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Revue de la Société des Écrivains de Vendée et de Vendée Historial, les Amis du musée Li re en Vendée Échos Musées 29 L’actualité liéraire de la Vendée, Les salons, les prix... Théâtre, cinéma... La vie de nos deux associaons et... ... Une escale esvale à Grasla, avec les NULS ! juillet 2015 ATTENTION Spécial Grasla

Lire en vendée 29 juillet2015

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Revue de la Société des Écrivains de Vendée

et de Vendée Historial, les Amis du musée

Lire en Vendée

Échos Musées n° 29

L’actualité littéraire de la Vendée,

Les salons, les prix...

Théâtre, cinéma...

La vie de nos deux associations

et...

... Une escale estivale à Grasla,

avec les NULS !

juillet 2015

50 ans de Peinture - Jubilé -

Retour sur les 20 dernières années

ATTENTION

Il n’y aura pas de prolongation à la durée de l’exposition qui se terminera le 3 Juillet.

Profitez donc des quelques jours qui vous restent pour venir voir ce que vous ne reverrez certainement plus jamais.

60 tableaux présentés dans une exposition unique et exceptionnelle.

Ne laissez pas passer cette occasion et le plaisir que j’ai de vous offrir cette exposition exclusive.

Et n’hésitez pas à communiquez ce message largement autour de vous !

Spécial Grasla

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Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 20152

Lire en Vendée pour découvrir et partager Paul Toublanc, un des sociétaires des Écrivains de Vendée, vient de publier en décembre dernier un livre intitulé «Pen-sées et arrière-pensées», qui sera présenté un peu plus loin dans cette édition. Page 250, il écrit : «La rage de lire est moins dan-gereuse que la rage d’écrire et les victimes de ces vices «impu-nis» ne souffrent pas des même maux». Le miracle, c’est quand ces «victimes» se partagent leurs maux pour un moment de plaisir qui magnifie à la fois l’acte d’écrire et celui de lire. Pour cela, autour des mots, doivent se tisser des liens étroits qui sauront transfigurer les maux en devenant comme des ponts entre les âmes. Lire en Vendée, dont voici le numéro 29, veut jouer son rôle dans cette alchimie de la rencontre entre un auteur et son lec-teur, et propose, à chaque parution, un chemin de découvertes, nous emmenant sur des terrains connus, le roman, le témoi-gnage ou l’histoire, ou vers des univers pour tel ou tel encore à défricher, poésie, nouvelles ou essais. Il témoigne à chaque fois de la vitalité de l’écriture et de la lecture dans notre beau

territoire, et apporte sa contribution à l’étude du paradoxe entre le moins lire et le plus publier. Car nous vivons des temps étranges qui, malgré davantage d’ouvrages publiés et davantage de moyens mis à la disposition de la diffusion des livres, ceux des nouvelles technologies par exemple, les auteurs ont davan-tage de mal à rejoindre leur public pour cette communauté d’âmes nécessaire qui donne vie à la littérature. Le partenariat avec Vendée Historial, avec Le Centre de Ven-déens de Recherches Historiques et avec La Maison des Écrivains de la Mer donne aux Écrivains de Vendée la fierté de pouvoir mettre à disposition un magazine de qualité au service de la littérature et de la culture vendéenne, et qui de plus est offert gratuitement à tous, permettant à chacun un accès facile à tout un pan de la culture. Et puis, dites-le autour de vous, si le numéro de Lire en Vendée est par hasard inaccessible dans sa version papier, il faut rejoindre le site de l’association à l’adresse suivante : www.ecri-vains-vendee.fr et sous l’onglet Lire en Vendée, il est possible de retrouver tous les anciens numéros du magazine. Ils forment un panorama édifiant de la vitalité du livre dans notre beau département.

Alain Perrocheau

Sommaire 3 Hommages 9 Salons 15 Prix Charette 15 Prix Ouest 20 Cinéma 24 Théâtre 25 Assemblée générale 26 le père Philibert 31 Vendée Historial 32 petit historique 38 Les expositions 44 Nos sélections 64 Le coin du Centre Vendéen de Recherches Historiques 68 Les pages des Écrivains de la Mer

Revue de la Société des Écrivains de Vendée

et de Vendée Historial, les Amis du musée

Lire en Vendée

Échos Musées n° 29

L’actualité litt éraire de la Vendée,

Les salons, les prix...

Théâtre, cinéma...

La vie de nos deux associati ons

et...

...Une escale esti vale à Grasla,

avec les NULS !

juillet 2015

50 ans de Peinture - Jubilé -

Retour sur les 20 dernières années

ATTENTION

Il n’y aura pas de prolongation à la durée de l’exposition qui se terminera le 3 Juillet.

Profitez donc des quelques jours qui vous restent pour venir voir ce que vous ne reverrez certainement plus jamais.

60 tableaux présentés dans une exposition unique et exceptionnelle.

Ne laissez pas passer cette occasion et le plaisir que j’ai de vous offrir cette exposition exclusive.

Et n’hésitez pas à communiquez ce message largement autour de vous !

Spécial Grasla

Lire en Vendée pour découvrir et partager Paul Toublanc, un des sociétaires des Écrivains de Vendée, vient de

publier en décembre dernier un livre intitulé « Pen-sées et arrière-pensées », qui sera présenté un peu plus loin dans cette édition. Page 250, il écrit : « La rage de lire est moins dangereuse que la rage d’écrire et les victimes de ces vices « impunis » ne souffrent pas des même maux». Le miracle, c’est quand ces «victimes» se partagent leurs maux pour un moment de plaisir qui magnifie à la fois l’acte d’écrire et celui de lire. Pour cela, autour des mots, doivent se tisser des liens étroits qui sauront transfigurer les maux en devenant comme des ponts entre les âmes. Lire en Vendée, dont voici le numéro 29, veut jouer son rôle dans cette alchimie de la rencontre entre un auteur et son lecteur, et propose, à chaque parution, un chemin de découvertes, nous emme-nant sur des terrains connus, le roman, le témoi-gnage ou l’histoire, ou vers des univers pour tel ou tel encore à défricher, poésie, nouvelles ou essais. Il témoigne à chaque fois de la vitalité de l’écriture et de la lecture dans notre beau territoire, et apporte sa contribution à l’étude du paradoxe entre le moins lire et le plus publier. Car nous vivons des temps étranges qui, malgré davantage d’ouvrages publiés et davantage de moyens mis à la disposition de la diffusion des livres, ceux des nouvelles technologies par exemple, les auteurs ont davantage de mal à re-joindre leur public pour cette communauté d’âmes nécessaire qui donne vie à la littérature. Le partenariat avec Vendée Historial, avec Le Centre de Vendéens de Recherches Historiques et avec La Mai-son des Écrivains de la Mer donne aux Écrivains de Vendée la fierté de pouvoir mettre à disposition un magazine de qualité au service de la littérature et de la culture vendéenne, et qui de plus est offert gratui-tement à tous, permettant à chacun un accès facile à tout un pan de la culture. Et puis, dites-le autour de vous, si le numéro de Lire en Vendée est par hasard inaccessible dans sa ver-sion papier, il faut rejoindre le site de l’association à l’adresse suivante : www.ecrivains-vendee.fr et sous l’onglet Lire en Vendée, il est possible de retrouver tous les anciens numéros du magazine. Ils forment un panorama édifiant de la vitalité du livre dans notre beau département.

Alain Perrocheau

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Marcel Guintard (1936-2015),L’honneur du communiste vendéen

« Le communiste qui lisait la bible » a titré le jour-naliste Jean-Marcel Boudard, dans l’édition Ouest-France du 29 mai. Marcel Guintard, qui était né à Mouchamps d’un père protestant ouvrier agricole et d’une mère catholique trop vite disparue, avait su façonner sa personnalité dans un département riche de ses contradictions. Directeur de la Jeunesse agricole de France durant les années soixante, ancien secrétaire de la Fédération du Parti communiste de Vendée, il permit l’union des PSU et des com-munistes, insufflant la victoire des socialistes et de Jacques Auxiette à la mairie de La Roche-sur-Yon en 1977. Jacques Auxiette dont il sera un fidèle adjoint jusqu’en 1995, tout en quittant le PCF en 1986, car le Mouchampo-Yonnais voulait inventer un « com-munisme à la Vendéenne ». Marcel Guintard lisait d’ailleurs tout autant la Bible que L’Humanité et fut un des rares hommes de gauche qui revendiquait sa filiation aux Vendéens de 1793, quasiment le seul qui estimait que la République s’était déshonorée en Vendée.

Marcel Guintard aura aussi été l’auteur de plu-sieurs ouvrages dont Aux sources de l’engagement (CVRH), mais aussi Les choses en face, publié chez Geste Éditions en 1997. Ce dernier avait connu un beau succès littéraire. Au conservatoire, place Napo-léon, il avait animé une conférence suite à sa sortie, devant une salle archi-pleine. Un livre réjouissant sur son parcours de vie, bourré d’anecdotes, dont celle sur le film «Les enracinés», tourné à Mouchamps et dans lequel il jouait. Ce reportage long-métrage

Jacques Auxiette devient, en 1977, maire de La Roche-sur-Yon. On reconnaît à ses côtés le jeune Jean Burneleau et Marcel Guintard

fut entièrement tourné sur la commune de Mou-champs en 1980, sorti en 1981, mis en scène par André Harris et Alain de Sedouy, avec aussi Marie-Louise Buffet (ancienne domestique des Chabot), et d’autres habitants de Mouchamps, René You, Mi-chel Blanchard, André Gaboriau, Bruno Guerton...

Marcel l’enraciné

Dans son livre, Marcel Guintard, qui aura por-té l’honneur du communisme en Vendée, donne en quelques pages un précieux témoignage sur ces « deux cinéastes et grands reporters qui avaient dé-cidé de faire un film de caractère ethnologique sur ma commune natale, qu’ils considéraient un peu comme un microcosme. Pour eux, à cette époque, le monde paysan ancestral touchait à sa fin. Ils sou-haitaient placer leurs interlocuteurs en face d’eux-mêmes pour mesurer le niveau de perception de ce nouvel état des choses qui bouleversait complète-ment la vie rurale ».

Marcel Guintard poursuit en qualifiant Les en-racinés de « film étonnant qui a donné lieu à des dé-bats publics et universitaires. Avec le chanoine Louis Guéry, personnage central du film, j’ai participé à plusieurs de ces débats, notamment à La Roche-sur-Yon et à Nantes, et les mérites d’Harris et Sé-douy sont grands d’avoir senti très tôt la mutation actuelle. Cela m’a aussi aidé à mieux connaître ma commune natale Mouchamps, lieu de tant de luttes pour la terre, les réformes, le mieux-être et le progrès depuis le début des temps historiques ».

Après ses obsèques à La Roche-sur-Yon, ses cendres ont été dispersées dans le cimetière de Mou-champs. Il avait 79 ans.

Philippe Gilbert

Hommages

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« Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre... »

Je me souviens de Marcel Guintard chantonnant le poème d’Aragon sur la musique de Ferrat, alors que nous faisions le tour de sa maison de Vaisne, à Mouchamps. Marie-Claude, sa femme venait nous rejoindre. Il arborait ce large sourire dont il n’était pas avare. Il aimait chanter, Marcel. Son fils nous a dit qu’il ne se faisait pas prier pour pousser la chan-sonnette aux réunions de famille. Lorsqu’il lançait « Mexico, Mexi-i-co ! » tout le monde était impres-sionné...

Ma première rencontre avec Marcel Guintard re-monte aux années 80. Je venais de publier « Retour à Malvoisine ». Il voulait m’inviter à signer mon ro-man à la grande fête du Parti Communiste à Sion, pendant l’été. Je n’étais pas de ceux qui rêvaient du paradis rouge. Je suis allé à reculons au déjeuner auquel il m’invitait à l’auberge de Noiron. J’ai tout de suite été impressionné et séduit par la solidité et la chaleur humaine de ses rapports avec les gens. Il m’avait lu avec attention. Il était un défenseur ar-dent de la culture populaire. C’était l’époque où les

bulldozers des remembrements y allaient de bon cœur dans l’abattage des arbres et des haies. Il n’était pas contre le progrès, bien sûr. Mais il enrageait. Je suis allé trois fois, je crois, à la « Fête de la paix et des libertés » à Sion. Il m’attendait. Il m’accueillait. Il voulait que les livres soient aux meilleures places de la fête.

Nous nous sommes perdus de vue ensuite. Mais quand j’ai voulu écrire « La Flèche rouge », le ro-man du voyage d’un groupe des Jeunesses commu-nistes vers l’URSS en 1937, j’ai tout de suite pensé à Marcel. C’est là que je suis allé le retrouver à Vaisne avec Marie-Claude. Leur porte était grande ou-verte. J’avais besoin d’être initié à la complexité, aux mentalités et aux utopies du Parti. Ils ont répondu à toutes mes questions. Je ne leur cachais pas que mon projet était de dessiller les yeux de ces jeunes qui partaient en voyage d’études dans la Russie stali-nienne. 1937 est l’année des grandes purges à Mos-cou. Nous avons parlé longtemps autour de la solide table de Vaisne. Marcel Guintard était un homme de conviction, on le sait. Mais il n’était pas sectaire. Il n’était pas victime de cette maladie trop fréquente chez les hommes d’engagement. Il était au contraire avide de rencontres et de découvertes. Je n’aurais pas écrit « La Flèche rouge » si je ne l’avais pas rencontré.

Nous avons continué à nous adresser, de temps en temps, de petits signes d’amitié. Un jour je rece-vais une carte postale d’un pub irlandais, le « Molly Malone ». Un autre, nous étions ensemble à la bi-bliothèque de Mouchamps... Et puis il y a eu la pu-blication de « Itinéraire d’un communiste vendéen ». Quel livre ! Quelle audace ! Quel esprit libre ! Je sais que Marcel était plutôt fier de cet ouvrage qu’il a écrit avec ce titre en tête : « De l’utopie à l’espé-rance ». Il y joue un bon tour à ceux qui voulaient l’enfermer dans une case. Et puis au milieu des pages qui racontent les comment et les pourquoi de son parcours, sans rien épargner, sans oubli (il avait une mémoire d’éléphant), il y a ces portraits, Marie, Cé-lie, Mélanie, Maurice, Louis... C’est de ces gens-là qu’il se réclame. Il est de cette famille. Ces pages sont de petits bijoux de réalisme populaire.

Marcel Guintard est resté jusqu’au bout fidèle à son héritage familial. Son sourire généreux continue d’habiter la maison de son ancêtre insurgé de 93, à Vaisne, sa maison. Et il n’a pas fini de nous dire des choses graves sur les hommes et le vrai goût de la vie, d’un faux air bourru, mais aussi espiègle, comme son grand-père Alexandre...

Yves Viollier

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La terre, la ville et le monde

Marcel Guintard, d’abord valet de ferme, fut tour à tour ou en même temps, adjoint à l’urba-nisme à la Roche-sur-Yon, collaborateur du journal agricole du PCF « La Terre », président du concours de l’élevage charolais de La Roche-sur-Yon. Un rural dans toutes ses fibres, un élu qui sut faciliter l’os-mose entre la ville et son espace rural. Il raconte tout cela dans son livre « Aux sources de l’engagement » (CVRH, 2006).

La race charolaise lui tenait à coeur. Il était né dans son second berceau, avait rencontré l’amour de sa vie en Allier, premier berceau de la race blanche. Il partageait les jours et les nuits des éleveurs lors de son cher concours de La Roche-sur-Yon. Cet enra-ciné était aussi un amoureux du monde. Sans doute parce qu’il avait étouffé pendant la guerre froide. Je le revois au Québec, avec les spécialistes mondiaux de la génétique animale, en Espagne avec les éleveurs propriétaires d’immenses haciendas. À l’aise partout et avec tout le monde, en accord avec cet idéal de fraternité que je retiens d’abord chez lui. Marcel, un vrai Vendéen de souche, épris de l’universel.

Gilles Bély

Hommages

Michel Albert (1930-2015) avait foi en son siècle

Une grande figure du monde économique et so-cial, un Vendéen attaché à son pays natal, nous a quittés. Michel Albert est décédé le 19 mars à Paris, à l’âge de 85 ans. Il était né à Fontenay-le-Comte en 1930. Fils d’un domestique agricole chassé de la ferme par la crise, il fera de brillantes études, point de départ d’une carrière très diversifiée mais animée par les mêmes convictions fortes. En un mot, la foi.

Foi chrétienne, foi dans l’homme, foi dans l’Eu-rope. Michel Albert sera tour à tour Commissaire

général au Plan, Pdg des Assurances générales de France (AGF), puis secrétaire perpétuel de l’Acadé-mie des sciences morales et politiques, de 2005 à 2010. Il avait la passion de l’économie, la volonté de la réformer, le don de l’expliquer, comme il le fit avec Yves Montand dans l’émission de télévision «Vive la crise».

Son œuvre littéraire s’inscrit naturellement dans ce registre économique et moral. Son livre «Capi-talisme contre capitalisme», paru en 1991, a gardé toute son acuité. Il dénonce le capitalisme ultralibé-ral, fondé sur l’individualisme, de Reagan et That-cher. Et leur oppose le capitalisme rhénan, celui de l’Allemagne fédérale d’après-guerre, celui de la cogestion et du dialogue social, des entreprises fa-miliales financées par l’épargne, l’équilibre budgé-taire et la stabilité monétaire. C’est ce système qu’il préconise pour la France et pour l’Europe de l’Est, libérée du joug soviétique.

En 2002, Michel Albert publie, avec Michel Camdessus, ancien patron du FMI, et l’éditoria-liste Jean Boissonnat, un ouvrage qui aura un grand retentissement, «Notre foi dans ce siècle». Ils y dé-noncent notamment l’instrumentalisation du fait religieux, le poison du chauvinisme et du barrica-dement national. Une analyse prémonitoire de ce qui se passe aujourd’hui. Ils espèrent aussi que la mondialisation «amorale», héritée du XXe siècle, se moralisera au XXIe. « Telle est, du moins, notre foi dans ce siècle », écrivent-ils.

Michel Albert n’avait pas oublié la Vendée. Il y est revenu plusieurs fois pour donner des confé-rences très suivies. Et il abordait souvent son interlo-cuteur par cette question : « D‘avour que t’é? »

Gilles Bély

Alphonse Gauvrit (1919-2015), l’autodidacte de Beauvoir-sur-Mer

Alphonse Gauvrit nous a quittés à l’âge de 95 ans et repose désormais dans le cimetière de Beau-voir-sur-Mer. À sa sépulture, les témoignages n’ont pas manqué pour évoquer ce fils de charron. Car Alphonse est si intelligent qu’il décrochera son cer-

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tificat d’études à l’âge de 12 ans, en étant le premier du canton ! Son père, laconique, trouva ce résultat « normal » et ne changea en rien sa décision : « tu seras charron ! »

Alphonse sera électricien, étudiant en cachette la nouvelle fée qui envahit le monde moderne. Nous sommes entre les deux guerres. Il s’unit à Simone Pinscloux. Une descendante des pionniers de l’île de la Crosnière. C’est pourquoi il écrira plus tard Les Pinscloux (1746 à 1856) ou plus d’un siècle de vie ma-raîchine, publié en 1989 chez Henri-Pinson. Tous les livres qu’il sortira (une demi-douzaine) seront d’ailleurs publiés par cette maison d’édition installée aux Sables-d’Olonne.

Car on doit aussi au Belvérin des Potins maraî-chins (1991), des textes assez courts en patois, avec traduction. Un patois qui tient compte des diffé-rences entre Beauvoir, Bouin, Saint-Gervais, Saint-Urbain et La Barre-de-Monts. Savoureux !

« C’était un homme vraiment très sociable, qui avait de la connaissance et qui savait de quoi il par-lait », témoigne André Chauvet, vice-président des Amis de la Crosnière. Alphonse Gauvrit était effecti-vement un touche-à-tout, doué de la plume, doué de ses mains. On doit d’ailleurs à l’Alphonse une maquette de l’église de Beauvoir avec des allumettes. Et il s’était essayé à la mosaïque à l’âge de 75 ans. Mais sans jamais cesser d’écrire, notamment la bio-graphie de son grand-père Charles-Aimé Gauvrit (1849-1937) ou 88 ans de vie locale, ou encore (et surtout !) Avoir 20 ans en 1939 (1987), autobiogra-phie de grand intérêt, où l’Alphonse racontait la « Drôle de guerre », où il fut grièvement blessé, pas-sant très près de la mort.

PhilG.

Cette photo est une carte postale de la fin des années soixante, éditée par Raymond Gauvrit éditait, parfois en se mettant en scène (3e en partant de la gauche). Étienne Véronneau tient le parapluie

Raymond Gauvrit (1920-2014), enchanteur du Marais Breton

À l’âge de 94 ans, Raymond Gauvrit est parti durant l’hiver, en fin d’année. Discrètement, ce qui lui ressemblait. Il aura beaucoup apporté à Saint-Gervais et au pays maraîchin. Sa dernière appari-tion publique datait de 2013, lorsqu’à Challans et en pays maraîchin, un hommage avait été rendu à Étienne Véronneau, le « Brassens des Maraîchins ».

Raymond le Gervinois avait beaucoup fréquenté cet autre Gervinois. Il avait toujours défendu son oeuvre et sa mémoire depuis sa disparition en 1986.

De métier, Raymond Gauvrit fut épicier, dans la rue principale, près de l’église. Et l’été, il ouvrait une deuxième épicerie, place du Marché couvert,

à Saint-Jean-de-Monts. Une grande boutique où il vendait tous les produits vendéens traditionnels ali-mentaires et tous les produits touristiques locaux, sans oublier des maraîchines en poupées, mais aussi des cartes postales qu’il éditait lui-même.

Le commerce est un métier prenant, mais l’ami Gauvrit était infatigable et il créa sa propre troupe folklorique, Cousins et cousines, dans les années quatre-vingts. Et il fut l’organiste de l’église de Saint-Gervais durant cinquante ans. Il avait commencé en 1952. Sur l’orgue, il créera d’ailleurs des partitions, tout comme il créera des mélodies et des chansons, des chants religieux aussi. Et « Ho mon village » fut un poème musical qui marqua la mémoire de sa commune. Et qui fut édité. La référence littéraire de Raymond. En 2006, ce livre d’une trentaine de pages, écrit à la main fit aussi l’objet d’un CD. Le livre épuisé fut réédité.

Enfin, il ne fallait pas le pousser beaucoup, même approchant les 90 ans, pour qu’il vous fasse visiter la chapelle de Bordevert, chapelle monolithique per-due dans un marais sauvage sur la route de Bouin. À l’intérieur de cette église monolithique, un grand cahier retranscrit son histoire, écrite à la plume par Raymond Gauvrit, que l’on feuillette comme une bible ancienne.

Oui, Raymont Gauvrit était aussi un écrivain ! À signaler qu’Ethnodoc a su préserver sa mémoire orale avant que l’homme ne s’éteigne. Jean-Pierre Bertrand lui avait consacré deux articles parus dans Répertoire musical joué en Vendée, ouvrage réservé aux élèves de l’école départementale de musique tra-ditionnelle en Vendée.

PhilG.

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7Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

Hommages

Clod’Aria et Jean Rivière autre grand poète du sud-Vendée (Mouzeuil), cliché pris au Lavoir des Herbiers en Juin 1993 (Collection Régine Albert) Clod’Aria en 2003, près de son arbre « Le Tilleul », son

dernier recueil

Clod’Aria (1916-2015), l’instit’ à la poésie percutante

Clod’Aria, poète et écrivain s’est éteinte une nuit du mois de mai 2015, dans le village de l’Or-brie, en Sud-Vendée. Elle avait 99 ans.

Née à Paris en 1916, élevée en Vendée par sa famille paternelle, Suzanne Humbert-Droz alias Clod’Aria y resta et exerça le métier d’institutrice pendant vingt-cinq ans. La jeune femme se pas-sionne pour la peinture et la littérature. En avance sur son temps, qui imposait rigueur et austérité aux membres du corps enseignant, la voilà qui, en 1939 parcourt le Bocage vendéen à moto et en pantalon et grimpe les cols des Pyrénées à vélo. Elle publiera, en 2001, un témoignage de cette période sous le titre Une Instit pas ordinaire. Car si elle écrivit très tôt, elle ne publia qu’une fois retraitée de l’ensei-gnement. Une trentaine de recueils de poésie figu-rent parmi ses oeuvres, Haïkus, Mon chat, son chien et le cochon du voisin et quelques ouvrages en prose comme La Dormeuse de Chaix.

Clod’Aria définissait elle-même sa poésie comme « volontairement simple, claire, dépouillée et per-cutante tentant de recréer les émotions de l’auteur. » Son style, d’une grande concision est particulière-ment efficace dans ses ouvrages poétiques où elle propose un regard lucide et ironique sur la vie et sur les humains. « Simplicité, générosité et intelli-gence du cœur étaient ses principaux traits de carac-tère », commentait Françoise Couton, amie proche de Clod’Aria, dans Ouest-France du 15 mai dernier. « Elle avait des formules très imagées comme ni col-lier, ni cravate à l’amour, ça l’étrangle ». En 2011, la bibliothèque de L’Orbrie, ouverte depuis dix ans, prit le nom de la poétesse qui dévoila elle-même la

plaque qui porte son nom. Soc et Foc ainsi qu’Écho Optique et Le Dé Bleu ont publié de nombreux re-cueils de cette poète qui est également présente dans des anthologies nationales.

Hubert Pacteau (1943-2014), l’artiste imprévisible

C’est une figure du nord-ouest vendéen qui nous a quittés durant l’été 2014. Le peintre Hubert Pac-teau, 71 ans, n’était certes pas un écrivain comme l’est son père, mais « the artist », tout le définissait ainsi.

Mais celui qui fut aussi président de la Foire des Minées à Challans vivait sa vie plus que son art. Le comité organisateur de cette Foire-expo des Minées a présenté un hommage à Hubert Pacteau dans la salle Roux. Le temps de la foire en septembre 2014. La foire qui était une métaphore de sa vie.

N’empêche, ce bon vivant fort en gueule, pre-nait quand même le temps de produire, d’exprimer

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8 Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

Octave Fort (1922-2015), Prix des écrivains de Vendée 1992

Octave Fort est né près de Saint-Jean-d’Angély le 4 juin 1922. Ses parents, paysans vendéens, ont émigré en Charente-Maritime après la guerre de 14-18. De retour à Avrillé en 1931, il part pour l’Al-

lemagne de 1943 à 1945 requis par le service du travail obligatoire (STO), dont il tirera un ouvrage : Tu es encore davantage mon fils.

En 1949, il se consacre à l’enseignement, en Afrique du Nord, puis à Luçon à l’Institution Notre-Dame. En 1958, il se tourne vers le monde de l’as-surance où il gravit tous les échelons jusqu’à devenir inspecteur général. Il prend sa retraite en 1982 et effectue un mandat de maire d’Avrillé de 1983 à 1989. « Son caractère était droit et entier. C’était un honnête homme au sens où l’employait La Bruyère au XVIIe siècle », a dit de lui l’ancien président des Écrivains de Vendée Michel Dillange.

Très attaché à sa commune et à l’histoire, il écrit de nombreux ouvrages sur l’histoire d’Avrillé, dont Saint-Domnin, d’Avrillé au Puy-en-Velay, qui lui va-lut le Prix des écrivains de Vendée en 1992. Son livre sur un personnage longtemps considéré comme my-thique, a peut-être influencé le Vatican à le mainte-nir parmi les saints élus.

Il écrivait ensuite un ouvrage sur la fontaine Saint-Gré et les mégalithes d’Avrillé. Soucieux du patrimoine, il achète le terrain où se situe la fontaine Saint-Gré pour l’offrir à la commune en 2004.

Il écrivait aussi plusieurs ouvrages sur de Lattre et Clemenceau, dont Clemenceau, cet inconnu, en 2004. Il fut d’ailleurs un très actif vice-président de l’association du Souvenir de Clemenceau. Octave Fort est décédé, en novembre 2014, à l’âge de 93 ans.

Companeez Nina (1937-2014) a tourné son dernier film à Grasla

Elle nous a quittés en décembre 2014, à l’âge de 77 ans. Son dernier tournage et ses derniers élans ont été pour la Vendée, la forêt de Grasla tout parti-culièrement, avec Le général du roy, téléfilm diffusé en janvier 2014 sur la 3, avec une avant-première devant 800 personnes au Vendéspace.

son talent. Car Pacteau en était pétri et il n’avait pas fait que l’affiche des Minées, qui traduisait son coup de crayon sûr. À cette expo, il y avait notamment à voir ce tableau méconnu, où il s’autoportraitise dans la position d’Adam devant son chevalet et sa feuille d’impôt, après un redressement fiscal qui l’avait mis à nu financièrement. Un autre tableau était la suite de ses déboires. Toujours autoportraitisé, il pêche sur l’estran, de l’eau jusqu’aux genoux. Titre : « La mer de… »

Son monde pictural était figuratif. Mais cet ad-mirateur de Dali et de Dubuffet était aussi un peintre naturiste, avec une touche impressionniste, admi-rateur de ses contemporains. Hubert Pacteau était aussi sculpteur. On lui doit le coq en bronze posé, au début de ce siècle, sur la stèle du monument aux morts de Challans, face à l’ancienne mairie. Il avait reproduit au plus près celle qui avait disparu durant l’Occupation, fondu par les occupants nazis.

