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n°84 « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. » « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. » Non au musée Sarkozy de l’identité nationale (lire pp.10-12) Venezuela : où va le socialisme à la Chavez (lire pp.21-22) Loi contre les retraites : premières leçons à chaud (lire pp.6-9) Novembre-décembre 2010 2,5 euros Trimestriel La Commune, journal en langue française de militants du NPA membres du courant international M.S.T- I. (IV e Internationale)

Loi contre les retraites : premières leçons à chaud (lire pp.6-9) … · 2014. 8. 13. · Venezuela : où va le socialisme à la Chavez (lire pp.21-22) Loi contre les retraites

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n°84

« L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. »« L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. »

Non au musée Sarkozy de l’identité nationale (lire pp.10-12)

Venezuela : où va le socialisme à la Chavez (lire pp.21-22)

Loi contre les retraites : premières leçons à chaud (lire pp.6-9)

Novembre-décembre 2010

2,5 euros

Trimestriel La Commune, journal en langue française de militants du NPA membres du courant international M.S.T- I.(IVe Internationale)

Page 2: Loi contre les retraites : premières leçons à chaud (lire pp.6-9) … · 2014. 8. 13. · Venezuela : où va le socialisme à la Chavez (lire pp.21-22) Loi contre les retraites

La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité

70 ème anniversaire de l’assassinat de Léon Trotsky

Actualité du TrotskysmeIl y a 70 ans, Léon Trotsky mourait assassiné par Ramon Mercader, le tueur de Staline, mais ses enseignements, produitsde l'histoire du mouvement ouvrier révolutionnaire, restent plus actuels que jamais. Il n'y a pas si longtemps de nombreuxcourants politiques, issus de l'éclatement de la IV° Internationale, affirmaient que le capitalisme avec la révolution techno-logique connaissait un développement impétueux. Foin des crises économiques, nous dit-on, place à Internet et aux télé-phones portables de dernière génération. Qu’en est-il de toute cette bouillie prétendument théorique qui se heurte à la réali-té quotidienne vécue par l’écrasante majorité de la population de la planète?

L'ampleur de la crise qui a prisnaissance aux Etats-Unis avecla crise des " subprimes " a remis

les pendules à l'heure : nous sommesbien dans l'époque des guerres et desrévolutions. Le système capitaliste acessé depuis longtemps, plus précisé-ment depuis la première guerre mon-diale, d'être progressiste. Sa survie il ladoit à la guerre sans fin qu'il mène cont-re la classe ouvrière internationale etles peuples opprimés, contre tous ceuxqui veulent en finir avec son existencesynonyme de barbarie, de famine géné-ralisée. La satisfaction des besoinssociaux les plus vitaux n'est ni lemoteur, ni le but des capitalistes. Ce quiprime, c'est le profit. Sa survie, il la doit àl'aide précieuse que lui apportent depuis desdécennies, dans les moments ou son exis-tence est en cause, les lieutenants ouvriersde la bourgeoisie : le stalinisme et las o c i a l - démocratie.

Réforme ou révolution ?

Si l'on dit, comme le font les tenantsde la " révolution technologique ", que lecapitalisme développe les forces pro-ductives ou bien qu'il y a deux types decapitalismes, un bon et l'autre mauvais,alors au lieu de combattre pour la révo-lution, il faut prêcher pour des réformesprétendument " progressistes ". Oubien alors, il faut promouvoir " la révo-lution par les urnes ", chère àMélenchon et à son Parti de gauche, quinous conduirait, selon lui, par une accu-mulation de sièges de députés, ausocialisme. Il y a bien longtemps que lemouvement ouvrier révolutionnaire abalayé ces sornettes. L'impérialisme,stade suprême du capitalisme, mèneune guerre sans merci contre les peu-ples d'Irak et d'Afghanistan. Il met endanger la continuité de la vie sur la pla-

nète aujourd'hui encore plus qu'hierquand Karl Marx écrivait que le capita-lisme ne se développe " qu'en épuisant

en même temps les deux sources d'où

jaillit toute richesse : la terre et le tra-

vailleur ", il ne quittera pas la scène del'histoire sans combattre et sans qu'onle mette à bas. Et c'est justement parceque le capitalisme conduit à la destruc-tion de l'Humanité qu'il faut construiredes organisations révolutionnaires pourmettre fin à son règne.

Quelle voie ?

Un autre élément clé du trotskysmeréside dans l'affirmation suivante : laseule voie pour en finir avec le capitalis-me réside dans la mobilisation indépen-dante des masses à la tête desquellesse trouve la classe ouvrière. Sans mobi-

lisation de la classe ouvrière, il n'y aaucune possibilité de changementsocial. La mobilisation des masses estla seule garantie pour que les proces-sus révolutionnaires aillent de l'avant.C'est sur elle qu'il faut s'appuyer pourarriver au pouvoir et mettre en place denouvelles institutions, totalement démo-cratiques dans lesquelles les tra-vailleurs seront les acteurs absolus dela planification et de l'exécution des

principaux ressorts économiques etpolitiques de la société.

Hégémonie de la classeouvrière

Certains arrivent à affirmer, y comprisà gauche, qu'avec l'accroissement duchômage et de la mécanisation de laproduction, la classe ouvrière ne peutplus être celle qui doit être à la tête deschangements, car elle est affaiblie, dimi-nuée numériquement, avec peu decapacité révolutionnaire et qu'en consé-quence il faut trouver " des sujets desubstitution " à cette classe ouvrière.Rien n'est plus faux. Avec la prolétarisa-tion des paysans en Asie et l'avancéede l'urbanisation, la classe ouvrière estplus nombreuse aujourd'hui qu'au débutdu siècle passé quand elle prit le pou-voir en Russie. Plus que jamais, " (…) la

société a trop de civilisation, trop de

moyens de subsistance, trop d'indus-

trie, trop de commerce (…) Le système

bourgeois est devenu trop étroit pour

contenir les richesses créées en son

sein. Comment la bourgeoisie surmon-

te-t-elle ces crises ? D'un côté en détrui-

sant par la violence une masse de for-

ces productives, de l'autre en conqué-

rant des nouveaux marchés et en

exploitant plus à fond les anciens "

(Manifeste du Parti Communiste,

1847). Ce mécanisme décrit par Marxa effectivement atteint son paroxysmesous nos yeux. Alors pour les trotskys-tes, il n'est de tache plus urgente que decombattre pour la conquête du pouvoirpolitique par le prolétariat, pour l'aboli-tion de la propriété privée des moyensde production. Cette actualité-là estplus brûlante que jamais.

Elie Cofinhal, le 6 octobre 2010

2 La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010

20 août 1940, Trotsky était assassiné par Staline

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La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité

Éditorial

l’intersyndicale en question

Le 27 octobre 2010, le Parlementa adopté définitivement le projetde loi sur les retraites présenté

par Sarkozy, après que le PS, le PCF etle PG se soient livrés à la mascaradedes amendements. Le Premier ministreFillon et son ministre du travail Woerthont immédiatement déclaré : " la loi dela République doit être désormaisacceptée par tous ". Avec l'adoption decette loi, pour une retraite à taux plein,il faudra avoir travaillé 42 ans et l'âgelégal de départ à la retraite passe de 60à 62 ans. C'est la poursuite de la loiFillon de 2003.

Depuis le mois de janvier 2010, lesmédia aux ordres du gouvernementn'ont eu de cesse de ressasser lesmêmes arguments que ceux utilisés en2003 : le financement des retraites estmenacé par la hausse démographiqueet l'allongement de la durée de vie. C'estainsi que la loi Fillon passa grâce aurefus de l'unité syndicale pour lemaintien des 37,5 avec la complicitéactive de Chérèque, Secrétaire généralde la CFDT.

Sarkozy l'avait annoncé dans sesvœux, il aurait deux priorités pourl'année 2010 : les retraites et la réformeterritoriale, et de déclarer : " il faudra que

tout soit mis sur la table : l'âge de la

retraite, la durée de cotisation… ". Et le25 janvier dans une allocution sur TF1,il précisait : " Cette affaire des retraites,

ce n'est pas une question de droite ou

de gauche, d'opposition ou de majorité.

J'aimerais qu'il y ait un consensus d'ici

à la fin de l'année. " Responsablespolitiques de " gauche " et responsablessyndicaux étaient d'ores et déjà avertiset leur réponse ne se fit pas attendre. Atout seigneur tout honneur, le Partisocialiste par la bouche de MartineAubry s'exclama sur RTL : " Je pense

qu'on doit aller, qu'on va aller très

certainement vers 61 ou 62 ans ".

Le 15 février à l'issue du sommetsocial Sarkozy félicitait les dirigeantssyndicaux en ces termes : " Je veux…

rendre hommage… à la responsabilité

dont ont fait preuve les organisations

syndicales tout au long de l'année " et

il annonce que les " négociations " sedérouleront d'avril à juillet et même enaoût s'il le faut. Immédiatement, laCFDT, la CGT, la FSU, Solidaires etUNSA appellaient à une journée d'actionpour le 23 mars " pour que le débat surles retraites prenne en comptel'ensemble des questions… ". Queldébat, avec un parti du Président quireprésente 11,6% des inscrits auxélections régionales ?

Le 15 juin, le projet de loi est déposé,le conseil des ministres l'adopte le 13juillet et l'Assemblée nationale en débatà partir du 7 septembre.

Nouvelle journée d'action, le 24 juin, àla veille des congés scolaires. L'AFP quiavait attribué à Bernard Thibault l'emploidu mot retrait à propos de la réformeSarkozy, publie un démenti à lademande de la CGT. De fait, aucuncommuniqué de " l'intersyndicale " n'aemployé ce mot, encore moins un appelà la grève générale jusqu'au retrait.

Depuis la rentrée scolaire, c'estl'avalanche des journées d'action. Aprèsle 7 septembre, le 15 septembre, le 23septembre, le 2 octobre, le 12 octobre,le 16 octobre, le 19 octobre, le 28octobre au lendemain de l'adoptiondéfinitive de la loi et maintenant le 6novembre.

Alors que par millions et millions,salariés et jeunes soutenus parl'immense majorité de la population, ontcrié leur rejet de cette " réforme ", lesdirigeants des Confédérationssyndicales aidés de leurs amis de "gauche " ont laissé isolés les travailleursqui se sont lancés dans les grèvesreconductibles. Ils ont laissés seuls, faceà la répression, les lycéens, lesétudiants et les salariés des raffinerieset la " réforme " est passée. Mais la crisepolitique, provisoirement contenue, esttoujours là et Sarkozy se garde bien detout triomphalisme car il sait qu'un peuplus tôt, un peu plus tard, elle rebondiraà un niveau plus élevé.

Elie Cofinhal,le 3 novembre 2010

La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010 3

Pages

n Actualité du trotskysme 2

n éditorial 3

n Chronique d’une fin de régime :

Scènes de crise en France 4

n Loi sur les retraites : Premierbilan, premières leçons 6

n musée de l’histoire de France 10

n Eléments pour un programmed’action anti-capitalisrte 13

n Vénézuela : Ou va le socialismedu XXIème siècle 21

n USA: après les élections du 2novembre 23

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La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité

Chronique d’une fin de Régime

Scènes de crise en France19 octobre. A la une du quotidien lyonnais Le Progrès : " La France au bord de la rupture ". Ce jour là encore, le pays va secouvrir de manifestations monstres. Indubitablement, les salariés, les jeunes et la population cherchent à en découdreavec le régime et ses réformes. Les lycéens sont entrés en scène. Les raffineries de pétrole se sont arrêtées. La grèvegénérale est effective à Marseille. Au sommet de l'Etat, la crise politique enfle, déborde, sur fond de scandales. L’affaireWoerth continue et les journalistes sont espionnés.Tout paraît alors encore possible. Les regards se tournent versl'Intersyndicale qui va se tenir le 21 octobre…

On le sait, une nouvelle fois,selon un scénario dont les ficel-les sont grosses, l'intersyndica-

le va renvoyer les salariés dans les cor-des d'une nouvelle journée d'action,une semaine plus tard, ou de grèvesreconductibles fragmentées. Véritablestratégie de l'échec programmé.Sur l'autre versant, la bourgeoisie pei-ne à cacher son effroi devant le déferle-ment de la colère qui s'empare du pays.Excédé, Yves Calvi, lors de l'émis-sion "C'est dans l'air " du vendredi 29octobre, se lamente que Thibault neparvienne pas à mettre au pas la CGTMarseillaise. C'est en effet très inquié-tant car en ne donnant aucun grain àmoudre aux directions centrales dessyndicats, le gouvernement sape leurautorité aux yeux des militants syndica-listes, des salariés et des jeunes etprend le risque que la prochaine vaguesubmerge les Thibault, Chérèque,Mailly et autres " réformateurs ", renver-sant toutes les palissades dressées parles appareils bureaucratiques pourendiguer la colère des masses.

Cela s'avère d'autant plus inquiétantpour la classe dominante que Sarkozyet son Exécutif sont maintenant totale-ment coupés de la population et enproie à des dissensions internes de plusen plus âpres sur fond de scandales, decorruption et de règlements de comptequi, il est vrai, sont le propre du Régimede la Vème République en décomposi-tion.

De justesse, la vague aété contenue.

Mais, tout observateur à l'œil un tantsoit peu affuté réalise que Sarkozy nedoit son salut qu'à la capitulation annon-cée, préméditée et calculée des direc-tions syndicales. En même temps, cha-

cun peut constater que la colère resteintacte. Colère redoublée contreSarkozy et sa clique du Fouquet's.Colère rentrée à l'égard des bureaucra-ties syndicales qui ne demandent qu'àtraiter avec l'ennemi et lui quémandentdes miettes, des os à ronger, des pallia-tifs qui leur permettrait d'accompagnerou d'aiguillonner le mouvement des "réformes ".

