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1 PORTO du 19 au 23 mai 2013

"Ma" ville de Porto

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D'un séjour à Porto en mai 2013

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Page 1: "Ma" ville de Porto

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PORTO du 19

au 23 mai 2013

Page 2: "Ma" ville de Porto

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Sommaire

Métro 3

Lumineuses faïences 4

Rêves des pas perdus 7

Contrastes 8

Porto ville affairée 12

La Sé, parvis terrasse 13

Place baroque 17 les azulejos 62

Tour des Clercs 18 les vins de Porto 64

Librairie folie 20 l’histoire de Porto 68

Opulente bourgeoisie 22

Vers la Ribeira 24

Où allait l’or du Brésil 26

Pittoresque des quais 27

Soudain Eiffel s’éclate 29

Secrets passages 31

Couleurs d’avant-scène 33

Magie des quais vus de Gaïa 34

Dans les tonneaux le nectar 37

Puis les flancs du Douro 40

Pinhao la sereine 42

Et puis du fleuve aussi 45

Bolhao s’agite 47

Tout au bout l’océan 52

Dans le tramway des brumes 53

Jardin suranné 55

Modernité parfaite 58

En savoir

plus sur

Page 3: "Ma" ville de Porto

3

Accessibles par

le métro no-

tamment, les

principaux

points d’intérêt

de Porto révè-

lent leurs sur-

prises à la sor-

tie des sta-

tions.

On l’appelle ici « métro léger ». Métro mo-

derne dont les rames sont produites par le constructeur

canadien Bombardier (tout comme certaines rames du

métro parisien en partenariat avec Alstom ou des rames

nouvelles des TER). Largement subventionné par l’UE

pour ses infrastructures, il est mis en service fin 2002,

mais les travaux ne sont achevés qu’en 2006, réutilisant

et modernisant ici et là des voies pré existantes.

Il a nécessité des travaux importants de creusement

dans la colline rocheuse, sur une longueur somme toute

assez modeste de 8 km pour 60 km de lignes au total.

Métro donc parfois souterrain pour éviter les croise-

ments avec les grands axes des rues et qui prend aussi

des allures de train de banlieue quand on s’éloigne du centre.

Il permet aux portuans d’aller habiter de plus en plus en banlieue de Porto.

Les billets 24h (8€), ou 72h (15€) sont ici économiques : ils permettent la connexion directe entre lignes dif-

férentes, mais aussi entre métro et bus, et même avec le funiculaire du pont Louis 1er. Alors que la billet indi-

viduel coûte un peu plus de 2€.

Pourvu qu’on n’oublie jamais de badger la carte à une borne de station chaque fois qu’on entre dans une ligne, y

compris quand il s’agit d’en changer, ou bien en en-

trant dans le bus.

Cinq des six lignes de métro partagent un tronc

commun est-ouest qui, sur cette portion offre donc

une fréquence de passage élevée, environ toutes les

deux ou trois minutes. Chaque ligne se différencie

et diverge des autres dans sa partie terminale. La

fréquence de passage pour chaque ligne individuali-

sée est d’environ 20 mn. La 6ème ligne est orientée

nord sud et croise le tronçon commun à la station

centrale de Trindade ci-contre.

Métro à Porto

Page 4: "Ma" ville de Porto

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Dès qu’on a haussé le cou en sortant de la station Sao Bento,

c’est le premier choc, regard immédiatement happé par cette

tonalité d’un bleu intense et doux, avec laquelle joue la lumière,

et qui s’éclaire particulièrement au soleil couchant ou au levant,

ou bien qui apporte une clarté soutenue quand le ciel se fait

gris.

De quoi peut-il bien s’agir, si l’on met à part l’azur du ciel ?

Des azulejos, ces faïences dont l’origine est maure, que l’on

retrouve aussi en Espagne, qui ont croisé plus tard les porce-

laines hollandaises, notamment celles de Delft, et qui se parent

d’autres tonalités chaudes dans leurs versions les plus ré-

centes.

Le Portugal est devenu le pays chantre et créateur

des azulejos.

Voyons donc cette façade devant nous, qui est

celle de l’église du Congregados ; ses fenêtres ba-

roques parfaitement encadrées d’azulejos sont contigües d’une autre façade aux délicates nuances corail rosé

qui rehausse la couleur des azulejos.

Le portugais a donné le terme baroque, de bar-rocco, qui signifie « gros rocher de granit de

forme irrégulière ».

Bien d’autres édifices portent en extérieur et à

l’intérieur ces témoignages attractifs et incon-

tournables de l’histoire, de la piété, mais aussi,

pour certains bâtiments publics civils, des mé-

tiers et des travaux voire des industries comme

sur les murs extérieurs de la jolie petite gare de

Pinhao plus en amont sur le Douro.

Il n’est pas jusqu’aux simples façades d’im-

meubles, de maisons ou de gares plus modestes

(ici Regua, début de la région des vins de Porto)

qui ne soient parées de ces faïences mais de cou-

leurs plus démarquées dans le vert, le rouge car-

min, ou un jaune paille dorée, plus homogènes aussi, et qui ne se réclament des

azulejos. Les occurrences sont innombrables pour le grand plaisir des touristes.

Lumineuses faïences

Page 5: "Ma" ville de Porto

5

Page 6: "Ma" ville de Porto

6

En général, les églises, mais aussi certains anciens pa-

lais sont faits d’une

pierre de granit gris et

dure un peu granuleuse,

dont l’aspect extérieur

serait tristounet (serait

-ce ça « avoir le Porto

triste »?), si elles

n’étaient enrichies par

les décorations ba-

roques, qu’il s’agisse des

sculptures foisonnantes

parfois chargées, ou bien avec plus de réussite,

de ce baroque portugais qui embellit l’encadre-

ment des grandes fenêtres et des portes, en les

rehaussant de claires couleurs et d’élégants argu-

ments décoratifs.

Mais outre les

toits de tuile, ce

sont les azulejos

qui apportent

cette touche fi-

nale délicate, plé-

nitude artistique

qui en font par-

fois des chefs

d’œuvre d’équi-

libre raffiné.

Lumineuses faïences

Page 7: "Ma" ville de Porto

7

Un exemple de

bâtiment pu-

blic offrant au

regard de su-

perbes azule-

jos profanes :

la gare de Sao

Bento, la gare

centrale de

Porto, avec

ses immenses

fresques his-

toriques qui

décorent ma-

gnifiquement

les hauts murs

intérieurs de sa salle des pas perdus. De pures merveilles.

Et l’on se prend à rêver :

l’appel au départ commun à

toutes les gares, à tous les

(aéro)ports perd ici de sa

force ; comme des tatouages

raffinés, le chatoiement

persistant des couleurs, la

force et la grâce des per-

sonnages (style Art Nouveau) libèrent l’imaginaire, et

nous retiennent là, béats, le nez en l’air. On se désin-

téresse des wagons

jaunes dont on con-

naît bien trop pré-

cisément la banale

destination : Lisbonne, Coïmbra,

Braga….

Cette gare a su rester secrète :

les façades extérieures sévères

gardent jalousement ses ri-

chesses refermées.

Autant on se hâte de quitter,

comme le veut leur fonction,

nos gares parisiennes, autant on

veut jouir du voyage immobile

dans la gare de Porto.

Rêves des pas perdus

Page 8: "Ma" ville de Porto

8

Mais le quartier, tout comme le reste de la ville, offre des

contrastes entre édifices rénovés parfois tout récem-

ment, parfaitement entretenus, et d’autres bâtiments ap-

paremment à l’abandon dont les tuiles accumulent la

mousse et un peu de végétation sauvage, ou dont les azule-

jos se délavent ou disparaissent.

Ainsi celui qui se situe au-dessus de la station Sao Bento,

et dont la façade lépreuse et sombre comme après un in-

cendie est rehaussée des vives couleurs de drapeaux por-

tugais, intention heureuse

de la municipalité pour

croire encore en son futur.

De tels bâtiments sont

nombreux dans tout le centre de la

ville.

Une loi de Salazar (cf une étude du

journal Le Monde) de la fin des an-

nées 1940, a plafonné les loyers

pendant des décennies. Même dé-

bloquée pour les nouveaux baux en

1990, elle reste en vigueur pour les

anciens locataires, qui bénéficient

de conditions locatives très avanta-

geuses. Dans ce contexte, les proprié-

taires loueurs ont cessé depuis longtemps

d’investir et de rénover. Insalubrité et vétus-

té ont donc progressé dans nombre d’im-

meubles des vieux quartiers, avec des coûts

de rénovation devenus démesurés, qui s’ac-

croissent encore avec la crise.

De ce fait, et grâce aux nouveaux transports,

le centre ville a perdu 30% de sa population

en 10 ans (étude 2011) et la ville dans son en-

semble 1/3 de ses habitants en 30 ans.

Mais certaine initiatives en cette période de

crise tentent de réhabiliter ces immeubles

anciens à moindre coût.

Quoi qu’il en soit, le charme opère toujours, dans cet abandon où les im-

meubles fatigués, encore fringants de leur façades de faïence ternies, se

perdent sous la mosaïque fantasque des toits de tuiles.

Le sud est déjà là, qui commence à vibrer non pas intensément à l’espa-

gnole, mais avec plus de légèreté et de douceur, là par exemple sous la sévère et monumentale cathédrale de

la Sé, icône de Porto en sommet de colline, façade romane, intérieur gothique sévère, dont finalement le cou-

vent qui la jouxte présente le plus d’intérêt.

Contrastes

Page 9: "Ma" ville de Porto

9

Pendant que dans les squatts, on squatte...

Page 10: "Ma" ville de Porto

10

Les rues avoisinant la

rue Carmelitas et la

Place de la Liberté,

plus étroites mais

bordées d’immeubles

aussi hauts, dévalent

la pente de la colline,

avec un fouillis de ma-

gasins très divers, où

l’on sent bien que l’ère

des supermarchés

aussi bien d’alimenta-

tion que de bricolage

par exemple n’a pas

encore pénétré le

centre de la ville.

Mais ces rues, con-

joncture ou crise,

sont encombrées de

nombreux travaux de

voirie, de réfection d’immeubles, qui les ferment à la circulation.

