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MARA DES BOIS JACQUES VIEILLE mai – octobre 2007 Cour de l’Hôtel Saint-Jean Direction Régionale des Affaires Culturelles Œuvre prêtée par le Pôle Art Contemporain des Abattoirs Pascal Pique et Hélène Poquet Direction pour l'Art Contemporain DOSSIER PEDAGOGIQUE ENSEIGNANTS SERIE HORS LES MURS

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MARA DES BOIS JACQUES VIEILLE

mai – octobre 2007

Cour de l’Hôtel Saint-Jean Direction Régionale des Affaires Culturelles

Œuvre prêtée par le Pôle Art Contemporain

des Abattoirs Pascal Pique et Hélène Poquet

Direction pour l'Art Contemporain

DOSSIER PEDAGOGIQUE ENSEIGNANTS SERIE HORS LES MURS

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Service Educatif des Abattoirs - 2007

SOMMAIRE :

LES ORIGINES DU PRET…………………………………………………………………………….. 2

PRÉSENTATION DU LYCÉE AYANT PARTICIPÉ AU MONTAGE DU PROJET………………. 3

L'ARTISTE ET SA DÉMARCHE………………………………………………………………………. 4

ANALYSE DE L'ŒUVRE………………………………………………………………………………. 7

TEXTES OFFICIELS ET PISTES PÉDAGOGIQUES………………………………………………. 14

OUVERTURE Á D'AUTRES CHAMPS DE RÉFÉRENCE…………………………………………. 15

AGRICULTURE……………………………………………………………………………….. 15

S.V.T. …………………………………………………………………………………………... 16

GÉOGRAPHIE : AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE……………………………………. 17

ARTS PLASTIQUES : LA NATURE DANS L'ART………………………………………… 18

HISTOIRE DES ARTS………………………………………………………………………... 22

PHILOSOPHIE………………………………………………………………………………… 25

LETTRES………………………………………………………………………………………. 26

ARCHITECTURE……………………………………………………………………………… 27

THÉATRE………………………………………………………………………………………. 28

MATHÉMATIQUES…………………………………………………………………………… 29

EXPOSITIONS JACQUES VIEILLE………………………………………………………………….. 30

BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………………….. 31

WEBOGRAPHIE………………………………………………………………………………………... 32

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LES ORIGINES DU PRÊT: Rendez-vous aux jardins : En 2003, Jean-Jacques Aillagon, Ministre de la culture et de la communication, initie cette manifestation nationale appelée à se reproduire chaque année. Dans toutes les régions de France, plus de 1700 parcs et jardins, publics et privés (jardins historiques ou contemporains, jardins urbains ou jardins ouvriers, jardins composés, jardins de collections, jardins des sens, exotiques, potagers…), ouvrent leurs portes en tant que témoins importants de l'Histoire de France. Pendant trois jours, des rencontres exceptionnelles permettent de voir les jardins sous un oeil nouveau : expositions, créations éphémères, concerts, jeux d'eau, parcours-découvertes, expositions, rencontres, démonstrations et ateliers leur confèrent sensualité, mystère et relief poétique... Rendez-vous aux jardins, c'est aussi et surtout l'occasion de rencontrer ceux qui créent, mettent en valeur et entretiennent jardins, parcs et potagers : paysagistes, botanistes... L'an passé, jardins et potagers ont ouvert leurs portes sous le signe du parfum. Le thème retenu pour cette 5e édition, du 1er au 3 juin 2007, est celui de l'eau. Traditionnellement, le rendez-vous des scolaires, le vendredi 1er juin, est l'occasion de sensibiliser les jeunes et les enfants à l’art des jardins. Depuis deux ans, la Direction Régionale des Affaires Culturelles ouvre exceptionnellement ses locaux au public dans le cadre des Rendez-vous aux jardins. À l’initiative du Directeur régional, un groupe de travail s’est constitué afin de promouvoir cette manifestation nationale. En effet, chaque année depuis 2006, l’Hôtel des Chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, monument historique abritant la DRAC, accueille -bien que ne disposant pas de jardin- des propositions reflétant les diverses composantes du jardin et notamment des œuvres d’art contemporain. Ainsi un partenariat s’est-il édifié avec les Abattoirs, permettant, en 2006, de présenter deux oeuvres de Michel Blazy (Méduse, 1999 et Sans titre –coton, lentilles, eau- 1999). Cette année, c'est l'œuvre Mara des bois qui a été retenue pour les liens qu'elle entretient avec les jardins, l'eau … et, peut-être aussi, pour son apparent décalage avec l'histoire du lieu...

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PRÉSENTATION DU LYCEE AYANT PARTICIPÉ AU MONTAGE DU PROJET : Une classe de Première du Lycée Professionnel Agricole et Horticole Adriana de Tarbes1 a été mise à contribution pour le montage de l'œuvre prêtée par le musée des Abattoirs.

Travaux dans le parc botanique du lycée Les vingt-six lycéens concernés préparent un Bac Professionnel Travaux paysagers. La culture des fraisiers ayant été confiée au bon soin des élèves de la section horticole, la livraison des plants et l'installation de l'ensemble expliquent la participation active de l’établissement le 22 mai. Le développement durable (alimentation, eau, énergie, consommables, déchets, paysage, biodiversité, démocratie) étant au cœur du projet d'établissement, les liens à établir avec Mara des bois s'avèrent incontestables. La découverte -par les élèves- des questions posées par les artistes contemporains relativement à la nature et la société dans laquelle nous évoluons vient compléter cette coopération.

1 Lycée de l'horticulture et du paysage: formations CAP fleuriste, BEPA: Bac pro, horticulture, paysage, commerce, vente directe, horticulture, pépinière, etc. . Voir http://lpatarbes.free.fr/pages/formationscadre.htm

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Installation dans la galerie Du Centre d'art de Kerguehennec

Photo © S. Mahé

L'ARTISTE ET SA DÉMARCHE :

Né en 1948 à Baden-Baden – Allemagne, il vit et travaille à Paris et en Gascogne

« Jacques Vieille réalise à ses débuts -en 1970- des environnements dans la nature qui combinent différents processus de croissance et d’organisation. D’abord apparentées au Land Art, ses réflexions le conduiront à interroger inlassablement les rapports entre sculpture et architecture, à élargir les domaines d’intervention et d’insertion de l’œuvre sculptée dans l’espace, à la confronter à sa dimension monumentale.

«Dans mes travaux, je pose des questions fondamentales liées aux origines, à l’histoire et à la mémoire de l’architecture, cela reste de la sculpture.»

Attentif au développement modulaire et architectural des matériaux, attaché à utiliser des dérivés rudimentaires d’éléments naturels (tréteaux en bois, contreplaqué), à questionner les fondements architecturaux des classiques, du gothique et du Bauhaus, Jacques Vieille dessine de l’intérieur, à la manière d’un bâtisseur, des lieux dans l’espace et associe la signature graphique de l’artiste à l’idée du construit. Sa réflexion sur la structure de la ville et sur l’utilisation des matériaux s’ajoute à la sensibilité moderne et révèle, par effet de résonances et de contrastes, la qualité spatiale cachée du volume accueillant d’étranges «plates-formes». À travers l’équilibre visible de la structure, sorte de charpente de la pensée rationnelle, ces formes à la fois imposantes et aérées émettent un rythme élémentaire, une musique sérielle...

Il travaille à l’aide de projets et de maquettes qu’il adapte à des sites afin de vérifier l’adéquation de l’élément avec la masse ouvragée et aboutir au maximum de résonances, d’échanges et de réponses au coeur de l’occupation sensible de l’espace. » Maïté Vissault (FRAC Lorraine)

«Plus tard, il se préoccupe des concepts de jardins et aujourd'hui de paysage. Pensionnaire de la Villa Médicis pendant deux ans au tout début de sa carrière, il trouve à Rome le terrain idéal pour ses explorations d'esthète et pour l'approfondissement de ses premiers projets, déjà ancrés dans une relation spécifique au site et au bâti. Nous sommes en 1982-83. Progressivement la réflexion de l'artiste va s'appliquer plus précisément au point de rencontre du décor et de la structure en architecture. Un commentateur avisé, l'archéologue Christian Sapin, évoquera à cet égard " la fascination préromantique de l'ordre végétal comme genèse de l'ordre gothique "; mais le décor peut alternativement s'envisager comme principe déterminant le parti architectural ou comme simple étape de finition. Certes, au début des années 80, Vieille n'est pas, en France, le seul à s'adonner à la pratique de l'installation in situ, mais peu nombreux sont alors les artistes à s'intéresser, comme lui, et d'une manière aussi didactique, à l'architecture et à son histoire. Après avoir introduit des végétaux fortement connotés dans ses constructions, bientôt Jacques Vieille a multiplié les interventions en extérieur. L'acanthe était auparavant une réminiscence de l'architecture antique ; le thuya, rappelait les banlieues pavillonnaires ; et le pommier ou le poirier firent plus récemment écho au verger de Versailles et à son jardinier Jean de La Quintinie.

Depuis une dizaine d'années, Jacques Vieille a donc choisi de bifurquer de l'architecture vers le jardin puis vers le paysage.

Son travail a pris une orientation moins démonstrative, plus directe, cédant plus volontiers à l'impulsion esthétique.

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2 colonnes couchées au sol, 1982, Liteaux sapin et papier kraft,

Chaque colonne : 480 x 80 cm Chaque socle : 130 x 40 x 40

Ainsi passe-t-il beaucoup de temps en repérages puis en récoltes dans les magasins de matériaux, les unités de fabrication ou de conditionnement de produits destinés à l'agriculture pour se laisser aller à utiliser, pour leur couleur et leur plasticité, des outils ou des objets techniques agencés en subtiles compositions : toujours à l'affût d'une forme inédite pour un réemploi (un recyclage) inapproprié mais créant un nouveau sens. Ainsi sa démarche peut-elle aujourd'hui s'apparenter à une forme d'art concret aux champs. » Frédéric Paul (Centre d'art de Kerguehennec, Morbihan, Exposition Janvier – mars 2001)

« L’architecture constitue donc l’horizon de tout l’œuvre de Jacques Vieille, qui avouait, en 1983, qu’il aurait aimé être architecte (cf. entretien Succès du bedac n°4). Ses premiers travaux, avant 1978, étaient des maquettes qu’une végétation parasite envahissait. Puis vinrent les premières cabanes, construites en extérieur, qui laissèrent la place vers 1980 à des installations où l’utilisation du bois était moins littérale. À partir de 1982-1983, l’artiste adopta un traitement du thème architectural en multipliant les déplacements et en jouant systématiquement de l’affrontement entre la nature et l’artefact. À cet égard, le Chapiteau corinthien, de 1983, fait d’une corbeille de rotin posée sur un lit de feuilles d’acanthes, emplie d’annuaires téléphoniques de Rome, annonce aussi bien l’introduction systématique de matériaux modernes que le jeu rhétorique qui consiste à déplacer l’usage de tel ou

tel matériau. Ces procédés constitueront le langage de l’artiste à partir du milieu des années quatre-vingt. Ils appartiennent à un air du temps dont participent alors les meilleurs représentants de la nouvelle sculpture anglaise. À cette différence près que, chez Jacques Vieille, cette manipulation du matériau-signe est toujours enracinée dans un propos sur l’architecture. Au cours des années quatre-vingt-dix, l’artiste a pu réaliser de grands projets urbains, à l’échelle de son rêve. Il a vécu et travaillé à Clessé, en Saône et Loire, jusqu’en 1997. Depuis ses premières interventions de 1980, Jacques Vieille a souvent décliné des œuvres selon le motif de la colonne. Les premières, en acacia, en bouleau, en noisetier, en chêne, étaient constituées par la juxtaposition de branches, de petits troncs ou de liteaux. Alors qu’il est pensionnaire à la villa Médicis, à Rome, peut-être marqué par les fûts délités fréquents sur les sites antiques, il réalise deux colonnes couchées faites de liteaux de sapin juxtaposés entre lesquels a été inséré du papier kraft (ce sont les deux colonnes du Frac de Bourgogne). Il les installe dans un passage en pente, à l’occasion de la visite du président de la République, le 27 février 1982. Deux autres colonnes semblables mais évidées seront faites dans l’atelier en mars ; en avril quatre autres, présentées à la Biennale de Sydney, en novembre, enfin, deux autres encore, mises bout à bout pour l’exposition personnelle de l’artiste au Nouveau Musée, à

