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COURS DE MACROECONOMIE PREMIERE ANNEE SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION ELABORE PAR : KHEMAKHEM JAMEL www.maroc-school.com/fsjest www.maroc-school.com/fsjest

MacroEconomie

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  • COURS DE MACROECONOMIE

    PREMIERE ANNEE SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

    ELABORE PAR : KHEMAKHEM JAMEL

    www.maroc-school.com/fsjest

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    CE COURS EST REDIGE PAR KHEMAKHEM JAMEL, MAIS SON CONTENU RESULTE DUNE REFLEXION COMMUNE DE LENSEMBLE DES MEMBRES DE LEQUIPE PEDAGOGIQUE DE MACROECONOMIE DE LINSTITUT SUPERIEUR DE GESTION DE TUNIS. ONT PARTICULIEREMENT CONTRIBUE A LELABORATION DE CE COURS : MESDAMES : ABBES Neila, GHALI Olfa, HAOUAOUI Leila ET LOUKIL Faten ET MESSIEURS : BEN ABDA Kamel, CHKOUNDALI Ridha ET SMAILI Mongi TOUTEFOIS, LAUTEUR RESTE SEUL RESPONSABLE DE TOUTES LES ERREURS ET OMISSIONS.

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    PLAN DU COURS

    INTRODUCTION GENERALE I - Gense de la macroconomie II Distinction Microconomie et Macroconomie III - Objet de la macroconomie PREMIERE PARTIE : LES FONCTIONS DE COMPORTEMENT

    CHAPITRE UN : LE COMPORTEMENT DE CONSOMMATION

    SECTION I - LHYPOTHESE DU REVENU COURANT : LA FONCTION DE

    CONSOMMATION KEYNESIENNE A) LES FONDEMENTS ET LES CARACTERISTIQUES DE LHYPOTHESE DU REVENU COURANT B) LES IMPLICATIONS ET LES LIMITES DE LHYPOTHESE DU

    REVENU COURANT a) Les implications c) Les limites

    SECTION II LA THEORIE DU CHOIX INTERTEMPOREL DE FISHER A) LE PLAN DE CONSOMMATION INTERTEMPOREL a) La notion de richesse b) La contrainte budgtaire

    c) La fonction dutilit d) Loptimum

    B) DEPLACEMENT DE LEQUILIBRE a) variation des revenus disponibles et dplacement de lquilibre b) variation du taux dintrt et dplacement de lquilibre c) Conclusion SECTION III LHYPOTHESE DU CYCLE DE VIE DE MODIGLIANI SECTION IV LHYPOTHESE DU REVENU PERMANENT DE M. FRIEDMAN A) LA NOTION DE REVENU PERMANENT : B) LA FONCTION DE CONSOMMATION

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    CHAPITRE DEUX : LE COMPORTEMENT DINVESTISSEMENT SECTION I LA THEORIE KEYNESIENNE DE LA DEMANDE DNVESTISSEMENT A) LE ROLE DU TAUX DINTERET DANS LA DECISION DINVESTISSEMENT a) Lapproche de la VAN b) Le Taux de rendement interne

    B) LE ROLE DE LA DEMANDE ANTICIPEE DANS LA DECISION DINVESTISSEMENT : LA THEORIE DE LACCELERATEUR

    a) Les hypothses du modle b) Formulation de lacclrateur simple

    C) CONCLUSION SECTION II LE MODELE NEOCLASSIQUE DE LNVESTISSEMENT A) LE STOCK DE CAPITAL OPTIMUM B) LA DECISION DINVESTISSEMEN C) DU STOCK DE CAPITAL OPTIMUM A LINVESTISSEMENT CHAPITRE TROIS : LEQUILIBRE SUR LE MARCHE DE LA MONNAIE SECTION I LOFFRE ET LA DEMANDE DE MONNAIE A) LOFFRE DE MONNAIE B) LA DEMANDE DE MONNAIE a) Le motif de transaction b) Le motif de prcaution c) Le motif de spculation SECTION II LEQUILIBRE SUR LE MARCHE DE LA MONNAIE A) LAPPROCHE CLASSIQUE : LA THEORIE QUANTITATIVE DE LA MONNAIE B) LAPPROCHE KEYNESIENNE

    CHAPITRE QUATRE : LEQUILIBRE SUR LE MARCHE DU

    TRAVAIL INTRODUCTION SECTION I LAPPROCHE CLASSIQUE DU MARCHE DU TRAVAIL A) HYPOTHESES B) LOFFRE DE TRAVAIL C) LA DEMANDE DE TRAVAIL D) LEQUILIBRE SUR LE MARCHE DU TRAVAIL SECTION II LAPPROCHE KEYNESIENNE DU MARCHE DU TRAVAIL A) LOFFRE ET LA DEMANDE DE TRAVAIL B) LEQUILIBRE DE SOUS EMPLOI

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    DEUXIEME PARTIE : LES MODELES MACROECONOMIQUES ET LES POLITIQUES ECONOMIQUES

    CHAPITRE CINQ : UN MODELE DE PLEIN EMPLOI :

    LE MODELE CLASSIQUE SECTION I : LE MODELE DE PLEIN EMPLOI A) LES HYPOTHESES ET LEURS IMPLICATIONS B) LEQUILIBRE MACROECONOMIQUE a) La sphre relle b) La sphre montaire SECTION II : LE DEPLACEMENT DE LEQUILIBRE A) LE DEPLACEMENT DE LEQUILIBRE SUR LE MARCHE DU TRAVAIL a) Dplacement de la courbe doffre de travail : b) Dplacement de la courbe de demande de travail : B) LES POLITIQUES ECONOMIQUES a) La politique budgtaire b) La politique fiscale c) La politique montaire d) Conclusion sur les politiques conomiques

    CHAPITRE SIX : UN MODELE DE SOUS-EMPLOI : LE MODELE KEYNESIEN

    SECTION I : LEQUILIBRE MACROECONOMIQUE A) INTRODUCTION B) LE MODELE KEYNESIEN SIMPLIFIE : LA NOTION DU MULTIPLICATEUR a) Un modle keynsien simplifi pour une conomie deux agents b) Un modle keynsien simplifi pour une conomie quatre agents B) LE MODELE KEYNESIEN COMPLET : LE MODELE IS-LM a) Le modle b) Lquilibre sur le march des biens et services : la relation IS c) Lquilibre sur le march de la monnaie : la relation LM d) Lquilibre global SECTION II : LES POLITIQUES ECONOMIQUES A) LES POLITIQUES BUDGETAIRE ET FISCALE a) Les consquences des politiques budgtaire et fiscal b) Interprtation B) LA POLITIQUES MONETAIRE a) Les consquences de la politique montaire b) Interprtation

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    INTRODUCTION GENERALE Objet de la macroconomie

    Lobjet de la macroconomie est la comprhension de lactivit conomique dans son ensemble. Cette tche est trs complexe et semble impossible tellement les conomies sont complexes. Cest pourquoi les conomistes ont rduit lconomie nationale un certain nombre de catgories conomiques propos desquelles ils posent un certain nombre dinterrogations fondamentales telles que : (i) quelles sont les causes des fluctuations conomiques ? (ii) pourquoi le chmage ou linflation augmentent ? (iii) les politiques conomiques sont elles efficaces pour rsoudre les problmes ?.... Ces phnomnes peuvent tre conjoncturels ou structurels. Dans ce dernier cas, ils relvent de la croissance conomique, c'est--dire de la longue priode. La macroconomie traite donc des phnomnes conjoncturels de courte priode, avec un stock de capital donn. Les questions principales abordes par cette discipline gravitent autour du niveau de production, du chmage, de linflation ou enfin des quilibres extrieurs. Et pour tenter de comprendre ces phnomnes, les conomistes se donnent une reprsentation simplifie de la ralit, en recourant la modlisation. Mais cette tche est loin dtre aise, la reprsentation pertinente de la ralit nest pas une vidence. Et la mme ralit peut tre reprsente de plusieurs manires selon lobjectif vis par ltude et surtout selon les hypothses mises sur le systme conomique et sur son fonctionnement. Les hypothses sont fondamentales parce quelles fixent le cadre gnral de lanalyse, et les fondements des comportements des variables. En sciences conomiques, la multiplicit des coles de pense sexplique en grande partie par la multiplicit des hypothses mises sur le fonctionnement de la sphre conomique de la socit. Et cest pourquoi ce cours sefforce de proposer systmatiquement deux approches diffrentes des phnomnes tudis : une approche classique (noclassique) et une approche keynsienne. Le clivage fondamental vis par ce cours se rapporte la pertinence de lintervention publique dans la vie conomique. Cette dernire proposition annonce dailleurs lobjet de ce cours : quen est-il de lefficacit des politiques conomique dans la rsolution des problmes des fluctuations de la production, du chmage, de linflation ou des dsquilibres extrieurs ? La rponse cette interrogation suppose la construction de modles conomiques qui fera lobjet de la deuxime partie de ce cours. Mais cette construction suppose que les lments essentiels qui composent ces modles soient explicits et ceci nous proccupera dans la premire partie de ce cours. Ainsi se cours se droulera comme suit :

    PARTIE I : LES FONCTIONS DE COMPORTEMENT ET LES MARCHES o Le comportement de consommation o Le comportement dinvestissement o Le march de la monnaie o Le march du travail

    PARTIE II : LES MODELES MACROECONOMIQUES o Un modle de plein emploi : le modle classique o Un modle de sous emploi : le modle keynsien

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    PREMIERE PARTIE

    LES FONCTIONS DE COMPORTEMENT

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    CHAPITRE PREMIER LE COMPORTEMENT DE CONSOMMATION

    Si nous commenons ce cours de macroconomie par lanalyse du comportement de consommation, cest parce que celle-ci revt une importance capitale en analyse conomique en gnral et en macroconomie en particulier. En effet, la consommation est un acte fondateur de lactivit conomique dans le sens o cest elle qui permet de satisfaire nos besoins (individuels et collectifs) et que ces derniers sont lorigine mme de lactivit conomique. Ce sont les besoins qui transforme ltre humain passif en agent conomique actif. Par ailleurs, la consommation est en gnral la composante principale de la demande globale et ce titre elle est au cur du dbat sur lefficacit des politiques macroconomiques de relance. Et cest pourquoi son tude est un pralable toute modlisation des politiques conomiques. Ceci tant dit, nous dfinissons la consommation comme un acte de destruction dun bien ou dun service. Cette consommation peut tre finale ou intermdiaire. La consommation intermdiaire se rapporte un bien ou un service qui na pas encore achev son itinraire dans le processus productif et qui est appel tre transform en un autre bien. Elle correspond donc une destruction cratrice. Mais la consommation finale est un acte de simple destruction destin satisfaire un besoin humain. Cette consommation peut tre publique ou prive. Mais dans ce chapitre, nous nous intressons exclusivement la consommation prive des mnages. La consommation publique sera considre comme exogne et intgre dans les dpenses publiques . Notre objectif est de passer en revue les analyses de la consommation globale des mnages en vue de trouver les variables explicatives de cette volution, c'est--dire de dgager ses dterminants. Le dterminant premier qui a t avanc par les conomistes est le revenu. Mais ce concept peut recouvrir diverses ralits : le revenu courant, le revenu relatif ou le revenu permanent. Keynes retient la notion du revenu courant. Mais dautres auteurs introduisent certains

    dcalages : o Duesembery introduit ce dcalage au niveau du revenu avec lhypothse du

    revenu relatif : Ct = aYt + bYt-1 o Brown lintroduit au niveau de la consommation pour tenir compte des

    habitudes : o Ct = aYt + bCt-1 + C0.

