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sécurité & défense magazine JUIN - AOÛT 2013 Le futur réseau de communications des forces de sécurité fait du bruit Dossier spécial : ¡ Sécurité urbaine QUAND LA SÉCURITÉ URBAINE s’impose comme un défi ¡ NEW > Chronique VIP LA PAROLE DONNÉE AUX DÉCIDEURS ET ACTEURS MAJEURS DE LA SÉCURITÉ ET DE LA DÉFENSE ¡ Reportages LES ENTREPRISES DE SERVICES de sécurité et de défense

Mag s&d 02

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S&D Magazine - Sécurité & Défense magazine aborde dans son second numéro : le futur réseau de communications des forces de sécurité française, consacre une tribune aux PME avec Deveryware, aborde la vidéoprotection, donne la parole aux ESSD, au Directeur Général Adjoint de Thales - Marc Darmon, à la vice présidente de l'assemblée nationale - Sandrine Mazetier, décortique le livre blanc de la Défense et de la sécurité nationale, le sujet des drones, de la sécurité privée ou encore de la sécurité urbaine !

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s é c u r i t é & d é f e n s e m a g a z i n e J U I N - A O Û T 2 0 13

Le futur réseau de communications des forces de sécurité fait du bruit

Dossier spécial :

¡ Sécurité urbaine Quand La sécurité urbaine s’impose comme un défi

¡ NEW > Chronique VIP La paroLe donnée aux décideurs et acteurs

majeurs de La sécurité et de La défense

¡ Reportages Les entreprises de services de sécurité et de défense

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édito Second trimestre 2013 mouvementé... Entre actualités bouillonnantes, dossiers critiques et violences multiples, la

sécurité et la défense occupent le terrain.La présentation récente du Livre Blanc de la Défense et de la Sécurité nationale est quant à elle un non-événement. Attendu ou pas, il suscite pour autant de vives réactions et concourt, outre à renforcer la politique de l’autruche, à ancrer définitivement le pessimisme ambiant, qui en arrive à prendre des allures salvatrices. Tout va mal ! Voici le consortium des temps modernes qui consiste à voir tout en noir. Mais seul “le mieux est l’ennemi du bien”. Alors, servons-nous de ce mal pour être plus forts. Servons-nous de cette conjoncture difficile non pas pour nous apitoyer sur notre sort et regretter ce temps où l’opulence n’invitait pas à la réflexion mais simplement à nous endormir sur nos lauriers. Apprenons donc à réfléchir autrement pour faire face à l’évolution de notre société, la vivre et non la subir. Apprenons à construire et travailler autrement en tenant compte des contraintes budgétaires, avec lesquelles il faut composer mais qui ne doivent pas anéantir les forces que, indéniablement, nous possédons.

D’autant que sur bien des points, et pas des moindres, les parties prenantes des différents dossiers de sécurité et de défense convergent vers cet optimisme stimulant, qui devient, par les temps qui courent, une insanité, voire une utopie. Oui, nous sommes d’accords et conscients – même si l’on n’ose se l’avouer, des besoins stratégiques et opé-rationnels qui sont ceux d’aujourd’hui et de demain ; des solutions à mettre en place, de la réalité des contraintes budgétaires, de l’importance de concourir en équipe de France, d’une Europe de la Défense forte et cohérente, d’une aéronautique de combat indépendante, d’une nécessaire structuration de la filière sécurité, des capacités d’innovation et des savoir-faire de nos forces de sécurité, de nos militaires et de nos entreprises, toutes tailles confondues ! Reste qu’il ne se passe rien ! Le monde avance et les menaces évoluent, se structurent, tout comme la concurrence. Et nous adoptons en réponse à cela : une posture figée ? Le temps de la réflexion a été long et nécessaire. Mais les contraintes actuelles nous invitent, rapidement, à nous interroger sur réfléchir autrement et franchir le pas de l’action. Le temps de l’opulence et du luxe à la française a cessé. Il faut désormais réagir et apprendre à travailler différemment. Dépasser le cap de l’attentisme et des lauriers bien savourés pour rentrer enfin dans la bataille et mener un combat pour lequel nous possédons les capacités pour gagner. Place à l’envie, la motivation, l’optimisme, l’anticipation, la structuration et l’impulsion politique.

Des appels à vœux enfin formulés ouvertement par des optimistes qui se refusent à entrer dans ce cercle destruc-teur et qui croient, à juste titre, en les capacités de notre pays. Nous avons les cartes en main, reste que le maître prenne les bonnes décisions, celles de la cohérence. Il faut que les autorités concernées prennent la mesure des dossiers qui leur incombent, définissent et soient claires dans leurs besoins et dans les objectifs à atteindre, que les industriels construisent un modèle de croissance économique col-lectif. Travailler ensemble et conduire des dossiers en concertation, pour plus de cohérence et donc d’efficacité pour déjouer les statistiques qui annoncent une diminution des parts de marché détenues par les entreprises de l’Union européenne dans le domaine de la sécurité d’un cinquième d’ici à 2020, si aucune mesure n’est prise pour renforcer la compétitivité du secteur.

Mélanie Bénard-CrozatRédactrice en chef

A turbulent second quarter in 2013. What with stormy news, critical affairs

and all sorts of violence, security and defence are on all fronts. The recent reading of the National Defence and Security official report was actually a non-event. Expected or not, it did provoke some lively response and, apart from bolstering the head-in-the-sand policy, helped to establish once and for all the feeling of pessimism which is beginning to seem like a saving grace. We’re going to hell in a handcart! Thus speak the factions who like to see the downside of eve-rything today. But why can’t we ‘let well alone’. Let’s turn this hell to our good. Let’s use this trying situation, not to feel sorry for ourselves and wail over the times when affluence

did not invite reflection but rather to rest on our laurels. Let’s learn to think outside the box to face up to the changes in our society, to live with them rather than submit to them. Let’s learn to build and work differently with all the budgetary restrictions we have to put up with but which should not overwhelm the strengths we most definitely have. The more so because in many ways, those involved in the issues that concern us here join in a stimulating optimism which in the current situation seems madly utopian. Yes, we are aware – even if we’re not prepared to admit it – of the strategic and operational requirements of today and tomorrow: the solutions to set up, the realities of budgetary restrictions, the impor-tance of pulling together in France, of a strong, relevant European defence,

of an independent fighter aircraft industry, of the need to structure the security industry, of the capacity for innovation and the skills of our security forces, armed forces and businesses of all sizes! Yet nothing happens! The world is moving on and threats are evolving and organi-sing, just like the competition. And what is our response: to stick in the mud? A lot of time has had to be spent on thought. But of necessity we must now, and soon, start to think differently and take steps. The age of French affluence and ease is over. We now need to react and find ano-ther way of working. Stop playing the waiting game, get up off the comfor-table laurels and go and fight a battle we do have the ability to win. Now is the time for aspiration, motivation, optimism, anticipation, structure and

political drive. Calls for ideas are at last being made by optimists who refuse to cross over into the circle of gloom and rightly believe in the capa-cities of our country. We have the cards, all we need now is the leader to take the right decisions, consistent decisions. The authorities concerned must take full measure of the affairs in their remit, set out and be clear about their needs and their goals; industries must build a joint econo-mic growth model. Work together and run their affairs together to give them greater consistency and hence efficiency so as to give the lie to the statistics announcing a decline of one fifth in the market share of European Union security businesses by 2020 if no steps are taken to strengthen the competitive edge of the industry.

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4 S&D Magazine - #02 - juin-août 2013

SOmmAIre S&D JUIN - AoûT 2013Sécurité & DéfenSe Magazine / Security & Defence Magazine

ReTRoUvez S&d Magazine eN veRSIoN NUméRIqUe eT

TouTES noS inFoS Sur : sd-magazine.com

cHrOniQue ViP« Thales se positionne en

leader sur le marché de la Sécurité » marc Darmon,

Directeur Général Adjoint, Systèmes d’Information et de

Communications Sécurisés de Thales / “thales moving

into leader position in the Security market”

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« Chacun doit prendre ses responsabilités pour avancer

ensemble » - Sandrine Mazetier - Députée de Paris et Vice Présidente de l’assemblée

nationale / “We must all take responsibility for our

progress” - Sandrine Mazetier, Vice-President of the French

national assembly.

7

DecryPtage Livre Blanc 2013 : pour

un ministère des armées aux ordres d’un Premier

ministre, en charge de la Défense et de la Sécurité

nationale – Jean-Luc Cotard

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SoFinS : Special operations Forces innovation

network Seminary – Pascal Podlaziewiez

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triBune DeS PMeLes enjeux de la filière

nationale de sécurité vus par une PME / the stakes for the

national security industry from an SMe standpoint

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Le 21e siècle sera maritime – Henri Zoppé 15

cyBerSécuritéLa cybersécurité, sous le

signe du bon sens et de la collaboration / Cyber security

governed by common sense and collaboration - ivy Harper

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Securite urBainequand la sécurité urbaine

s’impose comme un défi / When urban security becomes a challenge –

Hugo Cardinal et Jade H

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Securite PriVeeLa gestion des conflits dans les établissements

privés - Alain Drelon18

riSQueS MajeurS & geStiOn criSeDu tocsin provençal à la contrainte : réflexion

sur l’information, la communication en situation

de crise - Jean-Luc Cotard

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Milipol consacre les risques majeurs et développe les

rendez-vous d’affaires / MiLiPoL focuses on

major risks and develops business meetings

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DOSSier SPéciaL Le futur réseau de

communications des forces de sécurité fait du

bruit / the future security forces communications network up for debate

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tribune / De l’avenir des réseaux de communication

nationaux des primo-intervenants de la sécurité

/ the future of national communication networks in

security first intervention

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tribune / Les technologies de 4ème génération de la

téléphonie mobile comme solution d’avenir pour

l’évolution des réseaux PMr / 4th generation mobile

phone technologies are the future for the development

of PMR networks

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Le haut débit cherche sa fréquence ! / Broadband

in search of a wavelength! - Sarah Dutkiewiez

et Blue Seven

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rePOrtageSeSSD, dans le sillage

de la sécurité défense / SdSB stalking security/

defence - Fabienne Bénard

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S&D magazine est une publication de l’agence ESPriT CoM’5 rue de l’église – 64230 DEnGuin0033 (0) 5.59.81.28.75

Directeur de la publication : Christian Crozatrédacteur en chef : Mélanie Bénard-Crozatresponsable commercial : Pascal Podlaziewiez 0033 (0)6.70.68.82.53Conception graphique : Patrick PapazianTraduction : Penelope Wright

ont participé à ce numéro : Fabienne Bénard, Mélanie Bénard-Crozat, Hugo Cardinal, Jean-Luc Cotard, Alain Drelon, Sarah Dutkiewiez, Jade H., ivy Harper, Pascal Podlaziewiez, Bernard refalo, Blue Seven, Henri Zoppé

remerciements à Bernard refalo, Dorothée Bonneil, maëlle Garrido, vanessa Galvez, Tatiana Graffeuil, Colonel Chapuis, Muriel Kafantaris, Stéphane Schmoll

Dépôt légal – juin 2013 / iSSn 2266-2936

Les opinions émises dans la revue n’engagent que les auteurs. Les

publicités et rédactionnels insérés le sont sous la responsabilité des annonceurs. L’éditeur se

réserve le droit de refuser toute demande d’insertion sans avoir à motiver son refus. reproduction

intégrale ou partielle interdite.

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« ThAleS Se POSitiOnne en LeaDer Sur Le MarcHé De La Sécurité »

chronique ViP

À l’heure de la réduction des dépenses de défense en France et en Europe, Thales profite de son large spectre d’actions, de compétences

et de solutions en matière de défense pour se positionner en leader sur le marché de la sécurité. Tirant profit du continuum sécurité/défense

affiché dans le Livre blanc, du fait de la multiplication des risques liés aux attaques terroristes, informatiques ou à la surveillance des sites cri-tiques et des grandes villes, le groupe international entend se position-

ner en leader sur le marché mondial de la sécurité qui devrait représen-ter, d’ici à 2020, près de 200 milliards de dollars, contre 140 milliards

actuellement (hors cybersécurité) selon le cabinet Frost & Sullivan.

Marc darmonexecutive Vice President and Managing director, thales Secure communications and information systems.

The security and defence indus-tries are tightly interwoven. One third of Thales’ business is now devoted to security and repre-sents a market of nearly a billion

euros. The security/defence continuum is an operational reality and also a reality of solu-tions, products and services.Thales makes no secret of seeking the position “of leader and is now working in the four major fields of national security, big city security, critical site secu-rity and cyberspace security. In this field there is a clear lack of

awareness of the threat. Yet it is a major challenge in this security segment. We now have to work on looking forward and planning concepts of global defence, security and protection. Now is the time for a rational approach and integrated concepts. This is a truth which goes for the security of sensitive sites and big cities. For airports, what is needed is

a global supervision system for the long term which meets the requirements of security, video surveillance, baggage control, passenger monitoring, etc. The Airport Operation Control Center concept offers something of a revolution here. A major turning point for the market.“Big conurbations equally have to deal with security problems.

du contrôle, du renseignement et de la sur-veillance ou encore de la cybersécurité.Il y a également une communalité de métho-dologie. La prise en compte des concepts d’emplois opérationnels dans la conception et le développement des systèmes est notam-ment de même nature. »

Projets complexes, de grande envergure, qu’ils soient de la défense ou de la sécurité, Thales affiche sa volonté de se positionner «  en leader, et œuvre aujourd’hui sur quatre grands domaines que sont la sécurité natio-nale, la sécurité des grandes villes, la sécu-risation des sites critiques et la sécurité du cyberespace. Quatre secteurs pour lesquels les besoins sont en constante augmentation. Des besoins en sécurité qui évoluent ainsi

«  Les enjeux de souveraineté nationale se déplacent, au-delà des enjeux “classiques” de défense, sur le terrain de la sécurité : sécurité des citoyens, protection d’infrastructures et de sites sensibles et “vitaux”, systèmes d’information et sécurité des données cri-tiques, etc. L’activité sécurité/défense connaît une transversalité très forte. Les activités de Thales aujourd’hui consacrées à la sécurité représentent un marché de près d’un milliard d’euros.Le continuum sécurité/défense est une réa-lité opérationnelle mais aussi une réalité en termes de solutions, de produits et de services. Les points communs entre ces deux domaines sont évidents et très nombreux, que ce soit dans le secteur des communi-cations sécurisées, du commandement et

RencontRe avec MaRc DaRMon, DiRecteuR généRal aDjoint,

SyStèMeS D’infoRMation et De coMMunication SécuRiSéS De

thaleS

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Administrations and civil security forces will be needing intelligent reliable solutions for the overall control of cities. Urbanisation in Africa, for example, will give rise to new security problems so to new needs and concepts. The big chal-lenge is to organise a local admi-nistration which knows it needs upfront, overall integrated security management.

“Technological development is a good thing, but to optimise the effi-ciency of the latest developments, what is needed is to work on smart concepts that will combine several complementary systems working together. Investment is also needed to process large amounts of data. Big data is becoming big business. Speed of response is vital too and this type of program allows for that. Then there

is the need to look ahead, working upfront on the concepts.“These tools and investments are designed to offer users the capacity to take the right decisions and swiftly undertake the right actions in critical and/or complex situations. In a world where information moves more and more in real time, swift efficient deci-sion-making is of prime importance.”The security market is a growth area

“but so far it is immature and needs to be structured in France. There is a real need to strengthen the structure of the security industry, to organise this sector which is struggling to take shape. Thales is aiming for the pole position, taking the widest scope of action in Europe based on the secu-rity/defence continuum and security supply to over 700 SMEs.”

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avec une prise en compte de l’éventail des risques et menaces, l’intégration des dimen-sions d’anticipation et de veille, et vers des concepts de résilience, plus dynamiques et évolutifs. »

PrISe de cONScIeNcelente

« Il y a aujourd’hui un manque avéré de prise de conscience de la menace cybercriminelle. C’est devenu un enjeu majeur sur le seg-ment de la sécurité. Une prise de conscience qui va s’opérer en réaction à la menace qui s’intensifie. Mais il faut aujourd’hui travailler à l’anticipa-tion, à la réflexion sur des concepts globaux de défense, de sécurisation et de protection. L’heure est à la démarche rationnelle et aux concepts intégrés. Un système intégrant avec intelligence de nombreux composants, capteurs et systèmes d’information apporte beaucoup de gain opérationnel par rapport à des sous-systèmes installés séparément.Une vérité valable également pour la sécu-risation des sites sensibles ou des grandes villes. Pour les aéroports, par exemple, il faut un outil de supervision globale qui s’installe dans la pérennité et qui réponde au niveau d’exigence de sécurité, de vidéosurveillance, de gestion des bagages, de suivi des pas-sagers... Il faut donc impérativement une conception du système en amont.Avec le concept de Airport Operation Control Center qui est un système d’hypervision de ce qui se passe dans les aéroports, implanté notamment au cœur de l’aéroport de Pise – Italie, nous assistons à une véritable révolu-tion. Un tournant majeur sur le marché de la sécurité des aéroports.

L’enjeu de l’urbanisation galopante de la pla-nète est un autre exemple fort. Les grandes agglomérations doivent répondre aux problématiques de sécurité, de transport ou d’environnement. L’urbanisation en Afrique, par exemple, va donner naissance à de nou-veaux problèmes de sécurité et donc de nou-veaux besoins et systèmes. Le grand défi est la prise de conscience par une administration locale qu’il faut gérer la sécurité de manière anticipée, globale et intégrée.L’évolution de la technologie est un atout, mais pour optimiser l’efficacité des der-nières-nées, il faut travailler sur des concepts intelligents qui vont combiner plusieurs systèmes collaboratifs et complémentaires. Le gain opérationnel est considérable avec des systèmes de corrélation des informations et des algorithmes d’intelligence artificielle. L’investissement est également nécessaire dans le traitement des grandes quantités de données. L’ère du big data est en plein essor. La réactivité est ainsi primordiale et ce type de programme le permet. Ces outils et ces investissements ont pour ambition de fournir à leurs utilisateurs et donc à nos clients la capacité de prendre les bonnes décisions et d’engager rapidement les actions adaptées dans des situations cri-tiques et/ou complexes. Dans un monde où l’information circule de plus en plus en temps réel, la prise de décision rapide et efficace est un enjeu majeur. »

Vers une structuration de lA fIlIère

Le marché de la sécurité est un marché porteur qui laisse apparaître de belles opportunités et perspectives. «  Mais il est encore peu mature et demande à se struc-turer. C’est notre vœu. Renforcer une struc-turation de la filière industrielle de la sécurité est un véritable besoin, l’organisation de ce secteur qui peine à définir ses contours, une nécessité. Il faut également avoir une vision mondiale des marchés pour arriver à une efficacité plus nette et une réponse adaptée à chaque besoin et problématique. »

Thales affiche, sur un marché qui présente une croissance annuelle de 5 à 10 %, une volonté nette de se positionner « sur des marchés à forte valeur ajoutée, sur des systèmes complexes et faisant appel à des technologies avancées. Thales vise ainsi “la pole position” s’appuyant sur un périmètre d’actions le plus large d’Europe, grâce au continuum sécurité/défense et à une coopé-ration très active avec plus de 700 PME dans le domaine de la sécurité, ce qui représente 300 à 350 millions d’euros d’achats annuels. Plus Thales se développera sur le marché de la sécurité et plus nous pourrons développer notre travail avec les PME. »

chronique ViP

PRoPoS RecueilliS PaR Mélanie BénaRD-cRozat

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« PreNdre SeS reSPONSAbIlITéS et aVancer enSeMBLe »

chronique ViP

À l’heure où les priorités en matière de poli-tique de sécurité « sont à retrouver des marges de manœuvre budgétaire pour que ce secteur

soit mieux équipé, augmente et améliore ses capacités d’analyse et d’anticipation des risques,

de réponses et de résultats »... À l’heure où le livre Blanc de la défense et de la Sécurité natio-

nale, « qui est avant tout le livre blanc de la Défense », vient d’être officiellement présenté...

À l’heure où la structuration de la filière sécu-rité fait consensus moral, voici les réponses aux questions majeures de la sécurité, de Sandrine Mazetier, députée de Paris et vice-prési-

dente de l’Assemblée nationale.

interview with Sandrine Mazetier, Vice-President of the French national assembly.

Sandrine Mazetier explains that budgetary means must be found to combat “the gradual disinvestment which is making us vulnerable in our capacity to garner information, capture weak signals, understand the

right responses and predict more accurately. This does not mean the State should abandon its sovereign functions but the private sector can intervene under control in intelligence, strategy and analysis. In the case of the cybercrime threat, for example, Europe must think about a global strategy. Security forces must be given the staff,

equipment and information enabling them to act. They must be given a clearer view of the stakes and order of priority in emergencies.”For the industry’s structure, it is not a question of copying the Defence model but of “looking at what neighbouring countries are doing to achieve more consistent economic dynamics.

