ai connu Michel Crépeau. Oui, je n’ai pas connu grand monde, mais j’ai connu Mi-chel Crépeau, lui aussi vendéen. Homme libre et du même bois que Gilbert Prouteau.

Il me raconte qu’avec Michel, pour emmerder certains, ils ont refait le procès de Gilles de Rais afin de le réhabiliter.

« Avez-vous lu mon livre : Gilles de Rais ou la gueule du loup ? » Je lui avoue que non.

Il est intarissable sur sa vie, sur ses rencontres, sur sa jeunesse sportive. Il m’offre Cocteau comme un cadeau. Me disant, que quand il était amoureux d’un bel homme, rien ne le retenait. En dehors de son addiction à l’opium, il était l’esprit à l’état pur. J’eus droit à Dali, Picasso, Bardot…

J’étais un peu confus de m’incruster. Je lui en fis part. « Allons vous n’êtes pas pressé, on est tous les deux en bonne compagnie ».

Tout à trac, il me demande : « quel est votre poète préféré ? » Je lui réponds que je n’aime pas le verbe préférer. En lui précisant que certains poètes n’ont laissé qu’un seul poème, qui a fait leur gloire, comme Jean-Baptiste Clément, par exemple, et

son Temps des cerises. Et que seulement pour cette chanson, il était plus reconnu de nos jours qu’Albert Samain ou François Coppée... Il me réitère sa ques-tion. Je lui réponds : Aragon, Prévert, Apollinaire, pour le vingtième siècle. « Vous aimez Aragon, vrai-ment ? » Ses yeux se mirent à briller, et il me balance les yeux d’Elsa dans sa totalité. « Ah ! Aragon, je l’ai bien connu, c’était un ami. Il était un bourgeois de la pire espèce, déguisé en stalinien, un mystificateur, capable dans son stalinisme exacerbé, de s’amoura-cher de Nancy Cunard qui lui en fit voir pis que pendre. Mais malgré tout, un poète de génie. J’au-rais aimé avoir eu ses trouvailles poétiques. Écrire Aurélien, les cloches de Bâle ».

Il continue de me raconter Ara-gon en me déclamant ses poèmes. Je me mis à en dire.

Ça tombait bien, j’en connais moi aussi quelques-uns. Il est étonné. Je lui en sers un ou deux qu’il avait oubliés. On finit par L’affiche rouge. Et ces mots magnifiques :

Adieu la peine et le plaisir adieu les rosesAdieu la vie adieu la lumière et le ventMarie-toi sois heureuse et pense à moi souventToi qui va demeurer dans la beauté des choses

Pour faire bonne mesure, il embraye sur Elsa Triolet, dont il me dit que son seul livre lisible, est : Le Cheval blanc. Que tout le reste est à oublier. Je le trouve un peu sévère. On parle de Lili Pik, la sœur d’Elsa, de Maïakovski. De la jalousie d’Esla envers Lili... de la fin pitoyable d’Aragon. De son « chan-gement de sexualité » à la mort de sa femme, de ses amours dans son grand âge pour les minets, de sa coiffure à la Buffalo Bill…

Il était presque 19h. Ça faisait 5 heures que nous parlions. Il me demanda, si je voulais boire quelque chose : du vin par exemple. Je lui ai dit que je n’avais pas soif. Que j’avais tout l’après-midi, bu ses paroles. Il a souri. Il a fumé une énième demi-cigarette. Nous en sommes restés là. Nous nous sommes promis de nous revoir. Nous nous sommes revus. Sur la route en rentrant, ma tête était dans les nuages. Je n’ai qu’un seul regret, c’est de l’avoir connu sur le tard…

Pierre Yborra, auteur de Au 4 de la rue Rapide (lire dans ce magazine page 58)

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« C’est comme si nous on se met-tait à vendre des petits pois », s’amusaient Nicole Biteau et son fi ls Mathieu lorsque les grandes surfaces accélèrèrent leurs in-vestissements en librairie voilà quelques années.

Aujourd’hui, la réalité économique a rejoint cette boutade.

Pourtant, la Maison de la Presse, aussi appelé Espace Despret, est une institution à Challans. Et si crise du papier il y a, la Maison de la presse s’en sort plutôt bien. Mais cet été, une partie de la librairie située rue Carnot est devenue une épicerie, précisé-ment une supérette sous l’enseigne Carrefour-city.

« Ce qui nous a remis en question, affi rment Nicole Biteau, entouré de ses enfants Mathieu et sophie, co-gérants de cette aff aire qui compte 19 sa-lariés, ce sont des clients qui nous disaient qu’ils ne pouvaient plus acheter à manger dans le centre ». Car comme d’autres, le Lidl est parti à la périphérie. « Nous assistions à une évasion de la clientèle vers la périphérie, et pour l’alimentaire, et pour le reste ».

Et depuis l’ouverture de Carrefour-City, le suc-cès est au rendez-vous. Alimentation et papier font

Échos-Musées

Mathieu et Nicole Biteau, 4e et 3e générations

très bon ménage. La rue Carnot, artère principale de la deuxième ville de Vendée, n’a rien perdu de son tonus, en gagnant même.

L’avenir du support papierLes Biteau sont les troisième et quatrième gé-

nérations de commerçants challandais. Alphonse et Rose Despret ont créé leur commerce de vente de journaux en 1927, avec une charrette à bras ! Ils eff ectuaient leur tournée pour vendre les titres à la criée... Ils ouvriront un espace rue Carnot en 1936. Les enfants Maurice et Christiane Despret déména-gent le magasin à l’emplacement actuel dans cette rue en 1954. Dépositaires, libraires, Maurice (88 ans cette année) et Christianne auront longtemps tenu les rênes, du lundi au dimanche, Maurice dis-tribuant les journaux dans les boites à lettre à partir de 4 h du matin.

En 1990, Nicole prend la succession de ses parents. « Malgré les perturbations du métier avec l’arrivée des nouvelles technologies, nous sommes de ceux qui estiment qu’il y a encore un avenir pour le support papier, notamment dans la proximité, avec un spécialiste dans chaque rayon ». Mais l’ali-mentaire aura désormais son rôle. « Notre chance est d’avoir 950m2 d’espace. 300m2 sont consacrés à l’alimentaire, en y détachant 6 de nos salariés. Et nous gardons le même professionnalisme pour ces deux entités ». Avec deux portes d’entrée voisines.

Ph. G.

À Challans, la librairie Despret a ouvert une épicerie

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Échos-MuséesLes amis de l’Historial de la Vendée

Mathieu et Nicole Biteau, 4e et 3e générations

Milcendeau, le «barbouillou» aux mille tableaux

PortraitIl était né en 1872, à Soullans.

Sur la place principale de cette cité du pays Maraîchin, ses parents tenaient un débit de boissons. Ils étaient d’une relative aisance, avec des idées républi-caines et anticléricales dans un milieu conservateur et légitimiste.

Belles expositions, visites, rallye, colloques, l’Historial

et ses amis toujours sur la brèche...

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Charles s’inscrira vite en marge de cette société maraîchine, qui le lui rend bien en le surnommant « le barbouillou » (le barbouilleur) et en se moquant de ses façons vestimentaires, plus proches de celles de son contemporain Pierre Loti que du chapeau rond et du gilet des Maraîchins.

Cependant, ses idées (grand admirateur de Cle-menceau) lui permettent de pénétrer facilement les sphères parisiennes. Mais tout comme Henri Matisse, le maître du fauvisme, Charles Milcendeau échoue pour l’entrée de l’école nationale des Beaux-Arts. L’un et l’autre sont cependant reçus en candi-dats libres. Par la petite porte !

Charles est aux côtés de Georges Rouault (qui viendra plus tard en vacances à Soullans). Milcen-deau, Rouault, Matisse… tous ont pour Maître Gustave Moreau. Une rencontre déterminante.

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Autoportrait au béret rouge, 1917Marché aux porcs de Ledesma, pastel, 1909,Collection

Musée Milcendeau - Jean Yole, Soullans Cliché Serge Bauchet– Conservation départementale des musées

atelier : Musée Micendeau – Jean Yole, Soullans ; Crédit photo : Cliché Serge Bauchet

La Couturière de Soullans, 1908Les deux buveurs, 1913

Une famille autour du berceau vide, 1919Collection Historial de la Vendée

©Conseil général de la Vendée – Conservation départementale des musées

Touché par l’Espagne

Progressivement, en voyageant, l’artiste va deve-nir un vrai coloriste. Il est touché par la Bretagne, la Corse et surtout l’Espagne (1901), particulière-ment la ville de Ledesma (jumelée à Soullans depuis 1999), pas loin de Salamanque, qui lui rappelle en âpreté sa région d’origine. Et il a le coup de foudre quand il se rend compte que les paysans espagnols, comme en Vendée, jouent aux cartes à l’aluette. Ce pays va lui donner la force de s’essayer aux couleurs vives et aux paysages, thème qu’il n’avait quasiment pas traité auparavant mais qui va l’occuper jusqu’à la fin de sa vie.

Quand il revient dans sa contrée natale, le « bar-bouillou » s’intéresse aux paysans maraîchins. Dans les scènes intérieures qui témoignent de la vie de l’époque, ce gaucher va dégager avec son pinceau une réalité abrupte, d’un réalisme perçant. On y sent l’influence de l’école flamande par ses couleurs sombres, ses visages expressifs et sans complaisance. On le comparera (à tort) à Le Nain. Mais comme ses plus belles réussites viennent du regard, on lui don-nera l’appellation (plus juste) de « maître du regard ».

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Une fin de vie qu’il passe dans sa borderie au Bois-Durand, dans les marais de Soullans. Mais il est fragile de constitution. Charles se refait une santé à Cambo-les-Bains, en pays basque. Mais fragilisé par la grippe espagnole, cardiaque, il meurt le 1er avril 1919, à l’âge de 47 ans. Sûrement trot tôt pour arri-ver à sa maturité artistique. Mais son œuvre (1000 tableaux), tout en restant dans le classicisme, n’en est pas moins personnelle, à la forte puissance esthé-tique. Ce « petit-maître » serait sûrement devenu un grand s’il avait pu ajouter des années à sa vie.

La postérité ne l’a pas oublié avec un livre publié en 1932, La bourrine, du Nantais Marc Elder (prix Goncourt), qui met le « barbouillou » en scène. Le conservateur du musée de la Roche-sur-Yon Alain-James d’Ayzac, qui l’avait connu et beaucoup fré-quenté à la fin de sa vie, lui consacra un témoignage particulièrement vif en 1946 (Le Maraîchin).

Et sa maison au Bois-Durand est devenue musée. Associé au nom de Jean Yole, le Dr Léopold Robert, autre enfant soullandais. Ce dernier veilla à son che-vet la nuit de la mort de Charles.

Enfin, des rues et des établissements scolaires portent son nom.

Ph. G.

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Luçon, la ville évêché, célèbre pour avoir eu comme évêque Richelieu, de 1606 à1623, 25ème

évêque de Luçon. Aujourd’hui, Monseigneur Alain Castet est le 46ème évêque de la lignée.

C’est sous la conduite de Claude Loisy et du docteur Wuilliaume, éminents historiens passionnés de leur cité, que Luçon prit des couleurs inédites.

Construit sur l’une des petites rivières qui ja-lonnent le rivage nord de l’ancien golfe des Pictons, le village de Luçon s’est développé grâce à l’implan-tation d’un monastère bénédictin au VIIe siècle et au réseau hydrographique du marais au XIIIe siècle qui conférèrent une prépondérance au ruisseau de Luçon. Durant la Guerre de Cent ans, puis les guerres de religion, Luçon subit des massacres et des pillages. Le monastère devint évêché au XIVesiècle, pendant que le ruisseau se transformait en canal et en port maritime. En 1317, le pape Jean XXII décida de diviser le diocèse de Poitiers en 3 parties :

Visite à Luçon

Le jeudi 27 septembre 2012, sur la place de la cathédrale à Luçon, une cinquantaine d’Amis de l’Historial de la Vendée, pour découvrir-redécouvrir la ville évêché

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Poitiers, Maillezais et Luçon. Pierre de La Veyrie, abbé du monastère, fut le premier évêque de Luçon. Mais c’est l’épiscopat de Richelieu qui contribua à la célébrité du diocèse. Le Concordat de 1801 réunit le diocèse de Luçon à celui de La Rochelle. L’évêché de Luçon fut rétabli en 1817, mais ce Concordat n’ayant pas été ratifié par les Chambres, le nouvel évêque, René-François Soyer, ne prit possession de son siège qu’en 1821. L’arrivée du chemin de fer en 1869 donna un coup d’arrêt à l’activité portuaire. La ville dut se réorienter ; c’est l’installation de l’armée, favorisée par Clemenceau, qui entraîna un renou-veau de l’urbanisme. Actuellement, Luçon a repris sa progression et voit son développement, ainsi que son rayonnement, s’affirmer. La cathédrale est clas-sée depuis 1906 et le cloître depuis 1915.

En pénétrant dans la cathé-drale,

Un rappel historique des lieux s’impose, présen-té par Claude Loisy.

Au VIIe siècle, saint Philbert, abbé de Noir-moutier, fonda le monastère de sainte Marie, Notre Dame, par la suite. L’influence de ce monastère s’étendit dans toute la région. Totalement disparu, ce monastère fut reconstruit, puis incendié en 1068. A la fin du XIe siècle, les moines bénédictins ont édi-fié une abbatiale dont il ne reste que le transept nord de style roman. Cette troisième église fut consacrée le 19 avril 1121, après 30 ans de travaux. A la fin du XIIIe siècle, les moines de l’abbaye sainte Marie édifièrent, à la place de la précédente, une nouvelle église abbatiale, avec une nef et ses bas-côtés.

Le vaisseau gothique classique surprend par sa simplicité, par sa luminosité due à la réflexion de la lumière sur la pierre calcaire de Luçon : « Dieu est lumière ». La flèche de style néo-gothique culmine à 85 mètres, la longueur totale à l’intérieur est de 67,50 mètres, celle de la nef de 34,50 mètres, la voûte se situe à 22 mètres du sol. L’élévation se fait sur 3 niveaux : les arcades, le triforium (galerie dé-corative) et les fenêtres hautes, disposition classique de la cathédrale gothique.

Après ce préambule nécessaire, Claude Loisy in-vite le groupe à découvrir les trésors du bâtiment. Ainsi, dans le bas-côté nord du chœur, se dresse une chaire du XVIIe siècle que Richelieu a pu utiliser pour ses prédications. La décoration est italianisante, avec des fruits et des guirlandes de fleurs. Sur trois faces, on distingue le blason de Mgr Pierre Nivelle à qui la tradition attribue le décor de la chaire, ainsi que les deux toiles placées en hauteur, « La pêche miraculeuse » et « La vision de saint Hubert », de style classique du XVIIe siècle.

Les siècles se suivent et apportent leur note de spiritualité. Ainsi, le XXe siècle vit arriver Goudji, un artiste sculpteur-orfèvre né en Géorgie en 1941, qui reçut la commande de Mgr Garnier, en 1995, pour un nouvel autel majeur, la croix reliquaire, le siège épiscopal, l’ambon, le calice épiscopal et la patène. Inspiré par l’Écriture et l’esprit liturgique de l’Eglise, lien entre Évangile et art, Gougji utilise des matières rares et des pierres précieuses pour un mobilier qui s’harmonise avec la noblesse du lieu : cristal et gemmes enchâssées. L’autel de forme car-rée, comme celui des premiers martyrs, avec des re-liques de saint Philbert, saint Louis-Marie Grignon de Montfort et un martyr de Dijon ; l’évangéliaire orné d’un aigle, symbole de saint Jean ; la cathèdre qui symbolise que l’évêque est roi-serviteur, comme le Christ lui-même le fut, qui lava les pieds de ses frères : autant d’objets dignes d’admiration.

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À quelques pas du chœur, dans la chapelle du transept sud, restaurée à l’identique dans l’esprit des bases romanes, se sont révélés, à l’occasion du chan-tier de restauration, des sarcophages encore garnis de squelettes et d’objets dédiés, notamment des perles, perles de chapelets, peut-être. Quel était le rôle de ces sarcophages ? les chercheurs s’interrogent. Tou-jours est-il que, après étude et relevés, il convient de laisser en place ces grosses pierres qui contribuent à étayer les énormes piliers de la cathédrale. Dans cette chapelle où le confessionnal aussi a été remis en l’état de l’époque, on peut voir le tableau de Lubin Baugin (1610-1663), une belle descente de Croix aux personnages si expressifs, les femmes empreintes de grâce, Joseph et Nicodème alliant leur force pour descendre le Christ de la Croix, Marie portant son regard vers le Ciel.

Tous les siècles ont laissé leur empreinte depuis la construction de l’église consacrée en 1121. Notre-Dame de l’Assomption invite à un voyage dans le temps à la lumière de ses vitraux et au chant de son orgue de la manufacture Aristide Cavaillé Coll, inauguré le 23 décembre 1857 et classé Monument historique en 1999. Roger Roiland accepta de le jouer et il fut, ainsi, possible de distinguer les dif-férents sons de cet instrument si complexe, basse de bourdon, dessus de flûte, dessus de hautbois, trom-pette ou voix céleste. Pachelbel et Bach animèrent un moment l’ampleur du lieu et la méditation des spectateurs. Merci Roger !

Le cloître est attenant à la cathédrale, dans sa partie sud. On peut y accéder directement par une porte de style classique. Situé entre la cathédrale et l’évêché, il est le témoin de l’ancienne abbaye bé-nédictine dont l’origine remonte au VIIe siècle. Ses galeries Renaissance, en parfait état de conservation,

datent du XVIe siècle. A la fin du XIXe siècle, la galerie orientale a été rehaussée d’un étage aux belles fenêtres évoquant celles des châteaux de la Loire, destiné à servir de bi-bliothèque dio-césaine.

Grâce à l’obligeance de Monseigneur et de la médiation de Claude Loisy, il fut permis d’entrer dans l’évêché et de découvrir cette bibliothèque, riche de près de 40 000 volumes. Ensuite, le salon s’est ouvert aux Amis de l’Historial pour admirer, outre le magnifique tapis au sol d’une taille impres-sionnante, le tableau de la Cène, copie de l’atelier du Titien, où le bleu du vêtement du Christ est, d’après les expertises, en lapis-lazuli. De forme hexagonale, peut-être pour lui permettre de s’accro-cher dans un retable ou bien dans une salle voûtée, il étonne par l’expressivité des personnages, chacun plongé dans ses réflexions. Face à cette œuvre, la re-production du tableau de Philippe de Champaigne représente le prestigieux hôte de ce lieu dans sa splendeur : Richelieu. On peut aussi voir une belle statuette d’un Christ en ivoire de tradition jansé-niste. Suit, dans la succession des pièces, la salle à manger devenue salle de travail où sont présentés les évêques successifs par des toiles peintes ou des photos pour les plus récents, comme Mgr Santier ; parmi les plus connus, figurent, à côté du frère de Colbert, Paty, Cazaux, Garnier. Dans l’escalier qui redescend, un tableau riche en interprétations, interpelle le visiteur ; il illustre la parabole du Bon Samaritain : un bédouin cambré peine à porter le voyageur dépouillé et roué de coups par les bri-gands, alors que le prêtre et le lévite se détournent, tandis que le cheval regarde le spectateur d’un œil interrogateur. La descente aboutit à la salle capi-tulaire aux voûtes romanes, magnifiques par leur sobriété. Est exposée une copie de la fameuse lettre de Richelieu évoquant son évêché comme « le plus crotté de France »…

Après un rapide et sympathique déjeuner à l’El-dorado (pas d’or à y découvrir, mais une délicieuse crème brûlée !), la visite du jardin Dumaine permit de faire une agréable pause digestive sous un soleil radieux.