La crise se manifeste surtout et en toute évidence, par ces quelques

personnes sans domicile fixe, portugais sans aucun doute, maigres

et l’œil creux, qui chassent les mégots et mendient sans ostentation

devant les épiceries, ou qui en sortent après un achat compulsif

grâce aux quelques euros qu’ils ont pu collecter, hâves et peut-être

drogués parfois. On ne peut manquer de les croiser, pressés comme

fantômes dans ces

ruelles, quelquefois ha-

ranguant ou invectivant

les passants.

Rien à voir avec nos SdF

parisiens, plus nom-

breux et bien installés

dans leur territoire.

Contrastes

Page 11: "Ma" ville de Porto

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Page 12: "Ma" ville de Porto

12

En montant depuis Sao Bento vers l’église Congregados, on est au

plus creux d’une large ave-

nue qui se relève vivement

de part et d’autre, avec à

gauche l’église baroque des

Clerigos et sa tour clocher

(autre symbole de Porto),

et à l’opposé celle de Ilde-

fonso et ses azulejos.

Porto, ville aérée, ville af-

fairée.

Sur la partie plane de cet

espace qui est la Place de

la Liberté s’ouvre une très

large esplanade bordée

d’immeubles prestigieux

coiffés de dômes 19ème

qu’envierait les quartiers

haussmanniens de Paris, ici

et là surmontés de curieux et élégants petits campaniles de pierre

très aérés, avec en son

centre une statue

équestre.

C’est le quartier des fi-

nances et des affaires, au-

tour de l’avenue de Los

Aliados (les Alliés) .

La vue, dans l’axe de cet

esplanade s’élève vers un

bâtiment imposant et plu-

tôt élégant de style néo

baroque, surmonté en son

axe central d’une sorte de

beffroi qui mixe néo ba-

roque et art déco : c’est la

mairie de Porto, assez écla-

tante de blancheur.

Avec cette amplitude du

panorama, peut-être du

fait des couleurs, de l’espace ouvert occupé par le du site, du flux intense de la circulation, revient comme une

évidence à la mémoire certaines avenues de la Havane, la pourtant plate La Havane, sans les vieilles voitures

américaines.

Porto, ville affairée

Page 13: "Ma" ville de Porto

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Parvenus sur le parvis de la Sé, à l’entrée duquel veille un fier cava-

lier du Moyen Âge, la ville descend rapidement de tous côtés sauf vers un

quartier populaire pas très rassurant où elle s’élève encore un peu. Au loin,

le beffroi de l’hôtel de ville, et la Tour des

Clercs (Clerigos).

Malgré ses dimensions, l’immense parvis est

écrasé par la monumen-

tale façade granitique

de la Sé qui nous re-

garde de haut. Depuis

cette terrasse, la vue est re-

marquable vers les pentes de

la ville et la rive des grands

chais du vin de Porto, dans la

Villa Nova de Gaia de l’autre

côté du fleuve.

Des rince-bouteilles, fré-

quents dans les jardins, font

éclater leur couleur de clair

rubis au coin des façades sous

des palmiers haut montés en

tronc comme échalas adoles-

cents.

La Sé, parvis terrasse

Page 14: "Ma" ville de Porto

14

Page 15: "Ma" ville de Porto

15

L’intérieur de la cathédrale,

d’architecture classique ba-

roque, laisse s’envoler de

très hautes voûtes sous les-

quelles des groupes de tou-

ristes japonais mitraillent.

Mais le cloître voisin, d’une

belle facture gothique,

offre ses riches azulejos

que leur reflet bleuté proje-

té sur les dalles de pierre

laisse deviner avant qu’on

les ait vus.

Mais à tout prendre, la vue

d’ensemble vaut beaucoup

mieux que l’examen plus

rapproché : les motifs représentant des scènes du 18ème relè-

vent plutôt du précieux et du maniérisme.

Les azulejos tapis-

sent aussi les pa-

rois d’un chemin en

terrasse au-dessus

des galeries

d’arches.

...et son couvent bleuté

Page 16: "Ma" ville de Porto

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Page 17: "Ma" ville de Porto

17

Après avoir gravi la colline vers la Tour de Clerigos, un

peu plus haut à droite en remontant la rue Carmelitas,

se trouve une vaste et belle place au centre de la-

quelle une fontaine faite d’une immense vasque, avec

en arrière-plan, deux hautes façades d’églises, d’un

baroque presque mexicain. Ce magnifique ensemble est

un lieu où se rassemblent souvent des groupes d’étu-

diants

en arts

gra-

phiques et dessin, pour croquer ces sujets.

Les deux églises contigües sont celle des Carmes et celle des

Carmélites.

Mais le plus remarquable est la façade latérale de l’église de Car-

mo, totalement décorée d’azulejos de haut en bas ; mettant de

côté le motif religieux, là comme ailleurs, ont est saisi par la

beauté

des cou-

leurs,

même

quand

l’ombre du

soir com-

mence à

gagner.

Place baroque

Page 18: "Ma" ville de Porto

18

La Tour de Clerigos, voisine, se visite et se gravit, mais

sans ravir.

Ce qui est souvent présen-

té comme l’une des pre-

mières attractions de la

ville grâce à la vue panora-

mique aperçue du sommet,

(le plus haut clocher du

Portugal avec ses 75 m),

nous a un peu déçus. Bien

sûr, le charme des toits

de tuiles joue toujours,

mais à part la vue plongeante sur quelques rues, rien d’exceptionnel, à

l’inverse de ce que l’on se plaisait à imaginer quand on l’apercevait de loin.

Sauf bien sûr sa batterie de 49 cloches en carillons, qui permet le dimanche

au sonneur d’interpréter de vraies œuvres musicales.

Un architecte toscan, Nicolas Nasoni a conçu l’ensemble église et tour, réali-

sé en 1763, dans le plus pur style baroque, toute de granit gris. Mais le

manque de moyens en ce temps ne permit pas de construire le deuxième

clocher qui avait été envisagé.

Tour à tour télégraphe, horloge de la ville, elle sonnait midi grâce à la

détonation d’un petit canon

à poudre et alertait par un

drapeau fanion de l’arrivée

d’un paquebot à la Ribeira.

Le même architecte réalisa

le palais épiscopal, immense

et monumental bâtiment

qui jouxte la cathédrale

Sé. Au loin, de l’autre côté

du Douro dans une perspec-

tive écrasée qui gomme le

fleuve, c’est l’ancien cou-

vent de Nossa Senhora da

Serra do Pilar avec son

dôme de tuiles et ses murs blancs.

C’est tout de même l’occasion de s’abandonner à la poésie des

toits de tuiles aux ocres changeants, que parsèment avec un

charme sauvage ici et là de petits buissons qu’on dirait faits

pour chèvre sauvage, par dessus les façades indifférentes qui

n’ont d’yeux que pour leur vis-à-vis.

Tour des Clercs

Page 19: "Ma" ville de Porto

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Que faut-il, sourire de la vanité

dressée de la Tour des Clercs,

de l’étrange bronze de l’amour

de perdition, ou bien rire aux

éclats de ce rire libérateur,

salutaire et sans prétention?

Page 20: "Ma" ville de Porto

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Une cu- riosité absolument remarquable retient l’attention en redescendant un

peu sur nos pas : c’est la Librairie Lello. Sa façade blanche art déco, étroite et haute de deux étages ne

manque pas d’intérêt mais passerait presque inaperçue si on ne consul-

tait pas les guides.

En effet, un peu avant 10h chaque matin

commence à se former sur le trottoir

une petite queue de touristes.

Pour nous ce matin-là, heureux hasard ou

habitude, une femme de ménage nous a

ouvert la porte de l’édifice vers 9h 45,

avec toute liberté pour prendre des pho-

tos de l’intérieur, ce qui dès 10h devient

formellement, et malheureusement in-

terdit, même

sans flash.

Et là, c’est

une richesse

de décoration

des plafonds,

des vitraux

19ème, et sur-

tout un esca-

lier central permettant l’accès aux deux

étages, conçu comme deux spirales s’évasant, parfaitement symétriques, d’une élé-

gance époustouflante dans lequel a dû délirer jusque dans son accomplissement l’ar-

chitecte inspiré.

Il s’agit encore aujourd’hui

d’une fameuse librairie où au

1er étage les ouvrages sont

transportés dans un wagon-

net roulant sur rails.

Librairie folie

Page 21: "Ma" ville de Porto

21

Page 22: "Ma" ville de Porto

22

En descendant vers le fleuve et le quartier Ribeira, juste avant d’aborder la

route en terrasse qui rejoint lentement le fleuve à

mi-hauteur, une place

s’ouvre, celle de

l’infant Henrique domi-

née par un ancien mar-

ché couvert en struc-

tures métalliques ocre-

rouge du 19ème. Vers

le fleuve, c’est l’en-

semble de l’église Sao

Fransisco et ses cata-

combes, surplombant

une belle place.

Mais tout contre cette

église, juste au-dessus d’elle trône le Palais de la

Bourse (Bolsa).

Sa visite, quoique payante, se fait avec interdiction sévère de prendre des

photos. Paradoxal alors rien ne semble fragile à la lumière et que l’extrava-

gance incroyable de certaines pièces mérite cent fois d’être capturée dans la

petite boîte. D’autant plus qu’à part de chers livres d’expert, aucun fascicule

d’information à prix modeste n’est offert à la vente. Un italien et un français

malins se sont cependant permis de prendre quelques images en catimini avec

appa-

reils

dis-

crets

genre

Ipod.

Les

nôtres

ont été prises à la fin de la visite,

après le départ entendu de la guide qui

nous a laissé déambuler quelques mi-

nutes dans certains espaces délimités.

Le palais, construit par les riches com-

merçants portuans en 1842 (ou 1834

selon les sources), dans un style néo-

classique, fait feu de tous bois avec

une immense verrière, rapportée après

coup, un salon arabe où nous avons eu le

privilège d’entendre deux artistes répétant sur un piano du Beethoven à quatre mains pour un concert le len-

demain ; là aussi, une incroyable et magnifique décoration de type arabo-andalou avec versets coraniques pla-

cés là pour leur décorative calligraphie (images récupérées sur internet).