This is where we fall short. Without a proper structure, the security sector will fail to save and organise its employment and anticipate risks. The econo-mic value of the sector and the jobs it creates, loses or destroys has to be assessed. We need to set out capacity requirements intelligently, plan for research and identify those who can lead

terrorisme, par exemple, il faut toujours plus d’imagination, de capacités d’adaptation et de capacités publiques. Il ne s’agit pas pour autant de toucher aux fonctions régaliennes de l’État, mais le secteur privé peut intervenir, sous contrôle, en matière de renseignement, de stratégie et d’analyse. Dans le cadre de la menace cybercriminelle, par exemple, il faut

Les moyensd’AgIr

Retrouver des marges de manœuvre bud-gétaire pour lutter contre « le désinvestisse-ment progressif qui nous fait courir des risques majeurs dans la capacité à renseigner, à per-cevoir les signaux faibles, à appréhender des réponses adaptées et à anticiper davantage. Il faut être capable de faire face à l’évolution des risques. En matière de lutte contre le

Passionnée par la thématique de sécu-rité, Sandrine Mazetier, député PS,

explique : « La sécurité est une question à la fois individuelle et collective. Elle est une ques-tion qui concerne la République tout entière et chaque individu. Elle est un domaine où se croisent, se contredisent et s’enrichissent la sphère privée et publique, la défense des libertés individuelles et collectives. »

Sandrine Mazetier, députée de Paris et vice-présidente de l’Assemblée nationale - © assemblée nationale 2013

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it. We need to plan several years ahead. The State has a pivotal role in defining its needs and the players it intends to consult and accompany for these needs. For R&D there is still room for manoeuvre with the tax credits available. In times of scarce public money, it is crucial for politicians to think about the right human means and tools to be kept or got rid of. Industry, in particular

the big groups, must get involved in working together with small and medium-sized companies. There are too few of these in France and moreover they are squeezed by the weight of the big ones. Professional associations such as GICAT and its work on security have an unde-niable part to play by giving visibility to market players and the market’s potential and uniformity. And then

communication must be improved, to explain that the security market is not just any old business. Clusters of big groups, local authorities, SMEs, research centres, etc. are structures to be developed. This needs thin-king about urgently. This sort of grouping should be promoted and it must be given a timeframe. The dawn of concepts like this is far too inclined to come too late…

What we need is to start talking about finding operational solutions. It is time for a simplifying shake-up but not for delusion. We have to protect public finance and the inte-grity of public servants. We must all take responsibility for our progress.”

8 S&D Magazine - #02 - juin-août 2013

une nouvelle organisation pour répondre à de nouvelles menaces et faire face à un adversaire polymorphe sans frontières. L’avenir est à l’européenne. Il y a une véritable pertinence à ce que l’Europe réfléchisse à une réponse globale à apporter à la cybercri-minalité. Il faut une cyberarmée à la bonne échelle, souple et adaptable.Il faut enfin rendre aux forces de sécurité les moyens d’agir en termes d’effectifs, d’équi-pements et de renseignement. Leur donner une meilleure visibilité des enjeux et une hiérarchisation des urgences. Je pense égale-ment qu’il y a un véritable défi de confiance. Confiance en la société dans ses capacités à investir dans des équipements au profit des forces pour intervenir dans de bonnes conditions, mais aussi de confiance entre la population et les hommes et les femmes qui s’investissent pour leur protection. »

défeNSe eT SécUrITé,binôme tiraillé

«  Le continuum sécurité/défense est une réalité, certes. La coopération entre les deux domaines est nécessaire. Reste que certaines problématiques sont propres à chacun d’eux. Ainsi, même si j’estime que la sécurité n’est pas maltraitée dans le Livre Blanc de la Défense et de la Sécurité nationale, il est avant tout le livre blanc de la Défense. » La thématique sécurité ainsi abordée sur les deux dernières pages de ce nouveau livre blanc ne la contredira pas. Aussi, pourquoi ne pas penser un livre blanc de la sécurité. Madame Mazetier « ne trouverait pas cela inutile... » De la même manière, la question posée de la nécessaire structuration de la filière qui fait par ailleurs consensus auprès de toutes les parties prenantes « est importante, mais elle ne peut pas se faire à l’identique de la

Défense. Ce n’est pas possible, et surtout, ce n’est pas souhaitable. Je nous invite à regar-der parfois ce que font les pays voisins pour une dynamique économique plus cohérente. C’est un point qui pèche chez nous.Le marché de la sécurité est un marché por-teur qui, malheureusement, en l’absence de structuration, manque à préserver et à struc-turer ses emplois, de même qu’à anticiper les risques. Il faut évaluer le poids économique du secteur et des emplois créés et perdus ou détruits, les technologies gâchées toujours par absence de structuration. Il est donc nécessaire d’articuler la formulation des besoins capacitaires, de manière intelligente, de programmer la recherche, d’identifier ceux qui peuvent la mener. Il faut tendre vers une anticipation sur plusieurs années. Chacun de nous a un rôle à jouer. L’État a un rôle central notamment avec la définition de ses besoins et les acteurs qu’il entend interro-ger et accompagner dans ces besoins. Cela est valable en matière de R&D, par exemple. Dans ce domaine, il y a encore de la marge, avec des crédits d’impôt disponibles notam-ment. Mais c’est à l’État, encore une fois, de faire des efforts en matière de clarté dans ce qu’il entend accompagner dans la recherche et le développement, comment répartir les moyens selon les différentes étapes, et auprès de quels acteurs. Pour les élus, en période d’argent public rare, il est vital de s’interroger sur les bons moyens humains et les bons outils à conserver et/ou à accroître ou a contrario à supprimer. Les solutions ne sont pas toutes contenues dans la multiplicité incontrôlée des agents en tenue. Le renseignement, par exemple, discret, peut apporter d’excellents résultats. Enfin, les industriels doivent s’inté-resser, notamment les grands groupes, au développement du travail collaboratif les

mêlant aux ETI et aux PME. Ces dernières sont trop peu nombreuses en France, mais sont aussi écrasées, quelquefois, par le poids des géants. Il faut se poser la question des consé-quences de certaines pratiques qui visent à tordre le cou de nos PME. Mais ceci est valable pour bien des secteurs, et pas uniquement celui de la sécurité. Les groupements profes-sionnels également, comme le GICAT et ses actions en matière de sécurité, jouent un rôle incontestable, en apportant une visibilité des acteurs du marché, du potentiel et de l’homo-généité de ce dernier. Il faut enfin mieux com-muniquer, mieux expliquer que le marché de la sécurité n’est pas uniquement un business. Les exemples de cluster regroupant grands groupes, collectivités, PME, laboratoires, etc., sont des structures à développer, sur les-quelles il faut se pencher, et ce avec urgence. Il faut promouvoir ce type de regroupement mais il faut aussi se donner les délais. Les naissances de concepts comme ceux-ci ont la fâcheuse tendance à naître trop tard...Il faut donc un dialogue qui s’installe pour trouver des solutions opérationnelles. L’heure est au choc de simplification mais pas à la naïveté. Il faut préserver les finances publiques et l’intégrité des agents publics. Chacun doit prendre ses responsabilités pour avancer ensemble. Il faut donner des moyens techniques et technologiques adaptés à la réalité des missions, sans oublier de mainte-nir au cœur du dispositif l’humain. La forma-tion du personnel et la gestion des ressources humaines doivent être une priorité. C’est ce sur quoi portent notamment les efforts du ministère de l’Intérieur. »

chronique ViP

PRoPoS RecueilliS PaR Mélanie BénaRD-cRozat

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lIvre blANc 2013 : POur un MiniStère DeS arMéeS aux OrDreS D’un PreMier MiniStre, en cHarge De La DéfenSe et De La Sécurité natiOnaLe

Décryptage

prendre en compte les besoins des entre-prises françaises. Il est vrai que l’entreprise ne possède pas de statut en France. Mais s’occuper d’elle, c’est aussi s’occuper de ses employés, de ses implantations, de ses marchés. Il est possible de comprendre la réaction de l’association des armateurs de France à la parution du LBDSN (1). Une étude plus approfondie sous cet angle aurait peut-être donné des résultats moins convenus. Cela aurait nécessité un travail sur les flux économiques, donc une impli-cation de Bercy autrement que sous l’angle budgétaire.

une conception weSTPhAlIeNNe

Constatons tout d’abord que le Livre Blanc s’inscrit encore nettement dans une conception westphalienne des relations internationales. Il y a les États, les orga-nisations internationales et les citoyens, voire les peuples (cf. p. 17). Toute la pensée du livre gravite autour de la nécessité de l’État d’assurer la vie des citoyens et des ressortissants. Cela n’est pas choquant en soi. Mais, en revanche, il ne semble guère

Certes ce livre blanc est celui de l’au-truche : nous avons une fois de plus la

confirmation affligeante que la pensée stra-tégique doit pour exister, se conformer à la comptabilité nationale. Voilà le fiel est lancé dans la continuité du dernier décryptage de S&D. Mais ne nous contentons pas de critiquer ou de nous lamenter sur le nombre de brigades et de régiments ou le nombre d’avions de l’armée de Terre et de l’armée de l’Air qui méritent peut-être leur sort. Passons sur la difficulté à produire le travail en temps utile. Dépassons le constat de la prééminence du budget qui se traduit dans la balance exposée par Jean-Yves Le Drian : le président de la République doit arbitrer entre deux objets qui ont l’un et l’autre des conséquences sur la souveraineté nationale  : le budget et l’outil de défense. Dépassons les commentaires sur les effectifs et essayons de découvrir d’autres aspects de cet exercice, assez convenu et soporifique dans la forme, mais très clair dans sa présentation, qui va devenir bientôt un marronnier avec une prochaine édition programmée en 2018.

1

jean-luc cotaRD

Le Livre Blanc sur la défense et la Sécurité nationale est paru ! Alléluia ! Ce livre aura été difficile à faire paraître.

Il n’est pas sûr que les commentaires sur le volume des forces soit pertinents. ils sont le plus facilement accessibles dans la

conclusion mais oublient le dysfonctionnement de l’état sur un sujet majeur pour le pays.

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1/ Jean-Luc Cotard, consultant en communication – Chroniqueur S&D magazine2/ Le Livre Blanc sur la Défense et Sécurité nationale est paru ! Alléluia !

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cONSTAT eT incantations

Presque anecdotique, notre remarque sur l’absence de l’entreprise – excepté l’entre-prise travaillant dans ce qu’il est convenu d’appeler « l’industrie de défense » – nous permet d’approfondir la question de la participation du ministère des Finances à l’élaboration de ce Livre Blanc. Il est alors possible, dans la même logique, de s’interroger sur l’implication des autres ministères. De quoi parlons-nous  ? De Défense et de Sécurité nationale. Donc, au regard de la définition donnée par le Livre Blanc de 2008, tous les ministères sont concernés. Or, tout au long des 140 pages produites dans le document de 2013, le lecteur s’aperçoit que, visiblement, seul le ministère de la Défense se sent véritable-ment concerné. « […] l’État s’est insuffisam-ment mobilisé pour conférer à cette fonction [prospective] la place qui correspond à son importance » (p. 74). Plus loin, à propos de l’approche globale de la gestion de crise  : «  L’expérience des crises récentes a montré que nos capacités civiles […] sont encore insuffisantes, faute notamment qu’aient pu être créées les conditions permettant

la mobilisation efficace et coordonnée des ministères compétents. Il convient par conséquent de relancer la stratégie intermi-nistérielle » (p. 98) et plus loin à propos des outre-mer : «  La nouvelle répartition de la contribution apportée par chaque ministère n’a été que partiellement suivie d’effets, et des questions majeures d’équipement restent pendantes  […]  » (p. 110). Il serait encore possible de citer la participation des minis-tères à la JAPD, ou des ministères de la Culture et de l’Éducation nationale dans la capacité nationale de résilience.En fait, les ministères autres que celui de la Défense semblent se désintéresser de la réflexion et de l’application des orienta-tions fixées par un tel travail. En filigrane et de façon répétée, il serait même possible de lire une critique de la position du minis-tère de l’Intérieur sur le sujet. Il est vraisem-blable que cela restera vrai tant le Livre Blanc semblera orienté sur la Défense, ou plus exactement sur le ministère chargé des armées, tant qu’il apparaîtra comme un outil qui concerne essentiellement les militaires. Se pose alors la question de savoir comment faire perdre au Livre Blanc son aspect largement incantatoire, sauf lorsqu’il s’agit de réduire le budget et le format des armées.

revenir à lA cONSTITUTION

Une piste apparaît peut-être p. 23 : « L’État est le principal artisan [de la stratégie de défense et de sécurité nationale] à travers son action interministérielle et il incombe au Premier ministre d’en assurer l’exécution en veillant à la cohérence des objectifs et des moyens mis en œuvre.  » Ne s’agit-il pas là de rappeler que le concept de défense, tel qu’il fut conçu par l’ordonnance de 1958, puis reformulé avec le Livre Blanc de 2008, est une prérogative du Premier ministre qui, selon l’article 20 de la Constitution de la Ve République, avec son gouvernement « détermine et conduit la politique de la nation […] dispose de l’administration et de la force armée […] » ? En fait, le ministre de la Défense n’usurpe-t-il pas son titre  ? Ne devrait-il pas redevenir le ministre chargé des armées, ainsi que cela figure au-des-sus de la porte du 231, boulevard Saint-Germain ? Le Premier ministre ne doit-il pas redevenir le véritable ministre de la Défense. Cela évitera en outre que ce qui a trait à la souveraineté nationale soit en apparence confié au onzième ministère dans l’ordre protocolaire et donc hiérarchique.Revenons donc à la logique institutionnelle classique. Cela permettra de mettre effecti-vement l’État en ordre de bataille, mais aussi de mieux organiser le travail avec les col-lectivités territoriales à propos desquelles il conviendrait peut-être ultérieurement d’analyser le rôle envisagé en matière de sécurité et de défense dans le LBDSN.

Décryptage

Le ministère de l’Economie, des Finances et de l’industrie à Bercy (France)

(1) - Armateurs de France « regrette que le document ne reprenne pas les engagements du gouvernement sur la protection privée embarquée » et souligne que « les entre-prises maritimes françaises perdent des parts de marché, faute de pouvoir garantir en continu la protection des navires, des équipages et de leurs cargaisons ». (Sources : www.armateursdefrance.org/communiques-et-dossiers)

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SOfINS : SPeciaL OPeratiOnS fOrceS innOVatiOn netwOrk SeMinary

Décryptage

Du 9 au 11 avril 2013, les forces spéciales françaises ont organisé leur premier séminaire au sein du camp de Souge, près de Bordeaux, sous le haut patronage du ministère de la défense.

Rendez-vous unique en Europe, bisannuel et international, il avait pour but de faire se rencon-trer les PME, industriels et laboratoires afin qu’ils unissent leurs savoir-faire pour répondre et

proposer des solutions innovantes aux besoins précis des forces spéciales.

The French special forces held their first seminar in France from 9 to 11 April 2013. The meeting was under the patronage of Ministry of Defence, potential buyer with a budget of 4 billion euros a year for non-weapons purchases. it is a unique occa-sion in Europe, allowing SMEs, industrial and research centres to meet up and pool their skills,

replies and offers for innovative solutions to the specific needs of the special forces.

SoFinS brought together the French special forces with their foreign counterparts, specialist units from the RAID, GIGN and GiPn and security services. The focus was on means of detec-tion (sound and sight) with a

presentation of land and air drones, night vision and cap-ture devices (binoculars, lenses, telescopes) and individual fighter protection equipment. ACoEM/METrAViD presented their trigger detector which has already found approval in Afghanistan, oBJECTiF BASTILLe/eXTRem vISIoN their ir photo lens, TiTAn

Par son approche novatrice, il a permis de réunir dans un même lieu un stand d’expo-sition, une zone de démonstration et de tests de matériels, le tout rythmé par des réunions de groupe de travail, des ateliers-tests et des conférences.

Plus de 80 PME étaient au rendez-vous. « Le SOFINS est un ainsi un incubateur et un trem-plin vers l’innovation des PME françaises, dont je sais qu’elles disposent de savoir-faire uniques et de capacité d’adaptation remar-quable.  » souligne Fleur Pellerin, Ministre déléguée du Ministre du redressement productif, chargée des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Innovation et de l’Écono-mie numérique. À l’honneur, les moyens de détection (acoustiques et visuels) avec la présentation de drones terrestres et aériens, de plus en plus miniaturisés mais aux qualités augmentées ; les appareils de visions et de captations nocturnes (jumelles, objectifs, lunettes) mieux adap-tés aux utilisateurs ; et les équipements de protection individuelle des combattants présentés par plusieurs équipementiers.

pacte Défense-PME signé le 27 novembre 2012 basé sur 4 axes : penser aux PME dans la stratégie d’achat de l’ensemble du minis-tère, faciliter le passage de la recherche au développement, améliorer les relations entre donneurs d’ordre et fournisseurs et renforcer l’action en région et accompa-gner les PME. Et de poursuivre «  Faisant face à un environnement hautement concur-rentiel, les petites et moyennes entreprises doivent leur pérennité sur le marché à leur réactivité et adaptabilité. »

QUANd leS Pme reNcONTreNTles forces spéciales

SOFINS a ainsi réuni l’ensemble de la com-munauté des forces spéciales françaises mais aussi leurs homologues étrangères ainsi que les unités spécialisées du RAID, du GIGN, du GIPN ou encore de services de sécurité, les mettant en relation avec les PME, laboratoires de recherche, universités et grands groupes industriels français.

Le ministère de la Défense, premier acheteur public de l’état, représente un

acheteur potentiel, et pas des moindres, pour les PME. Contrairement aux idées reçues, le ministère consacre environ 4 milliards d’euros par an aux achats hors armement, soit plus du tiers de ses achats totaux. Responsable de la construction d’un outil de défense répondant aux exigences et priorités fixées par le gou-vernement, le ministère est ainsi « attaché à la vitalité et à la pérennité d’un tissu de PME performantes et innovantes. SOFINS s’inscrit,(par ailleurs), parfaitement dans le cadre du Pacte Défense PME » souligne Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense. Un

PaScal PoDlaziewiez

Equipement d’une gazelle - société Aerotec - © Prod32

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AViATion its helicopter refuel-ling equipment and ViSio&Co its land robot.The special forces demonstra-ted their skills in night opera-tions, reactions to direct threats and hostage rescue.An ambitious, promising enterprise which “should lay the foundations for doctrinal, operational and technical

consistency driving communal progress at controlled cost.” (Admiral Guillaud, armed forces chief of staff). next SoFinS: 14 to 16 April 2015.

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Ces stands ont reçu un grand intérêt de la part des visiteurs toujours avides de nou-veautés et de “confort” dans l’accomplis-sement de leur mission.Certaines démonstrations ont permis à quelques PME de présenter leurs technologies et leur savoir-faire. Ainsi, ACOEM/METRAVID a présenté son détecteur de départ de coup déjà utilisé, éprouvé et apprécié par les combattants d’infanterie en Afghanistan, OBJECTIF BASTILLE/EXTREM VISION a pré-senté un objectif photo IR, TITAN AVIATION pour l’avitaillement des hélicoptères ou encore VISIO&CO et son robot terrestre.Mais aussi aux forces spéciales de pré-senter leur savoir-faire dans les actions de nuit, des réactions face à une menace directe et pour finir un show devant plus de 350 personnes sur les moyens mis en œuvre et les capacités des FS dans la libéra-tion d’otages. Cette démonstration réduite dans le cadre espace-temps a mis en action les trois composantes (Terre-Air-Mer) du Commandement des Opérations Spéciales : 13e RDP, 1er RPIMa, 4e RFHS, CPA  10, com-mandos Marine, escadron 3/61 Poitou.

le cOS eN quelques mots

Le Commandement des Opérations Spéciales (COS) a été créé en juin 1992 à la suite d’opérations conduites durant la guerre du Golfe. Ce commandement inte-rarmées est placé directement sous les ordres du Chef d’État-Major des Armées (CEMA). C’est un commandement opéra-tionnel qui a pour but de :

* planifier, préparer et conduire les opérations spéciales* fédérer les unités spéciales des trois armées pour une meilleure cohérence et une synergie

* adapter et améliorer les capacités des unités (équipements, recherche, déve-loppement = SOFINS)

Pour effectuer les missions qu’il lui assigne, le CEMA met à la disposition du COS les moyens matériels ou humains adaptés provenant des composantes spéciales des trois armées.

PremIère édITIONappréciée

Les buts recherchés ont visiblement été atteints. La consolidation des relations entre le commandement des opérations spéciales et les PME a opéré. Une initiative ambitieuse donc, mais pro-metteuse, qui a permis et mettre à dispo-sition un lieu d’échanges et de discussion entre les différents acteurs principalement sur les équipements (évolution de l’exis-tant, besoins nouveaux, adaptation aux menaces, etc.) et de favoriser le dévelop-pement des programmes entre les acteurs des forces spéciales et les entreprises en prise directe. « Mais le SOFINS se veut d’avan-tage qu’un salon industriel. En associant opé-rationnels, industriels, centres de recherche et universités, il permet aux différents acteurs de mieux se connaître et de mieux satisfaire les attentes de chacun. Il promet d’établir une véritable cohérence doctrinale, opéra-tionnelle et technique, vectrice de progrès collectif à coût maîtrisé.  » précise le chef d’état major des armées, l’Amiral Edouard Guillaud. La prochaine édition est déjà pro-grammée du 14 au 16 avril 2015.

