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Livres et médias 128 l’actualité chimique - octobre-novembre 2013 - n° 378-379 Livres Forensic analytical techniques B.H. Stuart 211 p., 119 € Wiley, 2013 Ce livre simple et court fait partie d’une série d’ouvrages dédiée à l’au- toformation de personnels techniques en méthodes d’analyses, ou de lec- teurs souhaitant s’initier à une tech- nique analytique particulière. Il est donc destiné avant tout à l’enseigne- ment. Le premier des huit chapitres présen- te les différents problèmes traités dans un laboratoire de sciences crimi- nelles, que l’on pourra comparer aux sujets décrits dans les deux dossiers « La chimie mène l’enquête » de L’Actualité Chimique pour en noter la parfaite correspondance. Le second traite des tests préliminaires, s’agis- sant principalement de la préparation des échantillons avant analyse par l’une des méthodes décrites par la suite. Les six autres chapitres traitent chacun une méthode spécifique (pré- sentation, interprétation des résul- tats), illustrée par quelques exemples concrets. L’auteur ayant par ailleurs publié de nombreux ouvrages sur l’analyse infrarouge, il n’est pas sur- prenant que le chapitre 4 consacré à l’analyse moléculaire, notamment la spectrométrie infrarouge, soit le plus long et le plus détaillé. Chacune des méthodes est décrite de manière rudimentaire, illustrée de schémas de principe simplifiés à l’extrême, mais avec suffisamment de références en fin de chapitre pour aiguiller le lecteur vers davantage d’information. Ce n’est d’ailleurs pas le rôle de ce type d’ouvrage que de couvrir une méthode en profondeur, tant concernant les principes fon- damentaux que le dépouillement des données analytiques qu’elle engendre. Chaque chapitre comporte environ une dizaine de questions d’auto-évaluation, les réponses étant données en fin d’ouvrage, de même qu’un glossaire des principaux termes fréquemment rencontrés dans les sujets d’analyses criminelles. Ce livre donne un rapide aperçu d’en- semble des problèmes traités et des méthodes d’analyse en service dans un laboratoire d’analyses criminelles. Ce survol est trop succinct pour bien décrire les fonctionnements et les dif- ficultés de chacune des méthodes, mais l’ouvrage peut servir à sensibili- ser un public et susciter des vocations pour en savoir davantage. Patrick Arpino Forensic chemistry handbook L.F. Kobilinsky (ed.) 504 p., 83,50 £ Wiley, 2012 Cet ouvrage expose les différentes spécialités de la chimie analytique rencontrées en police technique et scientifique, dans le but de sensibiliser le lecteur aux intérêts et potentiels de chaque spécialité. Est ainsi présentée l’utilisation de la chimie analytique pour aider à résoudre les enquêtes en matière d’environnement, d’explosion, d’incendie, d’identification de peinture et en toxicologie médico-légale. D’autres thèmes moins classiques sont également abordés comme la génétique ou l’entomotoxicologie. Il est regrettable que les méthodes utili- sées lors de la découverte de produits supposés dangereux (comme dans les lettres ou colis piégés) ou lors d’agression (lacrymogène, acide…) ne soient pas présentées. En matière d’environnement, d’explo- sifs, d’incendie ou de toxicologie médico-légale, les techniques analy- tiques les plus employées sont la chromatographie en phase gazeuse ou en phase liquide, couplée soit à des détecteurs classiques (à ionisa- tion de flamme ou à capture d’élec- trons), soit à des spectromètres de masse. Les méthodes spectromé- triques (spectrométrie infrarouge ou Raman) peuvent être également employées dans certains cas (analyse des peintures ou des encres en parti- culier). Dans l’ensemble des chapitres, l’ac- cent est particulièrement mis sur les problèmes d’interprétation et la légiti- mité de l’expert. Ce dernier doit être à la fois un spécialiste des techniques analytiques mises en œuvre, mais aussi du domaine dans lequel il exer- ce son métier. La problématique n’est pas tant l’analyse qui suit des règles précises que l’interprétation des résul- tats qui fait appel aux connaissances et à l’expérience de l’expert. Chaque chapitre comporte une intro- duction de la problématique spéci- fique du domaine abordé, suivie en général par un exposé de la « chi- mie » de ce domaine. Celle-ci, bien que parfois un peu longue, comme dans le cas des peintures, des encres et pigments ou du GHB, permet au lecteur de bien comprendre la problé- matique des experts. Puis sont décrites les différentes techniques employées ainsi que leur mise en œuvre. Les informations données au lecteur sont bien documentées, avec en parti- culier des références bibliographiques très complètes. Une attention particu- lière est portée aux problèmes d’assu- rance qualité et à la participation aux essais inter-laboratoires. En conclusion, ce livre constitue une belle présentation des problématiques auxquelles sont confrontés les chi- mistes criminalistes et des méthodes qu’ils doivent mettre en œuvre pour les résoudre. On peut le recommander à tout chimiste souhaitant découvrir les techniques de chimie analytique mises en œuvre dans un laboratoire de criminalistique. Bertrand Frère Le lecteur est invité à lire la présentation détaillée du contenu des 14 chapitres sur notre site (page liée au sommaire de ce numéro). Crime scene to court The essentials of forensic science (3 rd ed.) P. White (ed.) 570 p., 29,95 £ RSC Publishing, 2010 Les lecteurs de L’Actualité Chimique qui se sont intéressés aux deux dos- siers « La chimie mène l’enquête » trouveront dans cet ouvrage un com- plément d’informations utiles, même si la chimie n’est pas présente dans tous ses chapitres. Ce livre bien présenté et peu onéreux, dont c’est la 3 e édition depuis 1998, est fréquemment utilisé de par le monde par les enseignants d’institutions universitaires délivrant

