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Parution Lettre de la Stomatologie 48 - novembre 2010
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Espace biologique implantairepar Dr Périssé
L’espace biologique est la jonction tissulaire séparant le milieu inté-
rieur du milieu extérieur. Si cette jonction est constante dans le
temps, elle n’est pas forcément stable mais sujette à récession. Cet
espace biologique est constant quelque soit le système implantaire
jusqu’à ce qu’il soit dépassé par une agression généralement bac-
térienne. Son intégrité atteinte, l’os s’efface pour que cette zone de
jonction se reconstitue. Le processus peut ainsi se stabiliser, sans
réparation ad integrum ou s’aggraver et se chroniciser. La perte de
hauteur le long de l’implant est alors constante et progressive jus-
qu’à la perte éventuelle de l’implant par lyses osseuses successives.
Cette zone est de ce fait considérablement précieuse, elle est le
témoin de la bonne santé de nos reconstructions implantaires.
Améliorer la stabilité de cette zone est un enjeu constant de notre
discipline. Nous étudierons les conditions de ce maintien ou de
cette perte.
LES ÉCOLES SUCCESSIVES
Sur le plan historique l’école Branemarkienne a vu le jour sur les
ruines apparentes des courants implantaires des années antérieures
aux années soixante. La codification des pratiques a été alors l’ori-
gine de la restructuration de notre discipline et de son succès
actuel. Ce renouveau spectaculaire des années quatre-vingt a
effacé, pour un temps, les pratiques antérieures dont aujourd’hui
nous apercevons les résurgences. Il n’existe plus une école, mais,
aujourd’hui, des écoles. Traditionnellement deux écoles se sont
affrontées l’une représentant l’école Branemarkienne avec la mise
en place d’implants en deux temps, l’autre représentée par l’école
schroederienne avec la mise en place d’implants en un temps.
ECOLE SCHROEDERIENNE
Aujourd’hui bien admise par le courant Branemarkien cette école a
représenté le courant trans-muqueux en un temps, parfois même
associé à des mises en charges immédiates tel qu’elles étaient réali-
sées par Tramonte, Cherchève, ou encore Linkow. Ces techniques
alors utilisées peuvent être considérées aujourd’hui comme des
techniques proche des concepts dits « modernes ».
La différence entre trans-muqueux et systèmes enfouis est cepen-
dant fondamental. Cette différence ne concerne pas l’histologie tis-
sulaire ni le type d’attache tissulaire mais les possibilités de gestion
des tissus dans la période post implantation.
L’école Schroederiene se distingue de la technique de mise en nour-
rice par le fait que l’implant et son pilier sont placés dans le même
temps chirurgical et que l’incision muqueuse et la trépanation
osseuse réalisent leur cicatrisation de façon simultanée. Cette diffé-
rence n’est pas sensible dans la mesure où elle exclue une cicatrisa-
tion de seconde intention au voisinage du matériel implanté.
L’environnement, uniquement conjonctif au contact de l’émergence,
semble plus favoriser une migration épithéliale vers l’apex et un
risque de non ostéointégration qu’un environnement directement
épithélial bien accolé par suture au niveau de l’émergence du
matériau implanté.
Dans de bonnes conditions, cette cicatrisation aboutit à une cicatri-
sation en trois étages classiques, un sulcus, une attache épithéliale,
une attache conjonctive.
Ces étages sont de trois niveaux:
• Le sulcus estimé entre 0,5 et 1mm (S)
• Une attache représentée par un épithélium jonctionnel variant de
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1à 2mm (Ej)
• Une attache conjonctive de 1 à 2mm (TC)
L’exemple clinique qui suit montre la création de l’espace biolo-
gique, quelle que soit la technique d’insertion. Nous observons,
dans toutes les conditions d’implantation, une perte osseuse initiale
qui débute pendant la phase de cicatrisation. Il est admis que cette
perte soit, selon les auteurs, de l’ordre de 0,5 à 1mm.
L’ÉCOLE BRANEMARKIENNE
L’école branemarkienne est l’école du renouveau des années
quatre-vingt, elle est devenue la plus classique. Elle préconise l’im-
plantation en deux temps, bien que cette école se soit adaptée en
ayant également dans sa gamme des outils implantaires du un
temps.