Comme la corde soutientle pendu

Et, la gauche dans tout ça ? Selon lesmédia bien intentionnées, le PS a sou-tenu la mobilisation des salariés et de lajeunesse, en participant, y compris,sous ses propres banderoles, aux mani-festations. Oui, le PS a soutenu les grè-ves et les manifestations…comme lacorde soutient le pendu. Ainsi, ce 12octobre, alors que trois millions et demide manifestants déferlaient dans toutela France, Patrick Mennucci, chef de filedu PS au conseil municipal deMarseille, faisait le communiqué suivant: " La grève du Grand Port de Marseille

n'a rien à voir avec la bataille pour la

retraite à 60 ans et il n'est pas admissi-

ble de se cacher derrière cette revendi-

cation très populaire pour défendre les

intérêts très catégoriels… Nous appe-

lons les grévistes du Grand Port de

Marseille à mesurer les dégâts causés

à notre économie déjà en difficulté et

nous leur demandons de cesser ce

mouvement "

Quelle retraite à 60 ans ?

Bataille pour la retraite à 60 ans ?Rappelons tout d'abord ce que déclaraitMartine Aubry, le dimanche 17 janvierdernier au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI : "Je pense qu'on doit aller, qu'on va

aller très certainement vers 61 ou 62

ans." Le lendemain, un dirigeant du PSconfirmait : "Dire "la priorité, c'est de ne

pas toucher à l'âge", c'est être décon-

necté de ce que vivent les gens. Les

Français attendent que nous soyons

pragmatiques et non théologiques,

qu'on se concentre sur le niveau des

pensions ou la possibilité de partir plus

tôt quand on a exercé un travail péni-

ble." Tel est le fond de la pensée du PS.Au reste, les polémistes de droite n'ou-blient jamais de rappeler aux ténors dece parti qu'ils n'ont pas abrogé la loiBalladur en 1997/2001, quand ils sontretournés au pouvoir et qu'ils se gardentbien de réclamer l'abrogation de la loiFillon de 2003, lois qui ont augmenté ladurée de cotisation de tous les salariésde 37,5 à 41 annuités. Aujourd'hui, com-me dans une mauvaise Pub, ils affi-chent en grand "retraite à 60 ans " et, encaractères plus réduits : " augmentationcontinue de la durée de cotisationindexée sur l'augmentation présuméede l'espérance de vie ". A moins d'ac-cepter de toucher une pension en deçàdu seuil de pauvreté, aucun travailleurne pourra effectivement partir à 60 anssous le régime de Madame Aubry. Enoutre, selon la sociologue Anne-MarieGuillemard : "L'âge médian de sortie du

marché du travail stagne à 58 ans, alors

que l'âge moyen de liquidation de la

retraite a progressé sur la même pério-

de et se situe à 61,6 ans."

Elus PS contre éboueurs

Interrogé sur la grève des éboueurs,Patrick Rué, responsable FO desTerritoriaux marseillais constate : " Les

déclarations des socialistes sont dispa-

rates, Aubry demande le retrait de la

réforme, Guérini [PS. Président duConseil Général des Bouches du

4 La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010

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La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité

Chronique d’une fin de Régime

Rhône] appelle à la reprise du travail,

Vauzelle soutient les manifestants, c'est

un peu confus. Ce qui prouve bien

qu'on ne peut compter que sur les sala-

riés, pas sur les politiques. Cela dit la

réquisition, je le répète, ne va pas chan-

ger grand-chose. Et la détermination est

là. "

C'est un fait, à l'instar des cheminotsen 1995 qui avaient fait grève tout à lafois contre le Contrat de Plan d'entrepri-se qui menaçait leur statut et contre lePlan Juppé qui attaquait la Sécuritésociale, les salariés des Ports et Docks,des Raffineries et des collectivités terri-toriales (éboueurs, personneldes cantines, et des déchète-ries) ont conjugué leurs revendi-cations particulières avec l'exi-gence du retrait de la réformedes retraites. Ce serait à enten-dre certains caciques du PS(Guérini, Menucci) illégitime etscandaleux. Ce faisant, cesreprésentants du PS ont donnéà leur façon leur feu vert auPréfet pour réquisitionner lesgrévistes. Ainsi, Eugène Caselli,président PS de laCommunauté d'AgglomérationMarseille Provence Métropole aexpressément demandé la réquisitiondes éboueurs et chauffeurs si ces der-niers ne reprenaient pas le travail

Autant dire qu'en la personne du PS,Sarkozy n'a pas trouvé un adversairedigne de ce nom mais un de ses plussûrs relais pour briser les grèves lesplus dures. Interrogés sur le bien- fondédes propositions en trompe- l'œil duPS, Chérèque devait répondre : " Le PS

fait une proposition basée sur l'augmen-

tation de la durée de cotisation. C'était

l'esprit de la réforme de 2003 et c'est

toujours la position de la CFDT ", etThibault : " Je ne veux pas me situer sur

le terrain politique ".

Action - Réaction

A tout le moins, Sarkozy ne doit ni à sapugnacité, son hyper-activité ou à sonmachiavélisme, cette victoire à laPyrrhus. Sa cote de popularité est lami-née à 26%. La volonté d'en découdre

de masses de plus en plus large s'estrévélée de façon impressionnante : desmillions de manifestants, 246 villesmobilisées le 12 octobre, plus de millelycées bloqués. Toute action se mesu-rant à la réaction qu'elle provoque, lapolice a procédé à près de 1300 inter-pellations. Des lycéens souvent trèsjeunes ont été placés en garde-à-vue,de façon à être terrorisés et humiliés.Des manifestations de jeunes ont ététrès durement réprimées par les forcesde Police. Des grévistes ont été réquisi-tionnés par les Préfets pour la premièrefois depuis fort longtemps et en dehors

de toute légalité réelle. Selon le quoti-dien du soir Le Monde : «" Au-delà de la

querelle des chiffres, les journées de

mobilisation ont surpris par leur

ampleur. "C'est au-dessus de ce que

nous attendions", confiait en septembre

un ministre sarkozyste. "» Répétons-le, Sarkozy ne doit son salut qu'auxdirections syndicales et au premier chefThibault qui a imposé aux militants etaux salariés l'alliance contre-natureavec Chérèque, le partisan de la réfor-me de 2003 et celui de la retraite parpoints opposée à la retraite par réparti-tion, derrière laquelle il s'est retranchépour ne pas appeler, au lendemain du12 octobre à la grève générale.

Mais, ils le savent tous, en haut-lieu,les braises sont encore chaudes…

Daniel Petri31 octobre 2010

1. Extrait de l'émission du

29/10/2010 : " Social : la pause et les comp-

tes ".

http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-

fr.php?page=resume&id_rubrique=1564

" Yves Calvi : " C'est impossible pour

Bernard Thibault de passer un coup de fil à

son confrère de Marseille pour lui dire… !?

…/…Renaud Dely (journaliste) : " Les doc-

kers CGT n'ont jamais répondu aux consi-

gnes de la centrale de Montreuil. Ca fait très

longtemps que la direction de la CGT est

mise au défi par les Dockers CGT, de longue

date, on sait que dans d'autres fédérations

aussi, il n'y a qu'à voir la rivalité…

Yves Calvi : seule l'antenne spé-

cifique du port de Marseille a un

pouvoir spécifique ? Ni Nicolas

Sarkozy, ni Barack Obama, ni

Bernard Thibault ne peuvent faire

quoi que ce soit ? "

2. Le Parisien. 12.10.2010,

18h34 ;

http://www.leparisien.fr/marseille-

13000/patrick-mennucci-ps-appel-

le-a-la-fin-de-la-greve-sur-le-port-

d e - m a r s e i l l e - 1 2 - 1 0 - 2 0 1 0 -

1106828.php

3. Propos recueillis par le

Figaro du : "Dire "la priorité, c'est

de ne pas toucher à l'âge"

4. Tribune du Monde : Réforme des

retraites, les fausses évidences. 28.10.10 |

13h58 o Mis à jour le 29.10.10 | 17h33 ;

ht tp: / /abonnes. lemonde. f r / idees/ar t i -

cle/2010/10/28/reforme-des-retraites-les-

fausses-evidences_1432475_3232.html

5. Le Parisien. 12.10.2010, 18h34 ;

h t t p : / / w w w. l e p a r i s i e n . f r / m a r s e i l l e -

13000/patrick-mennucci-ps-appelle-a-la-fin-

de-la-greve-sur-le-port-de-marseille-12-10-

2010-1106828.php

6. Propos recueillis par le Figaro du :

"Dire "la priorité, c'est de ne pas toucher à

l'âge"

7. Tribune du Monde : Réforme des

retraites, les fausses évidences. 28.10.10 |

13h58 o Mis à jour le 29.10.10 | 17h33 ;

ht tp: / /abonnes. lemonde. f r / idees/ar t i -

cle/2010/10/28/reforme-des-retraites-les-

fausses-evidences_1432475_3232.html

La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010 5

La police contre les grévistes

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La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité

Loi sur les retraites : quel bilan ?

Premieres leçons à chaud...Depuis le mois de mai dernier, et dès l'annonce du projet de loi Sarkozy de " réforme " des retraites, grèves et manifesta-tions se sont succédé en France, suscitant la peur des gouvernants de toute l'Europe. L'article suivant a été publié dans lejournal du Mouvement socialiste des travailleurs (MST) d’Argentine, mercredi 27 octobre, à la veille de la énième " journéed'action " de 24h du jeudi 28 octobre et de nouvelles manifestations du samedi 6 novembre . Depuis ces lignes, les événe-ments n'ont fait que confirmer le diagnostic établi alors. C'est pour quoi nous le publions intégralement. Premières leçons,premier bilan.

Sans doute assistons-nous à unreflux des grèves et des mobili-sations mais ce qui importe,

c'est justement de comprendre où enest la classe ouvrière à ce jour et lesobstacles qu'elle a rencontrés sur sonpassage.

Avant d'en venir là, il est indispensablepour la bonne compréhension d'expli-quer à nos camarades et aux tra-vailleurs d'Argentine l'enjeu de cette loisur les retraites.

En France, le système de sécuritésociale et donc des retraitesqui en sont une branche, a uneparticularité qui la différenciede la plupart des systèmes depar le monde qui sont en majo-rité basés sur des assurancesprivées ou sur un financementd'Etat ou même dans certainspays par un mélange de l'un etde l'autre.

En France, depuis 1945, fruitd'une conquête des travailleursdans la vague des grèvesinsurrectionnelles de l'immé-diat après-guerre, la sécuritésociale et sa branche " vieilles-se " (les retraites) est financéeexclusivement par les salairesdes travailleurs. L'ensemble de l'argentainsi dégagé représente aux alentoursde 2300 millions de millions d'euros,une somme équivalente au budget del'Etat.

Que représente laSécurité Sociale ?

Jusqu'à maintenant donc, ce qui faitencore la force de la protection sociale " à lafrançaise " réside en ceci que la Sécu estfinancée par le salaire différé.

Le salaire différé, c'est une part dusalaire qui n'est pas versée à l'ouvrier,

6 La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010

au salarié. Il existe donc le salaire brut,la somme totale qui est due au salariéet le salaire net, ce qu'il touche à la findu mois une fois sa part de sécuritésociale enlevée. C'est l'argent que lessalariés mettent dans une caisse com-mune pour s'assurer mutuellement,pour leur santé comme pour leur retrai-te, selon le principe de la solidaritéouvrière : chacun cotise pour tous ettous pour chacun. Chacun cotise selonses moyens et perçoit selon sesbesoins.

Insistons lourdement : cet argent neprovient donc pas de la poche dupatron. L'argent de la Sécu, toutesbranches confondues, appartient bienaux salariés et les patrons ne versentrien qui leur appartienne en propre.

Les cotisations prélevées serventimmédiatement au paiement des pen-sions de retraites, des prestations - mal-adie. Les actifs cotisent pour les retrai-tés d'aujourd'hui, les bien portantscotisent pour les malades. C'est le sys-tème dit de répartition solidaire.Insistons encore : les prestations desoins ne dépendent pas du montant de

la cotisation versée individuellementpar chaque salarié comme c'est le casdans les fonds de pension. Ils dépen-dent de la totalité des sommes récupé-rées sur une portion des salaires.

Inutile de préciser qu'il ne s'est nulle-ment agi, en 1945, d'un élan généreuxdu patronat français, qui était du restemouillé jusqu'au cou dans laCollaboration avec l'occupant nazi. Labourgeoisie française, par peur de toutperdre face à la vague révolutionnairede 1945, a dû lâcher en particulier le

régime de sécuritésociale par répartitionsolidaire, l'actuelle" Sécu ".

Le modèle deSécurité sociale etdonc des retraites queles salariés en grèvedéfendent actuelle-ment, comme déjà en1995 et en 2003 estfondé sur la solidaritéentre tous les salariéset sur la solidarité ent-re les actifs et lesretraités : les salariéscotisent chacun pourtous et non chacun

pour soi et chacun d'entre eux reçoittoutes les prestations nécessaires auxsoins et traitements qui lui sont pres-crits, et chacun des retraités toucheune pension proportionnelle à sesmeilleurs salaires.

Pourquoi ce rappel que j'espère lemoins fastidieux pour nos camarades ?Parce qu'il explique le fond de la ques-tion et le bras de fer actuel

Le bras de fer

De quel bras de fer s'agit-il justement ? Decelui entre Sarkozy et son gouvernement

La jeunesse aussi

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La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité

Loi sur les retraites : quel bilan ?

d'un côté et de l'autre des travailleurs etde leurs organisations soudés contrelui ? Si c'était cela la situation, il seraitimpossible de comprendre. Depuis mai,par 9 fois maintenant, les travailleurssuivis dernièrement par les jeunes ontfait grève et manifesté par millions, à unniveau de combat sans doute supérieurà novembre-décembre 1995. Sarkozyserait-il si fort qu'il arrive, commeThatcher contre les mineurs anglais àimposer ce qu'il veut ? Absolument pas.Les derniers son-dages d'opinioncréditent Sarkozyde 27% de satis-faits, le plus basscore de tous lesprésidents de la Verépublique françai-se. Le mouvementactuel s'est rapide-ment concentrécontre lui, posant àl'évidence la ques-tion de qui gouver-ne et de l'illégitimi-té de Sarkozy.C'est un mouve-ment politique,dans son fond etdans sa forme. Alors, où est le problè-me, où sont les blocages.