Visite à Luçon

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Le docteur Wuilliaume prit en main le commen-taire descriptif du lieu et apporta nombre d’idées inédites sur la constitution de ce jardin d’une super-ficie de plus de 4 hectares. Légué aux Luçonnais par Pierre-Hyacinthe Dumaine, le domaine s’est trans-formé, grâce aux soins d’une quinzaine de jardiniers municipaux, en un vaste jardin. Grottes, bassins, topiaires, parterres fleuris, kiosque… accueillent les promeneurs. Qui était ce M. Dumaine ? Né le 2 juin en 1790, il fit ses études de médecine à Paris. Plus que médecin, il s’occupa d’améliorer les conditions de vie dans toute la région et à Luçon. Ses publica-tions ont longtemps fait autorité. De ses plantations dans le jardin subsiste une superbe allée d’ifs plan-tée en 1830. En 1872, Dumaine meurt à Nice où il s’était retiré. Célibataire, sans enfant, il légua sa vaste propriété qui renfermait jardin d’agrément et terres agricoles à la ville de Luçon, aux termes d’un testa-ment bien précis, soumis à trois conditions : que la maison devienne mairie, que le jardin soit toujours ouvert, même aux nécessiteux, et qu’une messe soit célébrée pour la famille Dumaine lors de la fête de sainte Cécile. Depuis, la maison est devenue Hôtel de Ville. Chaque année, un thème de décoration flo-rale est choisi et illustré ; en 2012, ce sont les fables de La Fontaine qui ont été mises en valeur dans les parterres, les massifs, les bordures. C’est alors un petit jeu plaisant que de deviner quelles fables ont pu être, ainsi, au moyen de verdures et de fleurs, mises en scène : Perrette et le pot au lait, Le Cor-beau et le Renard… Mais le Docteur Wuilliaume, par-delà cette lecture anecdotique du jardin, a tenu à proposer une interprétation différente : le jardin est conçu, d’après lui, selon une inspiration maçon-nique. En effet, entre le « limaçon », montagnette bâtie par Dumaine au-dessus d’une allée couverte, évocation druidique dont l’orifice est muré (quel genre de cérémonie pouvait-il s’y dérouler ?), mais dont le sommet demeure accessible, la cascade, der-rière laquelle le promeneur peut se dissimuler, et le pavillon chinois (disparu au XIXe siècle), visibles sur les plans de 1848, il est permis de voir une struc-ture triangulaire. Le docteur Wuilliaume parle d’un « rêve disparu » à propos de ce magnifique jardin au cœur de la ville, qui aurait pu accueillir des opéras, des idylles...

De là, gagner à pied la chapelle sainte Ursule fut bref. Elle est la chapelle d’un établissement scolaire, autrefois dirigé par les Ursulines. Son plafond peint

du XVIIe siècle est unique en Vendée et se lit comme une véritable bande dessinée. Restauré en 1975, il offre un décor symétrique qui se lit de la terre au ciel. Ainsi, sur la terre, les instruments de musique les plus variés sont représentés à la manière italienne : orgue, harpe, serpent, guitare… Avant de gagner le Ciel, le passage par la mort s’impose. Pilate et la coupe, l’aiguière, le linge ; le Golgotha avec un crâne ; le coq qui chante ; les Instruments de la Passion ; le visage du Christ sur le linge de Véronique (vraie icône) ; surgit la colombe de l’Esprit dans un ciel lumineux. Pour évoquer le Ciel, l’iconographie est, peut-être, moins riche, car l’univers céleste demeure mystère… Tous les symboles une fois déchiffrés in-vitent à voyager dans le temps. Le retable baroque, entouré de colonnes de marbre, met à l’honneur en son centre la sœur fondatrice de l’ordre.

de la Chapelle Sainte Ursule...

Pour clore cette passionnante journée animée par tant d’enthousiasme, il fallait terminer en dou-ceur. C’est ainsi que le groupe s’est dit au revoir après une sympathique dégustation de spécialités dans l’établissement Vrignaud, maison fondée en 1812 par Henri-Aimé Vrignaud, célèbre grâce au Kamok. La fabrique de liqueurs est, à l’époque, principale-ment axée sur la production et la vente en gros des spiritueux les plus courants et les plus appréciés du

... au Kamok

Le jardin Dumaine

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marché. En 1860, le petit-fils du fondateur, Paul-Emile, donne un nouvel essor à l’entreprise fami-liale. Mettant à profit ses connaissances techniques et son esprit créatif, mariant de nouvelles saveurs, cet artiste imagine des recettes inédites à l’origine de liqueurs au goût unique. Très rapidement, ses in-ventions sont couronnées de succès et obtiennent de nombreuses récompenses dont plusieurs Médailles d’Or aux Expositions Universelles de Paris en 1889 et 1900 et le Grand Prix d’Etat à l’Exposition Inter-nationale de Vienne en 1904. Sur les cahiers d’essais et de recettes légués par ce créateur figurent, ainsi, de nombreux élixirs originaux toujours commercia-lisés aujourd’hui, dont la fameuse liqueur au café Kamok. Chacune des recettes reste un secret jalou-sement gardé par l’entreprise bicentenaire.

Spécialité exclusive des établissements Vrignaud, issu des meilleures variétés de cafés arabicas, impor-tés verts et torréfiés sur place séparément, le Kamok puise sa force et sa différence du mariage de ces ingrédients de qualité selon des procédés de fabri-cation relevant du « secret de famille » dans le res-pect des traditions. Cet alcool vieillit lentement en fûts de chêne, laissant aux divers ingrédients mariés savamment le temps de s’harmoniser en une saveur unique et authentique : 3 ans plus tard, le Kamok est né. Base à la fois classique et originale d’élabo-ration de nombreux cocktails, la liqueur au café Kamok se prête aisément à tout élan de créativité.

S’ajoutent à cette spécialité emblématique des créa-tions plus récentes, comme le Délice au caramel, le Pastis, la Chouannette. A consommer, bien sûr, avec modération !

Toujours est-il que chacun est reparti, qui avec une bouteille, qui avec des photos, qui avec des sou-venirs d’une belle et riche journée ; avec l’impres-sion, cependant, que même quand on est Vendéen, on a encore et toujours des découvertes à faire dans ce département privilégié !

Laurence Vacher

Visite à Luçon

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Les dernières informations des Musées de la Vendée

Publications

Charles Milcendeau, 1872-1919 ,sa vie son œuvre exposition, Les Lucs-sur-Boulogne,

Historial de la Vendée, 7 avril - 8 juillet 2012Christophe Vital (commissaire général)textes de Christophe Vital, Yvonne M.L. et Gabriel P. WeisbergMilan : Silvana, 2012 - 1 vol. (303 p.) 35 €

Charles Milcendeau, élève de Gustave Moreau, et natif de Vendée, a connu de son vivant le succès. Cet artiste maintenant oublié mérite sa place dans l’histoire de l’art de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Son style très personnel, son indépendance, ses talents exceptionnels de dessinateur et de pastelliste sont mis en lumière dans cet ouvrage très illustré, Il s’attache à rendre hommage à ce maître « du réalisme social » qui, de la Vendée à l’Espagne en passant par la Belgique, la Bretagne ou la Corse, s’est fait le témoin d’une société rurale dont il pressentait les mutations. Loin des clichés, Charles Milcendeau, qui dispose d’un musée à Soullans , sa ville natale, apparaît comme un grand artiste.

L’enceinte néolithique de Champ-Durand à Nieul-sur-l’Autise (Vendée)

sous la direction de Roger Joussaume.Chauvigny : Association des publications chauvinoises, 20121 vol. (685 p.) 35.00 €

Au nord du Marais poitevin, la triple enceinte à fossés interrompus de Champ-Durand à Nieul-sur-l’Autise (Vendée) fut

découverte en 1971 par Maurice Marsac au cours d’une prospection aérienne. Elle fut fouillée par Roger Joussaume et son équipe entre 1975 et 1988. L’abondance des objets découverts dans ses fossés ont donné lieu à de nombreux travaux de recherche. Ils sont réunis dans cet ouvrage qui contient également l’historique des fouilles et des découvertes ainsi qu’une bibliographie commentée. Dans le cadre de cette publication, l’Historial organisait fin septembre avec le Groupe vendéen d’Etudes préhistoriques (GVEP) un colloque de trois jours sur les enceintes néolithiques du Centre-Ouest de la France (Ve et IVe millénaires avant J.C.) (cf. article ci-après).

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Regards naturalistes sur le Marais breton vendéen

sous la direction de la communauté de communes Océan-Marais de Montsphotographies, Louis-Marie PréauMèze : Biotope éd., 2012 1 vol. (104 p.), 19,90 €

Dune, forêt, vasière, marais doux ou salé, le Marais breton vendéen regroupe à lui seul tous ces milieux et autant d’espèces animales et végétales. Les zones humides réunissent des conditions bio-logiques exceptionnelles qui font de ces espaces une réserve de biodiversité unique. Lieu de rencontre entre l’océan et l’espace terrestre, le Marais breton vendéen abrite une vie en perpétuelle évolution que les professionnels tentent de comprendre, préserver et valoriser.

Ce livre est l’occasion de découvrir un milieu de vie d’une richesse et d’une diversité indéniables. Il invite à partir à la rencontre de cet environnement remarquable et paisible.

Edmond Bertreux (1911-1991) : itinérences d’un peintre entre Loire, Marais et Castilleexposition, Soulans, Musée Charles Milcendeau, 3 mai - 30 septembre 201Edith Caignon, commissaire général,La Crèche, Geste éd., 2012 1 vol. (87 p.) 19.90 €

Originaire de Rezé et des bords de Loire, Ed-mond Bertreux est un peintre attaché à sa région. Il arpente ainsi son pays pour dessiner et peindre les paysages de la Basse-Loire et du marais, sources d’inspiration principale de son œuvre. Témoin d’une époque, il nous propose un regard mélanco-lique sur ce siècle en mutation qu’il traverse jusqu’à sa mort en 1991.

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Le colloque inter régional sur les Enceintes néo-lithiques entre Seine et Gironde s’est déroulé à l’His-torial de la Vendée, du 19 au 21 septembre 2012.

Ce colloque a été organisé par le Conseil général de la Vendée, le Service Régional de l’Archéologie des Pays-de-la-Loire et le Groupe Vendéen d’Études Préhistoriques, à l’occasion de la sortie de l’ouvrage sur les fouilles de Champ-Durand (Nieul-sur-l’Au-tise, Vendée).

Interprétation théorique de l’en-trée 80 du site Champ-Durand par R. Joussaume

Depuis les années 1970, les prospections aé-riennes et les fouilles archéologiques ont mis en évidence un phénomène architectural important qui a marqué profondément le paysage de la Seine à la Gironde, au Néolithique, entre le 5ème et le 4ème millénaire avant J.-C. : les enceintes fossoyées et/ou palissadées en bois ou en pierres.

Le sens général de ces enceintes n’est pas encore complètement clarifié. S’agit-il d’espaces défensifs, d’habitats, de marchés, de centres politico-religieux ou de tout cela à la fois ?

La présence récurrente de squelettes humains pose également d’autres questions sur la finalité de ces structures.

Ainsi, à la lumière de nouvelles fouilles qui ont eu lieu depuis la fin des années 1990, le colloque a

insisté sur les données issues des découvertes et ana-lyses récentes ainsi que sur l’organisation des activi-tés dans ces espaces enclos.

La première journée a été consacrée à la visite des sites départementaux de Champ-Durand (Nieul-sur-l’Autise), des Châteliers du Vieil-Auzay (Auzay) et l’Abbaye Saint-Pierre de Maillezais, dans laquelle des vestiges préhistoriques ont été découverts fin des années 1980 à l’emplacement du réfectoire.

Durant les deux autres journées, ont eu lieu des présentations et des séances de discussions traitant de l’architecture, de l’environnement, des pratiques funéraires et des complexes techno-culturels.

Plus d’une centaine de chercheurs er passionnés de préhistoire et archéologie ont débattu, durant ces trois journées, autour des découvertes récentes et des perspectives scientifiques.

Les présentations et les discussions de ce col-loque donneront lieu à un ouvrage dont la sortie est prévue dans le courant de l’année 2013.

Colloque Archéologique

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Novembre :Mercredi 7 : Atelier 7/12 ans : « Construis ton

système solaire »Samedi 10 à 20h30 : Veillée aux étoiles*Dimanche 11 novembre : Planétarium (à partir

de 14h) et conférence de F. SPIERO « La vie en orbite ».

DécembreDimanche 2 à 15h : Conférence de R. TAN-

GUY « y-a-t-il une vie dans l’univers ? ».Dimanche 23 à partir de 14h : PlanétariumMercredi 26 décembre : Atelier 7/12 ans : « Construis ton système solaire »Dimanche 30 décembre à 15h : « La petite cui-

sine des étoiles », spectacle – Cie Tombés du ciel.* Activité en extérieur, annulée en cas de ciel

nuageux.Les conférences, ateliers, planétarium et veillée

aux étoiles se font sur inscription préalable au 02 51 47 61 61

Historial de la Vendée : Ouvert de 10h à 18h du 1er octobre au 31 mars – tous les jours sauf les lundis, le 25 décembre et le 1er janvier. Pour plus d’informations, contact : 02.51.47.61.61

Balcon sous les étoiles : Exposition temporaire présentée à l’Historial de la Vendée aux Lucs-sur-Boulogne du 28 septembre au 30 décembre 2012

Le Conseil Général de la Vendée vous invite à explorer les mystères de l’univers à l’Historial de la Vendée. En vous laissant porter par la beauté épous-touflante du cosmos, découvrez les grandes lois qui le gouvernent. Le système solaire, la voie lactée, le monde des galaxies, les mystères des trous noirs, le Big bang sont autant de thématiques à découvrir.

Un film intitulé Vibrato réalisé à partir de l’ob-servatoire du désert de l’Atacamam au Chili, vous emporte pour un voyage extraordinaire, à travers un trou noir. (35 mn).

Chaque jour, des médiatrices proposent aux visi-teurs des expériences simples et concrètes pour com-prendre les mystères offerts par l’univers.

Quelques activités animeront également cette exposition.

Expositions

Vue du centre de la voie lactée (notre galaxie)© Nasa ; ©Photo ART’M

Échos-Musées - novembre 2012 - mars 201348

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49Échos-Musées - novembre 2011 - mars 2013

Juste quelques images de notre rallye qui a réuni 108 personnes en 25 voitures dans le canton de Mareuil.

Ce rallye est organisé tous les

ans le 8 mai par les Amis de l’Historial et la Fondation du Patrimoine.

VIIème Rallye du Patrimoine

Rallye du Patrimoine

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Félicie de Fauveau (1801-1886), L’amazone de la sculpture : Exposition temporaire présentée à l’Historial de la Vendée aux Lucs-sur-Boulogne du 15 février au 19 mars 2013 et au Musée d’Orsay à Paris du 11 juin au 15 septembre 2013

Le personnage de Félicie de Fauveau (1801- 1886) est aussi emblématique qu’il est unique. Nostalgique d’une époque qu’elle n’a pas vécue, royaliste, catholique, célibataire et féministe, cette femme sculpteur a engagé sa vie et son art pour dé-fendre une utopie politique s’exprimant avant tout par l’image mise au service de l’Histoire. Ralliée à la duchesse de Berry, organisatrice des soulèvements vendéens avec la comtesse de La Rochejaquelein, elle accepta l’exil et se fixe à Florence. Elle déclina une iconographie catholique militante et exaltée, nour-rie de la symbolique de l’héraldique, et lui donna les formes d’un néo-gothique et d’un néo-renaissant inspirés. Ses sculptures sont dispersées et peu visibles, pour la plupart hors de France. L’exposition qu’orga-nisent l’Historial de Vendée et le musée d’Orsay sera la toute première rétrospective à lui être consacrée.

La Lampe dite de saint Michel, par Félicie de Fauveau, 1832, collection particulière© Cliché musée d’Orsay, Patrice Schmidt

Expositions 2013

ADHÉSION 2013 : 12 €

Les Amis de L’Historial de la VendéeHistorial de la Vendée, Allée Paul Bazin 85170 Les Lucs-sur-Boulogne02 51 47 61 77 - www.ami-historial-vendee.com- e-mail : [email protected]

Bulletin d’adhésion année 2013, 12 € à adresser aux amis de l’Historial aux Lucs,

M. Mme Mlle

NOM :

Prénom :

Adresse :Code postal Ville

Tél : E-mail : (IMPORTANT POUR VOUS JOINDRE,merci)

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Présentation de produits de Vendée

Interview-croisé entre skipper et chef cuisinier

Portrait des skippers et de son sponsor

20 recettes originales

Portrait des chefs et présentation des restaurants

Achat en ligne sur www.vendee-tourisme.com à partir du 1er décembre 2012

Commande du livre par mail [email protected]

Prix public : 29.90 € ttc (frais de port en sus)

Un beau livre de 200 pages, superbement illustré

de nombreuses photographies originales, alliant gastronomie et

course en mer.

La Rencontre de deux Mondes donne naissance à un superbe ouvrage !

Fruit de précieuses rencontres, le livre recèle 20 recettes diverses allant de plats classiques jusqu’aux envolées créatives les plus étonnantes. Portraits des skippers,

présentation des sponsors, des restaurateurs et de leurs établissements, rien ne manque dans ce livre

écrit par Céline Joussemet et illustré des photos de Jacques Auvinet.

Quand un skipper du Vendée-Globe rencontre un chef de cuisine vendéen, de quoi peuvent-ils parler ?

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Nos sélections, poésie

La terre est rougePhillipe LatgerSoc et Foc

Les gestes tendres. Les Sourires entendus.Les âmes qui se reconnaissent.Les mains qui se retiennent.

Poèmes à toutes rimesArmand Pacteau10 €

À 92 ans, le Challandais Armand Pacteau vient de sortir, à compte

d’auteur, un recueil de poèmes aux alexandrins qui roulent allègrement. Celui qui est aussi le papa du peintre Hubert Pacteau, livre 19 poèmes toniques. Mais le nonagénaire n’en est pas à son coup d’essai.

Très beau recueil à nouveau que celui édité par Jean-Claude Touzeil et très joliment illustré par Va-lentine Manceau. Ici parfois se cachent en fi ligrane des interrogations existentielles, parmi les eux et jon-gleries avec les mots, leurs sens parfois inattendus, qui confi ne à l’humour ou plus sûrement à la malice et ne sont jamais exempts de surprise et de fraîcheur. Petits vers pour séduire l’enfant qui est (encore) en nous avec son badinage de rythmes et vocables qui parfois sonnent comme des grelots, avertissent ou séduisent simplement de leurs sons plus que de leurs lettres, ricochets jusqu’au fond d’un univers capti-vant. .

Alain Perrocheau

Où allez-vous les bras ballants la tête pleine d’incertitudes ?»

Remontants et ricochetsJean-Claude TouzeilSoc et Foc

Les encres colorées avec beaucoup de délicatesse par Evelyne Bouvier accompagnent l’espace onirique de Chantal Couliou qui glisse d’île en île jusqu’à mesurer des lieux inexplorés. Poésie très sensuelle, épanouie au plein envol de la nature, au vent et à la mer, qui suscitent et accompagnent un battement de vie unique, profond, intemporel. Les éléments ordonnent et sculptent, le poète écoute et transmets par la magie du verbe, tandis que sur l’autre page, les griff ures de couleurs changent la perspective.

A. P.

Au creux des îles Chantal Couliou Soc et Foc

L’île se délitedans une suite infi niede bleusde galets et d’insomnie

Belle production que «La terre est rouge», joli-ment illustrée par des peintures de Robert Sanyas qui font part belle à la matière. L’auteur, catalan qui fut chroniqueur et journaliste au Québec, nous en-traîne dans le mouvement d’un récitatif qui s’appa-rente à une quête, quelque chose comme la «Prose du transsibérien» de Blaises Cendrars, bien rythmée et riche en images qui marquent, gorgées de soleil et de sens. Tout un vécu mûri dans le silence, qui tout à coup s’épanouit et livre son parfum.

A. P.

On lui doit deux autres ouvrages, dont Ses Aventures au fi l des guerres, paru en 2007.

Tonique, alerte, surtout pas «plan-plan», la verve d’Armand Pacteau s’inspire de souvenirs mais aussi de réfl exion. Et de compassion, comme «Noël et les gueux». Sans oublier l’humour, dont il semble bien doté à la lecture du «pet». C’est même parfois une mordante ironie qui prendrait le dessus, car Armand ne se gêne pas de griff er en douze pieds ce monde «qui se déspiritualise».

Ph. G.

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Humanité 3Jean-Marc Baillieul Hapax, 15 €

Avec un peu le même jeu que ces tableaux modernes d’art abstraits faits de grands aplats de couleurs et de lignes qui les tra-verse, «Humanité» est traversé de constitué de longues listes

de mots parfois sans plus de détails que celles

d’un dictionnaire. Le thème central les relie toutes à la nature et la vraie humanité n’est évoquée qu’à travers ce qui l’entoure. C’est une exploration, ou plutôt comme un tamisage au travers d’un esprit original, du vocabulaire minéral, végétal ou animal, le tout se déroulant en variations concertantes sa-vamment composées. L’écriture comme une épura-tion ou comme un empilement qui plongent dans le pouvoir des mots et interrogent sur les liens profond qui existent entre une chose et le mot qui la désigne.

A. P

Viens je t’emmène en Poésie tome II. Françoise BidoisTh e book Edition, 40 p., 14 €

Pour nos chères têtes blondes (8/14 ans) avec un titre promet-

teur, Les papillons de l’enfance De jolis mots pour des poèmes qui sont des ins-

tants de vie. Des mots qui résonnent en nous parce qu’ils content une histoire que l’on reconnaîtra pour l’avoir vécue, même si on a seulement huit ans. L’au-teur qui a plusieurs cordes à son arc a également réa-lisé les illustrations.

Eveline Th omer

Comptines et PoésiesMonique Guibert-BécotTh e book Edition, 60 p., 18 €

Des mots sucrés et colorés. Des images qui font rêver. Un livre doux comme un baiser, c’est la quatrième

de couverture, on pourrait rajouter : joliment illus-tré par Pierre Lataste.

