34
La mort de Louis XIV – survenue à Versailles le 1 er septembre 1715 à 8h23 du matin – vient mettre un terme à une période particulièrement éprouvante aussi bien pour le royaume que pour le souverain. L’acceptation, le 16 novembre 1700, du testament de Charles II, roi d’Espagne, léguant son trône au duc Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, allait dresser contre la France une puissante coalition et engager l’Europe dans une sorte de guerre mondiale avec des répercussions dans les Amériques et dans les Indes. Au sortir de cette guerre, durant laquelle la France fut au péril de se voir envahie et où les peuples furent accablés par la famine et les misères de la guerre, l’équilibre entre les puissances européennes sortait complètement remodelé au grand bénéfice de l’Angleterre – puissance thalassocratique qui supplantait définitivement sur mer les Hollandais, les Espagnols et les Français – tandis que, dans le même temps, conséquence de la victoire de Pierre le Grand sur Charles XII de Suède à Poltava, la Russie entrait avec éclat dans le concert européen, ainsi d’ailleurs que la Prusse, érigée en royaume en 1701. 16 nov. 1700 « Messieurs, voici le roi d’Espagne » Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d’Espagne

Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

  • Upload
    vuthu

  • View
    215

  • Download
    2

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

La mort de Louis XIV – survenue à Versailles le 1er septembre 1715 à 8h23 du matin – vient mettre un terme à une période particulièrement éprouvante aussi bien pour le royaume que pour le souverain. L’acceptation, le 16 novembre 1700, du testament de Charles II, roi d’Espagne, léguant son trône au duc Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, allait dresser contre la France une puissante coalition et engager l’Europe dans une sorte de guerre mondiale avec des répercussions dans les Amériques et dans les Indes. Au sortir de cette guerre, durant laquelle la France fut au péril de se voir envahie et où les peuples furent accablés par la famine et les misères de la guerre, l’équilibre entre les puissances européennes sortait complètement remodelé au grand bénéfice de l’Angleterre – puissance thalassocratique qui supplantait définitivement sur mer les Hollandais, les Espagnols et les Français – tandis que, dans le même temps, conséquence de la victoire de Pierre le Grand sur Charles XII de Suède à Poltava, la Russie entrait avec éclat dans le concert européen, ainsi d’ailleurs que la Prusse, érigée en royaume en 1701.

16 nov. 1700« Messieurs, voici le roi d’Espagne »

Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d’Espagne

Page 2: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

2

Tableau généalogique – De Henri IV à Louis XV

Louis XIV et ses héritiers en 1710

Le Grand Dauphin + 14 avril 1711 Le duc de Bourgogne + 18 fév. 1712Le duc de Bretagne + 8 mars 1712

Page 3: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

3

Si Louis XIV avait réussi à maintenir son petit-fils, le duc d’Anjou, sur le trône d’Espagne, il

avait vu disparaître soudain, entre 1710 et 1714 tous ses successeurs présomptifs, hormis un enfant de cinq ans, épargné de justesse, son arrière-petit fils qui lui succèdera sous le nom de Louis XV. La mort de Monseigneur, le Grand Dauphin, le 14 avril 1711, ouvrait l’accès au trône à l’élève de Fénelon, le duc de Bourgogne, le grand favori de Saint-Simon qui attendait des merveilles de son futur règne. Las ! la mort l’emporte ainsi que la Dauphine, la duchesse de Savoie, qui faisait la joie de la cour, ainsi que leur fils aîné, le duc de Bretagne, morts tous les trois en l’espace de quelques jours en février 1712. Et le troisième petit-fils de Louis XIV, le duc de Berry, meurt à son tour le 4 mai 1714.

Le légitime orgueil d’une nombreuses descendance assurée faisait place à de grandes inquiétudes pour l’avenir du royaume après la mort du Roi. En effet, les circonstances exigeaient la mise en place d’une régence ; or celle-ci pouvait être contestée entre deux candidats : le roi d’Espagne Philippe V, qui pouvait renier à tout moment son engagement de ne jamais revendiquer le trône de France ni pour lui ni pour ses descendants, et le duc Philippe d’Orléans, neveu de Louis XIV, qui avait été soupçonné un temps, bien à tort, d’avoir été la cause de la mort des héritiers directs. Le testament de Louis XIV et son ultime entretien avec le futur Régent tranchait nettement la question en faveur de son neveu. Toutefois, une autre question se posait, du fait que Louis XIV venait d’élever au rang de princes du sang - en capacité d’accéder au trône au cas d’extinction de tous les héritiers mâles légitimes - ses deux fils bâtards, le duc du Maine et le comte de Toulouse et en confiant au premier des pouvoirs militaires susceptibles de le rendre apte à évincer de fait le duc d’Orléans durant la régence.

Louis XIV

5 sept. 1638 – 11hSaint-Germain-en-Laye

5-50 / 28-73

Zeus

Louis XIV

Soleil – Saturne - Zeus – Hadès // Neptune (H16)SO – 72°46

SO/HASO/ZELU/URLU/ADME/PLME/MCVE/URMA/PLMA/MCJU/URCU/POHA/ZE

Hadès

Soleil

Neptune

Saturne

Page 4: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

4

Le thème du Roi-Soleil imposait de choisir comme point d’ancrage la position du Soleil (à 12°46 de la Vierge), qui forme un carré en T avec Zeus et Hadès, en lien avec Saturne mais aussi, en Harmonique 16 (soit des aspects de 22°30 ou leurs multiples) avec Neptune. Par ailleurs la richesse des mi-points attachés à ce réseau donne à ce flux d’ondes solaires un rayonnement particulièrement complexe, comportant des zones d’ombre et de lumière. Notre propos n’est pas ici d’analyser le thème natal du Grand Roi, mais de comparer ce thème avec celui de sa mort et de montrer comment s’inscrivent déjà, dans le thème natal, des éléments latents qui deviendront dominants dans le thème de la mort. Chacun porte en quelque sorte, dès le berceau, le thème de sa mort – qui est pour l’âme une nouvelle naissance, un nouveau passage par la même porte qui a été franchie au moment de venir en ce monde.

Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles cosmiques puisqu’elle

survient au moment précis où le Soleil transite le Pluton natal (à 8°10 Vierge). L’axe Soleil/¨Pluton s’impose ici comme point d’ancrage, en résonance avec Apollon et Kronos, mais aussi, en H16, avec la conjonction Zeus-Vulcanus (à 15° Verseau). En outre, cet axe est en résonance avec le Point Vernal, donnant à l’événement une dimension de portée universelle.

Louis XIV – D1er sept. 1715 – 8h23

Versailles

0-45 / 23-68

SO-PLPV/ZEPV/VUSO/PLSO/KRMA/POJU/URHA/PO

Mort de Louis XIVConjonction Soleil-Pluton exacte

Pluton – Kronos – Apollon // Zeus-Vulcanus

SO/PL - 68°10

Page 5: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

5

On observe, au moment de la naissance, un lien étroit entre trois figures majeures que l’on

retrouvera au moment de la mort : en effet, l’axe Uranus/Pluton (à 11° Lion) est relié à la pièce maîtresse du contexte des Transneptuniens à l’époque, l’axe Zeus/Vulcanus, au relais (en H16) de l’axe Kronos/Admète. Au moment de la mort, le mi-point Uranus-Pluton (à 14°30 Vierge) vient de transiter le Soleil natal ; l’axe Soleil/Pluton est au carré de Kronos/Admète et relié, en H16, avec Zeus/Vulcanus.

Louis XIV – D1er sept. 1715 – 8h23

Versailles

ZE/VU

Naissance et mort

Réseau d’Uranus/Pluton

Uranus/Pluton – Kronos/Admète – Zeus/Vulcanus

Louis XIV5 sept. 1638 – 11h

Saint-Germain-en-Laye

KR/AD

UR/PL

SO-PL de mort au carréde PL/HA de naissance

ZE/VU

KR/AD

SO/PL

Intérieur – 1638Extérieur - 1715

Page 6: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

6

Ainsi, nous pouvons synthétiser toute la période qui couvre les années noires de la Guerre de

Succession d’Espagne et de la disparition de presque tous les héritiers directs de Louis XIV comme étant celle du transit d’Uranus et de Pluton sur les deux zones nodales transneptuniennes Zeus/Vulcanus et Kronos/Admète, ainsi que sur Hadès (dernier décan du Lion). Au cœur de cette configuration se trouve la conjonction Uranus-Pluton du 7 septembre 1710 (à 28°51 Vierge). Au moment de la conjonction Pluton-Hadès, dans les années 1706-1707, la France subit de lourdes défaites à Ramilles face à Marlborough (23 mai 1706) et à Turin face au prince Eugène (7 septembre 1706) : les Français sont chassés des Pays-Bas espagnols et de l’Italie. Lors de la conjonction Uranus-Hadès, en 1709, le rapport de forces évolue : la glorieuse défaite de Villars à Malplaquet (11 septembre) inflige de telles pertes aux Anglo-Prussiens que ceux-ci doivent renoncer à envahir la France. En 1710, deux victoires remportées en Espagne sauvent le trône de Philippe V et en 1712, sous la conjonction Uranus-Pluton, la victoire de Villars à Denain (24 juillet 1712) permet à Louis XIV de repasser à l’offensive et d’obtenir finalement une paix honorable.