Ils sont entièrement, exclusivementdans la politique des directions poli-tiques et syndicales du mouvementouvrier français qui sont chacun à saplace, arc-boutés pour empêcher partous les moyens que les travailleurspuissent gagner.

Deux axes de cette politique de soumission

Le premier, c'est que, du Parti socialis-te au Parti communiste en passant parle Parti de gauche de Mélenchon, de laprincipale centrale ouvrière la CGT, à laCFDT et autres directions syndicales,tous sans exception disent qu'il faut uneréforme des retraites car selon eux (etSarkozy) il faut réformer sous peine devoir le système des retraites s'effondrer.Aucun d'entre d'eux n'a donc exigé leretrait du projet de loi, aucun ! Certains

disant qu'il faut une loi, mais une bonneloi (le PCF a fait un projet de loi) d'aut-res proposant aussi des " solutions "pour une retraite " individualisée " (le PSet la CFDT) et tous, dans un bel élanunanime, s'appuyant sur les proposi-tions d'ATTAC disant qu'il faut taxer lesrevenus financiers du Capital. Or, finan-cer les retraites sur la base des revenusfinanciers du Capital, les stock-optionset les dividendes, c'est justement intro-duire les retraites par …capitalisation,

système aux antipodes de celui arrachéen 1945.

Le système français, basé sur lessalaires, ne peut exister que si le combatpour l'augmentation des salaires, la luttecontre les licenciements et la fin desexonérations faites aux patrons estmenée par les travailleurs et leursorganisations. Tout chômeursupplémentaire, tout licencié en plus, toutsalaire qui stagne ou qui baisse, ce sontautant de cotisations en moins dans lescaisses de la sécurité sociale. Enpréférant faire miroiter l'illusion de lataxation du Capital, les principauxdirigeants du mouvement ouvrierindiquent à Sarkozy qu'ils sont biendécidés à ne pas mener les vraiscombats nécessaires à la classeouvrière. Ils donnent le feu vert à Sarkozypour faire passer sa loi.

Le deuxième axe, c'est la tactique des" journées d'action " de 24 heures étaléesdans le temps depuis…mai dernier.

Autrement dit, pas question pour euxd'appeler à la grève générale jusqu'auretrait du projet de loi. Les salariés ontappelé cette " tactique " les grèves saute-mouton, étalées dans le temps, quidémoralisent car elles sont inefficaces etdivisent. Certains salariés ont ainsi perduplus de 10 jours de salaire en 6 mois de" journées d'action " alors que tout lemonde sait que si nous avions fait tousensemble 10 jours suivis de grève,Sarkozy sautait comme un bouchon et

sa réforme avec lui.Et pourtant : lav o l o n t é d ' e nd é c o u d r e e s tintacte dans tout lepays à en juger parl 'ensemble desa c t i o n s q u emilitants et salariésc h e r c h e n tdésespérément àétablir entre eux,ent re secteurs ,entre professionsp o u r t e n t e rlégit imement de " d é b o r d e r " l e sappareils.

Le " secret de Sarkozy " ?

Le bras de fer actuel est donc en réalitécelui entre les directions syndicales etpolitique et les masses en mouvementqui, malgré ces obstacles, sontdescendues par millions dans la rue nonpour crier " taxation des revenusfinanciers " mais " retrait de la réforme" On a vu un mouvement profond,déterminé, extraordinaire qui, parendroits, a même réussi des formes dedébordement des appareils, maisencore insuffisantes pour lever lesverrous.

De vraies grèves puissantes (15 jours)des éboueurs de Marseille, que l'unionsacrée de l'UMP et du PS, du PCF, deFO et de la CGT a fini par réussir à fairerentrer, de vraies grèves également deséboueurs municipaux de Paris queDelanoë, le maire PS a fini parasphyxier en ayant recours aux entre-prises privées de nettoyage qui

La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010 7

de l’UNSA à la FSU en passant par la CFDT et la CGT, le front unique des appareils...

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Loi sur les retraites : quel bilan ?

emploient des précaires intérimaires,des dépôts de carburant dont lespiquets de grève ont été brisés par lapolice avec l'accord ou la complicitétacite des appareils syndicaux.

A ce jour, il ne faut pas se voiler la face :les appareils s'ingénient à organiser lereflux après avoir refusé d'appeler à lagrève générale.

Cependant, la grève des travailleursdu pétrole, des terminaux méthaniers,des dockers, des per-sonnels des cantinesscolaires et d'autrescommunaux est massi-ve à Marseille. Leséboueurs de cette villeviennent de suspendrela grève à l'appel deFO, mais ceux de plu-sieurs dizaines d'autresvilles la poursuivent. Denombreux travailleursterritoriaux sont tou-jours en grève recon-ductible dans les gran-des villes et leurs ban-lieues. Dans la jeunes-se, plus de 1000 lycées(sur 4200) ont été blo-qués. Dans les universi-tés, la mobilisation afranchi un seuil décisifdurant la semaine du 18octobre, avec une dou-zaine de facultés blo-quées, une demi-dou-zaine fermées par l'ad-ministration pour empê-cher le blocage.

En multipliant les déblocages par laforce, en matraquant et gazant leslycéens et les travailleurs en lutte, entirant au flash-ball sur les jeunes desquartiers ouvriers qui se révoltent, enmultipliant les provocations policièresdans les manifestations, en procédant àplus de 2000 arrestations de jeunes eten les faisant condamner durementpour la moindre insulte ou un feu depoubelle, Sarkozy joue son va-tout pourimposer coûte que coûte sa réforme,une réforme exigée par le FMI du" socialiste " Strauss-Kahn et l'Unioneuropéenne.

Le rôle des directionssyndicales

Or les principales directions syndica-les (CGT, CFDT, FO, FSU, UNSA)confirment leur refus d'appeler à la grè-ve générale et même de soutenir lagrève reconductible et les blocages -alors même que les militants de la CGTet de la FSU sont souvent parmi leursprincipaux artisans. Alors que Sarkozy

les nargue et les méprise en refusantde leur offrir la moindre porte de sortiequ'elles seraient prêtes à accepter eten laissant même le Sénat aggraverencore la loi, les principales directionscontinuent de s'humilier en le suppliantencore et encore d'ouvrir des " concer-tations " pour " une autre réforme des retrai-tes", comme si l'on pouvait espérer deSarkozy une " réforme juste et effica-ce " ! Malgré le succès réitéré des manifes-tations des 16 et 19 octobre, ellesappellent encore à deux nouvellesjournées d'action espacées les jeudi 28octobre et le samedi 6 novembre : c'est

une véritable machination dans le dosdes grévistes, une manière de briserles reins des travailleurs et de lesécœurer une bonne fois. Et si aprèscela les manifestants et les grèvesrefluent on pourra alors dire que lestravailleurs n'ont pas été à la hauteur etque Sarkozy a été le plus fort. Cette" explication " est déjà en train de s'é-crire sous nos yeux !

Cela explique la suspension de lagrève dans certainsendroits. Enfin, au lieude soutenir les bloca-ges, elles les condam-nent implicitement ens'engageant à " veillerau respect des biens etdes personnes " (com-muniqué de l'intersyndi-cale du 21 octobre). Dece point de vue, l'inter-syndicale a indirecte-ment donné un feu vert,quelques heures à peineaprès sa réunion, à laviolation du droit de grè-ve par l'ordre illégal deréquisition des tra-vailleurs et au violentdéblocage policier de laraffinerie de Grandpuits(Seine et Marne), l'undes phares de la grève.Trois ouvriers ont étéblessés, dont un grave-ment, et une véritableoccupation policière dusite s'est mise en place,visant à empêcher l'arri-

vée en soutien de centaines tra-vailleurs et jeunes de toute la région etau-delà à l'appel des travailleurs deGrandpuits, qui n'en ont pas moinsreconduit la grève.

Tirer les leçons

En résumé, parce que Thibault (CGT)- Mailly (FO) - Chérèque (CFDT) refu-sent d'appeler à la grève générale,Sarkozy peut maintenir ses attaquescontre nos retraites. La démonstrationest faite, une fois encore : les " journéesd'action ", les " grèves reconductibles "

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Le rêve des patrons : que les salariés meurent au travail

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Loi sur les retraites : quel bilan ?

par secteur, par département, laissentau gouvernement, à son appareil légis-latif et répressif, les mains libres pourfaire passer la politique anti - ouvrière.Des centaines de milliers de salariésont manifesté et fait grève, conscientsqu'un nouveau coup leur est porté parleurs propres dirigeants. Ne pas le direserait mentir aux travailleurs. Et appelerde manière incantatoire, comme si derien n'était, à la mobilisation de jeudi 28octobre et du samedi 6 novembre, com-me si le problème était que les tra-vailleurs ne se sont pas assez mobilisésjusque là, comme le font LutteOuvrière et d'autres y compris dansune partie non négligeable des cerclesdirigeants du NPA, c'est bien le meilleurdes services à rendre aux bureaucratiessyndicales en ce moment ! JamaisThibault, ni Chérèque n'ont jamais exigéle retrait du projet de loi, alors que c'estévidemment l'objectif des grévistes.Chaque " journée d'action " à laquelleles travailleurs ont répondu massive-ment parce qu'ils cherchaient à se centrali-ser,a été appelée par " l'Intersyndicale " pouramender le texte Sarkozy : " Les organi-

sations syndicales appellent solennelle-

ment le gouvernement et les parlemen-

taires à ne pas adopter cette réforme en

l'état. (CFDT, CFE/CGC, CFTC, CGT,

FSU, UNSA, 21 octobre) " Une choseest sûre : les travailleurs, quels quesoient les résultats immédiats, com-mencent à tirer les leçons. Et Sarkozyn'est pas Thatcher. Le mouvement poli-tique profond pour chasser Sarkozy estengagé. La loi contre les retraites n'estpas une défaite des masses contreSarkozy. Elle est le résultat de la collu-sion flagrante, au grand jour des princi-pales directions politiques et syndicalesde ce pays avec ceux qui considèrentla protection sociale en France commeinsupportable : le Capital et ses institu-tions, dont le gouvernement Sarkozyest un rouage. Et la classe ouvrière sau-ra bien assez tôt trouver les moyens debalayer ces obstacles. Et ceux qui pré-tendent l'aider doivent d'abord dire etécrire cette vérité là.

Pedro CarrasquedoMercredi 27 octobre 2010

La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010 9

Trouver d'autres sources de finan-cement ?

" L'argument semble de bon sens.Pourquoi se priver de ressources sup-plémentaires qui permettraient de faireface à la nécessaire augmentation dela part de la richesse consacrée auxretraites, à l'assurance-maladie...

N'est-il pas légitime de taxer les reve-nus financiers et plus généralement lesrevenus qui échappent aux cotisationssociales?

Cette proposition soulève pourtant plu-sieurs questions.En premier lieu, ellesuppose que I'accroissement des coti-sations sociales n'est pas en mesure derépondre aux besoins. Envisager d'aut-res modes de financement, c'est d'unemanière ou d'une autre considérer qu'ily a un problème avec le financement pardes cotisations sociales. C'est précisé-ment la thèse des défenseurs de laContre-réforme qui ne cessent de répé-ter que les retraites ne seront plus finan-cées dans les années à venir. Or il n'y aaucun «problème», lié au financementpar des cotisations sociales. C'est aucontraire le seul système (contrairementà la capitalisation boursière) qui a mon-tré sa vitalité et sa capacité à faire face àdes échéances sur le long terme. Leseul «problème» , c'est qu'il est néces-saire d'affecter une part croissante de larichesse produite aux cotisations socia-les et donc d'inverser la tendance encours depuis 30 ans, qui a diminué dedix points de PIB la part des salaires etaugmenté d'autant celle des profits.Plutôt que d'imaginer de nouveauxmodes de financement, n'est-il pasbeaucoup plus simple et clair d'exigerI'augmentation de la part des cotisationsdites patronales ?

Le débat avec les défenseurs de la«taxation des profits» ne porte pas sur lanécessité ou non de «prendre sur lesprofits». mais sur comment le faire. Pournous, Ia meilleure manière de prendresur les profits, c'est de modifier à Iasource la répartition de la richesse entresalaires et cotisations sociales d'unepart, profits de I'autre.

S'orienter vers une <taxationdes pro-fits, c'est prendre son parti de la réparti-

tion actuelle entre salaire (direct etsocialisé) et profit, pour ensuite tenter dela compenser par d'autres moyens. 0r lataxation des profits présente par rapportà la cotisation sociale un gros inconvé-nient. Elle fait dépendre la bonne santéfinancière de la protection sociale... deIa bonne santé des profits. Dans cettelogique, pour assurer I'avenir des retrai-tes, la part des profits devrait être Ia plusélevée possible. Une perspective pour lemoins paradoxale !

Comme nous I'avons montré dans unautre article, la cotisation sociale s'inscrità I'inverse dans une perspective de soli-darité et de cohésion de classe. La luttepour I'augmentation des salaires, descotisations sociales et le plein emploipeut être menée dans I'intérêt communde tous les salariés, qu'ils soient au tra-vail ou hors emploi.

Dernier argument pouvant justifier larecherche d'autres financements :I'augmentationdes salaires et des coti-sations sociales suppose un affronte-ment social dur avec le patronat. Neserait-il pas plus facile dans le cadred'un gouvernement de gauche de faireadopter une législation taxant le capi-tal ? En un mot, ne serait-il pas possi-ble de contourner I'obstacle plutôt quede I'affronter ? Mais Ià encore, il s'agitd'une illusion. Soit Ia «taxation du capi-tal» reste une mesure symbolique oucosmétique, soit elle s'en prend vrai-ment au capital et, quelle que soit laméthode employée, impôt ou cotisationsociale, I'affrontement est inévita-ble.(…)

Article extrait de «Tout est à nousmensuel», octobre 2010, n° 14

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Le musée de l’identité nationale

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Maison de l'Histoire de France

Entretien avec Wladimir Susanj,secrétaire général du Syndicatdes Archives de France CGT

La Commune :Que se passe-t-il auxArchives nationales depuis le 16 sep-tembre 2010 ?Wladimir Susanj :

Suite à l'annonce de Nicolas

Sarkozy d'installer la Maison de

l'Histoire de France

dans le quadrilatère

parisien des Archives

nationales, le person-

nel, réuni en assem-

blée générale, à l'ap-

pel d'une intersyndi-

cale large allant de la

CGT à la CGC, en

passant par la CFDT

et la CFTC, a décidé

d'occuper l'Hôtel de

Soubise, nuit et jour

afin de signifier clai-

rement son refus d'u-

ne telle implantation.

