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Master 1 pro CRDM Logiques et enjeux des industries culturelles LA FONCTION LIBÉRATRICE DE L’UTOPIE AU CINEMA BOURGEOIS Youri Numéro d’étudiant : 31011551 Remis le : 05/01/2015

Logiques et enjeux des industries culturelles bourgeois youri

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Master 1 pro CRDM

Logiques et enjeux des industries culturelles

LA FONCTION LIBÉRATRICE DE L’UTOPIE AU CINEMA

BOURGEOIS Youri

Numéro d’étudiant : 31011551

Remis le : 05/01/2015

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Sommaire

Introduction …………………………………….p.3

Adorno : Aldous Huxley et l’utopie …………p.4

Fahrenheit 451 …………………………………p.5

1984 ……………………………………….……p.7

Le meilleur des mondes ……………………..p.9

Equilibrium …………….……………………….p.11

Matrix ………………………………………......p.13

Huger Games ……………………………….....p.15

Divergente …………………………………...…p.17

Conclusion ………………………………….….p.19

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Introduction

LA FONCTION LIBÉRATRICE DE L’UTOPIE AU CINEMA

Huxley écrit en 1931 « Brave New World » et y dépeint une contre-utopie basée sur

l’exagération d’une société qu’il dénonce. Anesthésiée par le progrès scientifique et

technique, le roman pousse à son paroxysme les conceptions sur l'eugénisme. Sur un ton

ironique voire satirique, il présente les évolutions des différentes techniques de contrôle sur

la population, aboutissant à un changement total des mœurs telles qu’on les connait et une

déshumanisation de l’homme. Huxley invite donc à échapper au piège idéologique que

représente l’utopie. Cependant Adorno critiquera le manque d’analyse de l’œuvre et son

approche trop pessimiste.

« Le Meilleur des mondes » sera suivi quelques années plus tard par « 1984 » de George

Orwell, auquel il est souvent comparé. Les deux ouvrages présentent des visions différentes

du futur, puisque dans « 1984 » les libertés ont certes disparu avec le doute, mais les gens,

uniformisés, sont satisfaits. Cependant les ouvrages affichent tous deux une vision

pessimiste et contemplative sans présenter de rupture à une sombre continuité.

Cependant, au fils de l’histoire cinématographique, de Matrix à Huger Games, les auteurs et

réalisateurs seront de plus en plus nombreux à apporter une figure de héros à travers leurs

œuvres d’anticipations. En continuant de dénoncer et prévenir les problématiques

contemporaines (conséquences des avancés technologiques, idéologies utopiques, etc) ils

y apportent une forme d’espoir, une tentative d’apport d’une praxis brisant « la continuité ».

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ADORNO : ALDOUS HUXLEY ET L’UTOPIE

« Une société qui ne cherche rien d'autre que le bonheur évoluerait

inévitablement vers l'abrutissement machinal. »

Depuis Platon l’idée d’utopie développée dans les écrits, est un genre qui passionne et

est sujet à la réflexion. Au XIX siècle, la découverte du « Nouveau Monde » fait figure de

terre promise, comme le souligne Adorno, les hommes partent dans l’espoir de s’enrichir et

atteindre un idéal de vie. Plus tard, le progrès scientifique et technologique affectera cet

idéal, dont Huxley en 1932, donnera une vision à travers son œuvre d’anticipation : «Le

Meilleur des mondes ». Adorno, à travers son hommage critique du roman de science-fiction

qu’est «Le Meilleur des mondes » d’Aldous Huxley, définit et contraste la fonction libératrice

à son sens de l’utopie à travers la culture et la société.

Dans un premier temps il admire l’approche sensiblement juste du constat fait par Huxley de

la société telle qu’elle se présentait alors. Il parle de « reflet » et de « rationalisation » d’une

utopie scientifiquement et techniquement réalisable. Huxley présente un monde poussé

jusqu’à l’absurde, et plus particulièrement, une société qui entretient des espoirs utopiques à

travers la bourgeoisie et le capitalisme. Dans cette dystopie -contre utopie, Huxley présente

une société où la dignité humaine n’a plus sa place, les humains ne sont plus juste des

consommateurs, ils deviennent à leur tour, les produits d’un ordre établi, à l’image du

fordisme, ils sont fabriqués à la chaine en fonction de la demande. De leur naissance jusqu’à

leur mort, ils subissent un conditioning qui leur efface toute notion de libre arbitre, et de

choix, et leur prive de toute individualité. Cet ordre qui se veut utopique tente à viser une

idée du « paradis » « débarrassé de toute contradiction », qui serait propre à tous, quelle

que soit leur classe et rang au sein de la société. Leur bonheur n’est donc plus qu’une

cohésion avec la stabilité établit. Huxley critiquant le faux besoin, à travers la répétition

quasi-sarcastique de la phrase « everybody's happy now » — « maintenant tout le monde

est heureux » et confirme ainsi l'idée de l'objectivité du bonheur. Chacun est donc encouragé

à perdre toute spontanéité et à entretenir la stabilité de l’ordre établi sans forcement en

chercher l’objectif, « l’incompréhension devient une vertu ».

Dans le roman, les hommes-produits sont libérés de tout besoin, la consommation est

régulée. Et malgré une certaine ironie, Huxley semble donner une vision presque positive du

marketing et lui confère une qualité « ontique » selon Adorno, qu’il devrait dénoncer. « A ses

yeux, le caractère marchand prend l'aspect d'une qualité ontique, d'un étant existant en soi

et devant lequel il capitule, au lieu de démasquer ». L’homme réifié, et l’inhumanité de cette

utopie ne semble pas être admise. Certes les constats des phénomènes présents sont

justes, mais le fait de ne pas entièrement les analyser ou les contredire, empêche leur

dénonciation et inscrit ainsi l’auteur dans un positivisme involontaire.

Même les rapports humains et amoureux, qui ne semblent répondre qu’à des besoins

physiologiques, sont également traités comme des produits de consommation.

L’attachement et la notion de famille sont proscrits, cependant Adorno reproche à Huxley de

critiquer davantage le déclin des mœurs et moins la déshumanisation que provoque cet

extrême de l’ère industriel. Notamment à travers le personnage de Lénina partagée entre

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deux idéaux. Adorno défend une utopie authentique comme réelle promesse de liberté,

tandis que Huxley se contente de décrire une humanité dans un état d’inertie. Selon Adorno

l’humanité s’oppose à la réification « Huxley en fait une malédiction pour l'avenir, sans

percevoir la même structure dans les bienfaits du passé qu'il appelle au secours».

