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JA 1000 Lausanne 1 NEUCHÂTEL UN CHIEN SURVIT À UN TERRIBLE ACCIDENT PAGES 12-13 ÉQUIPE DE SUISSE CLAUDIO SULSER RACONTE CE QUI A CHANGÉ PAGES 40-41 VENDREDI 24 MARS 2017 · N° 83 · FR. 3.20 (TVA 2.5% incluse) · France voisine 2.90 € · www.lematin.ch Maxime Schmid Laurent Crottet 50 ANS SUR L’ALPE JOYEUX ANNIVERSAIRE HEIDI! PAGE 30 Photopress-Archiv/STR 2700 KM POUR LA BONNE CAUSE REPORTAGE PAGES 2-7 L’ODYSSÉE DE LAURIANE Sebastien Anex

L’ODYSSÉE - righetti-partner.com · pourra pas entrer au Maroc. Mais un transitaire francophone, surgi de nulle part, fait miroiter des so-lutions. Quelques heures et pour Rabat

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JA 1000 Lausanne 1

NEUCHÂTELUN CHIEN SURVIT À UN TERRIBLE ACCIDENTPAGES 12-13

ÉQUIPE DE SUISSECLAUDIO SULSERRACONTE CE QUI A CHANGÉPAGES 40-41

VENDREDI 24 MARS 2017 · N° 83 · FR. 3.20 (TVA 2.5% incluse) · France voisine 2.90 € · www.lematin.ch

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Laurent Crottet

50 ANSSUR L’ALPEJOYEUX ANNIVERSAIRE HEIDI!PAGE 30

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2700 KM POURLA BONNE CAUSEREPORTAGEPAGES 2-7

L’ODYSSÉEDE LAURIANE

Sebastien Anex

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LAURIANE SALLIN L’étudiante a acheminé du matériel médical en camion au Maroc, malgré un nombre incalculable d’obstacles. «Le Matin» l’a suivie dans son périple. Récit.

MAROC: MISSI

FuenteObejuna

Port-Vendres

Départ de Chavornay,le 13 mars 2017

Arrivée à Rabat,le 18 mars 2017

E S P A G N E

F R A N C E

M A R O C

Valence

Tanger Med Algeciras

I ON ACCOMPLIE!

Plus de 2700 kilomè-tres à l’aller, son ca-mion bloqué 26 heu-res à la douane deTanger, quelques

heures de sommeil glanées par-cipar-là et une montagne d’ennuisadministratifs: Lauriane Sallin,23 ans, n’a pourtant pas perdu devue son objectif, à savoir livrer,en camion, du matériel médicalrécupéré en Suisse à l’hôpital desenfants de Rabat, au Maroc. Elle afinalement accompli sa missionaprès cinq jours d’un voyagehaut en couleur.

«Le Matin» l’a suivie dans sonpériple depuis Fuente Obejuna, àune heure de Cordoue en Anda-lousie. Elle nous y avait donnérendez-vous le 15 mars, deuxjours après son départ de Cha-vornay (VD) au volant de son18 tonnes. Dans son odyssée,Miss Suisse a pu compter surl’aide de son moniteur de con-

REPORTAGE 3VENDREDI 24 MARS 2017 LE MATIN

SUITE EN PAGE 4 $

TEXTES:

TRINIDAD [email protected]

PHOTOS:

SÉBASTIEN [email protected]

L’ODYSSÉE DE MISS SUISSE

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duite Emerick Wicki, 51 ans, qui,touché par son projet humanitaire,lui avait déjà offert les cours deconduite pour son permis poidslourds. «Nous ne mettons jamaisl’autoradio, nous confie Lauriane,tout sourire lorsque nous la retrou-vons en Espagne. Avec Emerick, ons’entend tellement bien, on a lemême humour et plein de pointscommuns. On n’arrête pas de par-ler.» De quoi? De la pièce de théâ-tre sur la Grèce qu’écrit le moniteurd’auto-école et bateau, drama-turge à ses heures libres, et qui pas-sionne l’étudiante en lettres et ar-chéologie. Du cancer qui a emportéla sœur de Lauriane et l’époused’Emerick. Mais aussi de leur goûtde l’aventure, des voyages et deleur envie de changer, un peu, cemonde. «Je pense faire mon permisbateau avec Emerick après. Je ré-

REPORTAGE4VENDREDI 24 MARS 2017LE MATIN

' SUITE DE PAGE 3

PAPIERS Petit couac à Algeciras,

en Espagne, où Lauriane Sallin

s’en remet à un transitaire sorti

de nulle part, dans un bureau où

un «Aduana» est peint au mur.

