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Préparation d'une intervention en zone contrôlée nécessitant le port d'un heaume ventilé © EDF / GUILLAUME MURAT Maintenance nucléaire : un nouveau contexte et ses conséquences sur le tissu industriel Par Céline Cudelou et Sophie Magnier, Groupe intersyndical de l'industrie nucléaire (GIIN) en substance… Les acteurs de la maintenance nucléaire évoluent dans un contexte en mutation. Les entreprises partenaires d’EDF, exploitant des centrales françaises, proposent des pistes de solutions pour maintenir une filière industrielle nucléaire française forte. G rand carénage, res- tructuration de la filière, départs à la retraite, renouvel- lement des com- pétences, augmentation de la concurrence, difficultés à l’ex- port… le marché de la mainte- nance nucléaire est en pleine mutation. Pour rester compé- titives dans un environnement mouvant, les PME et ETI doivent impérativement conserver une taille critique et, pour cela, par- ticiper pleinement au développe- ment du marché intérieur. Plus que jamais, la filière française doit travailler en équipe. La maintenance est nécessaire dès lors qu’il y a une centrale nucléaire en exploitation. Compte tenu de la taille du parc nucléaire en France, 58 réacteurs répartis sur 19 sites, les compétences et savoir-faire liés à la maintenance sont venus com- pléter ceux en matière de fabrica- tion et construction développés par les industriels de la filière depuis plus de 60 ans (voir page 23). Par leur maîtrise des compétences et leur savoir-faire sur l’ensemble du cycle de vie d’un réacteur et par leur capacité d’innovation, les industriels français de la filière nucléaire apportent à l’exploitant (EDF) une réelle valeur ajoutée, à la fois pour la fiabilité des installa- tions et pour l’optimisation de la productivité. L’absence de nouveaux projets de construction de centrale en France et la concurrence à l’export sur les projets de construction à l’étranger, nous font entrer dans une nouvelle ère, dans laquelle la maintenance devient presque vitale pour la survie de l’activité nucléaire, le maintien des compé- tences et savoir-faire nucléaires chez les équipementiers et pres- tataires de la filière française. Pour autant, le marché de la main- tenance nucléaire est confronté à de multiples problématiques qui viennent bouleverser le tissu industriel des PME/ETI et in fine impacte l’ensemble de la filière. DOSSIER LA REVUE GÉNÉRALE NUCLÉAIRE • JANVIER-FÉVRIER 2016 N°1 41 Disponible sur le site http://rgn.publications.sfen.org ou http://dx.doi.org/10.1051/rgn/20161041

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Préparation d'une intervention en zone contrôlée nécessitant le port d'un heaume ventilé

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Maintenance nucléaire : un nouveau contexte et ses conséquences sur le tissu industriel

Par Céline Cudelou et Sophie Magnier, Groupe intersyndical de l'industrie nucléaire (GIIN)

en substance…Les acteurs de la maintenance nucléaire évoluent dans un contexte en mutation. Les entreprises partenaires d’EDF, exploitant des centrales françaises, proposent des pistes de solutions pour maintenir une filière industrielle nucléaire française forte.

G rand carénage, res-tructuration de la filière, départs à la retraite, renouvel-lement des com-

pétences, augmentation de la concurrence, difficultés à l’ex-port… le marché de la mainte-nance nucléaire est en pleine mutation. Pour rester compé-titives dans un environnement mouvant, les PME et ETI doivent impérativement conserver une taille critique et, pour cela, par-ticiper pleinement au développe-ment du marché intérieur. Plus que jamais, la filière française doit travailler en équipe.La maintenance est nécessaire dès lors qu’il y a une centrale nucléaire en exploitation. Compte tenu de la taille du parc nucléaire en France, 58 réacteurs répartis sur 19 sites, les compétences et savoir-faire liés à la maintenance sont venus com-pléter ceux en matière de fabrica-tion et construction développés par les industriels de la filière depuis plus de 60 ans (voir page 23).Par leur maîtrise des compétences et leur savoir-faire sur l’ensemble du cycle de vie d’un réacteur et par leur capacité d’innovation, les industriels français de la filière nucléaire apportent à l’exploitant (EDF) une réelle valeur ajoutée, à la fois pour la fiabilité des installa-tions et pour l’optimisation de la productivité.L’absence de nouveaux projets de construction de centrale en France et la concurrence à l’export sur les projets de construction à l’étranger, nous font entrer dans une nouvelle ère, dans laquelle la maintenance devient presque vitale pour la survie de l’activité nucléaire, le maintien des compé-tences et savoir-faire nucléaires

