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1 Du 11 au 13 juin 2012 Lycée Français de Vienne

Lycée Français de Vienne · 2012. 11. 23. · 5 Lundi 11 juin -10h30 CE1C : A. SERVEILLELes enfants disent à Rascal lesquels de ses livres ils ont lus. A propos de « Moun »,

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    Du 11 au 13 juin 2012

    Lycée Français de Vienne

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    Revenons à notre auteur, il a montré ses papiers, on l’a laissé passer ! Le voilà à Vienne, ce n’est pas le pays des fleurs mais ce-

    lui de Mozart, lui aussi grand voyageur.

    Il est venu tout seul ? Où est sa famille ? Elle est dans ses albums bien sûr, y’a plein d’histoires de familles dans ses albums, des

    familles qui sont séparées ou qui adoptent, y’a des papous, des mamans bobo ou sorcière, des oncles tatoo, des papis qu’on ap-

    pelle « Capitaine », des frères et sœurs, des voisins et des bébés qui viennent au monde et que tout le monde vient regarder de

    près.

    Mais continuons notre histoire… Maintenant qu’il est à Vienne avec nous, on va en profiter pour lui dire ce qu’on en pense de

    ses albums. Au lieu des compliments habituels, on va se plaindre un peu. Pourquoi ? Eh bien parce qu’un auteur d’album, ça

    décide de tout : comment son histoire commence, ce qui s’y passe, comment elle se finit ...

    Alors voilà, nous, on voudrait vraiment que Poussin Noir trouve des parents, on voudrait effacer les forêts où les cochons ou le

    petit chaperon se font dévorer, on voudrait empêcher le loup d’entrer dans la bergerie, on voudrait que la soupe de navet soit

    aussi bonne que le « Kaiserschmarn » (miam !), on voudrait arrêter le vent qui déshabille l’épouvantail , on voudrait sauver le

    petit des griffes du loup, on voudrait des vrais amis à toutes les pages comme Ronron et Picoti ou bien Pip et Pop, même quand

    on est différent comme Anissa et François.

    On espère vous avoir convaincu …

    On voudrait aussi et surtout encore mieux vous connaître et inventer pleins de nouvelles histoires avec vous, et on a trois jours

    pour faire tout ça. Bienvenue à Vienne! »

    Accueil : lundi 11 juin — 8h40

    Les élèves et leurs enseignants accueillent Rascal dans la cour.

    Après l’exécution d’un pot-pourri dirigé par Mariella et créé par Anne à partir de « Au son de la fanfare », Bernard Bouly sou-

    haite la bienvenue à Rascal au nom de toute l’école, sur un texte de Valérie Quent :

    « C’est l’histoire d’un auteur d’album de jeunesse, qui se fait appeler très bizarrement RASCAL,

    Pourquoi Rascal et pas Bernard, Paul ou François ? Ça on ne sait pas et il faudra qu’il nous explique cette drôle d’idée.

    Bon, maintenant qu’on l’a présenté et qu’on a commenté son nom, il faut qu’on plante le décor de cette histoire.

    Peut-être est-ce pour le changer de son paysage belge, mais il semble que notre auteur aime bien les voyages. D‘habitude ce sont

    ses personnages qu’il fait voyager, de gré ou de force.

    On rencontre toutes sortes de voyageurs: une vache qui prend le train au lieu de les regarder passer, un ours qui fait du stop avec

    un clown sur le dos en rêvant aux forêts d’Amérique, un ogre noir qui se retrouve sur un radeau ou encore un enfant qui conduit

    presque un énorme camion rouge, et même un bébé embarqué dans une boîte en bambou pour traverser le grand océan …

    RASCAL au Lycée français de Vienne

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    Lundi 11 juin — 9h— CE2F : F. IBBA

    Les élèves commencent par un jeu de devinettes qu’ils ont préparé

    à partir des albums de Rascal. S’il réussit à répondre aux questions,

    il recevra à chaque fois une poupée russe fabriquée par la classe.

    Puis F. Ibba parle d’un projet d’écriture sur le thème du départ. En

    effet, depuis le début de l’année scolaire, trois enfants ont quitté la

    classe pour être scolarisés dans d’autres pays, ce qui a été difficile à

    vivre pour leurs amis. Serait-il possible que Rascal les aide à com-

    mencer le texte ?

    Oui… « Il faut d’abord inscrire cette histoire dans un cadre… Je

    vais vous donner un exemple : Pour « Marylin rouge », le point de

    départ a été un camion. Je savais que Louis Joos ferait cet album

    avec moi. C’est un dessinateur qui sait représenter les bâtiments,

    les villes, les machines etc... de manière très vivante. Nous avons

    choisi le rouge comme couleur du véhicule, puis comme chauffeur

    un homme d’environ 40 ans accompagné par un enfant. Je n’avais

    pas envie que ce soit son fils, ça a donc été son neveu. Puis je les ai

    fait partir d’un pays sombre pour aller vers la lumière… Voilà le schéma que j’ai donné à l’illustrateur. Nous avons encore défi-

    ni la première image ensemble, cela évoque une scène de théâtre, comme dans « Le voyage d’Oregon ». Nous avons eu aussi

    l’idée d’une panne. Quand toutes les images ont été là, définies par L. Joos ou par moi-même, j’ai écrit le texte. C’est le seul

    illustrateur avec qui je peux travailler comme ça.

    Ecrire, c’est un métier de voleur… voleur de phrases, de mots, d’images, de poèmes… »

    Les CE2F décident que leur histoire parlera de singes qui vivent sur une île. Un bateau accoste un jour, et un singe décide de

    quitter l’île. Il monte incognito et découvre … par exemple un trafic d’animaux sauvages. Mais bien d’autres idées fusent. Rascal

    suggère que le singe retourne un jour sur son île mais qu’il ne la reconnaisse pas. L’abordant sous un autre angle, il la verrait

    alors comme un paradis.

    Puis Rascal parle de son livre « Nos amis les bêtes », dont il a des dessins originaux qu’il présente à côté du produit fini. « J’ai

    dessiné des tas d’animaux avec différentes techniques. Puis avec mon fils Lucas nous en avons choisi certains et nous avons

    écrit des textes, après des recherches dans les encyclopédies. Les images ont été scannées et retravaillées à l’ordinateur

    (couleurs, détails…) avant le découpage.

    Chaque album a 12 ou 16 doubles pages qu’il faut préparer à l’avance, ce qui donne le rythme au livre. ».

    Pour finir, quelques questions lui sont enfin posées :

    Est-ce que ça te dérange si on te vole des idées ?

    « En fait chacun a sa façon de raconter, qui ne ressemble pas à celle

    d’un/e autre. Soi-même, on peut dire à un certain âge des choses

    qu’on n’aurait pas dites dix ou vingt ans plus tôt. Par exemple « Le

    sourire du roi » est un album où je parle de la mort d’un enfant. Je

    l’ai écrit car mon plus jeune fils a été renversé par un chauffard

    quand il avait 6 ans. Alors que je suivais l’ambulance, je me suis dit

    que j’allais le perdre… C’était terrible…

    Il est possible d’écrire quand on a vécu quelque chose. Un autre

    exemple : « Tout le monde fait caca », que nous avons fait avec Pas-

    cal Lemaître à sa demande. Quand il était petit, il avait très peur d’al-

    ler aux toilettes. Il m’a demandé si je pourrais faire quelque chose

    sur ce thème afin de rassurer les enfants qui pourraient se trouver

    dans une situation pareille à la sienne.