Des émouvants témoignages lui furent donnés au vernissage de cette exposition, en présence de son père Armand Pacteau, 94 ans, auteur de trois ou-vrages. « des hommes comme lui dans une ville, il en manque. On a passé des bons moments ensemble, quelques-uns d’épiques », devait pour sa part décla-rer le maire de Challans Serge Rondeau. Le séna-teur patron du Département Bruno Retailleau de-vait aussi saluer l’artiste : « une rencontre avec cet homme à forte personnalité suffisait à vous rendre le sourire ».

PhilG.

Hommages

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Salon de GraslaNina Companeez fut cette metteur en scène

à qui l’on doit le merveilleux Faustine ou le bel été (1972, avec les débuts d’Isabelle Adjani), le moins réussi La bonne et joyeuse aventure de Colinot trousse-chemise (1974, le dernier film où apparaît Bri-gitte Bardot), mais aussi, pour la télé, des fresques comme Les dames de la côte (1979), feuilleton qui est son premier grand succès public ; et le parfai-tement réussi À la recherche du temps perdu (2011), son avant-dernier tournage.

Mais Nina Companeez avait depuis longtemps l’idée d’adapter Le général du Roy, de Daphné du Maurier, qui se déroule en Angleterre pendant la guerre civile qui a opposé la royauté de Charles 1er et la République de Cromwell. « Je me suis toujours dit que si j’adaptais ce roman, l’histoire ne pouvait se passer ailleurs qu’en Vendée », déclarait-t-elle en juin 2012 en se rendant aux Brouzils, dans le refuge de Grasla.

Elle y cherchait l’inspiration pour l’écriture des scènes se passant dans cette forêt. « J’aime al-ler contre les idées reçues, écorner la géographie révolutionnaire qui a sa part de lumière mais aussi d’ombre. Pourtant après La recherche…, je n’ima-ginais pas ce que je pouvais faire, je considérais ce film comme l’apogée de ma vie », déclare-t-elle en-core dans Ouest-France (avril 2013). Et puis ce livre, L’allée du Roy, qu’elle a lu et relu depuis l’âge de 18 ans, narrant une histoire d’amour atypique dans un contexte de guerre et de tourments « me renvoie à mon histoire personnelle ».

La petite fille juive russe est allée au Mémorial des Lucs, durant son long séjour vendéen, où elle été accueillie par le premier élu de ce pays de Grasla Wilfried Montassier : « ma mère admirait Soljenit-syne. Ce qui me rapproche un peu plus de la Ven-dée. Le roman aborde la guerre civile en Angleterre. La Guerre de Vendée reprend les mêmes opposi-tions, avec une corrélation religieuse plus forte, ce qui me plaisait. Cette guerre est une ombre sur la Révolution française ».

Les rôles principaux étaient tenus par Louise Monot, Samuel Le Bihan et Sarah Biasini (fille de Romy Schneider). Parmi les figurants, on comptait de nombreux bénévoles de l’association du Refuge de Grasla. Aussi, son président Wilfried Montassier lui rendra un hommage lors du salon littéraire sa-medi 18 et dimanche 19 juillet.

PhilG.

3 questions à…Wilfried Montassier,Conseiller départementalmaire de La Rabatelière, président de Grasla

-C’est un salon pour les nuls, cette année au refuge de grasla ?

-(Rires)… Encore que Nul n’est que le nom que l’on donne à une vulgarisation de grande qualité. Ce qui est plutôt une idée sympa qui signifie qu’autour de tout ça, soyons un peu moins nul que d’habitude ! D’où cette délégation de 4 auteurs, de la Bretagne pour les Nuls, Corse, Vendée et Bourgogne, tou-jours pour les Nuls. Et nous recevrons le créateur Jean-Joseph Julaud, qui fait vraiment un tabac ac-tuellement. On l’a vu sur beaucoup de médias ces dernières semaines. De plus, il nous a concocté une dictée de Grasla pour les Nuls ! Et sa venue va être un très bon prétexte pour une conférence aux re-gards croisés sur les identités régionales.

-Grasla, son refuge, ses animations, son salon… vous atteignez le rythme de croisière ?

-Je me méfie un peu de cette expression. Ça voudrait dire qu’on ronronne ? Bon, d’une manière générale, l’accueil du refuge dans la forêt des Brou-zils est arrivé à maturité, avec le spectacle, le musée, les ateliers…. C’est un rendez-vous attendu, ça c’est sûr ! Quant au salon littéraire, il est un hymne à la littérature et aux auteurs du terroir. Ce n’est pas un hasard puisque nous sommes en pleine forêt et que nous recevons les auteurs en plein air. Il est ouvert aux Vendéens mais aussi à nos estivants. Sans vou-loir caricaturer, je dresse ce parallèle paradoxal avec le Printemps du livre : à Montaigu, ce sont de grands plumes parisiennes pour un public régional durant la saison du printemps. À Grasla, ce sont des plumes régionales pour un public de vacanciers durant l’été.

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Noëlle Joffard et Gérard Cherbonnier, les créateurs du Petit Pavé, sont des fidèles de Grasla. Cette Maison installée sur les bords de Loire près de Brissac Quincé, a fêté ses 20 ans le 20 juin dernier !

-La réalisatrice Nina Companeez ne vous manque pas ?

Oh si, elle nous manque ! Mais là où elle est, elle est en permanence avec nous. Elle nous hante de son regard bienveillant. La scène de Grasla, qui est au cœur du site portera son nom, je vais l’annoncer à l’inauguration. Avec tous les bénévoles, nous avons passé tellement de temps avec elle lors du tournage de son dernier film Le général du Roy, qui est un très beau long-métrage, un divertissement de qualité en adaptant un ouvrage de Daphné du Maurier à la Guerre civile de Vendée. C’est une fiction qui re-joint la réalité. À Grasla, où se cachèrent tant de Vendéens en 1794, nul ne dira le contraire !

Recueilli par Philippe Gilbert

Le palmarès des lauréats du Prix Charette

2007 : Pierre BORDAGE, « L’enjomineur »2008 : Serge FAUCHEREAU, « Les petits âges »2009 : Pierre PEAN, « Une blessure française »2010 : Roger ALBERT et Gilles BELY, « Fiers d’être paysans, la JAC en Vendée »2011 : Guillemette de SAIRIGNE, « La Circas-sienne » 2012 : Christiane ASTOUL, « Louis Chaigne : un humanisme de Vendée »2013 : Yves VIOLLIER, « Même les pierres ont ré-sisté »2014 : Claude MERCIER, « Clemenceau…tout simplement »

Le Refuge du Livre

Les 18 et 19 juillet prochain, au cœur de l’été, au cœur du bocage ven-déen, au cœur de la forêt domaniale de Grasla, au cœur du Refuge de Grasla, va battre le cœur de la création litté-raire vendéenne !

Avec des milliers et des milliers de visiteurs ac-cueillis depuis sa création, Le Salon du Livre Ven-déen (ou le Refuge du Livre), abrite tous les livres qui, par leur auteur, par leur sujet et/ou par leur éditeur, ont un lien avec la Vendée. Romans, poésie, essais, livres d’art, d’histoire, de géographie, bandes dessinées, livres jeunesse… : le Refuge du Livre est le Salon vendéen généraliste. Et son programme, cette année, donne le tournis. Il y en aura pour tous les goûts.

Jean-Joseph Julaud et les Nuls, invités d’honneur

Après l’école de Brive et Claude Michelet en 2013, c’est autour de Michel Chamard et de sa « Vendée pour les Nuls », que se greffent les invités d’honneur, notamment Jean-Joseph Julaud, le plus « nul » d’entre nous tous, qui invite le public à un tour de France des régions grâce à la présence d’au-teurs de la désormais célèbre et brillante collection « Pour les Nuls ».

Jean-Joseph Julaud, directeur de la collection « Régions de France pour les Nuls », président d’hon-neur du Refuge du Livre, est un voisin, né en Loire-Atlantique. C’est aussi un auteur prolifique et un ancien professeur auquel nous devons « La Poésie française pour les Nuls », « Le Français correct pour les Nuls », « La littérature française pour les Nuls » et, bien sûr, « L’Histoire de France pour les Nuls ».

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L’ambiance à Grasla. Littérature en toute sérénité

Parmi les auteurs, ils sont 80 et nous ne les ci-terons pas tous, mais outre les invités d’honneur, le public pourra rencontrer : Régine Albert, Ismaël Ben-Mesbah, Jean-Paul Bourcereau, Jacques Braud, Joël Couteau, Michel Dillange, Dominique Du-rand, Alain Gérard, Louis Gouraud, Marcel Gre-let, Jean-François Henry, Jean-Luc Loiret, Stéphane Loiseau, Jean-Claude Lumet, Marlène Manuel, Roland Mornet, Bruno Picquet, Jean-Yves Revault, Peter Robert Scott, Marie-France Thiery-Bertaud, Laurent Tixier, Pierre Yborra, Yves Viollier…

C’est ce dernier, président du jury du prix Cha-rette, qui accordera un instant de grâce, avec la re-mise de ce prix, samedi 18 à 11 h.

Et ne n’est pas tout. Durant le week-end, il sera possible d’admirer trois expositions : des œuvres d’Henri Gueguen, artiste peintre ; « Vendée, terres de légendes » et « Mots Animaux » en partenariat avec la Bibliothèque Départementale. Aussi : des Contes Intimistes, avec Gilles Perrraudeau et Claude Mercier, auteurs également présents dans les allées. Sans oubier des démonstrations d’enluminure et de calligraphie par Lucile Laurent, « Le Terrier des Lu-mières », des dégustations et vente de vins propo-sées par les Vignobles Mercier, de nombreux ateliers et temps-forts dédiés aux enfants, avec une prise en charge complète sur une espace sécurisé ! Et, à 18h30, le dimanche, une clôture en musique avec Ze bar’s Band, emmené par le chef d’entreprise challandais Alain Guérin.

Pratique : Le salon est ouvert au public le samedi de 11h à 19h et le dimanche de 10h à 19h.

Entrée libre. Restauration sur place. Tél : 02 51 43 85 90, 02 51 42 96 20.

Salon de Grasla

Ce livre d’histoire au million d’exemplaires ven-dus se décline désormais en bande-dessinée ! Son auteur nous propose d’apprendre en coinçant la bulle et réviser notre histoire en s’amusant. Avec les « Nuls », tout est devenu possible !

Autour de lui : le Vendéen nul Chamard qu’on ne présente plus, mais aussi un Breton nul, un Bour-gon nul et un Corse nul. Thierry Ottaviani, natif de Bastia, économiste et philosophe, a publié « la Corse pour les Nuls » en 2010. Bernard Lecomte, ex-ré-dacteur en chef du Figaro Magazine, chef du service étranger à La Croix, grand reporter à L’Express, orga-nisateur du « Salon Livres en Vignes », est l’auteur de « La Bourgogne pour les Nuls » (2013).

Jean-Yves Paumier, ancien élève de Polytech-nique, membre de la Société Jules Verne, est l’auteur de « La Bretagne pour les Nuls » (2011).

Dictée, conférence, prix Charette, contes, musique…

Parmi les animations : une dictée concoctée par Jean-Joseph Julaud, qui aura lieu samedi à 15h ; une conférence-débat sur des « Regards croisés sur l’identité des territoires avec leurs spécificités », ani-més par les auteurs de la délégation « Pour les Nuls », programmée le dimanche à 15h.

Le Salon du Livre Vendéen reçoit aussi éditeurs et sociétés savantes « du pays ». Seront présents : Au Loup, Beaupré, Bonnefonds, Durand-Peyroles, Ella, Les Chantuseries, Les Minots, Le Petit Pavé, Arex-cpo, Le Centre Vendéen de Recherches Historiques, Le Conseil Départemental de la Vendée, La Société des Écrivains de Vendée, Le Souvenir Vendéen.

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Fanny Lesaint « Victorine, Une enfance à Versailles »

C’est la première bande dessinée sélectionnée pour le Prix Charette. Et c’est le premier album de la jeune auteure Fanny Lesaint ! Texte et dessins sont écrits et dessinés d’après le manuscrit original des Mémoires de la Marquise de La Rochejaquelein. Tout com-mence à Versailles, le 5 octobre 1789. Le peuple est rassemblé derrière les grilles et réclame du pain. La Fayette ramène le roi et la cour à Paris... Dessins

et scénario donnent un nouveau regard sur l’His-toire et les événements. Fanny Lesaint y glisse de la vie, des anecdotes, une fraîcheur. Elle dépoussière des épisodes qu’on connaissait trop bien ou qu’on découvre. « Graphisme superbe, à la fois original et exact historiquement... Une belle réussite.» écrit Jean Tulard dans sa préface (CVRH 15,50 €).

Paul Toublanc « Pensées et Arrière-pensées »

Paul Toublanc a de nom-breuses cordes à son arc. Phi-losophe, il est aussi poète et peintre. Il explore les alliances possibles entre culture hellé-nique et culture judéo-chré-tienne. Il est complètement dans son registre avec cet ouvrage d’aphorismes et d’anecdotes gla-nés au fil de la vie. Chaque page est riche de remarques d’une

cinglante vérité et d’une grande perspicacité. On pense parfois à Cioran et à son pessimisme heureux. « L’ignorant s’intéresse à tout, écrit-il, sauf à ce dont il aurait le plus grand besoin. » Ou : « Il est facile de dire ce que l’on pense, moins facile de penser ce que l’on dit. » Un livre à lire et relire, un compagnon des bons et mauvais jours, où picorer pour le plaisir et la réflexion (L’Harmattan 25 €).

Les 4 nominés du Prix CharetteLe Prix est attribué à un roman, un essai, une

œuvre littéraire où se retrouvent le panache, l’esprit d’indépendance et de liberté illustré par le général vendéen. Il sera remis le samedi 18 juillet à l’issue de la cérémonie d’inauguration du Refuge du Livre. Quatre livres figurent dans la sélection 2015.

Didier Giroud-Piffoz « Soeur Yvonne, Vendéenne d’Ahmedabad »

Il s’agit d’un témoignage sur une femme exemplaire, dont le courage et le panache crèvent les yeux. Didier Giroud-Piffoz et Pa-trick Munoz sont allés rencontrer Soeur Yvonne dans sa léproserie d’Ahmedabad, eu Nord-Ouest de l’Inde. Elle était missionnaire des Soeurs Salésiennes de Marie-Im-maculée, envoyée là-bas en « sup-posée » retraite à l’âge de 76 ans ! On est en compagnie de la vieille

religieuse née à Saint-André d’Ornay en 1893. Ses visi-teurs l’écoutent et nous avec eux. Elle a 79 ans, 93 ans, 101 ans. Elle a toujours la même foi, la même énergie. Quand ils se sont quittés, la dernière fois, cinq mois avant sa mort, après s’être embrassés, elle leur a lancé un confiant : « On se revoit l’année prochaine... » Elle a ajouté, dans un éclat de rire : « Si Dieu le veut ! » (Ella, 17 €).

Louis Gouraud « La traque »

Louis Gouraud a déjà publié deux livres liés à l’Histoire de la Vendée durant la seconde guerre mondiale, « La Vendée des avions perdus » et « Les STO vendéens au rendez-vous de l’Histoire ». Cette fois, il s’est at-taché au destin des Juifs exposés à la barbarie. Le tiers d’entre eux a été déporté et a disparu dans les

chambres à gaz et les fours crématoires. Louis Gou-raud s’est attaché à chacun avec l’opiniâtreté qu’on lui connaît. Il a interrogé les survivants, reconstitué les parcours. Il s’interroge et nous interroge sur les responsabilités des uns et des autres, rend hommage au courage de ceux qui deviendront des Justes parmi les Nations. Il apporte, à sa manière très personnelle et passionnée, une pierre importante à l’Histoire de la Vendée (Les Chantuseries, 20 €).

Yves Viollier

Salon de Grasla, Prix Charette

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Salons enVendée

Salon à L’Épine les 7 et 8 août

Très convivial salon de l’Épine vendredi 7 et sa-medi 8 aout à Noirmoutier salle Salangane avec en-viron 80 auteurs régionaux, dont Evelyne Thomer, une habituée de longue date.

Ce salon est aussi un mélange les arts et les lettres : peintres, photographes, sculpteurs, écrivains. Beau-coup d’animation pour les enfants et les grands. Au menu : concours, remise de prix, conférences (le journaliste Philippe Gilbert en donnera une sur les crimes et catastrophes de Vendée).

L’entrée est gratuite et ce salon sur l’île de Noir-moutier est aussi très prisé des touristes, sans oublier les Vendéens qui déplacent leurs dates de vacances pour y retrouver leurs auteurs préférés, dont un in-vité d’honneur, cette année Yves Viollier. Contact : [email protected]

Un Air de fête littéraire sur Noirmoutier, 11 et 12 juillet

Pour la 3e année, dès la rentrée de septembre der-nier et tout au long de l’année scolaire, les membres du bureau de l’association Her de Fêtes ont à nou-veau rencontré, en collaboration avec le professeur de français, les 36 jeunes des 2 classes de 4e du col-lège des Sorbets de Noirmoutier en l’île.

L’association noirmoutrine les a aidés à rédiger un texte d’environ 10 pages sur le thème du sus-pense, choisi cette année. Ce sont des moments palpitants et le projet donne lieu à une véritable aventure littéraire, de recherches documentaires et géographiques. Car les collégiens s’approprient l’événement et en sont les acteurs centraux.

SALON DU LIVRE DE NOIRMOUTIER 3ème Week-End Littér’HER Jeunesse

11 & 12 JUILLET 2015 Noirmoutier en l’île

Espace Hubert Poignant Samedi de 10 h à 19 h & dimanche de 10 h à 18 h

Parking – Entrée gratuite

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Eveline Thomer, écrivain populaire, est une fidèle du salon noirmoutrin en août

Les éditions Les Chantuseries organi-sent leur salon fin août

Une maison d’édition qui accueille un salon du livre, voilà un cas unique en Vendée ! Ce salon litté-raire des Chantuseries se tiendra « à la maison », chez Bertrand Illegems, créateur des Éditions Chantuse-

ries, au 12 de la rue de la Chapelle au Poiré-sur-Vie, le samedi 29 août, de 10 h à 19 h. Entrée libre.

Pour l’occasion, un chapiteau est dressé dans la cour de la maison de l’ancien journaliste de Presse-Océan et Vendée-Matin. Il accueille les auteurs des Chantuseries, mais aussi des auteurs invités.

Cette année, pour cette 4e édition, les auteurs invités sont Léon Darnis (auteur de livres d’art), Jean-Claude Lumet (William Poire), Claude Mer-cier (Clemenceau tout simplement), les éditions Soc et Foc et les éditions Gois de Neuf.

Au départ, l’idée de créer un salon des Chantu-series était destiné à réunir les auteurs « maison », afin qu’ils puissent tisser entre eux des liens d’amitié, car il est impossible de les réunir tous à l’occasion des différents salons organisés par ailleurs sur une année. Les auteurs invités permettent d’élargir la pa-lette des ouvrages proposés au public.

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Du Speed booking à la Médiathèque du château d’Olonne

Depuis 2014 la médiathèque Michel-Rambaud, au Château d’Olonne, propose au public le speed booking, offrant ainsi à chacun une façon insolite de parler de ses lectures favorites…

Dans l’air du temps et sur le principe du « speed dating », cette formule conviviale invite à partager ses lectures « coups de cœur », en quelques minutes.

Exercice de style, invitation ou simple jeu, la règle est la même pour tous les participants : convaincre son interlocuteur de lire le livre présenté, quel qu’en soit le genre. Comme le temps est compté, à chacun de livrer bataille, d’user de stratégie en choisissant le mot juste, la phrase pertinente, l’amorce ou le pas-sage clef… qui sauront accrocher l’intérêt de l’inter-locuteur. L’objectif étant de le tenir en haleine et de l’inciter à la lecture !

Puis les rôles s’inversent, et c’est à votre tour de vous laisser séduire (ou pas) par le coup de cœur que l’on vous livre - c’est le mot ! - Ensuite, on inter-vertit les acteurs des duos tirés au sort… La ronde des mots et les rencontres continuent. Les bibliothé-caires se prêtent également, et avec plaisir, à ce jeu littéraire.

À l’issue de la soirée, chacun vote pour le livre le plus apprécié au cours de la soirée et son « présenta-teur » est récompensé.

Si cette invitation littéraire vous séduit, n’hési-tez pas à vous inscrire par téléphone au 02 51 32 96 73 ; ou par courriel : [email protected]

Prochain speed booking, vendredi 2 octobre, à 20 h 30. Entrée libre et gratuite.

Thérèse Davesne

La Médiathèque castelolonnaise Michel Rambaud aime re-cevoir son public, dans des sièges souvent plus confortables mais à la convenance de chacun

Rentrée littéraire de l’Arée à St-Gilles et Barbâtre

N’est-il pas vrai que, selon la formule de Paul Éluard, l’auteur « donne à voir » ?

En partenariat avec la Ville de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, l’Arée du Nord-Vendée organisera, le samedi 26 septembre, salle Marcel Baudouin, sa dixième Rentrée littéraire d’automne intitulée « (L)ivres d’images ». Quinze auteurs de talent, ve-nant de différentes régions, présenteront et dédica-ceront leurs ouvrages, d’une très grande diversité, mais singulièrement reliés par le pouvoir de l’image, auquel aucun lecteur ne peut rester insensible.

Par ailleurs, l’Arée du Littoral Nord Vendéen or-ganise son quatrième salon du livre et de l’art les 17 et 18 octobre 2015, salle des Oyats à Barbâtre. Une cinquantaine d’auteurs régionaux participeront à ces deux journées ainsi que des artistes, comme les années précédentes. L’après-midi du samedi 17 sera consacré à la remise des prix et à la lecture d’ex-traits des œuvres primées. Concours d’orthographe le dimanche 18. Tandis qu’une mini-exposition sur la deuxième guerre mondiale présentera des objets-souvenirs de cette époque, et deux conférences (sur les Juifs en Vendée et les fusillés en Vendée) compléte-ront ce thème. Ces conférences viendront clôturer chaque journée.

Ce cliché date de 2014, lors du rendez-vous Arée à St-Gilles-Croix-de-Vie

Ces œuvres donnent un cachet inimitable à la fête et c’est une autre façon d’impliquer les ados dans l’événement. Ils entrent, le temps d’un week-end, dans l’univers d’un auteur et n’en sont pas peu fiers.

Salons enVendée

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Printemps du livre

Frédéric Couturier, responsable de la program-mation culturelle à Terres de Montaigu a dit que « le Printemps du Livre s’était trouvé cette année une image très moderne ». Il a raison. Aujourd’hui comme hier, le Printemps du Livre est ancré dans l’actualité littéraire. C’est sans doute l’une des rai-sons de son succès. Pas de chapelles. Tout ce qui est écrit l’intéresse. Le Printemps reste fidèle à l’esprit de ses créateurs : il est généraliste.

Et puis il continue d’être avant tout une fête, la grande fête du livre du Grand Ouest. C’est le lieu de la rencontre. Les auteurs, les lecteurs se croisent, se retrouvent et se parlent. C’est facile à Montaigu. Il suffit de circuler dans les allées et de regarder comment on se parle et d’écouter ce qu’on se dit. Personne ne se prend pour ce qu’il n’est pas. On est bien ensemble. On peut parler quelquefois de choses graves. Les livres c’est aussi fait pour ça. On apprend. On s’écoute. On ose. La magie de Mon-taigu est là. C’est une grande fête populaire, au sens noble du terme. Et elle n’a pas fini de rassembler et de grandir si elle continue comme ça.

Yves Viollier

La foule fut dense dans les travées montacutaines

L’Herbretaise Régine Albert avait son stand à Montaigu, où elle jouaitpresque à domicile, comme disent les journalistes sportifs

Printemps du Livre de Montaigu : le succès

Année après année, le Prin-temps du Livre continue de gran-dir. Pour sa 27e édition Le Prin-temps de Montaigu a de nouveau affirmé son ambition culturelle au service de la littérature et son

caractère atypique. Pendant trois jours, du 27 au 29 mars 2015, Montaigu s’est transformé en capitale du Grand Ouest.

Des chiffres :40 000 visiteurs (+ 2%)250 écrivains, plus de 10 000 livres vendus43 exposants, 1 700 m² dédiés aux dédicaces3 722 scolaires pour 22 animations proposées le

vendrediPlus de 1 000 auditeurs aux différentes confé-

rences14 escales littéraires, 40 auteurs invités14 cafés littéraires, 39 auteurs invités

Il y a eu les temps forts du Printemps : L’inau-guration, le samedi matin, en présence du Président de la manifestation, Gilles Legardinier, qui n’a pas boudé son plaisir d’être aux commandes de ce grand rassemblement festif et populaire, et qui a tout de suite plu au public parce qu’il ne se prenait pas la grosse tête et faisait le job avec efficacité ; la remise du Prix Ouest à Clara Dupont-Monod, si heureuse de la consécration de son Aliénor, et disponible elle aussi à ses nombreux lecteurs ; la remise du Prix Ouest Jeunesse par Layla Benabid passionnée par le dessin depuis toute petite et proche, très proche, de ses jeunes lauréats.

Gilles Legardinier fut toujours prêt à dégainer son stylo pour une dédicace durant ces trois jours

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Prix Ouest 2015 au Printemps du Livre

Clara Dupont-Monod pour «Le roi disait que j’étais diable»

Il n’aura fallu qu’un tour de scrutin aux jurés du Prix Ouest pour couronner le roman de Clara Du-pont-Monot, «Le roi disait que j’étais diable», paru aux éditions Grasset. Ce roman du grand Ouest, mais aussi de la France et de l’Europe, met une nou-velle fois en scène la flamboyante Aliénor d’Aqui-taine, deux fois reine. Avec un regard très original, celui d’une alternance tragique entre son récit et ce-lui de son premier époux, le pâle Louis VII.

Aliénor d’Aquitaine est assurément parmi toutes les femmes célèbres l’une de celles qui aura le plus ai-guisé l’intérêt des romanciers. Alors pourquoi écrire un nouveau roman sur Aliénor ? Pourquoi le jury du Prix Ouest a-t-il dès le premier tour de scrutin fait le choix clair du livre de Clara Dupont-Monod, paru chez Grasset ? Parce que les jurés ont été séduits par l’approche, à la fois historique et romanesque, de l’impossible union entre Aliénor et Louis VII, le roi de France. Séduits par la forme, l’alternance de la narration entre les deux époux, deux personnalités contraires et contraintes, l’eau et le feu. La première cougar, comme le dira l’auteure à Montaigu, et ce roi faible, hésitant, fait pour être moine bien plus que pour régner, mais pourtant amoureux.

Ça chahutait dans les soutanes à l’époque d’Aliénor

L’écriture, toujours plus importante que le sujet qu’elle doit davantage maîtriser que subir, est ma-gnifique: incisive et juste. Elle convient parfaitement à ces temps de violences et de rudesse. Elle respire aussi avec les poèmes des troubadours du Poitou et d’Aquitaine qu’Aliénor a fréquentés avec son grand-père Guillaume IX, le «Troubadour», précisément, et qu’elle a toujours aimés et encouragés. Clara Du-pont-Monot réinvente l’histoire à sa façon, mais elle ne la trahit jamais. La caution de l’historien Martin Aurell, spécialiste incontournable de cette époque et maître d’œuvre, voici quelques années, d’une ma-gnifique exposition à l’abbaye de Fontevraud – où repose Aliénor – souligne la dimension de ce livre.

Clara Dupont-Monod fait littéralement corps avec son héroïne, indomptée et changeante, fra-gile parfois, ingérable et guerrière, indépendantiste avant l’heure, bravant tous les préjugés et tous les pouvoirs, parce qu’elle était avant tout une femme de pouvoir. «Ça chahutait sous les soutanes», glisse-t-elle à propos de cette époque, celle des Croisades et d’une Église alors toute-puissante qui n’a pas épar-gné Aliénor. À l’évêque de Tournai qui la tourmen-tait et la questionnait, n’a-t-elle fièrement répondu: «Voyez, seigneurs, mon corps n’est-il pas délectable? Et le roi disait que j’étais diable!»

Gilles Bély

Printemps du livre

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17Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

Saint-Gervais, salon du bonheur de lire et de vivre

Quel salon que celui de cette année, en plein coeur du marais nord-ouest ven-déen ! Que du plaisir, comme disent les sportifs, celui de la décontraction et de la passion spontanée de la littérature, avec la remise de deux Prix pour le prix d’un !

Le 21e Salon du Livre de Saint-Gervais, qui s’est tenu le 11 et 12 Avril, à la Salle des Primevères (Quel beau nom pour annoncer le Printemps) a été, une fois de plus, un bonheur ! Pour les auteurs, pour les visiteurs. J’imagine aussi pour les organisateurs bé-névoles et, surtout, pour le président Claude Mer-cier et le vice-président Théo Rousseau qui tiennent à bout de bras ce salon.Si certains raouts littéraires transpirent l’ennui, ce n’est pas le cas de Saint-Gervais. Par contre on est tenu, on se doit d’apporter son talent et sa bonne humeur. Il ne peut pas en être autrement, au moins par aménité pour le Président qui est la joie de vivre et la convivialité faite homme… On l’attend tou-jours avec ses histoires patoisantes, ses mots, ses trouvailles inattendues. Une au passage, avant d’al-ler plus loin : au cours de son discours d’ouverture un téléphone portable s’est mis à sonner et le Prési-dent a ponctué son mot d’une sortie qui ne pouvait que déclencher l’hilarité. Il balance : « si c’est Dieu le père, dites-lui que je ne peux pas le prendre, je suis en train de dire la messe. »

Cette année le Salon avait pour thème : Le jeu de l’Aluette, aussi appelé la Vache dans nos campagnes.

