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Le Horla et six contes fantastiques Maupassant Livret pédagogique HACHETTE Éducation Établi par Hervé ALVADO, certifié de Lettres classiques, professeur en collège

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Le Horla et six contesfantastiques

MaupassantL i v r e t p é d a g o g i q u e

HACHETTEÉducation

Établi par Hervé ALVADO,certifié de Lettres classiques,

professeur en collège

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Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L.122-4 etL.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usageprivé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d’autre part, que « lesanalyses et les courtes citations » dans un but d’exemple et d’illustration, « toute repré-sentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteurou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite ».Cette représentation ou reproduction par quelque procédé que ce soit, sans l’autorisa-tion de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation du droit de copie (20, rue desGrands-Augustins, 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par lesarticles 425 et suivants du Code pénal.

© Hachette Livre, 2000.

43, quai de Grenelle, 75905 PARIS Cedex 15.

ISBN : 2.01.167954.0

Conception graphique

Couverture et intérieur : Médiamax

Mise en page

Médiamax

Illustration

Harvey Stevenson

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R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S 4

L e H o r l a . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

L a P e u r ( 1 ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 3

L a M a i n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 5

C o n t e d e N o ë l . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 8

U n f o u ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 1

A p p a r i t i o n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 4

L a P e u r ( 2 ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 8

R e t o u r s u r l ’ œ u v r e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 1

P R O P O S I T I O N D E S É Q U E N C E S D I D A C T I Q U E S 32

E X P L O I TAT I O N D U G R O U P E M E N T D E T E X T E S 35

P I S T E S D E R E C H E R C H E S D O C U M E N TA I R E S 37

B I B L I O G R A P H I E C O M P L É M E N TA I R E 38

S O M M A I R E

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Avertissement

Nous ne proposons pas systématiquement de réponses aux questions de larubrique « À vos plumes ! ». En effet, nous considérons que cette rubrique,relevant avant tout d’un travail personnel, ne peut faire l’objet d’une correc-tion type.Les indications de pages accompagnant les titres des contes renvoient auxquestionnaires du livre de l’élève.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Le narrateur est un Normand de souche, heureux de vivre dans le pays oùil a ses racines et dans la maison où il a grandi (la Normandie est évoquéepar un fleuve, la Seine, et par deux villes, Rouen et Le Havre). Il est « étendusur l’herbe, devant [sa] maison », qui pourrait être, comme on l’a parfois prétendu, celle de Flaubert à Croisset, située en effet tout près de Rouen.

2. Il paraît heureux de vivre, optimiste, et même un peu exalté quand il saluele beau trois-mâts qui passe.

3. Les notations du 12 mai sont intéressantes à plus d’un titre. Le narrateur aperdu la joie et l’enthousiasme qu’il éprouvait quatre jours plus tôt. Il a « unpeu de fièvre depuis quelques jours », mais il est plus triste que souffrant. Il penseque l’être humain est un être versatile, plutôt influençable, qui passe sans raison du bonheur au découragement, de la confiance à la tristesse. Et déjàapparaît ce thème de l’invisible qui est au cœur du Horla : l’air invisible est « plein d’inconnaissables Puissances » qui agissent sur les hommes d’une façoninexplicable.Première apparition également d’un autre leitmotiv de la nouvelle : la misèrede l’homme dont les sens sont imparfaits et qui ne lui permettent pas dedécouvrir tout ce qui l’entoure : sa vue, son ouïe, son odorat, son goût sont« misérables ».

4. Les remèdes prescrits sont les « douches » et le « bromure de potassium ». Ces « calmants » sont ceux-là même que l’on prescrivait à l’époque dans les asilesd’aliénés (cf. par exemple la nouvelle de Maupassant intitulée La Chevelure).

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5. Ces remèdes sont inefficaces pour calmer l’inquiétude qui gagne le narra-teur à mesure qu’approche le soir. Les vérifications rituelles qu’il effectuedans sa chambre ne lui suffisent pas ; une comparaison saisissante traduit sonétat : « j’attends le sommeil comme on attendrait le bourreau. » Autrement dit, lesommeil ne remplit plus chez lui sa fonction d’apaisement, parce qu’il estpeuplé d’horribles cauchemars. Et la crise se renouvelle toutes les nuits.

6. C’est au retour de son excursion au mont Saint-Michel que le narrateurs’estime « guéri », affirmation téméraire. Pourquoi ce nouvel état d’esprit ? Il a vu d’autres gens, il s’est changé les idées, mais surtout il est resté éloignéde sa maison pendant un mois, du 3 juin au 2 juillet.

7. Le moine qui raconte des légendes païennes est plutôt étrange. Sa foidevrait pourtant l’empêcher de croire à des légendes absurdes. Au narrateurqui cherche à calmer son angoisse et son obsession (y aurait-il sur la terred’autres êtres que nous ne connaîtrions pas ?), il répond que le vent existe,bien qu’on ne le voie pas. La réponse du moine, en confirmant le narrateurdans ses croyances, ne dissipe pas ses inquiétudes et entretient même sonangoisse.

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE

8. Fantastique rocher : extraordinaire ; fantastique monument : remarquable ;bêtes fantastiques : fabuleuses, chimériques.

◆ ÉTUDIER LA GRAMMAIRE

9. L’emploi du conditionnel présent exclut l’irréel du passé. On peut hésiterentre le potentiel : s’il existait (un jour)… – c’est donc possible –, et l’irréeldu présent : s’il existait (aujourd’hui)… – mais ce n’est pas possible. D’aprèsle contexte, il s’agit d’un irréel du présent.

◆ ÉTUDIER L’ARGUMENTATION

10. C’est un véritable discours argumentatif que tient ici le narrateur pourdémontrer la faiblesse de l’homme. Il expose d’abord sa thèse – la profondeurde l’invisible est insondable pour l’homme – puis ses arguments :– les yeux sont incapables de percevoir « ni le trop petit, ni le trop grand » ;– les oreilles « qui nous trompent » ;

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– l’odorat « plus faible que celui du chien » ;– le goût « qui peut à peine discerner l’âge d’un vin ».En conclusion, il reprend sa thèse initiale : avec d’autres organes, nous pour-rions percevoir beaucoup plus de choses autour de nous.

◆ ÉTUDIER LE GENRE FANTASTIQUE

11. La légende que raconte le moine du mont Saint-Michel, l’histoire de cecurieux berger qui mène deux animaux à tête humaine, relève du genre merveilleux. Elle s’apparente au conte de fées avec ces animaux qui parlentou au conte mythologique avec ces êtres hybrides.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

12. La répétition du verbe pouvoir à la forme négative traduit l’impuissancedu narrateur à réagir. Par trois fois, « je ne peux pas » s’oppose à « je veux crier », « je veux remuer », « j’essaye… de me tourner ». Sa volonté est contrariéepar une puissance contre laquelle il ne peut rien.

13. Champ lexical de l’angoisse :Verbes : « j’ai peur, je ne redoutais rien, bat, frémissent, tressaille, guette, saisir,anéantir, s’agenouille, prend, serre… serre…, étrangler. »Noms : « inquiétude, menace, crainte (3 fois), bourreau, épouvante, gouffre, cauchemar. »Comparaisons : « comme si la nuit cachait pour moi une menace terrible » ;« comme on attendrait le bourreau » ; « comme on tomberait pour s’y noyer, dans ungouffre. »

14. Les comportements du narrateur, qui « donne deux tours de clef », « pousseles verrous », regarde dans les armoires et sous le lit, traduisent son inquiétude.Il craint manifestement qu’un être se soit caché dans sa chambre ou qu’ilpuisse y entrer.

15. Comparaisons significatives de l’état d’esprit du narrateur : « Comme si lanuit cachait pour moi une menace terrible » ; « comme on attendrait le bourreau » ;« comme on tomberait pour s’y noyer, dans un gouffre d’eau stagnante. »

16. La ville d’Avranches se trouve à l’est du mont Saint-Michel. Le narrateurregarde vers l’ouest, au moment du coucher du soleil. Il voit donc à contre-jour sa silhouette à la fois volumineuse et élancée (« sur l’horizon encoreflamboyant se dessinait le profil de ce fantastique rocher… »).

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17. La périphrase désigne un être ou une chose à l’aide d’un groupe nomi-nal. « Ce gigantesque bijou de granit » désigne le mont Saint-Michel.La métaphore désigne un être ou une chose à l’aide d’une comparaisonimplicite : ce monument est beau comme un bijou de granit.

◆ À VOS PLUMES !18. L’exercice est simple : il consiste à manifester par la répétition et l’oppo-sition de termes (sur le modèle vouloir/pouvoir), l’impossibilité d’exécuterun ordre ou une action habituelle.