    Combien de temps mets-tu pour écrire ? « Cela dépend… J’ai mis des années à écrire « En 2000 trop loin », qui est un album

    où je parle d’un enfant dont le papa est en prison. J’ai été visiteur de prison pendant dix ans, et je voulais écrire un livre sur ce

    thème, mais je ne savais pas comment m’y prendre. Parfois, c’est beaucoup plus rapide. J’écris sur des sujets qui me touchent,

    par exemple « Sans-papiers ». Je ne trouve pas normal qu’il y ait un trottoir toujours exposé au soleil et un autre où il pleut tout

    le temps ! ».

    Avez-vous un livre en préparation ? Oui, «Les trois petits cochons »

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    Lundi 11 juin - 10h30 - CE1C : A. SERVEILLE

    Les enfants disent à Rascal lesquels de ses livres ils ont lus. A propos de « Moun »,

    il leur explique que c’est une histoire vraie : la mère de ses fils a été une enfant

    adoptée en Belgique, mais qui était née en Corée. Ils ont écrit ce livre ensemble.

    Tu as un fils ? « J’en ai quatre : Rodrigue, Lucas, Marius et Sacha »

    Comment tu t’appelles ? « Mon nom est Pascal. Mais quand mon père m’a

    déclaré à la mairie, l’employé municipal s’est trompé : au lieu de taper

    un « P » il a tapé un « R ». Mon nom officiel est donc Rascal Nottet. »

    Quel âge as-tu ? « Mon fils m’a dit un jour : tu n’es pas un vieux, tu es un

    jeune usé ! »

    Le premier livre que j’ai écrit, «1, 2, 3 cachez-vous la voilà ! » est un livre sur

    les autruches, où les enfants apprennent les chiffres de un à dix en regar-

    dant tout ce que pourrait avaler une autruche dans la chambre. J’ai un

    ami arabe qui m’a dit : Si tu fais un livre sur les chiffres, il faudra que tu

    dises qu’ils ont été inventés par les Arabes, et que leur forme a été choisie

    en fonction du nombre d’angles qu’ils forment. Cette explication se trouve sur la dernière page de ce livre… »

    Pour écrire un livre, il faut un point de départ. Par exemple, on m’a fait la proposition, ainsi qu’à quatre autres auteurs,

    d’écrire un « Livre de naissance » qui allait être envoyé aux-nouveaux nés du département de l’Ardèche et à leurs pa-

    rents en 2012 et 2013. Au début je n’ai pas été très enthousiaste par ce projet. Et puis j’ai eu l’idée de faire parler les

    membres de la famille de ce bébé, ainsi que leurs amis et voisins, chacun donnant son commentaire sur lui. Cette idée a

    été retenue par l’éditeur, et c’est devenu « Au monde ».

    La plupart de mes livres, je ne les ai plus chez moi. Pour chaque nouveau titre, mon éditrice m’en donne dix exemplaires au

    moment de la première édition. Au fur et à mesure je les offre autour de moi, et quand je n’en ai plus, je ne veux en au-

    cun cas les acheter !

    Quand le livre est terminé, juste avant l’impression, on photocopie un exemplaire qui m’est envoyé. Toutes les corrections

    sont encore possibles. Et puis l’imprimeur commence son travail et là on ne peut plus rien faire. Le tirage se fait à 8000

    exemplaires, et ensuite il y a des rééditions, ou pas.

    Y a-t-il des livres en un seul exemplaire ? « Oui, il y a des auteurs qui font cela. Moi pas : ce que j’aime, c’est que mes

    livres soient lus »

    Rascal présente à la classe son livre « Le petit chaperon rouge ». Il explique aux élèves qu’il y a plusieurs versions de ce conte,

    et que lui préfère celle de Perrault à celle de Grimm. Dans la même collection, il a publié « Boucle d’or et les trois ours » en

    2002, et en automne 2012 va sortir un nouveau titre : « Les trois petits cochons ».

    Il fait raconter le conte à un élève, ce que celui-ci fait très bien, puis Rascal lit cet album (sans texte!) avec toute la classe.

    Te sens-tu plus auteur ou plus illustrateur ?

    « L’un et l’autre. J’ai dessiné une dizaine de couvertures de

    romans, et ça m’a beaucoup plu.

    Je fais aussi de la bande dessinée : avec Thierry Murat comme

    dessinateur « Mademoiselle Isoline » chez Delcourt, et

    « Etoile » avec Peter Elliott à l’Ecole des loisirs. Je prépare

    une BD pour les adultes avec Thierry Murat. La BD est mieux

    payée que les albums et j’aimerais en faire plus, mais il y a un

    problème de temps : le dessinateur a besoin d’un an pour faire

    son travail.

    J’arrêterai de travailler à 60 ans. Comme je fais quatre à cinq

    livres par an, il m’en reste encore environ 25 à écrire. Après je

    ne serai plus que dans l’envie et je ferai d’autres choses - de la

    peinture par exemple. Je vivrai dans d’autres pays, où la vie

    est moins coûteuse… »

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    Lundi 11 juin - 13h - CPB : V.QUENT

    Les enfants ont défini ce qu’est une histoire idéale pour eux :

    qu’elle finisse bien,

    qu’elle ait du suspens,

    que les personnages soient des animaux,

    qu’ils aient quelque chose de différent,

    qu’ils voyagent,

    qu’ils puissent être drôles ou cruels.

    Ils demandent à Rascal de les aider à commencer leur histoire.

    Au tableau, il fait avec eux un schéma pour mettre en place les idées,

    une fois que le personnage principal a été choisi : une baleine.

    Puis les élèves sont invités à dessiner par groupes de deux ou trois

    ou bien tout seuls la baleine dans le cadre qu’ils imaginent.

    Voici le produit fini (sans dessins), qui a été terminé par les enfants

    et leur maîtresse après le départ de l’auteur.

    « Au milieu de la mer du Japon vivait une énorme baleine qui s’ap-

    pelait Marlène.

    Un jour, alors qu’elle remontait comme d’habitude à la surface, elle

    fut blessée par un harpon de baleinier.

    Elle se débattit mais le harpon resta planté dans son dos.

    Marlène la baleine perdit beaucoup de sang et s’affaiblissait.

    Elle s’échoua sur une plage, complètement épuisée.

    Là, une petite moule s’approcha de l’énorme mammifère et lui de-

    manda, curieuse:

    « Qu’est-ce que tu fais ? demanda Moulette, comment es-tu arrivée

    jusqu’ici ? »

    La baleine chercha d’où venait cette toute petite voix. Finalement,

    elle aperçut ce petit point noir sous ses yeux.

    « Ah ! C’est toi ? Si tu savais !

    - Je peux t’aider ? Proposa Moulette.

    - Ça m’étonnerait, tu es bien gentille mais beaucoup trop petite ! Je

    nageais tranquillement quand j’ai senti quelque chose dans le dos.

    Sûrement un harpon de ces maudits baleiniers ! J’ai très mal. Je n’ar-

    rive pas à m’en débarrasser.

    -Attends ! Je vais essayer de le retirer. »

    Moulette escalada sur le dos de la baleine, essaya de retirer le har-

    pon.

