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A A N N T T H H O O L L O O G G I I E E P P O O E E T T I I Q Q U U E E L L a a f f e e m m m m e e d d a a n n s s l l a a P P o o é é s s i i e e Lionel AREL et Nel MILOCK Lycée Melkior-Garré / 1ere S2

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AANNTTHHOOLLOOGGIIEE PPOOEETTIIQQUUEE

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Lionel AREL et Nel MILOCK Lycée Melkior-Garré / 1ere S2

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Préface "La femme" est le thème de notre anthologie poétique. Ce thème étant très vaste, nous avons décidé de traiter de la beauté de la femme et de l’emprise qu'elles peuvent avoir sur les hommes. Les différents auteurs que nous vous présentons utilisent différentes formes poétiques comme la prose, le sonnet ou l'ode afin de faire ressortir le charisme de la femme dans le cœur des hommes. Nous avons un grand respect envers ces auteurs qui ont défendu et contribué par leurs écrits à ce qu'est la femme de nos jours. Parmi les poèmes choisis, l'un est écrit par une femme qui envoie un message aux femmes réduites aux taches ménagères et à peu d'estime. « Aux femmes » a été écrit par Louise Ackermann (1813-1890). La poésie est un moyen d’exprimer des idées sur la condition féminine et surtout d'exprimer des sentiments à leur égard. Nous avons choisi « A Mademoiselle » comme œuvre principale de notre anthologie car ce poème exprime le mieux le thème de notre anthologie. Cette poésie révèle le pouvoir qu’une femme peut avoir sur un homme, un sentiment très puissant que l'homme ne veut pas perdre. Cette lettre poétique a été écrite par Alfred de Musset (1810-1857). Paul Eluard (1895-1952) lui aussi décrit la beauté de la femme à ses yeux et montre lui aussi que l'homme est dépendant de la femme dans « La courbe de tes yeux ». « A une dame créole » écrit par Baudelaire (1821-1867) reste toujours dans l’éloge de la femme et l'on découvre les charmes de la femme métisse. « A une femme » de Verlaine (1844-1896) fait partie de la première section des Poèmes saturniens dans lesquels est exprimé l'amour impossible qu'éprouve Verlaine envers sa bien aimée. Tiré de l'album des vers anciens, le poème de Paul Valéry (1871-1945) intitulé « La dormeuse » met en valeur le personnage de la dormeuse qui dégage une beauté décrite de manière spéciale par l'auteur. « La jeune fille de Budapest » est écrit par Henri Michaux (1899-1984) et ce dernier y décrit une femme. Nous avons choisi aussi un poème écrit par Renée Vivien (1877-1909) nommé « A la femme aimée », message à sa bien-aimée. Le poème «L es "Vous” et les “Tu” » écrit par Voltaire (1694-1778), est un message à sa bien aimée dans lequel il alterne le tutoiement et le vouvoiement. Pour achever cette préface, nous allons vous parler du poème « Mignonne allons voir si la rose » écrit par Pierre de Ronsard et qui est une lettre adressée à Cassandre, sa bien aimée, dans laquelle il lui déclare son amour tout en lui donnant des conseils.

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Pierre de RONSARD (1524-1585)

Mignonne, allons voir si la rose Cette ode, inspirée du poète latin Ausone, est composée en 1545 après la rencontre de Pierre de Ronsard, âgé de 20

ans, avec Cassandre Salviati, fille d'un banquier italien. Ce poème fait partie du premier livre des Odes, 17.

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avoit desclose

Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,

Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautez laissé cheoir !

Ô vrayment marastre Nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,

Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur la vieillesse

Fera ternir vostre beauté.

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Alfred de MUSSET (1810-1857) Recueil : Poésies nouvelles (1850).

A Mademoiselle

Oui, femmes, quoi qu'on puisse dire, Vous avez le fatal pouvoir

De nous jeter par un sourire Dans l'ivresse ou le désespoir.

Oui, deux mots, le silence même,

Un regard distrait ou moqueur, Peuvent donner à qui vous aime

Un coup de poignard dans le coeur.