◆ LIRE L’IMAGE

19. Le tableau montre à la fois le personnage qui rêve et les images de cerêve, un cauchemar à n’en pas douter. L’attitude de la femme étendue sur lelit traduit l’agitation et l’angoisse (bras pendants, yeux révulsés). Elle sembleoppressée par l’être étrange, à la fois homme et bête (démon ?), assis sur sonventre, et terrorisée par une tête de cheval aux yeux exorbités. On notera lecontraste des couleurs claires pour le personnage et sombres pour les appari-tions effrayantes, et le contraste aussi des positions, allongée pour la femmequi subit le cauchemar, indifférente ou agressive pour les autres personnages.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Le narrateur s’estime « repris » parce qu’il refait des cauchemars et connaîtà nouveau l’angoisse. On remarquera que, pendant l’absence du narrateur,c’est le cocher qui a été malade. (« Depuis le départ de Monsieur, cela me tientcomme un sort. »)

2. Ses cauchemars paraissent plus angoissants qu’auparavant. Le narrateuréprouve toujours une sensation d’étouffement (« quelqu’un accroupi sur moi »),mais aussi l’impression d’être la victime d’une sorte de « sangsue » qui puisesa vie dans sa gorge. Le thème du vampirisme est ici manifeste.

3. Comme il lui semble que quelqu’un boit la nuit l’eau de sa carafe, il procède à une expérience simple, mais astucieuse : il enveloppe les carafes delinges blancs, se frotte la barbe, les lèvres et les mains avec de la mine deplomb.Au matin, il retrouve les linges immaculés, donc ce n’est pas lui qui a

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bu l’eau. Cette expérience a toutes les vertus de l’expérience scientifique. Ilne s’agit plus désormais d’une impression subjective, mais d’une vérité objective : un être mystérieux vit à ses côtés.4. Instruit par sa première expérience – le voyage au mont Saint-Michel –,le narrateur décide de quitter sa maison où se manifeste une « influence fiévreuse ». Il n’éprouve en effet aucune angoisse hors de chez lui.5. À Paris, au milieu de la foule des boulevards et parmi les spectateurs duThéâtre-Français, il s’estime guéri (12 juillet).6. La séance d’hypnotisme effectuée par le docteur Parent sur Mme Sabléimpressionne vivement le narrateur (Maupassant avait assisté à de pareillesséances pratiquées par le professeur Charcot sur les malades de la Salpêtrière).La description que Mme Sablé fait d’une photographie, sortie à l’instant de lapoche du narrateur, l’ébranle : personne, en effet, n’avait vu cette photo-graphie : elle « venait de m’être livrée, le soir même, à l’hôtel. »7. « Les faits qu’il avança me parurent tellement bizarres, que je me déclarai tout àfait incrédule » (lignes 351-352). Pourtant, le lendemain, l’opinion du narra-teur a changé. À la question du docteur Parent : « Croyez-vous maintenant ? »,il répond : « Oui, il le faut bien. » On notera que la cousine est, elle aussi,« très incrédule » et ne peut être soupçonnée d’être de connivence avec lemédecin.8. De retour à son hôtel, il est si bouleversé qu’il ne peut déjeuner. Il ne sait quepenser (19 juillet). Son positivisme semble ébranlé (« Le sage dit : Peut-être ? »).Mais l’inquiétude gagne sûrement du terrain : « Nous subissons effroyablement l’influence de ce qui nous entoure », déclare-t-il en pensant à son retour chez lui.

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE

9. Mots comprenant le préfixe in- : « incrédule, impénétrable, imparfaits, impuis-sance, invisibles, inacceptables, inattendue. » Il faut évidemment écarter les termescomme « importants, intelligence, invention » qui, privés de in-, n’ont plus desens. Ce préfixe, qui s’écrit im- devant -p, donne au terme un sens contraire.

◆ ÉTUDIER LA GRAMMAIRE

10. Le docteur lui ordonna de se lever le lendemain à huit heures, puis d’aller trouver à son hôtel son cousin et de le supplier de lui prêter cinq millefrancs, somme que son mari lui demandait et lui réclamerait à son prochainvoyage.

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11. Le docteur lui donna des ordres (lui fit des recommandations). Elle selèverait le lendemain à huit heures ; elle irait trouver à son hôtel son cousinet le supplierait de lui prêter cinq mille francs que son mari lui demandait etqu’il lui réclamerait à son prochain voyage.

12. Eût fait et eût prié sont des plus-que-parfaits du subjonctif. On peut rem-placer ces formes par des imparfaits de l’indicatif : comme si elle faisait…comme si elle me priait…

◆ ÉTUDIER LE GENRE FANTASTIQUE

13. Deux thèmes apparaissent dans ce passage : celui du vampirisme : « j’aisenti quelqu’un accroupi sur moi, et qui, sa bouche sur la mienne, buvait ma vie entremes lèvres » (lignes 231 à 233) ; et celui de l’être invisible : « j’ai cru, oui,j’ai cru qu’un être invisible habitait sous mon toit » (lignes 317-318).

14. L’hypnotisme permet de plonger quelqu’un dans un sommeil artificiel.Il est la manifestation d’un pouvoir exercé sur un autre être, passif, à qui onpeut imposer sa volonté, donner des ordres : ici, le docteur Parent oblige Mme Sablé à demander de l’argent à son cousin, alors qu’elle n’en a nulbesoin. C’est donc un pouvoir fantastique.

15. Ses deux sorties, au mont Saint-Michel et à Paris, ont confirmé le nar-rateur dans ses craintes de l’invisible. Pourtant le mont, lieu sauvage et peufréquenté à l’époque de Maupassant, et Paris, la grande ville surpeuplée, sontdes lieux très différents. Mais le moine lui a suggéré que l’invisible existe (levent par exemple), et le docteur, le représentant de la science, l’a fait assisterà une séance d’hypnotisme, au cours de laquelle sa pensée, invisible elle aussi,a influencé la volonté de sa patiente.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

16. Les signes de ponctuation dominants sont les points d’exclamation etd’interrogation. Ils traduisent l’étonnement, l’effarement, l’émotion du narra-teur : il cherche à comprendre qui a bu l’eau de la carafe.

17. La phrase, scandée par les pronoms relatifs et la répétition de et, avec sachute rapide et brutale – voilà –, a un rythme remarquable. Les images sontfortes : l’assassinat d’un homme impuissant à se défendre (« un homme qui dort »), le couteau, le sang, le râle du mourant et la mort incompréhensible…

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◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Les notations du 2 août rappellent celles du 8 mai : même temps, mêmeoccupation du narrateur.

2. La scène étrange se déroule dans le jardin. Le narrateur voit une rosecueillie comme par « une main invisible ». Il ne s’agit pas d’une hallucination,car il vérifie que la tige a été « fraîchement brisée ». C’est donc la deuxième foisqu’il a la preuve matérielle, tangible, d’une présence invisible à ses côtés.

3. Quelques lignes seulement transcrivent les sensations éprouvées par le narrateur entre le 8 et le 12 août. Curieusement, la répétition de « rien »(9, 10, 11 août) traduit fortement son angoisse. On le sent crispé, terrorisé,dans l’attente d’un événement qui ne se produit pas. Le 8, il se sent à la mercid’un être dont la présence est « invisible et constante ». Le 12, il note un fait nouveau, son impuissance à sortir de chez lui ; quelqu’un décide à sa place,il n’est plus maître de sa volonté. On notera l’antithèse, répétée, entre vouloiret pouvoir, déjà signalée le 25 mai. La répétition de ces verbes est assez pathétique.

4. La période du 8 au 16 août est révélatrice de la puissance tyrannique de l’« être invisible ». Le 8, le narrateur se sent épié ; le 12, il a conscience qu’on l’empêche de sortir ; même idée le 13, exprimée avec plus de force (« quelqu’un veut pour moi ; et j’obéis ») ; même idée encore le 14 (« quelqu’unpossède mon âme et la gouverne »), jour où se manifeste un grand désarroi et unegrande souffrance ; le 16, il réussit à s’échapper mais le répit est de courtedurée : alors qu’il veut aller « à la gare », il ne peut qu’ordonner à son cocherd’aller « à la maison ».

5. Le journal relate les événements qui se sont déroulés entre le 8 mai et le10 septembre, soit quatre mois et deux jours.

6. Le récit a commencé le 8 mai, date mémorable pour le narrateur qui sesouvient d’avoir salué un beau trois-mâts brésilien. En lisant dans la Revue duMonde scientifique les faits étranges qui se sont déroulés dans la province deSan Paulo (où les habitants fuient, « gouvernés comme un bétail humain par desêtres invisibles »), il ne doute pas que l’être a répondu à son appel, est venu le trouver. À propos de cette scène, on a prétendu que Le Horla était une personnification du choléra, épidémie venue d’outremer.

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7. Le 8 mai, le narrateur est heureux parce qu’il fait beau et qu’il vit dans lepays où il a ses racines. Le 10 septembre, il est heureux également, mais pourd’autres raisons. Il est heureux de piéger le Horla (trois occurrences du motjoie), de l’enfermer dans sa chambre pour le faire périr. Puis il est « éperdud’horreur » en songeant à ses domestiques qui vont mourir dans l’incendiequ’il a allumé. Enfin, le doute et l’inquiétude l’assaillent quand il pense quele Horla est peut-être indestructible.