Dans la même idée, on ne laisse plus de place aux émotions et à ce que Huxley définit trop

« brutalement » selon Adorno, aux biens culturels traditionnels, tels que les œuvres de

Shakespeare par exemple. Le parallèle peut être fait entre, ces hommes, consommateurs

passifs, et ceux qui selon Adorno subissent une « culture de consommation » : « Huxley

connaît le citoyen moyen dernier style, qui regarde la baie comme une curiosité, assis dans

sa voiture en écoutant la publicité radiophonique». Selon Adorno il ne s’agit pas de critiquer

la consommation de masse qui n’est pas mauvaise en tant que telle, puisqu’elle permet une

certaine aisance et sécurité aux hommes. Le problème concerne plus la qualité et la

diversité qui pousserait les couches sociales à se limiter et « accepter l'injustice ». Dans le

cas du Meilleur des mondes une rébellion serait impossible, les élites maintiennent l’ordre.

Cependant, Adorno souligne que le seul véritable représentant de la critique de cette

société est Bernard Marx, l'« alpha plus » qui se révolte contre son propre conditionnement.

Celui-ci est la représentation même des failles de cette société, inadapté, il est l’erreur du

système.

Dans son essai, Adorno poursuit sa critique en dénonçant un cercle vicieux tracé par Huxley,

qui trouverait ses défauts dans l’idée d’un bonheur« subjectivement parfait, mais

objectivement absurde ». Huxley critique un concept de bonheur subjectivement parfait, qui

est juste mais l’oppose à un bonheur objectif hypostasié tout aussi dénué d’aspiration

humaine : «L'erreur est fondée sur la dissociation réifiée dans une alternative rigide. » Il ne

serait que trop réactionnaire, que de devoir choisir exclusivement entre la «barbarie du

bonheur » et « la culture en tant que stade objectivement supérieur qui inclut le malheur »,

entre l'État universel totalitaire et l’individualisme. Cela induirait qu’on ne pourrait avoir l’un

sans l’autre et que l’humanité aurait à choisir.

Voilà pourquoi au sens d’Adorno, Huxley échouerait, malgré la justesse de la fiction, l’auteur

n’apporte aucune solution « il n'intègre pas à sa réflexion l'idée d'une praxis qui ferait éclater

la maudite continuité » et l’œuvre oublierait le caractère imprévisible de l’évolution de

l’humain.

« La transformation des hommes ne peut être calculée à l'avance et se dérobe

à l'imagination anticipatrice ».

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Fahrenheit 451

Titre original : Fahrenheit 451 Nationalité : Britannique, Français

Année de production : 1966 Genre : Science-fiction, Drame

Durée : 1h52 Réalisateur : François Truffaut

Musique : Bernard Herrmann Bande-annonce : http://urlz.fr/1bhK

Acteurs principaux: Oskar Werner (Guy Montag), Julie Christie (Linda/Clarisse), Cyril Cusack (le capitaine)

Scénario-Résumé:

Dans une société dystopique où la connaissance est considérée comme un danger, la

lecture est rigoureusement interdite. La brigade des pompiers a pour seule mission de

traquer les gens qui possèdent des livres et de réduire ces objets en cendres. Une nuit, Guy

Montag, pompier zélé et citoyen respectueux des institutions, fait la connaissance de

Clarisse, une jeune institutrice qui le fait douter de sa fonction. Clarisse, est différente des

gens qu'il côtoie habituellement : elle observe son environnement, elle réfléchit. Ils discutent

ensemble quelques minutes, et celle-ci lui demande notamment s'il est heureux, mais s'en

va avant qu'il n'ait eu le temps de répondre. Montag développe alors une sorte de

fascination pour Clarisse et remet en question son couple. Il réalise qu'il n'y a pas d'amour

entre lui et sa femme, Mildred. Aucun d’eux ne se souvient de l'endroit où ils se sont

rencontrés dix ans plus tôt. Inconsciemment malheureuse, celle-ci à échapper de justesse à

une tentative de suicide.

Malgré les avertissements du capitaine des pompiers, Montag est peu à peu gagné par

l'amour des livres. Après une mission, il ira jusqu’à en voler un. Pour mieux comprendre les

livres, Montag décide d'aller voir Faber, un professeur d'anglais retraité, qu'il a rencontré

quelques années plus tôt. Il lui donne les trois éléments qui expliquent selon lui la disparition

des livres dans leur société: Ils montrent les pores et le visage de la vie; Ils nécessitent du

temps libre; Il faut avoir le "droit d'accomplir les actions fondées sur ce que nous apprend

l'interaction des deux autres éléments. Après avoir entendu cela, Montag décide de sauver

les livres.

Sa femme le dénonce et sa maison est détruite. Montag décide alors de prendre la fuite

avec quelques livres. Traqué, il arrive sur une berge où il rencontre des marginaux vivant à

l'écart des villes. Ils ont la capacité de retenir par cœur le contenu d'un livre à partir du

moment où ils l'ont lu une fois. Ils sont ainsi les garants des contenus des œuvres. Ils disent

être des "couvertures de livres". Assistant à la destruction de la ville par un bombardement,

ils décident de perdre la route vers le nord, ayant pris conscience de l'importance du devoir

de mémoire pour les hommes.

Sources : Allociné – Wikipédia

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Utopie-Dystopie :

Le film est une adaptation du roman d’anticipation de Ray Bradbury, un classique de la

littérature américaine. Le monde dystopique qui y est décrit est axé sur la destruction des

livres, qui représentent ici la connaissance et la mémoire. Le titre « 451 degrés Fahrenheit »

représente la température à laquelle un livre s'enflamme et se consume. La lecture étant

prohibée, la possession de livres devient alors, un crime dont faudrait se métaphoriquement

se purifier. Le feu représente cette purification, et permet d’assurer leur destruction

définitive. Ces autodafés pratiqués par les pompiers ne sont pas sans rappeler les

autodafés réalisés par le régime nazie, survenue quelques années avant l’écriture du roman.

Il ne reste donc plus qu’une société abrutie et abêtie par la télévision. Une société

inhumaine où l'imaginaire et la culture sont annihilés au profit d'une consommation insipide,

d'un bonheur factice. Une société notamment crainte par Adorno, ou la culture de masse

devient un instrument au service du pouvoir en place.

Montag, le personnage principal et héros de l’histoire, est tiraillé entre deux idéaux

différents représentés par les différences entre les personnages de Clarisse et Mildred ou le

capitaine des pompiers et le professeur Faber. Les contrastes entre ce qu’ils représentent

permettent de confronter l’idée d’abrutissement par l’ignorance, et celle de l'accès à la

connaissance et à la réflexion que génère la lecture. Le capitaine explique que les livres

nivellent les gens par le bas car leur contenu est sans intérêt et qu’ils sont facteurs

d'inégalités sociales. Alors que Mildred a pleinement adopté ce monde, elle ne représente

plus qu’une coquille vide, totalement assouvi au régime. Inconsciemment elle n’est pas

heureuse, sa tentative de suicide en est la preuve et survint peu après que le personnage de

Clarisse est posé la question à Montag « Êtes-vous heureux? ».

