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LA VOIX DU NORD Lundi 27 Mai 2013 Pas de congé pour la lutte contre les logements vacants PAR SAMI CHEBAH Fenêtres fermées, rideaux élimés, boîte aux lettres qui déborde et bâti qui se dégrade. Combien d'appartements ou de maisons laissés vides pendant des années à Lille ? Alors même que la demande locative est réelle ? Depuis 2008, la ville mène une lutte pour que ces logements vacants réintègrent le circuit de location. Avec deux leviers face aux propriétaires la carotte ou le bâton. Comment la ville repère les logements vacants? A Lille, dix inspecteurs, un par quartier, sont chargés de traquer les loge- ments laissés à l'abandon ou mal entretenus. Ces agents du service hygiène et santé. dont le rôle pre- mier est de détecter les apparte- ments indignes ou insalubres, ont pour mission de recenser les biens laissés vacants. « Logements in- dignes et logements vacants sont liés », éclaire Audrey Linkenheld, conseillère municipale en charge du logement et rapporteur sur ce dossier à l'Assemblée nationale. Plusieurs raisons peuvent expli- quer la vacance : un loyer trop cher, un propriétaire qui s'ignore ou, c'est assez fréquent, qui manque de moyens pour rénover un logement inhabitable. Tous les deux mois, dix cellules de Lutte contre l'habitat indigne se réunissent pour faire le point sur les logements indignes. Ces réunions regroupent différents acteurs : ser- vices sociaux et hygiène et santé de la ville, bailleurs sociaux, associa- tions, CAF. « Depuis peu, des pro- fessionnels de santé y participent. Les médecins et les infirmiers sont parfois les seuls à pouvoir entrer dans ces logements. » 2 Combien de logements va- « carats à Lille ? Chaque année, le service habitat de La ville traite 1 200 signalements de logements indignes, insalubres ou vacants. Pour 800 à 1 000 de ces loge- ments, les propriétaires 'retrouvés assurent que des travaux sont en- gagés ou vont l'être rapidement. On dénombre de 2 à 300 loge- ments vacants parmi ces 800 à 1 000 cas (le reste entre dans la ca- tégorie indignes ou indécents). Autre outil pour déterminer la va- cance d'un logement, le fichier Fili- com, qui se fonde sur les déclara- tions d'impôts. En 2010, le parc immobilier lillois comptait 12 % de vacances , soit 15 000 logements vides. Ce taux tombe à 5 % pour les vacances dites lourdes, : les loge- ments vides depuis plus de trois ans (soit 6 000 logements). 3 Comment la ville lutte-t-elle contre ces logements vides ? Depuis la loi contre l'exclusion (1998), les propriétaires de loge- ments vacants paient une taxe an- nuelle. Cette année, cet impôt de- La ville traite chaque année 1 200 signalements de logements indignes, insalubres ou vacants. vrait être réévalué à la hausse (12,5 % de la valeur locative pour la première année de vacances, 25 % la deuxième année). À Lille, on agite la carotte. Des aides financières municipales, qui viennent s'ajouter au soutien de l'État (ANAH), sont allouées chaque année pour la rénovation des logements. Ces subventions, sous conditions de ressources et de respect de performances énergé- tiques, se sont élevées à 2 millions d'euros depuis le début du mandat. «À partir du moment où l'on ex- plique que des aides existent, près 70 % des propriétaires engagent les travaux de suite », a constaté Audrey Linkenheld. Le bâton est aussi levé et les pro- priétaires qui font la sourde oreille se voit réveillés par une procédure d'état manifeste d'abandon. Le risque ? Une expropriation pure et simple. « C'est une procédure très encadrée, pondère l'élue. Il faut compter deux ans avant une déli- bération en conseil municipal. Et là encore, on laisse une année au propriétaire pour se mettre dans les clous. » Dans le cas contraire, le logement est récupéré par la ville. Enfin, la déclaration d'utilité pu- blique de travaux peut aboutir aux mêmes conséquences (l'expropria- tion). Résultat ? Les logements vacants sont tombés de 18 400 en 1999 à, nous l'avons écrit, 15 000 en 2010. Ces derniers mois, cette baisse connaît un coup de frein que les spécialistes n'arrivent pas en- core à expliquer. « On pense que les projets ANRU (logements vidés pour déconstruction et logements neuf non-finis et donc vacants) peuvent avoir une incidence sur ces chiffres », émet Audrey Linken- held.l. Vous pouvez signaler un logement vide au service habitat de la ville, t03 20 49 50 00. a EN CHIFFRES 15 000 Le nombre de logements vacants, soit 12 % du parc immobilier lil- lois. La part des vacances lourdes (plus de trois ans) tombe à 5 %. 1 200 Le nombre de signalement de loge- ments insalubres, indignes, ou va- cants que traite chaque année le service habitat. 2 En millions d'euros, les subven- tions accordées durant ce mandat pour inciter les propriétaires à ré- nover leur logement. Les condi- tions sont strictes : exigence de performance énergétique et pla- fonnement des loyers. 1 / 1

Lutte contre les logements vacants à Lille

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LA VOIXDUNORD

Lundi 27 Mai 2013

Pas de congé pour la luttecontre les logements vacantsPAR SAMI CHEBAH

Fenêtres fermées, rideauxélimés, boîte aux lettres quidéborde et bâti qui sedégrade. Combiend'appartements ou demaisons laissés videspendant des années à Lille ?Alors même que la demandelocative est réelle ? Depuis2008, la ville mène une luttepour que ces logementsvacants réintègrent le circuitde location. Avec deuxleviers face aux propriétairesla carotte ou le bâton.