8. Le feu lui paraît un moyen radical pour supprimer le Horla. Épié sans cessepar l’être invisible, il ne pourrait lui cacher le poison.

9. Ne pouvant se débarrasser du Horla, ni continuer à vivre à ses côtés, lenarrateur songe au suicide. On notera la brutalité du dénouement, la surpriseprovoquée par l’incendie, mais aussi par la dernière phrase – la chute de lanouvelle.

◆ ÉTUDIER LA GRAMMAIRE

10. « … si je suis fou » : si est un adverbe qui introduit une subordonnéeinterrogative. « … si je n’étais conscient » : si est une conjonction de subor-dination qui introduit une subordonnée de condition.

11. a) « … avant que je l’eusse atteint […] comme si on eût fui » : plus-que-parfait du subjonctif ; « se renversa » : passé simple.b) Mais mon siège, avant que je l’aie atteint, se renverse comme si on fuyaitdevant moi.

◆ ÉTUDIER LE GENRE FANTASTIQUE

12. Les thèmes du passage :– d’abord et surtout le thème de l’invisibilité : la scène du jardin (6 août),le livre d’Hermann Herestauss sur les manifestations des êtres invisibles, et lalecture de ce livre par le Horla (17 août) ; la scène de la glace dans laquellele narrateur ne voit plus son reflet, masqué par un corps invisible et opaque(19 août) ;– ensuite, le thème du vampirisme (lié ici à l’invisibilité) : la lecture de laRevue du Monde scientifique confirme les phobies du narrateur : les êtres invisibles sont des sortes de vampires (19 août) ;– enfin, le thème de la possession (mais ici il ne s’agit pas du diable), de l’envoûtement : le narrateur est soumis aux ordres d’un autre être, estdépossédé de sa volonté (14 et 16 août).

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◆ ÉTUDIER UN THÈME : LES LIMITES DE L’HOMME

13. Le 19 août, le narrateur déplore les faiblesses de l’homme dont le corps est « encombré d’organes toujours fatigués », « machine animale en proie aux maladies ». Il déplore surtout la faiblesse de sa vue.Déjà, le 12 mai, il notait l’insuffisance de ses organes : les yeux, incapablesd’apercevoir « ni le trop petit, ni le trop grand », les oreilles « qui nous trompent »,l’odorat « plus faible que celui d’un chien », le goût « qui peut à peine discernerl’âge d’un vin ».Le 2 juillet, c’était aussi le moine du mont Saint-Michel qui disait au narrateur : « Est-ce que nous voyons la cent millième partie de ce qui existe ? »Ce thème de la faiblesse de l’être humain qui a des organes peu nombreuxet rudimentaires est donc un thème récurrent du Horla.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

14. La démence est comparée à un océan où se noie la raison de l’homme.Une longue phrase file la métaphore de la tempête et du naufrage : « … etsoudain leur pensée, touchant l’écueil de leur folie, s’y déchirait en pièces, s’éparpillaitet sombrait dans cet océan effrayant et furieux, plein de vagues bondissantes, debrouillards, de bourrasques… » C’est une image forte et pathétique quand onsonge à la fin de l’écrivain.

15. Les points de suspension traduisent une imprécision, un à-peu-près : lenarrateur croit entendre indistinctement le nom du Horla, et essaie peu à peude traduire ce qu’il entend.Les points-virgules rythment une longue phrase, la découpent en phrasescourtes sans grand lien entre elles et qui semblent traduire le délire du narrateur.Les points d’exclamation notent son excitation fiévreuse (« Ah ! l’éléphant,l’hippopotame, que de grâce ! », etc.).Les points d’interrogation émettent des hypothèses auxquelles on ne peutapporter de réponses (« Pourquoi pas un de plus ? », etc.).

16. Champ lexical du feu : « feu (4), éteint (2), incendie, flamme (2), brasier,éclatèrent, bûcher (3), éclairant, brûlait (2), volcan de flammes, fournaise, four. »

◆ LIRE L’IMAGE

19. Illustration de la page 46 : le narrateur se retourne brusquementvers la glace. Son œil exorbité, sa bouche ouverte, sa main droite levée, la

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L a P e u r ( 1 )

1er récit 2e récit

Lieu de l’action Ouargla nord-est de la FranceSaison ? hiverDurée de l’événement deux heures une nuitConditions atmosphériques soleil, chaleur tempêteNombre de personnages quatorze sept

Péripéties un cri ; hurlements ;la peur des Arabes sortie du chien

gauche cramponnée au fauteuil, tout traduit un effet de surprise. Le livre quitombe ainsi que le coupe-papier (?) font de cette gravure un instantané.L’image peut illustrer les lignes 875 à 880 : « Je me dressai, les mains tendues,en me tournant si vite que je faillis tomber […] Et je regardais cela avec des yeux affolés. »

Illustration de la page 47 : le point de vue est un peu différent puisquele narrateur est vu de dos. Il se retourne brusquement vers la glace, tordantviolemment son buste. Même si on ne voit pas sa figure, on devine sa sur-prise, son affolement : son bras gauche tendu semble repousser le fauteuil, etsa main droite se cramponne au bureau. L’image un peu floue qui se formedans la glace semble illustrer plus particulièrement les lignes 885 à 887 : « Puisvoilà que tout à coup je commençai à m’apercevoir dans une brume, au fond du miroir,dans une brume comme à travers une nappe d’eau. »

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Quelques hommes sont réunis autour du commandant sur le pont d’unnavire qui traverse la Méditerranée. Il fait nuit et ils parlent de la peur.

2. Le portrait qu’en fait Maupassant valorise le narrateur. Sa « figure brûlée »fait de lui un homme qui a vécu au grand air, un voyageur sans doute, unhomme d’expérience, maître de lui (« aspect grave »), brave (« un de ces hommesqu’on devine trempés dans le courage »). Il ne peut être soupçonné de couardise,et son témoignage – il avoue qu’il a connu la peur – n’en aura que plus devaleur.

3.

L A P E U R ( 1 ) ( p p. 6 4 - 6 5 )

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4. La leçon à tirer de ces deux récits qui se déroulent dans des lieux aussi différents – le sud de l’Algérie et l’est de la France – est que la peur est universelle, qu’elle peut partout être éprouvée.

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE

5. Les deux termes sont formés de façon identique : le préfixe in-, le radical-termin- ou -explica- et le suffixe -able.

6. Le préfixe in- (ou im-) a une valeur négative.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

7. « Moi, j’ai deviné la peur en plein jour, il y a dix ans environ. Je l’ai ressentie,l’hiver dernier, par une nuit de décembre. » Ces deux phrases annoncent très classiquement les deux récits que le narrateur s’apprête à faire.

8. Termes relevant du champ lexical de la mer : « sable (3 fois), plages, océan(2 fois), tempête, vagues (2 fois), flots, mer, lames. »

9. Comparaisons : « comme des montagnes » ; « comme des flots déchaînés, maisplus grandes encore, et striées comme de la moire. »

10. Le drame est préparé par des signes annonciateurs : le tambour résonne,un homme pousse un cri, un Arabe s’écrie : « La mort est sur nous » et le compagnon du narrateur s’écroule. Maupassant procède ici à une véritablemise en scène, fait monter progressivement l’angoisse.

11. Les deux récits, volontairement très contrastés, s’opposent point par point : l’un se passe en Afrique, l’autre en France ; l’un se déroule en pleinjour, sous un soleil cuisant, l’autre par une nuit de tempête ; l’un dure deuxheures, l’autre une nuit ; l’un est inexplicable, l’autre explicable…

12. Le chien est abattu parce qu’il ressemble vaguement à un homme. Dansla description qui est faite de l’animal, la phrase : « un de ces chiens qui ressem-blent à des gens qu’on connaît, dormait le nez dans ses pattes », annonce la méprisedu garde forestier.

◆ ÉTUDIER LE GENRE FANTASTIQUE

13. Le tambour dont, deux heures durant, on entend le roulement est invisible. Ce fait est étrange, inexplicable, donc fantastique.

14. Tous les détails de l’attente dans la maison du garde forestier font naîtreprogressivement l’angoisse, et tout d’abord le cadre : la maison battue par le

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vent, illuminée par les éclairs ; puis le long huis clos des sept personnes et duchien : successivement le cri du garde (« Le voilà »), l’attitude des femmes quitombent à genoux (imploration) en se cachant le visage (peur), celle des filsqui saisissent leur hache, les hurlements du chien et des femmes… On notera l’attitude du narrateur, d’abord incrédule et condescendant : « unton qui me fit sourire » ; « heureux […] d’assister au spectacle de cette terreur superstitieuse » et qui éprouve à la fin la même terreur que ses hôtes : « Malgrémoi, un grand frisson me courut entre les épaules. »

15. Le roulement de tambour n’a pas d’explication rationnelle, la projectionde grains de sable contre des herbes sèches n’est qu’une hypothèse. Enrevanche, la mort du chien, que le garde a pris à travers le judas pour un revenant, donne à l’énigme une solution rationnelle et satisfaisante.

