142
Cultures et tendances urbaines NORD & BELGIQUE N°116 / MARS 2016 / GRATUIT

LM magazine 116 - Mars 2016 - France & Belgique

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Cultures et tendances urbaines - Sorties Nord-Pas de Calais, Picardie & Belgique

Citation preview

Cultures et tendances urbainesNORD & BELGIQUE

N°116 / MARS 2016 / GRATUIT

SommaireLM magazine n°116 - Mars 2016

© Chili Philly / Absent Orange © Joe Webb / Grand Blanc © Andrea Montano / California Dreamin’ © Pénélope Bagieu - Gallimard / © Tim Yip Studio

06News

12 Style

Chili Philly : Gros bonnet

18Portfolio

Joe Webb : Coupé-décalé

28 Rencontre Stephen Street :A charming man

36Musique

Interview : Grand Blanc, Flume, Les Enchanteurs,

General Elektriks, Stranded Horse… Sélection concerts

62Disques

64LittératureDrôles de cases : Pauline Aubry,

Marion Montaigne et Pénélope Bagieu

74 Écrans

Interview : Felix Van Groeningen / Belgica, Festival2Valenciennes, Dans ma tête un rond-point, Jodorowsky...

84Exposition

Tim Yip, Agnès Varda, Drôles de trames !,

Ceci n’est pas l’Europe !, Game Changers… Agenda

108Théâtre & Danse Reportage : La Licorne, Le Sorelle Macaluso, Le Grand Bain, Via,

Cabaret de curiosités, King Kong Théorie… Agenda

138Le mot de la finAsya Kozina : Paper Girl

L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles,

sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement.

Ne pas jeter sur la voie publique.

PAPIER ISSU DE FORÊTS GÉRÉES DURABLEMENT

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - [email protected]

L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973Dépôt légal à parution - ISSN : en cours

Ont collaboré à ce n° : Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Elisabeth Blanchet, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Audrey Jeamart, Nicolas Jucha, Sean MacLeod, Raphaël Nieuwjaer, Marie Pons et plus si affinités.

Direction de la publication / Rédaction en chef Nicolas Pattou [email protected]

Rédaction Julien Damien [email protected]

Sonia Abassi [email protected]

Direction artistique / Graphisme Cécile Fauré[email protected]

CouvertureJoe WebbAntares And Love XIwww.joewebbart.com

Publicité[email protected]

Administration Laurent [email protected]

Réseaux sociaux Sophie Desplat

ImpressionImprimerie Ménard31682 Labège

Diffusion C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)

LM magazine France & Belgique28 rue François de Badts

59110 LA MADELEINE - F - tél : +33 362 64 80 09 - fax : +33 3 62 64 80 07

www.lm-magazine.com

Chambre avec vueDormir dans un tableau de Van Gogh ? C’est possible. En parallèle de l’exposition

Van Gogh’s Bedroom, l’Art Institute de Chicago a reproduit dans les moindres détails et en grandeur nature La Chambre de Van Gogh à Arles, signée par le

peintre hollandais en 1888. Pouvant accueillir deux hôtes, celle-ci est installée au cœur de la «Windy City» et le musée la loue pour la modique somme de neuf

euros la nuit. De quoi dormir sur ses deux oreilles... www.artic.edu

Voix de busDans la série « on n’arrête pas le progrès »,

voici le minibus Volkswagen qui lit les vinyles. Equipé d’une pile, d’un saphir

et d’un petit haut-parleur, le Record Runner tourne sur le disque en

suivant le sillon, diffusant à sa suite les précieuses mélodies... Le son n’est

pas terrible et on doute de la pérennité de la galette. Mais cette invention qui se

moque de nos bonnes vieilles platines nous fait tourner la tête. recordrunner.jp

© DR

© Stokyo

Double jeu Lego® a dévoilé sa première figurine en fauteuil roulant. Une belle idée certes, mais qui n’a pas spontanément germé dans la tête des dirigeants de la marque danoise. Ils répondent plutôt à la campagne #ToysLikeMe – « des jouets comme moi » – qui s’insurgeait du manque de représentation d’enfants souffrant de handicap. Une info à rapprocher d’une autre révolution : celle de Barbie, bientôt disponible en versions « noire », « ronde », « petite »... Un pas salutaire vers l’altérité donc... et aussi un petit enjeu financier, non ?

À la pageLes confessions de Sarkozy, les idées

pour la France de Copé, de Fillon... Bref, du livre politique en veux-tu en-voilà,

et pas vraiment de quoi se marrer dans nos librairies. En fait si, car certains

se sont amusés à disposer ces ouvrages avec une certaine finauderie, régalant les réseaux sociaux. L’ancien chef de

l’État appréciera ainsi de voir son joli bouquin posé à côté de Toujours aussi

cons ! de feu Cabu.

T’as le blues ou pas?

Cisco Herzhaft & Rockin’ Squat, Heymoonshaker, No Money Kids... Vrai qu’il a de la gueule le line-up

de la 12e édition du Beautiful Swamp Blues Festival. Que dites-vous d’un passage sur scène, en

première partie de ces légendes ? Vous vous y voyez ? ça tombe bien, les organisateurs du rendez-vous calaisien organisent un tremplin ouvert à tous, que vous soyez en

solo, en groupe, professionnels ou non. Alors, chiches ?

Beautiful Swamp Blues Festival : 30.03 > 01.05, Calais, Grand Théâtre & Centre culturel Gérard

Philipe // Appel à candidatures : jusqu’au 18.03 ! Dossier à télécharger sur : www.calais.fr

leje

udub

ande

au.t

umbl

r.com

/

Bra

ham

BR

AD

© b

_bra

d13

© Mattel © Lego

8MUSIQUE

WaterworldImaginez : un musée où l’on plonge dans l’eau turquoise de l’Atlantique pour admirer des sculpture posées à 14 m de profondeur. Il s’agit du Muséo Atlantico situé au large de l’île de Lanzarote. Une idée du britannique Jason deCaires Taylor, qui présente là une série de

250 statues créées avec des matériaux non polluants. Jusqu’à cet été on y verra des scènes quotidiennes mais aussi l’évocation du funeste exode de populations martyrisées.

www.underwatersculpture.com

La photo du mois

© J

ason

Dec

aire

s Ta

ylor

Fossiles de demainAvec leurs pupilles équipées d’objectifs

grand-angle et leurs greffes d’iPod dans le cerveau, les jeunes générations futures resteront sans doute coi devant

cet étrange objet. Un appareil photo argentique, un Ghetto-blaster, un

joystick... dans sa dernière série de sculptures, l’artiste Jeff Klarin imagine les fossiles de demain. Qui n’est pas si loin...

www.bughouse.com

Tendance Pas-de-CalaisPas « sexy » le Pas-de-Calais ? Eh bien figurez-vous qu’il est devenu le nom d’une maison de couture. Celle de la créatrice japonaise Yukari Suda, qui a décelé dans les paysages et la lumière de ce département, mais aussi dans l’inimitable dentelle calaisienne, une intarissable source d’inspiration. Arbo-rant de douces couleurs, ses vêtements ont fait fureur lors de la Fashion Week de New York. Alors, c’est toujours mieux ailleurs ? pasdecalais-int.com

© J

eff

Kla

rin

pas

de c

alai

s ©

Yuk

ai S

uda

© J

emal

Cou

ntes

s

26STYLE

10STYLE

10RENCONTRE

Burger, pizza, donuts… Quelle que soit votre envie, Phil

Ferguson, saura y répondre. Mais, attention, vous risquez d’être déçus, les créations de cet Australien de 23 ans se

dégustent uniquement avec les yeux. Confectionnés au crochet,

les délirants bonnets de Chili Philly ont fait le tour du monde.

Portrait d’un des nouveaux chouchous d’Internet.

>>>

Gros bonnetTexte Sonia Abassi Photo Chili Philly

11STYLE

CHILIPHILLY

O

12STYLE

Tout est parti du dessin-animé Adventure Time. Fraîchement débarqué à Melbourne, et s’ennuyant un peu, Phil Ferguson

exécute une réplique du célèbre bonnet blanc de Finn, héros de ce cartoon déjanté tiré de Donjons et Dragons. Une création pour laquelle cet ancien étudiant en art s’initie au crochet, dont il a appris les rudiments sur Youtube. Quelques tutos plus tard, le voilà passé maître en la matière. Laine, acrylique... qu’importent les textiles, ils les utilisent pour mieux répondre à son « obsession des couleurs ». Et question gamme chromatique, le fast-food dans lequel il travaille regorge de sources d’inspiration. Un dôme orange, une tranche verte et une pincée de rouge… notre artiste moustachu tricote d’abord un

bonnet aux allures de... ham-burger. Pour plaisanter, il ouvre un compte Instagram sur lequel il poste une photo de lui por-tant ce couvre-chef alléchant. « Comme les gens ont suivi le mouvement, je me suis dis que je tenais peut-être quelque chose ». Gagné. La toile s’est bien réga-lée, poussant Phil Ferguson à devenir Chili Philly.

« Je fais tout, tout seul !

De la création des pièces

aux photographies : cela

me permet de concrétiser

une idée tout de suite »

14STYLE

À visiter / www.chiliphilly.comÀ lire / Interview de Chili Philly sur www.lm-magazine.com

De fil en aiguille – Pancakes, donuts, glaces… Rares sont les desserts qui échappent au menu de celui dont les papilles s’affolent surtout avec « du bon vin et du café ». 75 clichés et 139 000 followers plus tard, ce créateur loufoque continue d’être l’unique modèle de ses photos. « Je fais tout, tout seul ! De la création des pièces aux photographies : cela me permet de concrétiser une idée tout de suite ». L’artiste en-chaîne les coiffes qui décoiffent : « généralement, il me faut un ou deux jours de travail pour en achever une ». Un atout majeur quand on est contacté par des publicitaires. « Je leur tricote des bonnets dont je poste immédiatement la photo sur Instagram avec une réfé-rence à la marque ». Quelques hashtags et un joli petit bas de laine à l’arrivée ? En tout cas, « mes œuvres ne sont pas à vendre, seulement à photogra-phier ». Dommage. On se voyait bien avec une tranche de pizza géante sur la tête !

17PORTFOLIO

Joe WebbCoupé-décalé

Texte Julien Damien Photo Air Strike

À visiter / www.joewebbart.com

Retrouvez l’interview de Joe Webb sur lm-magazine.com

D ingue ce qu’on peut faire avec un scalpel, un tube de glu et des vieux journaux. En quelques images découpées ici et là et réarrangées avec

un sens aigu de l’ironie, les collages de Joe Webb en disent plus sur l’état de notre pauvre planète que de longs discours. S’il avoue un attrait pour le cosmos (voir notre couverture) cet Anglais de 39 ans garde les pieds bien sur terre. Il s’est ainsi fait une spécialité de dénoncer les maux qui gangrènent le monde – « la guerre, la pollution… toutes ces choses complètement folles que nous nous infligeons au nom de l’économie ». Las de passer son temps devant un écran d’ordinateur, Joe Webb a délaissé son job de graphiste pour se consacrer corps et âme à son art. Qu’il a réduit à sa plus simple expression : pas plus de trois images par œuvre, « la narration est d’autant plus claire et concise ». Nul besoin de commenter, en effet, ces baigneurs qui barbotent dans une piscine posée au centre d’un paysage asséché... « Je ne cherche à culpabiliser personne, mais à mettre en lumière de grandes inégalités ». En cela nos revues, où voisinent publicités et photos de massacres, de famine ou autres catastrophes constituent une formidable manne. « C’est hallucinant d’y trouver les plus horribles des souffrances humaines à côté d’une pub pour Rolex ». Beaucoup de ces clichés proviennent aussi de la presse des années 1950-60, d’où l’esthétique vintage qui transpire de son travail. Évidemment, Joe Webb refuse nombre de commandes (« la plupart impliquant la vente de produits ») mais fait le bonheur des galeries d’art et des réseaux sociaux… une de ses cibles préférées.

Pages 18-19 : Bang / Lifes a Beach

Pages 20-21 : DJ

Page 22 : Distraction III / Hot Tub

Page 23 : Storm in a Tea Cup

Page 24 : Stirring up a storm

Page 25 : Swim

Un héros très discretTexte & Photo Elisabeth Blanchet

STREETStephen

Des Smiths à Blur en passant par Pete Doherty ou New Order, Stephen

Street a produit de légendaires artistes pop-rock – et même signé

Viva Hate avec Morrissey. Rencontre dans le studio londonien de ce

« charming man », sculpteur de sons, qui réalise en toute modestie

les albums des groupes qu’il affectionne.

>>>

29RENCONTRE

Le monde pleure David Bowie ce lundi 11 janvier. Stephen

Street confie que Ziggy Stardust est le premier vinyle qu’il s’est acheté. Et question disques, notre homme en connaît un rayon. Il en produit depuis les années 1980. En quoi consiste son job ? « C’est un peu comme réaliser un film », explique Stephen, 55 ans, devant les consoles du studio où il tra-vaille, The Bunker, dans le sud-est de Londres. « Mon rôle, c’est d’ai-der à modeler le son d’un groupe à un moment de son histoire ». La sienne débute à la fin des années 1970. Stephen galère en tant que guitariste. « Je passais d’une for-mation à l’autre mais ça ne me-nait nulle part ». À l’époque, de jeunes ingénieurs du son s’étaient mués en producteurs de type post-punk ou new-wave, comme Steve Lillywhite avec Siouxsie and The Banshees. « Je me suis dit : pour-

quoi pas moi ? ». Après avoir frappé à plusieurs portes, c’est finalement Island Records qui lui ouvre les siennes. « Un super label, j’avais 22 ans, j’y ai commencé comme assistant ». Au bout de deux ans, il devient ingé-son.

Bonne étoile – « Tout allait bien, on produisait du haut de gamme mais ma vraie percée, celle dont tout le monde a besoin dans l’industrie, eut lieu avec les Smiths ». Rough Trade, le label du groupe mancunien, avait réservé le studio un week-end. « Mon manager m’a demandé si je pouvais m’en occuper. J’ai dit oui ! Et voilà comment nous avons enregistré Heaven Knows I‘m Miserable Now et Girl Afraid en 1984. J’ai tout fait pour les impressionner et leur ai laissé mon numéro de télé-phone sans trop y croire... ». Quelques mois passent, puis Rough Trade l’appelle : les Smiths cherchent à produire leur deuxième album avec

« Mon rôle, c’est d’aider

à modeler le son d’un

groupe à un moment de

son histoire »

The Queen is Dead (1986) est sacré disque d’or. La pochette avec la photo d’Alain Delon, extraite du film L’Insoumis, a été conçue par Morrissey.

quelqu’un de confiance. « C’était ma chance. Tellement excitant pour moi de travailler avec eux. On était comme des gamins du même âge dans un magasin de bonbons sans adultes autour de nous ». Cette collaboration durera jusqu’en 1987 et la sortie de leur ultime disque, Strangeways, Here We Come. Observer, « attraper le bon son », in-fluencer la musique comme un membre de l’équipe et finalement co-produire, tel est le but de Stephen. « Bien sûr, il faut ressentir un lien émotionnel et stylistique avec les morceaux en question. Je ne bosse qu’avec des groupes que j’aime et auxquels je peux apporter quelque-chose ».

Viva Morrissey – « Quand les Smiths se sont séparés, j’ai décidé d’envoyer mes chansons à Morrissey ». Stephen savait que le chanteur et Johnny Marr ne fonctionnaient pas de manière conventionnelle. Johnny composait de son côté et donnait ses cassettes à Morrissey qui y ajustait ensuite des textes extraits de ses carnets. >>>

Backstage à la Reading University, février 1984. Couverture de The Sound of The Smiths © Tom Sheehan

32RENCONTRE

Une séance d’enregistrement avec Blur.

Stephen soumet donc un de ses enregistrements au grand homme... qui accepte de sortir son premier album solo avec lui ! « J’ai tout laissé tomber pour me consacrer à ce qui allait devenir Viva Hate. Le succès fut immédiat et je me souviens de l’entrée au hit-parade de Suedehead, le jour de la naissance de mon fils aîné, le 21 février 1988 ». Hélas, les deux hommes se brouillent pour des histoires de royalties.

Le petit groupe qui monte – Le Londonien n’est pas misérable pour autant. Après avoir produit le premier opus des Cranberries, qui reste son plus grand succès international, il s’intéresse surtout à un petit nom qui monte : Blur. « Leur single She’s So High m’a vrai-ment séduit. J’ai tout de suite vu qu’ils avaient quelque chose… ». Damon Albarn et ses comparses acceptent de rencontrer Stephen dans un pub de l’ouest londonien. « On s’est très bien entendus, on a fait une session test en studio et There’s No Other Way est sorti ». Certes, la maison de disques de Blur retient un autre producteur pour le deuxième album mais Stephen ne lâche pas l’affaire. « J’ai parlé avec Graham Coxon au détour d’un concert. Il doutait et avouait que ce dernier enregistrement s’était mal passé… ». Stephen le rassure et quelques jours plus tard, Damon Albarn lui demande de réaliser le fameux Parklife. La magie opère de nouveau : « J’étais encore plus connecté avec eux qu’avec les Smiths. Comme moi, ils sont de Londres, on sortait ensemble, Graham est devenu un très bon ami.