chez les équipementiers et pres-tataires de la filière française.Pour autant, le marché de la main-tenance nucléaire est confronté à de multiples problématiques qui viennent bouleverser le tissu industriel des PME/ETI et in fine impacte l’ensemble de la filière.

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LA REVUE GÉNÉRALE NUCLÉAIRE • JANVIER-FÉVRIER 2016 • N°1 • 41Disponible sur le site http://rgn.publications.sfen.org ou http://dx.doi.org/10.1051/rgn/20161041

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UN MARCHÉ EXIGEANT EN MATIÈRE DE QUALIFICATIONSLes activités de maintenance sur le parc nucléaire français pour-suivent trois objectifs : rénover le parc nucléaire, y apporter les modi-fications post-Fukushima1, et inté-grer les modifications de sûreté, sur préconisation de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).Depuis plusieurs décennies, EDF a fait le choix de confier 80 % des travaux de maintenance à des entreprises extérieures. Au fil des années, ces entreprises ont développé une réelle expertise ainsi que leur capacité à se mobi-liser rapidement tout en respec-tant les contraintes de production liées à l’exploitation (durée des arrêts de tranche, sûreté, sécu-rité, qualité…).Les opérations de maintenance peuvent avoir lieu pendant les arrêts de tranche ou pendant que la centrale est en fonctionne-ment. Travailler pour le secteur nucléaire implique donc de maî-triser des techniques « métiers » spécifiques au secteur comme l’uti-lisation d’équipements soumis à des rayonnements ionisants ou la réalisation d’opérations en milieu confiné. Travailler en environne-ment nucléaire requiert égale-ment des qualifications spécifiques garantissant la qualité de l’inter-vention et la sûreté nucléaire. Les professionnels du secteur disposent donc d’un haut niveau de qualification et possèdent des autorisations spécifiques, décer-nées par les organismes de for-mation certifiés CEFRI-F2.Les entreprises doivent inves-tir sur le long terme pour former leurs salariés et leur permettre de

développer leurs compétences vers l’excellence opérationnelle que requièrent les activités nucléaires. Il est donc nécessaire d’établir avec les donneurs d’ordre une relation sur le long terme. Sans cette visi-bilité, le savoir-faire de la filière dans son ensemble sera probable-ment impacté.

UN MARCHÉ EN MUTATION ET DE NOUVELLES PROBLÉMATIQUESGrand carénage, restructuration de la filière, renouvellement des com-pétences… le marché de la main-tenance nucléaire est aujourd’hui en pleine mutation ce qui n’est pas sans conséquences pour les PME et ETI de la filière.

Les incertitudes sur les programmes de maintenanceCompte tenu du niveau de qualifi-cation et d’expertise que requiert l’intervention sur un site nucléaire, une des difficultés rencontrées par les acteurs de la maintenance concerne la visibilité nécessaire sur la charge de travail à court et moyen terme.En 2012, EDF a lancé le pro-gramme « Grand carénage » (voir page 26) dont l’objectif est de répondre aux nouvelles exigences de sûreté post-Fukushima et de réaliser la maintenance croissante du parc dans une perspective de prolongation de la durée d’exploi-tation des réacteurs au-delà de 40 ans, durée pour laquelle les cen-trales ont été conçues à l’origine. Le montant du programme, estimé à 55 milliards d’euros entre 2014 et 2025, nécessite la création de 110 000 emplois directs et indirects dans la filière3. Au regard de l’am-pleur du projet, le programme