16. Seul le premier récit peut donc être qualifié de fantastique.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Dans un salon, on évoque un crime mystérieux commis un mois plus tôt.Comme on ne peut trouver l’assassin, une des femmes de l’assistance invoquealors le surnaturel. Un juge d’instruction conteste l’emploi de ce mot et propose de raconter une autre affaire mystérieuse qu’il a connue autrefois àAjaccio.

2. La Corse est le pays de la vendetta, de la vengeance. Les assassinats,souvent perpétrés avec des ruses abominables, y sont fréquents. C’est donctout naturellement que l’île sert de cadre à une affaire criminelle qui n’a pasété résolue.

3. L’Anglais est un solitaire dont les seules occupations sont la pêche et lachasse. D’un naturel sauvage, il n’a pas de relations et s’exerce au tir tous lesmatins. Il va donc alimenter les conversations : il aurait fui sa patrie ou aurait« commis un crime épouvantable ».

4. Au vu du dénouement, si l’on n’accepte pas la thèse fantastique, la mortde l’Anglais semble imputable à la vengeance : elle est la conséquence du « crime épouvantable » qu’on lui attribue. De son propre aveu, la main appar-tenait à son « meilleur ennemi ». Il en a peut-être d’autres…

L A M A I N ( p p. 7 6 à 7 8 )

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5. La main attire l’attention du narrateur pour deux raisons : « une main noiredesséchée », « affreuse à voir », elle paraît avoir été coupée à la hache ; d’autrepart, elle est attachée au mur à l’aide d’une chaîne. Cette description res-semble à celle qui est faite dans La Main d’écorché. Cette main n’est pas del’invention de Maupassant. Il l’avait vue en effet à Étretat, dans la maison d’unAnglais appelé Powell (à comparer avec le Rowell du conte), qui hébergeaitle poète anglais Swinburne. Elle devint par la suite la propriété deMaupassant.

6. Les « trois revolvers chargés » posés sur les meubles intriguent le juge autantque la main. Manifestement, l’Anglais s’attend à tout moment à être attaqué.

7. Sir John Rowell est mort étranglé. Sa mort par balle, par exemple, auraitété classique, normale pourrait-on dire. Mais l’étranglement suggère que lamain (qui a brisé sa chaîne !) n’est pas étrangère à cette mort.

8. Malgré des faits inexplicables, le juge ne croit pas à un dénouement sur-naturel.

9. « Mais j’ai eu, moi, autrefois, à suivre une affaire où vraiment semblait se mêlerquelque chose de fantastique. Il a fallu l’abandonner d’ailleurs, faute de moyens del’éclaircir. » Ces phrases prononcées par le juge au début du conte (lignes 24à 28) annoncent la fin inexpliquée du conte.

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE

10. Terrible : radical terr-, suffixe -ible. Horrible : radical horr-, suffixe -ible.Autres adjectifs formés avec le même suffixe : crédible, extensible, risible,pénible, visible, etc.Le suffixe -ible a une valeur de possibilité : ce qui est visible, par exemple, estce qui peut être vu.

◆ ÉTUDIER LA GRAMMAIRE

11. L’imparfait a un aspect duratif (continuaient, grossissaient, devenaient), quimontre la persistance des rumeurs qui concernent l’Anglais. Le passé simple(résolus, mis, présenta, tirai, tuai), a un aspect ponctuel : l’action est rapide et bien définie dans le passé. Bien qu’il note une action qui dure, attendis est au passésimple, parce que l’action d’attendre est ici envisagée non dans sa durée, maiscomme une péripétie du récit.

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12. « Comme les rumeurs […] continuaient » : complément circonstanciel de cause.« Comme je passais devant sa porte » : complément circonstanciel de temps.« Comme d’un coup de hache » : complément circonstanciel de comparaison.

13. Il y a deux possibilités :a) une subordonnée de cause : Je n’y allais plus parce qu’on s’était accoutuméà sa présence.b) une subordonnée de conséquence : On s’était accoutumé à sa présence sibien que je n’y allais plus.

◆ ÉTUDIER LE DISCOURS

14. Fautes de prononciation : « avé (avais), été (était), vené (venait), bôcoup (beaucoup), nô (non) », etc.Fautes de syntaxe : « une drap japonaise », « ma meilleur ennemi », « une cailloucoupante » ; « cette », adjectif démonstratif, au lieu du pronom « cela » ;« arraché la peau », actif, au lieu du passif.

◆ ÉTUDIER LE GENRE FANTASTIQUE

15. Deux thèmes sont ici abordés : celui du revenant et celui de la partiedu corps humain qui continue à agir par elle-même.

16. Le terme « surnaturel » est, au début du conte, synonyme de « fantastique ».Le juge suggère de le remplacer par le mot « inexplicable ».

17. La disparition de la main, le doigt dans la bouche du mort, l’absence detrace d’effraction, le fait que le chien n’ait pas aboyé, tout laisse supposer quela mort a une cause surnaturelle.

18. De l’aveu même du juge, l’affaire a été abandonnée, « faute de moyens del’éclaircir ». Le conte est donc fantastique.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

19. Les deux mots sont rapprochés de façon inhabituelle (on parle générale-ment de son meilleur ami ou de son pire ennemi). Cette figure de style estun oxymoron.

20. Les comparaisons : « comme un scorpion », « comme une araignée » (ligne 218),sont significatives parce que les doigts rappellent des pattes, mais aussi parceque la main est devenue une sorte de bête autonome et effrayante. Faites avecdes animaux plutôt répugnants, ces comparaisons sont dépréciatives.

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L a M a i n

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◆ ÉTUDIER LE RÉALISME

21. « Figure noire et gonflée », « cou percé de cinq trous », « couvert de sang », doigt« coupé ou plutôt scié par les dents », etc. Les détails réalistes ne sont pas gratuits,ici, puisqu’ils soulignent la singularité et la sauvagerie du meurtre.

◆ À VOS PLUMES !22. C’était mon pire ennemi. Il venait d’Amérique. On l’avait fendu avec unsabre, on lui avait arraché la peau avec un caillou coupant, et on l’avait laissésécher au soleil pendant huit jours.Ah, c’est pour moi un très bon souvenir (?).

◆ LIRE L’IMAGE

24. L’image illustre le cauchemar de M. Bermutier, le juge d’instruction (onnotera le bonnet et la chemise de nuit). Le personnage a les yeux écarquillés,la bouche ouverte, les mains crispées sur le drap, il semble horrifié. Une mainnoire, enchaînée, court sur son lit, une autre grimpe au rideau ; l’ombregigantesque de cette dernière se projette sur le mur d’une façon effrayante.Dans la nouvelle, le juge qui rêve ne voit qu’une seule main, mais l’illus-trateur en a dessiné deux, pour accentuer l’horreur du cauchemar.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Un souvenir « étrange », « une histoire fantastique, j’ai vu un miracle ! », voilàdes termes et expressions propres à intriguer l’auditoire du docteurBonenfant. S’y ajoute le fait que cet homme avoue ne croire en rien. Le narrateur s’entend à piquer la curiosité de ses auditeurs (et Maupassant cellede ses lecteurs…).

2. Le mot « croyances », ici au pluriel, représente ce à quoi l’on croit,en matière religieuse, politique ou philosophique. Dans le contexte, il s’agitdu sens religieux. De la part d’un athée, le ton est un peu péjoratif, sous-entendant que les croyances sont nombreuses, diverses, peu rationnelles.Le mot « foi » (du latin fides : confiance) paraît plus noble. Il désigne uneadhésion ferme de l’esprit à une religion ou à une idée.

C O N T E D E N O Ë L ( p p. 8 8 - 8 9 )

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3. Le docteur Bonenfant ne croit pas en Dieu, n’a pas de religion.Avant deraconter le miracle auquel il a assisté, il dit : « … et je vais tâcher de vous dire lachose naïvement, comme si j’avais une crédulité d’Auvergnat. » On peut doncconsidérer qu’il est un narrateur sincère et crédible.

4. L’événement se produit au cours d’un hiver particulièrement éprouvant.Il a neigé pendant huit jours, si bien que le pays est recouvert d’une couchede neige de « cinq pieds » (1,60 m). Pendant trois semaines, le pays est paralysé. Les gens sont isolés, ont peur. Ce climat est propice à la propagationde craintes superstitieuses, qui font redouter le pire : « Une épouvante enva-hissait les esprits et on s’attendait à un événement extraordinaire. »

5. Cet œuf encore chaud que le forgeron découvre sur la neige est en effetétrange. Qui a pu l’y déposer, alors que tous, bêtes et gens, restent cloîtrés ?

6. Le docteur n’est pas croyant. Pour ce libre penseur, c’est une épreuve deconsigner par écrit qu’il a vu un miracle. On comprend qu’il rappelle ce souvenir « d’une voix contrariée ».