Villeurbanne. (Dans deux colonnes différentes, provenant également de cette période romaine -et qui appartiennent à la collection du Frac de Bretagne, le kraft est remplacé par du papier sur lequel l’artiste a sérigraphié un motif de branchage, et le fût circulaire s’aplatit en s’évasant.) L’idée de concevoir des colonnes en assemblant des perches de frêne se trouve déjà chez un certain J. Hall2 qui, frappé par les églises gothiques, tenta de reconstituer une nef entière de la sorte (1798). Ce genre d’explications de l’architecture par son rapprochement de l’ordre végétal a vivement intéressé l’artiste. Quant au papier kraft, Jacques Vieille l’a d’abord utilisé mouillé, comme liant dans différentes installations de 1979, 1980 et 1981. Ici, il mime le rôle d’un liant de terre mêlé au bois, technique dont parle Vitruve, dans le deuxième de ses Dix Livres d’Architecture, en imaginant ainsi la construction de la cabane primitive. Placé aux extrémités et vers le milieu des colonnes, déchiré, il tend à disparaître. Il introduit une irrégularité là où l’architecture demande un dessin net; l’artiste transpose de la sorte la tension entre l’ordre de la nature et celui de la culture, qu’il met par ailleurs en scène sous bien d’autres formes. D’un autre côté ces colonnes font coexister deux conceptions antagonistes du temps: rêverie des origines de l’architecture, elles ressuscitent un passé mythique où serait née une architecture primitive, tandis que couchées, faites de bois et de papier déchiré (transformation du

2 Voir http://theses.enc.sorbonne.fr/document62.html

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bois), elles anticipent leur état de ruine future. La perturbation du paradigme fondateur nature versus culture trouve ainsi un écho syntagmatique dans une sorte de boucle du temps. » Christian Besson (FRAC Bourgogne)

En Midi-Pyrénées:

« Le projet Hydroponie a été présenté dans le réseau régional (vallée du Lot) durant l’été 2002. Exposition-parcours déclinant le couplage paradoxal entre naturel et artificiel, elle voulait aussi régler quelques malentendus sur le thème de l’art et de la nature, de l’inscription de l’œuvre en milieu rural. L’action de l’artiste, dans ce territoire, s’est limitée à greffer, ramifier et hybrider afin de dénoncer la fâcheuse tendance au formatage des multiples facettes de notre environnement et d’interroger la problématique de l’eau -avec tout ce qu’elle draine en termes d’économie, de stratégie, de symbolique, de bonheurs et de malheurs. » Pascal Pique, Commissaire artistique De Calvignac à Lanargol, Jacques Vieille s'est inspiré de l'esprit des lieux -tant intérieurs qu'extérieurs (sources, fontaines, lavoir, résurgences, fleuve, réserves d'eau)- pour nous amener à côtoyer une improbable réalité faite de flux et de fluidité, de continuité et de contraste, d'échos et d’écarts…

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ANALYSE DE L'ŒUVRE :3

Mara des bois 2000

Sculpture Fraisiers, gaines T.P.C, grue, arrosage automatique

Achat à l'artiste en 2002 les Abattoirs, Toulouse

Créée dans le Limousin en 2000, cette oeuvre entre en résonance avec notre époque où chercheurs et techniciens engagent les agriculteurs à développer la culture hors-sol. L’artiste, alors invité du Centre d’Art de Vassivière, s’est inspiré de cette problématique contemporaine. Le titre fait référence à la variété de végétaux utilisée. Il a donc, en ce sens, un rôle illustratif, descriptif. Composé de trente tubes en matière plastique rouge TPC de 16 cm de diamètre (d'ordinaire utilisés pour les travaux publics), l’ensemble se déploie telle une pieuvre dont les tentacules seraient longs de 5 mètres. Chaque gaine est percée de 16 trous destinés à recevoir les pots dans lesquels pousseront les plantes. Quatre-cent-quatre-vingts fraisiers s'épanouiront donc dans sa partie inférieure. La pièce est ravitaillée en eau via un tuyau d'arrosage -relié au robinet le plus proche- qui alimente un système d'arrosage par goutte-à-goutte. Les tubes convergent en partie haute vers une couronne d’où partent des conduites souples distribuant l’eau à chacun des pieds de fraisiers. À leur base, les tubes TPC sont fermés de façon étanche ; seul un trou taraudé équipé d’un raccord en Y permet de récupérer le trop-plein d’eau.

3 Évelyne GOUPY, Chargée de mission au Service Educatif des Abattoirs

Gaines TPC perforées de 16 orifices destinés à recevoir les pots

Système de récupération du trop-plein

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Cette couronne est elle-même suspendue à une grue. Œuvre végétale évoquant l'animal (en l'occurrence, une pieuvre), œuvre organique se déployant en un cercle magique, formant corolle –son port ressemblant formellement à celui des plantes tuteurées dites "grimpantes"-, elle s'élève…. Mais son ascension s'avère bien vite incriminée comme mise en scène : Le dispositif expose ostensiblement la grue et la structure tubulaire rouge, matériels issus du secteur industriel. Rouge comme les fraises, certes, mais en plastique non-consommable… Rouge comme un symbole de danger, par ailleurs… En fait, deux couleurs complémentaires (le rouge et le vert) attirent le regard:

- rouge des fruits et des gaines - vert sombre du végétal…

Elles traduisent, par le contraste maximum ainsi établi, un double jeu : - Révéler la culture de l'artifice - Mettre en évidence la dualité interne d'une œuvre réunissant en son sein l'éternel paradoxe

nature/culture… Mara des bois s'inscrit en dialogue avec les recherches les plus pointues et ressortit à l'hybridation. Elle est le lieu de rencontre de contradictions:

- Premier paradoxe: la nature croît en un lieu qui n'existe pas naturellement. - Deuxième paradoxe, elle pousse dans un domaine où l’on ne l'attend guère: l'artistique - Troisième paradoxe: cette nature est mensongère: Mara est un produit industriel créé de

toute-pièce dont le parfum de sous-bois évoquant les "fraises sauvages" ne sert qu'à mieux tromper le consommateur.

Cette combinaison d'artificiel, de naturel et de technique agroalimentaire sophistiquée confirme l'interrogation permanente, le regard vigilant, l'esprit critique et amusé que l'artiste porte sur l’actualité. Elle dénonce une utopie écologique coincée entre désir de progrès et crédulité du consommateur –ce dernier restant majoritairement convaincu de l'origine naturelle de ce produit acheté sur les étals de marché. Cette mise en perspective de l’artificiel, cette mise en tension, nous interrogent sur les rapports que nous entretenons et fantasmons entre ces deux pôles. « Cette œuvre pose la question du rapport à la nature et au naturel que nous vivons de façon de plus en plus distanciée, sur le mode de la reproduction, de l’industrie, du succédané. »4 Œuvre évolutive, elle se transforme, croît, fleurit, fructifie au fil des jours jusqu'à son démontage. Les heureux pieds de fraisiers -parfois confiés aux bons soins d'un tel- continueront leur vie dans un jardin classique, en pleine terre. Les autres, sacrifiés, mourront, faute d'alimentation et d'arrosage. C'est donc d'éphémérité qu'il est ici question. Naissance, vie, mort… Idée de cycle que l'on retrouve inscrite dans la forme générale circulaire qui se développe au sol… Nous sommes confrontés au concept de l'éphémère décrété et intronisés dans une révolution artistique fondée sur le fragile, sur le vulnérable accepté. Cela signifie-t-il l'émergence d'un principe d'im-permanence dans l'art ? C'est au moins un glissement de l'idée du durable, synonyme de rigidité -voire de mort-, à l'idée de répétition, de recommencement -renvoyant aux forces créatives de la vie. Œuvre comestible, elle n'est pas sans rappeler la Growth house (Maison Végétale) de Charles Simonds 5 et implique une posture participative du spectateur: la cueillette, la récolte. Peut-on voir là comme une métaphore de l'enrichissement apporté par l'art? Mais à quelle catégorie cette œuvre appartient-elle donc? Le musée, l'artiste (?) la désignent sous le terme de sculpture. Or, la sculpture, au sens étymologique6 est l'art de réaliser des œuvres tridimensionnelles en taillant dans un bloc de matière solide. Le sculpteur façonne donc par retrait de matière, l'œuvre étant ce qu'il en laisse subsister. 4 Pascal Pique 5 Sur le plan d'une « maison » circulaire sont empilés des sacs remplis de terre et de variétés de graines soigneusement choisies et séparées (pommes, roses, chênes, pomme de terre, orchidées, ail, orange, glycine, pins, lilas, tomates). Cette demeure végétale à échelle humaine, constituée de "briques de croissance", passe du statut de l'abri architectural à celui d'une construction pouvant fournir idéalement de la nourriture. Graduellement les graines en germination « détruisent » leur maison de l'intérieur. Installation Temporaire recomposée au Musée du Jeu de Paume, Paris, 1995 6 Du latin sculptura et de sculpo: tailler; graver

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Au sens large, la sculpture est l'art de réaliser des œuvres tridimensionnelles en matières solides, quel que soit le procédé technique utilisé. Cette nouvelle définition7 englobe donc le modelage, le moulage, le martelage… Mais cela ne coïncide toujours pas avec ce qui s'offre à notre vue! Alors quoi? Cette pièce nous stimule par ses couleurs, son volume, ses jeux de lumière, ses pleins et ses vides, ses alternances rythmées, son équilibre, ses fragrances… Majestueuse, déployant sa triple corolle de tentacules rayonnants, elle s'offre en tentations tactiles et gustatives. Elle prête à la déambulation, à la promenade giratoire qui nous fait tourner en bourrique ! Elle se respire et elle respire, fabrique de la chlorophylle… Mais a t-on jamais vu de sculpture vivante? Nouveau paradoxe ! À l’instar des Arbrorigènes d'Ernest Pignon Ernest8, elle vit. En y réfléchissant bien, la sculpture végétale existe depuis des siècles : sa forme vernaculaire est bien connue de tous les jardiniers : il s'agit de la taille –qui se donne des allures aristocratiques dès qu'elle se métamorphose en topiaire… Mais point de découpe ni de taille ici ! Rien que des matériaux et matières (engins, tuyauteries, terre et plantes: métal, plastique, minéral, et végétal) assemblés, disposés… Au secours, Jean-Yves Bosseur ! On n'y comprend plus rien dans cet art contemporain !!! Vite ! Vite ! Ouvrons le Vocabulaire des arts plastiques du XXe siècle ! :

"Le phénomène de l'installation est issu de plusieurs facteurs, touchant à l'éclatement des catégories artistiques, à la quête d'espaces remettant en cause l'aspect frontal de la perception traditionnelle de l'œuvre, ainsi qu'à l'hétérogénéité des matériaux assemblés. Plus généralement, l'installation suppose une réflexion sur les rapports susceptibles de s'instaurer entre plusieurs œuvres, selon la manière dont l'artiste détermine leur situation en fonction de la structure architecturale destinée à les accueillir. Elles ne sauraient se satisfaire des normes habituelles d'exposition. Si l'œuvre ne se trouve pas mise en situation selon des conditions spécifiques, elle risque de se réduire à la simple présentation des éléments immédiats qu'elle contient, sans que soient prises en compte les tensions, voire les conflits, qui peuvent s'établir entre elle et l'espace environnant, et qui contribuent à lui donner toute sa portée." Or, cette installation s'érige à l'heure actuelle au sein d'une "structure architecturale" peu ordinaire: elle ramène ses fraises dans la cour d'un palais construit au XVIIe siècle (l'Hôtel Saint-Jean9) sur le site du Grand Prieuré des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem10, jouxtant la Dalbade à Toulouse, aujourd'hui siège de la DRAC. On trouve en ce lieu une autre œuvre, intérieure celle-ci, installée en 2005, avec laquelle dialogue, tension ou conflit promettent de ne pas manquer d'intérêt :