Oui, votre orgueil doit être immense, Car, grâce à notre lâcheté,

Rien n'égale votre puissance, Sinon votre fragilité.

Mais toute puissance sur terre

Meurt quand l'abus en est trop grand, Et qui sait souffrir et se taire

S'éloigne de vous en pleurant.

Quel que soit le mal qu'il endure, Son triste rôle est le plus beau.

J'aime encor mieux notre torture Que votre métier de bourreau.

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Paul ELUARD (1895 -1952)

Capitale de la douleur, 1926

La courbe de tes yeux

La jeune au turban

Johannes Vermeer (1665)

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur, Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu

C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d’une couvée d’aurores Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l’innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards

.

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Charles BAUDELAIRE (1821-1867)

Les Fleurs du Mal (1857)

A une dame créole

Portrait d'une dame créole

Alphonse Garreau (1839)

Au pays parfumé que le soleil caresse, J'ai connu, sous un dais d'arbres tout empourprés Et de palmiers d'où pleut sur les yeux la paresse,

Une dame créole aux charmes ignorés.

Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse A dans le cou des airs noblement maniérés ;

Grande et svelte en marchant comme une chasseresse, Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.

Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire, Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire,

Belle digne d'orner les antiques manoirs,

Vous feriez, à l'abri des ombreuses retraites, Germer mille sonnets dans le cœur des poètes,

Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs

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Paul VERLAINE (1844-1896)

Melancholia VII (1866)

A une femme

A vous ces vers de par la grâce consolante De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux,

De par votre âme pure et toute bonne, à vous Ces vers du fond de ma détresse violente.

C'est qu'hélas ! le hideux cauchemar qui me hante

N'a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux, Se multipliant comme un cortège de loups

Et se pendant après mon sort qu'il ensanglante !

Oh ! je souffre, je souffre affreusement, si bien Que le gémissement premier du premier homme

Chassé d'Eden n'est qu'une églogue au prix du mien !

Et les soucis que vous pouvez avoir sont comme Des hirondelles sur un ciel d'après-midi,

- Chère, - par un beau jour de septembre attiédi.

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Paul VALÉRY (1871 - 1945) Recueil : Charmes (1922)

La Dormeuse A Lucien Fabre.

Quels secrets dans mon coeur brûle ma jeune amie, Âme par le doux masque aspirant une fleur?

De quels vains aliments sa naïve chaleur Fait ce rayonnement d’une femme endormie?

Souffles, songes, silence, invincible accalmie, Tu triomphes, ô paix plus puissante qu’un pleur,

Quand de ce plein sommeil l’onde grave et l’ampleur Conspirent sur le sein d’une telle ennemie.

Dormeuse, amas doré d’ombres et d’abandons, Ton repos redoutable est chargé de tels dons,

Ô biche avec langueur longue auprès d’une grappe,

Que malgré l’âme absente, occupée aux enfers, Ta forme au ventre pur qu’un bras fluide drape, Veille; ta forme veille, et mes yeux sont ouverts.

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VOLTAIRE (1694-1778)

Les ‘Vous” et les “Tu”(1728)

Philis, qu’est devenu ce temps Où, dans un fiacre promenée,

Sans laquais, sans ajustements, De tes grâces seules ornée,

Contente d’un mauvais soupé Que tu changeais en ambroisie,

Tu te livrais, dans ta folie, A l’amant heureux et trompé Qui t’avait consacré sa vie ?

Le ciel ne te donnait alors, Pour tout rang et pour tous trésors,

Que les agréments de ton âge, Un coeur tendre, un esprit volage,

Un sein d’albâtre, et de beaux yeux. Avec tant d’attraits précieux,

Hélas ! qui n’eût été friponne ? Tu le fus, objet gracieux !

Et (que l’Amour me le pardonne !) Tu sais que je t’en aimais mieux.

Ah ! madame ! que votre vie D’honneurs aujourd’hui si remplie,

Diffère de ces doux instants !

