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224 M. Papa MBaye DIEYE «L’interbancarité monétique régionale était pertinente» Cadre de la BCEAO de 2000 à 2009, M. Papa Mbaye DIEYE a été mis à la disposition de la communauté bancaire et financière de l’UEMOA à partir du mois d’août 2005 pour piloter le Centre de Traitement Monétique Interbancaire de l’UEMOA en tant que Directeur Général.

M. Papa MBaye DIEYE «L’interbancarité monétique régionale

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M. Papa MBaye DIEYE

«L’interbancarité monétique régionale était pertinente»

Cadre de la BCEAO de 2000 à 2009, M. Papa Mbaye DIEYE a été mis à la disposition de la communauté bancaire et financière de l’UEMOA

à partir du mois d’août 2005 pour piloter le Centre de Traitement Monétique Interbancaire de l’UEMOA en tant que Directeur Général.

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«L’interbancarité monétique régionale était pertinente»

Pouvez-vous revenir sur le processus de création du GIM-UEMOA et du CTMI-UEMOA ?

Je ne commencerais jamais sans remercier la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour la vision impulsée à travers son vaste projet de modernisation des systèmes et moyens de paiement lancé dans les pays de l’UEMOA en 1999. Fraichement recruté dans cette prestigieuse Institution, je suis arrivé au moment où Son Excellence, Monsieur le Gouverneur Charles Konan BANNY venait de lancer ce vaste chantier de modernisation des systèmes et moyens de paiement. Tout est parti de là. En effet, eu égard à la croissance rapide et à l'intégration des marchés financiers du fait de l'augmentation considérable du volume des transferts exécutés, facilitée notamment par les avancées technologiques, les systèmes de paiement étaient devenus des préoccupations importantes pour toutes les Banques Centrales qui doivent veiller à la stabilité du secteur financier. La Banque Centrale des

Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) avait, dans ce contexte, entrepris de réformer les systèmes de paiement dans la zone UEMOA. Le but essentiel du projet était la modernisation des systèmes et moyens de paiement dans la zone UEMOA. Nous avons d’abord commencé à travailler sur le GIM-UEMOA en mettant en place les piliers essentiels :

- Réfléchir sur ses missions et rôles en veillant à ce que les propositions soient toujours validées par les banques, structures de microfinance et les établissements financiers et postaux- Mettre en place une stratégie d’adhésion des banques au GIM-UEMOA en profitant des réunions des APBEF et FAPBEF pour présenter les avancées aux banques et susciter davantage leurs intérêts- Préparer les documents constitutifs du GIM-UEMOA (Protocole d’accord interbancaire, contrat constitutif et Règlement Intérieur). - Définir les projets de contrats « porteurs » et « accepteurs »

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- Définir les rôles des Comités de Direction et Budgétaire du GIM-UEMOA- Définir le logo du GIM-UEMOA. Je me permettrais de m’attarder un peu sur ce point pour la bonne et simple raison qu’au moment de chercher ce logo, aucun budget n’était disponible et nous ne pouvions pas le trouver auprès des banques. Il a fallu faire preuve d’imagination pour proposer à Madame Fatimatou Zahra DIOP de faire un cahier des charges présentant les valeurs et contours du GIM-UEMOA et d’organiser un concours de confection de logo dont la participation était fixée à 100 000 FCFA et à l’issue duquel le vainqueur empocherait la totalité des participations: 1 million FCFA. Il a fallu ensuite recruter une équipe pour le GIM-UEMOA car il était évident que la Banque Centrale ne pouvait pas continuer à conduire directement le projet. L'idée du recrutement d'un Directeur Général avec une équipe est retenue. On m'a chargé de rédiger les termes de références pour le poste de Directeur Général du GIM-UEMOA et organiser le jury de recrutement dont les principaux membres étaient Mme Fatimatou Zahra DIOP, Chargée de Mission ; de Monsieur Abdoulaye DAFFE, PDG de la BDM SA, de Monsieur Abdoul Mbaye, ADG de la BST.