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE

7. Mots de la famille de :– diable (du grec diabolos : calomniateur) : diablesse, diablotin, diabolique,diaboliquement, diablement, diablerie, endiablé ;– démon (du grec daimon : esprit, génie) : démoniaque, démonologie ;– dieu (du latin deus) : déisme, déiste, déicide, déifier, déification, déité, déesse(de dea) ;– divin (du latin divinus : de la divinité) : divine, divinement, divinisation,diviniser, divinité.

◆ ÉTUDIER LA GRAMMAIRE

8. Crues : ce participe passé, employé avec l’auxiliaire avoir, s’accorde avec lecomplément d’objet étoiles, placé avant lui.Crus : le raisonnement est le même, mais le complément d’objet direct, cris,est au masculin pluriel.

9. « Comme les gens manquaient de pain » : subordonnée conjonctive, complé-ment circonstanciel de cause.« Comme le reste du monde » : subordonnée conjonctive, complément circons-tanciel de comparaison.

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C o n t e d e N o ë l

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10. Deux gérondifs : en hésitant, en poussant.Trois participes : goûtant, laissant, reprenant.Un adjectif verbal : méfiant.

◆ ÉTUDIER LE GENRE FANTASTIQUE

11. Le thème fantastique de ce conte est celui de la possession (« la femmedu forgeron qu’est possédée ! »).12. La femme attachée, amenée de force dans l’église, maintenue accroupiedevant les marches du chœur par quatre hommes, hurle et se débat. On pourrait tout simplement penser qu’elle est terrorisée par les lumières et parla foule : elle ne sait pas ce qu’on lui veut.13. La femme possédée du démon, amenée de force dans l’église un soir deNoël, apparaît au bout d’un certain temps « comme impuissante à supporter lavue de son Dieu ». On peut donc conclure à la victoire de Dieu sur Satan :c’est ce que croit l’assistance qui entonne un Te Deum.Une autre explication est proposée par le docteur Bonenfant, qui n’est pascroyant : la femme possédée aurait été « hypnotisée » par la contemplation del’ostensoir ; cet objet « ceint de rayons d’or » l’aurait endormie, de la mêmefaçon qu’un magnétiseur peut plonger son patient dans un sommeil artificiel.On retrouve ici un thème cher à Maupassant, celui de l’hypnotisme, qui permet à quelqu’un d’agir sur la volonté d’autrui.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

14. Périphrases qui désignent la neige : « la blanche descente des flocons » ;« cette mousse épaisse et légère » ; « cette poussière tombant toujours. »Métaphores : « un manteau épais de cinq pieds » ; « la nappe unie, dure et luisantedes neiges » ; « les cheminées des chaumières en chemise blanche. »15. Termes et expressions qui évoquent l’hypnotisme : « regards effarés » ;« l’œil fixé, tendu sur cet objet rayonnant » ; « La femme semblait saisie de peur,fascinée ; elle contemplait fixement l’ostensoir » ; « On eût dit qu’elle ne pouvait plus baisser les yeux, qu’ils étaient rivés sur l’hostie » ; « hypnotisée […] vaincue parla contemplation persistante de l’ostensoir. »

◆ À VOS PLUMES !16. Exemples : Toute la campagne était figée, immobile sous un soleil deplomb. Seul un chien venu de nulle part fit quelques pas pour s’affaler àl’ombre d’un tilleul.

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À l’heure de la sieste, le village était désert. Seul un cycliste traversa lentementla place et disparut dans une rue bordée d’arbres.

17. « Le voilà, je me le suis mis sur l’estomac pour qu’il ne refroidisse pas. »Dialogue :« S’il y avait quelque chose dans cet œuf ?– Que veux-tu qu’il y ait ?– Le sais-je, moi ?– Allons, mange-le, et ne fais pas la bête. »

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Le narrateur a appris le décès de Jacques Parent dans une maison de santé.Il se souvient avec émotion, et même avec une impression de peur rétrospec-tive, de ce personnage étrange et inquiétant qui avait coutume de cacher sesmains… Il se souvient alors du soir où il a eu « l’explication de la surprenantemaladie de son âme ». C’est le récit de cette soirée qu’il se propose de faire.

2. Deux particularités du protagoniste sont mises en évidence : d’abord sesyeux noirs, hallucinés ; ensuite ses mains dont il semble embarrassé. La nota-tion : « presque jamais il ne les laissait errer », suggère qu’il craint que ses mainsn’échappent à son contrôle, n’agissent contre sa volonté. Ses gestes sont doncbrusques, saccadés, brutaux presque.Ces deux particularités physiques font du personnage un être étrange, maldans sa peau, dont on ne s’étonne pas qu’il soit mort dans une maison desanté – encore que l’interrogation du titre Un fou ? laisse planer un doute.

3. Au début du récit, l’orage est « étouffant » et intervient « après une journéed’atroce chaleur ». Il n’y a « aucun souffle d’air », les poitrines halètent, la chaleur est comparée à celle d’un four. Les personnages sont mal à l’aise, on sentmonter une certaine tension : Jacques Parent a « un geste effaré », il crie, il gémit.À la fin, après les « expériences », la tension est retombée avec l’arrivée d’unegrosse averse, une « ondée épaisse, torrentielle » : on imagine la fraîcheur sou-daine et le vent qui permet de respirer « par grands souffles ». Jacques Parentqui, au début, ne voulait pas demeurer seul, « désire être seul à présent ».La montée de l’orage influence les êtres et les agite même jusqu’aux limitesde l’angoisse, mais quand l’orage éclate, ils sont délivrés et apaisés.

U N F O U ? ( p p. 1 0 0 à 1 0 2 )

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U n f o u ?

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4. L’importance donnée au regard de Jacques Parent annonce la scène d’hypnotisme. Le malaise, proche de l’angoisse, que le narrateur éprouve estannoncé dans les premières lignes : même mort, ce personnage l’effraierétrospectivement, tant il inquiétait ceux qui l’approchaient, au point mêmede les faire croire à « des influences surnaturelles ».

5. C’est un regard qui hypnotise. Jacques Parent a un regard étrange : « desyeux noirs, si noirs qu’on ne distinguait pas la pupille » ; ses yeux « mobiles,rôdeurs » semblent ne jamais se poser sur les êtres ou sur les choses ; ils sontaussi « malades » parce qu’ils reflètent son mal-être, et « hantés », comme habités par une puissance mystérieuse. On comprend que ce regard soit qualifié de « redoutable » (ligne 70).

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE

6. Entre la peur et l’angoisse, il existe une différence de degré. La peur est unsentiment commun de crainte, éprouvé devant un danger réel ou imaginé,l’angoisse est un sentiment plus fort qui oppresse la poitrine et empêche derespirer (du latin ango, serrer, étrangler).Synonymes de peur : inquiétude, appréhension, crainte, frayeur, effroi, terreur,épouvante, panique…

◆ ÉTUDIER LA GRAMMAIRE

7. a) Eût dit : passé 2 du conditionnel ; avait, laissait : imparfait de l’indicatif ;fissent, accomplissent : imparfait du subjonctif.b) On dirait qu’il a peur qu’elles ne fassent… n’accomplissent… s’il les laisselibres.c) Le présent de l’indicatif et du subjonctif remplacent le présent et l’impar-fait du subjonctif.

8. Eût accompli est un plus-que-parfait du subjonctif employé dans une subordonnée de temps : il note une action antérieure à une autre, expriméeà l’imparfait (« on n’avait jamais le temps »).Allât est un imparfait du subjonctif employé dans une subordonnée de but,après un verbe principal au passé (« je poussai la porte »).

9. a) Il eût mis, elle eût été, elle ne l’eût pas vu : plus-que-parfait du subjonctif.b) Les trois subordonnées sont des comparatives conditionnelles (complé-ments de comparaison et de condition).

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◆ ÉTUDIER LE DISCOURS

10. Le discours du protagoniste au narrateur est à la fois explicatif et argu-mentatif : explicatif quand il lui explique ce qu’est le magnétisme (lignes 77à 80) ou le rôle du tympan dans la perception des sons (lignes 99 à 107) ;argumentatif quand il déplore la faiblesse des organes de l’homme (lignes 93à 96).Quand il s’adresse à la chienne, son discours est injonctif, il lui donne desordres : « Apporte ! », « Couche-toi », « Un lièvre, pille, pille », « Mords-le, mordston maître », « Ici, tout de suite. »

◆ ÉTUDIER LE GENRE FANTASTIQUE

11. Deux thèmes fantastiques sont ici abordés : le déplacement d’objetset l’hypnotisme, qui s’exerce cette fois-ci sur un animal. Maupassantsemble nous dire que l’hypnotisme est devenu un jeu à la mode (« Je vais temontrer cela… dit Jacques Parent, non pas sur des créatures humaines, c’est ce qu’onfait partout, mais sur… sur… des bêtes »). Il y a donc ici une sorte de suren-chère. (Le thème de la possession paraît aussi abordé, mais très discrètement,quand Jacques dit : « nous sommes deux dans mon pauvre corps, et c’est lui, l’autre,qui est souvent le plus fort. »)

12. Le magnétisme, le fait pour quelqu’un de manifester son pouvoir sur uneautre personne, en l’endormant et en lui suggérant, par exemple, d’accomplircertaines actions, peut passer pour une forme moderne de fantastique (l’uti-lisation de pouvoirs surnaturels).