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Livres et médias

128 l’actualité chimique - octobre-novembre 2013 - n° 378-379

Livres

Forensic analytical techniquesB.H. Stuart211 p., 119 €Wiley, 2013

Ce livre simple et court fait partied’une série d’ouvrages dédiée à l’au-toformation de personnels techniquesen méthodes d’analyses, ou de lec-teurs souhaitant s’initier à une tech-nique analytique particulière. Il estdonc destiné avant tout à l’enseigne-ment. Le premier des huit chapitres présen-te les différents problèmes traitésdans un laboratoire de sciences crimi-nelles, que l’on pourra comparer auxsujets décrits dans les deux dossiers«  La chimie mène l’enquête  » deL’Actualité Chimique pour en noter laparfaite correspondance. Le secondtraite des tests préliminaires, s’agis-sant principalement de la préparationdes échantillons avant analyse parl’une des méthodes décrites par lasuite. Les six autres chapitres traitentchacun une méthode spécifique (pré-sentation, interprétation des résul-tats), illustrée par quelques exemplesconcrets. L’auteur ayant par ailleurspublié de nombreux ouvrages surl’analyse infrarouge, il n’est pas sur-prenant que le chapitre 4 consacré àl’analyse moléculaire, notamment laspectrométrie infrarouge, soit le pluslong et le plus détaillé.Chacune des méthodes est décrite demanière rudimentaire, illustrée deschémas de principe simplifiés à l’extrême, mais avec suffisamment deréférences en fin de chapitre pouraiguiller le lecteur vers davantage d’information. Ce n’est d’ailleurs pasle rôle de ce type d’ouvrage que decouvrir une méthode en profondeur,tant concernant les principes fon-damentaux que le dépouillement des données analytiques qu’elleengendre. Chaque chapitre comporteenviron une dizaine de questionsd’auto-évaluation, les réponses étantdonnées en fin d’ouvrage, de mêmequ’un glossaire des principaux termesfréquemment rencontrés dans lessujets d’analyses criminelles.

Ce livre donne un rapide aperçu d’en-semble des problèmes traités et desméthodes d’analyse en service dansun laboratoire d’analyses criminelles.Ce survol est trop succinct pour biendécrire les fonctionnements et les dif-ficultés de chacune des méthodes,mais l’ouvrage peut servir à sensibili-ser un public et susciter des vocationspour en savoir davantage.