Uranus-Pluton – 1704-1718EG – H4 - Hélio

PL-HA

UR-PL

URZE/VU

URKR/AD

PLKR/AD

UR-HA

ZE/VU KR/AD

UR/PL1710

Page 7: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

7

Ainsi la conjonction Uranus-Pluton de 1710 est au cœur du bouleversement géopolitique qui

aboutit à l’affirmation de l’hégémonie grandissante de l’Angleterre visant à la maîtrise des mers à travers tout le globe ; cet empire thalassocratique gagnera en puissance durant la Guerre de Sept Ans (1756-1763) puis durant les guerres de la Révolution et de l’Empire, triomphant au moment de la conjonction Uranus-Neptune de 1821. Par ailleurs, une conjonction correspond au germe mis en terre dans l’obscurité d’une phase qui correspond à une Nouvelle Lune, invisible ; et c’est lors de l’opposition, la phase de Pleine Lune, que se manifeste avec éclat dans le monde le phénomène qui a pris naissance au moment de la conjonction. L’opposition de ce cycle Uranus-Pluton tombe exactement le jour de la mort de Louis XVI, le 21 janvier 1793. Et l’on y retrouve les mêmes figures qu’au moment de la conjonction : Uranus/Pluton est au carré d’Hadès ; Kronos/Admète et Zeus/Vulcanus sont reliés à ce carré en H 16. Ainsi, le cycle Uranus-Pluton 1710-1793 couvre exactement la durée de vie des deux successeurs de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. C’est là une signature cosmique de grand style qui semble régir les destinées de la monarchie française dans le temps de sa fin, d’autant plus qu’au moment de la conjonction de 1710, Uranus-Pluton est conjoint à Hadès, lui-même situé exactement sur le degré de l’étoile Régulus.

Avec la répétition d’une même structure profonde, la conjonction Uranus-Pluton de 1715 (avec le

transit exact du Soleil sur Pluton au moment de la mort de Louis XIV) et l’opposition de 1793 (avec la conjonction du Soleil sur Kronos) marquent toutes deux de façon spectaculaire une sorte de liturgie cosmique de la monarchie : Louis XIV, après un bref moment d’abattement au moment où il prend conscience que la fin est arrivée, met en scène sa propre mort comme une ultime glorification de la majesté royale qu’il a incarnée durant tout son règne ; Louis XVI, en allant la tête haute à son supplice et en adressant à son peuple des paroles de pardon pour le jugement inique qui le frappait, se retrouve finalement Roi de France (après avoir été un temps, par faiblesse, le roi des Français) et mérite les sublimes paroles que lui adresse au pied de l’échafaud son confesseur, l’abbé Edgeworth de Firmont : « Fils de saint Louis, montez au Ciel ! ».

Conjonction UR-PL7 sept. 1710

6h54 TU

UR-PL-HAUR/PLZE/VUKR/AD

Cycle Uranus-Pluton - 1710-1793Uranus/Pluton – Zeus/Vulcanus – Kronos/Admète

UR/PL – 58°51

14-59 / 37-82

UR/PLHA

Regulus

Opposition UR-PL21 janv. 1793

23h24 TU

KR/AD

ZE/VU

1710. Naissance de Louis XV

1793. Mort de Louis XVI

ZE/VU

KR/AD

UR/PLHA

UR/PL – 52°29

7-52 / 30-75

Page 8: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

8

Si nous poussons plus loin encore l’examen des conjonctions Uranus-Pluton, nous retrouvons les

trois axes Uranus/Pluton, Zeus/Vulcanus et Kronos/Admète au moment des conjonctions de 1850 et de 1965. En 1850, le lien est particulièrement fort, puis la conjonction Uranus-Pluton vient se positionner exactement sur le degré alors transité par Vulcanus (à 29° Bélier) ; si la conjonction elle-même n’est pas reliée aux autres axes, on relève que Zeus et Hadès sont reliés à Kronos/Admète. En 1965, la conjonction Uranus-Pluton (à 17° Vierge) est reliée à Zeus/Vulcanus ; par ailleurs, Zeus, Vulcanus et Hadès sont reliés à Kronos/Admète (avec un transit de Jupiter sur Vulcanus).

Ces constantes durant le temps long des cycles Uranus-Pluton nous incitent à envisager une étude plus fouillée sur ce cycle en résonance avec Zeus/Vulcanus et Kronos/Admète. Nous le ferons dans le cadre des « Études cycliques » prévues comme supplément à notre BAM (Bulletin d’Astrologie mondiale).

Conjonction UR-PL25 sept. 1850

13h58TU

Uranus – Pluton - Vulcanus

Cycle Uranus-Pluton - 1850-1965

UR/PL – 29°219-54 / 32-77

UR/PLVU

Zeus – Hadès – Kronos/Admète

6-51 / 29-74

Conjonction UR-PL9 oct. 196520h06 TUUranus/Pluton – Zeus/Vulcanus – Kronos/Admète

KR/AD

UR/PL – 77°10

UR/PL

KR/AD ZE/VU

Page 9: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

9

QUELQUES RÉFLEXIONS MÉTHODOLOGIQUES

On peut constater ainsi la permanence, durant toute une période de ce que nous appellerons le

« système des Transneptuniens », en y incorporant, si nécessaire, quelques liens avec les Transsaturniennes. Ce système est susceptible de nous renseigner sur « l’esprit » d’une époque, sa qualité profonde dans un plan transcendant, qui excède les limites du Septénaire traditionnel (que l’on peut considérer ici comme « immanent », dans le cadre de l’histoire humaine, formé des sept planètes visibles à l’œil nu), les trois Transsaturniennes formant une sorte de relais entre ces deux plans immanent et transcendant, c’est-à-dire entre le Septénaire traditionnel et les Transneptuniens.

A l’époque de la Régence, qui suit immédiatement la mort de Louis XIV, le système des Transneptuniens est constitué de deux blocs : l’un, autour de la conjonction Zeus/Vulcanus, reliée à Kronos/Admète et à Apollon ; l’autre autour de l’axe Cupidon/Poséidon, au relais du mi-point Uranus/Pluton. Seul Hadès demeure isolé dans ce double système.

Se pose maintenant la question de savoir comment caractériser et analyser les divers éléments qui

composent cette configuration transcendante des Transneptuniens. Jusqu’ici, nous avons procédé à une analyse que l’on pourrait qualifier de purement

« syntaxique », consistant à repérer, dans l’algèbre céleste, les relations entre planètes classiques et Transneptuniens, et les résonances, dans les couches profondes du thème (en H8 et parfois en H16), qui permettent de déceler la présence de divers réseaux de flux d’ondes énergétiques qui s’expriment au travers des mi-points. Il faut bien, toutefois, passer à un moment ou à un autre du plan syntaxique au plan sémantique, c’est-à-dire interpréter la signification de ces relations et de ces résonances. C’est là que doit aboutir une analyse d’astrologie mondiale, mais, au stade où nous en sommes de notre recherche consistant à intégrer le système des Transneptuniens dans le corpus des planètes classiques (notamment dans le système des cinq planètes lentes – de Jupiter à Pluton – formant les dix cycles classiques de Jupiter-Saturne à Neptune-Pluton), il nous est encore très difficile de procéder à une analyse satisfaisante, qui n’évacue pas la logique cyclique des lentes, rythmant le cours de l’histoire humaine, et qui trouve une articulation juste et féconde entre les cycles des lentes et le système des Transneptuniens à une époque donnée, sous telle ou telle conjoncture.

Le système des Transneptuniens – 1717

Zeus-Vulcanus // Kronos-Admète // Apollon Cupidon-Poséidon

Uranus-PlutonNeptune-Apollon

Page 10: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

10

Durant les deux dernières années, et en particulier depuis l’automne 2014 où nous avons plongé avec allégresse dans l’exploration des profondeurs abyssales des thèmes en quête des flux d’ondes énergétiques, nous avons eu tendance à laisser de côté la question de la logique cyclique, du développement d’un cycle donné selon les diverses phases qui conduisent d’une conjonction à l’opposition, puis de l’opposition à la conjonction suivante. Maintenant que nous avons abouti, à force de patience et d’obstination, à une procédure à peu près maîtrisée de la syntaxe, nous envisageons de faire porter de plus en plus nos réflexions et nos efforts dans le sens d’une intégration constructive du système des Transneptuniens dans la logique cyclique classique, ce qui, en même temps, pourrait déboucher sur de sensibles progrès dans le domaine de la sémantique, de l’interprétation des figures mises en valeur sur le plan syntaxique.

Il convient tout d’abord, nous semble-t-il, d’écarter une approche « pointilliste », consistant à dresser un simple catalogue des figures planétaires dans leur signification en astrologie mondiale et à appliquer de manière systématique des règles sémantiques ainsi constituées à tous les thèmes possibles. Nous pensons au contraire qu’il faut bien distinguer les plans différenciés des cycles planétaires classiques et des systèmes transneptuniens en évolution lente. Ce genre de distinction, nous l’opérons déjà, d’une certaine manière, en astrologie mondiale, quand nous traitons des cycles des trans-saturniens (Neptune-Pluton, Uranus-Neptune, Uranus-Pluton) et des autres cycles des lentes qui se combinent aux premiers. On pourrait croire au premier abord, qu’il suffirait de reporter le même genre de distinction entre les classiques et les Transneptuniens. Ce serait méconnaître la distinction en quelque sorte ontologique qui les distingue les uns des autres, du moins dans la conscience que nous avons actuellement des uns et des autres. Nous concevons, si l’on peut dire, le système des Transneptuniens comme relevant d’un plan « transcendant », avec des rythmes qui ne sont pas ceux de l’histoire humaine, mais qui, cependant, sont en relation – longtemps invisible et depuis un siècle commençant à se manifester – avec la relative « immanence » du septénaire traditionnel, augmenté depuis la découverte d’Uranus en 1781, du trio des Transsaturniennes. Ces derniers pourraient bien d’ailleurs constituer une sorte de pont entre le septénaire que vient clore Saturne et le système transcendant des Transneptuniens.