    Ces deux dernires propositions rejoignent celle de Keynes dans la mesure o elles se rfrent des facteurs psychologiques. A loppos de la thorie keynsienne, nous trouvons la thorie du choix intertemporel

    propose par Fisher qui prend en compte le long terme et donc lvolution de la richesse. Cette thorie va donner naissance plusieurs interprtations dont :

    o Celle du revenu permanent de Friedman et o Celle du cycle de vie de Modigliani.

    Dans ce cours, nous limiterons nos investigations aux propositions de Keynes, Fisher, Modigliani et Friedman.

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    SECTION I - LHYPOTHESE DU REVENU COURANT : LA FONCTION DE CONSOMMATION KEYNESIENNE A) LES FONDEMENTS ET LES CARACTERISTIQUES DE LHYPOTHESE DU REVENU COURANT Selon Keynes, la consommation des mnages sexplique essentiellement par le revenu disponible courant (Yd), c'est--dire le revenu national brut net dimpts et des charges sociales : Yd = Y T (o Y est le PIB ou le PNB1, et T constitue les charges fiscales et parafiscales). Le point de dpart de la thorie keynsienne est une loi dite loi psychologique de Keynes qui snonce comme suit : la loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer en toute scurit, la fois priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et posteriori en raison des renseignements dtaills de lexprience, cest quen moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent accrotre leur consommation mesure que le revenu crot, mais non dune quantit aussi grande que laccroissement du revenu 2. De cette proposition, nous retenons que, selon Keynes, la consommation est en relation directe, mais non proportionnelle, avec le niveau du revenu disponible :

    Ct = f(Ydt) avec 1dYdC

    0dt

    t

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    De cette relation, nous pouvons tirer un certain nombre de caractristiques : Lpargne apparat comme un rsidu. La propension marginale pargner, qui mesure la variation de lpargne des mnages

    consquente la variation du revenu disponible dune unit, est constante et comprise

    entre zro et un : PmS = dt

    t

    dYdS

    = s avec 0 < s < 1.

    La propension moyenne pargner, qui mesure lpargne des mnages par unit de revenu disponible, est croissante et infrieure la propension marginale pargner :

    sYC

    YsYC

    YS

    PMSdt

    0

    dt

    dt0

    dt

    t +=+== La PMS crot de - a s, c'est--dire que pour des revenus disponibles trs levs, la PMS tend vers la PmS. La somme des propensions marginales consommer et pargner est gale un : PmC + PmS = c + s = c + (1 c) = 1 La somme des propensions moyennes consommer et pargner est gale un : PMC + 1)c1(cscs

    YC

    cYC

    PMSdt

    0

    dt

    0 =+=+=+

    ++

    =

    Reprsentation graphique

    C, S, Yd

    S>0

    C0 S< 0 S>0 0 Yd S < 0 YdE - C0

    Lpargne peut tre ngative ou positive selon le niveau du revenu disponible. Il y a donc

    un niveau du revenu disponible pour lequel lpargne est nulle, cest le seuil dpargne. Le

    seuil dpargne YdE est tel que Ct = Ydt C0 + Yd = Yd Yd(1-c) = C0 c1C

    Y 0dE += Remarquons quau seuil dpargne, la propension moyenne consommer est gale un et la propension moyenne pargner est nulle.

    Yd

    C

    S

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    Remarque : Les fonctions de consommation et dpargne dfinies ci-dessus suggrent que la somme des propensions marginales consommer et pargner est gale un, mais ne permettent pas de savoir laquelle est suprieure lautre. Toutefois, dans une conomie viable , la PmC est ncessairement suprieure la PmS. Le revenu est destin essentiellement la consommation et non lpargne. Exemple : Yd 0 10 20 30 40 50 60 70 80 C 4 12 20 28 36 44 52 60 68 PMC 1,2 1 0 ,93 0,9 0,88 0,87 0,86 0,85 PmC - 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 S -4 -2 0 2 4 6 8 10 12 PMS - - 0,2 0 0,07 0,1 0,12 0,13 0,14 0,15 PmS - 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 A partir de cet exemple, nous pouvons constater que : - La PmC = 0,8 = une constante et la PmE = 0,2 = une constante. - La PMC est dcroissante de 0,85. - La PMS est croissante de - 0,85. - La PMC + PMS =1. - Le seuil dpargne est : YdE = 20 B) LES IMPLICATIONS ET LES LIMITES DE LHYPOTHESE DU REVENU COURANT a) Les implications Si nous considrons des mnages revenus diffrents, nous observons une PMC de plus en

    plus faible et une PMS de plus en plus leve mesure que le revenu disponible augmente. Pour un pays donn, la PMC doit diminuer au fur et mesure que le niveau de vie de la

    population slve. La comparaison entre pays doit faire ressortir une PMC plus faible et une PMS plus leve

    pour les pays les plus riches et inversement.

    PMCPMS PmC PmS 1 c s

    0

    PMC Pmc

    PmS PMS Yd YdE

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    Yd

    C

    La consommation est la composante principale de la demande, et de ce fait elle constitue le moteur de la croissance conomique. Par consquent, la baisse de la PMC ne manquerait pas, terme, de mener les conomies qui senrichissent vers une stagnation sculaire.

    b) Les limites La thorie keynsienne de la consommation va tre critique sur plusieurs flancs. La premire critique est dordre empirique. Nombreux sont les travaux empiriques qui

    remettent en cause lhypothse de Keynes. Mais les travaux les plus significatifs sont ceux mens par Kuznets sur lconomie amricaine. Ce dernier livre des rsultats contrasts : la thse de Keynes nest confirme qu court terme o on observe effectivement une baisse du taux de consommation. Mais les tests empiriques relatifs des sries historiques rvlent, au contraire, une stabilit du taux de consommation et du taux dpargne. Par ailleurs, lhistoire concrte na pas confirm la stagnation sculaire qui devrait survenir si lhypothse keynsienne tait suffisamment robuste.

    La fonction de consommation keynsienne ne tient pas compte de la rpartition du revenu. En effet, si nous considrons deux catgories de mnages ayant des fonctions de consommation diffrentes : les riches avec une PmC faible, et les pauvres avec une PmC leve. Et tant donne que la fonction de consommation globale est une agrgation des fonctions de consommation des diffrentes catgories sociales, alors toute variation au niveau de la rpartition des revenus entre riches et pauvres se traduit immanquablement par une modification de la fonction de consommation et donc de la consommation elle-mme.

    Lhypothse du revenu courant ne peut rendre compte du comportement de consommation des mnages dont les revenus subissent des variations alatoires importantes tels que les exploitants agricoles soumis aux alas climatiques ou certaines activits soumises des variations saisonnires importantes. En effet, ces catgories de mnages procdent souvent un lissage de leurs revenus en pargnant durant les annes grasses et en dspargnant durant les annes maigres comme dans le graphique suivant :

    La thorie keynsienne donne une explication statique du comportement des mnages dans

    la mesure o elle ne rend pas compte de larbitrage entre la consommation prsente et la consommation future et donne lpargne un statut de simple rsidu. Par ailleurs, il nya aucun fondement microconomique la formulation macroconomique du comportement de consommation.

    Lensemble de ces limites rend ncessaire la reformulation de la thorie de la consommation. La contribution de Fisher semble lalternative la plus exhaustive et celle qui a donn naissance plusieurs interprtations alternatives.

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    SECTION II LA THEORIE DU CHOIX INTERTEMPOREL DE FISHER Cette approche a t prsente par Irving Fisher3 en 1930 dans le but de donner un fondement microconomique la fonction de consommation macroconomique. Dinspiration noclassique, cette thorie suppose des agents rationnels qui agissent dans un environnement de concurrence parfaite. Ces agents raisonnent en terme rel et adoptent un comportement calculateur de maximisation de la fonction objectif sous contrainte. Lhypothse de base de cette thorie est que la finalit de la consommation des mnages est la maximisation de lutilit. Mais il ne sagit pas de maximiser lutilit pour une priode donne, mais plutt pour toute la dure de vie. Autrement dit, un mnage serait prt sacrifier une certaine quantit de consommation au prsent en vue davoir une quantit plus leve au futur et inversement. Si lesprance de vie dun mnage reprsentatif est de n annes, ses revenus disponibles rels annuels anticips sont : Y1, Y2, Y3, ,Yn, et ses consommations relles annuelles sont : C1, C2, C3, ,Cn, alors son plan de consommation intertemporel est celui qui maximise son utilit sous contrainte de richesse. A) LE PLAN DE CONSOMMATION INTERTEMPOREL Pour simplifier notre raisonnement, nous supposons un mnage reprsentatif : - dont lesprance de vie est de deux priodes : le prsent (priode1) et le futur (priode 2), - qui na pas de richesse initiale et qui ne lgue rien ses hritiers4. Supposons que ce mnage a une prfrence pour le prsent () c'est--dire quentre une unit de consommation au prsent et la mme unit au futur, il prfre consommer au prsent. Le taux dintrt rel (r)5 est la rcompense de la renonciation au prsent, c'est--dire la rcompense de labstinence. Autrement dit, ce mnage obtiendrait (1 + r) units de consommation au futur sil accepte de renoncer une unit de consommation au prsent. Ce mnage peut donc, chaque priode, avoir une consommation infrieure son revenu courant et pargner le reste ou avoir une consommation suprieure son revenu courant et emprunter la diffrence. Sous ces hypothses, lobjet de cette section est dexpliquer les mcanismes dlaboration du plan de consommation intertemporel. a) La notion de richesse Nous dsignons par richesse dun mnage (W), la somme de ses revenus disponibles rels

    actualiss. Lquation de richesse : r1

    YYW 21 ++=

    b) La contrainte budgtaire Par contrainte budgtaire dun mnage, nous dsignons lgalit entre ses ressources et leur emploi. Il sagit, ici, de lgalit entre la somme de ses revenus disponibles rels actualiss et la somme de ses consommations annuelles relles actualises.