Jean-Paul Bourcereau ému comme un gosse lorsque Claude Mercier lui a remis le Prix du Héron Cendré

Ce jeu qui vient, on suppose d’Espagne parce qu’il se joue dans toute la Péninsule, et dans les endroits où les Espagnols ont fait des petits… Enfin, à ma connaissance aucune thèse n’a encore était pondue sur ce jeu. Affaire à suivre…

Le templier Bourcereau Prix du Héron Cendré

Il y avait cette année plus de 70 écrivains édi-tés, plus un nombre important d’écrivains à compte d’auteur. Au hasard des présents : Régine Albert, Joël Bonnemaison, Michel Gautier, Michel Cha-mard et son bouquin La Vendée pour les nuls, notre commissaire Piquet, Philippe Gilbert, Ismaël Ben-Mesbah… Tout ce beau monde allait assister à la remise des Prix. Le maire de Saint-Gervais était présent sur l’estrade, ainsi qu’un aréopage d’élus du département. Chacun y est allé de son petit mot. C’était bien, les tirades étaient courtes, de bonne humeur, suffisamment pour capter l’auditoire…

Le traditionnel Prix du « Héron cendré » a été remis par Claude Mercier et notre président des Écrivains vendéens à Jean-Paul Bourcereau pour son livre : Théobald, le dernier templier vendéen, (chez Geste). J’ai eu depuis le salon le temps de lire son Théobald, je ne peux que le conseiller vivement à tous les amateurs d’Histoire, et à ceux qui aiment l’humour au second degré. Bourcereau écrit avec une plume d’érudit en se servant des mots de tous les jours…

Salon de Saint-Gervais

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Le Prix Gilbert-Prouteau à l’éditeur de Maulévrier

La nouveauté cette année est la création par les Amis de Gilbert Prouteau d’un prix portant son nom: Qui dans notre département ne connaît pas Gilbert Prouteau ? Enfant de Nesmy, grand écrivain, poète, metteur en scène, sportif de haut niveau, disparu il y a deux ans.

Il a connu dans sa vie tous ceux qui ont compté au siècle dernier : Aragon, Picasso, Dali, Malraux, Cocteau, Jean Delannoy… Et pour ne pas que vous pensiez qu’il était macho, il y a bien quelques femmes : Danielle Darrieux, Brigitte Bardot, Ma-gali Noël, Consuelo Saint-Exupéry, Michèle Mor-gan… Il avait bon goût le bougre… Bon ! Si nous parlions du Prix. Ce Prix a été remis par Philippe Gilbert, journaliste (Ouest-France) et auteur lui aus-si, en présence d’Isabelle Prouteau, la fille de notre illustre Vendéen, à Hubert-André Hérault, éditeur à Maulévrier. La récompense est une caricature de Gilbert Prouteau dans l’esprit « Charlie » esquissée par René Morineau, dessinateur yonnais. Hubert-André Hérault a édité plus de 500 livres et en a écrit une vingtaine. Il a surtout connu l’ami Prouteau, l’a lu et vu un de ses films, condition sine qua non pour être nominé. Mieux : Hérault a édité trois des 50 livres du génie du verbe natif de Nesmy, dont Je te dis qu’il faut vivre. Autant de raisons qui lui ont valu ce prix, à sa grande surprise d’ailleurs, car il n’avait pas été prévenu.

À la fin de la remise des Prix il était l’heure du vin d’honneur, toutes les personnes présentes se sont retrouvés dans la salle de sport jouxtant la Salle

Toujours à Saint-Gervais, une belle brochette d’auteurs à l’heure de l’apéritif : Pierre Yborra, Joël Bonemaison, Bruno Picquet, Philippe Meyre et Philippe Gilbert

« Être éditeur à Maulévrier, c’est un sacerdoce ! » aimait à dire Gilbert ProuteauAndré-Hubert Hérault s’est vu remettre ce prix par Philippe Gilbert, une caricature de feu Prouteau

des Primevères, les coups n’étaient pas rares… la mo-dération, je ne sais pas, je n’ai pas vérifié…

Après le vin d’honneur, il ne nous restait plus qu’ à tra-verser le parking pour nous retrouver dans la salle de la cantine scolaire où un repas était servi à tous les auteurs présents, dont votre obligé. Dans ce décor nous avions dix ans, on est en classe primaire, on est des potaches… Il y a dans cette salle un bruit assourdissant, ça résonne, les gens s’inter-pellent, mes sonotones saturent... Claude Mercier invite tout le monde à s’asseoir, il y va de ses bons mots. Un apéritif est offert, il fallait ça…

Le repas est servi par les bénévoles, on le doit au savoir-faire du traiteur Mickaël Boutolleau de Saint-Gervais. Je suis heureux, je suis à une table de pistonnés et de connaisseurs… Les bouteilles de Bordeaux arrivent sans qu’on les demande. On s’en fout, nous dormons sur place et nous avons tout l’après-midi pour digérer et signer nos ouvrages. À 14 heures, les choses sérieuses commencent, nous regagnons la Salle des Primevères, le public est venu nombreux. Nous allons tarir nos stylos en dédica-çant nos chefs-d’oeuvre…

Le lendemain dimanche, l’ambiance, sans vi-lains jeux de mots est du même tonneau. Les ache-teurs potentiels de livres se baladent dans les travées, discutent avec les auteurs, le temps passe vite, trop vite… À la fin, on se quitte heureux, nous savons que nous nous croiserons dans d’autres salons, mais nous n’avons qu’une envie : nous retrouver l’année prochaine au retour des hirondelles à la Salle des Pri-mevères de Saint-Gervais. Pierre Yborra

Salon de Saint-Gervais

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Les femmes aussi !

Parmi ces écrivains embarqués sur cette nouvelle expédition sur les océans proposée par notre associa-tion, on pouvait reconnaître François Bellec, parrain de ce salon, Dans son dernier ouvrage, Le testament de Lapérouse, l’écrivain de Marine imagine, en mê-lant le vrai et le possible, la vie du célèbre navigateur échoué sur l’île de Vanikoro. Au détour des allées, Guillaume de Monfreid le mieux placé pour ra-conter son grand-père, célèbre aventurier de la mer Rouge, ou encore Olivier Poivre d’Arvor, coauteur avec son grand frère Patrick de L’odyssée des marins.

J’ai été ravie d’apprendre que les femmes avaient également contribué à réécrire les cartes géogra-phiques du monde. J’ai partagé l’aventure de Jeanne Baret, première femme à avoir fait le tour du monde à travers le roman de Michèle Kahn, La clandestine du voyage de Bougainville. Autre belle surprise aussi avec la jeune auteure Clotilde Leton qui a réuni dans un très joli livre les carnets de voyages de la première femme océanographe française, Anita Conti. En tout cas, de très belles rencontres encore, au rythme des mots et des vagues !

Fanny Mainguet association Printemps Lecture et Culture

Sur les traces des grands explorateursAu salon de la mer à Noirmoutier

Marco Polo, Colomb, Magellan, Lapérouse, James Cook, Sir Ernest Henry Shackleton, Henry de Monfreid … Tous ces hommes d’exception qui ont sillonné les mers étaient à l’honneur samedi 13 et 14 juin, à l’occasion du Salon du Livre de Mer de l’île de Noirmoutier.

La sixième édition de ce rendez-vous littéraire, organisé par Printemps Lecture et Culture, avait pour thème Les grands explorateurs, de l’Antiquité à nos jours. Une belle occasion, pour les visiteurs de tous âges venus nombreux, de découvrir ou redé-couvrir ceux qui ont parcouru la terre en quête de nouveaux continents, de nouveaux peuples, d’or, d’épices et de bien d’autres richesses.

Une soixantaine d’auteurs, réunis sous un chapi-teau sur la place d’Armes à Noirmoutier, ont retracé les aventures et les exploits de ces grands décou-vreurs sous toutes les formes : romans, récits, car-nets de voyages, bandes dessinées, reportages photo-graphiques et même recettes culinaires. Conférences et cafés littéraires ont également ponctué le pro-gramme de ce week-end dédié au livre et à la mer.

François Bellec et Guillaume de Monfreid, co-équipiers du-rant deux jours

Les visiteurs du Salon de Jard ont fait fi de la pluie

Avec un temps à ne pas mettre le nez dehors ce 1er mai, 82 écrivains délaissent le bord de mer pour la salle des Ormeaux à Jard-sur-Mer. Les lecteurs, faisant fi de la crise étaient fidèles au rendez-vous et se pressaient autour des stands. Belle réussite pour cette 7° édition qui réunissait de nombreux au-teurs régionaux, débutants ou confirmés, mais aussi quelques maisons d’éditions, des bibliothèques, et libraires. Plusieurs temps forts en matinée et dans l’après-midi où bruissaient des murmures et les pages que l’on tourne. Une journée des écrivains qui s’installe dans le paysage littéraire vendéen avec un succès grandissant. Un grand bravo aux organi-sateurs dévoués et organisés, à Nadège et à la mairie jardaise ! Eveline Thomer

Salons de Jard et Noirmoutier

Henry de Monfreid (1879-1974) ou la légende très vivace d’un écrivain aventurier des mers, qu’a si bien su évoquer son petit-fils Guillaume

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La ferme du pendu, le film qui scandalisa la Vendée en 1945

Ce film fut tourné voilà 70 ans. Il est resté dans l’histoire du 7e Art pour sa qualité, parce qu’il fut aussi le premier rôle de Bourvil ; et parce qu’il provoqua un scan-dale en Vendée

Réalisé à la Libération, durant l’été 1945, dans la région de Pouzauges, notamment à Montournais (à La Maison neuve, logis du XVe siècle). Jean Dreville, le metteur en scène, le considérait comme un de ses meilleurs films. Ce drame paysan, tiré d’un roman du « sulfureux » Gilbert Dupé, plaisait à Dréville qui connaissait Dupé pour avoir tenté de tourner La foire aux femmes deux ans auparavant, en pays maraîchin, tournage interrompu par l’occupant al-lemand.

Mais La ferme du pendu connut des moments houleux pour son tournage, avant même de dé-marrer, comme en témoigna Jean Dreville dans un livre qui lui est consacré (« Jean Dreville », Édi-tions Dujarric): « Pour les repérages, nous avons été mal accueillis car le roman de Gilbert Dupé était proscrit en chaire par l’évêque de Luçon. Les gens s’opposaient au tournage. J’avais dû voir l’évêque, Monseigneur Cazaux. Une scène du scénario le cho-quait, celle où la porte de la grange se referme sur un couple adultère. Fondu en noir et, là-dessus, on entend un cri suivi d’un cocorico. On rouvre sur un tas de fumier irradié par le soleil du petit matin. Je rétorque à l’évêque : « Mais on ne voit rien ! » Et l’évêque, avec un sourire malin : « oui, c’est bien ce qui est grave : on ne voit rien ! » Il avait tout de même accordé son autorisation ».

Dans ce film, la vedette est Charles Vanel. Au centre, Claudine Dupuis, qui eut son heure de gloire

Mais Dréville ne se doutait pas que le « scandale vendéen » couvait !

Payés pour battre le seigle !

En attendant, le tournage de ce film amuse. Dans son édition du 30 juillet 1945, le journal Le Populaire de l’Ouest titre : « on se souviendra long-temps à Pouzauges de cette année où les Parisiens ont payé les Vendéens pour battre le seigle ». Une cinquantaine de ces Vendéens furent en effet enga-gés pour pratiquer ces battages devant une caméra. Et pas moins de 400 volontaires furent embauchés pour la scène des noces, l’un des moments forts du tournage et du film. Ce banquet de 200 couverts recruta des volontaires pour 200 à 300 francs de l’époque (par jour !), pour également danser et jouer aux palets devant la caméra.

Tout le monde, comédiens et équipe technique, est logé à Pouzauges. Les hôtels n’étant pas très nombreux, les habitants ont ouvert leurs maisons pour héberger tout le monde. Il n’est donc pas rare de rencontrer Charles Vanel, un des grands noms du cinéma français en cet été 45, et Alfred Adam, de la Comédie française... Il y a certes Bourvil, qui chante Les crayons dans la scène du banquet, mais ce film est son premier, il est quasiment inconnu du public. Mais c’est Gilbert Dupé qui avait remarqué Bourvil sur la scène parisienne du théâtre des Nou-veautés durant l’Occupation, théâtre dont il était le directeur.

Mais quand le film sort, finie l’entente cordiale ! Il fait l’objet de vives attaques de la part des milieux ca-tholiques. Monseigneur Cazaux, cette fois-ci moins patelin, va demander l’interdiction de projeter le film « qui offense la moralité de la paysannerie ven-déenne ». La déclaration de l’évêque de Vendée va surchauffer les esprits, d’autant que l’Union patrio-tique des organisations de jeunesse (qui fédère tous les mouvements de jeunes en Vendée, communistes, protestants, catholiques, neutres...) en rajoute une couche en considérant ce film « comme un grave danger pour la moralité des jeunes et une insulte à la paysannerie vendéenne qui paraît défigurée et bestialisée, sans aucun respect du vrai visage des fa-milles de notre région ».

Incidents à Chantonnay

Dans les colonnes de La Résistance de l’Ouest, le journaliste vendéen Valentin Roussière exécute le film mais surtout Gilbert Dupé, le « mal vu de Vendée » ! Même Louis Chaigne, écrivain et pen-seur catholique mais modéré, félicite Roussière en

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...Au cinéma, la Vendée...

Bourvil joue son premier rôle en interprétant « les crayons » durant la scène du banquet

lui écrivant : « la Vendée mérite mieux que ces ima-ginations extravagantes. Pour l’aborder, il faut une certaine âme qui manque à l’auteur du livre ».

Une projection publique fut terriblement cha-hutée à Chantonnay, ainsi que dans quelques autres salles de spectacles. Le 14 janvier 1946 le préfet écrit aux maires de Vendée : « je ne saurais trop vous re-commander de n’user de vos pouvoirs qu’avec la plus grande prudence, étant donné que ce film a obtenu le visa ministériel ».

Mais à Chantonnay, le 22 mars 1946 vers 22 heures, une coupure d’électricité plonge la ville dans le noir. Le transformateur avait sauté après des courts-circuits provoqués par des tronçons de fil de fer et des cercles de barrique sur les lignes électriques.

Des pommes avariées furent également provi-sionnées pour chahuter d’autres projections.

Six fauteurs de troubles vendéens furent pré-sentés devant le tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon, dès le 27 mai 1946 pour s’être rendus cou-pables de détériorations. « Cet acte de sabotage était susceptible de provoquer de graves incidents » admet le tribunal qui cependant a « les meilleurs renseigne-ments de moralité sur les six prévenus ». Le prési-dent, qui semble dans les petits papiers de l’évêché, culpabilise « l’œuvre qui trahit une méconnaissance de la psychologie rurale et prête au paysan vendéen

qu’elle met en scène des moeurs plus conformes à celles des « mauvais garçons » chers à trop de roman-ciers et de cinéastes qu’à celles des honnêtes et saines populations du bocage et de la paysannerie française en général ».

La peine fut de 600 francs d’amende pour cinq des six prévenus, le sixième étant relaxé.

Le temps qui passe peut rendre ridicule cer-taines situations. Surtout quand on revoit ce film plus qu’estimable techniquement. On peut même se dire, avec le temps qui passe, que les Vendéens du bocage se sont conduits de manière un peu vaine, même s’il faut resituer le contexte de cette Vendée extrêmement rurale à la sortie de la Guerre.

Le temps qui passe ? En 1991, la Vendée du bo-cage refera sa mijaurée puritaine avec l’affaire Basic instinct aux Herbiers. Des restes ataviques...

Maudite ferme !

De cette Ferme du pendu (le premier titre fut La ferme du maudit), évocation de la Vendée rurale de cette époque avec sa noce, son enterrement, ses bat-tages et leurs cortèges d’images fortes, le journaliste Marc Lambrechts aime à dire : « C’est mieux que Goupi mains rouges et ça vaut Pagnol ». Vrai que ça

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même tenu pour un des premiers romanciers fran-çais de son temps.

Son originalité repo-sait sur ses drames pay-sans et ses intrigues au ca-ractère « régional » (genre dont il fut un des pion-niers), tant dans sa ville natale (Le bateau à soupe) que dans l’île de Oues-sant, dans le Jura, en So-logne, dans les Pyrénées, dans le bocage vendéen (La ferme du pendu) et en pays maraîchin qu’il ha-bita durant l’Occupation pour y rédiger son oeuvre que l’on peut considérer comme la plus achevée : La foire aux femmes.

Petit, mince, l’oeil noir, Gilbert Dupé ressem-blait à ces Vendéens des marais qu’il décrit sans com-plaisance mais avec vérité et attachement, jusqu’à oser évoquer la pratique du maraîchinage, coutume des amours sous le parapluie permettant d’échanger des baisers des heures durant. Une sexualité d’at-tente qui eut son heure de gloire et de scandale dès 1906 avec le livre du bon Docteur Baudouin, inti-tulé Coutumes caractéristiques de Challans, compila-tion d’articles pour une revue médicale, qui eut un tel succès de librairie qu’il fut réédité cinq fois.

Grand écrivain, bon scénariste, piètre metteur en scène

De nombreux romans que Dupé a écrits fu-rent portés à l’écran : La ferme du pendu ; Le ba-teau à soupe (1946, sur ce film, la critique n’est pas tendre mais s’enthousiasme pour l’interprétation de Charles Vanel) ; puis Le village perdu (1947, de Christian Stengel, avec Gaby Morlay et Noël Ro-quevert ); La figure de proue (1948, avec Madeleine Sologne et Georges Marchal) ; Rendez-vous avec la chance (1949, avec Louis de Funès) et La foire aux femmes (1955, Jean Stelli).

Passionné par le cinéma (il fréquenta Méliès et Louis Lumière), Gilbert Dupé fut en fin de compte à l’origine de la plupart des films tirés de ses romans, les produisant même. Il fut également metteur en scène. Il réalisa, à la frontière espagnole, Tempête sur les Mauvents (1950), avec Charles Vanel, un film raté, Dupé s’avérant piètre metteur en scène. Il est également l’auteur d’un ouvrage professionnel, « L’exploitation cinématographique », que préface Louis Lumière. PhilG.

Gilbert Dupé, le « mal vu » de Vendée

Désormais méconnu, Gilbert Dupé (1900-1986) fut certainement un « sacré bonhomme ». Ce natif de Nantes (père Breton, mère vendéenne de la Barre-de-Monts, commune où son grand-père y exerça la charge de capitaine des douanes), était un touche-à-tout. Journaliste, Directeur du Théâtre des Nouveautés à Paris (1944-1973), producteur de cinéma, adaptateur de la plupart de ses œuvres, metteur en scène même, Dupé fut surtout un ro-mancier à succès, qui eut son heure de gloire et fut

tient la route avec ces paysans plus vrais que nature. Il est même socialement avancé dans son action, qui se déroule à Fontaine-Profonde, métairie vendéenne où, à la mort du père, l’aîné des Raimondeau, Fran-çois (Charles Vanel), se promet de sauvegarder l’in-tégrité du domaine et l’unité du clan, afin de ne pas morceler le domaine de la famille. Mais Amanda, leur soeur, part vivre à Nantes avec un gabelou dont elle est tombée amoureuse. Les trois frères restent seuls à la ferme. Une servante est engagée...

Le film eut un accueil « normal », et même un beau succès public, dans les autres salles de France et de Navarre. Il faut dire que la publicité était faite... Et les critiques parisiennes sont très favorables, de Sadoul et Carlo Rim à Charensol et même Henri Jeanson : « ... digne des plus grands metteurs en scène russes... scènes enlevées d’une poigne ferme... Le cinéma français sort de sa vase... Vive le retour à la terre, s’il sert de prétexte à des films de cette qualité... »

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Charles Vanel servi par Dupé et Prouteau

Quelle belle anecdote sur Charles Vanel (1892-1989) que celle de Gilbert Prouteau (1917-2012), qui collabora avec ce « monument du cinéma » sur une évocation de Jules Verne pour la télévision. C’était en 1978. Prouteau, 61 ans alors, était l’adap-tateur, Vanel, 87 ans, le récitant. Durant ces dix jours de tournage, son domicile des Hautes-Roches (Treize-Vents) étant si proche de Nantes, Prouteau invita Vanel à dîner chez lui, Vanel dont il appré-ciait la nature et le franc-parler. Et qui n’a pas dîné aux Hautes-Roches avec le « maître de Vendée » n’a jamais dîné !

Le festival du bateleur des mots s’accompagnait toujours de champagne, de vins de Saint-Mont et de cognac de chez Camus. Et Gilbert, s’il parlait beaucoup, même la bouche pleine, n’oubliait pas lui aussi de se désaltérer.

Vanel était, lui, un flegmatique, un fumeur de pipe mais à la descente solide, racines bretonnes obligent (il était né à Rennes). De Jules Verne, il avait tout lu et admirait le personnage. La soirée fut belle. Moment choisi : quand Prouteau demanda à Vanel quand écrirait-il ses mémoires, le presque no-nagénaire lui répondit : « quand je serai vieux ! »

Vanel quitta les Hautes-Roches minuit passé. Le lendemain, Gilbert Prouteau arriva sur les lieux du tournage avec du retard. Il était du bon 10 h 30 passé ! L’équipe du tournage et Charles Vanel étaient sur place depuis 9 h 30. Prouteau, la mine défaite, un peu la gueule de bois, vint s’asseoir à côté de Va-nel. Celui-ci lui dit : « alors, gamin, on tient pas le coup ! »

Prouteau et Vanel, éternelle pipe au bec, en plein travail sur l’adaptation de Jules Verne tourné pour la télévision

...Au cinéma, la Vendée...

Si Charles Vanel fut charmé de l’accueil de Gil-bert Prouteau aux Hautes-Roches, il le fut beau-coup moins par le résultat de ce tournage. L’acteur l’évoque dans ses mémoires (Monsieur Vanel, de Jac-queline Cartier, Robert-Laffont). Ce film sur Jules Verne est selon lui gâché par la profusion d’images extérieures.

Mais Monsieur Vanel, mémoire d’un siècle de cinéma, était donc déjà venu en Vendée, en 1945, tourner La ferme du pendu, objet de ce reportage. Vanel le placide adorait faire des blagues et en a raconté à Jacqueline Cartier. À Pouzauges, sur La ferme du pendu, il mettra discrètement la voiture du chef-opérateur André Thomas sur cales. André Tho-mas s’en rendra compte en voyant tous les autres démarrer ce matin-là pour se rendre sur le tournage ! « sa tête !... Inoubliable ! ».

Il évoque aussi l’écrivain Gilbert Dupé dont il aime bien les romans et les adaptations. C’est pour ça qu’il accepte le rôle principal de Tempête sur les Mauvents, en 1950. Il accepte d’autant plus volon-tiers que si Dupé prend pour la première fois la cas-quette de metteur en scène, il a aussi pris de bons collaborateurs, La Varende pour les dialogues, Jules Krüger pour les images, un grand chef-opérateur. Mais côté mise en scène, Vanel dans ses mémoires se souvenait « qu’il y a eut une grande différence ! Pour La ferme du pendu, Dreville était derrière la caméra ».

PhilG.

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Une pièce signée Eveline Thomerjouée le 5 août à l’Île d’Olonne

Un événe-ment se prépare à l’Île d’Olonne. le 5 août en soirée avec de multiples ani-mations dans la tradition paysanne ven-déenne. Parmi ces animations, à la nuit tombée, une création théâtrale d’Eve-line Thomer.

Auteur de nombreux ou-

vrages de fiction (certains avec un beau succès pu-blic) Eveline Thomer s’est lancée dans l’écriture d’une pièce de théâtre, intitulée La fille du saunier. Une première pour elle, à la suite de sa rencontre avec Jean-François Chevret, durant le festival de théâtre amateurs de la Tranche-sur-Mer (cher à Joël Bonnemaison).

Ce metteur en scène de la troupe Grains de Sel (il a d’ailleurs décroché une Tulipe d’or) l’a incitée à se lancer dans le genre, sous forme de farce pay-sanne, mettant en scène des personnages islais : un saunier têtu, sa fille, ses copines de fermes voisines, le jeune instituteur du village, le riche agriculteur de Challans qui veut épouser la fille du saunier… Un vaudeville sans autre prétention que de faire rire, avec des situations cocasses aux dialogues ajustés, avec aussi son fond social. L’action se situe entre les deux guerres.

Jean-François Chevret est à la mise en scène. Xa-vier Chauvière, responsable de Tradition Gestuelle en Vendée, conduira les parties dansées et chantées. Et les comédiens seront des professionnels (trois) et des amateurs, dont le petit-fils d’Eveline Thomer. La commune de l’Île d’Olonne soutient activement cette initiative. PhilG.

Laurent Tixier trempe ses mots dans les tranchées

Quel souffle ! Quel livre ! Et quel panache ! La Tragédie des acteurs est pourtant le premier livre de Laurent Tixier, 48 ans, domicilié dans un moulin au bord de la Boulogne, à Rocheservière. Mais Tixier, qui est aussi acteur, metteur en scène, escrimeur ar-tistique, a cependant écrit beaucoup de scénarios.

Et incontestablement, on retrouve cette expé-rience d’écriture dans cette pièce de théâtre, qui sera jouée les vendredi 1 et samedi 14 novembre à Lu-çon, au théâtre Le Millandy. Et au vu de la lecture de La Tragédie des acteurs, la capitale de l’Evêché a bien de la chance ! D’autant que le casting (12 hommes et 2 femmes) est de qualité, avec notamment Théo Frilet, qui, à la télé, a joué Guy Moquet et Maurice Genevoix, s’il vous plaît !

...Au théâtre, la Vendée

Ce cliché où Laurent Tixier est avec son fils figure en 4e de couverture de son livre

Les acteurs répètent !

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Le talent multiplié

Si le théâtre est d’abord fait pour être vu, il peut aussi être lu, Rostand, Giraudoux et Pagnol n’au-raient pas dit le contraire. Pour autant, notre es-crimeur de mots enchaîne les difficultés. Car il fait jouer une pièce de théâtre, Roméo et Ju-liette, par des amateurs dans une tranchée,

un certain 11 novembre 1918, sans que quiconque sache que l’Armistice va être signé.

Le commandant Lafiole a en effet reçu cet ordre pour remonter le moral des troupes. Et parmi ces Poilus chargés de l’interprétation très improvisée : un Breton, un Sénégalais, un Algérien, un Vietna-mien, un Parisien, un prisonnier allemand aussi...

Les situations sont drôles du début à la fin. L’humour jaillit des dialogues à chaque instant, l’humour traduit aussi la politesse du désespoir qu’engendre cette guerre pour cet échantillon d’hu-manité. Et Laurent Tixier démontre une aisance du verbe et une capacité à tenir en haleine le lecteur qui en laissent présager long sur son talent. Il faut dire que Laurent Tixier, feu follet de 48 ans, domicilié à Rocheservière, possède une palette exceptionnelle, lui permettant de croiser les arts qu’il possède, es-crime, comédie, danse, chant, musique (mordu de la musique Renaissance). Plus qu’un metteur en scène, l’ami Tixier est un directeur artistique, comme il l’est, par exemple, sur les spectacles présentés cet été au château d’Apremont et à la Chabotterie

Ce premier livre a rencontré un si beau succès à sa sortie en mai qu’une réédition est envisagée. Tan-dis que le Sénat devrait faire figurer l’ouvrage parmi les nominés du Prix du Sénat 2016. Enfin, il sera, les 18 et 19 juillet, dans les allées de la forêt de Grasla pour dédicacer son ouvrage.

La Tragédie des acteurs, de Laurent Tixier, Édi-tions Charles Corlet, 190 pages, 15 €.

Philippe Gilbert

Les écrivains de Vendée sur les pas de Louis Chaigne

Les Écrivains de Vendée ont décidé de tenir dé-sormais leur assemblée générale annuelle sur les lieux où ont vécu et écrit leurs prestigieux devan-ciers. Venansault, patrie de Louis Chaigne, dont le groupe scolaire porte justement le nom, inaugure ce qui deviendra vite une tradition.

Accueillis par M. Pierre Cassard, adjoint au maire, les participants ont adopté à l’unanimité le rapport d’activités du secrétaire, Gilles Bély, et les rapports financier, moral et d’orientation du prési-dent.

L’assemblée a approuvé à l’unanimité la modi-fication des statuts qui actualise le cadre de fonc-tionnement de la société. Les membres sortants du conseil d’administration ont été réélus à l’unanimi-té des voix : Jean de Raigniac, Gilles Bély, Michel Dillange et René Moniot-Beaumont. Ainsi que Marcel Grelet, nouvel élu, qui assumera la fonction de trésorier.

Ce conseil d’administration constitue de fait le comité de rédaction de la revue Lire en Vendée, édi-tée à 6 000 exemplaires et distribuée gratuitement dans les librairies et points de vente de Vendée.

Alain Perrocheau, responsable du site internet, a fait le point sur son fonctionnement et invité tous les auteurs à l’enrichir, en complétant notamment leur profil. Un déjeuner amical a réuni les partici-pants au restaurant Le Guyon, à Venansault.