1. Suite à l’accident de Fukushima, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé des mesures de sûreté complémentaires : le renforcement des équipements permettant de garantir l’appoint en eau et en électricité pour chaque réacteur et leur protection contre les agressions, ainsi que la création d’une force d’action rapide du nucléaire (FARN) capable de faire face aux situations d’urgence les plus extrêmes. L’ensemble de ces dispositions est en cours d’intégration sur les centrales nucléaires françaises. Voir RGN2 2015 pages 39 à 43. 2. Le Comité français de certification des entreprises pour la formation et le suivi du personnel travaillant sous rayonnements ionisants (CEFRI) a été créé en 1990 par les professionnels de l’industrie nucléaire. Le référentiel de certification “F” spécifie les dispositions d’organisation devant être prises par les organismes dispensant la formation à la prévention des risques au personnel de catégorie A ou B travaillant sous rayonnements ionisants dans les installations nucléaires. 3. Comité Stratégique de la Filière Nucléaire (CSFN), 2013. ©

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Centrale Nucléaire de Belleville-sur-Loire (Nièvre)

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Contrôle qualité par une salariée de l'entreprise Boccard

comme les métiers de soudage, de tuyauterie ou de robinetterie, font face à une pénurie de compé-tences due au manque d’étudiants formés, par manque d’attractivité notamment. Ils ne peuvent donc pas assurer la relève.Ces constats ont permis aux acteurs de la formation initiale et continue (lycées, universités et écoles d’in-génieurs) de compléter les cursus en déficit (voir page 47). De leur côté, les entreprises impliquées dans les activités de maintenance du parc nucléaire français se sont préparées pour être en mesure de répondre à la forte augmentation d’activité. Compte tenu de la tech-nicité des métiers en tension, cer-tains – soudeurs et chaudronniers par exemple – vont nécessiter une formation en entreprise de 1 à 2 ans avant de maîtriser parfaitement les techniques liées aux applica-tions nucléaires. Les industriels ont recruté et formé leur person-nel pour faire face à la charge de travail annoncée et ainsi être prêts le moment venu.Le calendrier du programme Grand carénage ayant été modifié, le volume d’activité de certains sec-teurs comme la robinetterie et la tuyauterie a augmenté nettement

moins rapidement que prévu. Les PME et ETI de ces secteurs ont donc actuellement une partie de leur personnel qualifié en attente d’activité. Pour assurer leur rentabi-lité et garder ce personnel qualifié, certaines sont contraintes de réaf-fecter une partie de leurs effectifs vers d’autres industries, pharma-cie, aéronautique ou chimie. Pour la filière nucléaire, cette situation fait peser le risque d’une perte de compétence qui, à long terme, pour-rait avoir des conséquences impor-tantes sur la capacité d’innovation (par perte d’expertise et d’investis-sement en recherche et développe-ment dans le secteur).Toutefois, cette situation n’est pas identique pour tous les secteurs. Ceux liés aux dispositifs post-Fukushima, comme le génie civil, le génie climatique et le génie élec-trique, ont une croissance réelle et durable sur les années à venir.Les emplois concernés étant hau-tement qualifiés, l’anticipation est essentielle pour garantir le bon niveau de compétence au moment requis. Il est donc capital pour les entreprises du secteur de bénéfi-cier d’une bonne information de la part des donneurs d’ordre sur les projets à venir et de connaître le calendrier du Grand carénage.

Les enjeux des exigences des donneurs d’ordreEn dehors du Grand carénage, les relations avec les donneurs d’ordres se sont complexifiées. Depuis une dizaine d’années, nombre de PME et d’ETI du sec-teur ont noté une baisse de leur rentabilité liée à la mise en place de jalons plus fermes et moins étalés dans le temps, mais aussi à cause de la compétition accrue dans les activités de maintenance. Le temps de travail est de plus en plus limité et la charge de plus en plus grande pour les sociétés prestataires.Les clauses juridiques des don-neurs d’ordres français sont éga-lement devenues beaucoup plus exigeantes. De sorte que certains prestataires, découragés par la complexité juridique et la diffi-culté de négocier, abandonnent la démarche de répondre à cer-tains appels d’offres.