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

13. Expressions antithétiques :« Aucun souffle d’air » / « un frémissement léger semblait passer dans les arbres » ;« Une vapeur […] faisait haleter les poitrines » / « Jacques se mit à respirer par grandssouffles qui soulevaient sa poitrine » ;« Cet orage me secoue les nerfs » / « la pluie va me calmer » ;« Je ne voudrais pas demeurer seul » / « Je désire être seul à présent ».

14. Les comparaisons sont particulièrement bien choisies puisqu’elles relèvent du domaine du sommeil (hypnotisme) et de l’infirmité (la chiennea du mal à agir puisqu’elle est endormie) : « comme on fait en s’endormant » ;« comme si elle eût été aveugle » ; « comme les paralytiques » ; « comme si elle nel’eût pas vu » ; « comme font les chiens qui rêvent. »

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U n f o u ?

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15. Exemples de style ternaire : « Presque jamais… Jamais… Jamais… »(lignes 16, 17 et 19) ; « atroce, criminel, infâme » (ligne 90) ; « l’emporte, la grise,l’affole » (ligne 98) ; « plus ou moins nombreuses, plus ou moins rapides, plus oumoins fortes » (ligne 100) ; « qui s’agite, me ronge, m’épuise » (ligne 124) ; « dumagnétisme, de l’électricité, de l’aimant » (ligne 210).

◆ À VOS PLUMES !17. Dans les deux nouvelles, Le Horla et Un fou ?, est décrite une scèned’hypnotisme, mais dans la seconde, le sommeil artificiel est provoqué sur unebête. L’hypnotisme est représenté dans Le Horla par l’école de Nancy, dans Un fou ? par le professeur Charcot, mais dans les deux cas, il s’agit de montrer les méfaits du magnétisme (« Elle subissait un vouloir étranger entré enelle » ; « Le pouvoir effrayant et incompréhensible d’endormir, voler la pensée, ouvrirl’âme », etc.). Les deux héros déplorent, presque dans les mêmes termes, la faiblesse des organes humains. Même développement sur la musique. Ils ontaussi tous les deux l’impression d’être dominés par un être (« Quelqu’un possède mon âme et la gouverne » ; « Nous sommes deux dans mon pauvre corps, etc’est lui, l’autre, qui est souvent le plus fort »). On notera enfin que les deux personnages sont malades des nerfs.

◆ LIRE L’IMAGE

18. Ce tableau, Une leçon clinique à la Salpêtrière, est d’A. Brouillet. Seule lapartie droite du tableau est ici reproduite. Maupassant avait assisté à ce genrede scène. La patiente est debout. Un homme et une femme assistent le pro-fesseur. Le public, constitué apparemment d’étudiants, est nombreux (on nele voit pas sur ce détail). Le tableau a un incontestable pouvoir d’émotion,avec cette femme qui vient de s’endormir (regarder le geste de la femme quis’apprête à la recueillir), pendant que Charcot, dans une salle bien éclairée pardeux grandes fenêtres et des lampes, commente l’expérience.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Dans un appartement de la rue de Grenelle, à Paris, quelques personnesévoquent un procès récent où il a été question de séquestration. Chacun

A P PA R I T I O N ( p p. 1 1 5 à 1 1 7 )

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raconte une anecdote qu’il présente comme vraie. Le marquis de la Tour-Samuel fait alors le récit d’une aventure ancienne qui lui causa unegrande frayeur.

2. Âgé de quatre-vingt-deux ans, le narrateur ne craint plus maintenant – vuson âge – qu’on lui reproche d’avoir été poltron.

3. L’aventure, qui s’est déroulée en 1827, est racontée cinquante-six ans plustard, en 1883. Notons que Maupassant a publié cette nouvelle dans Le Gauloisdu 4 avril 1883.

4. Bien qu’il soit jeune, l’ami du narrateur a les cheveux « tout blancs ; et ilmarchait courbé, comme épuisé ». Ces transformations physiques se sont opéréesen cinq ans : il y a là de quoi intriguer le narrateur.

5. La mission du marquis est d’aller récupérer, dans le château que son ami aquitté depuis la mort de sa jeune femme, « deux paquets de lettres et une liassede papiers », enfermés dans le secrétaire d’une chambre.

6. La lettre pour le jardinier a été remise cachetée, comme si l’expéditeurcraignait que son ami ne la lise. Cette façon d’agir révèle une certainedéfiance, et le narrateur peut donc légitimement se montrer vexé.

7. Le narrateur, en pénétrant dans la chambre, a été saisi par une forte odeurde moisi et a constaté que la fenêtre, bloquée par la rouille, n’a pas été ouvertedepuis très longtemps. D’où sa surprise, et même son épouvante, à la vue dela femme qui semble vivre là.

8. Au mystère de l’apparition s’ajoute l’étrangeté de la disparition de l’ami.Il est vrai qu’il était le seul à détenir la clé du mystère ; si le narrateur avaitpu l’interroger, tout se serait expliqué. Or, le but de Maupassant est justementde ne pas éclaircir le mystère, de laisser le lecteur dans le doute…

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE

9. Termes exprimant la peur : « terreurs, peur, angoisse, épouvante. »Ordre croissant d’intensité : « peur, angoisse, terreurs, épouvante. »

◆ ÉTUDIER LA GRAMMAIRE

10. La subordonnée est complément circonstanciel de conséquence.Rapport inverse (cause) : Comme l’appartement était sombre, je n’y distin-guai rien d’abord, ou Je ne distinguai rien d’abord dans l’appartement parcequ’il était sombre.

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A p p a r i t i o n

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11. Avais senti : plus-que-parfait de l’indicatif ; serais enfui : passé du condi-tionnel. Il s’agit ici d’un irréel du passé.

12. Les trois termes sont des adverbes. Follement et subitement sont formésavec l’adjectif au féminin et le suffixe -ment (du latin mente, ablatif singulierde mens, intelligence). Les adjectifs terminés par -ent forment des adverbes en-emment (comme ici violemment), de la même façon que les adjectifs termi-nés par -ant ont des adverbes en -amment (savamment).

◆ ÉTUDIER LE GENRE FANTASTIQUE

13. Le thème fantastique exploité ici est celui de la femme revenue de l’au-delà. On peut y ajouter, accessoirement, celui du château hanté.

14. Le narrateur croit à « une erreur de [ses] sens », pense avoir été « le jouetd’une hallucination » jusqu’au moment où il découvre les cheveux enroulésaux boutons de son dolman. Ce genre de « preuve » laissée par une personnerevenue de l’au-delà se retrouve par exemple dans Le Pied de momie, deThéophile Gautier.

15. Le récit du vieux marquis suit l’évocation d’une affaire de séquestration,venue dernièrement devant le tribunal. On peut donc penser logiquementque la jeune femme qui passe pour morte est séquestrée par son mari dansun château gardé par un étrange jardinier. Le mari a envoyé son ami cher-cher des papiers importants ou compromettants. S’il n’avait rien eu à sereprocher, pourquoi aurait-il disparu ? L’explication fantastique est évidemment préférable. C’est à celle-ci sansdoute que Maupassant veut amener son lecteur, puisqu’il prend soin de mon-trer que le château est inhabité et que l’apparition est froide comme unemorte… (Pour cette sensation de froid et la comparaison avec le serpent, voirT. Gautier, Arria Marcella, et aussi La Morte amoureuse.)

◆ ÉTUDIER UN THÈME : L’AMBIGUÏTÉ

16. Hypothèses avancées pour expliquer cette aventure mystérieuse : « Il estbien certain qu’elle est explicable, à moins que je n’aie eu mon heure de folie. »

17. Le jardinier est très surpris de la visite, et malgré les ordres qu’il a reçusde son maître par écrit, « il semblait atterré » ; il hésite à faire entrer le visiteur,veut pénétrer dans la chambre avant lui, comme s’il avait quelque chose (ouquelqu’un) à cacher.

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R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

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18. L’ami remet la clé de la chambre, celle du secrétaire et une lettre pour lejardinier. Mais cette dernière est cachetée, comme s’il craignait l’indiscrétionde l’homme à qui pourtant il demande un grand service… D’autre part,après avoir reçu les lettres, cet ami disparaît à jamais. Le mystère reste entier.

19. La chambre est inhabitée, car elle sent le moisi, les ferrures de la fenêtresont rouillées, le lit n’a pas de draps.La chambre est habitée, car un oreiller porte « l’empreinte profonde d’un coudeou d’une tête comme si on venait de se poser dessus », une jeune femme apparaîtet referme en partant la porte par où elle est venue.