Le traditionnel déjeuner d’été des écrivains aura lieu cette année le 6 août chez Michel et Da-nielle Bayer sur le Rocher de la Dive. S’inscrire auprès du nouveau trésorier, Marcel Grelet.

Asssemblée générale

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J’ai vu le feu, j’ai vu rouge, j’ai bu rouge, j’aime Ponchon

Après le feu et l’eau sur mes chères archives, un soir de février 2015 place Briand, dans le centre-ville de Challans, brasier qui est venu finir se consumer sur le toit de la rédac d’Ouest-France, là où je taffe, je bois du rouge !

Disons plutôt que je rebois. Je sortais d’une pause de six mois après avoir beaucoup pratiqué le triathlon vendéen (rosé, blanc, rouge !). Je tiens le prétexte pour re-

Car trop de feu, ça assèche. Trop de flotte, ça oxyde. C’est comme ce qui reste de mes archives. Ca craque ! Surtout la langue, qui chez moi, parle beaucoup, écrit presque…

Aussi, je re- ! Attention, pas d’alcool : que du vin ! C’est beaucoup moins un péché. C’est beaucoup moins d’alcool aussi, surtout quand ce n’est que du rouge et que tu le bois en mangeant.

Donc que du pinard pour le baveux bachique ! Et puis cette chronique Philibertine est faite de litre-hic… et rature ! De… littérature !

Ponchon et Prouteau convoqués

Cette chronique est aussi de proximité, cernée dans ce département devenu province. Aussi, je ne puis que convoquer en tout premier témoin à la barre : Raoul Ponchon, né par accident à La Roche-sur-Yon, le 30 décembre 1848. Son père ce soir-là était « saoul comme un templier, joyeux comme un nid », écrira le poète du Chat noir à Montmartre, que le jeune Gilbert Prouteau, deuxième témoin à la barre, rencontra au milieu des années trente sur une terrasse du Boul Mich’, à siroter sa tisane à 11h30 : « alors, Maître, la Vendée et son chef-lieu, y êtes-vous retourné ? » Rire moqueur de Ponchon : « hum ! La Roche-sur-Yon ! Ville trop grande dans ses habits ! » Et toc.

C’est qu’on en doit au poète du Chat noir ! « Mon verre est plein, je le vide. Mon verre est vide, je le plains », c’est Raoul. « Je hais les tours de Notre-Dame, et quand je les vois, je pisse contre » c’est Raoul. Le père Ponchon qui, selon la légende, serait mort à l’âge canonique de 89 ans, en 1941, alors qu’il voulait se saisir d’une bouteille sur une étagère. Celle-ci lui est tombée dessus. On ne sait si c’est la bouteille qui l’a tué, ou si c’est un malaise fatal qui a provoqué la chute du litron. Mais quelle fin magnifique ! Et il faut lire l’hommage que lui rend justement Prouteau dans un de ses derniers livres (Le roman de la Vendée, Geste, 2009).

Ecalle, capitaine Roy, Aragon convo-qués

Putain cet incen-die ! Cette maison sur trois étages tout en hauteur comme à Amsterdam, j’y « vi-vais » depuis 15 ans. Cette rédaction était ma deuxième mai-son. J’y suis arrivé en décembre 1999, comme titulaire (à 70%) du quotidien le plus vendu de France : 800 000 exemplaires, des chiffres dignes de l’Angleterre, très portée encore sur la

Gilbert Prouteau l’écrivain et Philippe Ecalle, le journaliste. Ce cliché date de 2001, quand l’association des Amis de Prou-teau s’était fondée

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27Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

lecture du journal ; 650 journalistes, 2000 salariés et une véritable armée mexicaine de correspondants qui font les fondements de notre journal de proxi-mité. Une couverture sur 12 départements, 10% des ventes rien qu’en Vendée. Fin des statistiques !

Je disais donc, « putain cet incendie » m’a fait mal ! m’a fait re-. Bon, je suis d’une rustique race vendéenne qui « tient le coup » ; et puis, j’ai vite calmé cet excès d’alcoolémie. Car écrire bourré n’est pas mon truc. Je suis obligé de choisir l’un ou l’autre. « Boire ou conduire, il faut écrire » aime à dire le joyeux journaliste Philippe Ecalle, mon collè-gue préféré d’Ouest-France, mon troisième témoin à la barre.

Devant le drame de mes archives calcinées ou sauvées mais occupant une salle de séjour (j‘ai alors fait une coupe drastique, avec une satisfaction : 75% de ma bibliothèque personnelle remplira la future médiathèque de Saint-Urbain, merci Marcel Neau, notre correspondant « mexicain » à Sallertaine !), je n’ai pas manqué de philosophie, comme si la sagesse m’atteignait enfin. D’ailleurs, je voudrais féliciter les sapeurs-pompiers challandais, ces hommes du feu qui, sous la conduite du capitaine Philippe Roy, ont sauvé ce qu’ils pouvaient lors de cet incendie acci-dentel, parti d’un autre commerce, dans le centre-ville place Briand (la place du marché couvert) avant d’arriver jusqu’à nous. Je les remercie d’avoir été sensibilisés par mon problème. Le capitaine Roy, me voyant courir vers l’incendie qui menaçait d’em-braser des dizaines d’années d’archives amassées, m’a arrêté : « Philibert, tu ne bouges pas, on s’en occupe ». J’aime quand un Philippe que j’estime, m’appelle Philibert. Je sais alors raison garder. De toute façon, on ne m’enterrera pas avec mes archives. Et m’ap-peler ainsi Philibert justifie ma chronique dans ce beau semestriel qu’est Lire en Vendée. Et puis Gil-bert Prouteau, mon « maître » me l’a souvent dit : « On ne possède rien dans la vie, juste d’un peu de temps ». Et il aurait parachevé avec Aragon, qu’il avait aussi côtoyé, s’en étant fait un ami : « Au feu de ce qui est, brûle ce qui sera ».

Donc, Philibert n’a pas bougé. Et les hommes du capitaine Roy en ont sauvé, des feuillets et des livres de mes foutues archives.

Bourasseau, Hérault, Ragon convoqués

J’ai mis un peu de temps à reprendre mes esprits, à remettre ma boussole d’aplomb. J’ai préféré relire, parmi les livres sauvés de cet incendie, Le rosé de Pissotte, de Jean-François Bourasseau, aujourd’hui conservateur du musée Clemenceau-De Lattre à

…La chronique du père Philibert…

Mouilleron-en-Pareds. C’est d’ailleurs un enfant du pays mouilleronnais qui est mon quatrième témoin à la barre. L’ami Bourasseau avait écrit ce roman po-pulaire en 1989 et avait d’ailleurs remporté un beau succès littéraire. L’homme aux moustaches de Ver-cingétorix racontait la cavalcade de ce vieux ga’s qui part en mobylette découvrir la mer et les vertus du « triathlon vendéen », en commençant par le meilleur rosé du monde : celui de Pissotte ! La mobylette ne roulait pas toujours droit.

Ce livre fut édité par André-Hubert Hérault, de Maulévrier, celui-là même qui a reçu le premier Prix Gilbert-Prouteau au salon du livre de Saint-Gervais, ce que nous évoquons par ailleurs dans cette revue.

Ce fut une période de tri, de lecture et de relec-ture, cet après-incendie, envoyant à la poubelle une poignée de feuilles de notes des années 90, classant précieusement les restes d’un journal de bord d’un voyage effectué en Afrique dont la moitié était cal-cinée, m’arrêtant sur 2 pages d’un livre qui sentait le roussi, ayant échappé au désastre de peu : La mé-moire des vaincus. Ce livre, je l’ai déjà écrit ici dans une chronique similaire, est un de mes préférés, dans mon top 5. Il m’a servi, jeune, de conscience politique. Mais l’anarchiste libertaire ne boit que de l’eau et ne fume pas. Obstacle de taille qui m’arrête dans cet idéal ! Surtout en cet après-incendie.

Je n’ai donc pas convoqué Michel Ragon à la barre, mais lui adresse mon clin d’œil. Ta Mémoire des vaincus, l’anar vendéen, je l’ai lu trois fois, dont une fois en remontant du dernier au premier cha-pitre. I love you !

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28 Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

…La chronique du père Philibert…

Sophie Joublanska-Oudin,Ukrainienne, écrivain, journaliste, aventurière, romantique absolue

La vie passionnée de la mère de Jacques Oudin

Ce fut aussi durant cette période d’après brasier, que j’ai retrouvé, intact, le livre de Sophie Jablons-ka-Oudin, intitulé Mon enfance en Ukraine (Nou-velles éditions latines). Sous-titre : Souvenirs sur mon père. Sophie consigne les faits dans son village natal d’Ukraine avec une minutie d’ethnologue, resti-tuant jusqu’à son humour de la jeune fille effron-tée qu’elle a du être… On doit aussi à la mère de Jacques Oudin, mon cinquième témoin à la barre, l’année ensorcelée, Le charme du Maroc, les horizons lointains… Plusieurs de ses livres ont été traduits en ukrainien ces dernières années, d’autres sont en cours de l’être. Ce fut certainement une femme ex-traordinaire, et Jacques Oudin, l’emblématique élu de Noirmoutier, qui fut sénateur et conseiller géné-ral, qui a passé la main cette année à l’âge de 76 ans, déclarait en avril dans Ouest-France, que sa mère avait été « le personnage central de mon enfance ».

Née en Ukraine, Sophie Jablonska avait connu la Première Guerre mondiale, la Révolution d’Oc-tobre 1917, la guerre civile puis la famine qui s’en-suivirent… Jacques : « elle aurait dû mourir dix

fois ». Finalement, avec son père qui lui a sauvé la vie à deux reprises, elle prendra le chemin de l’exil. Tous deux débarquent en France au milieu des an-nées 1920, sans connaître un mot de Français ! Et pourtant, cinq ans plus tard, après avoir posé pour Soutine, elle partait comme reporter-journaliste au Maroc, puis en Chine et en Indochine, maîtrisant la langue de Molière, avec un accent slave à la El-vire Popesco. Jacques Oudin naîtra en 1939, sur un vapeur, en mer de Chine. Le romantisme absolu…

Juste un extrait de son livre Mon enfance en Ukraine, quand son père (le grand-père de Jacques Oudin, qui était prêtre orthodoxe en Ukraine), s’éteint le 18 juin 1966 : « Mon père est mort, dans l’indifférence quasi générale. Orgueilleux, bien que philanthrope, il fut haï par beaucoup. Je suis sa fille fidèle, créée à son image. Que je le veuille ou non, ouvertement ou en cachette, je porte en moi son âme. Je la porte depuis mon berceau et je la porterai jusqu’au jour où se fermera le couvercle de mon cer-cueil. Que je le veuille ou non, je lui ressemble : im-mensément capable, parfois même héroïque, mais aussi détestée, réputée invivable ».

Cette héroïne de roman ne se faisait aucune concession. Elle devait disparaître en 1971, dans un accident de voiture, entre Paris et Noirmoutier, l’île aux mimosas qui était devenue sa patrie et celle de son fils, après l’Indochine, dont ils étaient revenus en 1950. Ce livre, je l’ai donné à Jacques Oudin, ému comme un enfant : « Je n’en avais même plus un exemplaire ».

Mais « on ne meurt pas, on disparaît », disait Florence Artaud, que j’avais rencontrée en Vendée en 1990, lors de l’arrivée du premier Vendée Globe. J’ai eu une belle histoire d’amour avec cette louve des mers, une histoire qui a duré… 45 secondes ! La vitesse à laquelle je bois mon verre de rouge. Je l’ai écrite dans une nouvelle de mon premier recueil, Parti sans laisser d’adresse (Petit Pavé, 2006).

Je ne sais pas pourquoi je vous dis ça, mais ce qui est sûr, c’est qu’un incendie est une épreuve qui retourne les sens et l’âme.

Et encore, je ne vous ai pas évoqué Les vieux de la vieille, ni Un singe en hiver, ni Pierre Desproges (marié à une Mourain de Challans, l’humouriste eut cette répartie : « je n’ai jamais abusé du vin, il a toujours été consentant ») ni l’album des Vins de Vendée, de Jean Hugu-hic !... Jean Huguet le Chau-mois, mort voilà bientôt 10 ans, en 2006. Mais je vous remercie d’avoir lu ma thérapie à cet incendie. À tché fêtes !

Philippe Gilbert

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29Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

14

Sardines marinées

12 sardines

2 tranches de citron

¼ de botte de coriandre

2 dl d’huile olive vierge

La mousse de citron confit

1 citron confit

1 jus de citron

20 gr d’eau

4 feuilles de gélatines

300 gr de crème fouettée

La salade de betterave

150 gr de betterave

1 échalote

½ botte de coriandre

5 cl d’huile d’olive vierge

Le sablé olive

300 gr de farine

175 gr d’olives

150 gr de beurre ½ sel

1 jaune1 œuf

7 gr de levure chimique

Sardines marinées

Laver les sardines, puis lever les filets avec vos doigts,

de façon à laisser toutes les arrêtes ventrales sur l’arrête centrale. Les

rincer, puis préparer la marinade avec le reste des ingrédients et y

mettre les sardines pendant 1 heure.

La mousse de citron confit

Passer le citron confit au Blender.

Faire bouillir l’eau et le jus de citron, ajouter la gélatine,

puis l’incorporer à la purée de citron confit.

Ajouter délicatement la crème fouettée, réserver.

La salade de betterave

Faire cuire une betterave au four, enveloppée dans une feuille alu

pendant 1h30 à 180°. Puis la tailler en brunoise, y ajouter l’échalote

hachée, la coriandre hachée et lier avec l’huile d’olive.

Le sablé olive

Mélanger tous les ingrédients au batteur, puis étaler

sur une plaque et cuire à 150°. Laisser refroidir puis passer

au robot rapidement, de façon à obtenir une poudre grossière.

La gelée de crustacé

Incorporé 1 feuille de gélatine dans 100 gr de consommé de crustacé

tiède, couler sur un plateau et laisser prendre au froid.

Vinaigrette betterave-café

Beurre de café (200 gr de beurre, 4 gr de café moulu)

passer 24 h au frigo, puis clarifier.

Prendre 1 dl de jus de betterave, faire réduire jusqu’ à une

consistance sirupeuse, puis ajouter 30 gr de beurre de café clarifié.

Dressage

Prendre un emporte-pièce rectangulaire,

déposer au fond ½ cm de sablé aux olives, puis 1 cm de salade

de betteraves, 3 filets de sardines marinées. Dessus à l’aide

d’une poche a douille, ajouter 1 cm de mousse de citron confit,

les 3 autres filets de sardine, et finissez avec la gelée de crustacé.

Décorer avec les boraches cress et une lamelle de betterave Chioggia.

La sardine de Saint Gilles Croix de Vie,

la betterave nouvelle,

le citron confit pressé de sardines

Pour 4 personnes INGRÉDIENTS

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Chef de cuisine :

Jean Marc Perochon

Prix des menus :

Menus : de 35 E à 74 E

Prix moyen à la carte : 85 E

Prix découverte gustative : 14 E

Accueil :

Déjeuner : de 12h00 à 14h00

Dîner : de 19h30 à 21h00

Séminaire, animaux acceptés

Hôtel : 14 chambres

Fermeture :

Hebdomadaire : lundi et mardi (hors saison)

Nombre de couverts : 40

Référencement : Tables et Auberges de France,

Guide Michelin, Bottin gourmand, Champérard,

Maître Restaurateur,

Tables distinguées Logis de France.

63 av de La Grand Roche - 85470 Bretignolles sur Mer

Tél. : 02 51 33 65 53

Mail : [email protected]

Site : www.lesbrisants.com

Jean-Marc PerochonLes Brisants

L'étoile de Jean-Marc Perochon brille désormais

dans un décor renouvelé à la hauteur

de la carte des « Brisants ». Les plats relèvent

d'une préparation quasi alchimique qui met en valeur,

avec la plus pure authenticité, la saveur des produits locaux :

volailles de Challans, poissons de la criée de Saint Gilles,

légumes de Saint-Hilaire, sans oublier la fameuse mogette

de Vendée. Tous ces fleurons du terroir s’unissent ici,

pour le meilleur avec parfois, une touche d’exotisme,

héritière des voyages du chef. Cette saison, vous goûterez

les langoustines poêlées aux morilles étuvées accompagnées

de son sablé au thé Matcha ainsi que la noix de ris de veau

meunière avec ses carottes étuvées à l'orange et en gelée.

The star of Jean-Marc shines brightly within

this newly updated décor, matching

the quality of the menu of the Brisants.

The authentic dishes arise from the very best

of local produce: poultry from Challans,

fresh fish from the St Gilles market, vegetables

from Saint-Hilaire, not forgetting

the celebrated Vendee mogette beans.

All these treasures are combined here with

a hint of spices from the chef ’s travels.

This season you can enjoy pan grilled

langoustines with steamed morel mushrooms

and Matcha sweetcrust pastry,

or sweetbreads in batter with steamed

carrots a l’orange.

15

BRETIGNOLLES SUR MER

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ED I T IONS O F F S E T 5

et les produits du terroir

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indispensables…

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CS 90017 - 85150 LA MOTHE ACHARDTél : 02 51 94 77 78

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Le guide des meilleurs restaurants de Vendée Coll. « Les Plus Belles Tables de Vendée », Éditions Offset 5.

DANS TOUTES LES MAISONS DE PRESSE

Page 30: Lire en vendée 29 juillet2015

30 Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

correcteur et une autre à la réécriture au Centre d’Écriture et de Communication de Paris. Parmi mes formateurs, M. Jean-Paul Colignon, chef cor-recteur au journal Le Monde.

Depuis quand exercez-vous ce métier ?

Depuis 2010. Et mon activité se partage essen-tiellement entre la rédaction de biographies pour particuliers et la correction de romans, documents historiques, témoignages divers. Il y a aussi bien en-tendu les lettres, les hommages et le conseil auprès de ceux qui veulent écrire, quel que soit leur projet.

Quel message aimeriez-vous nous faire passer ?

Je ne suis pas auteur mais, dans mon métier, il existe une part importante de création. La correc-tion relève un peu du travail de l’orfèvre. Elle de-mande une très grande minutie. Le moindre signe en trop, manquant ou mal placé, peut constituer une faute. Et puis, bien sûr, il y a l’amour de la lan-gue française, le plaisir de chercher les bons mots, de les trouver et de les mettre sur le papier.

Quelles sont vos relations avec les écrivains ?

J’ai un très grand respect pour le travail des au-teurs. Je n’ai pas à me substituer à eux. Je ne corrige rien sans qu’ils le sachent. Certaines corrections sont nécessaires. Il faut parfois les justifier. D’autres sont des suggestions.

Je suppose que votre approche est différente pour ce qui est de l’écriture des biographies ?

Dans les récits de vie, je travaille à partir d’enre-gistrements sonores qui me permettent de recueillir l’intégralité des récits que l’on me confie. À partir de là, je transcris quasi littéralement les enregistre-ments, puis je les réécris en restant au plus près de ce qui a été relaté. Je veille à rédiger des textes intel-ligibles et fluides, de la première à la dernière page. Le cas échéant, je propose d’ajouter quelques notes sur un point d’histoire, sur un métier, afin d’enrichir les textes.

Si on veut vous contacter, quelles sont vos coordonnées ?

Si vous voulez en savoir plus sur mon activité, n’hésitez pas à consulter mon site : www.elisabeth-chauvin.fr. N’hésitez pas non plus à m’écrire à l’adresse suivante : [email protected]

Jean-Claude Lumet

Élisabeth Chauvin, écrivain public

« des yeux pour nos mots…, des mots pour nos vies… »

Vous qui fréquentez les allées des manifestations autour du livre, vous l’avez forcément croisée. Le regard est attentif, le sourire accueillant, le mot cha-leureux. C’est Elizabeth Chauvin. Sa carte de visite indique Écrivain public – Biographe – Correctrice.

Autrefois scribe ou copiste, l’écrivain public a toujours été le trait d’union, le porte-parole ou le porte-plume de ceux qui devaient ou voulaient s’adresser aux administrations comme à leurs proches ou concitoyens. J’emprunte à Wikipédia les lignes suivantes : « Grâce aux technologies de la communication et de l’information, l’écrivain pu-blic contemporain peut développer un large éventail de services rédactionnels : documents administratifs, courriers personnels, discours, faire-part, pages web, biographies, récits de vie, textes littéraires, correc-tions, réécriture. Il sait s’adapter à la demande, aussi bien pour le compte des particuliers, des entreprises que des collectivités locales, afin de leur permettre de communiquer de manière efficace. »

Cela pourrait suffire à présenter l’éventail des activités d’Élisabeth. Mais elle va nous préciser son domaine de prédilection dans une interview. Vous pouvez aussi la croiser sur un salon du livre, sur son stand où elle propose, en accord avec les auteurs, les livres auxquels elle a collaboré. De toute façon, vous aurez toujours droit à son sourire accueillant, à un mot chaleureux.

Écrivain public, est-ce que ça s’improvise ?

Je ne veux pas parler pour les autres. En ce qui me concerne, j’ai suivi une formation au métier de

Interview

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31Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

Échos-MuséesVendée Historialles Amis du Musée

L’association continue son action en 2014 et 2015 avec le même enthousiasme

Notre équipe remercie ici tous ses adhérents qui ont répondu présent à la pre-mière demande et participent activement à son fonctionnement. Elle remercie également toutes les personnes au Département, à l’Historial, à la Conservation des Musées, au Centre Vendéen de Recherches Historiques, aux Écrivains de Vendée, aux Vieilles Maisons Françaises et à la Fondation du Patrimoine qui ont permis une extraordinaire mobilisation et des activités toujours renouvelées.

La cohésion et la volonté de développer l’activité culturelle en Vendée ani-ment toutes nos associations qui auront toujours de belles pages à remplir si elles gardent cet élan généreux et ouvert.

Nous n’avons jamais douté de cet élan, il nous est allé droit au cœur !

Le conseil d’administration de Vendée Historial

Adhésion à l’association, 15 €, s’adresser à l’Historial ou à la Conservation Départementale des Musées, 18 rue Luneau, 85000 La Roche sur [email protected]

Prochaines manifestations :

Assemblée à l’Historial le 25 août

Excursion à Poitiers le 10 octobre

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32 Échos-Musées - juillet 2015 - décembre 2015

Pet i t rappel h i s tor ique, 2001-2015

En 2002-2005, l’association se réunit à la salle des fêtes des Lucs-sur-Boulogne lorsque la décision est prise de réa-liser le futur Historial dans cette commune.

L’association des Amis de l’Histo-rial de la Vendée fait suite à l’asso-ciation des Amis de l’Écomusée de la Vendée au Puy du Fou créée au départ du spectacle du Puy du Fou avec son premier Conservateur Fran-cis Ribémont.Appelé en 2001 à succéder à Jean Lagniau à la présidence de cette as-sociation, Jean de Raigniac prépare avec Christophe Vital à la Conserva-tion des Musées le transfert du musée dans une nouvelle structure à créer...

En 2001, dernière réunion des amis de l’Écomusée de la Vendée au Puy du Fou.

1

Avril 2002

Les AMIS

desMUSÉESde VENDÉEPublication : Association des amis de l'Écomusée de Vendée18, rue Luneau, 85000 La Roche-sur-YonTél. : 02. 51. 44. 28. 10 * Fax : 02. 51. 44. 28. 00

Cette tapisserie a été tissée pour un futur évêque de Luçon, lequel ? réponse dans ce numéro.

ÉCHOS-MUSÉES

Cette fleur est-elle un objet de collection ? Elle annonce ici le printemps des Musées

les 6 et 7 avril 2002.

n° 2

Christophe Vital nous fait visi-ter le 3 septembre 2002 le site du musée à venir et le lieu de stockage du fonds archéolo-gique...

Avril 2002, première revue,

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33Échos-Musées - juillet 2015 - décembre 2015

Le 24 août 2003, Christophe Vital nous fait décou-vrir l’étendard de la duchesse de Berry restauré grâce à l’association, un médaillon du Comte de Chambord...

...et les premières maquettes du futur musée avec visite du site...

Visite à Angers le 10 décembre 2005 à l’initiative de Laurence Vacher.

rappel historique

Nous découvronsle musée le 20 juin 2005.

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34 Échos-Musées - juillet 2015 - décembre 2015

Rallye avec déjeuner au Guy à St-Denis du Payré

et conférence le 9 novembre de Gonzague Saint-Bris, à l’Historial.

Premier rallye du Patrimoine en association avec la Fondation du Patrimoine le 1er mai 2006, dé-part au Mazeau à St-Michel-le-Cloucq.

Le 9 décembre 2006, nouvelle escapade à Angers.

En 2007, conférence le 2 mars sur la Marine de guerre au XIXe siècle et concert le 19 mai pour la Nuit des Musées à l’initiative d’Alain et Marie-Claude Rouxel.

En 2009, visite à Richelieu avec Patrice Vignial et André Boutin.

Rallye le 1er mai 2007au départ de l’Auneau et dî-ner à la Chevillonnière.En 2008, rallye de Claude Mercier dans le marais bre-ton et visite à Niort, tou-jours avec Claude Mercier.

Conférence de Mme Terrien sur Richelieu le 10 octobre 2008 avec Patrice Vignial.

Page 35: Lire en vendée 29 juillet2015

35Échos-Musées - juillet 2015 - décembre 2015

rappel historique

En 2011, rallye autour de Bazoges en Pareds,pique-nique à Pulteau.

Conférence de Jean-Marie Rouartsur Napoléon avec Patrice Vignial à l’Historial, visites dans le Haut bocage

Sortie en 2010 à Nantes.

Rallye en 2010 à Saint-Michel en l’Herm et au Langon.

et de Luçon le 27 septembre 2012,organisées par Laurence Vacher.

Colloque à l’Historialle 23 novembre 2012 sur « les Vendéens face à la seconde guerre mondiale »avec le CVRH.

En 2012 rallye dans la région de Mareuil, pique-nique à Chaligny

Conférence de Monique Demagny à l’Historial sur la fondation de l’abbaye de Fontevraud.

Page 36: Lire en vendée 29 juillet2015

36 Échos-Musées - juillet 2015 - décembre 2015

visite du marais breton ven-déen à Bouin avec Théodore Rousseau, la Nuit des Vi-traux, la Nuit des Musées, la Journée du Patrimoine et les Nocturnes de l’His-torial, les permanences à l’Historial, l’accompagne-ment pour la réception de délégations étrangères à l’Historial de la Vendée.

Colloque sur Clemenceau et l’Asie.Sortie de deux numéros de la revue

Lire en Vendée Échos-Musées en décembre 2013 et décembre 2014.

En 2013, rallye dans la région de Mouchamps, pique-nique à la Pé-lissonnière

Visites en juin 2013 à Oiron et Saint-Loup sur Thouet avec Françoise Gouin-Grousset.

en 2014 organisation matérielle (ac-cueil, repas, librairie, tribunes…) d’un nouveau colloque conçu en collabora-tion et en vidéoconférence avec le Musée Guimet sur Clemenceau et les Arts modernes. Nous avons repris les activités tradition-nelles de soutien du musée et d’anima-tion de l’association en organisant pour mieux les promouvoir des visites des ex-positions, des sorties avec le Rallye du Patrimoine le 8 mai dans la région de Fontenay, pique-nique à l’Hermenault une autre au Musée Milcendeau,

Colloque à l’Historial les 24 et 25 octobre 2013 sur le 220e anniversaire des événements de 1793 : «Empreintes de la Guerre de Vendée».

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37Échos-Musées - juillet 2015 - décembre 2015

L’association Vendée Historial prend en 2015 le relais des Amis, organise son rallye du Patrimoine le 1er mai 2015 et apporte son appui à la Nuit des Musée le 15 mai après le Congrès Archéologique Régional à l’Historial.

rappel historique

Page 38: Lire en vendée 29 juillet2015

38 Échos-Musées - juillet 2015 - décembre 2015

Hommage au Vendée Globe – Le départ dans le chenalHuile sur bois, 1999, 35 x 95 cmCollection particulière

Raphaël Toussaint : 1994 – 2015,Les voyages pittoresquesExpositionà l’Hôtel du département du 4 mai au 3 juillet 2015

Le Conseil Départemental de la Vendée a décidé de mettre l’Hôtel du Départe-ment à la disposition de l’artiste peintre Raphaël Toussaint pour en faire un lieu d’exposition de ses œuvres. Cette exposition réunit une soixantaine de toiles peintes entre 1994 et 2015 par l’artiste dont l’œuvre s’inscrit dans le courant d’expression dit « naïf ». À cette occasion, il a choisi de mettre en avant son territoire de prédilection : la Vendée !

C’est ainsi que les 60 tableaux, pour la plupart jamais dévoilés au public, retracent toute la diversité des paysages du département, de son patrimoine na-turel et bâti : de la côte des Sables d’Olonne à l’in-térieur des terres au Mont des Alouettes, en passant par l’île d’Yeu, l’île de Noirmoutier, le marais poite-vin, l’abbaye de Maillezais, Le Poiré sur Vie, Saint Vincent Sterlanges, les jardins de William Christie à Thiré, le Logis de la Chabotterie, la baie de L’Ai-guillon, la place Napoléon…

Le bord de mer :

« De Noirmoutier à l’île d’Yeu en passant par la baie de l’Aiguillon, toute la côte vendéenne est un véritable vivier à tableaux. Depuis la côte, la mer suscite la réflexion, le rêve, l’évasion, les voyages lointains. Elle ne se laisse pas « saisir » facilement, il est nécessaire de la contempler longuement. Elle est changeante, calme ou furieuse. Quant à ses couleurs et à sa transparence, il faut être bien prétentieux pour vouloir les interpréter et les transposer sur la toile ».