« On pouvait faire n’importe

quoi, ça sonnait toujours

de manière unique »

>>>

Blur, 2015 © Linda Brownlee

34RENCONTRE

On pouvait faire n’importe quoi, ça sonnait toujours de manière unique. Damon est à un tel niveau… ». Mais après avoir produit les mythiques Parklife (1994), The Great Escape (1995) et Blur (1997), l’aventure s’interrompt à nouveau... avant un retour en force en 2015 à la faveur de The Magic Whip.

Pete, Aline et les autres…Parmi les artistes épaulés par Stephen, Pete Doherty tient une place particulière. « J’ai beaucoup

d’affection pour lui. C’est un être humain merveilleux et un compositeur fantastique. Le problème avec Peter, c’est son style de vie et tous ces “vampires” qui l’entourent. J’ai essayé de le soutenir mais ce n’est pas facile. Parfois, on voit dans ses yeux qu’il lutte pour survivre ». Avec Doherty, Stephen se remet à la guitare, inclut Graham Coxon et le trio part en tournée. « C’est ainsi qu’à 50 ans je me suis retrouvé à jouer sur scène à Glastonbury ! ». Côté français, c’est pour les Mar-seillais d’Aline que Stephen a craqué. « C’est eux qui m’ont approché.

« J’aime les voix

françaises sur la pop »

Pete Doherty © Adrian Hunter

D’habitude je ne travaille pas avec des groupes étrangers car je tiens à comprendre les paroles ! Mais j’ai fait une exception car leur son me plaisait et j’aime les voix françaises sur la pop ». L’enregistrement se déroule à Bruxelles, et accouche du très réussi La Vie électrique.

Les temps changent – Stephen ne rêve pas d’une collaboration avec un artiste précis. « Je cherche surtout de nouveaux talents et c’est d’ailleurs pour ça que je suis connu ! En ce moment je bosse avec le prometteur Tibet ». Mais les temps ont changé et le métier de producteur est en voie de disparition. « Les ventes de disques sont tellement faibles aujourd’hui que les budgets de production sont eux-mêmes insignifiants ». Il ajoute que de plus en plus de musiciens arrivent en studio avec des maquettes élaborées « à la maison » grâce aux nou-velles technologies, et ont seulement besoin d’un ingénieur pour mixer le tout… Toute-fois, Stephen garde son éternelle fraîcheur, à l’affût d’un nouveau magasin de bonbons à dévaliser !

35RENCONTRE

Aline © Paul Rousteau

36MUSIQUE

36MUSIQUE

Ils se sont fait connaître avec Samedi la nuit ou Degré Zéro. Soit une musique exhumant les débris d’une industrie lourde,

les virées nocturnes et l’ennui sur les bancs publics. Du coup, on les a rangés hâtivement au rayon « cold wave ».

Mais les Messins révèlent avec ce premier album une palette bien plus large. Leur nom renvoie d’ailleurs à une page vierge sur laquelle il s’agit d’écrire des chansons aussi « lumineuses » que « froides ». Rencontre avec Camille

Delvecchio et Benoît David, les deux voix de Grand Blanc.

Comment décririez-vous votre musique ?Benoît : Quand on a sorti notre EP, on écoutait pas mal de new wave, de cold wave, de musiques des années 1980 et de variété française. On a mélangé tout cela avec des sons hip-hop, techno… Mais notre nouvel album n’affiche pas un genre particulier. On peut y trouver un morceau comme Surprise party, assez rock garage, et puis à côté un titre tel que Tendresse, plus néo-r’n’b.

Que cherchez-vous lorsque vous composez un morceau ?Camille : On ne souhaite pas raconter d’histoires. Nos chansons ne sont pas narratives. Benoît : On travaille beaucoup les allitérations et les paronomases. En assemblant deux mots dont le son est proche mais pas le sens, on accouche, parfois, d’une image sonore mystérieuse. Ces hasards troublants nous amènent à regarder le quotidien d’une manière surprenante.

>>>

Grand BlancLumières sur la ville

Propos recueillis par Julien Damien Photo Andrea Montano

38MUSIQUE

Comment trouvez-vous l’équilibre entre les textes et la musique ?Benoît : Il n’est pas évident de réaliser des chansons aux textes très fournis, surtout en Français. Sur cet album on a donc travaillé différemment.

Comment ?Benoît : Sans écrire de textes au préalable, on a commencé par composer la musique puis on y injectait des phrases. On a donc

fragmenté le texte en le plaçant seulement aux endroits que la musique autorisait. Ainsi, nous avons plus facilement obtenu cet équilibre.

Benoît, qu’est-ce qui vous inspire dans l’écriture ? En général je puise mes images dans le quotidien, des choses assez concrètes. On évite d’écrire des chansons trop poétiques, qui fuiraient la réalité, on ne triche pas, n’enjolive rien. Nos morceaux ressemblent au monde moderne, à une grande ville.

Votre environnement géographique, justement, la Lorraine et son côté un peu « sinistré », influence-t-il votre musique ?Benoît : Oui, on a grandi à Metz dans une région non pas horrible mais un peu en friche. Elle ne bénéficie pas d’une culture très unifiée ni de traditions fortes. Or, ado, tu ne sais jamais vraiment qui tu es. Si tu vis dans un endroit qui a une identité, tu trouves facilement des choses auxquelles t’attacher (comme la féria de Bayonne). Comme on n’avait rien de tout ça, on s’est senti libres d’inventer notre monde, un folklore constitué de parkings, d’églises en béton armé… Et puis, on aime ce côté gris, un peu pourri de notre région.

Mémoires Vives (Entreprise / Sony A+LSO)

Au sein de l’écurie Entreprise qui, loin de fantasmer sur le passé, dessine les contours d’un futur hybride, Grand Blanc fait à la fois figure de fer de lance et de joker. Par-delà ses singles, et sa jeunesse qui fait feu de tout bois, on tombe dans les bras de Bosphore (dont les acrobaties en remontrent à The Knife) ou des Abonnés absents (comme écrit par un Modiano punk) traversé d’éclats synthétiques, empli de spleen et de rock. Après l’Apocalypse, on se souviendra que cette pop bizar-rement lettrée aura contribué à notre survie dans nos grises pro-vinces en 2016. Rémi Boiteux

Disque

Quelles sont vos influences musicales ? Vous citez Bashung…Camille : En fait, on ne le cite pas énormément mais on nous en parle beaucoup. On est flattés, certes, mais ce n’est pas du tout une influence majeure.

Quelles sont-elles alors ?Camille : Elles sont plus à chercher dans l’electro, la techno, le punk, le hip-hop… et cela s’entend dans nos morceaux. Je pense que cette diversité est propre à notre génération qui était ado quand Internet s’est développé. On a ainsi eu accès à énormément de musique, on a beaucoup téléchargé et on possède tous une bibliothèque iTunes très vaste.

Un second album est-il en préparation ?Benoît : Cela ne va pas tarder. Il a été réalisé quasiment d’une traite, en trois semaines, dans un geste très énergique. Maintenant on va prendre plus de temps, pour expérimenter une autre manière de composer. On a hâte. Mémoire Vives, c’est la plus belle chose qu’on ait faite dans notre vie.

« Nos morceaux

ressemblent au

monde moderne, à

une grande ville »

09.03, Bruxelles, Botanique, 19h30, 18/15/12€, botanique.be

(+ La Femme), 10.03, Tourcoing, le Grand Mix, 20h, 19/16/5€, www.legrandmix.com

40MUSIQUE

Flume

Objectif LuneTexte Thibaut Allemand Photo Cybele Malinowski

Étoile montante de la scène électronique, Flume n'est pas encore au faîte de sa gloire, mais c'est une question de mois. En attendant, le

jeune producteur australien joue encore dans quelques salles à taille humaine. C'est le moment d'en profiter, avant la gloire. Ou la chute ?

M ême pas 25 ans et déjà le monde à ses pieds – ou peu s'en faut. Et

dire que, d'après la légende, le jeune Harley Streten aurait trouvé un logiciel de MAO dans un paquet de céréales. On a du mal à le croire, mais l'impor-tant est ailleurs : l'Australien a bouffé de l'electro dès le plus jeune âge. Au-jourd'hui, son nom est sur toutes les lèvres – et il sera inévitable dans tous les proverbiaux « raouts de l' été ». Drôle de destin pour un bonhomme qui aurait pu enchaîner les beat tapes (ou cassettes d'instrumentaux) dans la plus grande confidentialité, comme des milliers d'autres. Mais voilà : ses productions ont tapé dans l'oreille de quelques décideurs – une amitié avec Chet Faker et un remix bien placé de Disclosure auront suffi à le faire connaître par-delà le vaste monde.

19.03, Bruxelles, Palais 12, 18h, 37/32€, www.palais12.com

01.07, Arras, Mainsquare Festival, 49€, mainsquarefestival.fr

41MUSIQUE

Zeitgeist – En deux albums remplis de house kétaminée tout en basses surfil-trées et beats désossés, Flume a impo-sé sa patte. Très dans l'air du temps, en fait. Car aussi chouettes soient les prods de ce disciple de Jamie XX et FlyLo, elles pourraient demeurer pri-sonnières de leur époque – le mitan des années 2010 – et paraîtront sans doute datées dans quelques années. Oui, un peu comme la jungle ou la drum&bass des nineties, qu'on écoute avec une pointe de nostalgie, mais l'ex-citation évaporée. Bah, qu'importe ! Le son de Flume s'écoute et se déguste ici et maintenant – et tant pis si tout cela doit partir en f(l)umée.

42MUSIQUE

Les Enchanteurs

Concerts en terres inconnues17e édition déjà pour ce festival qui se déroule durant cinq semaines dans 23 communes du Pas-de-Calais. L’événement est porté par Droit de Cité, une association créée par des villes du bassin minier qui ont eu la bonne idée de mutualiser leurs moyens. Le principe ? Des concerts disséminés dans des petites salles pas forcément habituées à vibrer, mais qui n’attendaient que ça. Gymnases, médiathèques… autant de lieux inattendus qui ont ainsi accueilli Miossec, Arthur H ou Jacques Higelin. Mais changement de cap cette année. « On revient à ce qu’on proposait au tout début, en mettant l’accent sur la découverte », note Grégoire Thion, de Droit de Cité. Pas de noms ronflants donc, mais des artistes aussi méconnus que talentueux. Citons Sonic Boom Six ou Buster Shuffle, agitateurs de la nouvelle scène ska anglaise, les non-moins secoués Debout sur le Zinc et tous les habitués des premières parties qui feront regretter à beaucoup de ne pas se pointer à l’heure aux concerts. Au hasard : Temenik Electric, ou le ma-riage réussi entre l’électro-rock et les sons traditionnels du Maghreb. Enfin, notons la présence de Mickey[3d] qui vient respirer le bon air d’Houdain pour défendre son nouvel album. Et c’est pas rien de le dire. Julien Damien

Jusqu’au 09.04, Pas-de-Calais, divers lieux, pass : 75€ / pass 5 concerts : 30€ / 1 concert :

16>6€, www.droitdecite.com

Prog : 03.03 : Debout sur le Zinc // 04.03 : Pierpoljak // 11.03 : Los Tres Puntos + Temenik Electric // 17.03 : Greg Laraigne + Sonic Boom Six + Buster Shuffle // 18.03 : Les Hurlements

d'Léo chantent Mano Solo // 31.03 : Mickey[3d] // 08.04 : Karpatt et HK & Les Saltimbanks…

Mic

key[

3d]

© Y

ann

Orh

an

44MUSIQUE

Alex BeaupainC'est vrai, Loin, dernier album en date du Bisontin, est… loin d'être à la hauteur de nos attentes. Ce

complice de Julien Clerc s'est perdu dans la (mièvre) variété. Cependant, sur scène, on est assurés de

retrouver ce qui nous a plu chez ce songwriter prolifique mais discret : des confidences mélancoliques, un

sens certain de la mélodie, un charisme de timide, et quelques chansons de ses meilleurs albums (dont 33 Tours et Les Chansons d'amour). T.A.

11.03, Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 14>8€ 12.03, Saint-Omer, Comédie de l'Aa, 18h, 16/11€

14.05, Lens, Scène du Louvre-Lens, 20h30, 25>12,50€

HorsebeachCette bonne vieille cité de Manchester bouge encore. La preuve avec Horsebeach, mené par le multi-instrumentiste Ryan Kennedy. Poussant le concept d'indépen-dance à son paroxysme, ce disquaire s'autoproduit, mais enregistre également seul – ou presque : le batteur Matt Booth l'a secondé sur une partie ou deux. Sur scène, on a affaire à un quatuor appliqué, terriblement habité par des chansons qui doivent beaucoup aux Smiths, mais également à la jeune garde américaine (Ducktails, Real Estate…). Ce savoir-faire certain pour les confessions fait souvent mouche et devrait, dans le cadre intime de la Péniche, emporter tous les suffrages. T.A.

05.03, Lille, La Péniche, 20h, 12/10/5€, www.lapeniche-lille.com

© R

udi W

aks

© D

R

46MUSIQUE

CollegePour brosser le portrait de College en peu de mots, on évoquerait un chauve binoclard et son ordi, (le nantais David Grellier), le label Valerie et les amis (Anoraak, Minitel Rose…). On aborde-rait ce revival synthétique 80's qui n'en finit plus – près de quinze ans que ça dure, tout de même ! Et l'on mentionnerait la BO de Drive (2011), où il figurait aux côtés de Desire ou Kavinsky. Enfin, on préciserait que si College n'est pas vraiment une star en France, il est néanmoins signé chez Invada à l'étranger – oui, le label de Geoff Barrow (Portishead). Enfin, Grellier n'est autre que Mitch Silver, moitié des navrants Sexy Sushi. On préfère le voir ici redoubler son College. T.A.

10.03, Lille, L'Antre 2, 20h30, 8/5/1€, www.univ-lille2.fr

Redouanne Harjane« J’ai un ami mythomane, le jour de sa mort il a vu défiler la vie d’un autre ». Chapeau vissé sur la tête, guitare sous la main, Redouanne Harjane dézingue les codes de l’humour. Le sien est plutôt noir et désabusé. Mais sous ses airs d’adulescent dépressif, le showman cache un

insatiable rêveur, chantant sur scène son drôle de monde. Poétique, son style a d’ailleurs touché Orelsan qui l’a fait jouer dans son film Comment c’est loin. S.A.

+ OXMO PUCCINO : 05.03, Lille, L'Aéronef, 20h, 26>14€, www.aeronef-spectacles.com 18 & 19.05, Lille, Le Spotlight, 21h30, 29/26/22€, www.spotlight-lille.com

© J

ulie

n Li

enar

Céc

ile G

enes

t

48MUSIQUE

The AbyssiniansSi le reggae fut une musique de lutte et de rébellion,

il demeure parfois conservateur – en témoigne le reggae roots, fidèle aux valeurs rastafari. Ainsi de

The Abyssinians, groupe fondé en 1968 et signé un temps chez Studio One, label du fameux Sir Clement

Coxson Dodd. Auteur du fameux Satta Massagana (1975), le groupe, qui a connu de multiples splits et reformations, perpétue la légende, réveillant un

tempo et des riddims épiques. T.A.

10.03, Bruxelles, VK*, 19h30, 23/20€, www.vkconcerts.be 22.03, Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 18/15€,

www.ville-lomme.fr

BreakbotNe pas se fier à son allure dégingandée, ce type a signé quelques brillants remixes (Justice, Metronomy) et a risqué sa peau un soir de 2013 en jouant au Parc des Princes Jump de Van Halen... soit l'hymne de l'OM. Ce grand étourdi est surtout le tenancier d'une musique électronique transpirant le funk et le disco (son immense tube Baby I'm Yours, 2012). Concocté avec Irfane son deuxième album, Still Waters, succède à By Your Side sans rien trahir de cette démarche dance (assumée). C'est frais, et ne vise rien d'autre que l'hédonisme. Bref, une date remuante qui convoque d'autres poulains de l'écurie Ed Banger, comme DJ Pone (dans une veine plus hip-hop) ou l'ex-TTC Para One. J.D.

19.03, Lille, L'Aéronef, 21h, 26>14€, www.aeronef-spectacles.com

© D

R

© S

o M

e

50MUSIQUE

23.03, Lille, L’Aéronef, 20h, 22>10€, www.aeronef-spectacles.com

30.03, Bruxelles, Botanique, 19h30, 20>14€, botanique.be

02.04, Beauvais, L’ouvre-boîte, 20h30, 18>13€, www.asca-asso.com

31.05, Arras, Théâtre, 20h, gratuit, www.tandem-arrasdouai.eu

General Elektriks

Monsieur 100 000 volts

Ce n’est pas tant l'actualité discographique de General Elektriks qui nous branche, mais plutôt les apparitions scéniques qui lui sont consécutives.

