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19/01/2018 11(06Livre : Deux French pulp de Serguei Dounovetz | L'Art-vues

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Livre : Deux French pulp de Serguei Dounovetz

Comme il l’avait déjà fait pour le Poulpe, Serguei Dounovetz a jeté son dévolu sur un personnage bien connu du grand public, et auquel

nous sommes d’autant plus sensibles que son créateur, Léo Malet, est originaire de Montpellier. Il s’agit bien sûr de Nestor Burma, incarné à

la télé par Guy Marchand. Cette French pulp, policière et populaire, actualise ainsi le héros, célèbre détective si l’en est, français de surcroît,

et le contexte dans lequel on le fait évoluer : le nôtre, contemporain et parisien, en l’occurrence du côté de Belleville. Les supposées

funérailles d’un ami (en fait Niki Java, transfuge d’une série initiée par Dounovetz) sont le point de départ d’une suite de péripéties

Par L'Art-vues - Jan 11, 2018

19/01/2018 11(06Livre : Deux French pulp de Serguei Dounovetz | L'Art-vues

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traversées par le conflit ottoman, entre turcs et kurdes. Comme toujours, chez Dounovetz, le lecteur est tenu en haleine et saute de

rebondissements en rebondissements. On y croise la commandante, combattante kurde vengeresse et pour cause, un diplomate pervers et

proche du pouvoir en place, une maquerelle venimeuse qui refuse de vieillir, divers trafiquants, les renseignements généraux, le quai des

orfèvres, et des cadavres en veux-tu en voilà. Plus les fameux loups de Belleville, dont on comprendra que ni le narrateur éponyme ni

l’auteur ne les porte dans leur cœur. La quête d’un dossier sulfureux sert de prétexte à ces pérégrinations dans les rues, recoins discrets,

cavités insoupçonnées du XXème arrondissement, qui ne brille pas par sa sérénité sécuritaire. La splendide et exotique Kardiatou, et le

fidèle Mansour, sont les adjuvants du trublion surmotivé, lequel prend tous les risques, et s’en sort sans une égratignure, au seul bénéfice

de l’amitié ressuscitée, si l’on peut dire. On s’en doutait dès le départ mais c’est ce qui rend ces histoires de détectives captivantes. Ce n’est

pas le dénouement qui compte mais la manière dont on y parvient. On est en effet dans un exercice d’écriture, de réécriture même, et

Dounovetz s’en donne à cœur joie pour nous distiller des jeux de langage dont il a le secret. Ces calembours permanents créent un certain

recul. On n’est jamais dans le sérieux. Ou plutôt ce dernier ne se trouve pas dans l’histoire que l’on nous raconte, non sans gouaille, mais

plutôt dans le point de vue portée sur notre monde, ses travers, ses injustices, ses absurdités. Car derrière la violence imaginaire qui

envahit la narration et qui sert d’exutoire à l’auteur par le biais de ses héros, se profile une violence beaucoup plus grave, que Burma

dénonce sans ambages, et qui se trouve en prise avec notre actualité la plus brûlante, la plus dramatique aussi. A ce cocktail politico-

policier, il faut ajouter une bonne dose d’érotisme et une rasade de morale libertaire, assez roborative au demeurant. L’anarchie : une belle

utopie pour ces lieux fictionnels où la justice finit par triompher, la bonne cause par obtenir gain de cause et le bon, qui se veut libre, par

l’emporter. BTN

Passons au deuxième ouvrage, en attente de publication.

Voilà, comme on dit, un roman qui décoiffe. On y est habitué avec Serguei Dounovetz , lequel embarque son lecteur dans une histoire dans

laquelle il ne faut pas se poser trop de questions : simplement la vivre au présent, se laisser porter par sa petite musique, on est là pour le

plaisir immédiat; pour la spéculation intellectuelle on ira voir ailleurs. En fait, Sergueï nous balade dans tous les genres qu’il apprécie et qui

relèvent de sa culture cinématographique. Le cadre choisi, le Texas nous fait penser au western et ses chasseurs de prime, mais s’y mêlent

des histoires de vampires saupoudrées de pornographie, de trafics d’organes et de consommation de drogues. Le héros est un de ces durs à

cuire, têtu comme une mule, le type même du looser qui finit pourtant par trouver l’équilibre dans un amour de jeunesse retrouvé. Dans ce

livre, les morts ressuscitent, les groupes inconnus défraient les faits divers et les manchettes, une photo opportune suffit à assurer une