Quel était donc votre rôle dans ce programme de modernisation ?

J’ai hérité du volet monétique lorsque j’ai été recruté par la BCEAO et affecté à la MRSMP. J’ai pu bénéficier du support de tous mes collègues de la BCEAO et des banques membres du GIM-UEMOA. C’était un projet ambitieux. La période 2001-2003 avait vu pratiquement la réalisation des piliers essentiels du projet. Permettez-moi de remercier particulièrement Madame Fatoumatou

Zahra DIOP, notre Chargée de Mission de l’époque puis, notre Directeur lorsque la Mission a été érigée en Direction des Systèmes de Paiement (DSP). Elle a su mener avec brio ce projet et si nous avons donné le meilleur de nous-mêmes, c’est parce qu’elle a su utiliser de manière intelligente nos énergies. Elle a été de tous les combats puisqu’il s’agissait véritablement de « combats » qu’il fallait aussi impérativement gagner malgré les différentes procédures internes à respecter et notamment à l’égard de nos bailleurs de fonds. Elle a tout simplement réussi alors que ce n’était pas du tout évident au départ du fait de l’ampleur de la mission.

Nous avons manifesté un engagement constant et une détermination sans faille à tenir le pari de doter l’UEMOA de cet outil moderne indispensable qu’est la carte interbancaire.Nous avions pensé que la réalisation de l’interbancarité monétique régionale était la réponse pertinente au besoin exprimé et nous avions affiché une volonté permanente de doter notre région UEMOA d’une carte bancaire spécifique, j’allais dire identitaire. L’expertise que nous avions développée, rapportée au potentiel d’évolution du secteur et à la clairvoyance de la BCEAO et des banques

membres nous ont conforté dans notre foi en notre capacité à relever ce défi, à relever tous les défis.Au-delà des défis, ce projet m’a passionné et m’a permis de repousser mes limites dans ma façon de réfléchir, de faire et de m’investir dans ce qui, à l’époque, devait apporter un plus dans les systèmes et moyens de paiement de l’UEMOA. Venant de la BCEAO, je n’aurais aucune excuse si je n’avais pas réussi la mise en œuvre de cette interopérabilité monétique régionale. Mon credo c’était de

Seules les grandes banques issues des réseaux bancaires

français en général disposaient de la

monétique à travers les systèmes Visa et MasterCard, qui

étaient onéreux pour nos clients. Les frais des transactions par

cartes internationales VISA et MasterCard

effectuées par nos populations

étaient onéreux et dépassaient les

3000 FCFA.

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réussir et de rehausser l’image de mon Institution. Il fallait tout simplement réussir.

Quel était alors le contexte global de la monétique dans la zone UEMOA? Pour revenir au contexte, nous étions dans une situation où il y avait une absence totale d’interbancarité.Seules les grandes banques issues des réseaux bancaires français en général disposaient de la monétique à travers les systèmes Visa et MasterCard, qui étaient onéreux pour nos clients. Les frais des transactions par cartes internationales VISA et MasterCard effectuées par nos populations étaient onéreux et dépassaient les 3000 FCFA. Il fallait trouver un système abordable en termes de coûts et de frais pour nos populations. L’objectif principal était d’arriver à l’adoption d’un moyen de paiement unique, simple, sécurisé et utilisable partout avec des frais de l’ordre de 500 FCFA. Pour y arriver, il fallait avoir l’accord de toutes les banques, ce qui n’était pas du tout gagné. Sur ce plan là, nous avions rencontré beaucoup de résistance durant la phase de lancement qui va de 2000 à 2003.

Comment expliquez-vous ces réticences vis-à-vis de la carte monétique ?

