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Christophe Villemain Querelle de clochers sur fond de réforme une âme de bâtisseur MAGAZINE SEPTEMBRE 2011 - 5

Mag Automne 2011

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magazine Lettre Valloire automne 2011

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Christophe Villemain

Querelle de clocherssur fond de réforme

une âme de bâtisseur

MAGAZINE SEPTEMBRE 2011 - 5 €

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Point de vue

Réforme des collectivités :le citoyen-consommateur seul juge

a réforme de l’organisation politique ter-ritoriale qui doit, dans les prochains mois,

redessiner la trame des communautés de com-munes et d’agglomération se fera-t-elle contreles élus ? « Hors sujet », s’insurge-t-on dans lespréfectures où l’on jure, la main sur le cœur,que l’avis des édiles comptera.Pourtant, les premières copies rendues dépar-tement par département ont déjà suscité, iciou là, des poches de protestation. Paradoxe :dans un pays où le jacobinisme tient lieu dereligion nationale, nos villes et nos villages ontappris à s’affranchir de la férule de l’Etat. Etlorsque celle-ci s’avise de redessiner les péri-mètres des prés carrés, c’est la levée de bou-cliers !De telles jacqueries s’inscrivent dans l’histoirepolitique récente de ce pays. Les lois de décen-tralisation ont donné l’opportunité aux élus deproximité de prendre la main sur des compé-tences fondamentales, de lever l’impôt et des’associer avec leurs voisins dans des structuresintercommunales devenues autant de cheffe-ries.Légitimes auprès des citoyens qu’ils adminis-trent, souvent avec dévouement, ces potentatsse sont parfois dotés de petites administrationsautonomes et rechignent à rejoindre de plusgrands ensembles. Ils vivent mal – comme àTours – les velléités d’annexion des agglomé-

rations tentaculaires ; pour refuser la fusionqu’on leur propose, ils invoquent le cours desrivières ou les différences fondamentales entreTourangeaux et Solognots (sic).Ils en appellent au respect des paysages mena-cés – c’est d’ailleurs assez fréquemment le cas…– par une urbanisation à marche forcée. Cer-tains, pour lesquels le small est indéfectible-ment resté beautiful, craignent que la mas-sification des structures intercommunales pré-vue par la loi… et par le sens de l’histoire com-promette leur identité. Une telle hostilité, feinteou sincère, constitue probablement l’une desmanifestations de la fameuse crispation-excep-tion culturelle française qui s’effraie de la mon-dialisation et loue l’âge d’or d’un bien-vivre oùles frontons et les clochers protégeaient duvent du large.Mais les indignés de l’intercommunalité ont-ilsbien mesuré le soutien de la population à leurscombats ? Qu’on s’en félicite ou qu’on leregrette, le citoyen-consommateur, aussi sou-cieux d’identité soit-il, s’intéresse prioritaire-ment au montant de sa taxe d’ordures ména-gères ou au coût du ramassage scolaire. Et c’estbien en consommateur de services publics qu’iljugera, au final, si la recomposition territo-riale qui s’annonce sert la cause de l’intérêtgénéral.

L

Jean−Christophe Savattier

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4 La Lettre Valloire - Juin 2011

Ce magazine est un hors sériede La Lettre Valloire,bimensuel d’information politiqueet économique en région Centre.Edité par MCM PresseSAS au capital de 51 000 €RCS Tours B 341 914 273.

Siège social :14, boulevard Heurteloup à Tours

Adresse postale :BP 9203137020 Tours Cedex 102 47 70 60 [email protected]

Rédaction :François-Xavier Beuzon(rédacteur en chef)Jean-Christophe Savattier(rédacteur en chef adjoint)Aurélie Vouteau (assistante)

Ont collaboré à ce numéro :Capucine BeckerChristian BidaultStéphane FrachetJacques HugueninStéphanie PayssanBruno Villeneuve

Maquette :Régis BeauneStève Ankilbeau

Révision et correction :Odile Ménard

Publicité :Au support

Diffusion :Annie Coupet

Crédits photographiques :Jean Puyo (Une, 24), DR (6, 10, 12, 15, 18, 21, 26, 33, 41, 42,44, 52, 53, 54, 55, 60, 61, 62), Jean-Christophe Savattier (7, 11,13, 16, 28, 38, 47, 48), François-Xavier Beuzon (17, 22, 23, 30),Secrétariat d’Etat en charge de la Famille (8), ROC (25),Somava (32), Stéphane Frachet (34, 42), Clen (34, 35), EuroPiscines (58, 59)

Impression :Imprimerie Vincent, Tours (37)

Informations légales :Abonnement annuel 2011 (23 numéroset 4 magazines hors série) : 350 €Abonnement électronique avecédition bihebdomadaire : 430 €Prix de ce numéro : 5 €

CPPAP : 0111 I 85872ISSN : 1246-4333Dépôt légal : septembre 2011

Directeur de la publication :François-Xavier Beuzon

MCMpresse

www.lettrevalloire.com

Points Chauds

13 Montrichard veutrevenir en TouraineLa CC du Cher à la Loireplaide son appartenance à laTouraine et un rattachementà la CC de Bléré Val-de-Cher.

14-18 Région bien soustous rapportscherche médecinsdésespérémentLes élus locaux interpellentles pouvoirs publics surla faible densitémédicale de larégion Centre.

16-17 Regards croiséssur les remèdesanti-désertificationDeux experts s’exprimentsur les moyens de luttercontre la désertificationmédicale.

6-7 En BrefL’actualitédu trimestreen bref.Jean Germainpointé dudoigt parle CanardEnchaînéà propos

des mariages chinois.

8-9 Claude Greff veutvaloriser les acquisde la politique familialeLa nouvelle secrétaire d’Etatveut promouvoir l’action dugouvernement en faveurde la famille.

10-13 A LA UNEQuerelle de clocherssur fond de réformeLa nouvelle carte del’intercommunalité est loinde satisfaire tout le monde.

10-11 Bras de fer entrele Vouvrillonet la voisinetourangelleLa CC duVouvrillon pourraitperdre troiscommunes auprofit de Tour(s)Plus.

RAPHAËL ROGEZ,

président du syndicat des médecins libéraux

JACQUES LAISNÉdirecteur de l’Agence Régionale de Santé (ARS)

12 En Eure-et-Loir,seul le Perche renâcleLe projet doit pallierl’isolement d’une vingtainede communes rurales.

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20-21 La transmissionsouffrira-t-ellede la crise ?Après un été mouvementé,les entreprises connaîtront-elles un automne apaisé ?

22-23 L’Eure-et-Loir met del’huile dans les rouagesde la transmissionLa CCI a mis en placeune véritable ingénieriepour faciliter la transmissiondes entreprises euréliennes.

24-25 A LA UNEChristophe Villemain,l’âme du bâtisseurAprès des débutsde tailleur de pierre,Christophe Villemain estaujourd’hui à la tête d’ungroupe de 700 salariés.

20-59

Economie

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26 L’art moderne et lemécénat au secoursdes cathédrales

28-29 Mediprema accouched’un rachat dansla douleurMediprema vient de prendrele contrôle du belge Beldico.

30-32 Somava, une reprisedans la tempêtePierre-Yves Bourgeois a reprisl’entreprise de Puiseaux auplus fort de la crise.

33 Idealex, trois anspour céderL’entreprise vendômoiseest sur le marché.

34-35 Clen, une histoirede familleStéphane et Xavier Catelasont repris le flambeaude l’entreprise.

36 Merim grossit avec McDoL’entreprise prospère grâce àun important contrat avec lachaîne de restauration rapide.

38 Mercier inventeles macarons salésLe nouveau produit dubiscuitier de Baugy seralancé en 2012.

39 Les pralines Mazetmettent Tokyo en boîteLe confiseur espèreouvrir au Japon en 2013.

40 Airsec passela frontière suisseLa société romorantinaiseAirsec change de main.

42-43 Pôle S2E2,un recrutement déphaséPas toujours facile derecruter pour une PME

SommaireSEPTEMBRE 2011

« Les arbresne grimpent jamais

jusqu’au ciel »Jean Dumont,nouveau présidentde la banqueTarneaud, ne croitpas à l’efficacitéd’un nouveauplan de relance.

45-46 La lettre du club RH

47 Maisoning revientaux sourcesRepris l’an passé parPrunay, le tourangeauMaisoning est revenuà la source de sonmodèle économique.

48 Tours réaménagele Plat d’EtainRecherche et enseignementseront accueillis dans lesanciennes casernes.

50 Immobilier d’entreprises

52 Les chantiers

53-56 La lettre de l’innovation62 Le carnet

Escapades

57-61

Retrouvez en fin de magazine

nos itinéraireséconomiques

et touristiquesrégionaux.

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Points Chauds En Bref

AMBITIONArnaud Dassier, qui avaitconçu en 2002 le siteweb de Jacques Chiracpour les électionsprésidentielles puiscelui de Nicolas Sarkozycinq ans plus tard,s’est déclaré candidatà la candidature pourl’UMP aux prochaineslégislatives sur la3e circonscriptiondu Loiret. L’ambitiondu fils de l’anciendirecteur de TF1 etprésident de l’Olympiquede Marseille Jean-ClaudeDassier a été plutôt

fraîchement accueilliepar l’actuel titulairedu fauteuil, Jean-LouisBernard (parti radicalvaloisien) qui n’a pasencore officialiséson retrait.

RÉPONSECet été, dans les colonnesdu Berry Républicain,le maire de BourgesSerge Lepeltier a réponduà ses concitoyens qui seplaignent des travauxque « si l’on veut faireévoluer une ville, il fautaller vite ». Et le plan derenouvellement urbain,qui permet à la Ville de nedébourser que 30 M€

sur un montant total detravaux de 350 M€,est soumis à des délaisd’obtention dessubventions.

De Benoist Apparu, secrétaire d’Etat en charge du Logement, lors d’un passage à Orléansau mois de juin : « Ce qui est chic, quand on est ministre, c’est qu’on s’exprime le dernier.

Ce qui est moins chic, c’est que tout a déjà été dit ». De Serge Grouard, député-maire UMPd’Orléans, s’adressant à l’opposition lors d’un conseil municipal de juin : « Vous mettez la

tête dans le mur sans jamais mettre de casque ». De François Pillet, sénateur-maire DVDde Mehun-sur-Yèvre (18), à propos des candidats aux élections présidentielles de 2012 :

L e Canard Enchaîné s’est intéressé de près, dans son édition du 3 août, aux « chi-noiseries financières du maire de Tours ». Les mariages entre jeunes Chinois or-

chestrés par Lifang (dite Lise) Han, une collaboratrice de la mairie, profiteraient avanttout, en effet, à une société dénommée « Lotus Bleu »,dont l’époux de l’employée municipale serait l’action-naire majoritaire. Une société qui aurait réussi, selonl’hebdomadaire satirique, à facturer 445 000 € de pres-tations diverses à la municipalité tourangelle depuis 2009.Le Lotus Bleu, établissement qui hébergeait une fumeried’opium dans un célèbre album de Tintin, aurait-il enfuméle maire de Tours au point que celui-ci ne s’aperçoive pasde la supercherie ? Jean Germain semble, en tout cas,décidé à éclaircir sa position sur ce mystérieux lotus.On ignorait que le maire de Tours était à ce point féru desaventures du héros inventé par Hergé. Après avoir tâté du« Tintin au pays des Soviets » au début de sa carrière po-litique, le maire de Tours donnerait donc plutôt aujourd’huidans le « Lotus Bleu » : espérons pour les finances ducontribuable tourangeau qu’il ne s’avise pas, un jour pro-chain, de renifler du côté de « Coke en stock ».

TINTIN ET FILOU

6 La Lettre Valloire - Septembre 2011

DROITE AU BUTL’ambiance est plutôtfraîche entre l’UMP etles centristes dans le Cher.Franck Thomas-Richard,dont on connaît la liberté deton, a assaisonné par voiede presse les centristesPhilippe Bensac et Aymarde Germay, coupables,selon lui, d’attaques sansfondement contre le partiprésidentiel qu’ils accusentde ne pas faire assez placeà la diversité. D’ailleurs,souligne l’ancien députéde la 2e circonscriptiondu Cher (1993-1997) etaujourd’hui conseillergénéral, « de trèsnombreux adhérents sontissus d’autres courants quele RPR, comme moi-mêmevenant du courant libéralde l’UDF ».

TOUT COMPTE FAITInterviewé par L’EchoRépublicain, le député-maire UMP de DreuxGérard Hamel, 66 ans,est convenu d’avoir fait uneerreur en annonçant que lemandat de maire en coursserait son dernier : « Unmandat local peut mepermettre de continuerune vie publique tout endisposant de temps pourmoi et mes proches », a-t-ilajouté. Il a, en revanche,refusé de s’exprimer surles législatives de 2012.

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« Je souhaite que nous ayons le choix entre de vrais hommes d’Etat. Et, depuis De Gaulle, je suis un peu enmanque… ». Crêpage de chignon entre Claude Roiron (PS), évincée par les siens de la présidence du Conseilgénéral en mars dernier, et sa successeure Marisol Touraine : « Je vis à Tours, dans mon quartier, j’y achète monpain, m’y fais coiffer (…) ce qui n’est pas le cas de Marisol Touraine, d’ailleurs. » Décidément, ces deux-là ne sontpas de mèche. De Arnaud Montebourg (PS), de passage à Tours, à propos de sa campagne électorale : « Onest au cul du camion, sur les bottes de foin à la campagne et dans les cafés à la ville ».

INVESTITURESur la 1ère circonscriptiond’Indre-et-Loire, ravieen 2007 par le socialisteJean-Patrick Gille àl’ancien ministre dela Culture RenaudDonnedieu de Vabres,l’hypothèse d’uneinvestiture de GuillaumePeltier comme candidatde l’UMP prend corps.Devenu l’officieux« M. Sondages » du partiprésidentiel, l’éditeurde La Lettre del’Opinion a été trèsprésent dans les médiasdurant l’été, Le Point luiconsacrant même unlong papier dans sonédition du 28 juillet, letaxant de « nouvelleboîte à idées de l’UMP ».Celui qui fut battu d’unecourte tête par lecandidat sortant lorsdes dernières électionscantonales, sur ToursSud, sera le présidentdu comité de soutientourangeau du candidatSarkozy ; il serait mêmepressenti pour rejoindrele staff de campagneprésidentiel, qui seradirigé par l’ancienministre de l’IntérieurBrice Hortefeux.

Dans le rangLe Conseil général duCher s’est finalementrésolu à voter un budgetà l’équilibre : on sesouvient que lacollectivité présidéepar le socialiste AlainRafesthain avaitprésenté un budget oùfigurait dans la colonnerecettes une dotationvirtuelle de 10,5 M€ del’Etat. Devant la doubleopposition de la préfèteet de la chambrerégionale des comptesde valider un budget endéséquilibre, les élusde la majoritédépartementale ontdonc adopté fin juin,mais à contre-cœur,un budget rabotéde 10,5 M€ maiséquilibrant recetteset dépenses.

RETROUVAILLES

CHIFFREDU TRIMESTRE

103 M€c’est le budget nécessaire à la constructionde l’Arena, la grande salle de sports qui doitêtre construite à Orléans, et des 1 400 placesde parking couvertes et aménagements dedesserte.

L’heure des retrouvailles a sonné. Une quinzaine d’années après s’être côtoyés au cabinetd’Eric Raoult, alors ministre délégué à la Ville et à l’Intégration (1995-1997), Maurice Leroy et JoëlFily vont de nouveau collaborer au ministère de la Ville. Le premier, simple chargé de mission entre1995 et 1997, est devenu ministre de plein exercice et François Fillon a même ajouté le GrandParis à ses attributions. Le second, qui quitte le poste de préfet d’Indre-et-Loire qu’il occupaitdepuis juin 2009, retrouve celui de directeur de cabinet du ministre de la Ville, fonction qu’ilavait déjà exercée auprès d’Eric Raoult.Joël Fily, 58 ans, est issu de la fameuse promotion Voltaire de l’Ena, comme Ségolène Royal,François Hollande, Michel Sapin, Dominique de Villepin et Renaud Donnedieu de Vabres pourne citer que les plus connus ; il a exercé plusieurs postes importants dans la fonction publique,dont celui de directeur de l’administration de la police nationale, poste qu’il occupait avant derejoindre Tours il y a deux ans. Maurice Leroy, 52 ans, est ministre de la Ville et du Grand Parisdepuis novembre 2010 et président du Conseil général de Loir-et-Cher depuis avril 2004.

RECRUESDeux élus PS de la régionCentre ont intégré le staffde campagne de MartineAubry pour la primairesocialiste précédant lesprésidentielles de 2012.Le président du Conseil

régional François Bonneauprendra en charge lesdossiers territoires etdécentralisation tandisque le sénateur du LoiretJean-Pierre Sueur auraà charge les relationsavec le Sénat.

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Points Chauds Politique

8 La Lettre Valloire - Septembre 2011

Claude Greff : « Je veux valoriser lesL’ancienne députée UMP de la 2e circonscription d’Indre-et-Loire a été nommée le 29 juin secré-taire d’Etat à la Famille et à la Petite Enfance. Claude Greff entend promouvoir jusqu’aux prési-dentielles les chantiers lancés par le président de la République dans un domaine essentiel àl’équilibre des Français.

L’ancienne députée d’Indre-et-Loire est membre du gouvernement depuis le

La Lettre Valloire : La France ahistoriquement développé unepolitique familiale ambitieuse.La crise financière peut-elle re-mettre en cause ces acquis ?Claude Greff : Notre pays est, eneffet, leader en matière de politiqued’aides aux familles. Je rappelle queles différents dispositifs mobilisent

plus de 100 Md€ (103 Md€ en 2011),soit environ 5 % du PIB. C’est deuxfois plus que la moyenne recenséedans les autres pays industrialisés.Cette politique volontariste a produitses effets : avec plus de deux enfantspar femme, la natalité française esten pleine forme. Et le taux d’activitédes femmes est l’un des plus forts

d’Europe. Je dis et redis avec forceque conformément aux engagementsdu président de la République et deRoselyne Bachelot, ministre des Soli-darités, cet effort ne sera pas com-promis. La famille est un élémentstructurant de nos sociétés et unvolet essentiel des politiques publi-ques engagées par le gouvernement.Et je vais avoir à cœur de relayer lemessage et amplifier cette politiquesur le terrain auprès des familles, desassociations, de la Caf (Caisse d’allo-cations familiales) de l’Unaf (Unionnationale des associations familiales)et des collectivités.

La Lettre Valloire : A quelquesmois d’échéances politiques dé-cisives, vous allez en quelquesorte assurer la promotion dela politique familiale gouverne-mentale ?C. G. : Il faut rendre plus visible cespolitiques qui contribuent grande-ment à la qualité de vie des famillesde notre pays. J’ajoute qu’elles ontleur dynamique propre et qu’elles nese substituent pas à d’autres typesd’aides. J’entends surtout poursuivreet amplifier le programme de créa-tion de 200 000 solutions de gardesupplémentaires qui vont venir ac-croître le taux actuel de couverturedes besoins. En dépit des efforts déjàaccomplis, celui-ci n’est pas suffisant,notamment en milieu rural. Rançonde notre succès, notre pays compte2,4 millions d’enfants de moins detrois ans. Je rappelle que la mise enœuvre des 35 h a contribué à géné-raliser les horaires atypiques, ce qui

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La Lettre Valloire - Septembre 2011 9

pose parfois de très sérieux pro-blèmes aux femmes engagées dansla vie active. Ces nouveaux modes degarde, ce sont notamment les micro-crèches, les crèches familiales, lescrèches d’entreprises dont le finan-cement peut être aidé par le créditd’impôt famille ainsi que les maisonsd’assistantes maternelles (MAM).

La Lettre Valloire : En Indre-et-Loire, les collectivités localessont-elles en phase avec cettepolitique ?C. G. : Très majoritairement oui. Sil’on excepte le Conseil général qui,sous la houlette de son ex-présidenteClaude Roiron, n’a pas souhaité par-ticiper à la création de micro-crèches,sans doute parce qu’elles ne relèvent

pas systématiquement du servicepublic. J’espère que Marisol Touraine,qui lui a succédé et qui suit de prèsles questions sociales au parti socia-liste, saura revenir sur cette positionqui nuit bien sûr aux familles touran-gelles.