De courtes histoires pour les enfants, de la vie de tous les jours, contées avec élégance et légèreté. Réellement abordables aux toux petits ; chacun s’y retrouve même les grands : un livre pour les enfants à lire avec les grands.

E. T.

FeuillagesBernard GrassetJacques André, 55 p., 11 €

Dans la première et la troisième parties de l’ouvrage, quelques mots suffi sent pour évoquer des souve-

nirs d’enfance, créer une ambiance de paix et de sérénité, un monde simple. Dans les deuxième et quatrième parties on trouve le désert et les lieux où se déroulèrent les évènements des temps bibliques, soleil et feu sont présents. La simplicité s’allie au mystère, comme le vent incline les feuillages. La profondeur de la pensée est à la portée de tout le monde.

Lydie Gaborit

Un exil de trente-sept heures deux minutes et vingt-huit secondesJovan, Robin, 9 €

Sûrementqu’il existepire dans ce monde que ta peineimmobile

À la conquête de son propre monde, sur un iti-néraire d’onirisme qui n’appartient qu’à lui, Jovan nous emmène à sa suite, et de ses mots nous guide, dans un long périple qu’il dit ne commencer qu’avec ce recueil. Est-ce un exil ? Est-ce le sommeil em-preint de facéties ? Est-ce le combat contre l’illusion du divin ? Une telle quête permet-elle de renaître ou de triompher de ses peurs ?

A. P.

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Les rivières souterrainesPierre BarouhÀ vos pages, 306 p., 24 €

Homme de plume, Pierre Ba-rouh reste à jamais l’auteur-compo-siteur-interprète « d’A bicyclette », « des ronds dans l’eau » et bien sûr du « chabadabada » du fi lm de Lelouch, « un homme et une

femme ». Mais il n’avait jamais écrit de livres. C’est

poésies

fait ! Ce recueil de souvenirs et de notes accumu-lées est un tiroir qu’il ouvre comme le « désordonné viscéral » qu’il est. On découvre alors que le petit enfant juif qui se cacha dans un ferme vendéenne à Montournais durant l’Occupation fut un sportif accompli, un metteur en scène et un découvreur de talents (avec sa société Saravah, implantée à Nantes), un poête bohème qui a parcouru le monde, dont le Japon et le Brésil où il est plus connu qu’en France. Son écriture fi ltrée par sa mémoire est aussi fi ne que ses chansons et la Vendée y est omniprésente.

Ph. G.

Mêmes les pierres ont résistéYves ViollierRobert Laff ont, 250 p., 19 €

Je suis un teigneux, je m’y suis pris à deux fois, c’était trop dur, c’était trop fort, c’était trop.

Qu’allaient devenir Marie-Pierre et Barthélémy qui s’étaient

retrouvés dans la tourmente, et Petit James, qui n’avait pas vu les Bleus préparer l’embuscade ?

Tout le drame de la guerre de Vendée remis en scène dans le refuge de Grasla, pris en étau entre la fameuse lettre annonciatrice de Turreau au comité de salut public et le rapport du général Ferrand après son expédition à Grasla dans un camp désert.

Tout le déchirement des vendéens en quelques personnages, de vrais personnages, de vraies ques-tions, de vrais sentiments...

Et de vraies réponses !Je n’ai pas encore tout lu d’Yves Viollier, mais ce

récit est un véritable achèvement, un accomplisse-ment pour l’auteur, une sorte de Rédemption pour tous les vendéens, et une petite merveille pour le lecteur avec comme toujours une intrigue montée comme chez les maîtres du suspense...

Ce n’est pas de la musique d’ascenseur, cela se cherche, s’écoute, se médite religieusement.

Pas mal non plus la dernière scène, hors étau. ils ont tout perdu mais sortent grandis de l’épreuve, ceux qui ont un cœur. J. R.

Éclats d’OrientCharles d’EstèveMaysan, 80 p., 30 €peintures :Malika Pontdevie

maîtres dans l’art des caravanes nous savons dessiner des cités soyeuses nous avons conquis, mais c’était pour off rir

Laissons la parole à Malika : L’Orient a aussi, semble-t-il apprivoisé le poète si l’on en juge par sa façon de polir et repolir les mots comme pour en dé-

busquer le rythme secret et nous les faire goûter, puis s’en aller vers d’autres horizons après les avoir couchés sur une page immaculée... Et tous ces mots de lui, en off rande.

Charles nous explique que ce livre est un écho du colloque « L’Andalousie des trois cultures » initié par Malika Pontdevie en 2005 aux Sables d’Olonne.

La préface de Malika est aussi un poème sur l’Orient, qui nous prépare au mieux à revevoir en éclats, les fragrances, les fulgurances, les errances.

Un poète ébloui à chaque aube nouvelle, jusque dans le soir qui rougoie... et qui s’interroge, rêve, écoute, observe, gronde,... un poète entiché d’invi-sible qui approche l’infi ni par habitude de l’éphémère.

Éclats, éclairs, éclisses, éclos... Jouer à la marelle avec les mots...

J. R.

romans

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Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 201356

L’amour assassinéEloïse Chantal VlammirosEdilivre, 285 p., 20 €

Ce premier roman autobiogra-phique est une mosaïque de souve-nirs où l’on retrouve les années 70

et 80. On suit pas à pas l’auteur qui navigue avec sensibilité entre ses voyages spirituels et terrestres et ses idoles : Claude François, Barbara, Michel Berger, sans oublier ses acteurs préférés, jusqu’à mêler étroi-tement l’ensemble. Quelques poèmes de l’auteur, quelques unes aussi de ses chansons préférés, des photos illustrent l’ouvrage.

E. T.

Au Pays de la fée et du dragonDan CordierPublibook, 136 p., 42 €

Comme le titre ne l’indique pas, ce premier roman nous entraîne en pleine guerre d’In-dochine. L’auteur est alors un jeune soldat, dans les années cin-quante, quand éclate les confl its

sanglants. Dans cette épopée formidable qui se lit comme un roman, il nous relate, avec simplicité et une certaine distance, la vie de tous les jours. Sans politique ni idéologie ce livre, véritable carnet de bord, fourmille d’ anecdotes et de détails sur le quo-tidien du militaire. L’auteur a sillonné le pays sous les bombardements, a été fait prisonnier en Chine populaire, puis à Saigon par les services de la Pré-sidence. Aujourd’hui il vit une retraite paisible aux Sables d’Olonne.

E. T.

La demoiselle aux pieds nusPierre DeberdtLes Chantuseries, 238 p., 18 €

Ce deuxième roman a pour cadre un milieu que l’auteur connait bien : la sculpture.

Emma sculpteur professionnel croise la route de la jeune et belle Lura, un été. Aussitôt, elle l’em-bauche comme modèle mais ignore tout de la jeune fi lle qui recherche désespérément sa mère disparue il y a dix ans.

L’artiste sculpteur au verbe haut va se trouver mêlée malgré elle à un imbroglio familial... pour une fi n attendue.

E. T.

Dans les bras d’un printemps bulgareÉlisabeth Bénéteau-Boinot Écrituriales, 270 p., 18 €

Élisabeth pour ce premier roman très réussi, nous off re une palette de couleurs, de senteurs, de

bonheur. L’histoire d’amour en pointillé sur fond de coutumes bulgares nous entraîne dans une ronde de sentiments, jusqu’en Tunisie pour un dénouement fort et inattendu. Un roman foisonnant de pages culturelles, de paysages typiques et une belle écri-ture, poétique, colorée pour nous raconter un beau et diffi cile pays, la Bulgarie.

E. T.

Dérives littoralesFrançois BossisPetit Pavé, 195 p., 20 €

À quelques heures d’inter-valles, Blaise et Nolwenn se pré-cipitent vers Nantes et le Littoral Atlantique.

C’est pour chacun d’eux une nécessité surgie des obscurités de

l’enfance, une histoire à reconstruire par-delà les blessures et les manques... L’histoire magnifi que soutenue par une écriture maîtrisée, sensuelle et en

même temps sobre, élégante, nous entraîne vers des questionnements intimes où chacun peut se retrou-ver. L’idée originale de François Bossis d’inclure un vrai-faux journal dans le roman donne de la profon-deur et beaucoup d’émotion au récit : on y apprend les diffi cultés d’un écrivain à faire naître, évoluer, vivre ses personnages. Au fi l des pages, on s’attache aux personnages denses en suivant pas à pas leur parcours chaotique. Et s’ il nous promène allègre-ment de Belle-île-en Mer à Biarritz en passant par les Sables d’Olonne, ce roman est avant tout une subtile balade intérieure à la recherche de ce qui construit une identité.

E. T.

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Amours impossibles... Un possible amourJean-Yves Revault 84 p., 10 €

Bien inspiré Revault avec ses amours travers le monde, même si on lui préfère son précédent livre, La petite fi lle et la tordue, un de ses

chefs-d’oeuvre il est vrai ! Revault, qui s’est essayé à tous les genres littéraires depuis deux décennies, reste

Romans

Massa Stephan Loiseau Editions Durand Peyroles, 211 p., 15 €

En vacances dans un paisible village, Julien est le seul témoin d’étranges phénomènes lumineux ; au même moment, sans raison apparente, une voiture tombe en

panne. Déstabilisé, cet informaticien dont l’esprit n’admet pas l’irrationnel, se met à la recherche d’une explication plausible. Il découvre une jeune femme,

très belle, mais loin d’être une solution c’est un mystère de plus. Les évènements se renouvellent, se généralisent, de plus en plus inquiétants et le roman prend une allure de fi n du monde ; un monde où le désir de vitesse et de changement ne cesse de croître, un monde qui réclame de plus en plus de «télécom-munications, dépendant d’une technologie poussée à son extrême limite. Reste-t-il un espoir pour Ju-lien? Saura-t-il comprendre autrement qu’avec son intellect?

Stéphane Loiseau fait passer ses idées dans une histoire agréable à lire, riche en évènements.

L. G.

Que ton nom ne soit plus Yannick ChauvinPascal Galodé, 308 p., 21.90 €

Là où d’autres auraient fait un essai ou une dissertation, le Noir-moutrin Yannick Chauvin a pro-duit un roman sortant des sentiers battus. On savait ce spécialiste de la Gaule et de Guillaume de Nor-

mandie (prix Crédit Mutuel Océan des écrivains de Vendée 2011) capable de vous captiver avec ce don

d’écriture rendant vivant les matières mortes. On savait moins ses connaissances des arcanes de la jus-tice, qu’il éclaire à la lumière de ses mots, bousculant dans son intrigue les idées reçues, apportant même une contribution inédite au débat qui entoure la sanction pénale. Les personnages, notamment ceux du juge et du jeune condamné (à ne plus porter son nom !) sont parfaitement campés. Et les 300 pages se lisent à la vitesse d’un excellent polar. De la belle ouvrage.

Ph. G.

L’Oiseau rouge Jigmé Th rinlé Gyatso L’Astronome, 238 p., 16 €

Jigmé Th rinlé Gyatso est ven-déen. Avant de devenir moine bouddhiste, il s’appelait Yves Bou-déro et vivait à La Roche-sur-Yon. On trouve, dans L’oiseau rouge, les

traces de ses deux cultures. Il est inspiré par la nature avec laquelle il communie, par les nombreux pays où il a vécu. Il parle de lui, de sa vie d’ermite en mon-

tagne mais il connaît aussi notre monde moderne avec sa vie! saculture musicale et littéraire. Il sait être léger, jouer avec les mots. Son humour est plein de sensibilité et d’harmonie.

Les poètes et artistes occidentaux qu’il cite sont gens de grande spiritualité. Avant tout, L’Oiseau rouge, ce sont les méditations d’un moine boudd-histe, des prières psalmodiées de manière répétitive, des enseignements et des conseils qu’il s’adresse à lui-même ainsi qu’aux lecteurs et qui sont fi dèles aux préceptes, à l’éthique du Bouddha.

Lydie Gaborit

très inspiré avec l’amour possible quand il devient... impossible ! Il garde son style gourmand, une « patte » dans ces nouvelles à travers les cinq continents, fai-sant même de l’amour un voyage. Ces nouvelles sont nourries au lait de la tendresse, respectueuses des croyances, des coutumes, des couleurs... On aimera tout particulièrement la nouvelle intitulée « Nabib la solitaire », qui est le « jingle » des serpents mais qui doit taire son amour ; et « le grand froid d’Ingrid » ou l’amour d’une suédoise pour Bambara.

Ph. G.

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Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 201358

Au 4 de la rue Rapide Pierre Yborra Edilivres, 170 p., 10 €

Quand le roman est gouaille dans notre Poitou, on pense dé-sormais à Pierre Yborra, natif de Guyotville en Algérie (Française), enfant littéraire naturel du grand Alphonse Boudard. L’adolescent

pied noir, arrivé à la Roche-sur-Yon à l’indépen-

dance en 1962, narre dans son quatrième roman sa découverte de la Vendée, la Roche-sur-Yon mais aus-si les Sables d’Olonne, en raison d’une belle sablaise brune à peau blanche autour de laquelle tourne l’ado Yborra, un peu raide dans sa timidité, comme tant d’ados... Le fi l conducteur est parfois mince et on préférera « le banc », précédent livre d’Yborra. Mais si on avait pu lui reprocher son exubérance côté style, il est cette fois-ci sobre, presque trop... N’empêche, l’ennui est prohibé chez cet auteur qui se lit d’une traite.

Ph. G.

Promenade en luttes, version intime, avec classesPascal Pratz Petit Pavé, 234 p., 20 €

Ce Nantais qui traîne souvent ses guêtres en Vendée et est publié par les Angevins du Petit Pavé,

vient de sortir trois romans en un seul volume. Et quel(s) livre(s) ! Entre autobiographie et fi ction, ces textes enfoncent le clou des vieux combats, de ses

luttes de 68 et d’après, idéaux d’une époque deve-nue âge d’or !... Ses textes ne manquent pas d’origi-nalité dans l’angle choisi, pointent les injustices de notre démocratie prise en fl agrant délit, notamment le deuxième roman (« il n’y a rien de pire que de savoir de quoi se plaindre »). L’auteur y fait parler une avocate lesbienne à la première personne du sin-gulier, roman sur cette justice qui peut être abjecte en France mais si discrètement, qu’on peut croire que Pratz exagère. C’est nerveux, les phrases s’en-chaînent. Un livre précieux.

Ph. G.

Une pluie de neige Eveline Th omer Geste, 295 p., 22 €

Neige et verglas paralysent la circulation à une heure de pointe. Un homme et trois femmes font connaissance au bord de la route et s’abritent pour la nuit dans un centre commercial.

Faut-il croire à l’intuition de Bérénice -un tanti-net voyante- persuadée qu’ils ont un secret commun et que, s’ils se sont rencontrés ce n’est pas pour rien? Toujours est-il qu’ils ont envie de se revoir. Ils pas-sent ensemble de longs week-ends à l’île de Ré, en

Vendée, dans le golfe du Morbihan. Apparemment ce sont des vacances agréables, sans évènements no-tables.

L’aventure estintérieure ; ils apprennent à se connaître avec leurs caractères, leurs problèmes, leur passé qui refait surface ; le mystère de chacun s’éclaircit plus ou moins vite, plus ou moins com-plètement. Malgré l’atmosphère légère dès vacances, on est perpétuellement dans l’attente de quelque chose qui va arriver. La longue et belle description des paysages et des ambiances nous amène à parta-ger l’état d’esprit des personnages.

La réponse aux questions n’arrive qu’à la fi n du roman. Et c’est une réponse scientifi que!

L. G.

Le Cœur d’AnubisAndrène CarluccioElzévir, 379 p., 21 €

L’histoire bien menée nous entraîne en Égypte dans les années 30.

Une expédition française en quête d’une fabu-leuse relique de l’antiquité, un périple semé d’em-bûches ; les passions amoureuses compliquent tout ! Nos amis parviendront-ils à récupérer le fameux Cœur d’Anubis ?

Il y a un ton, une écriture. Saluons un jeune au-teur de 21 ans qui vient de rejoindre la Société des Écrivains de Vendée.

E. T.

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59Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013

Montsouris Ingo Grünewald

Un homme jeune quitte Tou-louse et revient à Paris pour es-sayer d’y retrouver Véronique, la jeune fi lle qu’il a tencontrée là-bas, dix ans plus tôt, quand il était étu-diant. Il ne sait rien d’elle, si ce

n’est qu’elle s’appelle Bernard et faisait des études de botanique à Jussieu comme lui. Il prend une chambre dans un hôtel, face au parc Montsouris, car c’est là qu’il a passé beaucoup de temps avec elle.

La Vie partagéePaul Toutblanc L’Harmattant, 267 p., 25 €

Entrer dans un roman accom-pagné d’une telle bibliographie, c’est plutôt rare. Imaginez-vous l’écrivain puisant la force de son récit chez cent-vingt-sept auteurs

et non des moindres. On connaît bien Paul Tout-blanc comme moraliste, compagnon de Chamfort, on le connaît moins comme romancier. La Vie par-tagée devient, à notre époque, le complément de l’Art d’aimer d’Ovide et De l’amour de Stendhal. Peut-on assumer sa passion malgré tous les obs-

tacles qui se dressent sur son chemin ? Comment transcender des existences et vieillir ensemble. Être heureux et malheureux à la fois, est-ce nécessaire à la transcendance en amour ? Je laisse à l’auteur et à vous-même les réponses.

Permettez-moi de vous citer une seule citation de ce livre : « Les ronces couvrent le chemin de l’amitié quand on n’y passe pas souvent » voilà de quoi méditer !

Dans ce monde où les habitudes et les relations amoureuses ont été fortement bouleversées, l’auteur nous permet d’accéder à la meilleure connaissance du couple d’aujourd’hui. Lire Paul Toutblanc c’est aller à la découverte des tréfonds d’une Vie partagée !

RMB

Tu délires mon MinouJean ChabaudEditions Books on Demand

Jean Chabaud revient avec ce roman d’aventures, un brin mys-térieux, dans lesquels s’entremêlent les fi ls qu’il a adroitement tissés sans autre but que de distraire. Avec en

toile de fond l’annonce de la fi n du monde pour le 21 décembre 2012, cette quête commence avec

des statues de chats qui parlent. A partir du contenu de leurs paroles, elle va lancer sur les routes d’Italie, du sud de la France puis du nord de l’Espagne, un couple de Vendéens qui se prennent pour des détec-tives et baladent le lecteur à leur suite, avec une en-vie bon enfant, une charge d’humour et un certain sens de la dérision. Le tout est facile à lire, agréable dans sa fantaisie et dans son rythme attachant. Un bon divertissement pour les temps qui viennent.

A. P.

Ainsi commence ce beau roman de quête à l’écriture vibrante de nostalgie. On pense à quelque Meaulnes sur les traces d’Yvonne de Galais. Mais on n’est pas dans la Sologne des châteaux et des étangs. On est à Paris et le parc Montsouris est tout un monde. Une vieille dame est assise sur un banc. Elle pourrait dé-tenir la clé du mystère. L’aventure avance lentement. L’écriture de ce premier roman est d’une maturité exceptionnelle. « Véronique, écrit le narrateur, une espérance laissée en friche. Mais qu’est-ce qui restait non seulement de moi-même, mais encore de Véro-nique, après toutes ces années ? »

Yves Viollier

Romans

Au nom de la vérité Marlène ManuelPast’elles, 306 p., 18 €

Le roman «De sang et d’ombre» de Serge Mathusier vient d’être couronné par le jury du Grand Prix Littéraire. Marie Tesserat, jour-naliste en herbe, a décidé d’inter-

viewer le grand écrivain, normalement inabordable, et de se faire par la même occasion une place dans la profession. L’écrivain va se livrer à elle sans se méfi er et elle... trahira sa confi ance. Mais quand l’amour s’en mêle, sur fond enchanteur d’île de Noirmou-tier, on se retrouve avec une histoire à la Marlène Manuel, habilement contée à rebondissements, et pleine de charme. Une réussite.

Y. V.

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L’épée de légende de William ThoralCristarLharmattan, 380 p., 20 €

Abandonné à sa naissance avec une arme mythique pour seul ba-gage, Dive, jeune fermier, part en

Le Nazir, homme célesteGrard-Robert Cormy Plancher, 192 p., 29 €

On connaît de Cormy le peintre installé à La Barre-de-Monts, an-cien décorateur de cinéma, prix Carravagio l’année dernière, ré-compensant son style académique. Mais on connaît moins Cormy

l’écrivain. Il nous avait agréablement surpris avec «

la nuit de l’iceberg », donnant une intéressante ver-sion romancée de la tragédie du Titanic. Et pour « le Nazir, homme céleste », il s’est attaqué à un roman inspiré par la vie du Christ. Archidocumenté, rèvé-lant des aspects inattendus de Jésus et ses proches, l’entreprise était audacieuse. Mais que l’on s’appelle John Huston, Pasolini ou Cormy, il n’est jamais aisé de mettre en scène la vie passionnée de Jésus. Cormy est un écrivain sérieux mais son érudition plombe par moments son dernier roman.