Il en résulte, dans la pratique, qu’il faut, en astrologie mondiale, prendre d’abord appui sur les cycles planétaires classiques, en accordant la priorité, quand cela est possible, aux cycles des Transsaturniennes, puis examiner la relation qu’ils constituent, à un moment donné de l’histoire, avec le système des Transneptuniens qui évolue beaucoup plus lentement. Et ce qui nous intéressera, sur le plan « sémantique », ce sera non pas une définition abstraite intangible des couples planétaires ainsi constitués, - un simple « répertoire » - mais bien plutôt l’articulation, sous une conjoncture précise (pouvant durer plusieurs années, voire quelques décennies), entre la configuration nodale des classiques (un axe Uranus/Pluton, par exemple) et le système des Transneptuniens avec lequel il est susceptible d’entrer en contact à un niveau plus ou moins profond (en H4, H8 ou H16 – le niveau abyssal du H32 étant réservé à des cas extrêmement rares).

Prenons maintenant pour exemple les configurations qui se présentent à l’époque de la conjonction Uranus-Pluton de 1710, et particulièrement durant la décennie 1705-1715. En astrologie mondiale, les configurations de Transsaturniennes peuvent être traitées comme de simples « marqueurs » temporels, permettant un découpage cyclique, qui n’est d’ailleurs pas sans intérêt. Ainsi, le cycle Uranus-Pluton de 1343-1456 encadre-t-il assez bien l’époque de la Guerre de Cent Ans (qui commence véritablement, en le 26 août 1346, par la défaite française à la bataille de Crécy). Ou encore le cycle Uranus-Neptune de 1821-1993, qui correspond globalement à l’époque de la société industrielle, la révolution informatique, à partir de 1997, avec le succès foudroyant de l’Internet, correspondant au début d’une ère post-industrielle. Naturellement, ce n’est jamais qu’après la fin d’un cycle qu’on peut le qualifier dans sa dimension historique. Mais les phases cycliques des Transsaturniennes peuvent également faire l’objet d’une analyse « sémantique », visant à qualifier telle ou telle phase en fonction de ses effets constatés dans la vie politique, économique, culturelle d’un époque. C’est ainsi qu’André Barbault a examiné, dans plusieurs de ses travaux, la signification propre à la conjonction Uranus-Pluton de 1965-1966, ou plutôt le réseau complexe des nombreuses significations qui s’y rattachent. A cet égard il convient de noter qu’une même configuration de super-lentes n’est jamais véritablement comparable aux précédentes ; car d’un cycle Neptune-Pluton à l’autre, la « Figure du monde » change profondément, et en conséquence le champ sémantique associé à ces figures planétaires est appelé à se modifier profondément – même s’il demeure, au fond, quelques idées forces qui sont au cœur des figures mises en relation : c’est ainsi que, au travers de la multitude des configurations Uranus-Pluton, il demeurera toujours quelque chose du principe uranien

Page 11: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

11

associé au principe plutonien. Mais cela est bien insuffisant pour qualifier une figure historique concrète, telle la conjonction Uranus-Pluton de 1710 ou celle de 1850, ou encore celle de 1965.

On pourrait dire ainsi, très schématiquement, qu’une conjonction Uranus-Pluton vient révolutionner quelque chose dans les rapports politiques, sociaux et culturels durant la période où elle est en orbe, étant entendu, par ailleurs, que ses effets à longue portée tendront à se manifester pleinement au moment de l’opposition suivante, plusieurs décennies après la conjonction. Tombant en plein milieu d’une grande guerre européenne avec des implications mondiales dans les Amériques et aux Indes, la conjonction Uranus-Pluton de 1710 vient en effet présider à une recomposition majeure des rapports de forces entre puissances. On voit donc par là son effet « révolutionnaire » sur le plan géopolitique, avec, en outre, l’émergence sur la scène européenne de deux puissances appelées à de hautes destinées, la Prusse et la Russie. Mais c’est aussi une période où naît, à travers l’Europe occidentale, un esprit nouveau – celui des Lumières – qui aboutira finalement au renversement de l’Ancien Régime au moment de la Révolution. Saint-Simon, plus visionnaire encore que conservateur, avait vu venir la chose et maintes pages de ses Mémoires en témoignent.

Or, au temps de cette conjonction Uranus-Pluton de 1710, nous observons que l’axe

Uranus/Pluton s’articule étroitement et de façon durable, avec deux éléments du système des Transneptuniens alors mis en valeur : les axes Zeus/Vulcanus et Kronos/Admète (puis, à partir de 1715, l’axe Cupidon/Poséidon). Que dire, sur le plan « sémantique » de cette triple articulation avec l’axe Uranus/Pluton ? Si l’on tient compte de la proximité de Hadès avec la conjonction Uranus-Pluton (qui a transité Hadès entre 1707 et 1710), une première observation nous vient à l’esprit : durant cette période se présente une configuration que nous retrouvons à notre époque, entre 2014 et 2016 : la figure Uranus/Zeus=Hadès/Vulcanus, dont la signification est celle d’une irruption soudaine de la guerre et de la violence, d’un état d’esprit plein de haine et de méchanceté. Nous sommes alors au plus fort de la guerre européenne, à un moment où l’équilibre des forces semble bien près de basculer et où la puissance française risque d’être submergée et le royaume envahi. Au point que Louis XIV envisage un moment de partir en personne à la tête de ses armées pour repousser l’envahisseur ou pour périr sur le champ de bataille. Le thème de la bataille de Malplaquet (11 septembre 1709) correspond à une culmination des tensions autour de cet axe redoutable (situé à 18° Scorpion).

Uranus/Zeus=Hadès/Vulcanus – 1709-1710EG – H8

11 sept. 1798Malplaquet

Page 12: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

12

Toutefois, la figure Uranus/Zeus=Hadès/Vulcanus ne représente qu’un aspect – et certainement pas le plus significatif – de la configuration d’ensemble. Il faut aller creuser du côté des deux pièces maîtresses : les conjonctions Zeus-Vulcanus et Kronos-Admète. Mais une telle recherche excède de loin les limites de cet article consacré à la mort de Louis XIV. Nous la mènerons donc ailleurs, et plus tard.

En tout cas, ce qui naît et se développe déjà autour de la conjonction Uranus-Pluton de 1710 – à

la racine du cycle qui aboutit au moment de l’opposition, en 1793, de la fin brutale de la monarchie française - c’est un esprit nouveau, dont un livre publié en 1935 par Paul Hazard, professeur au Collège de France, témoigne avec pertinence ; il s’agit de l’ouvrage intitulé La Crise de la conscience européenne, qui analyse le basculement des esprits entre une société traditionnelle reposant sur le sens de l’autorité, de l’ordre, de la croyance aux dogmes religieux, de la fidélité à Dieu et au Roi vers une société marquée par le règne de la Raison, du doute, de la liberté individuelle, du rejet des institutions religieuses et des vérités traditionnelles. Les idées forces qui animeront les générations révolutionnaires à la fin du siècle sont déjà présentes à ses débuts : rationalisme, esprit anticlérical, sentiment antireligieux, revendication d’égalité, liberté de l’individu, droits de l’homme et du citoyen.

Ces valeurs nouvelles seront en particulier discutées et véhiculées au sein des loges d’une Franc-

Maçonnerie moderne, spéculative et non plus opérative, dont on date la naissance lors de la fondation, le 24 juin 1717, de la Grande Loge de Londres. Les constitutions publiées en 1723 par le pasteur écossais presbytérien James Anderson avec l'appui du pasteur anglican Desaguliers fourniront la base pour une expansion de la franc-maçonnerie à travers toute l’Europe, puis dans les colonies européennes sur tous les continents.

Fondation de la Grande Loge de LondresGrande Loge de Londres24 juin 1717

Soleil – Vénus – Pluton - Zeus - Kronos Apollon – Admète - Vulcanus

S/L – 3-48 / 26-71

ZE/VU – 47°39

SO/VEJU/URZE/VUKR/ADThème des États-Unis :

VE à 3° - SO à 12° Cancer

Pose de la pierre de fondation du Capitole par George Washington

Page 13: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

13

Dans le thème du jour de la Saint-Jean d’été 1717, le premier système des Transneptuniens est

activé par une conjonction Soleil-Vénus à 3° Cancer, reliée à Pluton et au mi-point Jupiter/Uranus. Il est intéressant de relever le lien entre ce thème et celui de l’indépendance des États-Unis : en effet, dans ce dernier thème Vénus occupe la position de la conjonction Soleil-Vénus de 1717 et le Soleil celle de Jupiter. Un tableau représente d’ailleurs la pose de la première pierre du Capitole par George Washington en grande tenue maçonnique, le 18 septembre 1793.