    3 I. Fisher, The theory of interest, 1930. 4 Le raisonnement que nous allons mener et les rsultats que nous allons obtenir seront les mmes avec n priodes ou en supposant lexistence de richesse initiale et de legs. 5 Le taux dintrt crditeur est gal au taux dintrt dbiteur.

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    C2

    (1+r)W

    W C1

    C2

    C1

    U1 U2

    U3

    12

    122

    12

    1

    C)r1(W)r1(C

    CWr1

    CW

    r1Y

    Yr1

    CC

    ++==+=++=++

    Cette dernire relation est lquation de la contrainte budgtaire ou de richesse. Nous remarquons que cest une droite dcroissante de pente (1+r).

    c) La fonction dutilit Lobjectif du mnage reprsentatif est de maximiser sa fonction dutilit inter temporelle :

    U = U( C1 , C2) Cette fonction peut tre reprsente, dans un espace trois dimensions, par une colline dutilit ou, dans un plan, par une carte dindiffrence qui reprsente lensemble des courbes dindiffrence. Une courbe dindiffrence intemporelle est le lieu gomtrique de toutes les combinaisons de consommation (C1 , C2) qui donnent le mme niveau dutilit.

    d) Loptimum Maximiser la fonction dutilit sous la contrainte de richesse revient maximiser lquation

    de Lagrange suivante : ( )

    ++= r1

    CCWC,CU 2121 .

    est maximum lorsque :

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    C2

    C1

    C2* Y2

    C1* Y1

    Agent crditeur C2

    C1

    Y2 C2*

    Y1 C1*

    Agent dbiteur

    ( )( )( )

    r1

    C

    C)2()1(

    3r1

    CCW

    2r1C

    U

    1CU

    0r1

    CCW

    0r1C

    UC

    0CU

    C

    2

    1

    21

    2

    1

    21

    22

    11

    +=

    =

    +=+=

    =

    =+=

    =+

    =

    ==

    TMSIdCdC

    UmCUmC

    C

    COr

    1

    2

    2

    1

    2

    1 ===

    Le TMSI (le taux marginal de substitution inter temporel) mesure la quantit de consommation future que le mnage serait prt de cder pour avoir une unit supplmentaire de consommation prsente et garder le niveau dutilit constant. Cest le taux dchange subjectif entre la consommation future et la consommation prsente. (1+r) mesure la valeur future dune unit de consommation prsente. Cest le taux dchange objectif entre la consommation future et la consommation prsente. Autrement dit, loptimum est tel que le taux dchange objectif est gal au taux dchange subjectif :

    TMSI = 1+ r et r1

    CCW 21 ++=

    Cet quilibre implique quelques suggestions et remarques : Contrairement lhypothse de Keynes, la consommation des mnages ne dpend pas

    uniquement du revenu disponible, elle dpend galement du taux dintrt. Cet quilibre peut dboucher sur deux catgories de mnages :

    o un mnage crditeur caractris par une pargne positive, c'est--dire par une consommation prsente infrieure au revenu prsent : C1* < Y1 S > 0.

    o un mnage dbiteur caractris par une pargne ngative, c'est--dire par une consommation prsente suprieure au revenu prsent : C1* > Y1 S < 0.

    Comme le mnage considr ne lgue rien ses hritiers, sa richesse doit tre puise la fin de la deuxime priode, c'est--dire quil ne doit avoir la fin de sa vie ni une pargne, ni des dettes. Autrement dit son pargne la deuxime priode est gale moins son pargne de la premire priode.

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    C2

    C1

    C2* C2*

    C1* C1*

    U U

    B) DEPLACEMENT DE LEQUILIBRE Nous avons montr ci-dessus que la consommation dpend du revenu disponible et du taux dintrt, mais nous navons pas prcis la nature de la relation (croissante ou dcroissante). Pour ce faire, nous devons analyser les consquences des variations du revenu disponible et du taux dintrt, lesquelles variations se traduisent par un dplacement de lquilibre. a) variation des revenus disponibles et dplacement de lquilibre Toute variation des revenus disponibles (r restant constant) se traduit par une variation dans le mme sens de la richesse. La droite budgtaire va subir un dplacement parallle, puisque la pente [ (1+r)] ne varie pas, et par consquent les consommations prsentes et futures ainsi que lpargne vont aussi varier dans le mme sens : Y1 > 0 et/ou Y2 > 0 W > 0 C1 > 0 et C2 > 0 et S > 0 Y1 < 0 et/ou Y2 < 0 W < 0 C1 < 0 et C2 < 0 et S < 0

    b) variation du taux dintrt et dplacement de lquilibre Toute variation du taux dintrt rel (Y1 et Y2 restant constants) implique un dplacement non parallle de la droite budgtaire et par la mme un dplacement de lquilibre. Ce dplacement de lquilibre rsulte dun double effet : un effet substitution et un effet richesse. Leffet richesse rsulte du fait que le mnage va se sentir plus riche ou plus pauvre selon

    le sens de variation du taux dintrt et selon que lagent soit dbiteur ou crditeur : une augmentation du taux dintrt enrichit lagent crditeur et appauvrit lagent dbiteur et inversement. Et tout enrichissement (appauvrissement) implique une augmentation (une baisse) de C1 et de C2.

    Lautre effet de la variation du taux dintrt est la modification de la rcompense de la renonciation au prsent, cest dire du prix de C1 en terme de C2. Ceci se traduit par un effet de substitution qui est le mmes quelle que soit la situation de lagent : une augmentation du taux dintrt incite lpargne et a donc un effet ngatif sur la consommation prsente et positif sur la consommation future, et inversement.

    Les effets conjugus (effet global) sont donc relativement complexes sur les consommations prsentes et futures et sur lpargne. Ils dpendent du sens de variation du taux dintrt et de la situation de lagent. Toutefois, les tenants de ce modle font lhypothse que lorsque leffet revenu et leffet substitution ne vont pas dans le mme sens, cest ce dernier qui lemporte de sorte que, par exemple, si leffet revenu est positif et leffet substitution est ngatif, leffet global sera ngatif.

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    C2

    C1

    C2* Y2

    Equilibre initial : Point A Equilibre final : Point C Point intermdiaire : Point B Effet substitution : de A B Effet revenu : de B C Effet global : de A C

    U A

    B

    C C2*

    C1* C1* Y1

    U

    Le tableau suivant rcapitule les consquences des variations du taux dintrt rel selon la situation de lagent.

    r > 0 r < 0 Agent Crditeur Agent Dbiteur Agent Crditeur Agent Dbiteur

    ES ER EG ES ER EG ES ER EG ES ER EG C1 - + - - - - + - + + + + C2 + + + + - + - - - - + - S + - + + + + - + - - - - Remarque : Pour reprsenter graphiquement leffet substitution, il faut crer un point intermdiaire en traant une droite parallle la nouvelle droite budgtaire, tangente la courbe dindiffrence initiale. Le graphique suivant illustre le cas dune augmentation du taux dintrt pour un agent crditeur.

    r > 0 (Agent crditeur)

    c) Conclusion Si nous supposons que leffet substitution lemporte sur leffet revenu, nous pouvons conclure que lapproche de Fisher tablit une relation croissante entre la consommation prsente et la richesse (la richesse elle-mme est fonction croissante des revenus) et dcroissante entre la consommation prsente et le taux dintrt rel. ( )

    0rCet0

    YCavec

    r,YfC

    =

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    SECTION III LHYPOTHESE DU CYCLE DE VIE DE MODIGLIANI Dans les annes 1950, Franco Modigliani va se rfrer aux conclusions du modle de Fisher de la consommation pour tenter de rsoudre lnigme de la consommation et expliquer la contradiction entre la thorie keynsienne et les faits observs. Comme nous lavons vu, le modle de Fisher suppose que la consommation dune priode dpend des revenus de toutes les priodes. Lhypothse que va poser Modigliani est que le revenu est cyclique, quil est variable le long de la vie et que les mnages vont transfrer une partie de leurs revenus des annes grasses vers la consommation des annes maigres . Lobjectif de ces transferts de revenus est davoir une structure de consommation relativement stable durant toute la vie. La principale raison lorigine des fluctuations des revenus est lexistence dune priode dactivit o les revenus sont relativement levs, et dune priode dinactivit (la retraite) o les revenus sont relativement faibles, voir nuls. Le rle de lpargne, dans ce cas, est de rpondre au dsir des mnages de ne pas voir leur consommation baisser substantiellement durant la priode de retraite. Cette incitation pargner va avoir des implications sur la fonction de consommation. Pour illustrer la contribution de Modigliani, nous supposons un mnage qui dispose dune richesse initiale gale Wo. Ce mnage sattend vivre encore n annes dont e annes dactivit et (n - e) annes de retraite. Il peroit, durant la priode dactivit, un revenu annuel constant gal Y. Il ne lgue rien ses hritiers. Question : quel niveau de consommation doit-il avoir pour tre en mesure de lisser sa consommation durant toute la dure de vie ? Pour simplifier le raisonnement, nous supposons que le taux dintrt est nul6. Les ressources de ce mnages slvent : Wo + e Y

    Sa consommation annuelle sera donc : Yne

    nW

    neYW

    C 00 +=+= Exemple : pour n = 40 et e = 20, la fonction de consommation est : C = 0,025 W0 + 0,5 Y. Cette dernire relation indique que la consommation dpend de la richesse et du revenu. Toute unit supplmentaire de richesse implique une augmentation de la consommation de 0,025 unit, et toute augmentation du revenu se traduit par une augmentation de la consommation de 0,5 unit. Si tous les mnages adoptent un comportement similaire, la fonction de consommation agrge sera : C = W + Y O : = propension marginale consommer une partie de la richesse = propension marginale consommer une partie du revenu

    6 Cette hypothse ne modifie en rien les rsultats du modle. Nous aboutirons aux mmes rsultats si le taux dintrt tait positif.

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    A priori, nous pouvons supposer que la richesse est constante court terme. Elle ne varie qu long terme suite laccumulation de lpargne.