La Lettre Valloire : Une récenteétude de Terra Nova, un thinktank proche de la gauche, a cri-tiqué le principe du quotient fa-milial au prétexte qu’il favo-risait principalement les famil-les nombreuses et pénalisait lesfoyers les plus fragiles ?C. G. : Je ne tiens pas à polémiqueravec les rédacteurs de cette étude.Je veux tout simplement dire qu’iln’est pas question de revenir,

comme l’a réaffirmé le président dela République, sur le principe duquotient familial qui a démontrétoute son efficacité. Il va de soi quenous allons poursuivre nos effortsen faveurs des familles les plus fra-giles et notamment des foyers mono-parentaux qui représentent désor-mais 19 % des familles françaises et85 % des parents isolés sont desfemmes. Ils vont bénéficier d’uneaugmentation importante des aidesen 2012. Voici qui devrait rassurerceux qui s’inquiètent de notre capa-cité à accompagner les familles défa-vorisées.

acquis de la politique familiale »début de l’été

Propos recueillispar Jean-Christophe Savattier

Atypique ! Claude Greff ne répond décidément pas auxstandards de la politique. Cette Lorraine énergique, mèrede quatre enfants, a démarré sa vie professionnellecomme infirmière. « Je sais ce que c’est de travailler lors-qu’on est une femme et qu’on s’occupe d’une famille nom-breuse. Je sais aussi ce que c’est de s’arrêter de travailler etd’éduquer ses enfants avec un seul salaire ! », rappellecelle qui est venue « par hasard en politique et sans l’avoirvraiment cherché ».Figure locale du monde associatif – elle fut responsabledépartementale de l’Association des parents d’élèves del’enseignement libre (APEL) – Claude Greff fait une pre-mière tentative à Tours, aux municipales de 1995, à lademande de la regrettée Michèle Beuzelin, « une amie ».En 2001, elle devient conseillère municipale d’oppositionà Tours dans le sillage de Renaud Donnedieu de Vabres.C’est suite à l’insistance de Philippe Briand, le patronlocal de l’UMP et son « mentor en politique », qu’elleaccepte en 2002, aidée « d’une petite équipe de fidèles », debriguer le mandat de député de la 2e circonscription d’In-dre-et-Loire. A l’issue d’une campagne opiniâtre – aucours de laquelle elle découvre l’âpreté de la joute poli-tique – elle parvient à défaire le sortant socialiste Jean-

Jacques Filleul avec 53,25 % des suffrages. Elle est réélueen 2007 avec 53,95 % des voix.Claude Greff est une femme de convictions. « Je suis dedroite », dit-elle sans complexes. Sur la question dumariage homosexuel, par exemple, elle « s’en tient à ladécision du Parlement » mais affirme comprendre « lavolonté de ces hommes et de ces femmes de s’unir symbo-liquement. Il faut en débattre calmement en évitant de cho-quer toutes les consciences ».Même pragmatisme sur le dossier de la fraude aux aidessociales : « Dansmon domaine de compétences, c’est 0,01 %des dossiers. Pas plus de 20 000 cas ! Et 88% dumontant dessommes détournées est recouvré ». Pas de quoi fouetter unchat ou appeler au fichage des contrevenants ! Au ta-bleau d’honneur de Claude Greff figure la proposition deloi sur la création du service civique, une idée reprise parMartin Hirsch ; elle s’est également fortement investiedans le management du Plan Cancer. Enfin, elle fut l’unedes premières parlementaires à organiser un débat surl’identité nationale en 2010. De quoi être repérée parl’Elysée et propulsée en juin dernier dans l’un des bureauxde l’avenue de Ségur, précédemment occupé par FadelaAmara.

Une élue qui impose sa griffeClaude Greff, qui a défait en 2002 le socialiste Jean-Jacques Filleul sur la 2e circonscription d’Indre-et-Loire,a réussi un parcours sans faute en s’appuyant sur ses qualités de battante, un profil demilitante associative…et un sens politique que lui déniaient ses détracteurs.

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Points Chauds Politique

10 La Lettre Valloire - Septembre 2011

«T our(s) Plus veut nousdépouiller » : la majo-rité des élus de la

communauté de communes (CC) duVouvrillon, composée de Vouvray,Vernou-sur-Brenne, Chançay, Chan-ceaux-sur-Choisille, Reugny, Mon-naie, Parçay-Meslay et Rochecorbon,soit 21 000 habitants, n’acceptentpas le projet de nouveau schémadépartemental de cohérence inter-communal (SDCI) que lui proposentles services de la préfecture ; ilsn’ont d’ailleurs pas de mots assezdurs pour le qualifier.

Celui-ci prévoit que trois communes(Chanceaux, Parçay-Meslay et Roche-corbon) quittent la CC pour rejoin-dre la puissante communauté d’ag-glomération de Tours. Un schémaqui, bien sûr, ravit son président, lemaire de Tours Jean Germain (PS),qui ne fait pas mystère de sa volontéd’agréger d’autres communes – d’an-nexer, disent les mauvaises langues –à Tour(s) Plus… qui se rapproche-rait ainsi des 300 000 habitants.« Il n’est pas question de nier l’in-térêt et l’attractivité de l’agglomé-ration tourangelle, indique Pierre

Darragon, président de la CC duVouvrillon et maire de Vouvray. Maisce redécoupage remet en cause lacohérence de notre bassin de vie etla politique de développement éco-nomique et touristique que nousmenons avec succès depuis la créa-tion de la communauté de com-munes en 2001 ».Il est vrai que l’absorption des col-lectivités précitées permettrait àTour(s) Plus de faire main basse surles florissantes zones d’activité duPapillon et du Cassentin (1 000 haet près de 3 000 emplois), toutes

La carte de l’intercommunalité va bouger. Dansle cadre de la réforme des collectivités territo-riales (loi du 16 décembre 2010), les préfets,département par département, sont tenus deproposer un nouveau schéma de coopérationintercommunale (SDCI). La consigne est sim-ple : pour favoriser les économies d’échelledans la gestion publique, éviter l’isolement des

collectivités et certains chevauchements decompétences, les communautés de communes– et tout particulièrement celles qui comptentmois de 5 000 habitants – vont être invitées àfusionner.« Il n’y a pas de schéma régional », précise-t-on à la préfecture de région. « Les préfets onttoute latitude pour apprécier la situation localeen se fondant in fine sur l’avis des commissionsdépartementales de coopération intercommu-nale qui ont été installées et qui comprennent denombreux élus ». Au 1er juin 2013, le nouveauredécoupage devra avoir été approuvé par lesprincipaux intéressés. A défaut, c’est au préfetde chaque département qu’il conviendra de

Querelle de clochers sur

Bras de fer entre le Vouvrillonet la voisine tourangelle

Au titre du nouveau schéma départemental de cohérence intercommunale, la CC du Vouvrillonpourrait perdre trois de ses huit communes au profit de Tour(s) Plus. Une proposition jugée inac-ceptable par la majorité des élus qui craignent que la collectivité ne survive pas à cette amputation.

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La Lettre Valloire - Septembre 2011 11

deux situées à Parçay-Meslay. « C’esttrès simple : le retrait de ces troiscommunes nous ôterait 65 % de nosrecettes, chiffre Pierre Darragon quiprévient que la CC du Vouvrillonne saurait survivre à cette purge ».D’autant que la collectivité s’est habi-tuée à un train de vie peu compati-ble avec une telle mise à la diète…Le budget de fonctionnement duVouvrillon s’élève à près de 6,6 M€,dont une part importante est affec-tée aux salaires de ses 19 collabora-teurs.Le projet de réorganisation a, quoiqu’il en soit, semé le doute… et lazizanie ! La majorité du conseil com-munautaire a contesté dans deuxdélibérations le schéma qui lui étaitproposé. Mais cette prise de posi-tion est en butte à la volonté desélus de Parçay-Meslay, de Chanceauxet de Rochecorbon qui, au contraire,ont voté en faveur du rattachementà la communauté d’agglomérationtourangelle. Du coup, les relationsse sont un peu tendues entre lesalliés d’hier. « Ce serait tout de mê-

me étrange que l’Etat fonde sa déci-sion sur les motivations indivi-duelles des communes et ne se ré-fère pas à l’avis majoritaire de lacommunauté », plaide Pierre Darra-gon qui préconise une modificationhoméopathique du périmètre. Lespartisans du statu quo admettentque Chanceaux-sur-Choisille, trèstournée vers l’agglomération tou-

rangelle, puisse la rejoindre. « Il se-rait plus judicieux de mutualiserd’abord certaines compétences descommunautés en touchant au péri-mètre des syndicats mixtes sanspour autant compromettre les enti-tés politiques », suggère le présidentde la CC du Vouvrillon qui juge que la« cause n’est pas encore perdue… ».

Jean-Christophe Savattier

trancher. Les copies déjà rendues augurent-elles d’un big bang de grande ampleur ? « Lasituation est très contrastée », estime-t-on à lapréfecture régionale. Dans certains départementscomme l’Indre-et-Loire ou le Loir-et-Cher où l’in-tercommunalité est très avancée et structure lavie publique, la révision est profonde : en Indre-et-Loire, il est ainsi prévu de ramener le nombrede communautés de vingt-trois à une dizaine.En Loir-et-Cher, la réduction sera de la mêmeampleur. En revanche, dans le Loiret où les com-munes n’avaient pas adhéré au concept d’in-tercommunalité avec la même ardeur, le soldedu jeu de la création/disparition de collectivitésdevrait être à « somme nulle ». Pour les dépar-

tements du Cher, de l’Indre, les modificationsseraient cosmétiques. En Eure-et-Loir, on s’at-tachera notamment à rattacher vingt-deux com-munes isolées – l’un des objectifs de la loi – àdes ensembles préexistants.Naturellement, certaines propositions de redé-coupage sont en butte à l’hostilité des élus :crainte du « dépeçage » aux portes de Tours,contestation d’un rapprochement en Solognepeu respectueux du « continuum culturel et éco-nomique ». Des poches de résistance à la férulepréfectorale sont apparues : nous en évoquonsquelques-unes dans les pages qui suivent. Ilne reste plus que quelques mois aux partiesprenantes pour faire valoir leurs points de vue.

fond de réforme

Pierre Darragon,président de la CC du Vouvrillon

et maire de Vouvray

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Points Chauds Politique

12 La Lettre Valloire - Septembre 2011

En Eure-et-Loir, seul le Perche renâcle

E n Eure-et-Loir, la réforme dela carte territoriale ne déchaî-nera pas les passions. Pour

autant, un chargé de mission préfec-toral réfute d’attribuer le qualificatifde « cosmétique » à la copie qui a étérendue par les services de l’Etat. « Ils’agit au contraire d’un chantierd’assez grande ampleur qui répondparfaitement aux objectifs de la loi,notamment sur le volet du ratta-chement des collectivités isolées ».En effet, en dépit d’une activité inter-communale assez forte, bien que tar-dive – depuis 2006, le processus s’estaccéléré puisque quarante-quatrecommunes ont intégré une commu-nauté –, pas moins de vingt-deuxcommunes continuent à faire cava-lier seul. « Seize d’entre elles se si-tuent principalement sur le cantond’Auneau, à l’est du département,et elles vont toutes être conviées àrejoindre un ensemble plus large »,précise un porte-parole du préfetd’Eure-et-Loir.

Parmi les six autres, la commune deBarjouville sera invitée à rallier lacommunauté d’agglomération deChartres Métropole, déjà forte deses… trente-deux communes mem-bres (112 000 habitants). « Si lesmodifications apparaissent peut-êtremoins spectaculaires qu’ailleurs,c’est que le big bang… a déjà eu lieuavec l’élargissement de ChartresMétropole dont le périmètre est passéde sept à trente-deux communes au1er janvier 2011 », note toujours leresponsable préfectoral. Une opéra-tion jugée « structurante » qui a étéeffectuée avant la redéfinition duschéma départemental.« Le renforcement des deux commu-nautés d’agglomération articuléesautour de Chartres et de Dreux cons-titue l’une des pierres de touche de lapolitique de l’Etat », poursuit-il. Quise félicite de la volonté affichée parles élus des communes de Tremblay-lès-Villages et de Sérazeux de rejoin-dre la collectivité drouaise. A l’issuede ce rapprochement, Dreux Agglo-mération comptabiliserait près de60 000 habitants, un chiffre qui conti-nuera cependant à la placer large-ment en dessous de la moyenne descommunautés nationales (122 513habitants).La réforme de la carte territoriale eu-rélienne serait-elle totalement indo-lore ? Les élus beaucerons accepte-raient-ils sans mouvement d’humeurque l’on redimensionne leurs terri-toires ? Les remontées du terrain etl’examen des délibérations laissentaugurer d’une appropriation correctedu schéma proposé par les édiles.Avec certaines nuances ! Ainsi, les élusde la CC de l’Orée du Perche – cen-trée autour de la Ferté-Vidame – etleurs 2 600 concitoyens rechignent à

accepter le rapprochement qui leurest proposé avec la CC de la PercheSenonchoise (5 584 habitants).L’opération ne semble pourtant pasheurter le sens commun : les deuxcommunautés sont mitoyennes etmembres du Pays Perche « qui dis-pose d’une forte identité culturelle ».De surcroît, la loi prévoit un ratta-chement – sauf cas particulier déro-gatoire – à une collectivité de plusgrande taille pour les CC de moinsde 5 000 habitants. « Mais les histoiresparticulières des hommes et des ter-ritoires expliquent ces réticences,soupire-t-on du côté des services del’Etat, et il faut en tenir compte avecsouplesse ».

Jean-Christophe Savattier

C’est dans un climat plutôt apaisé que les élus d’Eure-et-Loir ont, dans l’ensemble, reçu leprojet de nouveau schéma départemental intercommunal. Un schéma qui vise à pallier l’isolementd’une bonne vingtaine de communes rurales et à renforcer les agglomérations chartraine etdrouaise.

Jean-Pierre Gorges,maire de Chartres

La Ferté-Vidame faitpartie de la CC del’Orée du Perche.

Page 13: Mag Automne 2011

La Lettre Valloire - Septembre 2011 13

J ean-François Marinier, le prési-dent de la CC du Cher à la Loire,n’en démord pas. La collectivité

qu’il dirige, forte de ses 12 communes– environ 16 000 habitants – « n’aaucun intérêt à se rapprocher avecles communes solognotes de la CC deSelles-sur-Cher ».Dans le cadre de la procédure deredécoupage territorial qui vise à ra-mener dans ce département le nom-bre de communautés de communesde vingt-deux à douze, le préfet deLoir-et-Cher a proposé aux élus de laCC du Cher à la Loire de fusionneravec la voisine de Val de Cher, centréeautour de St-Aignan, et la CC du Cher-Sologne organisée autour de Selles-sur-Cher (41). De quoi former unensemble de 40 000 habitants. Mais letracé de frontière administrative estun art délicat…L’offre a immédiatement déclenchéune levée de boucliers. Si Jean-Fran-çois Marinier ne voit pas d’objection àse rapprocher de St-Aignan, il réfute lalégitimité « d’une fusion avec Selles-sur-Cher. Notre bassin de vie qui se

déploie autour de la commune deMontrichard a des complémentari-tés fortes avec la Touraine, et notam-ment avec la CC Bléré-Val de Chertant sur le plan économique, culturelque touristique. La Sologne, c’est au-tre chose » plaide l’élu. Du côté de laCC de Cher-Sologne, les élus ne seformalisent pas du rejet. « Pour réus-sir un mariage, il est effectivementindispensable de s’appuyer sur unbassin de vie qui soit homogène.Notre collectivité est culturellementplus proche du Berry que de la Tou-raine » souligne Alain Persillet, prési-dent de la CC de Cher-Sologne(12 200 habitants, 9 communes) etmaire de Meusnes. « Certes, l’idéalserait de s’appuyer sur un documentcomme le Scot (Schéma de cohérenceterritoriale) mais nous n’en avonspas sous la main », poursuit l’élu quiestime que la meilleure solution…serait de ne pas toucher au périmè-tre de la collectivité : « Le texte gou-vernemental prévoit que seules lescommunautés de moins de 5 000habitants doivent obligatoirement

opérer des rapproche-ments. Alors pourquoivouloir se focali-ser sur notrecas ? ».

En attendant les décisions finales, lesélus peaufinent leurs arguments.Un document de 80 pages vantant lesmérites d’une fusion entre les col-lectivités de Bléré et de Montricharda ainsi été rendu public. Les conseilsdes CC du Cher à la Loire et de Bléré-Val de Cher, cette dernière étant pré-sidée par Jocelyne Cochin, maire deLa Croix-en-Touraine, ont d’ores etdéjà délibéré en faveur de ce projet« qui a été approuvé à 80 % par lesélus ». Pour faire bonne mesure etprévenir les pressions de lobbies lo-caux, « notamment certains syn-dicats intercommunaux qui luttentpour leur pré carré et le statu quo »,les deux présidents ont écrit à leursdéputés et à la commission départe-mentale en charge du redécoupage.« Une communauté construite con-tre le gré de ses participants ne peutpas fonctionner », prévient Jean-Fran-çois Marinier.Du côté de l’Etat, on indique que lesrapprochements interdépartemen-taux, et a fortiori interrégionaux, nesont pas aisés à organiser, « notam-ment parce qu’il est nécessaire d’har-moniser au préalable les procéduresde recouvrement de la fiscalité lo-cale ».

JCS

Situés en Loir-et-Cher, Montrichard et la CC du Cher à la Loire devraient fusionner avecdes communes solognotes. Mais les élus plaident leur appartenance à la Touraineet un rattachement à la CC de Bléré-Val de Cher, en Indre-et-Loire.

La réorganisation du maquis des syndicats de gestion à compétenceunique ou multiple est l’une des facettes, et non la moindre, de laréforme territoriale.Dans le Loiret, le projet s’est attaché à réduire leur nombre en s’atta-quant « aux syndicats à faible activité » ainsi qu’aux syndicats scolaires.Ces derniers sont au nombre de soixante-huit sur les deux cent vingt-quatre que compte le Loiret. « Certains sont exclusivement organisateursdu transport scolaire alors même que cette compétence est prise en chargepar le département », justifie-t-on à la préfecture.Les services de l’Etat considèrent « qu’au moins quarante-sept syndi-cats devront obligatoirement faire l’objet d’une dissolution ». In fine, qua-tre-vingt-quatorze de ces structures pourraient passer à la trappe. Anoter que les dissolutions des syndicats scolaires « ne seront que sug-gérées, sachant que l’intérêt de cette rationalisation est parfois contre-carré par des difficultés techniques ou pratiques ».

Syndicats : du toilettage à la grande lessive

Montrichard veut revenir en Touraine

Jean-FrançoisMarinier,

président dela CC du Cher

à la Loire.

Page 14: Mag Automne 2011

Points Chauds Santé

14 La Lettre Valloire - Septembre 2011

L es élus locaux n’en finissentplus d’interpeller les pouvoirspublics sur la densité médi-

cale famélique de la région Centre.Le député UMP du Loiret MarianneDubois a ainsi demandé cet hiver auministre en charge de la Santé cequ’il comptait faire pour remédier àla pénurie de l’offre de soins dans lePithiverais. En experts rompus aumaniement de la langue de bois, lesservices du ministre ont réponduque la situation de la démographiemédicale dans le Loiret appelait « unevigilance particulière » et proposé lacréation de maisons de santé pluri-disciplinaires (MSP) comme panacéecontre la pénurie de stéthoscopes…La désertification médicale avance àla vitesse d’un cheval au galop non

seulement dans le Berry, mais aussi àune heure de Paris, en Eure-et-Loiret dans le Nord Loiret, et même dansle Lochois que l’on aurait pu croireépargné en raison de la proximité dela faculté de Tours.

Si les solutions envisagées pour atti-rer ou maintenir des médecins libé-raux capotent, la situation actuelle,qui est déjà critique (86 généralisteslibéraux pour 100 000 habitants, con-tre près de 100 en moyenne natio-nale), risque de devenir très vite in-tenable : près de la moitié des géné-

ralistes du Centre ont aujourd’huiplus de 55 ans et pour dix départsen retraite on ne dénombre qu’uneseule installation…Cette désertification tient à un cock-tail de facteurs explosif. Le numerus

clausus, d’abord, est resté trop bastrop longtemps. « On croyait à l’é-poque qu’en restreignant le nombrede médecins, on résorberait le défi-cit de la Sécu, rappelle Jacques Lais-né, directeur général de l’ARS Centre.Ce fut une fausse bonne idée qui n’apas rétabli les comptes sociaux maisa, en revanche, favorisé la déserti-fication ».« En région Centre où vit 4 % de lapopulation française, la faculté demédecine de Tours n’a formé pen-dant longtemps que 2 % des étu-diants en médecine de France, com-mente le Dr Raphaël Rogez, prési-dent de l’URPS médecins. Or 80 %des généralistes s’installent dansleur région d’études, là où ils pos-sèdent un réseau relationnel pouraffronter ce métier anxiogène ».Par chance, le desserrement du nu-merus clausus (près de 70 étudiantsadmis en 2e année de médecine il y adix ans, contre 238 précisément à la

« Région bien sous tous rapports recherche d’urgence médecins libéraux, désespérément… Offrelarges facilités de maintien ou installation : aide des collectivités locales, soutien financier de l’Etat,etc. S’adresser à l’Union régionale des professions de santé ou à l’Agence régionale de santé duCentre ». A quand ce genre de petite annonce ?

”“ UNE FAUSSE BONNE IDÉE QUI N’A PAS

RÉTABLI LES COMPTES SOCIAUX MAISA FAVORISÉ LA DÉSERTIFICATION

Région bien sous tous rapcherche médecins…

Source :« Inégalités cantonalesde santé en régionCentre », ORSCentre(07/2010).Site : www.orscentre.org.