Patrick Arpino

Forensic chemistry handbookL.F. Kobilinsky (ed.)504 p., 83,50 £Wiley, 2012

Cet ouvrage expose les différentesspécialités de la chimie analytiquerencontrées en police technique etscientifique, dans le but de sensibiliserle lecteur aux intérêts et potentiels dechaque spécialité. Est ainsi présentéel’utilisation de la chimie analytiquepour aider à résoudre les enquêtes enmatière d’environnement, d’explosion,d’incendie, d’identification de peintureet en toxicologie médico-légale.D’autres thèmes moins classiquessont également abordés comme lagénétique ou l’entomotoxicologie. Ilest regrettable que les méthodes utili-sées lors de la découverte de produitssupposés dangereux (comme dansles lettres ou colis piégés) ou lorsd’agression (lacrymogène, acide…)ne soient pas présentées.En matière d’environnement, d’explo-sifs, d’incendie ou de toxicologiemédico-légale, les techniques analy-tiques les plus employées sont lachromatographie en phase gazeuseou en phase liquide, couplée soit àdes détecteurs classiques (à ionisa-tion de flamme ou à capture d’élec-trons), soit à des spectromètres demasse. Les méthodes spectromé-triques (spectrométrie infrarouge ouRaman) peuvent être égalementemployées dans certains cas (analysedes peintures ou des encres en parti-culier).Dans l’ensemble des chapitres, l’ac-cent est particulièrement mis sur lesproblèmes d’interprétation et la légiti-mité de l’expert. Ce dernier doit être àla fois un spécialiste des techniquesanalytiques mises en œuvre, mais

aussi du domaine dans lequel il exer-ce son métier. La problématique n’estpas tant l’analyse qui suit des règlesprécises que l’interprétation des résul-tats qui fait appel aux connaissanceset à l’expérience de l’expert.Chaque chapitre comporte une intro-duction de la problématique spéci-fique du domaine abordé, suivie engénéral par un exposé de la «  chi-mie  » de ce domaine. Celle-ci, bienque parfois un peu longue, commedans le cas des peintures, des encreset pigments ou du GHB, permet aulecteur de bien comprendre la problé-matique des experts. Puis sontdécrites les différentes techniquesemployées ainsi que leur mise enœuvre.Les informations données au lecteursont bien documentées, avec en parti-culier des références bibliographiquestrès complètes. Une attention particu-lière est portée aux problèmes d’assu-rance qualité et à la participation auxessais inter-laboratoires.En conclusion, ce livre constitue unebelle présentation des problématiquesauxquelles sont confrontés les chi-mistes criminalistes et des méthodesqu’ils doivent mettre en œuvre pourles résoudre. On peut le recommanderà tout chimiste souhaitant découvrirles techniques de chimie analytiquemises en œuvre dans un laboratoirede criminalistique.

Bertrand FrèreLe lecteur est invité à lire la présentation détailléedu contenu des 14 chapitres sur notre site (pageliée au sommaire de ce numéro).

Crime scene to court The essentials of forensic science(3rd ed.)P. White (ed.)570 p., 29,95 £RSC Publishing, 2010

Les lecteurs de L’Actualité Chimiquequi se sont intéressés aux deux dos-siers «  La chimie mène l’enquête  »trouveront dans cet ouvrage un com-plément d’informations utiles, même sila chimie n’est pas présente dans tousses chapitres. Ce livre bien présentéet peu onéreux, dont c’est la 3e éditiondepuis 1998, est fréquemment utiliséde par le monde par les enseignantsd’institutions universitaires délivrant

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un diplôme de sciences criminelles(ou de police scientifique, ou desciences forensiques –  anglicisme évident mais cependant fréquemmentutilisé par nos voisins helvétiques).Rappelons que la seule institutionfrancophone proposant une formationcomplète en criminalistique est l’École

de Sciences Criminelles (ESC) deLausanne, mais elles sont nom-breuses dans les pays anglophones,notamment en Angleterre, Australie,Écosse et États-Unis.Il y a plusieurs manières de lire cetouvrage, son contenu direct bien sûr,mais aussi entre ses lignes, car il