    Au niveau individuel, la richesse augmente, puis baisse. Mais pour lensemble des mnages, c'est--dire au niveau macroconomique, la richesse suit un trend ascendant. Ainsi :

    court W = W0 (une constante) et la fonction de consommation est : C = W0 + Y. Cette fonction de consommation est similaire celle de Keynes o W0 est la consommation autonome et Y la consommation induite. Et la PMC = +

    YW0 dcroissante par rapport au revenu.

    Mais, long terme, au fur et mesure que la richesse augmente, la fonction de consommation va se dplacer vers le haut. Laccroissement du revenu va tre compense par laccroissement de la richesse de sorte que la propension moyenne consommer va rester constante.

    En effet, PMC = +YW

    Et comme W et Y vont augmenter en parallle, rien ne prdispose la PMC baisser.

    Ainsi, la contribution de Modigliani a tabli que la consommation des mnages dpend en partie du revenu courant, mais elle dpend aussi de la richesse. Cette contribution a permis de rsoudre la contradiction entre la thorie de la consommation et lhistoire concrte.

    Y W C

    e n t

    Epargne

    Dspargne

    C W2 W1 W0

    Y

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    SECTION IV LHYPOTHESE DU REVENU PERMANENT DE M. FRIEDMAN Comme Modigliani et dautres auteurs, Friedman va fonder son hypothse sur celle de Fisher et va laborer un plan de consommation qui dpasse de loin la priode courante. Il va avancer les notions de revenu permanent et de consommation permanente. La thorie du choix inter temporel montre que la richesse et le taux dintrt sont des variables explicatives de la consommation. Et comme les revenus futurs ne sont pas observables directement mais anticips, la richesse elle-mme est une notion qui sera, selon lapproche du revenu permanent, anticipe. A) LA NOTION DE REVENU PERMANENT : Le revenu permanent est dfini comme la somme quun consommateur peut consommer en maintenant constante la valeur de son capital . Vu sous langle des avoirs dun mnage, le revenu permanent sera considr comme le reflet des revenus annuels stables sur une longue priode dont la valeur prsente actualise est gale la richesse de ce mnage. Quand un mnage pargne, il ajoute sa richesse et accrot donc son revenu permanent. Cest pourquoi, nous pouvons dire que ce concept est intimement li au concept de richesse (W).

    Si la richesse scrit : 1nn32

    1 )r1(Y

    ...)r1(

    Yr1

    YYW +++++++=

    Le revenu permanent serait ce revenu constant long terme tel que :

    +++++++=+++++++= 1nP

    1n

    PPPP

    )r1(1...

    )r1(1

    r111Y

    )r1(Y...

    )r1(Y

    r1YYW

    Cest une suite gomtrique de premier terme 1 et de raison r1

    1+

    +=

    +=

    +

    +=

    r1rWY

    rr1Y

    r111

    r111

    YW PP

    n

    P

    Mais cette dfinition thorique du revenu permanent ne permet pas de lvaluer dune manire empirique tant donn lindtermination des revenus futurs et du taux dintrt futur. Cest pourquoi Friedman a propos, pour surmonter cette difficult, une dfinition empirique qui se base sur les revenus observs au prsent et durant les priodes passes. Lhypothse de base est que les revenus courants subissent, danne en anne, des chocs temporaires alatoires. Le revenu courant est donc form par deux composantes : une composante permanente et une composante transitoire :

    Tt

    Ptt YYY += (avec tY : le revenu courant, PtY : le revenu permanent et TtY : le revenu transitoire)

    Le revenu permanent est la composante du revenu que les mnages sattendent conserver lavenir. Il reprsente donc la partie stable du revenu. Le revenu transitoire est la composante du revenu dont les agents ne prvoient pas le maintien lavenir. Il reprsente la diffrence court terme entre le revenu courant et le revenu permanent long terme.

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    Si le revenu permanent est le revenu moyen, le revenu transitoire apparat comme lcart alatoire par rapport cette moyenne. Cet cart peut tre positif ou ngatif selon que le revenu courant est suprieur ou infrieur au revenu permanent. Ce dernier est une notion continuellement ajuste dans le temps en fonction de lvolution des revenus courants des mnages. Il peut tre estim partir dun processus danticipations adaptatives o le revenu permanent dune priode serait gal au revenu permanent de la priode prcdente qui sera ajust la hausse ou la baisse selon que le revenu transitoire est positif ou ngatif. Supposons un coefficient dajustement (0 < < 1). Tout cart entre le revenu courant Yt et le revenu permanent de la priode prcdente ( P 1tY ) sera ajout ou retranch lvaluation du revenu permanent dans une proportion gale , c'est--dire que si nous considrons que

    P1tt YY est le revenu transitoire, alors le revenu permanent sera : ( ) ( )

    ( ) ( ) ( )[ ]( ) ( ) ( ) ( )

    ( ) ( )viedeesprance'lnavecY1YY1....Y1Y1Y1YY

    Y1Y1YY1YYoY1YYYYYYYY

    iti

    n

    0i

    Pt

    ntn

    3t3

    2t2

    1ttPt

    P3t2t1t

    P2t1t

    P1t

    P1tt

    P1tt

    P1t

    P1tt

    P1t

    Pt

    =

    =+++++=

    ++=+=+=+=+=

    Le revenu permanent est donc la moyenne pondre des revenus courants des priodes prcdentes. Les coefficients de pondration sont de plus en plus faibles au fur et mesure que lon remonte dans le pass. B) LA FONCTION DE CONSOMMATION Lide de base de la thorie du revenu permanent est que les mnages orientent leur consommation permanente en fonction de la partie permanente de leur revenu et adoptent un autre comportement face leur revenu transitoire. Quand les revenus courants augmentent ou baissent temporairement, les mnages ne bouleversent pas compltement leurs habitudes de consommation. Sil sagit dune baisse temporaire, ils puisent dans leur pargne accumule pour financer leurs dpenses normales de consommation ; sil sagit dune augmentation temporaire, ils consacrent lpargne une proportion plus leve de leur revenu que dhabitude. Lide matresse derrire la thorie du revenu permanent est que la consommation courante est une proportion du revenu disponible courant, mais cette proportion est plus importante pour la partie du revenu qui est permanente et plus faible pour celle qui est transitoire. Les mnages pargnent une plus grande proportion de leur revenu transitoire que celle relative leur revenu permanent. Si leurs revenus transitoires deviennent ngatifs, ils puisent dans leurs pargnes pour maintenir leurs niveaux de vie. Lune des consquences de la distinction entre le revenu permanent et le revenu transitoire est la variation de la PMC et de la PmC court terme par rapport leurs valeurs de long terme au cours du cycle conomique7. En effet, en priode dexpansion conomique, les mnages ralisent des revenus transitoires positifs et importants, ce qui les incite lpargne ; leur richesse va donc augmenter. Ils ont un comportement inverse en cas de rcession et de revenus transitoires ngatifs. 7 Un cycle conomique est une fluctuation rcurrente de la production et de lemploi comprenant une oscillation la hausse et une oscillation la baisse par rapport une tendance.

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    Deux forces contraires agissent ainsi sur la PMC. La premire tend favoriser une baisse du

    ratio YC court terme en priode dexpansion et une hausse en priode de ralentissement.

    Cela est d au fait que la consommation est relativement stable dans le temps, mais les revenus le sont moins. Mais ces tendances sont contrecarres par la tendance des mnages pargner une forte proportion des revenus transitoires. La consquence de ces mcanismes est que la fonction de consommation nest stable qu long terme. A court terme cette fonction est instable. Si nous dsignons par PtC la consommation permanente de long terme, on peut crire la fonction de consommation permanente de long terme comme suit : Pt

    Pt YkC =

    o k est la propension marginale consommer le revenu permanent anticip. Ce coefficient est, selon Friedman, proche de lunit, mais il peut varier dun pays lautre et dune catgorie de mnages lautre. Dans ses tudes empiriques, lauteur trouve une valeur gale 0,88 pour les Etats-Unis. Et comme ( )P 1ttP 1tPt YYYY += , nous pouvons dduire la fonction de consommation court terme des revenus transitoires : ( )[ ] ( )P 1ttP 1tP 1ttP 1tPt YYkkYYYYkC +=+= Pour (k = 0,9) et ( = 0,25) : la propension marginale consommer le revenu permanent est gale 0,9 et la propension marginale consommer le revenu transitoire est gale 0,225. Ceci veut dire que lpargne normale reprsente 0,1 du revenu permanent et lpargne spciale reprsente 0,775 du revenu transitoire. La dernire quation peut tre exprime diffremment de manire tablir une relation entre la consommation permanente ( PtC ) et le revenu disponible courant (Yt) : ( ) tP 1tPt YkY1kC += .

    Y C

    YP CP Y

    Epargne Spciale Dspargne

    spciale Epargne normale

    t

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    Les conclusions de la thorie du revenu permanent de Friedman sont trs semblables celles de la thorie de la consommation en escalier de Duesenberry qui explique la variabilit de la PMC court terme et sa stabilit long terme par le fait que les mnages deviennent habitus un certain niveau de vie et rsistent tout changement brusque de ce dernier. Par ailleurs, il est galement possible dtablir une relation de proximit entre les conclusions de Friedman et celles de Brown. En effet :

    ( ) ( ) ( ) ( )[ ]( ) ( ) ( ) ( )[ ]

    ( ) ( ) ( ) ( )[ ]( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( )[ ]

    ( )( ) P 1ttPt

    tP

    1tPt

    ntn

    4t4

    3t3

    2t2

    1tP

    1t

    nt1n

    4t3

    3t2

    2t1tP

    1t

    ntn

    3t3

    2t2

    1ttPt

    ntn

    3t3

    2t2

    1ttPt

    Pt

    C1kYCkYC1C

    Y1....Y1Y1Y1Y1kC1

    Y1....Y1Y1Y1YkC

    Y1....Y1Y1Y1YkC

    Y1....Y1Y1Y1YkkYC

    +==

    +++++=+++++=

    +++++=+++++==

    Cette dernire relation ressemble fortement la relation tablie par Brown :

    Ct = cY + Ct-1 + .