    C’était impossible.

    Elle ne pouvait rien faire toute seule.

    Elle réfléchit un moment car elle voulait vraiment sauver sa nouvelle

    amie.

    « J’ai une idée, cria-t-elle, pleine d’espoir. Je reviens tout de suite. »

    Elle replongea dans les vagues et quelques minutes plus tard, Marlène aperçut des milliers de petites moules qui suivaient Mou-

    lette.

    Toutes ensemble, elles réussirent à retirer le terrible harpon.

    « Te voilà sauvée ! Retourne vite à l’eau !

    - Certainement pas. Ici, c’est trop dangereux avec ces chasseurs

    de baleines !

    - Ne t’inquiète pas, nous allons t’emmener là où tu n’auras plus

    rien à craindre. »

    Toutes les petites moules formèrent une sorte de radeau pour

    voguer pendant des nuits et des jours. Un soir, elles arrivèrent

    enfin sur une plage déserte.

    « Nous voilà arrivées ! Ici, tu seras en sécurité, lui assura Mou-

    lette.

    - Vous m’avez sauvé la vie et vous êtes devenues mes meil-

    leures amies. Je serai bien triste de vous quitter.

    Alors toutes les petites moules qui s’étaient aussi habituées à

    leur nouvelle amie, se regroupèrent pour former une « baleine »

    de la taille de Marlène, pour pouvoir toujours l’accompa-

    gner ... »

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    Lundi 11 juin — 14h30 — CPA— Mariella Valoise

    Les élèves ont préparé un certain nombre de questions qu’ils soumettent à Rascal :

    Pourquoi tu t’appelles Rascal ? « Est-ce que vous connaissez Hergé ? C’est lui qui a fait Tintin. Eh bien son vrai nom c’est

    Georges Rémy. Il a pris ses initiales : RG et en a fait un pseudonyme. Rascal, c’est un pseudonyme. »

    Pourquoi est-ce que tu changes d’illustrateur ? « Ça permet d’écrire des histoires différentes, ainsi je peux faire plus de livres

    et en vivre. En plus je ne suis ainsi pas seul dans mon travail : Pour le livre Marilyn, j’ai rencontré Joos, l’illustrateur,

    dix ou quinze fois.»

    Pourquoi tes histoires se terminent mal ? « Elles finissent vraiment mal ? Prenons l’exemple du Poussin noir : on ne sait pas

    s’il est mangé ou pas… On ne voit pas le loup qui le mange… En fait cet album est né d’un livre qui a été offert à mon fils

    par sa tante quand il avait 6 ans. C’était l’histoire d’un poussin perdu dans la cour de la ferme, qui demandait à la vache

    si elle était sa maman. Elle répondait Meuh! Le poussin allait d’un animal à l’autre avant de retrouver finalement sa ma-

    man qui le grondait. Mon fils, qui avait été nourri des albums de Sendak, Ungerer etc. est allé jeter ce livre dans la pou-

    belle à papier en disant « Ce livre, il est con ». Alors je lui ai promis d’écrire une histoire de poussin qui allait lui plaire.

    Chaque enfant peut interpréter la fin à sa façon, comme dans « Ami-Ami ». Ce livre n’est pas vendu chez certains li-

    braires, sous le prétexte qu’il serait « raciste ». C’est juste un album avec de l’humour noir, qui est différent des autres

    livres pour enfants »

    Dans « Le petit chaperon rouge », pourquoi le chaperon rouge est-il fait comme un robot ? « C’est une histoire qui a été illus-

    trée mille fois. C’est la version de Warja Lavatère que je préfère*. Dans la même collection, j’avais déjà fait en 2002

    « Boucle d’or », et c’est mon livre qui est le plus vendu ! En préparation, j’en fais un troisième qui va bientôt sortir : « Les

    trois petits cochons ». »

    [*L’artiste Warja Lavater a publié chez Adrien Maeght éditeur, un étrange petit livre consacré au Petit Chaperon rouge. Elle a remplacé le texte du conte par une longue bande de 4,74 mètres de long, couverte de points. Chaque person-nage, chaque élément de décor est représenté par un signe selon un code annoncé en préambule. La bande se replie en accordéon pour former des doubles pages. C’est ainsi que le petit Chaperon rouge quitte sa mère à la porte de la maison (ci-dessous à gauche), ou qu’il rencontre le loup dans la forêt (ci-dessous à droite).]

    Les élèves de CPA ont fait un bestiaire à la manière de Rascal, qu’ils lui présentent, ainsi qu’un très bel album réalisé par la

    classe : « R comme… Route, Rouge, Réfléchir, Rire... et puis R comme Rascal et comme Revenir ».

    Enfin, avant sa venue, les enfants ont essayé de trouver des fins à l’album « Ami-Ami », qu’ils ont écrites et dessinées. L’une,

    « Miam ! » où l’on voit le lapin rôtir à la broche, est bien tragique. L’autre est plus douce : « Le

    lendemain, ils jouaient tendrement aux échecs… »

    L’auteur leur explique ensuite comment débute un livre : tout d’abord il faut beaucoup réfléchir

    (« Ça se passe à l’étage !!! ») dit-il en montrant sa tête. Et puis on se décide pour une idée ou

    pour un dessin. Il faut dans ce cas choisir le format : paysage ou portrait. Cela a été le cas pour

    « Nos amis les bêtes ». Il présente alors aux enfants l’original du flamant rose qu’il a peint sur

    bois. Il l’a scanné et retravaillé dans Photoshop. Quand il a eu suffisamment de dessins d’ani-

    maux, il a choisi les meilleurs avec son fils Lucas, qui a écrit les textes.

    Celui-ci a signé RAU, car il ne voulait pas être un autre Rascal. Quand on écrit LUCAS et RAS-

    CAL et qu’on raye les lettres communes, il reste RAU.

    Rascal lit quelques pages de cet album aux enfants.

    http://expositions.bnf.fr/contes/pedago/creation/lavater.htm

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    Mardi 12 juin — 9h00 — CE2B— Bernard Bouly

    Les élèves ont préparé des dessins sur le thème R comme….

    Rascal doit deviner ce qu’ils ont représenté, ce qui n’est pas toujours

    facile !

    Puis ils lui posent des questions :

    Comment as-tu commencé à écrire ? « Les peurs nous empêchent

    de faire des choses… Et un jour j’ai osé...

    J’ai donc commencé à écrire le jour où j’ai arrêté d’avoir

    peur. »

    Pourquoi Tomi Ungerer a-t-il eu une influence sur toi ? « Dans

    « Les Trois brigands », avant l’arrivée de l’enfant, les bri-

    gands amassaient des richesses. La fillette leur sert de mi-

    roir, et grâce à elle, ils vont faire quelque chose d’utile. Ce

    thème de l’adulte riche, qui s’est perdu en chemin et qui ne

    sait plus donner, se retrouve dans beaucoup des histoires de

    cet auteur.»

    Pourquoi tu t’appelles Rascal ? « On m’appelle comme ça depuis que j’ai 10, 12 ans. Ça a été l’idée des autres, et moi je

    trouvais que ça sonnait mieux. Ça a donc été une richesse ! Mon éditeur a eu des retours de libraires, car ils ne com-

    prenaient pas qui était Rascal : ils se demandaient si c’était un collectif d’auteurs. Alors cet éditeur m’a demandé de

    signer sous différents noms, selon les thèmes que j’abordais. Après un certain temps, cela m’a mis très mal à l’aise, et

    j’ai donc annoncé que je ne continuerais pas ».