Du groove un peu intello qu’il enregistre en studio, Hervé Salters tire sur les planches un funk brûlant. Et devinez quoi, il a récemment sorti un album !

To Be a Stranger est le titre de ce quatrième disque. Une référence sans doute à la bougeotte de l’homme qui a choisi le nom d'une compagnie d’électri-cité : successivement Parisien, Londonien, San Franciscain et fraîchement atterri à Berlin. Cette figure de l’ombre fut un prolifique partenaire de studio et accompagna sur scène quelques têtes d’affiche (M, Femi Kuti, Blackalicious…) avant de publier, depuis la Californie, le flamboyant Good City For Dreamers en 2009. La réputation de génie des claviers vintage, doublée d’un titre de showman cravaté était en marche. La griffe de General Elektriks, c’est bien sûr le Clavinet, ce clavier emblématique des seventies, prisé autant par Stevie Wonder, Led Zeppelin que Kool & The Gang (et aussi Teri Moïse pour Les Poèmes de Michelle). Sur scène, Hervé Salters n’a rien d’un claveciniste appliqué, il martèle son instrument fétiche comme une percussion tribale et dévergonde avec malice ses compositions un poil sophistiquées. Face au public, notre homme s’électrifie et son groove se déploie avec exubérance, non sans quelques nuances. Un « boogie anguleux » contre lequel on se cogne avec plaisir. Mathieu Dauchy

© T

im D

euss

ens

52MUSIQUE

24.03, Bruxelles, Le Brass, 20h, 10/8€, lebrass.be

25.03, Roubaix, La Cave Aux Poètes, 20h, 12/10/8€, www.caveauxpoetes.com

Stranded Horse

Kora corps

Qu'elle est belle, l'épopée de Stranded Horse ! Un parcours qui s'étale sur une quinzaine d'années, prend sa source dans l'underground folk parisien et se poursuit sur les côtes ouest-africaines pour revenir en

France, les yeux et les oreilles chargés de souvenirs et de savoir-faire.

À l'origine, un dénommé Yann Tambour. Drôle de tour joué par l'état civil au vu de la discrétion d'un musicien qui, sous l'alias Encre, s'adonna à l'acoustique perturbée de boucles électroniques entre 2001 et 2006. Du folk bricolo ? Pas si simple : sombre, introspective, cette musique happait la lumière et remuait les tripes. En dépit d'un succès critique, Encre ne parvint jamais à toucher les foules. Ceci pourrait changer avec Stranded Horse. Cet avatar voit le trentenaire se renouveler en sortant de ses petites habitudes. C'est avant tout le fruit d'une rencontre avec un instrument peu usité dans la pop, la kora. Un instrument de la famille des harpes originaire d'Afrique de l'Ouest. Le Français découvre l'engin par hasard, lors d'un festival dans la Manche. Une révélation. Il s'appro-prie l'objet, voyage au Sénégal, et travaille avec Boubacar Cissokho. En trois albums ponctués de relectures étonnantes (Joy Division, The Smiths, Jackson C. Frank…), Yann Tambour maîtrise de mieux en mieux l'engin – finissant même par construire ses propres koras chromatiques. Alors, au risque de conclure sur une pointe cucul la praline, on goûte ses métis-sages sonores et culturels, au moment où les frontières semblent plus que jamais infranchissables. Thibaut Allemand

© P

asca

l Am

oyel

54MUSIQUE

Nekfeu« Le rap c'est bien sympa, mais t'assures pas

gros. Faudrait que j' te casse un bras pour que tu fasses une radio ! ». C'est l'une des punchlines avec lesquelles Nekfeu a détruit le pauvre Logik Konstantine, sur le plateau de Rap Contenders.

Nous sommes en 2011. Le web s’enflamme autour de cette émission, avant de découvrir un premier

album (Feu, 2015), et une valeur sûre du rap français. N’en déplaise à Yann Moix. S.A.

29.03, Bruxelles, Forest National, 20h, 40>30€ 01.04, Lille, Zenith, 20h, 40>35€

02.07, Arras, Mainsquare Festival, pass 1 jour : 49€

Fat Freddy's DropMusique parfois conservatrice (le style roots et tutti quanti), le reggae n'en reste pas moins ouvert aux quatre vents – et pas forcément réservé à la seule périphérie de Kingston. Si la déclinaison française nous a toujours fait marrer, on prend plus au sérieux la version néo-zélandaise. Pourquoi ? Parce qu'il y a Fat Freddy's Drop. Depuis quinze ans, ces sept Kiwis revitalisent le genre en y glissant du funk, du jazz, de la soul, du hip-hop, voire quelques courants d'air techno. Un gloubi-boulga informe ? Un nectar sonore, plutôt. Pas étonnant que Gilles Peterson ait fondu pour ce groupe de scène dont le premier LP fut… un live. Toujours bon signe, ça. T.A.

29.03, Anvers, De Roma, 20h30, 28>24€, www.deroma.be 07.04, Lille, L'Aéronef, 20h, 26>14€, www.aeronef-spectacles.com

© J

ulie

n Le

nard

© H

arry

A’C

ourt

– I

njec

t D

esig

n

Mar 01.03JUNIOR BOYS - JESSY LANZA Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 18/15/12e

WILLIAM SHELLER Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 41/ 34 / 31 e

FIODOR NOVSKI Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e

Mer 02.03ALICE ON THE ROOF Opwijk, Nijdrop, 19h30, 16/13e

COMÉDIES MUSICALES À BROADWAY Lille, Nouveau Siècle, 20h, 50>5e

SOULFLY Gand, Vooruit, 21h, 21,75e

Jeu 03.03[PIAS] NITES : FAT WHITE FAMILY + FEWS + YOUNG RIVAL Liège, Reflektor , 19h30, 15e

COMÉDIES MUSICALES À BROADWAY Lille, Nouveau Siècle, 20h,

50>5e

FUN LOVIN' CRIMINALS Louvain, Het Depot, 20h, 28 / 25 / 22e

GIEDRÉ Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 23,80/20,80e

ONCE UPON... RON MORELLI + MARCUS VECTOR + ERIC DUNE Lille, L'Aéronef, 21h, 10>3e

Ven 04.03FUN LOVIN' CRIMINALS PLAY Gand, Vooruit, 19h30, 26,75e

MASS HYSTERIA Lille, Le Splendid, 20h, 24e

PIERPOLJAK (LES ENCHANTEURS) Bruay-La-Buissière, Espace Culturel Grossemy, 20h, 15/13/10e

WILLIAM SHELLER Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 44>38e

STEPHAN EICHER UND DIE AUTOMATEN Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 34/30e

THE INSPECTOR CLUZO + CHATEAU BRUTAL Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 9/6e

URI CAINE & DAVE DOUGLAS Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 14/8e

Sam 05.03HUBERT-FÉLIX THIÉFAINE Calais, Le Channel, 19h30, 35/25e

HORSEBEACH Lille, La Péniche, 20h, 12/10/5e

OXMO PUCCINO + RÉDOUANNE HARJANE Lille, L'Aéronef, 20h, 26>14e

ROVER + MANSFIELD TYA Douai, L'Hippodrome, 20h, 20>9e

AXELLE RED Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 20h30, 34>28e

PRESQUE OUI (LES ENCHANTEURS) Auchy-les-Mines, Salle des fêtes d'Auchy-les-Mines, 20h30, 10>6e

Larry Gus Ce drôle de Gus s'est ébroué durant une paire d'années du côté d'Athènes avant d'être repéré

par l'insigne maison DFA Records. Forcément, ça aide. Conjuguant d'étranges velléités de crooner

décalé à une volonté de remuer les masses, l'Hellène a depuis signé trois albums hautement recommandables. Refusant tout plan d'austérité, cette pop brindezingue mêle cuivres célestes,

chorales débraillées et collages sonores abscons mais pas si bêtes. Sur scène, l'hurluberlu affiche un charisme hors-norme – mais ça, on s'en doutait déjà.

04.03, Bruges, Cactus, 20h, 11/8/5€/gratuit, www.cactusmusic.be

© Kostantia Manthou

ConcertsSÉLECT ION

ROKIA TRAORÉ Amiens, Maison de la Culture d'Amiens, 20h30, 27>12e

YOUSSOUPHA + LE FOND ET LA FORME Oignies, Le Métaphone, 20h30, 19>13e

DJ JAZZY JEFF Lille, Le Magazine, 23h, 15e

FIGURE NACHT WITH LEN FAKI Bruxelles, Fuse, 23h, 16e

Dim 06.03OH WONDER + EVRST Lille, L'Aéronef, 18h, 15>5e

Lun 07.03EAGLES OF DEATH METAL Lille, Le Splendid, 20h, 27,50e

Mar 08.03!!! - STEREOLAD Bruxelles, Botanique, 20h, 21/18/15e

LOU DOILLON Lille, Le Splendid, 20h, 28,50e

CHRISTOPHE WILLEM Anzin, Théâtre d'Anzin , 20h30, 40/30e

GRUPO COMPAY SEGUNDO DE

CUBA Roubaix, Le Colisée, 20h30, 35>10e

Mer 09.03GRAND BLANC Bruxelles, Botanique, 20h, 18/15/12e

CHRISTOPHE WILLEM Calais, Le Grand Théâtre, 20h30, 39/36e

Jeu 10.03MACKLEMORE & RYAN LEWIS Anvers, Antwerp Sportpaleis, 18h30, 51/46/41e

THE ABYSSINIANS Bruxelles, VK*, 19h30, 23/20e

YANIS + WE ARE MATCH Liège, Reflektor , 19h30, 14e

LA FEMME + GRAND BLANC Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19>5e

LA MUERTE Courtrai, De Kreun, 20h, 18/15/12e

VON PARIAHS + BOMBAY Lille, L'Aéronef, 20h, 15>5e

COLLEGE Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e

Ven 11.03

ALEX BEAUPAIN Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 14/8e

GREGORY PORTER Anvers, De Roma, 20h30, 34/32e

LOS TRES PUNTOS + TEMENIK ELECTRIC + DEX METAL (LES ENCHANTEURS) Carvin, Salle des fêtes, 20h30, 12>8e

CLAPTONE Lille, Le Magazine, 23h, 15e

Sam 12.03GRAND JOJO EN CONCERT Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 38 /33 e

HALF MOON RUN + AIDAN KNIGHT Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19>5e

SOUAD MASSI Bruxelles, Ancienne Belgique Flex, 20h, 30e

MARGARET CATCHER + DEUX BOULES VANILLE… Lille, L'Aéronef, 20h, 13e>gratuit (abonnés)

LUKE + LA MAISON TELLIER Oignies, Le Métaphone, 20h30, 18>12e

© D

R

The InternetDu fait, entre autres, des figures Earl Sweatshirt et Tyler, The Creator, le collectif Odd Future a souvent été

réduit à son nihilisme de tête brûlée. Sauf que la famille décomposée de

Los Angeles s'est également illustrée dans le renouveau R&B – en témoigne

le talent d'un Frank Ocean. Moins exposé, The Internet demeure pourtant

une valeur sûre du genre, à situer quelque part entre le parrain D'Angelo

et la jeune pousse FKA Twigs. Bref, les meilleurs fournisseurs d'excès.

57MUSIQUE

16.03 Bruxelles, VK*, 19h30, 17/14€, www.vkconcerts.be // 25.03, Tourcoing, Le Grand

Mix, 20h,16>5€, www.legrandmix.com

Arthur H« Du music-hall contemporain ». C'est ainsi

qu'Arthur H présente sa nouvelle tournée. Plus qu'un simple concert, donc, le songwriter et

écrivain a imaginé un spectacle et, pour ce faire, s'est adjoint les services du metteur en scène

de Fauve ou Stromae – que ces références vous inspirent ou non, vous aurez saisi l'idée : il s'agit

d'en mettre plein la vue. Pour les oreilles, son timbre tellurique déroule un vaste répertoire où se bousculent chanson, rock, pop ou disco… Le

tout avec un talent majuscule, forcément.19.03, Béthune, Théâtre Municipal, 20h30, 22/18€, www.theatre-bethune.fr // 31.03 Valenciennes, Le Phénix, 20h,

35>9€, www.lephenix.fr

© L

éono

re M

erci

er

NINE BELOW ZERO Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 17/14e

ELLIOTT MURPHY Lillers, L'Abattoir, 21h, 18/15e

ETIENNE DE CRÉCY + THE BABEL ORCHESTRA + FABRICE LIG + GLOBUL Charleroi, Rockerill, 22h, 12e

KAS PRODUCT + SUPPORT Bruxelles, Beursschouwburg, 22h, 13/10e

Dim 13.03MARTA (OPÉRA DE WOLFGANG MITTERER) Lille, Opéra, 16h, 34/25/18/10/5e

HUGH COLTMAN Lille, L'Aéronef, 18h, 26>14e

PETITE NOIR + GRIFON Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 13>5e

THE WANTON BISHOPS…Dunkerque, Les 4 Ecluses, 18h, 10/7e

Mar 15.03MARBLE SOUNDS / ISBELLS Gand, Vooruit, 19h30, 18,75e

MARTA (OPÉRA DE WOLFGANG

MITTERER) Lille, Opéra, 20h, 34/25/18/10/5e

Mer 16.03HIPPOCAMPE FOU Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e

MACEO PARKER Anvers, De Roma, 20h30, 24/22e

Jeu 17.03DIDON ET ÉNÉE (ATELIER LYRIQUE DE TOURCOING) Tourcoing, Théâtre Municipal Raymond Devos, 20h, 45>6e

MARTA (OPÉRA DE WOLFGANG MITTERER) Lille, Opéra, 20h, 34/25/18/10/5e

GREG LARAIGNE + BUSTER SHUFFLE + SONIC BOOM SIX (LES ENCHANTEURS) Rouvroy, Salle des fêtes de Rouvroy, 20h30, 10>6e

Ven 18.033ÈME ÉDITION DU MICROPHONE CHECK - SPÉCIAL BELGIQUE (R2F – K-OTIK, PAKO, YOUSSEF SWATT’S...) Lille, Le Flow , 20h, Gratuit

BURAKA SOM SISTEMA + ALO WALA Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25e

MERZHIN Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12>8e

GREGORY PORTER Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 20h30, 46>40e

JUNIOR RODRIGUEZ AND THE EVIL THING Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e

LA CARAVANE PASSE + LES BRUITS D’COMPTOIRS Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 12/9e

LES HURLEMENTS DE LÉO CHANTENT MANO SOLO + LES IDIOTS (LES ENCHANTEURS) Arras, Le Pharos, 20h30, 7>1,50e

SCOTT MATTHEW Dixmude, 4AD, 20h30, 12 / 10 / 8 e

Sam 19.03[PIAS] NITES : FLUME Bruxelles, Palais 12, 18h, 35,50e

JOE JACKSON Anvers, Trix, 19h30, 30e

ABD AL MALIK Mons, Le Manège, 20h, 20e

MARTA (OPÉRA DE WOLFGANG MITTERER) Lille, Opéra, 20h, 34/25/18/10/5e

ARTHUR H Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 22/18e

LEE "SCRATCH" PERRY : 80TH ANNIVERSARY SHOW Anvers, De Roma, 20h30, 22/20e

MERZHIN + LES YEUX DE LA TÊTE (LES ENCHANTEURS) Beuvry, Maison du parc de la Loisne, 20h30, 12>8e

VIANNEY + EMILIE GASSIN Oignies, Le Métaphone, 20h30, 19>13e

BREAKBOT + PARA ONE + DJ PONE + WOODINI + DABEULL Lille, L'Aéronef, 21h, 26>14e

Lun 21.03THE SISTERS OF MERCY + LSD ON CIA Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h, 41e

LA YEGRO

Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 15e

Mar 22.03TINDERSTICKS Louvain, Het Depot, 20h, 38 / 35 / 32e

SAUL WILLIAMS Anvers, Arenbergschouwburg, 20h30, 16e

THE ABYSSINIANS Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 18/16e

Mer 23.03BLACK BOX REVELATION Liège, Reflektor , 19h30, 18e

GENERAL ELEKTRIKS + GUTS + AFTER-LIVE DE VERLATOUR Lille, L'Aéronef, 20h, 22>10e

ROVER Bruxelles, Botanique, 20h, 23/20/17e

THE ANGELCY + TIM FROMONT PLACENTI Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e

Jeu 24.03DJ KRUSH Liège, Reflektor , 20h, 15e

CARMEN MARIA VEGA Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 15/12e

Ven 25.03LEE SCRATCH PERRY + ZENZILE Lille, L'Aéronef, 20h, 22>10e

STRANDED HORSE + MOHDD Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12>8e

THE INTERNET Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16>5e

STUCK IN THE SOUND + RHUM FOR PAULINE Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 14/9e

CASEY Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h30, 8e

DJ KRUSH Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, 18/15/13/5e

Sam 26.03BRIGITTE Saint-Quentin, Le Splendid, 20h30, 35e

UN CONCERT HOBO DE DICK ANNEGARN

Jane Weaver Elle n'est pas exactement une débutante. Dans une vie antérieure, elle eut même pour manager Rob

Gretton – oui, celui de New Order et copropriétaire du club déficitaire The Haçienda. En 2015, elle bénéficie d'un coup de projecteur inattendu à

l'occasion de la découverte tardive de The Silver Globe. Folk psyché, krautrock, chant habité et orchestrations sans âge donnent le tournis. On

songe en vrac à Kate Bush et Joe Meek, Broadcast et Vashti Bunyan. Très en vogue, ces références peinent cependant à définir la maestria de la Mancunienne.