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    CHAPITRE DEUX LE COMPORTEMENT DINVESTISSEMENT

    INTRODUCTION a) Dfinition de linvestissement On entend par investissement lacte qui consiste acqurir des biens dquipement durables destins accrotre la production de biens et services dans le futur. Les dpenses dinvestissement reprsentent le montant total que : - les entreprises dpensent pour lachat dusines, doutillages ou dquipements ou pour le financement des tudes ; - les mnages consacrent lachat de biens immobiliers neufs ; - lEtat consacre aux quipements collectifs Mais dans ce chapitre, nous nous intressons uniquement linvestissement priv, et notamment celui des entreprises. Linvestissement public sera intgr dans les dpenses publiques. Remarques : - Lacquisition de valeurs mobilires (obligations, actions, ) est exclu. Il sagit dun simple transfert dun lment dactif (monnaie) vers un autre lment dactif (actions). - Le produit de la revente de biens dquipements ou de biens immobiliers est galement exclu. Cet acte reprsente un simple transfert de proprit et ne constitue en aucun cas un accroissement de la capacit productive de lconomie considr. - Il faut distinguer la formation brute de capital fixe (FBCF) de linvestissement (I). En effet : I = FBCF + St (o St est la variation de stock) - Il faut galement distinguer linvestissement brut (Ibt) de linvestissement net (Int). Linvestissement net est gal laccroissement du stock de capital, alors que linvestissement brut intgre aussi les investissements de remplacement (les amortissements). Ces derniers servent maintenir le stock de capital constant suite sa dprciation par usure physique ou par usure technologique (obsolescence). Le montant de lamortissement est difficile estimer, mais le plus souvent, on suppose quil reprsente une proportion constante du stock de capital de la priode prcdente. Si nous supposons que le stock de capital (K) se dprcie un taux constant (), nous pouvons crire : Ibt = Int + = (Kt Kt-1) + Kt-1 b) Rle de linvestissement L'investissement joue un double rle au sein de lactivit conomique : - En tant que composante de la demande finale globale, linvestissement est, comme la consommation, une dpense et ce titre, il peut soutenir lactivit conomique indpendamment de lusage concret auquel il est destin. - Mais en tant que facteur de production, linvestissement est souvent considr comme le moteur de la croissance conomique dans la mesure o il accrot les capacits productives du pays et amliore sa productivit.

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    Partant de ces considrations, lobjet de ce chapitre est de dterminer les facteurs explicatifs de linvestissement. Cette tache nest pas aise dans la mesure o linvestissement rsulte dun choix relativement complexe o se mlent des facteurs objectifs observables et mesurables, tel que le taux dintrt, et des facteurs subjectifs dont lvaluation est difficile, telle que la confiance des milieux daffaire. Toutefois, tout en reconnaissant lexistence et limportance de ces derniers facteurs, les conomistes ne vont pas leur accorder beaucoup de place et vont mettre en avant, selon les coles de pense, un ou deux facteurs explicatifs objectifs. Les classiques se limitent au rle fondamental du taux dintrt et Keynes introduit, en plus, la demande anticipe. SECTION I LA THEORIE KEYNESIENNE DE LA DEMANDE DNVESTISSEMENT La dcision dinvestissement est le fait du producteur qui dcide de transformer des avoirs montaires en actifs physiques, c'est--dire en biens dquipement. Cette dcision va dpendre, selon Keynes, du taux dintrt et du volume des ventes anticip. A) LE ROLE DU TAUX DINTERET DANS LA DECISION DINVESTISSEMENT Tout investissement doit tre financ, soit par des fonds propres, soit par des emprunts. Et dans les deux cas, les intrts reprsentent le cot rattach cet investissement. Et comme les entrepreneurs cherchent toujours la rentabilit financire, ils vont comparer ce cot avec le rendement du projet. Cette rentabilit peut tre tudie par rfrence au critre de la Valeur Actuelle Nette. a) Lapproche de la VAN La rgle fondamentale en matire de dcision dinvestissement est celle de la valeur actuelle nette (VAN) qui consiste comparer le cot et les recettes dun projet dinvestissement. Lorsquun entrepreneur tudie une opportunit dinvestissement, il se trouve en prsence de deux groupes dlments. - Une dpense dinvestissement (I0) engager immdiatement pour lacquisition de biens dquipement dont la dure de vie est de (n) annes. - Des recettes futures nettes (RN) attendues rsultant de la vente des produits obtenus grce linvestissement considr sur toute sa dure de vie8. Soit donc RN1, RN2, , RNn, les recettes nettes attendues, ou les rendements escompts, par un entrepreneur qui envisage dacheter des biens dquipement dune valeur I0. Soit r9 le taux dintrt et n la dure de vie utile des quipements. Pour dcider de la faisabilit dun projet, il faut calculer sa VAN, c'est--dire la diffrence entre la somme des revenus actualiss et le cot dachat des quipements :

    0nn

    33

    221 I

    )r1(RN

    ...)r1(

    RN)r1(

    RNr1

    RNVAN ++++++++= Ce projet ne sera considr comme rentable et ne sera ralis que si sa VAN10 est positive. 8 Remarquons quil sagit, ici, de prvisions : prvision de la dure dutilisation, prvision des rsultats attendre de lexploitation, prvision des cots de production, . 9 Le taux dintrt crditeur est gal au taux dintrt dbiteur. 10 La VAN calcule ci-dessus suppose que le projet nest productif quau bout dune priode et que la valeur rsiduelle est nulle.

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    Exemple : I0 = 66085 , n = 3 , RN1 = 36000 , RN2 = 24000 , RN3 = 18000 , r = 0,08.

    211366085)08,1(

    18000)08,1(

    2400008,1

    36000VAN 32 =++= > 0 Ce projet est rentable et peut tre ralis du fait que sa VAN est positive. b) Le Taux de rendement interne Partant de la VAN, Keynes va proposer le concept alternatif dEfficacit Marginale du Capital (EMC), appel aussi Taux de Rendement Interne de linvestissement (TRI). Le TRI est le taux dactualisation () qui rend la diffrence entre la valeur prsente de linvestissement et ses revenus futurs gale zro. Le TRI dun projet est tel que :

    0I)1(

    RN...

    )1(RN

    )1(RN

    1RN

    0nn

    33

    221 =++++++++

    Dans ces conditions, la dcision dinvestissement va rsulter dune comparaison entre et le taux dintrt. Pour quun investissement soit ralis, il faut que son TRI soit suprieur au taux dintrt. Exemple : Partant du projet dcrit dans lexemple prcdent, la solution de la relation :

    066085)1(

    18000)1(

    24000136000

    32 =+++++ est : = 0,1. Autrement dit, ce projet nest rentable que pour des taux dintrt infrieur 10%. Partant de cette rgle, nous supposons un entrepreneur face plusieurs projets dinvestissement TRI diffrents. La dmarche suivre dans ce cas est de (i) classer les diffrents projets par TRI dcroissants, (ii) comparer ces TRI au taux dintrt tel quil apparat sur le march financier, (iii)dcider des projets raliser selon la rgle : > r. Supposons les 6 projets suivants :

    Projet A B C D E F

    TRI 0,25 0,08 0,06 0,14 0,12 0,2

    Montant de linvestissement 100 120 80 150 100 80

    Classement des projets :

    Projet A F D E B C

    TRI 0,25 0,2 0,14 0,12 0,08 0,06

    Montant de linvestissement 100 80 150 100 120 80

    Investissement cumul 100 180 330 430 550 630

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    Si r = 5 % : tous les projets seront raliss et I sera gal 630. Si r = 9 % : les projets A, F, D et E seront raliss et I sera gal 430. Ainsi, plus le taux dintrt est faible, plus le montant des investissements est lev du fait quil y aura de plus en plus de projets rentables. Linvestissement est donc une fonction

    dcroissante du taux dintrt : drdIavec)r(fI = < 0

    Remarques : - lanalyse keynsienne de courte priode suppose que les prix sont constants, c'est--dire que le taux dinflation anticipe est nul, do les taux dintrt nominal est rel sont gaux. - des niveaux trs faibles du taux dintrt, linvestissement ne dpend plus du taux dintrt, c'est--dire que la sensibilit de linvestissement au taux dintrt sera nulle. B) LE ROLE DE LA DEMANDE ANTICIPEE DANS LA DECISION DINVESTISSEMENT : LA THEORIE DE LACCELERATEUR Lide de base de cette thorie est que plus loutput sera lev, plus le capital ncessaire pour le produire est important, et plus donc il faut investir. Linvestissement sera donc li positivement aux variations de la demande anticipe. a) Les hypothses du modle : Pour quune variation de la demande se traduit par un accroissement des capacits de production, trois conditions, au moins, doivent tre vrifies : H1 : Les capacits de production sont pleinement utilises. Il ny a pas de capitaux oisifs. H2 : On suppose que la production sajuste immdiatement la demande de sorte que la production remplace la demande dans la fonction dinvestissement. H3 : On suppose une fonction de production coefficients fixes et des rendements dchelle constants.

    0,25 0,12 0,14 0,12 0,08 0,06

    100 180 330 430 550 630 I

    r

    I

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    b) Formulation de lacclrateur simple : Si nous supposons que la production sadapte immdiatement la demande anticipe, c'est--dire que : Ya = Y, le principe de lacclrateur suppose que linvestissement net dune priode est proportionnel la variation de la production de la mme priode, c'est--dire que :

    Kt = Yt Int = ( Yt) = (Yt - Yt-1) o est le coefficient dacclration, gal au coefficient de capital11. Et comme Yt-1 est une constante, on peut dduire que linvestissement net est une fonction croissante du niveau de production :

    Int = f (Y) dYdI

    avec nt > 0

    Remarques : - Linvestissement nouveau ncessaire pour rpondre laccroissement de la demande est appel investissement induit. Linvestissement brut sera donc gal linvestissement induit plus linvestissement de remplacement. - Lacclrateur ne fonctionne que dans le cas o la demande est croissante. Dans le cas o la demande baisse, linvestissement net sera nul et il y aura constitution de capitaux oisifs. En cas dune reprise de la demande, les capitaux oisifs doivent tre utiliss avant de procder de nouveaux investissements. Exemple : Supposons une entreprise dont le coefficient de capital est gal 4. A la situation initiale, les capacits de production sont pleinement utilises. Le taux damortissement est gal 10 %. La demande anticipe est de 100, 105, 115, 115, 100, 120. Le tableau suivant illustre le principe de lacclrateur pour cette entreprise. Priode 1 2 3 4 5 6 Demande (1) 100 105 115 115 100 120 Capital optimum (2) 400 420 460 460 400 480 Capital disponible dbut de priode (3) 400 400 420 460 460 414 Investissement induit (4) 0 20 40 0 0 66 Investissement de remplacement (5) 40 40 42 46 0 41,4 Investissement total (6) 40 60 82 46 0 107,4 Capital disponible fin de priode (7) 400 420 460 460 414 480 Capitaux oisifs (8) 0 0 0 0 14 0 C) CONCLUSION En dfinitive, la demande dinvestissement dans la thorie keynsienne dpend aussi bien du taux dintrt que du volume des ventes anticip.