En fait, à l’époque, comme je l’ai dit, les grandes banques avaient investi déjà sur leurs propres systèmes monétiques et pouvaient se permettre l’interopérabilité à travers les réseaux internationaux. De l’autre côté, il y’avait des banques qui utilisaient les systèmes privatifs. D’autres qui ne pouvaient pas se payer un système monétique. Les clients étaient pris en otage, ne pouvant retirer de l’argent

que sur les distributeurs automatiques de leurs propres banques qui n’avaient pas de réseaux de DAB/GAB très élargis ou auprès de ceux des banques adossés aux réseaux internationaux mais qui leur revenait cher. Donc, il fallait réfléchir aux moyens de densification du réseau. Pour cela, il fallait convaincre toutes les banques à adhérer au projet. C’est à Paris en décembre 2001 que nous avons commencé avec la présentation du projet monétique interbancaire régional aux Groupes BNP, Crédit Lyonnais, Société Générale qui ont des filiales dans la zone UEMOA. Je n’avais pas l’impression qu’on était les bienvenus car on a été soumis à un interrogatoire quelque peu agressif qui laissait apparaître une certaine opposition de ces banques au projet monétique interbancaire régional. Nous nous étions donnés rendez-vous lors des prochaines assises pour continuer les discussions.Durant le même mois, nous avions organisé une autre rencontre à Abidjan, réunissant l’ensemble des banques et établissements financiers de l’UEMOA en marge de la rencontre organisée par la FAPBEF (Fédération des Associations Professionnelles de Banques et

Etablissements Financiers). Je m’en rappelle bien. C’était mon baptême de feu. J’étais extrêmement stressé. Ce jour-là, nous avons réuni l’ensemble des DG des banques à travers cette réunion. Le constat global était l’hésitation des banques notamment françaises face à un tel projet. Les questions fusaient de toutes parts. Les banquiers ne comprenaient pas l’importance stratégique du projet. « Nous sommes d’accord, mais convenons-nous-en, c’est un projet qui va nous coûter les yeux de la tête », disaient les uns. « Nous, banquiers, nous sommes habitués à faire du crédit, c’est notre métier. Tout ce qui va au-delà, ne nous intéresse pas », arguaient les autres. Bref, il fallait faire montre de plus de persuasion dans la présentation

J'ai été nommé DG de CTMI-UEMOA,

le 05 Aout 2005. À partir de cette date, on m’a demandé de me libérer de mes

fonctions à la BCEAO. Donc j’ai quitté la BCEAO en rendant l’ordinateur et le

badge que la banque m’avait donnés

pour m’atteler à ma nouvelle mission.

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et insister sur les perspectives. C’est ce que nous avons fait. Globalement, les lignes avaient bougé à la sortie de cette réunion. De retour à Dakar, nous estimions le taux d’adhésion des banques entre 30 et 40%. Aucune des banques étrangères n’était dans le lot. Quelques banques locales étaient aussi opposées au projet n’ayant pas, je crois, suffisamment pu en étudier les contours. D’autres souhaitaient plus de clarifications quant au rôle de la Banque Centrale dans le projet. Dans mon compte rendu fait à la sortie de cette réunion, j’indiquais qu’il ne fallait pas qu’on limite la perspective aux seules banques mais aussi qu’on y intégre les structures de microfinance et surtout les établissements financiers et postaux pour une monétique de masse. Nous avions proposé qu’on mette en place un Comité des Experts composé des équipes des banques pour réfléchir avec la BCEAO sur les contours de la monétique régionale interbancaire.

Comment les grands acteurs internationaux comme Visa et MasterCard ont-ils accueilli le projet ?

Je dirais que cela n’a pas été facile. La négociation avec Visa à Londres fut abrupte. Nous nous étions rendus à Londres en mai 2002, sous la houlette de Mme Fatimatou Zahra DIOP pour négocier avec VISA les premiers accords d’émission et d’acceptation de cartes pour nos banques. A l’époque ? Madame Anne Cobb était Président de VISA CEMEA. Les discussions entre les deux dames furent rudes. Il y avait à cette époque le produit Visa Horizon (carte de débit direct) qui projetait de se déployer dans nos pays et pour lequel VISA souhaitait qu’on adopte avec des règles qui lui sont spécifiques. En fait, notre projet d’interbancarité régionale avec une marque commune (GIM-UEMOA) allait à l’encontre de la politique de Visa. Le refus était total de la part de Mme COBB qui craignait que notre expérience ne fasse tache d’huile dans les autres régions du monde. Elle ne souhaitait pas que notre marque commune GIM-UEMOA crée une confusion de marque avec VISA et proposait que dans ce cas de figure