7 In Vocabulaire d'esthétique, Etienne SOURIAU, PUF 8 Voir le dossier Absolumental 2 9 Époque de construction : 2e moitié XVIIe siècle ; XIXe siècle (année : 1668 ; 1684 ; 1840) Auteur : RIVALZ Jean-Pierre (peintre) Propriété de l'état Observations : Hôtel du Prieur de Saint Jean de Jérusalem, puis de l'ordre de Malte Destinations successives : Services Fiscaux ; Dépôt d'Archives ; Caisse des Dépôts, DRAC Classé Monument Historique; éléments protégés : cloître ; salle capitulaire ; chapelle ; cour ; archives ; galerie ; escalier ; salle ; pilier ; voûte ; colonne ; élévation ; toiture ; décor intérieur ; deux salles superposées à piliers et colonnes (anciens dépôts construits au 19e siècle) occupant une partie de l'aile sud jusqu'à l'angle sud-ouest ; façades sur la rue Saint-Jean, correspondant à l'emprise de ces salles; Aile occidentale donnant sur la rue de la Dalbade (façades rajoutées en 1840 à l'angle des rues de la Dalbade et Saint-Jean, à l'imitation de la façade édifiée par J. P. Rivalz en 1672) ; trois galeries ceinturant l'ancien cloître à l'ouest, au sud et à l'est, avec leurs façades sur cour correspondantes ; escalier d'honneur voûté de briques avec sa toiture ainsi que les vestiges archéologiques de l'ancienne chapelle contenus dans la courette attenante ; ancienne salle capitulaire au rez-de-chaussée de l'aile Est ; ensemble des toitures recouvrant les parties classées précédemment décrites ainsi que l'ancien entrepôt Démolition du donjon oratoire en 1813 ; Eglise de 1839 10 Quand les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem s’installent à côté de l’église de La Dalbade, au début du XIIe siècle, rien ne laisse présager que leur établissement deviendra un centre important de cet ordre. La réunion de leurs biens avec ceux des Templiers, au début du XIVe siècle, fait de Toulouse le chef-lieu d’un grand prieuré qui rayonne de l’Atlantique au Toulousain et à l’Agenais, des Pyrénées au Périgord. La destruction du château de Fronton, résidence habituelle des grands prieurs, l’inconfort des bâtiments médiévaux toulousains encouragent les Hospitaliers à édifier sur les bords de Garonne un hôtel particulier, vitrine de leurs pouvoirs. Il devient rapidement un relais entre l’île de Malte et les commanderies, cumulant compétences administratives et fiscales, regroupant institutions et services adaptés. Voir aussi : http://www.societes-savantes-toulouse.asso.fr/samf/memoires/t_64/cabau.pdf

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Philippe POUPET La collection 210 /439 210 éléments en plâtre Réalisée en 2005 © Jean-François Peiré Une autre façon de "ramener sa fraise" L’œuvre installée au centre de documentation de la DRAC fait référence au site de l’Hôtel des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem et à son histoire. Elle évoque précisément les découvertes archéologiques qui ont permis la mise au jour de la crypte qui abritait les sépultures des hospitaliers et d’un cimetière qui accueillait 1869 sépultures s’échelonnant du XIIe au XVIIe siècle. Lors de la démolition de l’église, les ossements ont été exhumés et transférés dans la chapelle voisine de la Dalbade. Les récits de la cérémonie de translation font état de 250 crânes. L’œuvre de Philippe Poupet constitue un « prélèvement » de 210 crânes sur 439 et en propose une restitution spectaculaire dans l’Hôtel Saint-Jean récemment restauré.

Alors, revenons-en au titre et gardons posture béotienne : Mara des bois ? Mais où les bois sont-ils donc ? Par ailleurs, orthographie t-on Mara ou Marat ? Ce titre ne revêtirait-il pas alors une quelconque ironie? Trois nouveaux rôles pourraient, du coup, lui échoir :

- perturber engendrer un questionnement - interpeller mieux impliquer le regardeur - symboliser mobiliser l’imaginaire par des associations d’idées

Pour conclure: "Les relations entre les domaines artistiques et scientifiques se posent, suivant les cas, en termes de correspondances, d'appropriations, d'hybridations ou de rencontres. Ces entrées impliquent l'identification des territoires attachés aux différentes disciplines, aussi bien artistiques que scientifiques, la reconnaissance des relations entre ces territoires et la compréhension, suivant les postures adoptées, des interactions entre les différents champs d'action et leurs espaces de référence. Les rencontres actives et les confrontations entre les domaines de l'art et des sciences encouragent des croisements féconds au niveau des concepts, des modèles, des méthodes et des matériaux. Suivant les caractéristiques de l'objet d'étude et des différents termes qui lui sont associés (définition des présupposés, des procédures d'évaluation, des méthodes) et suivant les différentes étapes du travail, les champs explorés ou abordés s'ouvrent aux dimensions de la culture et de la critique." Patrick Barres / Louis Viel11

11 Extrait des actes des premières rencontres internationales Arts, sciences et technologies, novembre 2000, Des pratiques artistiques au confluent des Arts et des Sciences, Patrick BARES (Maître de conférences en Arts Plastiques, Toulouse le Mirail) / Louis VIEL (Maître de conférences en Sciences Physiques, Toulouse Paul Sabatier)

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Fouilles à l'Hôtel Saint-Jean à Toulouse Le public toulousain fut invité à découvrir les fouilles archéologiques du Grand Prieuré des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem (Toulouse) les 24 et 25 avril 2004. En septembre 2003, débuta la fouille archéologique de l'ancien cimetière des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. L'opération fut conduite par M. Didier Rigal de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) sur prescription de l'État (DRAC/Service régional de l'archéologie de Midi-Pyrénées). L'équipe, constituée d'une vingtaine d'archéologues, opéra à l'emplacement du futur parc de stationnement souterrain de la Direction régionale des affaires culturelles de Midi-Pyrénées. Cette fouille préventive s'acheva en mai 2004. Les archéologues ont mis au jour des vestiges d'époques différentes. Ce sont les niveaux antiques et médiévaux qui ont livré les vestiges les plus intéressants pour l'histoire de ce quartier de Toulouse. Voici les trouvailles des équipes de fouille : Découvertes antiques La parcelle, aujourd'hui occupée par l'Hôtel Saint-Jean et l'église de la Dalbade contiguë, se situait, aux Ier et IIe siècles après J.-C., dans le secteur sud-ouest de la ville antique de Tolosa, à peu de distance de la Garonne, du théâtre et de la grande place publique (le forum) située sous l'actuelle place Esquirol. Les vestiges gallo-romains, encore en cours de dégagement, présentent les caractéristiques d'un îlot de bâtiments (insula) bordé de plusieurs rues. Les constructions dégagées donnaient sur un portique scandé de piliers en brique tous les 3 m environ. La superficie des bâtiments dégagés sera, sans aucun doute, exceptionnelle pour une fouille préventive en milieu urbain. Découvertes médiévales Le cimetière, dont la fouille s'achève, a livré plus de 1 500 inhumations. Le plus grand nombre des sépultures est constitué d'une simple fosse où le défunt était enseveli soit dans un linceul, soit dans un cercueil de bois. Parmi les sépultures, plus d'une centaine sont celles de pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, identifiables par leur contenu : coquilles et extrémité ferrée du bâton (le bourdon). Dans l'hôtel Le mur nord de l'église et ses enfeus (niches abritant des tombeaux), seuls vestiges du prieuré médiéval, font l'objet d'une étude stratigraphique des élévations, des liaisons et des reprises. Elle permettra de proposer des observations techniques et une restitution des parties disparues. L'analyse du bâti concerne également l'Hôtel, palais d'ordonnance classique édifié entre 1668 et 1684. De plus, conjointement à l'enquête archivistique en cours, des fouilles archéologiques s'effectuent aussi dans les enfeus et la portion de galerie du cloître adjacent : un lieu qui semble avoir reçu des inhumations privilégiées. Les résultats anthropologiques seront comparés à ceux des fouilles du cimetière de l'hôpital, où sont inhumés - a priori - des individus de classes plus modestes. Les premiers résultats font de cet endroit un site d'intérêt historique et artistique majeur ainsi qu'un gisement archéologique exceptionnel dans le Midi de la France.

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Art et nature: Petits rappels concernant le Land-art La notion de Land-Art s’est développée aux Etats-Unis à la fin des années 60, a essaimé en Europe au début des années 70 et n’a cessé, depuis, d’inspirer des interventions dans le paysage. Issue d’une conception minimaliste de la sculpture qui rompait avec une tradition décorative, elle s’inscrit dans un vaste mouvement s’insurgeant contre l'économie de marché ; elle résulte d’une fuite hors du musée et des galeries, s’associe à une conscience écologique du territoire et à une redécouverte de cultures ancestrales. Dans le Land-Art, l’artiste ne représente plus le paysage sur une toile ou par le biais d’une photographie, il intervient directement sur ce dernier, le rend provisoirement malléable. L’œuvre devient intransportable, in-transposable (Ce qui n'est pas le cas de l'œuvre ici présentée) Que ce soit par la théâtralisation, par l’emploi de la couleur ou des matériaux, un désir d’image est systématiquement perceptible. Par sa présence momentanée, l’œuvre appartient au lieu, lieu dont l’existence est enrichie par l’irruption de cette matière. L’artiste peut inscrire son œuvre en opposition ou en continuité dans le site retenu. L’élément poétique peut ainsi être porté par un principe de tension ou par celui d’unisson, de jeu d’échos symboliques12. L’idée des matières -qui croissent, fleurissent, pourrissent, renaissent- entre en résonance avec celle de flux continu, d’énergie inépuisable : « Il me plaît de penser que lorsque j’ai achevé une installation, elle se modifie à son gré, à son rythme. J’ai une préférence pour ce qui n’est pas immuable. J’ai une réelle fascination pour les manifestations de la vie. Pour moi, c’est une matière en perpétuelle mutation. » Bob Verschueren Des artistes comme Andy Goldsworthy et Nils Udo se refusent en effet à laisser de leur œuvre d'autres traces que la vie elle-même ne soit prête à céder. Agissant sur des débris végétaux, sur les pétales, les feuilles, les brindilles, les pierres, ils laissent pour un temps les signes de la présence humaine, signes qui interfèrent avec des processus naturels difficilement contrôlables. Dans l’un de ses livres, Andy Goldsworthy note : " Feuilles d’iris agrafées entre elles par des épines remplies en cinq endroits par des baies de sorbier / attaque des poissons par en dessous / difficile de conserver toutes les baies becquetées par des canards, 29 août 1987... " À la fois délicate, fragile, et d'une pureté visuelle quasi abstraite, cette œuvre intègre les événements qui président à sa destruction future, événements totalement naturels, comme la consommation des baies par des poissons ou des oiseaux. Ailleurs, ce sera la fonte de la glace, le flétrissement des corolles, la fanaison des feuilles... La matière vit, elle est texture en mutation. S’instaure donc un dialogue de deux durées antagonistes: celle du végétal, celle du lieu. On voit poindre ici une réflexion sur le sacré circulant du mystère de la matière au rituel du site. L'esthétique de ces oeuvres repose sur le désir :

- d'établir une communication intime, un lien poétique et sensible entre l'homme et la nature - de révéler un potentiel artistique préexistant - de déclencher une émotion chez le spectateur - de provoquer des relations sensorielles et affectives entre la nature et le spectateur - de faire l'éloge de la fragilité, du transitoire, de l'éphémère - d'apprivoiser ou de dominer la nature

Elles répondent :

- à une volonté d’investir des espaces vierges pour leur donner sens et inscrire l'humain dans la nature (déserts)

- ou, à l'inverse, à un désir de se laisser habiter par la nature en renonçant à un anthropocentrisme dominateur

- à un refus du système culturel, représenté par les musées et les galeries - à une critique du marché de l’art et de son mode de fonctionnement d’économie de

marché Elles impliquent bien souvent le spectateur comme partie intégrante du processus. Elles le rendent actif, confronté à ces oeuvres qui sont parfois réalisées dans des lieux reculés, loin de toute civilisation. Le rapport au végétal reste leçon de tolérance et exercice de sensibilité. 12 Cf. « Dessiner avec des fleurs. Peindre avec des nuages. Écrire avec de l’eau. […] Courber le vent… Unir les sons, les couleurs et les senteurs » Nils Udo

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Udo Goldsworthy Smithson Pistes et prolongements possibles : Danse : voir la chorégraphie de Régine Chopinot 13 –associée à Andy Goldsworthy- : Végétal, 1995 Français : production de textes poétiques Citoyenneté : introduction à l’environnement et à l’écologie SVT: écosystème Géographie : lecture de paysages

Une approche historique : l'eau est présente, depuis toujours, dans nos parcs et jardins. À la Renaissance sous la forme de cascades et fontaines avec l'apport des jardins italiens. Au XVIIe

siècle dans les jardins classiques français qui utilisent dans une unité de conception et avec une parfaite ordonnance cet élément vital.