    Int = f (r , Y) drdI

    avec nt < 0 dYdI

    et nt > 0

    11 Dans cette formulation, le coefficient marginal de capital est gal au coefficient moyen de capital.

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    SECTION II LE MODELE NEOCLASSIQUE DE LNVESTISSEMENT Dans ce modle, linvestissement est dfini comme la diffrence entre le stock de capital dsir (Kt*) et le stock de capital existant (Kt-1) moyennant un coefficient dajustement (avec o < < 1). Mais, pour simplifier notre raisonnement, nous supposons que lajustement est immdiat, c'est--dire que est gal lunit. Le stock de capital dsir, appel aussi stock de capital optimum est celui qui maximise le profit des entreprises. Le point de dpart sera donc la fonction de production de courte priode, o le facteur travail sera considr comme constant, le capital tant le seul facteur variable. A) LE STOCK DE CAPITAL OPTIMUM Pour simplifier le raisonnement, nous supposons que le capital est vendu la fin de la priode et rachet ou lou pour la priode suivante. Soit Kt : la quantit de capital dtenue par chaque producteur la fin de la priode (t). Le nouveau capital ntant pas immdiatement oprationnel, nous supposons que ce stock de capital de la priode (t) nentre dans le cycle de production quau cours de la priode (t+1) : Yt+1 = f(Kt , Lt+1) (avec L : le niveau de lemploi). Etant donn que Lt+1 est donn, lentrepreneur doit choisir Kt qui maximise t+1. t+1 = (Pt+1) (Yt+1) [(wt+1) (Lt+1) +(cut) (Kt)] (o w est le cot unitaire du travail et cu le cot unitaire du capital).

    Si nous augmentons le stock de capital dune unit, la production va augmenter de t

    1t

    KY

    + qui

    nest rien dautre que la productivit marginale du capital (PmK) qui, rappelons le, est dcroissante lorsque le capital augmente, le niveau de lemploi restant constant. Supposons par ailleurs quil nexiste quun seul bien dans lconomie. Les consommateurs lachtent pour la consommation, et les producteurs pour linvestissement. Il sen suit que le prix unitaire du capital la priode (t) est (Pt). Pour augmenter son capital, le producteur achte une unit de capital au prix (Pt) qui reprsente le cot en units montaires dune unit dinvestissement. Le rendement de linvestissement est constitu de deux lments : Cet investissement dune unit augmente la production Yt+1 de la PmK qui sera vendue au

    prix Pt+1 c'est--dire que le revenu additionnel sera : (Pt+1) (PmK). Par ailleurs, tenant compte dun taux damortissement , il restera de cet investissement

    la fin de la priode (1 - ). Et puisque le producteur vent la totalit de son capital la fin de chaque priode, la valeur rsiduelle qui sera rcupre est : (Pt+1) (1 - ).

    Ainsi, une unit dinvestissement cote Pt en t et rapporte en (t+1) : (Pt+1) [PmKt + (1 - )] Do le rendement en valeur de cet investissement qui correspond au :

    Gain net = (Pt+1) [ PmKt + (1 - )] Pt

    Gain net dune unit dinvestissement = Recette marginale + Valeur rsiduelle - Prix dachat

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    - 29 -

    Rappelons par ailleurs que le montant Pt dpens pour lachat du capital a un cot dopportunit, c'est--dire un revenu ou un gain qui aurait pu tre ralis si Pt tait plac. Si nous supposons que le taux dintrt crditeur est gal au taux dintrt dbiteur (R), nous pouvons dire que : Le cot dopportunit des fonds investis = R * Pt B) LA DECISION DINVESTISSEMENT Cette dcision dpend de la comparaison entre le gain net (ou rendement de linvestissement) et le cot dopportunit des fonds investis. Toute entreprise aura intrt augmenter son stock de capital, c'est--dire investir, tant que le rendement du capital est suprieur au cot dopportunit du capital. Le stock de capital optimum est donc obtenu par lgalisation entre rendement et cot dopportunit : (Pt+1) [ PmKt + (1 - )] Pt = R * Pt (1) Sachant que : +== ++ )P)(1P(P1P

    PP tt

    ^

    1tt

    1tt

    ^ lquation (1) devient :

    )P)(1P( tt^ + [ PmKt + (1 - )] Pt = R * Pt

    Si nous simplifions par Pt , nous obtenons : )1P( t^ + [ PmKt + (1 - )] 1 = R

    Rendement nominal de linvestissement = taux dintrt nominal )1P( t

    ^ + [ PmKt + (1 - )] = R + 1 PmKt + (1 - ) =

    1P

    1R

    t

    ^ ++

    Remarque : On dmontre que si 0 < t^P < 1, alors : t

    ^

    t

    ^ PR11P

    1R +++

    Do : PmKt + 1 - = 1 + R - t^P (avec R - t

    ^P = taux dintrt rel (r))

    Ceci conduit deux critures possibles : Soit PmKt - = r (2) Avec PmKt - : le taux de rendement rel dune unit additionnelle dinvestissement. Lquation (2) indique que les investisseurs galisent le taux de rendement rel de linvestissement et le taux dintrt rel. Soit PmKt = r + (3) Avec r + = cu : le cot dutilisation du capital pendant une priode de production. Ce cot est appel cot dusage du capital. Selon la relation (3) le capital optimum est obtenu en galisant ce que rapporte une unit de capital et ce que cote lusage de cette unit de capital, c'est--dire que le capital optimum est tel que : PmKt = cu. Et comme il est admis que la production efficace suppose que la productivit marginale est dcroissante, alors nous pouvons dire que le stock de capital optimum est une fonction dcroissante du cot dusage du capital.

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    - 30 -

    Kt* = f(cu) dcudK

    avec*t < 0

    Et comme cu = r + = R - t^P + , alors Kt* = f (r + ) dr

    dKavec

    *t < 0 et d

    dK *t < 0

    Remarque : r varie si lune de ses composantes R ou t^P varient.

    C) DU STOCK DE CAPITAL OPTIMUM A LINVESTISSEMENT Comme Ibt = It + = (Kt* Kt-1) + Kt-1 Et comme Kt-1 est constante, alors :

    Ibt = f (Kt*) *t

    bt

    dKdI

    avec > 0

    Et comme Kt* = f (r + ) drdK

    avec*t < 0 et d

    dK *t < 0

    Alors : Ibt = f (r + ) drId

    avec bt < 0 et dId bt < 0

    On peut aussi crire : Ibt = f (R - t^P + )

    dRd

    avec btI

    < 0 , ^tPd

    d btI > 0 et dd btI < 0

    C'est--dire que linvestissement est en relation dcroissante avec le taux dintrt nominal et le taux damortissement, en relation croissante avec le taux dinflation anticip.

    Kt*

    cu

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    - 31 -

    CHAPITRE TROIS LEQUILIBRE SUR LE MARCHE DE LA MONNAIE

    INTRODUCTION a) Dfinition de la monnaie Dans une conomie montaire moderne o il nya plus de troc, la monnaie se dfinit comme lensemble des moyens de paiement immdiatement utilisables pour acqurir des biens et services ou rgler des dettes. La monnaie est le seul bien changeable contre tous les autres biens. Le prix de la monnaie peut tre calcul de plusieurs faons : - Le prix nominal : cest le prix unitaire de la monnaie qui est par dfinition gal un. 1 DT vaut 1 DT et 1 vaut 1 . - Le prix relatif : cest le pouvoir dachat de la monnaie. Ce prix est la valeur dune unit montaire exprime par rapport aux prix des autres biens et services. Si P est le niveau

    gnral des prix (NGP), alors le prix relatif de la monnaie est gal :P1 . Remarquons que

    plus le NGP est lev, plus le plus relatif est faible. - Le taux dintrt : il mesure la valeur des services rendus par la monnaie dans le temps. Rappelons que ce taux dintrt peut tre exprim en terme nominal (R) ou en terme rel (r). - Le taux de change : il mesure la quantit de monnaie locale quil faut cder pour avoir une unit de monnaie trangre. Exemple : le taux de change Dinar tunisien Euro est de environ 1,7. Ceci veut dire que pour avoir un , il faut 1,7 DT. Remarquons que le taux de change peut aussi tre exprim en terme nominal ou rel. Si nous

    notons le taux de change nominal Z, le taux de change rel Zr sera : P*PZZr = (o P est le

    NGP local et P*, le NGP ltranger). b) Composition et mesure de la masse montaire La quantit de monnaie disponible dans une conomie donne un moment donn est mesure par la masse montaire qui traduit lensemble des moyens de paiement dtenus par les agents non financiers. Au sens le plus strict du terme, il sagit de lagrgat M1 qui traduit les disponibilits montaire et qui regroupe la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale. La monnaie fiduciaire est lensemble des billets (et pices) en circulation (c'est--dire dtenus par les agents non financiers). Cette composante de la monnaie est appele monnaie centrale du fait quelle est mise exclusivement par la Banque Centrale. La monnaie scripturale traduit les dpts vue des agents non financiers auprs du systme bancaire. Cette monnaie bancaire est mobilisable par les chques, les ordres de virement ou les cartes de paiement. Donc : M1 = B + DAV (o B = billets et DAV = dpts vue) Mais de plus en plus souvent, la masse montaire est assimile lagrgat M2 qui tient compte aussi de la quasi monnaie c'est--dire : les dpts terme, les comptes spciaux dpargne, les certificats de dpt et les avoirs en devises : M2 = M1 + Quasi monnaie.

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    - 32 -

    SECTION I LOFFRE ET LA DEMANDE DE MONNAIE A) LOFFRE DE MONNAIE Loffre de monnaie est la quantit de monnaie mise, un moment donn, la disposition du public par le systme bancaire (Banque Centrale et banques commerciales). Loffre de monnaie est statistiquement gale M2. Cette monnaie est cre par la Banques Centrale et les banques commerciales. Toutefois, ces dernires sont soumises au contrle de la premire qui reprsente lautorit montaire. Cest pourquoi nous supposerons que cest la Banque Centrale qui dcide de la quantit de monnaie qui sera offerte un moment donne. Loffre nominale de monnaie sera donc considre comme exogne : o0

    o MM = et loffre relle de monnaie :

    PM

    PM o0o =

    Loffre de monnaie est certes exogne, mais elle nest pas toujours constante. Elle peut varier selon la politique montaire de la Banque Centrale. Une politique montaire expansive se traduit par une augmentation de loffre de monnaie : Mo > 0. Et une politique montaire restrictive se traduit par une baisse de loffre de monnaie : Mo < 0.