20. La jeune femme apparaît, parle, referme la porte en partant : elle est doncvivante.Mais sa chevelure est « de glace », et le narrateur éprouve à la peigner « unesensation de froid atroce » : elle est donc morte.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

21. La répétition des r, seuls ou en combinaison avec g, t ou p, forme uneallitération expressive : « J’allais au grand trot à travers les prairies. »

22. Les points de suspension traduisent la surprise, l’indécision et l’hésitationdu jardinier, hésitation suggérée aussi par les répétitions : « mais c’est que…c’est qu’elle n’a pas été ouverte depuis… depuis la… mort. » ; « je vais aller… allervoir si… »

23. Champ lexical de l’apparition : « une grande femme vêtue de blanc », « fantômes »,« hideuse peur des morts », « épouvantes surnaturelles », « spectre », « apparition. »

24. Comparaison : « comme si j’eusse manié des serpents. »Métaphore : « chevelure de glace. » Le froid, avec la couleur noire, caractérise lachevelure, qui est celle d’une morte. La jeune femme est donc un spectrerevenu de l’au-delà.

◆ LIRE L’IMAGE

26. Les personnages se trouvent de part et d’autre du secrétaire où le narra-teur a cherché les lettres (non représentées). L’illustration est assez fidèle autexte : la scène se déroule dans la pénombre ; la femme, vêtue de blanc, a lescheveux très longs et se tient près du fauteuil ; l’homme est un militaire : ilest vêtu d’un dolman, auquel resteront accrochés les cheveux de la femmequ’il aura peignée, et il est armé d’un sabre, avec lequel il a vainement essayéde briser les ferrures du contrevent.

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A p p a r i t i o n

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R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

1er récit 2e récit

Narrateur Maupassant le vieux monsieur

Lieu de l’événement une forêt russe en Bretagne

Moment en fin d’après-midi une nuit

Nombre de personnages trois un

Péripéties la fuite, l’intervention le bruit des flots,de l’enfant au fouet du vent, de la roue

Le fait est-il expliqué ? oui non

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Le narrateur se trouve une nuit dans un compartiment du P.-L.-M. en faced’un vieil homme. Ils sont partis de Paris depuis trois heures quand, soudain,ils aperçoivent dans un bois deux hommes autour d’un grand feu.

2. La nuit est profonde, sans lune, les voyageurs ne voient pas le paysage etne savent où ils se trouvent. La brutalité de l’apparition, vue du train enmarche, la violence de l’illumination, les deux personnages barbus qui lesregardent, tout concourt à donner un aspect fantastique à cette scène.

3. La phrase « On n’a vraiment peur que de ce qu’on ne comprend pas » revient àquatre reprises dans le texte (lignes 77, 90, 116 et 173).

4. Surpris par un être étrange, une « affreuse bête humaine »,Tourgueniev ne saitpas à qui il a affaire. Il a eu peur parce qu’il n’a « pas compris ce que pouvait être ce monstre ». De la même façon, le narrateur du second récit ne s’explique pascomment la brouette se déplace, puisqu’il ne voit personne la pousser. La phraserépétée comme un leitmotiv rend donc bien compte des deux récits.

5.

6. Le narrateur voyage en Bretagne, présentée comme la « terre des croyanceset des superstitions » ; il voyage seul, la nuit, à pied, et il a l’esprit « plein delégendes » ; il entend le bruit des vagues derrière lui, subit les rafales d’un ventfroid. Il n’est pas rassuré, et tout le conditionne à croire au surnaturel.

7. Cet « Esprit malfaisant… invisible… menaçant… » fait évidemment penserau Horla.

L A P E U R ( 2 ) ( p p. 1 3 0 à 1 3 2 )

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◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE

8. Termes évoquant la peur, classés en fonction de leur intensité (du plusfaible au plus fort) : « inquiétude, appréhension, crainte, frayeur, effroi, terreur,épouvante, panique. »

9. Le suffixe -able(s) indique la possibilité (comme -ible). Par exemple, estexplicable ce qui peut être expliqué.

◆ ÉTUDIER LA GRAMMAIRE

10. Allasse est un imparfait du subjonctif. Le subjonctif est commandé parl’emploi de bien que, l’imparfait par la concordance des temps, car le verbeprincipal, avais, est à un temps du passé.Groupe nominal équivalent : malgré (en dépit de) la rapidité de mon allure.

11. Fût est un imparfait du subjonctif. Il est employé dans une subordonnéeconsécutive dans laquelle que est en corrélation avec trop pour. L’imparfait estemployé à cause de la concordance des temps, le verbe principal (était) étantlui-même au passé.

◆ ÉTUDIER LE GENRE FANTASTIQUE

12. a) L’hypothèse du narrateur, « des sorciers qui préparaient un philtre », laisseentrevoir quelque machination diabolique.b) L’intervention d’un monstre.c) L’être invisible, l’objet qui se déplace.

13. Le premier récit est seulement étrange parce que le mystère s’explique àla fin. La scène vue du train et le second récit sont fantastiques parce qu’ilsn’ont pas d’explication logique.

14. Le choléra est présenté comme « l’Invisible », « un ennemi caché qui vousguette », « l’Esprit qui tue », « un de ces anciens génies du mal ». Il peut être considéré comme fantastique parce qu’il est invisible et destructeur et que les hommes ne peuvent rien contre lui.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

15. Champ lexical du mystère : « mystérieuse, voiles de l’inconnu, apparitions,fantastique, croyances étranges, inexpliqué, surnaturel, merveilleux, mystères,invisible, croyances, superstitieux, étranges, feux follets, êtres fabuleux, occulte. »

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L a P e u r ( 2 )

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16. Champ lexical de la peur : « peur (3 fois), épouvante, terreur. »

17. « Leur front d’écume » est une métaphore.

◆ À VOS PLUMES !18. Pour prendre l’exemple le plus simple, on pourra évoquer les légendesdes habitants de la Lune ou des petits hommes verts de Mars, qui ont tantnourri l’imagination des hommes, et suscité tant de contes et de films… Onsait évidemment aujourd’hui que toute forme de vie est impossible sur laLune, où des cosmonautes ont pu se poser, et sur Mars, où ont été envoyéesdes sondes sophistiquées. En revanche, les scientifiques admettent que la vieest possible sur d’autres planètes, mais qu’elle n’aurait sans doute rien à voiravec celle que nous connaissons sur la Terre. L’hypothèse de l’existence demicro-organismes ne serait pas irréaliste.

◆ LIRE L’IMAGE

21. Au premier plan, un corps est étendu à même le pavé ; au deuxième plan,deux hommes, se dirigeant vers la gauche, emportent un cercueil sur unbrancard, tandis qu’à l’arrière-plan un corbillard, tiré par deux chevaux,traverse la place de gauche à droite ; tout au fond, on aperçoit, semble-t-il,un autre corbillard. L’idée de la mort est donc partout, et le dessin illustrebien les conséquences d’une épidémie. L’attitude de la femme qui rentre précipitamment chez elle, un mouchoir sur la bouche, trahit la peur et aussil’égoïsme, puisqu’elle ne cherche pas à porter secours à l’homme qui gît àterre.

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R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

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1. Choisir la bonne réponsea) A – b) B – c) C – d) C – e) A – f ) A – g) C – h) C.

2. Charadesa) La Salpêtrière (la-sale-pétrit-ère).b) Hallucination (alu-si-nation).c) Ivan Tourgueneff (i-van-tour-gué-nef).

3. Mots croisésHorizontalement1. BERMUTIER. 2. AIMANTÉ. 3. ÉTREINDRA. 4. SUE. EEL.5. SACS. SI. 6. LA. ZOLA. 7. CRL. LIT. 8. ÉCAILLE. 9. NORMANDES.

VerticalementI. BRÉSILIEN. II. TU. CO. III. RARES. CAR. IV. MIE. AZRIM.V. UMI. COLLA. VI. TAN. SL. LN. VII. INDE. ALED. VIII. ÊTRES.IX. RÉALISTES.

4. Qui suis-je ?a) La Tour-Samuel, Apparition.b) Bermutier, La Main.c) Jacques Parent, Un fou ?d) Bonenfant, Conte de Noël.e) Charcot, Un fou ?f) Le choléra, La Peur (2).g) Un tambour, La Peur (1).

5. Mots en croix1. SABLÉ. 2. HYPNOTISME. 3. SALPÊTRIÈRE. 4. PARENT.5. ANGOISSE. 6. MESMER. 7. CHARCOT. 8. MAGNÉTISME.9. SENS.

R E T O U R S U R L’ Œ U V R E ( p p. 1 3 3 à 1 3 6 )

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R e t o u r s u r l ’ œ u v r e

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Les deux séquences que nous proposons peuvent servir de synthèse à l’étudedes sept contes du recueil. La première insiste sur la structure et le contenu duconte, la seconde sur ce qui fait sa spécificité : l’ambiguïté du dénouement.