Rarement, j'ai ren-

contré une telle una-

nimité syndicale, des

assemblées générales aussi nom-

breuses (entre 150 et 200 personnes)

; toutes les catégories de personnel

sont impliquées, du conservateur

général du patrimoine à l'adjoint tech-

nique d'accueil, surveillance et maga-

sinage.

Tout le monde a compris dès le départ

que ce projet présidentiel remettait en

cause l'existence même des Archives

nationales. Les espaces où veut s'im-

planter la Maison de l'Histoire de France

vont être pris sur les espaces nécessai-

res aux Archives nationales : l'espace

libéré par les archives des 19e et 20e

siècles devant partir à Pierrefitte est

pourtant vital pour redéployer les fonds

médiévaux entassés faute de place,

pour accueillir cinquante années d'actes

notariés parisiens, pour continuer à

accueillir les élèves des écoles dans

des ateliers éducatifs, recevoir des visi-

teurs lors d'expositions de documents

d'archives.

De plus, deux cents emplois sont en

jeu. Ils correspondent aux engagements

pris par le ministère de la Culture en

2005 pour le bon fonctionnement des

Archives nationales et du site de

Pierrefitte. Ce projet signifie donc aussi

la casse de l'emploi public.

L . C : Où en êtes-vous aujourd'hui devotre lutte ?Wladimir Susanj :

La grève votée le 24 septembre a été

suspendue le 29 mais avec la décision

du renforcement de l'occupation de

l'Hôtel de Soubise. Notre appel " Non à

la Maison de l'Histoire de France " a été

signé par plus de 3000 personnes,

simples passants, citoyens, salariés,

enseignants, élus, historiens,

généalogistes… Nous organisons jeudi

14 octobre prochain une réunion

publique sur le thème " Faut-il une

Maison de l'Histoire de France ? Et les

Archives dans tout ça ? ". Prendront

notamment la parole les historiens Arlette

Farge, Daniel Roche, Michèle Riot-

Sarcey, Nicolas Offenstadt et

Christophe Charle. Notre mobilisation

est populaire et il est possible de

gagner.

Entretien avecArlette Farge, histo-rienne, directrice derecherches au CNrS

La Commune : Vousavez déclaré que leprojet Sarkozy d'une" Maison de l'Histoirede France " était unehérésie intellectuelle.Pouvez-vous dévelop-per ce point de vue ?Arlette Farge :

Oui, si j'ai dit hérésie

intellectuelle, ce n'était

pas tant sur un plan

idéologique que d'a-

10 La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010

Le 12 septembre dernier, Sarkozy a annoncé depuis sa visite à Lascaux, l'installation d'une Maison de l'Histoire de France surle quadrilatère parisien des Archives nationales. Depuis cette date, les personnels des Archives nationales, unis avec leurintersyndicale s'opposent à ce projet car il représenterait un rapt de 17 500 m2 de locaux des Archives nationales, remettantainsi en cause une institution créée par la Révolution française. Ils occupent depuis, jour et nuit l'hôtel de Soubise, un desprincipaux bâtiments. Ils ont été rejoints dans la bataille par la quasi-totalité des historiens qui considèrent que ce projet vientmatérialiser les idées nauséabondes et réactionnaires d'identité nationale. Le point sur un combat de civilisation.

Wladimir, secrétaire du SAF-CGT

Sauvons les Archives nationales, non à la Maison Sarkozy de l’Histoire de France

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La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité

Maison de l'Histoire de France

bord sur le plan intellectuel. L'histoire ne

peut être mise en musée.

L'interprétation en change à chaque

génération, l'histoire c'est le produit de

toute cette sédimentation. Ce n'est pas

un objet figé, cela se construit et se

reconstruit…

L . C : Quel est selon vous le socleidéologique qui est derrière ce projet ?Arlette  Farge  :  Si par malheur ce

musée existe, il sera le

fruit d'une interpréta-

tion, menée d'en-haut

par le Président et son

gouvernement. Il y aura

des historiens, y com-

pris de toutes opinions

mais le cadre sera

sans doute celui de

l'héroïsation ou d'un

événementiel très diri-

gé par l'esprit de ce

g o u v e r n e m e n t .

Comment le fascisme,

le communisme pour-

raient-ils y être traités

avec sérénité ? Je ne

vois pas un historien

qui puisse se satisfaire

de l'idée de progrès,

car un tel musée indui-

rait forcément l'idée

que l'histoire progres-

se. Personnellement, je

vois dans l'histoire des

ruptures, des disconti-

nuités.

L . C : Qu'en pense lamajorité de vos collè-gues historiens ?Arlette Farge : Je n'ai

pas interrogé tout le

monde. A mon avis,

c'est un débat. La

Maison de l'Histoire de France, cela ne

leur plaît pas vraiment, beaucoup sont

indifférents, en particulier sur le fait que

cela soit aux Archives.

L . C : Quels seraient les moyens lesplus efficaces pour s'opposer à sa miseen place ?Arlette  Farge  : En ce moment, le

grand problème de la résistance c'est

qu'on n'arrive pas à agripper le gouver-

nement. C'est une situation inédite.

C'est douloureux pour tout le monde de

ne pouvoir rien faire, c'est pour moi un

tel recul . On n'a rien entre nos mains.

La question est comment faire pour que

les moyens soient opératoires et collec-

tifs ? Personne n'arrive à faire bouger

quoi que ce soit. On ne peut pas sépa-

rer ce problème-là, la Maison de

l'Histoire de France, des autres problè-

mes sociaux qui adviennent. Il y a une

grande fatigue des Français et ça, c'est

le pire.

Entretien avec Jean-Pierre BrUN-TErC'H, conservateur général dupatrimoine, chargé de la Sectionancienne des Archives nationales.

La Commune : Vous avez voté la grè-ve comme nombre de vos collèguesarchivistes, exprimant ainsi clairement

votre refus de l'installation de la Maisonde l'Histoire de France. Pouvez-vousnous expliquer vos raisons ?

Jean-Pierre Brunterc'h :

C'est un projet qui n'affiche pas offi-

ciellement, pas clairement ses objectifs.

Il dit être fait pour ajouter quelque cho-

se, pour bénéficier aux Archives natio-

nales mais c'est un projet qui va leur

ôter de l'espace, qui

leur ôtera peut-être

du personnel (car il y

a aux Archives natio-

nales du personnel

compétent). Nos

fonds d'archives

seront muséifiés et

complèteront les

fonds des musées.

Cela n'est pas affiché

mais toute la logique

du projet va dans ce

sens là. Par consé-

quent, c'est un projet

qui ne révèle pas ses

vrais objectifs. La

seule chose qui inté-

resse ses promo-

teurs, c'est l'étiquette

Archives nationales.

Les Archives nationa-

les sont gage de

sérieux, d'objectivité.

En plus, elles sont

nationales et avec la

Maison de l'Histoire

de France, cela fait

résonnance.

L . C : Quel est doncselon vous le projetidéologique sous-ten-du par la Maison del'Histoire de France ?

Jean-Pierre Brunterc'h :

Un certain nombre de signes vont

dans le même sens : une sorte de cen-

trage sur la nation en tant que telle, un

nombrilisme, une fermeture alors que

nous sommes dans une période où le

monde est ouvert. D'un point de vue

idéologique, c'est dangereux. Cela peut

faciliter une lecture nationaliste de l'his-

toire qui est déplacée à de nombreux

points de vue.

La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010 11

POUr UNE HISTOIrE A L'AIr LIBrE

Un appel d'historiens (extraits).(…) Il paraît bien étriqué aujourd'hui de vouloir limiter le projet d'un grand musée d'his-toire du XXIe siècle à la seule " histoire de France ". Alors que la " mondialisation " deséconomies et des sociétés ne cesse d'être évoquée comme une contrainte pour l'en-semble des Etats-nations, comment imaginer qu'un musée d'histoire du XXIe siècle nedonne pas à cette échelle une place centrale pour aider les citoyens à se repérer dansun espace large, dans son historicité ? L'Europe est devenue une autre échelle cen-trale. Surtout, les développements récents ont montré combien la construction de cetespace politique suscitait d'interrogations, de méfiances et de rejet. Une " maison del'histoire " à dimension, aussi, européenne serait sans aucun doute une manière heu-reuse de réfléchir à la notion d'Europe située dans le temps, de voir également, à l'œu-vre, ses inflexions, constructions et variations, de même que ses impensés.

La seule justification à limiter une " maison de l'histoire " à la France tient dans lacontinuité du discours néo-national du pouvoir : une telle maison serait en quelquesorte la vitrine historique la " revalorisation " de la supposée " identité nationale " dontl'incantation ne cesse de mobiliser les esprits depuis 2007.

2) La vitrine historique de l' " identité nationale "

Si l'échelle privilégiée est celle du format " France ", c'est, en conséquence, moins lerésultat d'une réflexion pédagogique, savante et critique que de la mise en place d'unprojet largement idéologique fondé sur la peur de l'autre et que le pouvoir exprimedans un mouvement de repli sur soi. À une pseudo " crise identitaire " du pays, unremède tout aussi " identitaire " est supposé nécessaire : une injection rassurante deroman national. Il suffit de lire les rapports (Lemoine 1 et 2, 2008, Hébert, 2010) quipréparent le musée pour y trouver cet appel à une histoire centrée sur l'Etat-nation etles grands hommes, à la recherche de " l'âme " et des " origines " de la France. Si l'ondoutait des enjeux idéologiques, la lettre de mission envoyée le 31 mars 2009 parNicolas Sarkozy et François Fillon au nouveau Ministre de l'Immigration, de l'intégra-tion, de l'identité nationale, du développement solidaire, Eric Besson ôterait toute hési-tation. Elle comporte une section titrée " La promotion de notre identité nationale doitêtre au cœur de votre action ". Il y est clairement précisé que le Ministère de l'IdentitéNationale prendra part à la mise en place du Musée. (…)

Arlette Farge (EHESS), Nicolas Offenstadt (Université de Paris I), Michèle Riot-Sarcey (Université de Paris VIII),

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La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité

Maison de l’ Histoire de France

L. C : Que souhaiteriez-vous ajouter ?

Jean-Pierre Brunterc'h :Ce projet s'intercale dans un autre

projet, celui déjà commencé des

Archives nationales. C'est une sorte

de désaveu du travail des agents des

Archives nationales, c'est extrême-

ment blessant pour eux. Il n'y a eu

aucune consultation préalable. Cela

a été fait d'une manière brutale, y

compris vis-à-vis des responsables.

Ils n'ont pas été mandatés (préve-

nus?). C'est une méthode qui est

totalement intolérable et qui n'est en

rien conforme aux traditions de l'ad-

ministration et du gouvernement fran-

çais.

12 La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010

DéJA 3 000 SIGNATUrES POUrLA PéTITION

" NON A LA MAISON DE L'HISTOIRE DE FRANCE

AUX ARCHIVES NATIONALES "

A ce jour, mercredi 6 octobre 2010, la pétition" Non à la Maison de l'Histoire de France auxArchives nationales " a recueilli plus de 3 000signatures de soutien, moins de trois semainesseulement après son lancement. Parmi lespremiers signataires figurent notamment :

marie-George BUFFET ; députée de la Seine-Saint-Denis ; Guy FISCHEr, vice-président duSénat, sénateur du Rhône ; michel LIEB-GOTT, député de la Moselle ; Jean-PierreSUEUr, sénateur du Loiret ; maxime GrE-mETZ, député de la Somme ; Nicole BOrVOCOHEN-SEAT, sénatrice de Paris ; JacquesBOUTAULT, maire du 2ème arrondissementde Paris ; Daniel rOCHE, professeur auCollège de France ; roger CHArTIEr, pro-fesseur au collège de France ; Jean DELUmEAU, professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut ; marcel DETIENNE,anthropologue, helléniste, professeur (Université Johns-Hopkins, Baltimore, USA) ; robert DESCImON, directeur d'études EHESS ;michèle rIOT-SArCEY, professeur d'histoire contemporaine (Paris 8-Saint Denis) ; Nicolas OFFENSTADT, maître de conférences en his-toire (Paris 1) ; Jean-François DUBOST, professeur en Histoire moderne, vice-doyen en charge de la recherche (Faculté des Lettres,Langues et Sciences humaines, Université de Paris-Est Créteil) ; maurice rAJSFUS, historien, écrivain ; robert ABIrACHED, professeurémérite des universités, ancien directeur du théâtre et des spectacles au Ministère de la Culture (1981-1988) ; Gilles mOrIN, chercheurassocié à l'Institut d'histoire du temps présent, Président de l'Association des Usagers du Service Public des Archives Nationales ; Jean-marc CANON, secrétaire général de l'UGFF-CGT ; Nadine GASTALDI, secrétaire de la section CFDT Archives ; Béatrice HérOLD, délé-guée CFTC Archives ; Wladimir SUSANJ, secrétaire général du Syndicat des Archives de France CGT ; Jean-Pierre BrUNTErC'H,conservateur général du patrimoine, chargé de la Section ancienne des Archives nationales ; marie-Françoise LImON-BONNET, conserva-teur en chef du patrimoine, chargée de la Section du Minutier Central aux Archives nationales ; Claire BéCHU, conservateur général du patri-moine, chargée de la diffusion culturelle aux Archives nationales ; Eliane CArOUGE, conservateur en chef du patrimoine, chargée de laBibliothèque historique aux Archives nationales ; marie-Claude DELmAS, conservateur général du patrimoine, chargée du Département dela Conservation aux Archives nationales, CGC Archives ; Cécile SOUCHON, conservateur général du patrimoine, chargée de la Section desCartes et Plans des Archives nationales ; Christian OPPETIT, conservateur général du patrimoine, chargé de la Section du XXème siècleaux Archives nationales ; mehdi CHArEF, auteur-réalisateur ; Pierre BErGOUNIOUX, écrivain ; Pierre mICHON, écrivain ; Pierre BUrA-GLIO, peintre ; Daniel DEZEUZE, artiste-peintre ; Jacques KIrSNEr, producteur de cinéma ; Pablo VOLTA, photographe…

A l'heure où nous bouclons notre journal, 2 novembre 2010, l'occupation en est à son 48e jour. militants, lecteurs deLa Commune, soutenez la lutte des personnels, de leur intersyndicale, des universitaires, des historiens contre le" musée Sarkozy " faites parvenir signatures et soutien financier à l'adresse ci-contre.