On peut ajouter qu’au moment de la conjonction Uranus-Pluton de 1710 fut publié à Breslau, sous le nom de Sincerus Renatus (pseudonyme de Samuel Richter) – un pasteur luthérien qui se disait disciple de Paracelse et de Jacob Böhme – un ouvrage intitulé La vraie et parfaite préparation de la Pierre Philosophale par la Fraternité de l’Ordre de la Rose-Croix d’Or et de la Rose Rouge. Il s’agit d’un traité d’alchimie dont la mention d’un ordre de la Rose-Croix inspirera par la suite certaines instructions relatives au grade maçonnique-rosicrucien des Princes Chevaliers Rose-Croix. Ainsi semblent se mêler, au moment de cette conjonction Uranus-Pluton de 1710 des éléments traditionnels et modernes, de même que, dans le domaine de la littérature, rebondit à ce moment, à propos d’Homère, la fameuse querelle des Anciens et des Modernes.

LES ANNÉES NOIRES – 1709-1714

Revenons maintenant au temps de la conjonction Uranus-Pluton de 1710. Le thème du 1er janvier

1709 montre le Soleil à une triple conjonction Uranus-Pluton-Hadès à la fin du Lion, en lien avec Saturne/Neptune. La date la plus marquante de cette année est celle de la bataille de Malplaquet, le 11 septembre Le Soleil de ce jour est relié, en H 16), à la triple conjonction ainsi qu’à l’axe Kronos/Admète.

1er janvier 1709 UR/PL– 54°18

9-54 / 32-77

Soleil – Uranus – Pluton - Hadès

SA/NESA/CUUR/PLUR/HA

UR/PL=HARegulus

Malplaquet11 sept. 1709

SoleilUranus – Pluton – Hadès

Kronos/Admète

Page 14: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

14

Au 1er janvier 1710, la triple conjonction est reliée à Jupiter/Admète ainsi que Mars/Apollon.

Hadès est conjoint à l’étoile Régulus.

1er janvier 1710 UR/PL – 57°42

13-58 / 36-81

Uranus – Pluton – Hadès - Admète

UR/PL=HARegulus

MA/APJU/ADUR/PL

1er janvier 1711 – UR/PL UR/PL – 61°07

16-61 / 39-84

Mars - Uranus – PlutonHadès - Admète

UR/PL

Hadès - Regulus

Mort du Grand Dauphin14 avril 1711

Uranus – Pluton – Hadès

SO/JUJU/SAUR/PLHA/ADKR/ADZE/POVU/PO

Page 15: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

15

L’année 1711 voit, avec la mort du Grand Dauphin, fils de Louis XIV, le 14 avril, le début d’une

série de deuils retentissants qui vont faucher toutes les générations des successeurs présomptifs à la couronne de France. Hadès transite toujours sur Régulus et, le jour de la mort du Grand Dauphin, la triplice Uranus-Pluton-Hadès est reliée au mi-point Soleil/Jupiter (à 29° Verseau).

Saint-Simon rapporte dans ses Mémoires ce dramatique événement qui, pour lui, apparaît comme

une véritable délivrance, comme l’ouverture des plus grandes espérances, du fait qu’à la perspective d’un règne terne et médiocre avec le Grand Dauphin, se substitue soudainement celle d’un règne à la fois sage et glorieux avec le duc de Bourgogne, sur lequel Saint-Simon et ses amis, les ducs de Beauvillier et de Chevreuse, exercent une influence aussi considérable que discrète. On ne s’étonnera donc pas de la cruauté du paragraphe qui brosse, en quelques lignes, le portrait de feu Monseigneur :

De ce long et curieux détail [exposé circonstancié] il résulte que Monseigneur était sans vice ni vertu, sans lumières ni connaissances quelconques, radicalement incapable d'en acquérir, très-paresseux, sans imagination ni production, sans goût, sans choix, sans discernement, né pour l'ennui qu'il communiquait aux autres, et pour être une boule roulante au hasard par l'impulsion d'autrui, opiniâtre et petit en tout à l'excès, de l'incroyable facilité à se prévenir et à tout croire qu'on a vue ; livré aux plus pernicieuses mains, incapable d'en sortir ni de s'en apercevoir, absorbé dans sa graisse et dans ses ténèbres, et que, sans avoir aucune volonté de mal faire, il eût été un roi pernicieux.1

A côté du réseau Uranus/Pluton, qui est la pièce maîtresse de cette époque, il peut être intéressant

de prendre aussi en compte le réseau Saturne/Neptune (à 12° Gémeaux), conjoint à Poséidon et relié à Cupidon, axe situé au carré du Soleil de Louis XIV. Durant l’année 1715, l’axe Cupidon/Poséidon sera relié à l’axe Uranus/Pluton.

1 SAINT-SIMON, Mémoires, t. IV, 1711-1714, La Pléiade, éd. d’Yves Coirault, Gallimard, 1985, p. 96.

1er janvier 1711 – SA/NE SA/NE – 61°07

16-61 / 39-84

Saturne – Neptune Cupidon - Poséidon

SA/NE=PO

JU/URJU/KRSA/NENE/CU

Page 16: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

16

Le deuxième coup du destin frappe le 18 février 1712, avec la mort du duc de Bourgogne - ce

Dauphin éduqué par Fénelon et sur lequel Saint-Simon fondait de si hautes espérances – suivie de la mort de la charmante Dauphine, la duchesse de Savoie, qui mettait une touche de gaîté dans la cour du vieux roi, ainsi que de leur fils aîné, le duc de Bretagne, âgé de cinq ans. Il ne reste plus de vivant, dans cette branche, qu’un dernier enfant, âgé de deux ans – le futur Louis XV, confié à la garde de Mme de Ventadour. Le jour de la mort du duc de Bourgogne, une conjonction Soleil-Mars au début des Poissons est en opposition avec Uranus-Pluton en Vierge.

La mort inattendue – et que Saint-Simon croit due à un empoisonnement - du duc de Bourgogne,

de son épouse et de son fils aîné, vient brutalement anéantir tous les grands espoirs que le futur mémorialiste fondait alors sur le prochain règne de son dauphin favori. Au point que Saint-Simon envisage alors un temps de se retirer complètement de la cour et de quitter le monde, ce dont son épouse réussit à le dissuader. A la différence du portrait de son père, le Grand Dauphin, Saint-Simon laisse sur le duc de Bourgogne des pages vibrantes d’admiration et de regret :

Il aimait les princes ses frères avec tendresse, et son épouse avec la plus grande passion. La douleur de sa perte pénétra ses plus intimes moelles. La piété y surnagea par les plus prodigieux efforts. Le sacrifice fut entier, mais il fut sanglant. Dans cette terrible affliction rien de bas, rien de petit, rien d'indécent. On voyait un homme hors de soi, qui s'extorquait une surface unie, et qui y succombait. Les jours en furent tôt abrégés. Il fut le même dans sa maladie. Il ne crut point en relever, il en raisonnait avec ses médecins; dans cette opinion, il ne cacha pas sur quoi elle était fondée; on l'a dit il n'y a pas longtemps, et tout ce qu'il sentit depuis le premier jour jusqu'au dernier l'y confirma de plus en plus. Quelle épouvantable conviction de la fin de son épouse et de la sienne! mais, grand Dieu! quel spectacle vous donnâtes en lui, et que n'est-il permis encore d'en révéler des parties également secrètes, et si sublimes qu'il n'y a que vous qui les puissiez donner et en connaître tout le prix! quelle imitation de Jésus-Christ sur la croix! on ne dit pas seulement à l'égard de la mort et des souffrances, elle s'éleva bien au-dessus. Quelles tendres, mais tranquilles vues! quel surcroît de détachement! quels vifs élans d'actions de grâces d'être préservé du sceptre et du compte qu'il faut en rendre ! quelle soumission, et combien parfaite! quel ardent amour de Dieu! quel

1er janvier 1712 UR/PL – 64°32

19-64 / 42-87

Uranus – PlutonApollon - Kronos

UR/PL

Hadès - Regulus

MA/JUJU/NEJU/CUUR/PLUR/ADPL/KRKR/AD

Mort du duc de Bourgogne18 fév. 1712Soleil - Mars

Uranus – Pluton - Admète

Page 17: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

17

perçant regard sur son néant et ses péchés! quelle magnifique idée de l'infinie miséricorde! quelle religieuse et humble crainte! quelle tempérée confiance! quelle sage paix! quelles lectures! quelles prières continuelles! quel ardent désir des derniers sacrements! quel profond recueillement! quelle invincible patience! quelle douceur, quelle constante bonté pour tout ce qui l'approchait! quelle charité pure, qui le pressait d'aller à Dieu! La France tomba enfin sous ce dernier châtiment; Dieu lui montra un prince qu'elle ne méritait pas. La terre n'en était pas digne, il était mûr déjà pour la bienheureuse Éternité.

Et Saint-Simon d’ajouter que l’on fit alors à Rome ce qui se faisait, parfois, pour honorer un roi

de France, mais jamais encore pour un prince qui n’avait pas régné : des obsèques pontificales.