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Avec le recul, je dirais

effectivement qu'il y avait

un besoin de clarifier le flou institutionnel entre les deux organes sans

passer par une fusion dont je ne partageais pas la

pertinence.

si ça devait figurer sur la carte, notre logo serait au verso de la future carte régionale et non au recto. Nous n’avions pas accepté cette contre-proposition.On avait également mis sur la table la question du Membership Licence pour que nos banques membres aient des licences d’émission et d’acceptation VISA. Et là, on avait posé les jalons en disant que ce que nous voulons c’est que nos banques aient des licences associées découlant d’une licence unique que porterait l’Institution que l’on va créer dans l’espace UEMOA à savoir le GIM-UEMOA.Nous nous sommes rendus par la suite, en mars 2003, cette fois-ci avec Monsieur Malick DIONE, Directeur Monétique de la CBAO pour rencontrer MasterCard EMEA. La société MasterCard s’était montrée plus conciliante, prête à nous accompagner du moment que leur logo restait sur la carte régionale envisagée.

Quels étaient les principaux critères retenus pour la nomination du Directeur Général du GIM-UEMOA ?

C'était un appel limité à notre zone UEMOA. Le candidat devait être compétent et familiarisé avec les métiers de la banque et de la finance, avec une bonne dose d’expérience sur les technologies bancaires, de préférence sur la monétique et la conduite des projets. Lorsque les termes de référence ont été acceptés, j'ai été chargé aussi d’organiser les interviews avec une grille de notation validée par le jury. C'est ainsi que M. Blaise AHOUANTCHEDE a été nommé DG en mars 2003 et nous avions beaucoup

travaillé ensemble par la suite pour faire aboutir le projet monétique.Dès la nomination du DG du GIM-UEMOA, notre challenge fut de collecter des données fiables auprès des banques et établissements financiers des huit pays de l'UEMOA en février 2004. Une fois les statistiques fiables obtenues, il nous fallait passer au choix de la solution monétique. Au terme d'un appel d'offres conséquent, où plusieurs structures avaient répondu à l'instar de HPS, S2M, Thalés Magellan, ATOS, le marocain HPS a été retenu. Avant de faire ce choix, nous avons visité des sites de référence à travers le monde, notamment- Pour HPS : Maroc (CMI), à Chypre (JCC), au Caire- Pour Thales MAGELLAN : Tahiti (OCB), - Pour Atos : Blois (ATOS), Luxembourg (CETREL).Par la suite, mon nom a été proposé lors du Comité de Direction du GIM-UEMOA, réuni à Niamey en 2004 pour piloter le CTMI-UEMOA. Avant ma nomination officielle, je travaillais à l'époque sur le document de présentation du CTMI-UEMOA et l’argumentaire à développer pour intéresser davantage les banques à participer à son capital et je reportais à Monsieur Abdoul MBaye qui assurait la Présidence du Comité de Direction du GIM-UEMOA, et du Comité de Gestion du CTMI-UEMOA. Au niveau de la Banque Centrale, je reportais toujours à Fatimatou Zahra Diop. Nous avons commencé à travailler sur le business plan qui s’établissait sur cinq ans avec M. Abdoul MBaye. Mais auparavant on avait commis un consultant du nom