LES FEMMES S’EN MÊLENT : 01.04, Lille, La Péniche, 20h, 13/12€, www.lapeniche-lille.com

www.lm-magazine.com

© R

ebec

ca L

upto

n

62DISQUES

Cinquième album après… cinq ans d'absence. On craignait un poil de trouver nos Junior Boys un peu dépassés. Craintes vite évaporées : le tandem canadien a toujours été à part, jamais dans la tendance mais toujours dans la bonne direction. Géographiquement séparée – Matt Didemus réside désormais à Berlin, tandis que Jeremy Greenspan est resté dans l'Ontario et traîne avec Caribou – la paire n'en a pas moins conservé d'excellents réflexes au moment de

composer un tube (C’Mon Baby, les fans de Hot Chip devraient apprécier) ou de dépoussiérer de vieux standards blue-eyed soul oubliés (What You Won’t Do for Love, de Bobby Caldwell). Pour le reste, on navigue entre souvenirs acid, house de Chicago ou R&B porté sur le stupre. Ce voyage à travers 30 ans de dancefloors pourrait virer au pastiche ou au catalogue – il n'en est rien, tant les Canadiens s'approprient chaque genre. Certes, on ne retrouvera peut-être jamais la mélancolie diaphane de Last Exit (2004), premier essai sans doute indépassable. Or, le spleen se planque dans les plis de ces morceaux faussement hédonistes et plus profonds qu'ils n'y paraissent – un peu comme New Order ou Pet Shop Boys avant eux, tiens. Thibaut Allemand

Junior BoysBIG BLACK COAT (City Slang)

The Magnetic NorthPROSPECT OF SKELMERSDALE (Full Time Hobby / PIAS)

Erland Cooper et l’ex-Verve Simon Tong nous avaient en-chantés avec la dernière livraison d’Erland & The Carnival (Closing Time, 2014). Leur autre projet, The Magnetic North, porté par la voix et les arrangements féériques de

Hannah Peel, révèle une autre perle pop. Fruit d’une réflexion autour de la ville où Tong a vécu son enfance (et qui a accueilli en masse les adeptes de la Méditation transcendantale), Prospect of Skelmersdale est surtout une collection de morceaux mélancoliques. Les orchestrations cinématographiques y transcendent justement une atmosphère pluvieuse à souhait. On tourbillonne avec A Death in The Woods, et les discrètes touches synthétiques finissent de hachurer cette gravure en noir et blanc à l’attrait magnétique. Rémi Boiteux

Disque du mois

Cavern Of Anti-MatterVOID BEATS / INVOCATION TREX

(Duophonic / Differ-Ant)

Qui n'a pas monté son groupe krautrock ? Levez les doigts, que je vous compte ! Après Geoff Barrow (et son projet Beak>),

Yann Tiersen (et son trio ESB), voici Cavern Of Anti-Matter, mené par Tim Gane. Soit l'âme des gauchistes pop McCarthy et, surtout, de Stereolab, formation rétro-futuriste citée 156 458 fois par jour dans des chroniques musicales (d'après une étude très sérieuse de l'Université d'Oxford). Autant dire que l'Anglais connaît son sujet, question rythmiques motorik et nappage de synthés célestes – Neu! en tête. Instrumentale et obsédante, cette grosse heure se suffit à elle-même, et les invités de luxe tels Bradford Cox sont presque de trop. Pas grave, on tient une nouvelle BO idéale pour nos trajets à Düsseldorf en Volkswagen. Thibaut Allemand

Steve MasonMEET THE HUMANS (Double Six / Domino)

Bonne nouvelle ! Jadis fin mélodiste enfumé, esprit baba new school avec The Beta Band, Steve Mason, sévèrement dépressif, s'était réinventé plusieurs fois. Citons King Biscuit Time, Black Affair (avec l'aide d'un certain Jimmy Edgar) et deux LP sous son propre nom. Hélas, tous ces albums, aussi réussis soient-ils, n'au-raient jamais l'impact du tube Dry The Rain. Aujourd'hui, l'Ecossais délaisse (un peu) l'électronique pour revenir à ses premières amours, une pop luxu-riante et nonchalante – néanmoins parsemée de touches synthétiques. On la qualifiera de folktronica, faute de mieux. Note aux aficionados de Django Django qui n'auraient jamais entendu une note de ce talent trop méconnu : jetez une oreille… Thibaut Allemand

The CoralDISTANCE INBETWEEN (Ignition / PIAS)

De secret le mieux gardé de Liverpool, The Coral est devenu, au fil d’une discographie irréprochable, un sésame pour les fans de pop. De pépites folk en psychédélisme barré, la bande menée par James Skelly (et que Bill Ryder-Jones a hélas quittée) mêle classicisme et excentricité avec une élé-gance infinie. Sur Distance Inbetween, ce sont les inflexions stoner qui surprennent d’abord, sans convaincre entièrement, là où les ambitions californiennes de Butterfly House continuent de nous ravir. Saisis par la grâce du majestueux morceau-titre ou de l’étrange She Runs The River, on y revient pourtant et les transes de Connector finissent par nous emporter. Disque imparfait, mais chez The Coral il y a toujours des étincelles pop à saisir. Rémi Boiteux

64LITTÉRATURE

Quelle est la place des femmes dans la BD ? Drôle de question... Si quelques malotrus angoumoisins en doutent encore : non, les dessinatrices talentueuses ne manquent pas. Dans ce domaine Claire Bretécher

est bien l’arbre qui cache la forêt. Rencontre avec trois auteures atypiques, toutes débordantes d’humour.

Drôles de damesBande dessinée

Dossier réalisé par François Annycke & Julien Damien

Pauline AubryUne case en plus

Propos recueillis par François Annycke

Le trait frise la caricature, la palette de couleurs est limitée mais le dessin est efficace. Pauline Aubry s’est fait remarquer avec Les Mutants. Une BD entre crises d’angoisse, points noirs

et bleus à l’âme, mais servie par un ton drôle et léger.

Quel est le sujet de votre album ? Je me suis intéressée aux problèmes psychiques des jeunes pour qu’on arrête de les prendre pour des extra-terrestres. J’y ai ensuite apporté une expérience personnelle via des ateliers que j’ai menés dans une institution avec des adolescents.

Comment avez-vous trouvé votre style ? Difficilement ! Je n’étais pas très douée en dessin. Mais j’aime racon-ter des histoires. Il a donc fallu que je développe ma propre technique pour y arriver.

Interview

>>>

© Ariane Geffard

66LITTÉRATURE

C’est-à-dire ? Au début, je visais un certain réalisme. Puis, on m’a suggéré de tra-vailler à la plume sur une table lumineuse et ce fut la révélation ! J’ai allégé les traits, retiré les cases. En épurant mon travail, j’ai réalisé que la couleur n’a pas besoin d’être narrative. J’ai donc limité ma palette à trois tonalités.

Comment concevez-vous une expo-sition BD comme à Angoulême ?En évitant de présenter uniquement des planches. En montrant com-ment je me suis construite en tant qu’adolescente dans les années 1990. Pour cela, j’ai rassemblé des pho-tos d’amis, mes agendas, les petits

mots qu’on s’échangeait en classe. Il y avait aussi une bande-son de l’époque. C’est vraiment la question au cœur du livre : en quoi l’ado-lescence consiste-t-elle ?

Qu’avez-vous pensé de la polémique liée à la sous-représentation des dessinatrices dans la sélection officielle à Angoulême ? Le milieu de la BD est-il sexiste ? Je n’ai pas ce sentiment. Cette polémique s’est construite sur des raccourcis. Parmi les auteurs sélectionnés il y avait des femmes. C’est vrai qu’on imagine le bédéaste comme un geek qui porte des t-shirts

et des jeans sales et réalise des BD de motards. Mais des auteures comme Marion Montaigne, Pénélope Bagieu ou, avant, Bretécher, bousculent largement ce cliché.

Y a-t-il un humour féminin ? Je ne pense pas. Marion, par exemple, cultive un humour unisexe. Et allez faire un tour du côté de Lisa Mandel, c’est trash ! Certes, Pénélope développe un univers plus « girly », mais je ne pense pas qu’il y ait de différences… En tout cas, on est tous très mal payés !

À visiter / www.polettedessine.com

À Lire / Les Mutants, Les Arènes, 136p., 20€

« Je n’étais pas très

douée en dessin.

Mais j’aime raconter

des histoires »

Les Mutants, page 32 © Les Arènes >>>

Née en 1980 sur l’île de La Réunion (« comme Raymond Barre »), Marion est passée par la prestigieuse école des Gobelins et vit aujourd’hui à Paris. Si elle multiplie les collaborations, c’est avec Tu mourras moins bête (mais tu mourras quand même) qu’elle s’est fait connaître. En donnant vie, en 2008, au Professeur Moustache, cette jeune femme à l’air mutin initiait du même coup un nouveau genre : la vulgarisation scientifique humoristique. D’abord sous forme de blog, puis d’albums (déjà quatre tomes) et enfin de mini-série (sur Arte) ce personnage androgyne répond à tout un tas de questions biscornues. « Pourquoi dans les films

américains, les flics ont l’air trop cool ? »… « Quand est-ce qu’on pourra enfin se battre avec des lasers ? »… En résultent des ex-posés tordants, à l’humour aussi fin que le trait est potache (proche de Reiser) où des personnages hallucinés aux yeux globuleux ont une fâcheuse propension à répandre leurs tripes sur la page… C’est drôle, certes, mais aussi très rigoureux. Qu’elle parle phy-sique quantique, microbiologie ou astrono-mie, Marion Montaigne n’hésite pas à se documenter dans les labos de nos éminents chercheurs (jusqu’à donner de sa personne, en testant par exemple l’apesanteur lors de vols paraboliques en avion !) Oui, on mourra moins bêtes. Et on se sera bien marrés. J. D.

Science et rire

Marion MontaignePassionnée de biologie depuis toute petite,

cette scientifique contrariée, trop nulle en maths pour envisager une carrière en

blouse blanche, a pris sa revanche à grand coups de crayon et d’humour trash.

© Chloé Vollmer-Lo

À visiter / tumourrasmoinsbete.blogspot.fr

À lire / Tu mourras moins bête, Tome 4 (2015), Delcourt, 256p., 19,99€ //

L’intelligence artificielle (sortie le 04.03.2016), J.-N. Lafargue & Marion Montaigne, Le Lombard, 72p., 10€ //

Riche, pourquoi pas toi ? (2013), Marion Montaigne et Michel Pinçon & Monique Pinçon-Charlot, Dargaud, 134p., 17,95€

Tu mourras moins bête, tome 4, page 207 © Éditions Delcourt >>>

70LITTÉRATURE

Comme Marion Montaigne, elle s’est fait connaître par son blog, Ma vie est tout à fait fascinante, suivi par 60 000 visiteurs par jour. Celui-ci a donné lieu à un premier album éponyme chez Delcourt puis d’autres qui ont constitué la série Joséphine, vendue à 300 000 exemplaires. Agnès Obadia adapta le premier volume au cinéma en 2013 et le deuxième est sorti en février – avec Marilou Berry. Abusivement réduit à l’adjectif « girly », son style est singulier. Un dessin net, des couleurs vives et un décor minimal. Ses premières histoires retraçaient en

petites saynètes la vie d’une jeune femme entre amour, shopping, discussions entre copines... Pour autant, Pénélope ne supporte pas qu’on la réduise à son genre. « Le jour où l’on arrê-tera de me demander ce que ça fait d’être une femme dans le milieu de la BD, je pense qu’on aura gagné quelque chose », dit-elle. D’ailleurs elle s’inspire désormais de figures de femmes qui se sont émancipées. Ainsi dans son dernier album, California Dreamin’, elle retrace sous forme romancée la vie de la rebelle Ellen Cohen, alias Cass Elliot, chanteuse de The Mamas & the Papas. Elle délaisse ici la palette graphique pour le crayon à papier. Dévoilant une autre facette de son talent. F. A.

Girl PowderParmi les nouvelles pousses de l’humour féminin en BD, on ne peut pas manquer Pénélope Bagieu. Ses albums lui ont valu jusqu’à la reconnaissance du

ministère de la Culture, qui la fit Chevalier des Arts et des Lettres en 2013.

Pénélope Bagieu

À visiter / penelope-jolicoeur.com // lesculottees.blog.lemonde.fr

À Lire / California Dreamin’, Gallimard-BD, 276p., 24€

Ma vie est tout à fait fascinante, Delcourt, 96p., 15,50€ //Joséphine l’intégrale, Delcourt, 192p., 35€

© Manuel Braun

California Dreamin’, page 193 © Gallimard

72

Ludovic MiseroleZAMOR, LE NÈGRE RÉPUBLICAIN (L’Atelier Mosésu)

Après Rosalie Lamorlière, dernière servante de Marie-Antoinette, Ludovic Miserole poursuit son panorama des personnages his-toriques qui ne sont pas passés à la postérité. Empruntant aux genres de la biographie, cet ouvrage n’en a pourtant pas la pré-

tention. Certes richement documenté, Zamor, Le nègre républicain est une œuvre de fiction résolument classique, avec ce que cela suppose d’intrigue, d’imagi-naire romanesque et d’actants greimasiens. Point ici d’analyse socio-historique, l’auteur nous conte simplement et passionnément la destinée peu ordinaire d’un homme noir admis à la cours du roi Louis XV, protégé de Madame du Barry, puis proche des protagonistes de la Révolution Française. Cela suffit à son originalité, à défaut de parfaire notre érudition. 358 p., 18€. Thomas Lansoud-Soukate

Riad SattoufLES CAHIERS D’ESTHER(Allary Editions)

La jeunesse, il connaît, Sattouf. De son Retour au collège à son en-

fance contée dans L’Arabe du futur en passant par la fameuse Vie secrète des jeunes ou Les Beaux gosses, le Rennais a scruté la vie des mineurs de fond en comble. C’est la première fois qu’il en brosse le portrait avec une telle ten-dresse. En dépeignant le quotidien de sa propre « scénariste », Esther, neuf ans, Sattouf se fait prévenant, délaisse l’humour acerbe. Mais il se rattrape avec le dessin – amusant comme le père d’Esther ressemble à Pascal Brutal… Surtout, ces 52 anecdotes, joliment re-liées (on pense au Petit Nicolas) prouvent que les mômes actuels n’ont pas une enfance si différente de la nôtre. C’est la même, l’iPhone 6 en plus. 56p., 16,90€. Thibaut Allemand

Pierric BaillyL’ÉTOILE DU HAUTACAM (Editions P.O.L.)

Simon Meyer est au mi-lieu de sa vie. Envolées ses envies de cinéma, c’est avec des ambitions

revues à la baisse qu’il se rend aux obsèques de sa grand-mère et décide de retrouver sa province natale. À partir de ce constat doux-amer, pointant les petits renoncements, le récit bascule sans prévenir vers le conte débridé. La destination du héros devient un village dans les nuages, une île perchée à 15 kilomètres d’altitude et tenue par un industriel mégalomane. Après un Michael Jackson qui jouait déjà d’as-tuces narratives pour brosser un portrait tout en nuances, Pierric Bailly confirme ici son talent. Il sait donner chair à ses personnages et un écho à nos errements intimes. 336p., 17€. Rémi Boiteux

Livres

74ÉCRANS

Quatre ans après le bouleversant Alabama Monroe, le Gantois Felix Van Groeningen est de retour avec un long-métrage inspiré de son histoire familiale : celle d’un petit bar de quartier racheté par deux frères et

qui devient, en quelques mois, un lieu légendaire de la nuit belge. Dépassé par son succès et par les excès qu’il

abrite chaque week-end, le Belgica perd peu à peu de son âme. De retour de Sundance avec le prix de la meilleure réalisation, le cinéaste évoque les coulisses d’un projet

cinématographique et musical hors du commun.