Comment la ville repère leslogements vacants? A Lille,

dix inspecteurs, un par quartier,sont chargés de traquer les loge-ments laissés à l'abandon ou malentretenus. Ces agents du servicehygiène et santé. dont le rôle pre-mier est de détecter les apparte-ments indignes ou insalubres, ontpour mission de recenser les bienslaissés vacants. « Logements in-dignes et logements vacants sontliés », éclaire Audrey Linkenheld,conseillère municipale en chargedu logement et rapporteur sur cedossier à l'Assemblée nationale.Plusieurs raisons peuvent expli-quer la vacance : un loyer tropcher, un propriétaire qui s'ignoreou, c'est assez fréquent, quimanque de moyens pour rénoverun logement inhabitable. Tous lesdeux mois, dix cellules de Luttecontre l'habitat indigne seréunissent pour faire le point sur leslogements indignes. Ces réunionsregroupent différents acteurs : ser-vices sociaux et hygiène et santé dela ville, bailleurs sociaux, associa-tions, CAF. « Depuis peu, des pro-fessionnels de santé y participent.Les médecins et les infirmiers sontparfois les seuls à pouvoir entrerdans ces logements. »

2 Combien de logements va-« carats à Lille ? Chaque année,

le service habitat de La ville traite1 200 signalements de logementsindignes, insalubres ou vacants.Pour 800 à 1 000 de ces loge-ments, les propriétaires 'retrouvésassurent que des travaux sont en-gagés ou vont l'être rapidement.On dénombre de 2 à 300 loge-ments vacants parmi ces 800 à1 000 cas (le reste entre dans la ca-tégorie indignes ou indécents).Autre outil pour déterminer la va-cance d'un logement, le fichier Fili-com, qui se fonde sur les déclara-tions d'impôts. En 2010, le parcimmobilier lillois comptait 12 % devacances , soit 15 000 logementsvides. Ce taux tombe à 5 % pour lesvacances dites lourdes, : les loge-ments vides depuis plus de trois ans(soit 6 000 logements).

3 Comment la ville lutte-t-ellecontre ces logements vides ?

Depuis la loi contre l'exclusion(1998), les propriétaires de loge-ments vacants paient une taxe an-nuelle. Cette année, cet impôt de-

La ville traite chaque année1 200 signalements de

logements indignes,insalubres ou vacants.vrait être réévalué à la hausse(12,5 % de la valeur locative pourla première année de vacances,25 % la deuxième année).À Lille, on agite la carotte. Desaides financières municipales, quiviennent s'ajouter au soutien del'État (ANAH), sont allouéeschaque année pour la rénovationdes logements. Ces subventions,sous conditions de ressources et derespect de performances énergé-tiques, se sont élevées à 2 millionsd'euros depuis le début du mandat.«À partir du moment où l'on ex-plique que des aides existent, près70 % des propriétaires engagentles travaux de suite », a constatéAudrey Linkenheld.

Le bâton est aussi levé et les pro-priétaires qui font la sourde oreillese voit réveillés par une procédured'état manifeste d'abandon. Lerisque ? Une expropriation pure etsimple. « C'est une procédure trèsencadrée, pondère l'élue. Il fautcompter deux ans avant une déli-bération en conseil municipal. Etlà encore, on laisse une année aupropriétaire pour se mettre dansles clous. » Dans le cas contraire, lelogement est récupéré par la ville.Enfin, la déclaration d'utilité pu-blique de travaux peut aboutir auxmêmes conséquences (l'expropria-tion).Résultat ? Les logements vacantssont tombés de 18 400 en 1999 à,nous l'avons écrit, 15 000 en2010. Ces derniers mois, cettebaisse connaît un coup de frein queles spécialistes n'arrivent pas en-core à expliquer. « On pense que lesprojets ANRU (logements vidéspour déconstruction et logementsneuf non-finis et donc vacants)peuvent avoir une incidence surces chiffres », émet Audrey Linken-held.l.

Vous pouvez signaler un logementvide au service habitat de la ville,t03 20 49 50 00.a EN CHIFFRES

15 000Le nombre de logements vacants,soit 12 % du parc immobilier lil-lois. La part des vacances lourdes(plus de trois ans) tombe à 5 %.1 200Le nombre de signalement de loge-ments insalubres, indignes, ou va-cants que traite chaque année leservice habitat.2En millions d'euros, les subven-tions accordées durant ce mandatpour inciter les propriétaires à ré-nover leur logement. Les condi-tions sont strictes : exigence deperformance énergétique et pla-fonnement des loyers.

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