    Qu’as-tu fait avant d’être écrivain ? « A 17 ans je suis devenu facteur. C’était un travail mal payé, mais très enrichissant. Je

    voulais rentrer dans le monde des adultes, et je me suis rendu compte qu’il n’y en avait pas. Je pénétrais dans l’intimité

    de gens. Quand je leur racontais que j’aimais dessiner, ils m’avouaient alors qu’eux aussi dessinaient, ou écrivaient, et

    ils me montraient ce qu’ils n’avaient sans doute jamais osé présenter à quiconque. J’ai également mesuré combien ils

    étaient seuls : ils m’invitaient à m’asseoir, à rester un moment avec eux. Je devais être la seule personne qui frappait à

    leur porte dans la journée… »

    Lequel de tes livres préfères-tu ? « Je les aime pour tout ce qu’il y a autour, tous les souvenirs qu’ils portent… »

    D’où te viennent les idées ? « Cette question, il faudrait me la poser pour chacun de mes livres… Je vais prendre l’exemple

    de « La princesse de neige ». Le thème des mariniers est lié à des souvenirs d’enfance, j’avais envie d’écrire sur leur

    vie. Lorsque je décide d’écrire sur un thème, je dois m’informer, et je vais soit dans une bibliothèque, soit voir sur

    place. [Par exemple pour « Poussin noir », j’ai appris dans une encyclopédie que le nom scientifique pour le jaune

    d’œuf est « vitellus ». C’est la raison pour laquelle j’ai choisi ce nom pour les fermiers]. Je suis donc allé me promener

    le long du canal au mois de janvier. Il faisait si froid que les péniches étaient prises dans la glace. J’ai grimpé sur l’une

    d’elles avec mon appareil photo, et je me suis fait interpeller de loin par quelqu’un qui sortait du bistrot. C’était le ma-

    rinier. Il m’a d’abord enguirlandé parce que j’étais monté sur sa péniche. Et puis je lui ai expliqué ce que je voulais

    faire. Sa fille était photographe. Par la suite nous nous sommes bien entendus, et il m’a fait visiter son bateau. Plus

    tard j’ai fait un voyage avec lui et sa famille. J’ai été très étonné de voir combien l’espace pour vivre était petit. Je me

    suis imaginé enfant, je n’aurais pas supporté d’être enfermé comme ça. C’est pour cela que, dans cet album, le petit

    garçon fuit la réalité en se réfugiant dans l’imaginaire, à l’aide d’acteurs et de décors qu’il fabrique.

    Pour l’album « En 2000 trop loin » l’idée m’a habité longtemps

    d’écrire un livre sur la prison, car pendant dix ans j’ai visité un ami

    qui a été dans trois établissements pénitentiaires différents.

    Mes livres vont de la nuit vers la lumière et, comme me l’a dit une

    élève lors d’une de mes visites dans sa classe, ils sont gais et tristes à

    la fois.»

    Dans « Ami-Ami », pourquoi est-ce que ça finit mal ? « Mais êtes-

    vous sûrs que l’histoire finit mal ? Si on lit le texte sans image, il

    sonne différemment de la version illustrée. Le double sens et l’ambi-

    guïté viennent du dessin… ».

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    Mardi 12 juin — 10h15 — CE1A— Sandra Prime

    Tout d’abord les élèves lisent à Rascal la présentation en deux ou trois phrases des person-

    nages d’ « Etoile » que chacun d’eux a écrite après n’avoir découvert que les 1ère et 4ème de

    couverture de cette BD. En effet toute la classe a travaillé sur ce livre illustré par Peter El-

    liott (Delcourt). Deux tomes ont été édités, le troisième est écrit mais reste pour l’instant

    inédit. Rascal informe les enfants qu’il a fait chez le même éditeur, avec Thierry Murat, la

    BD « Mademoiselle Ysoline ». Maintenant il prépare pour la première fois et avec beau-

    coup de plaisir une BD pour adultes « Au vent mauvais », avec le même illustrateur, qui

    sortira en janvier 2013 chez Futuropolis. Il la montre aux élèves et leur en lit les premières

    pages. Puis il raconte :

    « Pour la création d’« Etoile », Peter Elliott venait chez moi, je réfléchissais et d’après

    mes idées il produisait des esquisses. On faisait quelques pages ensemble, je les photoco-

    piais et après seulement j’écrivais le texte, au rythme de dix pages en deux ou trois heures.

    Ensuite, il faisait les dessins définitifs. Pour nous deux c’était notre première expérience

    dans ce genre. Nous avons eu besoin de deux ou trois mois pour la mise en route, car lui

    ayant deux métiers - il travaille aussi dans une école - il était moins disponible que

    moi. ».

    Est-ce que tu t’amuses lorsque tu écris des histoires ? « Le personnage d’Etoile, c’est un

    ami qui m’a accompagné jour et nuit tout le temps de la création de cette BD. J’ai décou-

    vert quelque chose de formidable que vivent certainement d’autres auteurs de BD…»

    Quel est pour toi le livre le plus important que tu as fait ? « Tous mes livres sont nés d’une envie, alors j’ai du mal à ré-

    pondre… Les livres édités, c’est comme d’anciens vêtements qu’on ne peut plus mettre, mais qu’on aime encore. »

    Pourquoi est-ce que tu fais ce métier ? « J’ai travaillé six ou sept ans avec des patrons, mais ce que j’aime, c’est travailler

    seul. Quand on n’aime pas être seul, il ne faut pas être peintre, dessinateur ou écrivain ! J’organise moi-même mon

    temps… je suis à la fois patron et ouvrier. Je ne sais pas produire sur commande. L’album « Mon petit roi », fait avec

    Serge Bloch, était à l’origine un projet pour le magazine Je Bouquine. Je me suis déplacé quatre fois à Paris, tous frais

    payés, pour rencontrer l’éditeur, mais ça n’a pas abouti : ces gens ont pleins de « mais » dans les poches, et ils avaient

    trop d’exigences! Si les livres ne m’avaient pas apporté de revenus suffisants, j’aurais arrêté d’en faire… »

    D’où te viennent les idées ? « Je ne sais pas, j’ai peut-être un don spécial ?... »

    Rascal raconte encore que pour l’album « Au monde », il avait été contacté par les responsables du Conseil général de l’Ar-

    dèche, ainsi que trois autres auteurs, pour faire un livre qui allait être distribué à tous les nouveau-nés du département et à leurs

    parents en 2012 et 2013. « J’ai envoyé mon travail Quand les responsables m’ont répondu, ils m’ont renvoyé mes dessins et je

    n’ai même pas ouvert l’enveloppe, pensant que mon projet n’avait pas été retenu. Je l’ai jetée à l’arrière de la voiture. C’est ma

    fille qui huit jours plus tard l’a retrouvée et ouverte. Elle me l’a lue alors que je conduisais : t’as gagné papa ! J’ai alors télé-

    phoné au signataire de la lettre, qui s’était étonné que l’auteur gagnant ne prenne pas contact avec lui pour recevoir son prix. »

    Rascal explique aux enfants qu’il n’utilise ni crayon ni gomme. Il ne fait jamais d’esquisse mais dessine directement à l’encre. Il

    recommence jusqu’à ce que le dessin lui convienne. Il utilise ainsi beaucoup de papier ! Puis il présente à la classe des originaux

    de ses dessins, ainsi que son prochain livre, « Les trois petits cochons », qui est sans texte. C’est assez compliqué de raconter une

    histoire sans paroles, explique-t-il….