Résultat: les papiers établis

suffisent pour sortir d’Espagne

mais pas pour entrer au Maroc.

RETROUVAILLES Lauriane souhaitait

s’arrêter une nuit près de Cordoue dans

la famille de sa tante par alliance

(ici la mère de celle-ci, Bernadette).

ÉQUIPE DE CHOC La grande complicité

entre Lauriane et Emerick leur a permis

de cohabiter dans l’habitacle sans

trouver le temps long. Ils y ont aussi

dormi parfois sur leurs minicouchettes.

fléchis à un projet humanitaireen ce sens. Les permis t’offrentplein de possibilités. Je vais de-venir transporteuse de matérielhumanitaire!», rigole-t-elle.«Sérieusement, être chauffeurroutier c’est très difficile. Tu asmal au dos, il faut être trèsconcentré. Et nous, on a lachance de voyager à deux.» De-puis leur départ, ils s’alternent auvolant: deux heures chacun, puisune pause. Le camion est bridé à92 km/h mais la vitesse de croi-sière avoisine plutôt les 80 km/h.

Vingt-neuf heures de voyage

Après une nuit à l’hôtel à Port-Vendres puis une à Valence, leduo s’apprête à dormir à FuenteObejuna, chez Mathilde Léon, latante par alliance de Lauriane. Lajournée se termine donc avec eux,en famille, autour de spécialités dela région. Puis au lit! Car le départ

REPORTAGE 5VENDREDI 24 MARS 2017 LE MATIN

«J’ÉTAIS FIÈRE DE PARQUER LE CAMION SEULE»

ferry et encore plus de3 h de route au Maroc.Mais rien ne se dérouleracomme prévu. Car de-puis 48 heures, aucunferry ne fait la traverséeà cause du mauvaistemps, apprend-on à cemoment-là. Des cen-taines de camions at-tendent une place. «Onne change rien à nosplans, on verra une foissur place», lance Lau-riane, confiante.

Les traits sont tirés,la nuit encore épaisse,le froid piquant lors-que nous nous met-tons en route au petitmatin. Lauriane au

volant, Emerick sur le siège passa-ger. Nous, nous les suivons en voi-ture. Nul ne se doute alors de l’in-terminable journée qui nous at-

tend. Arrivés à 10 h finalement auport d’Algeciras, on découvrequ’une place est disponible dansun ferry partant à… 23 h 59! Et queLauriane Sallin n’a pas les papiersnécessaires pour entrer au Marocavec son chargement. La transi-taire, mandatée dans le pays parTerre des hommes pour les établir,est aux abonnés absents. Et ils’agit encore de trouver un transi-taire pour les papiers de sortied’Espagne.

Emerick Wicki est obligé de res-ter au volant du camion dans leport. C’est donc Miss Suisse, pro-priétaire officielle du véhicule, quidoit gérer l’aspect administratif. Àla douane, on nous décrit la mar-che à suivre, on assure qu’elle nepourra pas entrer au Maroc. Maisun transitaire francophone, surgide nulle part, fait miroiter des so-lutions. Quelques heures et

pour Rabat est fixé à 4 h du matin lelendemain. Au programme: 5 hjusqu’à Algeciras, puis 1 h 30 de

CHAPEAU BAS! Lauriane ne cache

pas sa fierté après

avoir parqué son

camion, dépourvu

d’avertisseurs

sonores, en marche

arrière dans le ferry

devant les

sceptiques. Emerick

Wicki (derrière) n’a

jamais douté d’elle.

SUITE EN PAGE 6 $

L’ODYSSÉE DE MISS SUISSE

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REPORTAGE6VENDREDI 24 MARS 2017LE MATIN

400 euros plus tard, il établit lessésames. Lauriane Sallin s’étonnedes fautes dans les noms et dans lenuméro d’immatriculation. Le«passeur» lance à son collègue:«Les Suisses sont pointilleux. Re-fais les papiers!»