Sur un implant en 2 pièces
La différence qui la caractérise est l’enfouissement de l’implant pen-
dant la période d’ostéointégration. Il n’est pas observé de ce fait de
perte initiale et parfois même un recouvrement osseux de la vis de
cicatrisation. Cette technique n’a donc pas, vis-à-vis de la perte
osseuse initiale, d’effet majeur. Secondairement, cette perte est
observée lors de la mise en fonction de l’implant, elle est alors iden-
tique à celle observée en technique en un temps. La perte qu’il
convient d’escompter avec cette approche est, selon les auteurs, de
1 à 1,5mm. La différence des deux concepts ne se joue pas de ce
fait de façon significative sur ces caractéristiques, les résultats sont
voisins.
L’exemple clinique
ci-contre montre le
niveau de récession
qui est classique-
ment observé.
Lorsque l’on com-
pare ces deux tech-
niques nous obser-
vons que leurs
résultats aboutissent
à la même consta-
tation, qu’il existe
une conservation
d’un espace biolo-
gique formé d’un
sulcus, d’un épithé-
lium jonctionel et
d’une attache
conjonctive. Cet
espace biologique
représente l’organi-
sation de défense
du corps humain
vis-à-vis de l’im-
plant, c’est sa
« structure de
défense ». Nous
verrons que si cette
structure migre api-
calement à la sur-
face de l’implant,
cette structure est
conservée malgré
les avatars cliniques
quels que soient les
niveaux de réces-
sion observés, jusqu’à la perte de l’implant.
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L’ÉCOLE DE LA SWITCHING-PLATFORM
Devant ces défauts de perte osseuse une technique dite de swit-
ching-platform a vu le jour et prétend éradiquer ce fléau que repré-
sente la perte osseuse.
Le concept est séduisant il est basé sur le fait qu’un rétrécissement
du col de l’implant au niveau de l’attache épithéliale serait la solu-
tion vis à vis de l’herméticité microbienne et de ce fait, la fin de la
fuite osseuse. Il faut remarquer que le rétrécissement est une notion
relative. Le rétrécissement sur un implant large n’ayant pas la même
valeur que le rétrécissement sur un implant de faible diamètre. Ce
n’est donc pas la circonférence ni le diamètre qui pourrait jouer un
rôle mais les circonstances anatomiques liées à un rétrécissement
sous-jacent à un sur-contour qui soit supporté par un plateau sensé
épanouir l’attache épithéliale.
EVOLUTION DES TISSUS PÉRI-IMPLANTAIRES
SELON CES TROIS ÉCOLES
Les tissus péri-implantaires diffèrent des tissus parodontaux de
façon évidente par l’absence de cément et ne présentent pas de ce
fait de système d’attache permettant de constituer une barrière
réelle à la pénétration bactérienne.
Il est de notre ressort et celui du patient de prendre les mesures pré-
ventives afin de diminuer la prévalence des agents étiologiques.
Par la mise en place de l’implant et du pilier, le site artificiellement
créé, doit, par les conditions anatomiques de la restauration rester
sain.
Nous constatons que la multiplication cellulaire bactérienne dans
l’environnement créé, est une réalité qui conduit à la nécessité
d’une maintenance à long terme. Cette multiplication bactérienne
trouve, dans les espaces morts mécaniques des systèmes internes
des implants, un refuge idéal à la prolifération.
Ceci a été accepté par tous les implantologistes. Selon GRANT les
patients implantés doivent être parfaitement éduqués sur la mainte-
nance de base et peuvent être considérés comme des co- théra-
peutes.
Cette maintenance a pour but de conserver un état de bonne santé
osseuse et parodontale.
Notre étude en microscopie électronique à balayage s’est attachée
à montrer la présence de cette flore bactérienne responsable de la
destruction au niveau de la zone sensible de l’édifice : la jonction
implant pilier, les espaces morts et les vis internes de fixation de
prothèses.
Parmi les deux facteurs de cette destruction, le facteur occlusal et le
facteur bactérien ont une co-responsabilité.