Ce large suisse à cheveux blancs, Qui ment sans cesse à votre porte,

Philis, est l’image du Temps ; On dirait qu’il chasse l’escorte

Des tendres Amours et des Ris ; Sous vos magnifiques lambris

Ces enfants tremblent de paraître. Hélas ! je les ai vus jadis

Entrer chez toi par la fenêtre, Et se jouer dans ton taudis.

Non, madame, tous ces tapis Qu’a tissus la Savonnerie,

Ceux que les Persans ont ourdis, Et toute votre orfèvrerie,

Et ces plats si chers que Germain A gravés de sa main divine, Et ces cabinets où Martin

A surpassé l’art de la Chine ; Vos vases japonais et blancs,

Toutes ces fragiles merveilles ; Ces deux lustres de diamants

Qui pendent à vos deux oreilles ; Ces riches carcans, ces colliers, Et cette pompe enchanteresse,

Ne valent pas un des baisers Que tu donnais dans ta jeunesse.

Madame du CHATELET par Marie-Anne LOIRE

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Renée VIVIEN (1877-1909) Etudes et préludes (1901)

A la Femme aimée

Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume, Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain.

Ton corps se devinait, ondoiement incertain, Plus souple que la vague et plus frais que l’écume.

Le soir d’été semblait un rêve oriental De rose et de santal.

Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids.

Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts En le souffle pâmé des angoisses suprêmes.

De tes clairs vêtements s’exhalaient tour à tour L’agonie et l’amour.

Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes La douceur et l’effroi de ton premier baiser.

Sous tes pas, j’entendis les lyres se briser En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes

Parmi des flots de sons languissamment décrus, Blonde, tu m’apparus.

Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible, D’infini, je voulus moduler largement

Un hymne de magie et d’émerveillement. Mais la strophe monta bégayante et pénible,

Reflet naïf, écho puéril, vol heurté, Vers ta Divinité.

Richard MILLER (1875)

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Louise ACKERMANN (1813-1890)

Aux femmes (Paris, 1835)

S’il arrivait un jour, en quelque lieu sur terre, Qu’une entre vous vraiment comprît sa tâche austère,

Si, dans le sentier rude avançant lentement, Cette âme s’arrêtait à quelque dévouement, Si c’était la Bonté sous les cieux descendue,

Vers tous les malheureux la main toujours tendue, Si l’époux, si l’enfant à ce cœur ont puisé, Si l’espoir de plusieurs sur Elle est déposé,

Femmes, enviez-la. Tandis que dans la foule Votre vie inutile en vains plaisirs s’écoule,

Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné, Elle a sa foi, son but et son labeur donné.

Enviez-la. Qu’il souffre ou combatte, c’est Elle Que l’homme à son secours incessamment appelle,

Sa joie et son appui, son trésor sous les cieux, Qu’il pressentait de l’âme et qu’il cherchait des yeux, La colombe au cou blanc qu’un vent du ciel ramène Vers cette arche en danger de la famille humaine,

Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour, Pour branche d’olivier a rapporté l’amour.

Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné, Elle a sa foi, son but et son labeur donné.

Enviez-la ! Qu’il souffre ou combatte, c’est Elle Que l’homme à son secours incessamment appelle,

Sa joie et son espoir, son rayon sous les cieux, Qu’il pressentait de l’âme et qu’il cherchait des yeux, La colombe au cou blanc qu’un vent du ciel ramène Vers cette arche en danger de la famille humaine,

Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour, Pour branche d’olivier a rapporté l’amour.

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Henri MICHAUX (1899 - 1984)

La jeune fille de Budapest (1950)

(Le jeune fille rousse par André POTTE)

Dans la brume tiède d'une haleine de jeune fille, j'ai pris place Je me suis retiré, je n'ai pas quitté ma place.

Ses bras ne pèsent rien. On les rencontre comme l'eau. Ce qui est fané disparaît devant elle. Il ne reste que ses yeux.

Longues belles herbes, longues belles fleurs croissaient dans notre champ. Obstacle si léger sur ma poitrine, comme tu t'appuies maintenant.

Tu t'appuies tellement, maintenant que tu n'es plus.