a fait l’objet d’une communication externe importante conduisant les acteurs de la profession à faire le point sur les conditions de réussite. Sur la base des annonces d’EDF (volume, étalement dans le temps et métiers concernés), les organi-sations professionnelles ont identi-fié des besoins et des déficits dans le tissu industriel.Leur analyse a fait émerger deux constats. Le premier est que l’en-semble des métiers va devoir préparer le remplacement et le transfert de compétences de leurs salariés pour ne pas être pris au dépourvu face à l’augmentation des départs en retraite (environ un tiers des effectifs d’ici 2020). Bien que cette tendance soit plus forte chez les donneurs d’ordre et les grands groupes, elle concerne éga-lement les PME et ETI, ce qui aura des conséquences importantes sur leur rentabilité (coûts et temps de formation des remplaçants, inci-dence sur la performance, etc.). Le second est que certains sec-teurs métiers, tels que le contrôle non destructif (CND) et les essais non destructifs (END) sont déjà en déficit majeur de compétences (notamment à cause du manque de formations) quand d’autres,

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Réunion de chantier

de ses activités et renégocier des contrats en cours. Ces inquiétudes cumulées à la gestion du prix de l’électricité en France font peser de réels risques sur les entreprises industrielles de la filière.Un scénario possible pour EDF serait d’internaliser une partie de la maintenance (comme cela com-mence à l’être) et de l’ingénierie, notamment grâce aux savoir-faire d’AREVA, ce qui réduirait de fait la part des marchés externalisés et accessibles aux PME/ETI de la filière. Celles-ci ont cependant espoir que les projets à l’export bénéficient de cette nouvelle cohé-sion de la filière et que les entre-prises françaises proposent des solutions de façon groupée.Depuis 2011, l’accident de Fukushima Daiichi et l’arrêt d’un certain nombre de projets inter-nationaux, des entreprises étran-gères – principalement allemandes et espagnoles – se sont tournées vers la France et ont fait leur appa-rition sur le marché de la main-tenance, augmentant de fait la concurrence sur ce segment.Enfin, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance

verte qui vise à faire passer la part de la production électrique d’ori-gine nucléaire en France de 77 % à 50 % d’ici 2025 et prévoit le plafon-nement de la capacité nucléaire à 63,2 GWe (impliquant la fermeture de deux réacteurs lors de la mise en service de l’EPR de Flamanville) pourrait également engendrer une baisse d’activité à plus ou moins long terme sur le marché français (voir page 12).

DE NOUVELLES STRATÉGIES ÉMERGENTDans ce contexte de plus en plus complexe, les PME et ETI doivent développer de nouvelles stratégies et s’adapter.

S’adapter au nouveau contexte nationalLes PME et ETI doivent tout d’abord maîtriser les normes et réglementations techniques géné-rales (connaissance du travail en milieu nucléaire), garantir la tra-çabilité complète de leurs presta-tions, et apporter une expertise et un conseil sur la mise en place d’équipements de haute qualité.Dans cette recherche de la solution

Pour intervenir sur le parc fran-çais, les entreprises doivent être certifiées par un organisme répon-dant à l’arrêté INB (installation nucléaire de base). Elles doivent être qualifiées par EDF et leurs intervenants habilités à interve-nir en INB. Par conséquent, une des difficultés pour les acteurs de la maintenance est le manque de visibilité sur l’ajustement « au juste nécessaire » de ces qualifications à obtenir selon le projet ou le type d’activité. De ce fait, il est difficile pour les prestataires d’avoir une démarche proactive et compétitive en conséquence pour se position-ner sur de nouveaux créneaux.

Les nouveaux schémasLa restructuration de la filière, et en particulier la réorganisation des grands acteurs avec l’absorption d’une partie d’AREVA par EDF, impacte l’ensemble des acteurs industriels. EDF (devant investir massivement pour intégrer AREVA NP) pourrait être amenée à limi-ter ses dépenses réduisant ainsi les marges et la rentabilité des sous-traitants. De même, AREVA pourrait internaliser une partie

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Le chantier école de la centrale de Tricastin