La consternation fut vraie et générale. Elle pénétra les terres et les cours étrangères. Tandis que les peuples pleuraient celui qui ne pensait qu'à leur soulagement, et toute la France un prince qui ne voulait régner que pour la rendre heureuse et florissante, les souverains de l'Europe pleurèrent publiquement celui qu'ils regardaient déjà comme leur exemple, et que ses vertus allaient rendre leur arbitre, et le modérateur paisible et révéré des nations. Le pape en fut si touché qu'il résolut de lui-même, et sans aucune sorte d'office, de passer par-dessus toutes les règles et les formalités de sa cour, et il en fut unanimement applaudi. Il tint exprès un consistoire, il y déplora la perte infinie que faisait l'Église et toute la chrétienté; il fit un éloge complet du prince qui causait leurs justes regrets et ceux de toute l'Europe. Il y déclara enfin que, passant, en faveur de ses extraordinaires vertus et de la douleur publique; par-dessus toute coutume, il en ferait lui-même dans sa chapelle les obsèques publiques et solennelles. Il en indiqua tout de suite le jour; le sacré collège et toute la cour romaine y assista, et tous applaudirent à un honneur si insolite. Il avait toujours été rendu réciproquement aux papes en France et à nos rois à Rome, mais non à leurs enfants, jusqu'à la mort d'Henri III.2

2 SAINT-SIMON, Mémoires, t. IV, 1711-1714, La Pléiade, éd. d’Yves Coirault, Gallimard, 1985, pp. 427-428.

1er janvier 1713 UR/PL – 67°56

0-45 / 23-68

Uranus – PlutonApollon - Kronos

UR/PL

Saturne-Hadès-Regulus

VE-JUZE-VU

SO/NEMA/SAUR/PLUR/ADPL/KRCU/APKR/ADAD/PO

La paix d’Utrecht11 avril et 13 juillet

Page 18: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

18

Au 1er janvier 1713, on voit Saturne rejoindre Hadès en transitant sur Régulus, mais aussi, en dehors du réseau habituel, une conjonction Vénus-Jupiter qui s’apprête à transiter Zeus-Vulcanus. On peut y lire une « ouverture pacifique » qui se réalisera, au cours de l’année, avec les traités d’Utrecht signés les 11 avril et 13 juillet, qui seront complétés, ultérieurement, par le Traité de Rastatt (6 mars 1714). Ainsi s’achève enfin cette longue guerre de Succession d’Espagne commencée en 1701.

Un troisième coup du destin frappe le vieux roi et la cour de France avec la mort du duc de Berry,

le 4 mai 1714. Saturne rétrograde transite d’abord sur la conjonction Uranus/Pluton (à 11° Vierge, sur le Soleil de Louis XIV), puis, au début mai, se trouve en conjonction exacte avec Pluton. Né le 31 août 1686, ce prince avait son Soleil voisin de celui de son grand-père (à 8° Vierge), pris dans un carré en T avec Neptune et Poséidon ; en outre, on observe la présence de Jupiter dans une triple conjonction avec Kronos-Admète (à 16° Scorpion).

Plus neutre est ici le commentaire de Saint-Simon sur ce prince, surnommé « Berry bon cœur » par sa grand-tante, la princesse Palatine, à cause de sa joie de vivre et de son affabilité, mais qui souffrait d’un excès de timidité, surtout en présence du Roi, son grand-père. .

Il était le fils favori de Monseigneur par goût, par le naturel du sien pour la liberté et pour le plaisir, par la préférence du monde, et par cette cabale expliquée ailleurs, qui était si intéressée et si appliquée à éloigner et à écraser Mgr le duc de Bourgogne. Comme ce prince, depuis leur sortie de première jeunesse, n'avait jamais fait sentir son aînesse, et avait toujours vécu avec M. le duc de Berry dans la plus intime amitié et familiarité, et avait eu pour lui toutes les prévenances de toute espèce, aussi M. le duc de Berry, qui était tout bon et tout rond, ne se prévalut jamais à son égard de la prédirection. Mme la duchesse de Bourgogne ne l'aimait pas moins, et n'était pas moins occupée de lui faire tous les petits plaisirs qu'elle pouvait que s'il avait été son propre frère, et les retours de sa part étaient la tendresse même et le respect les plus sincères et les plus marqués pour l'un et pour l`autre. Il fut pénétré de douleur à la mort de l'un et à celle de l'autre, surtout à celle de Mgr le duc de Bourgogne lors Dauphin, et de la douleur la plus vraie, car jamais homme n'a su moins feindre que celui-là. Pour le roi, il le craignait à un tel point qu'il n'en osait presque approcher, et si interdit dès que le roi le regardait d'un œil sérieux, ou lui parlait d'autre chose que de jeu ou de chasse, qu'à peine l'entendait-il, et que les pensées lui tarissaient. On peut juger qu'une telle frayeur ne va guère de compagnie avec une grande amitié.3

3 SAINT-SIMON, Mémoires, t. IV, 1711-1714, La Pléiade, éd. d’Yves Coirault, Gallimard, 1985, p. 769.

1er janvier 1714 UR/PL – 71°22

3-48 / 26-71

Jupiter - Saturne – UranusPluton - Cupidon - Kronos

UR/PL

SO/MASO/NEJU/SAJU/URJU/PLJU/POUR/PLUR/KRPL/POKR/PO

Mort du duc de Berry4 mai 1714Saturne – Pluton

Admète

Charles de Berry31 août 1686

Page 19: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

19

A partir de 1715, nous voyons le mi-point Uranus/Pluton, qui avance au milieu du signe de la

Vierge, entrer dans un nouveau réseau de Transneptuniens, celui qui relie Cupidon à Poséidon et, en même temps à l’axe Neptune/Apollon (à 29° Bélier).

Cette nouvelle configuration met en valeur, durant la dernière année de la vie de Louis XIV, un aspect profond de son thème et de sa personnalité, traduit dans la pensée pleine de sagesse qui a présidé à l’ordonnancement des jardins de Versailles.

Dans le thème natal de Louis XIV, le réseau de Neptune/Apollon unit déjà Cupidon et Poséidon

(en H 16) ainsi que Kronos et le Milieu du Ciel. Ce réseau surgit une dernière fois l’année de sa mort, rappelant, par-delà les années, les enseignements que le jeune roi a pu recevoir dans son adolescence du Cardinal de Mazarin, porteur d’une culture néo-platonicienne à laquelle lui-même avait pu être initié en Italie, grâce aux Colonna, les inspirateurs du Songe de Polyphile.4

4 Cf. à ce propos l’article d’Aude de Kerros présentant le livre Les Jardins du Songe de la princesse Kretzulesco Quaranta, résumé d’une communication au Colloque de Rambures sur les Parcs et Jardins au Moyen-Âge et à la Renaissance (en 2004).

1er janvier 1715 UR/PL - 14°48

15-60 / 38-83

UR/PL

NE/AP

Soleil – Cupidon - Poséidon

MA/ZEMA/VUSA/ADUR/PLUR/KRNE/AP

12-57 / 35-80NE/AP

Louis XIV – Réseau Neptune/Apollon

MC - Cupidon – Kronos - PoséidonNE/AP – 11°39Louis XIV

5 sept. 1638 – 11hSaint-Germain-en-Laye

SO/POUR/VUNE/APHA/POZE/POAD/VU

Page 20: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

20

LA MORT DU ROI – L’ANNÉE 1715

Nous allons maintenant suivre le cours de l’année 1715 jusqu’à la mort du Roi, au matin du 1er

septembre, après une maladie de trois semaines. L’étude des cycles planétaires activés durant cette année aboutit à la mise en perspective de quatre figures marquantes. Les deux premières sont représentées telles qu’elles apparaissent toutes deux le 22 mai 1715. D’une part, une double conjonction de lentes reliées par un trigone, avec Jupiter-Neptune (à 10° Taureau) et Saturne-Uranus (à 17° Vierge). Au même moment, le système des Transneptuniens s’articule autour des deux foyers que constituent la conjonction Zeus-Vulcanus (à 17° Verseau) et le groupe Kronos-Admète (dont l’axe est à 6° Sagittaire), reliés en outre à l’opposition Cupidon-Apollon (dont l’axe est à 25° Bélier-Balance).

Alexandre Benois - Les dernières promenades de Louis XIV

Les dates cycliques de l’année 1715 - Thèmes

10 oct. 1715

SA-UR-NE-ZE-VU

22 mai 1715

JU-NE et SA-UR

22 mai 1715

Transneptuniens

10 août 1715

PL-KR-AP

Page 21: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

21

Nous allons maintenant suivre le cours de l’année 1715 jusqu’à la mort du Roi, au matin du 1er septembre, après une maladie de trois semaines. L’étude des cycles planétaires activés durant cette année aboutit à la mise en perspective de quatre figures marquantes. Les deux premières sont représentées telles qu’elles apparaissent outes deux le 22 mai 1715. D’une part, une double conjonction de lentes reliées par un trigone, avec Jupiter-Neptune (à 10° Taureau) et Saturne-Uranus (à 17° Vierge). Au même moment, le système des Transneptuniens s’articule autour des deux foyers que constituent la conjonction Zeus-Vulcanus (à 17° Verseau) et le groupe Kronos-Admète (dont l’axe est à 6° Sagittaire), reliés en outre à l’opposition Cupidon-Apollon (dont l’axe est à 25° Bélier-Balance).