stable notoriété. Les puissants manipulent, les flics s’avèrent des sadiques invétérés, les indiens violent parce que c’est dans leur nature. On

comprendra que Sergueï Dounovetz se moque de la vraisemblance comme de sa dernière bière. Rentrer dans un tel roman, c’est s’ouvrir à

une dimension intermédiaire, un monde à part, dans cet espace d’entre deux qu’habitent les vampires, ces morts qui nous hantent et n’en

finissent pas de nous pomper l’énergie. Tout y est permis et les personnages peuvent bien passer l’arme à gauche puisqu’après tout ce ne

sont que des créatures de papier, de fiction, de French pulp même. On est menés à un rythme trépidant, on ne s’ennuie pas une seconde et

l’on a du mal, un peu comme dans certaines séries télévisées, à lâcher le fil qui vous tient en haleine, l’histoire, constamment sujette à

rebondissements. En fait, le livre fait la navette entre les années 80, devenues culte, et les années 2000, avec leur nostalgie, les regrets,

une volonté toutefois d’aller de l’avant, quitte à monter la pire escroquerie de l’histoire du R’n’R. A l’instar du rôle dévolu à chacun, on est en

permanence dans l’illusion, dans du trompe l’œil, les choses ne se sont pas forcément passées telles qu’on a cru le vivre. Et comme le

roman se déroule en gros selon le point de vue omnipotent du protagoniste, le lecteur découvre en même temps que lui, les multiples

surprises qui jalonnent son itinéraire, peuplé d’aventures érotico-sentimentales, de petits bâtards laissés pour compte, de dettes à payer

injustement aux autorités. Il me serait facile de résumer le scenario et ses morceaux de bravoure, violents ou gore, mais il vaut mieux

laisser le lecteur découvrir les épisodes où l’on voit deux êtres qui se croyaient à jamais perdus l’un pour l’autre, se rejoindre à la fin, pour

un happy end relatif. Avec une interrogation contenue dans le titre : Où vont-ils bien pouvoir se marier si… les gens sérieux ne se marient

pas à Végas. (BTN)

Nestor Burma, Les loups de Belleville, par Serguei Dounovetz, French pulp eds (paru)

Les gens sérieux ne se marient pas à Végas, French pulp Eds.

19/01/2018 11(02Serguei Dounovetz : Les loups de Belleville (French Pulp Éd., 2018) - Le blog de Claude LE NOCHER

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19 JANVIER 2018

Serguei Dounovetz : Les loups de Belleville (French PulpÉd., 2018)Nestor Burma admet son erreur : “Je commençai à réaliser que je m’étais embringué dans une histoire qui n’était pas de mon ressort.” Un détective privé s’occuped’affaires de mœurs, d’enquêtes criminelles, mais pas d’assassinats politiques. D’autant moins quand il s’agit d’embrouillaminis entre les Kurdes et le MIT, lesservices secrets turcs. Et les Loups Gris, baroudeurs fascistes, y participerait également. Tout ça au sujet d’un mystérieux dossier brûlant, qui a disparu – s’il a ja-mais existé. L’un des responsables de ce pataquès, c’est le journaliste Niki Java, ami de longue date de Nestor Burma. Le reporter avait sympathisé avec un acti-viste kurde et sa sœur. Les obsèques de Niki Java au Père Lachaise auraient dû mettre fin au problème.C’est l’inverse qui s’est produit, vu que Niki Java n’était pas clamsé. Par contre, son ami militant Kurde se trouvait à sa place dans le cercueil. La sœur du défuntayant une fâcheuse tendance à réclamer publiquement la vérité, il était probable qu’on finisse par la supprimer. C’est là qu’entre dans le jeu une panthère vêtued’un treillis, une Kurde elle aussi, mais version féministe pure et dure. Ayant rectifié le rôle de chacun, elle offre une piste au détective. Un marchand d’armequ’on nomme Potemkine traiterait aussi bien avec les Turcs qu’avec les Kurdes, vu que c’est un métier où vendre à des clients importe plus que toute idéologie.La guerrière féministe le connaît mieux qu’elle ne l’avoue dans un premier temps. Nestor Burma ne tarde pas à dénicher l’adresse de Potemkine.Le détective tombe sur une élégante sexagénaire orientale, qui l’accueille en le menaçant avec un petit flingue. Burma n’a pas le flegme d’un James Bond, mais ilne manque pas de réflexes non plus. Quand un fuyard en profite pour leur fausser compagnie, le détective parvient à le choper. Mais c’est seulement la doubluredu fameux Potemkine, pas le vrai. Estimant que l’immeuble en question mérite une exploration plus poussée, Nestor Burma y retourne accompagné de sa sculp-turale secrétaire métisse. Et si, derrière cette affaire, il s’agissait d’esclavage sexuel, de prostitution organisée, même si les lieux paraissent aujourd’hui désaffec-tés ? Le duo intrépide va descendre jusque dans les plus hostiles sous-sols de l’immeuble. Pas rassurant, mais ils y découvriront peut-être des indices.Bien qu’il soit sorti du tunnel avec une valise, qui va servira de monnaie d’échange contre des infos auprès de son contact à la DGSE, Burma n’est pas au bout deses peines. Car la virevoltante féministe kurde continue son combat contre le pouvoir turc, visant la tête de l’État. Avec des éléments compromettants en poche,c’est encore mieux. Pour le nettoyage final, Nestor Burma pourra compter sur la commissaire Faroux, patronne de la PJ…