Cher (18)

Eure-et-Loir (28)

Indre (36)

Indre-et-Loire (37)

Loir-et-Cher (41)

Loiret (45)

RégionCentre

France (hors outremer)

78,2

76,5

79,4

102,5

89,8

81,5

86,0

99,9

Territoires Densité pour 100 000 habitants

Densité enmédecins généralistes libéraux (fin 2009)

Page 15: Mag Automne 2011

La Lettre Valloire - Septembre 2011 15

rentrée 2011) devrait arranger leschoses : « Le nombre de places demédecins hospitaliers étant enca-dré, les autres médecins, plus nom-breux, devront choisir l’exercice li-béral », analyse le Dr Rogez.« La désertification ne concerne pasque la médecine, constate JacquesLaisné. Les régions périphériques del’Ile-de-France attirent moins queles autres, pour cause de problèmed’identité. Cela vaut pour les magis-trats, les enseignants et bien d’au-tres métiers ». La liberté d’installationincite à choisir en priorité la régionparisienne, des provinces maritimesou des terres ensoleillées…Autre constat qui ne plaide pas enfaveur de l’exercice libéral : trois étu-diants sur quatre sont des femmesqui réclament davantage de sou-plesse dans leur emploi du tempspour s’occuper de leurs enfants,notamment. Par ailleurs, les futursmédecins refuseront de travaillerdans les conditions des générations

précédentes. Le modèle du généra-liste taillable et corvéable à merci estrévolu. Les jeunes générations rechi-gnent à se déplacer au domicile despatients, à assurer des gardes ou à

affronter une salle d’attente bondée.En région Centre comme ailleurs,« la médecine générale n’a pas laplace qu’elle mérite en faculté, es-

Constatant « la maigre réussite des actions antérieurement entreprises »,le Conseil général du Loiret a voté fin 2009 neuf types d’aides en faveurdu maintien des généralistes. Son dispositif comprend : une subven-tion aux communes ayant un projet de MSP dans le cadre du Contratde plan Etat-Région 2007–2013 ; une aide à l’investissement ou aurachat d’un cabinet par une commune ; un soutien à la création demaison médicale de garde (MMG) ; une participation aux frais de trans-port de patients isolés vers une MMG ; des coups de pouce à l’instal-lation d’un professionnel de santé (équipement, local, recrutementd’un assistant de gestion…) en zone prioritaire ; des bourses d’étudeset de projet professionnel pour des étudiants en médecine de 3e cycleacceptant de s’installer pendant au moins cinq ans en zone déficitaireet de participer à la permanence des soins ; enfin des indemnités dedéplacement et d’hébergement pour les stages effectués par desinternes (3e cycle) ou des externes (2e cycle) auprès de médecins géné-ralistes installés dans le Loiret.

Le Loiret fait feu de tout bois…

portsdésespérément

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Points Chauds Santé

16 La Lettre Valloire - Septembre 2011

Nous avons invité Raphaël Rogez, président du principal syndicat des médecins libéraux (URPS-Médecins du Centre), et Jacques Laisné, directeur de l’Agence régionale de santé (ARS), à s’exprimersur les différentes solutions à la désertification médicale.

1 – LE RECOURS AUXMÉDECINS ÉTRANGERS :Dr. Rogez : Il y a eu beaucoup d’ar-ticles sur les installations, mais peusur les départs précipités. Les diffé-

rences dans la façon de pratiquerla médecine et d’aborder le

patient, le médiocre accueilqu’on leur réserve, la qua-

lité de leurs études mé-dicales, tout cela fait

que c’est une solu-tion qui ne marchepas.

Jacques Laisné :Cette solution a été décevante. Ellen’est pas généralisable, car ces méde-cins ont des problèmes d’adaptationet repartent souvent assez vite. Deplus, je tiens à m’assurer de la qua-lité de leurs diplômes.

2 - LA FIN DE LA LIBERTÉD’INSTALLATION :Dr. Rogez : C’est une mesure inap-plicable, parce que le schéma d’or-ganisation sanitaire est régional, pas

interrégional. On ne peut pas forcerdes médecins d’autres régions à s’ins-taller ici.

Jacques Laisné : C’est un choix po-litique qui appartient au gouverne-ment et au parlement. A titre per-sonnel, je crois plus aux mécanis-mes incitatifs qu’aux systèmes coer-citifs.

3 - DONNER PLUSD’IMPORTANCEAU PHARMACIEN ETÀ LA TÉLÉMÉDECINE :Dr. Rogez : On peut imaginer unedélégation de tâches dans le cadred’un travail en commun harmo-nieux avec le pharmacien. Cen’est pas toujours le cas, car mé-decins et pharmaciens n’ontpas le même langage. Oncourt le risque de troubler lemalade avec la multiplicitédes avis et discours tenus.La télémédecine, elle, peutavoir de l’intérêt à condi-tion qu’existe une cota-tion pour rémunérer lesactes à distance.

Jacques Laisné : La télé-expertised’imagerie médicale fonctionne déjà.Il faut aller plus loin avec le télédia-gnostic, qui permet au patient debénéficier d’une consultation là oùn’existe pas le spécialiste voulu. Latélémédecine suppose un contacthumain localement, grâce aux infir-mières ou aux pharmaciens, dont leréseau reste dense et représente ungisement de compétences. L’ARS varéaliser des expériences de télémé-decine en milieu pénitentiaire et enEHPAD (établissement d’héberge-

ment pour personnes âgées dépen-dantes) du Loir-et-Cher. Il ne faut pasla refuser parce qu’elle perturbe leshabitudes.

4 - MULTIPLIERLES MAISONS DE SANTÉPLURI-PROFESSIONNELLES(MSP) :Dr. Rogez : Très peu voient le jour.En 2010, il n’en existe qu’une à Avoi-ne (37) et une à Châtillon-sur-Indre(36). Les 17 projets actés représen-tent 48 généralistes sur les 2 000 de larégion et 187 professionnels de san-té ! C’est marginal. Il s’écoule une di-zaine d’années entre l’idée et la réa-lisation, à cause du problème du par-tage des informations entre interve-nants et de la diversité de leurs cadreslégaux de travail. Surtout, on met sou-vent la charrue avant les bœufs : unecollectivité décide de créer une MSPsans qu’existe préalablement, néces-sairement, un projet et une équipede santé pluridisciplinaires. Or le pro-jet, certes intéressant sur le plan de lacontinuité des soins, doit précéderles locaux…

Jacques Laisné : Je crois aux MSPparce qu’elles proposent un moded’exercice différent : 250 devraientvoir le jour en France d’ici à 2013.Chaque MSP reçoit une subventiond’investissement dans le cadre ducontrat de plan Etat-Région et uneaide de l’ARS pour le fonctionne-ment.

5 - QUELLES SOLUTIONSVOUS PARAISSENT LES PLUSEFFICACES ?Dr. Rogez : Il faut avant tout libérerdu temps de soin pour les médecins,

Regards croisés sur les remè

RAPHAËL ROGEZ,

président du syndicat des médecins libéraux

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en simplifiant et en diminuant leurscontraintes ou charges administra-tives, et faciliter leur maintien en acti-vité le plus longtemps possible pourleur permettre d’assurer le relais avecles jeunes, en favorisant le cumulemploi-retraite ou les installations tar-dives. On doit aussi régler le pro-blème de la permanence des soinsafin de laisser aux médecins libérauxle plus de temps possible pour soi-gner. Les vraies urgences, de nuitcomme de jour, ne relèvent pas ducabinet libéral, mais d’une structurehospitalière équipée. Enfin, il est es-sentiel d’éduquer les patients pourqu’ils sachent ne pas déranger le mé-decin pour rien et apprennent le bonusage de la médecine.

Jacques Laisné : Parce que le pireest devant nous et qu’il n’y aura plusjamais au moins un médecin defamille par canton, il faut mettre enœuvre tout un panel de solutions. Jecrois beaucoup aux contrats d’enga-

gement de service public, quipermettent d’accorder 1 200 €

par mois, dès la 2e annéed’études, à un étudiant quis’engage à s’installer enzone défavorisée : 15 con-trats ont été conclus dansla région pour 2010-2011.Il faut aussi sortir les mé-decins de Tours : jesoutiens le projet de1ère année de méde-cine à Orléans, car laFaculté de Toursmanque de placeset de professeurs. Il estégalement nécessaire de déve-lopper le nombre de médecins libé-raux maîtres de stages, ce qui impli-que un nouveau mode de rémuné-ration pour sortir du tout à l’acte etfinancer du temps pour l’éducationthérapeutique du patient et le tutoratde futurs médecins. Enfin, il est indis-pensable d’alléger le poids descontraintes sur les médecins et de

donner la pos-sibilité à des médecinsretraités de faire des vacations quel-ques heures par semaine dans desMSP ou ailleurs, comme le permet laloi HPST.

Propos recueillispar Jacques Huguenin

La Lettre Valloire - Septembre 2011 17

Les remèdes du Dr. de GermayA Tours, le Dr. Edouard de Germay, 33ans, exerce l’art d’Hippocrate au fildes remplacements. Ancien étudiantde la faculté de médecine de sa villenatale, ex-interne de l’hôpital de Bour-ges, la démographie médicale le préoc-cupe et il a consacré sa thèse au pro-blème du choix de la médecine géné-rale.Pour attirer des médecins dans larégion, il faut selon lui que les collec-tivités territoriales communiquentdavantage sur les attraits du Centrequ’on ne doit plus considérer comme« un trou », en dépit de l’absence demer et de montagne. Il suggère aussid’imposer deux ans et demi d’inter-nat dans une seule ville, autre queTours pour les étudiants de la fac duboulevard Tonnelé, à l’issue des six

mois obligatoires au CHU. But : facili-ter « l’ancrage local » des nouveauxmédecins. Enfin, il plaide pour uneincitation financière à l’installation

« conséquente et durable » pour lesinternes de 3e cycle, de sorte que leursrevenus soient doublés et qu’ils n’aientplus envie de déserter la région.

Seul médecin encore en exercice à Chaumont-sur-Tharonne (41), le Dr.Marie-Thérèse Jung-Chassot aura du mal à raccrocher le stéthoscope. A65 ans, elle garde intact l’amour de ce métier « que plus personne ne veutfaire à cause du stress et dumanque de reconnaissance », en dépit du tempsqu’elle lui consacre chaque jour de 8 heures à 20 heures.Ce généraliste s’apprête à partager, puis transmettre sa clientèle à uneconsœur allemande issue de la médecine humanitaire, le Dr Katja Bourne,épouse de sujet britannique et mère de trois enfants, que la commune aréussi à convaincre de s’installer au cœur de la Sologne. « Elle fera l’af-faire si on l’aide à se lancer, si on la conseille bien, si les horaires de travail nelui font pas peur et si elle ne s’imagine pas faire fortune ici, estime le DrJung-Chassot. Mais surtout, il faudra que les gens d’ici apprennent à laconnaître et l’apprécier, en sachant qu’une clientèle se forge en 35 ans ».

De l’humanitaire à la Sologne

des anti-désertification

JACQUES LAISNÉ

directeur de l’Agence Régionale de Santé (ARS)

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Points Chauds Santé

18 La Lettre Valloire - Septembre 2011

La loi Hôpital Patients Santé et Territoires votée en Juillet 2009 donneun cadre légal à la télémédecine, définie comme « une forme de pra-tique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de lacommunication ». Mais elle implique toujours l’intervention d’un méde-cin et, le cas échéant, d’autres professionnels des soins. La téléméde-cine permet en théorie d’établir un diagnostic, de surveiller l’état d’unmalade, d’assurer le suivi d’un patient à risque, de requérir un avisspécialisé, de préparer une décision thérapeutique, ou encore de pres-crire des produits, des prestations ou des actes.Le décret du 19 octobre 2010 décline la notion de télémédecine en« téléconsultation » (permettre à un médecin de donner une consultationà distance à un patient), de « télé-expertise » (solliciter à distance l’avisd’un ou de plusieurs médecins experts), « télésurveillance » (interpréter,enregistrer et transmettre à distance les données nécessaires au suivimédical d’un patient) et « téléassistance » (assister à distance un autreprofessionnel de santé au cours de la réalisation d’un acte).Elle implique des moyens financiers pour acheter les équipementssophistiqués nécessaires et rémunérer les médecins ou professionnelsde santé qui réalisent ces actes ou prestations à distance… C’est là quele bât blesse !

La télémédecine : demain, peut-être ?

time Jacques Laisné. Elle n’est pasassez valorisée par rapport auxfonctions hospitalières et aux spé-cialités médicales ».« De plus, les honoraires des géné-ralistes ont peu ou pas augmenté,et la pression des patients pour obte-nir un rendez-vous a entraîné uneaugmentation du nombre de pa-tients vus, à la fois pour répondreà leurs demandes et pour mainte-nir un niveau de revenu, complètele Dr Rogez. Mais le niveau d'acti-vité est tel qu'augmenter le nombrede patients vus risque de produireune médecine "à la chaîne", ce quiex-plique que de nombreux méde-cins refusent de prendre en chargede nouveaux patients ».Dans l’attente des effets du desser-rement du numerus clausus d’ici àdix ans, l’heure est au branle-bas decombat, avec l’expérimentation desolutions diverses et variées pourtenter de stopper l’hémorragie demédecins. Parmi les divers remè-des testés, l’importation de méde-cins étrangers semble avoir fait« pschitt », en dépit du travail ac-compli par des cabinets conseilcomme Revitalis, à Tours, qui s’étaitdonné pour mission de rechercher

et d’installer des médecins en zonerurale.Or, en avril dernier, Revitalis a dé-posé le bilan, « malgré quelque 80installations en cinq ans dans toutela France, réussies dans 85 % descas », déplore Xavier de Penfente-nyo, gérant de l’entreprise. La mé-thode proposée par Revitalis (con-ventionnement avec la commune,évaluation du candidat médecinétranger dans son pays d’origine,séjour-découverte pour celui-ci dansle pays d’accueil…) n’a pas suffipour pérenniser le concept et sup-

porter la concurrence de la recher-che directe sur le web de praticiensétrangers par certaines collectivi-tés… Faute de solutions applicablesimmédiatement, nombre de com-munes rurales, en particulier, viventdéjà sous la menace d’un drama-tique « déménagement » du terri-toire. Car un chef-lieu de cantonsans médecin est un bourg qui semeurt et ne peut assurer le main-tien à domicile de ses citoyens âgés.

Jacques Huguenin

Des étudiants en médecine à Orléans ?Répondant à une demande, l’Agence régionale de santé (ARS) et le Conseilrégional ont co-financé l’acquisition d’un immeuble destiné à loger lesquelque 80 internes qui exercent à l’hôpital d’Orléans.A l’occasion de son inauguration, fin novembre, la création d’un enseigne-ment de première année de médecine à Orléans a de nouveau été évoquée :on sait qu’aujourd’hui, les jeunes Orléanais sont obligés de partir à Tours ouà Paris pour y faire leurs études demédecine. Le directeur général de l’ARS,Jacques Laisné, s’affirme favorable au projet (lire, à ce sujet, l’interview despages 16 et 17). Son directeur de l’offre sanitaire et médico-sociale, le DrAndré Ochmann, semblait plus mesuré, soulignant que « la création d’unpremière année à Orléans n’est pas simple ; il faut réfléchir à l’ensemble du cur-sus de formation ». Quant à l’augmentation du numerus clausus d’étudiantsadmis en deuxième année (actuellement de 238 à Tours), chacun est d’ac-cord pour reconnaître qu’il faudra l’augmenter si Orléans ouvre une pre-mière année.

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Dossier Reprise d’entreprises

20 La Lettre Valloire - Septembre 2011

La transmissionsouffrira-t-elle

de la la crise ?Après un été 2011 mouvementé, sur fond de crise des finances publiques et de nouvelle dégringo-lade des valeurs boursières, les entreprises connaîtront-elles un automne apaisé ? Le passage de l’ou-ragan Standard & Poor’s sur la note des Etats-Unis aura-t-il des conséquences sur l’activité mondiale ?Chacun s’interroge et notamment les spécialistes de la transmission d’entreprises, baromètre de lasanté économique des pays développés. Une étude HSBC de mars 2011 confirmait la nette repriseen 2010 du marché du private equity, moteur des acquisitions par LBO. De leur côté, le Bodacc etAltares enregistraient un frémissement du volume des opérations de cession sur le marché françaispour la même année 2010. Cette remontée du courant ne demande qu’à se poursuivre… si lesfinanceurs veulent bien continuer à financer.

E t si la crise estivale venait remettre en cause la reprise du marché de latransmission d’entreprises ? La banque britannique HSBC se félicitait,dans une étude parue en mars dernier, du décollage des private equity,

en progression de… 143 % par rapport à 2009, certes année désastreuse.Les rachats par LBO – l’effet de levier est très souvent apporté par les privateequity – ont quant à eux, bondi de 169 % en Europe l’an passé. Décalagedans le temps pour les plus petites entreprises ou signe que le marasme estdurable en France ? L’embellie semblait beaucoup moins spectaculaire pourle Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (Bodacc) et la sociétéde renseignement commercial Altares, qui ne relevaient dans une étude ren-due publique au printemps qu’un très léger frémissement (+ 0,9 %) duvolume des opérations de cession de commerces ou d’entreprises indus-trielles entre 2009 – où il s’était effondré de 18 % – et 2010. Une épaisseur de

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trait de crayon qui succède au coupde gomme (- 18 %) enregistré en2009.Toujours selon le Bodacc et Altares,les cédants ont réussi à préserver lavaleur de leurs biens. Ainsi, le prixmoyen d’une transaction s’est éta-bli à 176 017 € en 2010, contre174 509 € en 2009 et 176 002 € en2008. Le constat réjouira les partants,mais moins les acquéreurs quiavaient pu croire que la crise allaitgénérer de bonnes affaires.Pour autant, la région Centre appa-raît quelque peu en demi-teinte dansce tableau général plutôt favorable.Le prix moyen des transactions areculé de 2,5 % en 2010, à 160 334 €,donc sensiblement en dessous de lamoyenne nationale, mais largementau-delà de la valorisation moyenneconstatée en 2008, à 154 396 €.Cette performance s’établit dans uncontexte de progression de 3,9 %,qui surperforme nettement lamoyenne nationale du nombre detransactions, mais qui ne parvienttout de même pas à revenir à la

hauteur du très bon chiffre de 2008.L’analyse régionale permet de mettreen évidence « le dynamisme écono-mique de l’Ouest de la France ».Certes, si « le leadership écono-mique de l’Ile-de-France reste in-

contestable, c’est dans le quartNord-Ouest que les valeurs d’entre-prises sont les plus fortes, exceptionfaite de l’extrême Sud-Est et del’Aquitaine ». Globalement, c’est lesecteur du commerce qui attire lesplus fortes valorisations avec un prixmoyen de cession stable (- 0,2 %) de236 352 € en 2010, devant l’indus-trie (194 840 €) en baisse de 1,2 % etles services en hausse de 1,5 %, à144 807 €. On remarquera l’effon-drement du prix moyen de cession(102 035 €) dans la construction quirecule de 9,1 %.

Un autre indicateur permet d’éva-luer l’état d’esprit des dirigeantsd’entreprises familiales. Selon l’étudedu cabinet d’audit et de conseil PwC,réalisée en collaboration avec l’as-sociation Family Business Network,

58 % des dirigeants d’entreprisesfamiliales souhaitent transmettre leflambeau à la prochaine génération.Mais la réglementation est considé-rée comme insuffisante et inadap-tée.Le marché a donc besoin d’être sti-mulé pour repartir. Et on ne peutqu’applaudir à l’initiative de la CCId’Eure-et-Loir qui s’est fortementimpliquée, comme on pourra le liredans les pages qui suivent, dans lerapprochement des cédants et descandidats acquéreurs.

FXB et JCS

““ L’ANALYSE RÉGIONALE PERMET DE METTREEN ÉVIDENCE LE DYNAMISME ÉCONOMIQUE

DE L’OUEST DE LA FRANCE

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Dossier Reprise d’entreprises

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L a transmission d’entreprisesest, depuis de nombreusesannées, au cœur des préoc-

cupations de la CCI d’Eure-et-Loir.