Au moment où se déclenche la maladie du Roi, le 10 août, Pluton (à 7° Vierge) est au relais des deux foyers transneptuniens Zeus/Vulcanus et Kronos/Admète et au sesqui-carré d’Apollon (à 24° Bélier), tandis sa conjonction avec Hadès demeure proche. A la fin du mois, le Soleil transitera d’abord Hadès avant de se joindre à Pluton, avec une exactitude impressionnante, le jour même de la mort.

Enfin, au mois d’octobre, lorsqu’auront lieu les funérailles à Saint-Denis, la conjonction Saturne-Uranus (à 27° Vierge) est reliée au foyer Zeus/Vulcanus et à Neptune (à 11°° Taureau) par un double sesqui-carré.

Premier trimestre

Page 22: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

22

Le thème de l’Ingrès de Capricorne (22 décembre 1714), dressé pour Versailles, présente de fortes configurations attachées à l’Ascendant et au Milieu du Ciel. On observe en particulier le relais du sesqui-carré Uranus-Neptune avec l’Ascendant, avec un Neptune au coucher ; Cupidon, au sesqui-carré de Poséidon, se lève au-dessus de l’Ascendant (à 5° Scorpion) ; quant à l’axe du méridien, on relève la conjonction Zeus-Vulcanus au Fond du Ciel, avec le relais au Milieu du Ciel, en H16, de Kronos et d’Apollon. Toutes ces configurations sont ainsi mises en valeur au seuil de l’année 1715.

12-57 / 35-80

Ingrès Capricorne 1714 – AS et MC AS – 35°21

MC - Pluton – Kronos Apollon - Zeus - Vulcanus

MA/HAJU/HASA/PO

Ingrès Capricorne22 déc. 17143h5m21s TU

VersaillesAS – Uranus - NeptuneMC – 46°17

1-46 / 24-69

Premier trimestre 1715EG – H4 – TrimestrielClassiques – Transneptuniens

HA-AD

AP

ZE-VU

PO

CU

KR

JU

SA-UR

VE r

NE

PL

MA r

ME r

Page 23: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

23

Le tableau trimestriel des éphémérides graphiques permet de suivre d’abord le chapelet des lunaisons qui touchent successivement les lignes de Cupidon, Zeus/Vulcanus, Hadès, Poséidon et le Point Vernal.

On peut voir aussi que la rétrogradation de Vénus est stationnaire (à la fin du Capricorne) sur la ligne de Cupidon au milieu du mois de février, au moment où Louis XIV reçoit avec faste dans la Grande Galerie de Versailles sa dernière grande ambassade, celle de Mehmet Riza Beg, ambassadeur extraordinaire du Chah de Perse Hussein Mirza, qui règne à Ispahan depuis 1694.

Le trône est placé sous un dais somptueux, connu sous le nom de dais de Jupiter, qui représente

Jupiter foudroyant les géants. A la droite du Roi se tient le jeune dernier dauphin, bientôt Louis XV, à sa gauche le neveu du Roi, Philippe d’Orléans, le futur Régent. Le personnage mis en valeur à l’extrême droite du tableau est sans doute le duc du Maine et derrière le duc d’Orléans se montre le visage du comte de Toulouse, les deux fils adultérins de Louis XIV avec la marquise de Montespan. Sont ainsi réunis sur ce tableau les principaux acteurs du drame de la succession du Grand Roi.

Ambassade de Mehemet Riza Beg, ambassadeur du Chah de Perse

19 février 1715 (attribué à Antoine Coypel)

Page 24: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

24

D Lors de l’Ingrès Bélier, l’Ascendant est à 21° Poissons, transité par les mi-points de Jupiter à

Zeus-Vulcanus, tandis qu’au Descendant la conjonction Saturne-Uranus est au sesqui-carré de Neptune. Le Milieu du Ciel (à 26° Sagittaire), au semi-carré de Zeus/Vulcanus, est relié, en H16, à Pluton, Kronos et Apollon. Avec l’amas en Vierge de Saturne-Uranus et Pluton-Hadès, c’est la Maison VI qui est particulièrement mise en valeur – l’axe VI-XII étant en relation avec la maladie.

Deuxième trimestre

5-50 / 28-73

Ingrès Bélier 1715 – AS et MCIngrès Bélier21 mars 17155h42m59s TU

Versailles

13-58 / 36-81

AS – 81°21

MC – 86°19

18-63/ 41-86

MC – Pluton – KronosApollon – Zeus - Vulcanus

JU/ZEJU/VU

AS – Saturne – Uranus - Neptune

Page 25: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

25

Le 3 mai est le jour d’une éclipse solaire totale, dont la trajectoire traverse la Manche puis le nord

de l’Europe occidentale, longe la Scandinavie, passe sur Saint-Pétersbourg et franchit la Sibérie centrale pour aboutir dans la région de Pékin. La lunaison (à 12° Taureau) est au carré de Zeus-Vulcanus et les mi-points Soleil/Zeus et Soleil/Vulcanus tombent sur le Point Vernal (à 29° Poissons). L’axe Uranus/Pluton (à 12° Vierge) est relié à une conjonction Mars-Cupidon (à 27° Balance).

Le thème dressé pour Versailles montre cette conjonction Mars-Cupidon au carré exact de

l’Ascendant (à 28° Cancer)

ES – 3 mai 1715 114 - T - 9h29 TU12°14 Taureau

Eclipse – 3 mai 1715

19-64 /42-87

S/L – 42°14

3-48 / 26-71

UR/PL – 71°37

Mars – Cupidon

MA/CUSA/PLSA/ADUR/PLUR/ADPL/POCU-APKR/PO

UR/PL

PV=SO/ZE=SO/VU

ES – 3 mai 1715 114 - T - 9h29 TU12°14 Taureau

Versailles

Eclipse – 3 mai 1715 - Versailles

19-64 /42-87

S/L – 42°14

3-48 / 26-71

UR/PL – 71°37Ascendant - Mars - Cupidon

MA/CUJU/APSA/PLSA/ADUR/PLUR/ADPL/POCU-APKR/PO

UR/PL

AS=MA=CU

Page 26: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

26

Au moment de cette éclipse, le Roi et ses proches séjournaient non à Versailles, mais à Marly, résidence préférée de Louis XIV. Ce vendredi 3 mai, le Roi se lève un peu plus tôt que d’habitude et, avant d’aller à la messe, il s’arrête dans le jardin à neuf heures pour voir l’éclipse. Presque toutes les dames étaient dans le jardin dès huit heures et l’astronome Jacques Cassini, spécialiste des satellites et de l’anneau de Saturne, y était venu de l’Observatoire et avait apporté des lunette et tout ce qui est nécessaire pour bien faire voir l’éclipse. Le savant relate ainsi ce moment privilégié :

J’attendis le moment du commencement de l’éclipse, que j’observai très exactement à 8 heures 11minutes 2 secondes. Son Altesse Royale Monseigneur le duc d’Orléans et la plupart des princes, seigneurs et dames de la cour furent présents aux observations et le roi voulut s’y trouver avant que le soleil fût dans sa plus grande éclipse. Sa Majesté assista aussi à la fin, qui fut observée par quelques personnes à 10 heures 27 minutes et 40 secondes et par d’autres à 10 heures 27 minutes et 50 secondes. Le ciel fut serein pendant toute l’éclipse. On aperçut Vénus à la vue simple, lorsque le soleil fut éclipsé de neuf doigts. On distingua aussi dans le plus fort de l’éclipse Mercure, qui était entre le soleil et Vénus, et qui fut remarqué longtemps par Son Altesse Royale Monseigneur le duc d’Orléans.5

On admirera la précision, à la seconde près, du commencement et de la fin de l’éclipse à Marly, et

l’intérêt porté par le duc d’Orléans à Mercure et à Vénus, qui encadrent le Milieu du Ciel. Alexandre Maral, conservateur en chef au château de Versailles et auteur d’un excellent ouvrage

sur Les derniers jours de Louis XIV, souligne l’importance de cette éclipse dans l’évolution des esprits à l’approche de la fin du Roi. Depuis le 14 mai 1715, cela fait soixante-douze ans que Louis XIV règne et cette date anniversaire a pu être prise en compte pour ouvrir des paris sur l’avenir : l’éclipse du symbole royal par excellence, le Soleil, au profit des ténèbres, pouvait laisser présager la disparition prochaine du souverain. Par ailleurs, Louis XIV lui-même, ne pouvant plus compter, depuis la mort du duc de Berry en avril 1714, que sur son dernier arrière-petit-fils pour assurer la succession en ligne directe, avait déclaré par l’édit de juillet 1714 le duc du Maine et le comte de Toulouse enfants légitimés du souverain, aptes, ainsi que leur postérité mâle et légitime, à succéder au trône. Trois semaines après l’éclipse, le 23 mai 1715, le Roi franchit un dernier pas en signant une déclaration accordant au duc du Maine et au comte de Toulouse le titre de princes du sang.

s Le 18 mai, une éclipse de Lune relie, pour Versailles, les luminaires proches de l’axe du méridien

à Hadès en Maison XII. L’Ascendant (à 13° Vierge) tombe sur le Soleil de Louis XIV.

