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Depuis la réunification de l’Allemagne, Berlin a retrouvé son statut de capitale à part entière, le 3 octobre 1990. Avec 3,4 millions d'habitants, la ville fait la part belle à la présence du végétal en ville. Les nombreux parcs, forêts, et jardins familiaux mais aussi des friches agrémentent généreusement les quartiers et font de la capitale allemande une métropole verte. 1. Une ville réunifiée Vingt ans après la chute du Mur en 1989, la coupure du rideau de fer a généré des dynamiques urbaines contrastées : les dif férences entre BerlinEst (1,3 million d’habitants) et BerlinOuest (2,1 millions d’habitants) sont encore très marquées tant sur le plan socioéconomique que paysager. Le taux de chômage est plus élevé à Berlin Est qu’à BerlinOuest. Entre 1990 et 2005, la population a légèrement diminué à cause de la désindustrialisation massive de l’exRDA. Malgré ce tassement, certains arrondis sements de BerlinEst tirent mieux leur épingle du jeu que d’autres. Les arrondissements de Mitte, Prenzlauer Berg, Friedrichshain ont aujourd’hui tendance à se gentrifier grâce à l’arrivée de jeunes ménages actifs, artistes, professions libérales, étudiants attirés par les loyers modiques. Certu 2012/16 FICHE n°3 VERSION LONGUE mai 2012 Trame verte et bleue Expériences des villes étrangères Berlin, métropole naturelle Le Naturpark Schöneberg Südgelande ill. 1 : Le Mauer Park avec en arrière plan la Berliner Fernsehturm, tour de télévision (Crédit Certu).

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Depuis la réunification de l’Allemagne, Berlin aretrouvé son statut de capitale à part entière,le 3 octobre 1990.Avec 3,4 millions d'habitants, la ville fait la partbelle à la présence du végétal en ville. Lesnombreux parcs, forêts, et jardins familiauxmais aussi des friches agrémententgénéreusement les quartiers et font de lacapitale allemande une métropole verte.

1. Une ville réunifiéeVingt ans après la chute du Mur en 1989, lacoupure du rideau de fer a généré desdynamiques urbaines contrastées : les dif­férences entre Berlin­Est (1,3 million

d’habitants) et Berlin­Ouest (2,1 millionsd’habitants) sont encore très marquées tantsur le plan socio­économique que paysager.Le taux de chômage est plus élevé à Berlin­Est qu’à Berlin­Ouest. Entre 1990 et 2005, lapopulation a légèrement diminué à cause de ladésindustrialisation massive de l’ex­RDA.Malgré ce tassement, certains arrondis­sements de Berlin­Est tirent mieux leur épingledu jeu que d’autres.Les arrondissements de Mitte, Prenzlauer­Berg, Friedrichshain ont aujourd’hui tendanceà se gentrifier grâce à l’arrivée de jeunesménages actifs, artistes, professions libérales,étudiants attirés par les loyers modiques.

Certu 2012/16

FICHE n°3VERSION LONGUE

mai 2012

Trame verte et bleueExpériences des villes étrangèresBerlin, métropole naturelleLe Naturpark Schöneberg Südgelande

ill. 1 : Le Mauer Park avec en arrière plan la Berliner Fernsehturm, tour de télévision (Crédit Certu).

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Prenzlauer­Berg (Berlin­Est) détient le record dedensité de population avec 12 316 habitants/km². A luiseul, il est quatre fois plus peuplé que la moyennecumulée des douze arrondissements de Berlin où elleoscille à 3 878 habitants/km².Dans ce quartier populaire où vivent de nombreuxétudiants, les commerces, restaurants, jardins à bière(Biergarten) assurent la renommée de l’avenueKastanienallee que les Berlinois surnomment laCasting Allee. Des galeries d’art, des échoppes et destavernes s’égrènent sur Schönhauser Allee et sur lespetites places, telles Kollwittzplatz ou Helmoltzplatz.À l’inverse, d’autres arrondissements de Berlin­Estsont en voie de paupérisation. Ce phénomène estaccentué par la vétusté des immeubles préfabriquésdes années 60­70 et le rejet des grands ensembles(Plattenbauten) qui sont considérés comme des lieuxd’un passé révolu, voire d’un autre monde, et dont ledéclin est imputé à l’urbanisme fonctionnel de l’ex­RDA(Marzahn, Hellersdorf).La décroissance de la population dans certainsquartiers place la ville de Berlin dans une situationdélicate, car cette baisse démographiques’accompagne d’un rétrécissement urbain (Stadt­schrumpfung) entraînant une sous­utilisation deséquipements collectifs et une augmentation des coûtsde maintenance (ramassage des ordures ménagères,entretien de la voirie et des espaces verts, gestion du

chauffage urbain, dimensionnement du réseaud’alimentation en eau potable…).Berlin est une ville paradoxale : elle doit faire face àdes quartiers en décroissance et à d’autres encroissance. Ce problème de rétrécissement urbainmobilise les architectes, économistes, sociologues etles artistes.

2. Une ville­État2.1 GéographieBerlin est édifiée sur le site de la confluence de laSpree et de la Havel. Située dans la plaine germano­polonaise à 33 mètres d'altitude, la ville s’inscrit dansune vallée glaciaire saturée de zones humides,dépressions marécageuses, « mers intérieures » quis’étirent le long des lacs glaciaires (1 691 hectares) etdes cours d'eau (Spree, Havel, Panke). Plusieursgrands lacs à l'ouest (Tegeler See), mais aussi à l'estavec le Grosber Müggelsee animent la ville.Le paysage lacustre aurait inspiré l’origineétymologique de Berlin, issue de la racine berl, quiévoque un endroit fangeux (boueux, bourbeux).D’autres linguistes affirment que Berlin proviendrait dela racine germanique bär qui signifie « ours », voire deson diminutif bärlein, que l’on peut traduire par « petitours ».

ill. 2 : La ville de Berlin en Allemagne et en Europe.Crédit : Athinaios CC­BY­SA­3.0 ([www.creativecommons.org/licenses/by­sa/3.0]), via Wikimedia Commons.Certu – Trame verte et bleue – mai 2012 Fiche n°3 – Berlin, métropole naturelle (version longue) 2

Source : Sénat de Berlin

ill. 3 : Le FNP Berlin 2012, est le pland'urbanisme de la ville de Berlin avec descaractéristiques prospectives d'un SCoT etréglementaires d'un PLU (Crédit Sénat de Berlin).

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2.2 HistoireBerlin a été fondée au XIIe siècle par la fusion devillages de pêcheurs d'origine slave. Les souverains duBrandebourg en font une cité prospère, une villecommerçante et un centre universitaire réputé.Ainsi, l’université de Humbolt est une des plusanciennes universités de Berlin (1809), dont une partiedes locaux occupe une aile du vieux Palais de Berlin,sur l’avenue historique Unter den Linden (allée sousles tilleuls).Parmi ses illustres élèves et enseignants, Fichte,Hegel, Schleiermacher, Mommsen, les frères Grimmou encore Albert Einstein ont fréquenté les bancs dece prestigieux établissement.La République de Weimar (Weimarer Republik) estfondée à l'issue de la Première Guerre mondiale.Elle fut proclamée dès 1918, et sa Constitutionadoptée le 31 juillet 1919 et promulguée le 11 août1919. Weimar donne son nom à cette période del’histoire allemande où l’Assemblée nationaleconstituante rédigea la Constitution. À cette époque,l’Allemagne est une démocratie parlementaire dirigéepar le président du Reich, et gouvernée par lechancelier du Reich, élu par les parlementaires. Sousla République de Weimar, le chancelier du Reich(Reichskanzler) était le chef de gouvernement,responsable devant le Reichstag, appelé aujourd’hui leBundstag.Le terme de Reich désigne le territoire sur lequels’exerce la souveraineté d’un prince, d’un roi ou d’unempereur, et plus tard celle d’un État. Selon lecontexte, Reich peut être traduit par État, pays, nation,domaine ou territoire.Suite à la nomination d'Adolf Hitler au poste dechancelier, le 30 janvier 1933, la confiscation

progressive du pouvoir par le parti national socialistedes travailleurs allemands (NationalsozialistischeDeutsche Arbeiterpartei), en abrégé Nazi, précipite lamise à l’écart des institutions politiques et l'avènementdu Troisième Reich.Après la signature de l’armistice mettant fin à laSeconde guerre mondiale, en mai 1945, la conférencede Potsdam entérine le plan d'occupation del'Allemagne et confirme la division de Berlin en quatresecteurs placés sous la tutelle des Etats­Unis, de laGrande Bretagne, de la France et de l’UnionSoviétique. Le Conseil de contrôle interallié a la chargede gouverner l'Allemagne occupée ainsi que l'anciennecapitale du Reich.Après la bataille de Berlin, la ville est un champ deruines et de désolation : 43 % des immeubles sontentièrement dévastés ou détruits, et près de 70 % desédifices du centre­ville ont de tels désordres structurelsqu’il faut se résoudre à les raser. Mais une fois lesruines déblayées, quelle ville fallait­il reconstruire ?Restaurer les bâtiments à l'identique, requalifier latrame viaire existante, aménager autrement ?Autant de questions qui se sont posées aux urbanisteset architectes de l’après­guerre.Compte tenu des coûts de la reconstruction et desincertitudes politiques qui pèsent sur une ville divisée,l’attentisme des responsables politiques ne favoriseguère l’émergence de grands projets d’aménagementqui ne démarrèrent qu’au début des années cinquante.Une partie de l’église du Souvenir (Gedächtniskirche)encore debout après les bombardements devient lesymbole de Berlin­Ouest. Elle fut conservée etcomplétée par un campanile moderne (1957­1963)dessiné selon les plans d'Egon Eiermannce.