Dans ce département où les PMEabondent – les entreprises de 10 à250 salariés représentent près desdeux tiers des emplois ! – le départ àla retraite des dirigeants est devenuun véritable enjeu économique. Onrappellera qu’au plan national, 55 000entreprises sont transmises chaqueannée : 10 % d’entre elles sont desPME et elles représentent un peumoins de la moitié des 331 000emplois concernés par une reprise.Ne se contentant pas d’enregistrerles appels entrants, le service ad hocde la CCI a une véritable démarcheproactive. « Nous rencontrons plusde 130 repreneurs chaque année »,confirme Jean-Marie Schott, son res-ponsable. Mais la démarche va au-delà d’une simple visite de cour-toisie. Deux types de formation sontproposés aux candidats à l’entrepre-neuriat : le cercle des repreneurs lesaide, en une dizaine de matinées, àconstruire leur projet et à maîtriserles étapes de reprise, et l’école desmanagers – une des deux existant enrégion Centre avec Orléans – dis-pense 57 journées de cours sur uneannée pour que repreneurs familiauxou collaborateurs d’entreprises aientle loisir d’apprendre leur nouveaumétier.En outre, plusieurs manifestations etréunions techniques se tiennentchaque année afin de sensibiliser le

public à la reprise d’entreprises oules entrepreneurs déjà en exercice àla croissance externe.Pour proposer aux candidats repre-neurs l’entreprise idéale, il faut bienconnaître son panel de cédants. Cetété, les 222 PME du départementdont le dirigeant est âgé de plus de55 ans ont été contactées : ce recen-sement va permettre de réactualiserune cible jugée « prioritaire » et demaintenir l’excellent niveau de résul-tat de ces dernières années. Depuis2006, 190 mises en relation entre descédants et des repreneurs ont étéorganisées : dans tout juste la moi-tié des cas, le rendez-vous initial s’estsoldé par une transmission réussie.Et grâce à cela, plus de 1 800 emploisont été pérennisés.Si le départ à la retraite motive le plussouvent la démarche, il est préférablede se préparer très en amont au pas-sage de témoin. « Entre six mois etcinq ans peuvent s’écouler entre lepremier contact et le début du pro-cessus de transmission », confirmeDidier Ducrocq, chargé de missionà la CCI.Hervé Salmon, qui s’était donné troisans pour se trouver un successeur àla tête de Mécanique du Plateau, àGasville-Oisème, n’a finalement eubesoin que de six mois pour trouverl’oiseau rare, identifié grâce à la cel-lule transmission de la CCI. « Le

L’Eure-et-Loir met de l’huiledans les rouages

de la transmissionRecensement systématique des entreprises dont le dirigeant approche de l’âge de la retraite,accompagnement des futurs cédants comme des candidats repreneurs : la CCI d’Eure-et-Loir a misen place une véritable ingénierie pour faciliter la transmission des entreprises sur son territoire. Etles résultats sont probants.

Stéphane Lenain et Hervé Salmon(Mécanique du Plateau)

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déclic s’est produit dès la premièrerencontre », assure le cédant quiavait lui-même racheté la société neufans auparavant. C’est ainsi qu’aumois d’avril dernier, Stéphane Le-nain, un technico-commercial de 37ans, est devenu le patron de cetteTPE de 7 salariés installée dans unbâtiment pimpant, construit en 2008.Entre les deux hommes, dont l’unpourrait être le fils de l’autre, « uneamitié est même en train de naître ».Quand aucun repreneur familial, oucollaborateur, n’est en vue, le chefd’entreprise doit se tourner vers l’ex-térieur. Hervé Lucas a racheté le cin-treur de tubes TIMT à l’occasion dudépart à la retraite de son dirigeant.« L’idée de devenir patron est appa-rue après un bilan de compéten-ces », justifie cet ancien directeurcommercial d’une entreprise dechaudronnerie-tôlerie qui employait150 personnes au moment de sondépart. Dans ces conditions, pren-dre les rênes d’une société qui dé-passe à peine la dizaine de salariésdemande un certain travail sur soi.Mais Hervé Lucas a transformé cechallenge en atout : grâce à son expé-rience, mais aussi à un peu de bonsens, il a mis en place une organisa-tion « plus claire », aménagé des es-paces de rangement dans l’atelier deChâteauneuf-en-Thymerais et ainsilibéré des surfaces pour la produc-tion.Une reprise réussie en appelle uneautre et, deux ans après TIMT (14salariés pour 1,3 M€ de CA), HervéLucas vient de boucler le rachatd’une petite entreprise de tôlerie(5 salariés pour 0,6 M€ de CA) situéeà une vingtaine de kilomètres deChâteauneuf-en-Thymerais.Les cédants ont parfois une idée pré-cise sur l’identité de leur successeur,même quand il faut aller le chercheren dehors du cercle familial. « Ce sontles anciens propriétaires qui m’ontchoisi », assure Philippe Sandrin, re-preneur en 2004 du carrossier pourvéhicules spéciaux TIB, de Brezolles.Pour autant, il a fallu un an de négo-ciation entre les parties avant de

trouver un terrain d’entente : « L’en-treprise était chère, commente l’ac-quéreur. J’ai dû emprunter, maisquand l’entreprise est de qualité, ontrouve toujours des banques pourdébloquer des fonds. » Sept ans

après, le chiffre d’affaires de ce spé-cialiste des véhicules de secours etd’assistance (ambulances, pom-piers…) a été multiplié par trois (de3,7 M€ à 11 M€) et le moment estvenu de songer à une nouvelle trans-mission, familiale cette fois. « Danstrois ans, mes deux fils prendront lerelais », indique Philippe Sandrin.Pour assurer la continuité de cettepépite de 87 salariés, les deux

conseillers transmission de la CCId’Eure-et-Loir n’auront pas besoind’intervenir. Ils pourront se consa-crer à d’autres cédants et à d’autresrepreneurs. Selon les statistiques dela maison, 91 % des entreprises trans-

mises depuis 2006 avec leur appuisont pérennes. Un taux d’échec deseulement 9 %, à rapprocher del’étude d’Oséo sur la transmissiondes PME qui situe entre 20 et 32 %le taux d’échec sur le plan national.Un écart qui se passe de commen-taires.

François-Xavier Beuzon

”“ ENTRE SIX MOIS ET CINQ ANS PEUVENT

S’ÉCOULER ENTRE LE PREMIER CONTACT ET LEDÉBUT DU PROCESSUS DE TRANSMISSION

En 1989, Thierry Cousin quitte son employeur pour créer sa propre entreprisede mécanique de précision. Il a tout juste 30 ans et démarre tout seul, dans unlocal de 50 m2. En 2005, Absalon est devenue une belle PME qui emploie 72 per-sonnes à Ménars, près de Blois (41), et frôle les 9 M€ de CA. Elle s’est instal-lée dans une niche prospère : les prothèses et implants chirurgicaux en métal.C’est à ce moment que Thierry Cousin vend au groupe britannique Stellite.Durant trois ans, il reste salarié de son ancienne entreprise. Mais le cœur n’yest plus. Ce défricheur, qui a entamé entre-temps une formation de psycho-thérapeute, a besoin d’un nouveau challenge. C’est à Nogent-le-Rotrou (28)qu’il va se relancer en rachetant, début 2010, le fabricant de ressorts et de

pièces en fil cambré Sefard à la familleDupé.En dix-huit mois, le créateur devenurepreneur s’est fixé un objectif : toucherdes donneurs d’ordre d’un niveau supé-rieur et doper l’activité. Il s’est attachéà structurer l’entreprise en renforçantle bureau des méthodes, les servicesqualité, maintenance, mais aussi les res-sources humaines et le service com-mercial. De 50 salariés, Sefard est passéà 57 : dans trois ans, la société devraitcompter 80 collaborateurs. Les salariésn’auront pas à patienter tout ce tempspour déménager. Les travaux d’une nou-velle usine de 6 000 m2 ont débuté surla ZA de l’Aunay ; elle devrait être livréetout début 2012.

Vingt ans après, il remet ça

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Dossier Reprise d’entreprises

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C hristophe Villemain n’aime niles ronds de jambes, ni lesdîners en ville. Mais il s’affiche

aux frontons des plus beaux monu-ments. Le patrimoine et les vieillespierres, c’est sa vitrine, son fonds decommerce. Sous son acronyme his-torique ROC (pour RestaurationOrléanaise de Construction) ou sousses autres enseignes : Turbat, Fédri-go, Delestre, Pavi, Gueble, Menet,Sarpa…En juillet dernier, l’entrepreneur, ins-tallé près d’Orléans, a franchi uneétape capitale en reprenant Quélin.Cette société née en 1904, spéciali-sée dans la sauvegarde et la restau-ration du patrimoine historique,employait encore 250 personnes(pour 24 M€ de CA) au moment de

sa liquidation judiciaire, en mars der-nier. Plus de mille édifices religieux,civils ou militaires, hôtels particulierset demeures privées ont été restauréspar l’entreprise de Rueil-Malmaison(92), dont les plus récents ont pournoms – prestigieux – le Petit et leGrand Palais ou l’église Saint–Sulpice.

Avec Quélin, Christophe Villemain arepris sa vingt-quatrième entreprise :pour ce self made man qui s’est tailléune réputation dans la pierre bienfaite et la tête pleine d’idées, l’ascen-

seur social est passé par les tours descathédrales et les escaliers monu-mentaux. Apprenti à 14 ans aprèsavoir quitté le collège en cinquième,le petit tailleur de pierre, âgé aujour-d’hui de 46 ans, est désormais le pa-tron d’un groupe de 700 salariés. Unesaga entrepreneuriale dont la crois-

sance régulière impressionne : de100 000 € en 1993, son chiffre d’af-faires passe à 15 M€ en 2004 et à44 M€ en 2010… avant la reprise deQuélin qui le fait croître encore demoitié !Christophe Villemain a posé la pre-mière pierre de son groupe à l’âgede 22 ans. Avec, en poche, son CAPde maçon et de tailleur de pierre etun BTS de dessinateur en bâtiment, ilest embauché comme maçon chezGueble à Blois. Tour à tour métreur,puis conducteur de travaux, il devientdirecteur de l’agence d’Orléans à toutjuste 25 ans.En 1993, il prend son indépendance,fonde ROC et achète l’agence Guebled’Orléans. Quatre ans plus tard, ilcrée RCM à Tours avant de reprendreViquing, toujours en Indre-et-Loire.Encore quelques années et deuxentreprises de la région parisienne,Sertis et Erma, passent sous sa cou-pe : et c’est au tour de Turbat, unevieille société de l’Orléanais, puis dePavy (Sarthe) et Fonteneau (Mai-ne-et-Loire).D’Orléans à Quimper, de Caen à

Apprenti maçon et tailleur de pierre à 14 ans, Christophe Villemain est, à 46 ans et vingt-quatrereprises d’entreprises plus tard, patron d’un groupe spécialisé dans la restauration du patrimoine quicompte 700 salariés. Et, pour occuper son temps libre, ce père de quatre enfants gère un parc deloisirs et la municipalité du village tourangeau de Mosnes. Quand on a une âme de bâtisseur… “

“ RACHETER, C’EST TOUJOURS UN DÉFI,UN CHALLENGE…

DANS LE GROUPE, ON RESTE HUMAIN,C’EST UN ÉTAT D’ESPRIT

Christophe Villemain, une

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Bordeaux, de Périgueux à Paris, enpassant par Montoire, Poitiers, Nan-tes, Le Mans, Loches, Blois, Château-roux et Bourges, l’empire couvre unlarge triangle Centre-Ouest dansl’Hexagone : il est présent dans « tousles métiers du bâtiment clos cou-vert ». Christophe Villemain parcourt140 000 km chaque année au volantde sa voiture.Qu’est-ce qui fait courir ce passionnéde marathon, un de ses hobbies avecle saxophone ? Pourquoi est-il devenuce « serial repreneur » qui déploieune impressionnante panoplie desavoir-faire dans le domaine de laconstruction ? Plus seulement dansla rénovation des églises et châteaux,son métier historique, mais aussi dansles bâtiments industriels, l’aménage-ment urbain et bientôt dans l’hôtel-lerie… ? L’argent ? « Non. Je gagneraisplus en n’ayant qu’une seule entre-prise », répond-il. Les valeurs de celuiqui se définit d’abord comme unouvrier sont taillées comme lui :l’homme, le travail bien fait, la bonnegestion.Il est artisan amoureux de la belleouvrage lorsqu’il s’agit de tailler despierres ou de restaurer des vitraux :« Un mélange d’esprit, de matière,de culture et d’action. Sculpteur, tail-leur de pierre, ce sont des métierstellement spécifiques ; les compa-gnons qui les exercent ont de l’ordans les mains. Comment pourrait-on les laisser ne rien faire ? ».Car Christophe Villemain redevientpatron lorsqu’il dénonce les incerti-tudes qui planent sur la restaurationdu patrimoine… jusqu’à en quitterson habituelle réserve : « Nousn’avons aucune visibilité », s’agace-t-il en évoquant ces marchés soumisau régime sec par les grands don-neurs d’ordre que sont l’Etat et lescollectivités locales. Pour le groupe, lacommande publique représente10 M€ en année pleine. Le plan derelance, avec les quelque 5 ou 6 M€

injectés pour toiletterles cathédrales, a toutjuste permis de main-tenir le marché dupatrimoine à un ni-veau acceptable.L’avenir serait-il aumécénat, comme àVersailles ? « Si lestouristes viennent sinombreux en Fran-ce, c’est pour visiternotre patrimoine, alors il faut le pré-server », plaide ce professionnel exi-geant qui fait le triste constat que« les cathédrales se détériorent plusvite qu’elles ne sont réhabilitées. »En région Centre, heureusement,l’Etat a pris les choses en main et ladirection régionale des affaires cul-turelles (Drac) a lancé un appel aumécénat pour financer le « plan ca-thédrales » (lire à la page suivante).En ce moment, ROC travaille à la res-tauration de la façade sud de la cathé-drale Sainte-Croix d’Orléans. A Tours,le groupe va bientôt s’attaquer à lacharpente et à la couverture… de lacathédrale Saint-Gatien.Dans un contexte aussi tendu, pour-quoi reprendre encore une entreprisecomme Quélin ? « J’adore rebâtir

une entreprise en difficulté », dit cebosseur, sur la brèche de 7 h à 21 h.Exemple : Sarpa, d’Angers, rachetéeen 2007 avec 20 salariés ; elle encompte 40. « Je n’ai pas hérité… Ra-cheter, c’est toujours un défi, unchallenge… Certaines fois, ce sontles salariés comme chez Gouffault(maître-verrier orléanais) qui vien-nent me chercher. Dans le groupe,on reste humain, c’est un état d’es-prit. »L’ancien tailleur de pierre aime gérerau carré : les quinze salariés de sa hol-ding orléanaise supervisent la paye,la comptabilité et la gestion des socié-tés du groupe. Le bâtisseur aime s’ap-puyer sur des fondations solides com-me le ROC.

Christian Bidault

Le parc de loisirs Fantasy Forest (50 000 visiteurs) devrait équilibrer ses comptesen 2011. C’est la petite fantaisie de Christophe Villemain. Alors conseiller muni-cipal de Mosnes (37), son village d’origine, il l’a créé en 2002 sur un terrain ra-cheté à l’Etat. Parcours dans les arbres, paintball, canoë sur la Loire, ce conceptloisirs nature à deux coups de rame de Chaumont-sur-Loire va encore se déve-lopper à la prochaine saison avec des sports de glisse.Jouxtant le parc, Christophe Villemain a rénové au cœur de sa commune lepetit château des Thômeaux, transformé en hôtel trois étoiles. Des chambres quifont le tour du monde, décorées dans les styles de 25 pays, de Bali à Madras, deSantiago à Shanghai, le domaine des Thômeaux bénéficie maintenant d’un spaet d’une bonne table et accueille surtout des séminaires. Et sans doute parce qu’ilrestait quelques trous dans son emploi du temps, en 2008, Christophe Villemains’est fait élire maire de son village de Mosnes. Le challenge lui a plu : c’était lacommune la plus endettée d’Indre-et-Loire. Beau chantier de rénovation !

Les petites fantaisies de l’entrepreneur

L'entreprise ROCrénove actuellement

la cathédraleSainte-Croix

d'Orléans.

âme de bâtisseur

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D es dessins répétitifs figurantl’écorce du bouleau plaquéssur la cathédrale d’Orléans,

des motifs floraux asiatiques s’épa-nouissant sur celle de Bourges et desenluminures médiévales constellantla façade de la cathédrale de Chartres,telle est la vision insolite qui devraits’offrir au regard des habitants de larégion Centre en cette fin d’année2011. Qui devrait… si toutefois lagrâce du mécénat touche ces hautslieux de spiritualité dont le rayonne-ment dépasse largement les frontièresrégionales.Car ce projet ne pourra prendre corps

que si des entre-prises mécènesacceptent d’y as-socier leur nomet d’y consa-crerdes fonds.Le budget està la hauteurdes plushautesflèchesd e st ro i s

cathédrales : 60 000€, soit 20 000€parmonument. Il est vrai que lesmécènesbénéficieront de contreparties sanscommune mesure avec celles d’unecampagne publicitaire dans les abri-bus. D’abord et avant tout, le prestige

d’attacher leur marque à des créationsartistiques monumentales ornant dehauts lieux du patrimoine architectu-ral national, voire planétaire, puisquedeux des trois cathédrales, Bourgeset Chartres, sont inscrites au patri-moine mondial de l’Unesco. Ensuite,et non moins accessoirement, le faitde bénéficier d’une réduction d’im-pôts équivalente à 60 % des sommesengagées (voir encadré).A l’origine de ce projet grandiose, lesintérêts croisés de la direction régio-nale des affaires culturelles (Drac) etdu centre de création contemporaine(CCC) de Tours. Côté Drac, il s’agitde donner plus d’ampleur et de visi-bilité au colossal « plan cathédrales »de la région Centre initié dans la mou-vance du plan de relance de 2009 etqui vise à accélérer la restauration descathédrales de Tours, Orléans, Blois,Chartres et Bourges. Un programme

dont le budget prévisionnel est àl’échelle des monuments : 42 M€

jusqu’en 2014.Pour le CCC, l’objectif est avant toutde faire entrer l’art contemporaindans l’espace urbain en utilisant les

cathédrales comme des toiles géantes.Le CCC a sélectionné les artistes enleur demandant de travailler sur lethème du motif pour trois des cinqcathédrales. C’est ainsi que MichelFrançois a choisi le bouleau pourOrléans, Michael Lin les fleurs asia-tiques pour Bourges et Nalimi Malaniles dessins médiévaux pour Chartres.Fort à propos, le projet artistique s’in-titule « Cent motifs apparents » carson principe repose sur la répétitiond’un même élément visuel. Uneagence spécialisée, « l’Art en direct »,a été mandatée pour recruter desmécènes. Des contacts sont en coursmais les temps ne sont guère favora-bles à la générosité entrepreneurialed’autant que rien ne garantit que lesbienheureux donateurs bénéficierontd’indulgences plénières. L’Egliseserait-elle moins magnanime quel’Etat ? BrunoVilleneuve

Pour épauler l’ambitieux « plan cathédrales » en région Centre, la direction régionale des affaires cul-turelles lance un appel au mécénat d’entreprise. Les donateurs pourront associer leur nom auxcréations d’artistes contemporains sur des bâches monumentales.

L’art moderne et le mécénatau secours des cathédrales “

“ CE PROJET NE POURRA PRENDRE CORPSQUE SI DES ENTREPRISES MÉCÈNES

ACCEPTENT D’Y CONSACRER DES FONDS

En vertu de la loi du 1er août 2003, les entreprises mécènes bénéficientd’une réduction d’impôt de 60 % de leur don effectué en numéraire, encompétence ou en nature, dans la limite de 0,5 % du CA HT. En cas dedépassement de ce plafond, l’excédent peut être reporté sur les cinq exer-cices suivants. Les contreparties en terme de communication sont admisesà hauteur de 25 % du montant du don, sans plafonnement.

60 % de réduction d’impôt

La cathédraleSainte-Croix d’Orléanssera décorée par desdessins figurantl’écorce de bouleau.

Dossier

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La CCI Touraine multiplie les initiatives pour animer la douzainede communautés Ecobiz qui réunissent 2 500 entreprises dudépartement.

SERGE BABARY, PRÉSIDENT CCI TOURAINE

LES RENDEZ-VOUS

Les communautés d’entreprises peuvent désormais échanger lors de Net-working organisés par la CCI Touraine. Pouvez-vous nous en décrire le fonc-tionnement ?SERGE BABARY : Ce sont des rendez-vous très rapides où les entreprisesfont connaissance et échangent leurs contacts par groupes de sept ouhuit. Quand chaque membre s’est présenté aux autres, on change lacomposition des groupes. A l’issue de la réunion, qui dure environune heure et demie, chaque participant se sera présenté à unebonne cinquantaine d’entreprises différentes.

Et les conventions d’affaires ?SERGE BABARY : Cette fois, les participants, sur une liste d’en-treprises présentes, choisissent celles avec lesquelles ils veulentprendre rendez-vous : ceux-ci durent, en moyenne, une vingtainede minutes. Là aussi, dans une après-midi, on peut rencontrersept, huit ou dix entreprises en approfondissant les contacts.Pour la quatrième année consécutive, nous organisons uneconvention d’affaires interrégionale, le 17 novembre prochain àl’Espace Malraux de Joué-lès-Tours.