Décryptage

ordinateur durci pour pilotage de drone - © Prod32

Les engagements du COS depuis sa création

Depuis sa création en 1992, le COS a participé notamment aux opérations extérieures suivantes :Comores, 1992Somalie : opération Oryx, 1992-1993Mer Adriatique : opération Balbuzard, 1993Rwanda : opérations Amaryllis et Turquoise, 1992-1994Ex Yougoslavie et Kosovo de 1994 à 2001Haïti, 1994Comores : opération Azalée, 1995Mer Adriatique : opération Balbuzard noir, 1995République de Centrafrique : opéra-tions Almandin 1 et 2, 1995-1996Congo-Brazzaville : opérations Pélican 1 et 2, 1997Albanie : opération Alba,1997Guinée Bissau : opération Iroko, 1998République de Côte d’Ivoire : opération Licorne, 1999-2011Kosovo 1999République Démocratique du Congo, 2003Afghanistan, 2001-2013République Centrafricaine : opéra-tion Birao, 2007 Somalie : opération Thaladine, 2008Mali : 2010Libye : opération Harmattan, 2011Sahel : opération Sabre, 2012 Somalie : 2013Mali : opération Serval, 2013

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LeS enjeux De La fiLière natiOnaLe De Sécurité vUS PAr UNe Pme

tribune des PMe

entretien avec Stéphane Schmoll, directeur général de Deveryware, PME de 50 personnes spécialisée dans la

chronolocalisation. il siège dans plusieurs organismes pro-fessionnels et paritaires contribuant à la gouvernance de la R&D coopérative en sécurité, ainsi qu’à la construction de

la future filière.

interview with Stéphane Schmoll, managing Director of Deveryware, an SME speciali-sing in chronolocation. Building a security industry requires a consistent sequence of effort and means both public and private to research, produce and sell solutions optimised for medium- and long-term efficiency. The industry has to

meet national needs, create jobs and exportable value and comply with political priori-ties. There are lots of industry players but they are all focused on their own interests which are not really mutually compatible. And the French Ministry of the Interior is not focused on strate-gic planning. one thing to take into account is the strategic

view of businesses. Industry governance must be equitably shared between members of the industry and government administrations. Another is to optimise research; r&D sup-port should cover all stages of development. Two proposals to consider: creation of a label to accredit trusted suppliers for security and inclusion of

S&D : Comment optimiser la recherche en sécurité ?SOS : En France, il n’y a pas de politique cohérente de la recherche amont à la création de valeur. Les organismes publics de recherche se fixent des objectifs scienti-fiques décorrelés des débouchés souhaités par les commanditaires. À l’Agence natio-nale de la recherche, les appels à projets sont sélectionnés en premier lieu sur ces cri-tères, éliminant ainsi le développement des réponses capacitaires. Un mal très français. Il est donc primordial que la filière leur four-nisse un fléchage afin que les aides dispo-nibles soient utiles à satisfaire des besoins capacitaires tout en créant de la valeur éco-nomique. Les aides à la R&D doivent enfin couvrir l’ensemble des stades de déve-loppement (TRL), et les démonstrateurs

Les acteurs de la filière sont multiples  ; chercheurs, PME, groupes industriels, primo-utilisateurs, financeurs, etc. Mais aujourd’hui, chacun s’arc-boute encore à ses intérêts propres – pas toujours compatibles entre eux ; financement et débouchés sur des emplois privés, déve-loppement de son réseau ou soutiens à la valorisation et à l’exportation, nouveaux marchés, optimisation des retours sur investissement...

S&D : Quelle gouvernance pour cette nouvelle filière ?SOS : Elle devrait être paritaire, avec un rôle des industriels au moins aussi important que celui des administrations. Une évaluation régulière de la filière est nécessaire pour piloter sa feuille de route au vu de la situation globale des risques et menaces, de la compétitivité des solutions françaises, des possibles synergies euro-péennes, des enjeux géopolitiques, des capacités financières...

Les récentes déclarations du chef de l’État et du Premier ministre, puis le

Livre Blanc de la Défense et de la Sécurité nationale, ont pour la première fois énoncé officiellement la nécessité de créer une telle filière, avec mutualisation d’équipements et recherche de synergies européennes.

S&D Magazine : Quels seraient les objec-tifs et les acteurs d’une telle filière ?Stéphane Olivier Schmoll (SOS) : Bâtir une filière, c’est mener une succession cohé-rente d’efforts et de moyens – publics et privés – pour étudier, réaliser et vendre des solutions, avec une optimisation de l’effi-cience sur le moyen et le long termes. Ceci implique d’identifier les acteurs existants et leurs compétences spécifiques, d’animer leur complémentarité ou leur concurrence. La filière sécurité doit satisfaire les besoins nationaux et créer des emplois, de la valeur exportable tout en répondant aux objectifs politiques prioritaires : renforcement de la sécurité, de la justice et de l’emploi et réduction des déficits.

PRoPoS RecueilliS PaR Mélanie BenaRD-cRozat

Stéphane olivier Schmoll, directeur général de Deveryware. Copyright : deveryware

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accredited SMEs in a pro-portion of at least 20% of the market. no extra budget would be required but waste must be controlled, R&D resources and targets focused on fulfilling capacity requirements and needs and public contracts shared. The State would gain by relying more on the skills and inventiveness of specialist

Smes with their job creation and export value potential. And it should foster the visibility both of big groups and SME’s abroad and get its public ser-vants posted abroad to help businesses.

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répondre à des besoins du marché avec des modèles économiques identifiés.Sauf exception, la cohérence avec les guichets européens d’aide à la R&D de sécurité doit être la règle. Les programmes européens voient les acteurs français écar-tés par d’autres pays moins puissants. C’est moins la qualité de nos projets que la coor-dination de nos coopérations qui pèche.

S&D : Quelle organisation pour les acteurs français ?SOS : Pour que la filière fonctionne, les rôles des différents acteurs doivent être légitimes mais surtout cohérents. Les académiques doivent viser la valorisation effective. Les PME sont incontournables pour l’exploration de niches et la démons-tration de techniques et procédés inno-vants. Les grands groupes le sont aussi dans l’intégration des technologies éprou-vées et dans la maîtrise d’œuvre indus-trielle de grands chantiers publics. Les collectivités territoriales constituent des relais pour l’aide à l’innovation et pour la commande publique mais doivent trouver le bon compromis entre l’encouragement de leur tissu local et la mutualisation des besoins et des ressources, plus efficiente à l’échelle nationale. Quant à l’État, il a depuis près de quarante ans perdu la main pour organiser l’industrie. Le ministère de l’Intérieur n’est pas concen-tré sur la planification stratégique. Il serait bon que le SGDSN, désigné pour conduire la démarche de coordination, prenne en compte la vision stratégique des entreprises.

S&D : De nouvelles dispositions régle-mentaires ou législatives  seront-elles nécessaires ?SOS : Après recensement de la base industrielle des technologies de sécurité sous-tendant la filière, une proposition

intéressante serait de créer un label de reconnaissance des fournisseurs de confiance des administrations et orga-nismes consommateurs de systèmes et prestations de sécurité. En attendant une possible normalisation du label, le comité de filière pourrait en établir les critères d’attribution. Une lecture intelligente du droit européen et national permettrait d’imposer que les attributaires des grands chantiers de sécurité intègrent des PME ainsi labellisées à hauteur d’au moins 20 % du marché.Enfin, porter un regard nouveau sur les garde-fous juridiques que nous nous imposons en France pour protéger les données personnelles est important. Un cadre spécifique permettant l’expéri-mentation et la démonstration doit être établi pour faciliter l’exportation et servir de laboratoire d’étude sans brider la R&D. À des fins d’anticipation, la recherche en sécurité doit pouvoir précéder l’état du droit d’exploitation opérationnelle des procédés mis au point, conformément à la directive européenne 96/9.Il faudra également concentrer ou coor-donner le suivi parlementaire de la filière, aujourd’hui réparti entre les commissions de la défense, des lois et des finances.

S&D : La mise en place d’une filière de sécurité nécessite-t-elle des efforts budgétaires supplémentaires ?SOS : Probablement pas, car la somme des multiples engagements existants est déjà substantielle, mais mal utilisée. Avant de demander des efforts supplémentaires, il faut chasser les gaspillages, concentrer les ressources de R&D et l’orienter vers la satis-faction des besoins capacitaires, mutuali-ser les besoins et la commande publique. Les grands chantiers de sécurité, qu’il

s’agisse de la protection de l’État, des infrastructures vitales ou du tissu aca-démique et économique, devront être soumis au futur comité de filière afin de rompre avec certaines pratiques ruineuses et souvent inadaptées.

S&D : Les PME peuvent-elles avoir une place particulière ?SOS : Ce que le LBDSN dit pour les PME de défense doit s’appliquer aux PME de sécurité. L’exemple récemment de la plate-forme nationale d’interceptions judiciaires, où l’État a préféré tuer plusieurs PME et des centaines d’emplois pour confier la construction et l’exploitation d’une cathédrale très coûteuse à un seul maître d’œuvre industriel, sans concertation ni planification et suivi budgétaire transpa-rent, doit être corrigé. L’État gagnerait à s’appuyer davantage sur le savoir-faire et la créativité fourmillante des PME spéciali-sées, avec leur potentiel avéré de création d’emplois et de valeur à l’exportation.

S&D : La filière doit-elle être également organisée à l’international ?SOS : « L’équipe de France de sécurité » doit s’entraîner pour marquer des buts. Dans les salons internationaux, il faut encourager – par des mesures incitatives – une visibilité simultanée des grands groupes et des PME, à l’instar de nos concurrents interna-tionaux, avec le support actif, décomplexé et effectif des officiels français. Les fonc-tionnaires en poste à l’étranger doivent être davantage mis à contribution pour aider les entreprises, notamment dans les pays géopolitiquement favorables, en se débarrassant des principes de séparation que nos rivaux ont dépassé de longue date.

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Le Vingt et unièMe SiècLe SerA mArITIme

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C’est sur cette exergue que s’ouvre le rapport d’activité de la dCnS. Si le nouveau livre blanc épargne la marine, celle-ci y perd quand même

quelques unités et des refontes majeures sont abandonnées au profit de simples modernisa-

tions. Ainsi la question des drones marins va se poser de deux façons différentes. Certains vont y voir un moyen d’économiser sur l’humain et

l’achat du matériel. d’autres vont y voir la simple prolongation du long usage par la marine de

robots divers.

henRi zoPPé

© eSDT

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Le drone mArIN

L’usage sur l’Adroit d’un drone Schibel, à l’origine prévu pour un usage terrestre, devient-il marin par ses centaines d’appon-tages et de décollages réussis  ; avant sa perte en mer pour une cause à déterminer ? Ou bien reste-t-il un indécrottable terrien ? Les Américains semblent avoir tranché le débat avec le X47B qui, à la fin de l’année dernière, subissait ses premiers essais de catapultage à terre avant d’embarquer pour une première sur porte-avions où ses capacités d’adaptation aux équipements, ascenseurs, hangars, saisines et ravitaille-ment passeront un examen minutieux. Un fait reste certain, l’US Navy tient à conser-ver son avance technologique.Un autre écueil réside dans les définitions. Théoriquement, à sa généralisation, le drone restait un nuisible. Un œil dans le

ciel dépourvu de toute capacité de des-truction. Puis, vint le temps de les armer. Celui de les transformer en kamikazes occasionnels ne tarda pas, effaçant la fron-tière entre missiles, bombes intelligentes et drones marins.

QUANd leS PeTITS TrAvAIlleNTau profit du grand

Rencontre avec Marc Lanvillier, respon-sable du Département sécurité, télécom-munications, drones et sécurisation de sites pour ESDT – une micro-société de 15 personnes qui conçoit le BICA. Un homme qui travaille avec l’armée depuis 1997... Mais pour un Breton, l’appel de la mer ne se discute pas...

une histoire vieille de 16 ANS

Ainsi, au cours de ses entretiens avec les marins, il conçoit que l’un de leur plus grand adversaire reste la mine. En effet, le plus gros dégât causé à un navire de guerre lors des combats dans le Golfe reste le fait d’une simple mine dérivante. Un engin inchangé depuis sa création dans les années 1900, un simple baril bourré d’explosif et qui ne vaut que le prix de celui-ci et de la ferraille l’entourant, va causer des centaines de milliers de dollars à la fine fleur de la Navy. Les deux autres cas de dégâts pouvant être assimilés à des dommages de guerre, l’un sur un destroyer américain qui faillit bien sombrer, l’autre sur un super pétrolier français, le seront par des canots suicides assimilables à une sorte de mine durant son approche lente.Muni de ces renseignements et de sa connaissance des marchés militaires res-treints qui, sans déroger aux règles des marchés publics, conserve une plus grande souplesse, il se lance avec une équipe de huit collaborateurs dans l’aventure du drone, utilisant le dernier cri du prototy-page : l’impression en 3D. Tout le monde connaît cet Américain qui veut obtenir une arme avec ce système, les forces américaines en possédaient dans leurs bagages en Afghanistan. Le principe : à partir d’un fichier 3D, la machine met en forme de l’ABS plus (la coque de votre souris ou les Lego de votre fils). Ainsi le BICA, aux dimensions généreuses, 174 x 27 x 33 cm, sort en 6 tranches de la machine.

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réactivité etfIAbIlITé

Même s’il reste discret à ce sujet, une connaissance des forces spéciales et de leurs techniques de travail transparaît. Travaillant depuis 18 ans avec elles, il connaît parfaitement leurs attentes.La réactivité constitue pour elles le facteur décisif. «  Le matériel devrait se présenter sur étagère avant la demande. La société démarre d’ailleurs en écumant les catalo-gues des constructeurs les plus divers pour proposer les meilleurs produits.  » Mais cela ne suffit pas. «  On passe bientôt à la haute couture des engins construits quasiment à l’unité pour des corps à destination spéciale. Au départ, les drones sont à usage aérien ou terrestre.  » À ses yeux, l’atout maître des PME-PMI réside justement dans la vitesse d’exécution. « Entre la demande et la livrai-son du produit fini, le délai maximum est d’un an. Souvent moins au vu de l’expérience acquise. Mais le plus gros problème réside dans l’obtention de fonds pour la recherche et le développement. Les grandes sociétés bénéficiant des plus grosses avances », ajou-tant tout de même que « la création de pôle de développement comme le prône Eden Bretagne regroupant des petites entreprises pour négocier auprès des armées offre des chances supplémentaires.  » Reste que la fiabilité devrait primer sur tout le reste. « Le coût ne doit entrer en question que jusqu’à un certain point. Churchill disait qu’il était trop pauvre pour acheter bon marché.  » Quant à l’avenir, il garde une grande pru-dence. « Le marché des drones ressemble à celui de start-up d’Internet. Beaucoup de pré-tendants mais combien d’élus dans dix ans ? Un seul produit ne suffit pas dans un milieu qui réclame des couteaux suisses adaptés à toutes les situations... »

le mIlIeU deS drONeS mArINSse cherche

Si le rétrécissement des budgets va ouvrir des opportunités à ces produits, il ne faut pas oublier qu’à tâche égale, la différence de prix arrive à s’équilibrer pour les pro-duits les plus complexes. Le BICA est pro-posé à la Marine nationale aux environs de 20  000 €. Mais s’il devait devenir submer-sible, son prix exploserait. Ses concurrents se heurtent aux mêmes questions...Le rôle des drones marins reste donc à définir. Si l’emploi d’engins volants pour la reconnaissance et sans doute l’attaque fait partie des évolutions normales, quoique pour l’instant la Marine nationale semble réticente sur l’aspect combat à l’inverse des USA, tout comme les drones destinés à la guerre des mines et à la reconnaissance, le reste tient du domaine de la spécula-tion. Devons-nous nous attendre à une poussière navale comme le préconisaient certains en 1910 avec des torpilleurs et des unités légères tirant les leçons de la défaite russe de Tsushima, et voir éclore des essais de drones se lançant en groupe contre des destroyers aux armes laser et à impulsion magnétique ?Ou plus simplement à un outil complé-mentaire dont le prix et l’absence d’équi-page rend sa perte moins significative ?

Ouverture dUAle

Un groupe de compétitivité situé en Midi-Pyrénées regroupant 200 grandes entre-prises, 44 PME, 4 universités et 8 grandes écoles essayant de concilier industrie, agri-culture et haute technologie vient d’élire le BICA, autrement équipé comme l’engin permettant aux agriculteurs, pisciculteurs de mesurer l’envasement de leurs pièces d’eau. Son faible coût et sa petite taille en font un engin agricole. Transformer les épées en soc de charrue devient vrai.Pour son constructeur, celle-ci représente un atout supplémentaire. « Obtenir une qua-lification duale est une grande satisfaction. »Si l’avenir du BICA reste en discussion, l’in-térêt de la Marine nationale pour la guerre des mines lui laisse toutes ses chances au vu de son faible coût et de sa construc-tion novatrice par l’emploi de la 3D. Une approbation et une reconnaissance qui ouvriraient sans conteste une porte à l’exportation.

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Fiche technique

Taille : 174 x 27 x 33 cmPoids : 40 kgVitesse : 6 nœuds minimumMode : 2 modes de propulsion indépendants 2 propulseurs fixes2 Pods tournant à 360° pour une grande manœuvrabilitéCharge de déminage jusqu’à 5 kgPortée supérieure à 1,5 km en fonction des conditions climatiques2 caméras grand angle pour une bonne vision de la mine

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Sécurité privée

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lA geSTION de cONflITS DanS LeS étaBLiSSeMentS PriVéS

La gestion des conflits, situations dan-gereuses au sein des entreprises qui

représentent un risque pour les usagers des établissements et en premier lieu pour les employés, doit être confiée à des professionnels, formés et compétents dans ce domaine. S’adjoindre un service de sécurité privée est donc incontour-nable pour les décideurs, une tranquillité validée par l’obligation de formation que les agents de sécurité ont aujourd’hui pour exercer.

UNe NOTIONencore méconnue

Lorsqu’on évoque la gestion de conflits, la référence première est celle d’un grand spécialiste habitué des situations critiques tels les négociateurs des forces d’interven-tion des forces de l’ordre ou bien encore des intermédiaires chargés de désactiver un conflit international. Alors que les établissements recevant du public sont

le théâtre quotidien de situations conflic-tuelles, comment imaginer faire intervenir les forces de l’ordre dans toutes ces situa-tions ? Impossible. Ainsi, dans ces établis-sements tels les centres commerciaux, les cinémas, salles de spectacle, stades de sport, discothèques, etc., ce sont donc les services de sécurité privée qui font face aux conflits dont les origines sont aussi diversi-fiées que les belligérants. Il faut alors que les opérateurs soient des professionnels aguerris de la communication, dotés d’une très bonne capacité de résistance au stress et d’une faculté d’écoute et d’ouverture incontournable.

Le conflit est une résultante de la vie en communauté, les intérêts de chacun étant par définition différents.

C’est une réalité bien connue à laquelle sont capables d’apporter une solution maîtrisée, adaptée et efficace,

les agents de sécurité privée.

alain DRelon

Le conflit est un échec de la communication

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Sécurité privée

De plus en plus sollicitées pour effectuer ce type de mission, les entreprises de sécurité privée soulignent pour autant ne pas connaître « une démarche plus sponta-née allant dans ce sens. L’image désuète du “vigile” aux gros bas est parfaitement biaisée. En s’alliant le service de ces professionnels, les entreprises pourront appréhender les relations conflictuelles de façon sereine, avec dans le pire des cas un passage de relais aux forces de l’ordre, qui, elles aussi, auront comme interlocuteurs des professionnels de la sécurité  », souligne-t-on dans le milieu de la sécurité privée. Reste que les services de sécurité sont mis en place soit pour des obligations légales, soit pour des recom-mandations des sociétés d’assurances, ou enfin dans une démarche curative contre les vols. Faire fi de l’une des compétences majeures, l’accueil du public et la gestion de conflits des agents de sécurité, et ce quelle que soit l’activité principale de l’unité de production, la multiplicité des rencontres ou les fréquentations abon-dantes des lieux publics, reste une mau-vaise stratégie. A contrario, l’intégrer dans sa politique de sécurité représente une avancée majeure et un atout considérable.

une formation reNfOrcée

Depuis 2003 et l’obligation faite aux agents de sécurité d’être formés à la gestion de conflits, cette discipline a été intégrée aux déroulés pédagogiques. Certains organismes de formation lui faisant dès le début une place de choix dans l’ensemble des compétences dispensées (comme le titre professionnel Agent de Sûreté et de Sécurité Privée de l’AFPA). Aujourd’hui, le législateur a revu à la hausse le temps de formation minimum (faisant passer le CQP de 70 heures à 140 heures), et a adjoint un module (de 5 heures) obligatoire portant sur la gestion de conflits et l’identification des comportements à risques. Les candi-dats, futurs agents de sécurité, découvrent alors qu’on a coutume de schématiser

l’agression (pour les conflits non résolus) par un triangle composé de l’impunité, de la facilité et de la motivation. C’est sur ces bases que les conflits sont gérés dans les établissements privés. Les agents de sécurité devront donc s’employer à rétablir une communication perdue. Ils devront faire redescendre le ou les individus de “l’escalier du conflit” et désamorcer toute agression possible, naissante ou en cours. Faire ainsi tomber l’un des trois côtés du

triangle de l’agression devient le pilier de la gestion de conflit. Une formation com-plète qui permet d’appréhender et analy-ser un conflit, évaluer les différents stades de développement d’un conflit et adopter une stratégie adaptée à chaque stade, et enfin, d’utiliser une méthode et des outils efficaces pour maîtriser et gérer les conflits dans les établissements privés.

Les centres commerciaux et galeries marchandes ne sont plus les seuls lieux générant des conflits

.../...