L’aide de l’ambassadeur suisseÀ 22 h 30, nous retrouvons nosdeux chauffeurs dans la file d’at-tente des camions. Nous sommestous remontés à bloc après avoirdormi trois heures à l’hôtel. Maisaucun bateau à l’horizon. Le ventne faiblit pas. Le départ est re-poussé à 3 h du matin. Il faut doncs’armer de patience. Deux petitescouchettes amovibles, derrière lessièges leur permettent de se repo-ser. Tandis que «Le Matin» tue letemps à la cafétéria de l’embarca-dère. Puis c’est enfin le bout dutunnel: malgré la fatigue, le froid etla faim, Lauriane se parquebrillamment sous nos yeux enmarche arrière dans le ferry. Unautre routier vient la féliciter.«C’est un des plus beaux momentsdu voyage. Je criais victoire! Lesemployés du port voulaientqu’Emerick manœuvre. Mais j’aipensé que c’était à moi de lefaire. C’est joli de dire que tusais conduire. Il faut aussi lemontrer», se réjouit la jeune

femme. La mer est démontée, lesvagues de 3 mètres balancent leferry comme un jouet. Trop pourEmerick, pourtant habitué de lamer, et la soussignée qui doiventfinir le voyage dehors, à l’air frais,avec l’écume des vagues qui s’abatsur le pont.

Quand nous posons enfin le piedsur la terre ferme, à 4 h 30 heure

locale, à Tanger Med, on croit lesennuis terminés. Après quelquestracasseries à la douane, nous par-tons. Mais seuls: Lauriane et Eme-rick ne peuvent pas entrer au Ma-roc… à cause de leurs papiers! «Sij’ai bien compris, c est l’expéditeurqui ne les a pas faits correctement,nous explique l’ambassadeur deSuisse au Maroc, Massimo Baggi. Il

mettra tout en œuvre, avec Terredes hommes, pour faire pressionsur la transitaire marocaine. En at-tendant, notre duo décide de re-joindre Rabat en taxi vendredi soirpour ne pas manquer la soirée don-née par l’ambassadeur en leurhonneur.

Retour à Tanger Med le samedimatin. A 15 h 10, c’est l’euphorie:le camion est autorisé à quitter lazone franche. Lauriane entre enfindans l’enceinte de l’hôpital des en-fants de Rabat à 20 h. Plus per-sonne n’est là pour décharger. Niune ni deux, le chirurgien JaafarRhissassi, responsable de l’unitépour les enfants cardiaques, metsur pied une équipe de gardienspour l’aider à décharger. Nousparticipons tous, y compris notrechauffeur de taxi. «On a réussi!»,s’exclame Lauriane sous les ap-plaudissements. Le professeurRhissassi est ému. Il y a là des di-zaines de sacs de draps, des chaisesroulantes, des lits de salle d’opéra-tion, des appareils de contrôles des

constantes, une lampe de salled’opération. «Cela nouspermettra de prendre encharge un maximum de petits

patients, dit-il. C’est un ca-deau magnifique qu’elle

nous a fait.» ●LIRE L’ÉDITO EN PAGE 8

«JE VEUX FAIRELE PERMIS BATEAU MAINTENANT!»

HÔPITAL Après avoir livré le

matériel, Miss Suisse s’est rendue

au chevet des enfants opérés

du cœur. C’est ici que servira

le matériel qu’elle a transporté.

VOYAGE Miss Suisse souhaitait vendre

le camion sur place mais le prix offert

était trop dérisoire. Le duo a donc repris

la route lundi. Ils sont arrivés dans

la nuit de mercredi à jeudi en Suisse.

' SUITE DE PAGE 5

BILAN DE L’AVENTURELAURIANE SALLIN, 23 ans, Miss Suisse et étudiante

gJ’espère qu’un jour on ne jettera plus de matériel médical»

importante pour les femmes marocaines. Qu’en pensez-vous?Ce que j’ai fait, ce n’est pas vrai-ment ce qui se fait au Maroc. Je l’ai bien senti à la douane. Ils ont fait une photocopie de ma carte grise puis ils ont barré mon nom pour mettre celui d’Emerick. Personne ne s’oppose au fait que je conduise, ils trouvent même ça marrant. Mais sur les papiers, ce n’est pas envisageable. On ne possède pas de camions, me semble-t-il, si on est femme au Maroc. Moi, plutôt que de scander des slogans, je préfère agir. Je savais que si je prenais part à ce voyage, médiatiquement ce serait plus fort. Et je sais que j’ai lutté contre les stéréotypes. C’est aussi pour ça que j’ai tenu à parquer le camion moi-même sur le ferry.