Au fil de l’eau :

La Ferme aux volets bleus dans la Venise verteHuile sur bois, 199738 x 46 cmCollection particulière

« L’élément aquatique est souvent au centre de mes tableaux, sûrement parce que l’eau est le mi-roir du paysage, de la réalité qui l’environne. L’eau est un prétexte à créer des effets de miroitement. Il n’est jamais facile de traduire un reflet dans l’eau, mais s’il est réussi, il donne vie au tableau par l’effet d’optique. Il y a le sujet et ce que l’on en fait. L’eau calme et dormante du marais vendéen est ce sujet et celui-ci témoigne parfaitement de ce que recherche le peintre : créer des effets ».

Aux abords du logis :

« La Vendée me parle ! La Vendée m’habite ! Ses paysages sont beaux dans leur simplicité et dans l’at-mosphère qui les baigne car la lumière en Vendée est douce et belle, elle est recherchée par les peintres. Dans le paysage qui fut traversé par l’histoire, notre Histoire, il y a les lieux, les logis, les châteaux, les villages. Là est toute notre richesse, tout notre patri-moine. Dans un tel décor, tout est prétexte à peindre et je m’y suis consacré entièrement. La Vendée m’a tout donné. J’ai puisé en Elle ».

La Davière - Logis vendéenHuile sur bois, 200427 x 35 cmCollection particulière

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39Échos-Musées - juillet 2015 - décembre 2015

En hiver :

« Le privilège de l’artiste est qu’il est libre. N’est-il pas dit sans cesse : « Liberté d’ex-pression !... » J’aime l’hiver et les arbres dépouillés, je les aime lorsqu’ils sont ciselés par la neige et que leur silhouette se découpe dans le ciel.

La neige est une « enjoli-vure » de paysage. Elle purifie tout, elle unifie tout et elle per-met aux peintres de jouer avec tous les dégradés de blancs qu’il n’est pas si facile de trai-ter. Alors, même si la Vendée n’est pas un département sou-vent visité par la neige, je ne peux m’interdire le plaisir de la vêtir en hiver de ce manteau blanc qui lui sied si bien.

Raphaël Toussaint a sou-haité présenter au public un aspect plus méconnu de son travail en affichant ses convic-tions religieuses. Ainsi, un es-pace de l’exposition est intitulé « Univers spirituel ».

« Ma foi est profonde et honnête. Je ne cherche pas à m’abriter derrière la religion afin de me distinguer ou de me valoriser. Non, mon at-tachement à mes convictions est resté fidèle à l’éducation que j’ai reçue et qu’au-jourd’hui on peut retrouver dans ma peinture. Je crois en un Dieu créateur certes et je crois en l’inspi-ration que nous recevons de Lui. La Croix du Christ rayonnant sur le monde est un exemple de cette ins-piration ressentie, tout comme La Vierge des Landes ou le travail de composition sur la Béatification de Jean Paul II, ce pape qui fut un guide. La spiritualité me porte, c’est ainsi… ».

Un peintre paysagiste et coloriste au style résolument naïf

Raphaël Toussaint est un peintre vendéen né à La Roche sur Yon en 1937. Il se passionne très tôt pour les arts. Il s’est adonné au chant lyrique de 1950 à 1964 avant d’abandonner suite à une blessure de guerre. Sa passion pour la peinture commence

à l’âge de 13 ans et ne le quittera plus. Il devient peintre professionnel en 1970 et exerce toujours son art dans son atelier du Beignon Basset. C’est René Robin, son beau-père et mentor, qui l’oriente vers une peinture centrée sur l’observation de la nature en 1964. Depuis ses débuts, il a peint plus de 800 tableaux.

Son œuvre est qualifiée de « naïve » et de « figura-tive » en raison des thèmes abordés, des personnages figés sur la toile, de la multitude de couleurs vives et des détails pittoresques. Ce courant artistique n’est véritablement reconnu qu’à la fin du XIXe siècle, no-tamment grâce aux œuvres du Douanier Rousseau qui recherche l’originalité face à l’académisme ré-gnant. Raphaël Toussaint accorde également beau-coup d’importance à la lumière qui rehausse les cou-leurs et révèle ombres et détails. Ce travail s’illustre principalement dans les peintures de ciel et de mer qu’il affectionne.

Exposition Raphaël Toussaint

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40 Échos-Musées - juillet 2015 - décembre 2015

La fin de l’année promet d’être riche, belle et surprenante à l’Historial de la Vendée !

L’équipe de la Conservation des mu-sées et des expositions, dont les compé-tences ne sont plus à démontrer, est une nouvelle fois à la barre, sous la respon-sabilité de son capitaine Christophe Vi-tal, pour présenter le 11 novembre pro-chain - une date qui n’a pas été choisie au hasard - une exposition et un ca-talogue prestigieux Les deux conflits mondiaux vus et vécus par les artistes de la Vendée.

Qu’ils aient été mobilisés pour combattre l’en-nemi les armes à la main, prisonniers dans un camp en Allemagne, résistants puis déportés, réfugiés dans un ministère, illustrateurs pour une revue satirique, ou choisis pour commémorer par le monument les soldats morts au champ de bataille, les artistes vendéens méritent d’être portés sur le devant de la scène.

Impressions matinales sur le Mont des AlouettesHuile sur bois, 1997, 38 x 46 cmCollection particulière

La place Napoléon sous la neige - La Roche-sur-YonHuile sur bois, 2002, 35 x 95 cmCollection de l’artiste

Cet artiste vendéen a reçu de nombreuses dis-tinctions et nominations dont la croix d’argent du mérite du dévouement français (2000), La médaille de vermeil d’art, sciences et lettres (1999), Le Prix Charles Cottet (2000), Le Prix Francis David Millet (2010). En 2004, le Ministère de la Culture lui a décerné le titre de Chevalier des Arts et des Lettres. Il expose également dans de nombreux salons en

France et à l’étranger.PublicationLes Voyages pittoresques de Raphaël Toussaint : 1994-2015, Conseil départemental de la Vendée,79 p., Éditions Offset, 2015Ouvrage édité à l’occasion de l’exposition du 4 mai au 3 juillet 2015 à l’Hôtel du département, La Roche sur YonCrédits photographiques :© Conseil départemental de la Vendée, conservation des musées et expositions, Patrick Durandet

Les deux conflits mondiaux par les artistes vendéens

Pierre-Bertrand, Le jus dans la tranchéeCrayon sur papier, Collection particulière© Conseil départemental de la Vendée, conservation des musées et expositions, Patrick Durandet

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Auguste LepèreLa guerre est déclaréeGravure sur bois, reproduite dans L’Histoire illustrée de la guerre de 1914 Collection Historial de la Vendée, Les Lucs-sur-Boulogne© Conseil départemental de la Vendée, conservation des musées et expositions, Serge Bauchet

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Ainsi cette exposition, que vous pourrez voir et revoir jusqu’au 6 mars de l’année prochaine, et le catalogue superbement illustré qui l’accompa-gnera, seront l’occasion de présenter les œuvres du sablais Jean Launois (1898-1942) rapportées d’Italie du-rant la Grande Guerre et de la section de camouflage à laquelle il fut incor-poré en 1939, mais aussi celles de Pierre-Bertrand (1884-1975), cet ar-tiste issu d’une famille luçonnaise qui combattit vaillamment l’ennemi dans les Vosges avant d’être fait prisonnier à Mannheim.

Nous pouvons encore citer les œuvres réalisées dans un camp de prisonniers de Bavière par le vendéen Claude Delaunay(1915-2000) qui avec quelques morceaux de linoléum trouvés dans les décombres de Munich sut concevoir de très belles gravures ; les œuvres de Léopold Marboeuf (1916-2006) qui

Maurice de La PintièreTransport d’arbre en forêt avec les chiensLavis réalisé à son retour de dé-portationCollection particulière

Maurice de La PintièreInvasion de la Pologne en sep-tembre 1939Gouache, 1939Collection particulière

© Conseil départemental de la Vendée, conservation des musées et expositions, Patrick Durandet

dans l’oflag IV D, en Silésie, révélèrent ses multiples talents artistiques ; les dessins émouvants d’Hen-ry Simon (1910-1987) rapportés du stalag 1B en Prusse Orientale, portraits de ses compagnons de

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silence et témoins d’une vie si proche de la mort. Nous nous ar-rêterons et marquerons un moment de silence devant les œuvres des déportés, Maurice de La Pintière (1920-2007), après sa libération du camp de Dora, et Jean Laidet qui aujourd’hui témoigne de sa vie passée dans le camp de la mort de Buchenwald.

Quant aux artistes de la Vendée qui par leurs dessins ont souhaité à leur manière participer aux conflits pour lesquels ils n’étaient pas mo-bilisables, nous pouvons citer par exemple Benjamin Rabier (1864-1939) qui s’illustra par ses dessins humoristiques et satiriques pendant la première guerre mondiale ou en-core Auguste Lepère (1849-1918) qui ne manqua pas d’illustrer par ses gravures réalisées à Saint Jean de Monts l’ouvrage de Gabriel Hano-taux La guerre de 1914.

Nous ne pouvons clore ce sujet sans parler des sculpteurs Arthur Guéniot (1866-1951), Jan et Joël Martel (1896-1966) qui ont mis leur art au service de la Vendée et plus largement de la France par la conception de monuments aux

morts. Si Jan fut mobilisé en 1915, se séparant de son frère réfor-mé, les deux hommes n’en ont pas moins entretenu une correspon-dance presque journalière, aujourd’hui inédite, Jan décrivant par le menu détail sa vie au front, agrémentant ses lettres de croquis. Les deux frères après l’Armistice ont répondu au concours d’érections de monuments aux morts par la réalisation de nombreux dessins et maquettes.

Marie-Élisabeth Loiseau

Exposition Les deux conflits mondiaux par les artistes vendéens

en haut : Jean Launois, Soldat au front, Crayon sur papier, 1917Collection Musée de l’Abbaye Sainte-Croix, Les Sables d’Olonne

cicontre : Henry Simon, Prisonnier du Stalag 1B au crâne rasé, 1941, Crayon sur calque, Collection Historial de la Vendée, Les Lucs-sur-Boulogne

© Conseil départemental de la Vendée, conservation des musées et exposi-tions, Patrick Durandet

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44 Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

Noël Fouque Une escale aux Sables d’Olonne Beaupré, 22 €

Il est photographe et il vient régulièrement « se res-sourcer » aux Sables d’Olonne. Il essaie de nous faire découvrir ou redécouvrir ce que nous ne voyons pas, ou auquel nos yeux se sont trop habitués. Chacune de ses photographies est une approche originale du sable, de la côte et de la mer. Macrophoto, prisme, il donne à voir et l’angle de son regard surprend. Ses images sont accompagnées de courtes citations qui donnent aussi à penser. « Nous réalisons que ce que nous accomplissons n’est qu’une goutte dans l’océan. Mais si cette goutte n’existait pas dans l’océan elle manquerait » Mère Teresa. « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. » Marcel Proust. Bon voyage ! Y.V.

Rémy Imbert, Philippe Roy Oeuvres peintes 1982-2014

Fonds de la dotation de la Chardière Saint-Jean, 190 p., 35 €

Philippe Roy expose régulièrement des artistes à la Char-dière à Chantonnay ; Il en écrit souvent les catalogues et vient d’éditer cette fois-ci un livre entier sur l’œuvre d’un artiste des Sables d’Olonne. Rémy est un vrai peintre et Philippe un véritable amateur d’art, n’hésitez pas à faire avec eux ce voyage au pays de l’étrange ordinaire...

Éric PénardEvaPlume au bout des doigts, The Book,40 p., 12 €

Jeu graphique et verbal à partir du roman de James Hadley Chase et de Joseph Losey, à la manière d’une bande dessinée ou d’un magazine, un dessin spontané sans repentir, petit recueil d’œuvres choisies de ce professeur d’art qui réside également aux Sables d’Olonne. JR

Nos sélections, ...Livres d’art...

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Gabriel ArnaudCarte mémoire Palingénésie Soc et Foc

Nous sommes touchés par les courts poèmes de Gabriel Arnaud, avec la même instantanéité que le

lecteur informatique l’est par la carte mémoire. Le titre de ce recueil est muni d’un sous-titre au vocable savant : «palingénésie», qui dénomme les gravures et peintures de Claire Fauchard. Textes et œuvres d’art

...Poésie...

ne vont jamais les uns sans les autres. Palingénésie, c’est le retour à la vie des divers éléments de la na-ture, les uns nourrissant les autres et donc vivant sous d’autres formes. Les images sont flagrantes et les textes incisifs, ils nous interpellent dans ce ma-gnifique petit livre qui s’est construit autour d’une souche.

L’arbre coupé ne reconnaît plus le ciel à la terre il offre la blessure de ses yeux. Alain Perrocheau

Nos sélections, ...Livres d’art...

Régine Albert et Nathalie BeaucousinLes Arbres de ma MémoireÉcho-Optique, 50 p., 15 €Contact : 06 59 18 90 29

Régine Albert sait chanter l’arbre ! Elle sait aussi que le début de la philosophie est de parler à un arbre. L’écrivaine native du Petit-Bourg des Herbiers (na-guère commune, comme Ardelay) sait enfin qu’on ne se remet jamais de son enfance (Freud).

Aussi, à sa maturité, la « petite feuille du bocage » repeuple ses souvenirs avec Les arbres de ma mé-moire, des arbres qui ont jalonné son existence, à commencer par le roi des végétaux : le chêne. Celui qui régnait dans un pré, en face de chez elle, avait besoin des bras tendus de six fillettes pour faire le tour du tronc. Il n’était pas pédonculé mais sessile. Il devint vite le « chêne Cécile ».Tilleul, prunier, platane, sapin, pommier, pin pi-nier... La plume de Régine Albert, en textes courts mais racontant cependant une histoire, file le déli-cat tissu des mots pour donner envie aux lecteurs de philosopher, parler à un arbre ! Et ses voyages en Russie lui ont donné une vision hallucinante du bouleau, « au fût blanc argent, comme une barre de métal dressé ». Le bouleau qu’elle a découvert là-bas « à l’infini, des bouleaux par millions qui vivent en tribu ! »Les illustrations sont signées par Nathalie Beaucou-sin. C’est d’ailleurs le remarquable travail de cette plasticienne pour une exposition qui a motivé Ré-gine Albert à écrire cet ouvrage. Attention, ce livre est en série numérotée et limitée. Édité en début d’année, il a été épuisé en trois mois. Écho-Optique vient de le rééditer. PhilG.

Christine AngeliniUtopia90 p., 8, 50 €

Christine Angelini, après Moira et Gaia, revient avec UTOPIA, un titre court qui en dit long. C’est

un recueil d’histoires enfantines pour adultes. Une écriture légère, emportée pour des petits contes pétillants qui se lisent d’une traite. L’auteur met en scène le soleil ou la peau de chagrin ou encore quelques animaux malins quand ce n’est pas le Petit Chaperon Rouge en personne. Eveline Thomer

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Vincent LanglaisSur les murs du temple des anges

Le quatrième recueil de Vincent Langlais est dans la droite ligne des trois précédents. Nourri de son goût pour les cultures an-tiques et l’archéologie, l’auteur nous invite à entrer dans le temple des anges, où se dévoile à coup sûr le merveilleux de la vie. Sur le ton

protecteur de celui qui trace la voie, il nous invite à

«voir la vie comme une école», selon le titre d’un des poèmes et pour cela, nous convainc qu’il faut rester ou redevenir enfant, seule condition pour recevoir la lettre de l’ange qui nous protège. Reste alors à célébrer ces moments de rare plénitude, comme on vit la méditation lumineuse et enrichissante, en re-cherchant au fond de soi les richesses que vivre nous a données et qu’enfin la poésie puisse faire rêver.

Entre ô toi le voyageur Pour que ces murs chassent tes peurs A.P.

...Poésie...

Lionel-Édouard MartinFaire avec Soc et Foc

Un recueil dense, illustré par Nel-ly Buret, aux poèmes en prose que fond et forme amènent à évoquer Francis Ponge. C’est un assem-blage de choses, d’objets qui struc-turent et délimitent un territoire,

de parties du corps humain dont nous n’avons que l’usufruit, d’animaux qui sont le cheptel avec lequel nous cheminons, et d’espaces aériens qui ouvrent

Guy AllixPoèmes pour Robinson Soc et Foc

Accompagné par les illustra-tions magnifiques de couleurs et de formes d’Alberto Cuadros, qui ne peuvent laisser indifférents ni enfants ni adultes, Guy Allix dit

son bonheur de jouer le rôle du grand-père. L’en-fant est éloigné, séparé, peut-être simplement rêvé, mais alors ce recueil est celui d’un rêve qui devient

réalité, peut plus encore. L’art du poète lustré pour mieux attirer la sensibilité du jeune public, qui n’en doutons pas, sera capable de répondre à cette main tendue. On a tous rêvé d’avoir le grand-père idéal. Il est là, caché entre les lignes du poème et derrière les éventails lumineux de l’illustrateur. Avec un tel papy, tous les enfants seront poètes.

J’ai un petit-fils Quelque part dans le monde Je ne sais où Il vit bien loin de moi Il vit bien loin de moi A.P.

définitivement notre vie. Ces choses sont celles de Lionel-Édouard Martin, coulées dans une langue qui est la sienne, mais qui chemine avec adresse jusqu’à nos oreilles universelles, par lesquelles elles nous captent et nous interrogent. Un recueil lourd et riches de promesses en tous genres, que chacun pourra recevoir comme des conseils à suivre : «Trace la route, ouvre la voix, passé, présent pour avenir et cible, dans le sifflement de tous les biseaux lugubres effleurés par la lèvre». A.P.

Véronique Joyaux Hésitations dans l’ombre Soc et Foc

Ces hésitations dans l’ombre sont presque un mode de vie. Un re-tour au passé ne saurait apaiser les doutes. Une sorte de résignation qui prolongerait la découverte, au détour d’un cauchemar ou dans les

grisailles transparentes du quotidien, la difficulté de

vivre et d’aimer. La présence du Toi ne rassure guère, elle mène aussi à des incertitudes. Le poème est l’es-pace de l’abandon, mais aussi du questionnement, qui ne trouve parfois en réponse que l’indifférence de la nature. Un recueil très personnel émaillé des tendres lavis de Marc Bergère.

Vent des mers vagues toujours fêlées Il restera un jour une image incertaine en otage dans la nuit devenue dense Il m’arrive parfois d’être vivante

A.P.

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47Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

...Fiction, Sience-Fiction...Yves ViollierL’instant de grâceRobert Laffont, 240 p., 19 €

Affirmer que la parution annuelle du nouveau roman d’Yves Viollier est l’un des événements majeurs de la vie littéraire de notre départe-ment semble une incontournable vérité qui ne fait injure à personne.

Il suffit de voir les fans de notre écrivain vendéen se précipiter lors des séances de dédicaces pour consta-ter la popularité (méritée) de l’auteur, entre autres, de Les Lilas de la Mer qui obtint le Prix Charles Ex-brayat en 2001. Cette année, L’instant de grâce offre à ses lecteurs un double attrait, un double récit, deux vies qui se croisent au fil des chapitres et des événements tra-giques où nos ancêtres ont tant souffert. L’un des

héros mis en scène par Yves VIollier est le général Bonchamps, célèbre pour avoir donné l’ordre de faire grâce aux prisonniers, alors qu’il se trouvait lui-même blessé à mort. Le père de David d’Angers était au cœur de ces soldats bleus épargnés par la volonté d’un général agonisant. Trois décennies plus tard, David d’Angers, de-venu sculpteur d’un immense talent, réalise son œuvre maîtresse, un chef d’oeuvre en hommage à Beauchamp, dont tous les «grands romantiques» re-connaîtront la fière beauté. L’instant de grâce, ressuscite «l’épopée de ces hommes et de ces femmes emportés dans la guerre et la Révolution et racontant les sept ans de la créa-tion d’une sculpture qui a marqué son temps.» Un grand roman où Yves Viollier, avec sa verve et son talent d’écriture, met en exergue les vertus du par-don qui conduisent à un fabuleux instant de grâce. Jacques Bernard

Michel CardineauJ’ai rencontré mes ancêtresGeste, 177 p., 18 €

Plongé dans ses recherches généa-logiques, l’auteur découvre sur son écran d’ordinateur l’acte de ma-riage de son ancêtre, en date du 9 février 1848, un document ma-

gique. Étrangement, il remonte le temps et se re-trouve parmi les invités de la noce, au milieu de ses ancêtres. Du côté de Nesmy. « Reconnu » par les

siens, il vit avec eux, à la façon du XIXe siècle. Mais voici que les anciens veulent, à leur tour, remonter le temps à l’envers. Ils débarquent dans le monde d’aujourd’hui, se heurtent à l’électricité, à la pho-to, aux voitures et aux supermarchés. Parfaitement maîtrisé, ce divertissement, narré aussi en parlhanje, dépasse largement les seuls aspects anecdotiques de cet aller-retour dans le temps. Il moque gentiment quelques-uns de nos comportements, sans renier, bien au contraire, tous les bienfaits du progrès. De retour à son époque, l’ancêtre gardera la perceuse électrique, son «souvenir du futur»... Gilles Bély

Andréa OumrainLe Cycle des InitiésDorval, 230 p., 19.90 €

Le salon de Saint-Gervais est le creuset de notre association. Il y reçoit aussi des écrivains attirés par la Vendée, ainsi cette année An-dréa Oumraïn, éditée par Dorval,

avec une histoire assez fascinante, très actuelle et en même temps très James Bond, très Da Vinci Code, très féminine et très séduisante…Assez déroutant, nous ne sommes pas tous des ini-tiés, il faut un peu s’accrocher mais on apprend avec Andréa à s’ouvrir, à élever notre regard, à rechercher de nouveaux horizons, un quête qui doit se prolon-ger dans deux autres volumes qui parferont notre initiation dans de nouvelles aventures... DC

Françoise Dubost-LucianiAu festin : la tendresseÉcrituriales, 187 p., 15 €

Dès qu’il aborde les premières pages, le lecteur est happé par l’atmosphère qui règne dans l’étrange château du Docteur Barbe. Les occupants, réunis

par la grâce du hasard, y mènent une vie où se côtoient le pittoresque et le quotidien. Dans cette micro-société, on se glisse attentif, curieux de ce qui se trame dans ce

groupe insolite. On est enveloppé par l’atmosphère à la fois drôle et dramatique que l’écriture parfaitement maîtrisée restitue à merveille. On évolue dans un univers décalé où l’auteur a créé un monde où elle aurait aimé vivre. Nous aussi, nous nous trouvons très à l’aise, à la fois spectateurs et acteurs, dans ce festin où la tendresse s’invite au menu quotidien. La parenthèse du bonheur se refermera un jour, mais cela, nous le savons bien : les plus belles histoires ont une fin. Régine Albert

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48 Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

Pascal PratzPrélude à l’éclosion d’un Janus irlandaisDurand-Peyrolles, 122 p., 10 €

Quel mauvais caractère ce Pratz, Nantais aux origines vendéennes (il fut conçu au Querry-Pigeon, à Talmont !) Gueulard, fouettard,

indépendant, gauchiste, anar, libertaire, soixanthui-tard… Mais quel talent ! quel styliste, et dans la phrase courte en plus !

D’ailleurs, ce caractère entier, Pascal Pratz le met en scène dans son dernier livre, un roman court. At-tention, c’est lui et pas lui, ce jeune peintre qui dé-couvre que l’Irlande est rousse, que l’amitié avec son pote d’enfance devient compliquée, deux amis pour un amour, deux amours pour l’Eire…. C’est lui et pas lui dans ce court roman intimiste, qui est presque une longue nouvelle. De l’auto-fic-tion rêvée ! Le titre paraît compliqué. Mais cette superbe histoire est menée tambour battant, sans concessions. Ce Pratz vaut bien des tas d’écrivains des maisons d’éditions parisiennes ! PhilG.

Danielle GirardeauLa Profondeur BleueÉdilivre, 260 p., 19 €50

«La Profondeur bleue» ou «voyage vers soi» de Danielle Girardeau est un roman dont l’héroïne découvre par hasard le sens profond de la vie.

Partie pour un congrès international sur les maladies infectieuses, à Boston aux Etas Unis, elle se retrouve à Long Island à cause d’une tempête de neige. De rencontre en rencontre, elle fait un voyage inat-tendu avec des Chamans. Au fil de l’histoire, Clara plonge dans la profondeur Bleue et remonte des eaux boueuses de l’inconscient pour émerger dans la lumière des eaux transparentes.

Ismaël Ben-MesbahLa DémesureÉdilivre, 340 p., 22,50 €

Ce roman est écrit d’une belle plume et comme un découpage de film. Si parfois le cinéma manque d’idées, il serait bien inspiré d’en prendre connaissance… Les pré-

cédents livres d’Ismaël Ben-Mesbah étaient intéres-sants, celui-ci est un roman accompli. On se balade dans une saga familiale où chaque chapitre est un personnage d’une famille bourgeoise et riche : avec ses amours, ses histoires, ses démêlés, ses jalousies, ses réussites... On a l’impression de se retrouver dans les bouquins de Druon avec ses Grandes Fa-milles, Philippe Hériat et ses Boussardel, plus près de

nous Catherine Pancol. Le personnage central est une avocate égocentrique qui veut tout régenter qui réussit dans sa vie professionnelle, mais qui échoue en fin de compte sur tout ce qui touche à l’humain. Elle perd l’amour des siens à commencer par ses en-fants et celui de son mari. Malgré ses échecs affectifs rien ne la fait changer, elle est enfermée dans sa vé-rité et son amour d’elle-même.Ce roman se lit d’un seul jet, on n’a pas envie de le laisser, il colle aux doigts. Tous les personnages représentent le gratin de l’aristocratie française. Ce livre est une étude sociologique bien documentée de ce milieu, de l’anti Zola au sens où on l’entend, ceux écrits en dehors de « La Curée » et « L’Argent ». Livre qui peut être dévoré avec jubilation même par ceux qui ne sont pas des lecteurs acharnés… Pierre Yborra

Marc GirardValeureux paysans du Haut Bo-cage vendéenL’Harmattan, 169 p., 15 €

À la fois hommage filial à ses an-cêtres et récit de vie de plusieurs générations paysannes, le livre de Marc Girard s’enracine aux Landes-Génusson, son village natal, celui

aussi de son grand-père, François, combattant de

14-18 et acteur de la vie locale, comme de son père, Francis, paysan comme lui et qui se dévoua pour élever de son mieux ses dix enfants. Tout s’écrit au-tour de la ferme du Plessis, depuis le début du XXe siècle jusqu’aux années soixante, en passant par l’oc-cupation allemande et la Libération. Une histoire connue bien sûr, mais racontée ici avec pudeur et talent. L’ histoire, incarnée dans une famille, de ces travailleurs obscurs qui furent des géants parce qu’ils ont changé le destin de la Vendée. G. B.

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49Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

Jean-Christophe PailléLe noyé du moulin à EliseAutoédité, 254 p., 17 €

La noyade d’Igor Kazanev aurait pu passer pour accidentelle si son thorax n’avait été transpercé par une flèche. S’ensuit une enquête parsemée d’indices nébuleux où s’immiscent des

légendes vendéennes. Entre rebondissements musclés,

chauves-souris, souterrains et disparitions, l’écheveau ne s’avère pas simple à démêler. Pour mener à bien sa mission, Yann Jornet pourra compter sur l’aide d’une jolie Russe dont la froideur n’est que provisoire…C’est un excellent livre, meilleur encore que le premier, parvenu tout de même dans les 4 premiers du concours du roman policier de Vendée 2015. Le sport a une nouvelle fois la part belle dans ce roman, entre le trail, le parachutisme et le karaté. Frissons et montées d’adrénaline garantis ! Th.Davesne

Philippe MeyreLa justice mise à l’épreuveOpéra, 190 p., 15 €

L’avocat Nantais Philippe Meyre s’était montré particulièrement inspiré avec son précédent roman, le singe vert, contant l’irrésistible ascension sociale d’un homme,

jusqu’à la remise en question de ses valeurs.Avec ce nouvel ouvrage, Maitre Meyre, originaire de Jard-sur-Mer, retrouve un milieu qu’il connaît on ne peut mieux : la justice. Comme son titre l’in-

dique, il la met à l’épreuve dans une fiction entre les affaires Patrick Henry et Ranucci, quand la peine de mort existait encore. Sous la presssion de l’opinion publique vengeresse, l’hideuse machine est au bout du chemin d’un condamné pour viol et meurtrre d’une enfant. Or, sitôt l’exécution, on s’aperçoit de son innocence. Mais la Justice est une vieille dame qui ne se remet pas en question aussi facilement.Philippe Meyre fait rentrer ses lecteurs sans conces-sion pour le milieu judiciaire, pour son monde d’avo-cats aussi. « Ce n’est pas un monde de bisounours mais une jungle impitoyable ou il faut se battre pour exister », fait-il dire à un de ses personnages. PhilG.