Encore une fois, l’œuvre présente elle aussi, le paradoxe présent dans « Equilibrium » ou

« Huger Games », les protecteurs deviennent les agresseurs. En effet, les pompiers ne sont

plus ceux qui éteignent les incendies, mais ceux qui les déclenchent, allant jusqu’à bruler et

tuer ceux qui ne quittent pas leur maison.

À l’image du roman, le film propose une réflexion sur nos comportements et sur la société

parfois trop contemplative. L'histoire se termine sur la destruction de la ville, et la fuite du

héros qui souhaite préserver la lecture et son pouvoir, offrant ainsi une lueur d'espoir pour

un nouveau départ.

Avis personnel :

Bien que la mise en scène soit aujourd’hui dépassée, et que certains passages soient un peu longuets, le film reste captivant. L’ambiance générale est représentative à celle du roman. Cependant le film aurait gagné à approfondir certains traits des personnages parfois trop survolés.

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1984

Titre original : 1984 Nationalité : Britannique

Année de production : 1984 Genre : Science-fiction, Drame

Durée : 1h53 Réalisateur : Michael Radford

Musique : Dominic Muldowney Bande-annonce : http://urlz.fr/1aki

Acteurs principaux : John Hurt (Winston Smith), Suzanna Hamilton (Julia), Richard Burton(O'Brien)

Scénario-Résumé:

L’histoire se déroule en 1984 à Londres, le monde est alors divisé en trois: l’Océania,

l‘Estasia, et l’Eurasia. Ces trois nations totalitaristes sont en guerre. Winston, un simple

bureaucrate, est comme tant d’autres, au service de Big Brother, le chef spirituel d'Océania.

Manipulant et contrôlant les moindres détails de la vie de ses sujets, du réveil au couché,

les libertés d'expression et de penser n’existe plus.

Winston vit dans un très modeste appartement, où il est soumis à une constante

surveillance via les télécrans. Travaillant au ministère de la « vérité », son travail consiste à

remanier les archives historiques afin de faire correspondre le passé à la version officielle du

Parti. Ainsi, quand l'Océania déclare la guerre à l'Estasia alors qu'elle était en paix deux

jours avant avec cet État, les membres du ministère doivent veiller à ce que plus aucune

trace écrite n'existe de l'ancienne alliance avec l’Estasia. Contrairement à la majeure partie

de la population, Winston ne réussit pas à pratiquer cette amnésie sélective, et décide de

garder une trace du passé par l’écriture. Mais étant susceptible d'être traqué par la police

de la pensée, il dissimule ses opinions.

Peu à peu, son attirance pour Julia se transforme en amour, un crime par la pensée. Tous

les deux vont se fréquenter clandestinement, et rêver d’un soulèvement. Ils croient au

mythe d’une Fraternité clandestine qui unirait les réfractaires. C’est pourquoi ils prennent

contact avec O’Brien, membre du Parti intérieur, qu’ils pensent être un membre de la

Fraternité. Celui-ci leur fait parvenir « Le Livre de Goldstein », résumant les techniques de

manipulation psychologique du système. Mais avant la fin de leur lecture, ils sont arrêtés

par la Police de la Pensée. Winston y retrouve O'Brien lui-même, qui n'a en fait jamais été

membre de la Fraternité, mais un traqueur de « criminels par la pensée ». Winston sera

torturé jusqu'à ce qu'il perde toutes ses convictions morales et accepte sincèrement

n'importe quelle vérité. Son « conditionnement » se finit, lorsque confronté à sa phobie des

rats, il trahit et renie Julia.

Sources : Allociné – Wikipédia

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Utopie-Dystopie :

Adapté du roman d’anticipation de George Orwell, qui fut fortement inspiré à la fois du

stalinisme et de certains éléments du nazisme, le film met en scène les caractéristiques du

contrôle du régime totalitariste. Comme Huxley, l’auteur pousse l’exagération juste assez

pour s’assurer de représenter un monde qui pourrait être le nôtre.

Les réductions des libertés sont poussées à l’extrême, puisque même la pensée la plus

intime et l’amour subit un contrôle du parti. La scène de la torture pousse le vice à son

paroxysme, notamment avec la réplique culte « 2+2 font 5 » où la notion de vérité éclate

complètement au service du régime qu’elle sert. La pensée est elle réduite par le langage, la

novlangue. Puisqu’elle est réduite au strict minimum, elle ne permet plus d’exprimer les

sentiments, les nuances ou les ambiguïtés.

Le contrôle passe aussi par la réécriture du passé : « Celui qui a le contrôle du passé »,

disait le slogan du Parti, « a le contrôle du futur », l’histoire devient une arme et permet de

justifier les actions de Big Brother. L’une des principales figures du roman, Big Brother, est

devenue une figure métaphorique du régime policier et totalitaire, de la société de la

surveillance, ainsi que de la réduction des libertés. Dans le film, son portrait est affiché sur

tous les murs et télécrans. Son visage se veut rassurant mais aussi sévère. Sa surveillance

est exercée grâce aux télécrans. Ainsi chacun peut être regardé, entendu et réprimandé au

besoin, « Big Brother is watching you ».

Au fur et à mesure de l’histoire, on réalise que les productions culturelles subissent le

traitement propre aux dystopies, elles sont rejetées et niées. On retrouve aussi cette

négation de l’amour et de la vie classique de famille. L’homme au sein de cette société a

perdu de son humanité et n’est qu’en fait, plus qu’une machine, un produit de

consommation. Son essence, sa sensibilité ou sa recherche du bonheur s’efface et

disparaissent, pour ne plus service qu’un objectif, la stabilité du régime. Comme dans « Le

meilleur des mondes » ou « Huger Games », on retrouve l’idée que chaque membre de la

société à une place prédéfinie en son sein et doit s’y en tenir pour assurer sa stabilité et

servir le bien commun. En effet, la société est divisée en trois parties : le Parti intérieur, le

Parti extérieur et les Prolétaires, et ceux-ci vivent dans des zones spéciales. Par ailleurs,

bien que le héros ait échoué, le film apporte son lot de réponse à travers le personnage

d’Emmanuel Goldstein et son livre. Il y explique les techniques de manipulation et comment

le parti mène une guerre perpétuelle dans le seul but de maintenir l'ensemble de la

population affamée et ignorante, et donc incapable de se révolter.