● Est-ce aussi pour cela que vous avez tous les jours con-duit en petite robe et talons?Je suis toujours habillée comme ça. Ces chaussures sont très confortables. Je voulais rester comme je suis. J’ai mon style. Je ne veux pas me déguiser pour être une caricature de routière. Je l’aurais fait même s’il n’y avait pas eu de photographes.

● Combien a coûté ce projet finalement?Tout le monde m’a aidée. Terre des hommes et Corelina m’ont soutenue pour l’organisation. Emerick m’a offert les cours de conduite. Le comité de Miss Suisse a payé les examens du permis. Et ils m’ont donné un budget de 15 000 francs pour le voyage. Mais on est largement en dessous car le camion consomme moins que prévu. Le camion, d’une valeur de 13 000 francs, m’a été offert par Kolly. Je pense le revendre et verser l’argent à Corelina. Et le matériel médical a été offert par des hôpitaux suis-ses. J’espère que mon initiative sera suivie par d’autres et qu’un jour, on ne jette plus de matériel médical. ●

● Après 10 jours de voyage, vous êtes de retour à la mai-son. Quel bilan tirez-vous?On a eu un happy end, comme dans les films américains. Mainte-nant, j’ai l’impression que ce n’était pas si difficile. Mais c’était très dur en réalité. Il y avait une tension incroyable pendant tout le voyage. À Tanger, j’ai envisagé de retourner en arrière. Mais ce n’était pas possible, il nous man-quait encore plus de papiers pour rentrer en Europe! Et je ne pou-vais pas abandonner le camion là. Je me suis demandé si j’allais un jour rentrer chez moi!

● Vous seriez prête à repartir?Oh oui! Si je trouve le temps, avec mes cours à l’université. J’ai déjà manqué pas mal de jours. Et il faudrait des sponsors pour payer

le voyage cette fois. Quandtout est devenu si compli-

qué, je me suis demandési mon projet était vrai-ment utile. Mais c’estutile. J’ai amené pourdes centaines de mil-liers de francs dematériel médical, enpartie neuf, donné parles hôpitaux en

Suisse. On auraitjeté les machines

de surveillancedes constantes

que j’ai ame-nées, car onrééquipe tout

avec des appa-reils ayant duwi-fi. C’estdommaged’avoir à payer

pour les détruirealors qu’ils sont si

utiles ailleurs. Monprojet s’inscrit juste

dans la logique ac-tuelle du recyclage.

● Le chirurgien cardia-que qui a reçu votre don

à Rabat, Jaafar Rhis-sassi, estime aussique votre action est

REPORTAGE 7VENDREDI 24 MARS 2017 LE MATIN

L’ODYSSÉE DE MISS SUISSE

DONS Samedi soir, Lauriane était

ravie de décharger le matériel qu’elle

a obtenu avec l’aide des associations

Corelina et Terre des hommes.

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faute de papiers réglementaires.Mais nous étions surtout avec ellelorsque, du haut de ses 23 ans,elle a offert du matériel médicalneuf, que nous jetons chez nous,à l’hôpital marocain. Et nousétions avec tous ceux qui ont, cejour-là, reçu une sacrée leçon.

Alors oui, le voyage a aussiété une belle aventure pour elle.Mais qui a dit que l’humanitairene pouvait pas en être une? L’im-portant, au final, ce n’est que lerésultat. U

LIRE EN PAGES 2-7

beaucoup font bien plus dans l’om-bre. Oui, le voyage lui a été payé. Oui, le véhicule lui a été offert. Mais elle est parvenue, en donnant de son temps et de son énergie, à attirer l’attention sur le gaspillage de matériel vital en Suisse.

Elle aussi ne savait pas quec’était impossible, alors ellel’a fait, aurait pu dire d’elle MarkTwain, tant les obstacles ont éténombreux sur sa route. MaisLauriane Sallin a gardé le cap,croyant toujours en sa bonneétoile. Parfois même trop.

Nous étions avec elle lors-qu’elle a peiné à passer la douane,

L'ÉDITO DE TRINIDAD BARLEYCORN Cheffe rubrique People

Impossible n’est pas LaurianeBla-bla-bla: c'est ce qu’ontsouvent l’impression d’entendreles gens quand quelqu’un rêve devoyage humanitaire. Alors que leconcours de Miss Suisse, racheté,sera de nouveau, dès 2018, unesimple élection de beauté sansconnotation humanitaire, Lau-riane Sallin referme la parenthèsecaritative du concours avec lemême panache que Laetitia Gua-rino l’avait ouverte.