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E n dépit d’un contexte de mar-ché délicat, le fabricant tou-rangeau d’incubateurs néona-

taux Mediprema (65 salariés, 10,5 M€

de CA) vient de réaliser une opéra-tion majeure de croissance externe.Sa holding de tête Malpelo s’estemparée du belge Beldico, posi-tionné sur deux marchés : la concep-tion et la fabrication d’équipementsde nursing (biberons à usage unique,kits de nutrition parentérale) et la dis-tribution sur les marchés du Bénéluxde consommables de laboratoires(pipettes, tubes). Beldico emploie150 salariés et réalise un CA de26 M€ : son siège est à Bruxelles etla société exploite une unité de5 500 m2 à Marche-en-Famenne.Ce rachat, qui consacre une démar-che engagée depuis plusieurs annéeset l’examen de nombreux projetsd’acquisition restés lettre mortejusqu’à la trêve estivale, permet augroupe « d’intégrer un modèle d’af-faires complémentaire », estime EricMenanteau, le pdg de Mediprema.Si ce dernier, qu’il a repris en 2005,répond plutôt aux standards desentreprises innovantes – avec une cel-lule de R&D de 11 collaborateurs –et des séries limitées, le belge se situedavantage dans la catégorie des pro-ducteurs de gros volumes. L’acqui-sition ne permettra pas, à priori, dedégager des synergies commerciales– les cycles de ventes et les interlo-cuteurs ne se recoupant pas – mais« elle doit nous permettre d’attein-dre une taille critique qui nous fai-sait défaut jusqu’alors, notammentvis-à-vis de nos distributeurs àl’étranger ».Prudent, Eric Menanteau n’a pas sou-

haité solliciter les ressources finan-cières de Mediprema, déjà affaibliespar une conjoncture maussade. C’estdonc la holding Malpelo, renforcéepar une augmentation de capital, quia été sollicitée pour cette opération.

A l’occasion, de nouveaux investis-seurs – Carvest (groupe Crédit Agri-cole), IPO (CIC) et Naxicap (groupeBPCE) – ont rejoint les actionnaireshistoriques (Alliance Entreprise),diluant au passage la participationd’Eric Menanteau qui reste cepen-dant « l’actionnaire de référence ».Le dirigeant va devoir s’atteler audéveloppement de Beldico tout enassurant le redressement de Medi-prema. « Indiscutablement, nousallons faire en 2011 l’une de nos plusmauvaises années »,prévient Eric Menan-teau. L’entreprise, quia réussi depuis 2005à hausser ses ventesde 7 M€ à 12,5 M€,aura sans doute dumal à atteindre les10 M€ sur l’exerciceen cours. « Nous som-mes touchés de pleinfouet par la crisefinancière et les dif-ficultés des régimessociaux », analysesereinement le prési-dent de Mediprema.Les services hospita-

liers – qui constituent naturellementles principaux clients du fabricant tou-rangeau – sont priés de réaliser deséconomies sur le dos de leurs four-nisseurs.« Les appels d’offres sont plus rares

et la bataille sur les prix est féroce,poursuit-il. Et nous n’avons pas lesmêmes capacités de lobbying quecertains de nos grands concurrentstels que General Electric », déplorel’entrepreneur. Celui-ci garde à cetégard en travers de la gorge l’échecessuyé récemment au Kazakhstan quia vu les responsables lo-caux retenir un autrecompétiteur « alorsque notre proposi-tion était vraisem-

Mediprema accouche d’un raLe fabricant tourangeau d’incubateurs néonataux et d’accessoires de radiologie racheté par EricMenanteau en 2005 vient de prendre le contrôle du belge Beldico, spécialisé dans les équipe-ments de nursing et les consommables de laboratoire. Une opération menée dans un contexte debaisse des marchés hospitaliers et de guerre des prix. “

“ CETTE ACQUISITION DOIT NOUS PERMETTRED’ATTEINDRE UNE TAILLE CRITIQUE

QUI NOUS FAISAIT DÉFAUT

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blablement la mieux-disante ». Autreillustration de ce contexte miné, lasociété tourangelle n’a pu récemmentfaire valoir ses atouts lors d’un appeld’offres organisé par l’Unesco enAlbanie. « Tout simplement parce queles prix pratiqués ne couvraient pasnos coûts de revient », estime-t-il.Pour passer ce mauvais cap, Medi-prema n’a d’autre choix « que de fai-re le gros dos, presser les coûts etsurtout ne rien lâcher sur le frontde l’innovation. Sinon, nous seronsvite dépassés ». Ainsi, en dépit de lafonte du carnet de commandes(près de 30 %) et d’une visibilité ré-duite, le dirigeant va continuer d’af-fecter près de 15 % de la facturationà la R&D. « Nos efforts vont payer »,affirme-t-il. Lors du prochain salonMedica, un rendez-vous mondial trèsattendu par tous les équipementiers

et les spécialistes du dispositif médi-cal, le tourangeau devrait dévoilerdeux nouveaux produits « qui ferontsans doute sensation ». Eric Menan-teau, qui va désormais passer sontemps entre la France et la Belgique,

ne souhaite pas s’engager sur uncalendrier de retour à mauvaise for-tune : « L’année 2012 devrait êtredans les mêmes eaux, on verrapour 2013… ».

Jean-Christophe Savattier

chat dans la douleur

Pour s’imposer sur un marché dominé par des gros opérateurs, les dirigeants deMediprema n’ont pas d’autre choix que de déployer des trésors d’imagination lorsdes phases de conception des machines. « Mais il ne s’agit pas seulement de fairevaloir des ruptures technologiques radicales, juge Eric Menanteau. Nous travaillonsaussi beaucoup sur l’ergonomie avec les utilisateurs (infirmières, sages-femmes,pédiatres). Nous avons aussi beaucoup progressé sur la qualité des matériaux quidoivent aussi, y compris sur le plan sensoriel, donner une impression de confort et dequalité ». Les équipes de Mediprema doivent également faire progresser le look etle design des machines. Il ne s’agit pas encore de faire appel à des designersautomobiles, mais qui sait…

L’innovation, planche de salut de Mediprema

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A près dix-huit ans passéschez Orléans Viandes,Pierre-Yves Bourgeois

apprend courant 2007 le projet defusion du groupe coopératif Sicavyl,qui détient l’usine de découpe orléa-naise, avec son homologue Sicarev.« A ce jeu du rapprochement, mafonction de directeur général étaitsupprimée et je serais devenu unsimple directeur de production dusite de Fleury-lès-Aubrais », recon-naît Pierre-Yves Bourgeois.Il prend alors la décision, à 46 ans,de devenir son propre patron. Ilécarte, d’emblée, une reprise d’en-treprise dans l’agroalimentaire :« C’est un métier très capitalistiqueavec des rentabilités faibles. Je savaisque ce serait difficile de trouver unebonne cible et j’avais envie de chan-

ger d’air tout en restant dans le mi-lieu industriel ».Cet Orléanais « pur jus » fixe commesecond critère le lieu d’implantation, àdistance raisonnable de la capitalerégionale, et une taille d’entreprisequi corresponde à ses possibilitésfinancières. Le secteur d’activité n’aque peu d’importance. Il va sélec-tionner sur un site internet spécialisél’annonce de la cession de l’entrepriseSomava-Ercomes, un chaudronnier dePuiseaux, au nord du Loiret, quiemploie une petite vingtaine de sala-riés pour 1,5 M€ de CA et un résultatbénéficiaire.Le contact avec le cédant, JacquesMalé, est noué en février 2008. « Monprédécesseur avait 64 ans et personneà qui transmettre l’entreprise dansson entourage immédiat », raconte

Pierre-Yves Bourgeois. La cible est unacteur reconnu dans la conception etla fabrication de moules métalliquespour des ouvrages en béton. Et sesclients sont prestigieux : de grandsgroupes du BTP qui utilisent lesmoules Somava pour un seul chantier,et des industriels importants, commeBonna Sabla ou Stradal, qui produi-sent en série des éléments en bétonpour diverses applications (conduites,mobilier urbain, génie civil…).Vendeur et acheteur s’entendent assezvite et un compromis est signé aumois de juillet. Le 30 septembre 2008,Pierre-Yves Bourgeois devient le pa-tron de Somava. Mais le rêve est decourte durée. Quinze jours aupara-vant, Lehmann Brothers a fait failliteet la crise progresse à la vitesse d’uncheval au galop. A la Toussaint, unepartie du carnet de commandes s’estévanoui. A tel point que lorsqu’il pré-sente son dossier de demande de prêtd’honneur devant le jury du RéseauEntreprendre Val de Loire, courantnovembre, le business plan du nou-veau patron n’est plus du tout d’ac-tualité. « Sur les six premiers mois,j’ai perdu 50 % d’activité », se sou-vient-il.C’est là que les qualités du gestion-naire, aguerri par des années de direc-tion d’entreprise, vont se révéler uti-les. Première mesure : la fermetured’un petit atelier de Somava, situé àMontluçon (03), qui n’emploie plusque quatre ou cinq personnes. Secon-de mesure : une action commercialevolontariste. « J’ai démarché moi-même des prospects en m’appuyant

Pierre-Yves Bourgeois a repris le chaudronnier Somava-Ercomes à l’automne 2008, au plus fort dela crise. Pas découragé, il a signé l’acquisition de la société montargoise Mecazoil au mois de juil-let. Et il n’a pas envie de s’arrêter en si bon chemin.

Dossier Reprise d’entreprises

Pierre-Yves Bourgeois

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Somava,une reprise dans la tempête

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Christian Defaut

sur notre savoir-faire et l’image del’entreprise auprès de ses clients »,indique Pierre-Yves Bourgeois.L’essentiel est sauvé : à la fin du pre-mier exercice, le 30 septembre 2009, leCA est tombé à 1,35 M€mais les per-tes sont limitées à 80 000€. Un moin-dre mal. Entre-temps, Pierre-YvesBourgeois a obtenu du RéseauEntreprendre Val de Loire un prêtd’honneur de 40 000 €, remboursa-ble sur cinq ans avec un différé de dix-huit mois.Le bout du tunnel est proche. Les pre-miers signes d’amélioration se fontsentir à la fin 2009. En 2010, la ten-dance se poursuit et Somava-Ercomestermine l’exercice avec un léger béné-fice. Le propre de l’entrepreneur estd’oublier vite les difficultés et Pierre-Yves Bourgeois se met dès lors enchasse d’une deuxième acquisition,avec les mêmes critères de taille et deproximité géographique mais ciblant,cette fois, le travail des métaux.Mecazoil (16 salariés), une entreprise

d’usinage de pièces mécaniques ins-tallée à Châlette-sur-Loing est identifiéeau début de cette année 2011. Pierre-Yves Bourgeois entre en contact avecles cédants, la famille Girerd (Touten-kamion) et leur conseil Jean-MarcRaza, du cabinet JCG Entreprises. L’af-faire se conclut assez vite et la venteest signée le 1er juillet dernier. Unevente partielle puisque Toutenkamionreste actionnaire à 49 % pour trois ans,la holding du repreneur rachetant lesolde. Pierre-Yves Bourgeois imaginedéjà la suite : « Racheter d’autres so-ciétés du secteur mécanique qui per-mettront de mutualiser certaines

fonctions. Je compte embaucher rapi-dement un responsable qualité chezMecazoil pour être certifié Iso 9001d’ici à un an. Mais ce responsablequalité pourra intervenir aussi chezSocama ». Les difficultés de la pre-mière reprise sont désormais derrièrelui et ce repreneur opiniâtre a encorede l’appétit. « Je suis prêt pour d’au-tres acquisitions », assure-t-il, pas dutout découragé par la tempête de l’au-tomne 2008. François-Xavier Beuzon

Le Réseau Entreprendre Val de Loire réunit des chefs d’entreprises qui se sont donnépour mission d’aider des créateurs et des repreneurs d’entreprises en leur accordantconseils et soutiens financiers sous forme de prêts d’honneur : Pierre-Yves Bourgeoisen a été le lauréat en 2009.Présidé par Marie-Noëlle Amiot et hébergé chez Thiolat, 5 rue Roger-Dion à Blois, leRéseau EVdL est dirigé par Bénédicte Loustalot (02 54 74 02 10).

Pour aider les nouveaux entrepreneurs

Lemoule Somavapour galerie technique

(à gauche) avec lapièce en béton qui

en est issue.

Dossier Reprise d’entreprises

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I nstallé dans 250 m2 de bureauxsur la ZI Sud de Vendôme (41), lebureau d'études Idealex conçoit

des équipements de radioprotection.« Nous accompagnons tous les tra-vailleurs du nucléaire dans leurquotidien », définit Christian Defaut,62 ans, fondateur en 1995 de cetteentreprise qu'il cherche aujourd’hui àcéder.De la paire de gants à l'aspirateurnucléarisé, de la paroi en plomb auxfiltres à air en inox, une trentaine deproduits figurent au catalogue. « Trèspeu d'entre eux sont standardisés,puisque le milieu nucléaire ne l'estpas. Les émissions radioactives nesont jamais identiques d'un site àl'autre. Il faut donc adapter chaqueréférence à chaque commande »,précise-t-il. Ce qui requiert une gran-de souplesse d'esprit et une capacitéd’adaptation.Pour ne pas alourdir son fonctionne-ment, Christian Defaut a misé sur uneorganisation allégée. L'entreprise ne

compte que trois collaborateurs : uneà l'administration, une autre au tech-nico-commercial et un troisième àl'assemblage final. Un organigrammefiliforme qui tranche avec le poids deses clients, les leaders mondiaux del'énergie nucléaire : EDF, Bouygues,

Areva et le Commissariat à l'EnergieAtomique (CEA) passent commandeauprès du bureau d'études vendô-mois, suivis d’une kyrielle de sous-traitants intervenants dans l'entretienet le démantèlement des centrales enFrance, mais aussi en Belgique, auxEmirats Arabes-Unis, au Canada...Faute d'ingénieurs commerciaux àdisposition, Christian Defaut n'a paspu démarcher en Allemagne, enGrande-Bretagne ou aux Etats-Unis,les autres grands terrains de jeu dunucléaire.« Depuis trois ans, nous avons en-tamé une diversification vers les mé-tiers de la santé en fournissant descabinets de radiologie et de cancé-rologie. Cela représente 10 % de no-tre CA. Ce secteur de l'équipementmédical reste très concurrentiel »,ajoute Christian Defaut.Pour satisfaire ses donneurs d'ordremalgré cette structure light, Idealexs'appuie sur une quarantaine de sous-traitants.Les tabliers et les parois de plombviennent de Marseille et d'Allemagne,

les moteurs électriques d'Italie, latôlerie fine et les découpes au lasersont l'œuvre des PME vendômoiseTCD Laser et Dargaisse ou du castel-renaudais Duchesne, les pièces enpolymère proviennent de Plastiques2005, de Savigné-sur-Lathan (37)... Et

toute la conception assistée par ordi-nateur de ces produits si particuliersest confiée à un atelier indépendant àVendôme. « Je vais peut-être intégrercette fonction à l'entreprise », envi-sage toutefois Christian Defaut.A 62 ans, l'ingénieur chimiste, arrivédans le nucléaire dès son embaucheà La Calhène, en 1973, songe à céderson affaire. Les finances sont saines :70 000 € d’EBE pour un CA de1,3 M€ en 2010. « Nous serons dansles mêmes eaux cette année », pré-dit le dirigeant. Un grand équipe-mentier nucléaire français a déjàsondé Christian Defaut. Sans donnersuite pour l'instant. Comme les deuxfils de l'entrepreneur vendômois sontcasés à Paris, dans l'informatique,Christian Defaut a mis son destindans les mains du cabinet spécialiséJCG Entreprises. Il s'est donné troisans pour transmettre les rênes. « Toutreste possible, dit le cédant. Je pour-rais, par exemple, conserver unefonction commerciale, voire resteractionnaire. »

Stéphane Frachet

Le fondateur du spécialiste vendômois des équipements de radioprotection, fort de son porte-feuille de clients prestigieux et de finances saines, envisage de transmettre son entreprise dansles trois ans à venir.

”“ LES ÉMISSIONS RADIOACTIVES NE SONT

JAMAIS IDENTIQUES D'UN SITE À L'AUTRE.IL FAUT DONC ADAPTER CHAQUE RÉFÉRENCE

À CHAQUE COMMANDE

Idealex se donnetrois ans pour céder

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Dossier Reprise d’entreprises

Clen, une histoire de familleBien avant son décès au mois de juin, Claude Catelas, l'emblématique fondateur de Clen, avaitpréparé sa sortie. Dès 2004, l'ancien consultant en organisation, devenu industriel spécialisé dansl’aménagement du bureau, avait transmis le témoin à ses deux fils Stéphane et Xavier.

D éçu du sort réservé à Clenpar les investisseurs bour-siers, Claude Catelas, son fon-

dateur décédé le 29 juin dernier, avaitfini par se retirer de la cote pari-sienne. « Nous étions au tournantdes années 2000, à l'ère de la bulleInternet, se souvient Nicolas Ollivier,directeur financier de cette PMI deSt-Benoît-la-Forêt, près de Chinon(37). Je me souviens d'un salon d'in-vestisseurs au cours duquel desstart-up qui ne produisaient rien,ne vendaient rien, ne possédaientrien, levaient des centaines de mil-liers d'euros. Et nous, nous regar-dions ce spectacle, incrédules. Notrecours n'a jamais décollé ! »

La faible valorisation boursièrede Clen a fini de convain-cre Claude Catelas qu’il fal-lait opter pour une trans-mission familiale. Dès lors,Clen a racheté les titres

éparpillés dans le pu-blic. Sur un « flot-tant » initial de25 %, il reste en-core 4 % sur lemarché. « Despetits porteursont cru ennous. On leschouchoute.Nous avonsencore un fi-dèle qui nousrend visitechaque an-née lors del ' a s s emb l é e

générale, souritXavier Catelas, le filscadet devenu pdg.Maisavec 96 % des actionsdétenues par la famille

et un pacte d'actionnaires, noussommes tranquilles. »En 1999, Claude Catelas crée unesociété à directoire et conseil de sur-veillance dont il confie les comman-des à son épouse, Anne-Marie, épau-lée par ses deux fils, Stéphane, l’aîné,

qui devient directeur technique, etXavier, directeur général. C'est cettesociété qui va accompagner la tran-sition jusqu'en 2004, date de la consti-tution d'une holding, la FinancièreClen, qui englobe tous les actifs ettoute la famille. « Il a su s'effacer, touten gardant un œil sur la société »,indique Xavier Catelas.Ce passage de témoin interne étaitloin d'être gagné d'avance. « ClaudeCatelas gardait un souvenir crueldes transmissions familiales ratées. Ilen avait connu plusieurs lorsqu'ilétait consultant. Il voulait que sesenfants soient à la hauteur », seremémore Nicolas Ollivier. « Monpère nous a mis à l'épreuve. Monfrère et moi sommes d'abord alléstravailler chez d'autres avant d'in-tégrer la société. Il a fallu gagner saconfiance », insiste Xavier Catelas, 48ans bientôt, qui dirige aujourd'hui len°5 français du mobilier debureau.Après le retrait de labourse, vient le choixde la relève. « C'était en2004, il nous a laissésnous réunir tous les trois,mon frère Stéphane, ledirecteur financier Nicolas

Ollivier et moi. Sans intervenir, serappelle Xavier Catelas. On s'est juréde tout faire pour relever le défi. »Mis en confiance par le trio, Claude etAnne-Marie Catelas prennent leursdistances progressivement, jusqu'àcéder leurs dernières parts en 2010.

Tout en résidant dans le Var, ClaudeCatelas restait connecté à l'entreprisechinonaise. « Mon frère Stéphane luiavait installé une application inter-net sur son smartphone, de telle sortequ'il suivait quotidiennement l’évo-lution du chiffre d'affaires, les com-mandes, les achats... ».Les enfants et l'épouse de Claude Ca-telas viennent de simplifier la struc-ture. La société à directoire et conseilde surveillance devient une sociétéanonyme à conseil d'administration :Nicolas Ollivier, l'homme de con-fiance, entré dans la société en 1988dès la fin de ses études à la fac dedroit-économie de Tours, a été intro-

nisé dans le

”“ MON PÈRE NOUS A MIS À L'ÉPREUVE.

MON FRÈRE ET MOI SOMMES D'ABORD ALLÉSTRAVAILLER CHEZ D'AUTRES

AVANT D'INTÉGRER LA SOCIÉTÉ

Xavier Catelas, le filscadet devenu présidentde la société Clen.

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La Lettre Valloire - Septembre 2011 35

cénacle des administrateurs. Et lesdeux frères, aux manettes depuis prèsde dix ans, affichent un bilan trèsfavorable. La société n'a quasimentpas de dettes, à peine 3,5 M€, soitseulement 20 % de ses fonds propres.Des dettes en partie générées parl’acquisition en 2008 d’un logisticienfrancilien, Collégien, et la prise departicipation à hauteur de 49 % aucapital d'un fabricant de mobiliermétallique, Mobimetal.Clen emploie aujourd'hui quelque220 salariés. Les bureaux et leurs ac-cessoires sont fabriqués à St-Benoît-la-Forêt et à Roëze-sur-Sarthe, près du

Mans, et les armoires en acier àLevroux (36). L'ensemble avoisine les35 M€ de CA depuis plusieurs an-nées. Chaque action du groupe Clenvaut 5,5 € aujourd'hui et le dividende

versé aux actionnaires approche les10 %. Un rendement annuel qu'ap-précieraient beaucoup d'investisseursde sociétés cotées.