Intersyndicale Archives, 56 rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris

téléphone : 01 40 27 63 33 télécopie : 01 40 27 63 66

L’intersyndicale unie, sur le perron de l’hôtel de Soubise

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La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité

1er congrès du NPA

Pour un programme anticapitalisteLa crise mondiale du capitalisme est désormais bien là. Finis les beaux discours qui nous chantaient que le capitalisme est le meilleur système possible, qu'il suffit d'en corriger les excès pour permettre le progrès de la société, au bénéfice de tous. Partout dans le monde, les ravages de la crise s'étendent. Renflouantles banques et les entreprises à coups de milliards puisés dans les fonds publics, les gouvernements bourgeois n'ont gagné qu'un répit, d'ailleurs au prix d'uneaugmentation spectaculaire de l'endettement. Partout à l'ordre du jour : chômage, baisse des salaires, remise en cause des acquis arrachés par les générationsouvrières précédentes ... L'absurdité du système capitaliste s'étale au grand jour : d'un côté on manque de tout, de l'autre on produit trop. Mais le prix à payerpour le maintien du capitalisme, de l'économie de profit, ne se limite pas à cela. L'anarchie capitaliste, son incapacité à planifier l'utilisation des ressources natu-relles, font courir les plus grands risques à la planète elle-même. Du réchauffement climatique à la pollution atmosphérique, on pourrait multiplier les exemples.La conclusion s'impose d'elle-même : face à la crise générale du capitalisme, il n'existe pas d'autre choix que de tout faire pour en finir avec ce système.Nous soumettons donc aux militants du NPA, et au-delà aux travailleurs, aux jeunes qui sympathisent avec nos idées, ces éléments pour un programme de notre parti.Le terme est volontairement limitatif : ce document n'aborde pas tout et ne prétend pas le faire. Plus modestement, il contient les mots d'ordre pour lesquels peutet doit s'effectuer la mobilisation - ceux qui doivent être l'ossature de la politique de notre parti. Dans son fondement, ce document est donc avant tout l'embryond'un programme de lutte - de la défense des revendications immédiates des travailleurs, des jeunes, jusqu'à la question du gouvernement des travailleurs, dansune Europe débarrassée du fléau capitaliste.

C'est dire que ce document - malgré sa modestie - touche aux questions essentielles qui sont posées aux membres du NPA, à tous ceux qui militent contre cegouvernement et plus largement contre le capitalisme. Discutons-en ! Le 30/10/10

Aux origines de la récession

La crise économique qui s'est déclen-chée en 2007 n'est pas un accident.Elle est au contraire inscrite dans lefonctionnement même d'un systèmedont le moteur rési-de dans les profitsd'une minorité privi-légiée.

Pour comprendrece qui se déroule,on doit remonter auxc o n d i t i o n s d e l ' a p r è s - g u e r r e .L'impérialisme USémergea alors com-me la puissancedominante, quasihégémonique. Il luirevint alors d'impul-ser la reconstruction- ce furent les " 30glorieuses ". Lasupériorité américai-ne permit d'imposer aux autres puissan-ces capitalistes les institutions écono-miques et politiques qui servaient lemieux les intérêts US, en assurantnotamment la prééminence du dollar.

Mais pour sauver le système entier,l'impérialisme américain fut forcé d'as-surer la relève de ses concurrents,redevenus de redoutables adversaires

dès la fin des années 60. Dès cetteépoque, les taux de profits partent à labaisse.

En 1971, la convertibilité du dollar enor à taux fixe était abrogée - l'impérialis-me US faisait ainsi endosser par sesconcurrents sa politique monétaire.

Entre 1971 et 1983, le volume des dol-lars en circulation décuple, son courss'effondre, sans que cela ne puisse sor-tir l'économie mondiale du marasme.Surproduction, inflation et récession secombinent, avec les conséquencesqu'on sait - avant tout la montée du chô-mage au sein des principales puissan-ces impérialistes.

Face à un effondrement imminent, lesbourgeoisies impérialistes entamentdès 1978 un " tournant monétariste ",sous la houlette de Thatcher et Reagan.Il sera étendu de proche en proche àtous les pays occidentaux. L'idée étaitde garantir la stabilité monétaire afin de

créer les conditions de lareprise de la production.Évidemment, cette politiqueimpliquait de s'attaquersans merci aux acquis dontavaient pu bénéficier lesclasses ouvrières occiden-tales depuis 1945, ce qui futfait partiellement. Elle impli-quait aussi de mener unevéritable politique de pillagedes pays dominés, ce quieut des conséquences dra-matiques en AmériqueLatine ou en Afrique.

Il est évident que cettepolitique a eu des effetsdésastreux pour les diver-ses classes ouvrières occi-

dentales. Les taux d'exploitation n'ontpas cessé de grimper et les profits aveceux, au détriment des salaires.

Mais la contraction de la demandeinduite par cette politique a interdit unereprise tirée par l'investissement et laconsommation. En limitant les capaci-tés d'achat de larges couches de lapopulation mondiale, le capitalisme

La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010 13

Une récession qui n’en finit pas.

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La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité

Éléments pour un programme d'action anticapitaliste

réduisait encore plus les débouchés àses marchandises, accentuait la supro-duction récurrente. Bien que nombre debesoins humains élémentaires nesoient pas satisfaits, la société produi-sait trop de marchandises relativementaux lois de la propriété privée desmoyens de production !

En d'autres termes, ni les politiques" de relance ", ni celles " de rigueur " nefurent en mesure de relancer la machi-ne capitaliste sur des bases assainies.

Dès lors, c'est par le recours aux capi-taux fictifs, à un endettement de plus enplus fantastique, à la financiarisation àoutrance, que le système capitaliste apu se survivre à lui-même.

Tout le problème est qu'un tel méca-nisme ne peut durer indéfiniment. Dèslors, on comprend mieux la répétitiondes crises qui ont rythmé l'actualitédepuis 1987.

Crise économique...

A l'origine immédiatede cette crise, il y a lasurproduction de loge-ments, évidente dès2005 aux États-Unis.Mais il faut rappeler quecette situation est elle-même le produit de lapolitique économiquemise en œuvre à partirde 2002 pour échapperaux conséquences dukrach dit des " Nouvelles Technolo-gies ".

Partant de l'immobilier,la crise s'est ensuitedéployée au secteurbancaire : les livres decompte des grandesbanques regorgeaient de créances dou-teuses. Dans ces conditions, les Étatsont dû intervenir et financer sur fondspublics le sauvetage de nombre d'éta-blissements. D'où la montée en flèchede la Dette publique dans la quasi-totali-té des pays développés.

La crise en cours est la plus gravedepuis celle de 1929 - rappelons quecelle-ci ne fut en définitive résolue que

par la 2° guerre mondiale et les destruc-tions qu'elle causa. Il n'y aura pas de" reprise " sans dommages. Il est aucontraire déjà certain qu'une période derécession durable est devant de nous.

Tout ceci donne une idée de l'offensiveen gestation contre les travailleurs.Aucun acquis, aucune position du mou-vement ouvrier ne sera à l'abri. C'est àdes affrontements de classe d'ampleurhistorique qu'il faut nous préparer.

D'autant plus qu'en ce qui concerne lesvieilles puissances impérialistesd'Europe, ce qui est en jeu, c'est toutsimplement la préservation de leur placeà l'échelle du monde face à de nouveauxet redoutables concurrents.

... et environnementale

Évidemment, la crise économique secombine avec les dommages que lemode de production capitaliste inflige àla planète jour après jour. La " libéralisa-

tion " en cours depuis les années 80 ad'ailleurs été un puissant encourage-ment au pillage systématique des res-sources naturelles.

Tout le monde sait ce que signifie leréchauffement climatique, la pollutionatmosphérique, etc. Une planification del'exploitation des ressources naturelles àl'échelle mondiale est indispensable.Pourtant, les résultats du sommet de

Copenhague illustrent une fois encoreque ce n'est pas du côté des gouverne-ments, de l'ONU - ce syndicat mondialdes impérialismes - qu'on trouveraréponse à cette nécessité.

L'Humanité risque de payer le prix fortpour la survie du capitalisme. Seul unmode de production basé sur la planifi-cation sociale de l'exploitation des res-sources pourra assurer la préservationdes conditions d'existence sur la planè-te.

La seule perspective : leSocialisme !

C'est bien de faillite - sociale, écono-mique, environnementale... -, dont ilfaut parler à propos du capitalisme.Rien n'est plus urgent que d'en finiravec un tel système.

A la racine de cette faillite, il y a lecapitalisme et ses exigences. Ce modede production est mû par le profit, et rien

d'autre. En perma-nence l'intérêt col-lectif se heurte auxexigences descapitalistes, à leursoif de profits - qu'ilfaut obtenir le plusrapidement, le plusfacilement possi-ble. Rien d'autrene compte et certai-nement pas l'intérêtcollectif.

C'est pourquoinous affirmons :

Il faut organiserl'économie sur uneautre base que lapropriété privée :celle de la propriétécollective des

moyens de production et d'échange. Ilfaut le Socialisme !

Seul un tel système permettra que laproduction soit conduite de manière pla-nifiée, en partant des besoins sociaux,de la nécessité de préserver les équilib-res naturels.

La raison d'être du NPA est d'impulserl'activité politique qui rende possible larupture avec l'économie de profit, la

14 La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010

Un parti pour la lutte de classes...

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La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité

Éléments pour un programme d'action anticapitaliste

mise en place d'un gouvernement destravailleurs, expropriant le Capital etavançant vers le Socialisme.

Pour les revendications,Pour le gouvernement destravailleurs

Les principaux partis de gauche et lesdirections syndicales s'accordentaujourd'hui pour considérer que le capi-talisme serait un horizon indépassable.

Dans le contexte de la crise actuelle,ils cachent à peine leur accord généralavec les mesures prônées par la classedominante. Tout au plus se limitent-ils à" revendiquer " de les atténuer à la mar-ge.

L'acceptation dans les faits par le PSdu recul de l'âge de départ à la retraiteest représentative de cette logique.

De même, on sait que les partis du Frontde Gauche préconisent une politique " key-nésienne " fondée sur la " relance par laconsommation ". Les dirigeants de cespartis savent en fait parfaitement quecette politique est une utopie réaction-naire - le recours à ces arguments apour seul objectif de justifier leur refusde mettre en cause le capitalisme.Comment peut-on nous faire croire qued'eux-mêmes, volontairement, les capi-talistes accepteraient de bonne grâced'augmenter les salaires alors qu'unetelle augmentation les pénaliserait dansla concurrence internationale ?Comment peut-on vouloir nous faireavaler que les capitalistes vont mainte-nir et développer les services publics,l'instruction publique uniquement parune " pression " institutionnelle, parle-mentaire ou parce qu'on va les en prieralors que les États capitalistes sont prisà la gorge par une dette publique abys-sale qui les mène à la banqueroute ?

Pour maintenir le niveau de vie, pré-server les conditions de travail, aug-menter les salaires, défendre servicespublics, instruction publique et protec-tion sociale, il faut une rupture avecla logique des profits, de la concur-rence, du marché. Les tentatives d'u-tiliser l'État, les institutions, dans lecadre du système actuel pour obtenirdes avancées pour les travailleurs

sont une impasse. Aucune des avan-cées sociales que nous connaissonsn'a été donnée, octroyée par les clas-ses dirigeantes. Elles ont toutes étéarrachées par la lutte.

Pour toutes ces raisons, le NPAavance un programme de lutte, unplan d'urgence qui permettra aux tra-vailleurs de rassembler leurs expé-riences, de s'organiser pour construi-re des luttes de masse.

Mais notre objectif va au-delà : il s'a-git aussi de construire les luttes d'au-jourd'hui en leur donnant la seule per-spective politique viable pour la majo-rité, le Socialisme.

C'est le sens d'un programme detransition : lier les luttes d'aujourd'huià cette perspective, à celle d'un gou-vernement des travailleurs.

Nos revendications partent donc desmots d'ordre et des discussions quisont repris dans les luttes, mais sesituent aussi un pas en avant, pourposer le problème du contrôle par lestravailleurs, de la propriété privée desmoyens de production, de l'État.

Nous ne paierons pasleur crise !

La crise actuelle a été déclenchée etempire en raison de la mainmise ducapital financier sur l'économie, aupoint qu'il tient toute la société en otage- on le voit encore avec la comédie duchantage à la notation des " risquepays ".

l Il faut en finir avec le pouvoir desbanques et des grandes entreprises. Ilfaut exproprier les établissements finan-ciers, les fusionner en une seulebanque, contrôlée par les travailleurs etla population. Un tel contrôle passe parla levée du secret bancaire, commercialet industriel.

l Depuis les années 80, la Dettepublique augmente en raison de la limi-tation des ressources publiques (bais-ses d'impôts, etc.). Son explosiondepuis un an est le résultat immédiat dela gabegie capitaliste. C'est pourquoinous affirmons que cette dette n'est paslégitime. Nous ne paierons pas leurDette !

Préserver, développer laprotection sociale

La bourgeoisie n'a cessé de réduire lapart des richesses qui va aux salariés etde vouloir démanteler leur système deprotection sociale basé, depuis 1945,sur le salaire différé, ou salaire sociali-sé.

Nous revendiquons l'abrogation detoutes les lois et dispositions accumu-lées contre les retraites, dont bien sûr larécente loi Sarkozy-Woerth, le retouraux 37 ½ années de cotisations, laretraite à taux plein à 60 ans, 55 anspour les professions pénibles, et pasune retraite en dessous du SMIC.