    Enfin, il termine par la lecture de l’album « Marylin rouge ».

    Mardi 12 juin — 13 — CM2C— Christophe Caumes, en présence de Mme Grafto, IEN de passage à Vienne.

    Les enfants ont préparé des textes qui sont accrochés au tableau, et que Rascal devrait illustrer. C’est pour lui difficile, car il ne

    travaille qu’à plat, jamais à la verticale. Il fait intervenir les élèves, qui dessinent avec lui et détaillent leurs histoires. Ceux-ci

    ont également fait des dessins d’après ses ouvrages, et

    l’auteur doit retrouver à quels livres les enfants font

    référence. Après avoir esquissé un pendu à la demande

    des élèves, il se plie au jeu du : qui suis-je ? : On lui

    accroche le titre d’un de ses livres dans le dos, et il doit

    poser des questions auxquelles les enfants répondent

    par « oui » ou par « non », jusqu’à ce qu’il devine de

    quel livre il s’agit.

    Au cours de la deuxième partie de la séquence, Rascal

    pioche dans une « boîte à questions » préparées par les

    élèves, et répond à chacune de celles qu’il a tirées :

  • 10

    - Est-ce qu’il y a d’autres métiers qui t’intéressent ? J’aurais pu être « homme sage-femme », ou alors travailler dans la

    nature, comme pépiniériste par exemple.

    - Quand avez-vous commencé à écrire ? Vers 4 ou 5 ans, j’ai commencé à écrire mon nom…

    - Quel est ton livre préféré ? Aucun. En fait j’aime le plus celui qui est le plus fragile ; je pense que c’est comme avec ses

    enfants : on est porté à porter plus d’attention et à aimer un peu plus celui qui rencontre le plus de difficultés pour

    vivre.

    - Comment tu choisis tes thèmes ? Certaines histoires nous sont soufflées par l’actualité, c’est le cas de « Sans-papiers » ou

    de « Moun »… Et mes sources d’inspiration sont les personnes qui m’entourent, car sans les autres on n’est rien.

    - Où avez-vous appris à dessiner ? En regardant les autres le faire…

    - Pourquoi avez-vous choisi ce métier ? Dans la vie, on peut construire ou détruire. Je voulais un métier où l’on construit,

    j’ai besoin de cela pour que ma vie ait un sens. Je ne savais pas que la littérature jeunesse existait. Et puis j’ai rencon-

    tré « Les trois brigands » d’Ungerer… J’avais auparavant exercé pas mal de métiers, dont un dans un bureau. Je m’y

    ennuyais affreusement et regardais l’heure sans arrêt. Quand nous sortions en fin de journée, un collègue plus âgé que

    moi disait : Encore une de faite ! Je ne voulais pas d’une vie comme ça !!! Mon grand-père m’a d’ailleurs conseillé de

    faire un métier où je n’aurais pas besoin d’acheter une montre…

    Puis Rascal parle de l’école : Moi, j’ai toujours aimé apprendre, mais les profs ne savaient pas m’intéresser. Alors sur mes bul-

    letins, ils ont écrit : Elève non scolarisable. A l’école, j’ai été frappé… Comme prof de sport, on avait un ancien légion-

    naire, qui avait une patte folle. Il nous rassemblait dans la cour, et nous faisait marcher de manières différentes :

    « touriste », alors il fallait marcher normalement ; « soldat », il fallait marcher au pas en se tenant raide… J’ai alors séché

    les cours de gym, car l’idée de subir ce prof plus longtemps m’était insupportable. Et puis j’ai fini par quitter l’école.

    Mardi 12 juin — 15h00 — CPD— Laurence Lamouroux

    Rascal est accueilli par une classe d’élèves masqués.

    Ceux-ci demandent à Rascal ce qu’il pense de leur histoire, qu’ils ont écrite avec la maî-

    tresse. Ils voudraient savoir comment lui la finirait. La lecture de ce texte commence, à la-

    quelle chaque élève participe.

    Le poussin et le gros chat noir

    Il était une fois, un gros chat noir qui habitait dans une maison en ruines, à la campagne. C’est le

    matin. Il a, cette nuit encore, mal dormi : il a fait de terribles cauchemars. C’est très fatigué qu’il

    sort de chez lui se chercher à manger.

    Sur son chemin, il rencontre un petit mulot qui joue au memory sur le bord de la route. « Oh, un

    mulot ! », se dit le chat qui s’approche tout doucement. Et il sourit au mulot bien occupé, de

    toutes ses belles dents blanches pointues.

    Je peux jouer avec toi ? lui demande-t-il.

    Le mulot sursaute, il ne l’avait pas vu s’approcher, et crie :

    Au secours ! et il s’enfuit dans son abri.

    Le chat est malheureux : encore un qui a peur de lui ! Tristement, il cueille de belles et grosses pommes rouges d’un pommier

    voisin.

    De retour chez lui, il pèle les pommes, les coupe et les fait cuire dans une casserole. Il prépare la table : il pose trois bols, trois

    verres, trois cuillères et trois serviettes. Ensuite, il dépose la casserole tiède sur la table. Il installe ses parents de carton sur des

    chaises et il s’assied sur la troisième. Il verse la compote dans chaque bol.

    Bon appétit, Papa et Maman ! dit-il.

    Il mange d’abord sa part avec impatience, puis celles de sa maman et de son papa. Après avoir fait la vaisselle et s’être lavé les

    dents, il s’installe à sa table à dessin. Mais bientôt, il ne prend plus plaisir à dessiner. Il s’ennuie ! Ses parents ne peuvent pas le

    consoler. Ah, qu’il aimerait avoir un ami ! Il commence à pleurer…

    C’est ainsi que se termine leur histoire car ils ont voulu une fin ouverte,

    à la Rascal. Les élèves demandent d’ailleurs à cet auteur pourquoi il

    laisse les fins ouvertes dans plusieurs de ses livres :

    S’ensuit alors une discussion où chacun imagine la suite possible de

    cette histoire.

    Pour terminer, les enfants demandent à Rascal de leur montrer comment

    on peut dessiner un chat, un poussin, les deux héros de leur histoire …

    Il propose de partir de formes géométriques, comme dans la BD Etoile.

  • 11

    Mardi 12 juin — 18h00— Institut Geneviève Hess : C’est un plaisir pour nous tous de recevoir Pascal Nottet, enregistré

    comme « Rascal » depuis 52 ans dans les registres de la commune où il est né à cause

    de l’inattention d’un employé de mairie, et nommé ainsi par ses camarades depuis 42

    ans. Après avoir abandonné assez tôt une école où on frappait encore les enfants et où

    personne n’a senti ni aidé à assouvir sa grande soif de connaissance, il a exercé toutes

    sortes de métiers, en commençant pat celui de facteur dès l’âge de 17 ans. C’est ainsi

    qu’il a fait ses premières découvertes sociologiques.