Ph. G.

Les Trois Pupilles de la Nation Michel HervocheOpéra, 295 p., 18 €

Premier roman et un beau té-moignage des années 50/60 dans

les fermes et dans les villes.En plus d’être très émouvant, ou drôle, il dé-

nonce gentiment un système inhumain et des fa-milles d’accueil plus âpres au gain, qu’à l’amour des enfants. On suit pas à pas, en toute simplicité sans haine, sans rancune le parcours de cette fratrie abî-mée et séparée par la vie.

E. T

quête de ses origines, accompagné de ses deux amis d’enfance, Vahn et Nadia. leur périple va boulever-ser leur vie.

Le jeune fermier du royaume de nation devra af-fronter les aff res de la guerre et maints dangers pour accomplir sa destinée : celle du porteur de l’Épée de légende. Un premier roman fantastique promet-teur...

E. T.

Chants d’AuroreIsabelle KreidiJets d’encre, 158 p., 15.50 €

Chants d’aurore ? ou requiem automnal ?

Hélène, écrivain, femme, à succès, s’interroge sur sa relation éphémère avec un homme beau-

coup plus âgé. Elle fait un véritable transfert sur cet homme et écrit à sa place le journal intime ima-ginaire de leur histoire, histoire dont il s’est fi nale-ment, lâchement ?, échappé.

Elle espère ainsi le comprendre, expliquer leur échec alors que, elle, elle était prête à tout donner.

Hélène souff re, revit chaque instant de leur folle essai d’équipée. c’est juste un amour manqué.

C’est dommage ! la vie va ainsi son chemin, mais cela nous fait de bien belles pages, épurées, sensibles, amères, mélancoliques mais justes.

Analyse, introspection, Isabelle Kreidi «souhaite explorer les nuances des sentiments humains». Elle réussit ici pleinement à nous entraîner, nous, dans le tourbillon de ses feuilles automnales.

Jamais, nous, nous ne l’aurions abandonnée ! J. R.

La cabane du pêcheurMathilde WeberDorval, 285 p., 20 €

Chaque année en vacances sur l’île de Noirmoutier, Léa re-trouve un monde idyllique où le cheval est omniprésent. Les pas-sions de l’adolescente convergent

au fi l des ans vers le monde des adultes ; les incom-préhensions et les peines sont nombreuses. La dis-parition de Siroco, un cheval qu’elle connaît bien, la perturbe. Dans un petit coin de son être, il existe le traumatisme de la cabane du pêcheur. Comment Léa va-t-elle se reconstruire ?

Avec l’île de Noirmoutier et l’espoir de connaître le véritable amour, sûrement.

Une femme, un cheval, Léa est là ! RMB

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Sans TarcisiusFrançoise Dubost-LucianiAmalthée, 272 p. 20 €

Changement de génération, on s’imagine ainsi l’univers de nos parents, à vrai dire plutôt de nos grands-parents, une sorte de jour-nal secret caché dans un grenier, et que l’on lit à même les lattes du

plancher.Il semble que les sentiments etaient alors plus

justes, plus forts, plus accomplis, et nos portraits de

Romansfamille ont enfi n une vie.

On retrouve un peu tout de même ces dames au chapeau vert, leurs intrigues et même parfois leur bassesse.

Le monde était plus tranquille, mais est-ce bien sûr ?

Étonnant et réussi, ce décalage de génération, cette remontée dans le temps. Nous grimperons encore les marches du grenier, un autre tome est paru, et y il y en aurait encore d’autres à venir ! Chouette !

J. R.

Nouvelles

Les caprices de SatanStefan VerellenLes deux encres, 289 p., 21€

Dans ces nouvelles qui ne cessent de nous étonner par l’ima-gination qu’elles révèlent, le per-sonnage principal, bien que son

nom soit rarement cité, est assurément Satan. On le reconnaît à sa cruauté mais le Malin aime aussi se cacher derrière les apparences de la vertu et de la pureté, au plus profond des êtres. il impose sa loi universelle.

Est-ce encore un de ses tours si le lecteur est charmé ?

Ou peut-être le talent de l’écrivain. L. G.

Chute librePhilippe GilbertPetit Pavé, 204 p., 20 €

Attention, cà va bouillir !Ce n’est pas un livre que vous

allez lire, mais un homme qui se livre. un vrai, un de 68, qui a roulé sa bosse et son monde (non, là c’est gratuit) à loisir.

Phillipe, une bombe ! Des idées sur tout, tout fait, enfi n tout essayé. Un routard de classe, un tombeur à la chute facile, au style démoniaque. Ses oreilles sont des jacinthes de corail et sa bouche une rose des sables. Là, je triche, c’est du Philippe soi-même sur une page prise au hasard pour parler d’une femme aux lèvres gourmandes.

Son ami Gilbert Prouteau, lit-on en quatrième de couverture, en aime le souffl e et le ton, où l’argot étaye le classique, où la langue parlée côtoie le jeune roman américain.

Bravo ! Philippe, tu te donnes sans retenue, sans fard, sans a priori. On ne risque pas de s’ennuyer avec toi ! « C’est pour ça qu’on l’aime », dirait Pierre Perret, qui est un peu du style.

Je n’ai pas eu le temps de lire l’autre, la chûte de reins, mais Yves Violler m’assure qu’il est de la même veine, je vais donc me préci-piter dessus, me vautrer moi aussi, dès que j’en aurai fi ni avec cette sa-tanée revue à sortir pour le Vendée Globe !

J. R.

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Les contes d’Efi ngaChristoph Chabirand Orphie, 180 p., 16.50 €

Sur l’île de la Réunion, l’am-biance qui précède l’arrivée d’un cyclone est toujours particulière.

Dans un hôtel, cinq musiciens s’apprêtent à donner un concert

de jazz. L’alerte rouge les bloque sur place jusqu’au lendemain. Pour dominer le stress engendré par le cyclone baptisé Efi nga et occuper la longue nuit,

chacune des personnes présentes raconte une his-toire, vécue ou pas.

Au petit jour, le cyclone s’éloigne, laissant une empreinte destructrice et, dans l’esprit de chacun, les contes d’Efi nga.

Comme dans un traditionnel recueil de nou-velles, le lecteur appréciera plus certains récits que d’autres. L’auteur, Christoph Chabirand est né en 1958, à Luçon. Depuis 1986, il vit à La Réunion où il s’adonne à ses passions : l’écriture pour laquelle il possède un talent certain, le jazz et la musique créole.

Jacques Bernard

Nouvelles

Pour la beauté du genre HumainBertrand Lesaux Th élès, 71 p., 25€

Un recueil de nouvelles inti-mistes. Extraits : «Pour être libre d’être heureux, l’Homme doit

réinventer du sens à ce qui l’environne» ou «J’étais au désespoir. La déliquescence de l’humanité s’ache-vait.» L’auteur se pose l’éternelle question : Dieu est présent parmi nous, pour le meilleur ou pour le pire ? L’humanité peut-elle compter sur lui ? Peut-être trouverez-vous la réponse dans la beauté du Genre Humain.

E.T.

La chaîne des temps EdbeSociété des Écrivains, 240 p., 20 €

Chaîne du temps promise en plusieurs volets démarre, au pre-mier, en début d’année 1789. À l’aube de la Révolution. Sur cette trame historique, plusieurs per-sonnages sont en place, dont un

certain Dugommier, chef de police du Roy, avec des

meurtres à résoudre qui l’emmènent à Challans et au Fenouiller.

Derrière le pseudo de l’auteur, se cache probable-ment une femme, cadre administratif d’un groupe vendéen leader mondial. Probablement vendéenne aussi. Car cette Vendée, à l’époque Bas-Poitou, est ici mise en scène avec amour et gourmandise, quitte parfois à constater quelques anachronismes, malgré une documentation fournie. Edbe a envie de (trop) bien faire. Par le style, on sent les bonnes intentions mais elle peut et doit mieux faire avec l’ouvrage sui-vant. Ph. G.

La Mogette à l’huile d’oliveDominique LanducciLe Losange, 184 p., 15€

Dominique Landucci est plu-tôt peintre, les toiles et aussi les usines, voir la couverture de notre

n° 23 ; il avait écrit ces nouvelles il y a déjà long-temps, il les réédite pour mon plus grand bonheur, j’étais passé à côté.

Découvrir un personnage haut en couleur que l’on revoit de temps en temps en Vendée, le temps d’une exposition, ou d’une formation dans les écoles... Nouvelles de caves, nouvelles de soif, gou-leyantes et fraîches, à plein pichet ! J. R.

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Voyages, Jeunesse

L’incroyable voyage de CamposEstelle GendreauChrisolène, 40 p., 9.50 €

Quand une jeune graphiste

talentueuse, Estelle Gendreau conjugue son savoir faire avec Chrisolène, une maison d’édition ven-déenne, ça donne un beau livre pour les petits !

Dès deux ans, l’enfant peut suivre les aventures du petit hippocampe et de son amie la tortue grâce aux dessins explicites et aux couleurs très attrayantes.

E. T.

Les mules de GuadalajaraSerge PerrotinDurand-Peyrolles, 112 p., 19 €

Charmant petit conte pour la jeunesse ; cela se passe à l’école, lieu des premières découvertes, des premières rencontres, des pre-

mières aventures. Une petite histoire toute simple, qui permet tout de même le démantèlement d’un gang...

Il y a donc des bandits, des bons et des méchants, une ouverture sur le monde, où l’on apprend qu’il ne faut pas toujours se fi er aux apparences, que tout n’est pas dû au hasard et qu’il faut aussi faire confi ance aux grandes personnes pour arrêter les voleurs. Un conte sage, moral, amusant et juste !

J. R.

La Vendée racontée aux enfantsS. et H. BioretBonhomme de Chemin, 60 p., 9,90 €

Apprendre la Vendée, la faire aimer aux enfants n’est pas si fa-cile. Stéphanie et Hugues Bioret y

sont arrivés par le biais d’un congé sabbatique et de voyages en compagnie de leur petite fi lle. Ainsi est née cette collection de petits albums conçus autour du jeu. Celui-ci s’adresse aux enfants à partir de 7 ans et les emmène à la découverte des paysages et des grands sites vendéens. La mer y occupe une bonne place, mais aussi les villes, le Puy du Fou, les abbayes, les traditions, la gastronomie, Mélusine, Clémenceau et le patois de chez nous. Une très bonne idée. G. B.

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Jeunesse

l’ara de BuffonSandrine SilholOrbestier, 36 p., 13 €

La collection des Animaux méconnus en danger accueille un nouveau venu : l’ara de Buf-

fon. L’ara de Buff on est l’un des plus grands, mais surtout l’un des plus beaux perroquets du monde. Avec son plumage d’émeraude aux chatoyants refl ets dorés, son énorme bec ébène surplombé d’un pa-nache rouge profond, et ses larges mensurations, il fait concurrence aux plus éblouissants oiseaux. Il vit tout particulièrement en Équateur, dans une forêt tropicale sèche, l’une des plus riches en espèces ani-males et végétales, mais également des plus mena-

cées de la planète par la déforestation. En plus de voir son habitat se réduire un peu plus chaque jour, l’ara attire les convoitises et son commerce illégal est de plus en plus important...

Sandrine Silhol, après avoir enseigné et fait de la recherche, devient responsable scientifi que du zoo des Sables d’Olonne. Sandrine est aussi coordina-trice européenne de plusieurs espèces menacées, ce qui lui permet de voyager à travers le monde pour étudier et venir en aide aux animaux en danger. Elle a déjà publié, aux éditions D’Orbestier, 8 albums dans la collection Animaux méconnus en danger :- Le Panda roux - La Girafe blanche du Niger -Le Loup à crinière - Le Tapir terrestre - La Tortue d’Hermann - Le Lion de l’Atlas - L’Ours à lunettes - L’Ara de Buff on.

Rêves bleusXavier Armange Illustrateur : Mathieu RedelspergerOrbestier, 32 p., 15 €

En l’an bientôt, Cyla et Cely, dans leurs bellurettes, survolent les usines molles de crachtrouf

expansé, les jardins de plastok et les montagnes de béton. Ils vont visiter le Musée du passé plein d’ob-

jets inconnus. Une rencontre extraordinaire et un fabuleux cadeau pourraient transformer leur vie et celle de la planète. C’est compter sans les robotfl ics à pinces dures, carapaces inoxydables, complètement barzoufs.

Une histoire d’écologie-fi ction pleine d’espoir, sans complaisance pour un passé révolu ni conces-sion pour un présent robotisé, écrite avec beaucoup d’humour dans une langue du futur que les enfants comprennent.

Voyages en familleAntoine SigogneauLes Ateliers de Porthos, 268 p., 12,90 €

Encore un très bon livre de voyage que nous livre cet enfant de Saint-Hermine (Simon-la-Vineuse). Son troisième, avec

l’Afrique et ses déserts pour destination, mais aussi l’Europe, notamment l’Espagne et la Hollande. Son Voyages en famille prend même des allures de guide,

inspiré d’une philosophie toute simple, celle de l’art du voyage au quotidien, qui vous fait respirer la vie vraie, vous ramène au domicile plus serein.

Antoine Sigogneau, désormais installé en Bour-gogne, est un bourlingueur, désormais avec femme puis enfants. Une bourlingue qu’il raconte en huit carnets, présentés par ordre chronologique, nous en-traînant vers de nouveaux horizons au fur et à me-sure que le famille grandit. Sigogneau confi rme un talent d’écrivain-voyageur, basée sur la relation de simplicité pour trouver son chemin et vaut bien les écrits de Sylvain Tesson ou autre Alexandre Poussin.

Ph. G.

L’aviation Française de 14/18Georges PageGrancher, 351 p., 20 €

Tout ! tout... Tout, vous saurez tout sur l’aviation Française 14/18 avec ce livre porté par la passion où

l’on retrouve des exploits oubliés et quelques photos de la collection personnelle de l’auteur.

Ouvrage bien documenté qui a une valeur de témoignage et relate des anecdotes drôles, émou-vantes... ou incroyables. Préface de Patrick Baudry.

E. T.

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Bible, Sagesse & Philosophie Bernard GrassetOvadia, 289 p., 22 €

Docteur en philosophie, Ber-nard Grasset montre de quelle façon notre culture a hérité de la Grèce et de la Bible. Il distingue la philosophie, œuvre intellec-

tuelle, de la sagesse qui fait surtout appel au cœur, à l’intériorité. Il compare la philosophie et la sagesse

Le stylographeJean BillaudDurand-Peyrolles, 79 p., 10 €

Cet ouvrage ne manque pas d’originalité. Il s’agit de «l’histoire de la génèse d’un roman centré sur

Essais

le mécanisme de l’écriture de ce que l’on appelle l’inspiration (ou la non inspiration).» Entrerez-vous dans ce livre ? Comme toujours, la lecture des pre-mières pages sera déterminante.

J. B.

Paysan et mutualisteEugène GuibertHarmonies Mutuelles, 180 p., 10 €

Syndicalisme, solidarité, pro-grès: tout l’engagement profes-sionnel d’Eugène Guibert s’inscrit dans ce triptyque indissociable, si caractéristique de la Vendée de la deuxième moitié du XXe siècle.

Il trouve naturellement sa source, comme tant d’autres, dans l’élan fécond de la Jeunesse agricole catholique. Né dans une famille paysanne de huit enfants, à Saint-Georges-de-Montaigu, Eugène Guibert a assumé de nombreuses responsabilités dans le monde agricole et dans le mutualisme. Ce livre d’entretiens retrace le parcours d’un militant qui lègue à ses petites-fi lles cette dédicace: «La vie mérite d’être vécue, à condition d’y faire sa place en respectant l’autre et en restant soi-même.» Le mes-sage même de la transmission des valeurs essentielles et des raisons de vivre.

G. B.

Les Insurgés de DieuCardinal Paul PoupardHérault, 160 p., 25 €

Cet ouvrage réunit les articles de presse, homélies, préfaces d’ou-vrages et conférences que notre éminent natif des Mauges, fi dèle à ses racines, a multiplié pour dé-fendre et illustrer l’épopée ven-

déenne. Natif de Bouzillé, en Anjou, après ses études au

Petit Séminaire de Beaupréau, au Grand Séminaire

d’Angers, à l’Université Catholique de l’Ouest, à l’École Pratique des Hautes Études en Sorbonne, une collaboration au CNRS et deux doctorats en histoire et en théologie, Paul Poupard a apporté son concours à la Secrétairerie d’État de Jean XXIII et de Paul VI, pendant et après le Concile Vatican II. Recteur de l’Institut Catholique de Paris de 1971 à 1981, Président du Conseil Pontifi cal pour le dia-logue avec les non-croyants et du Conseil Pontifi -cal de la Culture près de Jean-Paul II, et du Conseil Pontifi cal pour la Dialogue inter religieux près de Benoît XVI, il est l’auteur d’une quarantaine d’ou-vrages de culture et d’histoire.

AHH

qui sont celles de la Bible, des Grecs: des Pères de l’Église, du Moyen-Âge, de Pascal, de Louis Lavelle et de Gabriel Marcel. L’importance accordée à la raison ne cesse de croître alors que diminue celle accordée au mystère, au cœur, à l’expérience, à la spiritualité tandis que le style des écrits, qui était poésie, aphorisme, proverbes, se rapproche du traité scientifi que. Bernard Grasset rêve d’une sagesse de l’Amour, d’une nouvelle philosophie qui laisserait sa place au mystère, où ces notions, traditionnellement opposées, seraient, au contraire, inséparables et où les philosophes seraient des poètes.

L. G.

Voyage au cœur du livrecollectifÉcrituriales, 230 p., 20 €

Un ouvrage bien fait autour du livre. De l’historique du livre à

l’édition avec conseils sur l’auto-édition, les librai-ries et même le livre électronique, en passant par quelques témoignages de passionnés de poésies ou d’écriture. Un bel outil pour celui qui veut se lancer dans l’aventure.

E. T.

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Autrefois... la Vendée dans l’objectif d’Armand RobinGérard BaudGeste, 289 p., 39 €

Armand Robin, décédé en 1931, tenait la librairie du Pont-Neuf, à Fonte-nay-le-Comte. Il publie les eaux-fortes d’Octave de Rochebrune, puis ses premiers clichés personnels, comme la célèbre fontaine des Quatre-Tias ou la caserne de cavalerie. Armand Robin ne s’est pas en-fermé dans sa ville. Il sillonne toute la Vendée, une partie des Deux-Sèvres et se prend de passion pour

Châtelaillon, la station charentaise à la mode. Très attaché à sa région, auteur de plusieurs ouvrages, grand amateur de cartes postales anciennes, Gérard Baud en a sélectionné plus de 700, réunies dans ce bel ouvrage à l’italienne. La Vendée d’entre 1900 et 1914, illustrée et déclinée avec talent et un goût très sûr au travers de judicieuses thématiques: Fontenay bien entendu, la forêt de Mervent, le marais poite-vin, les châteaux, les églises et les abbayes, la vie éco-nomique, les loisirs et les événements de l’époque, les coiff es et les costumes. J’ai beaucoup aimé la richesse et la précision des légendes.

G. B.

Histoire de la Vendée monumentaleMichel DillangeGeste, 225 p., 22 €

On connaît la fi nesse de style et d’écriture du « père » Dillange, fi nesse déjà observée dans son re-cueil de nouvelles paru l’an dernier

(le pêcheur et le poisson bleu, Les Chantuseries).

Le past-président des Écrivains de Vendée s’est at-taqué avec ce même style à ce riche patrimoine (mal-gré les destructions des guerres), dont il nous donne une mine d’informations, expliquant souvent les lé-gendes qu’ont provoquées ces fondations, ainsi que les écrits et documents existants. Issu d’une famille aux attaches luçonnaises, architecte aux bâtiments de France, Michel Dillange propose en fait « sa » ballade monumentale en s’attardant tout autant sur le petit objet que sur le grand bâtiment.

Ph. G.

Agenda 2913 de la VendéeMichel LisGeste, 152 p., 13,90 €

Le très médiatique jardinier

Michel Lis prête ses conseils à cet agenda solide et pratique, joliment illustré, qui s’ouvre sur une pré-sentation de la Vendée en 1896, tirée de La France pittoresque de l’Ouest. Chaque semaine est naturel-lement accompagnée de conseils, de trucs utiles et de dictons. G. B.

Le grand almanach de la VendéeMarie GuénautGeste, 144 p., 9,90 €

Avec les codes immuables du genre : dictons, conseils de jar-dinage, recettes anciennes, cha-

rades et devinettes, anecdotes et bonnes histoires, il apporte d’intéressants éclairages sur l’histoire et la géographie de la Vendée. Il s’enrichit cette année d’éléments plus consistants. Comme des fables en patois de Gène Charrè, un conte philosophique de Georges Clemenceau, plusieurs quizz sur le départe-ment et de nombreuses pages consacrées aux miné-raux, au diamant en particulier. G. B.

