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Chapitre 1 : Le roman I. La naissance d’un genre : le Moyen-Âge Le mot “roman” associé à un écrit n’existe pas avant le Moyen-Âge. Le “roman” est un écrit en langue romane, le français de l’époque. On utilisais ce mot car à l’époque les livres étaient l’affaire d’élites et étaient écrits en latin. Le Moyen-Âge voit la diffusion de ce savoir. De quoi parle le roman ? Il se rapproche de l’épopée qui existait avant, racontant les aventures et surtout les combats de grands personnages. Le roman s’y rapproche donc au début, comme Le roman d’Alexandre , racontait les victoires et la vie de ce personnage illustre. Au Moyen-Âge, les romans étaient en vers rimés (8 syllabes), l’alexandrin venant du roman d’Alexandre. la “matière de Bretagne” est liée au cycle Arthurien et aux chevaliers de la table ronde. Ainsi, le roman se rapproche de la société de l’époque. Chrétien de Troyes est un écrivain du XII° siècle → Perceval ou le Conte du Graal . Il reprend les grandes légendes Arthuriennes en commençant par leurs débuts et mettant en scène la société féodale de son époque. Le roman s’efforce d’actualiser les personnages et montre son époque comme on aimerait la voir. Le roman décide aussi de critiquer et de se moquer de sa société comme avec le Roman de Renart avec Ysengrin et le Goupille, fable critiquant la société de l’époque, satyrique. II. Le roman du XVII°, entre baroque et classicisme Au XVI° siècle, les guerres de religions (catholiques/protestants) donnent lieu à la “réforme” en architecture et dans les textes, épurés, sobres. Suite à cette réforme, la contre-réforme catholique va vers une esthétique riche, démesurée et adepte du mouvement (le mouvement baroque). Au début du XVII° siècle, le roman est baroque : L’Astrée d’Honoré d’Urfé raconte les aventures d’un berger et de sa bergère, amoureux rencontrant d’autres amoureux → roman à tiroirs → 5400 pages, 40 volumes, 19 années d’écriture. Face à ce mouvement baroque → mouvement classique, roman du classicisme revenant au réalisme, fonctionnant par économie de moyen en suggérant : Princesse de Clèves de Mmme de LaFayette → mettant en scène la cour d’Henry II, racontant l’histoire de Mlle de Chartres, tombant amoureuse après son mariage d’un coureur de jupons. Exemple de “sourdine”, suggéré → Mlle de Chartres ne dit rien quand le coureur vole son portrait.

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Chapitre 1 : Le roman

I. La naissance d’un genre : le Moyen-Âge

Le mot “roman” associé à un écrit n’existe pas avant le Moyen-Âge. Le “roman” est un écrit en langue romane, le français de l’époque. On utilisais ce mot car à l’époque les livres étaient l’affaire d’élites et étaient écrits en latin. Le Moyen-Âge voit la diffusion de ce savoir.

De quoi parle le roman ? Il se rapproche de l’épopée qui existait avant, racontant les aventures et surtout les combats de grands personnages. Le roman s’y rapproche donc au début, comme Le roman d’Alexandre, racontait les victoires et la vie de ce personnage illustre.

Au Moyen-Âge, les romans étaient en vers rimés (8 syllabes), l’alexandrin venant du roman d’Alexandre. la “matière de Bretagne” est liée au cycle Arthurien et aux chevaliers de la table ronde. Ainsi, le roman se rapproche de la société de l’époque. Chrétien de Troyes est un écrivain du XII° siècle → Perceval ou le Conte du Graal. Il reprend les grandes légendes Arthuriennes en commençant par leurs débuts et mettant en scène la société féodale de son époque. Le roman s’efforce d’actualiser les personnages et montre son époque comme on aimerait la voir.

Le roman décide aussi de critiquer et de se moquer de sa société comme avec le Roman de Renart avec Ysengrin et le Goupille, fable critiquant la société de l’époque, satyrique.

II. Le roman du XVII°, entre baroque et classicisme

Au XVI° siècle, les guerres de religions (catholiques/protestants) donnent lieu à la “réforme” en architecture et dans les textes, épurés, sobres. Suite à cette réforme, la contre-réforme catholique va vers une esthétique riche, démesurée et adepte du mouvement (le mouvement baroque).

Au début du XVII° siècle, le roman est baroque : L’Astrée d’Honoré d’Urfé raconte les aventures d’un berger et de sa bergère, amoureux rencontrant d’autres amoureux → roman à tiroirs → 5400 pages, 40 volumes, 19 années d’écriture.

Face à ce mouvement baroque → mouvement classique, roman du classicisme revenant au réalisme, fonctionnant par économie de moyen en suggérant : Princesse de Clèves de Mmme de LaFayette → mettant en scène la cour d’Henry II, racontant l’histoire de Mlle de Chartres, tombant amoureuse après son mariage d’un coureur de jupons. Exemple de “sourdine”, suggéré → Mlle de Chartres ne dit rien quand le coureur vole son portrait.