5 MARAL Alexandre, Les derniers jours de Louis XIV, Perrin, 2014, p. 71.

EL – 18 mai 1715 126 - P – 12h37 TU

26°50 Taureau-ScorpionVersailles

Eclipse – 18 mai 1715 - Versailles S/L – 56°50

S/L - Hadès

12-57 / 35-80

AS sur SO de Louis XIV

HA=ZE (VU)

H 32

Page 27: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

27

Trois semaines plus tard, le samedi 8 juin, vigile de la Pentecôte, le Roi procède pour la dernière fois au toucher des écrouelles. La cérémonie, selon le témoignage du marquis de Dangeau, concerne ce jour-là mille sept cents malades, que le Roi va toucher selon un rituel bien établi :

Au son des tambours et des fifres des Suisses, qui battent et jouent durant toute la cérémonie, le roi s’avance vers le premier des malades, qui s’est agenouillé. Accompagné de son grand aumônier, il s’arrête devant lui, lui passe la main sur le visage, du front au menton puis d’une oreille à l’autre, en disant : « Le roi te touche, Dieu te guérisse ». Il donne ensuite une bénédiction en refaisant le signe de croix, mais sans toucher le visage. Le grand aumônier distribue une aumône, puis le roi passe au malade suivant. Et ainsi mille sept cents fois.6

6 Ibid., p. 87.

Troisième trimestre

Ingrès Cancer 1715 - Versailles Ingrès Cancer22 juin 1715

4h47m23s TUVersailles

12-57 / 35-80

AS – 11°39

MC – 72°20

4-49 / 27-72

MC – Cupidon - PoséidonSO/MASO/APJU/PLJU/KRPL/ZEPL/VUZE/KRKR/VU

Ascendant - Hadès

Page 28: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

28

L’Ingrès de Cancer va présider à la disparition du Roi avant le début de l’automne suivant. Pour

Versailles, l’Ascendant est relié par semi-carré à Hadès et à son réseau de flux ondulatoire de mi-points. Le Milieu du Ciel (à 12° Poissons), opposé au Soleil natal de Louis XIV, est relié à la conjonction Mars-Cupidon au sesqui-carré de Poséidon, tandis que la Fond du Ciel est encadré par les conjonctions Pluton-Hadès et Saturne-Uranus.

Le tableau trimestriel en H4 montre les positions stationnaires de Mercure rétrograde sur les

lignes de Hadès et de Zeus-Vulcanus. Trois relais solaires ou martiens sont mis en évidence : le transit de Mars sur la ligne Zeus-Vénus le 12 août, le passage du Soleil sur Hadès le 26 août, puis sur Pluton, le 1er septembre, jour de la mort du Roi.

Les lunaisons suivantes vont ponctuer et relayer les indications de l’Ingrès précédent.

Troisième trimestre 1715EG – H4 – TrimestrielClassiques – Transneptuniens

HA-AD

AP

ZE-VU

PO

CU

KR

JU

SA-UR

NE

PL

ME r

ME r

Page 29: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

29

Lors de la Nouvelle Lune du 30 juillet, Cupidon se place juste sur l’Ascendant, au relais

d’Uranus/Pluton à 13° Vierge, sur le Soleil de Louis XIV. La lunaison trône au Milieu du Ciel , au relais de Mars, de Saturne et de Neptune.

La dernière maladie du Roi débute le 10 août. au moment où le Soleil se trouve à l’opposé de la

conjonction Zeus-Vulcanus. Le dimanche 11 août, il effectue sa dernière promenade, éprouvant des douleurs de sciatique à une jambe et à la cuisse. On le soigne avec des frictions de linges chaudes, traitement alors employé contre la goutte, mais aussi contre la gangrène. Mais, selon Alexandre Maral, il est peu probable que les médecins aient alors déjà identifié cette terrible maladie. Le mardi 13 août, c’est le dernier souper du Roi au grand couvert, et le lendemain la dernière messe à la chapelle royale : depuis la tribune, le Roi assiste à la messe de la vigile de l’Assomption. C’est à partir de ce jour que la maladie du Roi semble vraiment préoccupante.

S/L - 13-58 / 37-82

S/L – MC- MA-SA-NE

NL – 30 juillet 171511h56 TU 6°33 LionVersailles

CU=AS=UR/PL

Nouvelle Lune du 30 juillet 1715 - Versailles

Page 30: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

30

La Pleine Lune du 15 août, la dernière du vivant de Louis XIV, présente à nos yeux un intérêt

particulier. En effet, la lunaison s’inscrit au méridien dans l’axe de 21° Lion-Verseau, axe qui sera précisément celui de l’opposition Uranus-Pluton de 1793. On est là en présence d’une de ces signatures cosmiques discrètes qui témoignent de la subtile harmonie avec laquelle est tissée la grande toile de l’histoire du monde. Il faut descendre dans les profondeurs de l’Harmonique 16 pour constater le lien entre cette lunaison et la figure récurrente reliant Cupidon à Poséidon et à l’axe Uranus/Pluton (à 13° Vierge, sur le Soleil de Louis XIV).

Le 21 août, arrivent de Paris à Versailles dix médecins qui se joignent aux médecins de la cour et

sont introduits par Fagon devant le Roi, qui les accueille avec affabilité et leur dit :

Vous me voyez, Messieurs, dans un fâcheux état de maladie depuis le 10 de ce mois sans pouvoir trouver aucun secours. Je vous ai mandé pour savoir de vous si vous pouvez me procurer quelque soulagement aux maux qu’il plaît au Seigneur de m’envoyer, ils sont grands mais je m’y soumets puisque c’est sa volonté.7

Dès le lendemain, Saint-Simon signale que « l’état du Roi, qui n’était plus ignoré de personne,

avait déjà changé le désert de l’appartement de M. le duc d’Orléans en foule ». Ce dernier, garant de la légitimité successorale, s’impose comme l’arbitre de la situation.

Le mot de gangrène finit par être prononcé le 24 août ; la terrible maladie est enfin identifiée par les médecins. Le soir, la putréfaction a fait de spectaculaires progrès, la noirceur a gagné l’ensemble du pied. Louis XIV comprend alors qu’il risque sa vie ; il est atteint d’une grande mélancolie et, dès lors, son confesseur, le P. Le Tellier, ne le quitte plus. A onze heures du soir le 25 août, jour de la Saint-Louis, le Roi se confesse et le viatique lui est administré ainsi que l’extrême-onction par le cardinal de Rohan. Alexandre Maral rapporte le témoignage des frères Anthoine, attachés au service de la Chambre de Louis XIV, dont le Journal fournit des indications médicales que l’on ne trouve pas ailleurs :

7 Ibid., p. 148.

S/L - 6-51 / 29-74

H 16 - S/L – UR/PLME-VE-CU-PO

PL – 15 août 17150h05 TU – 21°25

Lion-VerseauVersailles

S/L dans l’axe de l’opposition UR-PL de 1793

Pleine Lune du 15 août 1715 - Versailles

SO/LUAS/HAAS/ADSA/ADUR/PLUR/KR

H 16

S/L – 51°25

Page 31: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

31

M. le cardinal [de Rohan] lui administra les saints viatiques et l’extrême-onction, qu’il reçut avec une grande démonstration de componction et de piété, répétant plusieurs fois ces paroles entrecoupées de sanglots et de larmes : « Mon Dieu, ayez pitié de moi, j’espère en votre miséricorde ». Il n’y eut personne qui ne fût attendri à ce spectacle. Les pleurs et les gémissements retentissaient de tous côtés. A cette nouvelle accourut une si grande affluence de peuple que non seulement les appartements et la cour du château, mais bien les rues et places de Versailles en étaient remplies. C’était une consternation générale, tant ils étaient alarmés du péril où était le roi.8

Cependant, le Roi, après la phase dépressive qui a suivi la prise de conscience de son état

véritable, s’est ressaisi. Il ajoute, à la suite du premier codicille qui datait du 13 avril 1715, un second texte, de deux lignes, qui désigne pour précepteur du dauphin l’ancien évêque de Fréjus, Fleury, et pour confesseur le P. Le Tellier. Puis, selon le Journal de Dangeau, le Roi s’adresse au maréchal de Villeroi :

Monsieur le maréchal, je vous donne une nouvelle marque de mon amitié et de ma confiance en mourant : je vous fais gouverneur du dauphin, qui est l’emploi le plus important que je puisse donner. Vous saurez par ce qui est dans mon testament ce que vous devez faire à l’égard de M. le duc du Maine. Je ne doute pas que vous ne me serviez après ma mort avec la même fidélité que vous l’avez fait pendant ma vie. J’espère que mon neveu vivra avec vous avec la considération et la confiance qu’il doit avoir pour un homme que j’ai toujours aimé. Adieu, Monsieur le maréchal. J’espère que vous vous souviendrez de moi.9

Le Roi mande enfin son neveu, le duc d’Orléans :

Après avoir reçu ses sacrements, il envoya quérir M. le duc d’Orléans, lui parla longtemps et lui parla avec beaucoup d’estime et d’amitié, et l’assurant qu’il ne trouverait rien dans son testament dont il ne dût être content, lui recommandant la personne du dauphin et l’intérêt de l’État. Après cette conversation, le bruit se répandit dans toute la cour que le roi l’avait déclaré régent.10

Louis XIV a tenu ainsi à rassurer son neveu et il lui fait comprendre qu’il a su résister à toutes les

pressions qui se sont manifestées depuis des mois en faveur de son petit-fils Philippe V d’Espagne. Le lundi 26 août sera le grand jour des adieux, un moment d’intense émotion, mais aussi d’une

grandiose mise en scène de la majesté royale, dont témoigne les propos consignés dans le Journal de Dangeau. Ce jour-là, le mi-point Soleil/Lune transite Vénus et Mercure, entre 13° et 17° du Lion, en opposition à la conjonction Zeus/Vulcanus à 15° du Verseau.