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Sécurité privée

UNe réAlITé ImPOSéeen milieu hospitalier

La sécurité est apparue comme un besoin dit “nouveau” dès les années 90. Enjeu ô combien important, le ministère de l’Emploi et de la Solidarité en lien avec le secrétaire d’État à la Santé et aux Handicapés ont ainsi publié une circulaire le 15 décembre 2000 dont l’intitulé principal est «  la prévention et l’accompagnement des situations de vio-lences ». Les recommandations de cette cir-culaire sont axées sur quatre points : renfor-cement des agents hospitaliers en matière de prévention de la violence, des mesures d’amélioration de l’accueil visant à diminuer l’agressivité des usagers, la mise en place d’équipements de sécurité et le renforce-ment des personnels d’accueil et de sécu-rité. Problème qui aujourd’hui ne semble pas avoir été totalement appréhendé, si l’on en croit les déclarations de l’Observatoire national de la violence hospitalière (orga-nisme dépendant du ministère de la Santé) qui note depuis sa création, en 2005, une hausse constante de la violence à l’hôpital, précisant qu’entre 2010 et 2011, une hausse de 11 % des signalements auraient été enregistrée.Selon l’Assistance publique Hôpitaux de Paris (APHP), les agressions physiques contre ses propres personnels ont aug-menté de 26 % au cours du premier semestre 2010 et pour Philippe Jean, chef du Service des urgences de l’hôpital Nord de Marseille, «  ces situations de violence n’ont rien d’exceptionnel ». L’enjeu étant important pour les établisse-ments hospitaliers, mais également pour la capacité des offreurs publics ou privés de sécurité à concevoir une doctrine propre aux établissements ouverts au public en tirant les leçons des évolutions de la sécu-rité et de la santé publiques, une formation spécifique d’agent de sécurité en milieu hospitalier a été créée, répondant à une véritable attente des chefs de respon-sables d’hôpitaux et de cliniques.

Autre réponse aux faits de violences et aux situations conflictuelles  : le Louvre Lens (dans le Pas-de-calais), avant son ouverture fin 2012, décidait que l’ensemble des per-sonnels d’accueil devront être titulaires du CQP afin d’avoir une approche sécuritaire du contact avec le public. Cela permet-tant au personnel d’appliquer les bonnes méthodes et d’utiliser les bons outils aux bons moments. Les mouvements sociaux des équipes du Louvre à Paris, faisant suite à une recrudescence d’agressions, donnent raison à cette démarche préventive.

Pas de solution miraclemAIS deS SOlUTIONS

L’intégration des forces de sécurité privée dans les lieux privés ne permettra pas une révolution ou une éradication des incivili-tés et agressions. Mais, au même titre que la cellule de crise permet une continuité et une pérennité des entités de production sans faire disparaître les risques, la prise en compte de la problématique sécurité dans son établissement, quel qu’il soit, et des solutions adaptées à mettre en place, accompagnée de la professionnalisation des agents de sécurité à la gestion des conflits, permettront que le combat contre l’augmentation des situations conflic-tuelles se poursuive et récolte des résultats enfin positifs.

Selon un baromètre réalisé par D-Link auprès des professionnels de la santé en décembre 2012, 42% des établissements de santé souhaitent s’équiper d’un système de vidéosurveillance IP

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risques majeurs

Du tOcSin PrOVençaL à La cOntrainte : réflexION SUr l’INfOrmATION, lA cOmmUNIcATION eN SITUATION de crISe

épisode neigeux, gaz mercap-tan fuiyant de l’usine Lubrizol,

etc., montrent l’importance de la communication en

situation de crise. Cependant, cette communication, vue

sous l’angle de la diffusion de l’information, ne peut com-

penser le manque de prépara-tion ni le manque de volonté

politique et administratif.

Le 8 mai dernier, au micro d’un journaliste de France Info, une habitante de Troyes

donnait ses impressions sur la gestion de la crue de la Seine par les autorités. « Nous savions ce que nous avions à faire, on nous a tenu au courant de l’évolution de la situation, grâce aux CRS qui patrouillaient. Nous savions que nous pouvions être aidés et que la situa-tion était suivie avec compétence et préci-sion », disait-elle en substance. « Nous étions vigilants, mais pas extrêmement inquiets.  » En filigrane de ces propos apparaît l’impor-tance de l’information des populations en cas de risque majeur. L’information permet l’anticipation et surtout l’adaptation.Pourtant, cette crue de la Seine du début du mois de mai, objet de nombreuses alertes, analyses et descriptions, semble être une exception. Souvenons-nous des surprises créées par les différents épisodes neigeux qui bloquent les aéroports (2011), la Normandie (2013), de l’immersion de la côte vendéenne par Xinthia en 2010. À chaque fois, la parole est donnée aux habitants, aux usagers qui dénoncent le manque d’information sur la situation, sur les actions à mener ou à ne pas mener et sur l’incurie des pouvoirs publics.

PrISe de conscience

Pour celui qui se plonge dans l’étude de la préparation de l’administration étatique ou locale, il ne fait aucun doute que de nom-breux travaux, études, plans sont rédigés réfléchis, évalués, que l’histoire, les sciences géographiques, physiques sont convoquées pour éviter les pertes humaines et les dégâts économiques. Tous les documents abordent le sujet de l’information et de la commu-nication. Pourtant, presque à chaque fois, les plaintes pleuvent. Pourquoi ? On pourra toujours avancer que les Français sont portés à la récrimination. L’explication sera courte. Les administrations pourront dire mais qu’elles avaient prévu, qu’elles avaient mis des documents à disposition sur Internet. Cela n’évitera pas les critiques. Faut-il s’en satisfaire  ? Il existe une véritable prise de conscience de l’importance de l’information et de la communication, mais cela suffit-il  ? En fait, la véritable question est de savoir si cette critique à l’encontre de l’information, si les efforts acharnés déployés par les auto-rités ne sont pas un succédané à une forme

d’absence de volonté politique ? La commu-nication visiblement nécessaire peut-elle suf-fire à satisfaire les populations impliquées ?

continuité &cOhéreNce

La communication – la vraie, pas la propa-gande, pas le marketing – expose, explique et au bout du compte donne une forme de crédibilité à l’émetteur, pendant que

jean-luc cotaRD

La volonté d’imposer l’application des normes sismiques pour parer aux risques. Un véritable sujet dans certains pays. Et en France ? Tbilissi : immeuble effondré dans le centre-ville à la suite d’un tremblement de terre © Henri Moreau

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22 S&D Magazine - #02 - juin-août 2013

risques majeurs les récepteurs, directs ou non, acquièrent progressivement confiance. La communi-cation repose sur un principe de continuité et de vérité. Comment l’État, les adminis-trations, les collectivités peuvent-elles être crédibles s’ils ne parlent de problèmes qu’au moment où ils se posent  ? Ce prin-cipe de continuité implique des actions répétitives dans la durée. Il ne s’agit pas forcément de focaliser sur un problème mais bien de donner une culture. Se pose alors la question de l’acteur émetteur ? Qui doit parler, sur quoi ? À l’évidence, les auto-rités. Oui, mais la multiplicité des autorités dans notre millefeuille administratif risque de générer des messages contradictoires. Deuxième point rarement évoqué  : quid de la coordination des messages entre des autorités de même nature, tel le conseil général, qui ne poursuivent pas les mêmes objectifs et n’ont pas les mêmes moyens à leur disposition. Apparaît le principe de cohérence non seulement de la commu-nication publique, mais aussi de la cohé-rence de la communication avec ce qui se vit sur le terrain. Comment accepter un discours rassurant à propos de la fuite du gaz mercaptan en janvier 2013, quand le préfet fait annuler une rencontre sportive dans le stade de Rouen ? L’information sera d’autant plus jugée crédible et acceptable dans les contraintes qu’elle impose, qu’il y aura eu longtemps avant une présentation claire des processus, des structures qui à la fois informent et responsabilisent les acteurs publics et que le discours ne sera pas contredit par des actes.Lors de l’épisode neigeux en Normandie en mars 2013, l’état de dégagement des routes dans l’Eure n’était pas du tout le même que celui des routes de l’Orne sur le même itinéraire, dès la limite de com-pétence administrative franchie. Comment un usager peut-il alors analyser la situation

correctement et prendre une décision cohérente quant à un déplacement éven-tuel  ? Il suffit d’écouter les informations dira le lecteur. Encore faut-il pouvoir accé-der aux informations. Si pour une raison ou une autre, il n’y a pas de possibilité de connexion Internet, quel est le meilleur moyen d’avoir une information adaptée et précise sur la longueur d’un trajet ?

leS mOyeNS de lA cOmmUNIcATION passent par le tocsin

L’expérience de la commune de Céreste dans le Lubéron est très intéressante sur ce sujet. Le maire y a établi un plan communal de sauvegarde en prenant en compte les risques sismiques mais aussi technologiques (proximité de Cadarache) et naturels (feux de forêt…). Il a entraîné son équipe municipale et sa commune à réagir à différentes situations. Un des pro-blèmes majeurs auxquels il a été confronté a été la diffusion de l’alerte d’abord, puis celle de l’information au fur et à mesure des événements. Que faire quand il n’y a pas de réseau Internet, pas d’électricité pour faire fonctionner la sirène ? La muni-cipalité a ainsi prévu une liaison satelli-taire grâce à une alimentation électrique autonome, une voiture haut-parleur, mais aussi le bon vieux tocsin sonné à la main. Voilà peut-être une bonne raison pour les municipalités de conserver les clochers dans nos villages ! Un exemple qui permet de souligner qu’un plan rédigé ne vaut rien sans expérimentation. Concernant la communication, il souligne que l’informa-tion au moment de l’accident ne peut être diffusée correctement que si l’on a appris à la diffuser dans des conditions dégradées.

Reste à savoir quelle coordination le maire a prévu pour relayer l’information avec les communes voisines. La communication, avant d’être pratiquée, se prépare, comme l’hébergement et l’évacuation des popu-lations. Il est certes important d’avoir un message à diffuser, mais il est aussi très important de penser à la façon dont le récepteur imaginé pourra accéder au mes-sage. Le message est dépendant de l’auto-rité responsable, mais ce qui est vrai dans une circonscription ne l’est pas forcément dans celle d’à côté.

La communication n’est pas une fin, mAIS UN mOyeN de l’AcTION PUblIQUe

Mais la construction de maisons à proxi-mité d’aéroports, d’usines classées SEVESO à l’exemple de ce qui s’est produit autour de l’usine AZF, ou en pleine zone inon-dable, les engorgements sur les axes routiers alors qu’un épisode neigeux est annoncé, montrent que chacun pense pouvoir éviter l’aléa. La communication sous forme de sensibilisation ne suffit donc pas. Il convient d’envisager une claire fer-meté pour interdire les constructions ou les accès aux autoroutes. Alors, la commu-nication revient dans son rôle de diffusion de message de l’autorité. Le fait que l’État soit centralisé ou non ne change alors rien. La communication à propos d’un aléa requiert bien une action continue, à la fois dans le temps et dans l’espace, concertée entre les élus, les administrations et les citoyens concernés. Cette continuité se complète obligatoirement du garde-fou de la cohérence.

Quand l’anticipation est possible... un chasse-neige ferroviaire rotatif (type rhB

Xrotd 9213) en train de dégager la Bernina Line, en Suisse © Kabelleger/

David Gubler

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tRiBUne / MiLiPoL focuses on major risks and develops business meetings

MiLiPoL Paris will be held from 19 to 22 November in Hall 5A, Parc des Expositions Paris nord Villepinte. Already buzzing several months ahead, the event will be hosting all the international players in public

and industrial security who will be displaying their solutions, services and skills to the rest of the trade. Major risks and business meeting are the two key features of this 18th fair. The area devoted to major risks, whether technological or indus-trial, natural or health risks, or major threats, will be animated by cutting-edge trends that are

risques majeurs [TrIbUNe]

Organisé sous l’égide du ministère français de l’Intérieur, présidé par le préfet Rémi thuau, le salon international de

la sécurité intérieure des états, Milipol, institution reconnue depuis bientôt 30 ans, se tiendra du 19 au 22 novembre

prochain au Parc des expositions de Paris nord Villepinte – Hall 5A. En pleine ébullition à quelques mois de l’échéance, il réunira l’ensemble des acteurs internationaux du secteur

qui présenteront leurs solutions, services et savoir-faire aux professionnels. Risques majeurs et rendez-vous d’affaires,

deux des points-clés de cette 18e édition.

eN cONSTANTe évolution

Répondant à un manque significatif en matière de promotion et de commu-nication pour le secteur de la sécurité intérieure, le premier salon internatio-nal Milipol est organisé à Paris en 1984 et devient ainsi le leader mondial dans son secteur. Dès 1995, il est réalisé sous l’égide du ministère français de l’Inté-rieur et accompagne les tournants et les évolutions du monde de la sécurité. Des balbutiements de la vidéoprotection à la création du RAID, des premiers drones téléportés à l’apparition de la biométrie, il fait un focus sur la lutte contre le terro-risme, la cybercriminalité et la prévention

et la gestion des risques majeurs répon-dant ainsi aux préoccupations majeures actuelles.

NOUveAUTéS 2013

Quatre jours d’expositions, de rencontres, de découvertes et de débats autour de la sécurité publique et industrielle. Voilà ce que vous réserve l’édition Milipol 2013. Rendez-vous mondial des acteurs-clés de la sécurité intérieure des États, avec près de 1 000 exposants d’environ 50 pays, le salon attend cette année la venue de près de 30 000 visiteurs. Milipol Paris offrira à nouveau une grande diversité de choix en matière

d’équipements et d’innovations techno-logiques pour la sécurité des personnes et des biens. Le salon couvrant près de 18 secteurs d’activité, il propose ainsi un éventail complet des solutions, évolutions et services permettant aux États de proté-ger leurs citoyens.Véritable concentré d’innovation et d’infor-mation, Milipol Paris «  bénéficie du soutien constant du ministère français de l’Intérieur. Le stand Police/Gendarmerie/Sécurité civile permettra de découvrir les technologies et les innovations utilisées par ces services. D’autres ministères et institutions  qui concourent à la sécurité  seront également présents  : la Douane française, Europol, Interpol…  », précise le président des salons Milipol, le préfet Rémy Thuau, avant de poursuivre :

Milipol Paris 2013 déménage. rDV du 19 au 22 novembre prochain au Parc des expositions de Paris nord Villepinte – Hall 5A - © Milipol

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mIlIPOl cONSAcre leS rISQUeS mAJeUrS et DéVeLOPPe LeS renDez-VOuS D’affaireS

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risques majeurs «  Milipol Paris 2013  développera son espace dédié aux risques majeurs  : technologiques, naturels ou autres, et ce, afin de répondre aux besoins de prévention et de lutte contre les catastrophes dont sont victimes de nom-breux pays. »

Les risques mAJeUrS

Créé lors de l’édition 2009 du salon, l’espace dédié aux risques majeurs, qu’ils soient d’ori-gines technologiques ou industrielles, natu-relles ou sanitaires, ou de menaces majeures, réunira à nouveau en 2013, les acteurs inter-nationaux publics ou privés concernés.

En 2011, le pôle risques majeurs a rencon-tré un grand succès avec une augmenta-tion de 28 % en termes de m² et de 23 % en termes d’exposants. Il sera donc l’un des pôles-clés de cette 18e édition avec de nouvelles animations très tendances qui séduiront, à ne pas en douter, les visiteurs ainsi que la présentation d’innovations majeures dans ce domaine en constante évolution, intégrant toutes les activités liées aux risques majeurs que sont la prévention, la protection, la surveillance, la détection, l’identification, l’analyse et l’intervention. États, institutions, collecti-vités territoriales, entreprises publiques et privées qui jouent un rôle prédominant et qui ont besoin d’expertise et d’innovations tenteront de répondre ou de trouver des pistes de réflexions nouvelles sur com-ment mieux se préparer face aux risques majeurs, ou encore comment agir en cas de catastrophe ?

Les rendez-vous d’AffAIreS

Après leur succès en 2011, les rendez-vous d’affaires qui ont permis d’optimiser les rencontres entre exposants et donneurs d’ordre sont à nouveau proposés par la Chambre de commerce Paris Île-de-France avec la Commission européenne. Ces rencontres permettront aux entreprises

d’établir un premier contact décisif avec des entreprises de leur secteur venues du monde entier, ayant des profils d’acheteurs ou vendeurs et présentes sur Milipol Paris 2013 en tant qu’exposants ou visiteurs. «  Grâce au salon Milipol Paris, les services de sécurité des États et des collectivités publiques ainsi que les entreprises pourront découvrir des produits et services bénéficiant du plus haut niveau d’innovation techno-logique et adaptés à leurs besoins. La très grande diversité des équipements et maté-riels exposés sont le reflet de la multiplicité des métiers de la sécurité, de l’antiterrorisme à la police technique et scientifique en pas-sant par la sécurité publique de proximité, la sécurité civile ou la sécurité routière », déclare Rémi Thuau.

À cinq mois de ce rendez-vous incontour-nable pour le marché de la sécurité, le salon Milipol Paris travaille actuellement à la réalisation d’événements parallèles qui viendront une nouvelle fois accroître le potentiel d’un événement international majeur dans notre pays. Des innovations en cours de préparation pour être présen-tées au public et aux décideurs présents, des animations encore confidentielles... Pour le moment, la discrétion reste de mise. Sécurité et exclusivité oblige... Les réponses dans notre prochain numéro...

Le pôle risques majeurs sera l’un des axes majeurs du salon 2013 - © Milipol

Un salon conjoint

Milipol Paris se tiendra cette année conjointement au salon CARTES, l’évé-nement leader mondial des solutions sécurisées pour le paiement, l’identifi-cation et la mobilité. Avec près de 450 exposants et 140 conférences animées par des experts internationaux, l’évé-nement attire près de 20 000 visiteurs venus découvrir les dernières tendances et nouveautés du secteur (paiement mobile, NFC, biométrie, M2M, ...). Le secteur identification présentera les der-nières innovations en termes de docu-ments d’identité sécurisés et de solu-tions d’authentification. Une journée de conférences est ainsi dédiée aux enjeux de l’identification et de la sécurité, telles que la gestion de l’identité digitale, les technologies de l’authentification, la biométrie, etc. Chaque année enfin, les Trophées SESAMES récompensent les 10 meilleures innovations technologiques des secteurs de la carte à puce, de la sécurité numérique, de l’identification, des transactions sécurisées et du sans contact.

as yet secret but will no doubt appeal to visitors along with the key new innovations in the field. Will this be the place to learn how best to respond to major risks? or how to act in the event of disaster? Business meetings, decisive commercial and technological encounters, are once again on the agenda, organised by the Paris ile de

France Chamber of Commerce, partner of Enterprise Europe network with the European Commission.Milipol Paris this year will run alongside the CArTES fair, the leading world event for secure payment, identification and mobility solutions.

24 S&D Magazine - #02 - juin-août 2013

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In a highly connected world where the spread of informa-tion in real time is a daily fact of life, it is time to rethink the communication systems used by security and defence forces. The aim is to respond to new requirements in our society and give the players in the field the means to meet them.

Le futur réSeau De cOMMunicatiOnS deS fOrceS de SécUrITé fAIT dU brUIT

dans un monde ultra connecté où la diffusion de l’information en temps réel est une évidence du quotidien, l’heure de repenser les systèmes de communications des

forces de sécurité et de défense est venue. le but : répondre aux nouvelles exigences de notre société et donner les moyens aux acteurs opérationnels d’y parvenir.

Plusieurs questions se posent alors. Celles de l’interopérabilité et de mobilité dans un monde décloisonné, celle du niveau de sécurité de diffusion des informations souvent sensibles ou

confidentielles, celle du débit à l’heure où la 4G fait son entrée sur le marché, celles d’un réseau privé ou public, et enfin celle des budgets, toujours plus maigres... Mais qu’en est-il des besoins opérationnels des primo-intervenants ? Question essentielle, pour ne pas dire vitale. Alors que

les analyses concernant les besoins opérationnels et les exigences en constante évolution à appréhender convergent dans le même sens, la définition du réseau suscite elle bien des disso-nances au sein des parties prenantes dans ce dossier. Est-ce un problème du manque de dyna-mique commune des institutionnels, des politiques et des industriels, un manque d’objectivité

dans les réponses avancées par les uns et les autres, dans les arguments apportés, ou existe-t-il plusieurs solutions possibles et toutes efficaces ?

Dossier Spécial

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26 S&D Magazine - #02 - juin-août 2013

Dossier Spécial

Ce dernier a permis le développement et le succès de la technologie Tetrapol,

le déploiement de deux réseaux nationaux Rubis pour la gendarmerie nationale et Acropol pour la Police nationale. Un succès industriel amplifié à l’international.Si l’on peut se féliciter d’avoir été pionniers en matière technologique, force est de constater qu’il n’en est pas de même pour les choix d’architecture des réseaux des primo-intervenants français de la sécurité (polices, gendarmerie, douanes, péni-tentiaire, …). Ces réseaux sont, vingt ans après, disjoints en termes d’architecture

et d’exploitation et hétérogènes techno-logiquement, alors que bon nombre de pays européens ou étrangers ont réussi à construire des réseaux partagés pour leurs forces de sécurité.

cOmmeNT eN SOmmeS-NOUSarrivés là ?