La Potsdamer Platz et leReichstag ne sont restau­rés qu'après la réunifi­cation en 1990.À Berlin­Est, c'est es­sentiellement après laconstruction du Mur queles urbanistes élaborentun plan global d’amé­nagement, avec l’ambitionde faire de Berlin­Est lacapitale de la RépubliqueDémocratique Allemande.Les dirigeants de l’Alle­magne de l’Est mettent enoeuvre un plan de res­tauration du patrimoinehistorique dont l’ambitionest de rivaliser avec lesprojets de reconstructionde Berlin­Ouest.

Certu – Trame verte et bleue – mai 2012 Fiche n°3 – Berlin, métropole naturelle (version longue) 3ill. 4 : Immeuble à Berlin (Crédit Certu).

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ill. 5 : La ville de Berlin « s'enroule » autour du parc central appelé Tiergarten (Crédit Certu).

Hermann Henselmann, architecte en chef de Berlin­Est, conçoit l'avenue Stalinallee (1953­1959) commeune vitrine du savoir­faire de la RDA.Le Gendarmenmarkt est rénové et le quartier médiévalde Saint­Nicolas (Nikolaiviertel), intégralement rasélors de la guerre, est reconstruit ex nihilo, avec desmaisons colorées et de petites tavernes en rez­de­chaussée (Weinstubes).Depuis 1999, le Parlement fédéral, le Gouvernementfédéral et les ambassades se sont installés à Berlin.Les emplois liés aux services occupent une placecroissante dans l’économie berlinoise, et le premieremployeur de la ville reste la fonction publique.L’extension du secteur tertiaire n’a d'ailleurs pas pucompenser le déclin des emplois industriels. La ville aainsi perdu 20 % de sa population active et son tauxde chômage était de 15,5 % en 2008. Ce taux a baisséà 12,8 % fin 2010.La situation financière de la ville est marquée par unendettement important. En 2006, et pour la premièrefois depuis la réunification allemande, les dépenses dela ville ont été couvertes par les rentrées fiscales(recettes hors emprunts et cessions d’actifs).Si Berlin n’est pas parvenu à enrayer la spirale del’endettement ­ fin 2006, sa dette atteint 60 milliardsd’euros pour un budget annuel de 21 milliards d’euros ,c’est que ses problèmes budgétaires « se situent plutôtdu côté des dépenses que de celui des recettes ».Les bombardements de la Seconde guerre mondiale etl'édification du Mur ont profondément meurtri la ville.Berlin est une ville protéiforme qui se distingue par une

multiplicité de configurations urbaines, allant desquartiers pavillonnaires aux grands ensembles, avecdes gabarits de bâtiments et des largeurs de voies trèsdifférents selon les arrondissements.

2.3 Organisation administrativeBerlin constitue l’une des seize régions (Länder) de laRépublique Fédérale d’Allemagne (RFA). Le maire­gouverneur de la ville de Berlin est également ministre­président de la région de Berlin. Du point de vueinstitutionnel, Berlin est une ville­État (Stadtstaat).En qualité de Länder, Berlin envoie quatre députés auConseil fédéral (Bundesrat) qui est habilité à soumettredes projets et des propositions de loi au Parlementallemand (Bundestag).La ville dispose de pouvoirs administratifs et législatifsétendus : elle est compétente notamment dans lesdomaines de l'éducation, la culture, la planificationterritoriale, l’aide sociale, les transports, l’emploi.Elle peut intervenir en qualité d’opérateur économique.À l'instar des autres Länder, Berlin est dotée d’uneConstitution dont le respect est contrôlée par untribunal constitutionnel.Le pouvoir exécutif est exercé par le Sénat de Berlin(mairie) qui est composé de huit membres, et dirigé parun maire­gouverneur (Regierender Bürgermeister).Le Sénat de Berlin est à la tête d'une administration(Senatsverwaltung) organisée en une dizaine deministères thématiques. Le maire­gouverneur et lesénat sont responsables devant la Chambre desdéputés de Berlin (Abgeordnetenhaus von Berlin).

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ill. 6 : Les kolonien sont à la fois des jardins familiaux etdes jardins d'agrément. Ils occupent 10% du territoire dela ville (Crédit Certu).

ill. 7 : Les Volksparks sont des espaces verts hybrides àmi chemin entre le parc paysager du XIXème et la base deloisirs des années 60 (Crédit Certu).

Les régions (Länder) ont la capacité de légiférer ; ellesgèrent leurs propres codes d’urbanisme, de laconstruction ou de la voirie. La Chambre des députésde Berlin exerce le contrôle de légalité et autorise lesexpropriations pour cause d’utilité publique.Le Sénat de Berlin est responsable de l’urbanismelocal, il est compétent pour délivrer les permis deconstruire. Les autorités de Berlin agissent dans uncontexte de décentralisation plus ou moins encadrée,tant sur le plan des choix de développement urbain(Région de Berlin­Brandebourg) que sur celui desgrands équilibres budgétaires.

3. Une métropole naturelleBerlin dispose d’un grand nombre de parcs et dejardins publics (2 500 espaces verts et aires de loisirs),équitablement répartis sur son territoire. Elle possèdeun patrimoine arboré conséquent (430 000 arbresurbains) et de vastes forêts périurbaines (zonesboisées de Grunewald et de Dueppel).En 2009, 40 % de la superficie de la ville de Berlin sontoccupés par les espaces verts et les voies navigables(180 kilomètres de linéaire).Avec plus de 6 400 hectares de parcs et jardinsouverts au public, soit un ratio de 26 m2 par habitant,Berlin se classe parmi la moyenne européenne desmétropoles vertes.La campagne est très présente dans les quartierscomme Zehlendorf, Grünewald, Spandau, Wimesdorfqui sont régulièrement investis par des hardes desangliers attirés par la qualité des couverts boisés et larichesse des poubelles. À tel point que certains parcsfont la une des journaux pour cause de fermetureprolongée due à des battues administratives.La ville de Berlin comprend beaucoup de dentscreuses, de terrains vagues et de friches qui lui

donnent énormément de réserves foncières pour verdirles quartiers.Après la chute du Mur, les zones industriellesdésaffectées, la fermeture de l’aéroport de Tempelhof(2007) et l'abandon des gares de triage obsolètesoffrent de nouvelles opportunités d’augmenter lenombre d’espaces verts.Ainsi, les larges avenues de Berlin ont facilitél’aménagement d’un réseau dense de pistes cyclables(650 km en 2010) et de voies de transports encommun en site propre (tramway). On peut aller d’unbout à l’autre de Berlin avec le S­Bahn, l’équivalent duRER parisien, en 30 minutes. De plus, il fonctionne 24heures sur 24, y compris les fins de semaine et lesjours fériés, tout comme le métro.Résultat : 32 % des trajets sont réalisés à pied ou envélo et 27 % en transports en commun !

3.1 Typologie des espaces vertsLa ville « s’enroule » autour d’un parc central appelé leTiergarten (210 hectares). Littéralement « jardin auxanimaux », le Tiergarten constitue le cœur historiquede la ville, à deux pas de la porte de Brandebourg, duParlement et de la Chancellerie.Au fil des siècles, il s’est affirmé comme un espace decentralité, un lieu de rencontre incontournable, tout endemeurant le poumon vert de Berlin. C’est là que sedéroulent les grands évènements festifs : les départsdu Marathon, la Technoparade, le point derassemblement des Berlinois lors des retransmissionsde la Coupe du monde de football.Réserve de chasse des princes­électeurs au XVIIesiècle, le domaine s'étirait bien au­delà de sonpérimètre actuel jusqu'aux villages de Lietzow àl'ouest, Wilmersdorf au nord et Schöneberg au sud.Le parc de Tiergarten est long de trois kilomètres surun kilomètre de large. Il est relié à deux continuitésvertes : un axe est­ouest formé par la Spree et un axenord­sud adossé au lit de la rivière Panke et au canalde navigation de Spandau.

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En 1816, c'est le paysagiste Peter Joseph Lenné quidessine les sentiers et aménage les lacs intérieurs surlesquels les Berlinois pratiquent encore de nos joursdu canotage et du patin à glace l’hiver.Durant le blocus de Berlin, les arbres du Tiergarten quisurvécurent au conflit furent abattus pour servir de boisde chauffage, tandis que les pelouses étaientconverties en jardin potager pour subvenir aux besoinsd’une population démunie.En 1949, un million d'arbres fut planté, dont un tilleuldes mains du bourgmestre Ernst Reuter, redonnant auTiergarten son lustre d'antan. Autour du Tiergartens'étend une ceinture d’espaces verts intra­muroscomprenant des parcs publics, cimetières, terrains desports et des jardins privés.