Sud VendéeCarnet de voyageTerre plurielle, 144 p., 29,50 €

Un carnet de voyage est toujours un enchantement, il

enchaîne les images, les dessins, les impressions, les rencontres, les coups de coeur de celui qui le rédige. Quand ils s’y mettent à quatre et qu’ils sillonnent le sud Vendéen, de la Pointe de l’Aiguillon aux ro-

chers de Mouilleron-en-Pareds, ils donnent très en-vie de les accompagner. Emilie Giraudet et Emma Chanelles signent les textes de ce très joli carnet à l’italienne, Alexandre Lamoureux la photo, David Herbreteau l’illustration. Tous des professionnels de l’édition et de la communication. «Le Sud Vendée, disent-ils avec talent, est une de ces destinations qui ne révèlent leurs secrets qu’aux marcheurs errants». Un bémol tout de même, ce carnet est aussi un – très bel - outil de promotion pour des acteurs du tourisme en Sud-Vendée.

Pourquoi pas? Mais c’est mieux de le savoir. G .B.

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67Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013

Régionalisme

Peintres de la VendéeFrançois WiehnGeste, 94 p., 25 €

François Whien a dirigé l’imposant «Dictionnaire des peintres de Vendée», paru

aussi chez Geste. Il propose cette fois un ouvrage moins ambitieux certes, mais tout aussi séduisant,

toujours consacré aux peintres vendéens. Célèbres, comme Paul Baudry (le portrait de sa mère fait la couverture du livre), André Astoul, Launois, Mil-cendeau ou Henry Simon, plus confi dentiels pour la plupart. Tous ont illustré la Vendée, le Bocage et la Plaine, l’inépuisable Marais de Monts, les villes et les lieux plus ou moins connus. Une très belle série de portraits enrichit cette touchante galerie, té-moignage sensible et juste de la Vendée du XIXe et surtout du XXe siècle.

G. B.Peintres des côtes de la VendéeFrançois WiehnGeste, 94 p., 25 €

Une jolie manière de regarder les côtes de Ven-dée à travers l’œil des artistes. Plaisir de découvrir ce qu’il advient de la mer et de son arrière-pays sur les toiles ou les papiers à dessin. Aquarelles légères, gouaches subtiles, huiles aux teintes affi rmées, les ta-bleaux font redécouvrir des paysages familiers, cha-cun arborant la « patte » de l’artiste qui les a observés et retranscrits avec sa propre personnalité, ses émo-

tions singulières. À côté de peintres reconnus, voilà que nous entrons en contact avec des noms oubliés, voire inconnus, de la plupart des Vendéens. Et c’est un vrai plaisir de voir défi ler sous nos yeux ces re-productions de tableaux fort bien restituées. Le livre se compose de trois parties : la mer et les plages, les ports et la pêche, paysages et visages. Au total, plus de 90 artistes-peintres séduits par la lumière et les paysages du littoral nous donnent à voir les œuvres émouvantes nées de leur talent.

Un format carré et pratique (17cm5/17cm5) permet une maniabilité de l’ouvrage appréciable.

Régine Albert

Vendée 100 lieux pour les curieuxChristine ChamardChristine Bonneton, 94 p., 25 €

On n’imaginait pas la Vendée aussi riche… Christine Chamard est allée dénicher tous ces trésors de lieux insolites hors des sentiers battus dont on ne parle pas ou si

peu. Cela va des marmites de Gargantua (à Piquet,

Chaillé-sous-les-Ormeaux) aux coquillages de l’île Penote (aux Sables d’Olonne) en passant par Notre-Dame-des-briques (à la Rabatelière). Plus de cent curiosités sont à découvrir à travers ce guide original joliment illustré, accompagnées à chaque fois d’un commentaire truff é d’anecdotes. On se promène déjà rien qu’à tourner les pages. On apprend beau-coup. On se régale. La couverture en dit déjà long avec ses citrouilles géantes au pays des cornichons atomiques…

Y. V.

La VendéeGrands VoyageursFrédérique Mory -Anne CluzelPhotos Jacques DenardaudChêne éditions, 160 p., 39 €

À vous tous, amis de notre belle Vendée, je fais un aveu : je viens de ressentir un coup de

coeur, une émotion esthétique, en découvrant le nouveau et magnifi que livre signé Frédérique Mory et Anne Cluzel. Que dis-je, un livre ? Un album, une œuvre d’art avec de sublimes photos de Jacques Denardaud.

La Vendée, grands voyageurs, c’est notre départe-ment en tout ce qu’il possède de vrai, de beau, de

séduisant. C’est de l’inédit, tant dans le texte que dans les photos et les angles sous lesquels on nous propose de découvrir les îles, les marais, le bocage, la côte et son arrière-pays.

La qualité de cet ouvrage est telle qu’il s’insert avec bonheur dans une collection où fi gurent l’An-dalousie, la Birmanie, Cuba, les îles grecques, la Polynésie, les Antilles françaises, la Réunion et bien d’autres destinations de rêve ! 160 pages magni-fi ques qui se terminent en guide de voyage.

Mes mots sont impuissants à traduire ce qui est un véritable hommage à cette Vendée que nous aimons. Découvrez par vous-même. Faites-vous ce plaisir ou off rez-le à vos amis.

Vraiment, quel beau livre ! Jacques Bernard

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Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 201368

Petit dictionnaire sentimental et fantaisiste de l’île de NoirmoutierLydie Mahé-MargueriteBeaupré, 271 p., 14,90 €

Cheville ouvrière du Salon du Livre de Mer de Noirmoutier, Ly-die Mahé-Marguerite s’est prise de

passion pour l’île où elle vit depuis dix ans. Elle la connaît si bien qu’elle la met en dictionnaire. Cela commence avec le Aaah...! de Claude Monet, décou-

vrant le Bois de la Chaize en 1886, et s’achève avec ce qui est sans doute un néologisme, la «zénitude», ce sentiment d’illumination intérieure que l’auteure éprouve à Noirmoutier et qu’elle sait nous partager. Chemin faisant, le lecteur aura tout appris de l’île, de son histoire, de ses saveurs et des célébrités qui ont succombé à son charme. Quelques entrées pour vous en convaincre: l’Abbaye de la Blanche, la cé-lèbre bonnotte et la cotriade, Saint Philibert, l’île du Pilier, le naufrage du «Lancastria», Agnès Varda et Harry Baur, la Venelle des Trois Ivrognes. C’est bien écrit, pétillant, drôle... et très instructif.

G. B.

Île d’YeuMaurice EsseulGeste éditions, 147 p., 9,90 €

Nul ne connaît l’île d’Yeu mieux que Maurice Esseul. Il y est né et lui a consacré de nombreux ouvrages. Historien et conseiller en patrimoine de la commune, il multiplie les actions de sauvegarde

de son riche passé. Sa « petite histoire » de l’île, le

long des routes maritimes commerciales, met en relief ses atouts et ses inconvénients. Tout en sobrié-té, le récit de cette histoire mouvementée souligne les incursions étrangères, celles des Anglais notam-ment. Les Islais ont appris à vivre dans l’isolement et l’insécurité. L’île d’Yeu a préservé son fort caractère. L’agriculture a disparu, la pêche et le tourisme repré-sentent désormais l’avenir de l’Insula Oya, ainsi que l’avaient appelée, aux premiers siècles de notre ère, les navigateurs scandinaves.

G. B.

Environnement littoralÎle de NoirmoutierPaul Bernier, Yves GruetLes Documents, Université Claude Bernard, Lyon 1163 p., 24 €

L’ouvrage de ces deux universi-taires – Paul Bernier est sédimen-

tologue, Yves Gruet, océanographe biologiste - pa-raîtra à première vue bien technique et bien aride aux non-spécialistes des mouvements marins. Beau-coup de cartes, de graphiques et de termes scienti-

fi ques peuvent rebuter. Les amoureux de Noirmou-tier y trouveront pourtant de précieuses explications sur ce qu’ils observent sur ses plages, le sable, la vase, les animaux qui les peuplent, les huîtres, les moules, les oiseaux et ces curieux amas de vers marins, les hermelles. On prend aussi conscience de la fragilité de cette île basse, dont les deux tiers se situent en-dessous du niveau de la mer, et qui demeure tou-jours sensible aux assauts des tempêtes. Les auteurs soulignent in fi ne la nécessité de la protéger et font appel à la volonté et au génie inventif de l’Homme pour sauvegarder sa population et son patrimoine.

G. B.

Jules Robuchonet les îles vendéennesPatrick de VILLEPINL’Armentier, 325 p., 45 €

Patrick de Villepin nous avait déjà gâtés avec Le Bois de la Chaise et la Tour Plantier, ceci n’est pas un phare. Il nous rappelle ici que les dernières livraisons de Paysages et

monuments du Poitou de Jules Robuchon, en 1895, étaient consacrées à Noirmoutier et à l’Île d’Yeu ; il rapporte les héliogravures de cette œuvre monu-mentale avec les clichés inédits et les cartes postales conservés à l’Historial de la Vendée.

Une étude passionnante sur les Robuchon, de-puis Pierre, le père imprimeur, Jules le photographe, et Léonidas son frère de l’Île d’Yeu, jusqu’aux deux fi ls de Jules, Eugène l’explorateur et Gabriel l’homme des cathédrales aux destins tragiques. On y découvre des vies bourrées de détails souvent iné-dits, la naissance et la réalisation de ce grand projet Paysages et monuments du Poitou, le tout baignant dans cette atmosphère de la fi n du XIXe siècle où les pionniers de la vie intellectuelle de notre province se nomment Octave de Rochebrune, Benjamin Fillon, Marcel Baudouin ou René Vallette.

Un travail remarquable, extrêmement docu-menté, abondamment illustré. Un ouvrage de réfé-rence et de passion. C. M.

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Régionalisme

La Ferrière Vivre ensemble Commune de La Ferrière,168 p.,

Un beau titre pour cette mo-nographie originale de La Ferrière, une commune « entre ville et cam-

pagne ». Il faut dire que l’ouvrage profi te de l’exper-tise et de l’écriture de Gilles Bély, grand reporter à Ouestfrance, il y a peu encore, et enfant du pays.

On y apprend beaucoup sur le patrimoine de cette commune de schiste, de granit et de fer. On va de village en village. Les coups d’œil dans le rétroviseur sont nombreux. Mais on n’ignore par pour autant le présent et l’avenir qui se forgent dans la diversité et l’union. Ce livre devrait sûrement devenir un mo-dèle du genre par la richesse de ses informations et de l’iconographie. Il fera la fi erté des Ferriérois. A noter ses pages et sous-titres en allemand, La Fer-rière étant jumelée avec Wandlitz.

Y. V.

Le Marais Nord VendéenGilles Perraudeau – Emmanuel Vrignaud Alan Sutton, 160 p., 19,90 €

C’est un opus exceptionnel dans la collection bien connue des éditions Sutton sur les cantons et terroirs vendéens. Il déploie le vaste panorama des photos noir et

blanc prises entre 1952 et 1965 par Jean Challet. Ce qu’il a alors photographié, les gens du marais, les bourrines, les charrauds ont quasiment disparu. Jean Challet a fi xé ces visages, ces moments et ces lieux avec un infi ni respect, une tendresse à fl eur de

peau, une vérité profonde. Ami de Gaston Dolbeau, le créateur du Bouquet d’Ajoncs, et des frères Mar-tel, petit-neveu du Commandant Guilbaud, il off re aux générations futures un véritable trésor.

Gilles Perraudeau présente l’ouvrage et souligne justement le rôle essentiel des artistes et des auteurs dans la «geste marâichine». Le Dr Beaudoin bien sûr, mais surtout René Bazin et sa «Terre qui meurt» dont toutes les paroisses du marais ont donné la ver-sion théâtrale entre les deux guerres.

Goûtez sans modération cette émouvante pro-menade dans ce pays de terre et d’eau, dont le destin demeure depuis toujours en équilibre fragile.

G. B.

Se souvenir du Marais PoitevinGuy BrangierGeste, 507 p., 49,90€

Une incroyable collection de centaines de cartes postales an-

ciennes, un voyage dans les cent communes, et même un peu plus, qui constituent le Marais Poite-vin, de Niort à Charron et de la Baie de l’Aiguillon à Benet. Professeur d’Histoire et de Géographie, Guy Brangier invite à la découverte de ce singulier pays, de la fi n du XIXe siècle au mitan du XXe. Ce n’est pas

seulement un très beau livre, couleur pastel et nos-talgie bucolique, c’est surtout une formidable source d’informations sur ce qu’ont vécu ici plusieurs géné-rations de maraîchins. Les extraits des journaux de l’époque (Le Vendéen, la Vendée, Le Courrier des Sables, Le Petit Vendéen), ceux des bulletins parois-siaux, les trésors des Archives départementales évo-quent les menus faits de la vie quotidienne. Ils ra-content aussi les débuts de la coopération laitière et du beurre Charentes-Poitou, la chamoiserie à Niort, le nettoyage des canaux du marais ou encore les ban-quets démocratiques du 14 juillet...

G. B.

Soullans, des origines à nos joursSylvie MoniotteMaury Imprimeur, 170 p.

Très joli livre d’histoire locale sur la commune de Soullans, que vient de publier Sylvie Moniotte. Au gré des 170 pages abondam-

ment illustrée tout en couleurs, c’est tout un milieu complexe qui se découvre, mi bocage mi marais, ses paysages et son histoire, son évolution à travers le temps et son patrimoine, mais aussi les person-nages qui ont compté et laissé des traces. Il concourt à permettre aux habitants de la ville de mieux la connaître ou de retrouver leurs racines, et à tous de mieux appréhender la terre de naissance de Jean Yole et de Charles Milcendeau.

A. P.

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Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 201370

Tout dire en parlanjheGeste éditions, 214 p., 20 €

Le parlanjhe est une langue, celle du Poitou ! Et l’UPCP, l’union pour la culture populaire en Poitou et Charente, s’est toujours battue pour l’identité de cette langue ré-gionale aux limites des frontières

oil et oc. En Vendée, Michel Gautier en est son plus ardent défenseur et on retrouve quelques uns de

ses textes dans l’ouvrage commun sorti chez Geste. Car, outre des Saintongeais et des Charentais, on y retrouve aussi des auteurs vendéens, comme notre « star » native d’Aubigny Yannick Jaulin, le créateur de William Poire Jean-Claude Lumet, le curé de Doix et Champagné au XVIIIe siècle François Gus-teau, le professeur de musique Ernest Guyonnet (1872-1935).... Cet ouvrage collectif, coordonné par Liliane Jagueneau, nous permet de mieux com-prendre nos patois et toutes ses variantes.

Ph. G.

Vaches de nos régionsDaniel Brugès de Borée, 112 p., 16 €

La Vendée est une de ces terres où la vache est sacrée, l’élevage bo-

vin une tradition. Mais cette terre n’est pas la seule, la France entière est d’ailleurs concernée, comme le rappelle un charmant petit livre, écrit et abondam-ment illustré par Daniel Brugès (originaire du Can-tal, prix Arverne 2010). Chaque race est expliquée

et la Charolaise, la préférée des éleveurs du cru, est bien sûr aux premières loges, animal robuste croisé en 1733 en Saône-et-Loire. Evidemment, la Nor-mande aux trois couleurs de robe, fait partie de l’ef-fectif, tout comme la très travailleuse Nantaise qui faillit disparaître, la Parthenaise, la Blonde d’Aqui-taine et la rustique Maraîchine, qui revient au XXIe siècle brouter dans les prairies humides. Un très bon livre sur notre amie la vache, même si on n’est pas agriculteur.

Ph. G.

Et L’Autize coule encore... Marie-Claude You-Clairand165 p., 20 €

Un jour de janvier 1900, un «beurtin», un morceau de bois enfl ammé, transperce l’oeil de Guste, le fi ls unique, l’héritier du

domaine de Calais, à Saint-Hilaire-sur-l’Autize. Sa

vie en sera irrémédiablement marquée. C’est cette vie, démarquée sans doute, mais si peu, que raconte Marie-Claude You-Clairand. La prof de lettres trousse là un joli premier roman qui évite les pièges éculés de la chronique rurale, tout en retenant le meilleur de la moelle. Saint-Hilaire souff re avec les familles des morts de 14-18, accueille les réfugiés de 1940, découvre le progrès, voit la ville et le monde bousculer son univers éternel. Guste traverse ce siècle, droit comme le peuplier d’Italie qu’il a planté comme un totem dans le plus beau de ses prés.

G. B.

Les secrets de la Commanderie de CoudrieMichel Gruet et Yann Masson-neau325 p., 52 €

Michel Gruet et Yann Masson-neau, respcectivement président

et secrétaire de la Société d’histoire du Nord-Ouest Vendée, ont livré les fruits d’années de recherche et de travail méticuleux sur l’histoire de Coudrie,

commanderie située sur le territoire de la commune de Challans. Ils y travaillent depuis que la ville de Challans a racheté cette ruine devenue grange, voilà deux décennies. Et dès leurs premières investiga-tions, la passion a prit le duo Gruet-Massonneau. Et la découverte du cartulaire (reproduite dans ce livre) a été l’élément déclencheur pour évoquer cette commanderie parmi les plus anciennes de l’Ordre du Temple, fondée par le premier grand maître en personne, Hugues de Payns. Un tome 2 est prévu dans quelques mois.

Ph. G.

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71Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013

Régionalisme

Étonnants VendéensClaude MercierL’Étrave, 2012, 327 p., 21,50 €

Qui ne connaît pas Claude Mercier, ce grand amoureux de la Vendée et de sa langue ? Il vient de nous donner « Comment se mettre en goule le patois vendéen ».

Ce qu’il advint du sauvage blancFrançois Garde Gallimard, 327 p., 21,50

Narcisse Pelletier a bien existé. Né en 1844 à Saint-Gilles, il est recruté comme mousse. Abandon-né à la suite d’un naufrage sur les

côtes australiennes, il est adopté par les indigènes et, pendant 17 ans, vit au milieu de la tribu, s’adaptant à sa nouvelle vie. Remarqué par des marins anglais, blanc parmi des noirs, il est ramené à Saint-Gilles, devient gardien de phare. Aussi étonnant que cela puisse paraître, tout ça, c’est vrai !

Ces ingrédients ont servi de base au passion-nant roman de François Garde. Administrateur des TAAF, il découvre l’histoire de Pelletier et, s’il prend quelques libertés avec la vérité, on ne lui en tient pas rigueur… Bien écrit, ce livre se dévore d’une traite.

Comme Narcisse dont l’histoire est celle d’aller-retour tragiques entre deux mondes aux antipodes, à double titre, Garde nous convie, au rythme des chapitres, à des aller-retour entre la vie au sein de la tribu, et les lettres de Vallombrun, idéaliste, explo-rateur raté mais de bonne foi, rendant compte à son correspondant de ses réfl exions sur l’énigmatique Pelletier.

Ce premier roman qui est une réussite. Gon-court du premier roman.

Catherine Blanloeil

Voilà qu’il veut nous mettre en tête 32 destins de Vendéens exceptionnels. Ils s’appellent Jean Blan-villain, Léontine Girard, Jacques-Laurent Paliau. Vous les connaissez ? Bien sûr à côté d’eux on trouve Paul Baudry, Gaby Morlay, Narcisse Pelletier, Jean-Jacques Audubon… Mais le mérite de ce livre est de nous dénicher des grands hommes et femmes trop oubliés et de les ramener dans la lumière. Merci, Claude Mercier.

Y. V.

Le chant de plein air des laboureursActes du colloque sur le dario-lageL’Harmattan, 399 p., 44 €

«Savez-vous ce que c’est que darioler?» aurait pu écrire Mme de Sévigné si elle était venue au pays de La Châtaigneraie. Les anciens

toucheurs de boeufs du secteur savent encore le faire. Darioler, c’est chanter aux boeufs en labourant.

Dans d’autres régions, on dit brioler, arauder, bau-ler... Dans La Mare au Diable, George Sand évoque «ce chant solennel et mélancolique» des laboureurs du Berry. Il fi gurera peut-être bientôt au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. En octobre 2010, un colloque avait réuni darioleurs et chercheurs à Mouilleron-en-Pareds, autour de Pierre Rézeau et de Jean-Pierre Bertrand. Cet ouvrage rassemble les actes du colloque. Il est accompagné d’un magni-fi que DVD présentant les darioleurs de Vendée et d’ailleurs «touchant» leurs boeufs dans les guérets.

G. B.

Dictionnaire des célébrités vendéennesAlain PérocheauGeste Éditions, 234 p., 30 €.