Avis personnel :

À travers la photographie et la bande-son, le film a su mettre en scène l’atmosphère sombre

terne et grisante du régime. L’histoire est bien rythmée et reste fidèle au roman. On

s’attache facilement au personnage principal, et on éprouve une certaine empathie pour lui,

face à sa confusion et sa recherche de la vérité.

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LE MEILLEUR DES MONDES

Titre original : Brave New World Nationalité : Américain

Année de production : 1998 Genre : Science-fiction

Durée : 1h27 Réalisateur : Leslie Libman, Larry Williams

Musique : Daniel Licht Bande-annonce :

Acteurs principaux : Peter Gallagher (Bernard Marx), Rya Kihlstedt (Lenina Crowne), Tim Guinee

(John Cooper)

Scénario-Résumé:

Inspiré du roman de science-fiction culte d'Aldous Huxley, le film met en scène une société

futuriste qui se veut utopique. Des mesures radicales, rationnelles et scientifiques ont été

prises par un gouvernement totalitaire. La violence, le besoin mais aussi les émotions et la

notion de famille y sont bannis. Dans ce monde « idéal » les humains sont créés en

laboratoire suivant la demande, et chacun d’eux possède une place prédéterminée dans

l’échelle sociale, hiérarchisée à travers des castes (Alpha, Bêta, Gamma et Delta). Pour

assurer la stabilité et l’ordre, les humains subissent un conditionnement et sont encouragés

à la consommation d’une drogue, le soma, qui entretient une sensation de bonheur et

annihile toute réflexion.

Dans cette société où la sexualité apparaît comme un simple loisir, Bernard Marx, haut

placé, entretient une relation avec Lenina Crowne. Cependant, celle-ci semble éprouver des

sentiments non conventionnés à son égard. Lors d’une visite à la réserve à Sauvages, où

ses résidents y mènent une vie traditionnelle, le couple fait la connaissance de John,

« le sauvage » et sa mère. Prétextant de vouloir les étudier, ils décident de les ramener à la

« civilisation ».

D’abord fasciné, « le sauvage » veut ensuite dénoncer le malheur véhiculé par le contrôle

abusif de cette société. Ne supportant plus le contrôle de cette société il déicide de s’en

aller, mais sera pourchassé pas la presse et trouvera la mort dans sa fuite.

Plus les sentiments de Bernard et Lenina grandiront au cours de l’histoire, plus ceux-ci

remettront en question leur mode de vie. À l’annonce de la grossesse de celle-ci, ils

décideront de prendre également la fuite pour vivre une vie de famille traditionnelle, à

l’image des « sauvages ».

Sources : Allociné - Wikipédia

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Utopie-Dystopie :

À travers un soin particulier porté à l’esthétisme futuriste, l’adaptation a su mettre en scène

la représentation rationnelle, basé sur la science, de l’utopie imaginée par Huxley. On y

retrouve les principales caractéristiques de la contre-utopie : l’usage récurrent du soma, le

rejet des productions culturelles, le régime autoritaire, et la voix off du conditioning plane

tout au long du film.

Cependant, l’histoire subit quelques changements par rapport au roman d’Aldous Huxley.

Le personnage de Bernard Marx est décrit comme étant en décalage avec sa caste, tant au

niveau physique que mental, dans le roman. Contrairement aux autres Alpha, il est « petit »

et « gros » et ne partage pas l’engouement des autres pour leur société et leurs pratiques, il

n’aime d’ailleurs pas le gout du soma qu’il évite de prendre. Cependant, dans le film, le

personnage est représenté par un acteur beau et grand. Jouant un rôle majeur au sein du

film, son apparence correspond davantage à celle du »héros classique», et c’est grâce à lui

et ses recherches que l’origine de John « le sauvage » est démasqué. Contrairement au

roman, il ne doute de sa condition d’être « civilisé » qu’à la toute fin de l’histoire, dû à son

rapprochement à Lénina.

Par ailleurs, le personnage de Lénina subit aussi des modifications, notamment dans sa

relation avec John. Elle semble en être presque amoureuse dans le roman, tandis que dans

le film, elle en est plutôt curieuse, et réserve ses sentiments à l’Alpha, Bernard Marx.

Pour conserver l’aspect happy-ending propre aux films américains, la fin a aussi été

modifiée. À l’inverse du livre, dépourvu d’espoir d’une fin heureuse (Bernard Marx se fait

exilé, John tue accidentellement Lénina et se donne ensuite la mort) le film se termine sur

une touche heureuse puisque, le héros et Lénina décident de garder l’enfant dû à leur union

et d’échapper à un monde auquel ils ne croient plus. C’est en ce sens qu’il échappe à la

vision donnée par Huxley dans son roman et qu’il rejoint Adorno, qui reprochait à l’auteur la

construction d’une humanité passive et sa réification. Le film présente une intention plus

grande de praxis et d’espoir. Le personnage, Mustapha Menier, administrateur mondial,

donne l’impression d’être convaincu par le système au début du roman, cependant, au fil de

l’histoire on apprend qu’il ne l’est pas, passionné par la littérature, il est surtout réaliste. Il

évoque la stabilité apportée par les techniques de conditionnement en opposition avec la

liberté trop permissive des sociétés anciennes. La mort indirecte de John par les

journalistes « civilisés » opposés à sa vision traditionnelle, le place ainsi en victime de cette

utopie, contrairement au roman plus pessimiste, où sa mort n’est du qu’à sa folie. La

dernière scène du film est d’ailleurs celle d’un enfant qui tente d’échapper au conditionning

en se couvrant du bruit de la voix off.

Avis personnel :

Le film récrée assez bien l’univers du roman à travers les décors et l’ambiance et la

musique. Cependant les rapports aux personnages et leurs émotions restent superficiels et

il est parfois difficile de se sentir proche d’eux, notamment à cause des dialogues parfois

trop bruts. La fuite des personnages à la fin est d’ailleurs assez mal introduite et un peu

brutale.

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Equilibrium

Titre original : Equilibrium Nationalité : Américain

Année de production : 2002 Genre : Science-fiction, Action

Durée : 1h47 Réalisateur : Kurt Wimmer

Musique : Klaus Badelt Bande-annonce : http://urlz.fr/1awH

Acteurs principaux:Christian Bale (John Preston), Taye Diggs(Clerick), Angus Macfadyen (DuPont)

Scénario-Résumé:

L’histoire se déroule dans les années 2070, dans la citadelle de Libria. Le monde a vécu un

terrible holocauste nucléaire. Les survivants, atterrés par la guerre et la déchéance, ont

trouvé un remède à l'inhumanité de l'homme envers l'homme. Présumant que ce qui le

conduit à ces extrémités est sa faculté émotionnelle, sa capacité à ressentir, à désirer, à

haïr, les scientifiques proposent un remède efficace: le Prozium. Cette substance a pour

effet de neutraliser les sentiments, quels qu’ils soient. Ainsi, amour, passion, joie, tristesse

et toutes les autres formes de sentiments existants ont été « sacrifiés » pour permettre à la

société de vivre en harmonie, et en paix. Cette société est hiérarchisée autour de l'ordre des

Tetra-Grammatons. À leur tête, leur dirigeant spirituel connu sous le nom de Père, s’assure

du respect de l’ordre, grâce aux ecclésiastes.