3.2 Les espaces naturels et agricolesLes trois principaux lacs périurbains que sont leWannsee (sud­ouest), le Müggelsee (sud­est) et leTegeler (nord­ouest) sont les sites préférés de détentedes Berlinois. Ces lacs sont à la fois des réservesnaturelles, des espaces dédiés à la baignade et auxloisirs aquatiques (planche à voile, location debateaux, ski nautique), mais également des ressourcesaquifères dont la ville tire son eau potable. Cettecomposante aquatique n'est pas déceloppée danscette fiche.Des projets de parcs nature périurbains sont en coursd’aménagement, comme par exemple, le NaturparkBarnim qui couvre 749 km2, dont environ4 000 hectares sont intégrés à la ville de Berlin.Les bois et forêts (Grunewald, Berliner Forst Tegel,Berliner Stadt Forst Bügerheide), les marais

(Teufelsmoor) sont des reliquats du paysage originelde la région du Brandebourg qui sont protégés etsauvegardés par la ville en qualité d'espaces naturelsdans le plan d’urbanisme (53 réserves naturelles,15 zones spéciales de conservation). Des haies,landes, prairies naturelles subsistent à l'état defragments à l'intérieur de la cité.Par ailleurs, les 10 % de surfaces agricoles utiles del'agglomération font l'objet de promotion de méthodesde culture écologique.

3.3 Les parcs et les jardinsÉléments spécifiques du paysage urbain, les espacesverts de Berlin sont constitués de squares, de parcs,d’aires de jeux et de terrains de sports hérités del’histoire de la ville.La propension des Berlinois pour la nature font que lescours et les courettes d'immeubles sont souventaménagés en jardins intérieurs privés ou en jardinscollectifs, comme par exemple, les cours­jardins duWohnpark Victoria situés dans l’arrondissement deKreusberg (1980­1986).Ces jardins collectifs localisés aux pieds desimmeubles sont entretenus par les habitants commeen témoignent les nombreux aménagements réalisésaprès leur inauguration : introduction d’aires de jeux,de bancs et de tables du pique­nique.Berlin se caractérise par la présence de jardinsouvriers qui composent d’immenses lotissements. Cesjardins ouvriers (Schrebergarten) sont une composantemajeure du réseau vert de la ville qui compteactuellement 930 lotissements de jardins (Kolonien)soit plus de 74 500 jardins individuels (3 000 hectares).

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ill. 8 : Le Mauer Park est un parc linéaire, il reprend une partie du tracé du mur de Berlin. Il constitue une trame verte.(Crédit Certu).

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Les Schrebergarten portentle nom de Daniel GottlobMoritz Schreber, médecinallemand du XIXe siècle, quipréconisait « de canaliserl’énergie des jeunes urbainspar des exercices physiquesà la campagne ».Les kolonien sont le pendantallemand des jardins fami­liaux français. Voués à laproduction alimentaire tant àBerlin­Ouest qu’à Berlin­Est,ils ont joué un rôle vital aumoment du blocus.Lorsqu’on survole Berlin, onest étonné par les surfacesau sol que représentent cesKolonien qui occupent plusde 10 % du territoire.Les jardins ouvriers sont encore très vivants de nosjours. Leurs noms sont tous plus kitsch les uns que lesautres : Alpenrose, Rose des Alpes, Unité, NouvelleEspérance, Confort, Patrie, Futur, Ile de Rügen, Paix,Diner, Sans Souci. Très souvent, le potager a disparuet le cabanon de jardin s'est transformé en unecoquette résidence secondaire entourée de ses nainsde jardin pérorant sur des pelouses tirées à quatreépingles.

3.4 Les friches et la végétation sauvageBerlin se distingue également par l’abondance d’uneflore sauvage, libre et spontanée, qui occupe lesmoindres recoins, les voies ferrées, les frichesindustrielles, les délaissés des voiries, les fosses deplantation des arbres, les abords des immeubles.La végétation sauvage est acceptée et tolérée par lesservices techniques de la ville comme un principed’aménagement paysager à part entière (Mauer Park,Naturpark Schöneberger Südgelande). Cette « flore decompagnie » n'est ni plantée, ni exploitée. L'entretiendes espaces publics intègre la présence de cettevégétation, ainsi la gestion extensive est généralisée.Les formes paysagères des espaces végétalisés vontdes prés multicolores jusqu'à des forêts urbaines dontles arbres issus de semis naturels et de rejetsspontanés sont parvenus à coloniser les terrainsvagues à l’abri des tronçonneuses. Les friches sontextrêmement variées tant sur le plan paysager que surcelui de la phytosociologie des stations botaniques.Le spontané et le sauvage sont l’une descaractéristiques du traitement « horticole » desespaces libres Berlinois.

Interpellant le touriste qui y voit les signes d'unenégligence manifeste dans les pratiques dudésherbage, le parti de la ville de Berlin de « laisser lavégétation potentielle s’exprimer là où elle l’entend »ouvre le débat sur la présence du sauvage en milieuurbain.

4. La planification des espaces verts4.1 Un héritage historique majeurEngagé par la cour de Prusse à partir de 1816, PeterJoseph Lenné (1789­1866) conçoit les parcshistoriques, comme le Lustgarten et le Tiergarten quiétaient alors exclusivement réservés aux nobles et auxprinces de la cour.Entre 1846 et 1848, le directeur du service des parcset jardins de Berlin, Johann Heinrich Gustav Meyer(1816­1877) créé le premier « parc populaire »(Volkspark Friedrichshain) afin de rivaliser avec le parcaristocratique de Tiergarten.Avec son équipe, il lance le mouvement Volkspark, unconcept de parc populaire ouvert à tous les habitants. Iln’est plus question de créer de nouveaux parcsornementaux, mais il s’agit de fournir des espaces deloisirs et de détente pour les Berlinois des quartiersdensément peuplés.Lorsque la population de Berlin atteint la barre dumillion en 1877, la demande en lieux de récréationoccupe le devant de la scène politique. Les travauxd’embellissement menés à Paris, sous la férule dubaron Haussmann, trouvent un écho favorable à Berlin.Les squares et les parcs deviennent alors des modèlesà privilégier.

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ill. 9 : Gestion extensive des pieds d'arbre en centre ville à Berlin (Crédit Certu).

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Au début du XXe siècle, Erwin Barth (1890­1933),directeur des parcs et jardins de Berlin, et MartinWagner (1885­1957), urbaniste en chef pendant lesannées 1920, estiment que les espaces verts nedoivent plus être uniquement conçus à des finsesthétiques, ni réservés à une élite.L’ouverture du Volkspark à tous les Berlinois, quel quesoit leur âge et leur situation sociale, fait du parcpopulaire une condition essentielle de son succès.Aujourd'hui, ces parcs publics concentrent deséquipements sportifs de premier plan. La plupartdispose de piscines, pataugeoires, terrains de sports,vélodrome, skate parc, aires de jeux pour les enfants.Le Volkspark est un espace vert hybride, à mi cheminentre un parc paysager du XIXe siècle et une base deloisirs des années 1960. Ce type de parc vise àaméliorer la santé des Berlinois, célébrant les bienfaitsde pratiquer des exercices physiques en plein air et lesvertus de se détendre dans la nature. À la belle saisonet à l’heure de la pause­déjeuner, il n’est pas rare decroiser des nudistes bronzant dans les parcs publics etsur les bords des lacs et les berges des cours d’eau.Nous avons pu nous­même constater une tellepratique au Tiergarten, en juin 2010.

4.2 Le Jansen­Plan (1910), premier schémadirecteur d’urbanismeÀ l’origine du Grand Berlin, des architectes, ingénieurs,associations professionnelles vont s’allier et rédiger unmanifeste publié en 1907 : « Contributions à un plandirecteur pour le développement urbain du GrandBerlin », Anregungen zur Erlangung eines Grund­planes für die städtebauliche Entwicklung von Gross­Berlin.Otto March (1845­1913), Cornelius Gurlitt (1850­1938)et Josef Stübben (1845­1930) convainquent lesautorités locales de financer un concours et une

exposition internationale consacrée à l’urbanisme.Grâce à ces acteurs influents, la ville va initier unedémarche de réflexion prospective sur les transports,les logements, les espaces verts, et sondéveloppement économique.Le lauréat du concours, Hermann Jansen (1869­1945),architecte­urbaniste, pose les premiers jalons d’unschéma directeur d’aménagement et d’urbanisme àl’échelle du Grand Berlin.À ce titre, il réalise un plan de desserte des transportsen commun, un schéma d’organisation des espacesverts, et produit une esquisse d’implantation des zonesindustrielles qu’il localise au carrefour des canaux etdes voies ferrées. Le schéma d’organisation desespaces verts du Grand Berlin défendu par BrunoMöhring, Richard Petersen et Rudolph Eberstadtmarque l’histoire de la ville.Ce schéma propose un modèle radial constitué d’uneceinture verte intérieure, relativement petite, formée deparcs et jardins, et d’une ceinture verte extérieure pluslarge, regroupant des forêts et des prairies.Cette double ceinture verte s’articule sur des couléesvertes de liaison dessinant une croix. Ce schéma decadrage est influencé par le mouvement des cités­jardins née en Angleterre.Toutefois, les principes fondateurs de EbenezerHoward (1850­1920), le père des cités­jardins, ne sontque partiellement repris dans le Jansen­Plan. Seule,l’esquisse générale d’organisation des espaces vertsest adoptée et suivie d’effet. De même que le principede réserver des zones pour bâtir des cités­jardins estacté, à l’exemple de Letchworth, Hampstead etWelwyn dans la banlieue de Londres.Bruno Taut et Heinrich Tessenow construisent lapremière cité­jardin à Grünau­Flakenberg en 1913­1916 ; une dizaine voit le jour à Berlin : SiedlungSchillerpark, Grobsiedlung Britz, Wohnstadt Carl

Certu – Trame verte et bleue – mai 2012 Fiche n°3 – Berlin, métropole naturelle (version longue) 8

ill. 10 : Extrait d'un plan de détails de la morphologie urbaine d'un quartier à Berlin (Crédit Sénat de Berlin).