Felix Van Groeningen

Grandeur et décadencePropos recueillis par Marine Durand Photo Hans De Greve / Thomas Dhanens - Pyramide Production

Interview

Quelle est la part de réalité dans Belgica ? Dans les années 1980, mon père a tenu un bar à Gand : le Charlatan. De simple café-concert, l’endroit s’est rapidement transformé en lieu branché, avant de décliner. Il l’a alors vendu à deux frères qui ont eux aussi connu le succès. Mais comme dans le film, l’aîné s’est un peu perdu dans la folie de la nuit et le plus jeune a quasiment été obligé de le virer. J’ai rencontré ces deux frères pour qu’ils me racontent leur histoire et je l’ai mélangée avec celle de mon père. Belgica est donc une fiction inspirée de faits réels.

Vous avez dû largement profiter de la nuit gantoise… Pas tant que ça, en fait. J’ai travaillé au Charlatan dès mes 16 ans, j’ai commencé à sortir assez jeune mais j’ai arrêté très tôt, vers 20 ans. Cela me rendait malheureux. Certaines soirées étaient fan-tastiques, mais j’ai toujours eu un peu de mal à recommencer à vivre le lendemain. Il me manquait quelque chose, peut-être ce que j’ai trouvé dans le cinéma. >>>

76ÉCRANS

Comment s’est déroulée la colla-boration avec le groupe Soulwax (2ManyDJ’s), qui signe la bande originale ? Je ne m’y connais pas vraiment en musique mais j’ai adoré le travail sur mon précédent film Alabama Monroe et j’avais envie d’aller encore plus loin, avec une B.O. très éclectique. Les frères Dewaele sont Gantois tout comme moi, ce

sont des copains et ils sont eux-mêmes passés d’un groupe de rock à l’electro. Ils ont immédiatement accepté le projet, d’autant qu’ils connaissaient l’histoire du Charlatan, mais à une condition : se char-ger de la musique de A à Z. Tous les groupes qui se produisent sur la scène du Belgica dans le film sortent directement de leur imagination ! Ils ont composé tous les titres, dans une trentaine de styles différents, et même inventé le nom de chaque groupe ! C’était un vrai challenge pour eux, et pour moi une expérience fantastique.

Comment tourne-t-on des scènes de fête aussi intenses ? Pour renforcer le réalisme, j’ai demandé à la production de nous fournir de l’alcool, mais ils ont refusé ! (rires) Il fallait tout de même créer une ambiance, inciter les figurants à danser, alors j’ai poussé la musique à fond sur la plupart des scènes, en ne la baissant que pour enregistrer les dialogues. Les concerts étaient joués en direct. Il n’y a aucun play-back, ce qui rend l’ensemble très réaliste. Je voulais aussi saisir un phénomène que mon grand frère m’a souvent décrit : ce moment où le public s’agglutine devant le bar, où la musique monte, et où soudain les gens se mettent à danser.

On voit évoluer le Belgica d’un modeste bar à bière vers une grosse boîte de nuit branchée. Cela reflète-t-il une tendance générale en Belgique ? Au Charlatan, nous avions l’impression d’être différents des autres bars. Tout le monde était le bienvenu, il y avait des blacks, des Maro-cains, pas de racisme et on s’amusait beaucoup. Après deux ou trois ans, l’ambiance a changé. Peut-être y a-t-il eu trop de fêtes, trop de drogues ? Je souhaitais montrer la transition du petit en-droit sympa et foutraque qui devient un business, avec des videurs,

« Je voulais saisir ce

moment où le public

s’agglutine devant le

bar, la musique monte,

et où soudain les gens

se mettent à danser »

De Felix Van Groeningen, avec Tom Vermeir, Stef Aerts,

Hélène De Vos... Sortie le 02.03

des caméras de surveillance... Cela arrive souvent lorsqu’on cherche à professionnaliser des mouvements spontanés.

Souhaitez-vous dénoncer un tournant sécuritaire dans le monde de la nuit ? Ce tournant ne concerne pas uniquement les concerts, les soirées ou le clubbing, mais le monde tout court. L’Europe ne sait plus trop comment réagir, les gens ont peur les uns des autres. Ce que nous avons vécu il y a 20 ans avec la métamorphose de ce bar renvoie à notre société actuelle.

Avez-vous des projets en cours ? Oui, Beautiful Boy, l’adaptation d’un livre sur la relation entre un père et son fils. J’y pense depuis deux ans. J’ai soumis ce projet aux États-Unis grâce au succès d’Alabama Monroe, qui a été primé aux Oscars. On vient d’achever le scénario et le film sera produit par la société de Brad Pitt.

« Je montre la transition

du petit endroit

sympa et foutraque

en business, avec des

videurs et des caméras

de surveillance... »

78ÉCRANS

79ÉCRANS

Festival 2 Valenciennes

Écran largeTexte Julien Damien Photo Médecin de campagne © Jair Sfez

Coincé entre la Berlinale et la quinzaine cannoise, le Festival 2 Valenciennes a réussi à se faire une belle place dans le calendrier des cinéphiles. Au programme : une quarantaine de films internationaux, fictions ou documentaires, des rencontres

avec des monstres sacrés et… des grosses bêtes.

C réé en 2011 sur les cendres du Festival du Film de Valenciennes, le rendez-vous a gardé la convivialité propre à son prédécesseur en s’enrichissant de

nouvelles sections, notamment documentaire. C’est ainsi dans la cité du Hainaut qu’on a découvert avant tout le monde The Act of Killing de J. Oppenheimer (nommé lors des Oscars en 2014) ou Les Nouveaux Chiens de garde de Balbastre & Kergoat (césarisé en 2013). Pour autant son directeur, Jean-Marc Delcambre, revendique une programmation « populaire et éclectique », prompte à séduire les spécialistes comme les amateurs, qui découvrent des sujets « toujours en prise avec l’époque ». Citons pour exemple Médecin de campagne de Thomas Lilti (Hippocrate), avec François Cluzet, tous les deux attendus lors de cette avant-première.

La belle et les bêtes – Une volonté d’allier exigence et accessibilité qui s’incarne chez les deux invitées d’honneur de cette sixième édition : la réalisatrice Diane Kurys (Diabolo menthe, 1977) et Nathalie Baye. Pour autant le Festival 2 Valenciennes s’attache aussi à mettre en lumière les métiers de l’ombre du 7e art à travers des animations toujours appréciées. Aux cas-cades de Patrick Cauderlier ou aux effets spéciaux de Georges Démétrau succèdent les fauves du Thierry Le Portier. Le dres-seur français, qui a travaillé sur Gladiator, L’Odyssée de Pi ou maté les tigres de Fort Boyard livre sur la place d’Armes quelques démonstrations (forcément) au poil.

14>20.03, Valenciennes, Gaumont, place d’Armes, séances : 5/3€,

festival2valenciennes.frTemps forts : 14.03, 20h : soirée d’ouverture

(présentation des jurys documentaires, projection du premier documentaire en compétition) // 16.03, 20h : soirée

d’ouverture 2 (palmarès de la compétition « documentaires », hommage à Diane Kurys, présentation des jurys fictions, projection du premier film « fictions » en compétition ) // 19.03, 20h : soirée de clôture (palmarès de la compétition « fictions », hommage à Nathalie Baye, projection de Médecin de campagne)

80ÉCRANS

Dans ma tête un rond-point

À la vie à la mort

Qu’un premier long-métrage documentaire consacré aux abattoirs d’Alger sorte en salles n’avait rien d’une évidence. Mais depuis son

passage au FID Marseille, Dans ma tête un rond-point n’a cessé d’être primé. Normal : Hassen Ferhani a réalisé un grand film.

Peut-on parler d’amour dans un abattoir ? Et rêver de révolution ? Oui, évidem-ment. Pourtant, cela ne manque pas d’étonner. C’est que depuis Le Sang des bêtes, réalisé en 1949 par Georges Franju, le cinéma aura surtout visité ce type d’endroit pour en révéler l’horreur. Hassen Ferhani, né en 1986 à Alger, a pris le contre-pied de cette tradition. Dans ma tête un rond-point ne tire aucun spectacle de l’agonie des bêtes. Pourtant celles-ci sont bien là, massives, dans un coin du cadre ou sur son bord. Mais autre chose intéresse le cinéaste : les êtres qui peuplent cet espace et les manières qu’ils ont de l’habiter. Le lieu de mort se révèle aussi un lieu de vie. De l’abattoir, on ne sortira que le temps d’un plan aérien. Coincé entre deux voies rapides, il est situé au cœur de la capitale algérienne. Certains vieux y travaillent depuis 1945. Les plus jeunes espèrent s’en échapper. C’est une prison et une maison, où l’on vit avec les chats et les oiseaux. En immersion, certes, Ferhani ne s’impose pas. Il écoute, veille, puis finit par répondre aux questions qu’on lui pose. Des liens se sont tissés, une confiance, une amitié. Peut-on attendre chose plus boule-versante d’un documentaire ? Celui-ci peint, dans la lumière rose de la nuit algéroise, des portraits inoubliables. Raphaël Nieuwjaer

D’Hassen Ferhani, en salle

© L

es F

ilms

de l’

Ata

lant

e

Documentaire

82ÉCRANS

Jodorowsky’s Dune

La Folie des grandeurs

L’histoire du cinéma est truffée de films qui ne virent jamais le jour. L’adaptation par Alejandro Jodorowsky du roman Dune de Frank Herbert en fait partie. Le documentaire de Frank Pavich lève aujourd’hui le voile sur ce projet

pharaonique avorté à l’orée de son tournage, entre frustration et jubilation.

C’est en 1975, après avoir réalisé les poétiques, surréalistes, métaphysiques El Topo et La Montagne sacrée, que le Chilien Alejandro Jodorowsky se lance dans l’adaptation du classique de la science-fiction qu’est Dune, publié en 1965. Ce documentaire revient sur la genèse du projet, faisant défiler comme autant d’ébauches prometteuses les croquis, planches de storyboard et anec-dotes liées au recrutement d’une armée de « guerriers spirituels » : H.R. Giger, Chris Foss et Moebius pour les décors, Dan O’Bannon aux effets spéciaux, Pink Floyd et Magma pour la bande son, Mick Jagger, Udo Kier, Dali, David Carradine et Orson Welles au casting… De quoi regretter l’abandon par les producteurs (en manque de moyens) de cette entreprise. Si ce documentaire vaut pour sa réussite à ranimer le film dans notre imaginaire, il offre également un portrait du facétieux Jodorowsky, aujourd’hui âgé de 87 ans, doux (ou inquiétant ?) illu-miné à l’œil rieur et à l’ambition démesurée. On s’interroge sur la véracité de certaines parties de son récit, mais on est frappés par la créativité sans bornes d’un utopiste certes déçu, mais plus que jamais persuadé que « les rêves aussi peuvent changer le monde ». Audrey Jeamart

De Frank Pavich, avec les interventions d’Alejandro Jodorowsky, Michel Seydoux, Chris Foss, H.R. Giger, Nicolas Winding Refn… Sortie le 16.03

© C

hris

Fos

s / G

uild

Tug

Documentaire

ARTHUR HEN CONCERTCHANSON

FRANÇAISE

SAMEDI 19 MARS 2016THÉÂTRE DE BÉTHUNE – 20H30WWW.THEATRE-BETHUNE.FR – FNAC, TICKETNET ET DIGITICK

info

@la

strol

ab.c

om -

PH

OTO

: Lé

onor

e M

erci

er -

LIC 1

- 11

0838

04 /

1-1

0838

06 /

3-1

0838

05

84EXPOSITION

84STYLE

O

Tim Yip L’empire des sens

Texte Julien Damien Traduction Sonia Abassi Photo Tim Yip Studio / Julien Damien

La Maison de la culture d’Amiens accueille à l’occasion de son 50e anniversaire l’œuvre protéiforme de Tim Yip. Figure de l’ombre du cinéma, il a notamment signé les costumes et décors de Tigre et Dragon, pour lequel il reçut un Oscar en 2001. Mais cet artiste chinois est aussi photographe, sculpteur, architecte... In Parallel donne à voir un travail tant esthétique que spirituel, traversé par la notion de « nouvel orientalisme» et la mystérieuse Lili.

86EXPOSITION

D u haut du premier étage de la MCA, derrière ses lunettes de soleil, elle semble observer les passants qui déambulent sur la place Léon Gontier. « Elle », c’est Lili, la muse en fibre de

verre qui accompagne Tim Yip à travers le monde. Pour cette exposi-tion, l’artiste l’a fait poser dans les rues d’Amiens, ses cafés, sa célèbre cathédrale et un peu partout en baie de Somme. Une déambulation que l’on peut suivre à travers des photographies ou vidéos projetées le long du parcours. Mais qui est cet étrange mannequin à l’apparence si humaine, semblant glisser «en parallèle» de notre monde ? « Elle est comme un miroir, nous glisse Tim Yip. Lili est un objet vide dans lequel tout le monde peut se projeter, quelle que soit votre histoire et où que vous vous trouviez ». Une façon, aussi, de rendre l’art contemporain accessible, car interactif.

Incarnations – Pour cette exposition, Tim Yip a décliné Lili sous plu-sieurs formes. Au rez-de chaussée de la Maison de la culture, la voici immense et désarticulée, allongée sur un lit de galets typiques de la région. Elle incarne la triste histoire de ces travailleurs chinois qui ont

>>>

88EXPOSITION

Tim Yip – In ParallelJusqu’au 15.05, Amiens, Maison de la culture

(Hall Matisse et salle Giacometti), mar > ven : 13h>19h, sam & dim : 14h>19h, gratuit,

www.maisondelaculture-amiens.com

péri dans la Somme durant la Grande Guerre. À l’étage, on la retrouve géante, telle une Alice au pays des merveilles vêtue comme une ado d’aujourd’hui, trait d’union entre songe et réalité. Plus loin, elle est recroquevillée en position fœtale, sous forme d’une statue de marbre nous invitant dans son rêve... Tim Yip a trouvé en Lili « une signature, un symbole ». Elle lui permet d’exprimer une œuvre oscillant entre la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, de circuler à travers le temps mais aussi les cultures, entre Orient et Occident. Un contraste entre ces esthétiques que l’on retrouve dans les superbes costumes exposés ici, comme cette robe qui mêle carreaux anglais et manches longues qui caractérisent l’opéra de Beijing. Un style qui, plus largement, introduit le « nouvel orientalisme », « une notion en mouvement, qui renvoie au vide mais incluant tout ce qui existe. Comme dans les estampes chinoises traditionnelles où les artistes laissent un espace que le spectateur peut remplir... ». À nous d’œuvrer, donc.

90EXPOSITION

Le nom d’Agnès Varda est synonyme de cinéma engagé, d’un autre regard porté sur le monde depuis les années 1950… et de patates en

forme de cœur ! Pour la première fois, une exposition permet d’explorer l’œuvre foisonnante de cette grande artiste, sur ses terres natales.

Avec l’image, Agnès Varda tisse des liens entre l’intime et le social, confronte l’imaginaire à la réalité. L’exposition qui s’ouvre à Ixelles est l’occasion pour l’artiste de plonger dans ses souvenirs, de « revenir sur son parcours et son enga-gement d’une manière inédite » affirme Claire Leblanc, commissaire de l’événe-ment. Inviter la cinéaste « à travailler sur ce site où elle est née et a passé une partie de son enfance » a stimulé sa créativité. Le parcours s’effectue comme une balade à travers l’imagination – débordante – d’Agnès Varda. On circule entre photographies, extraits de films, objets personnels et installations créées pour l’occasion. On visite son quartier grâce à une reconstitution des étangs d’Ixelles au sol, on découvre un paravent où sont épinglées des images tirées des boîtes à souvenirs de sa mère. Et bien sûr, on observe sous toutes les coutures les fameuses patates, stars de l’œuvre de l’artiste, avec Patatutopia. L’exposition s’assortit d’une rétrospective à la Cinema-tek, pour redécouvrir quelques-uns de ses 36 films. Quant à Agnès, elle est partout, nous adressant des clins d’œil au milieu des tubercules, malicieuse et drôlement vive. Bref, toujours jeune... à 87 ans ! Marie Pons

Agnès Varda. Patates & CompagnieJusqu’au 29.05, Bruxelles, Musée d’Ixelles,

mar > dim : 9h30>17h, 8/5€/ gratuit (-18 ans), www.museedixelles.be

Cycle « Agnès Varda : couples et sentiments »01.03 > 12.04, Bruxelles, Studio 5-Flagey

(Cinematek), 4/2€, www.cinematek.be

Agnès Varda

Toujours la patate

Pat

atut

opia

© A

gnès

Var

da

92EXPOSITION

Qu’ont en commun le textile, la peinture, le cinéma ou Internet ? Les raccords sont nombreux, comme le montre cette singulière

exposition confectionnée au Fresnoy autour de la trame.