Stéphane Frachet

Claude Catelas, un gentleman visionnaire

Clen est un spécialistede l’aménagement

de bureau.

« Il connaissait chaque employé, chaque prénom. Il pre-nait soin de nous », raconte une opératrice, en postedepuis une vingtaine d'années. « Il inspirait confiance »,relate une autre. «Mon père nous a transmis des valeursd'éthique, de confiance en l'avenir, de respect de la paroledonnée », résume Xavier Catelas, son fils, qui lui a suc-cédé à la tête de l'entreprise en 2004.De la force de caractère, Claude Catelas en a fait mon-tre. Né en 1929, il perd son père, malade, dès le débutde la guerre. A la fin du conflit mondial, il a quinze anset doit concilier études et travail pour aider samère. Ilentre au bas de l'échelle au service achats de la ban-que d'Indochine (devenue Indosuez). Direction le Congo,où il se frotte au monde des affaires et, déjà, à l'in-dustrie, son dada. En Afrique, il rencontre sonmentor,Claude Duval, un financier hors normes, qui est aussipassionné d'organisation du travail.A 27 ans, sous son influence, l'employé de banquedécroche un diplôme d'ingénieur Arts et Métiers, touten intégrant une star de l'époque, Singer, le fabricantdemachines à coudre. La France s'équipe à tout-va, letextile est en plein boom, Claude Catelas planche surles lignes de production des filatures. Il publie mêmeun traité sur l'environnement du poste de travail.Puis il va fonder un cabinet de consultant. Il a trente

ans et semarie à Anne-Marie, dont il aura trois enfants(Stéphane, Xavier et Catherine). En 1963, jamais à courtd'idées, Claude Catelas crée une petite usine en déve-loppant une observation simple : un rangement facileà ouvrir, adapté à la taille des documents, identifiableen un clin d'œil. Le tiroir Clen est lancé, la successstory démarre.Cinq ans plus tard, l'entreprise est à l'étroit. L'armée,qui cherche à recycler les bases de l'Otan, lui proposele site de St-Benoît-la-Forêt. La famille et l'entreprisequittent la capitale pour le Chinonais. Son fait d'armes,Claude Catelas l’accomplit en 1983. Face à une dizainede projets concurrents, Clen décroche la récompensesuprême d'un concours de design de mobilier lancépar Jack Lang, alors ministre de la Culture. A la clé, lamodernisation des milliers de bureaux de l'adminis-tration française. La petite PME chinonaise partagele prix avec le géant américain du secteur, Strafor-Steelcase.L'industriel entre en bourse pour accompagner sondéveloppement. Mais le milieu financier le décevra :l'action ne décolle pas, malgré les bons résultats. Alorsque l'entreprise est courtisée, Claude Catelas transmetles commandes à ses fils, son dernier pari... Réussi.

Il aurait fallu pousser les murs en tuffeau de l'église tourangelle d'Avon-les-Roches lors des obsèques deClaude Catelas, le 5 juillet dernier. « Il en aurait été gêné, tellement il était pudique », dit un proche. Outre la familleet les amis, le dernier hommage au fondateur de Clen a attiré plusieurs centaines de personnes.

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N e dites pas à Jean-Jacques Mulleris qu’il préside une entreprise de signalétique

commerciale. Il vous répondra que Merim Services, créée il y a onze ans et installée sur la ZI de St-Gaultier (36), est bien davantage « une société spécia-lisée dans la gestion de projets ». Intégrateur de métiers et de savoir-faire divers, du pliage de tôle jusqu’à l’élec-tronique, en passant par la soudure, la découpe au jet d’eau et l’injection plastique, Merim Services connaît une croissance spectaculaire ; elle est parvenue à se positionner comme sous-traitant de premier rang vis-à-vis de grands donneurs d’ordre de la PLV, du mobilier urbain, de l’affichage dy-namique et interactif et globalement de la signalétique commerciale, qui constituent ses principaux marchés.« Nous avons aussi développé une activité connexe : la gestion et la fabrication d’équipements dédiés à la gestion des huiles alimentaires usagées ; elle participe aussi à notre réputation et à notre croissance » ex-plique Jean-Jacques Mulleris. Cette volonté aboutie de proposer des solutions complexes et intégrées à ses clients – qui a, par exemple, conduit

Merim grossitavec McDo

A St-Gaultier (36), le concepteur de solutions de PLV et de signalétique commerciale prospère grâce à un important contrat signé avec le leader mondial de la restauration rapide.

Merim Services à se doter de capacités de télémaintenance – et surtout de proposer des solutions de déploiement multisites ne pouvait que séduire de grandes enseignes internationales de la restauration rapide. C’est ainsi que le développement ultra-rapide de Merim Services – qui emploie aujourd’hui 80 salariés pour un CA de 16 M€ – doit beau-coup à l’important contrat signé avec McDonald’s. « Nous avons été retenus pour fournir une partie du mobilier et la PLV dans le cadre de leur vaste programme de renouvellement des points de vente intérieurs et des aires de livraison McDrive ».Près de 4 000 restaurants en Europe vont faire l’objet de cette opération. Certes, Merim Services n’entend pas obtenir l’intégralité de cette méga commande mais la part qui semble lui être attribuée suffit à son bonheur. « Ce contrat majeur nous amène à intervenir au-delà des frontières hexa-gonales et double chaque année le CA à l’export (environ 5 M€) », se réjouit le pdg qui, « raisonnablement », estime que le CA de Merim Services devrait avoisiner les 18 M€ d’ici à deux ou trois ans. Naturellement, le géant américain a été séduit par les qualités de flexibilité et de réactivité d’une PMI qui a, par ailleurs, déve-loppé en

interne des capacités d’ingénierie et de bureau d’études plutôt rarissimes pour une entreprise de cette taille. « Nous consacrons près de 15 % de notre CA à la R&D », évalue Jean-Jac-ques Mulleris.Il indique que son entreprise est en mesure de renouveler son offre qua-siment tous les deux ans. Mais elle a su préserver en interne des savoir-faire, voire de véritables tours de main qui contribuent à parfaire son image d’excellence. « Nous travaillons sur des petites et moyennes séries avec un grand souci de qualité. Des entreprises concurrentes, de taille plus impor-tante, ont essayé de nous imiter mais sans parvenir à atteindre cette logique de sur-mesure dans leur process », se rengorge Jean-Jacques Mulleris. Une trop grande dépendance vis-à-vis d’un client ne constitue-t-elle pas une source de danger ? « Nous n’allions tout de même pas refuser cette op-portunité », répond le président qui juge que la visibilité de ce contrat est suffisamment bonne pour envisager l’avenir avec optimisme…

JCS

Entreprise Industrie

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38 La Lettre Valloire - Septembre 2011

U ne coque marron au cacao et un fourrage au foie gras, une autre, verte, aux épinards qui

renferme du crottin de Chavignol : la biscuiterie chocolaterie Mercier de Baugy (18) a inventé les macarons entièrement salés. Une première née dans le Cher qui est aussi une prouesse technologique.Aucun pâtissier n’a encore réussi l’ex-ploit de créer la coque emblématique des macarons sans un gramme de sucre. Problème moléculaire, question de chimie. La recette du macaron salé a été concoctée dans le secret d’un laboratoire grâce à des scientifiques. La difficulté ? Remplacer le sucre de la recette originale par du sel et obtenir la même coque gonflée, craquante et moelleuse.Un jour, il y a deux ans, Isabelle Desjar-dins-Lavisse, présidente de la société de recherche fondamentale Genialis, à Henrichemont (18), est entrée dans le bureau de Daniel Mercier, « une boîte 

Mercier inventeles macarons salés

Les macarons salés du biscuitier et chocolatier de Baugy (18) seront commercialisés en 2012. Deux ans de recherche et de développement pour une première made in Berry.

en plastique dans la main contenant, sur du coton hydrophile, un macaron, explique l’entrepreneur. C’était un macaron salé qu’elle avait mis au point avec des ingénieurs de l’uni-versité de Nancy. Elle cherchait un artisan prêt à fabriquer ces macarons et à les commercialiser ».Daniel Mercier ne se fait pas prier mais l’innovation prend du temps : « Nous avons dû travailler le processus de fabrication, les recettes, obtenir un agrément sanitaire car nous utilisons des produits carnés et du poisson, et créer une salle blanche. » Des créations et des recherches qui ont un coût : 1,2 M€ sur deux ans.Pas encore distribués, les macarons sa-lés ont pourtant déjà la cote. A l’export notamment, la demande est forte. « Des 

groupes agroalimentaires japonais, anglais, américains et allemands sont intéressés, confie Daniel Mercier. Par exemple, pour les macarons au foie gras, le groupe Euralis, leader de la fabrication de foie gras, veut l’exclu-sivité. Les clients nous pressent. »De la truffe au miso en passant par le piment d’Espelette, les champi-gnons, la tapenade ou le yuzu, les saveurs seront adaptées aux marchés. La commercialisation commencera au magasin de la biscuiterie de Baugy, aux Arômes du Vieux Bourges et à la Cho-colaterie Royale d’Orléans, trois points de vente appartenant à Daniel Mercier, pour se développer ensuite. « Début 2012, nous commencerons à répondre aux demandes de quelques clients. 

Le lancement réel se fera fin 2012. » La biscuiterie de Baugy, qui compte actuellement 34 salariés, prévoit de recruter une dizaine de personnes l’an prochain et les bâtiments seront doublés d’ici deux à trois ans. La biscuiterie chocolaterie de Baugy est une histoire de famille née en 1958 quand les parents de Daniel Mercier, Pierre et Jacqueline, ont ouvert leur boulangerie-pâtisserie à Baugy. En 1988, la famille ouvre la biscuiterie et développe la chocolaterie qui fabrique aujourd’hui de la tablette aux pièces d’exception comme des escarpins en chocolat.Aujourd’hui, l’entreprise fournit aussi bien la grande distribution que les épi-ceries fines ou les boutiques de l’en-treprise. « Nous travaillons également  

pour LVMH, Hédiard, Fauchon, Harrods à Londres et d’autres qui veulent rester discrets. » L’entreprise transforme entre 150 et 180 tonnes de fèves de cacao par an. Le chiffre d’affaires ? « Je ne le publie pas, sourit Daniel Mercier. Nous sommes dans un milieu très concurrentiel. » Il consent juste à indiquer que, depuis vingt ans, la biscuiterie de Baugy connaît une croissance de 20 % par an.

Stéphanie Payssan

Des groupes agroalimentaires japonais, anglais, américains et allemanDs sont intéressés ”

Entreprise Agroalimentaire

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La Lettre Valloire - Septembre 2011 39

Votre partenaire de croissance

Sylvie RodierDirectrice CARCIE

Tél. : 09 78 97 45 19

[email protected]

Monsieur Jean-Luc Martineau souhaitait transmettre

son entreprise INFINIM, bien implantée en Région Centre,

Pays de Loire et Ile-de-France et développant des pro-

jets immobiliers de qualité. Sa volonté était d’assurer la

pérennité de la société et l’emploi de ses salariés.

Il a choisi CARCIE, Crédit Agricole des Régions du

Centre Ingénierie Entreprises pour l’accompagner

dans la recherche d’un repreneur.

Après présentation de plusieurs entreprises, son choix

s’est finalement porté sur le groupe familial CIBEX,

spécialiste de la promotion immobilière de bureaux et

d’entrepôts, qui cherchait une diversification d’activité

vers la promotion immobilière de logements d’habita-

tion. Monsieur et Madame Pivont, dirigeants fondateurs

de ce groupe, auront su répondre aux attentes de

Monsieur Martineau, notamment en conservant et en

s’appuyant sur l’équipe actuelle d’INFINIM.

CARCIE, par son service de structuration financière,

a également conseillé le Crédit Agricole Centre Loire

pour accompagner le repreneur dans le montage et le

financement de l’opération.

Les Caisses Régionales du Crédit Agricole et CARCIE

sont fières d’œuvrer et de contribuer à la réussite des

projets économiques des PME et de leurs dirigeants

en Région Centre.

Les pralines Mazetmettent Tokyo en boîte

Après avoir investi cette année à Montargis et en région parisienne, le confiseur-chocolatier Mazet espère ouvrir en 2013 une boutique au Japon, où ses célèbres pralines sont particulièrement appréciées.

L’ année 2011 est riche pour le confiseur-chocolatier Mazet (2,8 M€ de CA, 28 salariés),

qui confectionne les fameuses pralines assurant encore 40 % de son activité. La société, basée historiquement à Montargis où elle possède toujours une boutique, a investi 1 M€ dans la refonte de son atelier confiserie d’Amilly, en banlieue montargoise, qui produit pralines, chocolats, pâtes de fruits ou encore spécialités aux amandes, noisettes ou nougatine.Une partie de l’investissement a été dédiée à l’achat de machines (triage optique, tamis automatique, cuiseurs à pralines, etc.) et à la mise à la norme

Iso 22 000 relative à la sécurité alimen-taire. Ce programme s’est accompagné de l’extension de son entrepôt et du relooking de l’habillage de ses produits, dont les boîtes à l’aspect vintage font toute l’identité visuelle de la marque Mazet. Mais l’entreprise ne s’est pas arrêtée là ! Elle s’apprête à ouvrir d’ici à la fin de l’année une boutique dans le quartier du Marais à Paris – ouverte 7 jours sur 7 –, dont le design a été signé par l’architecte japonais Kataoka.Cette relation privilégiée que Mazet entretient avec le designer pourrait donner lieu à l’ouverture d’une bou-tique à Tokyo ! « Les Japonais sont très friands de nos pralines et ont une 

affection particulière pour l’an-cienneté de la maison Mazet qui fait écho à leur attachement à la tradition », explique Benoît Digeon, le président de la société. Mazet exporte depuis longtemps au pays du Soleil Levant mais l’idée d’une boutique a germé lors du Salon du chocolat de To-kyo. Si tout se déroule comme prévu, l’ouverture de la boutique Mazet dans la capitale nipponne pourrait intervenir en 2013.Le confiseur exporte aujourd’hui dans 36 pays. Les pralines Mazet ne sont pas prêtes de fondre !

Aurélie Vouteau .

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Economie Industrie

F iliale de l’allemand Süd-Che-mie depuis 1997, Airsec est devenu propriété de Cla-

riant, issu du regroupement de la chimie de spécialités des suisses

Sandoz et Ciba et de l’allemand Hoechst. En déboursant

2 Md€ pour ab-sorber le groupe

bavarois au mois de février dernier, Cla-

riant a pris les clés de cette belle PME fran-

çaise fondée en 1952. Présente sur les cinq continents, la multina-tionale helvétique pèse

désormais plus de 7 Md€

Le spécialiste de la déshumidification Airsec change de main. Son propriétaire, l’allemand Süd-Chemie, a été absorbé par le suisse Clariant, ex-Sandoz.

Airsec passe la frontière suisse

de CA et emploie 22 000 salariés.Airsec intègre un laboratoire à Choi-sy-le-Roi (94) et deux usines, l’une dédiée aux emballages pharmaceu-tiques (ci-contre, le nouveau sachet désiccant EQ-PAK) à Romorantin (41), celle de St-Mammès (77) fabri-quant des emballages pour d’autres secteurs (optique, électronique, dé-fense). Le tout emploie 320 salariés, ce qui ne représente qu’une goutte d’eau pour le géant suisse. Pour autant, l’usine romorantinaise tourne à plein régime et sa produc-tion croît régulièrement de 5 à 10 % par an, décrit Sébastien Boileau, directeur Marketing-Innovation d’Airsec-Süd Chemie.En 2010, Süd-Chemie avait restruc-turé sa branche industrielle, en appli-

quant la méthode Lean d’allègement des charges de production. Bilan : deux fermetures d’usines, à New Milford (Etats-Unis) et à Romont (Suisse). A l’inverse, celle de Ro-morantin était citée en exemple aux investisseurs pour ses performances en matière de rendement et d’organi-sation, au même titre que sa consœur allemande de Heufeld.Installée depuis 1994 sur 12 500 m2 dans la zone industrielle de la Gran-ge, à la sortie nord de Romorantin, l’usine Airsec pourrait être étendue, voire reconstruite. « Nous y réflé-chissons effectivement, confirme Sébastien Boileau. Mais rien n’est acté pour l’instant. »

Stéphane Frachet

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Economie Manager

L’ anecdote a valeur d’exem-ple. Chez Systech, une PME d’assemblage de car-

tes électroniques de 45 salariés à Gallardon, près de Chartres (18), l’embauche d’un nouveau direc-teur de production a provoqué une crise interne. Le pdg, Daniel Fanon, l’admet sans ambages : « La boîte a failli péter ».Comment en est-il arrivé là ? « J’ai voulu recruter un responsable de 

production hors pair, doté d’un bagage technique excellent, mais j’ai minimisé les questions de com-portement, les attentes personnelles du candidat, son intégration dans l’équipe... Or, dans une PME, cha-que personne compte. Et ce cadre, très à cheval sur les procédures et les objectifs de rentabilité, a dégoûté des opératrices. »Alerté par des câbleuses en pleurs, Daniel Fanon a d’abord tenté d’ar-rondir les angles. Comment virer son principal collaborateur, celui qu’on a mis tant de temps à dénicher ? Le pdg a pris le taureau par les cornes lorsque des intérimaires ont refusé de venir prêter main-forte durant un pic d’activité. « Plus personne ne voulait venir chez nous. Je n’avais jamais connu ça, s’alarme le diri-geant. Je n’ai compris l’ampleur du malaise qu’au bout d’un certain temps. Je me suis fait assister par un cabinet extérieur pour licen-cier mon chef d’atelier et lui trou-

Pôle de compétitivité S2E2,un recrutement déphasé

Même les entreprises de pointe ont du mal à recruter. Le pôle Sciences et Systèmes de l’Energie Electrique (S2E2) tente d’y remédier.

ver un remplaçant ». Aujourd’hui, l’entreprise Systech a repris son rythme normal et la production n’a pas souffert cet été. Mais son patron aurait aimé s’épargner cet épisode.Daniel Fanon est l’un des chefs d’entreprises qui a alerté le pôle de compétitivité Sciences et Systèmes de l’Energie Electrique (S2E2) sur le problème des ressources humai-nes. En 2010, le pôle a commandé

un audit au Cermat (Centre d’Etudes et de Recherche en Management de Tou-raine).Réalisé auprès d’un échan-tillon d’une trentaine d ’adhé -rents, le docu-ment

dresse un constat inquiétant : la belle vitrine technologique S2E2 n’attire pas les compétences, en particulier les ingénieurs. Ce n’est pas vraiment un problème pour les très grandes entreprises, comme STMicroelectronics ou Legrand, qui disposent de services de recrute-ment performants. Les perspectives d’évolution et les salaires qu’elles offrent n’ont rien à voir non plus. En revanche, les PME risquent gros à ne pas pouvoir renouveler leur

encadrement.« Nous avons relevé plu-

sieurs freins, précise Franck Brillet, di-recteur adjoint du Cermat. D’abord un déficit d’image propre à la région 

Centre, que beau-coup de jeunes diplô-

més et de jeunes actifs ne situent pas vraiment 

sur la carte de F r a n c e .  »

Pour eux, le cen-

la belle vitrine technologique s2e2 n’attire pas les compétences, en particulier les ingénieurs ”

Jérôme Finot,directeur du pôle S2E2

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La Lettre Valloire - Septembre 2011 43

La force du réseauL’audit du Cermat a débouché sur une série de recommandations. « Nous avons mis en place une formation au management pour les membres du pôle », dit Jérôme Finot, le directeur du pôle de compétitivité. Le programme commence en octobre, sous l’égide de l’université François-Rabelais.Autre action notable : la création d’une plate-forme de ressources humaines avec sa déclinaison sur le web. « Il s’agit d’apporter une réponse collective à un ensemble de problématiques individuelles identiques », résume Jérôme Finot, qui calque ce réseau sur Ecobiz, le plate-forme collaborative des CCI.Opérationnel en octobre, le réseau collectera et rassemblera les demandes et les offres d’emploi des quelque 80 acteurs du pôle. Sans oublier les formations par alternance, les stages et des fiches métiers. « De l’éolien au photovoltaïque, de la carte à puces aux smarts grids, S2E2 couvre beaucoup de domaines », constate Franck Brillet. Trop de secteurs qui nuisent à sa cohérence, peut-être ?A plus long terme, S2E2 envisage de mettre en place une Gestion Territoriale des Emplois et Compétences (GTEC) pour renforcer l’attractivité des postes et fidéliser les salariés. Ce qui passe, par exemple, par des accompagnements pour les conjoint(e)s, des évolutions de carrières... Bref, un vaste chantier pour le pôle S2E2.

pêchent souvent par maladresse sur le plan humain. Pour autant, ils renoncent à faire appel à des consultants qu’ils trouvent trop chers », déplore-t-il.

Stéphane Frachet

et aux relations humaines et sociales fortes. « A la fin de certains entre-tiens d’embauche, on demande parfois au candidat de décrire ses défauts et qualités. Pour un jeune adulte, c’est déconcertant, relève l’universitaire. Les recruteurs 

Réactive, elle est en mesure de répondre aux besoins des entreprises en temps réel en matière de foncier, d’immobilier et de services.