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Legien, Weibe Stadt, Grobsiedlung Siemensstadt.Le Jansen­Plan est un acteur du changement enmatière de planification urbaine ; il permet d’engagerune protection réglementaire de la double ceintureverte, intérieure et extérieure, et une programmationdes acquisitions foncières au gré des mutationsparcellaires. Un grand nombre de propriétés urbaineset de forêts sont achetées pendant cette période,même en dehors de Berlin, tandis que des parcspublics et des jardins familiaux sont égalementaménagés.

4.3 Le plan général d’organisation desespaces verts (1929)L’exposition d’urbanisme est conçue par WernerHegemann (1881­1936). En qualité de secrétairegénéral de l’exposition, la rétrospective est présentéeau congrès international d’urbanisme qui se tiendra àLondres en octobre 1910. Werner Hegemann apporteson expérience d’architecte urbaniste à l’affût desnouveaux concepts urbains en vogue.C’est lui qui établit des passerelles entre lesdémarches de planification des villes nord américaineset les projets d’urbanisme berlinois : « La croissanceéconomique et démographique de Berlin estdavantage en rapport avec les villes champignonsaméricaines ».Werner Hegemann réunit de nombreux exemplesétrangers pour illustrer ses messages. Les clichés desgares de New York et de Chicago construites surplusieurs niveaux, électrifiées et interconnectées entreles transports métropolitains et les grandes lignes, font

sensation.L’idée de percer de grandes avenues pour relier lesparties nord et sud de Berlin et de construire desgratte­ciel est évoquée.De même que l’exemple du Boston’s EmeraldNecklace (Collier d’Emeraude de Boston) aménagé parFrederick Law Olmsted (1822­1903) intéressegrandement les autorités locales.La ville de Berlin adopte le projet de développer unsystème de parcs équivalent accompagné de soncortège de berges­promenades (riverways) et d’allées­promenades (parkways).De plus, le principe de créer une structure de gestionadministrative et opérationnelle des parcs fait sonchemin à l’échelle du Grand Berlin.Le Jansen­Plan constitue un plan de référence àl’élaboration du plan général des espaces vertsqu'élabore Martin Wagner (1885­1957), architecte de laville, en 1929.C’est le premier urbaniste à formuler des exigencesminimales concernant les espaces verts en termes desurface à respecter, d’accessibilité (10 minutes à pied),de répartition à prévoir dans les tissus urbains (équité).La ville doit à ce plan clairvoyant sa ceinture de parcs,de jardins familiaux et de cimetières, ainsi que lesespaces forestiers et agricoles périurbains.

4.4 L'après­guerre et le Scharoun­PlanHans Bernhard Scharoun (1893­1972), chef desservices de l'urbanisme en 1946, conçoit le premierplan directeur de reconstruction de Berlin.

Architecte adepte del'architecture organique,il prône l'harmonie entrel'habitat et sonenvironnement naturel àl’exemple des maisonsdu style prairie del’architecte nord amé­ricain, Frank LloydWright (1868­1959), dontil est un ferventadmirateur.Grâce à une approcheconceptuelle à l'écoutedu génie des lieux, il faitdu bâtiment, des abordset des mobiliers conçussur mesure, un en­semble harmonieux etintégré à son environ­nement (Berliner Phil­harmonie und Kam­mermusiksaal).

Certu – Trame verte et bleue – mai 2012 Fiche n°3 – Berlin, métropole naturelle (version longue) 9

ill. 11 : Le réseau d'espaces verts berlinois (Crédit Sénat de Berlin).

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Dans le cadre du plan d’urbanisme qu’il développe,Hans Bernhard Scharoun profite des espaces libéréspar les destructions massives de la Seconde guerremondiale pour aménager de nouveaux espaces verts.Les décharges de gravats et les zones de remblais desdéchets de chantiers sont converties en autantd’espaces verts supplémentaires : Insulaner,Teufelsberg, Kippe im Friedrichshain etOderbruchkippe im Volkspark Prenzlauer Berg.Le Scharoun­Plan a l’ambition de reconstruire la villesur elle­même ; la ville s’appuie sur les structures etles axes urbains existants, et elle occupe pleinement lavallée glaciaire, sans ouvrir à l’urbanisation denouveaux pôles de développement périurbains.À Berlin­Ouest comme à Berlin­Est, les années 1950­1980 sont marquées par une approchemultifonctionnelle des espaces verts.L’ouverture de nouveaux espaces verts s’inscrit dansle plan d'organisation spatiale de Berlin­Est(Raumordnungsplan, 1953) et dans le plan d'oc­cupation des sols de Berlin­Ouest (Flächen­nutzungsplan, 1956).Malgré la coupure institutionnelle de la ville, les deuxplans présentent des convergences notables etmettent l’accent sur l’amélioration des continuitésvertes pour relier les espaces verts existants.La proposition de créer une ceinture verte de parcs etde jardins, aussi bien à Berlin­Est qu’à Berlin­Ouest,aura un fort retentissement dans les villes de l’Europede l’Est (Varsovie, Moscou) qui reprennent à leurcompte ce principe.

4.5 Les années 1980­1990 et le LaProAvec l'entrée en vigueur des lois fédérales etrégionales de renforcement de la protection de lanature, Berlin se dote d’un plan d’actions sur lepaysage (Landschaftsprogramm) et d’un programmede protection de la faune et de la flore (Artenschutz­programm), en abrégé LaPro.

Afin d’alimenter les réflexions pour améliorer le cadrede vie des habitants, Berlin­Ouest initie le premierLaPro et met en oeuvre un atlas de l’environnement(Umweltatlas).Des atlas de biodiversité communale et des inventairesdes unités paysagères sont également engagés.Le LaPro est adopté en 1988 pour ce qui concerneBerlin­Ouest. Parallèlement, les zones inscrites àl’inventaire des biotopes remarquables et lespérimètres des unités paysagères recensées sontintégrées dans le plan d'occupation des sols(Flächennutzungsplan).La mise à jour du LaPro et du plan d'occupation dessols font l’objet d’un suivi régulier et simultané.Parfois, des conflits d’usage apparaissent au grandjour entre la vocation de certains projetsd’aménagement vis­à­vis des zonages proposés dansl’un ou l’autre des documents. Ces qualificationscontradictoires nourrissent de sérieuses réserves de lapart des habitants.En 1986, dans le cadre d’une consultation citoyenne, laville a enregistré 300 000 observations contre le pland’occupation des sols et 5 400 contre le LaPro. 20 000jardiniers ont même protesté devant le siège du maire­gouverneur contre une prise en compte insuffisantedes jardins dans le LaPro.Dès que le Mur de Berlin est démantelé, les architecteset les urbanistes s’empressent de lancer des projets derénovation urbaine destinés à gommer les traces de laséparation.C’est ainsi que la Pariser Platz, la Leipziger Platz, etsurtout la Potsdamer Platz retrouvent leurs fonctionsde centralité. C’est Renzo Piano et Helmut Jahn quiremportent le concours pour l’aménagement de laPotsdamer Platz.Cette place est l’exemple le plus connu du renouveauurbain qui a transformé Berlin dans les années 1990.La zone d’aménagement est découpée en trois îlotsconnus sous le nom de Daimler Chrysler (1998), SonyCenter (2000) et Beisheim Center (2004).

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ill. 12 : Pataugeoire et aire de jeux dans un Volkspark (Crédit Certu).

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Ces aménagements ont métamorphosé le terrainvague où le Mur de Berlin coupait le site jusqu’en1989. Dans les projets d’urbanisme qu’elle pilote, laville de Berlin intègre systématiquement une démarchede développement durable.Ainsi, sur une surface de 7 hectares, 1,2 hectare de laPotsdamer Platz est occupé par des bassins derécupération des eaux pluviales en provenance desbâtiments, de la voirie et d’une grande place piétonne.Un quart des toitures ont été végétalisées (12 000 m2)en vue de ralentir les arrivées d’eau pluviale et defiltrer les polluants avant que les rejets n’atteignent lesréservoirs de stockage.L’eau de pluie est collectée dans cinq grandes cuvessouterraines qui alimentent les toilettes ainsi que lespoints d’arrosage des parties communes. En cas defortes pluies, le trop plein s’écoule à l’air libre dans lesbassins paysagers reliés à un canal d’évacuation. Unsystème traditionnel de secours alimente en eau lesimmeubles pour faire face à une forte sécheresse ou àun dysfonctionnement quelconque.