La Fribourgeoise vient de dé-montrer, en roulant 5400 kilomè-tres aller-retour jusqu’au Maroc encamion pour faire un don à l’hôpitaldes enfants de Rabat, que son rêve à elle s’ancrait dans la réalité. Oui,

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ACTU 9VENDREDI 24 MARS 2017 LE MATIN

PROCÈS Un Roumain de 43 ans a été reconnu coupable de viol et de contrainte sexuelle par le Tribunal correctionnel de Genève. En mai 2015, il avait suivi sa victime qui rentrait chez elle.

MENACÉE DEMENACÉE DE MORTET VIOLÉE AU PARCET VIOLÉE AU PARC

Le violeur s’était

caché dans les

buissons du parc

Moynier (GE)

avant d’attaquer

une jeune femme

de 24 ans.

Il l’a suivie alors qu’elle rentraitchez elle, du côté de la rue deLausanne, à Genève. A un mo-

ment, il l’a devancée par la droitealors qu’elle était occupée à mani-puler son téléphone portable.L’homme s’est caché dans unbuisson du parc Moynier et a at-tendu. Quand elle a passé devantlui, il l’a violemment saisie par lebras, l’a soulevée et jetée à terre.Pendant treize longues minutes –«une éternité», dira le premierprocureur Stéphane Grodecki – il aabusé de la jeune femme de 24 ansau visage de madone. C’était le19 mai 2015 vers minuit.

Depuis, cette Franco-Finlan-daise tente d’oublier l’horreur. Al’approche du procès, ses cauche-mars ont recommencé. «Dès queje suis seule avec un homme que jene connais pas, c’est extrêmementdifficile», explique-t-elle aux ju-ges du Tribunal correctionnel deGenève. L’agresseur, un Roumainde 43 ans, connu dans la plupartdes pays d’Europe pour vols et es-croqueries, a été arrêté quatremois plus tard à son arrivée en

Me Lorella Bertani expliquant quesa cliente s’est douchée en ren-trant chez elle. Heureusement, lapolice avait relevé des tracesd’ADN sur son corps.»

«Le prévenu nous parle du dia-ble, du fait qu’il avait bu ce soir-là.Mais il parle peu de sa propre res-ponsabilité», constate le premierprocureur Grodecki, réclamantune peine de 6 ans et demi de pri-son. «Il a agi de manière égoïstepour assouvir une pulsion. Il abrisé et marqué à vie cette jeunefemme», ajoute-t-il.

Après délibération, le Roumaina été condamné à 5 ans et demipour l’ensemble des faits qui luiétaient reprochés. A sa sortie deprison, comme il l’a dit et répété autribunal, il souhaite être «expulséà vie de Suisse» et se consacrer àl’élevage de bovins, dans son paysd’origine. Il a déjà acheté un livresur le sujet et espère pouvoir sui-vre une formation spécifique endétention.

● TEXTE VALÉRIE DUBY

[email protected]

PHOTOS CHRISTIAN BONZON

ferry à Tallinn, en Estonie, et pré-venu de contrainte sexuelle et deviol. Devant le tribunal genevois,cet ancien assistant médical deformation, né en Roumanie, asorti son mouchoir. Il expliquequ’il regrette ce qu’il a fait, quedepuis des mois il verse 25 fr. parmois à l’association Viol Secours.«J’ai agi comme un animal. C’estle diable qui m’a poussé à faireça», dit-il. Le quadragénaire re-connaît avoir menacé de mort savictime, l’avoir obligée à lui pro-

diguer des fellationssans préservatif, à s’êtrecouchée sur elle.

Ce qu’il ne reconnaîtpas, c’est une pénétra-tion. Son avocat, MeVincent Spira, fait re-marquer «qu’aucune

trace d’ADN de mon client n’a étéretrouvée sur les parties intimes dela jeune femme».

Pas examinée aux HUGIl faut dire qu’à la maternité desHUG où la victime a été envoyée lanuit du viol, juste après s’être ren-due au poste de police, aucun mé-decin n’était disponible pour

l’examiner. «On lui ademandé de revenirle lendemain matin,déplore l’avocate dela jeune femme,

gLa victime aété brisée et

marquée à vie»Stéphane Grodecki,

premier procureur à Genève