Bertrand GiletMortelle MétéoLegestenoir, 300 p., 12,90 € Ancien journaliste né à Nantes, Bertrand Gilet, auteur de Du sang sur la folle blanche, Tas de salauds à Salou et L’inconnue de la Loire, af-fectionne les polars, les livres noirs, les enquêtes rondement menées.

Dans Mortelle Météo, il situe l’action de son intrigue à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Une ancienne présen-tatrice de la météo télévisée, épouse d’un célèbre chirurgien esthétique, vient d’être retrouvée morte

sur la plage, par deux joggeuses. Stupeur dans la ville où, conseillère municipale, elle bénéficiait d’une considération quasi unanime.Un couple de jeunes lieutenants de police de La Roche-sur-Yon se voit confier l’enquête. Les médias affluent sur place. Pour leur première enquête crimi-nelle, les jeunes policiers sont gâtés ! Soumis à une pression certaine, Nicolas Baron et Chloé Cortez ne se laissent pas décourager par des fausses pistes.L’auteur concentre l’action en cinq jours bien em-ployés. Les mots, les phrases, le style, révèlent la per-sonnalité journalistique de Bertrand Gilet.Du bon ouvrage, rendu alerte et vivant par des dia-logues bien maîtrisés. J.B.

...Fiction, Sience-Fiction...

Ludovic KerzicLa mariée de ChambretaudThe Book, 186p., 15 €

Cette histoire n’est pas celle, bien connue des Vendéens, à laquelle on pourrait s’attendre. Elle est totalement imaginée et se passe en notre XXIe siècle. Elle raconte, dans le petit bourg du haut-bo-

cage de Chambretaud, la rivalité entre deux fa-milles. Beaucoup de commérages, de superstitions, de préjugés, une malédiction, une femme dévoreuse d’hommes, mais aussi deux couples qui s’aiment et souffrent les tourments de Roméo et Juliette. Les événements se multiplient, souvent inattendus. Les familles finiront-elles par se réconcilier ?L’auteur, jeune et enthousiaste, écrit avec sponta-néité mais il est indispensable de faire suivre cet élan d’un véritable travail d’écrivain. Lydie Gaborit

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50 Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

Alizée VilleminLady FalkennaLune-Écarlate, 194 p., 15,99 €

Dès les premières pages, un lecteur averti comprend : attention talent ! Un gros potentiel même, à tra-vers ce livre de fantasy revisitant l’occulte, la magie, les dragons, à travers une course-poursuite dans

Paris et Londres. Car Lady Falkenna est chasseuse des obscurantistes et des forces les plus malveillantes

dans ce monde imaginaire. Franchement étonnant ! Nous parlons du style d’Alizée Villemin, qui ne fait pas dans la guimauve. Pas de fioritures, phrases courtes et pourtant stylées, maniant l’ironie avec dextérité, cette archéologue de formation est plus que prometteuse. D’ailleurs, une suite des aventures de Lady Falkenna est envisagée, peut-être dans une grosse maison d’édition natio-nale. Incontestablement, Alizée Villemin, 29 ans, Challandaise d’origine, passée par le lycée François-Truffaut, est à surveiller de près ! PhilG.

Marcelle Martina GriffonAlors… Champagne !Autoédité, 110 p., 14 €

Marcelle Martina Griffon était connue pour les irrésistibles « auto-biographies » de ses chiens : « Vic-tor et Valentin » (2011), « Victor et Valentin présentent Mannix et

Hugo » (2012). Mais là elle aborde un sujet nette-

ment plus grave, comme son titre ne l’indique pas, la vocation contrariée d’une petite fille que ses parents étouffent et entravent. Le milieu petit bourgeois de Français moyens cache, sous couvert de bonne mo-ralité, mesquinerie, fourberie, hypocrisie et, vis-à-vis de la fille unique, ce que l’on appelle maintenant du « harcèlement moral ». Catherine se débat pour exister et exercer ses dons en art lyrique. Elle revit à sa majorité, pense réaliser son rêve, s’épanouir enfin, mais cette résurrection n’est pas sans séquelles… Th.D.

Jean-Paul BourcereauThéobald, le dernier Templier vendéenGeste, 234 p., 25 €

Il y a du Marcel Aymé chez Jean-Paul Bourcereau. Car cet ensei-gnant retraité (natif de Notre-Dame-de-Monts) a une façon de vous faire croire au vraisemblable à

partir d’une situation qui ne l’est pas !Le roman de ce jeune homme qui rencontre Thé-obald, Templier ultime, nous entraîne dans les

souterrains du nord-ouest vendéen à partir de la Commanderie de Coudrie, située entre Challans et Froidfond. Le récit devient alors proche du Fan-tasy et du rêve exploratoire, pour découvrir le graal des Templiers, l’élixir de longue vie et bien d’autres secrets philosophaux de cet ordre militaire et reli-gieux. Théobald initie même ce jeune homme aux secrets de la secte des Hachichins, sans oublier le vampirisme et autres soucoupes volantes. Étonnant et beau roman historique, à la lecture entraînante, facile et pourtant érudite. Pour cet ouvrage, Jean-Paul Bourcereau a décroché cette année le prix du Héron Cendré au salon du livre de Saint-Gervais. PhilG.

Jean Yves RevaultMyriam Ella, 225 p., 16 €

À l’âge de quarante ans, Jacques Golberg apprend qu’il n’est pas le fils d’un héros mort dans un acci-dent d’avion. Sur son lit de mort, sa mère Myriam Golberg lui révèle

la terrible vérité : il est l’enfant né d’un viol collectif. Myriam lui avoue avoir gardé l’enfant dans l’espoir secret qu’un jour il la venge. Elle lui fait promettre de retrouver les cinq hommes… Que sont devenus

ces monstres ? Comment s’arrangent-ils avec leur conscience ? Jacques Golberg poursuivra-t-il sa mis-sion à l’ONU où, ironie du sort, il est chargé du contrôle des naissances pour tout le tiers-monde. Quelle tragédie lorsque peu après la mort de sa mère, Jacques apprend que la femme qu’il aime n’est autre que la fille d’un des cinq violeurs. Un roman de Jean-Yves Revault traité avec une grande finesse et profondément humaniste. Jolie opposition cor-nélienne entre désir (légitime ?) vengeance et aspi-ration (impossible ?) au pardon. Belle écriture. Ce livre est d’une rare intensité. E.T.

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Jean-Christophe PailléLe Naufragé des Cinq Pineauxautoédité, 162 p., 15 €

Amateurs d’aventures policières mouvementées, accrochez-vous ! Parmi des paysages vendéens fa-miliers : Saint-Hilaire-de-Riez, ses

fameux rochers « les cinq Pineaux » et la non moins célèbre Île d’Yeu. Sur ces lieux, nous suivons au pas

de course un sportif avide de vérité. Les énigmes s’enchaînent et l’amènent, aidé par une ravissante journaliste, à remonter des événements de l’Histoire jusqu’au Moyen-Âge. Il découvre une secte pseudo-scientifique dont les expérimentations médicales cachent de troubles rè-glements de compte. Les disparitions se multiplient, de plus en plus surprenantes. Le suspense nous tient en haleine jusqu’à la dernière page. Th.D.

...Historique...Philippe de VilliersLe roman de Jeanne d’ArcAlbin Michel, 536 p., 22.50 €

Philippe se fait le héraut de ses idoles. Tout sonne juste dans cette histoire et même ceux qui ne croient pas au ciel croiront Jeanne et ses Voix. Magistrale et minu-

tieuse incarnation d’une épopée que nous vivons en direct. Jeanne et ses Voix, Jeanne et ses doutes : Jeanne s’explique, nous émeut et nous convainc.Bon sang ne saurait mentir, on retrouve ici tout la force du scénariste du Puy du Fou ; Jeanne la Pucelle

s’allie à Charette et à Saint-Louis pour donner à Phi-lippe de Villiers la plénitude de son art. La Vendée peut se réjouir de compter dans ses rangs un véri-table écrivain. Je ne connaissais pas, s’il existe vraiment car cela peut appartenir à la partie romancée du récit, cet épisode ou un Guyon du Puy du Fou aurait fait une petite sortie avec le fameux La Hire lors du siège d’Orléans ; un Gallois du Puy du Fou appartenait alors à la cour de Charles VII et accomplit plusieurs missions avec le président Jean Rabasteau qui avait logé Jeanne d’Arc en sa maison à Poitiers avant qu’elle ne parte délivrer Orléans. JR

Marie-France Thiery-BertaudLes violons du maraisMine De Rien, 199 p.

Marie-France Thierry-Bertaud nous entraîne dans le flux migratoire qui a conduit beaucoup de Vendéens

vers les Charentes. Ce roman émouvant à l’écriture fluide, avec pour point de départ un problème hu-main sous-jacent, donne une autre dimension à la littérature qualifiée de terroir. Avec adresse, l’auteur utilise la poésie du voyage comme exutoire à la souf-france. Où cela nous conduira-t-il dans le second volume ? Marcel Grelet

Dominique DurandLe parfum des miracles Durand-Peyrolles, 326 p., 18€

Dans une intrigue captivante, l’auteur d’origine vendéenne nous balade à un rythme haletant au coeur de l’Amérique Centrale, précisément au Honduras, à Santa-Elena vers la

mystérieuse cité de la Fuente de la Vida, qui renferme depuis un demi-millénaire le secret de l’eau miraculeuse, la fontaine de jouvence bénie des Dieux. Le personnage central, un petit français agronome, va s’attirer beaucoup d’ennuis en voulant pénétrer malencontreusement dans la sacro-sainte cité dont il a violé les codes de sécurité.Durand nous fait vivre son parcours de combattant à la

« tête mise à prix », tel Indiana Jones et son Arche perdue, en plus palpitant encore! On sursaute, on s’accroche, on frémit, on souffle… et ça repart ! Car le lecteur est pris dans une course-poursuite interminable entre Amérique Centrale et Europe, pour que le petit Français réussisse à remonter à la source, avec l’aide d’Amara, sa complice et compagne, réussissant à percer le mystère du « carnet de route » qui révèle l’existence de la source miraculeuse… La structure où la trame de l’histoire s’articule autour d’une double intrigue et se scinde sur deux époques donne plus de piquant et de suspense, jusqu’au dénouement, étincelant. Isabelle Prouteau

...Fiction, Sience-Fiction...

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Images du PatrimoineLes monuments aux mortspeints dans les églisesRégion Pays de la Loire, 100 p., 12 €

Bien moins connus que les mo-numents aux morts communaux, ceux qu’abritent les églises de la

région sont pourtant d’un grand intérêt historique, mémoriel et culturel. On en recense une soixan-taine, des œuvres peintes le plus souvent, parfois

aussi des sculptures ou des vitraux. Ainsi, en Vendée, la toile d’André Astoul dans l’église Saint-Louis, à La Roche-sur-Yon, et la mosaïque de Notre-Dame-du-Bon-Port aux Sables-d’Olonne. Réalisé pendant la guerre (1916), le monument de l’église Saint-Mi-chel des Sables, dû au peintre H. Pilloud, met en scène un zouave – c’est le seul cas connu dans la région - dont la plaie sanguinolente fait écho à celles du Christ en croix. G. B.

Prosper BoissonnadeHistoire du PoitouGeste, 304 p., 23 €

Excellente, cette idée de rééditer l’«Histoire du Poitou», parue en 1915. Cent ans après, à l’heure du bouleversement régional qui tire l’ancien Poitou vers le Sud et

l’éloigne encore de la Vendée, on la parcoure avec bonheur. Ce Prosper Boissonnade, érudit professeur à la faculté des lettres de Poitiers, s’inscrit dans les

pas de Michelet et tourne les pages de la très longue histoire du Poitou où se décida à cinq reprises le sort de la France. L’actuelle Vendée y est évidemment très présente, avec Aliénor, Rabelais et Viète, les guerres de 1793-1794, décrites sans concession pour les massacres des armées républicaines et, plus près de nous, Clemenceau et Milcendeau. En précurseur avisé, Boissonnade voyait alors la vieille province poitevine s’étendre à la Saintonge et à l’Angoumois. Il ne pouvait pas prévoir, qu’hormis la Vendée, elle rejoindrait aujourd’hui la vaste Aquitaine... G. B.

Louis GouraudLa traque, le destin des Juifs de VendéeChantuseries

Après quelques décennies d’oubli voire d’ignorance feinte, l’histoire vendéenne de la Seconde guerre mondiale se dévoile peu à peu. Le

sujet des Juifs en Vendée, bien qu’abordé par l’ou-vrage de Jean Rousseau Des enfants juifs en Vendée, Chavagnes 1942-1944 restait encore un peu tabou. Louis Gouraud, qui s’est plongé hardiment dans cette époque depuis quelques années, au travers de ses deux livres La Vendée des avions perdus et Les STO vendéens au rendez-vous de l’histoire, s’attaque cette fois-ci aux non-dits et aux lâchetés coupables qui

entourèrent la présence des Juifs sur notre territoire. Il nous révèle d’abord qu’ils ont été plus nombreux qu’on le croyait, qu’ils ont reçu de plein fouet les lois scélérates du statut des Juifs et qu’ils ont payé lourdement, ici comme ailleurs, et sans doute da-vantage que dans certains département, leur tribut aux camps nazis. Des recherches minutieuses ap-puyées par des récits de témoins ou de survivants ont permis d’approcher au plus près l’étendue de la forfaiture. Un livre important, sans concession, sur un sujet grave, où le rôle des administratifs s’éclaire tout autant que les hésitations coupables de l’Église. Un livre cependant très facile à lire, qui obéit au né-cessaire devoir de mémoire qu’il nous aura fallu plus de soixante-dix ans pour accepter. A.P.

Yves HelloVichy, collaboration, épuration en VendéeGeste, 376 p., 25 €

On retrouve chez Yves Hello le souci du professeur d’histoire pour le recensement et la précision des faits déjà remarqués dans son «Histoire politique de la Vendée,

Blancs, Bleus, Rouges». Il se penche cette fois-ci sur l’histoire récente, et toujours brûlante aujourd’hui, de la Vendée sous le régime de Vichy, de la colla-

boration et de l’épuration. Il se focalise surtout sur ce dernier aspect, distinguant à juste titre l’épura-tion judiciaire, voulue par De Gaulle dès 1940, et l’épuration extrajudiciaire qui entraîne une ving-taine d’exécutions sommaires en Vendée. L’analyse, très charpentée, explore les faits de collaboration et l’épuration qui s’ensuivit dans la fonction publique, les professions libérales, la presse. Yves Hello élargit sa recherche à l’attitude de la noblesse, du clergé, des maires, des parlementaires vendéens et des en-treprises pendant le régime de Vichy, particulière-ment durant la période de la collaboration avec le régime nazi. G. B.

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Jean Chiron À travers une histoire de la VendéePetit Pavé, 29 €

Une promenade de Papy Joseph et de Théo, son petit-fils, à travers les siècles. Original et didactique,

ce livre évoque, de manière vivante, les grands mo-ments de notre histoire. Le voyage dans le temps débute par une rencontre avec des dinosaures et se

...Historique...

Jean-Paul BouchonHistoires du temps de la ChouannerieGeste, 274 p., 22 €

Pourquoi parler ici de ce livre trai-tant de la Chouannerie en Vendée au risque d’entretenir une grave confusion, nourrie à dessein par cer-tains historiens du temps passé ? Parce

que parmi les 27 histoires, vraies ou romanesques,

sans grande incidence du reste sur les événements, Jean-Paul Bouchon glisse quelques anecdotes réelle-ment vendéennes. Par exemple, celle du «survivant» de La Gaubretière, le fils d’un meunier dans lequel on a cru retrouver celui de Mme de Voyneau, l’une des «amazones» de Charette. Ou encore l’histoire de Mme Laîné, la boutiquière de Puybelliard, une royaliste dont le mari est républicain. Elle rejoint le camp de Sapinaud à L’Oie et se bat comme un homme sous l’identité du chevalier Adams... G. B.

Hervé Neveu-Derotrie, photographies Michelle Neveu-DerotrieRegards de femmes, ou l’île d’Yeu au début du XXe siècle98 p., 20 €

Sacré « scoop à retardement » : la photo du Maréchal Pétain, en

pleine gloire en 1921. Le vainqueur de Verdun en vi-site à l’île d’Yeu passe devant la maison où il mourra à l’âge de 95 ans, après avoir été écroué à la forteresse de Pierre-Levée en 1945. Michelle Neveu-Derotrie habitait à cette époque la maison quasiment en face !Le livre appartient ainsi au patrimoine insulaire. Ces clichés en noir et blanc, qu’elle développait elle-même, ont souvent pour modèle des personnes de sa famille, mais aussi d’autres aspects de l’île : ma procession de la Fête-Dieu (1901), l’arrivée de l’évêque

au port de Joinville, la plage du Ker Chalon, le port de la Meule, des élégantes de Paris, la pêche au goémon…Dans Ouest-France du 18 avril, l’antiquaire chal-landais Jean Neveu-Derotrie, petit-neveu de la pho-tographe, rappelait les origines de la famille, petite noblesse bretonne, l’arrivée de l’arrière-grand-père au milieu du XIXe siècle sur Yeu comme médecin, son mariage avec une insulaire, Reine Cantin, fille d’un capitaine au long cours. Les descendants seront la plupart médecins, à l’île d’Yeu ou à Challans.L’ouvrage, sorti en 2010 et maintenant réédité, on le doit au neveu de Jean : Hervé. En photographe professionnel, en amoureux de l’histoire et du pa-trimoine insulaire, enfin en dépositaire respectueux de l’œuvre de son ancêtre Michelle, il porte un œil avisé sur ces clichés, l’adaptant aux courriers de Mi-chelle à cette époque, à l’actualité aussi, comme le naufrage de l’Hymer, en 1917. La préface est signée Jean-François Henry. PhilG.termine par une visite aux établissements Fleury-Michon ; entre les deux, ils auront été les témoins d’événements comme la bataille de Luçon durant les guerres de Vendée et de divers aspects de la vie quotidienne d’autrefois comme une chasse à courre au Puy du Fou. Gageons qu’après avoir lu cette his-toire, comme Théo, les jeunes lecteurs auront de meilleures notes ! Michel Dillange

Alain Sanders et Jean RaspailArmand de La RouërieAtelier Fol’fer, 20 €

Qui se souvient de La Rouërie  ? Il est aussi célèbre aux Etats-Unis que La Fayette auprès duquel il a combattu. On l’appelait là-bas «  le colonel Armand  » pendant

la guerre d’indépendance. Il s’illustra, entre autres, à la Bataille de Yorktown. Bien sûr, il a sa statue à

Fougères sa ville natale (payée par les Américains). À son retour en France, il s’est engagé pour la défense des droits de la Bretagne et la restauration de la mo-narchie. Il est mort le 30 janvier 1793. Et on peut lire sur sa tombe dans le bois du Vieux-Semis : « Le mal qui l’emporta fut sa fidélité ». Que Jean Raspail ait prêté sa plume pour ce bel hommage et cette « ré-surrection » sans emphase n’est pas pour surprendre. On suit le parcours éclatant du héros breton avec émotion. Y.V.

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Juliette Chaux-MazéPARFAITELLA, 297 p., 17 €

Ce premier roman de Juliette Chaux-Mazé s’adresse aux ado-lescents. Ne tombons pas dans le piège des cases, les adultes peuvent

fort bien y retrouver leur compte. Je pousserai le vice jusqu’à dire que ce serait même bon signe pour

eux. L’auteure pose le doigt, dans ce monde futu-riste décrit avec imagination, sur les risques d’une société technologique à outrance qui prendrait le pas sur la réflexion humaine. De toutes ces sciences et techniques, ne pourrait-il pas s’échapper inno-cemment des gènes annihilateurs de l’intelligence propre à chacun et qui ne sont pas sans rappeler des choses que nous vivons. Mais voilà, dans les pires moments, l’homme sait ressortir ce qu’il a d’humain et c’est tant mieux… Excellente fiction à découvrir. M.G.

Raynaldine RidelL’extraordinaire sortie du petit hérisson34 p., 9,90 €, 06 82 79 33 39 C’est le cinquième ouvrage pour enfants de Raynaldine Ridel. Après Une vie de chien heureux, en 2014,

cette jeune auteur-illustrateur, originaire de Beau-voir-sur-Mer, vient de sortir un nouvel ouvrage. Un joli conte à lire aux enfants. Avec l’intérêt de nos ché-rubins garanti, leur sommeil après aussi ! Car L’ex-traordinaire sortie du petit hérisson est d’une fausse

naïveté et d’une absolue gentillesse, cette qualité que certains veulent considérer comme un défaut !En une trentaine de pages, aux caractères d’écri-ture soignés comme si elle écrivait avec une plume et un encrier, avec des illustrations du même ton-neau, Raynaldine la Belvérine conte l’histoire de ce jeune hérisson qui sort de la forêt par inadvertance, échappe de justesse aux folles voitures sur le bitume, pour être recueilli par un lapin malin qui devient son ami, son conseiller...Présente au dernier salon du livre de Saint-Gervais, Raynaldine anime aussi des ateliers pour les enfants, par le biais du conseil départemental. PhilG.

…Jeunesse...

Françoise BidoisLes contes de la Mésange, T1Collection Francebiche, 89 p.

Françoise révèle l’étrange compli-cité de sa Grand-mère avec une mésange : Il arrivait que la mésange

ne passât pas pendant plusieurs jours, comme il arrivait que Grand’Mère, s’absentât. Au retour de l’une ou de l’autre, elles en avaient des péripéties à se raconter.

souris (enfin, ça dépend). Mais lorsqu’il rencontre Laure et qu’ils se lancent à la poursuite de la vieille Michelle...Frissons garantis avec cette belle histoire d’ami-tié dans une aventure menée tambour battant. Les jeunes lecteurs de 8 ans et plus vont adorer, prêts à frissonner avec Laure et Teddy avant de découvrir un véritable trésor. E.T.

Anne Dumergue, Sophie Dufeu, illustrationsLe fantôme à la fermeElla, 72 p., 10 €

Teddy, jeune garçon de la ville, n’aime pas les vacances en Vendée et pas vraiment les filles... Il n’a pas peur des sorcières puisqu’elles n’exis-

tent pas. Ni des fantômes, ils n’existent pas. Ni des

Un livre à mettre dans les mains des préadolescents pour leur faire découvrir des contes peints avec les mots de notre belle langue de France. Quand même, comment notre conteuse a-t-elle découvert ces lutins qui le jour se transforment en arbre ? Lisez, regardez les dessins et les photogra-phies et vous serez persuadé d’avoir déjà rencontré les farfadets de notre Vendée. RMB

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55Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

Sabrina GratiasJusqu’à moi… l’Amour tout sim-plementLe Faucon d’Or, 160 p., 15 €

Des mots, des pensées, des ré-flexions, des analyses qui m’ont tenu très concentré. Une ode géné-

reuse à l’affection, au goût, à l’amitié, à l’abnégation amoureuse, un Hymne à l’Amour, titre était déjà pris par Piaf… Au hasard : Le difficile choix d’aimer soi avant d’aimer l’autre. Le rapport : Bourreau-Victime-Sauveur, elle appelle ça BVS. Elle donne à réfléchir sur l’amour tyrannique et la relation entre dominant et dominé,

Bernard ChupinVendée 1794, Rwanda 1994Atelier Fol’Fer, 99 p., 13 €

Bernard Chupin a découvert le Rwanda en 1965. Le pays avait déjà été meurtri, deux ans aupara-vant, par les massacres de quantités de Tutsi. Dans un de ses livres pré-

cédents, Coups de foudre sur le Rwanda, il affirmait que, pour lui, ce fut plus qu’une découverte : un coup de foudre.En Vendée, il fut l’un des premiers participants aux

…Témoignages, essais, divers...soirées du Puy du Fou. À l’origine, le spectacle était quasi entièrement consacré au martyre des Vendéens de 1794. Bernard Chupin ingéra les haines des gens du bocage et les mit en parallèle avec celles des eth-nies rwandaises. À deux siècles d’intervalle, ce fut, selon lui, deux génocides idéologiques.Même si cet essai n’obtiendra pas le total assentiment de certains Vendéens qui ajouteraient volontiers nombre de lignes les concernant, il aura l’immense mérite de nous livrer, avec des accents de totale sin-cérité, une histoire du Rwanda fort méconnue pour beaucoup. Jacques Bernard

Bernard Grasset Philosophie et exégèseOvadia, 22 €

Après « Les Pensées de Pascal, une interprétation de l’Ecriture » et « Bible, sagesse et philosophie », Ber-nard Grasset poursuit sur la voie exigeante d’une réflexion philoso-phique en constant dialogue avec

la Bible.

Que devient la philosophie, où va-t-elle, quand elle est éclairée par « l’existentialisme sacrée » ? C’est une fabuleuse aventure que de suivre Bernard Gras-set sur le chemin exigeant des « regards sur le temps » « regards sur le beau » « expérience du mystère » à la lumière de l’Écriture. « Dans la proximité entre le philosophe et l’artiste, le poète et le penseur, luit l’écho sacré de l’inépuisable source biblique au nom de la vie » conclut-il. Y.V.

Christelle DeltamontRencontre avec La Lumière Bussière, 140 p., 22 €

Christelle Detalmont, dans «Rencontre avec La Lumière», un premier livre, nous raconte son expérience extra sensorielle. C’est avant tout un ouvrage limpide et plein de bon sens, d’amour envers

son prochain, un guide pour effectivement renouer avec soi-même et donc avec les autres. Il n’est pas ici question de religion mais de clarté intérieure et d’amour juste, d’où l’expression bien connue : « Aide-toi et le ciel t’aidera ». De surcroît, l’auteur, en toute modestie, apporte quelques recettes, tirées de ses expériences, à cha-cun d’y trouver son propre chemin ! L’ouvrage e lit comme un roman. Avec une curiosité : le journaliste Philippe Gilbert écrit la préface. E.T.

l’âme et le corps, l’enfant intérieur, quand le cœur s’ouvre, le fonctionnement intime entre l’homme et la femme. Notre comportement amoureux est souvent condi-tionné par notre éducation et par l’exemple de nos parents, mais il est préférable d’écouter son cœur, ses envies pour trouver l’harmonie de soi et la liberté de vivre. Livre philosophique ? je ne sais pas mais c’est plai-sant à lire, et très bien écrit. Il donne matière à ré-fléchir et procure des clefs pour trouver une certaine harmonie intérieure dans sa propre vie. Sabrina Gra-tias, thérapeute, a entendu des confidences, elle sait de quoi elle parle. Pierre Yborra

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56 Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

Gabriel BurneauL’Histoire du Tour de France en VendéeGeste, 200 p., 19 €

La Vendée est une terre de vélo et elle aime le Tour de France, qui le lui rend bien. C’est cette longue histoire que raconte Gabriel Bur-

neau, à l’origine du Vélo Club d’Aizenay et archiviste

de revues sportives. Le Tour traverse la Vendée dès sa première édition, en 1903, et il y reviendra souvent, avec quatorze arrivées d’étapes aux Sables-d’Olonne et un grand départ tous les six ans depuis 1993. L’auteur raconte avec passion les faits d’armes, les grandes figures des champions vendéens, ceux qui, en particulier, ont porté le mythique maillot jaune. Depuis Pivin en 1903, jusqu’aux Voeckler et Jean-neson d’aujourd’hui, sans oublier les plus embléma-tiques, les Varnajo, Berland et Bernaudeau. G. B.

Balval EkelElek Bacsikun Homme dans la nuitJacques Flament, 190 p., 15 €

L’auteure raconte comment, à la découverte de son père biolo-gique, elle quitte une vie trop bien

rangée. Peu importe dans quelles circonstances elle a été conçue, Balval Ekel ne donne pas dans le voyeu-risme commercial. Son analyse profonde, réalisée à partir des recherches faites sur le parcours de son père, nous entraîne vers les plus grands musiciens

de jazz du monde avec lesquels il a collaboré : Dizzy Gillepsie, Miles Davis, mais également Serge Gains-bourg pour ne citer qu’eux. ELEK BACSIK nage dans l’océan du jazz précisément avec pour seules bouées guitares et violons. ELEK s’est exprimé toute sa vie en utilisant l’alphabet du solfège qui pourtant se lit ici sans la clé de sol. Cet ouvrage, beaucoup plus que la biographie d’un homme, lève le voile sur l’histoire des Rom blâmés et condamnés trop facilement de nos jours. Pudique, Balval Ekel nous invite à poser un autre regard sur ce peuple au passé douloureux. Cette histoire humaine, racontée avec talent, ne peut laisser le lecteur indifférent. M.G.

Philippe Rapiteau et autres auteursTronches de vinl’Epure, 285 p., 22 €

Ce deuxième opus de «Tronches de vin, le guide des vins qu’ont d’ la gueule» intéressera les Vendéens puisque parmi ses auteurs figure

un de leurs compatriotes, Philippe Rapiteau, l’ani-mateur du blog très suivi des amateurs, «La Pipette

aux 4 vins». Philippe Rapiteau s’intéresse à tous les vignobles, mais plus spécialement à ceux de la Loire. Les six auteurs de ce guide ont fait le choix délibéré du vin naturel, issu de vignes bio ou biodynamiques. Des vins qui ne sont pas reconnus officiellement et qui sont l’expression d’une contre-culture, d’une al-ternative artisanale et joyeuse en somme. Les blo-gueurs s’effacent derrière les portraits de ces vigne-rons pas comme les autres, en France, mais aussi en Italie ou en Argentine. Rafraîchissant. G. B.