L’individualisme des Français est reconnu. Il a joué à plein en la matière. Peu importe les arguments avancés (économie financière,

rationalisation technique, optimisation des ressources rares que sont les points hauts ou les fréquences, interopérabilité native, etc.), peu importe les rapports dénonçant cloisonnements et dysfonctionnements dans les communications en cas de crise. Ce qui a primé in fine, ce sont les crispa-tions identitaires, le conservatisme et très certainement aussi un manque de courage général pour oser et décider. J’en suis témoin pour avoir procédé aux premières études et propositions de réseaux mul-tiflottes en 2000 qui n’ont pu déboucher. Mais peut-être avons-nous aussi failli en ne sensibilisant pas assez les décideurs sur les enjeux stratégiques de ce dossier au plan financier, opérationnel, technique et services.

France was a pioneer in digital radio communication tech-nology in the 1990s, with the development of Tetrapol and the creation of two national networks, rubis and Acropol, for its national gendarmerie and police forces.

The current challenge is to define and design the future

de l’AveNIr deS réSeAUx de cOmmUNIcATION NATIONAUx

DeS PriMO-interVenantS De La Sécurité

Au début des années 1980, une rupture technolo-gique a été opérée en France avec le choix concerté délégation générale pour l’armement - gendarmerie nationale du numérique pour le réseau de radiocom-munication Rubis. Choix évident aujourd’hui, le numé-rique ayant relégué l’analogique au rang des technolo-gies antédiluviennes. Choix osé à l’époque.

Témoignage de bernard refAlO, actuel délégué général adjoint du gIcAT en charge de la branche sécurité, il a été

directeur de programme rUbIS et manager des opéra-tions de télécommunication de la gendarmerie au sein de

la dgA de 1995 à 2003.

Bernard Refalo, délégué général adjoint du GiCAT en

charge de la branche sécurité

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Dossier Spécial

eT mAINTeNANT ?

Certes, les réseaux actuels fonctionnent et donnent satisfaction. Certes, il existe des solutions de passerelles palliant leur cloi-sonnement. Certes, il y a bien eu des avan-cées en matière de partage de réseaux qu’il faut saluer, notamment avec le réseau INPT (Infrastructure Nationale Partageable des Transmissions), mais au prix de beaucoup d’énergie, de frustrations, d’efforts finan-ciers et avec des élongations calendaires bien trop importantes. Dans le contexte actuel marqué par la réduction des budgets publics d’investis-sement, la rapidité des évolutions techno-logiques et normatives, les demandes de nouveaux services de la part des utilisa-teurs opérationnels, un niveau d’exigence de services accru de nos concitoyens, ce serait non plus une erreur mais une faute de ne pas se pencher en temps et en heure sur l’étude et la définition des futurs réseaux.

Se dONNer les moyens

Se donner les moyens de transcender les clivages organisationnels, les crispations identitaires, la concurrence industrielle pour obtenir un dossier d’orientation.Il semblerait qu’il y ait consensus aujourd’hui sur la notion de réseau multi-flottes ou partagé par les primo-interve-nants de la sécurité. C’est une évidence, encore faut-il la rappeler car il y a loin de la coupe aux lèvres entre ce qui existe aujourd’hui et la cible finale. Le débat va donc porter sur les limites fixées à l’exer-cice ; type de flottes, nature des missions, nombre, coûts, etc.

Le sujet de l’opérateur du réseau est, lui, plus délicat. Doit-il encore être public  ? Privé à statut particulier  ? Mais a-t-on vraiment les moyens d’envisager une acquisition patrimoniale pour un nouveau réseau  ? J’en doute. Il a fallu 15 ans pour concevoir et déployer Rubis du fait du sacro-saint principe de l’annuité budgé-taire. Ce fut long et contraignant. Est-il nécessaire de faire la comparaison avec le déploiement des réseaux privés GSM ?

Au plan technologique, plusieurs solutions concurrentes rivalisent. Sont éligibles entre autres les technologies Tetrapol, Tetra et LTE. Lorsque l’on sait qu’elles sont défendues par des groupes industriels différents et que l’on connaît les enjeux industriels nationaux et internationaux, on peut penser que ce ne sera pas un facteur de choix simplificateur…Je pourrais rajouter d’autres contraintes, comme la prise en compte de l’existant qu’il convient de préserver au mieux. Pour instaurer, coordonner et dépassion-ner ces débats, il faudrait dans un pre-mier temps un “choc organisationnel”. Il y a aujourd’hui trop de courants de pensée, d’acteurs et autant de partis pris qui troublent l’avancement de ce dossier.

il est eNcOre TemPS

Les choix qui seront opérés pour les futurs réseaux seront engageants pour des décennies. Les enjeux sont importants pour ne pas dire énormes. Les idées ne manquent pas, les solutions non plus, elles ont même tendance à foisonner. Les réseaux actuels peuvent encore fonctionner quelques années. Il est donc encore temps de prendre les mesures qui

s’imposent, notamment sur la nécessité de créer les bonnes conditions à la naissance de ce nouveau projet puis à sa bonne gestion, avant même de mettre l’accent sur les différentes solutions techniques. Il s’agit d’abord d’expliquer, de rassembler en tenant compte des échecs passés, de créer une dynamique commune avec les décideurs politiques, institutionnels et industriels. Dans ce cadre, le GICAT se tient prêt à apporter son concours pour aider à éclairer le débat en animant de manière objective et collective des groupes de tra-vail communs industrie-administration.

national communications network of primary security stakeholders. The choice of its architecture, performance and technologies make this a com-plex project. it brings conside-rable operational and industrial challenges that require particu-lar attention.

it is highly preferable that this future network should be shared by all security forces, and even other users, because of reduced state budgets, the need for interoperability, and scarce high points and frequencies. This network concept requires everyone to be a member and take a joint approach. Concrete European and international

references show that France can attain this objective. GiCAT is ready to lend its support to make it a reality.

tRanScenDeR leS clivageS oRganiSationnelS

il fauDRait DanS un PReMieR teMPS un “choc oRganiSationnel”

cRéeR une DynaMique coMMune avec leS DéciDeuRS PolitiqueS, inStitutionnelS et inDuStRielS

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French Land Defence And Secur i ty Industry Assoc iat ion

www.g icat .com

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Explication du général Bernard Pappalardo, chef du ST(SI)2, Service des

technologies et des systèmes d’informa-tion de la sécurité intérieure du ministère de l’Intérieur

deS réSeAUx adaptés

Les récentes catastrophes naturelles (Klaus 2009, Xynthia 2010, épisodes neigeux) tout comme les catastrophes technologiques (accidents ferroviaires, aériens, industriels, incendies, etc.), voire la menace terroriste, ont conforté les services d’urgence et de

Dossier Spécial

Thus, they must be prospec-tive and innovating in order to answer waited technico-functional questions, while searching to optimize as well as possible the economic model of the target solution.

These kingly services emphasize the need for preserving proprie-tary communication systems

or controlled ones, only gua-ranteeing of the impact strength and the availability, essential to the good execution of the mis-sions in all circumstances.

For this reason, the flows offe-red by the networks of radio-communication of the ministry do not make it possible to meet fully requirements out of

data transmission in constant increase, in particular at the time of major crises or great events.

moreover, enriched information requests for the command & control rooms as for the autho-rities (geolocation, video datas, integration of new information systems,…) or the increase of

the information sensors on the ground (autonomous cameras, robots bomb disposal experts, monitoring drones,…) make necessary the implementation of exceptional high-speed services.

Moreover, interoperability justi-fied by the diversity and hete-rogeneity of the actors (first-aid

French Land Defence And Secur i ty Industry Assoc iat ion

www.g icat .com

LeS tecHnOLOgieS De 4e génératiOn De La téLéPHOnie MOBiLe cOmme SOlUTION d’AveNIr POUr l’évOlUTION deS réSeAUx Pmr

Les crises majeures, auxquelles les services du ministère de l’Intérieur ont été confrontés ces dernières années, confortent la pertinence des choix technolo-

giques retenus, tout particulièrement dans le cadre des systèmes de radiocom-munication mobile. Forts de cette expérience dans la gestion de crises et des

besoins nouveaux des utilisateurs, les spécifications techniques d’un futur réseau de télécommunication au profit des services de l’État sont clairement définies.

Ainsi, elles se doivent d’être prospectives et innovantes afin de répondre aux attendus technico-fonctionnels, tout en recherchant à optimiser au mieux le

modèle économique de la solution cible.

Professional Mobile radio THr9 © Cassidian

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30 S&D Magazine - #02 - juin-août 2013

organizations, security services, armed forces, operators of vital importance,…) is from now on a key element of the networks management.

However it remains an inno-vating solution which makes it possible to guarantee the reliability of the communi-cation departments in all

circumstances, to supplement the radioelectric cover at the time of catastrophes or to offer a capacity of communication reinforced at the time of great events.

nevertheless, the complexity of the solution is as much in the technological chal-lenges that in the technical

and material answers to bring to fulfill the requirements of mobility (weight, obstruction, put in work,…) and of energy constraints.

very as much as the theoretical and practical demonstrations of the implementation of a projectable air segment in a core network, the development

of the concept suggested aims at facilitating the adoption of technologies of 4th generation of mobile telephony as solution with a future for the evolution of PMr networks.

By doing this, the technolo-gical convergence of mobile telephony and the PMr opens the door to a new structural

sécurité publique dans leurs choix techno-logiques. Ces services régaliens soulignent la nécessité de préserver des systèmes de communication propriétaires ou maîtrisés, seuls garants de la résilience et de la dispo-nibilité indispensables à la bonne exécu-tion des missions en toutes circonstances.À ce titre, lors des tempêtes de 2009 et 2010, les réseaux d’infrastructure des opé-rateurs de téléphonie mobile se sont avérés dans l’incapacité de garantir la fiabilité et la qualité des services offerts aux utilisateurs. Ceci en raison des dégradations maté-rielles engendrées par des conditions cli-matiques exceptionnelles (destruction de pylônes, dégradation des aériens, défaut d’alimentation en énergie, ...), mais aussi au regard d’une saturation non maîtrisable du réseau (mouvement de panique, augmen-tation des appels d’urgence, concentration d’abonnés, ...). En cela, seuls les réseaux de

Dossier Spécialradiocommunication privés (PMR) peuvent à ce jour offrir la garantie de service et les fonctionnalités spécifiques attendues (communication de groupe, appel de détresse, mode direct, ...) par les services d’urgence et de sécurité publique dans la gestion de crise. Disposant de telles infrastructures pour couvrir l’ensemble du territoire national (RUBIS pour la Gendarmerie nationale et INPT pour la Police nationale, les pompiers, la sécurité civile et les SAMU), le ministère de l’Intérieur possède des systèmes de communication actuellement adaptés à ses besoins opérationnels. Parallèlement, pour la Gendarmerie nationale, la dispo-nibilité d’une chaîne “SIC” pour le soutien opérationnel de proximité permet de faire face sans délais aux incidents ou dégâts matériels rencontrés grâce à une capacité d’intervention sur site renforcée et à la mise en œuvre immédiate de moyens com-plémentaires de circonstance. Pour autant, même si ces choix techno-logiques et stratégiques satisfont aux besoins critiques de communication, la mise en adéquation des moyens matériels aux attendus opérationnels relève d’une analyse pragmatique et constante en vue d’identifier les axes d’amélioration.

Des événements riches d’eNSeIgNemeNT

Ainsi, les grands événements récents (65e

anniversaire du débarquement en 2009, le G8 et le G20 en 2011), par la mise en œuvre de systèmes d’information complé-mentaires, l’augmentation des ressources radio et l’optimisation de la couverture des réseaux, posent les bases d’une réflexion technique sur l’évolution des réseaux de

communication ainsi que sur les nou-veaux services à offrir à moyen terme aux utilisateurs. À ce titre, les débits offerts par les réseaux de radiocommunication du ministère ne permettent pas de répondre pleinement à des besoins en transmission de données, en constante augmentation, notamment lors de crises majeures ou de grands événements. Pour autant, les demandes d’informations enrichies pour les salles de commandement comme pour les autori-tés d’emploi (géolocalisation, remontées vidéo, intégration de nouveaux systèmes d’information, etc.) ou l’augmentation des capteurs d’informations sur le terrain (caméras autonomes, robots démineurs, drones de surveillance, etc.) rendent nécessaire la mise en œuvre de services haut débit de circonstance.En outre, l’interopérabilité justifiée par la diversité et l’hétérogénéité des acteurs (services de secours, services de sécurité, forces armées, opérateurs d’importance vitale, etc.) est désormais un élément-clef de la gestion des réseaux. Car, étant impli-qués dans la gestion d’une crise ou d’un événement majeur, ils invitent à s’appuyer, pour l’avenir, sur des solutions technolo-giques standardisées et à mutualiser les infrastructures pour satisfaire aux besoins fonctionnels tout en rationalisant les coûts et en optimisant les investissements.

UN réSeAU d’INfrASTrUcTUre mobile de nouvelle génération

En réponse aux préconisations évoquées précédemment, l’emploi de relais radio embarqués à bord de plateformes aéro-portées (ballon, dirigeable, drone, etc.)

Général Pappalardo, chef du ST(SI)2, Service des technologies et des systèmes d’information de la sécurité intérieure du ministère de l’Intérieur

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n’est pas une idée nouvelle. Cependant, elle demeure une solution innovante qui permet de garantir la fiabilité des services de communication en toutes circons-tances, compléter la couverture radioélec-trique lors de catastrophes ou offrir une capacité de communication renforcée lors de grands événements. S’inscrivant dans un projet à financement européen, ce concept innovant d’une architecture mobile de nouvelle généra-tion se propose de répondre aux enjeux suivants : disposer d’un système modulaire et reconfigurable, déployable rapidement en toutes circonstances ; s’appuyer sur des équipements de téléphonie mobile de nouvelle génération (4G ou LTE-A) pour satisfaire aux besoins de transmission de données haut débit ; garantir l’interopé-rabilité de systèmes de communication hétérogènes (téléphonie mobile, commu-nications satellitaires, moyens radio actuels des forces de sécurité tels que TETRAPOL ou TETRA, ...) ; assurer la disponibilité, la résilience et la sécurité attendues par les services d’urgence et de sécurité ; et enfin conforter la norme LTE-A comme solution d’avenir pour les réseaux de radiocommu-nication mobile à l’horizon 2020-2025.

Disposer d’un système modulaireeT PrOJeTAble

Reposant sur une combinaison oppor-tuniste des moyens de communication aériens, terrestres et satellitaires existant afin de garantir la disponibilité du réseau, la configuration retenue pour la réalisation d’un premier prototype permet de dispo-ser d’un système modulaire et projetable sans délais. Pour autant, la complexité de la solution se trouve tout autant dans

les enjeux technologiques que dans les réponses techniques et matérielles à apporter pour répondre aux exigences de mobilité (poids, encombrement, mise en œuvre, etc.) et aux contraintes énergétiques.L’architecture fonctionnelle du système doit permettre aux stations de base aéroportées d’établir un cœur de réseau d’opportunité tout en fédérant l’infras-tructure terrestre présente sous la cou-verture radioélectrique. Parallèlement, le rôle de passerelles joué par les stations terrestres mobiles doit conduire à garantir l’emploi des moyens de communication à disposition des services engagés sur des catastrophes (TETRAPOL, TETRA, etc.) afin de répondre aux enjeux d’interopérabilité évoqués précédemment.

Des services hAUT débIT

Si la mise en œuvre de liaisons satelli-taires permet d’envisager la transmission d’informations enrichies vers les salles de commandement ou les autorités d’emploi en toutes circonstances, le choix d’une solution embarquée reposant sur la norme LTE-A doit permettre d’offrir des services “haut débit” similaires à ceux proposés par les opérateurs de téléphonie mobile. De plus, l’utilisation du prototype dans la réalisation de cas concrets (incendies de forêt, inondations, tremblements de terre, tempêtes, Jeux olympiques, champion-nats du Monde) doit permettre de mieux

appréhender les capacités du LTE-A à sup-porter, à moyen terme, les fonctionnalités recherchées par les services d’urgence et de sécurité au regard des débits réelle-ment offerts, de l’efficacité spectrale et de la latence.Ainsi, parallèlement aux travaux de spéci-fication des communications de groupes et du mode direct menés par l’instance internationale de normalisation de la télé-phonie mobile (3GPP) sur le LTE-A, le minis-tère de l’Intérieur sera à même de mesurer le degré de maturité de cette technologie et de confirmer l’intérêt qu’il convient d’y porter, à terme, l’ensemble des services supportés actuellement par les réseaux RUBIS et INPT.

Tout autant que les démonstrations théo-riques et pratiques de la mise en œuvre d’un segment aérien projetable dans un réseau d’infrastructure de télécommu-nication, le développement du concept proposé vise à faciliter l’adoption des tech-nologies de 4e génération de la téléphonie mobile comme solution d’avenir pour l’évolution des réseaux PMR. Apportant dans un premier temps les capa-cités haut débit attendues des utilisateurs fonctionnels, le LTE-Advanced doit per-mettre d’apporter dans un second temps les fonctionnalités propres aux réseaux dédiés. Ce faisant, la convergence technologique de la téléphonie mobile et de la PMR ouvre la porte à une nouvelle organisation struc-turelle capable de permettre à l’ensemble des acteurs de la sécurité d’œuvrer sur un réseau d’infrastructure unifié.

Dossier Spécial

organization able to make it possible for the whole security actors to work on a unified core network.

Schéma de la solution LTE - © ministère de l’intérieur

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À la problématique des objectifs opé-rationnels du nouveau réseau, tous

s’accordent à dire qu’il faut offrir un réseau capable de traiter de la voix, des données images, de la vidéo ou encore d’accéder à des bases de données à distance ou à Internet. En somme, un réseau en phase avec son temps. Pour cela, il faut donc offrir de la bande passante supplémentaire pour les flux de données et donc du haut débit.

consortium autour dU lTe

Aujourd’hui, la norme LTE (Long-Term Evolution) est la technologie choisie par les opérateurs commerciaux pour augmenter la capacité de leurs réseaux et répondre ainsi aux nouveaux usages applicatifs, notamment à base de vidéo, très consom-mateurs de bande passante. «  L’utilisation

de plus en plus importante des systèmes d’information au sein de la sécurité et de la défense fait du LTE la technologie candidate pour répondre aux besoins opérationnels de transmission haut-débit  », souligne Thales, rejoint par Guy Mans, responsable commer-cial Secteur public de Motorola Solutions, pour qui « la future technologie radio doit être et sera le LTE ». Le LTE fait donc l’unanimité

Dossier Spécial

For the issue of the operational objectives of the new network, all are agreed that it needs a system able to process voices, image data, video and access to remote databases and the internet. For this it needs extra bandwidth for the data stream and hence broadband.Currently, commercial opera-tors choose LTe (Long-Term

le hAUT débIT cHercHe Sa fréQuence !

SaRah Dutkiewiez et Blue Seven

À l’heure où le ministère de l’Intérieur prévoit pour juillet 2013 une réforme de l’administration centrale, jugée par ailleurs « ambitieuse » place Beauvau, les services de communication et systèmes d’informations ne sont pas en reste. La note de Manuel Valls prévoit notamment la création d’une équipe dédiée placée sous l’autorité directe du secrétaire général. Chargée de la « gouvernance stratégique » dans le domaine des systèmes d’information, elle aura pour fonction l’ « arbitrage des évolutions techniques structu-rantes nécessaires » et la « validation du lancement des projets », dont le chantier du nouveau réseau des télécommunications des forces de sécu-rité pourrait bien faire partie. Un chantier destiné à améliorer le travail des forces de sécurité.

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et sert parallèlement l’implication sans faille de Thales dans le continuum sécurité/défense. En effet, le groupe précise «  que l’étude de la norme LTE, technologie civile de pointe, s’inscrit parfaitement dans la politique du continuum sécurité/défense menée par le groupe.  » Groupe retenu par ailleurs en mars dernier par la Direction générale de l’armement (DGA) pour conduire une étude

technico-opérationnelle (ETO) portant sur l’Analyse de la norme LTE et son exploi-tation au sein des forces Armées (ALTEA). «  Une étude qui devra permettre de mettre en évidence les capacités susceptibles d’être apportées par cette technologie lors d’opé-rations extérieures et sur le territoire national et ce, en collaboration avec les forces de sécu-rité », souligne Thales.