Bien sûr, Drôles de trames ! se lit d’abord comme « une métaphore de l’histoire textile de la région » selon Pascale Pronnier, co-commissaire de l’accrochage. Mais en tirant sur ce fil, un récit apparaît. On observe en effet à travers le temps « une permanence de la trame », qu’elle soit conceptuelle ou artisanale. Celle-ci constitue notamment la toile, laquelle signifie à la fois le web, un tableau, un film où ce qui nous habille. S’appuyant sur les créations d’artistes internatio-naux, ce parcours poétique tisse un pont entre les âges où se mêlent matières, arts et technologies. Des motifs que l’on décrypte par exemple dans les sculptures digitales de Ryoichi Kurokawa qui jaillissent sur un écran géant, réveillant dans notre mémoire des images ou portraits qui peuplent Internet. Un subtil raccord relie d’ailleurs ces lignes fantomatiques à celles, plus minimalistes, de François Morellet, figure de l’abstraction géométrique, ou encore aux œuvres virtuelles de Pablo Valbuena. Grâce à d’astucieux mappings, l’Espagnol révèle d’étonnantes formes cachées dans la structure même du Fresnoy... Un voyage sensible et symbolique qui ne s’emmêle jamais les fils, ça va de soi(e). Julien Damien

04.03 > 08.05, Tourcoing, Le Fresnoy, mar, jeu, dim : 14h>19h // ven & sam : 14h>20h,

4/3€/ gratuit (-18 ans), www.lefresnoy.net

Drôles de trames !

Entre les lignes

Sid

ival

Fila

, M

etaf

ora

verd

e m

usch

io 2

50

©

Seb

asti

ano

Luci

ano

/ Mus

eo B

ilott

i

94EXPOSITION

95EXPOSITION

Ceci n’est pas l’Europe !

Drôles de desseins

Coproduite par le Mons Memorial Museum et l’association Cartooning for Peace (présidée par Plantu) cette exposition

esquisse en 120 dessins de presse un portrait nécessaire mais sans concession de l’Europe. L’occasion de découvrir, aussi, toute la diversité d’un art devenu depuis un sinistre matin de

janvier la cible d’une tripotée d’abrutis. Mais plus vivant – et vivifiant – que jamais.

Texte Julien Damien Photo Cartooning for Peace

Karl Schotland (Belgique)

Marec (Belgique)

96EXPOSITION

Tout est parti d’une conversation avec Plantu, en 2013. « Je lui

ai dit que c’était très bien de monter des expos dans le monde entier, de s’inquiéter des problèmes du Proche-Orient, des Droits de l’Homme, etc. Mais qu’il était aussi temps de balayer devant notre porte », relate Nicolas Vadot, commissaire de l’exposition. Crise migratoire, économique, montée des nationalismes, cet accrochage décrit donc l’Europe actuelle mais aussi ce qu’elle pourrait être. « Je souhaite que cette expo intrigue ou choque le visiteur, en tout cas qu’elle ouvre le débat ». Il s’agit, surtout, « de rappeler des vérités simples, comme le fait que nous vivons en démocratie

Cristina Sampaio (Portugal)

Vadot (Belgique)

depuis 70 ans, insiste ce dessina-teur belge qui officie depuis 1993 dans les pages du Vif/L’Express. Il est donc extraordinaire d’avoir créé cette entité supranationale, certes imparfaite, accusée de tous les maux, mais qui ne s’appuie pas sur un conflit armé ni un désir d’expansion, plutôt sur l’élargis-sement ». Le parcours est découpé en 10 thèmes articulés selon un ordre précis : des prémices du projet euro-péen jusqu’au regard que porte le monde sur le Vieux Continent, en passant par le Brexit, la place de la Turquie ou la question des réfugiés. >>>

98EXPOSITION

98EXPOSITION

Jusqu’au 26.06, Mons, Mons Memorial Museum, mar>dim : 10h>18h, 6/4€,

www.monsmemorialmuseum.mons.be

Altérité – Œuvres d’une cinquantaine d’auteurs représentant 29 nationali-tés, ces caricatures sont exposées sur des grand panneaux plongés sous une lumière tamisée, « pour installer un sentiment d’intimité et que le dessin fonctionne comme un miroir reflétant nos convictions ». L’ensemble cultive un équilibre entre les styles : « il y en a de très drôles, d’autres plus cyniques, poétiques, ou critiques, parfois à l’opposé de mes idées ». Au-delà du message, on découvre aussi un art très riche, dont la palette court de la pein-ture au numérique, tel cet exhibition-niste fasciste de la Portugaise Cristina Sampaio. Une discipline qui possède

aussi ses écoles en fonction des pays. « En Belgique on a par exemple une culture de l’imagerie populaire, de la ligne claire façon Hergé que l’on retrouve dans les dessins de Marek, les miens ou ceux de Plantu, qui a fait ses études à Bruxelles, décrit Nicolas Vadot. Et puis à l’opposé il y a le Fla-mand Karl, un dessinateur très pic-tural ». Eh oui, c’est aussi ça l’Europe : « une diversité qui ne signifie en rien la médiocrité ». À bon entendeur.

Chappatte (Suisse)

100EXPOSITION100

EXPOSITION

Game Changers

Le corps libéréTexte Marine Durand Photo Comme des Garçons, A/W 2012-13, Photo Sophie Delaporte

La mode, une succession de tendances, de collections saisonnières, de créatures longilignes mises en scène dans l’écrin d’un défilé ? Non, un outil

de libération du corps de la femme, affirme le MoMu dans une exposition consacrée aux créateurs ayant transformé la silhouette au siècle dernier.

A vant-gardistes dans les années 1920 et 1930, Paul Poiret, Madeleine Vionnet et Coco Chanel sont les premiers à faire valser les corsets et oser

s’affranchir de la silhouette « sablier » qui fait foi dans le petit monde de la couture. Audacieux, Martin Margiela, Yohji Yamamoto ou Comme des Garçons effacent les courbes féminines dans les dernières décennies du xxe siècle, travaillant à partir de volumes extravagants. Entre-temps ? Il y a eu tout le génie de Cristóbal Balenciaga, que le musée de la mode d’Anvers a choisi comme fil rouge de Game Changers. « Avec ses pièces abstraites et aériennes, qui prennent le contre-pied du New Look de Christian Dior, il a fasciné ses contemporains et inspiré toute la génération suivante de couturiers », explique la commissaire Karen Van Godtsenhoven.

Changer les règles – Au fil d’un parcours thématique égrenant 140 robes, tailleurs, vestes ou kimonos, on découvre les créations iconiques du Basque, en miroir de celles des autres stylistes. La robe baby-doll et sa forme trapèze, le manteau tonneau au dos bombé, ou la renversante robe « chou » qui fait disparaître le buste dans un nuage de tissu, définissent une nouvelle féminité. « Tous ces créateurs ont bouleversé les codes de la mode, de l’intérieur ». Rendant hommage à leur modernité, le MoMu présentera d’ailleurs une production inédite en holo-gramme, qui « montrera des vêtements vivants, en mouvement ».

Game Changers - Réinventer la silhouette du XXe siècle

Du 18.03>14.08, Anvers, MoMu, mar>dim, 10h>18h, 8/6/3€/gratuit (-18 ans),

www.momu.be

102EXPOSITION

Les plus perspicaces décèleront le clin d’œil au maître du pop art et la référence à la guerre qui se cachent derrière ce titre. Montée par l’association Perf Romance, War Hall réunit 17 artistes qui ont choisi « l’art plutôt que les armes, nous montrant qu’il existe d’autres façons de se battre » selon Virginie Bocquet, à l’origine de cette exposition. Disposées selon un parcours évoquant le mur de Berlin, ces œuvres dévoilent un arsenal créatif diversifié (peintures, sculptures, installations) qui écorche avec grâce ou malice la face belliqueuse de notre planète. De façon explicite, tel ce terroriste à la tête appuyée contre un mur, façonné par Loïc Parthiot, ou selon des moyens détournés. Citons ainsi Happy Fingers qui s’amuse, dans Cola Teral, à étiqueter les prénoms des grands de ce monde sur des bouteilles du célèbre breuvage gazeux. À côté de ces talents émergents on trouve aussi des figures bien connues, comme Jef Aérosol (« qui est au pochoir ce que Andy Warhol était à la sérigraphie ») ou Bernard Pras qui signe là une anamorphose (le tableau apparaît sous un angle particulier) réalisée à partir d’objets hétéroclites et reproduisant Guernica. Autant de créations offrant un beau pano-rama du néo pop art, certes sombres, mais laissant jaillir « des couleurs vives, comme autant de notes d’espoir ».

04.03 > 03.04, Lille, maison Folie Wazemmes, mer, jeu & dim : 14h>18h, ven & sam : 14h>19h, gratuit, maisonsfolie.lille.fr

War Hall

Aux armes, etc.Texte Julien Damien Photo Guernica © Bernard Pras

104THÉÂTRE & DANSE

104EXPOSITION

Andres SerranoC’est à lui qu’on doit le fameux Piss Christ, soit ce cliché d’un crucifix immergé dans un bain d’urine qui avait déclenché l’ire de catho-liques intégristes en 2011. Voici l’une des plus importantes rétrospectives consacrées au pho-tographe américain Andres Serrano. L’occasion de découvrir une œuvre sulfureuse, marquée par la religion, le sexe ou la violence. En paral-lèle de cette exposition sera dévoilée dans dif-férents lieux de la capitale sa série Denizens of Brussels, constituée de portraits de SDF.

Bruxelles, 18.03 > 21.08, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, mar > ven : 10h>17h, sam & dim : 11h>18h, 14,50>8€/ gratuit (-6 ans), www.fine-arts-museum.be

Jacques Charlier Peintures pour tous !

C’est l’un des plus grands artistes belges contemporains. L’un des plus décalés, aussi. Fan de Warhol, Jacques Charlier n’a cessé depuis les années 1960 de revisiter l’histoire de l’art tout en raillant cette institution. Personnage flamboyant, avant-gardiste, il s’illustre à travers tous les médias : de la peinture à la chanson en passant par la photographie, la BD... Cette exposition donne à voir une cin-quantaine de ses toiles récentes, des caricatures ainsi qu’une installation inédite produite par le MAC’s.

Hornu, jusqu’au 22.05, MAC’s, mar > dim : 10h>18h, 8/5/2/1,25€/ gratuit (-6 ans), www.mac-s.be

Dessus Dessous Annette Messager investit le Musée des beaux-arts et la Cité de la dentelle et de la mode de Calais pour créer 19 œuvres et installations. Le travail de cette figure de l’art contemporain, empreint de féminisme, mêle les formes et les matériaux, le tragique et le ludique. Dans Dessus Dessous, il est ainsi question d’odyssée, de déplacements, de Rodin mais aussi de mode, de couturières, de collants et de soutiens-gorge.

Calais, jusqu’au 15.05, Musée des beaux-arts : tlj sauf lun : 10h > 12h & 14h > 17h // dim : 14h > 17h, 4/3€ // Cité de la dentelle et de la mode : tlj sauf mar : 10h > 17h, 5/3,50€ // pass 2 musées : 7/5€

A(l)l, Projets en aluminium de Michael YoungS’il expérimente tous les matériaux, c’est à travers l’aluminium que Michael Young dévoile l’étendue de sa créativité. Le Centre d’innovation et de design du Grand-Hornu consacre au Britannique une exposition inédite, réunissant ses pièces emblé-matiques. De la surprenante Oxygen Chair, comme taillée dans de la roche lunaire, à la célèbre voiture utilitaire Moke, le parcours fait la part belle à l’histoire de ce mystérieux métal.

Hornu, jusqu’au 29.05, Centre d’innovation et de design, mar > dim : 10h>18h, 8/5/2€/ gratuit (-6 ans), www.cid-grand-hornu.be

Agenda

Ahmed Osoble, 2015 © Andres SerranoRoyal Museums of Fine Arts of Belgium

106THÉÂTRE & DANSE

106EXPOSITION

Un esprit japonais Gisbert Combaz

Connu pour ses affiches, Gisbert Combaz fut aussi un grand orientaliste. Voici dévoilés 47 trésors de sa collection personnelle datant de l’ère Edo (1603 -1868). Notamment, des ustensiles utilisés lors de la cérémonie du thé, œuvres qui ont grandement influencé les céramistes belges d’après-guerre. Citons Antoine de Vinck dont les créations sont pré-sentées dans une scénographie favorisant le dialogue entre les époques.

Morlanwelz, jusqu’au 10.04, Musée royal de Mariemont, tlj sf lun : 10h > 17h, 5/2,50/2/1,25€/ gratuit (-12 ans), www.musee-mariemont.be

A.M.O.U.R.La Condition Publique accueille la première exposition monographique d’Erik Nussbicker. L’artiste français nous confronte à la Grande Faucheuse à travers une œuvre profondément spirituelle, conçue à partir de sque-lettes d’animaux et de mouches. Dans l’immensité de l’ancienne manufacture textile, une vingtaine de ses installa-tions célèbre la vie après la mort, nous renvoyant à notre condition humaine, et à notre conception de l’au-delà.

Roubaix, jusqu’au 20.03, La Condition Publique, mer > ven : 13h30>18h, sam & dim: 14h>18h, 2€, www.laconditionpublique.com

Braïtou-Sala. L’élégance d’un monde en péril

Tombé dans l’oubli après sa mort, Albert Sala, dit Braïtou-Sala, fut un peintre cé-lèbre durant les Années folles. Il signa des centaines de portraits mondains, dont ceux des plus grandes actrices de l’époque (Renée Corciade, Jane Faber, Cléo de Mérode, etc.). La Piscine éclaire à nouveau ce travail, en rassemblant des œuvres très élégantes qui subliment la beauté de la femme, et d’autres plus rares, conçues dans l’intimité familiale.

Roubaix, 19.03 > 05.06, La Piscine, mar > jeu : 11h> 18h, ven : 11h>20h, sam & dim : 13h>18h, 9/6€/gratuit (-18 ans), www.roubaix-lapiscine.com

Amedeo Modigliani, l’œil intérieurC’est l’un des rendez-vous phares de ce début 2016 dans l’Eurorégion. Le musée d’art moderne de Villeneuve d’Ascq expose plus d’une centaine de peintures et dessins de Modigliani. Issus du monde entier, ceux-ci sont accompagnés de la vingtaine d’œuvres – dont une sculpture rare – que possède le LaM, qui jouit de l’une des plus belles collections françaises de l’artiste italien. Evénement rare, donc immanquable.

Villeneuve d’Ascq, jusqu’au 05.06, LaM, mar > dim : 10h>18h, 10/7€, www.musee-lam.fr

Bou

teill

e à

saké

– g

rès

à co

uver

te b

rune

(H

. 1

5 c

m),

Jap

on

19

e s.

- A

ncie

nne

colle

ctio

n G

isbe

rt C

omba

z Agenda

C’est un endroit pas tout à fait comme les autres. Un espace modulable à l’envi, à la fois lieu de création, de résidence, de formation et d’exposition. La Licorne inaugure son antre à la fin du mois. Un outil européen dédié à la marionnette et au théâtre d’objets qui ouvre

d’insoupçonnés horizons à cet art. Visite guidée.

BÊTes DE ScÈne

Texte & Photo Julien Damien

Théâtre la Licorne

109LIEU

>>>

U ne façade de briques jaunes sur laquelle est accroché un échafau-

dage qui mène dieu sait où… Vu de l’extérieur, l’endroit intrigue. Il réserve toute sa singularité au visiteur qui aurait la curiosité d’en pousser les portes. On découvre alors un décor étrange, enchevêtrement de bois et de tuyaux métalliques. Dans les recoins, des personnages en carton nous observent tandis qu’au-dessus de nos têtes nous toise un dragon en ferraille. Voici l’une des créatures fantastiques qui a fait le succès de la Licorne. De-puis trois décennies, cette compagnie donne vie à des spectacles où l’objet rivalise avec le mot. Les masques réifient les acteurs qui côtoient des marionnettes de toutes matières, mé-canisées ou manipulées.

« C’est un lieu inspirant

qui permettra aux

compagnies d’imaginer

de nouvelles formes,

de sortir le théâtre d’objets

des petits espaces »

Après avoir cherché en vain un lieu à Lille, la Licorne a donc trou-vé où se poser à Dunkerque, dans le quartier populaire de la Basse Ville. En investissant cet ancien ga-rage sa directrice artistique, Claire Dancoisne, a déniché un espace à la hauteur de son imagination. Pensez : 4 000 m2, dont 2 000 dédiés à la création... Un endroit sans équivalent en France. « C’est un lieu inspirant qui permettra aux

compagnies d’imaginer de nouvelles formes, de sortir le théâtre d’objets des petits espaces ». Bref, de rêver plus grand. « Ce n’est pas un lieu de diffusion mais je souhaite que l’on reste ouvert au public, insiste Claire Dancoisne. Qu’il puisse assister à des étapes de travail ou à des exposi-tions, toujours en lien avec notre activité ». Claude Merle est ainsi attendu en avril avec ses mannequins hyper-réalistes (Les Voisins) en attendant les gigantesques machines de François Delarozière, en 2017.