Les personnes qui refusent de prendre leur dose, qui éprouvent des sentiments, ou

semblent affectionner l’art et les produits culturels, peut importe leur formes, (tableaux,

livres, musiques) sont considérés comme des rebelles, et c'est la peine de mort assurée.

Certains d’entre eux tentent de se cacher ou se réfugient en retrait de la ville.

John Preston travaille au service du Père et applique la loi à la lettre. Formés à la détection

et l'éradication des déviants émotionnels, il pratique, comme tous les autres ecclésiastes,

un art martial d'une terrible efficacité, le « gun-kata ». Étudier pour, cet art de combat leur

permet d'être bien plus efficaces et meurtriers. Au cours d'une mission John s'aperçoit que

son coéquipier Partridge montre quelques signes d'une possible déviance émotionnelle. En

parfait Ecclésiaste Grammaton, il le dénonce et se charge de l'éliminer. Un jour, celui-ci

brise le flacon de sa dose et n'a pas le temps de s'en procurer une de rechange. Il est alors

submergé par toute une gamme d'émotions, notamment dû au meurtre de sa femme par le

gouvernement, et le meurtre de son collègue par lui-même. Victime d'un revirement spirituel

qui le confronte à ses supérieurs hiérarchiques, il se révolte contre le système. Àpres

plusieurs combats acharnés, il parviendra à tuer le Père.

Sources : Allociné – Wikipédia

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Utopie-Dystopie :

Equilibrium est une version plus moderne de la contre-utopie, mais en conserve les règles

essentielles présentées dans « 1984 » ou « Le meilleur des mondes ». À l’image du Soma,

l’usage de la drogue qu’est le Prozium rempli son rôle de moyen de contrôle de la

population. L’image du « Père » remplace celle de « Big Brother », mais le contrôle et

l’autorité qu’elle représente reste la même. Comme dans tous scénarios d’anticipation, les

avancées technologiques et techniques jouent un rôle important. Elles sont principalement

représentées via l’art de combat pratiqué par les ecclésiastes, le gun-kata. Alliant l’usage du

corps à celui des armes à feu, l'efficacité au combat serait ainsi augmentée de 120 %, avec

63 % de tirs mortels en plus.

La notion d’art est néanmoins plus accentuée que les autres univers dystociques.

Puisqu’elle est considérée responsable des émotions et incite à la liberté humaine, toutes

formes d’art est condamnée. Le héros n’hésite pas à brûler le tableau original de la

Joconde. Au cours de l’histoire, il est amené à soupçonner le changement de

comportement de son premier collègue car celui-ci lit un ouvrage de poèmes, et même le

tableau naturel que peut offrir le paysage à travers une fenêtre, est brouillé, puisque toutes

les fenêtres sont couvertes.

Les sentiments ne sont plus tolérés, pour corriger les erreurs du passé telle que la violence.

Cependant lors de la scène du meurtre de son partenaire, celui-ci confronte John à l’idée

qu’il a perdu toute conscience des émotions positives, et au paradoxe qu’ils représentent.

La violence persiste par les actes qu’eux-mêmes perpétue au quotidien pour l’empêcher.

Les hommes ont en effet, perdu toute humanité. Ils sont tous habillés de façon identique, et

ne sont plus que des rouages de cette société rigide.

Le héros, répondant au même nom que celui du sauvage dans « Le meilleure des mondes »,

prendra conscience de l’horreur du régime qu’en cessant de s’alimenter en Prozium. Se

révoltant totalement contre le système, il rejoindra les rebelles et se présentera alors comme

une promesse de liberté des hommes.

Avis personnel :

Alliant action et science-fiction, le film parvient à divertir son spectateur tout au long,

notamment grâce aux nombreux effets-spéciaux. Dans cette atmosphère futuriste,

l’angoisse du régime est correctement mise en scène, et la bande-son colle parfaitement.

On reconnait d’ailleurs une forte inspiration du régime stalinien et nazi. Cependant le

caractère « intouchable » du héros nuit au suspense du film.

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Matrix

Titre original : The Matrix Nationalité : Américain, Australien

Année de production : 1999 Genre : Science-fiction, Action

Durée : 2h15 Réalisateur : Andy et Larry Wachowski

Musique : Don Davis Bande-annonce : http://urlz.fr/1aTP

Acteurs principaux: Keanu Reeves (Thomas/Neo), Carrie-Anne Moss (Trinity), Laurence Fishburne (Morpheus)

Scénario-Résumé:

Thomas A. Anderson, un jeune informaticien dans un service administratif, un travail comme

toutes les autres personnes de la société. Mais il est aussi un hacker anonyme doué et

recherché, connu dans le monde du hacking sous le de Néo. Sous ce pseudonyme, il est

l'un des pirates les plus recherchés du cyber-espace. À cheval entre deux mondes, Neo est

assailli par d'étranges songes et des messages cryptés provenant d'un certain Morpheus.

Un soir il est contacté via son ordinateur par ce qu’il pense être un groupe de hackers. Ils lui

font découvrir que le monde dans lequel il vit n’est qu’un monde virtuel dans lequel les êtres

humains sont gardés sous contrôle. Au cours du film, Néo fait la rencontre de Trinity, une

fille qui se bat contre la Matrice, qui elle l’amène à la rencontre de Morphéus qui lui est le

chef de l’équipe qui veut mettre fin à La Matrice. Celui-ci l'exhorte à aller au-delà des

apparences et à trouver la réponse à la question qui hante constamment ses pensées :

qu'est-ce que la Matrice ?

Nul ne le sait, et aucun homme n'est encore parvenu à en percer les défenses. Celle-ci est

universelle, elle est partout et elle est le monde qu’on superpose à notre regard pour nous

empêcher de voir la vérité. Mais Morpheus est persuadé que Neo est l'Elu, le libérateur

mythique de l'humanité annoncé selon la prophétie. Il offrira donc deux choix à Néo, celui

de prendre la pilule bleue qui fera en sorte qu’il garde une très belle vie mais dans le

mensonge, ou celui de prendre la pilule rouge qui lui permettra de faire face à La Matrice.

Néo fera alors le choix de prendre la pilule rouge, il découvrira un monde où les machines

contrôlent tout et où tout est créé par ordinateur afin de nous faire croire que

les choses sont réelles alors qu’elles ne sont que des illusions. Ensemble, ils se lancent

alors dans une lutte sans retour contre la Matrice et ses agents, de terribles et puissants

ennemis.