Une approche écologique: la gestion durable de l'eau, rare pour certains, précieuse pour

tous, constitue aujourd'hui un nouveau défi qui se relève au quotidien. Propriétaires et jardiniers des parcs et jardins publics ou privés permettront au public, grâce aux très nombreuses visites et animations, d'appréhender simplement la somme des solutions « durables » qui répondent à chaque instant aux questions environnementales et paysagères.

Une approche esthétique et ludique : rivières, cascades, bassins souterrains, jeux d'eau :

l'eau se décline sous de multiples formes, pour agrémenter et dessiner parcs et jardins. Classées en plusieurs catégories : eaux coulantes (comme les cours d'eau de Courances), eaux tombantes (la cascade de Terrasson), eaux jaillissantes (Domaine de Versailles), eaux stagnantes (bassins-miroirs de Chantilly), l'eau s'impose dans toutes les cultures, depuis les jardins chinois jusqu'aux jardins perses et andalous. S'y ajoute la nécessaire approche géographique qui voit les outils de la gestion de l'eau et les modes opératoires évoluer selon les régions, les typologies de jardins, les variations de climat.

Thèmes à aborder : Minéral/végétal Réel/imaginaire Réel/virtuel Espace/temps Instant/durée (la croissance) Individuel/collectif Culture et cultures….

13 La plupart des cinquante pièces chorégraphiques que Régine Chopinot a créées depuis 1978 sont nées de la collaboration avec des artistes plasticiens comme Andy Goldsworthy, Jean Le Gac ou Jean Michel Bruyère, des musiciens comme Tôn-Thât Thiêt ou Bernard Lubat. De 1983 à 1993, le couturier Jean-Paul Gaultier conçoit les costumes de tous ses spectacles.

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TEXTES OFFICIELS : Primaire: « Des activités plastiques peuvent amener l’enfant à jouer et à se jouer d’une nature toujours prête à exister sans l’homme. L’individu enrichira ses capacités à tirer parti plastiquement de la nature rendue conciliante. La progression des séquences lui permettra de prendre conscience du rapport qu’il peut instaurer avec elle ; de ses possibilités et de ses limites. Les séances pédagogiques placeront l’élève en contact avec la nature afin d’estimer ses possibilités à en régir les éléments constitutifs. Elles lui permettront de donner une image de son action sur, dans - voire contre- le paysage. Pour l’atteindre, l’enfant mettra en œuvre ses capacités à observer, décrire, sélectionner et organiser les différents moyens plastiques, naturels ou picturaux mis à sa disposition. » Après avoir procédé à une " analyse " du paysage qui permet de déterminer ce qui le caractérise, on passe à l’étape " d’intervention " sur le paysage lui-même. Ainsi, le fait de changer sa composition en ajoutant ou déplaçant des éléments, modifie l’image du paysage pour créer un " paysage fabriqué ". On " réinvente " une nouvelle réalité, on " révèle " une autre dimension du lieu. - S’émerveiller, nommer, classer, collectionner, imiter la Nature, emprunter à la Nature, jouer avec

la diversité : modules, formes, couleurs, étagements, trompe-l'œil… - Herbiers d’artistes, natures vivantes, natures mortes… - Être nature - Marcher dans le paysage, dessiner avec le paysage - Emballer le paysage - Corps et paysage - Espèces d'espaces:

jardins « urbains » repérés sur l’espace public ou dans la cour de l’école (une plante qui pousse à travers le bitume…)

jardins en pleine terre qui peuvent s’organiser sous la forme de petits lotissements jardins nomades (dans des bacs) qui peuvent s’installer au centre de la classe et

suivre les enfants pendant les vacances. Collège: Classe de 6e : L'hétérogénéité et la cohérence plastiques: À partir du goût des élèves pour construire et pour fabriquer en utilisant des matériaux et des moyens d'assemblage divers, se posent les questions de choix, de relations formelles et de sens, de cohérence, d'hétérogénéité. Lycée: Classe de Terminale, Option facultative : Après avoir traité de la "représentation" en classe de première, l'enseignement en terminale pose plus particulièrement la question de la "présentation", question qui détermine à la fois la pratique artistique et l'approche culturelle. Tout en prolongeant le questionnement sur la "représentation" abordé en classe de première, et ce qui constitue l'œuvre, l'enseignement s'attache en classe terminale à la problématique de la "présentation". Les élèves sont conduits à découvrir et exploiter les dispositifs et les stratégies conçus par les artistes pour donner à voir et ressentir leurs œuvres et impliquer le spectateur. L'enseignement prend appui notamment sur les pratiques du XXe siècle, la "présentation" y occupant une place importante au point d'être parfois l'objet principal de certaines démarches de création.

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OUVERTURE À D'AUTRES CHAMPS DE REFERENCE : AGRICULTURE :

Quelques généralités sur la fraise : Les Romains consommaient des fraises pour leurs vertus thérapeutiques. Ces fruits sont arrivés en France au XVIIIe siècle. Jusqu’alors, on ne connaissait que les fraises des bois. Un explorateur au nom prédestiné, Antoine Amédée Frézier, rapporta des plants de grosses fraises du Chili, en 1713. C’est de là que viennent les fraises que nous consommons actuellement. Mais elles ont bien évolué. La fraise fut un fruit de saison qui se trouvait sur les marchés seulement à partir du mois de mai. Les fraises sont maintenant commercialisées toute l’année. En hiver, elles viennent de l’hémisphère Sud ou d’Israël. Elles sont particulièrement riches en vitamine C, autant que les agrumes. Elles le sont aussi en pectines bénéfiques pour le tube digestif. La fraise fait partie des aliments qui font se libérer de l’histamine dans l’organisme. La fraise contient un peu d’acide salicylique, autrement dit de l’aspirine. Mais à l’état de traces, en quantités infimes. Néanmoins, elle avait, dans le passé, l’image d’un fruit «bon pour les rhumatismes». La fraise est un fruit fragile qui supporte difficilement le transport. C’est pourquoi des espèces solides ont été mises au point : ce sont celles que l’on trouve surtout hors saison. La Mara des bois, un OGM avant l’heure ? Les producteurs français ont créé de nouvelles espèces juteuses et parfumées: La variété Mara des bois (obtention Marionnet) est remarquable à double titre : par ses fruits -de forme conique légèrement allongée- très parfumés au goût de fraise des bois et par son exceptionnelle productivité (jusqu’à 1kg par pied). Remontante, elle donne des fraises de mai jusqu’aux gelées. Cette variété est recommandée pour sa saveur, à déguster dans de délicieux desserts. Son feuillage est persistant en climat doux. Peu sensible aux parasites, ce fraisier donne des fruits parfumés toute l’année. C'est une véritable star ! Les parfums merveilleux qu'elle dispense font le bonheur des grands pâtissiers.

La culture hors sol ou culture hydroponique : L'hydroponie permet d'obtenir de surprenants résultats, rapidement et proprement. La culture hydroponique est une très ancienne méthode de culture que l'on retrouve, par ailleurs, à l'état sauvage dans la nature. ( Voir plus loin l'article concernant les murs végétaux) La technique consiste à faire pousser les plantes sans terre, dans un milieu inerte, en général d'origine minéral. La culture hydroponique est donc une manière particulièrement efficace d'apporter des minéraux aux plantes puisqu'ils sont directement assimilables. De plus, la circulation de la solution nutritive dans un système hydroponique assure l'oxygénation des racines. L'alimentation hydrique et la nutrition minérale sont souvent couplées dans ce que l’on convient d'appeler la fertirrigation. Elle consiste à arroser toujours avec une solution nutritive. Ce couplage ne va pas sans inconvénient puisque, du fait de l'absorption sélective par les racines, la consommation d'eau augmente plus en période chaude que la consommation d'éléments nutritifs. Il en résulte une concentration de la solution nutritive qui peut être préjudiciable à la culture. Par ailleurs, à certaines phases du cycle végétatif de la culture, certains éléments nutritifs sont absorbés préférentiellement. Cela justifie l'utilisation successive, au cours de la vie de la culture, de solutions de compositions différentes.

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SVT :

Nutrition végétale en culture hors sol14 Raymond GRAS,

Ingénieur agronome I.N.A., Docteur ès sciences, Directeur de recherche de 2e classe à l'Institut national de la recherche agronomique (I.N.R.A.)

En culture hors sol, les couches de substrat sont peu épaisses : de 7 à 15 cm, et le volume disponible pour le développement des racines, réduit. Par exemple, un plant de tomate dispose de moins de 10 l. Ces faits ont des conséquences au moins aussi importantes que celles qui tiennent au remplacement de la terre par des substrats. Si l'on compare dans les mêmes conditions les variations de température dans des substrats, dans un sol en place et dans la solution d'une culture sur film nutritif, on constate d'assez grandes différences. C'est pour la solution du film nutritif que les variations de température sont les plus accentuées et c'est l'inverse pour le sol en place. Les substrats occupent une position intermédiaire et, dans ce cas, amortissent moins les variations de température que le sol. Ces faits ont certainement plusieurs origines au nombre desquelles il faut compter la moindre capacité calorifique du substrat dont le volume dans une serre est moins important que le volume de terre. Le volume de substrat disponible pour le développement des racines est réduit, ce qui entraîne des déformations du système radiculaire, les racines se concentrant à la périphérie du conteneur. En culture hors sol, le système radiculaire des plantes est confiné dans un volume restreint, sans commune mesure avec l'espace naturellement exploré par les racines. Il en résulte certainement une augmentation du rapport des masses entre parties aériennes et racines qui n'est pas préjudiciable au bon fonctionnement de la plante, si l'on en juge par les rendements enregistrés en culture intensive. Alimentation en eau et nutrition minérale doivent être envisagées ensemble, car l'eau d'arrosage et la solution nutritive passent par les mêmes canalisations. L'eau est fournie par une installation d'irrigation fixe. Des asperseurs disposés sur une canalisation apportent l'eau en pluie sur toute la surface du substrat. La réduction du volume de substrat utilisé a conduit à une diminution de la section horizontale du conteneur. Cela a amené à apporter l'eau en un point de la surface du substrat par un tuyau fin d'arrosage au goutte-à-goutte. En fait, il ne s'agit pas d'un goutte-à-goutte stricto sensu qui n'utiliserait le substrat que pour le transfert en continu de l'eau du tuyau d'arrosage aux racines ; les irrigations restent périodiques, ce qui implique d'utiliser entre chaque arrosage une fraction de la réserve en eau du substrat. La consommation optimale d'eau du végétal varie considérablement d'une saison à l'autre, mais également au cours d'une journée. Il importe donc de déterminer les quantités d'eau à apporter. Pour déclencher une irrigation, on ne peut se baser sur l'aspect du végétal, la turgescence par exemple, car, lorsqu'une plante manifeste de tels signes, sa production est déjà affectée. Il faut donc utiliser d'autres moyens. Il est possible de mesurer la succion à laquelle l'eau est soumise dans le substrat au moyen d'un tensiomètre ; l'irrigation commence alors dès que la succion atteint une certaine valeur. On peut également évaluer la demande en eau qu'est l'évapotranspiration potentielle, en la calculant à partir de la valeur de la radiation globale incidente, mesurée par une sonde. On peut aussi accéder directement à l'évapotranspiration en mesurant la quantité d'eau qui s'évapore d'un bac placé dans la serre. Juste après leur installation, les cultures annuelles consomment moins que l'évapotranspiration potentielle.