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de Robert FARGIER que je remercie au passage. C’est avec lui qu’on avait entamé l’étude préalable du projet. Alors que le business plan était presque prêt, j’ai reçu un beau jour un courrier du Comité de Direction du GIM-UEMOA, signé par M. Abdoul MBAYE envoyé à la Banque Centrale pour solliciter ma mise à disposition auprès des Autorités de la BCEAO en tant que DG du CTMI- UEMOA. J’avoue que ça m’avait surpris en même temps ça m’avait aussi beaucoup réconforté parce que je me suis dit très sincèrement, dans ce monde-là, les gens savent apprécier le travail accompli. Lorsce que M Abdoul MBAYE a envoyé la demande de mise à disposition, la Banque Centrale m’a naturellement envoyé un courrier de demande de consentement. J'ai été nommé DG de CTMI-UEMOA, le 05 Aout 2005. À partir de cette date, on m’a demandé de me libérer de mes fonctions à la BCEAO. Donc j’ai quitté la BCEAO en rendant l’ordinateur et le badge que la banque m’avait donnés pour m’atteler à ma nouvelle mission.

Comment avez-vous fait pour mobiliser le Capital de CTMI-UEMOA?

Nous avions besoin d’un investissement total revu à la baisse et s’élevant à 5,2 milliards de FCFA, que nous proposions de diviser en parts dépendant de la taille de chaque banque. Pour contourner la réticence des banques françaises, nous avions opté pour une structure privée sous forme de société anonyme qui appartiendrait à des banques participant au capital et qui facturerait ses services. Cette société anonyme devait avoir un budget d’investissement et de fonctionnement pour démarrer ses activités.

Comment avez-vous piloté la mise en production du CTMI-UEMOA ?

Ce qu’il faut savoir c’est que le Centre de Traitement Monétique Interbancaire (CTMI-UEMOA) est une

structure de traitement monétique créée en janvier 2005 et qui avait pour missions d’assurer les services monétiques à trois niveaux :

1. Services interbancaires (interopérabilité nationale, régionale et internationale des transactions)2. Services bancaires par délégation :• Traitement monétique bancaire par délégation permanente pour les établissements équipés de système monétique.• Traitement monétique par délégation temporaire complémentaire ou en secours de leurs propres systèmes.3. Services complémentaires.• Service centralisé de paiement de factures• Atelier de personnalisation de cartes• Maintenance de parcs de distribution automatique de billets (DAB) guichets automatiques de banque (GAB)• Maintenance de parcs de Terminaux de Paiement Electronique (TPE)

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• Centrale d’achat (cartes, équipements)• Centre de secours des systèmes bancaires• Hébergement de plates-formes informatiques de commerce électronique.

Ces services seront assurés par des systèmes distincts :• Le CTMI-UEMOA/ INTERBANCAIRE• Le CTMI-UEMOA/ DELEGATAIRE

Nous avons réalisé :• Les démarches Administratives et l’appel aux souscriptions pour la constitution du capital en 2005• Le recrutement du personnel Technique et Administratif ; l’acquisition des équipements en 2006 et surtout l’atteinte de notre objectif avant les délais fixés, à savoir notamment la première transaction monétique interbancaire régionale qui fut fêtée exactement le 15 décembre 2006 à Bamako entre une banque du Sénégal, la BST et deux banques du Mali (la BDM SA et la BNDA). A ce moment, nous avions constaté l’effectivité de l’interbancarité monétique régionale avec cette démonstration. Ce fut un succès reconnu par tous.• A la suite, en 2007, nous avions démarré la préparation à la mise en production des banques choisies pour la phase pilote.

Toujours dans la même dynamique, de 2007 à 2008, nous avons pu boucler les projets ci-après avec succès :

• La Connexion Interbancaire des banques pilotes (achevé)• La Connexion Délégataire des banques ayant choisi cette solution (achevé)• La Connexion à Visa (achevé)• La Mise en place du Centre de Traitement Commerçant (CTC) (TPE) (achevé)• La Connexion à MasterCard (à finaliser)• L’élaboration du Cahier des charges d’une solution CT-Mobile, multi banques et multidevises apprêtée en attendant l’approbation du Conseil d’Administration du CTMI-UEMOA (à finaliser)

Nous sommes parvenus à connecter de 2007 à 2009 une trentaine de banques (35 exactement) avec un autre lot de dix-huit (18) banques déjà préparées et dont la connexion était prévue durant le 3ème trimestre 2009. Le dernier trimestre de 2009, étant prévu pour un lot de dix (10) autres banques qui étaient en cours de préparation.Pour la suite, il s’agissait juste de démarcher et connecter les autres banques de l’UEMOA pour ces projets achevés et ouvrir de nouveaux projets.