Une solution LTE, appropriée au milieu de la sécurité publique et de la défense, qui devra être adaptée à un environne-ment où les contraintes d’utilisation et les performances à atteindre sont plus exigeantes. Aussi, cette solution devra être interopérable, une réponse essentielle à la mobilité dont ont aujourd’hui besoin les acteurs opérationnels. Cela implique

Dossier Spécial

evolution) technology to increase their network capacity and handle new applications. Manufacturers like Motorola Solutions and Thales are unani-mous about using LTe.The LTe solution has to intero-perable, resilient, encrypted, sealed and impenetrable, shared, independent of public operators and operated. A

common, non-proprietary network which allows for swift distribution of videos between ‘field workers’ and control centre, telemedicine for the fire services, swifter response for investigations by remote access to secure databases, etc.Deployment of the LTE network is now accepted in the United States which recently

announced a budget for it of about 10 billion dollars over the next 10 years, with operation by Firstnet in the single spectrum band of 700MHz, the spectrum at the origin of the discussion in this article. That said, the issue is not so much about choosing the spectrum as about choosing consistency. At a time when nearly all the countries in

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1/ Les réseaux de communications sécurisés et résilients tant dans le domaine civil que militaire : réseaux de défense stratégiques, d’infrastructure, tactiques et réseaux civils. Bernard rousseau © THALES

2/ Digim@x est un réseau TeTRA basé sur la technologie iP pour le développement des grands réseaux. Une solution entièrement numérique qui garantit la sécurité de l’information conçue pour des réseaux sécurisés civils et militaires tels la police, les pompiers ou encore les services d’urgence. © THALES

3/ Le système d’informations et de communications TACiP - © Cassidian

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Europe and the rest of the world are opting for 700MHz, France is sticking to its guns and wants to keep its current spectrum of 400MHz. The ministry is supporting this argument and wants to “show international authorities the relevance of the 400MHz frequency spectrum and the feasibility of a network using 4G LTe technology in this

spectrum” with the provider Cassidian.“We have the opportunity to move towards a common spectrum for Europe and so we must grasp it and choose consistency in interoperabi-lity and in cost. With a single operated system, acquisition and maintenance costs are shared and hence save money

notamment des outils plus faciles à trans-porter, à manier, autonomes et légers. Plus proches d’un smartphone que d’un PR4G donc... «  Le réseau des policiers de demain et non pas du futur  », précise Sébastien Sabatier, directeur Stratégie et Marketing au Service sécurité nationale C4I et PMR de Thales «  doit permettre aux policiers et aux gendarmes, mais aussi aux sapeurs-pom-piers ou encore aux agents des opérateurs d’intérêts vitaux, de pouvoir se connecter et échanger ensemble. Le système actuel, patri-monial, montre aujourd’hui ses limites sur ce sujet. Beaucoup d’intervenants ne sont pas connectés et connectables, engendrant les problèmes que l’on peut facilement imaginer. Aussi, le nouveau réseau doit être résilient, s’adapter aux changements, aux évolutions, il doit être un réseau crypté, étanche et non pénétrable, mais partagé  », ajoute-t-il. Et Guy Mans de poursuivre, «  partagé oui, indépendant des opérateurs publics oui, mais opéré ». Un opérateur qui pourrait être un consortium de plusieurs industriels, de plusieurs agences, d’opérateurs civils de confiance...Un réseau en somme fédérateur mais pas propriétaire qui trouverait sa place dans un environnement de standardisation avec des moyens et des technologies au goût du jour qui permettrait, on peut l’imaginer, la diffusion rapide de vidéos entre les “hommes de terrain” et le poste de commandement, la télémédecine pour les pompiers, ou encore une meilleure réactivité dans la conduite des enquêtes grâce à des accès à distance aux bases de données sécurisées...Le déploiement du réseau LTE est aujourd’hui acquis par les États-Unis, qui viennent d’annoncer un budget de près de 10 milliards de dollars consacré pour les 10 prochaines années à la construction de ce réseau opéré par FirstNet. Thales

Dossier Spécial

Communications, Inc. société 100  % américaine du groupe Thales, participe notamment au programme Public Safety Communications Research (PSCR) qui vise à promouvoir l’interopérabilité des systèmes de communication de sécurité publique à l’échelle des États-Unis. « Cet essai d’intero-pérabilité dans le cadre du PSCR est un jalon important pour notre solution LTE de sécurité publique en réponse aux besoins spécifiques de nos clients », a ainsi déclaré Michael Sheehan, PDG de Thales Communications. Mené en proche collaboration avec des partenaires du secteur privé et du domaine

de la sécurité publique, le programme PSCR met à la disposition des fabricants, opéra-teurs et agences de sécurité publique un banc d’essais de démonstration permet-tant d’évaluer les équipements et logiciels de communication haut débit en vue du déploiement d’un futur réseau de commu-nication dédié aux services d’urgence dans la bande passante unique des 700 MHz. Bande de fréquence aujourd’hui à l’origine des discordances dans le traitement du dossier des futurs réseaux de communica-tion des forces de sécurité de notre pays.

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700 OU 400, les chiffres de la discorde ou pas...

Question agnostique selon Guy Mans pour qui les deux fréquences présentent res-pectivement des avantages et des incon-vénients. Du côté de Thales, la réponse est identique « toutes les gammes sont intéres-santes. Reste que la réponse à cette question ne doit pas être imposée par l’industriel mais

elle se trouve dans l’écosystème  », ajoute Richard Kalczuga, directeur Comptes clés chez Thales. Un écosystème qui est en train de se former autour du 700 MHz avec les États-Unis qui semblent s’orien-ter vers ce choix, suivis par le Canada et l’Asie Pacifique. En Europe, la Conférence européenne des administrations des postes et télécommunications (CEPT) et la Commission européenne réfléchissent à l’établissement de nouvelles normes pour les télécommunications destinées aux forces de sécurité, et notamment à l’introduction de cette nouvelle plage

fréquentielle à 700 MHz. Une réflexion qui séduit d’ores et déjà les pays d’Europe du Nord. Reste l’Espagne et la France, qui s’orienteraient vers un maintien de l’utilisa-tion de la fréquence des 400 MHz qu’elles possèdent aujourd’hui. Un positionne-ment à l’origine du débat que suscite ce dossier. L’Agence nationale des fréquences, qui gère l’intégralité du spectre radioélec-trique, garante de la neutralité technique et de la coordination des travaux prépara-toires aux niveaux national et internatio-nal, apporte ainsi au Gouvernement son expertise technique afin qu’une décision puisse être prise dans les meilleures condi-tions... Une décision complexe sur un sujet où la passion n’est jamais très loin, et qui exige pour autant une certaine sérénité... Pierre-Philippe Lidureau, directeur du programme INPT (Infrastructure natio-nale partageable des transmissions) au ministère de l’Intérieur, en faveur du maintien de la bande passante 400 MHz, explique que si cette fréquence (com-prendre le 700 MHz) «  devient la norme, une nouvelle ingénierie sera nécessaire pour l’infrastructure des télécommunications des forces de sécurité en France qui, je le rappelle, a représenté un coût de l’ordre de 1,1 milliard d’euros.  » Aussi, le minis-tère de l’Intérieur vient de réaliser, avec l’industriel Cassidian, la démonstration opérationnelle d’un service de communi-cation à haut débit mobile utilisant la 4G à destination des forces de sécurité sur la fréquence de 400 MHz. Une opération visant à démontrer, selon Pierre-Philippe Lidureau, aux instances internationales l’opportunité de la plage fréquentielle à 400 MHz et la faisabilité d’un réseau uti-lisant la technologie 4G LTE dans cette plage fréquentielle. Une démonstration

Dossier Spécial

immediately.” The governments must make their pre-choice by 2014, before the World Radio Communications Conference in november 2015 defines the radio spectrums for public secu-rity around the world. motorola has clearly stated that it will not position itself on an open market for 400MHz. As for Thales, the group has submitted

a spontaneous offer to the ministry of the Interior.

Thales announces the commer-cial launch of NeXIUm Wireless, a new LTE network solution designed to provide very high data rate communication ser-vices to civil security forces as well as military units deployed in peacekeeping and civil defence

4/ Système de radio portable adapté au milieu de la défense - © Cassidian

5/ Le Pr4G – poste radio de quatrième génération – est un système de radiocommunications tactiques VHF disposant d’un procédé de chiffrement numérique intégré contre l’écoute, d’un système d’évasion de fréquence qui empêche la localisation et l’interception, et d’une recherche de canal libre contre le brouillage.

6/ Le futur réseau de communications doit permettre une communication rapide, efficace et sécurisée entre tous les acteurs et intervenants de la sécurité et des secours - © Cassidian

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.../...

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roles. NeXIUm Wireless includes TeSquad, a ruggedised push-to-talk Android smart-phone. Professional mobile radio (PMr) users now require more effective, high-bandwidth multimedia capabilities to share information in the field (data-base look-up, real-time video, situational awareness, image transfer, geolocation, etc.).

The new NeXIUm Wireless solution brings professional users the benefits of 4th gene-ration (4G) LTe technology, to provide the resilience and security levels needed to meet the specific operational require-ments of its customers. As Thales providing the Jordan Armed Forces Public Security and Safety Agencies with a

reliable, secure and easy-to-use Professional Mobile radio network, it has been selected to implement a LTE pilot which is fully integrated with the exis-ting TeTRA technology. This pilot system will demonstrate the new high-speed data capa-bility of NeXIUm Wireless and will be in operation before the end of 2013.

qui confirme que la couverture radio de cette technologie est similaire au système actuel basé sur le standard Tetrapol per-mettant ainsi de conserver l’infrastructure existante et les sites en cas d’évolution, en Europe, des télécommunications des forces de sécurité vers la technologie 4G LTE. Enfin, l’opportunité de vérifier l’étanchéité des réseaux Tetrapol et 4G

Dossier SpécialLTE qui peuvent, visiblement, tous deux cohabiter. Expérimentation satisfaisante, semble-t-il, mais qui divise toujours, au sein du ministère de l’Intérieur, où tous les avis ne vont pas dans le sens du maintien de la bande 400. Rien n’est donc encore fait. Guy Mans explique lui que «  nous avons la chance de tendre vers un spectre harmonisé pour l’Europe et je pense qu’il

faut la saisir. Ce n’est pas faire le choix de la 400 ou de la 700 mais le choix de la cohé-rence en matière d’interopérabilité mais aussi de coûts » et de poursuivre « avec la mise en place d’un système unique opéré, les coûts d’acquisition mais aussi de main-tenance sont partagés. On ne parle donc plus de retour sur investissement mais bien d’économies immédiates réalisées dès le déploiement dudit réseau. Avec l’état de nos finances, ce devrait être un point à prendre également en compte. » Pour l’heure, aucun chiffre n’est annoncé pour corroborer cet argument économique mais une étude regroupant plusieurs constructeurs est en cours de réflexion afin d’apporter des élé-ments « concrets et objectifs » au ministère. Des premiers résultats attendus d’ici à la fin de l’année. Les pré-choix des différents États en la matière devraient avoir lieu entre 2013 et 2014, juste avant que la Conférence mondiale des radiocommunications de novembre 2015, qui se tiendra à Genève, ne définisse les fréquences radio de la sécurité publique dans le monde. Dès lors, et compte tenu d’une réponse collective qui semble s’orienter vers une bande 700 MHz, Motorola annonce clairement qu’en cas de maintien du positionnement de la France sur une gamme à 400 MHz, il ne se positionnera pas sur le marché «  les coûts seront trop prohibitifs  », précise Guy Mans. Quand à Thales, le groupe vient de remettre une offre spontanée au ministère de l’Intérieur.

Les deux constructeurs poursuivent néan-moins le développement de solutions sur le marché du LTE à destination des forces de sécurité notamment. Ils viennent de présenter tous deux, il y a quelques jours, deux solutions répondant aux exigences du réseau de demain.

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7/ TEorEM est un système de téléphonie sécurisée, mobile et fixe, intégrant un nouveau composant cryptographique. un téléphone sécurisé qui assure la protection des communications nationales et internationales jusqu’au niveau Secret Défense. Bernard rousseau © THALES

8/ La nouvelle solution nEXiuM Wireless présentée par Thales - ©Thales

9/ TeSquad, smartphone durci “push-to-talk”, vient compléter l’offre nEXiuM Wireless, pour une solution très haut débit sécurisée - © Thales

10/ Motorola vient quant à lui d’annoncer le lancement de la station de base MTS4L qui supporte les deux technologies - © motorola Solutions Inc.

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NexIUm wIreleSS, le nouveau-né thales

La nouvelle solution NEXIUM Wireless intègre TeSquad, premier smartphone durci LTE, pour équiper les forces de sécu-rité d’un système de communication très haut débit, résilient et sécurisé. Thales vient donc de présenter il y a quelques jours sa nouvelle solution réseau LTE de radio mobile professionnelle. Une solu-tion qui offre des capacités très haut débit aux forces de sécurité civiles ou militaires (maintien de la paix, assistance aux forces civiles, etc.) pour faciliter le partage d’in-formations (accès à des bases de données,

vidéo en temps réel, téléchargement de données situationnelles, partage d’images et de données géo-référencées, etc.) avec les forces déployées sur le terrain. «  Afin de répondre à ce besoin opérationnel, la nouvelle solution NEXIUM Wireless apporte la technologie LTE 4G aux utilisateurs profes-sionnels. En s’appuyant sur notre expertise métier, nous avons doté NEXIUM Wireless d’un niveau de résilience et de sécurité adapté aux besoins spécifiques des missions critiques de nos clients. Le tout est capable de s’adapter au modèle de communications déjà existant au sein des forces de sécurité de notre pays, et évolutif pour satisfaire les exigences de demain. Quant à la question de la fréquence, 400 ou 700 MHz, nous sommes capables de fournir des solutions adaptées

quel que soit le choix de la France », souligne t-on du côté du constructeur. Un réseau de nouvelle génération basé sur l’intégration de station basse et de radios issues d’un partenariat avec Nokia Siemens, et le cœur de réseau développé en collaboration avec Cisco auquel ont été ajoutés des services de valeur ajoutée. « En résulte donc un cœur de réseau extrêmement perfectionné, modulaire, bâti sur une architecture moderne. Avec ce réseau que l’on peut qualifier de décentralisé, on peut ainsi avoir des équipements plus petits, moins chers et plus modulables. Passer à la technologie LTE progressivement, c’est pos-sible. Nul besoin de tout révolutionner. Reste qu’il faut s’adapter aux nouvelles menaces et aux nouvelles contraintes auxquelles doivent faire face les services de sécurité et leur donner les moyens de conduire leurs missions en cohérence avec les réalités opérationnelles et les contraintes budgétaires. »

UN SySTème éPrOUvéen jordanie

Thales a été choisi pour déployer une solu-tion réseau LTE pilote, totalement intégrée à la technologie TETRA déjà en place en Jordanie. Ce pilote a pour but de démon-trer les nouvelles capacités très haut débit de NEXIUM Wireless. Alors que le groupe a d’ores et déjà déployé un réseau de radio mobile professionnelle fiable, sécurisé et facile à utiliser pour les forces armées jorda-niennes, les services de sécurité publique, les forces de police et la sécurité civile, il devrait mettre en service ce pilote d’ici à la fin de l’année. « Thales utilisera les sites et les infrastructures mis en place par l’armée et la police pour transformer – sans perturber le service – l’actuel réseau TETRA en réseau très haut débit capable de répondre aux besoins

Dossier Spécial

nEXiuM Wireless provides users with high-speed data links, including real-time video streaming between vehicles equipped with cameras and the command-and-control centre thus improving situational awareness and mobility of the security forces. This solution is especially designed with a high

level of resiliency and security to cope with specific requi-rements of armed forces and security agencies. In addition, Jordan Armed Forces and Public Security Agencies will be equipped with TeSquad, Thales’s new LTE Push-To-Talk smartphone that will deliver mission-cri-tical voice over LTe as well as

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high-speed data group services. Using existing sites and invest-ments that the Jordan Armed Forces and Public Security Agencies have put in place, Thales is able to smoothly transform the existing TeTRA network into a broadband network covering security forces’ existing and future needs. The Air Ground Air

(AGA) feature, which is part of the current TETrA network, coordinates operations conduc-ted by ground and air forces enabling users from different organisations to operate and collaborate through the same network. TeSquad is a ruggedised push-to-talk smartphone that is associated with the NeXIUm

Wireless solution to provide civil security and military forces with both conventional PMr services (group calls, conference calls, emergency calls, etc.) and new 4G capa-bilities such as live video streaming. TeSquad users can connect to their organisation’s infor-mation system on the move,

actuels et futurs des forces de sécurité. La fonctionnalité Air Ground Air (AGA) intégrée au réseau existant coordonne les opérations menées par les forces terrestres et aériennes, permettant aux acteurs de différentes unités d’intervenir et de collaborer via le même réseau. L’armée et la police jordaniennes exigent des communications hautement sécurisées et fiables, c’est pourquoi leur choix s’est porté sur Thales », déclarait ainsi Jean-Michel Lagarde, SVP adjoint pour l’activité mondiale Systèmes d’Information et de Communication Sécurisés chez Thales.

Le très haut débitSécUrISé

TeSquad, smartphone durci “push-to-talk”, vient compléter l’offre NEXIUM Wireless en proposant, d’une part, les services clas-siques professionnels (appels de groupe, conférence, appels d’urgence, etc.) pour les forces de sécurité civiles ou militaires, mais aussi les nouveaux services désormais disponibles grâce à la 4G tels que la vidéo en temps réel.Dans un contexte de mobilité, TeSquad peut se connecter au système d’informa-tion de l’organisation client pour consti-tuer un véritable système d’information mobile. Cette mobilité permet à l’utilisa-teur d’accéder à distance à une base de données plus large.

MotorolaeT SA bASe mTS4l

Motorola vient quant à lui d’annoncer le lancement de la station de base MTS4L qui supporte les deux technologies, et permet aux opérateurs de déployer un réseau TETRA/TEDS tout en étant prêts pour la

Dossier Spécial

compléter par un noeud LTE eNodeB dans la même armoire de station de base. La station de base TETRA et LTE permet aux agences publiques de sécurité publique de déployer TETRA aujourd’hui tout en se pré-parant à une migration ultérieure simpli-fiée, progressive, et plus économique vers un réseau unifié TETRA et LTE. La station de base MTS4L peut être installée comme sta-tion de base uniquement TETRA, tout en incluant les services requis pour un noeud eNode B (Evolved Node B) tels que le lien d’amenée, l’alimentation électrique - et de secours – partagée, de manière écono-mique. Cette caractéristique offre en outre aux opérateurs la flexibilité de choisir les régions qui disposeront les premières de LTE avant d’en étendre progressivement la couverture. « Les organisations chargées

de la sécurité publique cherchent à construire des solutions pérennes et capables d’évoluer pour offrir des services de communication de données à haut débit, à moyen et long terme. Ces organisations ont compris qu’il leur est nécessaire de conserver TETRA et TEDS comme réseau principal et d’envisager l’ajout ultérieur de LTE comme surcouche. Mais l’un des freins à cela est le coût. Les coûts d’exploitation de stations de base représentent une part significative du coût total de possession d’un réseau TETRA. Avec la station de base MTS4L, nous cherchons à rendre la transition vers LTE aussi peu coû-teuse que possible, en supprimant le besoin pour de l’espace physique supplémentaire et en minimisant la perturbation du service. Cette solution permet aux organisations chargées de la sûreté civile d’accéder dès

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maintenant à une solution qu’elles pour-ront équiper ultérieurement en réponse à l’évolution de leurs besoins. Elles pourront choisir quand et où ajouter LTE à leur réseau et sélectionner la fréquence utilisée » précise Tom Quirke, Vice-Président et Directeur Général, Global TETRA Organization, Motorola Solutions. En matière de sécu-risation des données, Motorola réagit également, et vient de lancer en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, la solution de mobilité sécurisée AME 2000, un nouvel outil pour les administrations publiques qui ont besoin de communications voix et données sécurisées sur un réseau sans fil. L’AME 2000 est basé sur la solution Assured Mobile Environment (AME) de Motorola, qui associe un terminal grand public à des logiciels et matériels spécifiques pour four-nir des communications voix et données chiffrées de bout en bout sur les réseaux sans fil publics comme privés, afin de répondre aux besoins des administrations publiques. L’AME 2000 s’appuie sur un smartphone basé sur le système d’exploi-tation Android™. « A mesure que les cadres gouvernementaux, les agents du renseigne-ment, et le personnel militaire adoptent des terminaux grand public pour accomplir leurs missions, il devient crucial que leur équipe-ment soit capable de transmettre et d’accé-der à des informations sensibles de manière sûre et en toute confidentialité. L’AME 2000 intègre un smartphone Android grand public avec le matériel et le logiciel nécessaires à la fourniture de communications voix et don-nées chiffrées de bout en bout, sur les réseaux sans fil privés autant que publics. Avec l’AME 2000, les officiels de gouvernements disposeront d’un smartphone pour passer des communications sûres où que le devoir les appelle » souligne Manuel Torres, Vice-Président Corporate et Directeur Général, Motorola Solutions EIA.

Beaucoup de zones d’ombre continuent donc de peser sur ce dossier sensible mêlées à une bataille industrielle qui riva-lise de nouveaux produits, concepts et solutions en réponse à un tournant tech-nologique majeur. Reste qu’une concerta-tion serait des plus louables pour penser et définir une stratégie qui engagera la France pour des décennies. Mais aussi pour que ce dossier d’envergure donne naissance à un véritable outil de dernière génération capable de répondre à toutes, ou quasi, des exigences des primo-interve-nants de la sécurité et ce en tenant compte de l’aspect financier non négligeable. Une décision de cohérence donc, mais qui devra se faire rapidement au vu des pré-choix à formuler d’ici à l’année prochaine.

Gilles Brégant, directeur général de l’ANFR, soulignait déjà lors de ses vœux de début d’année : « La France n’est pas une île, et elle devra agir de concert avec ses voisins d’Eu-rope occidentale ; ma responsabilité à la tête du RSPG en 2013 me permet de l’affirmer  : ce n’est pas uniquement un sujet français, il concerne toute l’Europe occidentale, et l’Eu-rope devra avoir un mouvement coordonné le moment venu.  » Un réseau qui devrait voir le jour à l’aube 2020, au mieux... oui mais «  c’est en 2013 qu’il faut parler lucide-ment de ce qui se passera à partir de 2020 : certes, nous avons sept années avant d’agir à grande échelle ; mais ce ne sont pas sept ans de réflexion. Des arbitrages de long terme devront donc être pris, c’est la tâche la plus noble qui soit dans l’action de l’État. »

Dossier Spécial

gaining remote access to databases as part of a full-functioned mobile information system. Still, it would be very wor-thwhile to hold discussions to think about and define a stra-tegy which will commit France for decades. A network which will come into being around 2020, at the earliest…

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QuanD La Sécurité urBaine S’ImPOSe cOmme UN défI

With the increase in the world’s urban population, estimated to reach about 9 billion by 2050, urban security is one of the major challenges of the 21st century. every town is unique but, in their quest for security, they all have to face the same complex situations. one of the first difficulties is getting together and coordinating all

the players, administrations, local authorities, security forces, intervention units and private operators. it is time to find smart, integrated security solutions.