Déterminée, elle accepte la prise de risque en s’engageant dans la construction de bâtiments pour les entreprises.

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tre de la France, c’est aussi bien Clermont-Ferrand et Limoges que Tours, Orléans ou Le Mans. Un sec-teur sans identité forte, qui n’attire pas autant que la Bretagne, l’Aqui-taine, Rhône-Alpes ou Paca.Le pôle S2E2 a, lui aussi, une faible notoriété. « Nous allons accroître notre présence sur des salons dé-diés aux étudiants et aux jeunes diplômés », annonce Jérôme Finot, directeur du pôle S2E2. Dans les métiers en évolution de l’effica-cité énergétique, certaines PME ont des fiches de postes tellement complexes qu’elles ont du mal à ci-bler l’oiseau rare. Un des dirigeants interrogés par les enquêteurs du Cermat a patienté un an et demi avant d’embaucher un ingénieur spécialisé dans l’énergie éolienne. « L’intitulé de l’annonce était trop spécifique », relève Franck Brillet.Autre constat : les PME technologi-ques ont encore des pratiques de recrutement peu en phase avec la génération Y, celle des 20-34 ans nourrie aux nouvelles technologies

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Economie Finances

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La Lettre Valloire : Quelles leçonstirez-vous de cette nouvelle crisedu système financier mondial ?Jean Dumont : Les investisseurs, etnotamment les banques, envoient unmessage de bon sens aux Etats. Onne peut accumuler indéfiniment desdéficits et je dirais, de façon imagée,« que les arbres ne grimpent jamaisjusqu’au ciel ». Il faut que les gou-vernements prennent à bras-le-corpsla question des dettes souveraines et

donnent des signaux positifs aux mar-chés. Jamais il n’y a eu autant de liqui-dités dans le monde ; une bonne partest aujourd’hui thésaurisée et ne re-viendra dans le circuit économiqueque si les acteurs reprennent con-fiance. A l’inverse, il serait inoppor-tun que les Etats engagent un nou-veau plan de relance. Cela les endet-terait un peu plus et la confiance esttellement détériorée que le réflexed’épargne jouerait au détriment del’investissement.

La Lettre Valloire : Les banquesn’ont-elles pas leur part de res-ponsabilité ? Ont-elles comprisla leçon de la crise de 2008 ?J.D. : Les banques ne sont pas lesseuls investisseurs de la planète. Lamasse des capitaux en circulation estaussi largement détenue par desfonds spéculatifs, des fonds de pen-sion et des compagnies d’assurances.Dans la crise précédente, ils ont lar-gement leur part de responsabilité.La situation de 2011 est différente decelle de 2008. Les accords de Bâle III,pris en fin d’année dernière, ont eudes conséquences positives sur lemonde bancaire ; ils ont obligé lesopérateurs à renforcer leurs fondspropres, prenant en compte les effetsde levier. Globalement, la situationdes banques n’est pas, en cette ren-trée 2011, comparable à ce qu’elleétait il y a trois ans. Et les banquesfrançaises sont largement dans l’épu-

re. Ailleurs, on voit que l’Espagneachève la restructuration de ses cais-ses d’épargne et que la Grèce a entre-pris la consolidation de son secteurbancaire.

La Lettre Valloire : Comment laBanque Tarneaud anticipe-t-elleles résultats de l’année 2011 ?Etes-vous inquiet pour les mois àvenir ?J.D. : Nous sommes une banque deréseau locale, bien éloignée des tour-ments de la planète financière. Etnous surperformons légèrement parrapport à nos concurrents naturelsque sont les autres banques régio-nales. L’activité au premier semestrea été bonne, avec une progressionde près de 6 % du produit net ban-caire, à 64 M€, et une forte remontéedu résultat. Même si on observe unléger ralentissement de l’activitédepuis la seconde quinzaine de mai,la plupart de nos segments de mar-ché sont en croissance : + 20 % pourles prêts destinés aux investissementsdes professionnels et des PME, parexemple. Les crédits à la consomma-tion distribués aux particuliers sontstables, mais nous enregistrons unetrès forte hausse sur certains créditsimmobiliers. Et il n’y a pas de signesavant-coureurs d’une chute de l’acti-vité, comme ceux qu’on avait puobserver à la rentrée 2008.

Propos recueillispar François-Xavier Beuzon

Jean Dumont est depuis cette année président du directoire de la Banque Tarneaud ; il a succédéà Jean-Loup Tarneaud, 67 ans, représentant de la sixième génération de la famille à la tête labanque, qui a pris en même temps la présidence du conseil de surveillance. Le nouveau patron decette filiale du Crédit du Nord, présente sur 15 départements du Centre-Ouest, dont l’Indre-et-Loire, l’Indre et le Loir-et-Cher, juge qu’une nouvelle relance de l’économie par la dette publique auraitdes effets dévastateurs.

« Les arbres ne grimpent jamaisjusqu’au ciel »

Jean Dumont, nouveau président de la Banque Tarneaud

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Le Club RH Pôle emploi Centrea pris son envolUne vingtaine de responsables de ressources humaines ont répondu à l’appeldu Club RH Pôle emploi Centre qui tenait sa réunion inaugurale le 5 juilletdernier à Olivet (45). Le débat sur le recrutement, qui a évoqué à la fois les obs-tacles rencontrés et les solutions apportées, fut dense et fructueux.

Organisée début juillet à Olivet (45),la première rencontre du club RH Pôleemploi Centre a réuni une vingtainede directeurs et de responsables desressources humaines d’entreprisesrégionales. « Nous espérons mieux vouscomprendre pour mieux vous servir », alancé en introduction Jean-Yves Cribier,le directeur régional de Pôle emploi,qui a rappelé que l’ambition du clubRH – qui regroupe d’ores et déjà 74responsables régionaux – est indisso-ciable de la politique globale mise enplace par les instances de Pôle emploi.Celle-ci vise « à redéfinir notre offre deservices aux entreprises » et « à renouerune relation de confiance avec nos inter-

locuteurs après une période de réorga-nisation du Service Public de l’Emploi »,a rappelé Erick Kraemer, directeur desrelations entreprises et marketing dePôle emploi Centre.D’autant que dans un contexte deregain de croissance encore fragile, lerecrutement d’un collaborateur estdevenu un acte de gestion critique, ex-posé, à fort risque d’échec, « qui doitfaire place aux meilleures pratiques dansune logique de professionnalisation ac-crue », a mar telé Sabrina Loufrani-Fedida, maître de conférences à l’uni-versité de Nice et chercheur parte-naire Conseil & Recherche. Dans sonexposé, cette dernière a souligné que la

SSeepptteemmbbrree 22001111

Pôle emploi CentreLa lettre du club RH

le club RHpôle emploi

L’occasion, pour les DRH présents, d’échanger et de partager leurs expériences, leurs difficultés et leurs solutions, pour satisfaire et réaliser de bons recrutements.

EDITOD'un côté des offres d'emploi, de l'autre des demandeurs ; pourtant l'équationn'est pas aussi simple.Du point de vue de l'entreprise, il s'agit

de trouver le bon profil au bon moment, au bon coût, avec les bonnes compétences et expériences pour le bon poste. Et si un candidat est en mesure d'ajouter à la culture de l'établissement, il sera le bienvenu. Tout cela est d'autant plus délicat sans avoir su auparavant bien analyser les besoins et bien décrire le poste et le profil recherché…Pour le demandeur d'emploi, il convient de conjuguer des contraintes géographiques,personnelles, des ambitions, un savoir faireet des compétences avec des offres d'emploi qui ne correspondent pas toujours aux attentes…On voit bien que le marché de l'emploi est complexe ; recruter et le faire correctement est un savoir faire rare et précieux. Se rencontrer et partager entre professionnels permet d'éclairer certains paramètres de cette adéquationoffre et demande et, ainsi, d'optimiser encore la qualité des recrutements pour la bonne marche de son entreprise.

Jean-Yves CribierDirecteur régional Pôle emploi Centre

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L’ACTUALITÉ DU CLUB RH

recherche des meilleurs talents impose aux entreprises desoigner leur image auprès des publics qu’elles visent etd’adapter les outils de recherche à leurs spécificités. « L’heureest aux politiques marketing, c’est-à-dire à la segmentation desapproches dans la fonction RH ».Ainsi, les responsables du personnel les plus avisés « exploi-tent aujourd’hui une stratégie multicanal » qui donnent la partbelle aux annonces presses, aux sites internet de recrutementgénéralistes et spécialisés, aux réseaux sociaux et à la coop-tation par les collaborateurs de l’entreprise – parfois rému-nérée – mais aussi aux dernières avancées des NTIC(Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communi-cation). Des groupes industriels à forte notoriété tels que L’Oréal,Google ou Cap Gemini ont développé en ligne des busi-ness games (ou serious games), c'est-à-dire des jeux vidéosde simulation de situation professionnelle permettant à descandidats de témoigner de leur aptitude ou de leurs com-pétences en grandeur virtuelle. « Les meilleurs d’entre euxsont retenus et se voient proposer un poste », poursuit SabrinaLoufrani-Fedida qui retient de ces exemples plusieurs ensei-gnements.Naturellement, si ces pratiques ne sont pas à la portée detoutes les PME-PMI, elles démontrent que le recours auxnouvelles technologies, notamment à Internet (réseauxsociaux, référencement sites dédiés au recrutement) per-met de capter l’attention des jeunes générations élevées au

lait de la culture numérique (lafameuse génération Y) : « Unegénération qui, par ailleurs, déve-loppe un rapport au travail très dif-férent de son aînée. Les jeunes, ycompris les jeunes les plus diplô-més, sont encore moins mobilesque leurs parents. Et l’équilibre en-tre leur vie privée et leur vie pro-fessionnelle est une valeur qu’ilscultivent de manière assidue ». Par ailleurs, dans un cadre de plusen plus concurrentiel où, d’unepart, certaines entreprises se dis-

putent les talents, et où, d’autre part, des sociétés sontconfrontées à une méconnaissance et une moindre affectiondes candidats sur leurs métiers (propreté, BTP, grande dis-tribution, hôtellerie), l’amélioration de l’attractivité est deve-nue une facette essentielle de la fonction RH. « Pour pallier ces difficultés aggravées par la faible mobilité descandidats, nous devons rivaliser d’imagination avec des moyensréduits », expliquait ainsi Eric Bongibault, en charge du déve-loppement de Pithiviers Nettoyage. « Ce qui nous conduit àmieux gérer et fidéliser nos ressources internes notamment enfaisant monter nos collaborateurs en compétence, à participerau maximum de nos possibilités à la vie locale et surtout ànous appuyer sur nos valeurs et sur notre culture d’entreprise »a-t-il poursuivi.Cette question d’image estapparue également essen-tielle à Nathalie Bongibault,responsable des ressour-ces humaines des Parfums Christian Dior à St-Jean-de-Braye, qui s’appuie sur l’ex-cellent capital de sympathiedont bénéficie le secteurdes cosmétiques et du luxe,« mais peine tout de mêmeà recruter des manutention-naires ou des opérateurs parce que le public a du mal à ima-giner que nous sommes surtout une société industrielle ».Selon Jean-Yves Cribier, ces questions d’image et d’attracti-vité renvoient bien sûr à l’action spécifique du « secteurpublic de l’emploi qui peut, bien sûr, aider les entreprises exer-çant leur activité dans des secteurs sous tension à faire passerdes messages auprès des demandeurs d’emploi, à balayer lesidées reçues et à faire valoir les atouts de tous ces métiers ».Mais, les difficultés de recrutement ne pourront être seule-ment résolues « par des actions de formation ou par unesélection fondée sur la seule analyse de la carrière du candidat »,a-t-il souligné. « Il est nécessaire de généraliser autant quepossible l’évaluation des compétences, du profil comportemen-tal et des habiletés », concluant ainsi des échanges fructueuxappelés à nourrir les futurs débats du Club RH Pôle Emploi.

Nathalie Bongibault, Parfums Christian Dior.

Eric Bongibault,Pithiviers Nettoyage

• En septembre, lancement d'une enquête régionale auprès de 30 000 entreprises sur les pratiques de recrutement.

• Prochaine rencontre du Club RH Pôle emploi Centre prévue le 13 octobre à Tours.• Du 17 au 21 octobre, semaine du "Défi emploi", un partenariat Pôle emploi Centre et Vibration.• Fin novembre et début décembre, partenariat Pôle emploi et TF1 pour aider les entreprises dans leurs recherches de candidats.

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La Lettre Valloire - Septembre 2011 47

L a société tourangelle Maisoning (environ 250 salariés) – l’ex-STP Dépannage fondée par

Roger Mahoudeau –, reprise l’an passé par le groupe Prunay, un spécialiste de l’expertise des dommages après sinistre, semble avoir tourné le dos aux années difficiles. L’entreprise, qui réalise un CA d’environ 24 M€ dans les services à l’habitat (dépannage à domicile, maintenance technique des bâtiments, assistance technique), pourrait revenir « dans le vert dès 2011 après avoir atteint le quasi-équilibre en 2010 », nous confirme Julien Véra, le directeur général. Ce redressement a été réalisé au prix

Maisoningrevient aux sources

La société tourangelle de services à l’habitat Maisoning, reprise l’an passé par le groupe Prunay, est revenue à la source de son modèle économique, celui qui avait fait le succès de l’entreprise créée par Roger Mahoudeau. Le résultat devrait être positif cette année.

d’une réorientation de son modèle économique. « Nous avons délaissé certains marchés publics peu renta-bles, notamment dans le domaine de la gestion de parcs pour les bailleurs publics, si l’on excepte un contrat résiduel avec Val-Touraine Habitat que nous n’avons d’ailleurs pas l’in-tention de dénoncer, précise Julien Véra. Dans le même temps, nous avons renoué avec la cible originelle des particuliers qui avait été délaissée ces dernières années. Une sorte de retour aux sources… » Cette réappropriation

de la clientèle résidentielle s’est tra-duite par une remise en place de la politique qualité « qui s’était quelque peu dégradée », reconnaît le directeur général. Et Maisoning, très implantée dans le grand Ouest, l’Ile-de-France et la Normandie, a décidé de parfaire sa couverture régionale en ouvrant une onzième agence à Louveciennes (78) après s’être récemment installée à Rennes (35). « Notre cible prioritaire, ce sont les villes ou territoires de plus de 100 000 habitants », explique Ju-lien Véra, qui rappelle que la société s’appuie un réseau d’environ 2 000 entreprises artisanales pour couvrir les zones « grises » où elle ne peut dé-pêcher des techniciens salariés dans les délais requis. Autre motif de satisfaction, Maisoning parvient à exploiter de très intéressan-tes synergies commerciales avec sa mai-

son mère. Elle a remporté fin 2010 un appel d’offres auprès du groupement d’assurances Karéo Services (Pacifica, Generali, Aviva, Thélem Assurances) portant sur la réparation des domma-ges après un sinistre habitat. La prise en charge sera assurée par le centre d’appel (environ 20 positions) de St-Pierre-des-Corps, qui abrite également l’agence commerciale et technique de Tours ainsi que le siège social : « Cette activité devrait générer de multiples opportunités d’affaires, les assurés pouvant préférer une réparation en 

nature à un règlement financier du sinistre ».Le groupe souhaite aussi croître sur le marché de la gestion de l’urgence do-mestique – la fuite d’eau intempestive, le cambriolage inopiné –, « un marché qui connaît une croissance à deux chiffres et sur lequel se positionnent des assisteurs comme Mondial Assis-tance, Europe Assistance ou Opteven (Aviva) », complète le directeur général qui fait décidément feu de tout bois. Enfin, « suite à une prestation ponc-tuelle réalisée pour Mitsubishi qui souhaitait rappeler des pompes à cha-leur défaillantes, nous avons décidé de développer une expertise spécifi-que dans la maintenance de ce type d’équipement ». Une aubaine, compte tenu des multiples problèmes que connaissent leurs utilisateurs…

Jean-Christophe Savattier

nous avons renoué avec la cible originelle Des particuliers qui avait été Délaissée ces Dernières années ”

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48 La Lettre Valloire - Septembre 2011

Economie Immobilier

C ’est sur l’emprise de l’ancien régiment du train (casernes Beaumont-Chauveau) de Tours

que les collectivités locales tourangel-les devraient engager l’un des princi-paux chantiers du programme de ré-novation urbaine de grande ampleur envisagé dans ce quartier. Le projet va ainsi se concrétiser par l’implan-tation sur cet ancien site militaire de l’Institut des Biomédicaments et Cos-métiques (IBC), une plate-forme de formation par alternance aux métiers de la production biopharmaceutique de 2 200 m2. Le plateau comprenant deux étages, qui devrait ouvrir ses portes en septembre 2014 moyen-nant un investissement immobilier hors foncier de 6,5 M€, accueillera

Tours réaménageun ancien quartier militaireL’Institut des Biomédicaments et Cosmétiques (IBC) devrait ouvrir ses portes en 2014 sur le site de l’ancien régiment du train à Tours. Le programme comportera également un important volet résidentiel avec la construction de 160 studios qui seront gérés par le Crous.

Par ailleurs, le projet prévoit l’instal-lation d’un restaurant universitaire et d’une offre de services divers : salles multimédias, laverie, salle de sport et de musculation en accueil 24 h / 24. La dépense afférente à ce volet logement du programme a été estimée à environ 13 M€.Lors de la présentation du dispositif, certains élus, et notamment le député socialiste Jean-Patrick Gille qui pré-side la plate-forme tourangelle de l’Ecole de la Deuxième Chance (EC2), a indiqué que l’emprise du quartier Beaumont-Chauveau pourrait égale-ment accueillir le transfert de cette dernière, implantée actuellement à l’étroit dans des locaux situés boule-vard Preuilly. Cependant, personne parmi les personnalités présentes ne se risquait à se prononcer sur un quelconque calendrier de la mise en œuvre du projet. D’autant que la clef de répartition entre les différentes parties prenantes du seul programme IBC, qui a obtenu le soutien de l’Etat dans le cadre du dispositif Investis-sements d’Avenir, ne semblait elle-même pas tout à fait arrêtée à l’heure où nous écrivons ces lignes. Du côté de l’Institut du Médicament de Tours (IMT), l’un des principaux promoteurs de l’IBC, on note sobre-ment que « des demandes de finan-cement sont en cours auprès de la Région Centre, du Conseil général d’Indre-et-Loire, de Tour(s) Plus, de la CCI, mais aussi des industriels de la pharmacie. Ces derniers devraient contribuer au financement de ce projet via une fondation ».

JCS

à terme et ce, chaque année, plus de 340 étudiants auxquels s’ajouteront des étudiants en formation initiale, des apprentis ainsi que des salariés en formation continue, soit près de 3 000 apprenants. Compte tenu des origines géographi-ques très diverses des utilisateurs, il était indispensable d’adosser cet équi-pement à des capacités immobilières résidentielles. Ainsi, le programme porté par le Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES) Centre-Val de Loire Université, comporte aussi un important vo-let hébergement. Il va se traduire par la construction d’une résidence de 160 studios qui sera gérée par le CROUS.

Page 49: Mag Automne 2011

La Lettre Valloire - Septembre 2011 49

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BOURGESBenoît Plumel1, rue Emile Deschamps 18000 BOURGES Tél. : 02 48 20 02 02Fax : 02 48 24 44 [email protected]

BLOISBenoît Plumel24 A, route NationaleLa Chaussée St Victor BP 90708 41007 BLOIS CEDEX Tél. : 02 54 74 08 88Fax : 02 54 55 06 [email protected]

L’Immobilier d’Entreprises de la Région Centre

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50 La Lettre Valloire - Septembre 2011

Economie Immobilier

EDF se pose aux Deux-Lions, à Tours

L es lecteurs de La Lettre Valloire bimensuelle n’ont pas été surpris par la confirmation de l’implantation de services EDF dans le quartier des Deux-Lions, à Tours. Nous

avons été les premiers, en effet, à annoncer que l’électricien national avait choisi le site des bords du Cher pour regrouper environ 500 de ses agents actuellement disséminés dans différents services. C’est la Société d’équipement de la Touraine (Set) qui a été retenue pour la construction de ce bâtiment BBC de 9 500 m2, qui devrait être achevé en 2013. Le programme comprendra aussi une tour d’habitations et commerces d’environ 50 mètres de hauteur et un restaurant interentreprises. La conception architecturale de l’ensemble (ci-dessous) a été confiée au cabinet parisien Jacques Ferrier. EDF a lon-guement hésité entre ce projet et le programme de bureaux neuf Cap 55’, promu par Centre Immo Promotion (groupe Sogeprom), sur l’îlot Galboisière, à côté de la gare de St-Pierre-des-Corps.Les surfaces libérées dans les locaux EDF du parc de Grandmont par une partie des agents transférés aux Deux-Lions sont destinées à renforcer le Cnepe, un service dédié au développement du parc de centrales nucléaires. Ce dernier, dopé par les pers-pectives de mises en chan-tier de centrales EPR – tant en France qu’à l’étranger, si l’accident de Fukushima ne ralentit pas leur rythme – devrait passer de 600 à quelque 900 agents dans les deux à trois ans à venir.