Ces revendications n'ont de sens quepar la lutte pour défendre le système deSécurité Sociale basé uniquement surles salaires. Ce qui signifie :

l la récupération et la suppressiondes exonérations de cotisations patro-nales (plus de 32 milliards d'€ pour les15 dernières années !).

l l'abrogation des dispositifs visant àla maitrise comptable des dépenses deSanté, c'est-à-dire la limitation dessoins en fonction des exigences patro-nales (loi de financement de la SS issuedu plan Juppé de 1995).

l augmenter les salaires et les mini-ma sociaux, lutter pour l'interdiction deslicenciement (chaque chômeur supplé-mentaire signifiant une cotisation enmoins à la Sécu).

Par ailleurs, depuis 1967 et les ordon-nances gaullistes sur la SécuritéSociale, les travailleurs ont été peu àpeu expulsés de la gestion des caisses,de la gestion de fonds qui leur appar-tiennent (salaire différé).

Il faut leur en rendre le contrôle dansle cadre d'organismes élus, ainsi quec'était le cas auparavant.

Pour le droit à la Santé

La Santé publique est aussi l'objet d'uneoffensive en règle. L'objectif est limpide :liquider le système actuel et le remplacerpar un système pour l'essentiel privatisé," à l'américaine ".

Soigner des populations " improducti-ves " - par exemple les retraités -

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Éléments pour un programme d'action anticapitaliste

s'oppose en effet à la logique du profitcapitaliste. Les capitalistes n'accepte-ront une politique de soins universelleque contraints et forcés.

Face à l'offensive en cours, nous noussituons en défense du système actuel etrevendiquons notamment l'abrogationde la réforme Bachelot, des diversesmesures visant à mettre en place lecadre de la privatisation (T2A, réformede l'AP-HP...).

Au-delà, on ne peut ignorer que ledomaine de la santé à permis à nombrede capitalistes de réaliser des profitsjuteux : dans la pharmacie, les servicesmédicaux, etc.

Il n'est pas accep-table de se remplirles poches sur le dosdes malades et de laSécurité Sociale(donc des tra-vailleurs). Les trustsde la pharmacie(Sanofi...), de l'hospi-talisation privée(Générale deSanté...), doiventêtre expropriés etfusionnés au seind'un service publicde Santé réellementuniversel.

Nous exigeons lasuppression du for-fait hospitalier, uneinvention de la " gau-che " au pouvoir, quiasphyxie financièrement malades etmutuelles.

Enfin, nous militons pour l'arrêt immé-diat des déremboursements des médi-caments, le rétablissement des rem-boursements et la levée de toutes lesmenaces contre les affections de lon-gue durée.

Défense del’Enseignement Public

L'accès à l'Enseignement Public est undroit élémentaire. Vues les sommes enjeu, on imagine aisément que les capi-talistes n'ont cessé de multiplier lesmesures menant à son démantèlement,

à un système largement privatisé. Enfait depuis les années 60, les réformesallant dans ce sens se succèdent l'uneà l'autre. C'est pourquoi nous militons

l pour l'abrogation des réformes LMDet LRU dans le supérieur, contre ledémantèlement du CNRS.

l Contre la réforme des lycées, la mas-terisation, le démantèlement en coursdes IUFM.

l Contre le projet des EP2P dans le pri-maire, première étape vers le démantè-lement du statut et l'ouverture au privé

l Pour le rétablissement des postessupprimés depuis 2007 et la remise enplace de la carte scolaire, seul moyend'assurer l'égalité d'accès àl'Enseignement public.

L'offensive contre l'Enseignementpublic est bien sûr complétée par touteune série de mesures visant à favoriserles établissements privés et/ou confes-sionnels. Notre parti se réclame évi-demment des principes laïques, en pre-mier lieu : Fonds publics à l'écolepublique.

C'est pourquoi le NPAl défend le strict respect du caractèrelaïque de l'Enseignement public et exi-ge la construction dans toutes les com-munes d'écoles publiques laïquesl revendique l'abrogation du statut sco-laire d'Alsace-Moselle et des différenteslois qui permettent de manière directeou indirecte le financement de l'ensei-gnement confessionnel - de la loi Debréà la loi Carle...

Pour le droit au travail,l'interdiction des licencie-ments

La pression duchômage estsans doute laquestion centralequi détermine lesrapports de for-ces entre tra-vailleurs et clas-se dominante.

Nous devonsimposer desmesures de sau-vegarde de l'em-ploi :l l'interdictiondes licencie-ments, qu'ilssoient liés à desdélocalisations,des réductionsd'effectifs, desfaillites ou des

fermetures de filiales.l L'arrêt immédiat de la politique denon remplacement d'un fonctionnairesur deux partant à la retraite.l La transformation de tous les emploisprécaires en emplois stables. l L'abrogation de toutes les mesuresprises contre le Code du travail depuisces trente dernières années.l Le partage du travail entre tous par laréduction du temps de travail hebdoma-daire sans perte de salaire, avecembauches correspondantes jusqu'à ladisparition du chômage.

Ces mesures ne peuvent être que lerésultat d'un rapport de force global, de

16 La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010

1000 lycées ont été bloqués dans tout le pays

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Éléments pour un programme d'action anticapitaliste

mobilisations d'ensemble du monde dutravail et de la jeunesse. Elles sont doncun cap dans les mobilisations sectoriel-les.

Des conditions de viedécentes pour tous

Notre parti soutient évidemment lesrevendications syndicales et ouvrières,notamment :l 300 € d'augmentation pour tous, pasun salaire en dessous de 1 600 € nets.l Pour les jeunes : présalaire d'autono-mie, à hauteur du SMIC.l Pas de revenu inférieur au SMIC,notamment pour les premières victimesdu Capital, les chômeurs.

Au-delà, à l'heure où la crise capitalis-te tend à remettre en cause un acquisaprès l'autre, la question de la préserva-tion du pouvoir d'achat prend uneimportance extrême. La défense dupouvoir d'achat, la lutte pour son amé-lioration nécessite de se prononcer pourla réintroduction de l'Échelle mobile dessalaires et des prix.

Il faut mettre en place un contrôle desprix par la population et ses organisa-tions, en premier lieu les syndicats.

Contre le racisme et larépression

Les politiques racistes et répressivesont pour objectif de construire uneUnion sacrée autour de la Républiquebourgeoise, de diviser les couchespopulaires, en rendant infréquentablesles " classes dangereuses ". Elles visentà écraser la main-d'œuvre immigréesous la pression. Elles permettent ausside réprimer les mouvements sociaux.

C'est pourquoi les diverses mesuresprises par le gouvernement Sarkozydepuis 2007 contre les immigrés - LoiBesson et autres... - doivent être abro-gées, ainsi que les lois dites " sécuritai-res " et toutes les lois, décrets et mesu-res discriminatoires des gouvernementssuccessifs depuis la loi Defferre (1981),qui instaure " les centres de rétentionadministrative "

A l'opposé, nous défendons la libertéde circulation, d'installation, de travail,

les pleins droits politiques pour les tra-vailleurs d'origine étrangère. Le NPAest bien sûr à leurs côtés. Avec denombreuses associations, il soutient larevendication : " des papiers pourtous ! "

Revendications démocra-tiques

La V° République bonapartiste (" lecoup d'État permanent ") a été édifiéepour assurer le pouvoir personnel(aujourd'hui : celui de Sarkozy) et ànormaliser par la force si nécessaire laclasse ouvrière sous couvert de luttecontre " le régime des partis ".

C'est ce qui explique la prééminencede la présidence de la République surl'Assemblée, l'existence d'un Sénatconçu pour être sous la domination desnotables locaux.

Pour toutes ces raisons, le NPA estopposé à la V° République et à sesinstitutions. Il se prononce en particulierpour des élections parlementaires à laproportionnelle intégrale.

Plus spécifiquement, le gouvernementUMP a multiplié les entraves à l'actionouvrière. Nous nous prononçonsnotamment contre les dispositifs de " Service Minimum ", dansl'Enseignement primaire comme dansles Transports, qui sont des armes anti-grèves.

Au-delà, nous sommes des défen-seurs acharnés de l'indépendance dumouvement ouvrier, opposés par princi-pe à tout ce qui mène à la cogestion del'État capitaliste.

C'est en particulier pour cette raisonque nous nous opposons aux mesuressur la " représentativité syndicale " (loisd'août 2008, accords de Bercy dans laFonction Publique). Ces mesures,signées également par la direction dela CGT et de la FSU ne visent qu'àdévelopper le syndicalisme d'accom-pagnement tel qu'il est pratiqué par laCFDT.

Le NPA s'oppose aussi aux mesuresvexatoires qui visent les femmes tra-vailleuses ou les minorités sexuelles -par exemple (mais pas seulement) enmatière d'adoption.

Contre la décentralisa-tion, l'éclatement des sta-tuts nationaux

Au cœur du projet gaulliste, il y avait ladécentralisation/régionalisation. Nonsans difficultés, cette politique est pro-gressivement mise en œuvre. L'objectifde ces mesures n'a rien de mystérieux :il s'agit d'adapter l'organisation politiqueet administrative du pays aux besoinséconomiques du capitalisme en crise.

Dans l'Enseignement ou la Santépublique, notamment, cette politique seconjugue à celle visant à privatiser despans entiers du système.

L'aboutissement de ces mesures estd'en finir avec tout ce qui fonde l'unitédu monde du Travail, ses statuts, sondroit à bénéficier de services publicséquivalents, indépendamment de toutecondition de ressource ou géogra-phique. C'est en particulier le sens desprojets actuels de réforme territoriale.

Évidemment une telle architecture estincompatible avec les diverses garan-ties arrachées par le mouvementouvrier depuis la guerre, en premier lieule statut de la Fonction Publique. Onsait que celui-ci est actuellement aucœur de l'offensive capitaliste, que legouvernement travaille avec les bureau-craties syndicales à sa remise en causedans le cadre du pseudo " dialoguesocial ".

Pour toutes ces raisons, notre parti seprononcel contre la régionalisation/décentralisa-tion et pour l'abrogation de toutes leslois dites de décentralisation, à com-mencer par celles qui en sont les soclesfondateurs : les lois de 1982-1983 élabo-rées et votées sous un gouvernement dit de" gauche ".l pour la défense du statut de laFonction Publique et contre le " dialo-gue social ", c'est-à-dire la collaborationsyndicats-patronat-gouvernement.

Préserver la planète

La question environnementale estaujourd'hui à juste titre une réelle préoc-cupation pour nombre de travailleurs.

Le dégoût suscité par la désinvoltureavec laquelle la classe dominante

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La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité est toujours révolutionnaire. La vérité

Éléments pour un programme d'action anticapitaliste

menace la survie même de l'humanité,a fini par pénétrer les consciences ausein de notre classe et par ajouter ausentiment de révolte latente qui pro-gresse chez les opprimés.

L'ampleur de la crise écologique enfait une question centrale : de l'appari-tion exponentielle des cancers et desmaladies auto-immunes, en passantpar l'accumulation des déchetsnucléaires, et la déforestation jusqu'àl'urgence climatique, il y a urgence !

La grande majorité des courants "écologistes " acceptent globalement lecadre du capitalisme et n'ont d'autresperspectives que de s'en remettre aubon vouloir de ses dirigeants capitalis-tes. C'est s'interdire de s'attaquer auxracines de la situation.

A l'inverse, la méthode du NPA vise àrelier en permanen-ce la questionsociale et les pré-occupations envi-r o n n e m e n t a l e s ,dans une perspecti-ve de rupture avecl'économie de pro-fit.

Nous revendi-quons notamment :l Un plan dereconversion del'outil énergétiquedes énergies fossi-les (notammentnucléaires) versdes énergies renou-velables.l Le développement massif de modesde transport alternatifs à la route.l Une politique de rapprochementdes lieux de production et de consom-mation.

Au-delà, le NPA s'oppose auxconceptions visant à rendre les tra-vailleurs responsables de la situation.On sait que certaines " théories " pré-sentent le mode de vie des travailleurseux-mêmes comme le principalresponsable des désastres auxquelsnous assistons - ce qui revient àdédouaner le capitalisme de sesresponsabilités et à culpabiliser lesvictimes elles-mêmes !

Contre «l'Union Européenne»,pour les États-Unissocialistes d'Europe

La question de l'unité du continent aété au centre de la politique européen-ne depuis le début du XX° siècle. Safragmentation - économique, politique,culturelle... - est à l'origine de son déclinrelatif - mais qui risque fort de s'accélé-rer.

Pour faire face à cette situation, l'im-périalisme US et ses partenaires ontconstitué progressivement l'Union euro-péenne. Mais cette Union, fondée sur la" concurrence libre et non faussée ", n'apas pour objectif d'unifier l'Europe - latâche est bien trop gigantesque pour lesbourgeoisies décadentes d'Europe !

De cette Union Européenne, on neretiendra que les traités réactionnaires(Maastricht, Lisbonne...) et les diversesréglementations visant à " moderniser "les pays membres sur la base des exi-gences capitalistes.

Encore depuis l'éclatement de la crise,l'UE a joué un rôle important, de coordi-nation des diverses bourgeoisiesd'Europe contre leurs populations labo-rieuses respectives.

C'est pourquoi, l'existence d'un gou-vernement des travailleurs est incompa-tible avec la soumission aux traités del'Union Européenne. Un tel gouverne-ment ne pourrait que rompre avec l'UE.

Il ne s'agit évidemment pas de défend-re un quelconque repli nationaliste. Bienau contraire, résoudre la crise euro-péenne nécessite d'avancer vers l'unifi-cation du continent. Mais la condition decette unification, c'est de procéder danschaque pays à l'expropriation duCapital, à la mise en place de gouverne-ments anticapitalistes.

Seuls les travailleurs uniront l'Europe !

Solidarité internationaledes travailleurs

Si la lutte de classes pour en finir avecle capitalisme, pour le socialisme, prendgénéralement une apparence nationale,son contenu n'est en pas moins interna-tional. C'est ce qui fonde l'internationa-lisme des militants anticapitalistes

Le NPA veut êtreaux avant-postes del'activité de solidaritéouvrière internationa-le. A cette étape, cesprincipes se concréti-sent par les aspectssuivants.