Opulente bourgeoisie

Page 23: "Ma" ville de Porto

23

Page 24: "Ma" ville de Porto

24

Les rues, les avenues sont bordées d’immeubles de 4 à 6 étages,

avec une recherche sur la décoration des hautes fenêtres, des bal-

cons, sur l’habillement de faïences colorées des façades, qui rendent

un très heureux effet, même quand la lèpre ou la pollution marquent

de leur trace sombre certains d’entre eux.

Les balcons aux riches ferronneries s’ornent comme ailleurs du fa-

nion bariolé du

linge séchant au

vent.

Sur la façade du

Douro où les pas

des touristes pié-

tinent les petits

pavés inégaux, on

peut même se de-

mander si le linge

exposé, pour faire

autant partie inté-

grante du décor

ne serait pas là

comme une constante délibérée, un argument permanent du

pittoresque, bien choisi pour ses couleurs vives et ses draps flottant au vent.

Les toits de tuiles sont le plus souvent à 4 pans et se relèvent légèrement en pagode à chaque coin.

C’est la marque

des édifices an-

ciens au Portugal

qui confère une

authentique élé-

gance aux mai-

sons en particu-

lier, et qui coif-

fent aussi les

immeubles les

plus anciens

comme une

marque de ca-

ractère.

Vers la Ribeira

Page 25: "Ma" ville de Porto

25

En descendant vers le fleuve…

la place de l’infant Enrique, né

à Porto, celui qui fut appelé

Henri le Navigateur pour avoir

été, dès le début du 15ème

siècle, l’un des principaux ins-

tigateurs de la découverte du

monde avec les fameux marins

aventuriers portugais comme

Vasco de Gama vers la fin du

même siècle.

Le

beau marché métallique appelé Mercado Ferreira

Borges est l’un des points de repère de la ville,

que l’on aperçoit même depuis la rive opposée du Douro ; aujourd’hui un édifice con-

sacré à des exposi-

tions et des mani-

festations cultu-

relles.

Le pittoresque de

Porto flatte l’œil à

chaque coin de rue,

dans les panoramas

sur le fleuve, dans

les escaliers en

ruelle, à l’ombre de

recoins plus se-

crets...

Vers la Ribeira

Page 26: "Ma" ville de Porto

26

L’église Sao Fransisco s’appuie sur l’un des côtés du Palais de la Bourse

vers le fleuve.

Romane lors de sa construction en 1254, puis transformée en gothique, enfin en

baroque au 17ème, cette église n’est, de l’extérieur, pas très différente de celles

que l’on rencontre ailleurs à Porto. Par contre à l’intérieur, beaucoup plus que

dans d’autres, elle dégouline d’or (comme le dit très justement le Guide du Rou-

tard). En réalité, des sculptures de bois recouvertes de feuilles d’or (talha dou-

rada), envahissent l’espace, chargées de personnages, d’allégories, d’un foisonne-

ment de représentations végétales, et couvrent jusqu’à la moindre surface,

murs, plafonds. Seul le sol en est exempt puisqu’il faut bien circuler, mais aussi

parce que les planches de bois dont il est fait recou-

vrent les tombes où gisent des membres de l’ordre.

Au total, et même en saluant le

caractère exception-

nel, spectaculaire et remarquable de la

réalisation, on peut comprendre que même

le dévot le mieux dis-

posé en sorte admira-

tif mais surtout

écoeuré. Tout l’or ra-

mené du Brésil lors

des grandes con-

quêtes semble être là ; 500 kg ont été utili-

sés en son temps.

L’histoire dit aussi que ces indécents excès des fransiscains et

des riches habitants qui avaient contribué à la décoration, alors

qu’au 17ème la population du quartier vivait misé-

rable, conduisit le clergé à la fermer au

culte.

En un sous-sol attenant, des cata-

combes sous voûtes prennent des airs

de caves vinicoles ou de chais bien or-

donnés, avec une sobriété bienvenue

après les abus décoratifs de l’église. Ils

accueillent les restes de

12 bienfaiteurs et ceux de

religieux de l’ordre.

Le plafond de l’une des

salles des étages supé-

rieurs est encore une

sorte d’exercice de style

décoratif qui semble inspi-

ré par l’art arabo-andalou.

Où allait l’or du Brésil

Page 27: "Ma" ville de Porto

27

Quand ensuite on se laisse

tranquillement aller dans les

pentes qui mènent au fleuve

vers les quais du quartier

très touristique de la Ribei-

ra, c’est au travers de

quelques sombres et

étroites ruelles du Moyen

Âge, d’autres rues étagées,

pour déboucher sur la place

du même nom, inondée de

soleil. Mais envahie et assez

dénaturée par les

tables, les

chaises et

les parasols

de plu-

sieurs ca-

fés et res-

taurants,

qu’occupent

les tou-

ristes du

monde en-

tier, affalés, affamés puis repus. Opportunément, la

charmante façade blanche baroque de la petite

église St Nicolas rattrape cette impression.

Et là s’ouvre le fleuve, où les mouettes moqueuses

planent et virevoltent. Et Porto commence à se li-

vrer. Après la place, les quais de la Ribeira se dérou- lent en lon-

geant les ves-

tiges de vieux

remparts de

pierre, percés

de voûtes,

jusqu’à cet arc

métallique

monumental

qu’est le pont

Dom Luis 1er.

Pittoresques des quais

Page 28: "Ma" ville de Porto

28

Page 29: "Ma" ville de Porto

29

D’une seule et élégante arche de dentelle métallique, il a achevé d’être cons-

truit en 1886 par un élève de Gustave Eiffel, Theophil Seyrig. Il remplace

un pont suspendu (1843), dont les pylônes ont été conservés sur la rive nord,

succédant lui-même à un ancien pont de bateaux construit en 1806.

Il porte deux tabliers, le plateau supérieur où passe lentement le métro,

prudent et comme pris de vertige (il faut respecter les vieilles infrastruc-

tures), d’une portée de

395m, à 45m au-dessus du

fleuve et le plateau infé-

rieur, qui est le passage rou-

tier, de 174m de long. Les

piétons peuvent ainsi tra-

verser le fleuve depuis le

centre ville, par le haut ou

par le bas.

Eiffel lui-même, déjà avec l’aide de son élève, a cons-

truit en amont en 1876 le pont métallique Maria Pia (de Savoie) qui était dédié au seul passage des trains, avec

un tablier de plus de 350m, 60m au-dessus du Douro.

Il

a

Soudain Eiffel s’éclate

Page 30: "Ma" ville de Porto

30

Seule pour les ados l’eau n’est pas si fraîche.

Page 31: "Ma" ville de Porto

31

Le long

des quais de la Ri-

beira déambulent

donc les hordes de

touristes sur ses

pavés gris polis par

les pas, au pied des

vestiges de rem-

parts faits de so-

lides pierres de

granit. Les ter-

rasses des cafés et

des

res-

taurants sont bien installées entre le

rempart et la voie parallèle au fleuve

où passent encore les voitures, avant

le quai lui-même.

Par contre, une fois franchies les

voûtes sous les remparts et si l’on

fait l’effort de gravir les marches et

les pentes, les dédales et les ruelles

qui sont l’arrière-cour, les coulisses

des restaurants, sont une vraie et

précieuse découverte où l’ocre et

l’orangé s’imposent avec bonheur.

Certains guides préfèrent la lascivité

de Lisbonne à Porto. Pourtant, que de

surprises, que de charme dans ces

passages de dalles inégales, de passerelles et

d’arches, d’anciennes

poutres décrépites, d’ex-votos baroques, dans le si-

lence d’une ombre fraîche où quelques vieillards s’affai-

rent derrière leur porte sans se soucier de l’étranger.

Où parfois

même on con-

fond voie pu-

blique et cor-

ridor privé.

Secrets passages

Page 32: "Ma" ville de Porto

32

Page 33: "Ma" ville de Porto

33

Quand on repasse à l’avant-scène, ouverte

au fleuve, l’autre spectacle, beaucoup plus

exposé, complaisamment exhibitionniste,

c’est celui de la continuité variée des fa-

çades aux balcons divers, un peu de

faïence entre de nombreuses fenêtres

comme pour goulument capter plus de lu-

mière encore ou ne rien manquer du spec-

tacle du fleuve, harmonie chaude des cou-

leurs des façades et guirlandes de linge au

vent. Un autre panorama, fascinant par sa

diversité, une sorte de crâne fierté popu-

laire qu’affirme ici la ville face au fleuve,

et qui séduit et amuse aussi, au-dessus des

parasols des restaurants.

A l’étage juste à la hauteur de la coursive des rem-

parts, une rangée d’anciennes cabines numérotées ;

peut-être d’anciennes cabines de bains?

Couleurs d’avant-scène

Page 34: "Ma" ville de Porto

34

Le 29 mai 1809, poursuivis par les troupes napoléoniennes de Soult,

une masse d’habitants s’enfuit par le seul pont de barques qui per-

mettait alors de traverser à pied le Douro. Certainement sous leur

poids, le pont s’effondra, fut détruit et les fuyards engloutis par le

fleuve. Le long des remparts, une plaque de bronze commémore cette

tragédie du « pont des barques ».

Les actes de résistance héroïque des portuans, assaillis par les

troupes d’envahisseurs au long de l’histoire de Porto expliquent la de-

vise de la ville : « cidade invicta », la cité invaincue. Cette résistance

est ainsi symboliquement représentée par le lion (Porto) terrassant

l’aigle

(Napoléon) au

sommet de la

colonne de la

vaste place de

Mousinho Al-

buquerque.

S ‘arrachant à

l’indolence de

ces quais,

nous traver-

sons enfin le

fleuve pour

passer sur la

rive sud, par

le tablier bas

du pont Dom Luis 1er. Ici commencent les caves du vin de Porto, qui s’éta-

lent le long de la route passante longeant les quais 50m en retrait.

Vue de là enfin, sur ses hautes collines convexes, Porto se donne, étagée

avec densité sur les pentes. Difficile de s’arracher à la contemplation du

splendide spectacle

de la ville sous le

soleil qui tourne len-

tement, avec la no-

ria des mouettes

blanches qui font la

pause au milieu du

fleuve ou bien, en

quelques batte-

ments d’ailes, tour-

nant un peu la tête

guettent les pois-

sons d’en haut pour

les saisir dans leurs

Magie des quais vus de Gaïa

Page 35: "Ma" ville de Porto

35

Page 36: "Ma" ville de Porto

36

Toute tentative de reconstituer le panorama de la rive aperçue d’ici tient de la gageure. Non seulement elle

exclut hélas le pont Dom Luis 1er, mais elle rabougrit et écrase la vue.