Nestor Burma, détective de choc, patron de l’agence Fiat-Lux, est de retour. Ce n’est plus tout-à-fait le personnage mythique imaginé par Léo Malet, grande fi-gure du polar. Il était évidemment nécessaire de l’actualiser, tout en conservant les caractéristiques du héros d’origine. Par nature, le détective privé est un soli-taire, avec son libre arbitre, mais pas insensible au charme féminin, ni absolument désabusé quant à la nature humaine. Il sait faire preuve d’un humour teintétrès souvent d’ironie. Si le monde a bien changé depuis l’après-guerre, il n’a pas gagné en simplicité. Les sujets de société, les rapports sociaux, les problèmes desécurité, autant de thématiques complexes alimentant la criminalité. Un gaillard comme Nestor Burma, quadragénaire sportif, ne craint pas de s’y frotter.Il est assisté d’une descendante d’Hélène Châtelain, ou au moins d’une homonyme. La belle Kardiatou Châtelain est une métisse franco-sénégalaise âgée devingt-cinq ans, diplômée et diablement attirante. C’est, bien sûr, sa compétence qui prime, Burma devant refréner ses pulsions. Par ailleurs, le détective emploieMansour Kébaïli, jeune d’origine Kabyle, originaire de Bondy nord, non pas parce que c’est un traficoteur de banlieue, mais pour ses talents en informatique. Lesnouvelles technologies, ça reste quelque peu abstrait dans la pratique de Nestor Burma. Si son aïeul entretenait de bonnes relations avec le policier Florimond Fa-roux, c’est à une quinquagénaire chevronnée que le détective doit de nos jours s’adresser : la commissaire Stéphanie Faroux. Encore que Burma, libertaire dansl’âme, garde généralement ses distances avec la police.À partir de 1954, Léo Malet écrivit une série de quinze romans intitulée "Les nouveaux mystères de Paris", où son détective enquêtait à chaque fois dans un arron-dissement différent. Sur le même principe, le Burma nouveau commence par le 20e, pour cette aventure racontée par Serguei Dounovetz. Des péripéties multiplessont au rendez-vous dans cette histoire, comme il se doit. Non sans évoquer les ambiguïtés de la Turquie, où la démocratie paraît mal assurée. Bienvenue dans lavie agitée de Nestor Burma !

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PUBLIÉ PAR CLAUDE LE NOCHER DANS POLAR_2018 LIVRES ET AUTEURS commentaires

Le pilote, grand et costaud, sa carrure amplifiée par les protections de son blouson de motard, tourna lentement la tête. Sa vision panoramique intégra forcémentdans le décor ma voiture de cirque. Peut-être aurais-je dû me garer plus loin ? Mais il était trop tard pour entamer un nouveau créneau. Le motard hissa sonmonstre sur le trottoir, coupa les gaz et immobilisa l’engin sur sa béquille. Tout en conservant son casque noir à visière fumée, il s’engouffra dans le hall. Je sortisde la Fiat et me ruai sur ses talons. La minuterie était HS. Potemkine montait quatre à quatre les marches disjointes en s’éclairant à l’aide de son smartphone. Je lesuivais prudemment, me guidant uniquement avec la rampe branlante, scrutant ostensiblement l’obscurité afin de repérer l’étage où l’homme en noir finirait sacourse.

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