Il importe également de savoir que:

• le CTMI-UEMOA ne pouvait pas forcer les banques à se connecter tant qu’elles n’étaient pas prêtes et pour accélérer la connexion des banques, nous avions mis en œuvre un Pôle Support de services pour leur apporter assistance • la lourdeur des investissements de départ avait entrainé beaucoup de charges en amortissement couplées avec la faiblesse des prix des services pour attirer les premières banques. Cette situation a évidement généré des déficits.Mais pour ce genre de projets tout le monde est unanime sur le fait qu’ils ne peuvent être rentables qu’au-delà de 4 à 5 années. D’ailleurs les cabinets d’études ont été donc formels et unanimes, la rentabilité ne peut être obtenue avant 5 ans de vie.Il convient de relever que Le CTMI-UEMOA était à sa

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troisième année d’activité sans aucun soutien financier des banques. C’est bien après la fusion que la BCEAO a obligé les banques à s’acquitter d’une contribution gratuite pour soutenir la monétique sous régionale en sus des redevances de l’ex CTMI-UEMOA.Par ailleurs, dans le cadre de la stratégie déployée pour booster le volume d’affaires du CTMI-UEMOA et notamment concernant les groupes de banques (ECOBANK, BOA, BSIC, BANQUE ATANTIQUE, BRS), une délégation du GIM-UEMOA comprenant le Président du Comité de Direction du GIM-UEMOA et Président du Conseil d’Administration du CTMI-UEMOA de l’époque, Monsieur Marcellin ZAHUI, du Directeur Général du GIM-UEMOA, Monsieur Blaise AHOUANTCHEDE et de moi-même avions rencontré les Directions Générales de ces groupes bancaires dans leur pays d’implantation afin d’avoir l’engagement de leurs filiales établies dans les différents pays à se connecter au CTMI-UEMOA.Vis-à-vis du public comme vous et moi, nous procédions à des lancements commerciaux dans chaque pays où le CTMI-UEMOA a mis en production au moins deux (02) banques, dans le but d’informer la clientèle de l’effectivité de l’interbancarité monétique nationale et régionale.Ce que j’ai surtout regretté c’est le fait que mon second mandat soit interrompu par la fusion entre le GIM-UEMOA et le CTMI-UEMOA qui n’était pas du tout

planifiée, ce qui ne m’a pas permis de finir de connecter tout le reste des banques, structures de microfinance, établissements financiers et postaux et d’attaquer d’autres projets à valeur ajoutée pour le CTMI-UEMOA dont le projet CT-Mobile, multibanque et multidevises pour lequel le cahier des charges avait été déjà rédigé pour soumission au Conseil d’Administration du CTMI-UEMOA. J’avais jugé utile d’éprouver d’abord le système, de renforcer notre expertise monétique avant de passer à d’autre projets. J’avais également démarché des banques hors UEMOA qui étaient prêtes à se connecter au CTMI-UEMOA, mon Conseil d’Administration préférant que je me concentre davantage sur nos adhérents, membres du GIM-UEMOA.Nous accompagnions en outre les banques pour qu'elles soient équipées en cartes, en Distributeurs Automatiques de Billets et en Terminaux de Paiement Electroniques (TPE). C’est à travers ces trois volets que nous avions initié des centrales d’achats dont les principaux acteurs choisis sont les suivants :- Cartes (Gemalto, Oberthur CS, FutureCard)- DAB/GAB (Wincor NiXDORF, NCR, DIEBOLD)- TPE (Ingénico et Thales PCARD)Le but était de permettre à nos banques de se ravitailler dans les meilleures conditions de conformité GIM-UEMOA et de prix.