1. Narrateur– On notera, chaque fois que ce sera possible, le nom mais aussi la qualité dunarrateur : la fonction du narrateur ne donne-t-elle pas plus de poids au récitfantastique ? (Voir Structure narrative des contes, p. 138.) – On distinguera le narrateur du récit fantastique et le narrateur du conte.– Quelle est la particularité du narrateur du second récit de La Peur (2) ?

2. Forme de l’énonciationLe récit fantastique (à distinguer du conte lui-même) est-il fait à la premièreou à la troisième personne ? Pourquoi ? (Voir Structure narrative des contes,p. 138.)

3. Faits étranges Ce sont ces faits qui donnent leur spécificité aux contes (voir Un genre littéraire : le conte fantastique, p. 145). On les relèvera donc avec soin en sereportant aux questions proposées dans la rubrique Étudier le genre fantastique,qui figure dans chaque questionnaire.

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P R O P O S I T I O ND E S É Q U E N C E S D I D A C T I Q U E S

TITRE NARRA- ÉNON- FAITS LOCALI- MOMENT/DU CONTE TEUR CIATION ÉTRANGES SATION DURÉE

SÉQUENCE 1 Analyser des contes fantastiques

Objectif : étudier la structure et la spécificité des contes.

Durée : deux heures si toutes les nouvelles ont été étudiées en classe,trois ou quatre si les élèves doivent en découvrir certaines par eux-mêmes.

Présentation : sous forme de tableau.

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4. Lieu et moment (ou durée) de l’événementLes lieux où se déroulent les événements étranges, de même que leur durée,sont presque toujours indiqués, même avec approximation. On pourra sereporter, entre autres, aux tableaux des deux nouvelles intitulées La Peur.Pourquoi est-il aussi important de situer dans le temps et l’espace ce genrede contes ? Remarque : le tableau achevé, il sera bon de conclure sur la diversité desthèmes fantastiques abordés dans les contes, des lieux où les événements sedéroulent et de leur durée. Quelle est donc la particularité du fantastique ?

1. Faits étranges : (voir séquence 1, paragraphe 3).

2. La double interprétationDans presque toutes les nouvelles, deux explications sont possibles, de sorteque le lecteur est laissé dans le doute.Quatre récits seulement ont un dénouement qui n’a rien d’ambigu. Dans Le Horla, Un fou ?, le second récit de La Peur (1) et le premier récit de La Peur (2), quel est le seul dénouement, rationnel ou surnaturel, qui soit proposé ? (Cf., dans le questionnaire qui suit les contes, la rubrique Étudier legenre fantastique.)Dans Conte de Noël, la solution rationnelle est seulement suggérée : formulez-la à l’aide de la question 13, p. 89 du livre de l’élève.

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P R O P O S I T I O N D E S É Q U E N C E S D I D A C T I Q U E S

TITRE FAITS EXPLICATION EXPLICATIONPREUVE

DU CONTE ÉTRANGES RATIONNELLE SURNATURELLE

SÉQUENCE 2 Ambiguïté du dénouement

Objectifs :– étudier l’ambiguïté des contes fantastiques, qui peuvent presque toujoursavoir deux clés, l’une rationnelle, l’autre surnaturelle ;– relever les « preuves » qui donnent leur crédibilité au récit.

Durée : deux ou trois heures.

Présentation : sous forme de tableau.

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3. La « preuve » de la réalité de l’événementTrois nouvelles proposent une ou plusieurs preuves matérielles, tangibles, dela réalité du fait : Le Horla, La Main, Apparition.On se reportera aux réponses suivantes du livret pédagogique : 3 p. 7, 2 p. 10,6 p. 10 pour le premier conte ; 17 p. 17 pour le deuxième conte ; 14 p. 26pour le troisième conte.Maupassant ne prend jamais position, mais à la lumière de ces « preuves » etde la double interprétation possible, vers quel dénouement oriente-t-il lelecteur ?

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P R O P O S I T I O N D E S É Q U E N C E S D I D A C T I Q U E S

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E X P L O I T A T I O ND U G R O U P E M E N T D E T E X T E S

De Platon (IVe siècle av. J.-C.) à Jean Ray (XXe siècle), la permanence duthème de l’invisibilité n’est plus à démontrer. Mais il est traité de façon fortdifférente d’un auteur à l’autre. Du pouvoir utilisé égoïstement par Gygès àla valeur symbolique que lui donne l’auteur belge, il y a loin.

◆ QUESTIONS SPÉCIFIQUES À CHAQUE TEXTE

1. L’anneau de Gygès, dans La République, de Platon (p. 149).a) Qu’y a-t-il de merveilleux dans l’histoire de Gygès (circonstances,« merveilles », hasard du geste…) ?b) À quelle fin le pouvoir magique est-il utilisé ?

2. L’Homme invisible, de H. G.Wells (p. 152).a) L’inconfort de l’invisibilité : relevez-en un exemple dans le texte et cherchez-en d’autres.b) Pourquoi le narrateur fait-il référence au bandage ?

3. Le Secret de Wilhelm Storitz, de J.Verne (p. 153).a) Quel est le motif des provocations de Storitz ?b) Relevez tous les verbes relatifs à l’ouïe et à la vue.

4. La Vérité sur l’oncle Timotheus, de J. Ray (p. 155).a) La Mort : comment appelle-t-on cette figure de style ?b) L’homme invisible est donc la Mort : comment expliquez-vous ce symbole ?

◆ QUESTIONS TRANSVERSALES

1. L’homme invisible n’est pas un fantôme, il a un volume et un poids ;montrez-le d’après :– Qu’était-ce ? ;– L’Homme invisible ;– La Vérité sur l’oncle Timotheus.

2. Relevez tous les noms donnés à l’être invisible dans :– Qu’était-ce ? ;– La Vérité sur l’oncle Timotheus.

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3. Relevez un autre thème fantastique que celui de l’invisibilité dans :– Le Secret de Wilhelm Storitz ;– La Vérité sur l’oncle Timotheus ;– L’Homme invisible.

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E X P L O I T A T I O N D U G R O U P E M E N T D E T E X T E S

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P I S T E S D E R E C H E R C H E SD O C U M E N T A I R E S

Les contes de Maupassant fournissent de nombreuses pistes de recherches quipeuvent se prêter à des travaux d’élèves variés : affiches, exposés, études,comptes rendus... Certains sujets sont peut-être difficiles pour des élèves de4e ou de 3e, et il ne faudra donc pas attendre un traitement exhaustif de laquestion.

À partir du Horla :– le mont Saint-Michel (du point de vue géographique, historique, touris-tique…) ;– le vampirisme (Nosferatu, Dracula, mais aussi, sous sa forme comique, lefilm de Roman Polanski, Le Bal des vampires).

À partir du Horla et d’Un fou ? :– l’hypnotisme à la Salpêtrière, le professeur Charcot.

À partir de Conte de Noël :– le diable (légende de Faust ; Onuphrius, Deux acteurs pour un rôle, deThéophile Gautier ; Rosemary’s baby, film de Roman Polanski).

À partir de La Peur (2) :– Ivan Tourgueniev ;– la Bretagne, « terre des croyances et des superstitions » (les korrigans, la forêt deBrocéliande, l’enchanteur Merlin, la fée Viviane…).

À partir de La Main :– comparaison avec La Main enchantée de Gérard de Nerval ;– la Corse et la vendetta : cf. Colomba et Mateo Falcone, de Prosper Mérimée,Une histoire corse et Une vendetta, de Maupassant lui-même.

À partir d’Apparition :– comparaison avec Arria Marcella, de Théophile Gautier.

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◆ ÉDITIONS

– Maupassant, Contes et Nouvelles, textes présentés, corrigés, classés et augmentés de pages inédites par Albert-Marie Schmidt, avec la collaborationde Gérard Delaisement,Albin Michel, 1964-1967, 2 vol.– Maupassant, Contes et Nouvelles, préface d’Armand Lanoux, introduction,chronologie, texte établi et annoté par Louis Forestier, Gallimard, coll.« Bibliothèque de la Pléiade », 1974-1979, 2 vol.– Le dossier intitulé « Quid de Guy de Maupassant » introduit le tome II deContes et Nouvelles, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1988.

◆ BIOGRAPHIES

– Armand Lanoux, Maupassant le Bel-Ami, Fayard, 1967.– Paul Morand, La Vie de Guy de Maupassant, Flammarion, 1941.– Albert-Marie Schmidt, Maupassant par lui-même, Le Seuil, 1962.– Henri Troyat, Maupassant, Flammarion, 1989.

◆ ÉTUDES SUR LE GENRE FANTASTIQUE

– Pierre-Georges Castex, Le Conte fantastique en France de Nodier àMaupassant, José Corti, 1961.– Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Le Seuil, 1970.– Louis Vax, L’Art et la littérature fantastiques, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1967.– Roger Caillois, Obliques, précédé de Images, images, Stock, 1975.

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B I B L I O G R A P H I EC O M P L É M E N T A I R E

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