110LIEU

111LIEU

Cabinet de curiosités – En poursui-vant notre visite on trouve aussi, derrière cette vaste halle modu-lable, un bel atelier de construc-tion. L’endroit servira de lieu de formation pour les amateurs et professionnels de la région (en soudure, création de masques, sé-rigraphie...). C’est surtout le cœur de la Licorne, là où sont confec-tionnés ses fameux personnages. Ainsi ce jeudi matin, sous le re-gard d’une vache en fer, Marteen Janssens, « le constructeur », s’applique à fabriquer des vers de terre. Ceux-ci seront utilisés dans un prochain spectacle, Macbêtes, « qui raconte l’histoire de Macbeth en 45 minutes, avec des insectes ». Gageons que Marteen aura bientôt pas mal de boulot, car Claire Dancoisne est en pleine adaptation de L’Homme qui rit, de Victor Hugo… Il s’agit pourtant de ne pas trop faire de bruit. À côté, au sein d’un vaste hangar, dorment dans un silence un peu inti-midant les créatures qui peuplent les quelque 40 pièces créées par la Licorne. Et qui n’attendent que de se réveiller…

>>>

Le cœur cousuAdapté du roman de Carole Martinez,

ce spectacle narre l’histoire de Frasquita Carasco, une femme qui possède un don

incroyable : elle recoud les vêtements autant que les hommes et les animaux… Sur scène, les comédiens revêtent les mêmes habits que des « puppets » en ouate et tissu : brouillant

la frontière entre réel et imaginaire.

02.03, Vieux Condé, Le Boulon, 20h30, 9/6€, leboulon.fr 04.03, Saint-Omer, La Comédie de l’Aa, 20h, 16/11€,

www.comediedelaa.fr13.03, Hénin-Beaumont, L’Escapade, 17h, 10>5€

13.05, Bruay-la-Buissière, 20h, 8>3€

© M

argo

t D

audi

n C

lava

ud

Événements

Théâtre la Licorne, Dunkerque, 60 rue du Fort Louis, +33 (0)3 74 06 00 01, www.theatre-lalicorne.fr

Inauguration officielle (Le défilé de haute soudure, Spartacus, Les apéros et petits déjeuners lyriques) :

29.03>03.04, Dunkerque, Théâtre La Licorne, 5>3€

Expositions : 22.04>12.05, Les Voisins de Claude Merle // 24.06>21.07, Petites Ailes de Fred Parison, mer, jeu, ven

et dim : 15h>18h, gratuit

Le défilé de haute soudure26 mannequins défilent habillés de vêtements pas tout à fait comme les autres… Mécanisés, ceux-ci ont été créés au fer à souder et allient métal et dentelle. Un

show décapant qui présente des créations aussi astucieuses que poétiques, comme cette robe de mariée constituée d’origamis qui, animés par des manipulateurs,

libère des dizaines d’oiseaux. 29.03, Dunkerque, Théâtre La Licorne, 18h, 3€, www.theatre-lalicorne.fr

SpartacusLa mythique épopée de l’esclave Spartacus pour conquérir sa liberté, mais racontée avec des objets. Voici le défi de La Licorne qui livre un péplum à la fois grandiose et minimaliste, où des acteurs-manipulateurs croisent un bestiaire fabuleux (éléphants, fauves, oiseaux...), des personnages métalliques et des chanteurs lyriques. 31.03>03.04, Dunkerque, Théâtre la Licorne, jeu : 21h, ven : 18h & 21h, sam : 18h, dim : 15h & 18h, 5/3€

© C

hris

toph

e Lo

isea

u

© P

asca

l Auv

éTh

éâtre Licorne

de la

114THÉÂTRE & DANSE

« Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Tout le reste n’est que déceptions et fatigues ». Alors imaginons ! Le Collectif les Possédés adapte le chef-d’œuvre de Céline dans une mise en scène épurée. Sur le plateau, quelques tables métalliques de diverses tailles deviennent des collines, des cases africaines, des buildings au fur et à mesure de cette errance qu’entreprend Bardamu autour du monde. Un « puceau de l’horreur » qui s’est enrôlé comme ça, attiré par les flon-flons de l’armée, pour la grande boucherie, errant ensuite en Afrique, à New-York pour atterrir dans la morne banlieue parisienne... Mais ce sont surtout les mots qui remplissent l’espace – le vide au fond des hommes. Une langue argotique, protéiforme et déclamée (incarnée) par un Rodolphe Dana moustachu et vêtu d’un blouson de cuir. Un Charlot métaphysique parfait en anti-héros tragi-comique, qui n’en finit plus de se fracasser sur l’humaine bêtise.

08.03, Armentières, Le Vivat, 20h, 21/14/7€, www.levivat.net

Voyage au bout de la nuitTexte Julien Damien Photo Jean-Louis Fernandez

116THÉÂTRE & DANSE

MisèreUne fan complètement dingue (Nathalie Uffner) kidnappe un auteur pour l’obliger à réécrire son roman... L’argu-ment rappellera sans doute un petit quelque-chose aux lecteurs de Stephen King. Mais ce huis-clos inspiré de Misery délaisse vite l’horreur pour l’humour. Dans cette pièce, Laurent Beumier détourne sans retenue les codes du thriller psychologique. Il ne faudra donc pas s’étonner d’y trouver un ours cambrioleur, un poulet suicidaire ou un cochon planqué dans le congélo… J.D.

03.03>26.03, Bruxelles, Théâtre de la Toison d’Or, mer>sam : 20h30, 22>8€, www.ttotheatre.com

© D

R

Éloge du mauvais geste

Le foot, un sport de bourrin ? Pas aux yeux d’Ollivier Pourriol. Dans son livre, ce philosophe français transfert les héros de la baballe sur le terrain de la réflexion en disséquant six événements qui ont marqué l’Histoire. Le coup de boule de Zidane, la « main de Dieu » de Maradona ou la prise de karaté de Cantona à l’endroit d’un supporter deviennent autant de moyens d’illus-trer la pensée grecque, de Sartre ou de Spinoza. Porté sur scène par Valérie Cordy et interprété par Denis Laujol, qui décortique ces (mé)faits de match sur écran géant, cet Éloge du mauvais geste devient une conférence-spectacle certes hors-jeu, mais hilarante. J.D.

Jusqu’au 26.03, Bruxelles, Théâtre de la place des Mar-tyrs, mar : 19h, mer>sam : 20h15 (sf le 19.03 : 19h), dim : 16h, 16,50>10,50€, www.theatredesmartyrs.be

// 03.05, La Louvière, CCRC, 20h, 15>12€, www.ccrc.be // 04.05, Comines, centre culturel, 20h,

12>6€, www.cccw.be © D

R

118THÉÂTRE & DANSE

Le théâtre d’Emma Dante est unique : frontal, poétique, économe en moyens. Social plus que politique, selon la metteure en scène italienne, devenue en quelques années une figure à part sur la scène européenne. Le Sorelle Macaluso, encensé à Avignon voilà deux ans, montre une tribu de sœurs

issues des classes populaires de Palerme, à la vie marquée par le drame.

Elles sont sept en scène, alignées face au public tel un mur infranchissable. Les sœurs Macaluso, vieilles filles réunies à l’occasion d’un enterrement qui vont sonder ensemble leur mémoire, rire, pleurer, se chamailler. Et faire remonter à la surface un accident : la noyade de la plus jeune, lors d’une sortie familiale à la mer. Au milieu des cris en dialecte palermitain, règlements de comptes et chaussures qui volent surgit le fantôme du père, homme brisé ayant renoncé aux emplois dignes pour assurer la survie du foyer, rejoint par celui de la mère, qui presse ses filles de devenir enfin des femmes. Sur un plateau dépouillé, Emma Dante orchestre une valse des vivants et des morts qui navigue du grotesque au tragique. « Dès lors qu’une des sœurs comprend qu’elle se trouve à ses propres funérailles, elle enfile un tutu et se met à danser », décrit-elle. Car la danse, ou devrions-nous dire la transe, est un autre moyen d’expression de ces sœurs, qui racontent avec leur corps ce que les mots ne disent pas. « Le Sorelle Macaluso est un spectacle sur le temps, les choses qui subsistent, les personnes qui nous accom-pagnent même après la mort ». S’en dé-gage un formidable élan de vie. Marine Durand

09>11.03, Villeneuve d’Ascq, La rose des vents, mer & ven : 20h, jeu : 19h, 21>5€ //

12 & 13.03, Arras, Théâtre, sam : 20h30, dim : 17h, 8/5€ // 15.03, Dunkerque,

Le Bateau feu, mar : 20h, 8€

À lire / Interview d’Emma Dante sur www.lm-magazine.com

Le Sorelle Macaluso

Esprits de famille © C

arm

ine

Mar

ingo

la

120THÉÂTRE & DANSE

10>20.03, Maubeuge, Mons, Feignies, Jeumont, spectacles et performances : 11>5€, exposition

Perceptions : 3€, www.festivalvia.com

Sélection : 11 & 12.03 : A House in Asia (Señor Serrano) // 17.03 : Déesses & Démones (Bianca Li, Maria Alexandrova) // 16, 17 & 18.03 : Ljós (Fuse) // 19.03 : Projet Fantôme (E.Daglio)…

Festival Via

La grande illusion

Mais où peut-on voir des fantômes danser sur du jazz, la capture de Ben Laden par des cow-boys ou se perdre dans une dimension parallèle ? À Maubeuge et à Mons, pardi ! Durant dix jours, le festival Via marie spectacle vivant et art

numérique pour mieux s’amuser de nos perceptions, grand thème de cette édition.

Certes, les nouvelles technologies ont bouleversé notre quotidien (pour le meilleur et le pire). Mais elles se sont aussi immiscées dans toutes les disciplines artistiques, ouvrant à la danse, au théâtre ou au cirque d’insoupçonnés horizons. Ce que démontrent fort bien Via et, notamment, les Italiens du collectif Fuse. Dans leur très poétique Ljós, une danseuse suspendue dans les airs par un har-nais interagit avec les formes projetées derrière elle sur un écran géant, comme si c’était un partenaire. Tout aussi troublante, l’exposition Perceptions offre au sein de l’Espace Sculfort un parcours d’installations immersives qui se jouent de nos sens. Telle l’Infinity Room du Turc Refik Anadol. Soit une petite pièce dont les murs, sol et plafond diffusent un flux d’images abstraites animées par un algorithme, noyant le visiteur dans une dimension virtuelle. Gageons qu’il vous sera aussi difficile de démêler le vrai du faux face au spectre que fait appa-raître Etienne Daglio. Dans le spectacle Projet Fantôme, cette éminente figure de la « magie nouvelle » valse avec une forme évanescente, dont on ne sait pas vraiment si elle est physique ou digitale. Nous rappelant au passage que l’image reste affaire de manipulation. Julien Damien

Ljós

© E

nric

o M

aria

Ber

tani

123THÉÂTRE & DANSE

Le Grand Bain

Contre-plongéeTexte Marie Pons Photo La Esclava © Thibault Gregoire / Ladies First © Swan Gautier / Badke © Danny Willems

Le Grand Bain a fait ses preuves en tant que jeune festival dédié à la danse contemporaine. Naviguant entre passé et présent, il

révèle des parcours personnels qui esquissent un destin commun. Plongeon au cœur d’un paysage très diversifié, sans se noyer.

« La danse contemporaine ménage une place pour chacun, il suffit de trouver la bonne porte et faire son chemin de spectateur ! » affirme Céline Bréant, fondatrice et programmatrice de cette 3e édition. Ce festival mêle ainsi de jeunes compagnies à des noms reconnus et, surtout des formes exigeantes, voire expérimentales, à des pièces « populaires, dans le bon sens du terme ». Entrons dans le vif du sujet avec des spectacles très physiques : ceux de la troupe de Badke ou du duo chorégraphié par Heddy Maalem (Toujours sur cette mer sauvage), deux concentrés d’énergie servis par des interprètes de talent. Mais n’omettons pas non plus la danse classique, avec le Made in America en trois variations du Ballet de Lorraine, avant de recevoir les vibra-tions hip-hop d’Amala Dianor (De(s)génération).

Sur le rivage – Si la sélection brasse les styles, des questionnements communs traversent néanmoins les œuvres. L’Histoire imprègne les trajectoires person-nelles comme dans le Strange Fruit d’Emmanuel Eggermont qui s’empare du colonialisme et met le passé en lumière pour mieux éclairer le présent. D’autres parcours thématiques (« tribu », « féminin-masculin » ou « géné-rations ») interrogent notre époque durant deux semaines, tel le solo de Jan Martens (Ode to the attempt, voir LM 112) où l’ordinateur devient un prolongement de l’Homme. Une immersion salutaire dans le présent, et un festival où l’on se sent comme un poisson dans l’eau. >>>

21.03 > 03.04, Roubaix, le Gymnase, La Condition Publique, Ecole du Ballet du Nord, Lille, Le Grand Bleu, Le Prato, maison Folie Wazemmes, Armentières, Le Vivat, Villeneuve

d’Ascq, La rose des vents, Atelier de la Brique-terie, Arques, 15>5€, pass festival : 50€,

pass 3 spectacles: 21€, www.gymnase-cdc.com

Programmation

Ladies First (Marion Muzac)

Le projet rassemble 20 jeunes filles, âgées de 12 à 20 ans, qui revisitent l’héritage des pionnières de la contemporaine du début du xxe siècle (Isadora Duncan, Matha Graham...). Ces moments d’anthologie frondeurs sont l’occasion pour elles d’affirmer leur présence sur la scène et leur place dans la société.

02 & 03/04, Lille, Le Grand Bleu, sam : 20h, dim : 17h,12/6€

Aneckxander (Alexander Vantournhout & Bauke Lievens)

Un acrobate doté d’une nuque vertigineuse propose une autobiographie chorégraphique. Ce solo est une mise à nu littérale, dans lequel un corps atypique se livre à un numéro de voltige ahurissant et souvent drôle, tout en délicatesse. 29.03, Lille, Le Prato, 21h, 15>5€, dès 15 ans

#03Le Grand Bain – Le Grand Bain

21.03 : Toujours sur cette mer sauvage (H. Maalem) / Strange Fruit (E. Eggermont) // 22 & 23.03 : Ode to the attempt (J. Martens) / Badke (K. Augustijnen) // 23.03 : Des ailleurs sans lieux + Pour en découdre (C. Béranger & J. Pranlas-

Descours + E. Fanteguzzi & D. Briançon) // 24.03 : En souvenir de l’Indien (A. Lachaise) // 25.03 : La Esclava (A. Parolin & L. Estaràs) / Ad Noctum (C. Rizzo) // 29.03 : Corps archivés + La mécanique des ombres (C. Buisson + S. Bouillet, M. Desseigne & L. Reynès) / Aneckxander (A. Vantournhout) // 30.03 : De(s)génération (A. Dianor) // 31.03 : Made in America : Graham, Forsythe, Cunningham (CCN - Ballet de Lorraine) // 01.04 : Que ferez-vous de

mon profil Facebook quand je serai morte ? (A. Poirier) / Jamais assez (F. Lambert) // 02.04 : Strange Fruit (E.l Eggermont) / CO.R.P.uS. (S. Nouveau / Cie de l’Oiseau-Mouche) // 02 & 03.04 : Ladies First (M. Muzac)

Badke (Koen Augustijnen, R. Torres Guerrero & H. de Vuyst)

Une énergie féroce déployée au service de l’altérité, de l’esprit de la fête et des danses populaires. Fondée sur la dabke, danse traditionnelle palestinienne, Badke est une traversée en groupe qui traduit la joie d’être ensemble.

22>23.03, Villeneuve d’Ascq, La rose des vents, mar : 21h, mer : 19h, 15/8/5€

La Preuve par 3

Programmation

Ladies First (Marion Muzac)

Le projet rassemble 20 jeunes filles, âgées de 12 à 20 ans, qui revisitent l’héritage des pionnières de la contemporaine du début du xxe siècle (Isadora Duncan, Matha Graham...). Ces moments d’anthologie frondeurs sont l’occasion pour elles d’affirmer leur présence sur la scène et leur place dans la société.