Sources : Allociné – Wikipédia – Msbedard - Matrixtpe

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Utopie-Dystopie :

Matrix présente un futur sombre, détruit, apocalyptique. Film d’anticipation, un certain

réalisme est entretenu grâce à la mise en valeur des aspects technologique de l’intrigue. Le

héros est un programmateur de talent tandis que dans un monde ou la technocratie

domine, l’ennemi n’est autre que la machine. Ici, il ne s’agit donc pas de remettre en cause

un ordre établi directement par l’homme, mais l’engouement pour le développement

technologique que nous sommes en train de vivre et ses conséquences.

La réalité de ce monde dystopique est présentée par Morphéus à Néo. Les pilules bleu et

rouge représentent métaphoriquement le voile entre le savoir et la connaissance,

l’aveuglement et la prise de conscience du monde dans lequel les hommes vivent. Lors de

la révélation, le monde réel présenté à Néo est totalement apocalyptique : les machines ont

construit des tours où les humains sont cultivés dans des "champs d’humains", le ciel est

couvert continuellement par des orages. La matrice est présentée comme une prison et les

humains sont identifiés à des piles. On retrouve une idée d'esclavagisme humain mais dans

le cas présent l’homme est exploité par la machine qui se nourrit de l'énergie humaine.

L'homme en inventant l'intelligence artificielle crée sa propre chute. Le film donne ainsi un

caractère plus violent à la notion de contrôle propre aux dystopies, puisque ici ils n’en n’ont

même pas conscience. Ainsi, en dehors de Néo et ses quelques compagnons, les hommes

ne pourraient aucunement se rebeller. En ce sens le film offre une vision tout aussi

pessimiste, voire plus que celle du roman de Huxley.

De plus, le fait que le soleil soit couvert indique que la nature est inexistante et donc que le

monde est artificiel, sans vie apparente. On retrouve ici comme dans « Equilibrium », le

thème de l’uniformité mais aussi celui du « sauveur ». Néo pourrait être « l’élu » selon la

prophétie, le seul capable de détruire la machine. Le fait qu’il puisse effectivement avoir une

personne choisit pour lutter et détruire la machine, fournit, à l’opposé de « 1984 » ou « Le

meilleur des mondes », un espoir de vaincre, mais surtout qu’une lutte aura bien lieu.

Avis personnel :

Premier film d'une trilogie mythique, par son scénario original et une mise en scène

intelligente, Matrix s’impose comme l’un des films à voir. Les amoureux de science-fiction

et d’art martiaux ne seront pas déçus devant les nombreux effets spéciaux présents tout au

long du film et les scènes d'action magnifiquement chorégraphiés. Si personne n’envie

Winston Smith de « 1984 » ou Bernard Marx du « Meilleur des mondes », tout le monde

voudrait être Néo, accomplissant crescendo des actes extraordinaires. Le héros et son

évolution fascinent.

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Huger Games

Titre original : The Huger Games Nationalité : Américain

Année de production : 2012 Genre : Science-fiction, Action, Drame

Durée : 2h22 Réalisateur : Gary Ross, Billy Ray

Musique : James Newton Howard Bande-annonce : http://urlz.fr/1aLq

Acteurs principaux: Jennifer Lawrence (Katniss), Josh Hutcherson (Peeta), Liam Hemsworth (Gale)

Scénario-Résumé:

Dans une Amérique du Nord post-apocalyptique, le Capitole est désormais l'impitoyable capitale de la nation de Panem. Chaque année, ce puissant gouvernement répressif, oblige chacun de ses douze districts à envoyer un garçon et une fille âgés entre 12 et 18ans, les "Tributs", pour concourir aux Hunger Games. À la fois sanction contre la population pour s'être rebellée et stratégie d'intimidation de la part du gouvernement, les Hunger Games sont un événement télévisé national au cours duquel les tributs doivent s'affronter jusqu'à la mort. L'unique survivant est déclaré vainqueur et son district est récompensé.

Lors de la 74e édition, Primrose, la jeune sœur de Katniss, âgée de 12 ans, est tirée au sort pour participer aux Hunger Games et représenter le district 12. Cependant Katniss, sa sœur alors âgée de16 ans, se porte volontaire pour prendre sa place, afin de la sauver d'une mort certaine. Elle rejoint alors Peeta Mellark, le fils du boulanger, qui l'aime en secret depuis toujours. Elle se retrouve face à des adversaires surentraînés qui se sont préparé toute leur vie. Elle a pour seuls atouts son instinct et un mentor, Haymitch Abernathy, gagnant des Hunger Games il y a des années mais qui n’est désormais plus qu'une épave alcoolique.

Dans l'arène, lors de ces jeux, Katniss doit se défendre face aux autres tribus pour espérer pouvoir revenir un jour chez elle. Elle trouve alors une alliée en la personne de la jeune Rue du district 11, une fillette de 12 ans comme sa sœur, qui est tuée sous ses yeux. Le respect qu'elle lui montre lors d'une cérémonie funèbre improvisée déclenche des heurts dans le onzième district ainsi qu'un élan de sympathie de la part du public. Les autorités de capitole décident donc de modifier les règles du jeu au milieu de celui-ci afin qu'il puisse y avoir deux survivants, mais du même district obligatoirement. Elle tente alors de sauver son ami Peeta.

Restant les seuls survivants après une ultime bataille, Katniss et Peeta se voient signifier une nouvelle modification des règles et le retour à un unique vainqueur. Ils décident donc de se suicider avec des baies empoisonnées pour échapper à ce cruel destin. Mais le commentateur, Claudius Templesmith, les en empêche au tout dernier moment et les déclare co-vainqueurs de ces 74e Hunger Games. Pour s'être publiquement rebellée contre le destin qui lui était promis par le régime du capitole et du président Snow, Katniss devient le symbole de la population opprimée et s'attire l'hostilité du pouvoir.

Sources : Allociné – Wikipédia - Wikia

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Utopie-Dystopie :

Adapté de la trilogie de Suzanne Collins « The Huger Games » littéralement traduit par « Le

jeu de la faim » décrit un monde post apocalyptique. Le caractère contre-utopique est

également marqué par un régime totalitaire et cauchemardesque oppressant ses habitants.