Ce n’est pas d’hier qu’Alain Perrocheau s’intéresse à la Vendée. Tant dans ses romans que dans ses guides. On se souvient qu’il avait

en eff et sorti un guide touristique à la fi n des années 1980, certainement le guide le plus passionnant fait sur notre département. Cette fois-ci, il propose, avec

toujours une grande fi nesse d’écriture, un diction-naire des célébrités vendéennes, de plus illustrées. 680 personnalités recensées (mais toutes disparues), 300 clichés. Pas forcément de longues biographies mais des textes précis, incisifs. De A comme Ans-quer à Y comme Yole, en passant par D comme Daroux, L comme Lescure, M comme Morlay et S comme Sexé, personne n’est oublié, politique, his-torique, artiste, missionnaire… Un fort beau et fort utile ouvrage dans sa bibliothèque.

Ph. G.J’attends tout de même une suite ! J. R.

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La cuisine tradition-nelle de VendéeMarie-Aymée BridonneauGeste, 109 p., 19,90 €

Dans une jolie présentation à l’ancienne, ce recueil assemble 70 recettes anciennes de la cui-sine traditionnelle vendéenne. Celles qui étaient à l’honneur pour

les grandes tablées des noces et des communions.

Marie-Aymée Bridonneau revisite les carnets de recttes de ses deux grands-mères et les assaisonne de conseils, d’anecdotes et de souvenirs. La cuisine de terre s’organise naturellement autour du cochon, la cuisine de mer fl eure bon la sardine grillée et la sa-licorne. Les amateurs de desserts sauront comment réussir les caillebottes, les fl luns et les tourtisseaux. La troussepinette et le vin de pissenlits referment ce délicieux recueil aux saveurs anciennes, mais tou-jours appréciées chez nous... et par ceux qui vien-nent nous voir.

G. B.

Régionalisme

Les campagnes nantaisesJean RenardPresses universitaires de Rennes, 192 p., 16 €

Pendant trente-cinq ans, avec ses étudiants de l’Institut de géo-graphie de l’Université de Nantes, Jean Renard a observé les révolu-

tions sociales et paysagères des bocages de l’Ouest, ceux de Vendée particulièrement, entre 1960 et 2010. Il rassemble et synthétise ici cinquante ans

d’observations et d’analyses. Le titre – qui s’explique surtout par les rapports fonciers que la capitale ré-gionale entretient avec son environnement rural – paraîtra forcément réducteur aux Vendéens, acteurs majeurs des évolutions techniques, économiques et sociales de ce demi-siècle. Un ouvrage passion-nant qui explique clairement les changements des paysages, la montée en puissance de l’agriculture d’entreprise et de l’agro-alimentaire, l’apparition de modèles agricoles alternatifs, la recomposition des territoires ruraux avec ce que Jean Renard appelle justement «l’exode urbain»... G.B

Baie de l’AiguillonRoger ÉraudGeste, 575 p., 15.90 €

Née de la mer, soumise à elle en dépit des eff orts des hommes et parfois de leurs inconséquences, la Baie de l’Aiguillon demeure un es-pace singulier, mystérieux même,

de la Vendée et du littoral atlantique. Trois fois, déjà, nous dit Roger Éraud, ce village né au XIIIe

siècle, a été envahi par les fl ots. Passionné d’histoire locale, il s’est lancé dans une recherche minutieuse de l’origine et de l’histoire de la baie. On avance

avec lui dans le golfe du Poitou naissant, avec les Barbares, avec Patrick Walton, «l’inventeur» de la mytiliculture, avec le peuple des marins jusqu’à la naissance de La Faute, cette presqu’île surgie des eaux, si douloureusement meurtrie par le passage de la tempête Xynthia.

La Baie de l’AIguillon est toujours en gésine. Roger Éraud souligne qu’elle sera colmatée par les vases marines avant que la pointe n’atteigne le cours de la Sèvre niortaise. L’histoire est donc très loin d’être fi nie. Un regret technique: le format restreint de cette prometteuse collection dessert forcément un ouvrage de 575 pages. G. B.

Le cimetière des Martyrs d’Yzernay(1794-2012), Georges MichelHérault, 144 p., 20 €

Cet livre collectif publié sous la direction de Georges Michel réu-nit le texte intégral de la brochure

éditée en 1913 et rééditée en 1980, ainsi que dif-férents textes publiés jusqu’à ce jour sur le Cime-tière des Martyrs d’Yzernay. On y trouve également des témoignages inédits qui apportent un éclairage nouveau sur les massacres de mars 1794 en forêt de Maulévrier (aujourd’hui commune d’Yzernay).

Préface de Jehan de Dreuzy, président du Souve-nir Vendéen.

AHH

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Destin en torchejournal intime d’une criminelle Maryse MaligneAirvey, 240 p., 19 €

Cela secoue d’entrée, vous ne vous étiez pas encore rendu compte que vous étiez une criminelle, et

une dangereuse, vous allez le découvrir.

Policiers

Le Tombeau des Anges Ludovic BrochardDurand Peyrolles, 140 p., 12, 50 €

Un roman mené tambour bat-tant par des fl ics de choc, un duo de charme : Delphine et May. Truf-fée de dialogues, l’histoire nous

entraîne des États-Unis au désert Irakien en passant par le Canada et nous emporte dans des considéra-tions folles : Quel est le destin de notre humanité et qui est celui où celle qui en détient la clé ?

Mais oui, parce que la fi n du monde en cette an-née 2012 prend le chemin tant redouté d’une apo-calypse longuement annoncée !

E. T

C’est très bon, facile à lire, facile à suivre, mais très prenant et très achevé au niveau psychologique. Original, très, bien amené, bien construit...

Pas de doute, vous aimerez comme moi !Changement de décor garanti, Méfi ez-vous tout

de même un peu de ne pas trop écouter les voix qui vous poursuivront dans les jours qui suivront votre lecture. Mais c’est vraiment très bon...

J. R.

Croix de bois, croix de fer si tu mensJean-Luc Loiretlegeste noir, 446 p., 13.90 €

C’est aussi très bon, en beau-coup plus classique.

Jean-Luc a trouvé un style, un

personnage et pour son troisième policier, vous êtes déjà complètement « addict ».

Original aussi, fouillé, avec toutes sorte de per-sonnages énigmatiques...

Si vous aimez les policiers, si vous n’aimez pas, lisez ces deux auteurs, des valeurs sûres qui vous pas-sionneront autant que les best-sellers du genre. J. R.

Le Labyrinthe d’AgatheChristophe Prat Orphie, 180 p., 16.50 €

Vous prenez un des mystères de la cathédrale de Chartres, le laby-rinthe ; un cadavre décapité ; des personnages gouailleurs qui parlent un vocabulaire des plus curieux et

qui « contrepète » : vous mélangez le tout avec une dose d’érotisme et d’ésotérisme et vous voilà sur les traces, peut-être, d’un tueur en série. Le commis-saire Lasco confi e l’enquête à un « bleu » talentueux, le lieutenant, on ne dit plus l’inspecteur, Zélouz ...

Mais pourquoi les romans policiers ont-ils au-tant de succès de nos jours ?

Christophe Prat en possède le secret. RMB

L’enfant trouvé dans un panierBruno PicquetKirographaires, 2 x 400 p., 14,45 € chaque

Natif de Nantes, le commissaire Picquet y a terminé sa carrière pro-fessionnelle. S’il a écrit la retraite

venue, ce n’est pas pour narrer ses souvenirs de fl ic, ni de faire un polard. Quoique… Bruno Picquet ne savait pas que, sans décoller de son ordinateur, il partait à l’aventure. Au départ, la passion de la gé-néalogie, les racines de ses parents, de Nantes mais

aussi de Cugand, en Vendée. Le Net va lui apporter bien plus que la documentation voulue. Au déroulé de l’arbre généalogique, des portes s’ouvrent, des informations se croisent, des histoires étonnantes émergent : le phénomène rural d’agglutination fa-miliale, l’activité souterraine des faux-sauniers et des Chouans et même la raison qui poussa Joséphine de Beauharnais à glousser dans les salons telle une poule. Cerise sur le gâteau, Picquet parvient à nous expliquer la source (sulfureuse) des couleurs jaune et verte du FC Nantes ! Étonnant et curieux livre, écrit d’une plume maîtrisée, sur un travail d’investigation digne d’un journaliste. Et dont de très nombreuses pages s’intéressent à la Vendée. Ph. G.

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Dictionnaire de la Contre-RévolutionDirection: Jean-Clément MartinPerrin, 512 p., 27 €

Spécialiste reconnu de la Ré-volution et des guerres de Vendée, professeur émérite à l’Université de Paris I, Jean-Clément Martin dirige la rédaction de cet imposant

dictionnaire qui recense les événements, les orga-nisations et les fi gures marquantes de la Contre-Révolution. Il cible d’abord la France et l’Europe, mais concerne aussi l’Amérique latine, la Russie et la Chine.

Quelques entrées intéressent directement la Vendée: la duchesse de Berry, Félicie de Fauveau, la Chouannerie, la Petite Église, le Puy du Fou. Ville-bois-Mareuil notamment.

Deux pages sont spécifi quement consacrées à la guerre de Vendée, présentée comme le mouvement contre-révulotionnaire le plus important entre 1789 et 1799, avec des conséquences encore visibles. La cause des échecs des républicains est imputée aux rivalités entre Girondins, Montagnards et sans-culottes. Rivalités qui expliqueraient aussi « l’excep-tionnelle violence que les Conventionnels ont laissé s’accomplir jusqu’au printemps 1794.»

G. B.

Alain PoherL’autre force tranquilleDavid OuvrardL’Harmattan, 209 p., 22 €

Disparu en 1996, Alain Poher fut deux fois Président de la Répu-blique par intérim, présida le Sénat pendant 24 ans, se présenta sans succès à l’élection présidentielle de

1969. Originaire de Fontenay-le-Comte, collabora-teur d’élus, David Ouvrard retrace le parcours de cet homme discret, père tranquille de la politique,

aujourd’hui bien oublié. Comme l’ont été son passé de résistant, d’Européen convaincu – il en présida le Parlement – de défenseur des collectivités locales – il présida l’Assocation des Maires de France, à la suite du Vendéen Lionel de Tinguy.

Je lis cette biographie, fruit d’une thèse de doctorat en pleine campagne pour la présidentelle 2012. Elle propose un regard décalé et plus novateur qu’on le croit sur un système bipolaire qui n’off re pas d’autre solution que la continuité ou l’alternance brutale. Peut-être alors Alain Poher fait-il partie de ceux qui, dans l’histoire longue, «ont quand même gagné en perdant», comme Mendès-France, Rocard, Chaban-Delmas ou Delors ?

G. B.Un acte manquéPhilippe MestreFrance-Empire,

On appelle ça une uchronie… Philippe Mestre, sous les traits du journaliste Jérôme Delage, ima-gine ce qui se serait passé si… le 11 novembre 1942 le Maréchal Pétain avait accepté de rallier Al-

ger après le débarquement américain. Bien sûr, la face de l’Histoire aurait été changée. Quid de la ré-sistance, du général de Gaulle, de la réaction alle-

mande ? Delage se fait aider dans ses recherches par un spécialiste de l’histoire contemporaine, membre de l’institut, et on se trouve embarqué dans une aventure passionnante où réel et fi ction se mêlent. Le plus intéressant étant peut-être tout ce qu’on apprend fi nalement de la grande Histoire à travers cette fi ction. On sait le rôle joué par Philippe Mestre dans la résistance. Lui seul pouvait se permettre un livre aussi iconoclaste (car il l’est). On devine qu’il y a pris du plaisir, car ce plaisir est communicatif. On retrouve la plume aiguisée de l’auteur de « Quand fl ambait le bocage ».

Y. V.

Jean de Lattre,Maréchal de FranceL'esprit du Livre, 382 p., 26 €

La Vendée a commémoré au début de cette année le soixan-tième anniversaire de la mort du maréchal de Lattre. La Fondation Maréchal de Lattre, initiée par son épouse, réédite l'ouvrage collectif,

paru en chez Plon en 1953, quelques mois après sa disparition. De nombreux témoins de son action et

de sa pensée apportaient alors leur vision du Maré-chal. Parmi eux, des généraux comme Weygand, Sa-lan, Béthouart, des politiques, Claudius-Petit, René Capitant, Paul Ramadier, P.-H. Teitgen, Jules Moch, des hommes de lettres, tels Joseph Kessel, Pierre Benoît, des académiciens, des ambassadeurs, des di-plomates. Leurs témoignages évoquent l'homme, le soldat et le politique. Très complet, cet hommage retrace les heures glorieuses et douloureuses de la carrière du maréchal: le débarquement en Provence, le franchissement du Rhin, la capitulation du Reich nazi à Berlin et l'Indochine. Et rappellent sa devise, "Ne pas subir".

G. B.

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75Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013

Histoire

Vive l’Algérie française !Robert Ménard et Th ierry RolandoCollection « Coups de colère », éd-Mordicus, 30 p., 4,95 €

Les Vendéens connaissent bien Th ierry Rolando en tant que conseiller pour l’économie au

Conseil général et qu’élu local à Mouilleron le cap-tif. Ils savent moins qu’il est aussi président national du Cercle algérianiste, association mémorielle de la culture « pied-noir ». Algérois, il s’est associé à un autre rapatrié, l’Oranais Robert Ménard, fondateur de « Reporters sans frontières » et éditorialiste dans l’audiovisuel, pour mettre les pieds dans le plat du politiquement correct avec un essai au titre sans équivoque.

Faisant fi des clichés sur les colons faisant « suer le burnous » ou sur les « petits blancs » humiliant les indigènes, ils font feu sur les « négationnistes »

qui peuplent l’université et les media français. Ceux qui ignorent les exactions du FLN pour ne retenir que celles des Européens. Ceux qui tiennent pour quantité négligeable les 100 000 harkis massacrés, les 2 410 pieds-noirs et militaires français enlevés et assassinés, les 220 000 tombes de Français d’Algérie laissées à l’abandon ou profanées depuis 1962, les 10 000 pieds-noirs tués au combat au sein de l’Ar-mée d’Afrique de Juin et De Lattre, les 30 000 es-claves chrétiens détenus à Alger par les Barbaresques au XVIIe siècle…

Rolando et Ménard rappellent au passage l’œuvre civilisatrice de la France en Algérie, durant 130 ans, avec 700 000 enfants musulmans scolarisés dans 16 660 classes en 1960, 18% d’étudiants musulmans à l’université d’Alger pour la même période. Sans oublier les dizaines de milliers de logements, les 14 barrages et 27 centrales hydrauliques, les 23 ports aménagés, les 32 aérodromes, les 4 500 kilomètres de voies ferrées, les 80 000 kilomètres de routes et pistes laissés par les « colonialistes » au jour de l’in-dépendance. Michel Chamard

La Guerre d’AlgérieRoger AlbertGeste, 240 p., 11,90€

Soldat appelé en Algérie en 1957-58, Roger Albert avait conservé ses carnets de route de l’époque. Carnets publiés chez Geste en 2006. Cinquante ans après, il est retourné en pélerinage,

sur les lieux mêmes de son service, dans ce pays qui l’a profondément marqué et dont il ne cesse de

dire la beauté. L’émouvant récit de ce pélerinage est le dernier chapitre de ce nouveau livre où s’entre-mêlent le roman et le témoignage. Le héros du ro-man, un jeune médecin vendéen, militant commu-niste et anti-militariste, partisan de l’indépendance algérienne doit, un jour, abattre le fellagha qui va égorger un de ses hommes, originaire de son propre village de La Tardière. Un dilemme cornélien qui va déterminer toute la vie du médecin, retourné soi-gner en Algérie. Roger Albert exprime ici ce que la plupart des appelés n’ont pas dit et rêve de nouvelles passerelles entre les deux rives de la Méditerranée.

G. B.

Occupation et Résistance en VendéeMichel GautierGeste, 368 p., 25 €

Infatigable quêteur de mé-moire, Michel Gautier rassemble ici les témoignages des Résistants vendéens de 39-45. Il nous les

restitue dans leur vérité brute et ils n’en sont que plus poignants. «Les Vendéens de ce temps-là, pré-vient-il, n’ont été ni meilleurs, ni pire que d’autres». Ces «Quarante millions de pétainistes» dont parlait Henri Amouroux, à propos des Français de 1940.

Occupée sévèrement par l’armée nazie, encadrée par un clergé conservateur et omniprésent, la Ven-dée ne pouvait pas être un bastion de la Résistance. Elle eut pourtant ses héros. Odette Roux, Gaston Marcheteau, Armand Giraud, Louis Buton, Henri Pigeanne, et combien d’autres. Michel Gautier fait revivre les parachutages d’armes, le maquis des Gâts à Dompierre, les martyrs de La Chapelle-Th émer, les poches de Marans et de Pornic où les résistants se battirent jusqu’à la reddition nazie. Dans ces années noires, la vie, malgré tout, malgré les pires exactions, a elle aussi résisté, avec ses amours, ses bals clandes-tins et l’accueil des réfugiés ardennais. C’était l’Oc-cupation. Et la Résistance. G. B.

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Sports d’audourd’hui et de demainRevue Administration, n° 233 176 p., 12.50 €

Les sports nouveaux dans notre société, les enjeux qu’ils représen-tent, les infrastructures qu’ils im-pliquent. Pour les J.O. de Londres, nombre de sportifs ont peaufi né

leur préparation sur la côte d’Opale. Teddy Riner, champion olympique de judo, Céline Gerny, jeune cavalière membre de l’équipe de France handisport, évoquent leurs ambitions...

Les grandes infrastruc-tures de transportsRevue Administration, n° 234112 p., 12.50 €

Sujet sensible que celui des grandes infrastructures de trans-port ! En eff et, le débat a souvent été confl ictuel entre aménagement

du territoire, compétitivité et préservation de la na-ture, économies d’énergie.

Revues

La France des Outre-MersRevue Administration, n° 232 109 p., 19,90 €

Pour l’Année des Outre-mers la revue de l’administration terri-toriale de l’Etat consacre un nu-méro à ces territoires, si loin géo-

graphiquement, mais si proches « par le sang versé », qui totalisent 2,7 millions d’habitants, disséminés dans l’Atlantique Nord, en Mer des Caraïbes, dans les Océans Pacifi que et Indien. Si l’éloignement de la métropole paraît évident, la proximité est indé-

niable. Grâce aux moyens modernes de transport et de communication, grâce à la présence des re-présentants de l’État sur place, l’unité de la Répu-blique est une réalité, malgré les diversités réelles de ces territoires. L’action des administrations est active sur tout le territoire français. Illustration su-perbe, colorée, abondante, en renfort des textes de diff érents acteurs de la vie administrative, politique, économique, culturelle. Expériences pittoresques, comme le parcours d’un Sous-préfet antillais à tra-vers le Corps préfectoral ou la narration d’une mis-sion en pirogue sur les fl euves guyanais, apportent une variété et un intérêt vif à la lecture de cette revue dirigée par notre Vendéen, Jean-Claude Vacher

Ce numéro, paru en mars 2012, renferme un précis technique sur la préparation de l’élection pré-sidentielle et un compte rendu de « L’Observatoire euro-méditerranéen de l’action territoriale de l’État », tenu en octobre à Marrakech. Échanges sur le dé-veloppement urbain durable, dans la perspective du récent « printemps arabe ». En France, comme en Europe et dans les pays du pourtour méditerranéen, les représentants territoriaux de l’Etat assurent la continuité de la mise en œuvre de la politique de développement urbain durable, le développement économique et la cohésion sociale ; rôle éminent, irremplaçable pour aff ronter les problèmes d’avenir de la planète.

On lira, d’ailleurs, avec intérêt, le dossier consa-cré au « grand hamster » d’Alsace, pour lequel des mesures spécifi ques ont dû être prises pour sa pré-servation, tout en réalisant l’axe nord-Sud alsacien… Transport routier, ferroviaire, aérien, maritime : tous les secteurs d’activité sont évoqués, avec leurs enjeux économiques, mais aussi humains. Dans ce numéro, il est aussi rendu compte des XIXèmes Journées de Paris, occasion d’échanges entre représentants ter-ritoriaux de l’Etat en Europe, consacrées au « fait métropolitain » dans la gouvernance territoriale.

Aviation civile :Quels enjeuxRevue Administration, n° 235160 p., 12.50 €

Quelle place peut être au-jourd’hui celle de « l’Administra-tion territoriale de l’État » dans le domaine « mondialisé » du trans-

port des passagers et du fret ?

Nombreux, en fait, sont les aspects concernés : sécurité, aménagement du territoire, développement durable… qui relèvent de l’Etat ou des collectivi-tés territoriales. Il faut lire le témoignage du maire de Roissy-en-France, lui qui a vu littéralement « le ciel lui tomber sur la tête », pour s’en convaincre. La qualité des signataires, tel le Directeur Général de l’Aviation Civile, démontre amplement l’intérêt partagé que l’Aviation Civile continue de secréter au pays de Blériot, de Saint-Exupéry et d’André Turcat.

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77Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013

Lettre aux amisde Noimoutiern° 166, 40 p., 8 €

Le numéro d’été est un nu-méro spécial consacré au « Pont de Noirmoutier » qui a fêté l’an der-nier son quarantième anniversaire.

