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Montréal, le 4 mai 2018
Madame Valérie Plante, Mairesse de Montréal Madame Chantal Lauzon, Conseillère en planification Ville de Montréal Madame Giuliana Fumagalli, Mairesse d’arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension Monsieur François Croteau, Maire d’arrondissement Rosemont/La Petite Patrie
Objet : Place Casgrain / Place Shamrock vs Marché Jean-Talon
Mesdames, Monsieur,
Nous croyons important que vous soyez non seulement informés, mais parties prenantes aux discussions en regard de la décision de la construction de la Place Casgrain / Place Shamrock
qui met en jeu la survie de plusieurs commerces du Marché Jean-Talon.
À la réunion du 5 avril 2017 convoquée par la Corporation de Gestion des Marchés Publics de
Montréal (CGMPM), nous avions fait part des problèmes qu’un projet de réaménagement comme celui de la Place Casgrain pourrait engendrer. En effet, ce réaménagement met en péril
la survie de notre commerce installé depuis plus de cinquante ans et offrant de l’emploi à une
soixantaine de personnes. Mme Chantal Lauzon nous avait rassurés en précisant que, pour l’année 2017, la ville n’installerait que des chaises « longues » dans l’allée centrale entre la
SAQ et notre bâtiment qui abrite Birri et Première Moisson.
Tout au long de l’été 2017, nous avons été témoins, au quotidien, de l’utilisation de ces chaises
longues, ainsi que des tables à pique-nique installées sous un soleil de plomb. Ces chaises ont été peu utilisées par le public de passage ou les clients du marché. Ce sont plutôt les itinérants
et les fêtards qui se sont appropriés et malheureusement, faut-il se le dire, ont entravé la bonne
circulation des fidèles clients du Marché Jean-Talon.
Nous avons appris le 18 avril 2018, le jour même de la fermeture des soumissions, que malgré tout, la ville de Montréal irait de l’avant avec ledit projet de la place Shamrock et de la Place
Casgrain, ayant comme conséquence la fermeture du stationnement derrière la boulangerie
Première Moisson, adjacent à notre commerce Birri.
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Même si l’idée d’une place publique semble attrayante, il ne faut pas changer la vocation du
Marché. Ne confondons pas place publique et Marché public ! Il serait aussi incongru d’installer des étals au parc Jarry que d’installer des balançoires au Marché Jean Talon. Il faut se rappeler
que le marché Jean-Talon est un lieu de commerce composé de ses vendeurs qui en sont le cœur, et de ses clients qui en sont les poumons.
La livraison de denrées locales, fraîchement cueillies, livrées tout au long de la journée est pour nous primordiale. Il faut que le Marché soit accessible à des heures qui conviennent d’abord et
avant tout aux personnes concernées : les vendeurs et leurs clients.
Avant de dépenser des grandes sommes d’argent à des fins esthétiques, il faut investir
judicieusement afin d’assurer la pérennité du marché. Les lésions laissées par la construction de la SAQ sont loin d’être guéries. Nous avons l’impression qu’on vient saigner la bête plutôt
que d’arrêter l’hémorragie.
Il faut faciliter les accès au marché pour les vendeurs afin qu’ils puissent apporter aisément
leurs produits, et pour les clients afin qu’ils les achètent, la rue Casgrain doit servir à cet effet;
Il faut voir au réaménagement des espaces abandonnés autour de la caserne de pompiers plutôt que d’empiéter sur des espaces critiques au bon fonctionnement du marché;
Il faut terminer la construction de l’ascenseur pour permettre l’accès au stationnement sous la SAQ avant de s’attaquer à de nouveaux projets qui, pour le marché, n’apportent aucune valeur
ajoutée;
Il faut nous aider à garder le marché en vie. Malheureusement, ce projet ne sert aucunement cette vision.