III. XIX° siècle : L’âge d’or du roman

Le roman existe depuis moins longtemps que le théâtre ou la poésie et ce n’est qu’au début du XIX° siècle que le roman se développe. Le roman met alors en scène la bourgeoisie et l’urbanisation. Les auteurs du XIX° vont se retrouver autour de la reproduction de la réalité dans la création (mimesis) dont parle Aristote dans La Poétique. Pour certains, le roman doit être le miroir de la réalité, d’autre que ça doit être une impression de réalité?

La réalité en art n’existe pas, c’est un effet possible grâce au cadre spatio-temporel, aux personnages et à la description.

Balzac → somme romanesque : La comédie humaine. Désire représenter comment sa société est organisée. Il se présente comme un secrétaire de sa vision de la réalité. La peau de chagrin → met en scène Raphaël, ruiné, rencontrant une peau de chagrin pouvant réaliser ses souhaits, rétrécissant jusqu’à sa mort → la société est un nid de désirs, de besoins. Dialectique vouloir/pouvoir. Ecrire → Eclairer.

Flaubert → ne pense pas à écrire son époque car ne fait pas sens selon lui. Il met en scène une

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écriture. Ricardou explique que chez Flaubert “ce n’est plus l’écriture d’une aventure mais l’aventure d’une écriture”. Il remet en question les codes → “Le style, c’est tout”.

IV. XX° siècle : Le roman en question

Proust → Somme romanesque : La recherche du temps perdu, également aventure d’une écriture car il pense qu’il n’y a que par l’écriture que l’on peut exister. Récit à la première personne, vraisemblablement autobiographique. Réminiscences → sensations de moments qu’il faut retrouver. Les sentiments en disent d’avantage que la raison. Tire le roman vers la poésie et et la peinture. Recherche du mécanisme de la sensation par l’écriture. Nouvelle perspective → l’intériorité, qui est l’individu, le “je”.

Le nouveau roman → cette confiance de l’écriture va s’effriter, surtout après la 2° guerre mondiale. Le but de l’écriture ne peut être de donner un effet de réalité. Ensemble d’écrivain mettant en place une esthétique déceptive du roman, court-circuitant les attentes des lecteurs → plus d’histoire, presque pas de personnages... Ex : Alain Robbe-Grillet, Sarraute.

Le roman s’est alors coupé du lectorat. Remise en question des codes instaurés au XIX° siècle.

Chapitre 2 : Lire une oeuvre / Qu’est-ce que lire ?

I. Théories autour de la lecture

Pendant des siècles, la lecture était pensée comme essayer de comprendre ce que veut dire un auteur. Au XX° siècle, des critiques littéraires, Iser et Jauss, ont créée l'École de Constance s’intéressant à la théorie de la réception en inversant la problématique et considérer que tant que le texte n’a pas été lu, il n’existe pas ; ils vont essayer de redonner tout son rôle au lecteur dans sa capacité de faire exister le livre → désacralisation de l’auteur.

On ne peut pas comprendre un même texte de la même façon pour deux raisons :- “l’horizon d’attente” : les attentes sont influences par des paramètres extérieurs,

modifiant notre façon de recevoir le texte ;- “la bibliothèque” : ce qu’on a étudié, lu ou pas, c’est notre parcours de lecteur,

influençant notre façon de lire, en faisant des liens.Il y a une liberté de circulation lors de la lecture d’un livre. “L’objet littéraire est une étrange

toupie, qui n’existe qu’en mouvement. Pour la faire surgir, il faut un acte concret qui s’appelle la lecture, et elle ne dure qu’autant que cette lecture peut durer” Sartre - Qu’est-ce que la littérature.

II. L’oeuvre et son public

Quel est ce lien qui doit unir l’oeuvre et le public à qui il est destiné ? Que penser d’un écrivain écrivant son livre pour ne plaire qu’à un public ?

Dans La recherche du temps perdu, Proust pense aux peintres impressionnistes et se rappelle que ce mot désigne de manière péjorative leur façon de peindre. Le critère des grands écrivains est de choquer son public, de le perturber. L’écrivain va obliger son lecteur à un travail d'accommodation.

“Il y a deux sortes de grands hommes : les uns qui donnent aux gens ce qui plaît aux gens ; les autres, qui leur apprennent à manger ce qu’ils n’aiment pas” Paul Valéry - Se dresser un public.

Parfois, le lecteur n’est pas obligé de voir dans le texte ce que l’auteur y a mis et ne pas aller dans sons sens. Les mystères de Paris de Sue, énorme succès, mauvais public. Texte fermé, une seule interprétation, texte ouvert, plusieurs possibles.

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III. Qu’est-ce qu’un classique ?