    Il a toujours dessiné, et cela fait 20 ans qu’il écrit pour les enfants, après une rencontre

    forte avec « Les trois brigands » de Tomi Ungerer.

    Avant de continuer, souhaites-tu nous donner d’autres éléments de ta biographie ou

    nous parler des difficultés que tu as eues à te mettre à l’écriture ?

    « J’ai écrit 110 livres pour la jeunesse depuis 20 ans. Auparavant, j’avais exercé

    beaucoup de métiers, dont le premier a été facteur, comme tu l’as dit. Pendant près

    d’un an, j’ai été plongé dans l’intimité des gens, car à cette époque les facteurs appor-

    taient encore de l’argent à domicile, en particulier les indemnités retraites. J’ai pu

    mesurer l’isolement et la détresse des personnes âgées, qui m’invitaient à rester avec

    elles un moment, je devais être le seul qui leur rendait visite… Par la suite j’ai été sérigraphe, et me suis beaucoup intéressé à

    l’image. C’est à cette époque que j’ai découvert « America » de Tomi Ungerer, livre pour les adultes. C’est seulement plus tard

    que j’ai appris qu’il avait aussi écrit pour la jeunesse. L’album « Les trois brigands » m’a beaucoup touché et a été pour moi un

    déclencheur. L’histoire de cette petite fille qui ramène les adultes à plus d’humanité est formidable. C’est un thème que l’on

    retrouve dans une trentaine de livres d’Ungerer… J’ai voulu être édité dans la même maison qu’Ungerer. J’ai alors rencontré

    Christiane Germaine, qui a accepté de me publier. C’était une éditrice capable de sentir tout le potentiel se cachant derrière les

    personnes qui se présentaient à elle. »

    Rascal fait huit à dix livres par an. Il écrit le plus souvent les textes, et travaille avec des artistes de son choix, dont certains n’ont

    pas encore dessiné pour la jeunesse [Rascal préfère le mot « dessiner » à celui d’ « illustrer » !].

    Il a la chance de jouir d’une immense liberté dans son travail. Chez son éditeur, Pastel, il n’y a pas de comité de contrôle pour les

    livres présentés par les auteurs. Et par exemple, lorsque le livre « Au monde » était en préparation, la police d’écriture pour le

    titre plaisait à tous, sauf à Rascal. L’éditrice a choisi le caractère qui lui convenait à lui, contre le choix des autres, car elle esti-

    mait que c’était « son » livre et donc à lui de décider.

    Geneviève l’interroge sur l’histoire de quelques-uns de ses albums :

    « Sans-papiers » est son dernier livre, paru au mois de mars 2012. Le manuscrit est resté deux ans intouché, car aucun éditeur

    n’en voulait. Par l’intermédiaire d’une amie photographe, Cendrine Genin, qui travaille pour la maison d’édition « Escabelle », ce livre a été accepté tout de suite. Cendrine a fait les photos, et J. François Martin a dessiné dessus.

    Rascal présente le personnage central de cette histoire, une petite fille qui, avec son papa, a fui son pays en guerre . Après plu-

    sieurs années passées clandestinement en France, elle se sent Française, enracinée dans ce « pays des droits de l’homme ». Mais

    le jour de la photo de classe, elle est arrêtée par la police à l’entrée de l’école, et rejoint son père au commissariat. Ils seront tous

    deux expulsés, et elle ne figurera pas sur la photo de classe.

    Dans le texte sont glissés quelques vers de Verlaine, ainsi que les premières lignes de la chanson « Sous les ponts de Paris ».

    Ce livre a été bien accueilli, avec des critiques positives dans Le Monde, le Nouvel Observateur et d’autres journaux. « Les édi-

    teurs réagissent différemment : ce qui ne plaît pas à l’un séduira un autre… »

    Dans « En 2000 trop loin », c’est un enfant qui parle. Son papa n’est plus à la

    maison depuis un an car il est en prison. A ses copains, il raconte que « si son

    père n’est pas là, c’est qu’il est parti faire le tour de la terre ».

    Pourquoi ce livre ?

    Pendant dix ans, entre sa vingtième et sa trentième année, Rascal a été visiteur

    de prison. Chaque semaine il a été le témoin, dans trois établissements péniten-

    tiaires différents, de la dure réalité vécue par les familles des détenus, en parti-

    culier par les enfants qui à la fin des heures de visites, étaient arrachés des bras

    de leurs pères…

  • 12

    « Le petit chaperon rouge ». « Une des versions d’origine de ce conte est des plus sanglantes : le loup, arrivé chez la grand-

    mère, la dévore en partie, gardant ce qu’il en reste, et prend sa place. La petite-fille arrive et, ne se doutant de rien, obéit à la

    fausse grand-mère qui lui dit de manger un peu de viande et de boire un peu de vin, en fait la chair et le sang de l'aïeule. La

    version de Perrault est celle que je préfère : le loup mange la grand-mère. Il tend ensuite un piège au Petit Chaperon rouge et

    finit par la manger. L’histoire se termine ainsi, il n’y a pas de fin heureuse. Par contre les frères Grimm ont transformé l’his-

    toire pour qu’elle finisse bien… le coup des chasseurs qui ouvrent le ventre du loup et y retrouvent le Chaperon rouge et sa

    grand-mère vivantes est ridicule. » Il cite les illustrations de Gustave Doré, et évoque Keith Haring et les jeux vidéo dont il s’est

    inspiré pour ce livre.

    « Ami-Ami ». « A l’origine de cet album, il y a eu une demande de mon éditrice. Lors d’un salon du livre, elle avait été témoin

    d’une scène qui l’avait frappée : un petit garçon qui avait le droit de choisir seul ses livres – ce qui est rare – cherchait une his-

    toire de loup qui tue et qui fasse vraiment peur. La personne à laquelle il s’était adressée sur le stand a regardé dans les diffé-

    rents bacs, mais n’en a pas trouvé : aujourd’hui dans toutes les histoires, les loups sont copains avec les lapins, ou végéta-

    riens… Mon éditrice m’a alors dit : Rascal, il faut que tu refasses des histoires de vrais méchants loups tout noir qui dévorent et

    qui font peur… ».

    « Pip et Pop » est un livre philosophique, dont il n’a pas été question dans les classes au cours de ces deux journées. Dans tes

    albums, tu incites souvent les enfants à réfléchir sur des problèmes essentiels, et dans les rencontres dont j’ai été témoin, tu as

    volontiers incité les élèves à se poser des questions et à discuter. C’est ce qui se passe entre Pip et Pop dans cet album : Pip, le

    matérialiste, le terre-à-terre, dialogue avec Pop qui se pose en permanence des questions sur les moindres détails de la vie. Ras-

    cal en lit un extrait : « Si j’étais né Pop et toi Pip, serais-tu complètement Pip ou toujours un peu Pop ? Ou serais-tu si peu Pip

    que nous serions tous les deux Pop ?... ».

    La poésie est aussi très présente dans tes livres : dans chacun de tes albums, on trouve quelques vers de tes poètes préférés, sur la

    deuxième de couverture, parfois aussi dans le texte même, comme dans « Sans-papiers » ou « Marilyn rouge »… « Oui, j’aime

    passionnément Arthur Rimbaud. Par exemple cette phrase : « La vie est la farce à mener par tous ». Un jour, une bibliothécaire

    des Ardennes qui m’invite régulièrement m’a dit : j’ai une surprise pour toi… et elle m’a présenté une jeune fille qui était une

    descendante de la famille de Rimbaud et portait son nom. Quel cadeau ! Cette fois-là, ce n’est pas moi qui ai fait une dédicace,

    mais elle !!! ».