Les vues cliché par cliché rendent mieux la beauté du site. La symphonie

des toits de tuiles, la tonalité changeante des façades, des clochers et

des terrasses mouchetées du vert des squares

ici et là, tout concourt à composer un tableau

exceptionnel, qui s’encadre dans l’élégante

trame métallique du pont, qui agrémente somp-

tueusement l’arrière-plan d’un robelos, ou bien

encore qui épouse avec une lascivité que lui en-

vierait Lisbonne les courbes de la haute colline

auxquelles la ville s’accroche.

Porto, paisible et glorieuse, s’étire, s’émerveille

d’elle-même et contemple, immobile le puissant

fleuve qui l’a faite, dont les flots

se rebroussent au moment des

marées.

Seule indifférente, la mouette

passe à tire d’ailes.

Magie des quais vus de Gaïa

Page 37: "Ma" ville de Porto

37

Les façades aux cou-

leurs chaudes regar-

dent, hautaines, la

fourmilière qui dé-

file à leur pied.

Dans l’air transpa-

rent de mai, depuis

le quai aux vins, une

légèreté, jubilatoire

comme une ardeur

de jeunesse fait

oublier le présent et

se moque du futur.

Comme une liberté

intemporelle.

Tant qu’à être là, on

sacrifie ensuite à

l’incontournable vi-

site de deux chais

du fameux vin qui

n’est pas tout à fait, ou peut-être un peu plus que du vin.

Caves pimpantes et encore authentiques, caves musée aussi, pédagogie soignée sur la manière de vinifier, l’ori-

ginalité des cépages, la qualité des sols, l’effet du climat, les diverses catégories de vin, la commercialisation

et son histoire avec

l’Angleterre surtout.

Et bien sûr la dégus-

tation.

On peut au moins re-

tenir que si l’ajout

d’eau de vie pendant

la vinification suffi-

sait à faire du Porto,

tout autre vigneron

du monde saurait en

faire. Ce sont donc les

spécificités du contexte

qui font d’abord la dif-

férence et parviennent

à ce nectar unique.

Dans les tonneaux le nectar

Page 38: "Ma" ville de Porto

38

En franchissant le Douro depuis Porto sur

le tablier supérieur du Pont Dom Luis 1er,

la station de métro suivante se trouve au

sommet de la colline à la limite d’un petit

jardin en butte. Le panorama sur Porto

est époustouflant.

Deux manières de descendre de là vers la

rive et les quais : soit en prenant un télé-

phérique assez onéreux et sans grand

intérêt que l’on voit surgir d’entre deux

façades au-dessus de nos

têtes, soit en emprun-

tant les ruelles qui zigza-

guent vers le bas, s’accro-

chant au ro-

cher de granit

dont sont aussi

faits les pavés

plats et dis-

joints ; ce qui

fut notre

choix.

L’atmosphère de cette partie de la zone

urbaine est différente, plus authentique,

plus populaire aussi, avec de petites bou-

tiques dont l’activité est centrée de près

ou de loin

sur le vin

de Porto,

plus en-

core

quand on

se rap-

proche

des quais

et des

grands

chais. Le rythme quotidien semble ici moins

tendu, plus débonnaire, décontracté. Pa-

raisser avant de goûter.

et le charme des ruelles

Page 39: "Ma" ville de Porto

39

C’est dans ces pentes parfois

fortes que l’on accède aux

chais, où les bus de touristes

déferlent, dégustent à tour de

verres, tête au soleil quand ils

parviennent à trouver une

place dans l’encadrement d’une

fenêtre, dans cette odeur de

tannin sous les charpentes de

bois au pied d’énormes muids

de chêne parfois encore fa-

briqués en France.

Le monde entier passe là ;

parfois avec quelques confu-

sions, quand, entendant à cô-

té de nous une famille parler

français avec un accent, j’ai

pris des suisses de Lausanne,

au demeurant très sympa-

thiques, pour des québécois!

Erreur fatale. Mille excuses pour mes oreilles, à appareiller, pour les

habitants de la Belle Province et pour les lausannois, suisses au coeur.

Pour un peu, mécontents de ma confusion, ils m’auraient envoyé me

faire « désabler les portugaises »,... à Porto.

Enfin voici les chais

Page 40: "Ma" ville de Porto

40

Les collines élevées qui bordent longuement le Douro quand on le remonte

vers l’Est et l’Espagne se parent des terrasses serrées où se cultivent les

fameux vins.

Depuis l’autre gare de Porto, celle de

Campanha, on parvient à ses rives en train

par le nord , sur une ligne non encore

électrifiée qui ne retrouve les bords du

fleuve vers Regua qu’après une heure de

parcours entre des collines cultivées et assez densément habitées, sans

intérêt majeur.

Ce train, tracté par une locomotive diesel dont l’odeur incommodait un pe-

tit groupe de français délicats, possède des sièges réversibles d’un seul

coup de main : il est possible par simple basculement de passer le dossier d’avant en arrière (ou l’inverse) , si

bien que l’on peut de cette manière choisir le sens dans lequel on s’assoie. Cette facilité est ancienne, puisque

même les sièges du tramway des années 40 à Porto en sont dotés. Imaginons la révolution qu’introduirait ce

système dans le TGV. Mais c’est sûr, l’informatique ne suivrait pas...

Le fleuve en cette période semble paresser avec majesté dans ses longs méandres tendus ; la topographie de

ses rives parfois creu-

sées trahit cependant

la nervosité qu’il peut

manifester dans ses

crues. De notre train

tortillard, nous dou-

blons un navire de croi-

sière qui achemine des

groupes de vieillards

respectables vers la

visite de caves avant un long repas de midi assorti de dégus-

tations qui alourdiront encore l’assoupissement.

Au début, les cultures restent circonscrites, au milieu d’une courte végétation sur un terrain probablement

plus ingrat et trop escarpé. Mais les pentes s’adoucissent en remontant le fleuve, prennent des courbes plus

amples et sont donc plus cultivées, au moins jusqu’à ce qu’on atteigne les altitudes des mésas plus à l’est vers

la frontière espagnole, qui doivent en marquer les limites.

Le paysage résillé des rangs de vigne parfaitement entrete-

nus qui épousent étroitement les courbes de niveau et occu-

pent les pentes dans leur totalité jusqu’aux sommets illustre

parfaitement le savoir faire ancestral des viticulteurs et leur

pugnacité. Ce n’est que quand la pente se fait douce que les

rangs prennent l’orientation de celle-ci.

De plus en plus aussi, les courbes de la haute vigne se brodent

de chapelets d’oliviers plantés à intervalles très réguliers.

puis les flancs du Douro

Page 41: "Ma" ville de Porto

41

Page 42: "Ma" ville de Porto

42

Avant d’atteindre le grand méandre de Pinhao, notre

destination, les collines

plus évasées et entière-

ment cultivées étalent

leur richesse, et la desti-

nation prestigieuse de leur

production : ici, la noire

silhouette de l’icône San-

deman planté au milieu des

vignes.

A Pinhao, fin touristique

traditionnelle de la jour-

née, le fleuve s’évase comme un lac, grâce à une retenue en aval.

Beau site tranquille dominé par ses vignes, jusqu’au sommet des hautes collines vers lesquelles on sent bien que

le soleil doit darder avec intensité ses rayons en été.

Tout célèbre le vin et sa fabrica- tion, depuis les su-

perbes azulejos qui décorent ma- gnifiquement les fa-

çades de sa gare, en passant par les aménagements

ludiques du bord du fleuve et ses outils viticoles an-

ciens, jusqu’aux boutiques de sou- venirs d’assez bon

goût sans lourdeur

ostentatoire qui lon-

gent parmi d’autres

la rue traversante.

Le témoignage de la

tradition viticole est

souligné par la juxtaposition,

juste en retrait de la rive et au

pied des pentes cultivées de sortes d’énormes cloches semblables à

des bulbes de mosquées, apparemment faites de ciment crépi dont

le sommet est relevé en té-

ton. Ce sont les anciennes

cuves où était entreposé, sou-

tiré, décanté le Porto avant

d’être acheminé par robelos

vers la capitale par le fleuve.

Aujourd’hui, les cuves sont peut-être faites de métal inoxydable ca-

chées derrière des murs vénérables et le vin envoyé par camions et

trains citernes.

Pinhao la sereine

Page 43: "Ma" ville de Porto

43

Comme une fière coquetterie, ou une

signature des propriétaires de quin-

tas, les champs sont souvent bordés,

plutôt que de haies ou de rang de cy-

près, par le haut pampre d’une vigne

qui les ceinture joliment.

Où le vin est un art

Page 44: "Ma" ville de Porto

44

Page 45: "Ma" ville de Porto

45

Ces visites s’inscrivent habituellement pour les touristes dans un forfait dont la partie principale est une croi-

sière d’une heure sur le Douro jusqu’à l’entrée de l’estuaire ; les visites des caves en sont le point d’orgue, se-

lon un tempo laissé à la guise du client.

Croisière sur des

bateaux en noria qui

ont la forme carac-

téristique des robe-

los, mais où les tou-

ristes ont pris la

place des tonneaux,

pas forcément à

leur avantage.

C’est une autre occasion de voir autrement Porto la ville et

son environnement, en particulier de passer sous les arches

monumentales des ponts successifs qui traversent

le fleuve. Ici encore le pont Maria Pia construit

par Eiffel, désaffecté et remplacé par l’ouvrage à

piliers voisin, pour la traversée du chemin de fer.

Dans l’autre sens, le même pont d’Eiffel, puis en

arrière plan, un pont routier de béton dont l’arche

plus hardie encore bondit par-dessus le fleuve.

Au retour, au pied de la colline qui prend un air de

falaise se distinguent mieux les sombres remparts

crénelés comme les dents d’un peigne, ceux qui dé-

limitaient au Moyen Âge l’enceinte de la cathédrale

forteresse de la Sé dont on n’aperçoit pas les clo-

chers depuis le fleuve, et qui furent construits à la

place de remparts romains beaucoup plus anciens.