4.6 Les années 2000 et le StEP­PlanAfin de renouveler les démarches de prospective deterritoire, un projet de ville à l’horizon 2020(Stadtentwicklungspläne ou StEP­Plan) est élaboré.Ce schéma directeur propose un cadre dedéveloppement de la ville et fixe six engagementsdans le domaine de l'aménagement et de la protectiondes espaces verts :

­ une hausse du nombre et de la qualité desespaces verts modulés selon les priorités fixées parles diagnostics propres aux arrondissements deBerlin ;

­ le principe de compenser les préjudicespaysagers et les pertes d’espaces verts placéssous le coup d’une artificialisation des sols(décision de la Chambre des députés datée de2004) ;­ le raccordement de « 20 voies vertes® » afin de

relier le centre­ville, densément bâti, aux espacesverts intra­muros et à la ceinture verte extérieure ;­ une stratégie de développement de la mixité des

usages, temporaires et permanents, en vued’améliorer l’accessibilité des points d’eau, des lacset des rivières, et l’utilisation des berges ;­ la reconnaissance du rôle et de l’importance des

espaces verts selon lesquels ils constituent desespaces à fonction climatique dépolluante à hauteurde 75 % du territoire de Berlin (680 km2);­ la poursuite de l’aménagement du parc nature de

Barnim en qualité de quatrième grand site derécréation du Grand Berlin.

Un des objectifs du StEP­Plan vise à créer une trameverte à mailles serrées qui relie les espaces verts ducentre­ville aux espaces extérieurs.Le point fort de ce document est qu'il permet d'allouerde façon ciblée le peu de moyens disponibles, étantentendu que la loi fédérale sur la protection de lanature de 2002 impose aux régions et aux villes­Étatde consacrer un réseau écologique sur au moins 10 %de leur territoire.Au fil des années, le LaPro gagne en importance et encrédibilité. 16 % de la ville sont couverts par des plansde paysage qui trouvent des applications concrètes viades instruments spécialisés et des outils régle­mentaires opposables aux tiers :

ill. 13 : La gestion différenciée des trottoirs et des piedsd'immeuble est acceptée par les habitants (Crédit Certu).

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Une stratégie de compensation :le programme paysage(Landschaftsprogramm / LaPro)propose à l’échelle de la ville unestratégie de compensation.Des zones prioritaires pour desmesures de compensation paysagèresou environnementales sontdéterminées notamment dans les casoù les impacts des projets ne peuventpas être compensés localement. Ledéveloppement du Naturpark Barnimest un exemple de zone decompensation prioritaire.Ces espaces dédiés forment unréseau en forme de croix verte (quisuit les rivières) et une double ceintureverte qui participe au maintiend'espaces verts et d'espaces naturelsen ville.

ill. 14 : Le schéma directeur des espaces verts de berlin est marqué par unedouble ceinture verte de parcs et une croix verte qui reprend les axes des rivières.Cette carte est ponctuée par des projets liés à des mesures environnementalescompensatoires selon 3 niveaux de priorité (Crédit Sénat de Berlin).

ill. 17 : L'imbrication des différents documents deplanification à Berlin (Crédit Sénat de Berlin).

Zone prioritaire decompensation du parc naturelrégional, le Naturpark Barnim

Zone prioritairede compensationen centre­ville

ill. 15 : Le FNP Berlin est undocument de cadrage général deplanification (Crédit Sénat deBerlin).

ill. 16 : Le Bebauungsplan, une déclinaison locale duFNP, est un plan de développement local opposable autiers qui détermine par arrondissement, les densités,et l'utilisation des sols. Extrait d'un plan dedéveloppement local (Crédit Sénat de Berlin).

ill. 18 : Le LaPro est un document deplanification stratégique basé sur lepaysage et décliné en programmesd'actions (Crédit Sénat de Berlin).

ill. 19 : Le BEP est un documentintermédiaire qui ne couvre pas latotalité de la ville. Il s'agit d'un outilde planification réglementaire surune zone spécifique. Il impose doncjuridiquement des zonages et desdestinations de sol. Extrait d'un BEP(Crédit Sénat de Berlin).

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­ obligation de végétaliser des secteurs prioritaires(coefficient de biotope par surface) ;­ engagement de créer des espaces verts decompensation ;­ interdiction d’imperméabiliser des chemins et desroutes d’accès (coefficient d’imperméabilisation dusol).

L’exemple du programme de verdissement des écolesde Berlin appartient à cette dynamique du LaPro.Depuis 1983, plus de 400 projets, soit la moitié desécoles de Berlin ont été requalifiées, allant jusqu’àdéposer l’asphalte des cours et le bitume des préauxpour créer des jardins d’enfants, des potagerspédagogiques, des mares d’observations peuprofondes, des jardins de pluie. Cette politiqueberlinoise dite Grün macht schule associe étroitementles scolaires, les enseignants, les parents d’élèves etles services techniques de la mairie. Cinq postes àtemps plein sont consacrés à cette politique berlinoisequi est l'une des plus anciennes à l’éducation àl’environnement.

4.7 Les outils SIG du StEP­PlanPour parvenir à asseoir un réseau écologiquecohérent, la ville de Berlin s’est dotée d’un systèmed’information géographique (SIG) dédié aux espacesverts (Grünflächeninformationssystem en abrégéGRIS) qui les localise à la parcelle (cadastre vert).Trois modules sont attachés à ce SIG :

­ une base de données spécialisée sur les espacesverts, les arbres, les aires de jeux, les terrains desports, appelée GAIA en allemand, qui regroupeplus de 140 types d’espaces verts ;­ un système d'information géographique où les

espaces verts sont géoréférencés sur un cadastrenumérisé (module YADE­GBKat) ;­ une base de données, dite SenStadt.

Cette dernière permet de :­ calculer les coûts d'entretien des espaces verts(parcs, jardins, arbres, aires de jeux, cimetières) aumoyen d’une comptabilité analytique des soinsquotidiens prodigués par les services ;­ obtenir les profils sécuritaires concernant ladangerosité des arbres, les expertises relatives auxsituations préventionnelles des aires de jeux et desterrains de sports ;­ préparer la programmation des plantations au furet à mesure de l’avancement des projetsd’aménagement.

Un site internet et intranet dispose d'une photothèqueregroupant plus de 26 000 images des espaces vertsde la ville. Celle­ci est disponible pour tous lesemployés municipaux.

5 Les outils de la trame verte etbleue5.1 Les documents de planification de lavilleBasé sur la législation fédérale, le pland'aménagement du territoire (Flächennutzungsplan /FNP Berlin 1:25 000 et 1:50 000) est un document decadrage général de planification.Le FNP est décliné à un niveau local par des plans dedéveloppement (Bebauungspläne 1:1000) et desorientations d'aménagement.Le Bebauungsplan est un plan de développement localopposable aux tiers. L’approbation d’un Bebau­ungsplan vaut décision de mise en oeuvre del’aménagement de la zone concernée, à la différencede la zone NA d’un PLU français qui peut resterpendant des années à l’état de zone agricole etnaturelle dans l’attente d’une urbanisation future.Le Bebauungsplan est adopté par la Chambre desdéputés de Berlin (Abgeordnetenhaus) et il est tenu àjour par des amendements réguliers. Environ deux foispar an, des modifications sont proposées à laconsultation publique. Pendant une période de quatresemaines, les modifications sont mises à l’enquêtepublique.

5.2 Le coefficient de biotope par surface(Biotopflächenfaktor)Dès 1985, sous l’impulsion de plusieurs décisionsjurisprudentielles, la ville de Berlin a instituée une taxesur les surfaces imperméables qui est destinée àfreiner le ruissellement, améliorer la gestion des eauxpluviales à la parcelle et faciliter leur infiltration dans lesol ou leur évaporation in situ.La taxe est calculée sur l’assiette des surfacesconstruites ou urbanisées de la propriété cadastrale(coefficient d’imperméabilisation du sol, Versiegelungs­faktor) sur lesquelles les eaux pluviales coulentdirectement ou indirectement vers le réseau publicd’assainissement.Le coefficient de biotope par surface (CBS) est unemesure phare du LaPro qui a pour objectifs :

­ d’améliorer la qualité de l'air ambiant en luttantcontre les îlots de chaleur urbains (diminution del’albédo et augmentation de l’évapotranspirationgrâce à la végétation) ;

­ de soulager les réseaux unitaires via ladéconnexion des eaux pluviales des systèmesd’assainissement ;­ d’augmenter les réserves en eau des sols, voire

de recharger les nappes phréatiques ;­ d’accroître les surfaces végétalisées en pleine

terre pour créer des milieux propices à la faune et laflore.

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Le CBS est un instrument de renaturation applicableaux parcelles occupées par une zone industrielle etcommerciale, un immeuble collectif, un tissupavillonnaire, une infrastructure de transports (voirie,parking), une cours intérieure, sous réserve que cesespaces urbanisés entrent dans le champd’intervention d’un plan de paysage (21 plansapprouvés en 2011).Le coefficient de biotope par surface est alorsopposable au permis de construire et il constitue uneprescription normative pour les projets de rénovationurbaine, la construction de nouveaux bâtiments, larestructuration d’îlots urbains.