    Et comment as-tu découvert la poésie ? « En fait j’ai eu la chance d’avoir un prof qui, très tôt, nous a fait apprendre des poèmes

    tels que « La ballade des pendus » de François Villon. Malgré les protestations des parents et autres adultes, il a tenu bon. C’est

    lui qui m’a ouvert la porte. Plus tard j’ai découvert les « Paroles » de Prévert ; j’ai aimé sa façon de partir de la vie quotidienne

    et de s’en évader. Et au niveau de la littérature, il y a eu Michel Simon lisant « Le voyage au bout de la nuit » de Céline. Céline

    a été, et est toujours très important pour moi…

    J’ai cherché sur Internet ton site, mais tu n’en as pas… Je sais que tu as reçu de nom-

    breux prix pour plusieurs de tes livres, mais nulle part on n’en trouve la liste… « Je

    ne parlerai pas des prix que j’ai reçus, car cela ne signifie rien pour moi. Pendant

    des années j’en ai été écarté parce qu’au cours d’un Salon j’avais eu une aventure

    avec une jeune femme - ce qui avait déplu. Recevoir un prix, c’est recevoir une

    coupe, une statuette ou un gadget. Seul le dernier, le Grand Prix triennal de Littéra-

    ture de Jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2009-2012 m’a apporté

    15 000€. »

    Pourrais-tu nous parler de tes activités de conférencier à l'école d'art la Cambre, à

    Bruxelles ? Quelles ont été les circonstances qui t’y ont mené ? « Cela fait six ou sept

    ans que j’y interviens. J’ai rencontré un des professeurs pour les scénarios de bandes

    dessinées. Et Pascal Lemaître, l’illustrateur de « Ogre noir », m’a également aussi

    mis en contact avec cette université. J’aime y travailler, mais mes horaires sont limi-

    tés, et je ne pourrais pas en faire plus. Quand je m’y rends, mes journées sont plus

    structurées, et je ne peux ni créer ni intervenir ailleurs. Par contre, le contact avec

    les jeunes m’intéresse. »

    Comment es-tu venu à la BD ? En quoi l’écriture est-elle pour toi différente de celle

    imposée dans les albums ? Je travaille avec Thierry Murat, qui a adapté en BD « Les

    larmes de l’assassin » d’Anne-Laure Bondoux chez Futuropolis. Je prépare avec lui

    une BD pour adultes, « Au vent mauvais ». J’ai choisi ce titre en réécoutant Verlaine.

    Cette BD sortira seulement au printemps 2013, car le travail est très long pour le

    dessinateur : il lui faut environ une année pour faire son travail… J’ai une autre idée

    de BD que je réaliserai avec David Prudhomme : une affaire judiciaire à la manière

    de Tarantino. Depuis longtemps, j’ai un autre projet : illustrer Pinocchio. J’aime ce

    personnage qui est à la fois tendre et cruel… »

  • 13

    Mercredi 13 juin — 9h00 — CPC— Nathalie Caumes

    Rascal est accueilli dans la classe par des « fans » qui l’attendent impatiemment.

    Une grande marmite est posée au sol, où il doit piocher des mots-étiquettes.

    L’auteur explique aux enfants que pour écrire une histoire, on peut partir d’un personnage. Après quoi il ne faut plus en changer,

    mais commencer à réfléchir dessus. « Pour aucune des histoires que j’ai écrites, je n’en ai eu auparavant le déroulement dans la

    tête. Je commence à écrire et vais vers le milieu, puis quand je suis au milieu je me dirige vers la fin, sans savoir où cela me

    mènera.

    Je vais prendre l’exemple d’ « Ogre noir ». Je débute par une phrase. Celle-ci doit me plaire : « La nuit était tombée et l’ogre

    dormait encore… ». C’est Pascal Lemaître qui a fait les dessins de ce livre, et regardez comme il a magnifiquement illustré cette

    phrase… J’étais en train d’écrire le texte de cet album quand mon papa m’a téléphoné pour me parler d’un ami commun, Jean,

    qui venait d’acheter une maison dans le Gers où il voulait s’installer lorsqu’il serait en retraite. Il s’y est rendu pour effectuer

    des travaux, a aéré et a tenté d’allumer un feu dans la cheminée. Pas possible : elle devait être bouchée car la fumée ne passait

    pas. Il a fait venir des ramoneurs, qui ont découvert un homme mort, un voleur qui avait essayé de passer par la cheminée pour

    s’introduire dans la maison, et il y était resté coincé. Quelle belle idée pour moi et mon ogre ! Je m’en suis emparé et l’ai utili-

    sée dans mon livre.

    Rascal lit alors l’album aux enfants.

    Puis ceux-ci lui posent quelques questions :

    Pourquoi est-ce que tu as trois noms ? A l’époque où je suis né, quand les parents n’avaient pas d’idées on donnait automa-

    tiquement aux enfants deux noms qui suivaient le premier : Marie, parce qu’on était dans un pays très catholique, et

    Ghislain, le saint patron de la région.

    Tu nous racontes une histoire ? Quand mes fils étaient petits, je ne leur lisais pas d’histoires. Je les mettais tous les trois

    dans mon lit et je demandais au plus grand : quels personnages, quel lieu ? Un jour, il a demandé : un rat, un doudou, un petit

    garçon. Alors j’ai commencé : « Il était une fois un rat qui était toujours seul car il était trop hideux et il sentait trop mauvais. Il

    se promenait la nuit dans les égouts pour réussir à pénétrer dans les maisons. Il avait un odorat très fin et sentait s’il y trouve-

    rait une petite fille ou un petit garçon. Il s’introduisait dans l’appartement par les toilettes et se faufilait dans la chambre des

    enfants. Il se mettait alors dans les bras de l’enfant à la place du doudou pour la nuit, et il repartait au petit matin… » Mes fils

    ont été horrifiés par cette histoire…

    Les élèves de la classe ont écrit un texte, mais ils ne sont pas sûrs de la fin qu’ils vont choisir : il y en a trois. Puis ils en montrent

    les personnages à Rascal, qu’ils ont fabriqués en lego.

    Pour terminer la séance, Rascal leur lit « Casimir ».

  • 14

    Mercredi 13 juin — 10h30 — CE1B— Brigitte Aldegué

    Pour commencer, chacun des élèves a une fiche pour se présenter, qui est lue à Rascal.

    Des questions ont été préparées, et chaque enfant en lit une :

    - Comment vas-tu ? Bien!

    - Pourquoi t’appelle-t-on Rascal ? C’est compliqué pour les parents de trouver le bon prénom. Alors qu’ils atteignaient leurs

    10 ans, j’ai fait croire à mes fils qu’on pouvait changer son prénom le jour de son dixième anniversaire. A l’époque, ils

    n’ont pas voulu en changer. Quand ma fille est née, ma belle-mère voulait qu’elle s’appelle Renée, et elle a effective-

    ment porté ce nom 24h. Mais en la regardant, sa mère et moi avons senti que cela ne lui allait pas du tout, et nous

    avons changé son prénom in extremis, ce qui a dérouté le personnel de la clinique. Elle s’appelle Rose.