Bureaux neufs à louer à Tours NordEmplacement exceptionnel

Vendu !Le Conseil général d’Indre-et-Loire cherchait depuis quelques mois un acquéreur pour les anciens locaux de France Télécom place Goya, dans le quartier des Fontaines, qu’il avait acquis en 2003 pour regrouper ses services sociaux avant de se raviser (cf. Lettre Valloire de décembre 2010). C’est finalement le bailleur social Val Touraine Habitat (ex-Opac d’Indre-et-Loire) qui va rendre ce service au Département en débour-sant 3,1 M€ pour les 3 400 m2 de ce bâtiment inoccupé depuis plusieurs années.

Pôle 45 s’étendvers IngréLes travaux d’extension de Pôle 45, la grande zone d’activité du nord de l’agglomération orléanaise, débute-ront prochainement sur la commune d’Ingré. L’aménagement de 39 ha de la ZAC des Guette a été confié au groupement constitué par Orlim, un aménageur et lotisseur filiale du Crédit Agricole Centre-Loire, et le groupe orléanais de transport et de logistique Deret. La livraison des premières parcelles, plutôt destinées aux artisans et aux TPE, est prévue pour 2013.

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La CC du Perche va lancer unconcours d’architectes en vuede la construction d’une struc-ture multifonctions à Margon.Elle abriterait notamment sur1 450 m² les bureaux adminis-tratifs de la CC et un relais assis-tantes maternelles. Aucun plan-ning pour la réalisation n’a étédonné.

L’école élémentaire Jean-de-la-Fontaine à Tours-Nord va être re-construite. L’opération, évaluéeà 4,1 M€, prévoit la constructiond’un bâtiment de 1 500 m² exem-plaire en matière environnemen-tale. La conception devrait êtrelancée début 2012 pour unelivraison prévue à la rentrée2013.

Le Plan local d’urbanisme (PLU) delaVille de Toursa retenu le principede la construction d’une tour de54 mètres (hôtel, commerces etlogements) et d’un immeuble debureaux de 31 mètres à côté dela gare ; un autre immeuble degrande hauteur – on parle égale-ment de 54 mètres – verra le jouraux Deux-Lions.

Le projet de réaménagementdu haut de la rue Nationale àTours intègrera la constructionde deux hôtels, un 4* de 100chambres et un 3* de 60 cham-bres. Selon nos informations, legroupe Accor devrait être retenupour l’un et l’autre avec ses en-seignes Sofitel et Novotel.

La CDAC a donné son feu vert àl’extension de 4 350 m2 de l’en-semble commercial entourantle Super U de l’avenue Victor-Laloux,à Montlouis-sur-Loire, parcréation de cinq moyennes sur-faces pour un total de 3 790 m2

et d’un magasin de bricolagede 1 560 m2.

L’Hospitalet de Montoire va s’a-grandir. La construction d’unenouvelle unité de 1 200 m², ré-partie sur deux bâtiments deplain-pied et dédiée aux pa-tients cérébrolésés, va débuteren septembre. La livraison estprévue pour la fin 2012.

La municipalité de Blois vient dedonner son feu vert au projet desalle multifonctionnelle à voca-tion sportive, culturelle et éco-nomique qui devrait voir le joursur l’îlot Laplace. Le coût de l’o-pération s’élève à 25 M€. Lestravaux débuteront en 2013 pourune livraison en 2015.

La CC du pays de Chambord etla société des Bordes viennentde signer un projet urbain parte-narial afin de créer un complexegolfique à St-Laurent-Nouan. Leprojet comprend deux parcoursde 18 trous ainsi qu’un hôtel 5*,une académie de tennis et degolf ainsi qu’un centre équestre.

A Vendôme, Pôle Emploi va faireconstruire 950 m² de locauxavenue Gérard-Yvon, dont la li-vraison est prévue pour 2012.L’agence libère ainsi ses locauxactuels faubourg Chartrain.

A Blois, 84 logements sont enconstruction route de Château-Renault (70 en collectif répartisen 4 bâtiments et 14 en indivi-duels) par la société Jacques-Gabriel. Le coût total de l’opé-ration s’élève à 11,4 M€. La livrai-son est prévue pour la rentrée2012.

L’enseigne de bricolage Leroy-Merlin vient de recevoir le feuvert de la CDAC pour l’implanta-tion d’un magasin de 11 300 m²de surface de vente sur la ZACdu Bout-des-Hayes, le long de larocade nord de Blois. Cette ins-tallation devrait créer environ 150emplois directs. Ouverture pré-vue en 2013.

INDRE

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INDRE-ET-LOIRECofiroute va créer sur 8 ha une aire de services sur l’A 85 entreDruye et Cinq-Mars-la-Pile, baptisée « Aire des Jardins deVillandry ».

Cet espace compren-dra une offre de restau-ration, une boutique,un distributeur de car-burants, etc.Les travauxdébuteront en juin,pour unemise en servi-ce en octobre 2012.

EURE-ET-LOIR

Economie Chantiers

LOIRETA Châlette-sur-Loing, le col-lège Picasso va être recons-truit pour passer de 4 500 à8 425 m². Environ 200 m² depanneaux photovoltaïquesseront installés sur le versantsud du bâtiment d’administra-tion. Le coût total de l’opé-ration s’élève à 21,4 M€ ; lalivraison est prévue pour larentrée 2013.

INDRE-ET-LOIRE

LOIR-ET-CHER

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Escapades58-59 On en voit de toutes les couleurs

chez Euro PiscinesDe sa base de Massay (18),Euro Piscine Services fournitles 51 points de vente deson réseau en composantset accessoires pour piscinesdont les bassins coloréset les “naturelles”,à la fibreécolo, qui correspondentaux dernières tendancesdu marché.

61 Olivier Jouin révolutionneCléry-St-AndréDirecteur général adjointdu Conseil régionalle jour, acteur et metteuren scène la nuit,Olivier Jouin conciliemétier et passionavec la même foi.

60 Max Vauché,le chocolatier

solidaireDe l’île équatoriale

de Sao Tomé auvillage de Bracieux,

Max Vauché partagesa passion du cacao

en ouvrant lesportes de sachocolaterie.

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D u bleu auvert. Lacouleur

de l’eau change chezEuro Piscine Services(EPS). Ce groupe-

ment d’installateurs, devenu progres-sivement fabricant de ses proprescomposants et accessoires pour pis-cines, se met au bassin biologique,une nouveauté très « tendance » quifait déjà fureur en Allemagne et en

Autriche. La fantaisie revient quandmême à près de 40 000 €.Chez Euro Piscine, on se dit « impli-qués ». Au-delà du phénomène demode autour du traitement végétal –l’épuration de l’eau se fait par unelagune remplie de plantes aquatiquesqui jouxte le bassin de baignade – leréseau créé en 1994 par le berrichonPatrick Woestelandt joue franchementla carte du développement durable.Les 51 points de vente, qui maillent

pratiquement tout le territoire natio-nal, n’utilisent plus que des panneauxcomposites en partie fabriqués à par-tir de matières recyclées pour équi-per le flanc des piscines. C’est l’usineSotira (ex-Matra Automobile, ex-Ran-ger France), de Theillay (41), qui lesfournit à EPS. « Auparavant, tous nospanneaux venaient des Etats-Unis,explique Patrick Woestelandt. Depuisquelques années, ils sont fabriquéschez Sotira, dont l’usine n’est distante

Escapades

Les adhérents d’Euro Piscine Services ont installé leur logistique et leurpôle technique à Massay, au nord du Cher. Ce hub fournit les 51 pointsde vente du réseau en produits et accessoires pour piscines : les « natu-relles », à la fibre écolo, comme les colorées, qui correspondent aux der-nières tendances du marché.

58 La Lettre Valloire - Septembre 2011

On en voit de toutes les couleurschez Euro Piscine

Page 59: Mag Automne 2011

que d’une vingtaine de kilomètresde notre base de Massay (18).Aujourd’hui, nous sortons 15 km depanneaux composites par an, dontenviron 30 % des matières sont issuesdu recyclage des rebuts de l’indus-trie automobile – la spécialité deSotira, NDLR –, broyés puis refor-més. »La préoccupation écologique se mani-feste aussi par la généralisation despompes à chaleur sur les nouveauxbassins – 80 % d’économie d’énergie

pour chauffer l’eau – la rationalisationdes interventions des installateurs duréseau pour éviter les déplacementsinutiles, et aussi l’intégration sur unsite unique de la fabrication des pro-duits pour piscines.C’est ainsi qu’EPS, une sorte de coo-

pérative dont les 40 adhé-rents détiennent 2,5 % ducapital chacun, a racheté il ya quelques années un petitfabricant nordiste d’abris depiscines : EAP. L’atelier, qui em-ploie 6 personnes, est désormaisinstallé à Massay. Pour les voletsroulants de couverture, le réseaus’est adossé à un professionnel, l’ardé-chois Bruno Relmont, afin de créerune unité de production de 25 per-sonnes : Hydro-cover – c’est son nom

– explose à tel point qu’il a fallu dou-bler sa surface. Euro Piscine, en pointeaussi sur le handicap, s’apprête à com-mercialiser Solobain, un fauteuil quipermet aux personnes à mobilité ré-duite de goûter aux joies de la bai-gnade. Cette innovation, développée

avec des ac-teurs régionaux, représente un

marché de 3 000 piscines publiquesà équiper d’ici à 2015.Mais la piscine doit garder son carac-tère ludique. Et le show room installéà Thenioux, au siège de l’entreprisede Patrick Woestelandt, propose tou-te une gamme de nouveaux produits :pour les sportifs, le bassin de nage àcontre-courant, pour les modernes,la piscine à débordement « Green-water » et toutes les nouvelles cou-leurs qui tranchent avec le classiquebleu des origines : les piscines décli-nent aujourd’hui des tons de blanc,de jaune, de noir, de gris et même devert olive… On en voit décidémentde toutes les couleurs chez Euro Pis-cine. FXB

La Lettre Valloire - Septembre 2011 59

“EURO PISCINE SERVICES EST UNE SORTEDE COOPÉRATIVE DONT LES 40 ADHÉRENTSDÉTIENNENT 2,5 % DU CAPITAL CHACUN ”

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E n arrivant à Bracieux, à la li-sière du domaine de Cham-bord, on ne peut pas man-

quer les deux grands bâtiments de lachocolaterie Max Vauché. L’un abritela reconstitution d’une plantation decacao et le laboratoire de transforma-tion des fèves en pâte de cacao, l’au-tre la boutique, le mini-musée et l’a-telier. Ils sont tous deux ouverts auxvisiteurs.Max Vauché et son équipe travaillentavec passion ce produit délicat qu’estle chocolat : « Il est capricieux et exi-geant en terme de dosage et de tem-pérature à respecter. Nos recettessont ainsi calibrées au gramme etau degré près pour fabriquer unproduit fini irréprochable, longueconservation », explique le chocola-tier.Fort d’une équipe de 25 salariés, detrois points de vente (Bracieux, Bloiset Orléans), de l’accueil de plus de25 000 visiteurs annuels et d’un CAde 1,4 M€, Max Vauché estime avoir« réussi son pari ». Dès ses débuts àBlois, il y a plus d’un quart de siècle,ce fondu de chocolat a souhaité mon-trer son savoir-faire : « Ma grande

fierté est d’expliquer aux enfants quele chocolat ne naît pas dans l’alu-minium mais de seize étapes quiprécèdent la confection d’une ta-blette ou d’un bonbon : torréfaction,broyage et conchage (affinage duchocolat par brassage, NDLR) desfèves… sont autant d’opérationsindispensables à la réalisation d’unepâte de cacao fluide et prête à l’em-ploi. » Dans la boutique, des dizainesde cabosses en chocolat, plus vraiesque nature. « Nous sommes satisfaitsd’avoir recréé ce fruit du cacaoyer,symbole de notre métier et denotre volonté à travail-ler en direct avecplusieurs plan-tations ».En effet, après avoir par-couru le monde à la recherche defèves d’exception, Max Vauché achoisi l’archipel équatorial de SãoTomé et Principe, à l’ouest du Gabon.Il importe 15 tonnes de fèves par an,produites par un groupement dedouze planteurs (lire ci-dessous). ABracieux, une plantation miniatureet un film relatent le parcours de cesfèves : cueillette des cabosses mûres,

extraction des graines, séchage ausoleil, tri sélectif multiple, mise ensac pour l’exportation…Le visiteur a l’impression d’être trans-porté en pleine nature, ce qui n’é-tonne guère Max Vauché : « A l’instardu café, le cacao fait voyager dans lemonde entier… et dans le temps. DesAztèques aux cours royales euro-péennes, le cacao a longtemps étéconsommé en breuvage salé et épicé.Il a été peu à peu transformé, tra-vaillé, sucré pour apparaîtredans ses formes actuelles ».En témoignent les

nombreuxustensiles

et autres mou-les utilisés jadis, ras-

semblés dans son musée.« Les Anciens avaient déjà tout in-venté. Nous ne faisons qu’améliorerles techniques et les matériaux pourfabriquer nos chocolats. »

Capucine Becker

Escapades

Max Vauché,le chocolatier solidaire

Jadis « île Chocolat », São Tomé ne mérite plus son surnom. En trenteans, sa production annuelle est passée de 30 000 à 4 000 tonnes. Lescacaoyers ont été abandonnés au profit des ananas et du poivre.En 2007, pour tenter de relancer la production locale, Max Vauché etquelques confrères chocolatiers ont créé l’association Roça Cacao.Ils ont financé l’acquisition de matériels (machettes, séchoirs, bâches…)pour que douze planteurs santoméens gèrent intégralement les fèves,de la récolte à la vente. L’ensemble de cette « plantation cacao soli-daire », étendue sur 500 hectares, fait travailler 120 personnes et offreà plusieurs enfants la possibilité d’aller à l’école.

En direct de São Tomé…

De l’île équatoriale de São Tomé au village de Bracieux, Max Vauché partage sa passion du cacaoen ouvrant les portes de sa chocolaterie. Avis aux amateurs…

Chocolaterie Max Vauché41250 Bracieux - vente en ligne sur :www.maxvauche-chocolatier.com

60 La Lettre Valloire - Septembre 2011

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La Lettre Valloire - Septembre 2011 61La Lettre Valloire - Septembre 2011 61

Directeur général adjoint du Conseil régional le jour, acteur et metteur en scène lanuit : Olivier Jouin concilie métier et passion avec la même foi. Le son et lumière qu’ila créé à Cléry-St-André, au pied de la basilique où fut inhumé Louis XI, est devenu un must.

7 février 2011 au lycée deChâteauroux (Indre) : Dix-huit heures, les trois coups.

Grosse chambrée ce soir-là pour leforum « Ambitions 2020 » du Conseilrégional. Le grand barnum régionalprépare le SRADT (schéma régionald’aménagement et de développe-ment durable du territoire) : 23 repré-sentations dans les bassins de vie duCentre. Costume sombre et lunettes,l’allure du bon élève, Olivier Jouinlance le débat avant de donner laparole aux citoyens sur l’éducation,l’emploi, le développement dura-ble… Il est metteur en scènede ces représentations, entant que directeur généraladjoint des services du Con-seil régional en charge desStratégies, de l’Europe, duPartenariat et de la « Transver-salité » (sic), un poste fourre-tout,« sans rôle hiérarchique », pré-cise l’intéressé.

30 juillet 2011 à Cléry-St-André(Loiret) : En fond de scène sedécoupe la basilique où fut inhuméLouis XI, en l’an de grâce 1483. Jean,chemise ouverte, orchestre le place-ment des spectateurs. La dernière fait

un tabac. Quelques tableaux révolu-tionnaires plus tard, il déclame sontexte, en costume et perruque. Oli-vier Jouin, lui, est Mirabeau. Il est aus-si le créateur, le metteur en scène, ledialoguiste et accessoirement l’acteurde « la Révolution française, le des-tin des femmes ».Avec près de 6 000 spectateurs en2010 (où il n’avait pas plu), Cléry estdevenu le son et lumière le pluspopulaire du Loiret. Après Louis XI,Dunois et Jeanne d’Arc (son préféré),la Révolution côté femmes, avecOlympe de Gouges et Anne-JosèpheThéroigne en vedettes, c’est 230 bé-névoles, seulement 3 professionnels,500 costumes, un budget de 100 à150 000 € avec seulement 20 000 €

de subventions…« Au fil des ans, c’est de plus en plusprofessionnel », commente un Orléa-nais qui a vu les quatre spectacles.Une reconstitution parfaite au plan

technique (l’éclairage estun régal) qui, tout enlaissant une placeaux cascades à piedet à cheval, brille

par sa véracité historique et l’intelli-gence de ses textes.Côté cour, côté jardin : Olivier Jouin,48 ans, marié, quatre enfants, est auservice du public et de la cité la jour-née au Conseil régional comme lesnuits d’été à Cléry. « C’est à chaquefois un challenge, il faut avoir be-soin des autres », résumé ce passion-né.Arrivé de Nantes à Orléans en 1993pour prendre la direction d’OrléansTechnopole, cet homme-orchestrea côtoyé Olivier Guichard au Conseilrégional des Pays de la Loire puisJean-Marc Ayrault à la Ville de Nan-tes. « C’est enthousiasmant de tra-vailler avec de grands élus », dit-il.C’est Jean-Pierre Sueur qui le faitvenir à Orléans, mais en 2001, il« s’entend très bien aussi » avec sonsuccesseur Serge Grouard. MichelSapin le débauchera d’OrléansTechnopole pour lui confier la« transversalité » des politiques dela Région Centre. On ne pouvaitmieux choisir que cet homme à ladouble vie pour incarner la trans-versalité. Christian Bidault

C’est à Trans-sur-Erdre, près d’Ancenis, qu’Olivier Jouin (en perruqueci-dessus) a monté son premier spectacle : « Je n’étais pas très boncomédien », concède-t-il. Arrivé dans le Loiret, il déniche une maisonprès de Cléry-St-André. Celui qui sait se muer en véritable historiencreuse alors l’histoire de la basilique. « Cela me démangeait de faire unspectacle sur Louis XI », reconnaît-il. Il va réussir le tour de force demobiliser 200 bénévoles pour un son et lumière qui durera quatreans : 366 ans d’histoire de France plus tard, Olivier Jouin et ses amiscontinuent de révolutionner les étés de Cléry.

Olivier Jouinrévolutionne Cléry-St-André

L’Histoire en scène

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Carnet

Le maire de Tours Jean Germaina été réélu fin juin président del’Etablissement public Loire (EPL),quelques jours avant que le mairede Bourges, Serge Lepeltier, soitréélu président du comité de bas-sin Loire-Bretagne. « Que d’eau,que d’eau ! », avait dit le maréchalMac-Mahon, alors président dela République, en contemplant laGaronne en crue.

Xavier Luquet vient de prendre leposte de directeur de cabinetdu préfet du Cher. Il succède à

Olivier Geffroy. Précédemmentconseiller pour les affaires socialesà l’Ambassade de France en Alle-magne, Xavier Luquet obtient sonpremier poste dans l’administra-tion préfectorale.

Jean Bonnie, membre du conseilde surveillance de Ligérienne-

Béton, à St-Pierre-des-Corps –dont il a été le pdg jusqu’en2005 –, et vice-président du con-seil de surveillance de Ligérien-ne-Granulats, a été élu présidentde la Fédération de l’Industrie duBéton (FIB). Agé de 67 ans, cetindustriel a la particularité d’êtrenormalien et agrégé de lettresclassiques.

Christophe Galland, président del’association des commerçantsd’Amboise (Amboise Commerce)prend la tête de la Fédération desunions commerciales (FUC), enremplacement de Josée Le Bihan-Kats. Cette dernière conserve unstatut de présidente d’honneur.

Marc-Antoine Jamet, secrétairegénéral de LVMH qui possède,avec Christian Dior, une unité à St-Jean-de-Braye, remplace AlbanMuller à la présidence du pôle decompétitivité Cosmetic Valley : cedernier exerçait la fonction depuis

2005. L’autre candidat possible, lepatron tourangeau de SpincontrolPatrick Beau, ne s’est finalementpas présenté.

Pascal Daniel, greffier associé autribunal de commerce d’Orléanset ancien président du conseilnational des greffiers des tri-bunaux de commerce (2004-2006), vientd’être élup r é s i d e n td’Infogreffe,le site quimutualise lesressourcesdes quelque150 greffes.

RÉGIONPrimagaz, maison mère de la société de distribution degaz Liotard basée à St-Pierre-des-Corps, a nommé MassihNiazi directeur général. Ce dernier est entré chez Primagazen 2005 comme directeur des opérations et occupait der-nièrement le poste de directeur général adjoint. Il suc-cède à Myriam Maestroni qui prend la présidence de laSociété Economie d’Energie, une filiale de SHV Energy etmaison mère de Primagaz, spécialisée dans le traitementet la valorisation des certificats d’énergie.

RÉGION

INDRE-ET-LOIRE

CHER

LOIRET

62 La Lettre Valloire - Septembre 2011

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