Jean-Baptiste BergèsMenie GrégoireSes derniers souvenirsPanthéon, 106 p., 12,30 €

Enfant, Menie Grégoire, née à Cholet, passait ses vacances et week-ends à Saint Laurent sur Sèvres. Elle en garda le ressenti de

son appartenance vendéenne. Elle aimait partici-per au Printemps du Livre de Montaigu et rencon-trer d’anciens auditeurs lors de séances de « signa-tures » disait-elle, à La Roche sur Yon, aux Sables d’Olonne… C’est à un jeune journaliste d’une ra-

dio parisienne, admiratif de son œuvre en faveur de l’évolution de la société en seconde moitié du XXe

siècle, qu’elle a choisi de confier ses derniers souve-nirs pour une ultime biographie.Jean-Baptiste Bergès, qui pourrait être son petit-fils, voire son arrière-petit-fils, transcrit ces touches de vie avec beaucoup de sensibilité mais aussi dans le style décontracté de sa génération. Ce livre est à la fois intime, instructif et tendre. De l’humanité subsiste en notre monde matérialiste ! Menie nous a quittés le 16 août 2014, à 95 ans. Th.D.

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57Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

Eric NowakPoitou-Charentes en Aquitaine !... et la Vendée aussi !Les régionalismes, 316 p., 23 €

À l’heure du grand chambardement territorial, quinze contributeurs, réunis par Eric Nowak, parmi les-quels les Vendéens Michel Perrau-

deau et Aurélien Rondeau, militent pour le ratta-chement du Poitou-Charentes à l’Aquitaine. Mais aussi pour celui de la Vendée – le Bas Poitou d’hier

- à ce vaste ensemble qui irait ainsi de Cholet à l’Es-pagne. Une logique qui ne manque pas d’arguments historiques et culturels : les Pictons, Aliénor, Mé-lusine, le parlange, l’architecture romane, les cou-tumes notamment. L’agriculture vendéenne, avec les laiteries coopératives, le mutualisme, la SAFER Poi-tou-Charentes, a longtemps penché vers le Poitou. Ce plaidoyer, très documenté mais desservi par la mise en pages de l’ouvrage, se heurte cependant à la logique économique d’aujourd’hui et à l’attraction de Nantes et de la région choletaise. G. B.

Yves ChironBenoît XVPerrin, 350 p., 22,90 €

Historien spécialisé dans l’histoire religieuse, Yves Chiron s’est récem-ment installé en Vendée. Il signe, après celles d’autres papes, une

biographie très documentée de Benoît XV. Le «Pape de le Paix» fut à la tête de l’Église pendant la guerre

de 14-18. Il s’efforça d’être impartial, mais dans la tourmente, il ne fut pas écouté des gouvernements. Clemenceau ne l’a probablement pas appelé «le pape boche» comme on le dit souvent, mais il a qualifié de «paix boche du Vatican» son plan de 1917, rejeté de tous les belligérants. Dénonçant «l’horrible bou-cherie qui déshonore l’Europe», il tenta sans succès d’arrêter ce suicide collectif et dénonça le génocide des Arméniens. Un pape éclipsé par ses successeurs, mais que l’Histoire ne doit pas oublier. G. B.

Laurent CharliotL’Année du Rock Français 2014-2015LE MOT ET LE RESTE, Iena, La Ga-locherie, 85140 Sainte Florence, 208 p., 29,90 €

Laurent Charliot (La Fabuleuse Histoire du Rock Nantais - 2003 ROK 1, Le Rock Nantais en 100 vi-nyls & CDs - 2012 - ROK 2, Grand Prix du livre Bre-tagne 2011 et 2013) n’en est pas à son premier essai. Ici une nouveauté en partenariat France Inter ; l’auteur s’est entouré ici de spécialistes : Christophe Conte des Inrockuptibles, Frank Vergeade de Magic,

Philippe Thieyre de Rock&Folk, Olivier Roubin et Ro-muald Ollivier de Rockawa, Jean Eric Perrin, Gérard Bar-David ou Loic Picaud.On y croise donc bien entendu Fauve, qui a squatté le Bataclan durant quinze soirées. Les Skip The Use et Shakaponk, qui ont confirmé qu’ils étaient les fers de lance du rock français. Étienne Daho, revenu au premier plan de la scène pop française. Miossec qui a fêté ses 20 ans de carrière. Bertrand Cantat pour un retour tout aussi attendu que controversé. Indo-chine, qui ont réalisé l’exploit de remplir 2 Stades de France. Dominique A, C2C ou Eiffel qui ont profité de cette année sabbatique pour préparer leur retour en 2015. Un très beau livre à offrir. E.T.

Michel GandemerD’autres histoires du jeune tempsGeste, 323 p., 18 €

Dans la collection Parlanjhe de Geste, Michel Gandemer publie la deuxième édition de ses histoires du jeune temps, du côté du Si-mon-la-Vineuse et de Sainte-Her-mine. Edition bilingue, édition

miroir entre le parlanjhe de son coin et le français. Il y rassemble ses premiers souvenirs: les réfugiés es-

pagnols, l’exode des Ardennais, l’occupation, l’école primaire. Il y évoque quelques-unes de ces figures pittoresques qui émaillent le quotidien des bourgs et des villages. Et surtout, il y raconte des histoires drôles, vraies ou inventées, transmises de génération en génération par le truchement des caves, des la-voirs, des veillées ou des repas de batterie. Histoires connues, archi-connues sans doute, mais qui nous amusent toujours. Bien davantage encore quand elles ont la saveur inimitable de la «langue de chez nous». G. B.

…Témoignages, essais, divers...

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58 Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

Daniel Esnault et Henri PaponUne famille vendéenne à travers les siècles – Maché au fil de l’His-toireÉcritorium, 360 p., 20 €

La mode est aux recherches généa-logiques et historiques sur les lieux qui nous ont vus naître. Henri

Papon, très documenté sur sa commune d’origine, Maché, a eu l’idée de partir à la découverte du passé

de sa famille, et, avec Daniel Esnault, d’en faire un véritable livre d’histoire locale. Des faits survenus dans la grande histoire sur ces terres du canton de Palluau jusqu’à la saga mâchéenne des Papon, que l’on suit à partir des Guerres de Vendée en 1794, se déroule une chronique enrichissante en même temps que se dessinent des personnalités locales qui nous permettent de découvrir modes de vie et événements de ce terroir attachant près de la Vie. L’ensemble se lit comme un journal, celui de vies humbles mais nobles et bien remplies. A.P.

Luc GuyauNous, paysans du mondeLe Passeur, 278 p., 19 €

D’ «agriculteur» à «zinc» – l’avion d’où il scrute avec avidité les pay-sages agricoles ou urbains - Luc Guyau décline le dictionnaire de sa longue carrière professionnelle.

Président de la FNSEA pendant neuf ans, puis des chambres d’agriculture, premier paysan à présider le conseil exécutif de la FAO, l’organisation des Na-

tions unies pour l’alimentation et l’agriculture, il re-visite un parcours très original, qui ne se limite pas à l’agriculture. Il raconte ses rencontres avec Mitterrand, Chirac, Delors ou Juppé. Il ouvre des pistes pour que l’hu-manité réussisse à se nourrir demain. Ancré dans sa terre natale, l’actuel maire de Thorigny, qui a long-temps rêvé de faire de la politique, évoque aussi très largement la Vendée. En particulier Philippe de Vil-liers qui, écrit-il, lui a barré la route du Parlement européen et du Conseil régional... G. B.

Marcel GodreauFermes du bocage vendéen96 p., 22 €, chez l’auteur, 53, rue Al-quier, 85700, La Flocellière

Ancien directeur national des coo-pératives d’utilisation du matériel

agricole (Cuma), Marcel Godreau a déjà raconté l’histoire de la motorisation agricole de la Vendée et les vignes de son enfance. Il s’intéresse cette fois aux fermes de son bocage, « construites pour durer ».

Des bâtiments qu’il invite à regarder, à respecter, voire à restaurer avec goût. Bien illustré, ce bel al-bum à l’italienne présente les matériaux utilisés au cours des siècles, les maisons de ferme, borderies ou métairies, et les bâtiments d’exploitation, granges, étables, porcheries et poulaillers. Il souligne aussi avec les fontaines, les puits et les lavoirs, l’impor-tance de l’eau dans le monde rural et l’immense peine qu’exigeait son transport jusqu’à une époque pas si lointaine… G.B.

Jigmé Thrinlé GyatsoLe jardin de MilaL’Astronome, 101 p., 12 €

Le jardin du grand yogi Milarépa Symbolise son enseignement qui n’est ni religion, ni philosophie, ni théorie mais amour, compassion, sagesse et joie. Il fallait, pour en

parler, « la spontanéité du cœur et du partage ». Il faut, pour suivre le poète en ce jardin, lâcher prise, ouvrir son cœur et son esprit. Ce poème est suivi d’une étonnante recherche sur la lettre Y dans les domaines visuel, linguistique, symbolique aussi bien que per-sonnel et spirituel. Dans le poème Empreintes sont évoquées les traces matérielles, mais aussi celles qui marquent les êtres vivants, les civilisations et dont il faudrait souvent se libérer. L.G.

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59Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

METROPOLESn° 245, 152 p., 14 €

Le paysage administratif et ter-ritorial de la France a beaucoup évolué avec la décentralisation, la déconcentration, l’irruption du fait régional, les mutualisations

intercommunales… Dans ce paysage, l’apparition des « Métropoles » ajoute un élément important de

Revue ADMINISTRATIONÉCONOMIE SOCIALE ET SO-LIDAIRE, n° 244, 112 p., 14 €[email protected]

L’économie sociale et solidaire pèse actuellement dans notre vie sociale

et économique un poids considérable : associations,

coopératives, mutuelles, etc., par des responsables des milieux administratif, économique et social. La Revue dirigée par Jean-Claude Vacher a obtenu le label de la Mission nationale pour la Célébration du Centenaire de la Première Guerre mondiale. Chaque trimestre et dans 5 numéros successifs sera publiée une étude sur « Le Corps préfectoral dans la Guerre de 1914-1918 ». Une réédition à ne pas manquer, l’original était épuisé depuis longtemps.

complexité... ADMINISTRATION pose de nom-breuses questions de fond sur le sujet. Quelques exemples concrets viennent étayer la réflexion, choi-sis en France, mais aussi à Londres, Tokyo, Moscou, New-York, Istanbul ou Jing-Jin Ji en Chine. C’est dire la qualité et la diversité des auteurs dans un nu-méro magnifiquement et richement illustré. Le numéro 247, déjà sous presse, sera consacré à La montagne, territoire d’avenir : vaste sujet propice à de nombreux débats.

Souvenir vendéen, n°269Trimestriel, par abonnements contact : 02 41 29 83 05 [email protected]

Un document majeur sur Louis XVII sorti de l’oubli malgré sa signature, tout simplement d’Ho-noré de Balzac (1799-1850). Ce

document sur la détention de ce garçonnet de 10 ans, qui expire le 2 juin 1795, est édifiant du fa-natisme révolutionnaire. Balzac rappelle qu’il est surveillé nuit et jour dans la prison du Temple. Les humiliations sont constantes, le jeune prince gar-

dera cependant une élévation d’esprit étonnante. Et Balzac d’ajouter que la mort lente et ténébreuse du jeune Louis XVII « est une tache horrible pour la France ».Au sommaire, relevons une curiosité : le début d’un feuilleton intitulé « La guerre d’un paydret », les paydrets étant les soldats de Charette. Ce feuilleton, écrit par Fabian de Montjoye commence à Mache-coul, en mars 1793. Le début de la guerre civile.La rubrique des lecteurs est souvent passionnante, comme le mystère d’un champ resté incultivé à Sainte-Pexine et Corpe, en mémoire d’un massacre perpétré à la dernière bataille de Luçon (août 1793). PhilG.

Société d’Histoire du Nord-Ouest VendéeAnnuel, 218 p., 30 €, 02 51 49 42 45

Ouf ! Ce bulletin annuel est bien sorti, fin juin ! Et présente bien ! Un travail d’équipe, notamment

des sociétaires Yann Massonneau, Théo Rousseau, Jean-Michel Audéon, Robert Glevarrec, Michel Vil-léger, Henry Phélippeau et Frédéric de Mascureau, a donné à cette cuvée 2015 un vrai look ! François Viète en couverture. le père de l’algèbre moderne, dont une montagne sur la Lune porte le nom, se réfugia à Beauvoir et La Garnache, durant les Guerres de Religion. Le travail de fond du doc-teur Glevarrec se lit comme un roman.Henri Phelippeau livre un dossier complet sur juin

1815, l’avant-dernière guerre de Vendée.Le retour de deux Challandais des camps de concen-tration en 1945 et la venue du Général de Gaulle, en 1965, à Falleron, Froidfond, Challans, Le Perrier, Saint-Jean-de-Monts, des reportages qui collent au bulletin. Un inédit signé Jean-Michel Audéon : le naufrage et le pillage du bateau Le Marquis de Saint-Valéry, en 1735, à Saint-Jean-de-Monts. Une partie de la population montoise fut jugée, deux condamnés à mort, d’autres aux galères, à l’exil, à des amendes, dont le curé de la paroisse. Rien n’avait encore été écrit sur ce peu glorieux fait divers. Des hommages sont également rendus aux récents disparus : Hubert Pacteau, Bernard Lelong, Ray-mond Gauvrit, Alphonse Gauvrit. PhilG.

VENDEEDu Nord - Ouest

hier et aujourd’hui

Juin 2015Publication de la Société d’Histoire et d’Etudes du Pays Challandais

François Viète, né à Fontenay le Comte en 1540, mort à Paris en 1603, fut un génie en mathématique . Il écrivit l’ essenciel de ses oeuvres à La Garnache et à Beauvoir sur Mer lorsqu’il se réfugia auprès de Françoise de Rohan, sa protectrice et amie pendant les Guerres de Religion.

…Revues...

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60 Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

…Revues...

Jean-Paul GayotBaby Dol15 €

Se lit d’une traite ; donne envie d’acheter une maison à La Tranche, de faire de telles rencontres dans un avion et de profiter de la liberté don-

née… La fin abrupte anéantit vite nos illusions. Voilà, les Lolita même imaginaires restent un peu dan-gereuses passé la soixantaine, même si Baby Dol a mal-heureusement quitté ce monde et La Tranche après son petit numéro ce charme. Un drôle de pistolet avec ses « yeux revolver » ! JR

…Dernière minute...

Au fil du Lay n° 63La vie municipale dans le Pays Mareuillais au XIXe siècleAssociation Culturelle du Pays Mareuillais100 p., 23 €/an

Au fil du Lay n° 64Le logis de Chaligny98 p.

Au fil du Lay n° 65La Première Guerre Mondialedans le Pays Mareuillais104 p.,

Armande Burneau LavilleComme un vol d’Oies SauvagesElla,190 p., 17 €

Après le succès de Un caillou dans la chaussure sélectionné et en finaliste sur le Grand Prix Littéraire Breton, Armande Burneau récidive avec

Jean-Yves RevaultL’Engeance d’Apremont Ella, 84 p., 10 €

Damoiselles & Damoiseaux, Jean-Yves Revault se fait porteur et rédac-teur d’une bien drôle de légende. Avec talent il nous invite à nous laisser aller

au cours de la Vie et découvrir par là même le village d’Apremont, son château et le duc Philippe Chabot de Brion qu’après lecture plus personne ne pourra regarder pareillement. Comment ne pas se laisser envoûter, tant pis si la morale essuie un léger revers, c’est si bon de succomber aux rêves. M.G.

Une revue très suivie au fil du Lay, un travail de recherches et de

communication sur l’histoire et les archives du Pays Mareuillais dont s’enrichit continuellement la biblio-thèque de l’association.On s’aperçoit avec le n° 63 que le registre des délibéra-tions municipales peut fournir les mêmes informations

cette sensibilité très touchante qui lui est particulière. Des mots justes, légers bien posés, des personnages fra-giles mais bien campés : le jeune apiculteur, la coura-geuse infirmière et ce baroudeur qui cache son cœur sous un humour plein de tendresse.La famille se retrouve au bord de l’Océan pour de nouvelles aventures entre rires, amour et... larmes.Une musique légère pour un joli roman. E.T.

qu’autrefois les chroniques parois-siales et André Duret s’interroge éga-lement sur la part entre l’initiative locale et application de directives étatiques, également sur les moyens d’action de ces instances sur la mo-dernité apparue au XIXe siècle.Chaligny est l’un des lieu-phares de

ce pays et avait fait l’objet d’un premier numéro déjà épuisé. Totalement refondu avec l’aide de son proprié-taire, Alain Durante, ce nouveau numéro retrace à la fois l’histoire des lieux et des familles, de l’évolution des bâtiments et des jardins......et du retour de la dame blanche, lorsque le soleil frappe un peu trop fort près du porche.L’anniversaire de la Première Guerre mondiale suscite de nombreuses évocations. L’association publie ici ses premiers éléments avec les impressions de guerre du Mareuillais Albert Poumailloux, sur les références ma-reuillaises de Georges Clemenceau, sur les soldats morts pour la France...

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61Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

…Dernière minute...

Henri de Saint-BonL’islam à la lumière de la foi chrétienneL’œuvre, 268 p., 25 €

Que dit vraiment le Coran ? Henri de Saint-Bon ne se pose pas de questions, il donne les réponses. C’est une étude pratique, très concrète, très fouillée, documentée et argu-mentée des différences entre les deux

religions, une sorte de manuel concret à mettre entre

Guy de RaigniacRobert de GouttepagnonLes vacances de Guy, 3e cahier1927-1931Bonnefonds, 192 p., 20 €

Dernier cahier, dernières années de vacances avant d’entrer à «l’Agro», dernières impressions avant de quitter la Vendée pour une vie

d’étudiant...

Bernard Thouzeau Regard et Horizon Antya

Bernard Thouzeau nous revient avec deux recueils au titre à un seul vocable, comme il les aime, qui contiennent à tous les deux près de cent-cinquante poèmes. Écrits dans

un langage simple, celui de la parole quotidienne, ils délivrent pourtant un lyrisme personnel tourné vers la contemplation et la réflexion. Dans «Regard», le

poète invite à tourner son regard à l’intérieur de soi pour mieux mesu-rer ce que nous apporte la vie. Dans «Horizon», il invite à dépasser la simple jouissance du paysage pour partir dans le voyage intérieur à la découverte de son moi profond et aller jusqu’à une prise de conscience.

Regarde le soleil et il t’éclairera, Lui seul peut t’indiquer où se situe ta voie A.P.

Anne Croizé-VilleminTiomnadh 40 p., 19,90 € 02 51 93 38 02, 07 70 17 07 87

Elle est pétrie de talent et le mani-feste de temps à autre. L’artiste peintre-graveur Anne Croizé-Ville-min vient de sortir un ouvrage où quinze de ses monotypes sont accom-

pagnés de textes de sa fille, Alizée Villemin (auteur de Lady Falkenna, voir dans ce numéro 29 de Lire en Vendée). Longtemps spécialisée dans les eaux-fortes, elle

s’est lancée depuis dix ans dans les monotypes, technique à cheval entre la peinture et la gravure, la plupart à exemplaire.Dans cet ouvrage, des monotypes sélectionnés sont im-primés sous le titre : Tiomnadh. Sédiments de mémoire collective ? Plongée au coeur des ténèbres ? Atmosphère saturée de concert de hard rock ?... Les interprétations sont possibles sur le travail d’Anne, qui a jeté l’encre sur ses plaques de verre, puis retravaillé à la brosse et au chiffon, fignolant au coton-tige. Ce petit bijou édité à compte d’auteur devrait appeler une suite. PhilG.

Il y a toujours des randonnées à pied, à vélo et en voi-ture, des parties de tennis avec les garçons et déjà des sorties où il y a des filles dont on ne parle que très éva-sivement même, ou peut-être surtout, parce qu’ici c’est bien Guy qui prend la plume et, le plus souvent aussi, le crayon et les pinceaux.Le récit est plus laconique mais laisse toujours transpa-raître les joies et les bonheurs du temps passé en famille, avec les amis en Vendée ou ailleurs. Guy profite de tous ces instants et se prépare à la découverte de nouveaux horizons... JR

toutes les mains qui clarifie les choses et donne au lec-teur des bases solides de réflexion.On peut qu’être impressionné par la conviction, la foi et la résolution de l’auteur et commencer à se demander si ces vertus ne sont pas données à ceux qui se donnent les moyens de voir les choses en face, sans a priori, sans lâcheté, à ceux qui ne mesurent pas leur engagement et ne parlent pas la langue de bois. Un engagement qu’on aimerait pouvoir partager et communiquer mais les occidentaux ne sont pas vraiment des djihadistes... JR

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62 Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

VICTORINE, UNE ENFANCE A VERSAILLESScénario, dessin et couleurs : Fanny LesaintÉditions : CRVH

Marie-Louise Victoire de Donnissan, connue sous le nom de Marquise de la Rochejaquelin, naît le 25 Octobre 1772 à Versailles. La jeune fille, issue d’une famille influente, grandit à la cour de Louis XVI. Elle y côtoie le studieux Louis de Lescure qui deviendra son premier mari avant d’être le général royaliste qu’elle accompagnera dans sa folle épopée vendéenne.

Fanny Lesaint adapte en bande dessinée, les mé-moires de la Marquise de la Rochejaquelin. Dans ce premier tome, elle nous conte avec brio l’enfance versaillaise de la jeune femme jusqu’à ce funeste 5 Octobre 1789 qui la verra abandonner une vie do-rée pour celle, beaucoup plus précaire, des insur-gés royalistes. Le scénario mêle habillement passé et présent dans un suspens qui va crescendo au fil d’événements dramatiques ponctuant tout autant la grande Histoire que celle de la jeune Marquise.

Le dessin, influencé par les maîtres du noir et blanc, Munoz, Pratt et Comes, fait preuve d’une vraie personnalité. Le jeu subtil des masses noires souligne avec efficacité les terribles bouleversements

qui secouent le royaume de France et la vie de Vic-torine. La mise en couleur est au diapason et dénote une étonnante maturité pour un premier album ; au-delà de son esthétisme, elle est d’une grande effi-cacité narrative.

Victorine, une enfance à Versailles, ravira tous les amoureux d’Histoire, vendéenne ou non. Un seul reproche, un album de 48 pages qui nous fait at-tendre avec impatience la suite de ce destin aussi ro-manesque que tragique et dont la densité incroyable nous fait parfois oublier que nous sommes en pré-sence d’une histoire vraie…

Serge Perrotin

LE TRANSCONTINENTALScénario : Jean-Charles GaudinDessin : Francesco MucciacitoCouleurs : Aurore FolnyÉditions : Soleil

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63Lire en Vendée - juillet 2015 - décembre 2015

auparavant alors que s’annonce la première guerre mondiale. On y découvre, dans une succession de tranches de vie, le quotidien des familles Larcher, Schwarts et Breylleau.

Pas simple d’écrire un scénario qui s’adresse au-tant aux lecteurs qui découvrent l’univers de Un village français qu’aux fans de la série télévisée. Jean-Charles Gaudin s’y emploie à merveille même si l’auteur de ces lignes - qui ne connaît pas la série TV - devine qu’il passe à côté de certains clins d’œil et ne peut donc savourer à sa juste valeur la substan-tifique moelle de ce préquel.

Le dessin du serbe Aleksic est professionnel mais déçoit par sa trop grande neutralité. Il est certes ef-ficace mais nous propose des personnages lisses, peu incarnés, que l’on peine parfois à différencier. Une impression renforcée par les couleurs très classiques, simplement illustratives, de Facio.

SP

En 1863, le gouvernement américain approuve le projet d’une liaison ferroviaire qui reliera la côté Est à la côte Ouest. L’Union Pacific Railroad, à l’Est, et la Central Pacific Railroad, à l’Ouest, sont char-gées de mener à bien ce chantier titanesque.

Le Transcontinental s’inscrit dans une collection de one shots dédiée aux trains de légende. La ga-geure de ce type d’ouvrage n’est pas simple. Il faut respecter la réalité des faits - sans tomber dans le didactisme pesant - tout en racontant une aventure rythmée mettant aux prises figures historiques et personnages de fiction. Le scénariste Jean-Charles Gaudin réussit l’exercice avec brio. Son récit est sa-vamment dosé ; les informations historiques (inci-dents, conditions de vie des travailleurs chinois, gé-nocide amérindien…) alternent harmonieusement avec les péripéties vécues par les deux héros engagés dans chacune des deux compagnies concurrentes. Ces jeunes idéalistes accompagnent – non sans états d’âme - la pose de 3000 km de voies ferrées sur une durée de trois ans, une prouesse hallucinante au re-gard des outils de l’époque.

Le dessin classique, figuratif, de l’italien Fran-cesco Mucciacito sert parfaitement le propos de ce type d’album destiné autant aux amateurs de bande dessinée qu’aux passionnés de belles mécaniques ferroviaires. Ceux-ci aiment, en effet, reconnaitre chaque détail de ces machines aussi esthétiques que fascinantes. À noter que les belles et chaudes couleurs d’Aurore Folny ne rendent pas forcément compte de l’âpreté du combat qu’ont dû mener ces hommes dans des conditions de travail dignes d’un Zola…

SP

UN VILLAGE FRANÇAIS T1Scénario : Jean-Charles GaudinDessin : Vladimir AleksicCouleurs : FacioÉditions : Soleil

C’est album n’est pas une adaptation en bande dessinée de la célèbre série diffusée sur France 3. Il s’agit d’un préquel inédit qui reprend les person-nages de la fiction audiovisuelle, mais vingt ans

…Bande dessinée...

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Le coin du CVRH - juillet 2015 - décembre 201564

Le coin du CVRH Centre vendéen de recherches historiques

À la rencontre de Fanny Lesaint

De quelques nouvelles du CVRH

Arrière-petite-f i l le d’un pilote de chasse, ar-rière-petite-nièce du fa-meux Émile Lécrivain, compagnon de Mermoz et « Saint-Ex » à l’Aéro-postale, petite-fille et fille d’intructeurs en vol, avec une grand-mère ayant

appris à piloter, Fanny Lesaint (son nom d’artiste) avait tout pour devenir une adepte du « manche à balai ». Elle a préféré le pinceau chinois.

Née en Haute-Savoie, elle est devenue Ven-déenne par le hasard d’alliances familiales et a grandi à La Tranche-sur-Mer avant de s’établir aux Sables d’Olonne. Cette jeune femme férue de natation et de naturopathie rêvait depuis toujours de devenir auteur de bandes dessinées : « Je dessine depuis que je sais tenir un crayon », assure-t-elle. L’Histoire, son autre passion, lui en a donné l’occasion.

Découvrant les mémoires de la marquise de La Rochejaquelein, Fanny tombe « raide dingue » de cette jeune aristocrate brusquement plongée de la cour de Versailles dans les chemins creux de la guerre de Vendée. Son projet d’une BD reposant sur une démarche scientifique séduit le directeur du Centre vendéen de recherches historiques, qui lui

Ces derniers mois, les lecteurs ont pu prendre connaissance des Mémoires de madame de Sapinaud commentés par Pierre Rézeau et de la bande dessinée, Victorine, de Fanny Lesaint figurant les années de jeunesse de la Marquise de La Rochejaquelein.

Le Centre vendéen poursuit sa route tout en l’infléchissant, d’où ces quelques mots succincts :

Faire vivre le fonds des ouvrages du CVRH

Les Mémoires de Dangirard, ce protestant ro-chelais venant rendre visite à l’illustre médecin Jean-Gabriel Gallot dans le Bas-Poitou de 1781, n’étaient plus disponibles. Une réédition en version de poche vient d’être réalisée et a immédiatement trouvé son lectorat. Ce premier pas dans notre volonté de faire vivre l’extraordinaire fonds constitué par le Centre, sera suivi de deux rééditions après une rapide mise à jour : Clemenceau, le Vendéen de Jean Artarit et La Guerre de Vendée d’Alain Gérard, dans la collection « les Indispensables », ouvrages épuisés, régulière-ment demandés. Il est question de réaliser une se-conde édition du livre cartographique de Claude Masse sous la conduite de Yannis Suire… Mais pa-tience ! La tâche est complexe.

Annonce d’un « Beau livre »

En fin juin, sera livré un inédit : les mémoires complets du Chaumois, Paul-Émile Pajot. Alain Gérard a présenté et annoté cet important corpus illustré. La mise en page exigeante a été assurée par l’équipe du Centre sous la conduite vigilante de Fa-bienne Buffet. Le qualificatif de « Beau livre » trouve ici toute sa signification. Les lecteurs seront juges…

De quelques surprises

D’autres titres sont annoncés pour la fin de l’an-née : une présentation des retables de Saint-Aubin-la-Plaine dans la collection « Trésors de Vendée » que dirige Julien Boureau, une histoire de l’ICES sous

la conduite de votre serviteur dans le cadre de l’his-toire du diocèse de Luçon, les actes du colloque Cle-menceau et les arts contenant un bouquet de contri-butions d’excellente facture, le prochain numéro de Recherches vendéennes, préparé avec la Société d’Émulation de la Vendée. Ce numéro contiendra trois dossiers originaux donnant le « la » de la revue.