révèle l’organisation de la policescientifique outre-Manche. C’est unouvrage 100  % britannique, les 23 co-auteurs de l’un ou l’autre des17  chapitres œuvrant tous enAngleterre ou en Écosse. Rappelonsqu’en France, les laboratoires desciences criminelles sont majoritaire-ment des organismes publics, relevantde la Police nationale, de la Préfecturede Paris ou de la Gendarmerie natio-nale. Leur équivalent au Royaume-Uniétait le Forensic Science Service(FSS), dont les origines remontaient à1935, et qui a été fermé en mars 2012pour raisons budgétaires (employantenviron 1 300 personnes, le coût men-suel au cours des derniers exercicesse situait entre 1 et 2  millions delivres). Le succès auprès du grandpublic, ici comme ailleurs, des sériestélévisées, Experts et autres alias,ainsi que les nombreux exemples deréussites incontestables dans desenquêtes criminelles n’ont pas contri-bué à le sauver. Plusieurs auteurs del’ouvrage appartenaient au FSS, et lelivre est paru avant qu’il ne soitdémantelé. Les sciences criminellesau Royaume-Uni sont ainsi déportéessoit vers le secteur privé, soit vers descentres régionaux de police plus oumoins bien équipés, avec tous lesrisques de conflits d’intérêt ou demanque de rigueur que cela peutcréer, le coût devenant prioritaire surla qualité. Au moins deux cas récentsse sont produits là-bas, concernant defausses, mais graves inculpations surla base de traces d’ADN, qui se sontrévélées être des contaminations malheureusement introduites par lesenquêteurs. Ce sujet n’est pas anodinau moment où la réduction desdépenses publiques se pose égalementavec acuité de ce côté de la Manche.Cet ouvrage aurait été un manueld’enseignement parfait s’il existait uncursus universitaire dédié au sujet dela police scientifique en général, et de ses méthodes physico-chimiquesou biologiques au laboratoire. On lerecommandera sans réserve à tout lecteur curieux des coulisses réelles,chaque fois qu’il est question deméthodes scientifiques permettantd’apporter aux instances judiciaires les preuves matérielles des crimes et délits. Il donne un éclairage réel etcorrige de nombreux préjugés tirés de ce qui peut être vu en images à latélévision ou au cinéma, ou lu dans les journaux ou les romans.

Patrick ArpinoLe lecteur est invité à lire l’analyse plus dévelop-pée de cet ouvrage sur notre site Internet (pageliée au sommaire de ce numéro).

Livres et médias

129l’actualité chimique - octobre-novembre 2013 - n° 378-379

Les débuts de la criminalistique

Pour nos lecteurs qui voudraient en savoir un peu plus sur l’histoire de la nais-sance de la police scientifique après la lecture des deux numéros spéciaux « Lachimie mène l’enquête  », voici une petite sélection d’ouvrages reçus à laRédaction.

S. Bléneau-Serdel

La science de Sherlock HolmesLes débuts de la science criminelleE.J. Wagner264 p., 22 €Le Pommier, 2011

Ce petit ouvrage de vulgarisation scientifique, très agréable à lire, est écrit parune « historienne du crime ». Il n’analyse pas les méthodes de travail des labo-ratoires de la police scientifique, mais donne un historique de la médecine léga-le et de la criminalistique en s’appuyant sur les aventures du célébrissime détec-tive londonien qui mettait à profit les dernières découvertes scientifiques de sonépoque –  à laquelle préjugés et croyances agissaient souvent comme desfreins. Chaque chapitre aborde un thème différent, commence par une citationde Conan Doyle et se conclut par un résumé de ce qu’il faut retenir. Le livre esttruffé de petites anecdotes, d’expériences ou d’enquêtes criminelles réelles(menées à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle, au Royaume-Uni, en Franceet en Allemagne), de la manière dont elles furent (ou non) résolues et des avan-cées qui en ont découlées... La postface de Patrick Rouger, ancien chef de ladivision de police technique et scientifique au SRPJ de Toulouse, nous présen-te les progrès réalisés depuis et les outils dont aurait pu disposer SherlockHolmes s’il revenait aujourd’hui.

The case of the poisonous socksTales from chemistryW.H. Brock348 p., 19,99 £RSC Publishing, 2011

Écrit par un historien des sciences renommé, ce livre rassemble 42 « contes »de chimistes et de leurs découvertes aux XIXe et XXe siècles. Son titre est lié aupremier chapitre qui relate comment le chimiste anglais William Crookes a réso-lu en 1868 « l’affaire des chaussettes empoisonnées » dont un des colorantsemployés causa de nombreux cas d’irritation, allant même jusqu’à entraîner lamort après gonflement anormal des pieds.