De nombreux architectes et maîtres d’ouvrage en ontfait un outil de dialogue avec les services instructeurs.Lors du dépôt de leur dossier de permis de construire,les projets de végétalisation des cours intérieures, destoitures terrasses, des clôtures séparatives et des mursmitoyens sont négociés au cas par cas et impactent leprojet urbain.Le coefficient de biotope par surface (CBS) est lerapport entre la surface éco­aménageable d’untènement et la surface de la parcelle cadastrale :Coefficient de biotope par surface (CBS) = surfaceéco­aménageable / surface de la parcelle

Certu – Trame verte et bleue – mai 2012 Fiche n°3 – Berlin, métropole naturelle (version longue) 14

sans CBS44

22 33

Calcul du coefficient d’occupation du sol (CBS) 200 / 500 = 0,40CBS recommandé = 0,45 (confère illustration 20)

Exemple de calcul du CBS d’une parcelle inscrite dans un quartier pavillonnaire :

Le projet de construction d'un pavillon : surface de la parcelle cadastrale : 500 m2

emprise au sol de la surface construite : 200 m2(maison + garage attenant) surface libre : 500 m2 – 200 m2 = 300 m2(cour bétonnée, jardin en pleine terre, chemind’accès)

pose d’une végétation extensivesur la toiture terrasse du garage : 40 m2 x 0,7 = 28 m2

dépose d’une partie du béton dela cour et pose d’un dallage semi­perméable : 12 m2 x 0,3 = 3,6 m2

11

La surface végétalisée à développer :200 x 0,45 = 90 m2

création d’un espace vert enpleine terre : 52 m2 x 1 = 52 m2

végétalisation d’un mur mitoyen : 12 m2 x 0,5 = 6 m2

11 22

33 44

Illustrations et photographies : crédit Certu

4 opérations d'éco­aménagement

avec CBS

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ill. 20 : Valeur du CBS réglementairemodulé selon la typologie des tissusurbains concernés (source : Sénat deBerlin, 2012)

ill. 21 : Type d’aménagementpaysager à développer pour opti­miser le CBS à la parcelle(source : Sénat de Berlin, 2012)

11

22

33

44

Dans notre exemple,le CBS recommandéest de 0,45

Dans notre exemple, la surfaced'espaces verts projetée par leséco­aménagements pour uneemprise au sol de surfaceconstruite de 200 m2 :28 + 3,6 + 6 + 52 = 89,6 m2soit 200 x 0,45 (CBS) = 90 m2

52 m2

6 m2

3,6 m2

28 m2

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5.3 La taxe sur la gestion des eauxpluvialesDepuis 2001, la taxe sur la gestion des eaux pluvialesest assise sur les surfaces imperméables calculées àla parcelle cadastrale par photo interprétationaérienne. Les surfaces supposées imperméables et lesabattements liés au prorata de la charge rejetée dansle réseau d’assainissement sont validés par le pro­priétaire dans 80 % des cas avec quelques ajuste­ments mineurs.150 000 Berlinois sont concernés par cette taxe dont letarif actuel est de 1,9 euro du mètre carré (valeur2012). Elle est recouvrée par la Compagnie des eauxde Berlin (Berliner Wasserbetriebe) dont la ville deBerlin se partage 50,1 % des parts avec le groupeVéolia qui détient les 49,9 % restantes. Pour l’instant,seul 10 % du territoire sont couverts par cette taxe degestion des eaux pluviales.

6. Le Naturpark SchönebergSüdgelandeBerlin est marqué par la présence de nombreusesfriches industrielles au cœur de son agglomération. En1952, dans le sud du quartier de Schöneberg, uneancienne gare de triage fut laissée à l'abandon. Ces 18hectares en forme de fuseau enclavés entre des voiesferrées, forment un espace inaccessible aux hommespendant près de 50 ans. La nature a réinvesti peu àpeu ce site ferroviaire. Un couvert forestier spontanéoccupe les 2/3 du site. De nombreuses semences,graines aîlées et insectes, véhiculées par les trains etdissiminées par le vent se sont développées enformant des biotopes riches et singuliers.

La naissance du parc : En 1980, un collectif d'associations s'est monté pourlutter contre un projet de reconstruction d'une gare detriage sur ce site devenu une oasis de biodiversité. En 1995, la Deutsche Bahn AG propriétaire duterrain, cède ces 18 hectares au Sénat de Berlin. L'Étatdécide par la suite de transformer ce site en espace denature, ouvert au public, en compensation du projet dereconstruction de la Potsdamer Platz. 1996 marque le démarrage des travaux sur la based'un projet réalisé par les paysagistes Planlandassociés à ÖkoCon, avec l'appui d'une fondation(Allianz Umweltstiftung). Le parc nature Schöneberg Südgelande est ouvertau public en 2000.

Un projet qui s'intègre dans l'histoire naturelle du lieu :Une végétation exubérante a réussi à transformer unespace autrefois industriel et essentiellement minéralen une jungle impénétrable. Les voies ferrées, lesquais, et même une locomotive abandonnéedisparaissent sous une forêt entrecoupée ça et là, declairière à haute friche.Le parti d'aménagement du projet propose uneouverture du site au public en respectant l'ambianceoriginale du lieu. Ainsi lors de la création du parc, lesinterventions sur le terrain ont été minimales.Les coupes d'arbres ont été limitées aux seulscheminements piétons. La plupart d'entre­eux ont étécréés par le simple ajout de ballast sur des anciennesvoies.

ill. 22 : La station Priesterweg du train S­Bahn débouche directement sur l'entrée principale du Naturpark SchönebergSüdgelande. Un chateau d'eau monumental signale le parc sur plusieurs kilomètres à la ronde (Crédit Certu).

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Les paysagistes ont conçu le parc sans intégrer denouvelles plantations. La végétation spontanée a tousles droits ! Son entretien est minimal, il consisteessentiellement à maintenir ouvert et accessible lescheminements du parc.Les voies ferrées et les talus envahis de végétation,les lampadaires rouillés, et même la locomotiveabandonnée sont autant de traces du passé industrielmis en valeur par le projet.Le parc abrite de nombreuses espèces de plantes,champignons, animaux qui sont peu fréquentes dansune zone urbaine.Ainsi, le parc abrite 366 espèces différentes defougères et de plantes à fleurs, 49 grandes espèces dechampignons, 49 espèces d'oiseaux, 14 espèces desauterelles, 57 espèces d'araignées et 95 espècesd'abeilles, dont plus de 60 espèces en voie dedisparition.

Deux ambiances : Les entrées (nord et sud) sont des espaces dédiésà la promenade sans aucune restriction. Lescheminements se font simplement en rajoutant duballast sur des voies ferrées existantes. Les anciensbâtiments ont été restaurés et sont utilisés pourl'administration, l'accueil du public et les évènementsculturels. Un château d'eau monumental signale leparc de très loin.

L'espace central est une zone protégée(Natura 2000) où les circulations sont restreintes etréservées aux seuls piétons (les chiens sont interdits).Cet espace est habilement traversé par un caillebotissuspendu à 50 cm au dessus d'une ancienne voieferrée ce qui limite naturellement les piétinements horsles sentiers.Ce parc est géré par Grün Berlin Gmbh, structure de larégion de Berlin qui assure l'entretien de nombreuxparcs et jardins publics. Sa gestion est extensive, ellese limite au maintien de l'accessibilité des chemins. Lesuivi scientifique du parc est assuré régulièrement.L'entrée du site aux animaux domestiques est interdite.L'utilisation des vélos est également prohibé dansl'enceinte du parc. L'entrée du parc est payante (1€),les tickets sont délivrés par des bornes automatiquesalimentées par des capteurs solaires.

7. Dix points à retenir Une nature en ville très présente40 % de la superficie de la ville de Berlin sont occupéspar des espaces verts composés de forêts et de bois(43 %), de friches et de landes (14 %), de jardinsfamiliaux (11 %), de parcs urbains (10 %).Traversée par plusieurs rivières et canaux navigables(180 km de linéaire), la ville s’est développée autourd’une ceinture verte intérieure regroupant des jardinsfamiliaux et des parcs historiques, dont le célèbre

Zone protégée interditehors sentier

ill. 23 : Le parc a une forme de fuseau totalement encadré par des voies ferrées. La partie centrale du parc est strictementprotégée (Crédit Grünberlin GMBH).

Entrée principale

Entrée secondairepar une passerelle

ill. 24 : Les anciennes voies ferrées sont englouties parune végétation à base de bouleaux et de frênes (CréditCertu). ill. 25 : Dans la zone protégée, les cheminements en

caillebotis sont surélevés au dessus des anciennes voies(Crédit Certu).

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Tiergarten (210 hectares), et d’une ceinture verteextérieure, faite de forêts et de lacs. Avec plus de430 000 arbres, Berlin peut se prévaloir d’être une villearborée où la nature en ville est très présente.La présence de nature résulte d’une planificationrigoureuse mise en œuvre dès les années 1920(Jansen­Plan). Avec 40 % de son territoire en espacesverts et naturels, Berlin se hisse dans le peloton detête des villes vertes de l’Union Européenne, alors quela surface moyenne affectée aux espaces verts est de18,6 % calculée sur un échantillon de 386 villes. Parisdépasse les 20 %, en incluant les bois de Vincennes etBoulogne, mais tombe à 11 % dans le Paris intramuros.Cette situation est également liée à l’histoire de la cité.Les bombardements de la Seconde guerre mondialeont détruit 70 % des immeubles du centre­ville etouvert de larges brèches colonisées ensuite par desfriches. En l’attente de projets de rénovation urbaineou de changement d’affectation des sols, certainsterrains vagues sont parvenus à l’état de bois de hautetige, faute de coupes et d’entretiens réguliers.