Ces attaques bactériennes vont se situer plus particulièrement dans
la région de faiblesse de l’espace biologique où elles vont avoir un
effet destructeur. Cependant cette attache épithélio conjonctive pré-
sente la caractéristique de fuir ces agressions dans une constance
qui est représentée par le maintien de la structure de l’étage en trois
niveaux :
• Le sulcus qui reste de 0,5 à 1mm
• L’attache épithéliale qui reste de 1 à 2mm
• L’attache conjonctive constante à 1 ou 2mm
Ainsi cette sertissure de 3mm, d’épaisseur constante, semble la
caractéristique retrouvée par les différents auteurs.
Cette constance
fuira face à
l’agression (2),
dénudant progres-
sivement les spires
de l’implant jus-
qu’au moment où
la crête osseuse,
perdant son sup-
port (3), s’effondrera à son tour.
C’est ce que nous observons sur le cas clinique du dessus dans
lequel la récession s’est stabilisée à un niveau inesthétique, ceci sur-
vient quel que soit le concept enfouit, trans-gingival ou switché.
Effectivement les résultats cliniques de la switching-platform ne sem-
blent pas toujours aussi prédictibles qu’ils ne le paraissent comme
le montre le cas clinique antérieur qui suit.
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Sur l’exemple clinique du secteur antérieur qui précède l’attache
épithéliale est inflammatoire et la hauteur de perte est voisine des
résultats les plus déficients que l’on connaisse dans les deux écoles
précédentes pas plus que dans l’exemple clinique mandibulaire
qui le suit.
Quels que soient les sites, cette fuite s’observe de façon inconstante
comme le montre la radiographie suivante sur laquelle la perte de
36 est prochaine et le maintien des structures complet sur 37.
Il n’y a donc pas de remède miracle vis-à-vis de cette perte
osseuse primaire. Certaines tentatives ont été faites vers le sur-
contour des reliefs prothétiques. Ces dispositifs sont plus un cache
misère qu’un moyen thérapeutique. Ils peuvent aggraver parfois le
cas. Ces techniques n’ont pas plus de succès vis-à-vis de la perte
osseuse que les systèmes précédents. L’exemple qui suit montre ses
limites car il est non seulement inesthétique mais présente des
conditions d’aggravation du risque de récession par le piège à
plaque qu’il représente.
Dans ce type de
montage, le sur-
contour sert de
réservoir à
plaque qui vient
aggraver la
récession au
moment où celle-
ci commence à
a p p a r a î t r e .
Progressivement,
la lésion s’ampli-
fie pour devenir
totale et cela,
malgré l’utilisa-
tion d’une swit-
ching-platform.
Une étude de BER-
GLUNDH et coll
(1991) a montré
que la muqueuse
autour des piliers
prothétiques sur
des implants de
type enfouis pré-
sente certaines
carac tér i s t iques
communes avec le
tissu gingival mais
nous devons dire
que l’absence de
desmodonte et la
pullulation de
germes dans les
espaces morts est
un véritable réser-
voir d’agents agresseurs et de facteurs de péri-implantite.
Une étude de THOUATI (2000) a montré qu’une maintenance
du site pouvait être favorablement améliorée si la cause anato-
mique de la prolifération bactérienne était supprimée, en com-
blant les espaces morts au moyen de pâte endo-canalaire. Cette
technique ayant pour but de diminuer le risque d’infiltration
inflammatoire par le tarissement des zones de pullulation.
S’il existe une infiltration inflammatoire, l’attache épithéliale va
pouvoir migrer en direction apicale uniformément sur la péri-
phérie de l’implant sans obstacle. Ceci entraîne une lyse des tis-
sus de soutien. Cette migration ne sera permise que sous cer-
taines conditions, en particulier occlusales. La
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désostéointégration étant alors la double conséquence de cette
inflammation sous l’effet d’une surcharge occlusale.
L’absence de cément et de ligament empêche l’ancrage direct du
tissu conjonctif sur l’implant et rend les tissus péri-implantaires plus
fragiles lors de l’agression bactérienne.
L’agression bactérienne sera favorisée par le manque de flexibilité
de la liaison qui, sous une contrainte égale, aura une diffusion et
une dilution de la charge plus facile sur la dent naturelle que sur la
jonction implant-os.