Le capitole, qui a été créé après une période de troubles internes allant jusqu'à l'utilisation

de l'arme nucléaire, contrôle désormais douze districts nouvellement constitués qui forment

ce nouvel état. On retrouve l’idée d’une séparation entre hommes-machines, qui constitue

les rouages d’une société « stable ». En effet chaque district est seul responsable de la

production, le recrutement ou le raffinage des produits dans un secteur particulier comme

dicté par le Capitole. Par exemple, le District 12 fournit du charbon et le District 4 fournit la

pêche. Ils sont classés par numéros allant du plus riche au plus pauvre. Ainsi le dictateur, le

président Snow, vit au sein du district 1 qui est responsable des bijoux et autres produits de

luxe. Ils sont espacés les uns des autres par des forêts ou de grandes étendues de terres

sauvages qui appartiennent officiellement au Capitole. Et il est formellement interdit de sortir

à l'extérieur de son district, ils ne peuvent donc interagir entre eux. C’est pourquoi chaque

district a généralement une culture unique qui est fortement influencée par les biens qu'il

produit.

Dictature à Parti unique, ils sont soumis à la volonté implacable de l'autoritarisme du

Capitole, et n'ont aucune influence connue sur la politique nationale de Panem. À l’image

des autres régimes totalitaires, l’image du président Snow est omniprésente au sein de

chaque quartier et celui-ci entretient la crainte grâce aux « pacificateurs », une police armée

particulièrement brutale. On retrouve donc ici le même paradoxe que dans « Equilibrium »,

l’usage de la violence pour éviter la violence.

Contrairement à « 1984 » les jeux ont ici remplacés l’idée de la guerre. Le nom de Panem

dérive de l'expression latine utilisée dans la Rome antique, « Panem et circenses », qui se

traduit littéralement «du pain et des jeux». Rappelant les distributions de pain et

l’organisation de jeux, par les empereurs romains, l'expression elle-même est utilisée pour

décrire des divertissements utilisés pour détourner l'attention du public de questions plus

importantes. Aujourd’hui on peut retrouver ce caractère sadique des jeux de la téléréalité via

les éliminations quotidiennes des candidats, qui subissent alors une mort symbolique aux

yeux des téléspectateurs.

Dans la tradition des dystopies, le film met en valeur l’individu contre la masse, valorise le

héros solitaire, ici Katniss, contre l’abrutissement collectiviste. Elle se retrouve donc, malgré

elle, au centre de la rébellion, puisqu’elle devient l’image de la praxis et de l’espoir.

Avis personnel :

Bien rythmé, le film enchaine action, suspense, et émotions, on ne s’ennuie donc jamais. On

se sent rapidement proche du personnage enfermé dans ce cauchemar, pour qui on

éprouve une empathie certaine. La mise en scène, les décors et le jeu des acteurs

apportent du réalisme au film, qui traite avec beaucoup d’émotions des comportements

humains.

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Divergente

Titre original : Divergent Nationalité : Américain

Année de production : 2014 Genre : Science-fiction, Action, Romance

Durée : 2h19 Réalisateur : Neil Burger

Musique : Junkie XL Bande-annonce : http://urlz.fr/1bfE

Acteurs principaux: Shailene Woodley (Tris Prior), Theo James (Quatre), Kate Winslet (Jeanine Matthews)

Scénario-Résumé:

Béatrice, vit dans un monde post-apocalyptique, dans un futur proche, où la société est scindée en cinq factions, selon le trait de caractère dominant des personnes qui les composent. Il y a donc: Les Audacieux, les Érudits, les Altruistes, les Sincères et les Fraternels. Chaque faction vit dans un quartier de la ville qui lui est dédié, et les contacts sont rares entre les factions. Seuls les enfants, jusqu'à leurs 16 ans, se croisent puisqu'ils fréquentent la même école.

Beatrice Prior, âgée de 16 ans, a grandi dans une famille de la faction Altruiste. Comme tous les autres citoyens, à 16 ans, elle est donc contrainte de choisir son appartenance pour la suite de son existence, au risque d’être séparée de sa famille. Les enfants choisissent en général la faction dans laquelle ils ont grandi et très peu changent de faction. Ces changements, appelés transferts, s'accompagnent d'un changement de quartier et d'une coupure avec la famille d'origine. Béatrice ne s'est jamais sentie réellement à sa place dans la faction des Altruistes. Lors du test d'aptitudes qui précède la Cérémonie du Choix, Béatrice est classée «divergente» par sa préparatrice, qui lui présente cette réalité comme un danger et lui conseille fortement de la cacher à tout le monde. En effet, les Divergents n'appartenant à aucun clan et sont traqués par la direction de l'État. Afin de dissimuler son secret, Tris intègre donc l’univers brutal des Audacieux, et se fait rebaptiser « Tris », tandis que son frère rejoint le clan des Érudits.

L’entraînement des Audacieux est basé sur la maîtrise des peurs les plus intimes. Ils ont également en charge le maintien de l'ordre dans la société. Durant ses entrainements elle et se fait remarquer immédiatement par son courage. Au cours de son apprentissage, un de ses instructeurs, surnommé "Quatre », et elles, se rapprochent jusqu'à entamer une relation amoureuse interdite.

La veille de son intronisation dans la faction des Audacieux, tous les membres de la faction, manipulés par un sérum mis au point par les Érudits, s'arment de fusils. Ils partent vers le quartier des Altruistes pour les éliminer. Tris et Quatre insensible au sérum, s'échappent des rangs de l'armée, et combattent alors le régime.

Sources : Allociné – MademoiZelle – Wikipédia

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Utopie-Dystopie :

Adapté du roman de Veronica Roth, Divergente fait partie d’une trilogie. Comme dans toute

dystopie, les habitants subissent l’oppression d’un gouvernement stricte et arbitraire.

L’héroïne incarnée par le personnage de Tris, le devient encore une fois malgré-elle. Lors de

son combat, Tris devient leader du groupe de réfugiés, comme dans « Matrix » sa différence

fait d’elle une personne unique dans un monde uniforme. Elle est donc porteuse d’espoir.

À l’image de l’intrigue de « Bienvenue à Gattaca », l’accent du caractère dystopique de

l’histoire, est surtout mis sur le désir de l’état de pourvoir casé de façon drastique, ses

habitants à travers des traits de caractère qui définiront leur fonction au sein du groupe. La

faction des Altruistes, par exemple, est tournée vers le dévouement total, dont les

principales caractéristiques sont le port de l'uniforme gris, l'absence d'ambition personnelle,

l'absence de curiosité. Le renoncement aux intérêts personnels au profit de l'intérêt collectif

a conduit à la nomination systématique de membres Altruistes pour constituer le

gouvernement. Un Audacieux ou un Sincère a donc peu de chances d’accéder au pouvoir

politique. Divergente critique ici l’obsession de la société à faire rentrer les gens dans un

moule prédéfini, à travers le système des cinq factions entre lesquelles on est dans

l’obligation de choisir, au risque de se retrouver exclu, sans place, sans proches. Dans le

cas contraire on est divergent et forcement une menace pour la stabilité et l’harmonie.