Une amélioration continue de la qualité del’environnement urbainAprès quelque jours d’immersion dans la capitaleallemande, un visiteur est en mesure d’apprécier et degoûter la qualité de l’environnement de Berlin. Labonne desserte de la ville en transports en commun,l’excellent réseau de pistes cyclables connectées à unbon maillage d’espaces verts, via les berges­promenades de la Spree et de la Havel, les venellesdes cours­jardins et les allées fleuries des jardinsfamiliaux, sont des éléments déterminants de la qualitéde la vie Berlinoise. Berlin recèle de nombreux oasisde verdure, parcs et jardins intimes, à l’écart des fluxde circulation motorisée et de l’agitation urbaine créantdes ambiances peu bruyantes et calmes. Des îlots deverdure disséminés dans les quartiers se dégagent

une impression de calme et de quiétude, d’autant quele centre­ville (88 km2) est inscrit en zone verte(Umweltzone), depuis le 1er janvier 2008, équivalenteà une zone d’action prioritaire pour l’air, dispositifberlinois équivalent à une Low Emission Zone. Àl’intérieur de ce périmètre, seuls les véhicules les plusrécents et les moins polluants sont autorisés à circuler.Les Berlinois qui souhaitent s’oxygéner, se dépenserphysiquement ou se détendre dans des zones calmesn´ont pas besoin de se rendre dans les espacesnaturels et les forêts rejetés à la périphérie. La villecompte suffisamment d’espaces verts aux pieds desimmeubles, calmes et paisibles, avec une largegamme d’usages et de loisirs : aires de jeux pour lestouts­petits, pelouses pour prendre un bain de soleil,jardins potagers, pistes cyclables ombragées, cheminspiétonniers agréables.

Une planification urbaine rigoureuse etpragmatiqueLe schéma d’organisation des espaces verts de Berlins’articule en une double ceinture verte, interne etexterne. Adopté comme un principe d’agencement desespaces libres (non construits), dès les années 1920,ce plan directeur a été repris dans les documents deplanification du territoire. Il a su s’imposer peu à peuaux autorités locales et régionales, malgré lesvicissitudes d’une ville meurtrie par un mur­frontièreentre deux pays.Le schéma de développement des espaces verts estparvenu à surmonter les épreuves de la partition et dela réunification allemande. Qui plus est, ce schémad’organisation n’est ni figé ni obsolète. Il demeureévolutif et vivant, intégrant les dernières évolutionslégislatives et réglementaires de renforcement del’environnement (plan climat territorial, coefficient debiotope par surface, taxe de gestion des eauxpluviales).Ainsi, le LaPro équivalent d’un plan de paysage et d’unprogramme d’actions pour préserver et enrichir la

Eco­vignette automobile :Comme dans d'autres grandes villes allemandes,Hanovre Cologne ou Stuttgart, le centre­ville de Berlinrestreint son accès aux véhicules polluants. Lacouronne du S­Bahn délimite exactement une zoneenvironnementale (Umweltzone) où n'a le droit decirculer que les véhicules peu polluants qui ont puobtenir une éco­vignette de couleur verte attestant desnormes antipollution récentes.Ce système est une action issue du plan air de Berlin2005­2010 (Luftreinhalte­ und Aktionsplan Berlin 2005­2010). Les vignettes s'appliquent également auxvéhicules personnels des touristes de passage dans lacapitale.http://www.stadtentwicklung.berlin.de/umwelt/luftqualitaet/de/luftreinhalteplan/umweltzone_aktuelles.shtmlill. 26 : En vert, la zone d'application de l'eco­vignette

interdite aux véhicules polluants (Crédit Sénat de Berlin).

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biodiversité, vient com­pléter la double ceintureverte du schéma initial.Des voies vertes princi­pales appareillées encroix visent à créer descontinuités écologiqueset paysagères entre lecentre­ville (ceintureverte intérieure) et lesespaces naturels etagricoles périurbains(ceinture verteextérieure).

Des objectifs partagés au service de projetsambitieuxLa loi fédérale sur la protection de la nature votée en2002 impose aux régions et aux villes­Etat deconsacrer un réseau écologique sur au moins 10 % deleur territoire. Pour ce qui concerne Berlin, cet objectifest très largement atteint puisque les espaces naturelset agricoles, les parcs et jardins, les canaux et les lacsoccupent 40 % de la surface de la ville. Le style desespaces verts est très différent selon qu’il s’agisse deparcs nature, bases de loisirs, jardins familiaux,espaces verts intérieurs privés, sites Natura 2000,aires protégées en réserves naturelles, zonesspéciales de conservation. L’offre d’espaces verts estvariée et multiforme, elle est adaptée à tous lesusages.Les espaces verts bénéficient d’un statut juridique deprotection autonome qui est différencié selon la qualitédes biotopes inventoriés et la diversité des paysages. Ilsont systématiquement reportés dans le pland'urbanisme de Berlin (FNP) avec une grandeprécision.Pour les secteurs de la ville couverts par le LaPro(16 %), les services techniques contractualisent desmesures compensatoires de végétalisation dans lesopérations d’aménagement (voiries, parkings, abordsdes immeubles), et introduire une dose de nature dansles programmes immobiliers (toiture terrassevégétalisée, cours­jardins, plantations d’arbres,promenades, jardins de pluie). Pour cela, ils s’appuientsur des leviers fiscaux ayant fait leur preuve, comme lecoefficient de biotope par surface. Se côtoient ainsi unurbanisme réglementaire et un urbanismeopérationnel, négociés de gré à gré, qui encouragentet accélèrent le verdissement de la ville de Berlin grâceà un partenariat public privé efficace.

Un système d’information géographique dédié auxespaces vertsEn 2006, la ville de Berlin s’est doté d’un systèmed’information géographique (Grünflächeninformations­system ­ GRIS) qui permet d’inventorier et de géo­

référencer les espacesverts à la parcelle surun cadastre numérisé.Cet outil est complétépar des bases dedonnées en ligne surles parcs et jardins,cimetières, arbresisolés, arbres devoirie, espaces publics(140 postes distincts).Les principaux équipe­ments et aména­gements (fontaines,

bancs, bâtiments, styles paysagers, typologie desclôtures) sont également recensés. De même, lesystème permet d’établir des bilans et des suivisfinanciers des programmes d’investissement et desbudgets d’entretien pour certains parcs et jardinspublics.Les données sont accessibles sur le site internet de laville de Berlin. Un site intranet réunit une photothèqueet une cartothèque fort utile pour les agentsmunicipaux menant des études urbaines. Ce SIGfacilite la transversalité des services et la coordinationdes actions grâce au partage des connaissances.

Des voies vertes apaiséesBerlin compte mettre en place une vingtaine de voiesvertes dont le cahier des charges de certification et lelogo sont actuellement protégés. Inscrites dans lestEP­Plan, le LaPro et les BEP, ces voies vertes sontdestinées à renforcer les continuités écologiques et àaugmenter l’offre de pistes cyclables. Elles visent àsoutenir les modes doux de déplacements entre lesparcs, les aires de loisirs, les quartiers d’habitation, leszones d’activités et à encourager les pratiquessportives et récréatives, les activités de détente et dedécouverte. Dans la mesure du possible, ellesassurent la desserte des pôles d’échangesmultimodaux (établissements recevant du public,gares), les bureaux, les écoles, les centrescommerciaux. Elles sont tracées à l’écart des ruesanimées et passagères, reprennent tout ou partie de lavoirie existante.Les voies vertes de Berlin sont des voies de circulationapaisées ouvertes à tous les moyens de locomotionnon motorisés, tels les piétons, les cyclistes, les rollers,les personnes à mobilité réduite et même les cavaliers.Elles se distinguent des pistes cyclables par unemeilleure prise en compte de la sécurité, del’accessibilité et de leur intégration paysagère etécologique.Le développement de voies vertes résulte d’un intérêtcroissant des Berlinois pour les modes actifs dedéplacements : 32 % des trajets sont réalisés à pied eten vélo. Associé à des préoccupationsenvironnementales et de santé publique, cet essor est

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ill. 27 : Répartition en pourcentage des espaces verts dans laville de Berlin (Source : Statistisches Landesamt, Die kleineBerlin­Statistik, 2010).

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lié à la montée en puissance du vélo et de la marchequi sont une alternative à la prédominance des modesmotorisés (passifs). Les voies vertes de Berlinprennent appui sur les rivières et les canaux, les lignesde chemin de fer, les rues arborées. C'est à travers lesarrières­cours privatives des immeubles et desbureaux que la ville tente, non sans mal, d’ouvrir desradiales et des pénétrantes vertes, de créer desvenelles et des coursives, en profitant des révisions duFNP et de l’inscription de servitudes de passage pourdévelopper cet ambitieux projet à l’échelle d’unemétropole.

Des formes végétales généreuses et naturellesLa ville de Berlin se caractérise par l’abondance d’uneflore sauvage qui occupe les moindres recoins dessols non imperméabilisés : espaces vertsd’accompagnement de la voirie, trottoirs mal jointoyés,pieds d’arbres, abords des immeubles d’habitation. LesBerlinois acceptent et tolèrent la présence d’herbe folledans le centre­ville.Contrairement aux villes françaises dont le rendu desespaces verts est souvent très soigné dans lesquartiers historiques, Berlin choisit « de laisser lavégétation potentielle s’exprimer là où elle l’entend », ycompris dans le Tiergarten dont les trois quarts sontcouverts par une futaie irrégulière garnie de taillisimpénétrables. L’introduction de la gestion différenciée,initiée par la puissante organisation socio­professionnelle des directeurs de parcs et jardins, dansles années 1980, n’a semble­t­il guère heurté la

sensibilité des Berlinois habitués à côtoyer des frichesurbaines et des délaissés champêtres. Le NaturparkSchöneberger Südgelände montre qu’il est possible deconcevoir et d’entretenir des parcs publics trèsfréquentés selon une vocation naturelle affirmée. Pourdiminuer l’endettement de la ville, les budgetsconsacrés à l’entretien des espaces verts ont étéfortement réduits ; la simplification des tâches setraduit par un arrêt des traitements phytosanitaires, unespacement des tontes, une baisse drastique del’arrosage, une quasi­absence de jardinières hors sol,une sélection de plantes vivaces résistantes à toutesépreuves. Résultats : la plupart des espaces verts ontdes allures sauvageonnes, et en été, les pelousesressemblent à des paillassons sans que les Berlinoiss’en offusquent. La déminéralisation des sols urbainsen vue d’accroître l’infiltration des eaux pluviales à laparcelle produit des effets remarquables sur le planpaysager.