Le théâtre du crimeRodolphe A. Reiss, 1875-1929C. Champod et coll.320 p., 55 €Presses polytechniques et universitaires romandes, 2009

Ce livre de photos a été édité à l’occasion du centenaire de l’Institut de policescientifique de l’Université de Lausanne. Il rassemble le fonds documentaireexceptionnel constitué il y a plus de cent ans par son fondateur : l’AllemandRodolphe Archibald Reiss (1875-1929), l’un des pionniers de la criminalistique.Reiss travailla à fabriquer les « photographies judiciaires » pour mettre à jourdes preuves (par exemple en jouant avec les filtres de couleurs pour faire appa-raître, en noir et blanc, des traces de sang nettoyées sur un vêtement)...

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Livres et médias

130 l’actualité chimique - octobre-novembre 2013 - n° 378-379

LC-MS in drug bioanalysisQ.A. Xu, T.L. Madden (eds)469 p., 139,05 €Springer, 2012

Il n’est pas courant d’examiner deuxouvrages publiés quasi simultanémentpar deux éditeurs différents et auxtitres presque identiques : LC-MS indrug bioanalysis, examiné ici, et LC-MS in drug analysis recensé ci-après.À l’évidence, les couplages chromato-graphie en phase liquide à la spectro-métrie de masse (LC/MS) sont aujour-d’hui des outils courants dans leslaboratoires d’analyse, même si leurmise en œuvre doit souvent être adap-tée au cas par cas ; les dépouille-ments des données peuvent égale-ment se révéler complexes dans descas de figure précis. Au fur et à mesu-re des nombreuses applications desméthodes LC/MS obtenues en modeelectrospray (ESI), une tendance s’estdéveloppée de traiter un peu différem-ment les «  petites molécules  », demasses moléculaires inférieures àenviron 2 000 Da, et les biomolécules–  protéines, sucres, acides nuclé-iques... pouvant atteindre desmasses supérieures à 100  000  Da.Les deux ouvrages s’intéressent à lapremière catégorie de molécules,englobant principalement la plupartdes médicaments et leurs métabolites–  le préfixe « bio » qui différencie lesdeux titres ne doit pas abuser le lecteur, car il n’y est pas question debiomolécules, mais d’analyses dudomaine biologique des médicamentset de leurs actions.Cet ouvrage réunit 14 articles. Il seraitdifficile de parler de chapitres à leursujet, tant il s’agit d’articles indépen-dants, juxtaposés les uns à la suite desautres, et que l’on aurait pu trouvercomme publications dans des journauxinternationaux. Il n’y a eu aucune réel-le tentative de les regrouper parthèmes, ni de donner un fil conducteur.Les deux premiers articles sont de portée un peu plus générale que lesautres, le premier étant consacré à l’emploi d’un étalon interne en analy-se quantitative, et le second au déve-loppement de méthodes et à leur vali-dation. Les autres sont des revues

générales et des applications pour desclasses particulières de certains médi-caments. Un court index en fin d’ouvra-ge aide à peine à rechercher un thèmed’intérêt précis. Les références biblio-graphiques en fin de la plupart desarticles sont souvent très longues,autour d’une centaine en moyenne,mais pouvant parfois atteindre plus de260, telle qu’une recherche informati-sée à l’aide de quelques mots-cléspeut aujourd’hui engendrer facilement.Il n’est pas question ici de conseiller oude déconseiller cet ouvrage très spé-cialisé, mais un lecteur actif dans l’in-dustrie pharmaceutique pourra occa-sionnellement y glaner telle ou telleinformation susceptible de l’intéresser.

Patrick Arpino

LC-MS in drug analysisMethods and protocols(Methods in Molecular Biology 902) L.J. Langman, C.L.H. Snozek (eds)224 p., 101,60 €Humana Press, 2012

Ce second ouvrage sur l’analyse demédicaments et leurs métabolites parLC/MS est beaucoup plus court que leprécédent, mais pourrait au final serévéler plus intéressant, non seulementpour un lecteur de l’industrie pharma-ceutique, mais également pour unchercheur académique, un étudiantpréparant sa thèse, ou d’autres acteursde la chimie analytique confrontés àl’analyse de « petites molécules » parLC/MS. Il déborde souvent du strictdomaine pharmaceutique pour couvrircertaines spécialités toxicologiques etcriminalistiques.Pour le résumer en quelques mots, etsans que ceci soit ici péjoratif, il s’agitde l’équivalent d’un ouvrage culinairerépertoriant des recettes, en donnanttous les éléments afin de les reprodui-re à l’identique ou de les adapter en lesmodifiant légèrement. Ces détailsexpérimentaux sont souvent présentésde manière succincte dans les publica-tions de revues primaires, qui privilé-gient la discussion des résultats.L’ouvrage comporte 19  chapitres. Lesdeux premiers constituent une intro-duction un peu générale, étant desrevues, renvoyant souvent le lecteur