© Thales

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QuanD La Sécurité urBaine S’ImPOSe cOmme UN défI

avec l’évolution constante et l’augmentation de la population urbaine, estimée, d’ici à 2050, à près de 70 % de la population mondiale, soit environ 9 milliards de personnes, les mouvements massifs de population des campagnes vers les villes dans les pays en développement, les derniers événements terroristes de Boston, ou encore le crime d’alexandre Junca, adolescent de 13 ans tué à coups de marteau à Pau dans les Pyrénées-Atlantiques, le bien-être des citoyens est alors placé au centre des projets de développement ou de réhabilitation de l’urbain, faisant de la sécurité urbaine l’un des défis majeur du XXie siècle.

Chaque ville est unique. Mais dans leur quête de sécurité, toutes sont confrontées aux mêmes défis, aux mêmes situations complexes. L’une des premières difficultés reste la réunion et la coordination de tous les acteurs, administrations, collectivités locales, forces de sécurité, unités d’intervention et opérateurs privés. Point qui souligne d’autant plus le besoin de disposer d’une vision globale pour maîtriser le quotidien et la sûreté d’une ville. L’heure est donc aux solutions de sécurité intelligentes et intégrées qui permettent de faire face à la double mission de protéger les citoyens et de fournir des services publics qui leur permettent de mieux vivre ensemble dans le contexte de ce XXie siècle.

Sécurité urbaine

hugo caRDinal & jaDe h.

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VerS une SurVeiLLance ViDéO eN TemPS réel

Sécurité urbaine

Également, la vidéoprotection possède un effet dissuasif, limitant les passages à

l’acte, prévenant et réprimant le terrorisme. Figurant parmi les 76 sites pilotes désignés par le ministère de l’Intérieur pour mettre en place un système de vidéosurveillance

100 % numérique raccordé à un centre opérationnel de la gendarmerie dès 2012, la commune de Neuville-sur-Saône (Rhône-Alpes) explique avoir «  dans 70 % des cas de sollicitations de la gendarmerie, apporté des éléments complémentaires ou

contradictoires, donc utiles à l’enquête grâce au système de vidéoprotection installé. De bons résultats possibles uniquement grâce au travail commun et collectif des acteurs locaux », explique Sébastien Gaujon, directeur du pôle sécurité CISPD Genay/

Plus efficace et plus sécurisée pour les villes, la vidéoprotection en temps réel « permet de rester à la pointe dans la lutte contre le crime, les agressions, la gestion de foules,

les embouteillages, etc. », précise Coralie Roy, manager marketing europe du Sud chez Axis Communications. Véritable outil d’appui en matière de sécurité publique, la

vidéoprotection améliore, outre le taux d’élucidation grâce à des identifications plus rapides des auteurs d’infractions, la surveillance en maintien de l’ordre.

Moving towards real-time video surveillanceOffering towns greater efficiency and security, real-time video-protection is a great help for public security, improving as it does the detection rate by swifter identification of criminals and peacekeeping surveillance. It has a dissuasive effect, stopping some crimes being committed

and preventing and overcoming terrorism. One of the 76 pilot sites chosen by the Ministry of the Interior in 2012 to install a blanket digital video surveillance system linked to an operations centre at the gendarmerie is Neuville sur Saone where “in 70% of cases where the gendar-merie is called, it provides addi-tional or contradictory evidence

which helps the investigation”.On the technology side, the cameras can scan a broader scope and offer higher resolu-tion and hence a clearer picture. It is no easy matter for towns to diagnose their security needs, so choosing the right video-protec-tion device is difficult and this is why benchmark security systems are important. It is essential for

municipal and national police forces, gendarmerie and security consultants to work hand in hand to draw up a blueprint which is relevant in the field and can evolve. As for using security and defence service businesses, that’s another question.

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Sécurité urbaineNeuville-sur-Saône, ajoutant «  pour qu’un tel dispositif soit efficace, il est important que l’installation ait été pensée en amont avec tous les acteurs et les primo-intervenants de la sécurité. Réfléchir aux différents scéna-rios nous a par exemple permis de disposer des caméras sur des points qui se révèlent aujourd’hui stratégiques et porteurs de résultats. » Un projet dont le coût se porte à 525 000 €, 30 % étant financés par l’État via le Fonds Interministériel de Prévention de la Délinquance (FIPD). En matière de respect des libertés indivi-duelles, les atteintes sont elles de plus en plus maîtrisées : « Axis développe en ce sens des caméras disposant de masquage dyna-mique qui permet de cacher les zones privées qui pourraient être couvertes par le champ de la caméra », précise Coralie Roy.Philippe Goujon, député de Paris, ajou-tant qu’ «  aujourd’hui, plus des deux tiers des Français sont favorables à la vidéoprotection ».D’un point de vue technologique, les caméras disposent aujourd’hui d’une qua-lité vidéo de très haut niveau, la HDTV offre un format d’écran large, des images plus claires avec une résolution trois fois supé-rieure au CCTV analogique pour des détails extraordinaires qui facilitent une identifi-cation positive lors des recherches et une meilleure fidélité de couleur par rapport à l’analogique standard. Ajoutant à cela

zoom puissant, capacités de panoramique, d’inclinaison rapides et précises, «  des avancées technologiques utiles et très impor-tantes pour les utilisateurs de la vidéopro-tection. Mais, il ne faut pas oublier un point essentiel. La complémentarité entre l’homme et la machine  », ajoute Coralie Roy. C’est ainsi que pour valoriser cette approche et mettre au cœur du dispositif l’humain, Axis Communications mettra en place dès septembre une certification “Certified partners Axis” délivrée par un organisme extérieur Prometric, « cette certification est une première en France et une nouveauté dans le monde de la vidéoprotection. Elle sera délivrée aux agents de vidéosurveillance comme un label, une reconnaissance tant de leur expérience que de leurs capacités et compétences à utiliser le matériel de vidéo-protection », ajoute-t-elle.De nombreux atouts, la vidéoprotection en a. Mais pour que cette dernière joue un rôle réellement efficace dans la maîtrise et l’optimisation de la sécurité urbaine, il est nécessaire de mettre en place des équipes dédiées au fait de la thématique sécurité et de réunir tous les acteurs concernés pour définir une véritable politique de sécurité. Et c’est là que le bât blesse. « Il y a aujourd’hui de vraies difficultés au sein des villes à réaliser les bons diagnostics en matière de besoins de sécurité et donc une difficulté pour adap-ter les outils vidéo à mettre en place. C’est

une véritable question qu’il faut se poser aujourd’hui  », précise Coralie Roy, et de poursuivre : « C’est pour cela que la mise en place d’un référent sûreté est importante par exemple. Travailler de concert avec la police municipale et nationale, la gendarmerie et les consultants sécurité pour établir un cahier des charges qui réponde aux besoins du ter-rain. Un cahier des charges qui devra ensuite s’adapter aux changements de situation et à l’évolution de la ville. » Ajoutant que compte tenu de la nécessité des hommes dans cette démarche de vidéoprotection et la réduction des effectifs de sécurité, il faudra «  sous contrôle bien entendu, mais arriver à déléguer une partie du travail des vidéosurveillants aux entreprises de services de sécurité et de défense ».

1/ D’ici à 2050, la population mondiale urbaine devrait atteindre près de 9 milliards de personnes - © Axis Communications2/ La sécurité urbaine, défi majeur du XXIe siècle3/ La commune de Neuville-sur-Saône (rhône-Alpes), l’une des premières équipée en 100 % numérique et raccordée à un centre opérationnel de la gendarmerie depuis 2012 © Commune de neuville-sur-Saône

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Sécurité urbaine

L’avenir des drones s’éclaircit donc, d’au-tant plus que la France a promulgué

en avril dernier une des toutes premières réglementations au monde sur l’utilisation des drones civils dans l’espace aérien. De nombreux secteurs sont porteurs et demandeurs y compris la sécurité (civile, police, frontières, côtes), tout comme l’ins-pection industrielle, l’environnement ou encore l’agriculture.Le ministère de l’Intérieur a doté la police depuis 2008 du drone ELSA (Engin Léger pour Surveillance Aérienne) développé par l’entreprise Sirehna (filiale du groupe DCNS) afin de surveiller les zones sen-sibles en termes de criminalité. Quant à la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, elle a conduit des essais de mini-drones en juillet 2009. Il s’agissait d’obtenir une image en temps réel de l’intérieur d’un bâtiment en feu afin de localiser les per-sonnes en danger.En matière de sécurité civile, la Direction de la sécurité civile a lancé en 2010 une

campagne d’expérimentation de drones avec une détection et une localisation avec précision des départs de feu dans le but d’apporter une aide aux équipes dans les opérations de lutte et de secours aux populations.

Un nouvel atout au service de la sécurité urbaine, avec notamment la mise en place «  de projets de surveillance de centrale nucléaire, de déploiement dans le cadre de catastrophes comme Fukushima pour ins-pecter les lieux, par exemple, ou encore les drones de surveillance qui sont eux déjà opé-rationnels sur la ville de Mexico  », explique Trang Pham à la tête de la gouvernance du Cluster Aetos, rassemblant des grandes entreprises, des PME et des laboratoires de recherche en Aquitaine, ajoutant : « Les réglementations sont encore très restrictives en matière d’intervention urbaine. C’est une chose à faire évoluer, mais le marché est encore jeune. Cela prendra du temps, d’autant que les produits, tout comme les

constructeurs, devront eux aussi évoluer avec la réglementation et les contraintes liées aux zones urbaines. »

Un marché en évolution et un nouvel atout pour la sécurité urbaine qui voit déjà, comme ce fut le cas pour la vidéoprotec-tion, les premières objections en matière de protection de la vie privée. « Ces mêmes drones sont aussi capables d’intercepter des messages sur les réseaux Wifi, de suivre simultanément 65 personnes, ou d’identi-fier la marque d’un carton de lait à plus de 18  000 mètres d’altitude  », prévient l’orga-nisation de défense des droits sur Internet Electronic Frontier Foundation (EFF). Il faudra par ailleurs régler les problèmes d’insertion dans le trafic urbain.

Drones appeal to the security market

An unmanned flying object with the ability to sense its environ-ment and make its own decisions, the drone is a market which, according to Teal Group, will have doubled by 2020 to reach 8.7 billion dollars. Europe is set to be the second biggest market.

In April, France passed one of the very first laws in the world on the use of civil drones in the airspace. In 2008, the Ministry of the Interior allowed the police to use the ELSA (Engin Léger pour Surveillance Aérienne) surveillance drone for crime monitoring in sensitive areas, the Paris fire services have run tests with mini-drones to get a

real-time picture of a blazing building in order to locate people in danger and the civil Security Department is experimenting with drones to detect and locate the exact spot where a fire ignites to assist rescue services.Here is a new asset for urban security with projects for nuclear power station surveillance, use in disasters such as Fukushima

for site inspection or urban sur-veillance as is already in opera-tion in Mexico City. Legislation is still very restrictive with regard to urban surveillance but this will probably change along with concerns for personal pri-vacy protection or urban traffic control.

leS drONeS SédUISeNT Le MarcHé De La Sécurité

DRONE : engin volant sans homme embarqué, doté de facultés pour appréhender son environnement et disposant d’une autonomie de décision. Selon teal group, le marché mondial du drone va doubler d’ici à 2020 atteignant 8,7 milliards de dollars, avec notamment une envolée des drones civils. après les états-Unis, l’europe représenterait le second plus grand marché pour les drones, suivie de près par l’asie.

1/ israeli uAV “outpost” , the production “ural Works of Civil Aviation” at the exhibition russian Defence Eexpo 2012 on August, 22, 2012 in nizhny Tagil, russia - © iD19742/ Les drones en appui lors d’un incendie. © Fly-n-Sense

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Sécurité urbaine

Pour ce faire, Thales et Telmex ont déployé un des plus grands centres

de contrôle et de commandement au monde (C4 I). Il coordonne 5 centres de commandement régionaux (C2) multi-forces chargés des opérations de sécurité au quotidien ou lors de situations d’ur-gence. Le système inclut le déploiement et la gestion de plus de 8 000 caméras dédiées à la surveillance en milieu urbain, à la gestion du trafic routier et à

la reconnaissance de plaque d’immatri-culation ; et des capteurs de coup de feu. En cas d’incident sur la voie publique, le citoyen peut, par exemple, actionner des bornes d’appels d’urgence ; les forces de l’ordre sont alors localisées puis mobi-lisées pour être dirigées sur le terrain. Deux centres mobiles de contrôle et de commandement viennent renforcer le dispositif de sécurité. Dotés de drones de reconnaissance et de surveillance, ils

The biggest urban security system in the world

in Mexico City, a megacity of 22 million people, Thales and telecommunications operator Telmex have implemented a solution including more than 8,000 video cameras, gunshot sensors, automatic number plate recognition cameras,

aerial surveillance drones and emergency call points in the city’s streets. All these subsys-tems are operated by five local command-and-control (C2) centres, overseen by a city-wide C4i centre (command, control, communications, computers and intelligence). This “megasystem” transmits alarms to police, fire crews and

emergency services whenever unusual events or behaviour are detected. In a major emer-gency, the police can also deploy two mobile tactical C2 centres that remain in contact with the C4i centre at all times. Built around the intelligent use of data and multi-agency coor-dination, this solution has signi-ficantly increased the security

Le PLuS granD SyStèMe de SécUrITé UrbAIN dU mONde

La ville de Mexico, l’une des plus grandes mégalopoles au monde, comptant près

de 22 millions d’habitants, a franchi le pas de la sécurité et de la sûreté urbaines en

déployant un système intégré d’ampleur. Le projet appelé

“Ciudad Segura” est un exemple de collaboration

entre le gouvernement de la ville de Mexico, de

telmex (l’opérateur de télécommunications le plus

important d’Amérique latine) et de thales. L’enjeu de ce projet est de protéger les

citoyens et les biens contre un large spectre de risques :

délinquance, terrorisme, attaques de sites stratégiques,

catastrophes naturelles, ...

1/ mexico, 22 millions d’habitants a fait le choix de la sécurité et de la sûreté urbaines, à grande échelle - © Thales2/ Le plus grand système de sécurité urbain du monde - © Thales3/ Federal policemen waits for orders on February 27, 2009, in the violence-ridden border city of Ciudad Juarez, Mexico - © Frontpage

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permettent de faciliter les interventions et la prise de décision sur l’ensemble de la ville de Mexico.Pharaonique, ce “mégasystème” transmet des alarmes à la police, aux équipages de feu et aux services de secours quand des événements inhabituels ou le comporte-ment sont détectés. Un dispositif équipé d’un héliport, d’une salle de contrôle de 250 positions, 60 postes de prise d’appels, 70 dispatcheurs radio, 80 opérateurs vidéo, 750 officiers de police, un labora-toire/plate-forme de développement lié à l’École polytechnique, etc. Construit autour de l’utilisation intelligente de don-nées et la coordination de multi-agences, ce dispositif de sécurité a, semble-t-il, déjà porté ses fruits, affichant plus de 600 incidents quotidiens gérés par les 5 centres C2, raccourcissant des temps de réponse moyens aujourd’hui divisés par trois. Le crime dans le métro est tombé de 80 %, tandis que les vols de voiture ont été réduit de presque 8 %. Enfin, alors que l’activité criminelle est en baisse de 35 % dans certaines des zones jusqu’alors négligées de la ville et la délinquance de 12,5%, l’amélioration de l’efficacité opérationnelle des forces de police est elle de près de 20 %. Reste qu’un système de sécurité urbaine de cette ampleur représente un investissement gigan-tesque, qui n’effraie pas certains pays du Moyen-Orient ou d’Amérique latine qui s’intéressent de près, très près, au concept “Ciudad Segura”. Figure de parent pauvre, l’Europe ne semble pas avoir les moyens de l’ambition sécuritaire “Thalesienne”... La sécurité urbaine est donc l’un des principaux défis du XXIe siècle à relever. Entre prévention et répression, vidéopro-tection et médiation, souci de l’espace

public, drone et système hyper-intégré – les solutions foisonnent pour mieux agir dans ce champ complexe et sensible. L’action collective et concertée s’affiche également comme une nécessité pour réfléchir aux politiques de sécurité des villes. Cela afin d’avoir des dispositifs et des outils adaptés, globaux et efficaces. Des concepts de sécurité urbaine qui couvrent les menaces les plus diverses, les catastrophes industrielles et naturelles, les troubles sociaux et les attentats terroristes.

Des concepts, qui, sous l’impulsion des pouvoirs publics qui ont adopté diffé-rentes réglementations visant, notam-ment, à renforcer la prise en compte de la sécurité lors de la conception de nouvelles zones urbaines ou lors de leur rénovation, permettent aussi d’optimiser les dépenses sur un segment où chaque équipement exige des investissements significatifs. Une question reste quant à elle posée, celle de « l’introuvable participation des habitants » à la production de sécurité.

of Mexico City’s population, shortening average response times by a factor of three. Crime in the metro has fallen by 80%, while car thefts have been reduced by almost 8% and criminal activity is down 35% in certain previously neglected areas of the city that are now thriving.

Huge financial investment is required for a system which has already convinced some Middle Eastern and Latin American countries.

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cybersecurité

Cyber security is rarely a prio-rity with French industrial chiefs, even when it is not now a matter of activism or denial of service but certainly is one of a systematic strategy regarding industrial espionage and theft of confidential information. Today, both CAC 40 listed companies, those beacons of French industry established in Europe and the

world, and SMEs are daily sub-jected to these digital onslaughts. Though business still lurch from feeling safe because they are “too small” to spending astronomical amounts to combat the evil, things do seem to be moving in the right direction. Thomas Houdy of Lexsi points out that “we notice, for instance, higher R&D investment, especially in

weak signal strategies or in the concept of in-depth defence”. Supervisory control and data acqui-sition (SCADA) cannot be ensured solely by implementing models based on management software. Pragmatic security governance must be combined with tried and tested technical solutions, whether the business is a multinational or an SME. Businesses must bite the

lA cyberSécUrITé, SOuS Le Signe Du BOn SenS et De La cOLLaBOratiOn

LA SoCiéTé LEXSi S’iMPLiQuE

Sur TouS LES FronTS

La cybersécurité est rarement la priorité des responsables industriels français

ivy haRPeRDans un contexte de crise économique et de concurrence accrue, la cybersécurité est rarement la priorité des responsables indus-

triels français. Elle pourrait pourtant le devenir rapidement au vu des récentes campagnes d’attaques ciblant les entreprises aux

états-Unis ou en europe. il ne s’agit plus d’activisme ou de déni de service, mais bel et bien d’une stratégie systématique d’espionnage industriel et de vol d’informations confidentielles. Aujourd’hui, ce

sont les entreprises du CAC 40 et certains fleurons de l’industrie française implantés en Europe et dans le monde qui subissent

quotidiennement ces attaques numériques mais pas seulement...

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cybersecurité

Alors que certains s’estiment «  trop petits, pas assez puissants ou média-

tiques pour être une cible  » et se sentent donc en sécurité, ce qui, pour Thomas Houdy, directeur de projet sécurité au sein du cabinet Lexsi, «  est une première erreur  », d’autres, plus au fait de cette problématique cybercriminelle, victimes d’espionnage industriel, d’attaques ciblées performantes ou de piratages, investissent des sommes considérables pour lutter contre ce fléau. Reste une logique désé-quilibrée entre la facilité pour les hackeurs de sévir et le temps, l’énergie et les fonds financiers engagés par les industriels pour se protéger.Les cyberattaques et la vulnérabilité numérique ne sont pas une priorité fon-damentale pour tous, même si les choses changent et tendent à évoluer dans le bon sens, sans mouvement d’ampleur toutefois. «  Nous sommes encore loin de la démarche pro-active de certains industriels à venir nous consulter pour réaliser un audit », précise Thomas Houdy, « mais on constate par exemple des investissements en R&D plus importants qu’auparavant. Des investisse-ments qui doivent se poursuivre notamment en matière de stratégies de signaux faibles ou encore de concept de défense en profondeur. Il faut également souligner la collaboration naissante inter-industriels pour lutter contre la cybercriminalité. Une action positive à pérenniser », poursuit-il.