De ce fait, la structure cristallo-protéique que représente l’os sera
plus fragile sur le contact implant-os que sur le contact dent-liga-
ment-os. Le ligament représente une phase dans laquelle le pour-
centage protéique et collagénique est supérieur à celui de l’os tra-
béculaire. De ces différences de densité cristalline s’explique la
plus grande fragilité de l’un par rapport à l’autre. On peut donc
expliquer cette liaison par une cohabitation ou une tolérance sous
réserve d’une charge occlusale acceptable.
L’os va “cohabiter” avec l’implant en créant une liaison solide entre
les deux structures qui assureront la stabilité.
Cette liaison sera capable de résister, sous certaines conditions,
aux forces de pression, de tension, et de cisaillement. C’est l’ostéo-
intégration.
Cette fragilité tissulaire est d’autant plus vraie qu’il n’y a qu’une
seule barrière à l’agression bactérienne, la barrière épithéliale et
que la charge occlusale s’appliquera sans amortissement sur le
cristal d’apatite osseux.
La barrière conjonctive n’existe en masse suffisante qu’autour des
dents naturelles.
LES FACTEURS AGGRAVANTS LA PÉNÉTRATION
BACTÉRIENNE DE LA JONCTION IMPLANT PILIER
Les échecs tardifs sont souvent dus à l’infection bactérienne, (BER-
GLUNGH et coll. 1992 ERICSSON et coll.1992, LINDHE et coll.
1992), associée à une surcharge occlusale (LINQUIST et coll.
1988 QUIRYNEN et
coll. 1992 , SANZ et
coll. 1991). Ces élé-
ments ne sont donc
pas nouveaux. Il existe
un certain nombre de
facteurs aggravants.
Ce sont les dévissages,
les microhiatus et les
défauts d’ajustages
des montages scellés.
Ces accidents sont
bien entendu des
aggravations du point
de faiblesse des sys-
tèmes implantaires
que représente l’es-
pace implant pilier.
DÉFAUTS DE DÉVISSAGE :Ces défauts peuvent s’observer sur des implants multiples à diffé-
rents niveaux de la liaison implant pilier ou pilier prothèse.
Les micro-hiatus sont généralement secondaire aux défauts de
fixation ou d’enfoncement des prothèses.
Cette inflammation périphérique apparaît comme une infection
spécifique au site avec un écosystème similaire à celui d’une
inflammation parodontale, l’élimination de la plaque autour des
implants est, de ce fait, nécessaire afin de garantir un succès à
long terme.
Une interface complexe qui se forme réunit les tissus mous, la sur-
face de l’implant et la plaque bactérienne. La formation d’un joint
stable péri-implantaire peut être considérée comme l’établissement
d’un équilibre entre l’épithélium de l’hôte et l’agression de la
plaque bactérienne que GRISTINA a défini comme “la compétition
pour la surface”. (GRISTINA 1987).
Les sites péri-implantaires possèdent moins de structures vascu-
laires que les sites dentaires. L’infiltrat inflammatoire au niveau des
implants est plus riche en cellules neutrophiles et plasmatiques,
alors qu’autour des dents, les macrophages et les lymphocytes sont
dominants.
Il faut ajouter, en denture naturelle, que l’existence, même minime,
d’un fluide gingival, en permanence rythmé par les compressions
et les dépressions ligamentaires sous l’effet des pressions occlu-
sales, joue un rôle favorable d’élimination des toxines par le flot
qui s’exsude. Ce phénomène n’existe pas sur l’implant, ce qui per-
met à la materia alba de réaliser un attachement plus facile et, une
colonisation de proximité plus rapprochée.
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La progression particulière des lésions peri-implantaires peut s’ex-
pliquer par l’hypo-vascularisation et la richesse en collagène de la
région supra-crestale qui est une région de “moindre résistance”.
Cette zone constitue la porte d’entrée pour la flore pathogène.
La maintenance clinique permet le contrôle de la porte d’entrée
bactérienne le long des éléments implantaires en jouant en particu-
lier le rôle du fluide gingival absent et le rôle d’élimination de la
plaque.
Dans ces conditions particulières de plus grandes difficultés d’hy-
giène, il est surprenant d’observer que l’assemblage implant-pilier
est permis de façon sous gingivale.
On comprend mieux les deux affrontements qui ont existé au début
des années 90 concernant les systèmes enfouis et les systèmes en
un temps qui repoussaient au “dehors” cet ajustage implant pilier.