    Les instruments de la politique montaire, qui seront tudis avec plus de dtail en cours dconomie montaire, sont : le rescompte, lintervention sur le march montaire, le taux de rserves obligatoires et lencadrement du crdit. B) LA DEMANDE DE MONNAIE Pour saisir les dterminants de la demande de monnaie, il faut dabord connatre les raisons qui poussent les agents conomiques non financiers dtenir de la monnaie. Ces raisons sont en troite relation avec les proprits de la monnaie dont les plus importantes sont : - la monnaie comme unit de compte est un talon de mesure, un numraire, qui permet dexprimer la valeur des diffrents biens en une seule unit. Dans ce sens la monnaie simplifie le systme des prix en remplaant les prix relatifs par des prix absolus. En effet, dans une conomie de troc, la valeur de chaque bien est exprime par rapport tous les autres biens de

    sorte que si lconomie comporte n biens, le nombre de prix relatifs sera gal :2

    )1n(n . Dans une conomie montaire, le nombre de prix absolus sera gal : (n-1).

    R

    PMo

    PMo

    Mo > 0 Mo < 0

    R

    PMo

    PMo

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    - 33 -

    - la monnaie comme moyen de paiement apparat comme un bien intermdiaire qui permet de faciliter les changes. En effet le troc suppose une double concidence des besoins du fait quun individu qui cherche changer le bien A contre le bien B doit trouver un autre individu qui dispose du bien B et qui a aussi besoin du bien A. La ralisation de cette double concidence est exceptionnelle et lchange risque dtre bloqu. Avec lintroduction de la monnaie qui scinde lchange en deux actes diffrents (acte dachat et acte de vente), cette double concidence nest plus exige et il nya plus donc aucun obstacle lessor des changes. - La monnaie comme rserve de valeur permet de rsoudre le problme de la non synchronisation des recettes et des dpenses. En effet, un individu qui dispose du bien A quil veut vendre, nest pas oblig dacqurir immdiatement le bien B sil na besoin de ce dernier que plus tard. Il peut vendre aujourdhui le bien A contre de la monnaie quil va conserver pour pouvoir acheter, plus tard, le bien B. La monnaie constitue un lien entre le prsent et le futur du fait quelle permet dtaler les achats dans le temps. Toutefois, la monnaie nest pas le seul bien pouvant servir de rserve de valeur. Certains autres biens (mtaux prcieux, biens immobiliers, titres financiers, .) peuvent constituer une rserve de valeur plus sure et plus rentable que la monnaie. Mais, bien que le rendement nominal de la monnaie soit nul12, elle constitue toujours une rserve de valeur, vu quelle constitue lactif le plus liquide et que son cot de transaction est nul. Etant donn ces proprits, la thorie conomique retient trois motifs de dtention de la monnaie : le motif de transaction, le motif de prcaution et le motif de spculation. a) Le motif de transaction Ce premier motif de dtention de la monnaie rsulte du problme de la non synchronisation des changes qui se traduit par une sparation des recettes et des dpenses, c'est--dire que les agents vont vendre leurs biens ou ressources contre de la monnaie, puis ils vont taler leurs achats dautres biens et services dans le temps. La quantit de monnaie demande pour ce motif sera donc dautant plus importante que le volume des transactions et le NGP sont levs. Et comme le niveau des transactions est approxim par le PIB, alors la demande de monnaie pour motif de transaction sera fonction croissante de la valeur de la production. Toutefois, chaque unit montaire est utilise plus quune fois durant lanne. Et si nous appelons vitesse de circulation montaire13 le nombre de fois quune unit montaire change de main durant lanne, on peut dire que plus la monnaie circule, moins nous aurons besoin de monnaie pour les transactions. Autrement dit, il existe une relation dcroissante entre la demande de monnaie pour motif de transaction et la vitesse de circulation de la monnaie.

    12 Le rendement rel de la monnaie est mme ngatif tant donn que linflation rduit son pouvoir dachat. 13 La vitesse de circulation dpend des habitudes de paiement dune conomie donne un moment donn. A titre dexemple, cette vitesse sera plus leve lorsque les salaires sont pays la semaine que lorsquils sont pays au mois. Par ailleurs, lusage du chque et de la carte de paiement augmente aussi la valeur de cette vitesse.

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    - 34 -

    Si nous notons la demande nominale de monnaie pour motif de transaction (MT), le NGP (P), la vitesse de circulation montaire (v), alors nous pouvons crire :

    v1kaveckPYPY

    v1M T ===

    Dans ce cas la demande relle de monnaie pour motif de transaction sera :

    kYP

    M T = Et comme la vitesse de circulation est un paramtre de comportement qui traduit les habitudes de paiement, nous pouvons supposer quelle est constante en courte priode tant donn que les comportements ne varient quen longue priode. Et de ce fait, nous pouvons crire :

    dYdM

    avec)Y(fP

    M TT = > 0.

    b) Le motif de prcaution Outre les besoins pour effectuer les transactions courantes, les agents conomiques non financiers vont dtenir une quantit supplmentaire de monnaie pour pallier aux dpenses imprvues qui peuvent survenir dans le futur. Il peut sagir par exemple de maladie, daccident, de voyage imprvu, etc. Cette demande, qui est qualifie de demande de monnaie pour motif de prcaution, est elle aussi fonction croissante de la valeur de la production. Et comme sa valeur est relativement faible, elle sera confondue avec la demande de monnaie pour motif de transaction. Autrement dit, dans la suite de ce cours, nous dsignons par demande de monnaie pour motif de transaction, la demande de monnaie pour motif de transaction plus la demande de monnaie pour motif de prcaution. c) Le motif de spculation Lacte de spculation consiste acheter des titres financiers (des obligations par exemple) lorsque leur cours est relativement faible et que les agents sattendent ce quil va augmenter dans le futur, en vue de les revendre lorsque leur cours augmente. Cette activit nexiste que parce que lvolution futur du cours des titres est incertaine de sorte que les anticipations les concernant varient dun agent un autre. Un agent qui achte des titres voit ses encaisses spculatives baisser et inversement. Autrement dit, la demande de monnaie pour motif de spculation (MS) augmente au fur et mesure que le cours des titres (CT) augmente et que les agents les vendent.

    CTdMd

    avec)CT(fM SS = > 0. (1) Or le cours des titres est inversement proportionnel au taux de rendement des titres (RT).

    Y

    PM T

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    - 35 -

    En effet, supposons une obligation mise pour une valeur nominale de 100 DT avec un rendement annuel de 10 DT, soit un taux de rendement gal : RT = 10/100 = 0,1. Si le cours de ce titre augmente et passe 125 DT, son taux de rendement passe : RT = 10/125 = 0,08, et si son cours passe 80 DT, son taux de rendement passe : RT = 10/80 = 0,125. Ainsi :

    CTdRTdavec)CT(fRT = < 0. (2)

    La combinaison des relations (1) et (2) permet dcrire : RTdMd

    avec)RT(fM SS = < 0. (3) Et comme le taux de rendement des titres financiers ne peut pas scarter durablement et significativement du taux dintrt (R), nous pouvons assimiler taux de rendement des titres et taux dintrt. Ceci nous permet dcrire la relation (3) comme suit :

    RdMd

    avec)R(fM SS = < 0. (4) La prfrence pour la liquidit est forte lorsque le taux dintrt est faible, et elle sera faible lorsque le taux dintrt sera lev. Toutefois, lorsque le cours des titres arrive un niveau tellement faible de sorte que les agents considrent quil ne peut plus baisses (CT minimum), c'est--dire que le taux dintrt arrive son niveau maximum, les agents vont chercher convertir la totalit de leurs liquidits en titres, et la demande de monnaie de spculation sera donc nulle. Et lorsque le cours des titres arrive un niveau tellement lev de sorte que les agents considrent quil ne peut plus augmenter (CT maximum) c'est--dire que le taux dintrt arrive son niveau minimum, les agents vont chercher convertir la totalit de leurs titres en monnaie, et la demande de monnaie de spculation sera donc infinie. Cette situation dexcs de liquidit est qualifie de trappe liquidit. La relation (4) combine ces deux dernires remarques permet dcrire la fonction de

    demande de monnaie de spculation :

    ==

    =

    minS

    maxminS

    S

    maxS

    RRM

    RRR0Rd

    Mdavec)R(fM

    RR0M

    MS

    R Rmax Rmin

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    - 36 -

    SECTION II LEQUILIBRE SUR LE MARCHE DE LA MONNAIE A) LAPPROCHE CLASSIQUE : LA THEORIE QUANTITATIVE DE LA MONNAIE Cette thorie suppose que : (i) lconomie est en concurrence parfaite, (ii) linformation est parfaite, (iii) les agents sont rationnels et (iv) le niveau de production est fix au plein emploi. Les 3 premires hypothses impliquent que les agents non financiers ne dtiennent pas dencaisses spculatives. La monnaie nest donc demande que pour le motif de transaction (et de prcaution). La fonction de demande de monnaie sera donc : Md = MT = kPY Lquilibre sur le march montaire est tel que : Mo = Md kPYMo0 = La solution de cet quilibre est la relation :

    kYM

    Po0= (1)

    Comme la vitesse de circulation est suppose constante, la relation (1) permet de dterminer, pour un niveau doffre de monnaie constant, le NGP compatible avec chaque niveau de production. Nous pouvons remarquer que la relation entre P et Y est dcroissante.

    Et si nous nous rfrons la quatrime hypothse (Y = Y* = une constante), nous pouvons dduire de la relation (1) une relation entre loffre de monnaie et le NGP. Nous pouvons alors remarquer que toute politique montaire expansive se traduit invitablement par une augmentation du NGP c'est--dire par linflation. Lexplication de ce phnomne est la suivante : la politique montaire expansive se traduit par une augmentation des liquidits des agents conomiques que ces derniers vont convertir en titres. La demande de titres augmente ce qui implique une augmentation du cours de ces titres et par la mme une baisse du taux dintrt. Ceci va entraner une augmentation de la demande dinvestissement, donc une augmentation de la demande de biens et services. Et comme loffre de bien et service est constante (Y = Y*), ce dsquilibre sur le march des biens et service ne peut se rsorber que par une augmentation du NGP.

    Y Y1

    P1 P2 PkYM

    P

    kYM

    P

    o1

    1

    o2

    2

    =

    =

    Y Y1 Y2

    P1 P2 P

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    - 37 -

    B) LAPPROCHE KEYNESIENNE Lapproche keynsienne va tenir compte des trois motifs de dtention de la monnaie de sorte que : Md = MT + MS Et parce que la thorie keynsienne de courte priode suppose que le taux dinflation anticipe est nul, c'est--dire que le NGP est constant, lanalyse en terme nominal se confond avec celle en terme rel. Pour simplifier notre analyse, nous supposons que le NGP = 1.