Le dossier « Entre passé et avenir, une histoire… » raconte la vie sur l’île de Noirmoutier avant et après le pont. Qu’a apporté le pont aux Noirmoutrins ? Qu’est-ce qui a changé dans leur vie depuis qu’ils peuvent se rendre à tout moment sur le continent ? Quelles étaient leurs craintes ? Sont-elles justifi ées ? L’histoire du pont est aussi celle des manifestations à propos du péage, la seule fois où les CRS se sont opposés à la population insulaire…

Le Fenouiller (n° 1 et 2)Association Histoire et Patrimoine

Sous l’impulsion de Paul Ga-teau, fondateur de la chorale Ro-land de Lassus, l’Association His-toire et Patrimoine du Fenouiller a publié deux intéressants cahiers sur le passé de cette commune du

marais breton qui tire logiquement son nom de «fa-

Cette histoire a été rédigée à partir d’interviews de Noirmoutrins représentatifs, paysans, marins, mais aussi « marins-paysans », sauniers, commer-çants, instituteurs, notables, etc. Ils nous ont livré leurs souvenirs qui permettent de mieux com-prendre le caractère noirmoutrin.

Illustrations provenant essentiellement de nos fonds d’archives.

Le pont de Noirmoutier était aussi le thème de l’exposition que l’association Les Amis de l’Ile de Noirmoutier a organisé à Barbâtre, salle Océane, du 21 août au 2 septembre, avec une conférence « Noirmoutier, l’ex-île ? » , salle des Oyats, le mer-credi 22 août avec les interventions de Nicole Brunet, Lydia Gaborit et Louis Gibier.

nuller», le petit foin. Ces deux albums, très variés, évoquent entre autres le pont et la cale d’embarque-ment du Pas-Opton sur la Vie, le «trésor» de la pa-roisse à la Révolution, la pierre bleue du Fenouiller, les traditions paroissiales, l’entre-deux guerres et la première équipe de foot, les «Crocodiles». Éclec-tiques, très documentés, servis par une riche icono-graphie, ces deux premiers cahiers laissent augurer d’une belle postérité.

Association «Histoire et Patrimoine», 25, rue du Petit-Puits, 85800 Le Fenouiller.

G. B.

Revues

Le Souvenir Vendéen74 p., 8 €

n° 259

Je n’ai pas le numéro 260, mais il doit déjà être paru...

Que dire d’une association et d’une revue qui fait preuve d’une telle longévité, avec près de 1000 adhérents et un nouveau président, Michel Chatry, que vous connais-sez tous, qui participe à tous les salons et se passionne pour toutes les autres sociétés savantes, histo-riques ou littéraires.

Il faudrait aussi saluer les douze ans de la présidence précédente de Jehan de Dreuzy, qui a réussi, après

tant d’autres, à maintenir une revue de qualité dans laquelle il y a toujours quelque chose à puiser, hors des lieux communs.

Il faut dire qu’il y a de la matière et que les adhé-rents, du moins ceux qui prennent la plume, sont de haute volée, qu’ils maintiennent le débat sur maints sujet, se répondant dans le même numéro ou d’un numéro à l’autre.

Tout cela est de ma meilleure tenue, avec des ar-ticles de fond, la chronique, les échos, les questions réponses pour chercheurs et curieux, et la recension des derniers livres parus, avec une iconographie fouillée, recherchée et de qualité.

On ne s’étonnera pas que l’on y revienne sur le terme de génocide, et que l’on nous annonce un grand colloque pour 2013...

Une revue de passionnés, dont vous faites peut-être déjà partie. J. R.

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Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 201378

statues, le restaurant fl ottant, le pont transbordeur et les Transbordés, ce que cache le sommet de la fon-taine de la place Royale, les miracles du cimetière Miséricorde, les vikings qui débarquent, etc.

Rencontrez Nantes grâce à des rubriques théma-tiques qui vous dévoileront tout sur l’insolite nan-tais. Stéphane Pajot, journaliste des pages culture de Presse-Océan, est l’auteur de nombreux livres sur Nantes et sa région et de plusieurs essais et romans. Dénicheur d’archives, à la recherche d’anecdotes inédites et de témoignages insolites, il se passionne depuis toujours pour sa ville et en découvre avec le temps tous les secrets.

Je me souviens de RoseRégine AlbertLes Chantuseries, 17 €

Ados en détresseLaurence PainLes Chantuseries, 16 €

Deux couvertures seulement sont actuellement disponibles pour les prochaines parutions, toujours aussi choisies, des Chantuseries de Bertrand Illeghems, Vous n’êtes pas obligés d’attendre la sortie du prochain Lire en Vendée pour les acquérir et les lire, la maison est bonne et les auteurs connus.

Peut-être nous ferez-vous par-venir une petite recension qui éclai-rera utilement nos plumes !

Autres parutions

Victor et Valentin Marcelle Martina Griffon50 p., 8 €

Ni guerre, ni crime, ni catas-trophe, ni maladie… une paren-thèse agréable et reposante…

Les aventures de deux Yokshires en région pa-risienne, aux Sables d’Olonne ; et les vacances en Italie. Vivre à l’heure canine et câline sur le Remblai des Sables d’Olonne avec enthousiasme, humour et tendresse.

Suivi de Victor et Valentin présentent Mannix et Hugo, 80 p., 10 €

Th érèse DavesneNantes InsoliteStéphane PajotOrbestier, 192 p., 14,50 €

À Nantes, la surprise est au coin de la rue pour qui sait regarder.

Ce livre de balades pour dé-couvrir l’histoire de Nantes sur la fresque de Royal de Luxe, le pas-sage d’Orléans oublié, le « P » des

plaques de Bouff ay, l’incroyable écho de Trente-moult, Nantes qui tangue, les plantes carnivores et le labyrinthe du Jardin des plantes, l’histoire des

Dans le port tout est bonMichel MoinierPetit Pavé, 144 p., 16 €

Il faut faire les salons pour y rencontrer des auteurs improbables et y faire des trouvailles comme à la brocante...

Déjà, la couverture et le titre vous ont attiré, comme la verve de

l’auteur. Pas toujours facile à suivre, ce vocabulaire pour initiés que l’auteur appelle de la gouaille et dont l’humour n’est pas si féroce que cela. À lire au comptoir du bar. J. R.

Les cahiers de la santé naturelleMarie-Thérèse, Henriette et Monique CharrierGeste, 240 p., 20 €

Autre trouvaille de salon, ce précis de médecine naturelle. Vous sauriez déjà tout cela si vous vous étiez un peu occupé de votre

santé, mais vous feriez peut-être bien de le lire en entier ; cela vous aiderait peut-être à comprendre pourquoi vous avez parfois mal aux cheveux, ou ailleurs, et vous éviterait de manger n’importe quoi, n’importe comment... J. R.

L’ascenceur du diableJean-Paul GayotKometa, 19 €

Rencontré à Saint-Gervais, Jean-Paul fait part de son dernier livre sur une aventure extra conju-gale. Ses cinq livres précédents se laissaient bien lire... J. R.

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79Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013

Les Fiancés de Saint-LaurentPierre Sabourinde Borée, 340 p., 20 €

J’allais oublier l’autre livre en-voyé par de Borée, une autre his-toire de familles, d’amour et de

Le rock Nantais en 100 vinyls et CDSLaurent Charliot, 29 €

Ce Vendéen multiplie les ta-lents : la musique et l’écriture ; à travers son regard érudit, initia-

Un demi-siècle en fanfaresDiégo de Bodard de la JacopièreHérault 328 p., 33 €

On peut être veneur de beau-coup de façons. Certains le sont par amour de la nature, d’autres par amour du cheval et des chiens,

d’autres pour entendre sonner les trompes, d’autres pour la fi erté de porter des habits traditionnels et enfi n, beaucoup de veneurs suivent un équipage pour le plaisir d’y retrouver des amis, parfois peut-être même pour rencontrer une jolie cavalière.

Mais l’histoire de l’équipage “Rallye Araize” constitue l’essentiel de cet ouvrage abondamment illustré, puisé dans les trois mille pages relatant soixante années de vénerie.

AHH

tique et personnel, découvrez les 100 chroniques des 100 disques qui ont forgé l’histoire du rock de notre région. Une sélection audacieuse, du rap au metal en passant par la chanson et le reggae, sur plus de 3000 œuvres sorties en près de 6 décennies. Lau-rent Charliot récidive après son ouvrage sur le Rock «Grand prix du livre Bretagne 2011».

E. T.

Les mystères de CamilleKarine Lebertde Borée, 320 p., 21 €

Encore un bon roman, d’une autre époque encore, mais avec une trame, une peinture des mœurs, des caractères et des gens,

une bonne analyse des sentiments pourtant très contenus.

Les thèmes récurrents de l’amour, la jalousie, la réussite sociale, l’adoption, la découverte de ses origines, la guerre et la résistance permettent à l’hé-roïne, de se construire au fi l des pages et au rêve de se réaliser. elle réussira donc, dans un monde dur, hostile et plutôt noir. J. R.

terroir et à l’ancienne ; c’était il y a près d’un siècle. Là encore, l’auteur donne l’impression qu’il a dé-couvert l’histoire de ses grands-parents au travers de courriers, d’un journal, de vieilles photographies et qu’il veut la comprendre, l’intégrer comme un héri-tage sacré.

C’est bien fait, vous allez vous attachez vous aussi à cette famille Sabourin ! J. R.

La TriodeIn’ ballade à trouês vouêsFabien Mornet Miqueu MontanaroChristophe SoulardLuni Lunon

C’est une petite révélation... Quatorze contes ou chansons écrits en parlanjhe par Dominique

Mornet et accompagnés par le trio «La Triode» qui, comme son nom ne l’indique pas est composé de

quatre musiciens. On y trouve des histoires comme on en raconte (peu) chez nous. Le grand-père « l’peupéi » parle à son petit-fi ls Janicou. Et de sa bouche sortent les aventures de Firmon, Caribou, Raboulot et mon bia Jouc... Fid’vesse, il s’en passe de drôles dans ce village de la Bacotère! Le livret est accompagné d’un CD plein de bruits, d’improvisa-tions, de guitare et de fl ûte. Le conteur conte. On ne devrait pas avoir fi ni d’entendre parler des exploits de la Triode.

Y. V.

Le Pays de Fontenay-le-Comteraconté en 100 dessins

Robert Aujarddessins, Henri Bourgouin200 pages, 39 €à paraître en novembre

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80 Le coin du CVRH - novembre 2012 - mars 201380

Il a avec la commune où il vit et qui fait l’objet de son premier livre « des attaches immémoriales ». Ses recherches personnelles lui ont fait découvrir qu’en 1828 André Pineau a quitté Notre-Dame de monts pour Saint-Michel en l’Herm. Du côté maternel, on remonte au XVIIIe siècle, lorsqu’un Ardouin venu de Dom-pierre-sur-Yon s’y installe.

Né dans une famille nombreuse, son père tra-vaillant dans le secteur para-agricole, Bernard Pi-neau a fait ses études secondaires à Sainte-Ursule, à Luçon, avant de devenir professeur de maths dans l’enseignement catholique au Poiré-sur-Vie, puis à Saint-Jean-de-Monts.

Il consacre sa retraite à la généalogie, au hasard d’une réunion de famille qui lui donne l’idée de ras-sembler les descendants d’André Pineau : en 2008, il rassemble 180 cousins, dont il dresse pour chacun l’arbre généalogique. Du coup, il cherche à com-prendre comment s’est réalisée cette implantation michelaise, épluche les registres d’état-civil, met en fiche 978 mariés et mariées, en conclut qu’entre la Restauration et la Seconde Guerre mondiale, ce sont entre 200 et 300 personnes apparentées à sa famille qui ont émigré.

Cette compilation lui donne l’envie d’écrire un livre sur sa commune, mais il ne sait pas trop com-ment procéder. Il va voir Alain Gérard au CVRH, qui lui donne une méthodologie à partir d’entre-tiens et de dépouillement d’archives. Le résultat est là : « Quand la mer voudra… » constitue un ouvrage de référence sur ce second « Saint-Michel au péril de la mer ».

Du coup, Pineau fourmille de projets, toujours axés sur sa paroisse de prédilection. Il songe à une étude sur les maçons creusois, qui furent nom-breux dans la commune pour réparer l’abbaye ou construire des ouvrages d’art (on leur doit notam-ment la « digue des Limousins »), à une autre sur les employés de l’abbaye, dont les effectifs furent à la hauteur de l’importance de celle-ci à ses grandes heures… Le plus dur va être de choisir. Là aussi, il compte sur le CVRH pour le conseiller.

M. C.

Le mot d’actualité

Salon du Livre de La Rochelle (7-9 décembre 2012)

Le Centre vendéen de recherches historiques sera présent.

L’histoire de la Vendée, de votre région, vous passionne ? Venez découvrir le CVRH à l’Espace ENCAN au 7e salon du livre de La Rochelle (7, 8 et 9 décembre 2012).

L’essentiel de notre catalogue, riche d’ouvrages consacrés à l’histoire de la Vendée et à ses territoires environnants sera présenté. Ainsi des cartes et mé-moires de Claude Masse dans La Côte et les marais du Bas-Poitou vers 1700 (Suire). Vous trouverez en-core Le marais poitevin. Une écohistoire du XVIe à l’aube du XXe siècle (Suire), qui fait référence. Quant à la vie quotidienne sur le marais, vous en lirez un aperçu savoureux dans le manuscrit inédit de l’abbé Pérocheau du Gué-de-Velluire (Rousseau), ou dans Quand la mer voudra… sur St-Michel-en-l’Herm (Pineau). Signalons aussi l’édition critique de La Guerre de la Vendée et des Chouans de Lequinio (Ar-tarit), Lequinio qui fut en poste à La Rochelle sous la Révolution. Et de nombreux autres titres. Espace ENCAN. Ouverture : vendredi, 14 h-19 h ; samedi et dimanche, 10 h-19 h.

Au fil des ans, le nombre des auteurs ayant contribué aux publications du CVRH est devenu particulièrement important, et notre catalogue porte sur les thèmes les plus divers : grandes figures de la guerre de Vendée ou de la Première Guerre mondiale, missionnaires, explorateurs, marais poi-tevin, agriculteurs, souvenirs et mémoire autour de sites ou de communes du département…

Nombre de nos auteurs sont tout disposés à donner des conférences à la demande d’associations culturelles, ou à participer à des dédicaces organisées par des libraires ou des bibliothèques. Il suffit de les inviter par l’entremise du Centre.

Par ailleurs, pour être tenus au courant de l’ac-tualité du Centre, responsables associatifs, bibliothé-caires et libraires peuvent passer par le même canal pour demander à recevoir notre catalogue annuel et/ou notre lettre d’information électronique.

Michel Chamard, Directeur éditorial

À la rencontre de…Bernard Pineau

Le coin du CVRH Centre vendéen de recherches historiques

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81Le coin du CVRH - novembre 2012 - mars 2013

87, rue Chanzy, 85000 La Roche sur Yon www.histoire-vendee.com - [email protected]

02 51 47 74 49

Quand la mer voudra...Bernard PineauCVRH., 228 p., 20 €

Le titre de ce premier livre de Bernard Pineau, né à Saint-Mi-chel-en-L’Herm d’une famille de migrants venue de l’autre marais vendée, celui du nord, fait explici-

tement référence à la tragédie de la tempête Xyn-thia qui a endeuillé les communes voisines de L’Ai-guillon et de La Faute. Ici aussi, au commencement, était la mer. Et Saint-Michel-en-l’Herm émergera plus tard, comme les autres villages voisins plantés sur les buttes calcaires, de ce qui était alors considéré comme un désert, puisque c’est le sens même du mot «herm».

Bernard Pineau évoque la longue histoire de Saint-Michel, toujours au péril de la mer, mais aussi de toutes les convoitises, celles des pirates, des Nor-mands, des Anglais, des Huguenots, et des révolu-tionnaires. L’abbaye royale occupe évidemment une large place dans l’histoire de la communauté miche-laise. Envoyés par saint Philbert, les moines d’Hé-rio – Noirmoutier aujourd’hui – débarquent en 682 sur l’île de la Dive, puis très vite sur l’île voisine, plus étendue, du Vieux Condet, le Saint-Michel d’aujourd’hui. La présence monastique durera onze siècles, jusqu’à la Révolution. Vendue comme bien national, elle servira alors de carrière de pierres...

L’autre axe central du livre s’articule autour de la conquête de l’espace, au fi l des prises, permises par la construction de digues successives. Les moines sont les premiers à s’atteler à cette tâche colossale qui se poursuivra jusqu’en 1965. Elles portent des noms qui racontent leur histoire : les digues des Limou-sins (1766), de Malakoff (1855), du Maroc (1912) et le moderne polder. Alain Gérard, qui préface le livre de Bernard Pineau, souligne précisément cet esprit de conquête qui a permis de mobiliser l’extra-ordinaire force collective d’où naquit Saint-Michel-en-L’Herm.

De cette histoire ressort aussi une culture du risque, une solidarité naturelle qui s’incarnera, entre autres, dans la coopération laitière, la «laite-rie», créée en 1892. Bernard Pineau ne se limite pas aux grandes étapes historiques de sa commune: il fait aussi partager la vie quotidienne des Michelais, à diff érentes époques. Et les pages qu’il consacre à l’île de la Dive dont saint Hilaire de Poitiers chassait les serpents en 368, ou à l’énigme – résolue – des fameuses buttes coquillières des Chaux, sont un ré-gal...

G. B.

Guerre de la Vendée et des ChouansJoseph LequinioEdition critique par Jean ArtaritCVRH, 255 p. 23 €

Joseph Lequinio n’est certes pas le plus connu des terroristes qui mirent en œuvre le projet d’ex-

termination de la population vendéenne en 1794. Turreau et Carrier ont davantage fi guré l’horreur du moment. Lequinio, député du Morbihan, repré-sentant en mission dans l’Ouest, à La Rochelle et à Rochefort notamment, ports dont il faut fermer l’accès aux Anglais, s’invitera à Fontenay-le-Peuple. Il y met en place une Commission militaire qui en-verra 198 personnes à l’échafaud et y tuera de sa main un prisonnier. Voilà le parfait terroriste ré-volutionnaire qui va pourtant dénoncer la Terreur, sans cesser pour autant de la trouver nécessaire !

Il développe ses convictions dans un livre, Guerre de la Vendée et des Chouans, paru en octobre 1794, dont il prétend qu’il donne une connaissance com-plète, ainsi que de ses causes et des mesures propres à la terminer. «Un des écrits les plus étranges et les plus énigmatiques de la période révolutionnaire», souligne Jean Artarit.

Ce livre commence quasiment par le Mémoire de 31 pages que Lequinio a lu, le 1er avril 1794, au pavillon de Flore des Tuileries, devant le grand Co-mité de Salut public. Il y a là, Robespierre, Carnot, Saint-Just, Barère... Accompagné de quatre dépu-tés Montagnards vendéens, Lequinio dénonce, en termes incroyables, les horreurs des armées de la Ré-publique dans la Vendée. Il stigmatise les généraux qui poussent au pillage, au viol, à la barbarie. Et il assure, protestations des patriotes des régions sacca-gées à l’appui, que ce carnage renforce la rébellion, poussant chez les insurgés ceux qui étaient jusque-là, fi dèles à La Révolution. Prenant les devants, il se cisèle aussi une image de modéré, sans écarter pour autant «l’extermination de 400 000 personnes, mais sans cruauté, avec compassion même»...

Ce rapport, prudemment mis sous le boisseau, reparaîtra après Th ermidor. Fontenay ne reprochera rien à son auteur. Arrêté en août 1795, amnistié peu après, il servira le Consulat et l’Empire, notamment comme agent diplomatique au Rhode-Island.

Jean Artarit dresse un portrait saisissant de cet être double, tantôt Mister Hyde, tantôt Docteur Jekyll, narcissiste passionné à la recherche du socia-lisme utopique, prêt à tout, y compris au pire, pour forger l’homme nouveau d’un monde meilleur.

G. B.

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82 Les écrivains de la mer - novembre 2012 - mars 2013

Vendée-Globe, cap Horn et littérature

Dans quelques semaines, les candidats au trophée du Vendée-Globe passeront le cap Horn, le fameux cap des tempêtes

Combien d’écrivains l’ont décrit ? Combien d’auteurs nous ont entrainés vers le grand Cap ? À l’occasion du rapprochement sportif de notre course et du point extrême du continent américain, per-mettez-moi de vous présenter l’histoire d’Antoine, un adolescent qui a rêvé de passer le Horn.

Un jour pendant les vacances d’été, Antoine vit la mer pour la première fois à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Si vous aviez vu ce garçon qui courait vers l’aventure quand soudain ELLE était là !