Le GIIN (Groupe Intersyndical de l’Industrie Nucléaire) Le GIIN est une association qui représente les intérêts des entreprises (TPE, PME, ETI et grands groupes) intervenant

dans le domaine du nucléaire civil en tant que fournisseurs des exploitants des INB (Installations Nucléaires de Base). Le GIIN porte les intérêts de plus de 450 entreprises couvrant ainsi l’ensemble de la filière nucléaire civile : de la fabrication du combustible jusqu’au démantèlement des installations (hors exploitation et recherche) en passant par la maintenance. Le GIIN a pour mission de fédérer, défendre et soutenir les entreprises de la filière nucléaire, dans leurs actions collectives

de conquête des marchés France et Export et de protéger leurs intérêts économiques et sociaux, pour une plus grande réussite

optimale entre la qualité et le coût des prestations, les entreprises ne doivent pas perdre de vue le res-pect des délais.Elles doivent enfin mesurer la prise de risque et assurer leurs activi-tés au meilleur niveau de qualité.Pour aider ses sous-traitants dans cette démarche, EDF a ini-tié notamment la démarche de « partenariat de productivité ». Ces partenariats ont pour objec-tif d’optimiser les prestations ou les organisations dans une démarche commune permettant d’aboutir à des gains techniques et/ou écono-miques profitant aux deux parties.EDF assure également un suivi et une évaluation très performante de ses fournisseurs. Cette évaluation a permis d’améliorer la fiabilisation et la préparation des interventions, d’augmenter la sécurité physique des intervenants et de limiter les non-qualités. Des progrès impor-tants ont été réalisés dans ces domaines.

Trouver des débouchés à l’exportLa France possède un savoir-faire inégalé dans les domaines de la construction et de la mainte-nance, qui nécessitent des niveaux de sécurité et de sûreté nucléaire très élevés. La filière a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de plus de 5,6 milliards d’euros à l’export. À défaut de construire de nouveaux réacteurs en France, il est capi-tal pour les acteurs français de se positionner sur les marchés inter-nationaux. S’agissant des activités liées à la maintenance, les marchés restent toutefois difficiles à péné-trer, sauf pour les activités de niche ou celles sur lesquelles les Français ont un avantage technologique et concurrentiel certain.La principale difficulté pour péné-trer les marchés étrangers de la

maintenance nucléaire est la néces-sité d’être implanté localement pour assurer une disponibilité plus grande et des coûts raisonnables. De ce fait, certains marchés sont difficilement accessibles aux PME/ETI sans implantations locales. En s’associant à d’autres acteurs fran-çais plus importants déjà implantés à l’étranger, certaines petites entre-prises arrivent toutefois à exporter leur savoir-faire. D’autres presta-taires français ont réussi à s’im-poser grâce à leur savoir-faire, en dépit des contraintes locales impo-sées notamment par les sociétés d’état qui exploitent les centrales, la valeur ajoutée faisant toute la différence.En créant des partenariats avec les entreprises étrangères pour co- développer des solutions qui s’exporteront plus facilement, cer-taines entreprises françaises ont également pénétré de nouveaux marchés. Enfin, certaines PME et ETI ont bénéficié de fonds euro-péens pour les accompagner dans leurs projets d'exportation.Depuis plusieurs années, les PME et ETI de la filière nucléaire per-mettent à la France de maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur. Pour rester compétitives dans un environnement mouvant, elles doivent impérativement conserver

une taille critique et, pour cela, participer pleinement au déve-loppement du marché intérieur.La clé du succès réside aussi dans la construction d’un partenariat de long terme avec les grands don-neurs d’ordres et dans la capacité des PME/ETI à leur apporter des solutions innovantes. Ces mêmes solutions garantiront le maintien de la position de leader mondial pour l’exploitation des centrales y compris hors de France. Les PME/ETI doivent aussi avoir une meil-leure visibilité sur l’activité, dans le temps, en volume et en nature de travaux, et garantir une acti-vité minimum pour maintenir les compétences et leur disponibilité dans la durée.EDF, conscient de cette situation, a déjà engagé plusieurs travaux pour améliorer le partenariat avec les acteurs industriels de la filière et la visibilité sur les activités à venir.C’est en se présentant de façon groupée, que la filière nucléaire française pourra efficacement mettre en avant le savoir-faire inégalé du tissu industriel fran-çais PME/ETI et l’expertise néces-saire pour effectuer des travaux de maintenance sur site afin de continuer à se développer tech-niquement et commercialement à l’export.

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