    Sous ces hypothses :

    =+=

    =

    mind

    maxminSTd

    maxTd

    RRM

    RRR)R(M)Y(MM

    RR)Y(MM

    La demande de monnaie dpend donc de Y et de R. Et en vue de passer une seule variable, nous crirons une fonction de demande de monnaie pour chaque niveau de production.

    Etant donn cette fonction de demande de monnaie, lquilibre sur le march montaire qui galise loffre et la demande de monnaie permet de dterminer le taux dintrt dquilibre compatible avec chaque niveau de production. En posant : MS = B g R, et sachant que : MT = kPY = kY (puisque P = 1) Alors : Md = MT + MS = k Y + B g R Lquilibre est : M0 = Md o0M = k Y0 + B g R

    0dMdRet0

    dYdRavec

    gMBkY

    R o0

    o0 +=

    Ainsi, toute augmentation du niveau de production se traduit par une augmentation du taux dintrt. Ce phnomnes sexplique comme suit : pour une offre de monnaie donne, afin de financer une production supplmentaire, les agents non financiers vont mettre de nouveaux titres. Loffre de titres va donc augmenter ce qui va se traduire par une baisse du cours des titres, et par consquent par une augmentation du taux dintrt.

    R Rmax Rmin

    Md

    Y=Y0 Y=Y1 Y=Y2

    Trappe liquidits

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    - 38 -

    Pour une offre de monnaie : M0 = o0M , le taux dintrt est : R0 pour Y = Y0 , R1 pour Y = Y1 et R2 pour Y = Y2 Et comme : Y2 > Y1 > Y0 alors R2 > R1 > R0 Par ailleurs, toute augmentation de loffre de monnaie implique au contraire une baisse du taux dintrt. En effet, pour un niveau de production donn, la politique montaire expansive correspond une injection de monnaie par la Banque Centrale. Cette dernire va demander en contrepartie des titres. La demande de titres va donc augmenter ce qui va se traduire par une augmentation du cours des titres, et par consquent par une baisse du taux dintrt.

    Pour un niveau de production : Y = Y0, le taux dintrt dquilibre est : R0 pour M0 = o0M , R1 pour M0 = o1M et R2 pour M

    0 = o2M Et comme : o0M < o1M < o2M alors R0 > R1 > R2 Remarque : Au niveau de la trappe liquidit, la politique montaire expansive na plus deffet sur le taux dintrt qui est son niveau minimum et qui ne peut donc plus baisser.

    R Rmax

    R0 R1

    R2

    Rmin

    Md o0M o1M o2M

    Md

    Y=Y0 Y=Y1 Y=Y2 Mo

    o0M

    R Rmax R2 R1

    R0 Rmin

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    - 39 -

    CHAPITRE QUATRE LEQUILIBRE SUR LE MARCHE DU TRAVAIL

    INTRODUCTION Le march du travail est ce march particulier o schangent une offre de travail manant des mnages salaris et une demande de travail manant des entreprises, et o se dterminent les niveaux dquilibre du taux de salaire et de lemploi. Dans ce chapitre, nous faisons deux hypothses : H1 : Le travail est homogne, c'est--dire que tous les salaris ont la mme qualification, et de ce fait ils ont le mme taux de salaire. H2 : Le stock de capital est constant c'est--dire que nous sommes en courte priode. SECTION I LAPPROCHE CLASSIQUE DU MARCHE DU TRAVAIL A) HYPOTHESES H1 : Lconomie est en concurrence parfaite et linformation est parfaite. H2 : Les agents sont rationnels et adoptent un comportement de maximisation de leurs fonctions objectif sous contrainte. Les mnages salaris maximisent leur utilit sous contrainte budgtaire, et les entreprises maximisent leur profit sous la contrainte technique de la fonction de production. H3 : Les travailleurs se font concurrence entre eux. Il nya pas de syndicats. H4 : Les travailleurs raisonnent en terme de pouvoir dachat (salaire rel). H5 : Les prix et le taux de salaire sont parfaitement flexibles la hausse comme la baisse et les agents adaptent leur comportement aux variations du taux de salaire rel B) LOFFRE DE TRAVAIL Loffre de travail est la quantit de travail que les mnages salaris sont disposs offrir un moment donn. Pour comprendre les dterminants de cette offre de travail, nous considrons un travailleur reprsentatif qui offre une quantit de travail pour avoir en contrepartie un salaire montaire qui lui servira financer principalement ses dpenses de consommation. Ce mnage dispose, par priode, dun temps maximum, gal L , quil cherche rpartir entre travail (Lo) et loisir (L) dans le but de maximiser son utilit totale. Le loisir procure directement une satisfaction, et le travail procure un salaire qui permet de financer des biens de consommation qui procurent une satisfaction. Ainsi la fonction dutilit sera : U = U(C , L) (avec C : la quantit de biens consommer). Lobjet de ce paragraphe est de trouver la combinaison (C* , L *) qui maximise cette fonction dutilit sous contrainte budgtaire. Soit P : le NGP et w : le taux de salaire nominal. Si nous supposons que ce mnage dpense la totalit de son revenu dune priode pour la consommation de la mme priode, c'est--dire que lpargne est nulle, la contrainte budgtaire sera :wLo PC = 0 Si nous posons la fonction dutilit : U = Log C + Log L avec L = Lo + L Alors lutilit est maximale lorsque : Z = Log C + Log L + (wLo PC) est maximum. Z = Log C + Log L + (w L wL PC) est maximum.

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    - 40 -

    r

    or

    oooo

    wCLLw

    Pw:posonsnousSi

    Pw

    CLPw

    LCLPwL

    PwL

    PwL

    PwCLLComme

    )3(0PC-wL wZ

    PwC

    wP

    CwPC

    )2()1()2(w0wZ

    )1(PC

    0PCC

    Z

    ==

    ==

    ==

    ==

    ==

    =

    ===

    ===

    L

    L

    LL

    LLLL

    Ainsi, pour un niveau de consommation donne, loffre de travail est une fonction croissante

    du taux de salaire rel (wr) : Lo = f (wr) avec 0wdLd

    r

    o

    avec Lomax = L

    Loffre de travail est assimile un change entre une certaine quantit de travail et une certaine quantit de biens de consommation. Cest un change rel qui se fait par lintermdiaire de la monnaie. Cette courbe doffre de travail se dplace dans deux cas : - Dans le cas dune variation de la population active : laugmentation la dplace vers la droite et la baisse vers la gauche. - Dans le cas dune variation de la fonction dutilit des mnages salaris : toute augmentation de la prfrence pour les loisirs la dplace vers la gauche et laugmentation de la prfrence pour la consommation la dplace vers la droite.

    wr

    L L Lo

    wr

    L Lo

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    - 41 -

    C) LA DEMANDE DE TRAVAIL Les entreprises demandent du travail dans le but de produire les quantits qui maximisent leur profit sous la contrainte technique de la fonction de production. Soit la fonction de production Y = f(K , L) = A K L (o A est lindicateur de progrs technique) En courte priode : K = K0 Y = f(L) = A K0 L Soit F : le cot fixe et : le profit = RT CT = P Y w L F = P f(L) w L F est maximum

    Pw

    dLdf0w

    dLdfP0

    dLd ===

    Ordldf est la productivit marginale du travail et

    Pw est le taux de salaire rel (wr).

    Autrement dit, les entreprises maximisent leur profit en demandant une quantit de travail telle que la productivit marginale du travail est gale au taux de salaire rel. Et comme la productivit marginale du travail est dcroissante, alors la demande de travail sera fonction

    dcroissante du taux de salaire rel : 0dwdLavec)w(LL

    r

    d

    rdd =

    Remarque : la courbe de demande de travail nest rien dautre que la courbe de la productivit marginale du travail. Cette courbe de demande de travail se dplace si la productivit marginale du travail se dplace, c'est--dire si la fonction de production varie. Or, celle-ci varie dans deux cas : - variation du stock de capital - variation du coefficient de progrs technique K > 0 et/ou A > 0 se traduit par un dplacement vers la droite de la courbe de demande de travail et inversement.

    wr

    Ld

    wr

    Ld

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    D) LEQUILIBRE SUR LE MARCHE DU TRAVAIL Lquilibre sur ce march est tel que loffre de travail est gale la demande de travail. La solution de cet quilibre est le niveau demploi et le taux de salaire dquilibre et par la mme, le niveau de production dquilibre. Lo (wr) = Ld (wr) (L* , wr*) Y* = f(L*) Cet quilibre est un quilibre de plein emploi dans le sens tous ceux qui dsirent travailler au taux de salaire rel du march wr* trouvent un emploi et toute la demande de travail manant des entreprises ce mme taux de salaire est satisfaite. Il nya pas de chmage involontaire. Il nya que du chmage volontaire, c'est--dire des personnes qui refusent de travailler au taux de salaire wr* parce que lutilit procure par la consommation rsultant de ce salaire ne compense pas la perte dutilit rsultant de la renonciation au loisir.

    Le volume de production Y* qui rsulte de cet quilibre est galement un volume de production de plein emploi qui ne peut varier que si lquilibre sur le march du travail se dplace. Or, lquilibre sur le march du travail se dplace si la courbe doffre et/ou la courbe de demande de travail se dplacent. Toute augmentation de loffre de travail qui se traduit par un dplacement de la courbe doffre de travail vers la droite cre un dsquilibre sur le march du travail (excs doffre). Les nouveaux arrivants sur le march du travail ne trouvent tre employs que sils acceptent un taux de salaire rel plus faible. Et comme les entreprises galisent la productivit marginale du travail et le taux de salaire rel, et comme la productivit marginale du travail est dcroissante, alors la demande de travail va galement augmenter. Ce processus se solde donc par une baisse du taux de salaire rel et une augmentation du niveau de lemploi dquilibre :

    Lo > 0 wr < 0 et L* > 0

    wr

    wr*

    L* L L

    Lo Ld

    Chmage volontaire

    L

    Y Y*

  • Cours de Macroconomie KHEMAKHEM Jamel

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    Toute augmentation de la demande de travail qui se traduit par un dplacement de la courbe de demande de travail vers la droite cre un dsquilibre sur le march du travail (excs de demande). Cette demande supplmentaire de travail ne peut tre satisfaite que si les entreprises proposent un taux de salaire rel plus lev. Cette augmen