On aperçoit aussi les rails qui dévalent la pente, ceux d’une petite et moderne

nacelle à crémaillère sur soufflet (pour maintenir l’horizontalité quelle que soit

la pente) qui permet rapidement de passer de la Sé au Douro en bas. Pour les

touristes fatigués que nous

sommes parfois. Beau point de

vue depuis la cabine pendant

l’élévation assez vertigineuse.

Et un peu comme sur la lagune

vénitienne, on croise ces gon-

doles à tonneaux, des robelos

immobiles qui ne sont là que

pour la parade, pour illustrer

le passé.

Et puis du fleuve aussi

Page 46: "Ma" ville de Porto

46

Ailleurs, sur la rive sud, au-dessus des flots scintillants, en remontant un peu encore, s’étirent sous le soleil

des carcasses de bateaux en rénovation ou en construction, sur un minuscule chantier artisanal.

Page 47: "Ma" ville de Porto

47

Le quartier de Bolhao avec son grand marché couvert,

ses très nombreux

commerces et notam-

ment ceux de la rue

Santa Catarina ne

prend un peu de re-

pos et de tranquillité

qu’à l’heure du repas

de midi.

On voit, par son in-

frastructure métal-

lique et le style de ferronnerie de ses balcons, que le marché avec ses

galeries couvertes qui tire partie de la

pente de la colline, a été conçu dans la

mouvance d’Eiffel et de ses disciples à la

fin du 19ème. Mais les travaux en cours

encombrent la vue d’échafaudages et

privent le chaland d’une grande partie

des

échoppes et

des bou-

tiques. Un

peu déçus de ce contexte même si ce qui est

visible est d’un beau pitto- resque.

La marchande de sardines, as- sise à l’une

des entrées un seau de poissons à ses pieds,

hèle (ou harangue?) les pas- sants.

La veille, l’équipe de foot du Porto FC au

stade de Dragao avait été sa- crée champion du Portugal (le fanion bleu et

blanc inondait la ville) ; un re- portage sur

le sujet se tenait dans le marché lors de notre passage.

La rue en pente qui longe le marché est un point de départ de plusieurs

lignes de bus. Les passa-

gers en attente s’organi-

sent avec un civisme bon

enfant à chaque arrêt en

une queue bien respectée

qui s’allonge le long du

trottoir.

En face rutilent de belle

façades de faïnces colo-

rées.

Bolhao s’agite

Page 48: "Ma" ville de Porto

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Page 49: "Ma" ville de Porto

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Page 50: "Ma" ville de Porto

50

Le carrefour très animé Santa Catarina - Formosa s’illu-

mine comme un phare urbain diurne, avec l’intense lueur

bleue des azulejos de la chapelle de Las Almas.

Surplombant les feux tricolores, ses façades atti-

rent irrésistiblement l’œil, malgré le trafic et les

nombreux commerces, tout contre l’accès à la sta-

tion de métro Bolhao. La rue Santa Catarina, longue

et spacieuse est réservée aux piétons, très fréquentée aussi bien par les portuans que par les touristes. Une

manifestation d’un groupe d’étudiants protestant contre

l’augmentation des frais d’entrée à l’université se tenait

ce jour-là, sous l’œil amusé et parfois compatissant du

public.

Au bout de la

rue Santa

Catarina, en

débouchant

de la place où

trône sur un

tertre l’église

St Ildenfen-

so, deux ma-

gasins aux pi-

gnons anciens

marquent origi-

nalement le

carrefour.

et s’exhibe, urbaine

Page 51: "Ma" ville de Porto

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Page 52: "Ma" ville de Porto

52

L’embouchure du Douro, voisine de 2 km, évase les hautes collines quand on s’approche de la côte. La brume masque un peu la puissante houle océanique, et estompe le phare falot au bout de la jetée.

Les vents d’ouest étirent les nuages et le ciel est d’une agile versatili-té.

La chance était avec nous pen-

dant les 6 jours de notre vi-

site : temps très changeant

d’abord, avec une seule averse

gênante, puis ciel bleu perma-

nent pour le reste, mais des

matins et des soirées un peu

fraîches. De quoi parcourir la

ville à pied dans de belles con-

ditions.

Nous sommes allés vers ce bout de monde avec le pittoresque et su-

perbe vieux tramway

des années 30-40, par-

faitement entretenu,

qui traverse le centre

ville en gravissant en-

core allègrement les

pentes. Aux carrefours

de la ligne, le wattman

(ou woman) s’ar-

rête et des- cend

lui-même pour

changer l’ai-

guillage. Voi-

tures, pié-

tons, vélos em-

pruntent sa voie avec

bonhommie ; parfois

même, il doit attendre qu’une voiture mal garée veuille bien se déplacer un

peu pour lui laisser le passage.

Il est surtout destiné aux touristes, puisque d’efficaces lignes de bus sil-

lonnent aussi la ville. Le long de

cette ligne qui longe la rive droite

du Douro se situe le musée du

tramway où d’autres rames plus

anciennes encore sont exposées.

Tout au bout, l’océan

Page 53: "Ma" ville de Porto

53

Lors de cette descente vers l’embouchure, la brume qui voilait

le paysage sur l’autre rive, découpait la silhouette fantoma-

tique d’un château au sommet d’une colline, qui se prenait pour

un manoir écossais au-dessus un loch, pour retrouver sa banale

et anodine apparence dès la brume dissipée.

Pour un peu, même ce voilier avait, si on

se laisse aller, l’allure de celui du Hollan-

dais volant, si la proue nette du canot

aux couleurs portugaises et les pêcheurs

pêchant au premier plan ne nous rame-

naient à la réalité.

Il n’est pas même jusqu’aux îlots rocheux

au pied du pont routier, qui ne se la

jouent façon réserve ornithologique, où

les mouettes abondent néanmoins.

Dans le tramway des brumes

Page 54: "Ma" ville de Porto

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Page 55: "Ma" ville de Porto

55

Loin des tumultes, cependant bien relatifs par rapport à un dimanche après-midi sur les Champs Elysées,

deux sites charment par leur tranquillité et leur beauté, avec pourtant des styles très différents, voire op-

posés.

L’un d’eux est le jardin du Palais de Glace avec son mu-

sée du Romantisme. L’autre est le très moderne et bien

agréable parc Serralves et son bâtiment aux lignes épu-

rées qui abrite des expositions d’avant garde fréquen-

tées par la jeunesse de Porto dans un quartier cossu un

peu excentré vers l’ouest.

Le premier do-

mine de son

plateau l’ouest

immédiat de

Porto et le

Douro. Le Pa-

lais de cristal n’était pas accessible, mais son immense cou-

pole un peu vieillissante s’agrémente dans ses alentours im-

médiats de groupes sculptés parfois un peu vé- tustes, rouillés

par endroit. Le parc est encombrés de paons qui

sillonnent les

allées en se

haussant du ja-

bot et s’admi-

rent en bon nar-

cisses dans le

reflet des baies

vitrées. Ou bien

trompettent leur

appel brise-

silence vers les

femelles.

Des mouetttes

et des canards ont fait de

bassins leur baignoire, parfai-

tement habitués au lieu, à

peine dérangés par notre ap-

proche.

De l’une des ter-

rasses qui s’éta-

gent, la vue sur le

Douro vers la mer

est splendide,

dans une quiétude apaisante qui fait oublier la Ribeira.

Jardin suranné

Page 56: "Ma" ville de Porto

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Calme et fraîcheur,

plus encore quand on

descend à travers le

parc vers le Musée

« Romantico ». Aussi

bien l’environnement,

avec ses arbres ances-

traux que la qualité

des œuvres exposées

contribuent à la beauté simple du lieu. Un guide francophone,

plus

tout à

fait jeune, très cultivé

et fier de conter un peu

de l’histoire portugaise

au travers de Porto

nous fait visiter les

pièces. A part quelques

portraits trop appuyés,

tout le reste témoigne

avec goût, par les

meubles, les

œuvres pro-

duites de la vie

quotidienne d’une

famille aristo-

cratique aisée,

de cette 2ème

partie du 19ème

siècle, dont l’hé-

ritage baroque

n’est pas exclu.

Les objets les

moins sobres, et

somme toute les

moins appréciés sont des porcelaines de Li-

moges, suffisantes comme paons en parc, au côté d’œuvres à l’estimable mo-

destie comme cette petite table ronde incrustée de fine marqueterie, que

gâche la cloche à fleurs.

En sortant du parc vers le fleuve, les ruelles qui dévalent ne manquent pas

aussi d’un autre charme plus débridé et actuel, grossièrement pavées, her-

beuses, et taguées avec, même là, ce qu’il faut de touche baroque.

Romantique fraîcheur

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Plus à l’ouest, une partie du parc de Serralves

accueille un très moderne pavillon d’exposition construit

en 1999, peut-être dans la perspective de l’année euro-

péenne de la Culture

2001 dont Porto était

cette année-là la capi-

tale (comme Marseille

en 2013). C’est le plus

grand Musée d’Art

contemporain du Portu-

gal nord. Les lignes

pures et la lumière

sont en soi déjà un dé-

cor as-

sez fas-

cinant.

Que cer-

tains

trouvent

dérou-

tant!

Laissons

-nous aller à la beauté des lignes...

Fondation privée au sein du beau parc de 18

ha, dont le puissant et envoûtant parfum

des eucalyptus vous enveloppe par mo-

ments, narines dilatées. Le parc recèle aus-

si des oeuvres modernes parfois surpre-

nantes, jouant ici et là d’effets optiques, en général bien réussies.

Modernité parfaite

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Page 60: "Ma" ville de Porto

60

A une autre entrée se situe la Casa de Serralves, siège de la fondation, d’une belle et très pure architecture

Art Déco, à laquelle Lalique a notamment contribué. La courte perspec-

tive du jardin en gra-

dins à la française où

se marient les cou-

leurs crues tartan et

turquoise de piscine,

craque des pas écra-

sant les galets rouges

et attribue au cadre

un je ne sais quoi de

tropical dont le con-

traste par rapport

aux frondaisons du

parc est bienvenu.