La question du sortréservé aux palesti-niens par l'impérialis-me et le sionisme apris une valeur desymbole à travers lemonde. Pour tous lespeuples opprimés, lalutte acharnée de cepeuple pour son droit

à l'existence, à disposer de lui-même,cristallise leur haine de l'impérialisme.Le NPA est évidemment à leur côté.

Nous combattons l'idéologie sioniste,une forme de racisme, et sommes auxavant-postes des campagnes de boy-cott de l'État d'Israël.

Pour tenter de maintenir un équilibremondial que leur politique déstabiliseconstamment, les USA et leurs alliés,regroupés dans le cadre de l'OTAN,accroissent leur pression militaire.L'Afghanistan est le théâtre d'une guer-re sans fin, comme aussi l'Irak. Contrele militarisme, le NPA défend le retraitdes troupes françaises d'Afghanistan,d'Irak, la sortie de l'OTAN.

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Les travailleurs sauront tirer les leçons des événements derniers

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Éléments pour un programme d'action anticapitaliste

La France exerce toujours sa domina-tion sur la majeure partie de l'Afrique,avec de multiples pillages et coups d'É-tat. Pour que soit respecté le droit despeuples à disposer d'eux-mêmes, il fautexiger le retrait des troupes françaisesde " françafrique ".

Le gouvernement des travailleurs

La satisfaction de nos revendications,la préservation de nos acquis exigentque le gouvernement Sarkozy-UMP-MEDEF soit défait et quitte la scène - leplus tôt sera le mieux.

Mais au-delà : quel gouvernementpeut satisfaire les revendicationsouvrières et populaires, celles de la jeu-nesse ?

A l'évidence, ce n'estpas une réédition de lapitoyable " gauche plu-rielle " qui sera en mesu-re de les satisfaire.

Seul un gouvernementdes travailleurs, menantune politique radicale-ment anticapitaliste,sera en mesure de pré-server les acquis, desatisfaire les revendica-tions, en premier lieucelles énumérées ci-dessus.

Quels seraient lescontours exacts d'un telg o u v e r n e m e n t ?Impossible de le dire àce stade - l'Histoire tranchera. Il n'endemeure pas moins que c'est le seulobjectif politique raisonnable que puisses'assigner le mouvement ouvrier.

En tout cas, le cœur de la politiqued'un tel gouvernement, appuyé sur lamobilisation de la classe ouvrière, deses organisations et ses comités spéci-fiques, serait de mettre en œuvre unplan de reconstruction économique,centré sur la défense urgente desbesoins de la population laborieuse.

Mener cette politique nécessite évi-demment de s'en prendre à la propriétécapitaliste, d'en exproprier les indus-tries-clés.

La libéralisation du commerce exté-rieur, du mouvement des capitaux s'estavérée être un puissant support pourmettre en concurrence les travailleursd'un pays contre l'autre. C'est pourquoile contrôle des mouvements de capi-taux, du commerce extérieur, estindispensable.

Cela nécessite tout aussi clairementde dénoncer les divers traités impéria-listes, de rompre avec l'OTAN, l'UE,etc., incompatibles avec la naturemême d'un tel gouvernement.

Tels sont les grands traits de la poli-tique du gouvernement pour lequelnous militons. En résumé, il s'agit demettre en œuvre la rupture avec l'éco-nomie de profit, le capitalisme, et demener une politique permettant d'avan-cer vers le Socialisme.

Un parti pour les travailleurs

La crise actuelle va sans nul doutefavoriser le développement de situa-tions explosives. Des convulsions poli-tiques d'ampleur sans précédent sontau devant de nous.

Mais quelle que soit leur ampleur, l'issuene peut venir, dans chaque lutte, que d'uncombat pour que les masses mobiliséesprennent le pouvoir, et mettent à bas lesfondements du capitalisme.

Toute l'Histoire le montre : le capitalis-me ne sera pas liquidé sans une activitéconsciente visant à en finir avec lui, ce

qui nécessite que les militants duSocialisme se regroupent en parti.

Une " gauche solidaire "...des capitalistes

Il suffit de voir l'activité des grands par-tis de gauche pour prendre la mesurede l'urgence qu'il y a à construire unauthentique parti anticapitaliste dansce pays.

A l'exigence du départ immédiat deSarkozy et de son gouvernement, lesdirections du PS, du PCF et du PG,répondent qu'il faut attendre 2012 etune pseudo " révolution par les urnes ".

Attendre ? Ce serait laisser à ce gou-vernement le temps de commettre denouvelles agressions, voire de seremettre en selle !

Et d'ailleurs quenous proposent-ilspour 2012 ? Unenouvelle mouture,encore plus droitière,de la " gauche plu-rielle " de 1997-2002 !

Les partis suscepti-bles de rallier cette" gauche solidaire "ont bien sûr tousaffirmé leur opposi-tion à des revendica-tions comme l'inter-diction des licencie-ments, la ruptureavec l'UnionEuropéenne ou le

boycott d'Israël. Pour que les choses soient claires, on

nous annonce par ailleurs que cettecoalition pourrait être dirigée parStrauss-Kahn. L'actuel directeur du FMIvient de s'illustrer en imposant aux tra-vailleurs de Grèce un plan de rigueur dechoc. Il a aussi soutenu le recul de l'âgede départ à la retraite des salariés fran-çais prévu par la " réforme " Woerth-Sarkozy. Personne ne peut donc se fai-re d'illusions sur un gouvernement diri-gé par un tel personnage.

A l'opposé de cette politique, il nousfaut une force politique ouvrière, popu-laire, anticapitaliste, en mesure de

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Strauss-Kahn, chef du FMI et du Parti socialiste, candidat en 2012 ?

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Éléments pour un programme d'action anticapitaliste

peser sur la situation politique. C'estpour cet objectif qu'a été constitué leNPA.

Le parti des luttes

C'est par leur mouvement pratique, enpartant de la défense de leurs revendi-cations que les travailleurs engagerontle mouvement politique menant à la rup-ture avec le capitalisme.

Dans ces épisodes, le NPA veut êtreune boussole et un cadre d'organisa-tion : il s'agit d'organiser les travailleurset la jeunesse pour construire le rapportde forces, faire reculer la bourgeoisie,remettre la perspective socialiste aucentre de nos luttes. Nous devons êtreceux qui rassemblent largement les tra-vailleurs, loin des querelles politiciennesde ceux qui ne veulent que gérer le sys-tème. Il s'agit aussi d'exprimer ouverte-ment les revendications sans égardspour les appareils petits et grands quis'y opposent.

En son temps déjà, Marx écrivait :" Parfois, les ouvriers triomphent; maisc'est un triomphe éphémère. Le résultatvéritable de leurs luttes est moins lesuccès immédiat que l'union grandis-sante des travailleurs ". C'est pourquoi,invariablement, la méthode politique duNPA vise à donner la parole à ceux quine l'ont pas, à unir la classe ouvrièredans ses profondeurs.

La méthode LKP

Un constat s'impose : depuis 2007, cen'est qu'en Guadeloupe que le mouve-

ment ouvrier a pu infliger une défaitesignificative à Sarkozy, à l'UMP et aupatronat.

Cette défaite sarkozyste n'a été possi-ble que parce qu'un front uni des tra-vailleurs de Guadeloupe, avec leursorganisations, a pu être réalisé au seindu LKP. L'existence du LKP a permis dedresser toute la population laborieusede Guadeloupe face à l'État, au patro-nat local, dans une grève acharnée etfinalement victorieuse - au moins pourun temps.

Personne ne peut douter du fait quel'échec de Sarkozy en Guadeloupe aété rendu possible par le refus de toutecollaboration entre les organisationsouvrières locales et le gouvernement,les patrons.

C'est cette méthode (" le FrontUnique ") que nous défendons. Le mon-de du Travail ne peut se défendre effica-cement que s'il réalise l'unité de sesrangs, sur la base de revendicationsclaires. Inséparablement, ceci impliqued'imposer la rupture des liens multiplesqui existent entre les directions du mou-vement ouvrier et le gouvernement.

C'est aussi ce qui justifie notre atta-chement à tout ce qui va dans le sensde l'organisation des travailleurs pareux-mêmes, en premier lieu les comitésde grève intégrant les organisationssyndicales.

Le parti anti-Sarkozy

Pour importantes qu'elles soient, lesluttes ne sont pas tout. Encore faut-ildéfinir une politique visant à chasser legouvernement UMP, à mettre en placeun gouvernement anticapitaliste, ungouvernement des travailleurs. Les tra-vailleurs ne luttent d'ailleurs jamaisautant que lorsqu'ils possèdent une per-spective politique.

Définir ces perspectives politiques estaussi l'une des missions du NPA. Achaque étape, nous avons pour objectifd'orienter chaque lutte, petite ou gran-de, sur le terrain du combat contre legouvernement, le capitalisme.

Face aux grandes directions du mou-vement ouvrier, vautrées dans la colla-boration avec Sarkozy, nous défendons

une méthode politique visant à l'indé-pendance du mouvement, à le dressercontre le gouvernement, à refuser toutecollaboration avec lui - par exemple le" dialogue social ".

C'est en ce sens que le NPA est indé-pendant du PS comme de ses alliés -Front de Gauche ou autres.

L'internationale...

Les travailleurs ont besoin d'un parti,mais aussi d'une organisation interna-tionale - ne serait-ce que pour coordon-ner l'action à cette échelle.

Pour une série de raisonshistoriques, le mouvement ouvrier n'apu édifier d'Internationale puissantedepuis la faillite de l'InternationaleCommuniste. La nécessité, doncl'objectif, demeure.

C'est ce qui explique la volonté duNPA d'échanger avec tous les courants,internationaux ou pas, qui se situent surdes bases proches. Notre méthodeconsiste là encore à combiner l'actionpratique (par exemple contre l'UE et sesmesures, pour la sortie de l'OTAN) etles débat de fond (par exemple sur laquestion des États-Unis Socialistesd'Europe).

Voici brièvement exposés les princi-pes politiques du NPA.

Bien des travailleurs, des jeunes sym-pathisent avec ces principes. Mais nom-bre d'entre eux expriment leur scepticis-me quant à notre capacité à " y arriver ",à construire le puissant parti des tra-vailleurs anticapitaliste, révolutionnairedont ont besoin les travailleurs de cepays. Seront-nous en capacité de cons-truire le NPA sur ces bases ? Nul nepeut le dire à l'avance. Il n'en demeurepas moins que ce combat doit êtremené, qu'il faut contribuer à réorienter àgauche le mouvement ouvrier. C'estdans ces processus politiques qu'onpourra renforcer le mouvement derésistance à la politique de démolitionsociale actuelle.

Plus que jamais, les travailleurs ontbesoin d'un parti pour le Socialisme :

rejoignez le NPA !

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Un parti internationaliste

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Venezuela : après les élections législatives

Où va le socialisme à la Chavez ?Le 26 septembre dernier ont eu lieu les élections législatives au Venezuela. Le parti de Chavez, le PSUV (Parti SocialisteUni du Venezuela) a obtenu 48, 9% des voix et 97 sièges de députés, la droite 47,9% et 65 sièges ; 3 sièges sont allés à despetites formations politiques. La différence de 110 000 voix entre le parti du président Chavez et la droite unifiée ouvre unenouvelle période. Voici des extraits de l'analyse de " Mare Socialista ", notre courant dans le PSUV, au lendemain de cesélections.

Le principal phénomène qui sedéveloppe depuis bien longtempsavant le processus électoral et

qui d'une certaine manière l'explique estle rejet généralisé, par le peuple, de labureaucratie de l'Etat. Ce rejet a dépas-sé la haine qu'il éprouve contre la droi-te. Les divergences entre les différentescliques bureaucratiques se sont aigui-sées, donnant encore plus de poids aurôle d'arbitre qu'occupe Chavez. Lesespaces se sont réduits, les chargesaussi, nombreux sont ceux qui vont seretrouver à la porte et qui ne trouventpas, jusqu'à maintenant, où ilspeuvent se recaser.

Rejet de la bureaucratie

Nombreux sont ceux qui pensentdéjà aux prochaines élections oùen plus de la présidence de larépublique seront renouvelés lesconseillers municipaux et lesdéputés provinciaux. De plus ilssont des dizaines de bureaucratesde haut rang qui, pour sauver leurpeau, accusent les autre cliques.Dans le même temps tous sententque le sol se dérobe sous leurspieds et certains de ceux qui ontperdu leur place s'orientent sur lechemin de la radicalisation et de ladénonciation de la bureaucratie engénéral.

Ebullition

Dans le même temps s'est déchaînéeune situation dans laquelle on assiste àde nombreux mouvements, débats, lut-tes, et processus qui étaient en sommeilou occultés pendant la période électora-le. La bataille à mort qui est en train dese livrer autour du contrôle ouvrier, fon-

damentalement dans les industries del'Etat de Guyana spécialement à ALCA-SA et dans les entreprises dites de pro-priété sociale où l'on retrouve la bureau-cratie syndicale et d'Etat alliées auxgrande multinationales et aux secteursde la bourgeoisie locale. La nécessitéd'une Nouvelle Loi Organique du Travailqui n'a pas été modifiée par le gouver-nement depuis onze ans, les revendica-tions de rattrapages salariaux en rela-tion avec l'inflation croissante, le retardde centaines de conventions collecti-ves, tout ceci dans une situation où se

multiplient les violences de nervis patro-naux contre les dirigeants ouvriers, lesviolations des droits démocratiques lesplus élémentaires et les persécutionscontre les militants socialistes révolu-tionnaires.

Irruptions

On ne peut écarter des irruptionsspontanées de fractions du mouvementdes masses, des faits hors du contrôle

de la bureaucratie commencent à seproduire, par exemple, l'occupation dusiège du PSUV à Anzoategui, l'occupa-tion de bureaux de la corporation d'é-lectricité dans certains états où les cou-pures ne cessent de se développercomme aux pires moments de la crisede l'énergie, ou les mobilisations endéfense de personnes menacées d'ex-pulsion de leur appartement pourdéfaut de paiement des loyers.