02 & 03/04, Lille, Le Grand Bleu, sam : 20h, dim : 17h,12/6€

Aneckxander (Alexander Vantournhout & Bauke Lievens)

Un acrobate doté d’une nuque vertigineuse propose une autobiographie chorégraphique. Ce solo est une mise à nu littérale, dans lequel un corps atypique se livre à un numéro

de voltige ahurissant et souvent drôle, tout en délicatesse. 29.03, Lille, Le Prato, 21h, 15>5€, dès 15 ans

#03Le Grand Bain – Le Grand Bain

21.03 : Toujours sur cette mer sauvage (H. Maalem) / Strange Fruit (E. Eggermont) // 22 & 23.03 : Ode to the attempt (J. Martens) / Badke (K. Augustijnen) // 23.03 : Des ailleurs sans lieux + Pour en découdre (C. Béranger & J. Pranlas-

Descours + E. Fanteguzzi & D. Briançon) // 24.03 : En souvenir de l’Indien (A. Lachaise) // 25.03 : La Esclava (A. Parolin & L. Estaràs) / Ad Noctum (C. Rizzo) // 29.03 : Corps archivés + La mécanique des ombres (C. Buisson + S. Bouillet, M. Desseigne & L. Reynès) / Aneckxander (A. Vantournhout) // 30.03 : De(s)génération (A. Dianor) // 31.03 : Made in America : Graham, Forsythe, Cunningham (CCN - Ballet de Lorraine) // 01.04 : Que ferez-vous de

mon profil Facebook quand je serai morte ? (A. Poirier) / Jamais assez (F. Lambert) // 02.04 : Strange Fruit (E.l Eggermont) / CO.R.P.uS. (S. Nouveau / Cie de l’Oiseau-Mouche) // 02 & 03.04 : Ladies First (M. Muzac)

Badke (Koen Augustijnen, R. Torres Guerrero & H. de Vuyst)

Une énergie féroce déployée au service de l’altérité, de l’esprit de la fête et des danses populaires. Fondée sur la dabke, danse traditionnelle palestinienne, Badke est une traversée en groupe qui traduit la joie d’être ensemble.

22>23.03, Villeneuve d’Ascq, La rose des vents, mar : 21h, mer : 19h, 15/8/5€

La Preuve par 3

129THÉÂTRE & DANSE

Cabaret de curiosités

(En)jeux de sociétéTexte Julien Damien Photo Les Bienveillantes (répétition) © Jan Versweyveld

Après s’être intéressé aux aliens, le Cabaret de curiosités se penche sur un sujet plus politique : notre bonne vieille démocratie. Durant trois

jours le Phénix, scène nationale de Valenciennes, explore sous le prisme de la création contemporaine la plus débridée « les tensions entre pouvoir et impuissance, collectif et individu ». Oui, ça va secouer.

Notre démocratie est-elle malade ? Elle souffre en tout cas d’un paradoxe : « nous sommes de plus en plus libres en tant qu’individus, remarque le

directeur du Phénix, Romaric Daurier. Mais cette liberté compte de moins en moins dans le façonnement du destin collectif ». Ceci crée « un sentiment de dépossession et d’impuissance pour citer Marcel Gauchet ». En découlent divers maux dont, en première ligne, la montée des extrêmes. Ainsi l’adaptation par Guy Cassiers du roman de Jonathan Littell, Les Bienveillantes (prix Goncourt 2006), démonte les rouages de la fabrique des monstres, en décrivant la Shoah du point de vue d’un bourreau nazi. Dans cette pièce le metteur en scène flamand « montre comment cette idéologie s’installe, notamment par le langage ». Un sujet qui, forcément, « résonne fortement avec notre actualité ».

Démotivé – Tout aussi pertinent : notre rapport au travail, disséqué ici par Vincent Thomasset, qui porte sur les planches les Lettres de non-motivation de Julien Prévieux. Durant des mois, ce plasticien s’est amusé à envoyer des réponses négatives à divers employeurs, leur exposant les raisons pour lesquelles il ne postulera pas à l’offre proposée. Un spectacle poilant, cathartique, se jouant aussi des rapports de force (ou absurdités) qui règnent sur le marché de l’emploi. Mais bon dieu, que reste-t-il de l’héritage des Lumières ?!

23>25.03, Valenciennes, Le Phénix, L’H du Siège, Espace Pasolini / Aulnoy-lez-

Valenciennes, Les Nymphéas / Le Favril, La Chambre d’Eau / Vieux Condé, Le Boulon /

Douchy-les-Mines, L’Imaginaire, 22€ > gratuit, pass : 24/15€, www.lephenix.fr

Prog : 23, 24 & 25.03 : Les Bienveillantes (J. Littell / G. Cassiers), Un faible degré d’originalité (L’Amicale de Production),

L’instable (N. Corre), Some Use for your Broken Clay Pots (C. Meierhans), Amis, il faut faire une pause (L’Amicale de Production) // 23 & 24.03 : Un album (L. Dosch), Lettres de non-motivation (J. Prévieux, V. Thomasset),

Familles intermittentes : les pères (ZimmerFrei) // 23.03 : Chamberlain // 24.03 : SIRI (M.

Carbonneau), House Anthem // 25.03 : Le livre de cuisine des affamés (K. Brzuzan)

Maxi’Mômes #10Derrière ce calembour se cache un fes-

tival dédié aux enfants (dès 6 mois !).

Entre autres jeux ou ateliers (notam-

ment une initiation au pochoir par

Mimi the clown), on trouve des spec-

tacles pas bas-de-plafond. Tel Le Yark,

de la compagnie L’Organisation, qui

met en scène un monstre qui a décidé de

dépasser sa nature profonde, cessant de

manger des enfants pour se lier d’ami-

tié avec eux. Pour preuve aussi cette

adaptation, excusez du peu, de Madame Butterfly de Puccini. Nathalie Cornille

tire de cet opéra un solo chorégraphique

accessible aux plus jeunes. Une porte

d’entrée idéale vers le chant lyrique et la

danse contemporaine, qui ne devrait pas

laisser les parents indifférents. J.D.

16>20.03, Lille, maison Folie Wazemmes, 1 spectacle : 5,50/3,50/2€ (-12 ans), maisonsfolie.lille.fr

Programme / 16.03 : ToiIci & MoiLà (Cie La Bicaudale), Le Yark (Cie L’Organisation) // 18.03 : Monsieur Bleu (Collectif Aïe Aïe Aïe) // 19.03 : Mme Butterfly (Cie

Nathalie Cornille), Atelier d’initiation au pochoir par Mimi The Clown // 19 & 20.03 : Play (La Boîte à sel),

Sur le chapeau d’étoiles (Cie de l’Echelle)...

Le P’tit MondeDes spectacles à hauteur d’enfants

et d’ados, mais jamais au ras des pâ-

querettes… tel est le programme du

festival Le P’tit Monde. Cette 13e édi-

tion aborde en effet de grands thèmes

de société avec finesse, et dézingue

nombre d’idées reçues. En exposant

les difficultés d’une petite fille à trou-

ver sa place au milieu des garçons dans

un programme spatial, Une cosmo-naute est un souci dans notre galaxie

pose ainsi la question des stéréotypes

liés aux genres. À travers un tendre et

drôle badinage entre deux ados, À la renverse place de son côté le spectateur

face aux espoirs de la jeunesse et aux

doutes propres à l’amour. Et à tous les

âges... J.D.

21>31.03, Hazebrouck, Centre culturel André Malraux et divers lieux, 7/5/4€, www.centreandremalraux.com

Programme / 21.03 : J’ai un arbre dans mon cœur (Cie Sens ascensionnels), Une cosmonaute est un souci dans notre galaxie (Théâtre de l’Embellie) //

22.03 : Huck Finn (La mécanique du fluide) // 24.03 : À la renverse (Théâtre du Rivage) // 25.03 : Edgar

Paillettes (La Manivelle Théâtre)...

Une

cos

mon

aute

est

un

souc

i dan

s no

tre

gala

xie

© C

harl

y D

esou

bry

Mm

e B

utte

rfly

© C

ie N

atha

lie C

orni

lle

Jeune public

132THÉÂTRE & DANSE

Créée en 2009 par Cécile Backès, l’adaptation du manifeste féministe explosif de Virginie Despentes revient à Béthune pour deux représentations. Elles sont suivies

d’un bal rock alternatif mettant les femmes à l’honneur. Tout un programme !

« Je parle de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camion-neuses, les frigides, les mal-baisées (…), toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf. Et (…) je ne m’excuse de rien ! » Les premiers mots de Virginie Despentes donnent le ton de King Kong Théorie (Grasset, 2006) : provoc’, intransigeant mais drôle, assurément. Ce sont aussi les premiers que prononce Salima Boutebal, délicieuse d’ironie en manteau vinyle, perruque blonde et maquillage outrancier. Pour transposer l’essai sur les planches, la comédienne et la metteure en scène ont procédé par fragments : déclamations gouailleuses pour les éléments d’analyse, sur les inégalités hommes-femmes ou les représentations imposées de la féminité, voix plus mesurée pour les pas-sages autobiographiques, dont celui sur le viol. Expurgé de certains extraits, le spectacle se transforme en one-woman show porté par une bande-son 100% féminine, qui inclut une reprise punk de All by Myself par Babes in Toyland. « Plusieurs chansons viennent de la compilation de rap féminin Fly Girls, note la directrice de la Comédie de Béthune, c’est donc le nom que j’ai donné à la soirée de clôture qui célèbre la liberté des femmes, pas mal, non ? » Ce n’est pas Virginie Despentes qui dira le contraire. Marine Durand

24 & 25.03, Béthune, La Comédie de Béthune, Le Palace, 20h, 7€, www.comediedebethune.org

Soirée Fly girls !, 25.03, Le Palace, 21h30

King Kong Théorie

Sexe fort © T

hom

as F

aver

jon

134THÉÂTRE & DANSE

Figaro divorceMais qu’est devenu Figaro après la Révolution

française ? Eh bien le porte-parole des revendications du peuple imaginé par Beaumarchais... a fui son pays,

se muant en petit-bourgeois angoissé. Un barbier obsédé par son chiffre d’affaires, incapable de donner

un enfant à sa femme, qui demande le divorce ! C’est ce qu’imagine Horváth en 1936 dans cette suite au Mariage

de Figaro. Christophe Rauck s’empare de cette pièce très moderne en s’appuyant sur la musique et la vidéo pour restituer l’onirisme et l’ironie d’une « comédie douce-amère pleine d’ombre et de mélancolie ». J.D

03>20.03, Lille, Théâtre du Nord, jeu & sam : 19h, mar, mer & ven : 20h, dim 13 & 20.03 : 16h, 27>7€, www.theatredunord.fr

Béatrice et BénédictAprès Le Trouvère de Verdi, Richard Brunel s’attaque à Béatrice et Benedict, un sommet de l’opéra-comique que Berlioz adapta de Beaucoup de bruit pour rien, de Shakespeare. Celui-ci narre les affres de deux jeunes gens forcés de se marier par leur entourage. À la demande de La Monnaie, le metteur en scène français a retravaillé les textes au plus près de la version anglaise afin de sublimer l’ex-pressivité de la musique. À l’ombre de la gaieté de la composition, il révèle aussi la mélancolie et les questions existentielles propres à l’amour. J.D.

24.03>06.04, Bruxelles, Palais de la Monnaie - chapiteau à Tours & Taxis, 20h (sf le 03.04 : 15h) 130>15€, www.lamonnaie.be

Chr

isto

phe

Rau

ck ©

DR

© K

erst

i K

136THÉÂTRE & DANSE

136THÉÂTRE & DANSE

Money !Françoise Bloch / Zoo Théâtre

Savez-vous ce qu’est une obligation, une Sicav, une action ? Non ? Alors on ne saurait trop vous conseiller d’aller voir Money ! Ce spectacle narre les mésa-ventures d’un homme qui, candidement, entre dans une banque pour demander où va son argent. Chemin faisant, il est confronté à un ballet de chaises rou-lantes, de chiffres et de graphiques. Aussi drôle qu’ instructive, cette pièce décrypte les dérives du capitalisme.

05 > 06.03 & 12 > 17.04, Bruxelles, Théâtre National, Complet ! // 20.03, Caudry, Théâtre, 17h, 14>7€ // 03.05, Nivelles, Centre culturel // 10 > 13.05, Louvain-la-Neuve, Atelier Thêatre Jean Vilar

Rien ne va plus ! Casino Forain

Cie Cendres la Rouge

Les pièces de Cendres la Rouge reposent sur des comédiens et des marionnettes conçus avec... des os d’animaux. C’est le cas dans Rien de va plus ! Soit un étrange casino où des squelettes-auto-mates se livrent à des jeux d’adresse et de hasard. Mais n’entre pas qui veut ! Le spectateur doit gagner des jetons pour pénétrer dans cette étrange attraction. Avec l’espoir d’en ressortir gagnant...

06.03 > 03.04, Lambersart, Colysée, mer : 14h30 > 17h30, sam & dim : 15h > 18h, gratuit, www.lambersart.fr

Cuisine & confessionsLes 7 doigts de la main

La recette d’un bon spectacle ? Une pincée d’originalité, un zeste d’humour et surtout, un cocktail d’acrobaties, de chants, de musiques et de numéros de jonglage ! Dans son 13e spectacle, la troupe montréalaise Les 7doigts de la main nous invite dans une grande cuisine. Entre petits plats et vais-selles sale, les voltigeurs reviennent sur les saveurs favorites de leur enfance, pour mieux réinviter l’art du cirque. Miam !

04 & 05.03, Roubaix, Le Colisée, 20h30, 39>10€ // 15 > 17.04, Arlon, Maison de la culture, ven & sam : 20h30, dim : 16h, 35>15€ // 21 > 24.04, Bruxelles, Wolubilis, 20h30 (+15h le sam), dim Complet !, 38,50>16,50€

MartaWolfgang Mitterer / Gerhild Steinbuch / Clément Power / Ludovic Lagarde

Œuvre de deux figures autrichiennes, le compositeur Wolfgang Mitterer et l’écrivaine Gerhild Steinbuch, Marta est un conte post-apocalyptique. Un monde où les enfants ont disparu, sauf Marta, exposée telle une poupée dans une vitrine du château de la reine Ginevra. Sombre et féérique, ce spectacle est soutenu par une musique tout en contrastes, entre l’électronique, le travail instrumental et des chanteurs solistes.

13>21.03, Lille, Opéra de Lille, mar, jeu, sam, lun : 20h, dim : 16h, 34>5€, www.opera-lille.fr

© A

lexa

ndre

Gal

liez

Agenda

138THÉÂTRE & DANSE

La troupe du Jamel Comedy Club

Pépinière de talents qui a vu éclore Thomas Ngijol ou Fabrice Eboué, le Jamel Comedy Club a désormais sa troupe. On connaît le principe : du stand-up et des vannes qui n’épargnent aucun sujet, des tensions entre les religions (dont s’amusent Younes et Bambi) aux particularités physiques (la drôle de voix de Christine Berrou). Une nouvelle gé-nération d’humoristes bien ancrés dans notre époque et qui risque de nous faire rire encore longtemps.

19.03, Lille, Théâtre du Casino Barrière, 20h30, 22€, www.lucienbarriere.com // 17.11, Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 36€, www.theatre-sebastopol.fr // 18.11, Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 34>25€

Mas-SacreMaria Clara Villa Lobos / XL Production

Maria Clara Villa Lobos poursuit son ex-ploration de la société de consommation à travers une relecture contemporaine du Sacre Du Printemps d’Igor Stravinsky (1913). Dans Mas-Sacre, la chorégraphe brésilienne s’attaque à la production et l’abattage industriels. Agrémentée de vidéos, la scénographie est centrée sur une grande table en inox, dans une usine à viande où les danseurs incarnent les employés d’une chaîne d’abattage. Drôle et glaçant.

19.03, Charleroi, Les Ecuries, 20h, 14€, www.charleroi-danses.be

Elles en rient encoreFestival / Le Prato

Les femmes et le cirque ? De la clowne-rie sans fard, à l’état brut, comme nous le prouve La Boca Abierta. Soit deux femmes qui s’étreignent ou s’em-poignent avec tendresse, l’une avec un accordéon et l’autre une guitare. Question acrobaties, celles du Groupe Bekkrell ne sont pas mal non plus : sur une bascule, un mât ou suspendues à une corde, ces quatre filles se jouent des lois de l’équilibre (et avec nos nerfs !), démontrant que la stabilité repose sur une mobilité continuelle.

02 & 03.03 : Une aventure (la Boca Abierta), 20h // 25.03 : Effet Bekkrell (Groupe Bekkrell), 20h, Lille, Le Prato, 17>5€, www.leprato.fr

D’après une histoire vraieChristian Rizzo / L’association fragile

C’est un souvenir qui a inspiré à Christian Rizzo ce spectacle. Celui d’une ronde d’hommes improvisée dans les rues d’Istanbul. Le chorégraphe en a puisé une pièce mettant en scène huit danseurs. Exaltés par les percussions joués en live par Didier Ambact et King Q4, ils s’épaulent, se prennent par la main, se soutiennent dans un équilibre fragile. Bref, ils dansent, dans une ode à la masculinité, la solidarité et au plaisir d’être ensemble.

31.03, Bruges, Concertgebouw, 20h, 33>17€, www.concertgebouw.be

Agenda

© X

L-P

rodu

ctio

n

Asya Kozina – En voilà une belle perruque ! Celle-ci a entièrement été confectionnée en papier, la matière de prédilection d’Asya Kozina. Passionnée par la période baroque, cette jeune russe donne libre cours à son talent en sculptant aussi toutes sortes de robes et accessoires. Une artiste qui fait dans la dentelle ! www.behance.net/asyakozina

140LE MOT DE LA FIN