Après être passé par les quais qui sentaient fort le poisson, enfin il l’a dominait du haut de ses douze ans. Quelques jours après, à La Rochelle, Antoine regardait un cargo sortir du port de La Pallice, cinq ans plus tard il embarquait à Calais sur un navire de la regrettée Compagnie des Bateaux à Vapeur du Nord. Dur de commencer sa navigation comme no-vice pont et surtout de ne pas être breton ou vendéen comme tout l’équipage. Combien d’apostrophes a-t-il entendues comme « parisien » - pas vraiment un compliment dans la marine - et surtout le célèbre leitmotiv : « Dans la marine, il y a ceux qui navi-guent parce qu’il n’y a rien d’autre à faire dans leur pays et ceux qui naviguent victime de leur lecture ! » Le temps passa, il devint matelot, et il appartenait maintenant aux Peuples de la mer, cher à notre écri-vain Marc Elder dont on fêtera l’année prochaine à Noirmoutier le centenaire de son prix Goncourt.

Quarante ans après, Antoine termine son der-nier embarquement comme capitaine.

Pourtant, jamais le Horn ne fut doublé par un des navires où il était embarqué.

Le cap de Bonne-Espérance, il connaissait, celui de Tasmanie aussi, mais le grand troisième : jamais vu !

Quasiment, un demi-siècle après son premier embarquement, il prit la décision d’effectuer une croisière de Valparaiso à Buesnos Aires en passant par Puerto Montt, Punta Arenas, Ushuaïa, le Cap Horn, Punta del Este, Montevidéo, sur un paquebot de croisière construit à Saint Nazaire. Évidemment le passage du cap à la voile aurait eu une certaine allure, mais l’âge préfère le confort de ces immeubles flottants, pourtant ce voyage est l’un des plus mari-time qui existe sur le marché. « Nous irons tous à Valparaiso » nous dit la chanson, ce grand port des trois-mâts barques du XIXe et début XXe siècle, que d’histoires, de romans à ce sujet. Lui, l’ancien ma-rin, que d’émotions et de souvenirs sont remontés à la surface de son âme aux premiers tours d’hélice, certains pourraient dire : « coup de blues », vrai ! C’était le quinze janvier 2012.

Valparaiso était déjà derrière nous, une escale à Puerto Montt, la porte de la Patagonie chilienne, Antoine eu une pensée pour Francisco Coloanne, l’écrivain du cap Horn, né non loin de là sur l’île de Chiloé. Après une navigation à travers les fjords chiliens et nous voici à l’entrée ouest du détroit de Magellan, exactement à quelques milles du phare des Evangélistes, nous avons fait route sur Punta Arenas. Escale très agréable, il y a environ cent ans, c’était le port ravitailleur de charbon pour les ba-teaux qui transitaient entre les deux océans avant l’ouverture du canal de Panama. Au centre de la ville, sur une très belle place, se trouve la statue colossale de Magellan. La tradition veut que ceux qui traver-sent pour la première fois le Détroit embrassent ou touchent le pied gauche du Patagonien statufié sous celle de Magellan, ce qui veut dire qu’ils reviendront un jour à Punta Arenas.

Le paquebot fit une escale à Ushuaia, un « aven-turier », médiatisé par les télévisions françaises, vous en a déjà entretenu longuement en oubliant l’aspect maritime de ce lieu.

Il lui manquait une chose à accomplir avant d’embarquer pour l’éternité du grand large des marins : voir et passer le cap Horn !

Les pages des écrivains de la Mer

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83Les écrivains de la mer - novembre 2012 - mars 2013

02 51 98 55 [email protected]

http://evrivains-mer.fr

02 51 98 55 [email protected]

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Face au cap !

Cap sur le Horn ! C’était le but ultime du voyage, ensuite ce sera la remontée au nord dans l’Atlantique.

Nous avons appareillé dans la soirée, déposé le pilote à Puerto Williams, côté Chilien du canal de Beagle si cher à Darwin. Au cours de la nuit, Antoine vérifia sur la carte diffusée par la télévision du bord qu’après Isla Nueva, le navire prenait bien la route du cap Horn. Une diffusion générale nous avait prévenus, la veille, qu’en cas de mauvais temps le capitaine pourrait éviter cette « escale ». Quelle déception cela serait ! Ouf ! À deux heures du matin, nous étions sur la bonne route. Le temps était maus-sade, le vent soufflait force 6 à 7 nord-nord-ouest.

Le 22 janvier 2012, vers quatre du matin nous avons doublé la minuscule île de Barnevelt, prati-quement l’entrée de l’archipel des îles Hermitte.

Une heure plus tard, un éclat blanc toutes les cinq secondes perçait la bruine. Nous approchions de cette falaise qui semblait, dans la grisaille, une sorte de dragon à moitié immergé prêt à happer le moindre navire passant au large de son gite. Dans le jour naissant, nous commencions à voir la tour blanche à bandes rouges située à 127 mètres de hau-teur. Le paquebot vira au sud du cap pour prendre ensuite une position de dérive sous le vent à l’abri des rochers.

Une certaine appréhension gagnait notre passa-ger, il avait peur de détruire son rêve. Et si le grand cap n’était qu’une réplique de la Pointe du Raz ou autre lieu dangereux pour la navigation. Pourtant la puissance mythique du lieu le submergea. Aucun marin ne peut oublier les navires et les anciens qui ont disparu là. Soixante bâtiments de tous genres se sont abîmés dans les eaux du Horn, pas étonnant que certains navigateurs lui donnent aussi le nom de « cap Dur ».

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Les pages des écrivains de la Mer

La saute des bourrasques empêchait la mer de se former.

On découvre sur la crête de la falaise le phare pas très impressionnant avec sa petite chapelle, mais il est impossible d’aborder l’île avec les moyens du bord par ce temps.

Antoine pensait aux écrivains de sa jeunesse : Louis Lacroix, Armand Hayet, Georges Aubin, Ber-nard Frank, Francisco Coloane, Jack London, qui, dans son inoubliable roman « Les Mutinés de l’El-seneur » nomme le Cap Horn : le Bout du doigt du monde ; sans oublier Slocum, Vito Dumas, Bernard Moitessier, les premiers plaisanciers à avoir osé le cap. Et puis, il existe tous les auteurs qui n’ont pu s’y rendre comme Jules Verne.

En souvenir des valeureux cap-horniers, notre ca-pitaine retraité avait confectionné avec des fleurs en papier un petit bouquet tricolore, il le lança sous le vent. En quelques instants ce symbole avait rejoint les abymes maritimes ! René Moniot Beaumont

Il se trouvait face à ce fameux Cap si craint des marins. Oh! Combien de marins, combien de capi-taines… (Inutile d’aller plus loin, vous connaissez !), sont arrivés ici et sont restés de nombreuses se-maines, « vent d’bout », sans pouvoir doubler le pro-montoire et souvent ont fait demi-tour pour passer au large du cap de Bonne-Espérance et au sud de la Tasmanie pour rejoindre un port du Pacifique. Au nord-ouest, à environ 30 milles se trouve le Faux Cap Horn, aussi dangereux que le vrai. Il a été sou-vent confondu par les capitaines venant de l’ouest, les coques des navires naufragés écrasées sur la côte reste là comme ultime avertissement pour prévenir nos navigateurs du Vendée-Globe.

Le grand moment de sa vie était arrivé, il était à quelques encablures des rochers. Le vent soufflait. Nous sommes entre les cinquantièmes hurlants et les soixantièmes mugissants, par 56° de latitude Sud, pourtant c’est l’été austral. Il était impossible de se tenir debout sur le pont 4 sans se protéger derrière des apparaux du bord. La pluie tombait par inter-mittence.

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Épines Bruno Coulon Les productions du 24 décembre, 135p., 15 €

Ce roman noirmoutrin est à la fois un documentaire et une fi c-tion. En 1368 un navire anglais fait naufrage au large de Noirmou-tier, près de l’Epine.

On retrouve le corps du commandant qui s’était embarqué sur une péniche de sauvetage avec deux

qoVopBaptiste Berthelo, Manuel Lizé, William BonnamyLa Découvrance 2011, 307 p.

Ils étaient déjà au départ du dernier Vendée Globe ; comme Ulysse, ils voulaient aff ronter Poséi-don, et cela me les rendait fort sym-

pathiques. Nous, marins du commerce, restons tou-jours un peu perplexes devant de telles ambitions. Mais ce sont mes rêves d’autrefois, suivre les routes des Slocum, Gerbault et autres Bardiaux.

Je les ai oubliés, puis retrouvé à Montaigu. For-midable aventure, de la jeunesse, du rêve accompli, extraordinaire. Un tour du monde à la voile Vendée/Vendée, sur un vieux bateau de plaisance, avec des moyens fi nanciers plus que modestes, sans forma-tion, sans connaissance nautique, l’aventure au sens propre du terme. Discrètement, ils découvrent les océans, avec ses joies et ses frayeurs, et les peuples de la mer lors de leurs nombreuses escales.

Aller au-devant des autres, sans esprit de compé-tition, une des clefs de l’humanisme. Ils ont osé, j’en ai pris ma part de bonheur : des vrais marins.

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Il était une fois des marinsJean-Paul LégerMaurice GindreauLa Découvrance 2011 – 186 p.

Le monde change, une frac-tion de seconde et le monde est sur votre ordinateur. La marine de

pêche subit de plein fouet cette marche essouffl ante vers un avenir incertain. La mer, elle, ne change pas. Deux certains paquebots, au début du siècle dernier et aussi de ce siècle, en ont fait les frais : la vanité humaine ne passe pas sur l’océan.

J’aime me replonger dans les témoignages de tous ces pêcheurs vendéens dont certains ont appa-reillé vers le grand large de l’éternité. Ils ont vécu en hommes, avec les moyens créés par des civilisations millénaires, sans radio, sans sondeur, sans moteur... Le modernisme facilite le travail et la sécurité des marins, mais ces pêcheurs avaient développé et gar-dé l’intuition maritime nécessaire sur mer.

Cet ouvrage écrit par des gens de mer, un curé navigateur Maurice Gindreau et un collectionneur de mémoire Jean-Paul Léger, dit Roland Mornet dans sa préface, remet le Grand-Métier, comme l’appelle Jean Recher, dans notre patrimoine..

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Tempête sur l’AtlantiqueYannik ChauvinPascal Galodé, 359 p., 21,90 €

Après un détour par l’épo-pée normande de Guillaume le Conquérant, Yannik Chauvin poursuit son roman de la guerre des Gaules avec un quatrième

Livre. César, qui s’est rendu maître d’une grande partie de la Gaule, veut en parachever la maîtrise avec la conquête de l’Ouest. Il lui faut pour cela

vaincre les Vénètes, marins accomplis et maîtres du Golfe du Morbihan. S’il y parvient, la voie est libre pour atteindre l’objectif ultime, la Bretagne, qu’on ne dit pas encore Grande. La démarche d’Yannik Chauvin, c’est de rendre l’Histoire vivante, de l’in-carner dans des personnages bien sentis, dans des lieux bien décrits, dans des actions tourmentées. Il reste fi dèle à une rigoureuse chronologie qui juxta-pose les événements, les complots et les batailles.

Le renvoi en fi n d’ouvrage des notes historiques rend plus limpide la lecture de ce passionnant ro-man de toge et de glaive.

G. B.

coff res pleins de pièces d’or qui, eux, demeurent introuvables. Le douanier qui a découvert le com-mandant est accusé de vol. Depuis lors, à l’Épine, les habitants n’ont jamais cessé de raconter, toujours en secret, comment les événements se sont déroulés, quelle famille a profi té de l’aventure, laquelle a été victime. Tout le monde sait mais la vérité est tabou. Anna et Louis cherchent à comprendre pourquoi ils n’ont pas le droit de s’aimer.

Une histoire de marins. Une énigme. Intéressant malgré de nombreuses coquilles. L. G.

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Les pages des écrivains de la Mer

Ma vie de marinJean BonninLes Amis de l’Île de Noirmoutier, 208 p., 15 €

Jean Bonnin était de la race de ces grands marins qui n’ont vécu que pour la mer et par la mer et ont écrit les plus belles pages de

l’Histoire de notre marine. Cet intrépide capitaine originaire de l’Épine sur l’île de Noirmoutier avait prévu une dédicace : ...à ma famille et à mes amis. Il contient tous mes souvenirs de marin, depuis mon état de mousse jusqu’à celui de commandant du dernier navire sur lequel j’ai navigué…

L’histoire commence le 4 septembre 1912, au bureau de l’inscription maritime de Noirmoutier,

Jean Bonnin se présente afi n de prendre la mer pour la première fois. Il a 12 ans, il vient juste d’obtenir son certifi cat d’études !

Une aventure qui va durer plus de soixante an-nées, sur les mers et les océans du monde entier. Une vie palpitante entièrement vouée à la navigation et au commerce maritime, une découverte émerveillée de tous les continents. Il est un des derniers à avoir franchi le cap Horn sur les fi ers navires à voile de la marine marchande. À 73 ans, il eff ectue son dernier voyage, quatorze mois le long des côtes africaines.

Un témoignage rare de la vie sur les océans au début du siècle dernier, notamment sur les tech-niques et la terminologie de la navigation à voile à cette époque. Pour tous les passionnés de naviga-tion, les marins et le grand public, se lit comme un roman d’aventure.

Écrivains des Sables-d’Olonne Voyage au cœur de leur bibliothèque Claude GoumoënsÉditions de Beaupré , 357p.

Les Sablais la connaissent bien, l’ancien conservateur de leur bi-

bliothèque. Claude Goumoëns, telle une ethnolo-gue, fait un périple bibliographique dans le monde de l’écrit du Pays-des-Olonnes. De bibliothèque en bibliothèque, le jardin secret de nos auteurs.

Heureux comme un poisson dans l’eau, dit un pro-verbe, nos auteurs éprouvent une joie intense à vous montrer où ils passent une grande partie de leur vie. Ces rangées de livres sont aussi des instruments de

travail. Pline disait : Il n’y a pas de si mauvais livre où l’on ne puisse apprendre quelque chose, et Cocteau : un beau livre, c’est celui qui sème à foison les points d’in-terrogation.

Quelqu’un n’a-t-il pas comparé les livres à un jardin ? ici, ce n’est pas un jardin, mais un parc tout entier, les livres en sont la végétation et leurs cou-vertures évoquent les couleurs des essences rares ; au milieu de ces massifs livresques aucune statue, mais un homme ou une femme de lettres qui livre quelques secrets de ses recherches, pas totalement bien entendu !

Pour Julien Green, un livre est une fenêtre par laquelle on s’évade, Lisez l’ouvrage de notre biblio-thécaire et vous saurez comment nos écrivains s’ins-pirent pour écrire, et à coup sûr avec eux, vous vous évaderez du moment présent !

RMB

Garde-MarineÉric GautierPen-Gan, 555 p., 21,50 €

Les Gardes-marine sont les an-cêtres des élèves de l’École Navale. Peu de gens savent que Richelieu est le créateur en 1627 de cette formation et Colbert les organise

en compagnies d’élèves offi ciers en 1670. Éric Gautier nous plonge dans la Marine de

Louis XVI à la suite des aventures du jeune Laforest-Dombourg, promu par son rang de naissance à de-

venir Garde-Marine. On ne le dit pas assez souvent, mais l’âge d’or de la Marine a eu lieu sous le règne de Louis XVI. L’amiral d’Estaing, La Pérouse, etc. tous ces grands marins sont du XVIIIe siècle. Même Chateaubriand devait passer l’examen de garde-ma-rine, son allergie à la discipline l’a détourné de cette carrière.

Ce roman historique aux multiples péripéties va vous donner une profusion d’informations sur l’his-toire de notre Marine.

Descendant de marin, Éric Gautier ne serait-il pas garde-marine dans l’âme ?

RMB

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La perte du Titanic, le témoignage d’un rescapéLawrence BeesleyDurand-Peyrolles, 172 p., 1a €

Pour une fois, la revue aborde un auteur anglais qui vécut aux U.S.A. Le traducteur est notre ami Patrick Durand-Peyroles, lui-

même Américano-Vendéen, éditeur à Bourneau. Le Titanic a généré de nombreux ouvrages tra-

duits pour la plupart en français. Th e Loss of SS. Titanic, publié six semaines après la catastrophe par un rescapé de seconde classe récupéré par le navire à passagers Carpathia, était introuvable en français. Patrick Durand-Peyroles l’avait, il l’a traduit !

Les Mémoires de Long YangOlivier MerbauDurand-Peyrolles,140 p., 14 €Mention spéciale du prix Écume de Mer 2010

Un authentique homme de mer, convoyeur de nombreux yachts un peu partout dans le monde.

Parler de la Chine, s’inspirer d’un conte, décrire un temps proche de la fi n de l’Empire romain, Oli-

Atoll’ Andréa CarluccioElzévir, 289 p.,19 €

Pendant la guerre, un cargo a été coulé par les Japonais, non loin du petit atoll Uvéa Il avait à bord une statuette en or massif qui n’a pu être récupérée. Trois groupes de

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Titanic, l’épopée écriteRené Moniot BeaumontLa Découvrance, 118 p., 15 €

Voici tout juste un siècle, le 14 avril 1912, le « Titanic », géant des mers lancé deux semaines aupara-vant, sombrait après collision avec un iceberg géant, engloutissant

1 500 de ses passagers. Ce drame, le plus grand nau-frage de l’histoire maritime, allait défrayer la chro-nique pour un siècle par l’ampleur du nombre de victimes, la taille du navire et la brièveté de son existence.

Qui mieux que notre ami (et mon compatriote) René Moniot Beaumont, ancien offi cier de marine marchande et président fondateur de la Maison des écrivains de la mer, à Saint-Gilles Croix de Vie, pou-vait rassembler une anthologie de cette catastrophe, qui hante aujourd’hui encore la mémoire des foules et l’imagination des écrivains et des artistes ?

Les textes réunis dans cet ouvrage constituent une véritable croisière au fi l des pages de livres et de journaux, sous des plumes souvent illustres, comme celle de Josef Conrad, Edouard Peisson ou John Dickson Carr.

M. C.

Dans l’avant-propos, Lawrence Beesley suggère…pense… et il lui semble que… » Je ne suis pas d’accord avec ses analyses, mais lors des catastrophes, les non-spécialistes se font plus entendre que les hommes du métier. L’auteur a vécu ce naufrage, mais peut diffi cilement analyser toutes les facettes du drame comme les marins. Le 14 avril 1912, la malchance surtout était sur la route du Titanic.

L’importance de son témoignage réside dans ses réactions face au drame, Beesley nous fait part de ses sentiments, de son ressenti, de ses pensées lors de cette eff royable nuit. Les commissions d’enquête demandent des faits, mais les émotions devraient être prises en compte pour sentir la tragédie, l’au-teur et son traducteur l’ont fait.

RMB

vier Merbau est-il un émule de Marco-Polo ? Vous entrez dans l’intimité du fi ls du ciel, c’est-à-dire l’empereur de Chine ; un jeune paysan, Long Yang, le fi ls de la terre, devient l’ami du puissant jeune seigneur. Vous découvrez les philosophies chinoises, une véritable voie vers la sérénité. En passant par les délices de la Chine, ses guerres, ses intrigues… et les pirates qui vivent dans un fi ef qui était « cet en-trelacs indescriptible de bras de mer, cet imbroglio d’îles et de rochers, ce fouillis de cailloux calcaires, ce labyrinthe aquatique de la baie d’ha Long, à la limite du Guangxi. »

RMB

personnes vont plonger sur l’épave: Martin et Sté-fani, amis d’enfance qui se sont retrouvés sur l’atoll, plongent en sportifs, pour le plaisir; le professeur Kaplan et son assistante, la belle Ellina,recherchent la statue dans l’intérêt de la science; mais le redou-table Petzer et son homme de main sont prêts au pire pour s’approprier cet objet de grande valeur. L’imminence du danger n’empêche pas les jeux de l’amour.

L. G.

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LES AMIS

DE L’HISTORIAL

DE LA VENDÉE

LES ÉCRIVAINS

DE VENDÉELire en Vendée

a pour mission de faire connaître les œuvres littéraires vendéennes.

Merci de communiquer vos ouvrages à :Société des écrivains de Vendée, Bibliothèque pour tous

85280 La Ferrière

Lire en Vendée est une publication de la Société des Écrivains de Vendée

Mise en pages : J. R.Impression : Imprimerie Offset 5 Édition, La Mothe-Achard

Ce numéro est tiré à 6 000 exemplaires.Site Internet : www.ecrivains-vendee.fr Im

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« Entre une fi guration allusive et une abstraction matiériste, j’explore différentes techniques, j’emploie celles qui révèlent le plus subtilement, avec le plus de puissance, l’intensité des couleurs et les effets de matières. Je pars de ce que je vois, perçois, juste le temps de mémoriser des images pour ensuite les transformer, leur donner une autre dimension, entre transparence, matité et brillance.Le ressenti et la libre interprétation de l’œuvre restent une fenêtre ouverte sur l’imaginaire. »

Œuvre présentée :

Requiem pour une danse

HAN – Peintre-Plasticienne