Quand la sécurité devIeNT SÛreTé

La sécurité des systèmes informatiques industriels (ou systèmes SCADA pour reprendre le terme le plus couramment utilisé) ne peut pas être assurée par la seule mise en œuvre des modèles issus

de l’informatique de gestion. «  L’approche sécurité doit impérativement s’adapter aux contraintes et spécificités des environne-ments industriels, en constante évolution  », ajoute Thomas Houdy et de poursuivre  : «  Il est possible de concilier gouvernance pragmatique de la sécurité et solutions tech-niques éprouvées, aussi bien pour une multi-nationale que pour une PME. »Revenir au pragmatisme et se poser les bonnes questions, même les plus simples. « Avant de vouloir se doter des dernières technologies high-tech, il faut s’employer à définir et appliquer les mesures de sécurité de base. » Logique et élémentaire, mais pas toujours respectée. «  Il faut savoir franchir le pas de la sécurité et étudier les enjeux principaux de sa propre politique de sécurité. Le tout est d’avoir le dispositif adapté à sa situation, à ses contraintes car si le retour sur investissement de sécurité avant un accident est incalculable, les pertes après un accident sont elles, inestimables ! »Une problématique qui ne doit pas être le seul souci des techniciens et informati-ciens. «  L’erreur serait d’aborder la sécurité industrielle sous un angle uniquement tech-nique et de créer une énième norme. Il faut une collaboration qui gravite autour d’un groupe de réflexion et de travail qui réunisse

tous les acteurs de la chaîne, les automati-ciens, les électroniciens, les qualiticiens, les chefs industriels, sans parler des multiples prestataires qui interviennent sur les diffé-rents systèmes du site industriel et les experts de la sécurité qui arrivent avec des outils, des méthodes, des suggestions et des solutions. Mais encore une fois, tout cela doit être face à des cas concrets, des scénarios étudiés, les plus plausibles, en phase avec les spécifi-cités de chaque site. Seule cette démarche permettra de définir des actions correctives efficaces. »

UNe réPONSe eUrOPéeNNeaux menaces croissantes

Un groupe de sociétés européennes à la pointe en matière de sécurité de l’infor-mation ont formé un consortium privé pour répondre aux menaces croissantes en Europe liées à la cybersécurité. Le European Cyber Security Group (ECSG) qui compte plus de 600 experts souhaite apporter une réponse efficace au besoin grandissant de collaboration transfronta-lière face à cette typologie de menaces.

security bullet and review the main challenges of their security policy to find the right system for their situation and requirements. And it should be possible for all players in the chain to collaborate with the security experts who deliver the tools, methods, suggestions and solutions. This is the only way to define corrective actions which work.

Cybercrime is one of the fastest growing forms of crime, with more than one million people worldwide becoming victims everyday. While there has been a great deal of effort in addressing this growing threat, there are gaps across the EU, especially in terms of national capabilities, coordination in cases of inci-dents spanning across borders

and overall preparedness of the private sector. A group of independent firms have come together to form the European Cyber Security Group (ECSG), a private consortium formed in response to the growing need for increased collaboration across borders to address the growing threats to Europe’s cyber secu-rity. Its collective resources will

enable them to provide a coordi-nated and collaborative approach to tackling Computer Emergency Response Team (CERT) enga-gements of any scale for its cor-porate and government clients. While every country in Europe has an agency dedicated to the mission of securing its electronic borders, cooperation between countries is rare, making efforts

Thomas Houdy, directeur de projet sécurité au sein du cabinet Lexsi

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cybersecuritéParmi les membres fondateurs de l’ECSG figurent l’espagnol S21sec, le français Lexis, le danois CSIS et le hollandais Fox-IT dont le directeur et cofondateur, Menno van der Marel, vient d’être nommé président de l’ECSG : « Les entreprises sont de plus en plus souvent confrontées à des incidents de sécu-rité informatique à la fois majeurs et mineurs, depuis les fuites de données aux attaques DDoS, en passant par les attaques ciblées (Advanced Persistent Threats), qui peuvent les mettre à genoux. Traiter efficacement ces incidents est un travail de spécialiste, mais les entreprises spécialisées sont fréquem-ment confrontées à un manque temporaire de ressources pour répondre aux besoins des clients. Entre eux, les partenaires ECSG s’engagent à partager des ressources pour proposer les compétences les meilleures aux clients dans le monde entier. » Dans la plupart des pays d’Europe, il existe une agence dont la mission est de sécu-riser les frontières électroniques, mais la coopération entre les États est jugée « insuffisante ».

Paul Timmers – directeur de la Direction des technologies de l’information et des communications (TIC) et défis sociétaux à la Commission européenne ; Direction générale de la Société de l’information et des médias – souligne qu’ « il est regrettable que, dans le monde d’aujourd’hui, l’imprépa-ration et les problématiques de coopération transnationale puissent entraver la réponse aux incidents de cybersécurité et la poursuite des cybercriminels. Toutefois, cela ne devrait pas nous empêcher d’atténuer les effets des attaques sur les victimes. La mission de l’ECSG doit être applaudie : en tirant profit des connaissances et du personnel de ses sociétés membres, le groupe améliorera la coopération et le partage légal d’informa-tion afin d’apporter des réponses rapides et efficaces aux cyberattaques. Ceci favorisera la coopération publique-privée, une des prio-rités de la stratégie européenne en matière de cybersécurité de l’Union européenne. »

Aussi, en s’alliant pour s’attaquer aux besoins en matière de CERT (Computer Emergency Response Team), chaque société apportera sa singularité afin

d’offrir des services plus complets plus rapidement qu’une seule organisation ne pourrait pas proposer. «  L’ECSG pro-fitera de sa solide expérience terrain pour conseiller aux gouvernements, entreprises et organismes de réglementation une poli-tique de cyberdéfense/cybersécurité plus en adéquation avec les enjeux, des mesures de prévention et d’atténuation des risques et un partage transfrontalier d’intelligence, réduisant ainsi les effets de la cybercrimina-lité en Europe », et Pierre Polette, président de Lexsi, de poursuivre : « Cette coopéra-tion s’inscrit dans une volonté de renforcer nos capacités de lutte contre la cybercrimi-nalité à l’échelle européenne. En matière de sécurité des systèmes d’information de nos entreprises et administrations, l’heure n’est plus aux tergiversations. Les équipes constituant ce groupe possèdent l’expé-rience et l’expertise pour aider les victimes à faire face aux menaces actuelles. La force de l’ECSG réside notamment dans le partage d’intelligence et de ressources afin d’amélio-rer la réaction aux attaques de plus en plus ciblées et complexes, auxquelles font face un nombre croissant d’organisations. » Les partenaires ECSG pourront ainsi échanger, dans le respect des lois, les derniers renseignements sur les menaces et l’évolution des informations en toute confidentialité. Ces informations seront également partagées avec les organismes gouvernementaux dans le but de pour-suivre les efforts des autorités locales pour lutter contre la cybercriminalité. L’ECSG entend faire pression sur les légis-lateurs locaux et européens dans le but de faciliter et favoriser le partage de l’infor-mation et la coopération transfrontalière, pour une Europe plus sûre, et s’attache à former la plus grande force indépendante de cyberdéfense d’Europe.

to protect citizens and prosecute perpetrators increasingly diffi-cult. The founding members of the ECSG include S21sec (Spain), Lexsi (France), CSIS (Denmark), and Fox-IT (The Netherlands) will work together to enhance cooperation and lawful sharing of information for quick and effec-tive response to cyber-attacks. The ECSG will additionally

collaborate with the governments of individual countries, as well as the European Union, to advise on best practices and assist on cyber security engagements where necessary to ensure speedy mitigation of security issues. Finally, ECSG will also lobby local and EU lawmakers to enact legislation to ease the cross-border information sharing and

cooperation that will ultimately lead to a more secure Europe. It is the largest independent cyber defence force in Europe.

L’ECSG entend former la plus grande force indépendante de cyberdéfense d’Europe.

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unfairly likened to merce-nary agencies, the image of French private military firms is seriously tainted by the his-torical background: words do damage and the spectre of the late Bob Denard still haunts an entire sector. in France, things seem to moving with the publication of the parlia-mentary report by Christian

Ménard and Jean-Claude Viollet which breaks a taboo by recommending that PMFs be converted into SDSBs (Security and Defence Service Businesses), a less heavily charged name.

The challenge is a big one. It is estimated that there are currently about 1500 PMFs

in operation throughout the world. The lack of an appro-priate legal framework for building a robust network of SDSBs means that the French offer is weak and diverts demand to the competition which is mainly Anglo-Saxon. The Ministry of Foreign Affairs mentions sales of 400 billion dollars and staffing of

up to a million people across the world. A lucrative market where France is the poor man (30 to 40 entities for sales of 3 million euros).

The recommendations in the Ménard and Viollet parlia-mentary report open the way to better understanding of the French debate on SDSBs.

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eSSd, DanS Le SiLLage De La Sécurité DéfenSe

reportages

Injustement assimilées à des officines de mercenaires, l’image des Sociétés

Militaires Privées françaises semble large-ment plombée par le poids des héritages historiques  ; la sémantique a fait des ravages et le spectre de feu Bob Denard continue de planer sur tout un secteur, obs-truant toute perspective de rédemption. Si, dans les pays anglo-saxons ces sociétés agissent en étroite collaboration avec les armées nationales, la France est engoncée dans des blocages dogmatiques et cultu-rels et réfléchit encore à leur utilisation et à la législation pour encadrer leurs activi-tés. Face aux sociétés américaines telles

qu’Academi (auparavant Blackwater), il n’existe pas de champions nationaux ; cette position constitue un vide stratégique qu’il s’avère nécessaire de combler.En France, les choses semblent vouloir évo-luer avec la parution du rapport parlemen-taire de Christian Ménard et Jean-Claude Viollet qui brise un tabou en préconisant la conversion des SMP sous le sigle moins connoté d’ESSD (Entreprises de Services de Sécurité et de Défense). L’État n’a plus les moyens de mener seul ses prérogatives régaliennes de sécurité : la RGPP (révi-sion générale des politiques publiques) impose des réductions budgétaires

drastiques notamment pour le ministère de la Défense ; les besoins d’externalisation de l’action des armées en particulier sur les fronts extérieurs se font de plus en plus criants. « À force de se boucher le nez, l’iner-tie obstinée de l’État français sur ce dossier a permis de laisser croître en toute quiétude la concurrence étrangère, au détriment de la défense de nos intérêts vitaux. L’heure est plus que venue et la France doit s’y résoudre faute de se voir totalement dépassée. ». Une invitation à rompre avec le déni de réalité qui prévaut depuis trop longtemps.

faBienne BénaRD

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reportages

une offre française sous-dimensionnée SUr UN mArché mONdIAl cOlOSSAl

Avec la multiplication des opérations exté-rieures et la réorganisation de la défense et des forces armées recentrées sur leur cœur de métier, il est plus que courant de faire appel à l’externalisation pour un certain de nombre de missions annexes (sécurité, logistique, fourniture de repas, formation,  …). «  Le recours à des sociétés privées dans le domaine de la défense a pris de l’ampleur au point de devenir un acteur incontournable de la sécurité internatio-nale », expliquent les rapporteurs. Car l’enjeu est de taille. On estime aujourd’hui que près de 1 500 SMP sont actives à travers le monde. L’absence de cadre juridique adapté permettant de structurer un réseau solide d’ESSD a conduit à une offre française faible, obli-geant le recours à la concurrence essen-tiellement anglo-saxonne. Même s’il reste difficile à évaluer, le chiffre d’affaires global du secteur se situerait entre 100 et 200 mil-liards de dollars par an, estiment les spécia-listes du secteur. Par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères évoque un chiffre

d’affaires de 400 milliards de dollars et des effectifs pouvant atteindre un million de personnes à travers le monde. Un marché juteux sur lequel la France fait figure de gagne petit  ; on dénombre 30 à 40 entités pour un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros. L’opprobre qui les environne bloque aujourd’hui toute évolution. Il y a, tant dans la réprobation morale de l’activité de mercenaire que dans sa pénalisation, les principales causes du faible dévelop-pement des sociétés militaires privées en France. Toute association contractuelle entre le secteur public de la sécurité et la défense et des prestataires de service est désormais suspecte et ce, alors même que

la nature des prestations proposées n’est en rien similaire à l’activité qu’auraient pu mener autrefois Bob Denard et consorts. « La vigueur de la condamnation, toute justi-fiée qu’elle soit, a cependant entraîné dans la suspicion toute association entre les champs militaires ou de défense et l’activité mar-chande, notions que le sigle SMP marie expli-citement. Pourtant, il n’y a rien de commun entre les prestations d’ingénierie proposées par les grandes ESSD françaises et l’action menée jadis par Bob Denard et ses associés », opposent les députés.Le secteur français est de ce fait peu struc-turé et peu de sociétés sont en mesure d’assurer des prestations d’accompa-gnement sécuritaire global au profit des grands groupes. Aussi robustes soient-elles sur le plan économique, les sociétés françaises sont de taille très inférieure à leurs consœurs anglo-saxonnes. La pre-mière conséquence directe est le renforce-ment de l’hégémonie de ces dernières et la perte d’influence dont cette activité est porteuse.Le développement de fleurons nationaux en matière de services de sécurité et de défense reste subordonné à la modernisation du cadre législatif et réglementaire, adapté aux réalités économiques de leurs activités.

La question est ouverte sur la présence des gardes privés armés à bord des navires.

Les députés Christian ménard et Jean-Claude Viollet corédacteurs du rapport parlementaire sur les eSSD.

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Consideration must then be given to swift adoption of a specific legal framework. The report recommends three major legislative changes:- allow the sector to deal with acts of maritime piracy by adding provisions concerning services on board ships flying the French flag to existing legislation;

- pass a law defining an SDSB and its scope of action;- introduce systems to label and control the activities of the sector.

2011 saw the spread of piracy in a number of maritime tran-sit zones. The International Maritime organisation repor-ted 544, an increase of 11.4%

on 2010. Are the observers unanimous in wanting new solutions to be found in the private sector?Much disparaged a few years ago by all the professionals in the maritime sector, armed private guards are now much in demand by ship-owners to protect their vessels from pirates. But this tested and

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de lA clArIfIcATION SémANTIQUe vers une régulation par la loi ?

Les termes ne manquent pas pour désigner ces sociétés qui travaillent dans le sillage des armées et ce problème étymologique n’est pas sans conséquence sur le traite-ment de la question en France. Aussi, après réflexion, c’est la notion d’Entreprises de Services de Sécurité et de Défense qui a été retenue. Notion qui semble moins large que celui de Sociétés Militaires Privées et qui regroupe les entreprises qui assurent : « Un ensemble de prestations nombreuses mais cohérentes, allant du service de sécurité classique aux convois logistiques, en passant par la fourniture de repas sur des bases ou encore la formation de militaires étrangers. Si ces activités relèvent de métiers différents, elles ont en commun de se situer à la périphé-rie de ce qui fait l’essence du régalien. »S’il faut se féliciter que les préconisations

reportages

du rapport parlementaire de MM. Ménard et Viollet ouvrent enfin la voie à une meil-leure compréhension du débat français autour des ESSD, reste à envisager l’adop-tion rapide d’un cadre législatif spécifique.Leur rapport d’information préconise trois modifications législatives majeures. La première consiste à «  ouvrir le secteur dans le cadre de la protection contre les actes de piraterie maritime » en ajoutant à l’exis-tant des dispositions relatives aux presta-tions assurées à bord de navires battant pavillon français. Parallèlement, les rap-porteurs préconisent d’envisager une «  loi qui caractériserait les ESSD et définirait limi-tativement leur champ d’activité ». Enfin, les députés Christian Ménard et Jean Claude Viollet estiment «  urgent d’instaurer des mécanismes de labellisation et de contrôle des activités du secteur ».L’objectif vise également à favoriser l’émer-gence d’acteurs de taille critique, parte-naires de référence de l’État. La France ne peut pas se laisser exclure de ce marché en laissant les normes s’établir sur des modèles anglo-saxons.

La problématique de lA SécUrITé mArITIme

Longtemps laissé de côté, le sujet semble intéresser plus de monde. La prise de conscience de l’intérêt stratégique du sec-teur de services de sécurité et de défense a donné lieu à un certain nombre de réflexions. Ainsi, le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDN) a été chargé d’étudier les conditions et axes de développement de ces activités en France. Et s’il y a bien un secteur propice au développement des ESSD, c’est celui de la lutte contre la piraterie maritime.L’année 2011 s’est caractérisée par la pro-lifération et l’aggravation des actes de piraterie dans certaines zones maritimes de transit. L’Organisation maritime interna-tionale (OMI) a recensé 544 actes de pirate-rie en 2011, soit 11,4 % de plus que l’année précédente. Le déploiement de forces étatiques internationales dans le monde, notamment l’opération ATALANTA dans l’océan Indien, n’a pas réussi à endiguer le phénomène de la piraterie moderne ; aussi, les observateurs sont-ils unanimes pour considérer que de nouvelles solutions doivent être trouvées dans le cadre privé. Décriés il y a quelques années par l’en-semble des professionnels du secteur maritime, les gardes privés armés sont aujourd’hui réclamés avec insistance par les armateurs pour assurer la protection de bateaux battant pavillon français contre la piraterie. Ces entrepreneurs ont observé l’efficacité maintenant démontrée des gardes privés armés (notamment au large de la Somalie où les captures et prises d’otages sont en forte baisse). Mais cette

interception de pirates au large de la Somalie.

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solution éprouvée, compétitive et immé-diatement disponible leur est interdite par le droit français. L’offre française ne peut à ce jour exister qu’au travers de filiales étrangères  ; ce qui est, par ailleurs, forte-ment dommageable pour notre économie.Tous les professionnels du secteur mari-time s’entendent pour prendre à témoin l’État sur ses propres limites et la nécessité d’une légalisation de la protection mari-time par des agents embarqués sur des navires. C’est dans cet esprit qu’Armateurs de France (organisation professionnelle des entreprises françaises de transport et

de services maritimes) déclare dans son rapport annuel sur l’activité 2011 : « Nous restons plus que jamais attachés à la pri-mauté du régalien et au soutien de la Marine nationale. Mais l’augmentation constante des besoins de protection conjuguée à la mobilisation des soldats français sur de nombreux autres théâtres d’intervention contraignent les armateurs à rechercher d’autres moyens pour faire naviguer leurs équipages en sécurité et souhaitent pour cela un cadre juridique sûr. »Ce choix est une question politique, économique et sécuritaire. Les députés Ménard et Viollet préconisent cette légali-sation. Alors que de nombreux partenaires de la France ont déjà pris leur décision tels

l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni ou les États-Unis et peut-être même bientôt la Suisse, l’Hexagone ne peut se tenir bien longtemps hors du champ d’action des ESSD et le débat autour de ce sujet doit s’actualiser. Il ne doit pas porter sur la ques-tion de l’embarquement de ces équipes armées mais sur le contrôle que doivent exiger les armateurs et les gouvernements sur ces privés. La seule question des armes à bord des bateaux ne peut plus constituer le seul vrai problème. Autant s’inquiéter de l’armement des convoyeurs de fonds sur l’espace public…

gAllIce SecUrITy, UNe eSSd au service de la sécurité maritime

Fort d’une solide expérience dans le domaine de la protection maritime, GALLICE Security annonce dans un com-muniqué de presse du 18 avril dernier que le groupe étend désormais son offre de protection aux navires naviguant sur l’ensemble du golfe de Guinée. Les enjeux pour la stabilité de la région et pour l’approvisionnement du pétrole y sont majeurs. En effet, c’est de là que partent près de 40 % du pétrole européen et 30 %

du pétrole américain. Le phénomène de piraterie y est, de fait, en pleine expansion.Interrogé dans le cadre de l’autoprotection des navires, objet du travail des industriels dans le cadre du projet “navire du futur”, Gilles SACAZE, cofondateur et président du groupe GALLICE, se montre favorable à une évolution constante en matière de sécurité mais livre, cependant, un récit pour le moins édifiant  : «  Une capacité humaine de riposte armée sera toujours nécessaire dans les contextes les plus dégradés. Les modes opéra-toires des pirates ont évolué sur les deux der-nières années et ils ne cherchent plus à abor-der en force les navires en franchissant des obstacles, en subissant des tirs ou la mise en œuvre de dispositifs non létaux. Maintenant, ils viennent au contact pour vérifier s’il y a une équipe armée à bord et en évaluer son degré d’efficacité. Ensuite, ils demandent l’arrêt des machines sur le canal 16 en appliquant des tirs d’armes légères ou de roquette sur le “châ-teau”. Puis, ils doublent le navire, l’attendent un peu plus loin à l’arrêt pour être plus stables et appliquent à nouveau des tirs en exigeant l’arrêt des moteurs et la neutralisation des défenses. Ils renouvellent l’opération avec des tirs de mieux en mieux appliqués autant de fois que nécessaire pour obtenir du comman-dant l’arrêt des moteurs et la mise en place de l’échelle coupée. » Il est important de réagir rapidement sous peine que la France manque définitive-ment toute possibilité de prendre pied sur ce marché. Renforcé par la publication du Livre blanc de la défense, ce sujet devient d’autant plus incontournable que le format de l’armée française va aller en s’amenui-sant, donnant implicitement plus d’impor-tance à la nécessaire capacité d’action des ESSD. L’État ne perdrait pas pour autant ses prérogatives souveraines en choisissant de “faire faire” à condition de rester le don-neur d’ordres.

reportages

immediately obtainable solu-tion is prohibited in French law. The French offer can cur-rently only operate through foreign subsidiaries.it is important to act swiftly if France is not to lose any possibility of getting a foot into this market. Boosted by the publication of the official defence report, the subject

has become that more una-voidable with the slimming down of French forces and the implicit consequence that the requisite capacity for action by SDSBs will have to be scaled up.

opération ATALANTA dans l’océan Indien.

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The world is complex. Your decisions don’t have to be.

The world we live in is based on personal mobility, the free flow of capital goods and services, and access to information. But those freedoms also mean complex threats. Our mission is to develop integrated, resilient solutions that help governments, local authorities and civil operators protect citizens, sensitive data and infrastructure

against those threats. By placing what we call the ‘Critical Decision Chain’ at the heart of our equipment and solutions we enable decision makers to master complexity in critical scenarios and make timely decisions to deliver the best outcomes.

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