Le Centre vendéen fourmille de projets. Le cadre de cette présentation ne peut les contenir. Le site du Centre est à votre disposition pour vous per-mettre de suivre les chantiers en cours, notamment l’installation d’ateliers thématiques qui innerveront la recherche conduite par les jeunes, épaulés par les anciens chevronnés.

Pierre Legal Directeur du CVRH

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87, rue Chanzy, 85000 La Roche sur Yon www.histoire-vendee.com - [email protected]

02 51 47 74 49

Le coin du CVRH - juillet 2015 - décembre 2015

propose de l’éditer. Elle élabore un scénario adapté des mémoires, sans fiction, dépouille une importante documentation iconographique, parcourt les coulisses du château de Versailles et les sites de la guerre de Vendée, dessine ses personnages et ses décors, se fait même coloriste :

« Victorine » est née !Avec son amie, la romancière Mireille Calmel,

elle aussi férue d’Histoire et d’histoires, Fanny Le-saint partage le sens du contact, le goût des archives, l’empathie pour ses personnages et l’envie de jeter sur le papier des destins qui l’ont touchée. Mais si la brune Mireille a choisi l’écriture et la fiction, la blonde Fanny, elle, préfère le dessin et l’exactitude.

Michel Chamard

Mes aventuresJournal inédit de Paul-Emile Pajot, établi et présenté par Alain GérardCVRH, 512 p., 39 €

Léoni Paul Émile Pajot (1873-1929), marin-pê-cheur à La Chaume. Voilà à quoi pourrait se résu-mer une vie ordinaire, à cheval sur deux siècles, dans un port de l’Atlantique. Sauf que cette vie n’est pas ordinaire du tout. L’orphelin, l’aîné d’une famille pauvre de huit enfants, qui quitte l’école à douze ans pour s’embarquer comme mousse a rédigé et illustré pendant 25 ans un journal extraordinaire. C’est ce journal inédit, propriété depuis 2006 de la Ville des Sables-d’Olonne, confié à la Conservation du musée de l’Abbaye Sainte-Croix, que le CVRH publie dans son intégralité. Un ouvrage exceptionnel qui en-chante et enrichit de manière très originale, irrem-plaçable sans doute, le patrimoine de notre région.

Pajot commence à tenir son journal en février 1900 et il cesse d’écrire à la fin de décembre 1922. Ce journal comporte cinq volumes, rédigés sur des registres de délibérations et des cahiers de comptes. Au total, 2 400 pages calligraphiées, illustrées de 975 gouaches et dessins. Conservé par sa veuve, Dalie, il fut ensuite entre les mains du journaliste et chantre de la Vendée Valentin Roussière, puis de Jean Hu-guet, le biographe de Pajot qui le sortit de l’oubli.

Alain Gérard a établi cette édition et il présente ce journal comme celui d’un enfant de la mer et de l’école, d’un inguérissable orphelin, d’un témoin et d’un veilleur. Un artiste aussi car Pajot jouait de dons multiples. Peintre bien sûr, mais aussi chan-teur et musicien, au cabaret «Mireille» notamment où il faisait danser les Sablais et les Sablaises, poète comme en témoignent les textes insérés dans son journal. Des passions et des activités étonnantes pour ce marin-pêcheur sans grade qui passera vingt-cinq années dans la marine à voile et peinera toute sa vie pour élever dignement ses sept enfants.

Pajot intitule son journal «Mes Aventures». À la mer, l’aventurier ne s’est guère aventuré au-delà du Golfe de Gascogne et des côtes sud de la Bretagne. À terre, ses pérégrinations ne le mènent pas plus loin qu’à Saint-Gilles, à la pointe du Payré et à Talmont. Ses aventures sont donc d’une autre nature. Elles sont marquées douloureusement par la disparition en mer de son père en 1881, alors qu’il a tout juste huit ans. Chaque naufrage d’un bateau des Sables va le bouleverser et ces naufrages, hélas, sont nombreux. Il les raconte et il les dessine, il exalte le dévoue-ment des sauveteurs, révèle l’attente intolérable et l’espoir insensé des femmes et des enfants, le deuil et la misère à venir. Le dramatique naufrage de l’Ymer, au large de l’île d’Yeu, l’a véritablement obsédé.

Observateur attentif de la vie quotidienne des Chaumois, du peuple des marins-pêcheurs et des ouvrières des conserveries, Pajot regarde aussi le monde à travers la presse, en particulier pendant la guerre de 1914-1918. Et ceci d’autant plus que sa santé l’a empêché de s’engager comme il le souhai-tait. La guerre est là, toute proche, avec les attaques des sous-marins allemands, plus lointaine avec les frères et les beaux-frères qui se battent dans les tran-chées ou aux Dardanelles. Pajot fait en quelque sorte la guerre par procuration. Transporté par son amour de la patrie, il collectionne dans le journal «Le Phare» les portraits de 681 soldats morts pour la France. Il les dessine et les colorie comme s’il voulait redonner vie à ces héros fauchés par la guerre.

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Le coin du CVRH Centre vendéen de recherches historiques

Journal inédit de DangirardLa vie quotidienneen Vendée avant la RévolutionCVRH, 306 p., 8 €

On a beaucoup écrit sur la Révolution en gé-néral et sur les guerres de Vendée aussi. Mais que se passait-il vraiment en France et chez nous dans les années qui ont immédiatement précédé 1789 ? Comment nos compatriotes vivaient-ils ces der-nières années de la Royauté dans le Poitou d’alors ?

Le journal de Dangirard, le «pape» des pro-testants de La Rochelle, nous en dit beaucoup sur l’avant-Révolution dans le Bas-Poitou d’alors. C’est la relation quotidienne de son voyage chez nous, du 21 août 1781 à la fin octobre de la même année. Un peu plus de deux mois donc, où il réside, sans guère sortir de là, chez son ami, Jean-Gabriel Gallot, aux Aprelles de Saint-Maurice-le-Girard. Son hôte, cal-viniste lui aussi, est alors un médecin de campagne

réputé et d’un immense dévouement envers les plus pauvres. Plus tard, il sera député du Tiers-Ėtat aux Etats généraux de 1789 et président du Conseil gé-néral de la Vendée en 1792. Il signera en septembre 1793 l’arrêté de levée en masse contre les Vendéens et mourra de la typhoïde en juin 1794, à La Ro-chelle.

Pierre Dangirard est issu d’une famille protes-tante de Tonnay-Charente qui s’est enrichie avec le commerce des vins et du cognac. Il dirige le culte réformé dans les sociétés protestantes rochelaises, publie une Liturgie, puis des Psaumes, à l’usage de sa communauté. Il adhère à l’esprit des Lumières et recommande à ses coreligionnaires d’être des mo-dèles pour leurs contemporains.

Lorsqu’il vient chez son ami Gallot, Dangirard est très malade. Il évoque presque chaque jour sa maladie et les souffrances qu’elle entraîne. Il mourra d’ailleurs un mois après son retour à La Rochelle. Ce journal – inédit – présenté par Alain Gérard offre un double intérêt. Il éclaire le vécu des communau-tés protestantes décimées par les dragonnades, il dé-crit la vie quotidienne dans le Bas-Bocage vendéen, douze ans avant le soulèvement de 1793.

La société rurale du pays de La Châtaigneraie étonne souvent le citadin charentais. Pourquoi appelle-t-on ici «village» ce qui partout ailleurs est un hameau? S’il parle peu des tisserands, pourtant nombreux, et des artisans, Dangirard s’attarde sur-tout sur l’agriculture et la vie rurale. Il découvre que la vraie richesse de ce pays, ce n’est pas les céréales, ni la vigne, mais les bœufs, «de la plus grande beauté et d’une propreté qui n’est guère connue pour ce bé-tail que dans ce pays-ci». Un goût des belles bêtes que manifeste le nombre des foires dans la région et l’affluence qu’elles attirent. Cet amour du beau bétail ne s’est jamais démenti dans ce bas-bocage qui compte aujourd’hui tant d’élevages réputés.

Comme ont perduré aussi ces rites sociaux qui cimentent une communauté, le vin offert et partagé, la chasse, les préveils, la confiance accordée aux gué-risseurs et aux rebouteux, les sobriquets moqueurs ou coquins dont sont attifés non seulement les per-sonnes, mais aussi les habitants d’une paroisse tout entière... En somme, tout ce qu’Alain Gérard définit comme la mystérieuse force des humbles, à la veille de la Guerre de Vendée.

Alors forcément, on cherche dans ce journal des signes avant-coureurs du soulèvement. Et l’on

D’autres facettes du journal illustrent la curio-sité universelle de Pajot. Il peint la faune marine, les sites de la région, ceux qu’il a visités ou dont il n’a vu que des images, le lion de l’Atlas, Gambetta, Thiers et Clemenceau. L’Histoire le passionne, à tel point qu’un de ses fils se prénommera Vercingétorix, et le dernier Garibaldi, prénom refusé par le curé de l’époque...

L’œuvre picturale de Pajot est foisonnante, plus de 4 000 «cadres», gouaches ou crayons. Vendus souvent à des concitoyens et à des estivants, rare-ment exposés. Jean Cocteau écrit qu’il n’est «ni naïf, ni absurde, ni habile, ni peintre, ni sublime». Ce qui est sans doute une façon de dire qu’il est au-thentique. Authentique, c’est le caractère majeur du journal de Pajot. Au fil de son récit de vie, on per-çoit entre autres la désaffection continue des marins pour la religion, elle-même quasi absente de ses ta-bleaux. «Le ciel de Pajot est vide, écrit Alain Gérard, à moins que le sacré ne trouve désormais à s’incarner dans l’homme lui-même.» G. B.

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Le coin du CVRH - juillet 2015 - décembre 2015

Recherches vendéennes n° 21La Vendée dans les conflits (1914 - 1944)CVRH, 321 p., 26 €

Au sommaire de ce vingt-et-unième numéro fi-gure d’abord un dossier qui célèbre les vingt ans du Centre vendéen de recherches historiques, créé en mai 1994 à l’initiative de Pierre Chaunu et de Fran-çois Furet, avec l’appui d’Emmanuel Leroy Ladurie. «Une belle aventure», comme l’écrit Michel Cha-mard, parrainée par l’université Paris IV Sorbonne et le Conseil général de la Vendée.

Alain Gérard, qui a dirigé le CVRH de 1994 à 2011, souligne que l’événement fondateur du Centre fut le colloque «La Vendée dans l’Histoire» organisé à La Roche-sur-Yon en 1993, à l’occasion du 200e anniversaire de la Guerre de Vendée. Fran-çois Furet avait brisé les tabous de l’histoire officielle et montré la nécessité d’en finir avec le déni des crimes révolutionnaires en Vendée.

Doriane Quéchon retrace en détail les vingt années de cette aventure, les colloques qui s’en-chaînent tous les trois ou quatre ans, la publication d’une soixantaine d’ouvrages, le site internet et la boutique en ligne. Et bien sûr la revue «Recherches vendéennes» dont Catherine Blanloeil raconte la fabrication et les grands moments.

En cette année anniversaire des deux dernières guerres mondiales, l’essentiel de ce numéro évoque l’attitude des Vendéens dans les conflits. Jean Rous-seau retrace la mobilisation d’août 1914 qui s’ef-

fectue surtout autour des trois régiments casernés dans le département, le 93e RI à La Roche-sur-Yon, le 137e RI à Fontenay-le-Comte et le 1er Dragons à Luçon. Parmi ces soldats, certains furent parmi les premiers voyageurs sur la voie ferrée Chantonnay – Saint-Christophe-du-Bois, inaugurée fin juillet 1914. Jean Artarit décrypte pour sa part les polé-miques qui entourent le triple assassinat de la fa-mille Auger, à la Tardière, en juillet 1945.

Deux récits de combattants personnalisent ce dossier. Les carnets de guerre de l’abbé Charles Massé, alors professeur au Grand séminaire – il sera plus tard évêque auxiliaire de Luçon – montrent en filigrane les changements que la Grande guerre opère dans la mentalité des prêtres comme dans celle des laïcs. Le témoignage d’Armand Dahéron (1930-2004), né à Mormaison, est celui d’un jeune homme qui voit arriver les Allemands en 1940 puis, pour une brève période, des réfugiés ardennais. Il se souvient aussi du passage des avions qui allaient bombarder Nantes.

Dans la partie «Études» de ce numéro, Jacques Hussenet explore les archives de l’Armée républi-caine de l’Ouest qui livrent des informations iné-dites sur le massacre des Lucs. Il répond par l’affir-mative à la question fondamentale : est-il possible que 3 500 à 4 000 soldats armés de sabres, de fu-sils et de baïonnettes aient pu tuer 564 villageois en deux jours? Thomas Angibaud explore, lui, le champ de l’historiographie républicaine à propos des guerres de Vendée, en particulier dans l’œuvre de Jules Michelet qui voit seulement se soulever un peuple, mauvais, cruel et ingrat avec la Révolution. S’il ne nie pas l’intensité de la répression, il la mini-mise pour ne pas salir la Révolution.

On lira aussi avec intérêt l’histoire de la longue amitié entre Georges Clemenceau et Auguste Scheu-rer-Kestner, chimiste et industriel alsacien. Sénateur à partir de 1875, celui-ci, très vite convaincu de l’innocence de Dreyfus, ne parvint pas à convaincre ses collègues de réviser le jugement qui le condamna à tort. Clemenceau et Scheurer-Kestner se sont liés lorsque ce dernier est incarcéré à la prison Sainte-Pélagie. Le jeune Georges vient lui rendre visite. Ils échangeront de nombreuses lettres. Scheurer-Kestner sensibilisera notamment son jeune ami aux préoccupations sociales. Il meurt le jour même où le président Loubet signe la grâce de Dreyfus. Un fleuve humain accompagne sa dépouille lors de ses obsèques. G. B.

n’en trouve guère. Ces Bocains-là ne sont pas d’une grande religiosité et leurs curés, peu instruits, s’oc-cupent davantage des pauvres que d’éducation. Dangirard remarque pourtant que les notables se mêlent volontiers au peuple, qui fera bientôt appel à eux, du moins à ceux qui n’ont pas émigré, pour le commander en 1793. Et si l’esprit de solidarité, la convivialité de ces habitants de Saint-Maurice et des paroisses d’alentour nous disait quand même quelque chose de ce qui allait arriver bientôt ? G. B.

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Les pages des écrivains de la Mer

La Maison des écrivains de la Mer, à Saint-Gilles :Dix ans, déjà… et même un peu plus !

En septembre 2015, les Écrivains de la Mer fêteront les dix ans de leur site littéraire en présence du Recteur Henri Legohérel, Président de l’Académie de Marine.

Réellement, l’association est née en fin 2003 de la réunion d’un peintre souvent inspiré par la Ma-rine : Gilles Corson ; et d’un colonel de la cavale-rie : Xavier Mélard intéressé par le sujet. Tous deux amis de votre serviteur qui a rêvé de cette demeure du livre de mer. On ne sait quand, mais peut-être quelqu’un racontera cette aventure née un jour de pluie, au cours d’une balade solitaire d’un marin re-traité sur les bords de la Vie et la « rencontre » d’une demeure abandonnée : celle du gardien du phare de la Tour Joséphine. L’avenir géographique nous positionnera à cinquante mètres plus loin dans une demeure dont la mémoire gillocruciene attribuait le nom de la Maison du vieux môle, occupée à ce moment-là par les bureaux de la Communauté de communes.

Pendant deux années, avec l’aide de la munici-palité de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et de son maire Patrick Nayl, l’idée d’un site littéraire dédié exclusi-vement à la Littérature Maritime a pris administra-tivement forme, aidé aussi par le Conseil général de la Vendée et le Conseil régional des Pays de Loire. Une association locale Mer et Vie a aussi porté les fonts baptismaux de cette création. Sans eux, nous n’aurions pas été bien loin dans notre projet. Cela a permis la découverte et l’amélioration de cette rési-dence blanche aux volets bleus face au large.

C’est une maison blanche aux volets bleus

Nous avons donc constitué l’équipage de parrai-nage avec le plaisir d’embarquer messieurs Michel Morht de l’Académie française ; Yves la Prairie, an-cien président de l’Académie de Marine ; le contre-amiral François Bellec ; les écrivains Simone Vercel, Pierre Béarn, Jean Raspail, Armel de Wismes ; Jean Chapon, ancien secrétaire général de la Marine mar-chande et ancien président de l’Académie de Marine ;

Michèle Polak, libraire/expert du livre du mer ; Patrick Nayl, maire de Saint-Gilles-Croix de Vie ; Jean-Claude Merceron, maire de Givrand, conseiller général de la Vendée et Jacqueline Roy, conseillère générale de la Vendée.

Les travaux d’embellissement ont commencé avec les entreprises locales et les gens des services techniques de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Financiè-rement parlant, cette Maison des Écrivains de la Mer eut la chance d’être intégrée à un plan culturel de la Région des Pays de Loire, ce qui a aussi large-ment contribué à sa réussite. La maison blanche aux volets bleus est devenue un des lieux inspirés par la grâce salée de Neptune.

Le 25 septembre 2005 fut un jour mémorable de mon existence, avec l’inauguration. Certains se rappellent de cette date où Michel Morht de l’Aca-démie française ; Yves La Prairie de l’Académie de Marine et Jean-François Goussard, président de la Fédération des Maisons d’écrivains et des patrimoines littéraires, présidaient cette cérémonie. On se per-met de vous citer les personnalités du département présentes : Claude Merceron, sénateur-maire de Gi-vrand ; Patrick Nayl, maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie ; Dominique Souchet, vice-président du conseil général ; Jean-Paul Minaud, premier adjoint de SGCV ; Yannick Moreau, l’actuel député-maire d‘Olonne-sur-Mer ; mademoiselle Delphine Taesch, attachée culturelle du canton de S.G.C.V. (ces deux dernières personnes ont beaucoup travaillé à la réa-lisation de nos desseins), ne pouvant citer tout le monde, sachez que 150 personnes étaient là. Ce fut une belle journée, un lieu de plus avait été créé sur la côte pour parler du peuple de la mer.

Cultiver le jardin de la mer

Les années suivantes, les adhérents les plus proches géographiquement parlant animent ce site littéraire : Serge Aillery, vice-président ; François Tessier, secrétaire ; Alain Leclerc, trésorier ; Jean-Paul Migevant ; Pierre Quesney ; Paul Gauvrit, bibliothécaire ; Jean-Paul Minaud ; Alain Frenkel, chargé du prix littéraire de la Fédération nationale du Mérite maritime et de la Médaille d’Honneur du Marin Écume de mer (prix créé par notre association à la demande de la Fédération); Christiane Leclerc secrétaire de réunion; Christine Moniot-Beaumont pour l’organisation artistique des vitrines.

Dix expositions ont été organisées, avec des par-rainages d’exceptions : Michel Ragon ; le contre-amiral François Bellec de l’Académie de ma-

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Les Écrivains de la mer - juillet 2015 - décembre 2015

Les pages des écrivains de la Mer

rine ; Didier Decoin de l’Académie Goncourt ; Nadine Lefébure et Mi-reille Calmel (poètesse et romancières) ; Marc La-tham (petit-fils d’Henry de Monfreid) ; Jean-Fran-çois Tallec, secrétaire gé-néral de la mer ; Stéphane Duval, auteur de B.D. ; Élisabeth Navratil (des-cendante d’un des res-capés du Titanic ; Anne Pons, historienne.

Il ne faut pas ou-blier les récompenses attribuées. car en oc-tobre 2008, la Mai-son des Écrivains de la Mer eut l’honneur et la joie d’être primée par l’Académie de Marine qui a accordé le prix AJ Vovard pour la création de cette maison blanche aux volets bleus. Et l’an-née suivante la Maison de la Mer de Nantes lui oc-troyait un prix pour son action en faveur de la lit-térature maritime.

La Maison des écri-vains de la Mer est aussi organisatrice d’événe-ments et participe aux salons du livre maritimes dans le pays. Cette année, des nouvelles activités plus proches des attentes du public sont en place. Sont organisés des Quarts de Nuit qui ont lieu tous les jeudis de juillet, août et septembre de 20 h 30 à … Car la convivialité de ces petites conférences au sujet divers, mais ma-ritime, fait souvent dépasser l’horaire prévu. Elles se tiennent dans la Maison des écrivains de la Mer. L’Office du Tourisme de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, partenaire, est chargé de la vente des billets (3 eu-ros). Il n’est pas impossible qu’à la suite de la saison, qu’une suite des Quarts de Nuit soit organisée sur l’ensemble de l’année.

Une place plus importante va également être at-

Pierre Garcie FerrandeNarcisse Pelletier

LES LIVRES DE MER EN EXPOSITION

Maison des écrivains de la mer9, avenue Jean Cristau

Saint-Gilles-Croix-de-Vie

Les quarts de nuit21h00 tous les jeudis de juillet à septembre

réservationOffice du Tourismetél : 02 51 55 03 66

tribuée à des journées de signatures d’auteur. Cette maison d’écrivains, qui réunit tous les écrivains de la mer d’hier et d’aujourd’hui, a lancé une collection littéraire Les Marins-écrivains, dont l’ouvrage col-lectif se nomme : Les Marins écrivent à l’encre salée, publié aux éditions de La Découvrance.

«Il faut cultiver son jardin», a dit Voltaire, la Maison des écrivains de la Mer continue à naviguer en littérature maritime au centre du cercle Atlan-tique, c’est-à-dire à Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

René Moniot-Beaumont

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Les pages des écrivains de la Mer

Christophe PratL’Outre Pêcheur Ella, 254 p., 14,90 €

L’Océan est un milieu aquatique mystérieux. Son immensité nous effraie autant qu’elle nous fas-cine. Pénétrer ou tenter d’entrer dans ses profondeurs, n’est-ce pas la métaphore de notre MOI profond ?

Roger DriezCœur d’AttachePoésies Nomades 97 p., Le Jarosset

Cœur d’attache est un témoi-gnage d’un marin pêcheur qui à l’automne de sa vie revient sur un monde qui quasiment dis-paru. Naître dans le quartier du

Louis VrignaudJ’ai posé mon sac à terre211 p., Publication Vrignaud

Si un jour vous passez à Croix-de-Vie, vous pourrez rencon-trer un personnage qui vous ne laissera pas insensible. Il s’agit de Louis Vrignaud dit le Grand

Louis. Vous avez remarqué que je n’ai pas dit Saint-Gilles-Croix-de-Vie parce que Louis incarne l’his-

René Moniot BeaumontLes causeries écrites à l’encre saléeCheminances, 123 p., 12 €

Ancien officier de la marine, René Moniot Beaumont est un retraité suractif. Président de la Maison des écrivains de la mer à Saint-Gilles, bibliophile de la Mer, René Moniot Beaumont compte

déjà plusieurs ouvrages à son compteur, dont une épopée écrite du Titanic. Mais ce sont ses « cour-riels-causeries de la mer », comme il les appelle, qui ont dévoilé, en 2012, son profond amour de la mer et de l’appel du large, son érudition aussi.Ces nouveaux courriers sortis au printemps s’intitu-lent cette fois-ci « Les causeries écrites à l’encre salée

Entre fantastique et réalisme, l’auteur nous conduit dans un labyrinthe où se perdent les repères, où des puissances envoûtantes attirent les hommes. Avec en parallèle une histoire d’amour entre Gabriel et Thaïs, le lecteur oscille d’un mystère à un autre. Pas-sionné par le milieu marin, l’auteur nous entraîne à sa suite dans un monde étrange, au large des côtes vendéennes. Une approche poétique et romanesque qui se déroule sur les plages de Noirmoutier. La Naissance de l’Écume est le premier tome d’une série de quatre, les trois autres sont à venir. R.A.

Maroc, sortir de la communale pour rentrer à l’école des pêches, traverser les années de guerre en étant mousse en 1941, apprendre le métier de marin et en 1945 embarquer sur le sardinier La Pierrette, voilà une partie du chemin de Roger Driez. Il écrit avec son cœur des lignes où certains se reconnaîtront et d’autres apprécieront afin de découvrir les aventures d’un des marins qui ont fait la notoriété de la pêche à la sardine et aux thons de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. RMBtoire du port de Croix-de-Vie qu’il vient d’écrire avec une encre à l’odeur océanique. L’auteur vous accompagne pour découvrir toute une vie dédiée au monde de la pêche entre les années 1950 et 1985. L’homme a été le défenseur de la pêche à la sardine, la fameuse sardine millésimée de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Son engagement au service de la pêche, des gens de mer, et du port de Croix-de-Vie, fait qu’un administrateur général des Affaires Maritimes à écrit la préface de son ouvrage, une belle reconnaissance des plus hautes autorités maritimes de notre pays. RMB

». Les marins sont certes des taiseux mais Moniot Beaumont a la plume bien trempée pour faire par-tager ses émois, des rêves d’horizons sans fin, des sensations aussi. Cette fois-ci, il s’intéresse au rap-port maritime de la femme, aux chants de marins, à Joseph Conrad, au ministère de la mer dont il se de-mande où il est passé, coulé sans laisser un morceau d’épave… D’ailleurs, il intitule une autre causerie : France, n’oublie pas ton peuple de mer.Pourtant, on pourra préférer ce joyau intitulé : Le lac. Lac, mais lequel ? Le lac Léman, pardi ! Face à Genève et Lausanne… Pas croire que le plus grand lac d’Europe occidentale est une affaire de marins d’eau douce ! Dans ce texte, Moniot-Beaumont ré-vèle à quel point il est un érudit chercheur. PhilG.

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02 51 98 55 [email protected]

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Bass, Bulot, De Cayeux, Gi-lory, Léger, Livory, Moniot Beaumont, Shirmann, Zapatta, GréhanLes marins écrivent à l’eau saléeLa Découvrance, 142 p., 14 €

Cette collection des marins-écri-vains est dirigée par René Moniot Beaumont. On vous le dit, que ce

retraité est suractif ! Dans son avant-propos, l’ami René donne cette info : Les étrangers qui connaissent notre pays sont toujours étonnés d’apprendre que le pavillon français couvre une grande partie de la planète.De fait, ces récits et ces poèmes nous rappellent à quel

Franck Leloire Romain DuranNaufrages autour de l’île d’YeuGeste, 176 p., 26 €

Coïncidence sans doute, ce livre-album signé de deux passionnés de plongée sous-marine, fait écho à l’ouvrage historique de Jean-Fran-çois Henry, «L’ île d’ Yeu dans la Grande Guerre» (CVRH, 2014). C’est aussi l’aboutissement, sans doute provisoire, des recherches effectuées par l’association

ANGES (Association Nord Gascogne Épaves Suba-quatiques) qui explore les épaves autour des îles d’Yeu et de Noirmoutier. Ce livre magnifique relève un défi difficile : dire l’histoire, montrer les bâtiments coulés pendant la Grande Guerre, faire partager les émotions des plongeurs autour des épaves maintenant cente-naires. C’est parfaitement réussi. On ne relit pas sans émotion le drame d’une des plus belles épaves de l’île d’Yeu, celle du Séquana, coulé en 1917 par un sous-marin allemand. 207 personnes, dont 198 tirailleurs sénégalais périront... G. B.

point notre pays est maritime. Jean-Marie Gillory pratique des semailles océanes ; Jacques Schirmann voit son sang à Ouessant et glisse sur l’Orénoque ; Olivier Bass prend la mer à partir de Paris ; Jean-François Zapatta fait de l’orage son bateau et voit sa fin à Sein ; Pierre Livory essuie un méchant coup de bar ; Jean bulot dévoile ses fortunes de mer ; Jean-Paul Léger rencontre des chiens de mer ; René de Cayeux évoque la marine marchande… Les lecteurs amoureux de la mer ont de quoi piocher dans cet ouvrage collectif. PhilG.

Roland Mornet Pour contes d’OcéanNouvelles maritimes155 p. Durand-Peyroles

Roland Mornet, fort connu en histoire et littérature maritime, cite à la fin de l’ouvrage ces paroles de Jack London : « Ce n’est pas dans le succès d’une œuvre que l’on trouve sa joie, mais dans le fait de l’écrire ». J’aurais tendance à rajouter « et dans le plaisir de lire ». Pour contes d’Océan, c’est aussi s’embarquer pour connaître la vie et les us et coutume du peuple de la mer. L’auteur, au travers de ses huit nouvelles, a-t-il des comptes à régler avec l’immensité océane et son peuple de la mer ? Ce qui reste certain, c’est qu’il écrit en utilisant toute la palette des humeurs des gens de mer où l’humour est souvent présent. RMB

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Les écrivains et éditeurs vendéens et leurs partenaires (les Gueux) présents au Printemps du livre à Montaigu et au Salon du Livre de Saint-Gervais vous saluent bien chaleureusement... Ils sont très heureux d’appartenir aussi aux NULS avec vous à Grasla pour la sortie de ce numéro spécial. Les amis de Vendée Historial fêtent ici aussi leur nouvelle identité au service des Musées de la Vendée.

Lire en Vendée Échos-Muséesa pour mission de faire connaître les œuvres littéraires vendéenneset le rayonnement de l’Historial de la Vendée

Merci de communiquer vos ouvrages à : Société des écrivains de Vendée, Bibliothèque municipale 85280 La Ferrière

Publication de la Société des Écrivains de Vendée et de Vendée HistorialRédaction : toute l’équipe rassemblée avec PhilG.Impression : Offset 5, La Mothe-Achard

Sites Internet : www.ecrivains-vendee.frsite : amisvendee-historial.comadresse mail : [email protected]

Ce numéro est tiré à 6 000 exemplaires. Imp

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