En contrebas, petit et apaisant intermède bucolique : dans une vallée

paît un couple de bovidés façon auroch, très étonnantes longues cornes

recourbées, dans une ferme pédagogique vaste et soignée, non loin des

pergolas

d’une ro-

seraie aux

roses déjà

éreintées

de soleil.

Malgré la

discrète

sophisti-

cation, ce

retour à la

simplicité

après les lourdes fioritures baroques et talha dourada apporte sa part

d’harmonie,

d’équilibre, de

libération salu-

taire de l’esprit.

Bucolique Art Déco

Page 61: "Ma" ville de Porto

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Page 62: "Ma" ville de Porto

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Un azulejos désigne en Espagne et au Portugal un carreau ou un ensemble de carreaux

de faïence décorés que l’on trouve aussi bien à l'intérieur de bâtiments qu'en revêtement extérieur de

façade. D'abord développé en Andalousie au 15ème siècle, il connaît son apogée au 18ème siècle au Por-

tugal. C’est toujours de nos jours un art vivant dans le sud de l'Espagne et au Portugal.

Outre l’art décoratif, c’est une revêtement d’une grande longévité, facile à appliquer, et auquel on prête

des qualités d’isolation thermique sous le soleil de l’été.

Origine :

Le mot azulejo vient de l'arabe « al zulaydj » petite pierre polie, et non

du portugais ou de l'espagnol « azul », bleu. Il s'agissait au départ d'imi-

ter les mosaïques romaines. Le motzellige, technique de revêtement utili-

sée au Maroc, a la même étymologie.

La technique de la céramique; apportée par les Maures lors de leur occu-

pation de la péninsule ibérique est pratiquée ensuite de manière cons-

tante. D'abord non figurative (interdiction de la figuration dans les pré-

ceptes de l'islam sunnite), elle ne devient figurative qu'à la fin du 15ème

siècle sous l'influence italienne.

Au Portugal, plus que pour les motifs en eux-mêmes, subsiste un goût

mauresque pour la surabondance de revêtements décoratifs entiers –

une espèce d’horreur du vide.

Au 16ème siècle, l’Italie développe

la technique de la majolique qui per-

met de peindre des motifs directement sur les azulejos. Les pre-

miers azulejos figuratifs sont peints à Séville vers 1500 par Fran-

cesco Niculoso , potier italien originaire de Pise.

L’art se développe ensuite dans toute l'Espagne, et sa diffusion se

poursuit au Portugal dès 1503, en Italie, et en Flandres où s’instal-

lent des céramistes italiens, d'abord à Anvers puis à Delft. On le

trouve aussi en Turquie, en Iran.

Le Portugal passe commande de céramiques aux flamands, dont

certains viennent s’installer à Lisbonne.

Au 17ème siècle, la production se fait plus industrielle

au Portugal, pour répondre à une demande grandissante

destinée à couvrir des surfaces importantes mais à coût

moindre. Les motifs s’inspirent des « grotesques » ita-

liens issus de l’Antiquité, des « indiennes », ces tissus

exotiques rencontrés dans les conquêtes.

Les ateliers créent de véritables répertoires de motifs

et d’illustrations sacrés ou profanes.

Plus modestement, des panneaux simples sont couram-

ment utilisés pour des représentations religieuses ou à

des fins signalétiques.

les Azulejos 1 En savoir

plus sur

Page 63: "Ma" ville de Porto

63

Au 18ème siècle, les commandes

passées en Hollande imposent la

tonalité bleue, s’appuyant sur une

haute technicité, qui plaît aux por-

tugais. Au point qu’ils importent la

technique et la développent, l’em-

bellissent en se l’appropriant. Mais

ce qu’on appelle le Cycle des

Maîtres traduit ensuite le rejet de

la filière hollandaise.

Les motifs deviennent plus exubé-

rants avec l’espagnol Gabriel del

Barco qui travaillait au Portugal.

On entre dans l’âge d’or des azulejos, avec dans la 2ème partie du

18ème, sous le règne de Dom Joao V la période dite de la Grande Pro-

duction, et l’insistance et la répétition de certains motifs (vases à

fleurs, scènes bucoliques, religieuses, mythologiques, de guerre,…).

Avec le rococo, les motifs se diversifient ensuite et d’autres tonali-

tés de couleur sont introduites ; les reconstructions après le grand

tremblement de terre de 1755 développent fortement cette ten-

dance.

Au 19ème siècle, le néo-

classicisme introduit par la bour-

geoisie fait évoluer les motifs vers plus de pureté, de légèreté, de

raffinement, en privilégiant cette fois les fonds blancs, l’insertion de

médaillons calligraphiques monochromes.

Puis les motifs romantiques s’imposent dans la 2ème moitié du siècle

avec notamment le peintre Ferreira des Enseignes

Au 20ème siècle, la produc-

tion épouse les évolutions

artistiques de l’époque, notamment dans le 1er tiers du siècle,

avec tout d’abord la reprise des thèmes de l’Art Nouveau, puis

des thèmes plus modernistes ensuite.

Aujourd’hui, de nombreux ateliers artisanaux portugais et espa-

gnols s'emploient à poursuivre leur adaptation à la modernité.

les Azulejos 2 En savoir

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Page 64: "Ma" ville de Porto

64

Commentaires issus notamment de « La Planète—vin »

Le Porto est un vin muté portugais, produit uniquement dans la région du Haut Douro, à 100 km en amont de

la ville éponyme, entre Peso da Régua et la frontière espagnole.

La vallée amont au voisinage de Porto, n'est pas le domaine du vin de ce nom mais celui du vinho verde.

La vigne est essentiellement exploitée par de petits producteurs, possesseurs des quintas.

Tout cépage implanté ici, dans la vallée du Douro participe au Porto. Le vignoble occupe 25.000 ha hiérarchisés

en qualité selon des critères portant notamment sur la localisation, le sol, l'altitude, l'aspect... Tout le raisin

n'est pas transformé en Porto : un quota annuel est fixé, et le surplus est vinifié en vin de table.

Plus de 20% de la production est commercialisé par l'Istituto do Vinho do Porto.

Du vin est produit dans la vallée du Douro depuis l'Antiquité mais ce n'est qu'au 17ème siècle qu'apparaît l'ap-

pellation "vin de Porto".

En effet, un embargo de Colbert, premier ministre de Louis XIV, contre l'Angleterre, prive les Anglais de leur

vin favori, le "clairet" de Bordeaux. Ils découvrent au Portugal des vins de qualité similaire.

Avec le traité Methuen (1703), ils obtiennent le privilège de fonder au Portugal des maisons de négoce en

échange de la baisse des taxes sur le vin de Porto. Mais ce vin reste cher et en concurrence avec les vins fran-

çais.

Pour mieux supporter le voyage, on y ajoutait déjà de l'eau de vie. Tirant parti de cette expérience, un mar-

chand anglais Jean Bearsley a l'idée d'en augmenter le degré en ajoutant de l'eau de vie de vin, et par là même

la qualité et les caractéristiques. C'est la naissance du produit sous sa forme actuelle, produit très vite apprécié en Europe. C’est ainsi, raccourci et clin d’œil de l’histoire, que le vin de Porto peut être considéré comme un bienheureux

effet collatéral de la stupide volonté hégémonique du Roi Soleil.

La demande augmente considérablement. Tentant d’y répondre, la production s’accroît, mais au détriment de la

qualité.

Le premier ministre de l'époque, le marquis de Pombal, crée alors en 1756 un comité de définition et de suivi de

la qualité, préfigurant les appellations d'origine protégée, notamment en mettant en place un cadastre des rives

du Douro et une classification basée sur un système de points divisant le porto en six catégories et prenant en

compte le climat, le sol, son inclinaison, l'altitude, le rendement ainsi que l'âge des vignes. Les cépages furent

également divisés en un petit nombre de catégories.

Les vins de Porto 1 En savoir

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Page 65: "Ma" ville de Porto

65

La vigne est cultivée sur une surface schisteuse reposant sur un sous-sol granitique. Le sol, aride et pauvre en

matières organiques délivre un rendement médiocre. Seuls les oliviers, les amandiers et quelques méchantes

broussailles cohabitent sur ce sol ingrat. La culture est effectuée sur des terrasses accrochées à des falaises

abruptes qui se jettent dans la vallée du Douro.

La région a un climat continental assez contrasté, très chaud et très sec en été (jusqu’à 40°C), et parfois

glacial avec de la neige en hiver, qui contribue à la qualité de la production.

Les vendanges sont difficiles en raison du relief et des fortes tempé-

ratures,

Après quelques jours de macération, quand le moût titre environ 6° et

que la couleur semble convenir, le jus est versé dans des "torreis",

cuves remplies au cinquième d'alcool de vin à 78°, le « brandy ».

Selon le moment choisi pour ce mutage, le résultat est un vin parfois

sec ou extra-sec (surtout dans le cas du Porto blanc), mais plus sou-

vent demi-sec ou doux, titrant environ 20°. Moment crucial : trop tôt,

le vin sera lourd et pâteux, trop tard, il manquera de fruit et de rondeur.

Cette opération, le mutage, a l’avantage de stopper la fermentation primaire, en conservant du sucre au vin

(rondeur et fruité) pour lui éviter de devenir trop sec ou trop âpre ; elle renforce aussi son aptitude au vieillis-

sement, lui conférant un corps plus puissant et un bouquet plus riche.

Le mutage terminé, le vin entre en sommeil tout l'hiver, décante sous l'action du froid grâce à des soutirages

successifs. Au printemps, le porto quitte les quintas vers les chais des négociants. Selon sa qualité, il va entamer

un vieillissement plus ou moins long, soit en fûts de bois (foudres 20 000 à 100 000 litres ou barriques de 550 l

appelées « pipes »), soit en bouteilles selon une méthode mixte.

Autrefois, les pipes étaient embarquées sur les "barcos rabelos", bateaux à fond plat seuls capables de des-

cendre le Douro. L'expédition fluviale aboutissait aux caves de Vila Nova de Gaïa, faubourg sud de Porto, dont la

fraîcheur était plus propice au vieillissement que les écarts de température subis dans la vallée du Douro.

Ces temps héroïques ont pris fin dans les années 60, lorsque trains et camions citernes ont pris le relais. Mais

une nouvelle ère débute : les Quintas du Douro ont commencé à s'équiper de chais à air conditionné, permettant

le vieillissement sur place.