C’est tout d’abord l’adieu aux princes :

Messieurs, je vous demande pardon du mauvais exemple que je vous ai donné. J’ai bien à vous remercier de la manière dont vous m’avez servi et de l’attachement et de la fidélité que vous m’avez toujours marquée. Je suis bine fâché de n’avoir pas fait pour vous ce que j’aurais bien voulu faire. Les mauvais temps en sont cause. Je vous demande pour mon petit-fils la même application et la même fidélité que vous avez eue pour moi. C’est un enfant qui pourra essuyer bien des traverses. Que votre exemple en soit un pour tous mes autres sujets. Suivez les ordres que mon neveu vous donnera. Il va gouverner le royaume. J’espère qu’il le fera bien. J’espère que vous contribuerez tous à l’union et que, si quelqu’un s’en écartait, vous aideriez à le ramener. Je sens que je m’attendris et que je vous attendris aussi. Je vous en demande pardon. Adieu, Messieurs. Je compte que vous vous souviendrez quelquefois de moi.11

Puis vient l’adieu le plus célèbre, celui que Louis XIV adresse à son successeur, à son arrière-

petit-fils âgé de cinq ans :

8 Ibid., p. 166. 9 Ibid., p. 168. 10 Ibid., p. 169. 11 Ibid., p. 179.

Page 32: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

32

A midi, Sa Majesté a fait entrer le petit dauphin dans sa chambre, et après l’avoir embrassé il lui a dit : « Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d’être soumis à Dieu et du soin que vous aurez à soulager vos peuples. Il faut pour cela que vous évitiez autant que vous le pourrez de faire la guerre : c’est la ruine des peuples. Ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ai donné sur cela. J’ai souvent entrepris la guerre trop légèrement et l’ai soutenue par vanité. Ne m’imitez pas, mais soyez un prince pacifique, et que votre principale application soit de soulager vos sujets. Profitez de la bonne éducation que Mme la duchesse de Ventadour vous donne, obéissez-lui et suivez aussi pour bien servir Dieu les conseils du Père Le Tellier, que je vous donne pour confesseur. »12

Selon les frères Anthoine, après avoir parlé au dauphin, Louis XIV « élevant les yeux au ciel et

les mains jointes », lui donna sa bénédiction en disant :

Seigneur, je vous l’offre, cet enfant, faites-lui la grâce qu’il vous serve et honore en roi très chrétien et vous fasse adorer et respecter par tous les peuples de son royaume.

Puis le roi s’adresse à la gouvernante du dauphin, Mme de Ventadour :

« Pour vous, Madame, j’ai bien des remerciements à vous faire du soin avec lequel vous élevez cet enfant et de la tendre amitié que vous avez pour lui ; je vous prie de la lui continuer, et je l’exhorte à vous donner toutes les marques possibles de sa reconnaissance. » Après quoi il a encore embrassé le dauphin par deux fois, et en fondant en larmes il lui a donné sa bénédiction. Le petit prince, mené par la duchesse de Ventadour, sa gouvernante, en est sorti en pleurant, et ce tendre spectacle nous a tiré des larmes à tous.13

Un moment après, le roi a envoyé quérir le duc du Maine et le comte de Toulouse et leur a parlé

la porte fermée. Il a fait la même chose avec le duc d’Orléans. La teneur des paroles adressées par le roi à ses deux fils et à son neveu n’est pas connue.

Le Roi réserve son quatrième grand discours pour les cardinaux de Rohan et de Bissy. Dans son adieu aux officiers, il déclare : « Je m’en vais, mais l’État demeurera toujours ». Le discours aux officiers est suivi d’un entretien privé avec Mme de Maintenon. Et c’est enfin le tour des princesses, précédées par Madame, la Princesse Palatine, mère du duc

d’Orléans :

Et dans l’instant, Sa Majesté a fait entrer dans sa chambre Madame et toutes les princesses, qui ont été suivies de leurs dames d’honneur. Elles n’y ont été qu’un moment, et je ne comprends pas comme le roi a pu résister aux lamentations et aux cris qu’elles ont toutes fait.14

Dangeau conclut ces adieux par un jugement où il s’incline devant la grandeur de Louis XIV :

Enfin, quelque grand qu’il ait été dans le cours glorieux d’un règne de soixante-douze ans, il s’est encore fait voir plus grand dans sa mort. Son bon esprit et sa fermeté ne l’ont pas abandonné un moment, et en parlant avec douceur et bonté à tous ceux à qui il a bien voulu parler, il a conservé toute sa grandeur et sa majesté jusqu’au dernier soupir.15

Le lendemain soir, le Roi a un nouvel entretien avec Mme de Maintenon. C’est le vendredi 30

août que Mme de Maintenon s’en va à Saint-Cyr pour n’en revenir jamais. Il est probable que, sur le conseil du Roi, l’épouse secrète soit partie à temps pour éviter d’éventuelles insultes.

Dangeau rapporte aussi ces propos du Roi, adressés à deux des garçons de la Chambre qui pleuraient au pied de son lit :

12 Ibid., p. p. 180. 13 Ibid., p. 182. 14 Ibid., p. 187. 15 Ibid., p. p. 189.

Page 33: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

33

Pourquoi pleurez-vous ? Est-ce que vous m’avez cru immortel ? Pour moi, je ne l’ai jamais cru être, et vous avez dû vous préparer depuis longtemps à me perdre dans l’âge où je suis.16

Durant ces journées, où les bruits concernant la santé du Roi sont fluctuants, le commissaire de

police Narbonne relève les mouvements de foule des courtisans :

Les jours où le roi paraissait s’approcher du moment critique, sa chambre se trouvait vide de seigneurs et de courtisans, qui allaient en foule chez le duc d’Orléans. mais dès qu’il se répandait que le roi se trouvait mieux, on voyait tout à coup la même foule de seigneurs et de courtisans quitter les appartements du duc d’Orléans pour retourner chez le roi. Ces scènes se renouvelèrent plus d’ne fois et l’on voyait alternativement le duc d’Orléans tantôt seul et tantôt environné des grands de l’État.17

La Nouvelle Lune du 29 août est pleinement évocatrice de la mort qui s’approche, avec la

lunaison tombant en plein sur le mi-point Pluton/Hadès (à 6° Vierge). Elle est reliée aussi à Kronos/Admète et aux deux axes que forme le Milieu du Ciel avec Hadès (5° Gémeaux) et avec Admète (21° Capricorne).

C’est dans l’ombre de cette funèbre Nouvelle Lune que Louis XIV va vivre son agonie. Le

samedi 31 août, à dix heures et demi du soir, on dit les prières des agonisants, et le Roi y mêle sa voix, avec force, émotion et componction. A ce moment, le mi-point Soleil/Lune transite Saturne, à 25° Vierge.

16 Ibid., p. 198. 17 Ibid., p. 205.

S/L - 20-65 / 43-88

Soleil/Lune = Pluton/Hadès

NL – 29 août 17150h06 TU

4°56 ViergeVersailles

Nouvelle Lune du 29 août 1715 - Versailles S/L – 64°56

SO/ADSA/ZESA/VUPL/HAPL/ADMC/HAMC/ADHA/KRKR/AD

Page 34: Louis XIV annonce l’avènement de son petit-fils au trône d ...ridoux.net/spip/IMG/pdf/-48.pdf · Rarement mort aura été aussi précisément inscrite dans la table des cycles

34

Le dimanche 1er septembre, à 8h23, Louis XIV rend son esprit. Le Soleil est exactement conjoint

à Pluton et le mi-point Soleil/Lune, à 27° Vierge, passe au sesqui-carré de la conjonction Zeus-Vulcanus.

Aussitôt le Roi mort, le duc de Bouillon, grand chambellan, apparaît au balcon de la chambre du Roi et crie : « « Le roi Louis XIV est mort » et, par trois fois, « Vive le roi Louis XV ». Le duc d’Orléans est allé avec tous les princes du sang saluer le jeune roi ; dès que cet enfant a entendu le traiter de Sire et de Majesté, il a fondu en larmes et en sanglots, sans qu’on lui eût dit que le Roi fût mort.

Nous conclurons par le beau jugement d’Alexandre Maral sur cette mort royale :

L’État légué par Louis XIV demeure à travers les temps, malgré la disparition de celui qui l’incarne. Le spectacle des derniers moments de Louis XIV met en scène, au-delà de l’émotion, un souverain qui se voit mourir et se laisse voir mourir dans toute sa dignité. C’est une mort d’État, au service de l’État. Roi solaire et rayonnant, au-dessus des contingences du monde, roi impassible, presque abstrait, Louis XIV lègue un modèle d’État souverain auquel il s’est identifié et pour lequel il propose à ses successeurs un modèle d’identification. En quelque sorte, sans contredire la parole du roi et sans craindre de citer une formule apocryphe, on peut dire que l’État, ce fut lui.18

Charles Ridoux

Amfroipret, le 16 août 2015

18 Ibid., p. 282-283.

L’automne à Versailles