vers d’autres revues. Les 17  autressont différents, même si chacun se présente selon un format similaire : une courte introduction pour présenterle sujet abordé dans son contexte et en faire une courte synthèse, puis la manière d’analyser les moléculesconcernées au laboratoire. Quelquesvariations peuvent occasionnellementêtre observées, mais les éditeurs ontcertainement procédé à un travail trèsattentif pour que chacun des chapitrespuisse avoir le même aspect. On trou-ve d’abord le choix des équipements etdes réactifs, avec tous les détails, ycompris les marques commerciales,les types de colonnes chromatogra-phiques, de spectromètres de masse,etc. Puis la méthode est décrite enincluant les étapes de la préparationd’échantillon, les conditions de l’analy-se LC/MS, les transitions lorsque lemode MRM (« multiple reaction monito-ring  ») est choisi, et enfin le dépouil-lement des données avec parfois l’analyse qualitative au moyen d’unerecherche dans une bibliothèque dedonnées. Des notes sur certaines deces étapes sont développées en fin dechapitre, que conclut une courte listede références, souvent récentes etfacilement accessibles.Ce canevas est suivi pour traiter diffé-rentes classes de molécules desdomaines pharmaceutique, toxicolo-gique et criminalistique, par exempleles amphétamines présentes dans lesang et l’urine de sujets intoxiqués, lesopiacées, les cannabinoïdes, les molé-cules prohibées dans le sport pour leur

La rédaction de L’Actualité Chimique asélectionné pour vous quelques articles.

N° 957 (octobre 2013)-Un exemple de remé-diation en classes pré-paratoires aux grandesécoles, par L. Héliot, C. Foures.

-Mise en place d’un ate-lier CPGE dans le cadre

de l’accompagnement personnaliséde terminale S, par R. Carpentier.

- Théorie du gradient de van derWaals, par J.-L. Bretonnet, J.-M.Bomont.

- Détermination de la variation dumoment dipolaire entre l’état fonda-mental et l’état excité d’une couma-rine par la méthode de Lippert-Mataga, par J. Piard.

Sommaires complets, résumés des articleset modalités d’achat sur www.udppc.asso.fr

Bulletin de l’Union des professeursde physique et de chimie

(« Le Bup »)

Page 4: Livres et médias

Livres et médias

131l’actualité chimique - octobre-novembre 2013 - n° 378-379

effet dopant, des raticides, des laxatifs,des agents anticancéreux, des anticon-vulsants. Les thèmes sont ainsi assezvariés, mais traités chacun de la mêmemanière.Cet ouvrage trouvera donc plus facile-ment sa place dans un laboratoired’analyse équipé d’appareils LC/MSpour l’analyse de « petites molécules »que le précédent. Il permet soit dereproduire à l’identique une méthodecomplète d’analyse si le sujet étudié aulaboratoire est le même que celui abor-dé dans l’ouvrage, soit de s’en inspirerpour mettre au point une méthoded’analyse appliquée à des moléculesaux propriétés chimiques semblables.

Patrick Arpino

The chemical history of colorM.V. Orna153 p., 52,70 €Springer, 2013

Histoire, chimie, couleur sont les troismots clés des domaines que cetouvrage fait converger... à l’image dupoint triple d’un diagramme de phase,comme le fait remarquer l’auteur, MaryVirginia Orna, professeur de chimieaux États-Unis. Son objectif : retracerl’histoire de l’usage de la couleur met-tant en œuvre la chimie depuis lestemps les plus reculés jusqu’à nosjours.Le premier chapitre, en guise d’intro-duction, décrit les pigments naturelset synthétiques employés par les pre-miers artistes. Suit un chapitre desti-né à rappeler des notions de base surla nature de la lumière, les relationsentre couleurs et longueurs d’onde, etla façon dont nous percevons les cou-leurs. Ce sont ensuite les causes chi-miques de la couleur qui sont expo-sées dans le troisième chapitre endistinguant les divers types de maté-riaux. Les chapitres  4 et  5 constituent lecœur de l’ouvrage, avec d’une partl’usage des matières colorantesdepuis l’Antiquité jusqu’à l’époque dePerkin, et d’autre part la période qui asuivi, jalonnée d’avancées majeuresde la chimie durant la seconde moitiédu XIXe siècle. Ces progrès ont permis deréduire le coût des matières colorantesnaturelles en réalisant la synthèse