La solution du scellement est-elle un facteur plus favorable pour
maintenir cette santé gingivale ? L’exemple clinique qui suit montre
que non. Ce cas nous montre une péri-implantite présentant une
émission purulente à la pression des tissus.
La radiographie présente des caractères uniquement superficiels
de la destruction osseuse.
L’assemblage pilier implant permet cette fuite bactérienne dans
l’interstice la sensibilité du site est accrue par la présence du scelle-
ment qui vient accroître le risque bactérien s’il n’est pas éliminé.
Ce défaut supplémentaire apparaît au niveau de la crête osseuse,
qui est classiquement une zone dans laquelle l’épithélium est de
moindre épaisseur ce qui diminue la barrière à l’invasion bacté-
rienne. Cimenter cette zone c’est aggraver ce phénomène de
rétention sans pour autant l’éliminer.
L’ouverture d’un lambeau montre la présence de tissus de granula-
tion et du ciment qui sont enlevés à la curette.
La radiographie montre une disparition du soutien osseux de la
papille interdentaire et une situation uniquement cervicale de la
lésion. La plaie est
suturée et la cicatrisa-
tion laisse apercevoir
la jonction implant
pilier malgré le
parage.
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Rencontrez-nousADF 2010
Stand 2M38
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La pénétration bactérienne sur les implants “ad modum” BRANE-
MARK a été bien documentée (QUIRYNEN et coll 1993) nous
savons depuis, que ce montage a fait ses preuves vis-à-vis du
maintien des structures sous la condition d’une surveillance et
d’une maintenance stricte.
Depuis ERICSSON et coll(1995) nous savons qu’il existe la pré-
sence d’un infiltrat de cellules inflammatoires toujours actif au
niveau de la jonction implant pilier 4 à 12 mois après la
connexion des piliers. Cet infiltrat montre que les micro-orga-
nismes résident dans la lumière implantaire.
TRAVERSY et BIREK ont montré “in vitro” qu’une fuite de
Streptocoques Sanguis se produisait le long de l’assemblage pilier
implant d’un système enfouit et QUIRYNEN et VAN STEENBER-
GHE ont trouvé les micro-organismes situés dans le filetage interne
des piliers pouvaient être associés à la perte osseuse observée au
cours de la première année.
Les surfaces internes des différents composants des implants pré-
sentent une flore bactérienne hétérogène. Cette présence bacté-
rienne serait due à la contamination des implants et des piliers
après la mise en charge. PERSSON et coll ont montrés que les
bactéries seraient amenées à migrer de l’extérieur vers l’intérieur
car les implants possèdent des espaces morts microscopiques qui
augmentent lors de la fonction.
QUIRYNEN et NAERT dans d’autres rapports cliniques ont prouvé
qu’une surcharge occlusale joue un rôle déterminant dans l’étiolo-
gie de la perte osseuse péri-implantaire.
Ce que l’on peut retenir c’est que tant qu’il n’est pas mis en
charge, l’implant semble protégé de l’envahissement bactérien. En
effet le phénomène de percolation et d’envahissement des espaces
morts n’a pas débuté.
Déjà en 1991 RANGERT et coll, ont montré qu’après la mise en
fonction des implants, les forces occlusales transversales sur la pro-
thèse induisent un mouvement de flexion des éléments implantaires
augmentant ainsi l’espace entre les composants et provoquent un
phénomène de “POMPAGE” entre la partie interne de l’implant et
le sulcus gingival.
Ces espaces peuvent varier de 20 ?m (Implant Innovation) à 49 ?m
(Nobelpharma A.B.), alors que le diamètre des micro-organismes
oraux est en moyenne de 10 ?m.
Plus grave encore, la mise en fonction masticatoire des implants
joue un rôle de pression et de relâchement sur les accastillages vis-
sés qui montre que ces actions sur le filetage ont tendance à réali-
ser, eux aussi, un phénomène de percolation favorable au dévis-
sage, à la migration bactérienne à l’intérieur des pas de vis des
implants. (PERISSE et VALETTE 1995.).
En effet, lors de la réouverture de tout implant vissé, l’accastillage
démonté est toujours souillé. Il est fréquent d’observer des amas
tartriques au contact des spires du filetage et de la jonction implant
pilier.