    - Où êtes-vous né ? A Namur, en Belgique.

    - Es-tu marié ? Non

    - As-tu des enfants ? Oui

    - Est-ce que tu as beaucoup d’amis ? Oui j’ai de bons amis, mais pas beaucoup. Des copains, j’en ai à la pelle !

    - Connaissais-tu Vienne ? Non

    - As-tu des frères et sœurs ? Un frère et deux sœurs

    - A quel moment de la journée écris-tu tes livres ? Quand il fait jour. La nuit, je suis occupé à d’autres choses. Quand j’ai

    produit un bon dessin dans la journée, c’est bien. Une histoire, ça prend beaucoup plus de temps, et parfois, il est né-

    cessaire de s’arrêter quelques jours pour laisser reposer…

    - A quel âge vas-tu arrêter d’écrire ? Je n’arrêterai jamais, je vais continuer à écrire des cartes postales, ma déclaration

    d’impôts etc…

    - Combien d’illustrateurs connais-tu ? Une centaine, mais je n’ai travaillé qu’avec une vingtaine, ou vingt-cinq. En effet il y

    en a dont je n’aime pas les dessins, et certains n’aimeraient pas mes histoires.

    - Quel est ton illustrateur préféré ? Béatrice Alemagna, Kitty Crowther…

    - Quel est ton animal préféré ? La poule. J’en ai une, que j’ai offerte à Rose car elle en désirait ardemment une. C’est deve-

    nu un animal domestique, mais elle n’a pas le droit de rentrer dans la maison.

    - Quel est ton éditeur préféré ? Pastel [Une annexe de l’Ecole des loisirs en Belgique, ndlr] avec qui je travaille

    - Combien de livres as-tu déjà écrits ? 110

    - Quelles histoires aimes-tu illustrer ? Il faut que j’aime l’auteur, et il faut qu’il soit mort. Par exemple Charles Perraut, dont

    j’ai illustré « Le petit chaperon rouge » et « Les trois petits cochons », qui va bientôt sortir. Pour moi, la paille, le bois

    et la brique correspondent à des stades de la vie : la paille, c’est la première enfance qui est fragile, le bois représente

    l’adolescence où on commence à être plus solide, et la brique c’est l’âge adulte où on s’installe et prend racine.

    - Quel est ton personnage préféré dans tes albums ? Marie-Paule dans Cassandre, car c’est elle qui me ressemble le plus.

    - Comment s’appelle ton premier album ? « Un, deux, trois, cachez-vous, la voilà », qui est épuisé. C’est l’histoire d’une

    autruche qui se trouve dans une chambre et y avale 1, 2, 3… jusqu’à 10 objets.

    - Quelle est ta première histoire ? Toto, écrit en 1992.

    - Qui t’a aidé à écrire ? Pas grand monde… On écrit, on montre à son éditeur… Quand on dessine ou qu’on écrit, on est tout

    seul. Je ne montre pas mes productions à mes proches. Le goût se forme au cours du temps, et on évolue beaucoup. Par

    exemple, on se demande parfois, adulte, comment autrefois on a pu aimer tel ou tel film !

    - Comment écris-tu tes histoires ? Sur ordinateur ? à la main ? Je les écris à la main ou à l’ordinateur.

    - Comment te viennent les idées ? Une souris trouve une pièce d’or plus grosse qu’elle. Que peut-elle faire ? Elle va voir la

    grenouille avec sa pièce, puis trois ou quatre autres animaux vont intervenir. Le dernier est un hibou. La poule lui

    donne la pièce et il la garde. Et puis il achète un vélo avec cinq ou six places – on dit que les hiboux en savent plus que

    les autres ! Ça c’est la dernière histoire que j’ai écrite, que mon fils

    Marius est en train d’illustrer. Il aura fait son premier livre à 20

    ans !

    Il m’arrive de relever des phrases que mes enfants ont pu dire un jour,

    par exemple : Mais si t’avais pas rencontré maman, est-ce que je

    serais quand même un peu là ? Celle-là, je l’ai utilisée dans un de

    mes livres. Autre exemple : mon fils Marius chantait sous sa douche

    et il m’appelait tout le temps. Un jour, je lui ai dit :

    « Je suis heureux de te voir heureux, je t’aime. »

    « Moi aussi, m’a-t-il répondu. »

    « Et tu m’aimes pourquoi ? »

    « Je t’aime car tu prends grand soin de moi ».

    Je sais qu’un jour, je mettrai cette phrase dans un livre…

    - A quel âge as-tu commencé à dessiner ? Enfant, je dessinais, et mes

    parents trouvaient mes dessins chouettes.

    Avant de clore la séance, Rascal tire de son sac les originaux des dessins de

    l’album « Au son de la fanfare », qu’il présente aux élèves.

  • 15

    Mercredi 13 juin — 13h30 — CE1D— Séverine Rouault

    Les enfants viennent de passer trois jours dans la nature à observer les animaux. Ils sont un peu en retard, et ont encore la tête

    pleine d’animaux et des observations qu’ils ont faites. Comme ils ont lu « Nos amis les bêtes », ils souhaitent écrire avec Rascal

    un texte qui aura comme personnage principal une libellule.

    Rascal leur explique qu’avant de commencer à écrire, il est nécessaire de rassembler des informations sur le personnage ou l’ani-

    mal, afin de le connaître. Sans cela, pour lui ce n’est pas possible d’écrire. Et là, étant pressés par le temps, ce n’est pas possible

    de faire une telle recherche.

    Une élève lui demande comment il écrit. « Je travaille seul quand j’invente une histoire. Je consulte une encyclopédie pour en

    savoir plus sur l’animal que j’ai choisi. A partir de toutes les informations que je découvre, je vais trouver une idée qui sera le

    début de mon livre. Je voulais par exemple écrire un album à partir d’une sirène - son nom, Kakio, je l’ai trouvé par hasard en

    tapant sur le clavier de mon ordinateur sans regarder. J’ai découvert que les cosmologues, il y a très longtemps, avaient décrit

    un système où vivaient les sirènes. Je suis parti de cette impulsion.

    Les enfants ont quelques difficultés à être à l’écoute les uns des autres, et à comprendre les conseils de Rascal ; les idées fusent

    dans tous les sens… Il leur conseille alors de chercher une belle phrase pour commencer, qu’un élève finit par trouver : « Lali

    n’était pas une libellule ordinaire… ».

    Un autre enfant ouvre son dictionnaire et découvre que ces insectes ont quatre ailes transparentes. L’idée vient alors que Lali

    pourrait être différente : n’avoir que trois ailes, ou voler à reculons… Ce seront des idées à poursuivre après le départ de l’auteur.

    Celui-ci explique qu’il a déjà écrit deux histoires avec des classes, mais qu’il leur a fallu une semaine pour en venir à bout. Pour

    lui c’est une lourde responsabilité car avec les enfants, il a une obligation de réussite. Alors que seul, il peut tout jeter, quel que

    soit le temps passé sur un texte.

    Pour terminer la séance, Rascal lit « Sans-papiers » aux enfants, qui sont très attentifs et émus.

  • 16 Texte : G. Hess; Photos : G. Hess ; Mise en page : F. Bessières

    RR ascal Merci