14 Extraits d'un article de l'Encyclopédie Universalis

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GEOGRAPHIE / AMENAGEMENT DU TERRITOIRE : Rappels de Stéphane HÉNIN, Directeur de recherche honoraire à l'I.N.R.A.

Le terme « aménagement » dérive du mot « ménage ». Ce dernier prend son origine dans le mentio latin, c'est-à-dire la demeure. Il désigne tout ce qui concerne les soins, la surveillance de ce qui intéresse la maison. Ménager son bien, c'est l'utiliser de manière que rien ne soit perdu. Le sens s'étend de la maison au champ ; Olivier de Serres parle ainsi du « mesnage des champs ». «Ménage» a donné « ménagement » : art de conduire, de diriger, de manier (Littré), qui est devenu le «management ». L'aménagement est à la fois l'action entreprise pour gérer au mieux les biens et le résultat de cette action ; l'aménagement d'une forêt consiste tout autant à mettre en place les layons qui en permettent l'accès que d'en régler les coupes. L'aménagement du territoire implique une idée de gestion appliquée à l'ensemble des ressources nationales, et notamment de l'espace qui devient par endroits un bien rare. L’aménagement du territoire15 Une volonté politique :

Marquée par des siècles de tradition centralisatrice politique et économique, la France offre au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de fortes disparités régionales qui se traduisent notamment par le poids excessif de la capitale - Paris rassemble alors plus de 15 % de la population -, ensuite par le contraste entre les villes et les campagnes, ces dernières enregistrant un niveau de développement sensiblement inférieur. Pour remédier à ces inégalités, les pouvoirs publics ont conduit depuis le milieu des années soixante une politique d’aménagement du territoire visant à instaurer une meilleure répartition des hommes et des activités. Des objectifs liés aux évolutions économiques et sociales

Les premiers outils de l’aménagement du territoire sont définis en 1955. La Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR), créée en 1963, devient l’instrument privilégié d’intervention. Elle pilote le rééquilibrage du territoire, en s’appuyant sur divers organismes locaux, compétents notamment en matière d’équipement touristique, d’industrialisation ou d’aménagement des aires métropolitaines. Dans un premier temps, l’État détermine les objectifs de l’aménagement dans le cadre de la planification et il assure la maîtrise des opérations.

Le ralentissement de la croissance à compter de 1974, et la crise qui affecte bon nombre de branches industrielles anciennes, tels le textile et la sidérurgie, conduisent l’État à réviser les objectifs de l’aménagement du territoire, d’autant que ses moyens financiers diminuent. Les grandes opérations d’aménagement sont délaissées et les actions visent avant tout à faciliter la reconversion des vieux foyers industriels par la réhabilitation des paysages, par la requalification de la main-d’œuvre et par l’implantation de nouvelles activités. Il doit aussi faire face à deux problèmes qui s’accentuent : la désertification du monde rural et les difficultés de certains quartiers urbains. L’État, assisté par les subventions de l’Union européenne, multiplie donc les aides à l’agriculture et encourage l’implantation de nouvelles activités, en particulier la sylviculture et le tourisme. L’impact de la régionalisation et de la politique européenne

Les lois de décentralisation, votées en 1982 et 1983, ont conduit l’État à se désengager progressivement de l’aménagement du territoire en transférant aux collectivités locales une large part de ses moyens d’action. Les régions, devenues des collectivités territoriales à part entière, disposent de nombreuses compétences, notamment en matière d’aménagement du territoire. Elles élaborent des programmes d’aménagement concerté du territoire (PACT), en liaison avec l’État et dans le cadre du plan national. Les autres collectivités territoriales, dont les pouvoirs ont été accrus dans le cadre de la régionalisation, voient également leurs compétences élargies. C’est le cas des 36 500 communes du pays qui bénéficient d’une grande autonomie en matière d’urbanisme. Ainsi, elles adoptent un plan d’occupation des sols (POS) déterminant les fonctions des différentes parties du territoire communal (agriculture, habitat, espaces verts...) et le maire attribue désormais les permis de construire. Les départements, quant à eux, assurent une partie des aménagements agraires, comme le remembrement, et gèrent le réseau des routes départementales.

15 Dossiers consultables sur le site : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/france_829/decouvrir-france_4177/france-a-z_2259/territoire_2559/colonne-droite_3289/liens-utiles_3315/sites-dossiers-sur-territoire_32883.html

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ARTS PLASTIQUES :

LA NATURE DANS L'ART : Références complémentaires

Derain, l’Estaque, 1906 Christo, Wrapped Trees, 1998 Simonds, Ruines, ≈ 1980 Lucas Cranach, Chasse à

Torgaux, 1544

Cézanne, Ste Victoire, 1900 Friedrich, Arbre aux corbeaux, 1808

Le Lorrain, paysage avec Acis et Galathée, 1657

Van Gogh, Plaine de la Crau, 1888

Monet, Nymphéas, 1905 Nils Udo, Liserons, 1990 Giorgione, Tempête, 1508 Corot, Ville d’Avray, 1825

Konrads, Moment, 2004 Wolgang Laïb, 5 montagnes infranchissables, 1997 Sérusier, le Talisman, 1888 Long, Ligne, Irlande, 1973

Turner, Tempête de neige, 1812

Hubert Duprat Sans titre, 1986

or et pierres précieuses, 1 x 2 cm

Jean Verane, SinaÏ, 1980 Walter de Maria, Lightning field, 1977

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D'autres artistes16: Vladimir Sitta a émigré en Australie, il y a 20 ans. D’origine tchèque, il apportait dans ses valises des idées nouvelles pour la création de jardins contemporains sur le cinquième continent. Depuis, Sitta est très demandé. Et pas seulement dans sa patrie d’adoption, Sydney. Il est reconnu dans le monde entier comme un visionnaire en matière de création de jardins urbains. Il marie à merveille le minimalisme moderne et la théâtralité baroque dans un style affirmé. Pour Vladimir Sitta, le jardin est une scène sur laquelle il conjugue différents thèmes à sa guise. Les rôles principaux sont tenus par les quatre éléments : le feu, l’eau, l’air et la terre. Et pour que ses mises en scènes soient équilibrées, il utilise des effets spéciaux et n’hésite pas, s’il le faut, à devenir un peu pyromane. Grâce à son perfectionnisme, à la qualité des matériaux qu’il utilise, même un petit jardin en ville devient un vrai régal botanique. Ainsi, avec quelques bambous, une sculpture, un peu de vapeur pour le côté mystique et un éclairage futé, Sitta transforme un jardin d’à peine 70 mètres carrés en un « Theatre of light garden ». Même s’il est très romantique, Vladimir Sitta ne se cantonne pas à créer des oasis urbaines individuelles. Son art doit à la fois surprendre le spectateur, communiquer avec lui ou le confronter à des contradictions. Cela est tout particulièrement frappant dans le « Jardin des rêves australiens », situé dans la capitale Canberra. Dans ce jardin, V. Sitta a tenté de raconter l’histoire du pays. Derrière la façade moderne se cache la philosophie ancestrale des aborigènes australiens, pour lesquels le pays est une étoffe tissée de multiples histoires. En créant des paysages imaginaires, Sitta se livre à une sorte de compétition artistique avec la nature. Ces paysages tantôt pleins d’humour tantôt kafkaïens rappellent ses origines est-européennes. Outre le jardin du Musée national à Canberra et ce généreux jardin de ferme à l’intérieur des terres, le film nous en dévoile trois autres, plus petits mais tout aussi intéressants, situés au cœur de la métropole fascinante qu’est Sydney. Voici ce que dit Vladimir Sitta sur le rôle du jardin : « C’est peut-être parce que nous pensons qu’ils nous survivront que tous les jardins nous paraissent romantiques. Je ne dirai pas de moi que je suis complètement romantique. Peut-être que ce qui est romantique en moi, c’est que je crois que mes jardins peuvent avoir un effet positif. » La paysagiste californienne Topher Delaney échafaude depuis quelques années des « jardins sanctuaires ». Ce sont des jardins pensés comme des lieux de retrait, de spiritualité pour leurs propriétaires ; des jardins où l’on vient méditer, se ressourcer ou prendre des forces. Depuis qu’elle a survécu à une maladie très grave, T. Delaney pense que son travail est un « pacte avec Dieu ». Aujourd’hui, elle souhaite, grâce à ses jardins, aider les autres à retrouver le chemin d’eux-mêmes. Certains de ses projets s’inscrivent directement dans la tradition des « jardins thérapeutiques », une philosophie botanique développée il y a plus de 2 400 ans dans la Grèce antique. Elle part du principe que l’environnement bienfaisant des jardins peut guérir les hommes. Avant chaque création, T. Delaney discute longuement avec ses clients de leur enfance. Ce travail préparatoire permet à T. Delaney de créer des jardins très personnels et très intimes. C’est aussi la raison de la diversité de son travail. Ses jardins peuvent être romantiques, ou froids et modernes. On y reconnaît à la fois l’influence colorée de l’Inde, le formalisme français et le minimalisme japonais. Mais même malgré cette diversité culturelle, on retrouve la signature très personnelle de l’artiste. Son leitmotiv intérieur, c’est « la recherche de l’équilibre ». Le film nous fait découvrir les plus belles créations de T. Delaney à San Francisco et dans ses environs et nous montre cette artiste polyvalente dans son atelier atypique près de Southpark. C’est là que T. Delaney travaille, entre perroquets et aquariums, avec son équipe multiculturelle, sur des projets de jardins, des sculptures et du design moderne. À tous ceux qui souhaitent créer un jardin, voici ce que conseille T. Delaney : «Fais-le toi-même ou demande à quelqu’un de le faire pour toi, à un designer. Ne lui montre pas de photo trouvée dans le journal en lui disant : voilà ce que je veux. Essaie de bien définir ce que tu veux, ce qu’il peut faire pour toi. Fais de l’art, du vrai. Ne cherche pas à faire une copie de la dernière oeuvre de Bruegel ou du jardin du cloître de Padoue. Tout cela existe déjà et ils se sont très bien débrouillés pour le faire tout seuls, à Padoue. Ce qui importe, c’est ici et maintenant, le XXIe siècle»

16 Extraits du site d'Arte TV

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L’Atelier Alias de Leipzig a une vision très mobile du jardin contemporain. Katja Heinecke, Bertram Weisshaar et Reinhard Krehl envoient les jardins en vacances, s’intéressent à la recherche sur l’art de la promenade et ont inventé la première bourse d’échange de jardins au monde. Les créateurs de l’Atelier Alias mêlent la poésie, le jardinage et le « happening » pour montrer avec humour ce qu’ils entendent par planification urbaine et rurale au début du XXIe siècle. L’idée fixe de ces artistes du jardin, c’est de décliner la diversité infinie des jardins dans des lieux les plus incroyables possible. Avec beaucoup d’imagination et peu d’accessoires, ils font ainsi surgir des petites oasis dans les lieux les plus surprenants de la ville. À Düsseldorf, une voie de garage se métamorphose en un jardin japonais en l’espace de quelques minutes, à Berlin, c’est une vieille péniche qui, en l’espace d’un après-midi, se change en « jardin échoué » et à Leipzig, un « Sprawl garden » plein de mystère s’immisce entre deux bâtiments désaffectés sans que personne ne s’en aperçoive. Pour ces trois jeunes artistes, c’est une chance que de pouvoir sans cesse repartir de zéro. Ils préfèrent se livrer à des expériences éphémères plutôt que de créer des œuvres pour la postérité. Le film nous emmène avec l’Atelier Alias dans différentes villes d’Allemagne, où les artistes installent des jardins temporaires. Nous y découvrons aussi cette bourse d’échange de jardins, créée par l’Atelier Alias. Pendant un été entier, les propriétaires de jardins à Düsseldorf ont ouvert leurs jardins aux visiteurs et utilisateurs. Un projet innovant qui répond à une évolution des loisirs des citadins et qui fait souffler un vent de renouveau sur les jardins. De nombreuses oeuvres d'autres artistes célèbres, parmi lesquels Joseph Beuys, Ivan Hicks, Maurizio Cattelan, David Nash, Ian Hamilton Finlay, Pierre Vivant, Lena Lervik, Jacques Wirtz et Jeff Koons, Helen Mayer et Newton Harrisson, Michel Blazy, Hubert Duprat… font appel au vivant. "L'œuvre d'Hubert Duprat peut être perçue comme une petite sculpture-architecture, précieuse à la fois par les matériaux qui la constitue et par sa fragilité apparente. On sait que, en lieu et place de l'étui habituel (en bois, gravier ou coquilles), l'artiste a contraint des larves aquatiques de trichoptères à réaliser de nouvelles constructions avec des matériaux laissés à leur portée (or, perles, rubis.). Les animaux se déplacent avec cet étui jusqu'à leur métamorphose en papillon de nuit. Selon Guy Tortosa, la sculpture est ici «vivante, organique, minuscule, multipliable à volonté», tandis qu'au plan architectural «l'adéquation de la forme et de la fonction impose cette construction comme un remarquable exemple de machine à habiter», l'art devenant ici «la matière même de l'architecture». Le petit abri (sorte d'atelier-cocon) de l'artiste «maître d'œuvre» Duprat évoque la fabrication, la construction, et met en avant un processus de création aux multiples possibilités de combinaisons."17

Pour compléter ses connaissances, l'ouvrage de Colette Garaud18 est fortement recommandé...