Ceci se comprend du fait d’un espacement de 3/100 ème de mm
d’épaisseur qui existe par le fait du jeu obligatoire entre toute
pièce mécanique. Ces 3/100 ème de mm représentent, à l’échelle
du germe, un “boulevard” où leur multiplication est favorisée.
Cette fuite bactérienne qui préoccupe les auteurs justifie donc par-
faitement la nécessité du contrôle de cette porte d’entrée et d’une
maintenance rigoureuse. Cependant, ce phénomène est sans cesse
renouvelé. La maintenance est donc dite “à vie”...!
Nous pouvons nous demander si ces lésions présentent une réver-
sibilité ou une possibilité de stabilisation. Le cas clinique qui suit
nous montre que oui. La radiographie présente le cône de gutta
atteignant la jonction implant pilier en suivant le trajet fistuleux. La
maintenance effectuée nous montre le retour muqueux à l’état nor-
mal. Un agrandissement de l’attache épithéliale montre une craté-
risation conforme à une santé gingivale et une absence d’inflam-
mation clinique.
Nous observons
un retour à la nor-
male après mainte-
nance. La lésion de
départ siège au
niveau de l’espace
i m p l a n t - p i l i e r
comme le montrait
la pointe de gutta
traversant l’abcès.
La lésion est net-
toyée, la gencive et
le manchon trans-
gingival peut à
nouveau être le
siège d’un élément
prothétique.
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L’ACCESSIBILITÉ AU PILIER
La maintenance passe aussi par
l’accessibilité au pilier et la pos-
sibilité de nettoyer efficacement
la jonction entre le pilier et le fût
implantaire.
Le schéma idéal vis-à-vis de la
maintenance passe par la pos-
sibilité de dévissage complet du
pilier et la possibilité d’accès
dans les espaces morts, ce qui
n’est pas toujours possible.
Une fois la maintenance permise les conditions anatomiques
locales passent par un soutien actif du fût papillaire par un os sain
et de volume suffisant. Les dimensions minimales du support
osseux pour une présence satisfaisante de papille sont de 1,5mm
autour du col de l’implant.
En fonction de la distance entre deux implants le soutien osseux
peut présenter des défaillances. Trop près entre eux, les espaces
biologiques se télescopent et le soutien disparaît. Les cratérisations
s’additionnent et la perte sous jacente du support osseux participe
à l’effacement des papilles qui ne trouvent plus de soutien.
Le dessin des radiographies représentant les variations de l’espa-
cement montre ce processus, il explique la nécessité d’un espace-
ment minimal.
Pour soutenir la papille il faut également prévoir une hauteur
osseuse verticale de 1 à 1,5 mm.
La distance entre deux implant doit au minimum être de 3 mm afin
qu’un support osseux existe. Non seulement cet espace minimal
permet une maintenance à la papilli-brossette mais il correspond à
la limite de conflit entre deux cratérisations.
CONCLUSION
La maintenance doit rester un principe fondamental de la santé de
l’espace biologique. Les systèmes vissés offrent un avantage consi-
dérable par leur démontabilité. Ils permettent de nombreuses
modifications de la prothèse et donc d’évoluer avec la bouche du
patient même si la multiplication des dévissages n’est pas sans
conséquences sur l’accastillage et la qualité des pas de vis.
L’accessibilité aux espaces morts et les possibilités de nettoyage
des systèmes internes des implants est une condition nécessaire
aux possibilités de retour à un état péri-implantaire sain en cas
d’infection des systèmes.
L’existence de fûts implantaires lisses dépourvus de vis interne,
rend leur nettoyage plus facile, lors de maintenances.
Il n’y a pas de différence significative entre les différents types de
morphologies jonctionnelles. Le système switché n’ayant pas fait la
preuve de sa supériorité, il convient de s’attacher aux facilités de
démontages et de maintenance plus tôt que d’attendre des solu-
tions liées à une morphologie particulière.
La possibilité de migration bactérienne dans les espaces morts des
systèmes actuels reste totale qu’ils soient enfouis ou transmuqueux.
Le site à risque sera celui dont l’épithélium demeurera le moins
épais, ce qui privilégie les techniques de greffe épithélio-conjonc-
tives en préopératoire sur les sites à risque et le bon espacement
des sites opératoires.
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