du principe colorant, et ont égalementdonné lieu au développement denombreux pigments pour la peintureet de colorants pour la teinture.Les trois derniers chapitres couvrentune multitude de domaines où la cou-leur est impliquée : les techniquesanalytiques, la biologie et la bio-chimie, les colorants alimentaires, lapharmacie, la photochimie et la pho-toluminescence, les feux d’artifices,etc. Chaque chapitre se termine parune liste de références bibliographi-ques très utiles à celles et ceux quisouhaitent approfondir des points particuliers.Certains aspects auraient méritéd’être davantage développés, en parti-culier la couleur des gemmes, la pho-tographie couleur. On aurait égale-ment aimé que soient évoqués lesnouveaux pigments et colorants de lapremière moitié du XXe siècle (les phta-locyanines, le blanc de titane, etc.),ainsi que les photochromes. Ilconvient toutefois de remarquer queles ouvrages de la collection SpringerBriefs sont limités à 125  pages environ, ce qui réduit les possibilitésde développement.Ce livre très didactique réussit cepen-dant à couvrir presque tous lesaspects de l’histoire de la couleur dupoint de vue chimique. Il montre à quelpoint les couleurs sont omniprésentesdans notre vie quotidienne et tout cequ’elles doivent à la chimie.En conclusion, cet ouvrage estmodeste par la taille mais ambitieuxpar la diversité des domaines qu’ilcouvre. Il séduira tous ceux qui s’inté-ressent à la couleur, et en premier lieules chimistes qui percevront avec plai-sir l’expérience de l’auteur en chimie.On aimerait maintenant voir paraîtreun ouvrage sur l’histoire de la couleurdu point de vue physique.

Bernard Valeur

Marie Curie et ses fillesLettres416 p., 19,90 €Pygmalion, 2011

Marie, Irène et Ève… trois prénomsassociés à un nom : Curie ! Et un

choix de lettres écrites de 1905 jus-qu’à 1934, année du décès de MarieCurie. Chaque lettre est signée parl’un de ces prénoms et s’adresse àl’un, l’autre ou les deux autres. Uneattention permanente les unes pourles autres, la santé, le travail, la joieaussi, et surtout l’amour filial et maternel omniprésent.Nous pénétrons dans l’intimité de cestrois femmes, êtres d’exception ; ellesnous emmènent dans leur universproche et lointain, nous font partagerleurs passions. Les réunions scienti-fiques avec les grands noms de laphysique et de la chimie, le jardinier,le pêcheur, la science, les études, lestravaux d’importance et les détails de la vie au quotidien de Paris àArcouest, sans oublier la montagne etles voyages à l’étranger, tout est pré-texte à s’écrire, et nous, lecteur scien-tifique ou non, nous nous laissonsemporter.

Marie-Claude Vitorge

À signaler

Chimie organo-métallique et catalyseNouvelle éditionD. Astruc680 p., 59 €EDP Sciences, 2013

Voilà un ouvrage de référence pourcette science-pivot à la frontière de lasynthèse organique, de la science duvivant et de la catalyse. qui couvre tousles aspects –  historiques, structuraux,orbitalaires, de réactivité, catalytiques,biologiques – ainsi que les applicationsen synthèse organique et les grandsprocédés industriels. Cette vision globa-le va des métaux des groupes princi-paux aux lanthanides et actinides, enpassant par les métaux de transition. Lapartie catalyse s’étend des phénomènesd’hydrogénation jusqu’à la catalysehétérogène, cruciale pour l’industrie.

Les dossiers de La Recherche n° 6

Ce nouveau numéro(oct.-nov. 2013), consa-cré en grande partie auxaddictions de toutes

sortes, contient un « cahier technolo-gies » sur les textiles intelligents etleurs utilisations les plus prometteuses.Pour en savoir plus, les auteurs nousconseillent la lecture, entre autres, de« Fibres et textiles chimiques, maté-riaux du XXIe siècle », le numéro spé-cial de L’Actualité Chimique paru enfévrier 2012 !