17 Gaëlle JUMELAIS, Professeur chargé de mission au Frac Pays de la Loire 18 Colette GARAUD, L’idée de nature dans l’art contemporain - Paris, Flammarion, 1993

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Festival des Jardins de Chaumont 2002

Le Jardin flou Luis Bisbe, S. Dauge, A. Giménez Imirizaldu, P.

Magnusson, A. Tous et S. Vespasiani, Espagne

© Jérôme GALLAND

Un festival très attendu : Chaumont-sur-Loire

Ouvert du 28 avril au 14 octobre 2007, de 9H30 à la tombée de la nuit.

Ferme du Château de Chaumont-sur-Loire, 41

Cette manifestation invite les visiteurs à venir s'amuser dans une trentaine de jardins éphémères. Ces prototypes du futur se veulent sources d'inspiration pour tous et adaptables par chacun. La

devise du festival pourrait se résumer à : "Venez cueillir nos idées". La première édition a eu lieu en 1992 : depuis, chaque année, des créateurs du monde entier inventent des jardins autour d'un thème choisi, dans le parc du château de Chaumont-sur-Loire, qui domine la vallée de la Loire. "Chaumont est devenu laboratoire d'idées et nous allons essayer de faire essaimer la culture des jardins" déclare le directeur. Les concepteurs, cosmopolites, sont sélectionnés sur dossier par un jury international. Quatre parcelles sont réalisées par des équipes invitées. Parmi les concepteurs, il y avait l'an passé (édition 2006) huit paysagistes, six architectes -qu'ils soient encore étudiants ou déjà dans la profession- et deux plasticiens. Le thème du "jeu au jardin" (jeux d'eau, de vent, d'enfants) choisi par le grand spécialiste des paysages et jardins Jean-Paul Pigeat19, a beaucoup inspiré les concepteurs qui se sont parfois replongés dans le livre de Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles.

Ces jardins constituent un panorama de l'état de la création paysagère dans le monde: on peut passer de l'échiquier végétal et mobile planté dans des poubelles à roulettes, au jardin de sons et d'odeurs, ou à celui à la marelle d'eau flottant sur un bassin, se perdre dans le jardin-labyrinthe aux miroirs pivotants et à végétation de pampa d'une équipe argentine, ou jouer avec les ombres dans celui de paysagistes américains mettant en scène un béton transparent, ou bien encore grimper dans le jardin-cabane par un escalier à hélice suspendue à un arbre. Cette année, le mot d'ordre de la seizième édition est: "Mobiles! Des jardins pour un monde en mouvement"

19 Créateur -récemment décédé- de ce festival unique au monde

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HISTOIRE DES ARTS :

L'art des jardins20

Jardin de l'Orangerie, Versailles L’histoire de l’art paysager ne se résume pas à une succession d’époques et de styles, mais reflète de façon particulière l’évolution de la relation entre les hommes et leur environnement. Du petit jardin privé où l’on se retire pour se détendre et méditer jusqu’aux immenses espaces verts, manifestation du pouvoir politique, la variété des jardins est infinie. En l’occurrence, il est intéressant de se pencher sur l’interaction avec des disciplines voisines, la littérature, l’architecture, la peinture ou la musique, qui a de tout temps marqué le jardinage. Outre les conditions naturelles comme le climat et la topographie, ce sont surtout des facteurs culturels, historiques et politiques qui ont présidé à l’émergence de styles paysagers donnés. Joachim Hassel retrace ci-après l’histoire de l’art paysager à travers différents chapitres :

- Au commencement était le paradis : Les hommes ont de tout temps été fascinés par les jardins. La quête du paradis qui s’exprime dans les jardins est aussi vieille que la civilisation. Le jardin d’Eden avec ses arbres et ses cours d’eau offre un espace où la vie est insouciante et paradisiaque, en harmonie avec le Créateur. À l’instar du terme « paradis », emprunté au persan, le mot jardin désigne un petit terrain qu’une clôture délimite de la nature sauvage environnante. Les premiers jardins voient le jour dans les anciennes civilisations du bassin méditerranéen et du Proche-Orient, et seront ensuite pris pour modèle. Les jardins de l’Egypte antique, pays recouvert pour l’essentiel par le désert, se caractérisent par la présence en leur centre d’un bassin rectangulaire. En Assyrie, on crée vers l’an 1000 avant J.-C. des forêts aménagées comme des parcs, destinées à la chasse. Sans oublier les célébrissimes jardins suspendus de Babylone. Attribués dans un premier temps à la reine Sémiramis, on pense aujourd’hui qu’ils ont vu le jour à l’initiative de Nabuchodonosor II (604-562 avant J.-C.). Ils comptent parmi les 7 merveilles du monde.

- L’Antiquité : De nombreux écrits attestent de l’art paysager des Romains, qui aura une

influence décisive sur les jardins de la Renaissance. À l’exemple des Grecs, les Romains créent dans les maisons citadines des péristyles, c’est-à-dire des jardins fermés entourés d’une colonnade, agrémentés de bassins, de bacs à fleurs et de statues. Un autre style de jardin, largement décrit par Pline le Jeune, s’épanouit dans les villas romaines. En effet, les domaines situés sur les hauteurs aux abords des villes offrent une douce retraite à leurs occupants qui y jouissent d’une vue merveilleuse sur le paysage environnant. Outre les arbres qui offrent généreusement leur ombre et leurs fruits, on trouve dans ces jardins des parterres de fleurs, des buissons, mais aussi des ruisseaux et des fontaines, des charmilles, des buis taillés et des statues

20 Extraits du site d'Arte

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- Le Moyen-Âge : Au Moyen-Âge, la tradition des jardins antiques est essentiellement perpétuée dans les monastères. Outre les plantes aromatiques et médicinales, certains parterres sont exclusivement destinés au plaisir des yeux. Ces « jardins du paradis » sont généralement situés dans le cloître. Ils se caractérisent par leur structure cruciforme, qui divise le jardin en quatre parties. Une fontaine en son centre symbolise la vie. On trouve de nombreuses représentations de l’art paysager du Moyen Age sur des tableaux et illustrations. Dans l’art profane, le jardin joue un rôle important en tant que lieu de plaisir, comme le rapportent les écrits et poèmes des cours princières.

- Le jardin Renaissance en Italie : La liberté et la soif de découverte qui caractérisent la

Renaissance se manifestent également dans l’art paysager. Des jardins exprimant le caractère illimité de l’esprit humain voient le jour en Italie, berceau de la Renaissance et modèle culturel de l’époque. Ces jardins exerceront une influence décisive sur l’art paysager dans toute l’Europe. En 1503, l’architecte Donato Bramante conçoit un jardin en terrasse sur le Belvédère du Vatican. Il règle le problème du dénivelé de 20 mètres par un majestueux escalier. Ce concept sera repris dans de nombreux jardins italiens au XVIe siècle. L’utilisation de terrasses et d’escaliers permet non seulement d’intégrer une troisième dimension dans les jardins, mais aussi de créer une harmonie entre architecture et paysage. Villas et jardins sont alors installés de préférence sur des versants escarpés. De la villa et des jardins en terrasse situés en contre-bas, on a vue sur le versant opposé. La transition entre nature et culture est matérialisée par des bosquets qui, en même temps, délimitent le jardin. L’eau, omniprésente dans ces jardins (canaux, fontaines et jeux d’eau) stimule l’esprit tout en créant un agréable microclimat. La référence à l’Antiquité se traduit par la présence de statues et de troncs d’arbres sculptés. Parmi les meilleurs exemples de jardins de la Renaissance italienne, on peut citer ceux de la Villa d’Este à Tivoli et de la Villa Lante à Bagnaia

- Le jardin à la française : Un style très différent apparaît en France au XVIIe siècle. Dans les

grandes plaines boisées du nord de la France, on crée d’immenses jardins destinés en premier lieu à exprimer la puissance et la richesse de leurs propriétaires et à servir de cadre aux mises en scène de la cour. Le « jardinier » le plus célèbre de l’époque est André Le Nôtre (1613-1700) ; dans ses créations paysagères, il réussit mieux que quiconque à exprimer la suprématie de l’esprit humain sur la nature. Ses plans strictement rectilignes et symétriques en font le maître des effets visuels et de la perspective. Le château, placé au centre du jardin, symbolise l’absolutisme de l’Etat. De là se développe, en étoile, une vaste perspective axiale qui semble illimitée et déborde très largement sur la forêt environnante. La stricte ordonnance géométrique des parterres de broderie est assouplie par des cabinets de verdure, des parterres et une multitude de fontaines, bassins, jeux d’eau et grottes. De grands bassins aux eaux calmes, des charmilles rectilignes et des bosquets, mais aussi des terrasses et des ornementations donnent toute sa physionomie au jardin. Les jardins français, au premier chef le majestueux parc de Versailles, ont inspiré de nombreux jardins en Europe, qui n’ont toutefois jamais réussi à égaler la beauté ni la grandeur de l’original.

- Le jardin anglais : L’abandon, au XVIIIe siècle, du jardin à ordonnance géométrique stricte au

profit du jardin paysager constitue une véritable révolution qui marquera l’art paysager pour les deux siècles suivants. Les premiers jardins paysagers créés dans la région de Londres sont l’expression d’un changement de mentalité et d’une nouvelle approche de la nature qui s’était déjà manifestée précédemment dans la littérature et la peinture. Contrairement aux jardins dans lesquels la nature est domestiquée et façonnée, le jardin anglais redevient l’idéal du libre épanouissement des plantes, expression de la pensée libérale du Siècle des lumières. Rien d’étonnant donc qu’un écrivain, Alexander Pope (1688-1744), soit à l’origine du premier jardin de ce type situé à Twickenham. Les jardins à l’anglaise forment un paysage où la nature est idéalisée. Ils forment des compositions pittoresques mêlant paysages, eau, arbres et architecture, qui respectent le « genius loci », l’esprit du lieu. Dès lors, le jardin n’est plus un terrain cultivé arraché à la nature sauvage et qui contraste avec elle. Tout le pays s’est mué en jardin. Or, ce type de jardin pittoresque n’est naturel qu’en apparence, la nature étant en réalité délibérément mise en scène. La succession de compositions paysagères rappelle les toiles classiques et arcadiennes de Claude Lorrain, Nicolas Poussin ou Jacob van Ruisdael, qui présentent une nature stylisée servant de décor aux émotions et sentiments humains. L’un des meilleurs représentants du genre est Lancelot « Capability » Brown (1716-

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1783) qui, à l’aide d’un petit nombre d’éléments, crée des compositions paysagères équilibrées et harmonieuses. De vastes pelouses sont émaillées d’arbres isolés et de bosquets. De grands plans d’eau aux berges sinueuses, de petites collines et des chemins tortueux créent une impression de paysage naturel. Des ornements et éléments d’architecture sont placés de façon ciblée dans le parc, afin de créer des perspectives élaborées et de susciter l’émotion. Après l’Angleterre, ce nouveau style paysager conquiert rapidement l’Europe continentale. L’un des premiers jardins pittoresques d’Allemagne est créé à Wörlitz, à l’initiative du prince Léopold III Frédéric-François d’Anhalt-Dessau. Dans sa fougue créatrice, ce prince éclairé transcende les limites du parc et engage un processus d’embellissement dans toute la principauté. Le parc de Wörlitz devient rapidement célèbre et inspirera également Johann Wolfgang von Goethe pour la conception du parc de Weimar.