Référence au classicisme (XVIII° siècle), en tant que livre qui fait référence en littérature. Le succès de librairie ne peut pas être exclusif. La présence d’idées intéressantes ? Le style, la forme, la façon d’écrire ? On ne cesse de se quereller à ce propos.

Chapitre 3 : La poésieI. Le langage poétique

La poésie est un autre rapport au langage. Un mot a toujours deux parties : le signifiant (enveloppe sonore du mot, le matériau qui le constitue) et le signifié (un objet...). Quand on met en place un rapport poétique, le poète accorde toute son importance au signifiant.

Ex : Michau, Télégramme de Dakar avec le mot “baobab”.

II. La création poétique

Il y a toujours eu un mythe du poète créant sous le coup de l’inspiration. Le poète est vu de différentes manières en fonction des époques. Platon en parle dans La république et Ion : dans le premier il ne les aime pas, expliquant qu’il faut de la raison et non de la passion tandis que dans le second, il ne les aime toujours pas, disant que ce ne sont que les divinités qui écrivent à travers eux. Cette idée ne va jamais disparaître jusqu’au XVI° siècle. Ronsard, poète de la Renaissance va redécouvrir l’antiquité et reprendre le fait que le poète est quasi-divin.

Au XIX° siècle, le mythe est écorné :- Rimbaud : La lettre du voyant, il y écrit “je est un autre”, le poète ne doit pas parler de ce qui est autour de lui mais en lui. Il parle ainsi avant l’heure de l’inconscient (Freud). Il a besoin de “s’encrapuler” (alcool, drogue) pour écrire, par dérèglement des sens. André Breton dit que la création poétique “surgit”.- Paul Valéry : mathématicien de formation, il considère le poète comme artisan de la langue, il ne fait que travailler.

III. Lire un poème

Tout texte peut et doit se lire de manière horizontale. Il y a cependant plusieurs strates de lecture.

IV. Fonctions de la poésie

Beaudelaire dit que faire de la poésie n’est pas faire de la morale. Les poèmes initient le lecteur à quelque chose : le beau. La seule transcendance est que grâce au poème, le lecteur va avoir conscience de l’esthétique, incluant la laideur dans le beau tout de même.

Rimbaud se compare à Prométhée, Dieu révolté contre Zeus : la poésie est comme le feu divin, un autre espace. Le poète est capable d’apporter ce feu parmi les hommes.

L’intérêt de la poésie peut aussi être militant, engagé comme pour Aragon ou Eluard.

Le théâtre

I. La communication théâtrale

Plus concret de par sa représentation physique, le théâtre a un langage à part n’étant pas fondamentalement fait pour être lu.

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Le langage théâtral est lié à la “double énonciation” théorisée par Ubersfeld au XIX° siècle. Elle explique qu’au théâtre, un personnage dialoguant représente l’aspect verbal du théâtre, mais il y a également du “non-verbal” comme les gestes, les déplacements, mimiques, intonations, costumes (...) représentés par des didascalies.

Tout est fabriqué, tout est calculé, mis en scène, les mots, les silences, etc, imitent le naturel du quotidien tout en étant factice. “Tout est langage au théâtre” - Ionesco.

II. Théâtre et mise en scène

Le metteur en scène met en scène le texte, mais aussi les didascalies car s’il n’en prend pas compte, il fait alors sa propre pièce. Il ne doit pas transformer le texte. Il existe 2 types de mise en scène :- Sacralisation du texte ;- Utilisation de la pièce de manière revisitée.

III. Théâtre et public

On parle d’illusion théâtrale (Corneille). On en est pas victimes vu qu’on sait que c’est faux, tout ce qui se passe sur scène est frappé d’irréalité. En jouant sur le faux, on peut finalement jouer sur le vrai. Au XVIII° siècle avec “le jeu de l’amour et du hasard” de Marivaux, les personnages, bien que déguisés, vont réussir à se reconnaître, jouant sur le faux.

A l’inverse, Brecht n’est pas dans cette conception de la théâtralité et pense que le théâtre doit être fait pour parler à l’intelligence en l’empêchant de s’identifier pour ne pas être dans l’émotion. C’est un théâtre de la distanciation critique et réflective.

IV. Fonctions du théâtre

A la base, le théâtre est fondamentalement politique, s’adressant aux collectifs, obligation des citoyens chez les grecs. Eschylle, au V° siècle avant J.C. a écrit “les perses”, sur la bataille de Salamine. Il espère alors que la représentation de cet épisode douloureux va être un moyen de faire le deuil grâce à la catharsis, la purgation des passions, c’est-à-dire vivre quelque chose d’horrible de par son identification et donc vouloir s’en détacher par la suite.

Deux procédés : la crainte et la pitié. La fonction du théâtre est la purification et la purgation des passions afin d’éduquer et d’organiser les relations sociales.