Avis personnel :

Le film sorti quelque temps après « Hunger Games » n’apporte pas vraiment un caractère

nouveau au concept de la dystopie. Bien que l’action soit au rendez-vous, le rythme du film

connaît quelques lacunes. Le jeu des acteurs sonne parfois un peu faux et certaines

émotions semblent quelques fois surjouées. Dans la globalité, le film reste quand même

correct, et se laisse regarder.

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Conclusion

Se classant parmi les romans d’anticipation les plus célèbres, « Le meilleur des mondes »

d’Aldous Huxley (1932) et «1984» de George Orwell (1949) ont ouvert la voie du mouvement

de science-fiction des contre-utopies. S’inscrivant des contextes de guerre, les auteurs ont

été inspirés par les méthodes de contrôle du nazisme et de la propagande stalinienne.

Faisant un lien entre la société contemporaine et leurs sociétés hypothétiques, ils

caricaturent les aspects les plus contestataires de leur époque. L’objectif majeur est de

dénoncer et prévenir une société future cauchemardesque ou l’homme aurait perdu toute

dignité humaine.

Big Brother (1984)

Le monde tel qu'il ne va pas s’avère être donc une vraie mine pour tous ses auteurs et

réalisateurs, qui sont aujourd’hui de plus en plus nombreux, notamment chez les

romanciers américains pour adolescents et jeunes adultes. Et à l’aube d’une société 2.0, les

hantises sont nombreuses. L’un des thèmes les plus abordés, est la déshumanisation de

l’homme par la prohibition des sentiments. Dans son ouvrage « L’utopie de la

communication » de Philippe Breton, celui-ci redoute l’hypercommunication et

l’éloignement entre humains et la solitude qu’elle provoquerait. Huger Games et son jeu de

télé-réalité représente bien le caractère sadique d’homme jouissant d’un jeu télévisé allant

jusqu’à la mort de ses candidats. La mort devient banale et ne touche plus, dans Fahrenheit

451 ou Equilibrium on n’hésite pas à brûler et tuer ceux qui ne respectent pas l’ordre établi

par le régime. Dans « Le meilleur des mondes », l’auteur va plus loin, en y présentant un

monde où les hommes sont conditionnés à être indifférent, voire même, apprécier la mort.

En effet, au cours d’une scène du film, une maitresse enseigne à ses élèves que la mort

n’est qu’un fait biologique, et ceux-ci sont récompensés par des friandises.

La femme ne voulant pas quitter sa maison (Fahrenheit 451)

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Cette perte d’humanité provoque un rejet total de l’art et de la culture. Faisant appel aux

émotions ou à l’histoire, ils ne peuvent être tolérés dans ses sociétés froides qui basent sa

stabilité sur l’uniformisation. Les livres sont condamnés dans Fahrenheit 451, pour éteindre

le savoir qui les accompagne, tandis qu’une police se charges de détruire tout objet propre

à l’art, dans Equilibrium. Les hommes ont perdu leur droit d’expression et sont encouragés

à perdre toutes formes d’individualisme afin de s’intégrer au mieux dans un monde qui se

veut « stable et harmonieux ». Les uniformes sont donc de rigueur dans Equilibrium,

Divergente, 1984, etc. Chacun est prédestiné à remplir un rôle stable et limité, comme le

présente Divergente ou Huger Games à travers les castes en place. Dans l’œuvre de

Huxley, ce caractère propre aux dystopies est contrôlé par la génétique, et les hommes ne

sont alors plus que des produits de consommation répondant à la demande.

(Les bébés sous éprouvettes (Le Meilleur des Mondes)

L’eugénisme est d’ailleurs une critique récurrente du monde futur. Présenter comme

idéologie dans « Le meilleur des mondes » elle tourne rapidement au cauchemar,

notamment dans « Matrix » ou l’homme est complètement assujetti à la machine.

(Le réseau de grappes d'êtres humains connectés à la matrice (Matrix)

La notion de consommation va généralement de pair dans ces contre-utopies. Elle remplit

un rôle de contrôle sur les hommes inconsciemment assujettis à ce qu’ils possèdent. Les

drogues telles que le Soma ou le Prozium contribuent à conserver les hommes dans un

brouillard, empêchant toute réflexion ou révolte de leur part. Huxley qui critique la

surconsommation et le fordisme, enferme ses personnages dans un système d'esclavage

où la consommation et le divertissement en masse détournent l’attention des hommes sur

leur condition. Adorno qui souligne la différence entre produits de consommation et art, a

longtemps critiqué la passivité des consommateurs qui se détourne de consommation

« plus savante » au profit du marketing culturel. Dans ces dystopies il ne s’agit plus de

produits culturels par et pour le peuple, mais de produits soumis à un peuple sous contrôle.

John Preston examinant sa fiole de Prozium (Equilibrium)

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Depuis quelque temps, cinéma, télévision, littérature se concurrencent et mettent en scène

des sociétés plongées dans un cauchemar totalitaire ou les libertés individuelles sont

étouffées. La recette fonctionne notamment chez la cible des « young adult » (jeunes

adultes) qui semble s’identifier à ces héros. Contrairement à ceux de « 1984 » et « Le

meilleur des mondes » les héros d’aujourd’hui rejoignent la rébellion et se rebeller contre

l'autorité à juste titre. En effet, le point commun de ces dystopies contemporaines, est la

défiance de l’autorité par des personnages relativement jeunes et qui se démarquent ainsi

du reste.

Katniss Everdeen - « The girl on fire » (Huger Games)

Ces héros représentent donc l’individualisme, qui par ailleurs touche désormais, tous les

aspects culturels (la mode, la musique, etc). Chez les plus jeunes, se démarquer devient

désormais une nécessité en société. C’est se créer une identité propre, être vu pour exister.

Ces films sont des hymnes aux libertés individuelles et à la tolérance de la différence,

marques d’une utopie contemporaine. Ils offrent ainsi une idée de praxis et pousse à la

réflexion.

Tris réussi à vaincre ses plus grandes peurs (Divergente).

La dystopie est donc un genre qui plaît et son succès ne devrait pas faiblir. Si elle rencontre

un tel succès, auprès des « young adultd » d’aujourd’hui c'est parce qu'elle s'appuie sur

leurs inquiétudes face à l'avenir. Les auteurs ont su s’adapter aux sociétés contemporaines

et s'inspirent des craintes actuelles : terrorisme, épidémies, réchauffement climatique. De

nombreuses sortis de roman et film du même genre sont d’ailleurs attendu au cours des

prochains mois (Le Labyrinthe 1 et 2, The Giver, Promise, etc.).

BOURGEOIS Youri Numéro d’étudiant : 31011551 Remis le : 05/01/2015