Quoi qu'il en soit, le vin est mis à vieillir dans des tonnelets de bois spécial dont la porosité favorise le proces-

sus d'oxydoréduction. Un ouillage important (compensation de l’évaporation par l’ajout de vin dans le fût pour

éviter l’oxydation) est nécessaire, effectué avec de l'alcool de même âge que le vin.

La réglementation autorise 35 cépages pour l'élaboration du Porto.

Cinq d'entre, tous originaires de la région (mais doute sur le « francesa »?), sont reconnus comme de qualité

supérieure : le touriga nacional, le touriga francesa, le tinto cão, la tinta roriz, et la tinta barroca.

Le Porto blanc, ou Branco Dourado est élaboré à partir de raisins blancs exclusivement. Autrefois résolument

doux, il l’est moins aujourd'hui, et même souvent sec. Avec l'âge, sa couleur passe du blanc mat au jaune paille ou

or. Mais c'est une curiosité.

Le Porto est rouge dans son immense majorité.

Les vins de Porto 2 En savoir

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Page 66: "Ma" ville de Porto

66

Portos vieillis uniquement en fût de bois

Ruby :

le bas de gamme, simple et doux, uniquement rouge. Elevé en fût, jusqu'à deux ans. Les meilleurs sont

vigoureux et pleins d'arômes, mais la plupart sont plutôt ternes.

Vintage Character :

mention trompeuse sans garantie, car le vin n'est pas issu d'un millésime unique. Après un élevage de 4

à 6 ans en fût, il est filtré et stabilisé par le froid avant mise en bouteille.

Tawny :

peut désigner des produits très divers. Les Tawnies bon marché sont des coupages de Portos blancs et

rouges. En général "Tawny" désigne le bon Porto courant, issu de coupes d'âge et de productions dif-

férentes. Il est vieilli en fûts de chêne portugais donnant moins de goût de tanin que le chêne fran-

çais.

Aged Tawny

désigne un vin qui a subi un élevage en fût pendant 10 à 20 ans, avant d'être mis en bouteille. Son âge

n'était pas jusqu’il y a peu, mentionné sur l'étiquette. Depuis que quatre catégories de vieux Tawny

avec indication d'âge (10ans, 20ans, 30ans, et plus de 40ans) ont été agréées par l'Institut du Vin de

Porto, leur âge est de plus en plus spécifié.

Quoi qu'il en soit, avec l'âge, le Tawny s'adoucit et perd un peu de sa teneur alcoolique; sa couleur

pâlit, passant du brun au brun doré, puis au fauve auquel il doit son nom.

Les Portugais le boivent rafraîchi, les Français chambré à l'apéritif. Mais ce sont là pratiques de con-

sommateurs de produits de bas de gamme.

Les Britanniques, fins connaisseurs et aristocrates du Porto, savent ce qu'est un bon Porto, et le pren-

nent surtout après le dîner.

Colheita :

Tawny millésimé, vieilli au moins 7 ans sous bois. Il porte mention non seulement du millésime, mais

aussi de l'année de mise en bouteille.

Les vins de Porto 3 En savoir

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Page 67: "Ma" ville de Porto

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Portos vieillis en fût puis sous verre

Vintage (millésimé) :

Le Vintage est au Porto de base ce qu'un grand Champagne millésimé est au mousseux de fête fo-

raine. La quintessence de la finesse, de la saveur, et de la persistance aromatique.

Un Vintage est fait de plusieurs cépages, mais uniquement les très bonnes années (les années sim-

plement bonnes donnent lieu au Quinta). Il ne subit que 22 à 31 mois de fût, à l'issue desquels le

négociant décide s'il mérite la mention Vintage. Si c'est le cas, il est mis en bouteille sans avoir été

filtré. Il peut alors rester en bouteille pendant 20 ans, voire 30, parfois plus.

En conséquence il est impératif de le laisser reposer après l’avoir acheté, et de le décanter avant de

le boire. Enfin, il est recommandé d'ouvrir la bouteille au moins une heure avant de servir, à 16-18°C.

Mais attention ! au delà d'une journée, un Vintage décanté perd corps et bouquet.

Single Quinta Vintage :

Comme son nom l'indique, il s'agit d'un Porto venant d'un domaine unique, et issu de raisins d'une

seule année. Il est donc millésimé, mais pour les années qui ne permettent pas un Vintage. La plupart

des meilleurs producteurs de Vintage font ainsi des Quintas en principe dans leur meilleur vignoble.

L'élaboration du Quinta est semblable à celle du Vintage.

L.B.V. (Late Bottled Vintage) :

Comme le Vintage, sa récolte correspond aux bonnes années, mais sans qu’il ait le niveau de qualité

requis pour mériter la mention Vintage.

Laissé en fût pendant 4 à 6 ans pour accélérer le processus de vieillissement, sa couleur rubis

s'éclaircit sans toutefois devenir rousse. Il est en général décanté et filtré lors de la mise en bou-

teille. Toutefois, les meilleurs, capables de supporter un long vieillissement en bouteille, ne sont pas

filtrés.

Crusted Port :

est un mélange de plusieurs années, embouteillé (non filtré) après 3 à 4 ans en fût. Un dépôt se

forme donc, aussi faut-il le décanter avant de servir. En général, il se rapproche plus d'un Vintage

que le LBV.

Garrafeira

Ce type de Porto est rare de nos jours. Vin d'un seul millésime, il est soumis -comme le LBV- à un

séjour d'environ 5 ans en fût. A la différence du LBV, on le transfère alors en dame-jeanne, où il va

passer 20, 30, voire 40 ans. Il est décanté avant mise en bouteille.

Les vins de Porto 4 En savoir

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Page 68: "Ma" ville de Porto

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Porto : 250 000 habitants, au sein d’une agglomération de plus de deux millions d’habitants. Même si l’acti-

vité portuaire a déménagé dans une des communes limitrophes, Leixões, Porto, c’est d’abord le fleuve, le

Douro.

Il va faciliter le commerce et rendre la ville prospère. Au point qu'aujourd'hui toute l'histoire de Porto

peut se lire le long de ses rues et de ses quais, et sa richesse s’exprimer avec les différents bâtiments qui

ont marqué son passé.

L’histoire de Porto s’inscrit aussi étroitement dans celle du Portugal et contribue à celle-ci.

Ce qui est retracé de l’histoire du Portugal dans le site internet « les voyages Clio » est tout à fait inté-

ressant. La remarquable synthèse de cette histoire, en préambule de l’article intitulé « Les grandes étapes

du Portugal » est reproduite dans l’encadré ci-dessous.

On se limite ensuite à donner quelques points de repère de l’histoire de Porto par rapport à celle

du Portugal.

« Détonateur, selon la belle formule de Fernand Braudel, de l’énorme bouleversement cosmique introduit par l’expansion géographique de l’Europe à la fin du XVe siècle », le petit Portugal joue dans l’histoire du monde

occidental un rôle sans commune mesure avec l’exiguïté de son territoire et la faiblesse de sa population et de

ses ressources.

Constituée à l’ouest de la péninsule Ibérique dans les combats de la Reconquista, cette petite principauté née

de la volonté d’un roi de Castille verra ses comtes et ses rois affirmer leur autonomie par rapport à leur puis-

sant voisin. Une séparation politique qui correspond pour l’essentiel à celle des parlers gallego-portugais et du

castillan et qui finira par s‘imposer malgré les périodes au cours desquelles des dynamiques unitaires ont rap-

proché les dynasties ibériques.

Vassal du Saint-Siège, le petit Portugal – dont le nom vient de celui de Portus Cale, l’ancienne Porto – parvient

à affirmer très tôt sa volonté d’indépendance et termine, dès le milieu du 13éme siècle, la Reconquête qui

fixe, dès ce moment, les limites de son extension territoriale.

La poursuite au Maroc de la croisade d’Espagne et l’aventure atlantique déterminent ensuite les destinées

impériales de ce petit Finisterre européen ouvert sur le grand large. Avec le contournement de l’Afrique, l’ou-

verture de la route des Indes et la main mise sur le Brésil, ce qui n’était qu’un petit royaume périphérique au

sein de la chrétienté occidentale devient l’un des « centres » de la nouvelle « économie-monde » née des

grandes découvertes. Maîtres de l’un des deux premiers « empires mondiaux », les souverains de Lisbonne

tirent alors un profit considérable des fonctions redistributrices assumées par leurs marins et leurs négo-

ciants, au moment où, de Sofala aux Moluques, l’océan Indien apparaît comme un « lac portugais ».

Cette situation des plus favorables est largement compromise par l’union avec l’Espagne, qui fournit aux rivaux

hollandais l’occasion d’en finir, ou à peu près, avec l’empire portugais d’Asie privé de ses îles à épices.

Le Brésil, son or et ses denrées tropicales prennent ensuite le relais pour garantir au royaume une nouvelle

prospérité mais les guerres napoléoniennes, les indépendances latino-américaines et une trop grande subordi-

nation vis-à-vis de « l’allié » britannique marquent le début d’une déchéance dont le cours ne peut être inversé

par les rêves d’un nouvel empire africain allant de l’Angola au Mozambique.

Resté à l’écart de la révolution industrielle et demeuré attaché à un héritage colonial devenu anachronique, le

Portugal du XXe siècle accumulait de lourds retards quand l’intégration à la Communauté économique euro-

péenne lui fournit les moyens d’une renaissance appelée à trouver son complet développement dans le rôle

spécifique que peut jouer ce « petit » État européen comme moteur d’une communauté lusophone de deux

cents millions d’âmes actuellement en cours d’organisation.

L’histoire de Porto 1 En savoir

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Page 69: "Ma" ville de Porto

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- 8ème siècle avant J.C. : des fouilles archéologiques prouvent une présence humaine organisée, sur le site

de la ville moderne de Porto, à l'embouchure du fleuve Douro. Le comptoir phénicien puis carthaginois qui y

est implanté tire partie de l'accès offert par le fleuve.

- 1er siècle avant J.C. : les Romains établissent une ville qu'ils nomment Portus (le port) sur la rive nord et

une autre ville, Cale sur l’autre rive (sud) du Douro. Le commerce se développe entre Porto et Braga au

nord.