Le projet de réaménagement de la Place Shamrock, tel que planifié à ce jour a pour objet
l’élimination du stationnement existant par l’aménagement d’une place publique. Ce projet va à
l’encontre de l’essence même du Marché Jean-Talon qui doit être approvisionné quotidiennement et d’où les clients en ressortent les bras chargés de denrées et ce, en grande
quantité; d’où la nécessité de places de stationnement pour les usagers.
Le marché Jean Talon est, pour un individu un couple ou une petite famille, un lieu de passage pour y faire ses courses. Parfois à pied, à vélo voire même en transport en commun, mais plus
souvent en auto afin de faire son épicerie et acheter en plus grandes quantités comme à la
période des conserves. Avez-vous mesuré l’impact sur les personnes agées et celles à mobilité réduite? Dans leur cas l’utilisation d’un véhicule n’est pas un luxe mais une nécessité afin de
conserver leur autonomie.
La réalité est que l’accès au marché représente aujourd’hui un défi décourageant, devant toutes
ces embûches de circulations déviées, de places de stationnement éliminées, bon nombre de clients font demi-tour pour se diriger vers des commerces qui offre des places de
stationnement tels que Costco, Walmart, Super C, pour en nommer quelques uns. Devant ce
capharnaüm, les commerçants, confrontés à ces problèmes majeurs et toujours ignorés de la part de la CGMPM, et à une clientèle de plus en plus absente, quittent le marché Jean Talon à
leur tour.
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Faut-il rappeler que la valeur et la réputation du marché Jean-Talon ne se mesurent pas à la
couleur de ses dalles de béton, mais plutôt à la qualité des produits qu’on y vend, la satisfaction des clients et la fierté de ses vendeurs.
Le projet tel que proposé est en parfaite contradiction avec les promesses faites par la CGMPM
lors de la construction de la SAQ. Ce projet empêchera totalement le fonctionnement de notre
commerce et entraînera sa fermeture à court terme. Malheureusement la perte de plus d’une soixantaine d’emplois sera une fatalité qui représente pour la ville un simple dommage collatéral
au service de ses intérêts. En réduisant et en compliquant l’accès au marché Jean Talon et en
éliminant les stationnements existants, déjà déficients, nous ne serons plus en mesure de travailler adéquatement.
C’est pourquoi nous demandons immédiatement le statu quo sur le projet Shamrock/Casgrain
afin d’éclaircir les motivations sous-jacentes et de prendre en considérations toutes les
implications et les tenants et aboutissants d’un pareil chambardement à la fonctionnalité actuelle du Marché Jean-Talon. Si, malgré tout, la municipalité allait de l’avant avec un tel projet
et ce, sans nous consulter préalablement, cela s’avérerait catastrophique et irresponsable. En réduisant l’accès au Marché Jean-Talon et en éliminant les places de stationnement existantes,
les vendeurs ne seront plus en mesure de travailler adéquatement, qu’on se le tienne pour dit.
Enfin, si pour la municipalité, tout repose sur l’espace restreint dont nous disposons
actuellement et que la Ville de Montréal désire réellement saccager ce patrimoine Montréalais, il
ne vous reste plus qu’à nous transmettre un avis d’expropriation à cet égard ainsi qu’une compensation à la juste valeur de nos entreprises.
Nous demeurons disponibles à toute rencontre.
Veuillez agréer, Mesdames, Monsieur, nos salutations les meilleures.
Bruno Birri Lino Birri
Copies conformes envoyées via courriel à :
c.c : Monsieur Mario Boulanger c.c : Madame Edith Lapierre, gérante de la SAQ c.c : Madame Cristina D’arienzo, directrice de la SDC
c.c : Madame Liette Lauzon, présidente des MPM c.c : Madame Rita Boivin c.c.: Messieurs Jules, Luc, Michel et Sylvain Trottier c.c. :Monsieur Éric L’Écuyer c.c. :Monsieur Daniel Brais c.c. :Monsieur Michel Bono
Copie transmise également à tous nos producteurs.