Les faits de corruption et d'enrichisse-ment de différents secteurs de labureaucratie atteignent des niveaux

scandaleux et sontregardés avecdégoût par le peu-ple. Comment nepas être saisi dehaine quand onvoit que desmilliers de contai-ners remplis d'ali-ments en mauvaisétat étaient desti-nés aux magasinscommunautaires,si on ajoute à celala découverte decentaines decontainers remplisde médicamentspérimés.

Aggravation de la situation

Le plus dramatique pour la vie quoti-dienne des secteurs les plus humblesde la population qui est la base fonda-mentale du chavisme, c'est la situationd'immobilisme ou pour mieux dire derecul des missions. La santé publiques'effondre. Les hôpitaux ne reçoiventpas les besoins les plus minimes, il n'y aplus de médecin, il n'y a plus d'anesthé-

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Chavez avec ses partisans

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Venezuela : après les élections législatives

siste, la majorité des blocs opératoiressont fermés, les bâtiments ont de nomb-reux défauts structuraux, le personnelmédical a eu une augmentation salaria-le insuffisante et les discussions surleurs contrats collectifs est en panne. Iln'y a pas le plus petit budget pour rem-placer une simple ampoule et le plusdramatique est qu'il n'y a plus de res-source pour mettre de l'essence pourles ambulances.

Dans les hôpitaux

La crise a atteint Barrio Adentro, laprunelle des yeux du chavisme. Laquestion salariale affecte aussi lesmédecins cubains et les médecinsvenezueliens. Un salaire d'environ milledeux cent bolivares, moins que le mini-mum décrété par le gouvernement, etles incertitudes des changements defond qui sont entrain de se produiredans leur propre pays ont démoraliséles médecins cubains, qui ont étéatteints avec leurs collègues fonction-naires par la contagion de la corruption.Mais au-delà de la question salariale,les centre médicaux sont la plupart dutemps fermés ou alors ils n'ont aucunmédicament. Les premières construc-tions qui donnaient une impression depropreté et d'hygiène se sont détério-rées rapidement mettant au grand jourla corruption de la bureaucratie d'état,surévaluation des contrats et qualitétrès basse de la construction et desmatériaux.

Sans avenir

Dans l'éducation la situation n'est pasmeilleure. Pour donner un seul exem-ple, cette année sont sortis de la mis-sion Sucre plus de six mille diplômésqui, pour la majorité, n'ont aucun travailen vue. La question qui se pose de plusen plus à quoi sert d'être diplômé,bachelier ou n'être plus analphabète siau bout du compte chacun se retrouveêtre un brillant avocat ou un technicien,mais sans emploi. De plus la crise uni-versitaire a repris, aussi bien dans lesuniversités autonomes que dans lesuniversités bolivariennes ou expérimen-

tales. La question budgétaire n'est seu-lement que la pointe de l'iceberg d'unecrise finale.

La crise de l'énergie électrique n'apas été résolue, malgré l'effort gigan-tesque des travailleurs de l'électricitéqui ont évité la faillite totale du systè-me. Les mesures prises par la bureau-cratie, celles qui ont provoqué la crisene résolvent pas le problème centraldu système qui est celui de la distribu-tion de l'électricité. Pendant ce temps,la bureaucratie fait une déclaration fai-sant croire que l'électricité est rétabliedans des régions entières connaissentdes jours et parfois de semaines decoupures d'électricité.

Budget d'austérité

Dans le même temps la politique éco-nomique officielle repose sur une aus-térité permanente. Le débat sur le bud-get a démontré que c'est un budgetd'austérité économique. Son augmen-tation de près de 28% pour cette annéereste très en dessous de l'augmenta-tion de l'inflation. Si nous prenons lesindices officiels de l'inflation pour cetteannée, le budget sera réduit à peine de5% cette année. Mais la réalité est trèsdifférente.

L'unique paramètre fiable à partirduquel on peut calculer l'importance del'austérité fiscale contre les travailleurset le peuple est la variation de la valeurdu dollar, surtout dans une économiecomme la nôtre dans laquelle 90% dece qui se consomment sont importés etdans laquelle plus de 40% des inves-tissement proviennent de la rentepétrolière via les exportations. A la finde l'année 2009, quand fut voté le bud-get pour 2010, la valeur du dollar sesituait entre 4,8 et 5,3 bolivars.Aujourd'hui, au moment du vote dubudget pour 2011, sa valeur est auxalentours de 8,25 bolivars. Ceci signi-fie un accroissement de plus de 70 à80% en moyenne des prix qui serontappliqués à la consommation et quivont se répercuter sur le salaire dansune économie où le poids de l'emploipublic est très fort et dans lequeldepuis des années il n'y a ni augmen-

tation, ni discussion sur les contratscollectifs. Cette augmentation est trèsloin des 28% d'augmentation globaledu budget. Malgré ce, il est appliquéune politique d'austérité fiscale, c'est-à-dire une réduction des dépensespubliques, aggravée par le change offi-ciel. Nous allons assister à un gel dessalaires pour les employés publics, àdes licenciements, à la fermeture d'ins-titutions, à la réduction des aides pourles principaux produits de consomma-tion des secteurs populaires.

Perspectives immédiates

Dans ces conditions, avec uneAssemblée nationale, où dans lalogique de la démocratie bourgeoise dugouvernement ce qui va primer sera lanégociation avec l'opposition de droite.La tendance va voir se développer deuxphénomènes parallèles mais l'un d'euxest plus important que l'autre et le domi-ne. D'un côté, le combat pour la réparti-tion de la rente pétrolière va s'exacerberentre les différents secteurs de labureaucratie et de la bourgeoisie et del'autre côté le mouvement ouvrier, lestravailleurs et les travailleuses vont ent-rer en lutte.

Dans le même temps le phénomènecentral de la nouvelle conjoncture qui vacontinuer à se développer jusqu'audébut de l'année prochaine, c'est lephénomène politique, de combats anti-bureaucratiques et le détachement desecteurs de l'appareil et des cadresmoyens, y compris de petits collectifsou de regroupements qui vont se dirigersur des positions plus à gauche, mêmesi ce n'est qu'en paroles, pour s'assurerune place dans l'appareil d'état ou danscelui du PSUV.

Par ailleurs l'usure du leadership deChavez qui avait commencé voilà desmois a pris un nouveau rythme. Ce lea-dership commence à être remis enquestion ouvertement et de plus en plusla phrase " Chavez ne sait pas ce qui sepasse " est de moins en moins crédible.

Caracas, 27 octobre 2010NB : Les sous titres sont de la Rédaction

de " La Commune "

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USA : après les élections du 2 novembre

Première défaite pour ObamaAprès deux ans de présidence Obama, le résultat des élections du 2 novembre, qui ont renouvelé partiellement la Chambredes représentants et le Sénat, signifie une déroute pour le Président des Etats-Unis d'Amérique et son parti, le PartiDémocrate. Cette déroute est à la hauteur des espoirs qu'avait suscitée l'élection d'un président noir parmi les salariés,les jeunes, les noirs, enfin tous ceux et celles qui subissent de plein fouet la crise du capitalisme. Quelques éléments deréponses aux raisons d'une telle défaite.

D'après le syndicat AFL-CIO, lesEtats-Unis comptent 20 millionsde chômeurs et 7 millions de tra-

vailleurs à temps partiel. Depuis troisans la pauvreté ne cesse de croître, elletouche un américain sur sept. Le paysle plus riche de la planète a 43,7millions de pauvres ; un quart des noirset des hispaniques vivent dans ledénuement. Barack Obama, qui aouvert grand les coffres de la banquefédérale aux " compagnies " et auxbanques privées qui, en retour, ont mul-tiplié les plans de licenciement et lesfermetures d'usines, a été obligé dereconnaître que " Notre économie a

plongé dans la récession il y a presque

trois ans à la suite de la crise financière,

de la chute des prix de l'immobilier (...).

L'année passée, nous avons connu les

profondeurs de la récession, avec des

pertes historiques pour l'emploi jamais

vues depuis la grande Dépression ".

Un général limogé

Au mois de juin, le commandant enchef des troupes américaines et del'OTAN en Afghanistan, le généralStanley McChrystal, donnait un entre-tien à la revue américaine " Rolling

Stone " dans lequel il fustigeait lesresponsables politiques impliqués dans

cette guerre, dont le vice-présidentBiden. Quelques jours plus tard, le pré-sident Obama, après un entretien avecle général le limogeait. Enlisé enAfghanistan, ayant oublié sa promesseélectorale de début de retrait des trou-pes vers 2011, Obama n'a fait que ren-forcer l'opposition au financement de laguerre en Irak et Afghanistan.

Depuis neuf ans, les troupes américai-nes et de l'OTAN sont embourbéesdans "une guerre sans fin " qui n'est passans rappeler celle du Vietnam. Dans lemême temps où la hiérarchie militairedéfie le président des Etats-Unis granditl'exigence, pour mettre fin à cette guer-re, de retrait des troupes.

" Katrina "

En 2005, le cyclone " Katrina " dévas-tait La Nouvelle-Orléans, la populationen majorité noire ayant tout perdu setrouvait dispersée aux quatre coins desEtats-Unis. La défaite de GeorgeW.Bush et de son gouvernement auxélections présidentielles de 2008 estattribuée à la façon dont son administra-tion avait réagi à cette catastrophe.Depuis la spéculation foncière est àl'œuvre à la Nouvelle-Orléans où lesfamilles noires sont interdites de retour.Qu'a fait l'administration d'Obama ?Rien qui soit à la hauteur des souffran-ces et des destructions subies par lapopulation noire.

" Le Katrina d'Obama : Oil ! "

La marée noire qui a submergé tout legolfe du Mexique du Texas à la Floridesur des milliers de kilomètres de côte,menaçant de mort la faune et la floredes bayous du delta du Mississipi,réduisant au chômage les pêcheurs decette région est une des pires cata-

strophes écologiques survenues auxEtats-Unis. La plate-forme DeepwaterHorizon, qui en est à l'origine, appartientau trust anglais British Petroleum quiavait obtenu une dérogation pour effec-tuer ses forages en mer par la commis-sion sénatoriale pour l'énergie et lesressources pétrolières. Les trusts pétro-liers sont de grands pourvoyeurs pourles campagnes financières nécessairesà l'élection des membres du Congrès,des présidents des Etats-Unis - ceciexplique cela - cette dérogation peutdevenir l'ouragan " Katrina " aux élec-tions présidentielles de 2012.

Ciel d'orage

La crise sociale et politique s'aiguiseavec son cortège de milliers et milliersde suppressions d'emplois qui s'ac-compagnent de la désertification devilles de l'industrie automobile commeCleveland ou Détroit, alors que GeneralMotors, Chrysler reçoivent des milliardsde dollars… Une réforme du systèmede protection sociale et de santé quilaisse des millions d'américains pauvressur le carreau. Un projet de loi ultraréac-tionnaire qui demande davantage defonds pour la militarisation de la frontiè-re avec le Mexique, pour les rafles d'im-migrants sans papiers…La poursuite etl'aggravation de la guerre en Irak etAfghanistan...Une extrême droite, les" Tea Party ", qui se radicalise et s'orga-nise.

La réponse à la crise par les capitalis-tes est la même partout : licenciements,chômage, guerres…Les gouverne-ments d'Amérique et d'Europe sont desbandits liés par les mêmes chaînes.

Elie Cofinhal, 3 novembre 2010

La Commune – n° 84 – novembre-décembre 2010 23

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« Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde ; ce qui importe, c’est de le transformer. » (Karl Marx) « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde ; ce qui importe, c’est de le transformer. » (Karl Marx) « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde ; ce qui importe, c’est de le transformer. » (Karl Marx) « Les philosophes n’ont fait

La Commune du prolétariat parisien, en 1871, n'apas cessé de nourrir de ses leçons le mouvementouvrier international. Karl Marx et Friedrich Engelsseront amenés à corriger le Manifeste du Parti com-muniste en précisant dans la préface de 1872 : « La

Commune, notamment, a fourni la preuve que la

classe ouvrière ne peut pas simplement prendre

possession de la machine politique existante et la

mettre en marche pour la réalisation de ses propres

buts. ».

C'est ainsi que la Commune de Paris, premiergouvernement ouvrier et paysan, démontrera auxyeux du monde la capacité de la classe ouvrière àprendre en main sa propre destinée et, par làmême, à lutter pour l'émancipation de l'Humanitédes chaînes de l'exploitation et de l'oppression capi-talistes.

Notre revue s'inscrit pleinement dans cette conti-nuité révolutionnaire, celle qui amènera LéonTrotsky à proclamer la IVe Internationale en 1938.Notre drapeau, c’est la IVe internationale. Notreprogramme : le Programme de Transition.

Une politique de front unique :

"Une politique de front unique présuppose un accord

des organisations ouvrières (politiques, syndicales, etc.)

pour un travail en commun, indépendamment de leurs

positions principielles, en vue d'un certain nombre d'objec-

tifs pratiques spécifiques - non pas une coopération per-

manente, mais un accord sur tel ou tel point pour une

durée limitée par la nature même de la tâche en ques-

tion"[1]

Léon Trotsky. La construction de la nouvelle internationa-

le et la politique du front unique - Sur la conférence prochai-

ne des organisations socialistes de gauche et communis-

tes de Paris

( 24 août 1933) Œuvres 2 .EDI. Page 126

Trimestriel

N°84 nouvelle série - N°141 ancienne série

rédacteur en chef: Elie COFINHAL

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Wladimir SUSANJ, Pierre-Yves CHIRON, Pedro

CARRASQUEDO, Eric CLERIN, Francis FOUR-

QUIN, Anne GITAMENN, Benoît TAUSSAC,

Jérôme LEFAURE, Daniel PETRI, Alain FOULON,

Françoise DEBREUILLE, correspondants :

Domingo BLAYA-BARREA, Mikel LANDABURU,

(Etat espagnol) Youssef RAMDANE,(Algérie),

Alternativa socialista (Argentine), Marea socialista

(PSUV-Venezuela) Marie-Hélène WEBER †.

Directeur de publication :

Pedro CARRASQUEDO.

Commission paritaire 0611G88134

ISSN 1271-1101

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Léon Trotsky( 1879 - 1940 )

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