Cet endroit deviendra le véritable coeur du Portugal et les deux noms romains seront associés pour en constituer un seul, « Portucale ». C’est donc Porto qui a donné son nom au pays. - En 411, les Suèves envahissent surtout le nord portugais et la Galice, chassent les romains et font du

site une capitale administrative et commerciale, puis laissent la place aux wisigoths en 469. Vers 584, ces

derniers donnent à la ville le nom de Portucalense.

- 711 : sur le point de réaliser l’unité de la péninsule ibérique, ils sont à leur tour chassés par les Maures.

- 868 : le Comte Vímara Peres bat les Maures et prend le contrôle de la région depuis le Douro jusqu’au au

fleuve Minho au nord. Il crée le premier comté du Portugal (Comté Portucalense?). C’est là que se situerait l’origine de l'identité nationale et des racines du Portugal en tant que pays. - 1093 : Teresa, fille bâtarde du roi de Castille Alphonse VI et épouse d’Henri de Bourgogne, reçoit le

comté de Portugal.

Les habitants se rallient à leur fils Alphonse Henriques, qui se déclare roi du Portugal (alors la région de

Braga) et se détache de la Castille.

- 1147 à 1187 : Alphone Henri reconquiert contre les Maures Lisbonne et une partie du sud-ouest de la

péninsule, tout en pratiquant l’ouverture pour les maures qui veulent rester là et s’intégrer. A sa mort en

1187, après 56 ans de règne, il aura aussi contribué à dégager l’indépendance du Portugal contre Castille

et Leon, avec l’appui de la population.

- 1249 : la reconquête portugaise est terminée, bien avant celle du

royaume d’Espagne (1492). Mais les luttes opposant portugais et castillans

se poursuivent.

- 1385 : le 15 août, victoire anglo-portugaise contre les castillans à Alju-

barrota.

- 1386 : Jean 1er d’Aviz, dit le Grand (Joao), marié à

Filipa de Lencastre en 1388, fille du premier Duc de Lencastre l'anglais John Gaunt,

signe le traité de Windsor, qui scelle la 1ère alliance entre l'Angleterre et le Portugal, clé de voûte d’une partie de l’histoire de Porto aussi.

- 1394 : Henri (le futur Navigateur) naît à Porto, 6ème enfant de Jean 1er et Filip-

pa.

- 1411 : la paix entre Portugal et Castille est conclue.

- 1418 à 1460 (année de son décès) : Henri le Navigateur, plus au nom de l’idéal de croisade que celui des découvertes, commandite nombre d’expéditions.

Mais Porto n’en tire finalement que peu de bénéfices.

De cette époque, les habitants de la ville tiennent leur surnom de "tripeiros" car la

viande étant envoyée sur les navires pour les marins , le peuple se nourrissait de ce qu'il restait, en l'oc-

currence des tripes.

L’histoire de Porto 2

En savoir

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Page 70: "Ma" ville de Porto

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- Entre 14ème et 15ème siècles, Porto développe la construction navale portugaise. Cette période d'ex-

pansion voit aussi la construction, en 1374, d'un nouveau mur d'enceinte protégeant les deux noyaux ur-

bains, ville médiévale et zone portuaire extra muros.

- 1492 : fin de la reconquête espagnole ; une partie des juifs chassés par l’Espagne pour n’avoir pas

voulu se convertir est accueillie au Portugal.

- 7 juin 1494 : Le traité de Tordesillas partage les nouveaux mondes à découvrir entre l’Espagne et le

Portugal. Au début du 16ème, le Portugal est maître de l’Océan Indien, et prend le relais des vénitiens

pour le commerce des épices.

- 1580 à 1640 : le Portugal est espagnol ; après la mort d’Henri 1er en 1579, l’un des prétendants au

trône portugais, Philippe II d’Espagne, prend le pouvoir. Après une période de bonne cohabitation, les

volontés d’annexion de l’Espagne, la pression fiscale qu’elle exerce sur les portugais, la concurrence hol-

landaise dans les mers, conduisent à une insurrection qui met fin au règne espagnol fin 1640.

- 3 juin 1661 : Traité de White-Hall. Renouvellement de l’alliance anglaise par le mariage du roi Charles II

Stuart avec l’infante Catherine de Bragance, sœur d’Alphonse VI. La princesse apporte à la couronne an-

glaise Tanger, Bombay et des comptoirs aux Indes et au Brésil. En contrepartie, l’Angleterre s’engage à

défendre le Portugal et ses territoires coloniaux contre toute agression d’un pays tiers. L’Angleterre

voudrait bien faire du Portugal un protectorat.

- 1699 : arrivée à Lisbonne du premier chargement d’or en provenance du Brésil. L’or augmente la

circulation monétaire et engage ainsi en Europe un cycle de croissance mais compromet les efforts réali-

sés au Portugal en faveur d’une activité manufacturière. Les revenus de la couronne portugaise augmen-

tent mais servent surtout à financer des dépenses somptuaires.

- 1703 : le traité de Methuen garantit l’entrée libre des lainages anglais au Portugal et celle du vin por-

tugais en Angleterre. L'essor économique se fait réellement sentir, avec l'établissement de liaisons mar-

chandes entre Porto et l'Angleterre.

Car avec le vin du site, devenu fameux, les hommes d'affaires anglais investissent massivement dans les

vignobles de la vallée du Douro afin d'approvisionner l'immense marché anglais.

Porto, en tant que port d'exportation de ces vins, en bénéficie considérablement comme en témoigne la

richesse des édifices baroques de la ville.

- Le grand tremblement de terre de 1755 semble ne pas avoir affecté Porto, hors de la faille tectonique

sur laquelle se situe Lisbonne, qui perd 60 000 (???) personnes le 1er novembre.

- 1751 à 1777 : tentative d’instauration dans le royaume d’un ré-

gime de despotisme éclairé sous le règne de Joseph Ier, avec le

marquis de Pombal (1699-1782), grand ministre portugais

Les exportations de vin de Porto vers l’Angleterre croissent, mais

déséquilibrent les échanges en valeur : près de la moitié des im-

portations portugaises sont des produits manufacturés en Angle-

terre, qui ne lui achète que le vin ou des produits coloniaux. Le

Portugal s’installe ainsi dans une économie de rente peu propice à

la réalisation d’un effort de développement national.

Les citoyens réagissent fortement contre la création de la Com-

panhia do Alto Douro (Compagnie vinicole du Haut-Douro) par

Pombal, destinée à mettre un terme au monopole anglais ; ils imposent un statu quo en incendiant le siège

de la compagnie lors de la Revolta dos Barrachos (Révolte des enivrés).

l’histoire de Porto 3 En savoir

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Page 71: "Ma" ville de Porto

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- 1789-1792 : Le Portugal se déclare contre la Révolution française et en faveur du maintien de la monar-

chie absolue de Louis XVI.

- 1801 : alliée de la France républicaine, l’Espagne envahit le sud Portugal pour surtout obliger Lisbonne à

rompre ses liens privilégiés avec l’Angleterre. Le Portugal est contraint de demander la paix le 8 juin.

Cette guerre est surnommée la « guerre des oranges ».

- 1807 : refusant le blocus continental imposé par Napoléon contre l’Angleterre, le Portugal est envahi par

l’armée napoléonienne ; la famille royale part en exil au Brésil en novembre.

- Juin 1808 : une Junte provisoire fidèle à la maison de Bragance se constitue à Porto.

- 1808 à 1811 : Junot, puis Masséna se heurtent à Sir Arthur Wellesley, futur duc de Wellington et le Por-

tugal devient base arrière des troupes anglaises.

- 1820 : Porto est avec Lisbonne, le berceau de la " Révolution libérale " qui conduit la monarchie à adopter

la constitution d’août 1822.

- 1832 : en juin, Pierre 1er débarque des troupes à Porto, bat ses opposants (les miguellistes) qui cepen-

dant bloquent le port et le nord du pays pendant deux ans. Porto pâtit lourdement de ce long blocus.

- 1847 : l’intervention de la flotte anglaise et des troupes libérales espagnoles sauve la dynastie des Bra-

gance-Cobourg confrontée à une insurrection populaire qui a pris le contrôle de Porto et qui unit la petite

bourgeoisie aux paysans miguellistes.

- 1851 : promulgation de la constitution qui demeurera en vigueur jusqu’à la chute de la monarchie en 1911.

- 1889 : dans sa volonté de consolider ses colonies en Angola et Mozambique, le Portugal se heurte à son

allié Anglais, et doit renoncer à ses ambitions en Afrique Australe. L’opinion publique portugaise se dé-

chaîne alors contre l’allié traditionnel britannique et de grandes manifestations sont organisées, notam-

ment à Porto, pour dénoncer le diktat anglais, dont on sait aussi qu’il aurait voulu faire du Portugal un pro-

tectorat.

Entre 1820 et 1911, Porto passe de 50 000 habitants à près de 200 000.

- 1911 : élaboration d’une nouvelle constitution, républicaine. - 1932 : Salazar, ministre des Finances devient président du Conseil. Une

Constitution plus rigide est mise en œuvre en 1933 ; la pratique devient

autoritaire et se durcit.

Malgré des progrès incontestables, certains choix de Salazar conduisent

progressivement à assimiler sa gouvernance à une dictature.

- 25 avril 1974 : la Révolution des Œillets met un terme aux colonies

portugaises (Angola, Mozambique, Timor, Guinée Bissau,,…) mais conserve

Açores et Madère.

- 25 avril 1976 : promulgation d’une nouvelle Constitution.

Au cours du 19ème siècle, le centre de Porto se déplace des rives du

fleuve vers les nouveaux quartiers situés autour de la Praça da Liberdade.

C'est à cette époque que Gustave Eiffel conçoit le pont ferroviaire qui

enjambe le fleuve (1875), et de nombreux édifices sont construits. Au 20ème siècle, Porto se transforme

progressivement de ville à vocation industrielle en un centre aux activités économiques consacrées aux

industries de services.

La ville joue un rôle important dans l'expulsion de la monarchie en 1910 et également lors de la révolution

de 1974 qui conduit au retour de la démocratie au Portugal.

l’histoire de Porto 4 En savoir

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