- Le XIXe siècle : Les principes paysagers de Lancelot Brown sont revisités en Allemagne au

XIXe siècle. Peter Joseph Lenné (1789-1866), qui intervient à Berlin et Potsdam, allie différents types d’aménagements en un concept global de parc, celui-ci formant alors une œuvre d’art alliant nature et architecture au travers d’axes visuels. Lors de ses nombreux voyages en Angleterre, le prince Hermann de Pückler-Muskau (1785-1871) se familiarise avec le style de jardin à l’anglaise. Il le réalisera ensuite de façon très réussie dans les parcs de Muskau et du château de Branitz près de Cottbus, où il s’est fait ériger une sépulture au milieu du lac, dans une pyramide en terre de 20 mètres de haut. L’apparition de jardins publics au XIXe siècle amorce une tendance qui attribuera à l’art paysager une fonction de santé sociale toujours plus marquée. Avec l’ère industrielle, le besoin d’air pur et de mouvement est reconnu à l’ensemble de la population. Dès 1807, Friedrich Ludwig von Sckell, le créateur du Jardin Anglais à Munich, demande que des jardins publics soient aménagés pour les citadins. À la suite de quoi l’on voit émerger en Allemagne une multitude de grands parcs publics, mais aussi de petits squares, cimetières aménagés pour la promenade, terrains de sport et aires de jeux dont l’objectif est de fournir à toutes les couches de la population des espaces verts en quantité suffisante.

- Le XXe siècle : L’art des jardins se caractérise, au XXe siècle, tout d’abord par l’abandon du

style paysager stéréotypé et par un regain d’intérêt pour les jardins géométriques. En parallèle, on voit émerger une multitude de concepts et de styles de jardins, tel le « jardin naturel » préconisé par Willy Lange (1864-1941), qui préfigure le mouvement écologiste. Au XXe siècle, l’extension du jardinage à l’ensemble du paysage, amorcée par le jardin anglais, trouve son prolongement dans l’architecture paysagère qui s’attache à créer tous types d’aménagements à ciel ouvert. En dépit de la multiplicité des concepts, styles et modes en matière d’art paysager, on observe depuis toujours une constante : l’aspiration des hommes à vivre en harmonie avec la nature et la nostalgie du paradis perdu.

Voir par ailleurs sur Arte21 la série Jardins d'artistes

21 http://www.arte.tv/fr/art-musique/Jardins-d_E2_80_99artistes/899316.html

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PHILOSOPHIE :

NATURE versus CULTURE

Deux textes peuvent être intéressants à étudier, car contradictoires :

Aristote, Physique, II, 1 "Parmi les êtres (…), les uns existent par nature, les autres par d’autres causes ; par nature, les animaux et leurs parties, les plantes et les corps simples, comme terre, feu, eau, air ; de ces choses en effet, et des autres de même sorte, on dit qu’elles sont par nature./ Or, toutes les choses dont nous venons de parler diffèrent manifestement de celles qui n’existent pas par nature ; chaque être naturel, en effet, a en soi-même un principe de mouvement et de fixité, les uns quant au lieu, les autres quant à l’accroissement et au décroissement, d’autres quant à l’altération. Au contraire, un lit, un manteau ou tout autre objet de ce genre, en tant que chacun a droit à ce nom, c’est-à-dire dans la mesure où il est un produit de l’art, ne possèdent aucune tendance naturelle au changement, mais seulement en tant qu'ils ont cet accident d'être en pierre ou en bois ou en quelque mixte, et sous ce rapport ; car la nature est un principe et une cause de mouvement et de repos pour la chose en laquelle elle réside immédiatement, par essence et non par accident."

Descartes, Les principes de la philosophie, quatrième partie, article 403

"Je ne reconnais aucune différence entre les machines que font les artisans et les divers corps que la nature seule compose, sinon que les effets des machines ne dépendent que de l'agencement de certains tuyaux, ou ressorts, ou autres instruments, qui, devant avoir quelque proportion avec les mains de ceux qui les font, sont toujours si grands que leurs figures et mouvements se peuvent voir, au lieu que les tuyaux ou ressorts qui causent les effets des corps naturels sont ordinairement trop petits pour être aperçus de nos sens. Et il est certain que toutes les règles des mécaniques appartiennent à la physique, en sorte que toutes les choses qui sont artificielles, sont avec cela naturelles. Car, par exemple, lorsqu'une montre marque les heures par le moyen des roues dont elle est faite, cela ne lui est pas moins naturel qu'il est à un arbre de produire des fruits." Quels sont les présupposés de nos opinions communes concernant la nature et la technique ? Vanter le naturel, c’est le faire au détriment de l’homme et de son activité sur, ou à partir de, cette nature : c’est donc présupposer que l’homme est un être qui introduit du désordre dans le monde/ nature et donc, que la nature est en soi quelque chose qui a de la valeur, qui est en ordre ; c'est affirmer que la technique est destructrice de cet ordre, qu’elle est en soi mauvaise. Questions : la nature a-t-elle de la valeur ? La technique est-elle mauvaise en soi ? Louer le naturel au détriment de la technique, n'est-ce pas sous-entendre que la distinction nature / technique va de soi et, par là même, que la nature existe en soi. Questions : cette distinction est-elle fondée ? La nature existe t-elle en soi ? Y a-t-il encore du sens à parler d’une pure nature?

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LETTRES :

Moissons futures Anthologie, Daniel Conrad

La Découverte, 2005 Quelle agriculture en 2050? Tel pourrait être le point de départ donné par Daniel Conrad à dix-sept écrivains pour son anthologie Moissons futures -recueil de nouvelles de science-fiction. À travers cette anthologie, les auteurs décrivent le monde de demain et des futurs probables ou fantasmés. Les textes réunis illustrent la fraternité, l'avenir face à la mondialisation, le nouvel Eden, les progrès de l'agriculture, l'intelligence artificielle ou la nourriture par psychokinèse. C’est une première dans un paysage de la science-fiction française peu habituée à s’ancrer

autant dans la réalité, excepté avec quelques auteurs comme Ayerdhal, Jean-Pierre Andrevon ou Jean-Marc Ligny. Quant au thème de l’agriculture, il est rarement, sinon jamais, traité par ce genre. Ces nouvelles sont autant de visions différentes, s’attardant sur un détail ou proposant une perspective générale, versant dans la hard science ou la poésie. Mais alors, est-ce la réalité telle qu’elle nous attend? La science-fiction n’a pas tant pour ambition de prévoir le futur que de nous y préparer, ce qui rend cette anthologie thématique intéressante à plusieurs titres. D’abord, elle nous montre que l’agronomie et l’agriculture – ou, plus largement, les relations entre l’homme et l’environnement qui le nourrit – peuvent être aujourd’hui abordées par la science-fiction en raison des craintes et des espoirs qu’elles suscitent et de l’univers des possibles qu’elles ouvrent. Et ce n’est pas Jacques Theys, directeur scientifique de l’Institut français de l’environnement, qui contredirait ces écrivains, lui qui notait que « le développement attendu [...] du génie génétique laiss[e] envisager des changements radicaux dans les modes de production agricole pour le nouveau siècle et ouvr[e] la perspective d’une nature entièrement fabriquée par l’homme 22». Raconter ce futur, c’est aussi un moyen de le conjurer. Publier une anthologie sur ce thème, élaborée avec l’aide bienveillante d’ingénieurs et de chercheurs en agronomie, c’est faire un gigantesque appel du pied aux citoyens et aux décideurs. Et ce, d’autant plus que les éditions La Découverte publient habituellement des essais et ont un large public d’étudiants, d’universitaires et de journalistes. En effet, ces nouvelles sont des scénarii prospectifs qui peuvent suggérer des pistes de réflexion et éventuellement éclairer les décideurs et les scientifiques. Les auteurs explorent même des pistes complexes en mélangeant plusieurs de ces hypothèses de travail : ainsi, la combinaison du réchauffement climatique et des migrations croissantes de populations – en particulier d’Asie–. Parmi les constantes qui traversent toutes les nouvelles (les impondérables ?), on peut noter le développement de l’agriculture de précision presque entièrement robotisée, la permanence de la contestation écologiste – qui n’hésite pas à employer des moyens violents–, l’omniprésence des OGM et de la protection du vivant par les brevets et la propriété intellectuelle ou encore le réchauffement climatique. Ces nouvelles s’accordent aussi à mettre en scène une convergence des nouvelles technologies, l’alliance des nanotechnologies et du génie génétique permettant, par exemple, de convertir le Sahara à la culture céréalière en profitant du dessalement de l’eau de mer par nanofiltration. Enfin, en considérant les auteurs de science-fiction comme un sous-ensemble de la société, c’est aussi une facette des relations entre science et société qui nous est montrée. Sans vouloir trop nous avancer dans une interprétation de ce côté-là, nous pouvons remarquer que, dans ces nouvelles, se mêlent tout à la fois méfiance, respect et volonté de s’impliquer et de comprendre l’action des scientifiques et des spécialistes. Au-delà d’une lecture récréative et plutôt captivante, cette anthologie saura apporter quelques éléments de réflexion à nos collègues agronomes, aux décideurs politiques, à ceux qui étudient la sociologie des sciences et les relations entre science et société, ainsi qu’à tous les citoyens ou scientifiques curieux.

22 Jacques Theys, Développement industriel et risques planétaires, Cahiers français, 294, p.28-36, 2000

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ARCHITECTURE :

Le Mur Végétal du musée du quai Branly conçu par Patrick Blanc23

« Souvent, les gens réagissent à mes murs végétaux comme s’ils se trouvaient face à une peinture. Nous nous tenons en position verticale, tout comme les murs végétaux qui sont tournés vers nous. Nous avons donc une vue d’ensemble, et nous les percevons comme des images. Le plus intéressant, c’est que chacun déplace son regard dans l’une ou l’autre direction selon sa propre sensibilité. Cela n’est pas le cas pour le travail du paysagiste, qui travaille constamment sur un plan horizontal. C’est donc lui qui décide quelles scènes vont attirer le regard des passants. Moi par contre, je laisse aux observateurs une totale liberté face à mes murs végétaux si bien que chacun peut, selon son propre imaginaire, s’attarder sur telle ou telle partie. » Déclare-t-il.