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La BCEAO se devait de donner le bon exemple en matière d’utilisation de la monétique et c’est à ce titre que très rapidement dès la mise en production du CTMI-UEMOA et la connexion des premières banques, nous avions travaillé avec la Direction de l’Emission de la BCEAO pour doter la BCEAO d’un système monétique interne permettant à l’ensemble des agents de la BCEAO, du Siège comme dans les Directions Nationales de pouvoir utiliser leur carte pour effectuer leurs opérations à travers un réseau de distributeurs de billets installé dans l’enceinte de leurs locaux. Cette monétique avait pour but de désengorger la banque interne de la BCEAO. J’en suis très fier.Notre sens aigu de la recherche de la performance, dans ce monde marqué par la concurrence nous a amené à organiser un salon sur les produits et services monétiques à Abidjan les 02 et 03 juillet 2008.Ce salon a été l’occasion de mettre en contact tous les acteurs de la monétique et de permettre à tous les membres du GIM-UEMOA, d’échanger directement avec les différents partenaires du CTMI-UEMOA et fournisseurs de produits et services monétiques.

Comment avez-vous vécu la fusion entre GIM et CTMI-UEMOA?

Avec le recul, je dirais effectivement qu'il y avait un besoin de clarifier le flou institutionnel entre les deux organes sans passer par une fusion dont je ne partageais pas la pertinence. Les diagnostics organisationnels menés auprès de grands groupes de consulting n'ont pas pu permettre de trouver une solution permettant aux deux structures de fonctionner correctement sans se gêner. Il y’avait un problème criard d’interprétation des rôles des deux structures mais j’estime avec toute l’humilité requise que c’était prématuré de faire cette fusion d’autant plus que les rôles de régulation et d’opérateur ne peuvent à mon sens être portés par une seule structure dans un domaine pareil et je suis certain qu’un jour ces deux fonctions seront encore séparées de manière à permettre la spécialisation et la concentration sur les cœurs de métier respectifs. Avec nos deux structures de gouvernance

(Conseil d’Administration et Comité de Direction), nous avions quelquefois réussi à nous entendre sur des points essentiels mais c’était difficile compte tenu du fait qu’une certaine concurrence non destructrice s’était installée entre les deux structures alors que leurs métiers n’étaient pas similaires. Mais bref du fait du souhait exprimé par les instances de l’époque, cette fusion a hélas été opérée et en tant que mis à la disposition de la communauté bancaire et financière de l’UEMOA, je devais logiquement retourner à la BCEAO que je remercie encore une fois de plus de nous avoir permis de vivre cette passion et cette expérience riche dans notre carrière professionnelle.Je suis fier d'avoir contribué à ce succès tout en exhortant mes amis et collègues d'aller encore plus loin. Les nouveaux défis ont pour noms :- Changement de statut juridique pour devenir SA et s’ouvrir à un bon tour de table permettant de relever le défi de la concentration sur un cœur de métier bien défini dans une dynamique de croissance contrôlée. - Un modèle de rentabilité solide assise sur une tarification incitative- Consolider et éprouver les activités de switching et de processing et sortir la partie régulation de l’opérateur technique devenue SA. Cette partie pouvant valablement revenir à la BCEAO qui en profitera pour promouvoir davantage les services financiers électroniques et digitaux en ouvrant le marché à d’autres opérateurs. Des études économiques ont toujours montré que la compétition produit plus d’éléments favorables sur le marché que le contraire. Préserver les bénéfices de l’accord de siège existant, porter le volet promotion et développement des activités monétiques et mobiles par une structure commune aux membres. Je crois qu’il y a de la place pour plusieurs opérateurs et cela ne fera que profiter à tout le monde.- Innover en créant la disruption à travers de nouveaux services à valeur ajoutée pour répondre aux besoins de la population et promouvoir l’inclusion financière- Le Time To Market étant court il faut entreprendre très rapidement la croissance du volume d’activités à travers les services financiers Mobiles. C’est encore tout un univers à explorer et à développer.