Des espaces verts à vocation climatiqueStEP­Plan, LaPro et Agenda 21 affichent des objectifscommuns en faveur de l’environnement. Depuis lesannées 1990, la ville reconnaît le rôle bienfaiteur del’eau et du végétal dans la réduction des îlots dechaleur urbains. Ainsi, les espaces verts sontconsidérés comme des climatiseurs naturels, sansnuisance et sans émission de gaz à effet de serre.En jouant sur les masses végétales, un espace vert estdonc un équipement performant pour rafraîchir l’air

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ill. 28 : vue sur l'ancien aéroport de Tempelhof en cours de requalification en parc urbain (Crédit Certu).

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ambiant grâce au phénomène d’évapotranspiration età l’ombre portée des arbres créant des courants deconvection.Avec la fermeture de l'aéroport de Tempelhof en 2008,386 hectares ont été libérés. Cet emplacementstratégique a été versé dans le plan climat territorial enqualité d’espace à fonction climatique dépolluante.Pour donner corps à ce projet ambitieux decompensation climatique, un concours international aété lancé pour la création d’un parc urbain assis sur latotalité de l’emprise foncière. L’équipe de paysagistesécossais Gross Max et l’agence d’architectesbritanniques Sutherland Hussey Architects ontremporté ce concours en avril 2011.

La biodiversité en toile de fondDès les années 1990, Berlin­Ouest a entrepris unecartographie de la biodiversité portant notamment surles habitats précieux pour les espèces animales etvégétales. Aujourd’hui, Berlin dispose d’un inventairede la faune et de la flore qui s’étoffe, régulièrement, pardes recherches universitaires et associatives menéessur des sites naturels et biotopes remarquables(marais, tourbières, formations végétales originales,grottes).Les biotopes identifiés en habitats précieux pour labiodiversité ont été intégrés dans le LaPro publié en1994 dans la perspective de préserver les continuitésécologiques (réservoirs de biodiversité) et de maintenirles capacités d’évolution des zones sous l’angle deleur taille critique et de leur trajectoire urbaine.L’approche milieux est préférée par rapport à uneapproche espèces. L’accent est mis sur les biotopesprioritaires : les prairies humides et les ripisylves, Lesrives des lacs, les terres en jachère et les prairiesouvertes, les cimetières, les lotissements de jardinsfamiliaux, les friches industrielles. Et les Berlinoiss’impliquent dans cette politique de renforcement de labiodiversité en jardinant les pieds d'arbres et enarrosant les arbres urbains par temps sec.

Un dialogue social permanentLa ville de Berlin a érigé le dialogue social comme unaxe fort de son développement sur le long terme.La loi sur l'administration des quartiers de Berlin, votéeen 2005, a renforcé les droits et devoirs des citoyensdans les domaines de la participation et laconcertation. À cet égard, le Sénat, coordinateur etchef de file des politiques publiques, est tenud'informer la population sur les plans et projetsimportants, notamment en phase d’avant­projet, et defournir des informations sur la situation financière deleur quartier. La consultation des citoyens est d’ailleursnécessaire dans le processus d’instruction desdossiers.

L’inscription à l’Agenda 21 de Berlin de projetsporteurs, tels que les cours­jardins de Berlin, les 20voies vertes, la requalification de l’aéroport deTempelhof en un parc urbain, relèvent d’initiativescitoyennes. Ainsi, la démarche de cours­jardinsconsiste à verdir les cœurs d’îlots ou à créer desjardins de quartier. Les habitants peuvent intervenir surle plan­masse des cours­jardins, le choix des plantes,la construction de pergolas pour masquer les locauxpoubelle, l'installation de terrains de jeux, les espacesde stationnement pour vélos, la déminéralisation descopropriétés immobilières pour améliorer l’infiltrationdes eaux pluviales à la parcelle.Financé par le Sénat, cette politique dite de gris out etde vert in a permis de générer une centaine de projetsdans l’arrondissement de Pankow et des serres danscelui de Friedrichshain­Kreuzberg.Ce dialogue social permanent contribue à un ancrageprogressif des principes de durabilité dans les actionsquotidiennes des acteurs, entreprises, organismes,citoyens. Ces projets peuvent être utilisés commeautant de bonnes pratiques pour un transfert versd'autres municipalités.

8. ConclusionL'histoire a profondément marqué la ville de Berlin. Ceterritoire meurtri a su pourtant se reconstruire endonnant une large place au végétal et à la nature enville.La présence de friches a sans doute influencé leregard des habitants vis­à­vis de la végétationspontanée en ville. Les berlinois acceptent lavégétation sauvage et tolèrent sa présence dans lesespaces publics, y compris dans les cimetières.La ville de Berlin a su inventer des outils deplanification évolutifs. Le LaPro permet ainsi par uneapproche paysagère, de réaliser un système d'espacesde nature, de biotopes, de parcs et jardins sous laforme d'une double ceinture verte reliée par une croixverte.L'attention à l'histoire et à la géographie, la sensibilitéau paysage ont été déterminants dans la forme et ledéveloppement de Berlin.

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ill. 29 : Un jardin de pluie au coeur de la Potsdamer Platz(Crédit Certu).

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9. Bibliographie•AMATI Marco, 2008, Urban green belts inthe twenty­first century, AshgatePublishing Company, England.• BEATLEY Timothy, 2000, Greenurbanism learning from European cities,Island Press, 308 p.• BECKER Giseke, MOHREN Richard,1990, The biotope area factor as anecological parameter, Berlin, 24 p.• CUNY Cécile, 2005, La réformeterritoriale dans la région de Berlin­Brandebourg : des visées politiques à laconcurrence intercommunale, Annales dela Recherche Urbaine, n°99, pp.72­83.• CUNY Cécile, 2011, Les usagespopulaires du logement dans un grandensemble de Berlin­Est : rapports auquartier et structure des réseauxd'interconnaissance, Espaces et Sociétés,n°144,• DAMETTE Félix, GRÉSILLON Boris,HÄUBERMANN Hartmut, KOHLERDorothée, ROUYER Alice, 1995, RapportBerlin­Paris, Ministère de l’Équipement etdes Transports, PUCA, Paris.• LORENTIN Daniel, FOL Sylvie, ROTHHélène, 2009, La Stadtschrumpfung ourétrécissement urbain en Allemagne : unchamp de recherche émergent,Cybergeo : European Journal ofGeography [En ligne], Espace, Société,Territoire, document 445,http://cybergeo.revues.org/22123 ; DOI :10.4000/cybergeo.22123• FULLER Richard A., GASTON Kevin J.,2009, The scaling of green spacecoverage in European cities, BiologyLetters 5, pp. 352­355.• GERMES Mélina, SCHIRMEL Henning,BRAILICH Adam, GLASZEl Georg, PÜTZRobert, 2010, Les grands ensembles debanlieue comme menaces urbaines ?Discours comparés Allemagne, France,Pologne, Annales de Géographie, n°675,pp. 515­535.• KOWARIK Ingo, LANGER Andreas,Natur­Park Schöneberg Südgelande :linking conservation and recreation in anabandoned railyard in Berlin, 2008, inUrban Biodiversity & Design, Thirdconference of the competence andnetwork urban ecology, Éditions NormanMüller & Anita Kimer, pp. 57­65.• PRANLAS­DESCOURS Jean­Pierre,VELLY Michel, 2001, Panoramaseuropéens, Éditions Pavillon de l'Arsenalet Éditions Picard, Paris, 245 p.

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10. Sites internet :•Sénat de Berlin(département urbanisme­environnement)http://www.stadtentwicklung.berlin.de/• Grünberlinhttp://www.gruen­berlin.de• SIG de Berlinhttp://fbinter.stadt­berlin.de• Deutsche Institut für Urbanistik (Difu)http://www.difu.de/• Guide durable de la villehttp://www.berlingoesgreen.de• Projet de parc sur le site de l'aéroport deTempelhofhttp://www.tempelhoferfreiheit.de/• Site environnement et urbanismehttp://www.environnement­urbanisme.certu.equipement.gouv.fr

11. RemerciementsNous remercions chaleureusement :Ville de Berlin, Service urbanisme• Ingrid CLOOS,[email protected]

Natur­Park Schöneberg Südgelande, GrünBerlin Park und Garten GmbH• Dr. habil. Gottfried WIEDENMANN,betriebsbuero.Suedgelaende@gruen­berlin.de

Ambassade de France à Berlin• Daniel THURIERE,Conseiller Développement Durable,[email protected]• Julien SIALELLI,Chargé de mission scientifiqueEnvironnement, Climat et Biotechnologies,[email protected]

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