Quand la nature prend possession du musée du quai Branly24: Jean Nouvel a souhaité personnaliser chacun des quatre bâtiments qui composent le musée du quai Branly. Dans cet esprit, il a confié à Patrick Blanc, chercheur au CNRS et professeur à l’Université de Jussieu (Paris VI), l’habillage extérieur et intérieur du bâtiment Branly, aujourd’hui objet vivant recouvert d’une façade organique. D’une surface de 800 m², le mur végétal se compose d’environ 15000 plantes -issues principalement du Japon, de la Chine, des Etats-Unis et de l’Europe centrale- partant à l’assaut des surfaces verticales Un certain nombre de plantes poussent sur des supports dépourvus de sol mais recouverts de mousses, tels que les rochers, les troncs d’arbres ou les lits caillouteux des ruisseaux. Ces plantes se rencontrent dans des lieux suffisamment humides et régulièrement arrosés par les pluies. Leurs racines, fixées superficiellement sur ces supports, captent l’eau de ruissellement de surface. Ces observations ont donné l’idée à Patrick Blanc de faire pousser des plantes sur des supports verticaux dépourvus de sol. Le brevet du Mur Végétal est basé sur une nouvelle technique de culture verticale permettant de s’affranchir des problèmes de poids du substrat et assurant tout au long de l’année la végétalisation des surfaces des bâtiments, quelle que soit leur hauteur, garantissant de plus à l’installation une pérennité d’au moins trente ans. Les matériaux de construction : nouveaux refuges de la biodiversité. Le procédé « Mur Végétal » est basé sur la connaissance des plantes et de leurs exigences environnementales. L’agencement harmonieux des séquences végétales permet de recréer des milieux vivants très comparables aux milieux naturels, alors que les matériaux utilisés sont des créations de l'homme. Le métal et les plastiques utilisés ont une pérennité comparable à celle des surfaces de rochers où s'installent naturellement ces plantes. Les murs vides représentent des espaces innombrables en milieu urbain. Ce nouveau procédé démontre à présent que certains matériaux de construction, loin de s'opposer à la vie, peuvent parfois au contraire constituer un excellent refuge pour la biodiversité. Le Mur Végétal est également déclinable en milieux fermés, tels que les intérieurs de bureaux. C’est le cas au musée du quai Branly ; seule l’installation d’un éclairage d’appoint complémentaire est alors nécessaire. Ainsi disposées verticalement sur les Murs Végétaux, selon un agencement écologique et artistique, les plantes exposent racines, tiges, feuilles, fleurs ou fruits. L'expérience sur une vingtaine d'années montre que les végétaux installés selon ce nouveau concept ne font pas l'objet de dégradations, même dans des sites particuliers, cela étant vraisemblablement lié à la mise en place d'un écosystème naturel. Patrick Blanc s’inspire beaucoup, dans ses expérimentations, de l’art contemporain. Il est avant tout un découvreur, un botaniste de renom international et un grand médiateur de la nature.

23 http://www.murvegetalpatrickblanc.com/ 24 http://www.arte.tv/fr/connaissance-decouverte/quaibranly/1229148.html

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THEATRE :

Les Gûmes Le Phun

Mise en scène : Philippe Chabry, Phéraille

Avec : Sébastien Barrier, Gilles Bouly, David Bourbon, Dominique Giroud, Amarie-Aude Jauze, Christophe Lafargue, Christelle Lehallier, Olivier Magni, Robert Gourp, Olivier Miraglia,

Christophe Puplard, Delphine Saint Raymond

Costumes : Sylvie Heguiapal, « Shohuta »

Maquillage : Laurence

Création sonore : Anne Bouchicot

Durée : 2 heures

Spectacle présenté aux jardins de l'Observatoire (Toulouse), septembre 2001 et à Saint-Lizier, dans le palais des Evêques, octobre 2006

Quand les Gûmes rencontrent les Numains25… Quel est cet univers proposé par les gûmes ? Est-ce un monde utopique et écologique ? Un monde utopique, pourquoi pas, mais certainement pas un monde écologique ! C'est avant tout un rapport de société, entre des êtres qui sont dans les mêmes problématiques que celles qui sont vécues par les êtres humains aujourd'hui. Il s'agit d'une population qui s'est installée dans un espace vert, elle se situe « en dessous » du réseau des sociétés actuelles, très pressées et rapides. L'histoire qui génère l'aventure des gûmes est celle de Monsieur Romain Dubois, un personnage qui était agent immobilier et qui, un jour, n'a plus supporté sa façon de vivre. Il a cessé ses activités et est parti se réfugier dans un parc dont il n'est plus jamais ressorti. Il a rompu le contact avec la société moderne, mais il en est le fruit. Depuis, d'autres personnes l'ont rejoint pour partager son aventure, et c'est ainsi que les gûmes ont peu à peu défini une nouvelle philosophie de vie. En observant le monde végétal, ils se sont aperçus que ce dernier détenait bien des solutions aux problèmes humains et qu'on pouvait s'en inspirer pour penser la vie autrement. Ainsi, si l'être humain a tendance à considérer qu'il faut bouger en permanence et en tout point de la planète, le végétal qui, lui, est immobile, a inventé une façon d'évoluer d'autant plus fascinante. Il est parvenu à multiplier les manières de vivre, de faire l'amour ou de se reproduire. Il est en fait capable de choses que l'homme ne parvient pas à accomplir. Finalement, dans leur rapport au végétal, les gûmes sont peut-être plus épanouis que les êtres mammifères et reposent, avec acuité, les questions essentielles qui nous traversent tous : Qu'est-ce que ça veut dire de vivre, aimer et mourir ?

25 Voir dossier de presse sur http://www.passion-theatre.org/cgi-bin/pti_lol/spectacle/affiche/fiche.pl?id_planning=6398

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MATHÉMATIQUES:

Pour en finir avec les problèmes de débit de robinet…ou presque ! L'idée serait d'empiler des bouteilles plastiques (y a-t-il objets plus quotidiens?) sur des tiges métalliques afin d'en faire de véritables colonnes d'arrosage utiles, esthétiques et ludiques à la fois. Bien sûr, il faudrait calculer : pour une semaine d'arrosage 20 mm d'eau au m2 soient 20 litres d'eau donc 2 colonnes de 1,5 mètre de haut. Calcul à moduler en fonction des plantes, du nombre de colonnes désiré, de leur hauteur et contenance…. Liliana Motta –designer- et Jean-Christophe Denise -architecte- y avaient pensé en 1998, lors de leur participation au festival de Chaumont-sur-Loire (Thème: Ricochet) Quant à l'œuvre Mara des bois, imaginez-vous la totalité de mètres linéaires qu'il faille commander aux fournisseurs de gaines T.P.C ? Et pour le système d'arrosage goutte-à-goutte? Quelle quantité d'eau faut-il prévoir pour que les plantes ne meurent pas? Et le coût global d'une telle installation? Le prix des fraisiers, des pots, du matériel, de l'eau et du transport? Et le calcul du périmètre du cercle? Et celui de la surface utile pour pouvoir installer l'œuvre dans une salle intérieure de musée de façon à ce que le public puisse déambuler autour de l'installation? … Ces questions peuvent paraître idiotes ou simplistes, mais ce sont celles qui se posent au quotidien au régisseur des œuvres d'un musée d'art moderne et contemporain ! Plus prosaïquement, on peut tout aussi bien établir des "relevés de croissance" de végétaux plantés par les élèves: mesures donc…de longueur, mais aussi de temporalité. Moyenne, écarts… Statistiques, pronostiques…

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EXPOSITIONS JACQUES VIEILLE : 1984: France, Paris, Centre Georges Pompidou / Mnam - Galeries contemporaines et Forum, 1980, Exposition Jacques VIEILLE, France, Villeurbanne, Le Nouveau Musée/Institut 1982, Exposition Jacques VIEILLE, France, Villeurbanne, Le Nouveau Musée/Institut 1986, Exposition Collection Souvenir, France, Villeurbanne, Le Nouveau Musée/Institut 1987, Documenta VIII, Allemagne, Cassel 1988, Exposition Collection, accrochage n° 4, France, Villeurbanne, Le Nouveau Musée/Institut 1988, Exposition Vivent les Frac, France, Villeurbanne, Le Nouveau Musée/Institut 1989, Exposition Jacques VIEILLE, France, Villeurbanne, Le Nouveau Musée/Institut 1991, Exposition Jacques VIEILLE, France, Villeurbanne, Le Nouveau Musée/Institut 1994, Exposition Des artistes à travers l'archive, France, Villeurbanne, Le Nouveau Musée/Institut 1994, Exposition Toujours Moderne, France, Villeurbanne, Le Nouveau Musée/Institut 1995, Exposition Artistes/Architectes, France, Villeurbanne, Le Nouveau Musée/Institut 1996, Jocaste en Arcadie, Château des Adhemars, Montélimart 1997, Exposition Made in France 1947-1997, 50 ans de création en France. France, Paris, Centre Georges Pompidou / Mnam 1997, Exposition Images, objets, scènes, quelques aspects de l'art en France depuis 1978, France, Grenoble (38), Centre national d'art contemporain-Le Magasin 1998, Exposition P.O.Box, France, Villeurbanne, Le Nouveau Musée/Institut 1998, Les paradoxes du réel, la réalité des utopies, Galerie Zacheta, Varsovie 1999, Sculptures propositions, Musée Denis Puech, Rodez 2000, Galerie des projets, capcMusée d’art contemporain, Bordeaux 2001, Jacques Vieille, Domaine de Kerguéhennec - Centre d'Art Contemporain, Bignan 2003, Jacques Vieille, Reverso, Mamco - musée d´art moderne et contemporain, Genève 2003, L'art en famille, Faux Mouvement, Centre d'Art Contemporain, Metz 2006, Chers amis, Domaine de Kerguéhennec - Centre d'Art Contemporain, Bignan

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BIBLIOGRAPHIE : Jacques Vieille: Jacques Vieille : Centre d'art contemporain de Vassivière en Limousin, 6 mai-2 juillet 2000, capcMusée d'art contemporain de Bordeaux, 13 décembre 2000-11 février 2001, Domaine de Kerghéhennec, 27 janvier-11 mars 2001. - Bordeaux : Mairie de Bordeaux, Musées de Bordeaux, 2001 Nouvelles acquisitions : des oeuvres à vivre, in Itinéraire des Arts, Midi-Pyrénées, juin - septembre 2002, n° 12 Andrée BRASSENS, Les Abattoirs explorent le vivant. Des oeuvres à dévorer tout l'été in La Dépêche du midi, 25 juin 2002 Catherine GROUT, Assise des regards, in Jacques Vieille, Bancs publics, Grand Public, Dijon, 2000 Bernard FIBICHER, Jacques Vieille, inventeur de nature, in Artpress, Paris, n° 256, avril 2000 Art: Colette GARAUD, L’idée de nature dans l’art contemporain - Paris, Flammarion, 1993 MOSSER Monique / TEYSSOT Georges, sous la dir., Histoire des jardins de la Renaissance à nos jours, Paris : Flammarion, 2002 Gilles A. TIBERGHIEN, Nature, Art, Paysage, Actes Sud, 2001 et Land Art, Editions Carré, 1993 Sciences: D. BLANC, Les Cultures hors sol, I.N.R.A., Paris, 2e éd. 1987 CENTRE TECHNIQUE INTERPROFESSIONNEL DES FRUITS ET LÉGUMES, Cultures légumières sur substrats, C.T.I.F.L., Paris, 2e éd. 1986 R. GRAS, Quelques Propriétés physiques de substrats horticoles, P.H.M., in Revue horticole, 1982-1983 Géographie : J. R. PITTE, Histoire du paysage français, 2 vol., Hachette, Paris, 1994 Lettres : Daniel CONRAD, Moissons futures, Anthologie, La Découverte, 2005 Philosophie : ARISTOTE, Physique II, 1 DESCARTES, Principes de la philosophie ; Discours de la méthode PLATON, Protagoras C. ROSSET, L’anti-nature, Puf Quadrige ROUSSEAU, Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes (état de nature versus état de société) ; Discours sur les sciences et les arts (technique immorale et anti-progrès), Garnier Flammarion

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WEBOGRAPHIE : Les propriétaires et gestionnaires des jardins de Chenonceau, de la Bambouseraie, de Breteuil, du Manoir d'Eyrignac, de Vaux-le-Vicomte, de Villandry ainsi que ceux de la Villa Ephrussi de Rothschild, ont créé le site des Plus Beaux Jardins de France : http://fr.franceguide.com/Fetes-et-manifestations/Les-plus-beaux-jardins-de-France-un-tout-nouveau-site-internet.html?nodeID=406&EditoID=84191 Un projet sur le thème du micro-jardin s'adresse aux classes de l’école primaire. Les enfants sont amenés à concevoir, réaliser, observer, prendre soin de petits jardins de la taille d’une feuille de format A4 : http://www.format-a4.org/ Un répertoire d'artistes dont l'œuvre est en relation avec la nature : http://greenmuseum.org/archive_index.php Une sélection d'œuvres de Nils UDO : http://mredon.free.fr/Nils%20Udo/index.htm Le site du festival des jardins de Chaumont-sur-Loire : http://chaumont-jardin.com/site/page/festival/2007/accueil.php Des photographies de Jérôme Galand : http://www.alephimage.com/index.php?i1=3&i2=8&i3=0&lang=fr&p=http://www.alephimage.com/pages/fr/galland/archives/jerome_galland_aleph_archives.html